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Juif et Juif - Ashkenazes et sepharades, être juif aujourd'hui by Alexandre Adler; BernardCohenReview by: Régine AzriaArchives de sciences sociales des religions, 30e Année, No. 60.2 (Oct. - Dec., 1985), pp. 217-219Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30126611 .

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BULLETIN DES OUVRAGES

60.214 AARAAS (Hans). Litterature et sacerdoce. Paris, Minard- Lettres modernes, 1984, 168 p. (Bibliotheque Bernanos, 11).

Titre a plusieurs voies. Le sous-titre pre- cise: ( Essai sur le Journal d'un curde de cam- pagne de Bernanos n, sur lequel tout est loin d'8tre dit. La sociologie religieuse de l'oeuvre bernanosienne reste a faire. Bernanos n'etait pas un romancier rdaliste, mais ses personna- ges et leur itineraire supposent un milieu so- cial, un milieu politique, un milieu catholique surtout: qu'en a-t-il connu et retenu ? Les a lit- teraires ne frequentent pas assez les ahisto- riens ~. Le cure de Torcy, par exemple, n'est pas (le representant de l'lglise post-tridentine dans ce que celle-ci avait de meilleur : voir plut6t Calippe (Arch., 12, no 153) et Benigni (Arch., 45, no 466). Tout ceci n'empiche pas une etude d'une grande finesse et, on peut le dire, d'une exceptionnelle sensibilit6 a son su- jet, qui est en mime temps une legon de lec- ture. L'A., norvegien, de Bergen, avait en 1959 publie dans son pays deux volumes sur Bernanos: en mdme temps que celui-ci, le mime editeur en publie un autre sur le roman- cier di a L. Peeters, qui habite Pretoria...

Emile Poulat.

60.215 ACCARD COUCHOUD (Marie-Therese). Kierkegaard ou I'instant paradoxal. Recher- ches sur I'instant psychotique. Paris, Ed. du Cerf, 1981, 220 p.

M.-T.A.C. nous propose ( une lecture clini- que de Kierkegaard qui se demarque autant de la psychanalyse appliquee que de l'exe- gese ,, en prenant le recit ( comme une mise en acte d'un projet o& I'auteur fait exister un de- sir conscient ou meconnu ; la poesie et, fina- lement, le texte philosophique lui-m6me se re- trouvent dans la perspective of (toute activite

de pensee s'enracine dans le desir . La proble- matique d'existence propre a Kierkegaard est celle de la conflictualite saisie dans la fagon dont celui-ci investit la categorie de l'c ins- tant ~. C'est l'ecoute des psychotiques dans la pratique therapeutique qui conduit M.-T.A.C. vers ce questionnement, car la notion d'ins- tant y prend une place centrale dans la clini- que. Grice a Kierkegaard, philosophe de l'an- goisse et de l'instant, al'instant paradoxals pourra &tre analyse comme categorie structu- rante, modalite de a l'instant psychotique .

Cette recherche, conceptuellement tres bla- boree et articulee avec rigueur, n'aborde pas directement la thematique des sciences de l'homme et de la societe dans le domaine reli- gieux; mais elle fournit un eclairage lateral qui met indirectement en relief l'apport poten- tiel de la psychanalyse, notamment pour l'ex- ploration des processus les plus archaiques dans la genese de la subjectivite religieuse.

Jacques Maitre.

60.216 ADLER (Alexandre), COHEN (Bernard). Juif et Juif- Ashkenazes et sepharades, 2tre juif aujourd'hui. Paris, Autrement, 1985, 165 p. (Coll. ((Ciel ouvert))).

Prometteur et decevant. Telles sont les deux epithetes que je retiendrai. Prometteur par ce qui semble &tre la demarche: deux auteurs, in- tellectuels de gauche, collaborateurs a Libdra- tion, deux voix juives, I'une ashkenaze l'autre sepharade, deux regards portbs sur l'~tre juif contemporain. Entreprise stimulante et sym- pathique. Ebauche d'une reflexion a double face, d'un dialogue sur une question que les modes successives et les crises de notre so- ciete remettent invariablement au gofit du jour.

Mais 6 combien decevante l'impression qui reste une fois le livre refermb. Non point

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

deux voix qui se repondent en echo, mais l'une qui veut a tout prix etouffer I'autre, non point dialogue mais monologues sourds l'un & l'au- tre (sauf dans les quinze dernieres pages), non point reflexion commune mais proces de l'un intente a l'autre.

