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Le livre de Joseph B onsirven, d'où sont extraites les citations ci-dessous est, consacrée à la foi juive postérieure à Jésus et, par conséquent, le judaïsme rabbinique, conduisant, à travers le Moyen-Age, au judaïsme moderne. Rappelons que dans la foi juive moderne traditionnelle, le Messie n'est pas encore venu, mais qu'il est à venir. Par exemple, J. Bonsirven cite le 12ème des 13 articles de foi énumérés par Maïmonide dans son Commentaire Sanhédrin X" qui est toujours en vigueur (quoique controversé ) et qui est le suivant. "Je crois de foi parfaite en la venue du Messie, et bien qu'elle soit toujours différée, je compte chaque jour qu'il v iendra" (page 49 du livre de Bonsirven) Cependant, bien que consacré au judaïsme rabbinique, puis moderne, dans son chapitre VI, intitulé Le messianisme, l'auteur fait quelques références aux sources anciennes concernant le Messie et le Royaume de Dieu.. Les voici : "C'est une de ses croyances -- (la venue du Messie, pour le peuple d'Israël) -- les plus caractéristiques, celle qui atteste le plus vigoureusement sa foi en sa destinée : aussi reste-t- elle dans tous les credos, même les plus modernistes. Croyance d'apparence simple, à s'en tenir à sa formule traditionnelle, mais qui embrasse tout un faisceau complexe d'aspirations, de sentiments, de convictions. (p. 174) Quels éléments retient cette doctrine messianique, ainsi modifiée dans son terme et sa signification ? Sur ce point les conceptions actuelles du Judaïsme sont tributaires des diverses formes qu'a revêtues la prédication messianique, à travers les millénaires de son interminable histoire. (p. 176)  Nous savons que l'homme a été créé pour reconnaître et procurer le règne de Dieu ; ce règne est encore fort incomplet, puisqu'il est reçu par un seul peuple. Mais on espère que viendra un temps où le règne de Dieu sera reconnu par tous les habitants de la terre : ce sera vraiment alors le royaume des cieux. (...) On peut concevoir deux formes de cette manifestation : forme plus universelle et spirituelle, il n'y aura plus d'idolâtres ni d'impies sur la terre, tous prieront l'Unique et lui obéiront ; forme  plus particulariste, ce règne (p 178) sur les âmes s'accompagnera d'une hégémonie temporelle d'Israël, qui dominera sur les autres nations, en une théocratie mondiale. Les deux conceptions étaient rarement séparées dans l'attente des docteurs anciens. (p. 179) Etat premier et capital : le retour de l'exil. Depuis les temps de la captivité de Babylone, les fidèles avaient pris l'habitude, dans les psaumes et les cantiques, de supplier Dieu (p. 181) de ramener les captifs (P. 182) On l'enseigne encore [ le Messie personnel ] dans les livres orthodoxes et tout vrai croyant  professe que "lorsqu'Israël vivra sa foi, Dieu suscitera le Messie, pur homme qui tirera sa force de la vie divine."

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  • Le livre de Joseph Bonsirven, d'o sont extraites les citations ci-dessous est, consacre la foi juive postrieure Jsus et, par consquent, le judasme rabbinique, conduisant, travers le Moyen-Age, au judasme moderne. Rappelons que dans la foi juive moderne traditionnelle, le Messie n'est pas encore venu, mais qu'il est venir. Par exemple, J. Bonsirven cite le 12me des 13 articles de foi numrs par Mamonide dans son Commentaire Sanhdrin X" qui est toujours en vigueur (quoique controvers ) et qui est le suivant. "Je crois de foi parfaite en la venue du Messie, et bien qu'elle soit toujours diffre, je compte chaque jour qu'il viendra" (page 49 du livre de Bonsirven) Cependant, bien que consacr au judasme rabbinique, puis moderne, dans son chapitre VI, intitul Le messianisme, l'auteur fait quelques rfrences aux sources anciennes concernant le Messie et le Royaume de Dieu.. Les voici : "C'est une de ses croyances -- (la venue du Messie, pour le peuple d'Isral) -- les plus caractristiques, celle qui atteste le plus vigoureusement sa foi en sa destine : aussi reste-t-elle dans tous les credos, mme les plus modernistes. Croyance d'apparence simple, s'en tenir sa formule traditionnelle, mais qui embrasse tout un faisceau complexe d'aspirations, de sentiments, de convictions. (p. 174) Quels lments retient cette doctrine messianique, ainsi modifie dans son terme et sa signification ? Sur ce point les conceptions actuelles du Judasme sont tributaires des diverses formes qu'a revtues la prdication messianique, travers les millnaires de son interminable histoire. (p. 176) Nous savons que l'homme a t cr pour reconnatre et procurer le rgne de Dieu ; ce rgne est encore fort incomplet, puisqu'il est reu par un seul peuple. Mais on espre que viendra un temps o le rgne de Dieu sera reconnu par tous les habitants de la terre : ce sera vraiment alors le royaume des cieux. (...) On peut concevoir deux formes de cette manifestation : forme plus universelle et spirituelle, il n'y aura plus d'idoltres ni d'impies sur la terre, tous prieront l'Unique et lui obiront ; forme plus particulariste, ce rgne (p 178) sur les mes s'accompagnera d'une hgmonie temporelle d'Isral, qui dominera sur les autres nations, en une thocratie mondiale. Les deux conceptions taient rarement spares dans l'attente des docteurs anciens. (p. 179) Etat premier et capital : le retour de l'exil. Depuis les temps de la captivit de Babylone, les fidles avaient pris l'habitude, dans les psaumes et les cantiques, de supplier Dieu (p. 181) de ramener les captifs (P. 182) On l'enseigne encore [ le Messie personnel ] dans les livres orthodoxes et tout vrai croyant professe que "lorsqu'Isral vivra sa foi, Dieu suscitera le Messie, pur homme qui tirera sa force de la vie divine."

