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Document de travail IDP (EA 1384) n°2013-10 De la transposition des modèles alternatifs de l économie dans la théorie pure du commerce international Joseph Hanna THEMOS Théorie, Modèle, Système

Joseph Hanna THEMOS - Université de Valenciennes ·  · 2015-03-23De la transposition des modèles alternatifs de l’économie dans la théorie pure du commerce international Joseph

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Document de travail IDP (EA 1384) n°2013-10

De la transposition des modèles alternatifs de l’économie dans

la théorie pure du commerce international

Joseph Hanna

THEMOS – Théorie, Modèle, Système

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De la transposition des modèles alternatifs de l’économie dans

la théorie pure du commerce international

Joseph Hanna

Joseph Hanna

PRES Université Lille Nord de France, Université de Valenciennes et du Hainaut-

Cambrésis, IDP, EA1384, Valenciennes, France

[email protected]

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De la transposition des modèles alternatifs de l’économie dans la théorie pure du commerce

international

Joseph Hanna

Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis1

Résumé :

Ce papier procède à une lecture critique de la transposition dans la théorie pure du commerce international,

d’éléments d’analyse élaborés dans le cadre d’autres problématiques économiques. La loi des avantages

comparatifs de Ricardo est englobée par la démarche marginaliste pour former l’ossature de la théorie orthodoxe

de l’échange. L’approche néo-classique rencontre des difficultés pour maintenir la causalité dans le modèle face

aux tentatives de généralisation des résultats. L’incursion de la théorie du capital, par le biais de la critique néo-

ricardienne, invalide les principaux théorèmes néo-classiques. Le cadre restreint de l’équilibre stationnaire réduit

la portée de la critique et ne débouche pas sur une théorie alternative de l’échange. La Nouvelle théorie n’est que

l’application à un domaine différent des concepts élaborés en concurrence imparfaite et par l’Economie

Industrielle. Ce sont des transpositions d’explications très partielles de l’analyse économique. La nouvelle

approche est moins concernée par la généralisation, mais elle introduit une rupture dans le paradigme de la

théorie du commerce international. Les aspects positifs et normatifs se trouvent profondément modifiés et

donnent lieu à des controverses.

Introduction

Loin de présenter une continuité, le renouvellement de la théorie du commerce international marque

une nette coupure avec l’approche traditionnelle. Le point de rupture essentiel réside dans l’abandon

du cadre concurrentiel, clé de voute de l’équilibre général, sur lequel repose la modélisation néo-

classique.

Ce sont désormais les hypothèses de rendements d’échelle croissants, de concurrence imparfaite et des

résultats qui relèvent de l’équilibre partiel qui caractérisent la nouvelle approche.

Paul Krugman explique que sa démarche est fondée sur le développement récent de l’Economie

Industrielle : « … il semble évident que la théorie du commerce international doit s’appuyer fortement

sur les modèles de l’Economie Industrielle »2

La transposition de problématiques nouvelles, dont l’Economie Industrielle ne constitue qu’un

exemple, s’est avérée nécessaire par l’observation des faits. En effet on constate, depuis un certains

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temps, qu’une part croissante des échanges porte sur des biens semblables. Par ailleurs ces flux

circulent entre pays dont le niveau de développement est comparable3

Les explications fondées sur les différences comme causes premières de l’échange viennent buter

contre les réalités du commerce international. La rupture touche ainsi au paradigme de la théorie

traditionnelle des échanges entre les nations.

L’objet de ce papier est de se pencher sur les effets de la transposition de problématiques économiques

alternatives issues parfois d’autres branches de l’analyse économique dans la théorie du commerce

international.

Ces détours de modélisation ne sont pas spécifiques à la théorie de l’échange mais ils ont ponctué son

développement au cours du temps. La révolution marginaliste a abouti à englober la théorie

ricardienne des avantages comparatifs dans son schéma d’analyse. Les apports de ces transpositions

doivent toutefois être appréciés à la lumière de l’objet, de la méthode et de la portée des

enseignements tirés de la théorie du commerce international.

Aussi avons-nous pour objectif de comparer, voire d’opposer, la contribution d’apports successifs dans

le cadre traditionnel à ceux qui émanent du renouvellement de l’approche fondée sur des éléments de

la théorie de l’organisation industrielle.

Du point de vue de l’objet, toutes les théories cherchent à fournir une explication aux déterminants de

l’échange. C’est leur aspect positif, alors que l’aspect normatif porte sur les conséquences de la

participation aux échanges et à l’évaluation des gains qui en résultent. Du côté de la méthode,

l’approche traditionnelle repose sur un ensemble d’hypothèses simplificatrices. Elle s’efforce par la

suite de généraliser les résultats auxquels elle aboutit par une démarche déductive. La généralisation

recèle une certaine ambigüité dans la mesure où elle consiste à rechercher des conditions

supplémentaires, le plus souvent contraignantes, que l’on doit réunir pour permettre au modèle

d’aboutir aux mêmes conclusions obtenues dans le cas simplifié. L’introduction d’éléments nouveaux,

comme les biens intermédiaires où les productions jointes à côté de l’échange en biens finals,

n’échappe pas au même cheminement de la méthode.

A l’opposé, la nouvelle théorie a pour point de départ des cas particuliers de concurrence imparfaite et

des situations de jeux entre les acteurs. Elle est de ce fait moins concernée par la généralisation de ses

résultats.

La mise en rapport des différentes transpositions dans l’une ou l’autre approche, conduit à porter un

éclairage particulier sur l’imbrication des versants positif et normatif de la théorie du commerce

international. Ces deux aspects sont encore intimement liés chez D. Ricardo. L’approche

néoclassique, élaborée dans un cadre concurrentiel, peut désormais conduire l’analyse de l’échange

d’un point de vue uniquement positif. Elle renvoie à un autre niveau les considérations normatives sur

les gains de l’échange et la maximisation du bien être. Le libre échange est toutefois toujours préféré

au protectionnisme et à l’érection de barrières à la mobilité.

Les nouvelles théories se fixent pour cadre de référence des situations de concurrence imparfaite.

L’équilibre envisagé ne peut aboutir à une situation Pareto optimale. Les politiques commerciales qui

visent à améliorer la position du pays national se justifient pleinement dans cette perspective. Les

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aspects positif et normatif sont de nouveau réunis. Doit-on pour autant prôner le protectionnisme ?

Certains des auteurs de la nouvelle théorie s’en défendent. Ils soutiennent qu’il s’agit moins de

proposer des mesures de protection que d’expliquer comment se forment ces politiques. C’est la prise

en compte de l’intervention des groupes de pression qui à travers le financement des partis politiques

aboutissent à la mise en œuvre de mesures en adéquation avec leurs intérêts.

Ce dernier élément renvoie au point de départ de la théorie de l’échange international ; à savoir la

modélisation, très pauvre, de l’Etat-nation et de la dynamique des choix collectifs.

La référence théorique reste la contribution de D. Ricardo et sa loi des avantages comparatifs. Elle doit

être appréciée dans le cadre général de sa vision du fonctionnement du capitalisme du XIX ème siècle.

Son analyse repose sur le rôle de la répartition entre les classes sociales et de son influence sur la

dynamique de l’accumulation du capital.

La spécialisation et l’échange international sont un moyen pour surmonter les effets des rendements

décroissants et pour échapper à la convergence vers un état stationnaire. Ils concernent un problème

concret et la politique économique qui lui est associée. Le libéralisme que prône D. Ricardo est en

adéquation avec les intérêts d’une classe sociale et de la nation à laquelle il appartient.

La modélisation s’écarte singulièrement de cette représentation complexe des relations qui se tissent

au sein de l’état-nation. L’outil mathématique occupe une place prépondérante pour appuyer la rigueur

du raisonnement. Les emprunts à d’autres champs de la connaissance scientifique sont également

fréquents.

C’est à travers cette grille de lecture que nous comptons exposer certains effets, sur la théorie du

commerce international, de la transposition d’éléments issus d’autres problématiques économiques.

Le reste du papier est organisé de la manière suivante :

La première section est consacrée à l’approche néoclassique et à la manière dont elle englobe dans sa

démarche le modèle de Ricardo. Nous introduisons une séquence générale qui partant des causes

premières de l’échange conduit à la prédiction du schéma de spécialisation qui en résulte4. Elle permet

d’apprécier l’incidence de la transposition d’éléments nouveaux dans les explications de la théorie de

l’échange.

En section II, nous examinerons la cohérence le long de cette séquence. Elle est assurée par la validité

du théorème de Stolper-Samuelson. C’est l’un des théorèmes autarciques dont la validité est nécessaire

au modèle néo-classique ; qu’il y ait échange ou non5.C’est la condition de non-renversement des

intensités factorielles qui occupe à cet effet le rôle d’une contrainte à satisfaire pour le maintien de la

causalité du modèle. Les conséquences de l’échange sont discutées en examinant la validité du

théorème de l’égalisation des prix des facteurs, point le plus fragile de la théorie.

