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Juin 2018 / N° 76 / www.chu-poitiers.fr magazine CHU POITIERS Cancers : des thérapies toujours plus ciblées > Livre blanc : les choix d’avenir du CHU > Neurochirurgie : des outils de plus en plus précis > Ouverture prochaine d’un lieu unique pour les actes interventionnels et exploratoires

Juin 2018 / N° 76 CHU

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Juin 2018 / N° 76 / www.chu-poitiers.fr

magazineCHU POITIERS

Cancers : des thérapiestoujours plus ciblées

> Livre blanc : les choix d’avenir du CHU

> Neurochirurgie : des outilsde plus en plus précis

> Ouverture prochaine d’un lieu unique pour les actes interventionnels et exploratoires

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CHU Magazine n° 76 - Juin 2018 – 3

5 En bref

10 Livre blanc : les choix d’avenir du CHULe livre blanc affirme la place du CHU de Poitiers dans le nou-veau contexte régional et présente sa straté-gie à moyen terme.

12 La recherche cli-nique boostée par le CICAlors que l’Inserm vient de lui renouveler sa confiance, le centre d’investigation clinique entend développer ses moyens ainsi que ses liens avec la recherche fondamentale.

Sommaire

16 DossierCancers : des prises en charge toujours plusciblées et personnaliséesLe pôle régional de cancérologie du CHU, dix ans après son ouverture, s’ap-puie sur les avancées de la recherche en matière de développement des médica-ments et sur les évolutions de l’imagerie, de la robotisation et de la génomique, pour proposer des traitements du cancer plus personnalisés.

28 Faire reculer l’infertilitéLe centre d’assistance médicale à la pro-création du CHU de Poitiers met en œuvre toutes les méthodes d’assistance médicale à la procréation.

30 Aromathérapie : évaluer et étendre les pratiques pour améliorer le bien-être du patientCette médecine complémentaire, qui contribue à l’amélioration du bien-être des patients, fait l’objet de deux protocoles de recherche para-médicaux, lauréats de plusieurs prix.

26 Ouverture prochaine d’un lieu unique pour les actes intervention-nels et exploratoires L’offre de soins interventionnels et exploratoires – notam-ment les endoscopies diagnostiques et thérapeutiques – sera regroupée en octobre prochain au sein d’un plateau unique, pour neuf spécialités.

14 Neurochirurgie : des outilsde plus en plus précisAvec le robot Rosa®, le scanner per-opératoire O-arm® et une imprimante 3D pour modéliser l’anévrisme, le service de neurochirurgie du CHU de Poitiers vient de se doter d’équipements de haute technologie.

32 Traumatisme grave : prise en charge facilitée par le trauma centerDepuis décembre 2013, sur le territoire de l’ex-région Poitou-Charentes, les personnes grave-ment traumatisées sont prises en charge au sein d’une filière dédiée, communément appeléetrauma center.

34 Innovation : cinq projets déjà financés grâce au fonds Aliénor Lancé en 2016, le fonds Aliénor du CHU de Poitiers soutient la recherche et l’innovation en santé. Au printemps 2018, il a distribué les fruits de sa première levée de fonds à cinq projets.

37 En bref

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4 – CHU Magazine n° 76 - Juin 2018

Centre hospitalier universitaire de Poitiers - Direction de la communication et du mécénat2 rue de la Milétrie - CS 90577 - 86021 Poitiers Cedex - Tél. 05 49 44 47 47 - Courriel : [email protected]

Directeur de la publication Jean-Pierre Dewitte - Rédacteur en chef Stéphan Maret - Assistantes Aurore Ymonnet, Vanessa Guérin, Anne-Sybille Guérineaux. Ont collaboré à la rédaction Agence de presse AV Communication

(Aurélia Descamps, Luc-Olivier Dufour, Mélanie Papillaud, Philippe Quintard)Photographies Thomas Jelinek, Anne-Sybille Guérineaux, Aurore Ymonnet, Adobe Stock

Photogravure et impression Imprimerie Sipap-Oudin (Poitiers) - H8000001

Publicité Sipap-Oudin (Poitiers)Dépôt légal 2e trimestre 2018 - ISSN 1165-4333 - Tirage de ce numéro : 14 000 ex.

CHU le magazine - n° 76

Editorial

Après plusieurs mois de travail et de réflexion, le livre blanc du CHU de Poitiers a été présenté le 23 mars dernier par Alain Claeys, président

du conseil de surveillance, Jean-Pierre Dewitte, directeur général, le professeur Bertrand Debaene, président de la commission médicale d’établissement, et le professeur Pascal Roblot, doyen de la faculté de médecine et de pharmacie de l’Université de Poitiers.Ce document dresse le portrait du CHU de Poitiers, deuxième établissement hospitalier de la région Nouvelle-Aquitaine, et le projette en 2025. En effet, dans un contexte de maitrise budgétaire renforcée d’une part mais aussi d’examen et de bilan de l’ordonnance dite Debré du 30 décembre 1958, constitutive de la création des CHU, nous nous devions de tout mettre en œuvre pour renforcer la pérennité de nos missions hospitalo-universitaires.

Jean-Pierre Dewitte,directeur général

Il ressort de cet examen de nos forces et des opportunités qui s’offrent à nous que les neurosciences et la cancérologie, ainsi que la mise en œuvre de la greffe cardiaque et le développement des innovations technologiques que sont principalement le TEP-IRM et l’IRM 7 Tesla, seront soutenus en priorité pour garantir l’offre de recours et les domaines de référence sur notre territoire. Sur le plan de la recherche, les équipes labellisées Inserm et CNRS seront confortées : la pharmacologie des anti-infectieux (Inserm U1070), l’ischémie-reperfusion en transplantation d’organes (Inserm U1082), les neurosciences expérimentales et cliniques (Inserm U1084), les mathématiques et applications (CNRS UMR 7348), le centre d’investigation clinique (CIC 1402 Inserm). Enfin, le CHU de Poitiers jouera un rôle clef d’accompagnateur à l’émergence de jeunes équipes de recherche ou de soutien à des individualités prometteuses à partir de la sélection de leurs travaux de recherche : la réanimation (Alive), la thématique neuro-spine et la thématique cardio-thoracique (Prismatics), la thématique vieillissement, maintien de l’autonomie, activité physique et prévention. Ce document est en ligne sur notre site Internet. Je vous invite à le parcourir afin de comprendre et de connaitre les perspectives sur lesquelles l’ensemble de notre communauté médicale s’est accordée et souhaite travailler pour toujours garantir les meilleurs soins aux patients.

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Brèves

Livre blanc du CHU de Poitiers : un document stratégique pour l’avenirPrésenté le 23 mars à la presse, le livre blanc du CHU de Poitiers, issu d’une réflexion en profondeur avec tous les acteurs médicaux et universitaires concernés, vise à renforcer la pérennité des missions hospitalo-universitaires du CHU portant sur les soins, l’enseignement et la formation, la recherche fondamentale et clinique, afin de garantir son rôle incontournable d’établissement de recours au niveau régional pour les années à venir. (Cf article page 10)

Sport santé : une unité dédiée et accessible à tous les sportifsComme chaque année, Sylvain Chavanel, cycliste professionnel, est venu au CHU de Poitiers, le 18 octobre, pour passer les examens nécessaires à l’obtention de sa licence sportive (test d’effort, bilan sanguin, examen clinique et enquête alimentaire), dans le service d’explorations fonctionnelles, phy-siologie respiratoire et de l’exercice. Tout au long du test d’effort, Patricia Robin, infirmière dans le service d’explorations fonctionnelles, physiologie respiratoire et de l’exercice du CHU, prend la tension du cycliste.Le Dr Laurence Mille, médecin du sport et respon-sable de l’unité sport santé du CHU, veille à son suivi médical réglementaire, auquel sont soumis beaucoup de sportifs de haut niveau. «L’unité prend également en charge des sportifs amateurs, notamment dans le cadre du sport santé, indique le Dr Mille. Dès 30 ans, nous incitons les sportifs amateurs à venir nous consulter. Nous pouvons dépister des anomalies car-dio-vasculaires potentielles et faciliter la pérennisa-tion de l’activité sportive, même avec une pathologie. Dans tous les cas, si vous ressentez un essoufflement anormal, une douleur, des palpitations, une fatigue anormale ou un étourdissement pendant la pratique sportive ou la récupération, il faut consulter.»

Établir un plan d’entraînement«Nous proposons un test d’effort, une exploration fonctionnelle et respiratoire, un électrocardio-gramme, une mesure de la VO2 max et des tests d’efforts à visée neuromusculaire et calorimétrique, explique le Dr Mille. Nous pouvons par exemple déterminer les courbes d’oxydation des graisses et du sucre chez un patient diabétique ou en surpoids pour établir un plan d’entraînement au palier où ils utilisent le plus la graisse et le sucre, ou les adresser à l’un de sept clubs Prescrimouv que compte Poitiers, endroits où ils pourront travailler avec des éduca-teurs spécialisés.» Pour les sportifs de haut niveau et les sportifs amateurs ayant une charge d’entrainement importante, les examens physique et clinique sont complétés par une enquête alimentaire, un entretien psychologique et un questionnaire permettant de déterminer si le sportif est en surentraînement.Le plateau technique de l’unité sport santé du CHU est agréé pour les sportifs de haut niveau, avec un protocole commun à toute la France pour les cyclistes professionnels et espoirs. Le service suit également les basketteurs du PB 86 et de son centre de forma-tion, ainsi que les judokas du pôle espoir de Poitiers.

Chirurgie cardiaque : des internes se forment à Poitiers grâce à Simlife®Le 9 février, était organisée pour la troisième année consécutive une journée de formation en chirurgie cardiaque au sein du laboratoire de simulation Abs-Lab, à la faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers. Douze internes, tous spécialisés en chirurgie cardio-thoracique et vasculaire, venus de toute la France, avaient ainsi fait le déplacement à Poitiers pour suivre cette journée de formation. Ils ont pu réaliser des actes de chirurgie cardiaque dans des conditions les plus réalistes possibles, à l’aide d’un modèle de simulation unique appelé Simlife®. Cette technique, unique au monde, permet de revasculariser, ventiler et recréer les pulsations du cœur sur un

modèle cadavérique humain, pour reproduire le sujet d’un bloc opératoire avec des constantes physiologiques plus vraies que nature. Les étudiants se sont exercé aux remplacements de valve aortique, de la valve mitrale, de la racine et de la crosse aortique, mais aussi à d’autres actes comme, par exemple, des pontages aorto-coronariens.Cette journée était organisée à l’initiative du Pr Pierre Corbi, chef du pôle cœur- poumons-vasculaire au CHU de Poitiers, trésorier du collège national de chirurgie cardio-thoracique et vasculaire et coordonnateur de la région Grand-Ouest, et du Pr Christophe Jayle, chirurgien cardio-thoracique au CHU de Poitiers.

Le Pr Chris­tophe Jayle, à

gauche, forme ses internes de chirurgie

cardio­thoracique

grâce au pro­cessus breveté

Simlife®.

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Brèves

Questions à Alexia Delbreil, psychiatre et médecin légisteA 36 ans, Alexia Delbreil officie comme psychiatre et médecin légiste au CHU de Poitiers. L’Agenaise est arrivée en 2007 dans l’établissement afin de réaliser son internat en psychiatrie auprès du professeur émé-rite Jean-Louis Senon. Attirée par la médecine légale, elle en fera sa seconde spécialité. Alexia Delbreil est, par ailleurs, diplômée en sciences criminelles et droit pénal. Depuis 2015, elle est praticien hospitalo-uni-versitaire dans l’unité de médecine légale dirigée par le docteur Michel Sapanet. En parallèle à son activité clinique, le docteur Delbreil mène une étude univer-sitaire sur les homicides conjugaux, en particulier sur la légitime défense immédiate et différée.

Docteur Delbreil, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre activité clinique au sein du CHU de Poitiers ?Je participe à l’activité thanatologique du service, en particulier les autopsies ou les découvertes de corps sur des lieux d’accidents ou d’homicides. Je suis aussi sollicitée pour des consultations de victimes afin de délivrer des certificats initiaux de coups et blessures. Ce sont des activités que tous les praticiens réalisent en médecine légale. Une autre partie de mon travail consiste à établir des expertises psychiatriques (d’auteurs ou de victimes) ou médico-légales sur demande d’un magistrat. Pour ma part, j’ai en plus une activité universitaire. Je mène une étude sur la légitime défense dans les homicides conjugaux.

