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notre lien notre lien notre lien Association des Pupilles de la Nation, Association des Pupilles de la Nation, Orphelins de Guerre, d’Alsace Orphelins de Guerre, d’Alsace Novembre 2011 n°10 Chers amis, Comme tout le donnait à penser, l'année 2011 se termine sans que le Prési- dent de la République n'ait tenu ses promesses de 2007, au sujet du dé- cret « réparateur ». Il res- te encore quelques mois avant l'élection de Mai 2012, il est vrai. Notre pessimisme pourrait en- core être démenti. Nous n'en serions pas fâchés. Mais plutôt que d'atten- dre, l'arme au pied, nous poursuivons l'offensive. Avec toujours les deux mêmes objectifs natio- naux : . obtenir l'élargissement du périmètre de l'indem- nisation à tous les orphe- lins de la deuxième guer- re mondiale, grâce à un nouveau décret. . obtenir la création du FIVIG, le fonds d'indemni- sation permanent de tou- tes les victimes françaises de toutes les guerres, sur la base d'une taxation spéciale du commerce des armes, au moyen d'une loi que nous de- mandons au Parlement de voter. S'agissant de la situation particulière des enfants d'incorporés de force, nous maintenons plus que jamais nos revendica- tions de pouvoir bénéfi- cier, dès à présent, du dé- cret de Juillet 2004, puis- que nos pères ont été des « déportés militaires » et des victimes de la barba- rie nazie. Le lundi 5 décembre 2011, une délégation de notre Fédération nationa- le demande à être reçue à l'Elysée pour y déposer les centaines de cartes signées par nos adhérents et amis, illustrant la phra- se terrible de l'ancien mi- nistre Philippe Dechartre qui veut que nous consi- dérions nos pères comme les « victimes de la glo- rieuse malchance des ar- mes » ! Nous espérons pouvoir déployer une centaine de croix en bois sur le trot- toir en face du Palais pré- sidentiel et organiseront une conférence de presse dans les locaux de la Mai- son de l'Alsace, en soirée. L'élection de Mai 2012 ne mettra bien sûr pas un point final à notre com- bat. Nous allons rapide- ment interroger les can- didats et en particulier, Fran- ç o i s Hollan- de, déjà désigné par le PS. La bienséance aurait vou- lu que les promesses fai- tes il y a bientôt 5 ans soient respectées! Nous attendons aussi des réponses de notre minis- tre alsacien, Philippe Ri- chert à qui nous avons adressé une liste de sug- gestions concrètes qui pourraient être retenues comme des réponses par- tielles à nos revendica- tions. Silence radio de- puis plusieurs mois ! La FEFA nous doit égale- ment des compensations. Son trésor de guerre lui permet de nous aider. Elle n'a pas fini d'enten- dre parler de nous. Ne serait-ce que pour finan- cer notre secrétariat et des voyages sur la tombe. Dire qu'il nous faut, à nos âges, aller secouer les co- cotiers pour des causes qui tombent sous le sens, est « aller Hand » ! ! Beaucoup devraient avoir honte mais ils ont la peau épaisse. Cette peau, il nous faut donc la leur tanner, sans re- lâche. Cordialement à vous, Bernard Rodenstein Edito Il y a plus qu'une nuance entre « Malgré-nous » et « Incorporés de force » Un « Malgré-nous » est un soldat allemand, au cours de la guerre de 14/18. Un Alsacien ou un Mosellan, devenu allemand par le traité de Francfort du 10 Mai 1871 qui a intégré nos deux régions dans le Reich. Resté français de coeur, un tel soldat, devenu alle- mand contre son gré, peut bien s'appeler un « Malgré nous ». En droit, il est sou- mis aux obligations de son pays, l'Allemagne. Rien de tel en 1939-1945. L'Alsace et la Moselle sont annexées de fait. Aucun traité international ne confirme juridiquement le rattachement à l'Allema- gne. Juridiquement tou- jours, les soldats alsaciens -mosellans sont de toute évidence des citoyens français. Leur intégration sans condition dans l'armée hitlérienne a un nom qui la qualifie juridiquement : « l'incorporation de for- ce ». Un tel abus de pou- voir est un « crime de guerre » caractérisé. Nous n'aurions jamais dû faire l'amalgame. B.R. « Orphelins de guerre, enfin des mots » Le tome 2 est disponible et en vente au siège de l’association, 78a, avenue de la République (03 89 20 63 11) au prix de 12 €. Le tome 1 est épuisé. « Parce que les mots qu’ils gardaient en eux les faisaient souffrir, ceux qui s’ex- priment dans ce livre ont mis du temps à se décider à parler. Il leur a fallu beau- coup de courage pour livrer ce qui les rongeait. Chaque récit est une histoire douloureuse dans laquelle la guerre tient le rôle principal. C’est à cause d’elle et de la barbarie qu’elle engendre que dans chacune de ces histoires, dans chacune de ces vies, il manque quelqu’un d’important qui ne reviendra pas. »