La section III met en évidence les difficultés qui résultent de l’extension du modèle à plusieurs biens

et facteurs (systèmes compliqués) et la prise en compte dans la production de biens capitaux comme

les biens intermédiaires et les productions jointes (systèmes complexes).

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Dans la section IV nous introduisons la critique apportée par l’approche néo-ricardienne. Ces travaux

découlent de la relecture de D. Ricardo par P. Sraffa6. La séquence décrite plus haut ne s’accorde plus

avec la causalité néo-ricardienne et tous les théorèmes sont invalidés. L’opposition entre néo-

classiques et néo-ricardiens prolonge les controverses de la théorie du capital et du phénomène du

« retour des techniques » (reswitching). La guerre des deux Cambridge s’invite dans la théorie du

commerce international. Par ailleurs la méthode qui consiste à comparer les états stationnaires nuit à la

compréhension des possibilités des gains à l’échange. L’équilibre en économie ouverte peut être

associé à un régime permanent où la consommation/tête est plus faible qu’en autarcie. Doit-on pour

autant renoncer à l’échange ? Cette difficulté est levée lorsqu’on évalue l’accroissement de la

consommation qui résulte de la transition d’un état stationnaire à un autre. Nous évoquons par la

même occasion la problématique de la « traverse » et la transposition de l’approche néo-autrichienne

de la théorie du capital7

La dernière section (section V) concerne l’apport de l’Economie Industrielle et l’émergence des

nouvelles théories de l’échange. Cette approche est fondée sur la modélisation de cas particuliers de la

concurrence imparfaite et des situations de jeux. Elle conduit à privilégier un mécanisme économique

et sa transposition à l’économie ouverte débouche sur des résultats très dispersés en termes de

déterminants et de gains de l’échange. Ces modèles ont ouvert la voie à la justification de la mise en

œuvre de politiques commerciales et industrielles stratégiques. L’accent est placé sur la défense du

protectionnisme que ces analyses ont prôné pendant un laps de temps et le revirement ultérieur de

leurs défenseurs.

I. L’intégration de la loi des avantages comparatifs de D. Ricardo

Le principe explicatif des « avantages comparatifs » de D. Ricardo est une référence fondamentale

pour la théorie pure du commerce international. De l’aveu de P. Samuelson8 « le théorème des

avantages comparatifs est un des plus beaux théorèmes et des moins évidents de la théorie

économiques ».

Le célèbre exemple numérique introduit par Ricardo pour illustrer ses propos a donné lieu à des

questionnements quant à sa pertinence parmi les auteurs modernes9. Du côté de ses défenseurs, R.

Ruffin (2002)10

a produit une nouvelle interprétation et A. Maneschi (2004)11

a établi le lien avec les

gains de l’échange. Il est remarquable que ces « 4 nombres magiques »12

, selon l’expression de P.

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Samuelson, continuent d’exercer une fascination et de soulever des interrogations parmi les

économistes deux siècles après la parution des « Principes de l’Economie Politique et de l’impôt »13

Il est très vite apparu que la lecture de l’auteur des « Principes.. » dans le texte est un exercice plutôt

difficile sans le recours à des simplifications. La méthode analytique de Ricardo est elle-même fondée

sur la réduction de la complexité économique et sur l’établissement de relations causales entre les

quelques variables retenues et jugées significatives. D’où la possibilité à la retranscription ultérieure

de son texte à l’aide de l’outil mathématique. La voie à la modélisation est ainsi ouverte.

Il convient toutefois de situer l’idée développée dans son contexte avant que la théorie néo-classique

n’accapare le principe des avantages comparatifs. Ricardo envisage le système économique mondial

comme une juxtaposition de pays ayant des niveaux de développement différents. La vision du

développement, liée à la dynamique de la répartition entre propriétaires terriens, capitalistes et

travailleurs, est à la base de la distinction entre les différentes économies nationales.

Ce sont les conditions de production des moyens de subsistances sur les terres les moins fertiles qui

par leurs actions sur les rentes, les salaires et les profits, distinguent les sentiers de développement des

différents pays. L’immobilité du capital et du travail entre les nations explique que chacune se

développe indépendamment des autres. Cette situation implique une différence de productivité du

travail de telle sorte qu’une heure de travail appliquée à la production d’une même marchandise dans

différents pays ne permet pas d’obtenir la même quantité de produit final.

C’est dans ce cadre général où le système économique mondial est réduit à 2 économies, l’Angleterre

et le Portugal, produisant 2 marchandises (le drap et le vin) qu’il faut situer la théorie des avantages

comparatifs.

La simplification apportée par l’exemple numérique suggère que la cause première de l’échange réside

dans la différence des méthodes de production mises en œuvre dans chaque pays. Le choix de la

technique n’est pas expliqué, il est donné de manière exogène.

L’enchaînement explicatif se présente de la manière suivante :

Fig. 1

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C’est cette séquence qui fonde la modélisation de la théorie des avantages comparatifs. Elle sera

enrichie, en « amont », par la dotation relative en facteurs dans le modèle néo-classique d’Hecksher-

Ohlin.

Il découle de cet enchaînement :

- que la représentation de l’état-nation se résume aux techniques de production qui sont mises en

œuvre14

,

- une fiction sur l’apparition de l’échange, à savoir que les deux pays qui se côtoient pendant

longtemps découvrent subitement les possibilités de l’échange,

- une méthode fondée sur la comparaison des coûts relatifs de 2 mêmes biens, en situation d’équilibre

autarcique, dans les 2 pays. Il s’agit en outre de comparer l’équilibre autarcique à la situation de

l’économie ouverte pour évaluer les gains qui résultent de la participation à l’échange.

Avec la révolution marginaliste, la rareté devient le fondement de la valeur. Elle écarte en outre de sa

représentation l’organisation de la société en classes sociales. Les pays se distinguent par l’abondance

relative en ressources productives. En accord avec cette idée, l’état-nation est représenté comme un

« bloc de facteurs », ou encore comme le lieu où les facteurs de production se localisent de manière

plus ou moins durable.

La différence de dotations factorielles devient la cause première de l’apparition des possibilités de

l’échange. Cette différence donne lieu à des prix relatifs des facteurs différents qui expliquent à leur

tour le choix des techniques différentes utilisées dans la production des biens. La séquence de

l’explication des avantages comparatifs se modifie en « amont » (par rapport à la Fig. 1) de la manière

suivante :

Fig. 2

Le modèle néo-classique apparait comme un progrès par rapport à celui de Ricardo dans la mesure où

l’on peut raisonner explicitement sur 2 facteurs de production (le capital et le travail) et le choix des

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techniques y est endogène. Il permet d’englober la séquence des avantages comparatifs de l’approche

ricardienne au sein de son raisonnement15

.

Ricardo démontre l’ « efficacité » de l’échange ce qui est son objet principal, le partage du « gain » ne

semble pas l’intéresser16

. La transposition dans la logique néo-classique ouvre la voie à une

démonstration formelle du théorème de spécialisation de Ricardo.

Le problème initial est alors abordé sous la forme de programmation linéaire dont la fonction-objectif

représente le revenu national d’un pays17

. Cette présentation fait de la nation un agent maximisant son

revenu sous la contrainte des ressources ; à savoir la quantité totale de travail disponible. Dans le

raisonnement de Ricardo, ce n’est pas seulement le revenu national qui doit s’accroître mais également

le taux de profit à la condition que les biens importés entrent dans la composition du panier de la

consommation ouvrière. L’approche basée sur la maximisation du revenu national masque l’action sur

le taux de profit. On ne retient de la présentation que l’élément le plus discutable à savoir

l’assimilation de l’intérêt individuel à l’intérêt collectif, d’où la figure théorique de la nation comme

un agent maximisant son revenu18

.

Cette présentation s’éloigne de la conception des Classiques où l’organe décisionnel n’est pas l’entité

abstraite nation, mais la classe des capitalistes auxquels s’imposent des conditions objectives de mises

en valeur de leurs capitaux.

D’après ce qui précède la naissance de l’échange international est justifiée par l’avantage qu’en

retirent les nations. L’équilibre de libre-échange est optimal des deux points de vue ; national et

international.

II. Causalité et contraintes

La modélisation de la théorie moderne du commerce international est l’extension de l’analyse néo-

classique à l’économie ouverte. Les facteurs de production sont supposés immobiles alors qu’il y a une

libre circulation des biens finals à l’échelle internationale.

Le modèle est construit autour de quatre théorèmes :

- le théorème d’Hecksher-Ohlin (H-O, ou théorème de « spécialisation » au sens où il prédit la

direction des flux des échanges à partir des dotations relatives en facteurs de production.

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- 2 théorèmes dits « autarciques », ceux de Stolper-Samuelson et de Rybczynski. La validité de

théorèmes est un préalable à l’ensemble des résultats du modèle néo-classique que l’économie

considérée participe ou non à l’échange international.