Pouvez-vous expliquer ce qu’est la légitime défense ?En France, la légitime défense est reconnue quand la réponse à l’agression physique est immédiate et qu’elle est proportionnelle. Par exemple, vous recevez une gifle, vous répliquez avec un coup de couteau, ce n’est pas de la légitime défense. Il y a légitime défense quand la personne agressée ressent un danger de mort immédiat et qu’elle réagit en conséquence. Dans mon étude, je m’intéresse aussi à la légitime défense diffé-rée qui est reconnue au Canada mais pas en France. La légitime défense différée est, comme dans l’affaire Jacqueline Sauvage, un geste criminel en réponse à des violences répétées qui génèrent une crainte pour sa vie. Au Canada, des psychiatres ont établi qu’une victime de violences conjugales chroniques peut être amenée à tuer son agresseur lorsqu’elle présente des symptômes similaires à un état de stress. C’est de la légitime défense différée. Dans mon étude, j’ai accès, avec l’autorisation de la Chancellerie et de la Cour

d’appel de Poitiers, aux dossiers des affaires d’homi-cides ou de tentatives d’homicides conjugaux. Je vais y rechercher s’il y a eu la présence de situations de légitime défense différée.

Qu’est-ce qu’un homicide conjugal ?Un homicide conjugal est une situation dans laquelle l’auteur tue son partenaire intime de vie.

Comment l’auteur passe-t-il à l’acte ?Le plus souvent, la victime est une femme. La princi-pale motivation à l’origine des homicides conjugaux est la possession de la compagne associée à la jalousie. L’acte meurtrier est commis lorsque l’homme se rend à l’évidence que la séparation est irrémédiable, pour se venger de l’abandon ressenti, pour empêcher la femme d’être avec une autre personne. L’homicide est alors une réaction à la « dépossession », où l’amour laisse place à la haine. Il faut savoir que 30% des passages à l’acte sont réalisés par des ex-compagnons ou des ex-compagnes. La vengeance et la querelle sont les motivations suivantes, le plus souvent dans un contexte où la violence et la consommation d’alcool sont courantes. Mon travail est d’aller à la rencontre de ces crimes et de leurs auteurs pour établir un profil psychiatrique et criminologique, comprendre l’acte criminel afin, à long terme, de donner des clés pour prévenir le passage à l’acte.

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Hématologie : donner sa moelle osseuse, un acte citoyen«Les malades ont besoin de donneurs de moelle osseuse !» Le docteur Christine Giraud, hématologue au pôle de cancérologie du CHU de Poitiers, s’investit tous les ans pour inciter les citoyens à s’inscrire sur le registre des veilleurs de vie. Chaque année, les étudiants de la faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers se mobilisent pour organiser la journée du don de moelle osseuse, en partenariat avec le CHU, l’Etablissement français du sang et France Adot 86.Lundi 16 octobre 2017, le hall de la faculté a accueilli toutes les personnes curieuses et désireuses de se renseigner sur le don de cellules souches hématopoïé-tiques avec possibilité d’inscription sur le fichier na-tional. «Je tiens à remercier les étudiants du Comité régional des étudiants en médecine de Poitiers et de l’Association des étudiants en pharmacie de Poitiers pour leur implication dans cette journée du don de moelle. Ils ont sensibilisé leurs camarades dans les amphis et ont accueilli les potentiels donneurs…», poursuit le Dr Giraud. Cette journée était co-orga-nisée en collaboration avec le Dr Sarah Thévenot, pharmacienne au CHU de Poitiers, les professeurs Pascal Roblot et François Seguin, respectivement doyen et vice-doyen de la faculté de médecine et de pharmacie, le personnel de la faculté de médecine et pharmacie et par le Pr Yves Jean, président de l’université de Poitiers. A l’issue de cette journée, 147 donneurs pourront être ajoutés au registre des veilleurs de vie et beaucoup d’étudiants ont pu être sensibilisés aux différents types de dons.

La moelle osseuse contre la leucémieLa greffe de cellules souches hématopoïétiques peut être le seul espoir de guérison pour certains patients atteints d’hémopathies et en particulier de leucémies. Il est alors indispensable de trouver un donneur compatible. Chaque individu possède sa propre carte d’identité génétique : on parle de système HLA (H = humain, L = leucocyte ou globule blanc, A = antigène) qui peut être déterminé par une simple prise de sang ou une analyse de la salive. Il est recherché en premier un donneur dans la fratrie (une chance sur quatre d’être compatible avec ses frères et sœurs) et s’il n’existe pas de donneurs dans la famille il faut rechercher un donneur dans les fichiers internatio-naux. Plusieurs conditions sont toutefois nécessaires à l’inscription : «Etre en bonne santé et être âgé entre 18 et 50 ans.» Les personnes de moins de 50 kg et anciens transfusés peuvent être inscrits.

Sur l’ensemble des registres internationaux, 75% des inscrits sont des femmes et une communication spéci-fique pour les hommes est souhaitable car les résultats des greffes des patients masculins sont meilleurs si le donneur est du même sexe. Par ailleurs, la plupart des donneurs recrutés sont jeunes – moins de 35 ans – comme les étudiants qui sont la cible des journées de sensibilisations organisées sur le campus en février et à la faculté de médecine et pharmacie en octobre. Depuis sa création en 1986, le ficher de l’agence de biomédecine comptabilise 260 000 veilleurs de vie, un chiffre encore trop faible, surtout si on le com-pare à celui de l’Allemagne où ils sont 5 millions de donneurs potentiels. Une personne ne peut donner qu’une fois de façon anonyme, mais pourra redonner à un membre de sa famille.

Le docteur Christine Giraud, hématologue, sur le stand des veilleurs de vie à la faculté de médecine de Poitiers.

CancérologieL’inauguration, le samedi 24 mars, du CyberKnife® au pôle régional de cancérologie du CHU de Poitiers. Avec cet équipement, auquel s’ajoutent le renouvellement du système de planification des traitements pour de nouvelles modalités d’irradiation ainsi que la mise à niveau de deux accélérateurs de particules, le service de radiothérapie compte parmi les plateaux techniques les plus innovants.

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Brèves

Centre de santé sexuelle (Cegidd) : priorité aux populations à risqueLe 1er décembre 2017, le CHU de Poitiers s’est mobi-lisé à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida par le biais du Cegidd de la Vienne. Derrière cet acronyme se cache le centre gratuit d’informa-tion, de dépistage et de diagnostic des infections par les virus de l’immunodéficience humaine (VIH), des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles (IST), une évolution du centre d’infor-mation et de dépistage anonyme et gratuit (Cidag) et des centres d’information, de diagnostic de dépistage des IST (Ciddist). Ce centre permet à tous d’accéder gratuitement au dépistage, à la prévention et plus glo-balement à la santé sexuelle, mais il cible surtout les populations les plus exposées au VIH, aux hépatites virales et aux IST.«Nous abordons tous les aspects de la santé sexuelle : éducation à la vie sexuelle et affective, contraception, IST, vaccination… précise le Dr Marion Albouy-Llaty, médecin de santé publique et coordinatrice du Cegidd 86. Nous ne sommes pas un centre de prélè-vements, mais un centre d’évaluation, de prévention et de consultations. Nous souhaitons donc cibler prioritairement les populations à risques, comme les personnes qui ont de multiples partenaires et les hommes ayant des rapports avec des hommes (HSH), mais aussi les mineurs et les personnes vulnérables ou qui n’ont pas accès à la Sécurité sociale.» Au sein du CHU, l’accueil du Cegidd 86 est actuellement situé à deux endroits suivant les jours de la semaine, mais la structure bénéficiera bientôt de locaux dédiés puisqu’elle intégrera la future maison de la santé publique dès l’année prochaine.En plus du Dr Albouy-Llaty, quatre médecins, une cadre sage-femme et plusieurs sages-femmes assurent les missions du Cegidd 86.

De gauche à droite, les docteurs Philippe Aubry et Marion Albouy­Llaty et les sages­femmes Pauline Raison et Mathilde Dulieu interviennent au centre de santé sexuelle du CHU de Poitiers.

Les missions du Cegidd 86 (Centre gratuit d’information, diagnostic et dépistage du VIH, des hépatites et des infections sexuellement transmissibles) :

• dépistage gratuit du VIH, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles. En cas de test positif au VIH ou aux hépatites, le Cegidd 86 oriente la personne vers le service de soins approprié. Les IST quant à elles sont traitées gratuitement sur place, sauf pour les cas nécessitant une prise en charge plus spécialisée. Les tests peuvent être anonymes ou nominatifs, au choix de l’usager. Bien entendu, comme toute structure de santé, le Cegidd est soumis au secret médical ; • vaccination contre certaines IST, notamment contre l’hépatite A et B et le papillomavirus responsable de cancers du col de l’utérus. Ce service est gratuit mais n’est pas anonyme ; • prise en charge et suivi médical des accidents d’exposition au VIH ou à l’hépatite B (par exemple : oubli ou rupture du préservatif, partage de matériel d’injection ou de sniff) : soit le Cegidd 86 assure directement cette prise en charge (qui n’était jusqu’alors possible que dans un service d’infectiologie ou aux urgences), soit il accueille les personnes pour les informer, voire les rassurer, mais les oriente pour le traitement ; • prescription, et éventuellement délivrance de contraception et de contraception d’urgence (pilule du lendemain). Ce service est gratuit mais n’est pas anonyme ; • prévention et détection des violences sexuelles ou des violences liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre, des troubles et dys-fonctions sexuels ; • consultation psychologique. Il ne s’agit pas d’offrir une psycho-thérapie mais au moins un premier accueil par un spécialiste des ques-tions de sexualité en cas d’inquiétude importante, de difficultés liées à la sexualité ou au dépistage (tests à répétition, incapacité d’accepter un résultat négatif…) ; • consultation sociale par une assistante sociale ; • distribution de matériel de prévention (préservatifs et gel en particulier).

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10 – CHU Magazine n° 76 - Juin 2018

Stratégie

Livre blanc : les choix d’avenir du CHULe centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers a publié en mars dernier son livre blanc. Il affirme sa place dans le nouveau contexte régional et présente sa stratégie à moyen terme : faire valoir ses compétences en cancérologie et en neurosciences, se positionner sur l’activité de greffe cardiaque, consolider la recherche...

Quelle place pour le centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers au sein de la région Nouvelle-Aqui-taine ? Quelle pertinence face à son

imposant homologue bordelais ? L’établissement poitevin prend son destin en main : son livre blanc, dévoilé au printemps der-nier, fixe les grands axes de son développement d’ici à 2025. Un exercice de bilan et de prospec-tive qui intervient soixante ans après les ordon-nances dites «Debré» relatives à la création des CHU, et alors que ce modèle «s’essouffle», pour reprendre l’expression de la Cour des comptes1. «Dans quinze ans, les CHU qui existeront tou-jours seront ceux qui auront fait des choix stra-tégiques, aussi bien pour leurs activités de soins, de formation, que de recherche», lâche Alain Claeys, président du conseil de surveillance du CHU. «L’objectif est le maintien à Poitiers d’une structure hospitalo-universitaire viable, capable d’investir et d’attirer du personnel de qualité,

1 Le rôle des CHU dans l’enseignement supérieur et la recherche médicale, décembre 2017

renchérit le Pr Bertrand Debaene, président de la commission médicale d’établissement. Ce livre blanc est un document de combat.» Il est le fruit d’un cycle d’échanges lancé à l’automne 2017, avec les acteurs médicaux et universitaires concernés. La réflexion est partie de l’examen des forces et des faiblesses du centre hospitalier : «Dans les classements nationaux, malgré sa taille moyenne, il se distingue par sa forte activité et son volume d’investissement. Par ailleurs, ce n’est pas qu’un lieu où l’on dépense de l’argent ; son impact économique global est évalué à 1,5 milliard d’euros, rap-pelle Jean-Pierre Dewitte, son directeur général. Notre principale difficulté, c’est le nombre trop faible de praticiens. Les personnels hospitalo-universitaires, en particulier, ne sont pas assez nombreux : on compte 44 titulaires pour 100 étudiants en deuxième année, contre 69 à Bor-deaux.» Dans les années à venir, le CHU entend préserver sa politique ambitieuse d’investisse-

A gauche, Alain Claeys, président du conseil de surveillance du CHU de Poitiers.A droite, Jean­Pierre Dewitte, directeur général du CHU.Sé

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CHU Magazine n° 76 - Juin 2018 – 11

Promouvoir les équipes de recherche «labellisables»Outre le soutien aux équipes de recherche déjà labellisées par l’Inserm ou le CNRS, le CHU de Poitiers a identifié trois projets à fort potentiel, qui bénéficieront de moyens supplémentaires : – «Alive», qui s’intéresse aux détresses respiratoires aiguës, aux modalités d’oxygénation et aux relations entre manque de sommeil et difficultés respiratoires.– «Prismatics», dans le domaine de la chirurgie, en particulier la prise en charge des douleurs réfractives et la chirurgie cardio-thoracique.– Un futur regroupement de plusieurs équipes autour de la thématique du vieillissement, du maintien de l’autonomie et de la prévention.

ment, notamment dans le champ des innovations technologiques, et poursuivre ses efforts pour fidéliser ses médecins ou en attirer de nouveaux.