Journal de l'APOGA n°10

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Journal de l'Association des Pupilles de la nation, Orphelins de guerre, d'Alsace

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Page 1: Journal de l'APOGA n°10

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Association des Pupilles de la Nation, Association des Pupilles de la Nation,

Orphelins de Guerre, d’AlsaceOrphelins de Guerre, d’Alsace

Novembre 2011

n°10

Chers amis,

Comme tout le donnait à penser, l'année 2011 se termine sans que le Prési-dent de la République n'ait tenu ses promesses de 2007, au sujet du dé-cret « réparateur ». Il res-te encore quelques mois avant l'élection de Mai 2012, il est vrai. Notre pessimisme pourrait en-core être démenti. Nous n'en serions pas fâchés. Mais plutôt que d'atten-dre, l'arme au pied, nous poursuivons l'offensive. Avec toujours les deux mêmes objectifs natio-naux : . obtenir l'élargissement du périmètre de l'indem-nisation à tous les orphe-lins de la deuxième guer-re mondiale, grâce à un nouveau décret. . obtenir la création du FIVIG, le fonds d'indemni-sation permanent de tou-tes les victimes françaises de toutes les guerres, sur la base d'une taxation spéciale du commerce des armes, au moyen d'une loi que nous de-mandons au Parlement

de voter. S'agissant de la situation particulière des enfants d'incorporés de force, nous maintenons plus que jamais nos revendica-tions de pouvoir bénéfi-cier, dès à présent, du dé-cret de Juillet 2004, puis-que nos pères ont été des « déportés militaires » et des victimes de la barba-rie nazie. Le lundi 5 décembre 2011, une délégation de notre Fédération nationa-le demande à être reçue à l'Elysée pour y déposer les centaines de cartes signées par nos adhérents et amis, illustrant la phra-se terrible de l'ancien mi-nistre Philippe Dechartre qui veut que nous consi-dérions nos pères comme les « victimes de la glo-rieuse malchance des ar-mes » ! Nous espérons pouvoir déployer une centaine de croix en bois sur le trot-toir en face du Palais pré-sidentiel et organiseront une conférence de presse dans les locaux de la Mai-son de l'Alsace, en soirée. L'élection de Mai 2012 ne mettra bien sûr pas un point final à notre com-bat. Nous allons rapide-ment interroger les can-didats et en particulier,

F r a n -ç o i s Hollan-de, déjà désigné par le PS. La bienséance aurait vou-lu que les promesses fai-tes il y a bientôt 5 ans soient respectées! Nous attendons aussi des réponses de notre minis-tre alsacien, Philippe Ri-chert à qui nous avons adressé une liste de sug-gestions concrètes qui pourraient être retenues comme des réponses par-tielles à nos revendica-tions. Silence radio de-puis plusieurs mois ! La FEFA nous doit égale-ment des compensations. Son trésor de guerre lui permet de nous aider. Elle n'a pas fini d'enten-dre parler de nous. Ne serait-ce que pour finan-cer notre secrétariat et des voyages sur la tombe. Dire qu'il nous faut, à nos âges, aller secouer les co-cotiers pour des causes qui tombent sous le sens, est « aller Hand » ! ! Beaucoup devraient avoir honte mais ils ont la peau épaisse. Cette peau, il nous faut donc la leur tanner, sans re-lâche.

Cordialement à vous, Bernard Rodenstein

Edito

Il y a plus qu'une nuance entre

« Malgré-nous » et « Incorporés

de force » Un « Malgré-nous » est un soldat allemand, au cours de la guerre de 14/18. Un Alsacien ou un Mosellan, devenu allemand par le traité de Francfort du 10 Mai 1871 qui a intégré nos deux régions dans le Reich. Resté français de coeur, un tel soldat, devenu alle-mand contre son gré, peut bien s'appeler un « Malgré nous ». En droit, il est sou-mis aux obligations de son pays, l'Allemagne. Rien de tel en 1939-1945. L'Alsace et la Moselle sont annexées de fait. Aucun traité international ne confirme juridiquement le rattachement à l'Allema-gne. Juridiquement tou-jours, les soldats alsaciens-mosellans sont de toute évidence des citoyens français. Leur intégration sans condition dans l'armée hitlérienne a un nom qui la qualifie juridiquement : « l'incorporation de for-ce ». Un tel abus de pou-voir est un « crime de guerre » caractérisé. Nous n'aurions jamais dû faire l'amalgame. B.R.