- Le dernier est celui de l’égalisation (plutôt non-égalisation) des prix des facteurs. Il traduit les

effets de la participation à l’échange et les conséquences qui découlent de la réallocation des

ressources pour répondre aux conditions imposées à l’économie ouverte.

Ce dernier théorème exprime l’idée selon laquelle la participation à l’échange international induit une

tendance à la convergence des économies : convergences des techniques et des niveaux de vie.

Il s’agit en définitive de savoir si la réorientation de l’activité de production à la suite de l’apparition

des possibilités du commerce international contribue à éliminer les causes initiales des différences

créatrices des échanges.

Fig. 3

Si l’égalisation a lieu, elle signifie que l’échange est suffisant pour procurer les gains qui résultent de

l’allocation optimale des facteurs de production à l’échelle internationale. En d’autres termes, si

l’échange est capable d’égaliser les productivités marginales rien de plus ne peut être tiré de la

mobilité des facteurs. L’échange des produits est un parfait substitut à la mobilité des facteurs.

C’est le processus de convergence induit par la réallocation des ressources en suivant les signaux du

marché qui traduit les gains de l’échange19

. Les ressources dans chaque pays qui participe à l’échange

ont tendance à se déplacer des activités pour lesquelles l’économie considérée est désavantagée vers

les industries pour lesquels elle détient l’avantage comparatif. Ce processus se poursuit jusqu’au point

où les coûts relatifs s’égalisent dans les deux pays ou jusqu’au moment où la production des biens

pour lesquels le pays est désavantagé cessera.

En d’autres termes soit :

- que l’échange conduit à la spécialisation totale (production d’un seul des deux biens) avec une

persistance dans la divergence des rémunérations des facteurs,

- ou il conduit à la réduction des différences des prix de ces facteurs au point où les coûts

relatifs s’égalisent et la production demeure diversifiée.

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Pour établir la validité de l’égalisation des revenus des facteurs, il est nécessaire de répondre

simultanément à deux questions :

- d’une part, puisque l’échange des produits égalise leur prix (loi du prix unique sur un marché

qui fonctionne sans entraves), il reste à savoir si le prix de ces biens finals peut uniquement

déterminer les rémunérations des facteurs,

- d’autres part, et dans la mesure où la production de chaque bien engendre une relation entre

prix et coût unitaire, la question est de savoir si la dotation factorielle permet la production

d’un nombre suffisant de biens : c’est le problème de la diversification.

La réponse à la première question s’avère cruciale pour la causalité qui sous tend le modèle néo-

classique. Dans le cas où le modèle comporte 2 biens et 2 facteurs (et généralement 2 pays), la

technique de production est représentée par une matrice carrée � à 2 lignes et 2 colonnes. Les

coefficients ��� expriment la quantité de facteur i utilisée dans la production du bien j. Les facteurs de

production sont substituables et les coefficients ������ dépendent des prix de tous les facteurs. Si l’on

désigne par � le vecteur des prix des produits et par� celui des rémunérations des facteurs, alors la

condition de profitabilité s’écrit comme : � ����� (1)

C’est le théorème de Stolper-Samuelson (l’un des théorèmes autarciques) qui cherche précisément à

établir le lien entre la modification des pris des produits et celui des rémunérations des facteurs20

.

La détermination des prix des facteurs à partir de la connaissance des prix des produits (donnés par le

marché mondial) nous conduit à écrire :

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C’est la condition de non-renversement des intensités factorielles, un classement non ambigu des

processus de production en fonction de leur utilisation relative de facteurs21

. Si nous comparons

l’industrie de l’automobile, par exemple, à celle du textile, nous devons considérer que la technique de

production de l’automobile est plus intensive en capital (par rapport au travail) que celle du textile et

ceci partout dans le monde. Autrement dit on choisira de produire des automobiles avec une plus

grande mécanisation comparativement à la production du textile quelque soit le prix relatifs des

facteurs.

La relation entre les rémunérations des facteurs et les prix des produits n’est plus monotone dans le cas

où l’on utilise une fonction de production plus générale que la Cobb-Douglas22

. L’utilisation d’une

fonction CES donne en effet lieu à des renversements d’intensités factorielles lorsque les prix des

facteurs se modifient23

. Les conditions qui assurent l’égalisation des prix des facteurs sont très

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contraignantes même si l’on admet un comportement monotone (au sens global) entre prix des

produits et celui des facteurs.

L’importance du théorème de Stolper-Samuelson est cruciale pour maintenir la causalité au sein de la

séquence décrite par la Fig. 2.Il s’agit d’une « transposition » en sens inverse dans le modèle

d’équilibre général24

.

La nécessité d’établir un lien entre variation des prix des produits et le revenu des facteurs apparait

dans l’élaboration de la théorie du commerce international mais occupe un rôle central dans d’autres

sphères d’application de l’approche néo-classique. La construction d’un modèle de croissance à deux

secteurs exige d’établir la même relation entre les variations des prix des biens et ceux des facteurs

afin de maintenir une causalité dans le choix des techniques.

En d’autres termes le classement non ambigu des intensités factorielles est nécessaire au modèle néo-

classique. Défini en termes physiques, ce classement exprime une contrainte de rareté relative dans la

représentation simple du modèle à 2 biens et à 2 facteurs (modèle 2x2). Cette interprétation devient

moins évidente en présence d’un nombre plus important de biens et de facteurs mais aussi en présence

de biens capitaux qui sont utilisés dans la production d’autres biens25

. Avec la validité du théorème de

Stolper-Samuelson, nous avons une lecture de la causalité du modèle néo-classique dans les deux sens

de la séquence de la Fig.2

-- -

Fig. 4

En partant de l’ « amont », l’abondance relative des facteurs détermine un intervalle de variations des

prix des facteurs ��� auquel correspond un intervalle de variations des prix des produits ���compatible avec la diversification de la production dans l’économie fermée (en l’occurrence la

production des deux biens dans le cas standard)26

.

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���

En situation d’échange, nous devons comparer 2 pays. Chaque économie se caractérise par des

intervalles de variations des prix (facteurs et produits) compatibles avec ses possibilités de

diversification. Ces plages de variations sont soit disjointes ou par contre peuvent donner lieu à une

intersection pour laquelle les prix des produits sont en accord avec les revenus des facteurs qui

assurent la production des 2 biens dans les 2 pays.

C’est l’existence de cette intersection non vide qui assure la convergence des prix des facteurs.

Avec l’ouverture aux échanges nous avons une lecture de la séquence qui commence par l’ « aval ».

Le prix international ���� se situe entre les prix relatifs de l’autarcie���� � ���� �, avec des possibilités

d’égalités :��� � �� � ����

Or l’instauration d’un prix relatif unique pour les produits ne garantit nullement que ce prix

international �� puisse tomber dans cet intervalle très mince (lorsqu’il existe) où cette intersection a

lieu.

Deux exemples simples permettent d’illustrer nos propos :

- La demande mondiale peut être assez forte pour un bien de telle sorte que le prix international

se situe en dehors de cette intersection27

. Une des économies sera alors complètement

spécialisée mais les revenus des facteurs ne s’égalisent pas.

- L’abondance relative en facteurs des pays peut être singulièrement différente de manière à

faire disparaitre complètement cette intersection. L’échange entre un pays relativement riche

en capital avec un pays en voie de développement ne conduit pas à la convergence des 2

économies.

Plus généralement l’échange à lui seul n’induit pas une réallocation optimale des ressources à l’échelle

mondiale sans imposer des conditions fortes au modèle même si toutes les conditions concurrentielles

sont réunies.

Il convient à ce stade de se pencher brièvement sur le théorème d’Hecksher-Ohlin. S’il y a similitude

et homothétie des demandes dans les 2 pays, l’abondance relative des facteurs définie en termes

physiques coïncide avec sa définition économique28

. Des revenus relatifs différents prédisent le

schéma de spécialisation. C’est un résultat qui découle de la simple logique du modèle tel qu’il est

décrit par la séquence de la Fig. 2.

Pour aller un peu plus loin, notons que le théorème de Stolper –Samuelson nous renseigne sur

l’évolution de la répartition interne des revenus suite à la participation aux échanges29

.

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Les détenteurs de certains facteurs voient leurs revenus baisser alors que d’autres améliorent leur

situation après l’instauration des échanges. Ce résultat induit un véritable paradoxe de la spécialisation

internationale. Alors que d’une part on prône le libre-échange, la spécialisation nécessite d’autre part

l’intervention de l’Etat pour effectuer une répartition équitable des gains de l’échange. Ce problème

est plus clairement souligné dans le modèle de Ricardo-Viner ou modèle à « facteurs spécifiques »30

.

C’est la transposition d’un élément de l’apport ricardien dans le modèle néo-classique.