Miser sur ses points fortsEn matière de soins, le CHU a besoin de consoli-der son approche «ambulatoire», conformément aux orientation politiques nationales : «On doit sortir de nos murs, aller au-devant des popu-lations», résume Jean-Pierre Dewitte. Le CHU compte aussi renforcer son rôle de recours sur le territoire de l’ex-Poitou-Charentes, éviter la fuite de patients vers les départements voisins. «Il faudra trouver avec Bordeaux et Limoges les moyens de travailler ensemble. Que chacun respecte l’identité des autres», poursuit-il. Avec son livre blanc, l’établissement avance déjà ses pions, en misant sur ses points forts : les neuro-sciences – en tant que premier centre français en simulation médullaire et quatrième en chirurgie de la maladie de Parkinson – et la cancérologie. Fort de son expérience en greffe hépatique (avec Tours) et rénale, le CHU ambitionne en outre de se lancer dans l’activité de transplantation car-diaque. «En Nouvelle-Aquitaine, seul Bordeaux y est actuellement autorisé. Soit un seul centre pour 5,9 millions d’habitants : c’est faible en comparaison des autres régions», argumente le directeur général.Enfin, le CHU de Poitiers souhaite intensifier la recherche fondamentale et translationnelle, dont le développement était jusqu’alors freiné par le manque de personnel hospitalo-universitaire. Deux angles d’attaque sont envisagés. D’une part, consolider les équipes labellisées par les grands organismes de recherche nationaux – comme l’Institut national de la santé et de la recherche (Inserm) ou le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) – à travers des moyens financiers et humains supplémentaires (ingénieurs de recherche, entre autres). D’autre part, la promotion de groupes de recherche par-ticulièrement prometteurs et qui pourraient à leur tour, à terme, faire l’objet d’une labellisation (lire encadré).

Convaincre l’ARS et la régionDans son combat, le CHU peut d’ores et déjà compter sur le soutien de l’université de Poi-

tiers : «Il n’y a pas de CHU sans université. Pas d’université sans CHU, tient ainsi à rappeler le Pr Pascal Roblot, doyen de la faculté de médecine et de pharmacie. Nous avons un gros savoir-faire à Poitiers, il faut maintenant développer le “faire savoir”.» L’établissement doit aussi s’assurer du soutien de l’Agence régionale de santé (ARS) – de qui dépend de nombreuses autorisations – et du Conseil régional, sur la thématique de la recherche notamment. Des négociations devraient être lancées au début de l’été. L’accroissement de l’activité du CHU et la conclusion de partenariats public-privé – pour l’achat de nouveaux équipements par exemple – constituent d’autres sources potentielles de financement. Un comité doit être installé en sep-tembre pour suivre la mise en œuvre des mesures du livre blanc. n

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12 – CHU Magazine n° 76 - Juin 2018

Recherche

La recherche clinique boostée par le CICDésormais dirigé par le Pr René Robert, le centre d’investigation clinique (CIC) accompagne les principaux projets de recherche clinique menés au centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers. Alors que l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) vient de lui renouveler sa confiance, il entend développer ses moyens techniques et ses liens avec la recherche fondamentale.

Le centre d’investigation clinique (CIC) de Poitiers a obtenu en 2018 le renouvel-lement de sa labellisation par l’Institut national de la santé et de la recherche

médicale (Inserm), pour cinq ans. Son fondateur, le Pr François Guilhot, a, dans le même temps, passé les rênes du service au Pr René Robert, médecin coordonnateur (lire encadré).

Quatre thèmes majeursImplantés dans les centres hospitaliers univer-sitaires (CHU), les CIC ont pour mission de soutenir les chercheurs pour l’élaboration et la réalisation d’essais cliniques ou d’études épidé-miologiques. A Poitiers, quatre axes principaux, désignés par des acronymes anglophones, struc-turent les travaux. «Thor», dans le domaine de la cancérologie et plus spécifiquement de l’héma-tologie, est le plus ancien. «Les recherches se concentrent aujourd’hui sur le myélome. Elles ont longtemps porté sur la leucémie myéloïde chronique, dont François Guilhot a contri-bué à la découverte du traitement», relate le Pr Pierre-Jean Saulnier, médecin délégué du CIC. Le centre accompagne également des travaux du groupe «Alive», qui s’intéresse aux détresses respiratoires aiguës, aux modalités d’oxygénation et aux relations entre manque de sommeil et difficultés respiratoires. «Nous avons notamment prouvé que la technique dite “d’oxygénothérapie nasale à haut débit” entraînait une baisse de la mortalité et des complications», explique René Robert, responsable du groupe. Le troisième

Pr René Robert, nouveau coordinateur du CICChef du service de réanimation médicale et du pôle urgences-Samu-Smur-anesthésie-réanimation, le Pr René Robert a pris la tête du centre d’investigation clinique (CIC) de Poitiers en décembre 2017. Il succède au Pr François Guilhot, fondateur du CIC.Arrivé au CHU de Poitiers en 1980 en tant qu’interne, René Robert a été nommé professeur des universités-praticien hospitalier (PU-PH) en 1992, puis délégué régional à la recherche de 2010 à 2018. En 2012, il a monté le groupe de recherche «Alive» – qui a intégré le CIC en 2014 – avec le docteur Jean-Pierre Frat et le professeur Arnaud Thille, médecins réanimateurs, et le professeur Xavier Drouot, neurophysiologiste spécialiste du sommeil. René Robert est aussi connu pour ses travaux sur l’éthique en santé, notamment au sein de l’espace de réflexion éthique de l’ex-région Poi-tou-Charentes.

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axe, baptisé «ACDC», portait initialement sur les complications chroniques du diabète. «Or, il nous semble que chez les personnes diabétiques, le vieillissement est en quelque sorte accéléré. Après s’être intéressé en particulier à la fonction rénale, on essaie aujourd’hui de s’en servir pour modéliser le déclin des fonctions cognitives, cardiaques...», indique Pierre-Jean Saulnier. Les chercheurs bénéficient, pour ce faire, des données issues d’une cohorte de patients diabétiques qu’ils suivent depuis le début des années 2000. «He-dex» désigne la quatrième thématique majeure : les perturbateurs endocriniens. Il s’agit à la fois d’explorer les moyens de limiter l’exposition du public à ces substances et de mesurer leur impact sur la santé. Un autre groupe se penche sur les maladies neurodégénératives, en particulier celle de Parkinson, en collaboration avec d’autres CIC spécialisés dans les techniques d’implantation de sondes cérébrales.Le CIC de Poitiers met aussi en œuvre des études cliniques lancées par d’autres centres hospita-liers, des laboratoires pharmaceutiques...

Excellence scientifiqueIl met à disposition des chercheurs du personnel et trois plateformes d’investigation clinique pour explorer des malades et volontaires sains, bientôt cinq. Le bureau de méthodologie et biostatis-tiques les aide à construire leur démonstration scientifique, du protocole d’essai à l’analyse des données. Les chercheurs ont également accès au centre de ressources biologiques pour conserver des échantillons biologiques (sang, urine, tissus...) et à une plateforme physiologique offrant des outils non invasifs d’exploration respiratoire, du sommeil ou encore de la circulation sanguine. La future maison de la santé publique fournira par ailleurs un cadre et des équipements d’étude clinique en matière de prévention et d’éducation en santé, pour le projet Hedex notamment. Enfin, le CIC devrait accueillir à l’automne prochain une chambre d’hypoxie, c’est-à-dire à faible teneur en oxygène, pour analyser les réactions de l’organisme dans ces conditions. De quoi accompagner la montée en puissance du CIC envisagée pour les prochaines années. «Notre ambition est de lui donner une image d’excellence scientifique au sein de la région

Comment est lancée une étude clinique au CIC ?

Elodie Migault, gestionnaire du CIC : «Avant tout essai clinique, qu’il soit sollicité par un médecin du CHU ou une firme pharmaceu­tique, on organise une visite de faisabilité. Le promoteur de l’étude vérifie que le CIC dispose des moyens nécessaires, des volontaires poten­tiels... Ensuite, on réunit en interne un comité technique qui statue sur la capacité de notre CIC à réaliser l’essai. Une fois qu’il a donné son aval, une visite de mise en place a lieu, au cours de laquelle le promoteur détaille le protocole. Il doit par ailleurs obtenir toutes les autorisa­tions et accords réglementaires nécessaires. L’application du protocole et le contrôle de la qualité de recueil des données revient ensuite aux personnels de recherche clinique du CIC : infirmiers, techniciens et attachés de recherche clinique.»

Nouvelle-Aquitaine, explique René Robert. Nous souhaitons accueillir plus d’essais théra-peutiques, qui visent à tester chez l’être humain des traitements d’avenir. Solliciter le CIC dès la “phase précoce” est, de la part de l’industrie pharmaceutique, une marque de reconnaissance du savoir-faire et de la rigueur scientifique de nos chercheurs. Nous devons aussi travail-ler davantage avec les équipes de recherche fondamentale labellisées du CHU.» Il s’agira d’abord de confirmer le lien entre le groupe «Alive» et l’équipe Inserm 1084 (neurosciences expérimentales et cliniques). Puis de créer deux nouveaux axes de recherche au CIC, en relation avec les unités Inserm 1082 et 1070 du CHU, qui traitent respectivement de la transplantation et de l’infectiologie. n

Le Pr. René Robert a pris la tête du centre d’investigation clinique (CIC) de Poitiers en décembre 2017.

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Innovation

Neurochirurgie : des outils de plus en plus précis

Maladie de Parkinson et maladies annexes, biopsies cérébrales mais aussi chirurgie du rachis. Avec le robot Rosa®, le scanner per-opératoire O-arm® et une imprimante 3 D pour modéliser l’anévrisme, le service de neurochirurgie du CHU de Poitiers vient de se doter d’équipements de haute technologie. Objectif : maintenir le niveau d’excellence et conforter le rôle de recours du centre hospitalier dans la prise en charge des maladies cérébrales et des ostéosynthèses.

Une précision accrue dans le geste chirurgical et un «contrôle qua-lité» immédiat. Rosa®, conçu par la société Medtech®, est un dispositif

robotisé multi-applicatif dédié à la chirurgie mini-invasive sur le système nerveux central, une véritable aide opératoire pour le chirurgien sur

des actes de simulation cérébrale profonde. Le CHU de Poitiers vient de se doter de cet équipement de haute technologie. Le robot Rosa® y est aujourd’hui utilisé essentiellement dans le traitement de la

maladie de Parkinson et des maladies annexes – dystonie, tremblements essentiels – mais est également indiqué pour certaines maladies psy-chiatriques : troubles obsessionnels compulsifs (TOC), maladie de Gilles de la Tourette ou encore dépression profonde.

«GPS» et gain en confortA l’instar d’un GPS, le bras articulé du robot Rosa® guide le neurochirurgien pour implanter les instruments sur la zone de travail avec une précision de l’ordre du millimètre. «Dans le cas d’actes de stimulations cérébrales profondes, les électrodes sont implantées sur un noyau intracérébral de quelques millimètres de dia-mètre», rappelle le Pr Benoît Bataille, chef du service de neurochirurgie du CHU de Poitiers. Rosa® permet d’optimiser encore davantage la précision du guidage des instruments. «Avec le robot Rosa®, nous avons un gain de précision de 0,5 millimètre sur l’implantation de l’aiguille. C’est une sécurité accrue dans le geste opéra-toire en neurochirurgie cérébrale.»Couplé au scanner per-opératoire O-arm®, le robot Rosa® permet également de visualiser la position de l’électrode par rapport à la cible : «La fusion de l’IRM pré-opératoire avec les données per-opératoires permet un contrôle qualité immédiat. Il y a une précision accrue dans le geste mais aussi dans le rétro-contrôle de celui-ci», souligne le Pr Bataille. Pour le patient, c’est également un gain en confort et en ergonomie. «Le système Rosa®

Couplé à un ordinateur, l’O­arm® permet de piloter et de contrôler en temps réel le déroulement de l’intervention chirurgicale en améliorant la sécurité du patient.