« Orphelins de guerre, enfin des mots » Le tome 2 est disponible et en vente au siège de l’association, 78a, avenue de la République (03 89 20 63 11) au prix de 12 €. Le tome 1 est épuisé. « Parce que les mots qu’ils gardaient en eux les faisaient souffrir, ceux qui s’ex-priment dans ce livre ont mis du temps à se décider à parler. Il leur a fallu beau-coup de courage pour livrer ce qui les rongeait. Chaque récit est une histoire douloureuse dans laquelle la guerre tient le rôle principal. C’est à cause d’elle et de la barbarie qu’elle engendre que dans chacune de ces histoires, dans chacune de ces vies, il manque quelqu’un d’important qui ne reviendra pas. »

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Page 2 25 août 1942 - 25 août 2011

L’APOGA a organisé une cérémonie œcuménique en souvenir des 40 000 Français décédés alors qu’ils étaient incorporés de force dans l’armée allemande pendant la deuxième guerre mondiale. Vous pourrez lire ci-dessous les interventions de Jean-Claude Klotz, curé de la paroisse Sainte Marie à Colmar où s’est déroulé l’office, et de Bernard Ro-denstein, pasteur.

Bonjour, Soyez tous les bienvenus dans cette église qui a chan-gé de nom à cause de la guerre : Notre Dame de la Paix. Permettez moi un souvenir personnel : jamais mon grand père ne m’a parlé de ce qu’il a dû enduré au camp de Schirmeck tandis que son fils (mon père) était envoyé sur le front russe. Mon père est mort en 1960 des suites de son internement à Tambov dont il ne s’est jamais remis. De la classe 1926, il avait dû entrer de force à 17 ans, dans la Wehrmacht comme beaucoup d’autres. Rentré en permission, il avait vu un des responsables nazis pour protester sur le fait de l’internement de son père à Schirmeck tandis qu’il était, lui, sur le front russe. C’est ce qui a sans doute sauver alors mon grand-père, mais pour mon père, de retour sur le front, fait prisonnier, c’est Tambov qui l’attendra. Si je vous raconte cela c’est pour faire mémoire d’eux, certes, mais aussi parce que ce que je sais au-jourd’hui d’eux et de leur expérience ne vient pas d’eux-mêmes, ni de documents officiels, mais de ceux qui ont reçu un jour leur confidence. Et puis je n’ai pas connu mon père comme la plupart d’entre vous. La guerre a cela de terrible, c’est qu’elle dépasse en horreur et en humiliation ce que des innocents pou-vaient imaginer. Et elle laisse des traces qui ont des conséquences sur les générations suivantes. Sans doute reste-t-il au fond de nous aujourd’hui, un peu de rancœur, ou plus, alors que nous commémorons le triste décret de l’incorporation de force de nos pè-res. Combien de vies, de familles, d’histoires person-nelles eussent été différentes s’il n’y avait pas eu tout cela ! Mais, c’est tourné vers aujourd’hui et pour ne pas renouveler demain les erreurs du passé, que nous sommes réunis en prière. En confiant au Sei-gneur le souvenir de nos pères, grand pères et de toutes les autres victimes de la barbarie nazie.