L’avantage comparatif s’explique à la fois par l’abondance factorielle et par les techniques de

production matérialisées par la spécificité du capital dans chaque branche31

. Pour ce modèle les

rémunérations des facteurs ne peuvent pas s’égaliser. Le salaire relatif (rémunération du facteur

mobile) aura même tendance à évoluer de manière divergente entre les branches de l’économie. Ce

modèle constitue une amélioration substantielle dans la modélisation de l’économie ouverte, non pour

le degré de réalisme de ses hypothèses, mais parce qu’il renoue avec les débats qui ont inspiré la

théorie du commerce international.

Les résultats du modèle permettent d’examiner les divergences d’intérêts entre les détenteurs des

moyens de production dans les débats entre protectionnistes et les défenseurs du libre-échange. Nous

avons souligné cet aspect du problème, dans la section I, qui apparait déjà dans la volonté de Ricardo

de lutter contre la baisse du taux de profit et de l’accumulation du capital en prônant l’entrée des

grains étrangers même si ces importations devraient réduire le revenu des propriétaires fonciers.

R. Jones 32

a réinterprété l’établissement des Corn Laws de 1846 en Angleterre à la lumière des

conclusions de ce modèle. Le théorème d’Haberler33

s’applique à cette situation où les propriétaires

terriens qui risquent de voir leur revenu baisser s’opposent au libre-échange. C’est la position inverse

qui sera défendu par les capitalistes. Le sort des travailleurs est lié à leur panier de consommation et

l’on peut penser, du moins au XIX ème siècle que leur rémunération réelle allait augmenter. Les

antagonismes d’intérêts et les lobbies qui cherchent à influencer les politiques commerciales, relèvent

aujourd’hui de la détention par des industriels de moyens de production ou de capitaux spécifiques.

Cette situation dépasse et complique l’opposition entre travailleurs et capitalistes considérés dans leur

ensemble comme classes sociales. Le revenu du facteur mobile, le travail, peut tout aussi bien

diminuer en termes du prix d’un bien et d’améliorer en termes de l’autre.

Les inégalités occasionnées par la distribution des revenus sont complexes à analyser. La répartition

équitable34

des gains de l’échange tant sur le plan national qu’international ne peut être obtenu par la

libre circulation des seuls marchandises.

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III. Extensions et généralisations

Dans le modèle à deux facteurs et à deux produits, c’est la connaissance préalable du classement des

intensités factorielles qui permet de prédire le sens de la réorganisation de l’activité à la suite de la

modification des conditions d’équilibre. Il est important de savoir si ce lien de causalité peut être

maintenu face aux liens plus denses et plus complexes qui se tissent à l’intérieur du système productif.

La multiplicité des relations qui résultent de la présence d’un nombre important de facteurs et de

produits aboutit à un système plus compliqué à modéliser. Par ailleurs l’introduction des

consommations intermédiaires rompt avec la représentation de l’activité de la production comme une

rue à sens unique qui part des facteurs primaires pour aboutir aux biens finals. La prise en compte de

ces biens confère au système une complexité qui résulte des effets de retour, ou de feedback, dans les

opérations de production. Cette forme de complexité se retrouve dans la modélisation néo-ricardienne

dont les effets sont discutés dans la section suivante.

III. 1 Le degré de généralité

Dans le modèle simplifié 2x2, la relation de profitabilité est donnée par l’équation (1) de la section

précédente : � ����� où ���� est une matrice carrée de rang plein. Les résultats qui sont dû au

théorème de Stolper-Samuelson font appel à des relations qui lient les variations des prix des produits

aux revenus des facteurs. L’équation vectorielle donnée par (1) se modifie en : �# �$%��� (2)

où �# et �$ désignent les taux de variations des prix. Un élément de la matrice %, soit %�� représente la

part du revenu attribué au facteur i par l’industrie j 35. D’après le théorème d’Euler relatif aux

fonctions homogènes, la somme des éléments d’une ligne de la matrice % est égale à l’unité :

& %��'�(� ).

Dans le cas 2x2, les résultats de Stolper-Samuelson découlent de : �$ �#�%���� �si �%���� ��

Nous retrouvons la condition de non-renversement des intensités factorielles en imposant la

condition : ����%���� � � �. La matrice rencontrée à la section précédente������ � possède la

même structure de signe que la matrice�%���� �. Plus particulièrement�%���� � possède des

éléments positifs et supérieurs à l’unité sur la diagonale principale et des éléments négatifs de part et

d’autre de cette diagonale.

Dans le cas standard 2x2, cette propriété implique que toute variation du prix relatif des produits

augmente la rémunération d’un facteur en termes des 2 biens et réduit le revenu de l’autre facteur en

termes des 2 biens aussi.

Dans le cas d’un nombre élevé de biens ce résultat est invalidé même si la matrice %��� est inversible.

La généralisation à plusieurs dimensions des principaux théorèmes est liée à l’existence d’une

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association non ambiguë 36 entre le vecteur des prix des produits et celui des facteurs de telle sorte que

la matrice �%���� � possède les propriétés de Minkowski. Autrement dit, les éléments de la diagonale

principale de cette matrice sont positifs et supérieurs à l’unité et tous les autres éléments sont négatifs.

Or la matrice �%���� � possède la propriété Minkowski si et seulement si pour un partage donné des

biens en 2 groupes, une variation proportionnelle uniforme des prix de tous les biens d’un même

groupe relativement à l’autre conduisent aux résultats préconisés par le théorème de Stolper-

Samuelson. Cette proposition qui consiste à considérer des variations uniformes ne constitue

nullement une généralisation au sens propre du terme. La méthode utilisée est une manière alternative

de dire que la technologie en présence de plusieurs facteurs et produits doit se comporter comme un

modèle à 2 facteurs et à 2 produits. Autrement dit c’est la structure particulière et simplifiée 2x2 qui

implique le théorème de Stolper-Samuelson.

Dans le cas où le nombre de facteurs est différent de celui des produits la matrice %��� n’est pas

directement inversible37

.

- Lorsque le nombre de facteurs est inférieur à celui des produits il y a une indétermination de la

production et du schéma de spécialisation qui en découle,

- Le cas contraire où le nombre de facteurs excède celui des produits apparait comme plus

dommageable dans la mesure où les principales contraintes ne sont plus nécessairement liées à

la technologie mais à l’ensemble des conditions de fonctionnement des marchés. Plus

particulièrement la notion d’intensité factorielle, qui jusqu’alors était définie en termes

physiques, dépendra du système de prix et devient une propriété de l’équilibre général.

L’impossibilité de maintenir des relations de causalité a conduit à rechercher des voies de

généralisations alternatives. Les principaux théorèmes « survivent » sous la forme de corrélations38.

Ce qui est gagné toutefois en généralité se perd en précision. Il n’est plus possible d’identifier

explicitement les biens qui font l’objet d’importation ou d’exportations. Nous devons nous contenter

de résultats en moyenne39

. La version prix du théorème d’H-O traduit l’idée selon laquelle un pays a

tendance à importer les biens dont la production utilise de manière intensive les facteurs rares.

III. 2 La complexité du processus productif : biens intermédiaires et productions jointes

La complexité de la structure du système productif apparait avec la présence des biens intermédiaires

et des productions jointes par la nature des relations qui se tissent entre les processus de production.

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Le schéma de production simplifié qui part des facteurs primaires aux biens finals, en ignorant les

étapes intermédiaires, a pour effet d’exclure le rôle du capital productif. C’est essentiellement un

modèle qui combine la terre, ou des matières premières non transformées, au travail pour produire.

Lorsque les productions sont jointes, l’output d’un processus est composé de plusieurs biens finals et il

n’est pas nécessaire que ces biens soient uniquement produits par cette même activité.

Un processus de production (ou une industrie) n’est plus identifié par la marchandise qu’il produit

mais par les proportions dans lesquelles il utilise les facteurs primaires et les biens intermédiaires,

mais aussi par la composition du panier de biens finals.

Les concepts pertinents sont :

- les niveaux d’activité z définis sous la forme vectorielle par . /0 où x désigne la production

brute et B la matrice des outputs40

et la production nette y s’écrit : 1 �/ 2 3�..

C est la matrice des consommations intermédiaires

- La composition des biens étant hétérogène, il devient nécessaire de définir la valeur ajouté

unitaire : ��/ 2 3�.

La relation de profitabilité s’écrit : ��/ 2 3� ����� et

� ������/ 2 3� � si �/ 2 3� �� (3)

Pour la clarté de l’exposé, il convient de traiter de manière séparée l’introduction des biens

intermédiaires est des productions jointes.

# Introduits initialement par J. Vanek41

dans un modèle d’économie ouverte, les biens considérés

servent à la fois à la consommation comme à la production. Alors que les facteurs primaires sont

substituables, les consommations intermédiaires sont utilisées dans des proportions fixes.

Dans ce cas / 4 5, où I est la matrice unité et l’équation (3) s’écrit : � ������5 2 3� � si

�5 2 3� ��

La matrice �����5 2 3� � traduit les utilisations directes et indirectes des facteurs primaires.