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permet de faire les calculs de ciblage le jour J et donc de s’affranchir du cadre stéréotaxique fixé jusqu’alors la veille sur le crâne du patient, sous anesthésie locale. Le dispositif est donc beaucoup moins invasif.»A noter, le robot Rosa® est également utilisé pour les biopsies cérébrales et pour guider un endoscope dans les ventricules cérébraux par une trajectoire pré-programmée.

O-arm®, une révolution pour les chirurgies du rachisAcquis également il y a quelques mois par le CHU, le système d’imagerie 3D O-arm® permet d’assurer une précision et une sécurité majeure dans les cas de pathologies rachidiennes com-plexes nécessitant la pose d’implants (fractures avec traumas rachidiennes, scolioses, arthro-dèses notamment). «O-arm® c’est une révolu-tion qui permet une imagerie 3D pendant et juste après l’opération», résume le Pr Philippe Rigoard, spécialiste du rachis. Couplé au système de neuronavigation, le scanner permet, dans les ostéosynthèses, de sécuriser le geste du prati-cien et, «à 99%», de positionner un implant «de la bonne taille et au bon endroit», sans léser d’autres structures (vaisseaux du cou, moelle épinière, racines nerveuses, veines, artères, poumons, cœur, œso-phage et trachée). «L’O-arm® permet de connaître la position des instru-ments chirurgicaux et des implants pendant l’intervention. C’est une ima-gerie de contrôle intra-opératoire qui permet une sécurisation des vis dans leur longueur, calibre et trajectoire.» Autre avantage : O-arm® permet éga-lement de refaire un scanner de contrôle post-opératoire sans avoir à réveiller le pa-tient afin de contrôler la position des implants.En projet au sein de l’unité rachis : la mise en place d’un projet de recherche à des fins médico-économiques pour la chirurgie du rachis cou-plant neuronavigation et robotisation du geste, porté par l’équipe de recherche Prismatics.

Un modèle silicone en taille réelleC’est une première en France. Le service de neurochirurgie s’est doté également d’une impri-

mante 3D. Le but : imprimer, avant intervention et en taille réelle, les anévrismes intracrâniens afin de mieux programmer le geste opératoire. «Aujourd’hui, même si grâce aux images on peut faire une reconstitution en 3D de l’anévrisme, il y a toujours une superposition des artères afférentes et efférentes. Imprimer un modèle en silicone, en taille réelle, de l’anévrisme permet de l’avoir en main afin de lui faire faire des rotations, de positionner un premier clip, d’en apprécier la déformation, puis un second en cas d’anévrisme complexe», détaille Hassan El Hajj, chef de clinique en charge de la chirurgie vascu-laire. Taille et forme des clips sont ainsi testés avant l’opération. Ce «pré-planning chirurgical», qui augmente la qualité et la précision du geste chirurgical, fait baisser le risque de rupture d’anévrisme pendant l’opération mais aussi le risque d’AVC ischémique post-opératoire. n

Le Pr Benoît Bataille, du service de neurochirurgie du CHU de Poitiers.

Le système d’imagerie 3D O­arm® récemment acquis

par le CHU de Poitiers.

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Dossier

Cancers : des prises en charge toujours plus ciblées et personnaliséesLe pôle régional de cancérologie du CHU de Poitiers, centre de recours pour la prise en charge des cancers, s’appuie sur les avancées de la recherche en matière de développement des médicaments et sur les évolutions de l’imagerie, de la robotisation et de la génomique, pour proposer des traitements du cancer plus personnalisés.

Véritable enjeu de santé publique, amplifié par le vieillissement de la population, les change-ments d’habitudes de vie et les modifications

de notre environnement, le cancer constitue toujours la première cause de mortalité en France et son nombre ne cesse de croître. Toutefois, s’il y a de plus en plus de malades, il y a aussi de plus en plus de patients guéris et d’autres avec une espérance de vie de plus en plus longue. Une des mesures qui a contribué à une prise en charge plus efficace de la mala-die est la mise en place du plan cancer engagé en 2003, et l’organisation de la cancérologie dans les établissements autorisés. Le pôle régional de cancé-rologie de Poitiers a ouvert ses portes en mars 2009. «Ce pôle a transformé l’approche thérapeutique du cancer, précise le Pr Jean-Marc Tourani, chef du pôle régional de cancérologie. Ce n’est plus le malade qui se déplace dans les services, c’est l’expertise et le soin qui viennent à lui. Traiter un cancer suppose la coordination de spécialistes d’horizons différents : oncologues, spécialistes d’organes, chirurgiens, hématologues, radiothérapeutes… Le pôle les a réunis autour du malade.» Cette synergie a ainsi favorisé l’inno-vation et dynamisé les équipes, notam-ment au sein des différentes réunions

de consultation pluridisciplinaires (RCP) qui ont vu le jour par organe. La recherche toujours plus foisonnante a encouragé l’émergence de nouvelles stratégies thérapeutiques via les essais cliniques et de nouvelles organisations ont également vu le jour qui bénéficient aujourd’hui directement aux patients. Une activité toujours plus importante donc qui oblige aujourd’hui à envisa-ger l’agrandissement du pôle régional de cancérologie (voir encadré page suivante). Ce dossier de CHU Magazine n’a pas pour but de souligner de façon exhaus-tive cette activité de cancérologie menée au sein de l’établissement, pour répondre au mieux à la prise en charge des can-cers et offrir une meilleure qualité de

vie aux patients, mais de mettre en exergue les nouveautés et les avancées en matière de médicaments, d’évolution de la génomique et de l’imagerie, et les nouvelles techniques focalisées sur la tumeur pour des traitements toujours plus ciblés.

Biothérapie, immunothérapie, des thérapies plus personnaliséesDepuis quelques années, la prise en charge du cancer est en train de connaître des évolutions majeures. A côté des trai-tements traditionnels que sont la chirur-gie, la chimiothérapie, la radiothérapie, qui restent encore des préconisations fortes et des armes efficaces, sont appa-rues, il y a peu, des thérapies dites ciblées ou biothérapies et les immunothérapies.

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Tout l’intérêt de ces thérapies est qu’elles visent le mécanisme défaillant de la cellule cancéreuse en épargnant les cel-lules normales du corps contrairement à la chimiothérapie ou la radiothérapie beaucoup plus toxiques.«Ces nouveaux traitements ont vérita-blement changé l’approche de prise en charge des cancers, poursuit le Pr Jean-Marc Tourani. Nous sommes passés d’une situation où il fallait absolument détruire la tumeur pour guérir le patient à une certaine forme de chronicisation des traitements, avec un cancer indolent et contrôlé et où l’on estime qu’à l’instar d’un diabète, d’une hypertension, le patient peut vivre avec.»Contrairement à la chimiothérapie dont le but est de détruire les cellules tumorales, les biothérapies bloquent le plus souvent leur croissance. «Les cas de guérison sont en général faibles, mais l’amélioration de la survie est très significative, elle se compte en mois, voire en années.» Ces médicaments ont une indication dans de nombreux cancers touchant les poumons, les reins, les cancers digestifs, les cancers cutanées qui n’ont pas pu être éradiqués par la chirurgie et/ou la radiothérapie.Autre avancée, en matière de traitement, qui révolutionne depuis peu la prise en charge des cancers : l’immunothérapie. «L’immunologie des tumeurs est devenue l’approche la plus pro-metteuse dans la lutte contre le cancer : les cellules cancéreuses peuvent être ciblées et détruites grâce au système immunitaire du patient.» Concrètement, l’immu-nothérapie va lever l’inhibition du système immunitaire généré par la tumeur elle-même, de façon à ce qu’il soit en mesure de com-battre efficacement les cellules cancéreuses.

Les plus couramment utilisés aujourd’hui sont les inhibiteurs de points de contrôle (check point inhibitors). «Les cellules tumorales sont capables de détourner les dispositifs de contrôle du système immunitaire pour éviter d’être atta-quées et détruites. Pour cela, la tumeur déclenche des mécanismes très précis qui inactivent les cellules immunitaires. L’organisme ne peut pas alors fournir une réponse adaptée pour lutter contre les cellules cancéreuses.» On dit que la tumeur «freine» le système immu-nitaire. «Des anticorps ont ainsi été découverts, qui agissent en se fixant sur des antigènes à la surface des cellules immunitaires empêchant ainsi les cel-lules tumorales de se fixer sur eux (les antigènes) et par conséquent empêchant l’inhibition du système immunitaire.»

Les principaux cancers à avoir bénéficié de ces avancées sont les cancers du pou-mon et des mélanomes. «Ils répondent particulièrement bien à l’immunologie, avec des survies très nettement pro-longées par rapport aux traitements classiques. Concernant le mélanome, il y a six ans de cela il n’y avait prati-quement aucun traitement. L’espérance de vie d’un patient avec des mélanomes métastatiques, qui était de moins d’un an, est prolongée aujourd’hui de plu-sieurs années.»Les cancers digestifs bénéficient aussi de ces biothérapies et des immunothé-rapies, notamment dans le cancer du côlon. «Depuis 2009, grâce à ces nou-veaux traitements, la médiane de survie a doublé pour atteindre cinq ans», précise le professeur David Tougeron,

hépato-gastro-entérologue. Et, chaque année, ce sont toujours plus de patients qui intègrent de nouveaux essais cliniques et pro-fitent ainsi précocement de ces nouvelles thérapies.A court terme, d’autres cancers pourront être concernés comme les cancers urologiques, ORL et d’autres formes de cancers digestifs. «Cependant, au-delà de l’efficacité, il faudra être attentif aux effets secondaires impor-tants de ces produits, souligne le professeur Jean-Marc Tourani. Certaines combinaisons pour-raient avoir plus de risques liés aux effets secondaires, notam-ment par le développement de maladies auto-immunes, que de bénéfices.» A côté des cancers dits solides, l’oncohématologie a également bénéficié de ces avancés. Le service d’hématologie du CHU est le service de recours du Poi-tou-Charentes pour toutes les hémopathies malignes, à savoir les cancers du sang et de la moelle

Pôle régional de cancérologie, faire face à la hausse d’activité

Inauguré en 2009, le pôle régional de cancérologie a, du fait de la croissance d’activité, atteint aujourd’hui les limites de ses capacités en termes de places. «En effet, devant une demande croissante d’hospitalisa­tion complète, le service d’oncologie médicale du pôle régional de cancérologie du CHU de Poitiers, qui dispose de 30 lits, a dû s’étendre, fin 2015, au sein du pavillon Aristide­Maillol, avec l’ouverture de 14 nouveaux lits, précise le Pr Jean-Marc Tourani. Et 14 supplémentaires sont en prévision.» A cela s’ajoutent aussi les besoins grandissants en hôpital de jour du fait de l’activité toujours plus importante du service d’hématologie autour de la prise en charge des myélomes. «Il faut souligner que l’activité du pôle est 1,3 fois plus importante que celle du CHU de Limoges et, en termes de traitements médicaux, elle est identique au CHU de Bordeaux.» L’objectif de cet agrandissement est donc d’étendre le secteur d’hospitalisation complète pour l’oncolo-gie médicale, l’hématologie et la recherche clinique ainsi que pour l’hôpital de jour. Concrètement un autre bâtiment devrait être construit à côté de ceux du pôle régional de cancérologie. Sera regroupée au rez-de-chaussée la médecine nucléaire, «à l’heure actuelle, éparpillée dans l’établis­sement» ; au premier étage sera étendu l’hôpital de jour et au deuxième étage le secteur d’hospitalisation complète. Une ouverture est envisagée en 2022.