Jean Claude Klotz, curé

Bâtir une société de paix Matthieu l'Evangéliste est un homme excessif. Un passionné. Un fou de Jésus le Christ. A la fin de son Evangile, il écrira le contraire de ce qu'il demande ici aux hommes et aux femmes qu'il appelle à marcher sur les traces du Libérateur des petites gens d'Israël, le peuple des « pauvres » des Béatitudes, quasiment persécuté par les puissants, les chefs pleins d'hypo-crisie et impitoyables avec les autres. Il vouera en effet aux gémonies toutes celles et tous ceux qui selon lui ne saisissent pas le moment oppor-tun pour se rallier au Dieu d'amour après avoir vécus sous le joug d'une loi inhumaine. Celle dite du talion et nous connaissons tous le célèbre : « oeil pour oeil, dent pour dent » ! Demander à des êtres humains d'être subitement parfaits comme seul Dieu sait l'être, c'est fixer la bar-re tellement haut, que personne ne se sent plus la force ou l'envie de fonder sa vie sur des principes radicalement nouveaux et franchement inaccessi-bles. Matthieu prône rien moins que la non violence. Celle qui a été réinventée par un Gandhi, un Martin Luther King et bien d'autres encore. C'est une technique qui marche bien pour ceux qui la maîtrise. Mais il faut y croire. Il faut oser briser le cercle infernal de la ripos-te. Et faire ce pas là, n'est pas évident. Nous tous, ici présents, sommes victimes des hor-reurs de la guerre. La violence des armes est sans appel. Malheur à celui qui est dans le champ du ti-reur ou sous la main du tortionnaire. La vie est fau-chée comme un rien. Aucune résistance ne fait le poids. C'est vers la vengeance que l'on songe à se tourner en premier lieu. Vous m'avez pris mon père, ma mè-re, un oncle, un enfant, un cousin, un ami. Je ne rêve que d'une chose, c'est de vous tuer à votre tour. Je vous en veux à mort et rien ne fera taire ma rage contre vous. Nous avons tous été, plus ou moins longtemps, avec plus ou moins d'intensité, dans cette disposition d'esprit. Le temps a permis de panser des plaies. Mais le fond demeure. Les crimes commis contre nos pères nous pèsent encore et toujours sur l'estomac et font pleurer nos coeurs. Est-ce que le Christ Jésus peut comprendre ce que c'est d'avoir été privé d'un père, d'une mère, d'un enfant, au moyen de cette violence aveugle et totale? Peut-il raisonnablement nous demander de passer l'éponge et d'oublier tant de malheur ? Je n'ose pas l'imaginer. Par contre je crois qu'il nous indique un chemin grâ-ce auquel nous pouvons à nouveau vivre sans être éternellement prisonnier de la souffrance qui nous accable et de la haine de l'ennemi qui ronge notre envie d'aller de l'avant et de nous libérer du fardeau des ressentiments stérilisants. Cette voie, ce chemin, ont pour nom le pardon! Pardonner au nom de notre imperfection à tous. Par-donner au nom de notre capacité à être violents, nous aussi. Pardonner au nom du manque d'intelli-gence qui a conduit des masses humaines à suivre comme un troupeau docile des chefs atteints de folie

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criminelle ou de lâcheté. Pardonner, car nul ne sait de quoi il est capable lui même. Pardonner car nous ne sommes pas à l'abri de nous laisser guider par des esprits tordus vers de nouveaux malheurs. Pardonner encore, par souci de santé mentale : celui qui nourrit les ressentiments, les rancoeurs, la haine, se fait d'abord et principale-ment du mal à lui-même. Mais pardonner au nom de toutes ces faiblesses hu-maines qui nous sont communes depuis toujours ne suffit pas. Il nous faut avoir envie, fortement envie, de sortir de ce cycle répétitif des pires excès que les hommes peuvent commettre et s'infliger mutuelle-ment, pour bâtir ensemble une autre vie possible, une autre société possible ; celles où nous rivalisons d'énergie et d'imagination pour nous faire aimer la vie, pour savourer ensemble les fruits de l'unité et de la concorde entre tous, pour nous porter mutuelle-ment dans la force de l'amour jusqu'aux plus hauts bonheurs que la vie fraternelle est capable de nous donner. Nous commémorons les cruautés d'hier, oui, mais c'est pour mieux leur tourner le dos et pour mieux offrir nos mains, nos coeurs et nos esprits à la cons-truction d'un monde en paix.

Bernard Rodenstein

Construire un monde de plus grande fraternité

La loi du talion décrite dans l’évangile par Jésus était déjà pour le peuple d’Israël un net progrès par rap-port à ce qui se pratiquait dans le Moyen Orient. Il s’agissait de freiner l’escalade de la violence : la ven-geance aveugle ou encore la compensation tarifaire de la perte de quelqu’un ou d’une partie du corps. En affirmant le prix sans prix de toute vie humaine, la loi « œil pour œil, dent pour dent » exclut toute mise en tarif de l’intégrité humaine. Comme le décrit le père Jésuite J Pierre Sonnet : « prend garde à ne pas bles-ser ton frère ou à attenter à sa vie, car le seul prix imaginable pour son œil ou pour sa vie serait ton œil ou ta vie ! » Gandhi cherchait à sortir de la violence dans laquelle son peuple se divisait. Il disait : « œil pour œil finit par rendre aveugle le monde entier » et il proposait de faire toujours la vérité… Mais lorsqu’il s’agit de se battre contre un système qui opprime, qui rabaisse, qui ignore l’humain, un