A.A., l'ashkenaze - qui, d'entree de jeu, ose dire, et a raison de l'oser, que pour lui 6tre juif c'etait parler allemand ((a au point qu'encore Ai l'ige adulte je n'ai jamais un sentiment aussi fort de mon identite que quand je m'exprime dans cette langue (p. 13)- par un itineraire clate parcourt a folle allure l'histoire des

Juifs que leur destin a fait rencontrer la France. En une course echevelee d'une cin- quantaine de pages a travers les epoques, il nous fait revivre cette grande epopie jalonnie de massacres et d'expulsions inaugures par saint Louis, ((grand brilleur et massacreur de Juifs devant l'iternel, tortionnaire et execu- teur de la civilisation occitane ) (p. 24) et d'au- tant de grandes figures de la spiritualite juive, noms illustres de la tradition, souvent en guerre les uns contre les autres sur la question de leur rapport au monde et qu'A.A. depar- tage entre c integristes, et maimonidiens; grandes figures aussi de la piriode moderne, anonymes de la Resistance, FTP-MOI (ceux entre autres du groupe Manouchian, passis a la posterite et i la celebriti posthume grice a I'affiche rouge), et bien d'autres encore dont il egrene le long chapelet de noms. Ii rappelle avec bonheur combien le radicalisme de pro- gres, de la droite moderee au socialisme men- desiste, canalise encore bien le soutien des gros bataillons du judaisme frangais: lI, se re- trouvent aussi (...) les elites protestantes et les francs-magons (...). Minoritaires, chacun pour son compte, ces groupes, qui par le passe ont eu maille a partir avec l'lglise triomphante, ont su s'unir sous la IIIP Republique, pour faire prevaloir une politique a la Henri IV: une France majoritairement catholique, mais accueillante aux confessions minoritaires, eta- blissant la tolerance religieuse et spirituelle au benefice du developpement politique (p. 49).

L'enorme malentendu que fut I'engagement communiste pour la plupart des Juifs a ouvert les yeux de la nouvelle generation, moins am- bitieuse dans son defi universaliste et davan- tage axee sur son particularisme, plus disponi- ble pour les retrouvailles avec elle-meme. A.A. trace ensuite a grands traits incisifs la

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galerie de portraits bigarree et cosmopolite qui compose le judaisme frangais: les alsa- ciens, les diverses nuances du judaisme est- europeen de l'Allemagne a la Russie. Tous ont adopte la France qui a su les accueillir et, avec eux, a joue le jeu de l'integration. A.A. pour sa part, joue le jeu de la France, envers laquelle il n'a pas honte de clamer sa foi, sa reconnaissance pour sa tradition d'ouverture et son esperance. Cette partie du livre qui force un peu sur le rose, peut-6tre, est intitulie <(au bonheur de la France, .

Mais le ton change ainsi que le registre lors- qu'on passe a la deuxieme partie, ailoge du Loukoum , celle de B.C., le sepharade. Loin de presenter la longue saga du judaisme nord- africain jusqu'a son abordage aux rives de la France, il opte pour la scission, la fracture, l'affrontement et la course a la revendication de l'authenticite juive entre ashkenazes et se- pharades. Il procede a la construction d'une identite sepharade a partir d'une difference de- valorisante du <frere ennemi ) ashkenaze con- tre lequel il prononce un requisitoire implaca- ble, sans nuance ni argumentation solide. Cette difference semble ne pouvoir 6tre definie autrement qu'en termes de jugements de va- leur et de denigrements successifs qui frisent la caricature, que ce soit a propos de la pro- nonciation de l'hebreu, des goidts culinaires, de la boisson, de la musique, de la sexualite, et plus grave au regard de la tradition, a propos du rapport et de l'attachement a la Palestine/ terre promise/Etat d'Israel. Tout joue en defa- veur de l'ashkenaze.

Que penser en effet lorsque B.C. parle des ((jeunes Juifs d'origine sepharade qui ont ete gagnes ces dernieres annees aux theses des mouvements ultra-orthodoxes , et qui (( ont dii se faire une tite d'ashkenaze, costume et cha- peau noirs, papillottes envahissantes, pour en- trer en orthodoxie ?,, Notre auteur est bien place pour savoir que ce look est de nos jours beaucoup plus en vogue chez les sepharades que chez les ashkenazes aupres desquels il est quasiment tombe en disuetude. Et quand bien mime, il ne s'agit apres tout que d'une des multiples fagons de se faire une tite de Juif.

Seules les quinze dernieres pages nous font assister a un dialogue entre les deux protago- nistes. On y retrouve la mime distance entre des points de vue ancres dans des presupposis antithetiques. Les themes abordes -le geno-

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BULLETIN DES OUVRAGES

cide (que je prefere a holocauste employe dans le livre), l'opposition Orient/Occident, la si- tuation des Juifs en France- auraient merite une place plus importante, sans nul doute la place la plus importante.