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des check point inhibitors en oncologie, ces anticorps monoclonaux vont lever l’inhibition des cellules immunitaires du patient qui vont aller s’attaquer à la tumeur, explique le Pr Xavier Leleu, chef du service d’hématologie et de thérapie cellulaire. Si cette technique marche très bien en oncologie dans certains modèles tumoraux, c’est un peu moins vrai en hématologie où cette immunothérapie reste encore en déve-loppement. Il y a cependant un domaine où ce traitement est révolutionnaire, la maladie d’Hodgkin. Il permet à des patients souvent jeunes, ayant échoué à des traitements très puissants par chimiothérapie classique, de prétendre à une allogreffe et d’avoir un avenir.»Une autre révolution en matière d’im-munothérapie dans le traitement des leucémies consiste à modifier géné-tiquement les lymphocytes T pour qu’ils reconnaissent spécifiquement les cellules tumorales et s’attaquent à elles. Il s’agit de la technique dite CAR (Chimeric Antigen Receptor) T-cells. «Combattre la leucémie en utilisant les armes immunologiques n’est pas une idée nouvelle. Elle connaiît déjà un accomplissement dans la greffe de moelle osseuse. Cependant, ce qui est totalement nouveau, c’est l’utilisation des lymphocytes du patient pour aller combattre les cellules leucémiques. En quelque sorte, on arme ses cellules. C’est une technique très lourde. Elle nécessite de prélever au patient des lymphocytes T qui vont être modifiés génétiquement in vitro afin d’être dotés d’un récepteur antigénique chimérique leur permettant de reconnaître spécifi-quement les cellules tumorales qu’elles vont ensuite tuer.» La lourdeur porte sur le fait que les lymphocytes doivent être envoyés dans un laboratoire dont le plus proche se trouve en Allemagne.Pour le moment, le CHU n’a pas été retenu parmi les trois premiers centres en France. Cependant, par son expertise

Consultations d’oncogériatrie : une prise en compte des phénomènes de vieillissement

La cancérologie de la personne âgée est devenue, depuis quelques années, un problème majeur de santé publique. D’une part, le pourcentage des 65-70 ans et plus dans la population est en constante augmentation ; d’autre part, près d’un tiers des cancers sont diagnostiqués après l’âge de 75 ans. Aussi, afin d’offrir une prise en charge en cancérologie la mieux adaptée aux patients âgés, douze créneaux de consultation d’oncogériatrie sont assurés au pôle régional de cancérologie chaque semaine. L’objectif est de prendre en charge le cancer en tenant compte des fragilités propres à chaque individu développées au cours de la vie. Les patients sont adressés à ces consultations à la demande des chirurgiens, des oncologues, des radiothérapeutes ou des spécialistes d’organes afin d’évaluer, chez un patient âgé ayant un cancer, la pertinence de l’indication du traitement proposé et sa faisabilité. «La consultation est une aide à la décision afin de définir le traitement adéquat en fonction de l’état de la personne et engager si nécessaire des mesures correctrices en amont et/ou en aval du traitement, précise le docteur Simon Valero, gériatre et coordonnateur de l’unité de coordination en onco-géria-trie (UCOG) Poitou-Charentes. Il ne faut pas de traitements trop délétères ou, à l’inverse, sous­traiter des sujets âgés dont l’état de santé est particulièrement bon. L’oncogériatrie vise à gommer l’âge chronologique pour raisonner en termes d’âge physiologique.» A noter aussi : l’unité de coordination en onco-gériatrie (UCOG) Poitou-Charentes et le réseau régional de cancérologie ont lancé en avril une vaste campagne de sensibilisation à l’intérêt du diagnostic précoce du cancer chez les personnes âgées. Cette campagne fait suite à un constat : 20% des personnes âgées disent attendre plus d’un an avant de consulter pour des symptômes clairement définis. Ce retard, dû à la baisse de vigilance et à la peur des traitements, constitue une perte de chances pour ces patients.

osseuse (lymphomes, myélomes, myélo-dysplasies, leucémies). Le service per-met à l’essentiel des malades – plus de 70 % des patients traités – de bénéficier de traitements innovants, via les nom-

breux essais thérapeutiques auxquels il participe. Dans ces nouveaux traitements d’ave-nir, on peut notamment souligner les «check point inhibitors». «A l’instar

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reconnue internationalement en matière de recherche dans les hémopathies malignes et sa capacité à répondre techniquement à l’organisation que nécessite cette prise en charge (aphérèse lymphocytaire, réception des cellules congelées…), Poitiers pourrait être un des prochains centres en France à la mettre en œuvre. «J’espère cette année. C’est véritablement un traitement d’ave-nir. Pour le moment, elle est plus simple à développer en hématologie mais elle aura aussi à terme des débouchés en oncologie.» Toujours en hématologie, il faut égale-ment souligner les progrès importants en matière d’allogreffes. Le CHU pro-pose depuis 2015 des greffes alternatives dites «haplo-identiques». «Le greffon provient dans ce cas d’un donneur familial qui n’est que semi HLA-com-patible (au minimum 5/10e). Ce type de transplantation augmente de façon très significative la chance de trouver un donneur (fratrie, parents, enfants, cousins…) et, en cas d’urgence, d’avoir un greffon très rapidement.» En outre, le service permet à des sujets âgés de plus de 65 ans atteints de leucémies aiguës de bénéficier d’une greffe. Autre évolution majeure dans la prise en charge médicale des cancers, qui sera d’ailleurs renforcée par le déve-

loppement des immunothérapies, c’est le développement de l’hospitalisation à domicile. «Actuellement de nombreux traitements administrés sous perfusion en hôpital de jour sont en train, selon les préconisations de l’Agence régionale de santé, d’être externalisés en hôpital de jour, souligne le Pr Jean-Marc Tou-rani. A terme, il en sera de même pour les immunothérapies. Ce qui évite ainsi aux patients de revenir au CHU tous les quinze jours ou trois semaines.»

Des diagnostics de plus en plus précis Des prises en charge toujours plus personnalisées sont devenues possibles grâce à des diagnostics de plus en plus précis liés à une meilleure compréhen-sion de la biologie des cancers, parti-culièrement pour ceux avec de bonnes indications comme les cancers du pou-mon, du côlon, des ovaires, du sein, de l’estomac, les mélanomes, les sarcomes ou encore les hémopathies malignes. Une précision que l’on doit au travail majeur de caractérisation des cancers réalisé par la plateforme génétique moléculaire du cancer labellisée par l’Institut national du cancer (INCA) depuis 2006, coordonnée par le Pr Lucie Karayan-Tapon. «Aujourd’hui, nous disposons d’un

plateau de biologie moléculaire de très haut niveau», précise Jean-Marc Tou-rani. La France en compte 28, il y en a une par CHU. Son objectif : conforter l’accès aux tests moléculaires de tous les patients pour leur faire bénéficier de thérapies ciblées. Cette plateforme compte un laboratoire de cancérologie biologique qui a comme mission de typer les tumeurs. «Au CHU de Poitiers, le choix a été de regrouper au sein de ce laboratoire l’oncologie moléculaire et l’oncohématologie moléculaire pour plus d’efficacité», précise le Pr Lucie Karayan-Tapon, responsable du service de la cancérologie biologique.Les cancers sont des maladies du génome comprenant des altérations de la structure des gènes et des ano-malies de l’expression de ces gènes en protéines. «Grâce à des techniques de biologie moléculaire, on peut identifier ces altérations génétiques au sein des cellules cancéreuses de façon à mettre en évidence de nouveaux biomarqueurs moléculaires et des cibles thérapeu-tiques.» Pour identifier une tumeur, deux approches sont possibles, soit gène par gène, soit par une approche glo-bale. Depuis 2016, grâce à l’acquisition d’un séquenceur haut débit, le service peut dorénavant avoir recours à cette deuxième technique qui a l’avantage de mettre en évidence plusieurs muta-tions parmi une quarantaine de gènes connus actuellement impliqués dans la cancérogénèse. «Cette technique offre de vrais atouts. D’une part, lorsque les biopsies sont trop petites, ce qui est le cas parfois dans le cancer du pou-mon, et ne permettent pas d’avoir une approche gène par gène. D’autre part ce typage, plus exhaustif, a l’intérêt de mettre en évidence plusieurs mutations pour lesquelles nous savons qu’il existe des essais cliniques, au sein de l’établis-sement ou ailleurs, qui pourraient être bénéfiques au patient.» Dans ce cadre, une RCP d’oncologie

Le docteur Christine Giraud accompagne les patients lors d’une greffe de moelle osseuse.

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moléculaire a vu le jour pour donner la chance aux patients de la région ayant des anomalies repérées dans les diffé-rentes analyses génétiques de bénéficier de traitement dans le cadre des essais thérapeutiques. Ou, comme l’explique le professeur David Tougeron, «si l’on sait que telle anomalie connue pour le can-cer du poumon répond favorablement à un traitement, le tester sur le patient, même si ce n’est pas le même type de cancer, et voir si cela fonctionne. Car, le mécanisme défaillant visé par les thérapies ciblées peut être commun à plusieurs cancers.»

Une aide à la décisionL’évolution rapide de la biologie molécu-laire constitue donc une vraie aide à la décision dans la prise en charge théra-peutique. Et les évolutions vont très vite. «Par exemple, jusqu’en 2016, pour les tumeurs gliales du cerveau, leurs classi-fications n’étaient que morphologiques, poursuit le Pr Lucie Karayan-Tapon. Aujourd’hui, nous avons la possibilité de les tester au niveau moléculaire avec une résolution qui est de 10 à 500 fois supérieure à celle du caryotype. Doré-navant, la prise en charge est adaptée en fonction des anomalies observés.» Une autre avancée du laboratoire porte sur les maladies résiduelles ou la

recherche de mutations de résistance dans les hémopathies malignes. «Après traitement, nous avons aujourd’hui les capacités de repérer les mutations de résistance et permettre ainsi d’adapter le traitement du patient.»Le laboratoire met également en œuvre une technique de biopsie liquide en direction des tumeurs solides. Le Pr Lucie Karayan-Tapon précise : «Quand des biopsies de tumeurs solides ne sont pas envisageables, nous avons la pos-sibilité de détecter l’ADN des tumeurs relargué lors de la mort cellulaire dans le sang grâce à une méthodologie sen-sible dite PRC digitale pour détecter l’ADN tumoral circulant. Nous mettons en œuvre aujourd’hui cette technique pour repérer les mutations et les mar-queurs de résistance dans les cancers du poumon et évaluer ainsi l’efficacité d’un traitement. La technique est très performante : sur 1 000 molécules d’ADN détectées, il est possible d’en trouver une anormale.» Cependant, la limite de cette technique est qu’elle n’est actuellement efficace que dans les stades avancés de la maladie. Plusieurs recherches sont en cours dans la détection de l’ADN tumoral circulant du cancer du côlon et du pancréas me-nées par le professeur David Tougeron. «A terme, on peut imaginer que, grâce

à cette technique, il sera possible de détecter, à partir d’une prise de sang, les états précancéreux de n’importe quelle tumeur sans avoir recours à la biopsie, qui reste un geste invasif.» A noter aussi, le service de cancérologie biologique a pour projet de constituer un département de génomique humain en s’associant avec le service de génétique constitutionnelle. «L’idée est d’avoir dans une seule et même structure les tests qui informent sur l’état du génome de cellules tumorales et ceux qui apportent des informations sur le patrimoine génétique transmissible pour plus d’efficacité et une meilleure prise en charge des patients», précise le Pr Lucie Karayan-Tapon. Dans ce cadre, il faut souligner le rôle essentiel de l’oncogénétique dont le but est de rechercher une éventuelle prédisposition héréditaire. Les consulta-tions d’oncogénétique s’adressent à des patients souffrant de formes familiales de cancers seins/ovaires, cancers et/ou polyposes recto-coliques. «Ces derniers dont le cancer s’est déclaré très jeune (moins de 50 ans) ou ceux ayant des antécédents familiaux multiples de cancers sont invités à une consultation d’oncogénétique, explique le Pr Brigitte Gilbert-Dussardier, chef du service de génétique clinique. Pour les personnes qui développent ce type de cancer, il faut savoir que 10 % d’entre elles ont une pré-disposition génétique à le développer. »Cette consultation complexe obéit à une organisation particulière. Le patient voit une conseillère en génétique qui va réaliser son arbre généalogique. Elle doit récupérer tous les éléments des dossiers médicaux, les résultats auprès des diffé-rents hôpitaux afin de répertorier avec l’aide du patient tous les cas de cancers dans sa famille. Si une prédisposition héréditaire est suspectée, une prise de sang est réalisée pour analyser certains gènes. «A partir du moment où l’héré-dité est avérée, on demande au patient

Une IRM 7 Tesla : repousser les limites de l’imagerie médicaleA l’instar de l’IRM 3 Tesla qui a révolutionné il y quelques années l’imagerie médicale, l’IRM 7 Tesla qui va être acquise, courant 2019, par le CHU de Poitiers, s’inscrit dans cette même logique : repousser toujours plus loin les limites de l’ima-gerie. L’intérêt ? Mieux voir et mieux comprendre l’extension d’une tumeur, pour le moment dans des indications de tumeurs cérébrales, afin de mieux adapter le traitement. «Avec cette nouvelle technologie, nous allons augmenter la résolution, la finesse de l’information aussi bien spatiale que métabolique de la tumeur, précise le Pr Rémy Guillevin, chef adjoint du pôle imagerie, à la tête de l’équipe de recherche Dactim-MIS du LMA/UMR CNRS 7348. Lutter contre le cancer nécessite d’être le plus en amont possible de la progression d’une tumeur qui, il faut le savoir, se développe avec un rythme exponentiel. Plus tôt on aura une information précise et fine, meilleures seront les chances d’enrayer le cancer.» Cette acquisition sera aussi l’opportunité pour le CHU de conforter sa place de premier plan en matière de recherche sur la neuro-oncologie dans la grande région.