Le classement non ambigu des intensités factorielles au sens total (donc direct et indirect) est donné

par la condition ��������5 2 3� � � ��

�5 2 3� �� , signifie que A est une matrice productive42

Le signe de : 678 �����5 2 3� �= signe de : 678 ���� car F(w) est une matrice définie non négative.

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Nous pouvons donc conclure que les intensités factorielles au sens direct et total (direct et indirect) se

classent toujours de la même manière à la condition que la matrice A soit productive.

C’est bien cette condition qui assure la validité du théorème de Stolper-Samuelson en présence de

biens intermédiaires qui servent à la fois à la production comme à la consommation. Ces classements

sont importants à vérifier surtout lorsqu’il s’agit d’évaluer le contenu en facteurs du flux des échanges

comme le suggère le test de Leontief.

Une limitation à ce résultat tient au traitement qui est fait du capital et de l’absence de profit. Pour

fournir un output donné, un processus doit disposer dans la période antérieure des inputs nécessaires à

la production. La manière de tenir compte de ce délai de production est de faire apparaitre un taux de

profit positif sur le capital avancé. L’utilisation de productions jointes peut soulever une difficulté

comparable dans la mesure où elle sert à traduire la présence de capital fixe.

# En l’absence de consommations intermédiaires, la relation (3) s’écrit : � �����/ � si / ��

Il doit exister un classement non ambigu de « l’intensité en produits » des outputs de chaque

processus. La validité des résultats tient à l’imbrication des classements des intensités factorielles avec

celles relatives aux produits. Si le classement des intensités factorielles est borné par celui des biens

nous pouvons vérifier les résultats du théorème de Stolper-Samuelson. Nous aurons des propositions

inversées dans le cas contraire. Pour les deux cas restants où les intensités sont imbriquées, nous ne

pouvons pas nous prononcer43

.

La production conjointe de viande, de laine et du cuir à partir du mouton est un exemple concret qui

peut être interprété par la structure formelle du modèle de productions jointes. La modélisation des

caractéristiques des biens dans la nouvelle théorie du consommateur introduite par K. Lancaster est un

autre exemple d’application.

Les processus qui fonctionnent sur plusieurs périodes peuvent être représentés formellement sous la

forme de productions jointes en décomposant le processus tel qu’il se développe réellement en autant

d’activités fictives qu’il comporte de périodes. C’est une méthode de modélisation du capital fixe. Elle

traduit l’idée que le produit d’une activité n’est pas homogène. Cette hétérogénéité tient à la nature des

biens livrés au terme du cycle de production. L’output du processus se compose des biens finals, du

capital circulant, du capital fixe nouvellement construit mais aussi de celui ayant déjà servi. C’est

plutôt cette interprétation qui confère au système productif sa complexité par les effets de retour qui

sont induits par les opérations de production. Ce point nous amène à reconsidérer le rôle du capital

dans la théorie de l’échange international.

IV. La critique néo-ricardienne et la transposition de la théorie du capital

Le retour de la démarche ricardienne dans l’analyse de la théorie du commerce international prolonge

les controverses de la théorie du capital. A côté des problématiques de la croissance, l’opposition des

deux Cambridge (Angleterre et Etats-Unis) a donné lieu à la transposition des débats dans la théorie de

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l’économie internationale. La littérature sur ces sujets est abondante. Notre intention ne consiste pas à

retourner sur les termes de ces débats mais d’éclairer les différents apports de la critique néo-

ricardienne à la modélisation en économie ouverte. La reconstruction de l’approche ricardienne dans

un cadre formalisé par P. Sraffa44

est un élément essentiel de cette transposition.

IV.1 L’inversion de la causalité

L’introduction dans la section précédente de biens intermédiaires a fait apparaitre la contrainte posée

sur la matrice des productions nettes unitaires, celle-ci doit être « productive »45

. Or la présence de ces

biens contribue à la complexité du système productif. Dans la mesure où la composition technique des

moyens de production dans chaque branche est explicite, le capital de chaque branche se compose des

différentes combinaisons de biens. Le capital est constitué de biens hétérogènes contrairement aux

facteurs primaires des présentations néo-classiques.

Ainsi pour fixer le niveau des profits uniformes, il faut connaitre le prix de ces inputs. Mais puisque

les produits de certaines branches sont les moyens de production d’autres branches, tous les prix et

taux de profit doivent être déterminés simultanément. C’est la conception de Sraffa du système de

production et de consommation come procès circulaire. Cette conception a pour conséquence de

montrer que les paiements faits au capital sont des prélèvements sur un surplus. Elle n’implique

aucune sorte d’échange comme c’est le cas dans l’univers walrassien, où les firmes achètent les

services des facteurs aux consommateurs.

La causalité ricardienne part du rapport de répartition pour aboutir au prix d’équilibre : ��� ;� < � , où

w et r sont respectivement les taux de salaire et de profit46

. Par conséquent le « système de prix

Classique » s’écrit : � �) = ;��3 = �> (4)

Cette présentation comporte l’hypothèse d’une « période » de production qui nécessite

l’immobilisation des moyens de production et justifie le prélèvement d’un taux de profit. Dans cette

formulation le capital est avancé et le travail est payé en fin de période47

.

La détermination des prix, à partir de l’équation (4), est placée sous la contrainte de la reproduction du

système : � �>�5 2 �) = ;�3� � si �5 2 �) = ;�3� ��

L’existence d’un surproduit est une condition préalable, mais elle n’est pas suffisante pour la

connaissance de l’équilibre puisqu’on doit se donner en plus la règle de répartition de ce surproduit

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entre les branches. La contrainte de reproduction n’occupe pas un rôle opératoire dans la causalité

Classique au même titre que le concept de non-renversement des intensités factorielles.

C’est avec beaucoup de précautions qu’il faut interpréter la causalité ricardienne dans la mesure où

l’apparition d’un surproduit ne suffit pas à expliquer l’origine du profit. C’est sur la base de

l’existence d’un surplus que se pose la question de sa répartition par un système de prix sous la

contrainte de reproduction du système économique considéré.

Dire que �5 2 �) = ;�3� ��, ne nous permet pas de distinguer un mécanisme qui modifie le taux de

profit d’un mécanisme qui implique la modification des rapports d’échange. Les deux effets ne

constituent qu’un processus unique du fait que les prix ne sont pas en général indépendants de la

répartition. Le système de prix reflète à la fois la notion de « difficulté de production » et la rationalité

de la répartition. Par ailleurs la « loi » de variation en sens inverse taux de profit/taux de salaire ne

constitue pas une causalité. Autrement dit la hausse du salaire n’entraine pas une baisse du taux de

profit, elle ne fait que réaffirmer qu’à une situation ayant un taux de salaire plus élevé lui correspond

un taux de profit plus faible48

.

L’interprétation fondamentale de la relation taux de salaire/taux de profit découle du théorème de non-

substitution de Samuelson49

. Il découle de ce résultat que s’il est possible d’associer un système

unique de prix de production à chaque méthode disponible pour l’économie, c’est que seules les

conditions de la production déterminent, pour r donné, à la fois le système des prix d’équilibre et la

méthode de production qui sera sélectionnée.

La relation taux de salaire/taux d’intérêt, ou le rapport des prix des facteurs dans la séquence de la

Fig. 2, est utilisée pour montrer qu’il n’est plus possible, comme l’affirmait la parabole néo-classique,

de classer de manière unique les méthodes de production par ordre d’intensité capitalistique

décroissante en fonction du taux de profit r. C’est le phénomène du « reswitching » ou de « retour des

techniques ». Une technique peut être choisie pour un taux de profit élevé, disparaitre pour un taux

plus faible et réapparaitre pour un taux nettement plus faible.

Qualifié au moment de son apparition par « Ruth Cohen’s curiosium », le phénomène est la règle

plutôt que l’exception50

. Il a occupé une place centrale dans les controverses de la théorie du capital.

Ce phénomène interdit la possibilité de classer les méthodes de production selon le critère de

l’intensité « factorielle ». Il est impossible de dire que le niveau de l’intensité capitalistique est

fonctionnellement relié au taux d’intérêt ou de profit.

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IV.2 Les résultats invalidés

L’approche empruntée par J.S Metcalf et I. Steedman51

consiste à mettre en relief la conséquence d’un

taux de profit positif dans un modèle de production et d’échange à 2 biens où l’on retient les

hypothèses habituelles faites par le modèle H-O.

L’équation (4) se modifie légèrement en : � �) = ;��3 =@�

Le vecteur des prix des facteurs primaires, la terre et le travail, @ ��� A� est composé du taux de

salaire � et du taux de la rente A (au lieu du taux d’intérêt qui apparait dans le modèle d’H-O). La

matrice � continue de représenter les facteurs primaires.