L'intr&t sociologique de ce livre est evi- dent. Il met en evidence de par sa forme, le ton, les styles, les arguments (le plus souvent pretextes, justifications ou boutades), les re- ferences et les points de vue, bon nombre de questions qui touchent aux representations de la conscience juive, aux divers niveaux de l'identite, aux groupes de references, reels ou construits dans l'imaginaire, au pluralisme et a son refus, ... C'est ici tout un chantier qui s'offre a la curiosite des sociologues du ju- dai'sme.

Regine Azria.

60.217 ALBRECHT (Carl).

Das mystische Erkennen: Gnoseologie und philosophische Relevanz der mystischen Re- lation. Mayence, Matthias-Griinewald-Verlag, 1982, 384 p.

Cet ouvrage est une reedition de celui qui avait paru, sous le mime titre, en 1958 (Breme, Carl Schiinemann Verlag). I1I fait sui- te a Psychologie des mystischen Bewusstseins (Mayence, Matthias - Griinewald - Verlag, 1976; premiere ed., Breme, 1951). C.A. (1902-1965), medecin, psychologue et philo- sophe, tente ici de conferer une portee episte- mologique decisive A la (<relation mystique . Une telle demarche constitue une phenomeno- logie dont I'objet mime (la mystique, distin- guee de ses contrefagons, voire de ses plriphe- ries parasitaires) est circonscrit de fagon a conduire le lecteur vers une hermeneutique oA al'inconscient collectife postule par C.G. Jung et l'anthropologie pr6n&e par L. Biswan- ger debouchent sur le questionnement du Da- sein heideggerien, pour fonder une m~taphysi- que de l'c Amour ).

Cette contribution ignore radicalement l'ap- port des sciences sociales (histoire, sociologie, etc.) et de la psychanalyse (au sens precis de la coupure epistemologique oper~e par Freud). Du coup, le debat philosophique se trouve bien appauvri dans une abstraction qu'on peut ressentir decharnee.

Jacques Maitre.

60.218 AL FAQI (Al Ha5ib).

At-t~i'wal: ususuhu wa macinihi fi al madhab al-ismi GilT (L'interpretation: ses bases et sa signification dans le contexte ismailien). Tu- nis, CERES, sans date, 157 p. (Coll. A Etudes islamiques , 7).

Ayant soutenu en 1970, a Paris, une these sur ( Trois textes ismaeliens , chers i H. Cor- bin, I'auteur pr~sente ici, en arabe, la question de l'interpretation des textes sacres telle que l'expose le juriste fatimide Al Qudi An- Nucman.

Textes et analyses relevent de l'histoire des idees (shiites). Bibliographie.

Constant Hames.

60.219 BARDON (Michele).

Un precurseur oubli6: Gustave de Ponton d'Amecourt. Chez l'auteur, 77470 Trilport, 8, rue du Grand-Trou, 1983, 259 p.

De cette biographie bien documentee, ecrite avec ferveur, que retenir? Que les destinees individuelles entrent difficilement dans les ca- tegories toutes faites ? On le savait. A titre de confirmation donc! Gustave de Ponton d'Amecourt descend d'une famille qui compta au XVIIIe des financiers et des parlementai- res. I1 menera au XIXe (1825-1888) la vie d'un grand notable a qui une solide fortune (notre biographie n'en dit mot) laisse beau- coup de loisirs, c'est-a-dire, en fait, la possibi- lite d'avoir des occupations multiples. Un pied a Paris, I'autre a Trilport en Seine-et-Marne ou il joue longtemps et avec efficacit6 son r6le de chitelain, appuye sur ses relations familia- les et sociales, il accepte tous les patronages qui correspondent a son rang, fait connaitre avec eclat -et tardivement sous cette forme- ses convictions 16gitimistes et catholiques: en 1876 il se proclame c catholique avant tout , ( catholique radical ); contre revolutionnaire, il souffle a Paul Bert une comparaison viticole qui fit fortune, mais pour lui, c'est dans la vi- gne du Seigneur que se trouve le Philoxera de la Revolution >. I1 est mime catholique so- cial, moderement mais avec conviction, il sou- tien I'oeuvre des Cercles d'Albert de Mun, mais aussi bien d'autres. Fondateur de la so- ciete frangaise de numismatique et d'archeolo- gie, fondateur de la societh d'Archeologie, Sciences Lettres et Arts du d6partement de

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