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de transmettre l’information aux membres concernés de sa famille. Un enfant d’un patient atteint d’une forme génétique du cancer du côlon a un risque de 50% d’avoir hérité de l’ano-malie génétique.» Le but étant alors que les membres concernés de la famille puissent venir consulter en oncogéné-tique. «Ceux qui n’ont pas l’anomalie seront complètement rassurés ; quant à ceux porteurs du gène, ils feront l’objet d’une surveillance accrue.»

L’imagerie au cœur des traitementsL’imagerie a connu ces dernières années une avancée remarquable et joue maintenant un rôle essentiel dans la caractérisation des cancers ; en effet elle permet aujourd’hui d’apporter des informations indispensables sur la loca-lisation, la taille, le stade évolutif et le suivi du cancer.Le plateau d’imagerie du CHU est l’un des plus importants en France relative-ment à la taille de la structure hospi-talière ; il comprend quatre scanners, quatre IRM, deux TEP scanner incluant un plateau dédié à l’imagerie diagnos-tique du cancer implanté au niveau du PRC (un scanner et une IRM). A côté de cette approche diagnostique et de suivi des tumeurs, l’imagerie offre aussi de nouvelles ressources thérapeu-tiques alternatives aux techniques tra-ditionnelles en cherchant une démarche plus ciblée du traitement des cancers.Pour certaines métastases hépatiques, par exemple, la chimiothérapie intra-artérielle permet une approche ciblée des tumeurs. «Via l’artère, nous mon-tons un cathéter jusqu’au foie, ce qui permet de distribuer dans la tumeur de la chimiothérapie à très haute dose», explique le Pr Jean-Pierre Tasu, responsable du pôle imagerie. Toujours par le biais d’un abord artériel, il est possible d’injecter directement dans le foie, au contact des tumeurs, des billes radioactives qui vont traiter localement

les lésions. Réalisé en collaboration entre les services de médecine nucléaire et de radiologie, ce traitement est appelé radio-embolisation. «C’est l’application directement dans le foie d’une dose très forte de rayonnement. L’intérêt de cette technique : elle libère une dose très concentrée sans exposer le reste du corps aux effets de ces médicaments et à la radioactivité.»D’autres techniques de radiologie interventionnelle sont également dispo-nibles comme la radiofréquence. Guidé sous scanner ou sous échographie, le radiologue introduit une ou plusieurs sondes autour ou dans la zone à traiter et la fait chauffer pour détruire les cellules tumorales. «Elle est pratiquée chez des patients ayant des petites tumeurs du foie, du rein ou du poumon et il s’agit d’une alternative efficace à la chirurgie.» L’électroporation est une méthode assez proche où les tumeurs ne sont pas chauffées mais «électrocutées». Le CHU est leader dans ce domaine car il est un des deux seuls centres en France à être équipé de cette technique aussi

appelée Nanoknife®. Ce traitement est actuellement mis en œuvre dans le cadre d’un protocole de recherche portant sur le cancer du pancréas. Il s’agit d’un cancer de mauvais pronostic dont l’incidence explose, avec plus de 1% de nouveaux cas supplémentaires chaque année et chez des patients de plus en plus jeunes. «L’électropora-tion se caractérise par l’utilisation d’un courant de très fort voltage. Des aiguilles vont entourer la tumeur et en créant un champ électrique de 3 000 volts, les pores des cellules vont s’ouvrir et au bout d’un certain temps mourir.» Cette technique pourrait être la seule chance de guérison pour cer-tains malades. «Elle est assez difficile à mettre en œuvre mais les premiers résultats semblent encourageants.» A ce jour, une quinzaine de patients ont pu en bénéficier. L’apport de l’imagerie a également été d’un bénéfice énorme dans le traitement des tumeurs cérébrales dans le cadre de la chirurgie éveillée. Avec la création du centre cardio-vasculaire, le CHU s’est équipé d’une IRM 3 Tesla associée à la salle de neurochirurgie qui permet, en condition de bloc, de valider les procé-dures opératoires. «Ce système d’ima-gerie ouvert sur le bloc chirurgical permet de contrôler pendant et après l’opération la qualité de la résection de la tumeur dans le but de maximiser celle-ci, précise le Pr Rémy Guillevin, chef adjoint du pôle imagerie du CHU de Poitiers. Cet outil fait reculer les frontières tout en s’assurant de ne pas endommager chez le patient ses fonc-tions cérébrales.» Dans ce domaine, l’intérêt aussi pour les patients est de profiter en direct des der-nières avancées de la recherche menée par la seule équipe du CHU labellisée CNRS (7348) : Dactim-MIS (Data Analysis and Computation Through Imaging & Modeling) mathématiques, images, santé, équipe du laboratoire

Plantées dans la zone à détruire, les aiguilles du Nanoknife® électrocutent la tumeur par un courant de 3 000 volts.

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de mathématiques et applications de l’université de Poitiers. Celui-ci, dont le professeur Guillevin assure la co-direc-tion, s’intéresse à l’extraction et la modé-lisation mathématique de paramètres issus de l’imagerie médicale. «Nous exploitons les systèmes d’imagerie afin de mettre en place des applications qui permettent de mieux guider et de mieux adapter les traitements anticancéreux. Les paramètres issus de l’IRM (flux sanguin, quantification des métabolites, lactate, ATP, choline, etc.) servent à alimenter des modèles mathématiques dans le but de prédire le fonctionnement et, par extension, le développement de la tumeur mais aussi la réponse théra-peutique à un traitement donné.» Pour le moment, cette recherche profite aux lésions tumorales cérébrales «mais à terme d’autres cancers pourront être concernés comme ceux des reins, du foie ou de la prostate». Cette structuration autour des tumeurs cérébrales donne un caractère unique au CHU de Poitiers. «En effet, nous sommes le seul établissement en France à disposer de cette combinaison com-plète : une plateforme d’imagerie de

recherche à haut champ connectée au bloc opératoire où un neurochirurgien propose de la chirurgie éveillée.» A côté des traitements, à proprement parler, l’imagerie est aussi amenée à assurer la surveillance des cancers. «Elle donne des indications précieuses sur la néces-sité de diminuer ou d’augmenter le trai-tement», souligne le Pr Jean-Pierre Tasu. Aussi, dans ce souci d’un meilleur suivi du patient, le CHU va se doter d’un TEP-IRM, association d’une TEP et d’une IRM, qui permettra d’acquérir au cours d’un même examen, et sur une seule séance, les données morphologiques de l’IRM et les informations fonctionnelles et métaboliques des organes obtenues par la TEP. «Cet outil offrira une meil-leure vision sur la caractérisation des cancers et favorisera une meilleure évaluation aux traitements.» Il aura aussi une vocation de recherche dans le cadre des cancers de la prostate, du foie et du cerveau par exemple.

Des techniques de recoursLe CHU a également développé très tôt des techniques de recours, comme la chimiothérapie hyperthermie intra-

péritonéale (CHIP) pour les personnes atteintes d’un cancer digestif avec car-cinose péritonéale. Ce qui lui permet aujourd’hui, et ce depuis six mois, de proposer une alternative dénommée Pipac (chimiothérapie intrapéritonéale pressurisée par aérosols) dans les cas trop évolués qui ne peuvent bénéficier de la CHIP. «Il y a une dizaine d’années, ce type de cancer de l’appareil digestif était confronté à une impasse thérapeutique, précise le professeur Michel Carretier, chef de service de chirurgie viscérale. Ni la chirurgie, ni la chimiothérapie n’apportaient une réponse convenable aux patients et leur survie ne dépassait pas quelques mois. Avec la CHIP, elle atteint 5 ans dans 30 % des cas pour le colorectal.» Sa spécificité réside dans la combinaison de l’ablation complète des tissus tumoraux et de l’application directe de la chimiothérapie dans l’abdo-men du malade. «Cette administration, chauffée à 43 °C, avec une concentra-tion 10 fois supérieure en chimiothé-rapie qu’une injection intraveineuse, permet d’avoir un maximum d’efficacité sans toxicité. C’est l’action combinée de la chaleur et de la chimiothérapie qui détruit les cellules cancéreuses microscopiques.» Jusqu’alors ceux qui avaient une forme trop évoluée avec la carcinose périto-néale très étendue ne pouvaient être éligibles à la CHIP. Depuis six mois, ils ont la possibilité d’avoir recours à une nouvelle technique, la Pipac. Actuelle-ment seuls quelques centres en France la proposent. Mise en œuvre par le docteur Thomas Courvoisier, cette technique innovante consiste à vaporiser sous pression par laparoscopie (cœlioscopie de l’abdomen) de la chimiothérapie directement dans la cavité péritonéale d’un patient sous forme d’aérosol. En plus d’agir au plus près des tumeurs, cette technique permet une diffusion de la chimiothérapie en profondeur dans le

Encore sous anesthésie générale, au bloc opératoire, le patient est directement emmené dans l’IRM pour contrôle dès la fin de l’opération.

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péritoine. Renouvelée en moyenne trois fois, elle est entrecoupée de séances de chimiothérapie. Dans certains cas, elle fait diminuer la carcinose et permet ainsi de réaliser une CHIP. La chirurgie viscérale a également développé, depuis un an, en coopé-ration avec le service d’urologie, une unité de cancérologie pelvienne de recours dont le but est de procéder à l’ablation des très grosses tumeurs du rectum qui envahissent la vessie et/ou l’appareil urinaire. Autre organe, la prostate, autre tech-nique, la curiethérapie. Et notamment celle à haut débit qui constitue une tech-nique particulièrement efficace dans la prise en charge du cancer de la prostate. Le CHU de Poitiers a, là aussi, très tôt, fait le choix de s’orienter, à l’initiative du docteur Stéphane Guérif, oncologue radiothérapeute, vers cette technique qui place aujourd’hui l’établissement comme deuxième centre en France en nombre de patients traités. En 2017, 367 ont été pris en charge. La curiethérapie à haut débit de dose est une technique mini-invasive qui utilise une source radioactive circulant au contact ou au sein de la tumeur pour y délivrer une forte dose d’irradiation dans un volume-cible limité. Sous contrôle d’imagerie en temps réel, elle utilise un robot qui pilote une source d’iridium miniaturisée dans les vec-teurs posés de façon mini-invasive sous anesthésie. «La curiethérapie à haut débit permet ainsi d’en-visager des irradiations beaucoup plus fortes dans la tumeur, multipliées par deux, tout en épargnant la partie saine de l’organe et ceux à proximité.» Le CHU dispose d’un pla-teau technique dédié où se déroulent la pose des vec-

teurs sous imagerie multimodale 3D et les séances d’irradiation. «La précision de l’escalade de doses augmente le contrôle local avec un gain potentiel en survie pour le patient par rapport à une irradiation externe conventionnelle», souligne le docteur Guérif. Depuis 2015, le service de curiethérapie a validé cette approche en situation de rattrapage avec des résultats très positifs. «En effet, aujourd’hui nous avons des taux de récidive de seulement 2 %. L’objectif est donc de proposer cette technique en première intention et en ambulatoire pour le cancer de la prostate dans un premier temps et celui du sein dans un second temps.» Dans ce cadre, un projet d’une unité de curiethérapie ambula-toire devrait voir le jour en 2019, une première en France. Ce qui se concréti-sera par la création d’un deuxième bloc opératoire à haut débit de dose et d’un espace ambulatoire de cinq lits.