La difficulté surgit de la présence du capital productif et de sa rémunération. En effet dans le cas où

; �, nous retrouvons le même comportement monotone des variables présentes dans le modèle néo-

classique. Plus particulièrement la relation entre le prix relatif des facteurs et l’intensité factorielle

(Terre/travail) qui explique le choix des techniques.

Pour ; � �, le comportement non-monotone des variables de prix n’indique pas un renversement des

intensités factorielles comme dans le modèle néo-classique. Nous sommes plutôt confrontés à un

changement pervers des techniques suite à la modification du prix relatif des facteurs.

Nous ne pouvons plus prédire la direction des échanges à partir des prix d’autarcie en présence des

moyens de production intermédiaires quand ; � �. Le théorème d’H-O n’est plus vérifié dans sa

version prix52

.

Si l’on considère maintenant que les « facteurs » de production sont le « capital » et le travail, la

difficulté qui apparait concerne l’évaluation du facteur hétérogène. Dans ce cas nous ne pouvons plus

établir à priori une relation entre la variation des prix des facteurs et celle des produits. Cette condition

est centrale pour établir le théorème de Stolper-Samuelson.

Bien que les intensités factorielles (au sens total) ne se renversent pas, le comportement du prix relatif

des produits n’est pas monotone du fait que le taux de profit prélevé sur les biens capitaux est positif.

Ce résultat a pour conséquence d’invalider le théorème d’H-O dans ses deux versions ; prix et

quantité. On ne peut établir que la direction des échanges découle de l’abondance relative des facteurs

ou de la différence des prix d’autarcie. Une abondance relative en capital d’un pays n’implique pas

que celui-ci possède un faible taux de profit.

Tournons nous en dernier vers les conséquences de l’échange. Dans les cas d’une explication fondée

sur les différences des dotations factorielles, le théorème de l’égalisation des prix des facteurs

implique que l’échange en biens finals est un substitut à la mobilité des facteurs53

. Lorsque l’échange

porte sur des biens qui servent à la production, les importations d’un pays peuvent contenir des biens

intermédiaires qu’il a préalablement fabriqués et exportés. Il n’existe plus dans ce cas de relation

directe entre la direction de la circulation des biens et la contribution, dans la production, des facteurs

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nationaux incorporés dans ces biens. Cette difficulté est le plus clairement affirmée par la nature

circulaire de la production. Ce n’est pas la spécialisation totale qui implique la non-égalisation des prix

des facteurs, mais l’existence de l’échange en biens de production.

W.Ethier54

fait remarquer que la validité du théorème de l’égalisation des prix des facteurs n’est pas

remise en cause par la nature hétérogène du capital ou parce que le taux de profit est positif. Il indique

que c’est plutôt le renversement de la causalité néo-classique qui est à l’origine des difficultés

rencontrées par le modèle d’H-O. Il est toutefois établi que le modèle d’H-O ne peut expliquer

l’échange de biens qui entrent dans la production d’autres biens55

.

IV. 3 La comparaison des états stationnaires : un cadre restreint de la dynamique.

Face à l’invalidation de l’ensemble des résultats du modèle d’H-O, il convient de se pencher sur les

voies alternatives, pour expliquer les causes et les conséquences de l’échange, qui apparaissent après

l’examen de la critique néo-ricardienne. Or la démarche est étroitement associée à la comparaison

d’équilibres stationnaires. Le rôle de l’accumulation du capital a été conçu dans un cadre particulier de

l’équilibre inter temporel : celui des régimes permanents56.

Dans de telles situations d’équilibre, les conditions de fonctionnement de l’économie sont invariantes,

les prix sont constants d’une période à l’autre et les quantités croissent à un taux commun constant. Le

régime permanent correspond à un sentier d’équilibre de la croissance le long duquel le stock de

capital est adapté à un développement homothétique de l’ensemble des variables économiques. Plus

particulièrement on peut dire que la composition du capital permet une croissance régulière du niveau

de la consommation (compatible avec l’accroissement de la population) lorsque celui-ci est pris pour

objectif.

Que se passe-t-il si l’économie est confrontée à une rupture du système de prix d’équilibre à la suite de

l’introduction de l’échange ?

Le stock des moyens de production n’est plus adapté aux conditions nouvelles crées par l’apparition

des possibilités de l’échange. Les difficultés que peut rencontrer une économie quittant une trajectoire

d’équilibre sont principalement liées aux rigidités de l’appareil de production dues à la présence de

capitaux fixes ayant le plus souvent un usage spécifique. Ces difficultés sont détournées, lorsque la

comparaison porte sur des états stationnaires et qui expriment des programmes d’accumulation

différents, pour appréhender les conséquences de l’échange.

La manière dont a évolué l’économie jusqu’à l’apparition des possibilités de l’échange reflète le poids

des décisions d’investissement durant ces périodes antérieures. Dans une approche fondée sur la

comparaison de régimes permanents, le taux d’intérêt associé à l’équilibre stationnaire est exogène.

Lorsqu’il est assimilé à un taux d’escompte B � � qui représente la préférence sociale pour le présent,

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la condition d’efficience associée à un programme d’accumulation (ou une politique d’épargne) ; C Dexprime un objectif de maximisation du bien-être collectif

57 ;

Le passage à la dynamique suppose une représentation de l’état-nation comme un agent cherchant à

maximiser un objectif inter temporel de l’utilité. A cette fonction de bien-être liée à la consommation

correspond un programme d’accumulation du capital. Un taux d’intérêt (ou de profit) donné de

manière exogène et inchangé après l’ouverture aux échanges, exprime la cohérence de ces choix dans

les différents pays. La différence des programmes d’accumulation devient la cause explicative de

l’échange et de la spécialisation internationale.

Dans un modèle à capital hétérogène, une proposition générale consisterait à dire que le pays ayant

suivi la politique d’accumulation la plus efficiente (du point de vue de la consommation) se spécialise

dans les processus les plus capitalistiques et bénéficie du niveau de consommation le plus élevé58

.Cette

proposition de caractère très général, masque les difficultés liées à l’évaluation des gains de

l’échange. Même dans un modèle ricardien simple (avec ; � �), la possibilité du commerce

international à réduire le niveau de consommation peut être établie en se fondant sur une comparaison

d’états stationnaires59

. Ce résultat qui souligne la limite d’une telle approche est obtenu en comparant

2 états d’équilibre différents ; en d’autres termes 2 économies différentes l’une se trouvant en autarcie

et l’autre ouverte aux échanges et spécialisée dans la production. Cette méthode de l’évaluation des

gains de l’échange révèle, contrairement aux propositions théoriques admises, que l’économie

participant au commerce international se trouve désavantagée par rapport à celle qui se maintient en

autarcie.

Doit-on pour autant renoncer à l’échange et préférer l’autarcie ? Or on ne peut apprécier les gains issus

de l’échange que si l’on étudie le passage à la technique de spécialisation internationale. On doit porter

le regard sur la mutation qui s’effectue au sein d’une même économie et donc inclure les modifications

occasionnées par les nécessités de la transition d’une technique à l’autre.

Il s’agit de savoir dans quelle mesure l’équilibre de libre échange est une situation optimale. En

présence de biens indifférenciés, on peut supposer que la transition ne pose pas de difficultés

particulières et s’effectue en une « période ». Par ailleurs la valeur de la consommation des périodes

futures est ramenée vers le présent par un facteur d’escompteB � �. Nous pouvons alors montrer que

le niveau de consommation de la période pendant laquelle s’effectue la traverse est supérieur à celui

d’autarcie car le passage à la spécialisation s’accompagne d’un désinvestissement. Cet accroissement

passager est également supérieur à la baisse de consommation ultérieure car celle-ci est réduite par le

taux d’escompte positif.

La situation d’autarcie, apparemment plus efficiente que celle de spécialisation internationale, ne l’est

pas d’un point de vue inter temporel. L’équilibre de libre échange est bien un optimum de Pareto mais

ce sont les générations futures qui subissent le choix effectué par la génération qui entreprend de

participer à l’échange. La répartition des gains est inégalitaire dans le temps.

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La critique néo-ricardienne, transposition de la théorie du capital, fait apparaitre les insuffisances du

modèle d’H-O à intégrer le « capital » dans l’explication de l’échange international. Le principal

défaut du modèle réside dans son caractère atemporel. Il n’en demeure pas moins que la méthode qui

consiste à comparer des équilibres stationnaires apparait en elle-même peu adaptée à répondre aux

difficultés posées par l’accumulation du capital en économie ouverte.

L’étude de la transition entre deux états d’équilibre s’avère nécessaire pour évaluer les conséquences

et pour justifier la participation de l’économie considérée à l’échange international. Le recours à la

problématique de la traverse de l’approche autrichienne amène à considérer les capacités d’adaptation

d’un système économique lorsqu’il quitte le sentier d’équilibre stationnaire. Les conditions du

déroulement de la transition s’avèrent complexes à analyser lorsque le processus est considéré sous

son angle temporel60

. Dans ce glissement vers la dynamique, la transposition de la problématique de

la traverse n’ajoute pas à la cohérence de la démarche de la théorie du commerce international. Afin

d’apprécier les gains de l’échange, nous avons eu recours à une hypothèse de préférence inter

temporelle pour modéliser les choix de la collectivité nationale. Il devient plus cohérent de replacer

l’ensemble de l’analyse dans un cadre proprement dynamique.