système aveugle et extrêmement déshumanisant… comme le fut le régime nazi qui a fait planer notam-ment sur notre région toute sa violence. Que faut-il faire ? Les multiples gestes de résistance active ou passive qui ont été posés de façon réfléchie, audacieuse par-fois (je pense en cette église aussi au chanoi-ne Oberlechner) pour démontrer et démonter jour après jour le système répressif qui aura fait tant de victimes ici et ailleurs. Cette attitude finalement aura raison du nazisme. Mais Jésus nous propose aujourd’hui encore un che-min autre, une autre audace : pour l’expliquer il s’en prend aux trois pouvoirs qui gouvernent son pays : la religion, la justice, l’occupant romain. Jésus s’en prend donc aux systèmes qui empêchent les hommes d’être eux-mêmes : au lieu de réagir à la violence ou de s’opposer à la violence par une contre violence, Jésus invite chacun à agir au quotidien en acteur libre et profondément humain. Là où l’on dés-humanise, il faut un sursaut d’humanité. Là où sura-bonde la mal, il faut multiplier le bien. Multiplier le bien pour faire reculer le mal, le noyer par le bien.

Les pères de l’Europe l’ont bien compris : pour sor-tir du cercle infernal de la violence, il faut une ré-conciliation entre les enfants des bourreaux et les enfants des victimes. Après guerre, le mouvement d’échanges des jeunesses franco-allemandes a été le nouveau départ d’une relation transfrontalière, le mouvement Pax Christi et d’autres ont œuvré à éduquer à la paix la jeunesse. Réfléchir, agir, prier. Sans cesse dans le monde, des hommes et des fem-mes de bonne volonté se lèvent pour faire avancer la cause de la paix. Lorsque nous regardons les mouvements récents en Afrique du Nord et au Moyen Orient, la fin de l’Apartheid en Afrique du Sud, la chute du mur de Berlin, nous pouvons dire avec confiance que les régimes qui déshumanisent l’homme et donc toute l’humanité s’effondrent sur

eux-mêmes. Mais il faut pour cela des hommes, des femmes, des jeunes et mêmes des enfants, qui s’enga-gent dans leur cité, dans leur pays, dans la commu-nauté européenne pour poursuivre ce travail de ré-conciliation des personnes avec elles-mêmes, avec les autres et avec Dieu. Je rentre des JMJ à Madrid, té-moin avec les 1,5 m de jeunes venus de 139 pays qu’un autre monde est possible. De multiples parta-ges se sont faits spontanément… entre ces jeunes. Un des rêves de ces jeunes, c’est un monde de plus gran-de fraternité : hier nos pères ont lutté jusqu’à la mort pour sauver cette aspiration. Aujourd’hui encore d’autres ont pris le relais. Prions pour que demain encore plus de jeunes connaissent « la paix qui n’est pas qu’absence de guerre, ni même un équilibre sta-ble entre des forces adverses, mais la paix se fonde sur une conception correcte de la personne humaine et requiert l’édification d’un ordre selon la justice et la charité. La paix est le fruit de la justice. La paix est le fruit de l’amour. L’autre nom de la paix est le déve-loppement. », comme le dit l’enseignement de l’Egli-se. J-C. K.

Les membres de l’APOGA se sont retrouvés après la cérémonie

autour du verre de l’Amitié

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5 décembre 2011 C’est la date que nous avons choisie pour remet-tre les cartes signées au président de la Républi-que, à l’Elysée. Pendant qu’une délégation entrera avec les cartes, nous plan-terons une centaine de crois devant le palais pré-sidentiel. Si tout se passe comme nous l’avons pré-vu, pensez à regarder les informations télévisées ce jour là et le lendemain, il

se peut qu’il soit question de nous puisqu’une conférence de presse est à l’or-dre du jour.

Il n’y a pas de sous dans les caisses pour indemni-ser les orphelins. Quelques preuves sous forme d’arti-cles de presse découpés, nous ont été communiquées par Yvette Billon, membre de notre association que nous avons résumés. Les déplace-ments du président en Falcon One coûte 10 000 euros par heure de vol même quand il l’utilise à titre privé et qu’il ne paie pour le déplacement que le prix d’un billet de ligne régulière.