A l’ère des robots Dans cette lutte contre les cancers, une autre avancée technologique a fait son apparition il y a peu : les robots chirurgi-caux. Moins invasifs et donc moins trau-matisants, ils permettent une chirurgie plus fine qui ouvre de nouveaux horizons. «Face au cancer du poumon, la meil-leure chance de guérison reste la

chirurgie lorsque le cancer est localisé, précise le professeur Christophe Jayle, chirurgien cardio-thoracique. Acte que nous réalisons régulièrement en chirurgie thoracique pour les grosses tumeurs (plus de 3 cm). Mais, ces dernières années, la population des patients a complétement changé avec le tabagisme féminin. On a vu une recru-descence du cancer des poumons chez la femme caractérisée par des petites tumeurs. Toute la problématique a été de se demander comment opérer dans les règles de l’art en étant le moins invasif possible ?» Le robot DaVinci®, acquis par le CHU en 2015, a permis d’y répondre. Il est aussi bénéfique pour les personnes fragiles, âgées ou en insuffisance respiratoire. «Le grand intérêt de cette technologie de pointe est de ne pas ouvrir la cage thoracique du patient. Nous faisons seulement cinq trous entre les côtes pour passer les bras munis des instruments et de la caméra. La chirurgie est plus fine, plus méticuleuse.» Autre intérêt et pas des moindres : «Le patient a une réduction considérable des douleurs post-opéra-toires et plus de la moitié de ceux opérés par cette technique sortent au deuxième jour.» La limite de la technique : elle ne traite que les tumeurs de moins de 3 cm. A l’heure actuelle, deux patients par

semaine sont opérés via le robot DaVinci®, «ce qui ne représente que 20 % des cancers du poumon. Car huit cancers sur dix sont à des stades trop avancés pour avoir recours à la chirurgie.» Le CHU est le seul établissement à pro-poser cette technique en Nouvelle-Aquitaine.Une autre avancée est at-tendue dans les cancers du poumon, entre autres, avec l’acquisition par l’éta-blissement du CyberKnife

L’activité de la cancérologie en chiffres > 60 555 séjours en 2017 (+ 4 %), soit 38 % de l’activité du CHU de Poitiers qui se répartissent de la façon suivante : 9 141 séjours en oncologie hématologique : 17 385 séjours en oncologie médicale, 33 848 séjours en oncologie radiothérapeutique> 31 690 (+2 %) consultations, c’est l’activité du plateau de consulta-tions, dont 29 977 consultations externes, soit : 13 564 en oncologie médicale ; 8 372 en oncologie hématologique ; 8 060 en oncologie radiothérapique ; 241 en onco-gériatrie > 34 allogreffes ont été réalisées en 2017> 590 patients ont subi une curiethérapie haut débit et 249 une curiethérapie interstitielle > 50 240 préparations de chimiothérapie en 2017 (environ 200 préparations par jour) réalisées dans l’unité de reconstitution des chimiothérapies de la pharmacie (+8 %)> 160 études en essais cliniques (molécules injectables et per os)

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(voir encadré). Cette nouvelle arme de radiothérapie stéréotaxique va per-mettre d’irradier de façon très précise des nodules non opérables. Le robot DaVinci® constitue également pour le service d’urologie un apport essentiel dans la prise en charge des cancers de la prostate opérés le plus généralement en cœlioscopie. «Cette technique de chirurgie mini-invasive offre un confort de travail incroyable, précise le docteur Pierre Pillot, uro-logue, à savoir une vision 3D et une manipulation qui retranscrit fidèlement les mouvements complexes des mains à l’aide de pinces articulées et minia-turisées. Elle nous permet d’aller plus loin dans les dissections.» Des atouts qui ont permis d’étendre l’activité sur de nouvelles indications notamment les cancers de la vessie, des reins ou encore des voies excrétrices supérieures urinaires difficilement envisageables en cœlioscopie et qui étaient traitées en chirurgie ouverte, donc beaucoup plus traumatisantes pour le corps du patient. Car c’est aussi l’atout majeur du robot DaVinci® : en plus des incisions réduites, cette technique permet une durée d’hospitalisation diminuée grâce à une récupération physique plus rapide en raison de douleurs moins importantes qu’en chirurgie ouverte. Le docteur Thomas Charles, chef du service d’urologie, estime que cette technologie «a révolutionné les pra-tiques dans le service. Une dynamique s’est créée autour de ce nouveau pla-teau technique. Aujourd’hui, le service compte d’ailleurs un des sept urologues en France effectuant la reconstruction de la vessie.» Avec l’arrivée du robot, le docteur Simon Bernardeau, urologue, réalise en effet, depuis l’été dernier, des cystectomies via le robot puis, à partir de l’intestin, fait une reconstruction vési-cale. «Chose quasi impossible en cœlio-scopie et les temps d’hospitalisation sont divisés par deux, précise ce dernier.

Grâce à cette chirurgie mini-invasive, les répercussions psychologiques sur le patient sont aussi limitées car il n’y a pas de modification de son schéma corporel (le patient n’a pas de poche sur le ventre par où les urines s’écoulent).»Un projet d’acquisition d’un second robot DaVinci® est actuellement en cours qui déboucherait sur la création d’une unité de chirurgie robotique. L’objectif étant de faire profiter de cette technologie à d’autres spécialités notamment pour le traitement des cancers colorectaux ou la chirurgie hépatique. En outre, cette unité encouragerait la formation des internes à cette nouvelle technologie. Autant d’avancées dans le diagnostic et le traitement des cancers qui aujourd’hui s’assoient sur une recherche par t icul ière -ment foison-nante au sein de l’établissement. «La recherche f o n d a m e n -tale s’appuie sur plusieurs axes de déve-loppement qui sont les tumeurs cérébrales, les métastases cérébrales, l’ADN tumo-ral circulant, les tumeurs digestives, notamment celles du pancréas et du colon, l’immunologie, l’hématologie dans le myélome et la leucémie ou encore le médicament intelligent. Quant à la recherche clinique, elle offre aujourd’hui l’opportunité aux patients de bénéficier très tôt de l’accès à de nouvelles molécules via les nombreux essais cliniques», conclut le Pr Jean-Marc Tourani. n

CyberKnife, un robot révolutionnaire

Depuis début janvier, le CHU de Poi-tiers s’est doté d’une nouvelle arme thérapeutique en direction des cancers (le tout premier dans un centre hospi-talier public de la Nouvelle-Aquitaine) au nom très évocateur, CyberKnife. Cet appareil de radiothérapie stéréo-taxique robotisée permet de traiter les tumeurs d’accès difficile non opérables ou en impasse thérapeutique avec une très grande précision tout en épargnant les tissus sains entourant la tumeur. Le CyberKnife est un accélérateur de particules miniaturisé, monté sur un bras robotique qui tourne autour du patient dans toutes les directions, asso-cié à un système d’imagerie embarqué.

«Le Cyber Knife cont rôle en temps réel la posi t ion du patient durant le traitement et suit les mou­vements des organes et de la tumeur liés à sa respiration en temps réel pour adapter

l’irradiation, explique le Dr Antoine Berger, radiothérapeute, responsable de l’équipe de radiothérapie. La prin­cipale différence avec la radiothéra­pie classique est liée à la très grande précision du traitement, qui permet d’augmenter les doses par fraction sur des cibles bien précises et de réaliser des traitements “radio­ablatifs”, tout en limitant la dose reçue par les organes sains entourant la tumeur. Ces fortes doses permettent aussi de diminuer significativement le nombre de séances nécessaires.» A l’heure actuelle, les principales indications concernent les métastases cérébrales, les métastases osseuses de la colonne vertébrale, le cancer du poumon et les tumeurs hépatiques. La méthode a toutefois ses limites : «Elle est adaptée à des tumeurs d’une taille maximale de 6 à 8 cm.»

Le Cyberknife à l’œuvre au pôle régional de

cancérologie de Poitiers.

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Pour préparer l’ouverture du centre, les praticiens spécialistes se réunissent pour coordonner leur programmation d’activité : gastro­entérologues, pneumologues, anesthésistes, dermatologues, gynécologues, ophtalmologistes, psychiatre, cardiologue.

Expertise

Ouverture prochaine d’un lieu unique pour les actes interventionnels et exploratoires

En octobre prochain, le centre d’explorations et thérapeutiques interventionnelles ouvrira ses portes au sein du CHU de Poitiers. L’offre de soins interventionnels et exploratoirs – notamment les endoscopies

diagnostiques et thérapeutiques – sera ainsi regroupée au sein d’un plateau unique, pour neuf spécialités. Une organisation optimisée avec, pour le

patient, la garantie d’un parcours de soin simplifié et coordonné.

Sur quelque 2 500 m2, au rez-de-chaussée de la tour Jean-Bernard sur le site de la Milétrie, le centre d’explorations et thé-rapeutiques interventionnelles réunira

huit salles pour les interventions avec anesthésie générale et six salles pour les interventions sans anesthésie générale. Il disposera également d’une salle de réveil et de rétablissement «hôpitaux de jour», pouvant accueillir jusqu’à seize places. Inscrit dans le projet d’établissement du CHU de Poitiers, ce centre a été pensé par la com-munauté médicale pour «anticiper la médecine de demain, une médecine micro-invasive en

ambulatoire», expose le Pr Bertrand Debaene, président de la commission médicale d’établis-sement et chef du service anesthésie-réanimation du CHU de Poitiers. C’est une organisation qui permet à la fois de pallier le manque de médecins anesthésistes en offrant des conditions d’inter-vention optimales pour les équipes médicales, une optimisation des blocs opératoires et un parcours de soins simplifié pour le patient.

L’ambulatoire au cœur du projetLe centre s’appuiera sur le très haut niveau d’expertise atteint par les unités d’endoscopie

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digestive et pneumologique du CHU, et permet-tra d’intensifier leur rôle de recours au niveau régional et interrégional. L’activité ambulatoire de jour est au cœur du projet : dans des salles dédiées, seront réalisées les endoscopies ainsi que les biopsies digestives, bronchiques, hépa-tiques et urologiques. Les sismothérapies mais aussi les extractions dentaires sous anesthésie générale pour les personnes atteintes de handicap mental seront également effectuées, «permettant d’asseoir la mission de service public du CHU auprès d’une population jusqu’alors mal prise en charge». Les salles d’interventions polyvalentes accueilleront les actes en urologie, gastro-enté-rologie, pneumologie, dermatologie, ophtalmolo-gie, gynécologie, orthopédie, chirurgie plastique et ORL. Par exemple, le centre accueillera une partie de l’activité d’ophtalmologie concernant les injections intravitréennes (IVT) et la chirur-gie réfractive, avec un vrai bénéfice en termes de rapidité de prise en charge pour les patients.

Une organisation novatrice centrée autour du patient«Le centre s’est construit autour du triptyque confort diagnostic, confort thérapeutique et confort personnel du patient», résume Véronique Pratt, directrice référente du pôle cœur-poumon-vasculaire, en charge du projet. Une organisation novatrice qui s’appuie sur une simplification du parcours pour le patient. Un plateau avec un accueil administratif unique et un principe de «marche en avant», supprimant les étapes inu-tiles et réduisant le temps du parcours de soins. «Pas de brancard pour aller au bloc : le patient est debout le plus longtemps possible, illustre Valérie Neveu, cadre supérieure de santé. Une programmation opératoire rigoureuse permettra une attente limitée et un parcours en flux tiré le plus efficient possible.» La salle de réveil de seize places sera également hôpital de jour. Une unité de lieu garante d’une plus-value thérapeutique pour un patient qui reste sur la même méridienne pendant toute sa prise en charge.Une attention particulière a été portée à la prestation hôtelière du service. «Nous sommes partis des attentes du patient pour construire notre qualité de service», pointe Véronique Pratt. A l’issue de l’acte, l’usager peut ainsi patienter

dans un espace dédié, avec des collations à dis-position en libre-service.