V. Les nouvelles théories du commerce international

Il est difficile de définir de manière unique l’aspect positif de la nouvelle théorie du commerce

international. A partir du moment où le raisonnement porte sur la concurrence imparfaite, sa démarche

consiste à se pencher sur les formes multiples des structures de marché : monopole, oligopoles de

Cournot et de Bertrand, concurrence monopolistique…Les résultats auxquels elle aboutit sont de

nature spécifique à ces marchés et ne peuvent être résumés par des propositions de portée générale. La

littérature sur ces sujets est nécessairement abondante et dispersée. Une présentation synthétique du

sujet est de ce fait difficile à réaliser. Il y a toutefois un certain nombre de modèles qui sont considérés

comme fondamentaux. Initialement traités par l’Economie Industrielle dans le cadre de l’économie

fermée, ces modèles sont par la suite transposés à la problématique de l’échange.

Deux voies principales d’investigation sont retenues ; elles tournent autour

- Du modèle de la concurrence monopolistique avec différenciation des produits et une

explication de l’échange basé sur l’existence de rendements d’échelle croissants

- Du modèle construit autour du duopole de Cournot, il intègre les comportements stratégiques

des firmes. Il permet en outre de porter un regard nouveau sur l’analyse des politiques

commerciales.

La référence aux rendements d’échelle croissants et à la différenciation des produits ; deux éléments

centraux à la concurrence imparfaite qui le sont également à la nouvelle théorie. Le recours à la

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formalisation permet de présenter de manière plus rigoureuse des intuitions déjà présentes chez les

prédécesseurs comme A. Smith pour sa perception du rôle des rendements d’échelle.

Par ailleurs dire que la concurrence imparfaite est une hypothèse plus réaliste que celle qui fonde la

théorie traditionnelle ne suffit pas à établir que les outils analytiques utilisés par la nouvelle théorie

permettent d’expliquer la réalité.

V. 1 Rendements d’échelle et différenciation

L’article de P. Krugman61

a largement contribué à démontrer que l’échange s’explique par la présence

de rendements d’échelle croissants. Pour beaucoup d’auteurs, cette contribution de Krugman marque

le début du renouvellement de la théorie du commerce international. Le modèle présenté a le mérite de

mettre en rapport les rendements d’échelle (internes aux firmes) avec la différenciation des produits et

la concurrence monopolistique dans un cadre d’analyse simplifié du point de vue mathématiques.

A.Dixit62

soutien que l’apport de Krugman à la théorie de l’échange est faussement novateur. En

revanche il estime que l’élégance de la modélisation et des résultats auxquels il parvient ont conduit

son auteur à proposer à la fois un nouveau paradigme et une synthèse des théories anciennes et

récentes.

Le point de vue des rendements d’échelle comme déterminant de l’échange remet en cause un des

principes fondateurs de l’économie internationale ; celui des avantages comparatifs. C’est la

redécouverte de A. Smith et des avantages absolus. Pourtant P. Krugman admet qu’une part de

l’explication des échanges internationaux tire son origine des caractéristiques des nations, donc des

avantages comparatifs. L’autre part revient aux économies d’échelle. Toutefois l’analyse actuelle ne

parvient pas à déterminer le poids de ces parts respectives.

La prise en compte des rendements d’échelle amène à nous interroger sur le rôle de l’histoire dans la

localisation des activités. La date d’entrée des firmes d’un pays dans la production n’est pas neutre.

Les économies qui entrent en premier bénéficient d’un avantage qui se maintient vis-à-vis des

concurrents. Les considérations historiques peuvent jouer en faveur de la spécialisation internationale

mais qui échappent à des explications rationnelles issues de la modélisation.

L’asymétrie entre les nations et le phénomène d’agglomération qui survient dans la localisation des

activités ne favorise pas la convergence. Il incite fortement les pouvoirs publics à intervenir en faveur

de leurs firmes par des politiques appropriées.

Le point de vue de la différentiation (horizontale) transpose à l’économie ouverte le modèle de

concurrence monopolistique à la Chamberlin développé par A. Dixit & J. Stiglitz63

. Cet emprunt

débouche sur une problématique très féconde qui ouvre des perspectives de recherche dans des

domaines proches tels que celui de l’ « Economie Géographique »64

. Les résultats auxquels aboutit

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l’analyse permettent entre autre d’expliciter l’idée intuitive donnée par A. Smith selon laquelle la

division du travail est limitée par la taille du marché.

En situation de libre échange et en l’absence de coûts de transport, l’égalisation des salaires aboutit à

une seule économie dotée de la force de travail des deux pays en présence. L’accroissement de la

population ne conduit pas à une augmentation de la quantité produite des biens, mais à l’accroissement

du nombre de variétés devenues disponibles par le jeu de la concurrence sur le marché.

Il existe une spécialisation internationale dans une gamme de variétés différente d’un pays à l’autre.

Du fait qu’on considère que les consommateurs ont un goût pour la variété, un commerce intra

branche va s’instaurer entre ces deux économies.

Les enseignements tirés de ce modèle sont résumés de la manière suivante65

:

- D’une part, une indétermination du schéma de spécialisation même si le volume des échanges

est déterminé par l’équilibre de la balance commerciale. Le modèle n’est pas en mesure de

prédire et d’identifier quel bien sera produit et par quel pays.

- D’autre part, l’échange améliore le bien-être des consommateurs puisqu’ils disposent

maintenant d’un nombre plus important de variétés comparé à la situation d’autarcie.

Nous pouvons noter que de par sa construction, le modèle fait appel à la fois aux rendements d’échelle

croissants et à la différenciation des produits pour expliquer l’échange. Les effets constatés lors de

l’ouverture au commerce international ont deux sources distinctes.

Il convient de se pencher au terme de ce bref exposé d’un des modèles de base sur son pouvoir

explicatif face à la réalité du commerce international. Les preuves empiriques à l’appui de l’hypothèse

des rendements d’échelle comme déterminants de l’échange sont plutôt faibles. Ce constat provient

principalement de la difficulté liée à la mise en œuvre des tests empiriques. Même en couplant les

rendements d’échelle à la différenciation des produits, couplage qui tient une place centrale dans la

nouvelle théorie, les vérifications empiriques restent plutôt décevantes66

.

V. 2 L’incursion de la théorie des jeux

La théorie des jeux se présente comme un puissant vecteur de développement de l’Economie

Industrielle. La nouvelle théorie du commerce international ne peut échapper à l’incursion de la

théorie des jeux dans la mesure où elle parait elle-même comme une extension de l’analyse initiée par

l’Economie Industrielle.

Deux modèles retiennent l’attention dans la littérature, à la fois pour la simplicité de leur construction

et pour l’interprétation de leurs résultats sur les nouvelles explications de l’échange et des politiques

commerciales.

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Le premier modèle trouve son origine dans le phénomène du dumping (ce qui consiste à affecter un

prix aux exportations d’un bien inférieur à celui pratiqué sur le marché domestique). Le phénomène

apparait comme l’extension à l’économie ouverte du problème de la discrimination par les prix. Au-

delà de cette interprétation, il fournit un déterminant à l’échange autre que celui des avantages

comparatifs et des économies d’échelle rencontrés plus haut dans le texte.

Un duopole à biens homogène a été introduit par J. Brander67

et développé ultérieurement par J.

Brander et P. Krugman68

. C’est un modèle d’une symétrie parfaite. Les deux économies sont

strictement identiques et il y a une firme dans chaque pays. Les marchés sont segmentés du fait de

l’existence d’un coût de transport. En situation de concurrence parfaite il est évident que l’échange

serait impossible. Et pourtant en postulant un comportement de Cournot, l’échange aura lieu entre ces

deux pays. Pour chaque firme l’exportation est possible tant que le prix diminué du coût de transport

est supérieur au coût marginal de la production. L’issue est un envahissement mutuel des marchés par

les deux firmes qualifié par les auteurs de Dumping Réciproque. Chaque firme occupe une part plus

importante des ventes sur son propre marché comparé à la firme étrangère. Elle a la perception qu’elle

est confrontée à une élasticité de la demande plus élevée sur le marché étranger, ce qui justifie à ses

yeux une baisse correspondante du prix pour absorber le coût du transport.

Le résultat est l’apparition d’un flux d’échange réciproque qui porte sur le même bien. Du point de

vue de la théorie du commerce international, ce résultat est surprenant dans la mesure où il n’a pas

pour déterminant les avantages comparatifs ou les rendements d’échelle. Il ne tient qu’au

comportement des firmes. C’est la réaction « stratégique » d’une firme installée à l’incursion sur son

marché d’une firme concurrente. L’issue est un équilibre de Nash identique dans son essence à celui

décrit par le Dilemme du prisonnier.