Pareil pour le premier ministre qui a voyagé en Falcon 900 (coût horaire 9400 euros) quand il s’est déplacé pour Noël en privé même s’il a reçu le président égyptien déchu depuis pour une heure d’entretien. Le 13 juillet 2008 le président a invi-té 40 chefs d’Etat dont quelques ty-rans (notamment Ben Ali et Mouba-rak …) pour un grand show diploma-tique et un dîner qui a coûté 5500 euros par personne... Et n ne parle même pas du scandale des dessous de table de Karachi etc.

La misérable rente des

veuves de guerre « Elle est veuve de guerre. Mais de la Première Guerre mondiale. Elle conti-nue de travailler. Parce qu’elle est pauvre, parce que ses maigres res-sources ne suffisent pas pour vivre. Elle est seule. Pourtant sa solitude est partagée par des centaines d’autres, ici à Colmar. Veuves de guerre comme elle. Non remariées pour la plupart. Avec pour tout moyen 3200 francs de rente mensuelle. Elle est veuve depuis 1917. Quand son mari est mort, elle avait six enfants, dont l’aîné avait neuf ans. Le dernier était en route. Elle les a élevés tout en travaillant. Courageuse et dramati-quement seule comme aujourd’hui en 1950. Avec ses 3200 F de rente dont le montant n’a pas varié depuis la veil-le de la guerre. La misère lui a appris à compter et les comptes sont rapide-

ment faits : « Quand je me lève le ma-tin, je cherche un litre de lait, mes 700 g de Weckenbrot. J’ai dépensé mes 76 F, mais le coût de la vie est plus important. En 1947, je devais payer 900 F d’impôt, 2160 F en 1950, 90 F en 1939, or ma rente est restée la même ». Voilà son ordinaire de veuve. Mais il y a le reste. Pour l’hiver, elle a dû ache-ter une corde de bois pour se chauffer. Cela lui est revenu à 4400 F, à quoi il fallut ajouter le transport, le travail de coupe. Le tout a dépassé deux mois de rente. Pourtant, elle fait attention et ne dépense que le strict nécessaire, se privant du reste. Elle connaît le prix du marché hebdomadaire : les œufs à 300 F la douzaine qui sont devenus horriblement chers, le beurre pasteu-risé à 700 F, hors de prix pour elle. » Extrait d’un article de Gabriel Braeu-ner, paru dans le journal l’Alsace du 8 octobre. Sans commentaire.

APOGA

Association des pupilles de la nation, orphelins de guerre d’Alsace 78a, avenue de la République – 68000 COLMAR Tel. 03 89 20 63 11

Président : Bernard Rodenstein

Trésorière : Monique Risacher 03 89 26 30 16

Directrice de la publication : Gabrielle Teissier K.

Réalisation graphique : par nos soins

Le Comité de l’APOGA Bureau Bernard RODENSTEIN, président, COLMAR Marie-Louise BEDIN, vice-présidente, WITTENHEIM Robert GRIMONT, vice-président, BARR Roland GUTLEBEN, vice-président et porte-drapeau , COLMAR Jules JAMBOIS, vice-président , SCHILTIGHEIM Gérard REPPERT, vice-président , WISCHES Monique RISACHER, trésorière , ENSISHEIM Guy SCHEUER, trésorier adjoint, MOLSHEIM Jean-Marie BINNER, trésorier adjoint , COLMAR Gabrielle TEISSIER K., secrétai-re , COLMAR Marie-Josée VOINSON, secrétaire adj., INGERSHEIM Claude HEROLD, secrétaire adj., Colmar

Administrateurs Jean-Louis BALLIS, MERTZWILLER Bernard BOURRASSIER, DIETWIL-LER Antoine BURCKART, MULHOUSE Maurice GAMB, HEITEREN Remy HEILMANN, WALDOL-WISHEIM Irma JAMBOIS, SCHILTIGHEIM Claude JOCHEM, Ste Croix en Plaine Nicolas MENGUS, MENSCHHOFFEN Bernard MEYER, APPENWIHR André MULLER, Colmar Paul Gérard NUNNINGER, LUEMS-CHWILLER Bernard REICHENAUER, Porte-drapeau, LOGELBACH Madeleine RIOTTE, SELESTAT Pierre RISACHER, ENSISHEIM Paul RITZENTHALER, Colmar Paul RODENSTEIN , COLMAR Josiane SCHALK , HILSENHEIM Marthe SCHALK, HILSENHEIM

Roland Gutleben (à droite) et

Bernard Reichenauer,

porte-drapeaux de l’APOGA