  • Quelles sont les donnes traditionnelles qu'on retient encore en cette matire ?N On dit toujours que le Messie sera prcd des prcurseurs, dsigns par les prophtes, d'Elie, si populaire ; mais on se garde de prciser. (...) Quant sa nature, si Isae l'a nomm "Dieu-fort " et si quelques rabbins aiment rappeler sa prexistence et ses rapports intimes avec Dieu - ce qui semble lui confrer une participation la divinit -, l'ensemble des docteurs met (p. 191) toute son application affirmer et prouver qu'il n'aura rien de surhumain ; s'ils ne peuvent pas nier que les textes de Daniel sur le Fils de l'homme s'appliquent au Messie, ils leur enlvent toute signification transcendante : "Si quelqu'un te dit : je suis Dieu, il ment ; s'il te dit : je suis le fils de l'homme, il s'en repentira ; s'il te dit : je monte au ciel, il le dit, mais ne le ralisera pas " ; ainsi s'exprimait R. Abahu (Jer. Taanit, 65 b) visant videmment Jsus de Nazareth. Bien plus, Mamonide refuse au Messie le pouvoir de se signaler par des miracles. Toute son activit se ramnera rassembler les disperss d'Isral, restaurer la vie nationale, Jrusalem, le Temple et sa liturgie, conduire tout le monde au culte du Seigneur, rendre tout son clat la Torah, par sa pratique intgrale et son intelligence. C'est l la fin essentielle de son avnement : le don du Saint Esprit, le rgne de la Torah On voit que toutes ces prcisions sont diriges contre les prdications chrtiennes, en particulier contre la doctrine du Messie, homme des douleurs, rachetant le monde par sa mort. En effet, les juifs ont toujours repouss cette ide d'un Messie souffrant ; pour y chapper, ils ont dform les passages si saisissants d'Isae sur le serviteur de Yaweh qui "portant toutes nos infirmits, a t broy cause de nos iniquits et nous a guris par ses meurtrissures " (LIII, 4 sq). Ils ont, en outre, invent, un second Messie, fils de Joseph, qui souffrira et (p. 192) sera mis mort avant l'apparition du vrai Messie. (p. 193) Conclusion de Joseph Sirven, sur ce chapitre. ( Rappelons qu'il est Jsuite, n en 1880, mort en 1958, et qu'il a consacr toute sa vie l'tude des rapports entre le christianisme et le judasme - dans l'antiquit et galement dans le monde moderne). Signalons aussi que sa thse, termine en 1910 et intitule : Eschatologie rabbinique d'aprs les targums, talmuds, midrashs. Les lments communs avec le Nouveau Testament est interdite de soutenance par la Commission Biblique Pontificale en 1910. Conclusion du chapitre : " Dieu peut-il vouloir qu'une esprance, chante et infuse au peuple par les prophtes inspirs, esprance qui ne peut tre due, soit, depuis prs de trente sicles, indfiniment ajourne, reculant sans cesse vers un (p. 194) problmatique avenir si bien que son accomplissement futur apparat de plus en plus improbable ? Il n'y a plus qu'une alternative possible : puisque Dieu, par ses messagers, n'a pas tromp son peuple en leur promettant la venue du Messie, c'est le peuple qui se trompe en croyant que ce Messie n'est pas arriv et en attendant sa venue'. (p; 195) ( suivre avec quelques citations extraites de "Les ides juives au temps de Jsus", du mme auteur, Paris 1933