Y a-t-il un gain à l’échange qui résulte de la circulation d’un bien identique d’un pays à l’autre dont le

transport occasionne un coût ? L’échange procure un gain dans la mesure où la concurrence

oligopolistique qui s’instaure dans chaque économie contribue à augmenter le surplus total comparé à

la situation de monopole. Cet effet a tendance à contre balancer les coûts induits par le transport

pourvu qu’ils restent suffisamment faibles.

Le second modèle de référence est celui élaboré par J. Brander et B. Spencer69

. L’idée développée par

ce modèle est la plus controversée de la littérature qui associe l’Economie Industrielle à la théorie du

commerce international. La construction du modèle est assez originale : la firme du pays national se

livre à une concurrence avec une firme étrangère sur le marché d’un pays tiers. Le résultat auquel

parvient l’analyse montre que l’intervention de l’Etat permet à la firme nationale d’accaparer des

rentes au détriment de la firme rivale, améliorant par la même occasion le bien-être dans l’économie

nationale.

L’idée d’une politique commerciale stratégique a fait son chemin en partant d’un détour de

modélisation. Le problème est formulé de telle sorte que les résultats déjà obtenus dans un modèle de

concurrence imparfaite puissent être facilement transposés au cadre de l’économie ouverte. La

simplification quelque peu abusive consiste à supposer que la production de chacune des deux firmes

ne donne pas lieu à une demande dans aucune des deux économies, mais exclusivement dans le pays

tiers.

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Les auteurs considèrent en outre que le coût marginal de production de chaque firme est égal au coût

social de la ressource utilisée. Il s’en suit que le bien-être national de chaque pays coïncide avec le

profit de sa firme. La concurrence sans intervention de l’Etat aboutit à un équilibre de Cournot sur le

marché du pays tiers. Lorsque l’Etat accorde une subvention, de manière unilatérale, ceci a pour

conséquence de déplacer la fonction de réaction de la firme nationale. Le profit de la firme bénéficiaire

augmente dans une plus grande proportion que le montant de la subvention, entrainant la hausse du

revenu national.

Le montant optimal de la subvention est celui qui permet à la firme qui en bénéficie de se positionner

comme un Leader au sens de Stackelberg par rapport à la firme rivale. Le point important de la

transposition du raisonnement de la théorie des jeux est que la politique commerciale sert à rendre

crédible les engagements de la firme dominante. L’octroi d’une subvention implique une menace

crédible au même titre que l’investissement en capacités excédentaires rend effective la barrière à

l’entrée.

Il est très vite apparu que la politique commerciale qui consiste à subventionner les exportations est

une recommandation qu’il faut manipuler avec beaucoup de précaution. La critique formulée par J.

Eaton et G. Grossman70

s’adresse à la particularité de la concurrence à la Cournot qui est à l’origine

de ce résultat. Dans le cas d’une concurrence à la Bertrand, où les firmes agissent sur les prix (avec des

biens différenciés), le résultat est inversé. Plutôt qu’une subvention, la politique optimale devrait

imposer une taxe aux exportations !

Ce type de résultat fragilise les conclusions en matière de politiques commerciales issues de la

modélisation du comportement des oligopoles. L’analyse économique continue d’explorer des

modèles d’une plus grande complexité qui mettent en jeu les interactions et les comportements entre

l’Etat et les firmes notamment. Même si les modèles d’oligopoles permettent d’intégrer les

multinationales dans leurs analyses dont le rôle est souvent difficile à expliquer par la théorie

traditionnelle, l’Etat-nation est représenté de manière très pauvre. Dans les cas les plus simples sa

représentation et les intérêts défendus coïncident avec celui de la firme.

L’analyse des politiques commerciales a ouvert la voie à la prise en compte des groupes d’intérêt qui

pèsent dans le choix collectifs et qui influencent la nature de la politique économique. Les politiques

interventionnistes en matière d’échange international ont pour effet de favoriser ces groupes d’intérêt

qui sont le plus souvent des détenteurs de facteurs spécifiques. Il est généralement admis que

l’intervention de l’Etat dans la sphère des échanges extérieurs est un instrument inefficace en matière

de redistribution des revenus71

. L’analyse de la politique commerciale est moins concernée par la

théorie de l’échange international que par les problèmes liés à la redistribution des revenus.

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Conclusion

Le pouvoir explicatif de la modélisation repose sur les relations de causalité qui lient les variables

considérées comme significatives à la théorie de l’échange international. La simplicité des hypothèses

et le nombre réduit des relations retenues, mettent en lumière les conditions qui maintiennent la

cohérence de ces hypothèses avec les résultats auxquels parviennent ces modèles. L’extension à des

formes plus complexes de la représentation du système productif consiste à établir des conditions,

généralement plus contraignantes, qui permettent de reconduire les propositions obtenues dans le cas

simplifié.

La transposition de la théorie du capital à travers l’approche néo-ricardienne invalide les théorèmes du

modèle néoclassique. C’est l’inversion de la causalité qui est à l’origine de la remise en cause des

résultats traditionnels. La critique néo-ricardienne à l’intérêt de montrer les limites du modèle d’H-O à

intégrer l’accumulation du capital dans la théorie de l’échange international. L’approche néoclassique

est fondamentalement atemporelle et ne s’accorde pas avec la comparaison d’équilibres stationnaires

qui résultent de trajectoires d’accumulation différentes. Plus particulièrement l’appréciation des gains

de l’échange nécessite l’intégration de la transition entre les équilibres stationnaires. La transposition

d’une problématique liée à la croissance débouche aussi sur une incompatibilité des méthodes

d’analyse. La dynamique est modélisée dans un cadre restreint des régimes permanents et l’ensemble

de l’analyse ne débouche pas sur une théorie alternative de l’échange international.

La nouvelle théorie, qui prétend se substituer à la théorie traditionnelle, a pour projet d’expliquer les

faits observés en utilisant de nouveaux outils de l’analyse économique. Sur ce dernier point la nouvelle

théorie n’est que l’application à un domaine différent des concepts élaborés par la microéconomie en

concurrence imparfaite et par la nouvelle Economie Industrielle. Ce sont des transpositions

d’explications très partielles de l’analyse économiques et ne sauraient donner lieu à la généralisation

des résultats. L’apport de ces éléments introduit une rupture dans le paradigme de la théorie du

commerce international. L’analyse parvient à montrer que l’échange de biens semblables est possible

entre des pays ayant un degré de développement similaire. La nouvelle théorie rencontre toutefois la

même incapacité que la théorie traditionnelle à rendre compte des phénomènes empiriques liés au

commerce international.

La nouveauté de l’analyse se manifeste dans le domaine des politiques commerciales et industrielles

stratégiques. Elle a donné lieu à des controverses d’un point de vue théorique et à des résultats

décevants du point de vue empirique. Très peu de propositions peuvent être tirées de la nouvelle

théorie en matière de politique stratégiques pour les secteurs où les biens sont différenciés et où se

manifeste une domination des firmes multinationales.

Nous sommes ramenés au point de départ de la théorie du commerce international à savoir la

modélisation de l’Etat-nation. Cette représentation reste très pauvre du point de vue des liens qui se

tissent entre les différents groupes d’intérêt et les organes de décision. La répartition des gains de

l’échange dépend également des structures organisationnelles des Etats. Les spécificités nationales

doivent être prises en compte dans l’explication de l’échange international et dans la distribution des

revenus qui en résultent. La nouvelle voie d’investigation, qualifiée de Géographie Economique,

empruntée par P. Krugman dans le début des années 90, renoue avec des problématiques plus

anciennes de l’économie régionale. Elle accorde une place privilégiée à la localisation des activités et

reconsidère la spécificité des espaces nationaux dans la formation des flux de l’échange international.

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La démarche de simplification de la réalité ne devra plus consister à contraindre le modèle à épouser

les contours d’une représentation uniforme de l’Etat-Nation et de la société qui le sous tend.

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ITIS – Innovation, territoires et inclusion sociale

MDD – Mobilités et développement durable

RIO – Risque, information, organisation

DOBIM – Droit des obligations et activités bancaires et immobilières

THEMOS – Théorie, Modèles, Systèmes

Documents de travail récents

ü Jean-Jacques Nowak, Sylvain Petit et Mondher Sahli, « Intra-industry trade and vertical

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Kirill Borissov, Thierry Bréchet et Stéphane Lambrecht, « Environmental Policy in a Dynamic ü

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ü Joseph Hanna, «R&D rivalry and cooperation with spillovers cleanup costs: Industry organization

and welfare policy performances », [2013-03].

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[2013-04].

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Aurélien Fortunato, « Les finalités de l’européanisation du droit – créer un modèle commun : ü

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Yves Mard et Ludovic Vigneron, « Does public/private status affect SMEs earnings management ü

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