Des innovations technologiques«Le centre dispose d’un plateau technique auto-nome et moderne répondant à quatre objectifs majeurs : sécurité, hygiène, ergonomie et tech-nologies de pointe», souligne Aurélie Supiot, ingénieur biomédical. Les équipements des huit salles doivent s’intégrer dans un environnement approprié à l’asepsie et à l’ergonomie requises en salle d’intervention. Certains concepts déjà existants au bloc opératoire, comme par exemple la suspension ou l’encastrement des équipements pour éviter les câbles au sol, ont donc été adoptés. Par ailleurs, quatre d’entre elles seront équipées d’une solution audiovisuelle personnalisée permettant aux intervenants en salle de suivre l’examen en cours. Les équipements mobiles ont fait l’objet d’un renouvellement : citons, par exemple, les colonnes d’endoscopie de dernière génération avec une image de haute définition et le parc de vidéo-endoscopes dont les dernières avancées technologiques en matière de qualité d’image sont gages d’amélioration de la qualité diagnostique et thérapeutique des soins.Le centre disposera d’une unité dédiée de désinfection et de stockage des endoscopes, positionnée de façon centrale pour communiquer avec les salles d’examens. L’unité comprend six postes de travail, avec des personnels formés aux process très rigoureux de décontamination et de traitement. Ce lieu unique pour centraliser le traitement des endoscopes est la garantie d’une qualité et d’une sécurité optimales. Des systèmes de conditionnement et de stockage complètent le process, permettant de réduire le nombre de cycles de désinfection. Une nouvelle procédure d’identification des endoscopes accentue la sécurisation avec une traçabilité assurée de façon informatisée.Le centre d’explorations et thérapeutiques inter-ventionnelles du CHU de Poitiers ouvrira ses portes en octobre. n

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Médecine

Faire reculer l’infertilitéLe centre d’assistance médicale à la procréation du CHU de Poitiers met en œuvre toutes les méthodes d’assistance médicale à la procréation : insémination intra-utérine, fécondation in vitro classique et fécondation par micro-injection (ICSI). Diagnostic et prise en charge de l’infertilité mais aussi préservation de la fertilité : depuis janvier, l’équipe, pluridisciplinaire compte un nouveau médecin, le Dr Philippe Grivard, qui vient renforcer le pôle biologie du centre.

«C’est un parcours difficile, psycho-logiquement et physiquement, pour les couples. La taille de notre centre permet d’humaniser

la prise en charge. Nous sommes un centre de proximité : à chaque niveau du service, nous connaissons nos patients. Notre objectif est d’aller dans leur sens, en personnalisant la prise en charge pour optimiser les protocoles», résume le Dr Diane de Montlaur, coordinatrice du centre d’assistance médicale à la procréation (AMP) du CHU de Poitiers.Le centre, dirigé par le Pr Xavier Fritel, gyné-cologue, fête cette année les dix ans du premier bébé né par fécondation in vitro (FIV) en 2008. Depuis, l’activité du centre d’AMP n’a de cesse d’augmenter. Quelque 200 nouveaux couples y sont accueillis, 350 ponctions en vue d’une FIV et 70 cycles pour insémination intra-utérine réa-lisés chaque année, ce qui en fait un centre dans la moyenne nationale en termes d’activité. Les résultats y sont très satisfaisants. «En termes de bébé à la maison, pour les couples engagés dans cette démarche, la moyenne nationale se situe

à 21% de chance. Ici, en 2016, le chiffre s’élève à 27 % et, pour 2017, nous allons dépasser les 30 %. Soit une chance sur trois d’avoir un bébé.»Insémination intra-uté-rine, fécondation in vitro classique et féconda-tion par micro-injection intra-cytoplasmique du spermatozoïde (ICSI) : c’est un staff pluridis-ciplinaire (cliniciens,

biologistes, sages-femmes, psychologue), qui se réunit chaque semaine et décide collectivement des traitements et protocoles adaptés à chaque patiente, du nombre d’embryons et de la stra-tégie de transfert, en fonction des paramètres du couple, féminins et masculins. «L’AMP est une activité clinico-biologique», rappelle le Dr Philippe Grivard. «Il y a une réflexion com-mune pour chaque dossier, à chaque niveau du parcours», complète le Dr Stéphanie Robert-Bi-taudeau. La présence d’un psychologue au sein de l’équipe permet «d’humaniser» un parcours très médicalisé, par des entretiens individuels et des groupes de paroles réguliers. A noter, des consultations sont proposées à Châtellerault et Montmorillon, avec les Dr Caroline Poudou et Stéphanie Robert-Bitaudeau.Une spécificité du centre poitevin : un taux de grossesse gémellaire faible, en accord avec les recommandations de l’Agence de biomédecine. « C’est une stratégie du centre : une politique de transfert d’embryon unique. Nous privilégions la santé du bébé et de la maman, les grossesses gémellaires favorisant les risques de retard de croissance et de prématurité mais aussi des risques de complications pour la mère. C’est un message que nous nous efforçons de faire com-prendre aux couples», précise le Dr de Montlaur. Le centre d’AMP poitevin fait ainsi partie des dix centres nationaux (sur 107 centres FIV en France) avec les plus bas taux de grossesses gémellaires.

Une nouvelle activité : la préservation de la fertilitéPour faire face au besoin «énorme» en matière d’auto-conservation et de préservation de la fer-tilité, le Dr Philippe Grivard a rejoint l’équipe, du côté biologie, aux côtés de Muriel Rousseau,

Une activité réglementée et encadrée

Rappelons que l’assistance médicale à la pro-création est, aujourd’hui, réservée aux couples hétérosexuels. L’assurance maladie prend en charge les frais liés à 100 %, dans la limite de six inséminations artificielles et quatre féconda-tions in vitro, jusqu’à obtention d’une grossesse échographique, et ce, jusqu’à l’anniversaire des 43 ans de la femme et 60 ans de l’homme. En débat, au cours de la révision des lois de bioéthique à l’automne prochain : l’ouverture du centre aux femmes seules et aux couples homosexuels.

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biologiste et responsable du laboratoire d’AMP, et du Dr Anne-Sophie Neyroud, assistante. Une activité nouvelle pour le centre, ouverte en 2016 pour les hommes et 2017 pour les femmes. Les indications principales, pour les hommes, sont tous les traitements gonadotoxiques avant chimiothérapie et certaines intervention chirur-gicales, type vasectomie. Chez les femmes, les indications concernent la préservation des ovocytes avant chimiothérapie, dans le cadre des traitements gonadotoxiques pouvant com-promettre une maternité future, mais égale-ment, pour 30 % des patientes du centre, les cas d’endométriose sévère, avant chirurgie. En lien avec les endocrinologues pédiatres du CHU, le centre d’AMP accueille également les jeunes femmes atteintes du syndrome de Turner, une insuffisance ovarienne prématurée entraînant une ménopause très précoce.Les techniques de préservation de la fertilité féminine sont la congélation des ovocytes par vitrification (technique de congélation ultrarapide autorisée en France depuis 2011) mais également congélation de fragment de cortex ovarien (indi-qué pour des femmes pubères et prépubères devant démarrer une chimiothérapie en urgence). Pour les hommes, la congélation de spermatozoïdes existe en France depuis les années 70.

L’importance d’une prise en charge précoceUn couple est considéré comme infertile s’il n’a pas pu concevoir d’enfant après 12 à 24 mois de tentatives. «Après un an de tentatives sans contraception, il faut prendre contact avec le centre d’AMP pour convenir d’une première consultation», pointent les praticiens, soulignant la nécessité d’une prise en charge précoce dans un parcours long et fatigant pour le couple.«Nous sommes face à deux tendances : les femmes font des enfants de plus en plus tard. Or, après 35 ans, il existe un déclin de la qualité des ovocytes qui augmente significativement le risque d’infertilité. Et nous recevons également de plus en plus de couples jeunes avec des ano-malies de la fertilité», relève Diane de Montlaur.Indépendamment des causes génétiques ou constitutionnelles, il existe des facteurs envi-ronnementaux pouvant avoir une incidence sur la fertilité : les professions à risque (dans le cas d’exposition à de la chaleur, aux solvants, aux pesticides, à certains polluants organiques per-sistants tels que les PCB et métaux lourds...), le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, la prise de stéroïdes... Mais aussi les perturba-teurs endocriniens et l’alimentation, des axes de recherche à l’avenir. n

Paillettes de sperme congelées dans de

l’azote liquide au centre d’assistance médicale à la

procréation.

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Soins

Aromathérapie : évaluer et étendre les pratiques pour améliorer le bien-être du patientL’aromathérapie est utilisée depuis plusieurs années au CHU de Poitiers dans le service de soins palliatifs du pôle régional de cancérologie mais également au sein des pôles gériatrie et de Montmorillon notamment. Cette médecine complémentaire, qui contribue à l’amélioration du bien-être des patients, fait l’objet de deux protocoles de recherche paramédicaux, lauréats de plusieurs prix. Une commission institutionnelle planche désormais sur les pratiques d’aromathérapie pour optimiser et développer l’utilisation des huiles essentielles dans l’établissement.

«Au sein de l’unité de soins palliatifs, les équipes sont en recherche permanente de tout ce qui peut améliorer la qualité

de vie du patient», souligne Catherine Boisseau, cadre de santé certifiée en phyto-aromathérapie, qui a accompagné la mise en place des protocoles autour des huiles essentielles dans l’établis-sement. «Comme l’hypnose ou le toucher en pratique de soins, l’aromathérapie est une thé-rapeutique non médicamenteuse et non invasive, sans prescription médicale, qui peut améliorer le bien-être du patient. Nous nous y sommes donc rapidement intéressés.» C’était en 2009, à la création de l’unité de soins palliatifs du CHU de Poitiers. En accord avec l’équipe médicale, cette pionnière propose d’utiliser l’aromathérapie pour améliorer l’ambiance olfactive du service et lutter contre les odeurs, difficilement supportables tant

pour le patient que pour les équipes soignantes et les familles, lors de certains soins. «Notre pharmacopée est issue de la phytothérapie, même si nous l’avons oublié, rappelle Catherine Boisseau. Il peut y avoir jusqu’à 32 principes actifs dans une seule huile essentielle, et l’on peut également les utiliser en synergie pour en combiner les différentes propriétés.» Quelques années plus tard, l’équipe est lauréate du prix Annie d’Avray, «ce qui nous a permis d’acheter les huiles essentielles, les diffuseurs et de former une partie des soignants». Un pro-tocole d’utilisation a été défini avec le comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN). Diffusion olfactive mais aussi massages, bains de bouche ou encore bains thérapeutiques : l’utilisation des huiles essentielles, par exemple pour leurs vertus apaisantes en cas d’anxiété, de troubles du sommeil et de l’humeur... s’est

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progressivement étendue dans l’unité de soins palliatifs. «C’est une thérapeutique en plus, personnalisée en fonction des besoins du patient, qui redevient ainsi acteur de sa prise en charge.»

Recherche paramédicaleEn 2013, toujours au sein de l’unité de soins palliatifs, est mis en place un référentiel de prévention et de traitement des affections bucco-dentaires. A cause des traitements, l’altération de la muqueuse buccale est, en effet, source de douleurs pour les patients. «Nous avons créé un mélange d’huiles essentielles avec des vertus antifongiques, antibactériennes, antalgiques, anti-inflammatoires et cicatrisantes. Après sept jours d’utilisation, nous avons constaté une amé-lioration de leur état», explique Catherine Bois-seau. Du côté des patients, les retours sont très positifs, avec un taux de satisfaction de 100%. Pour valider scientifiquement ce que les équipes soignantes avaient constaté «de manière empirique», un protocole de recherche, porté par Catherine Boisseau en concertation avec le Dr Laurent Montaz, chef de service des soins palliatifs, est mis en place. Sparoma est une étude comparative (bain de bouche aromatique/bain au bicarbonate de soude), conduite en collaboration avec le labora-toire de parasitologie et mycolo-gie médicale, chargé de réaliser les aromatogrammes à partir de prélèvements effectués dans la bouche des patients. Aujourd’hui, un second projet de recherche, soutenu par le fonds Alienor, lui fait suite pour développer, toujours auprès des patients souffrant d’une altération de la bouche, les bains en aromathérapie dans les services de gériatrie, de cancérologie et d’hospitalisation à domicile.

L’aromathérapie fait tache d’huileDepuis, l’utilisation des huiles essentielles s’est développée au sein du CHU : au sein du service d’hématologie du pôle régional de cancérologie, sur le site de Montmorillon à partir de 2015 et, plus récemment, au pôle de gériatrie. Aussi,

avec l’arrivée de Catherine Boisseau au sein du service d’hospitalisation à domicile, l’intégration de l’aromathérapie dans les pratiques de soins est étudiée en collaboration avec le Dr Imane Saleh, médecin coordonnateur. Face à cette demande croissante, une commission travaille aujourd’hui à la structuration institutionnelle de l’aroma-thérapie dans l’établissement. Un projet qui a obtenu l’aval de la commission du médicament en mars dernier. «Notre objectif est de recenser les pratiques actuelles, de les évaluer, les améliorer et de les étendre. Il s’agit de proposer aux patients des stratégies d’intervention efficaces», résume Mar-lène Arbutina, cadre supérieure de santé, à l’ori-gine de ce groupe de réflexion pluridisciplinaire porté par la coordination générale des soins du CHU. L’établissement de cette «feuille de route» réunit de nombreuses expertises médicales et paramédicales, à l’image du Dr Corine Lamour, praticien hospitalier en oncologie thoracique. «Je

constate chez mes patients une pratique évidente et personnelle des médecines naturelles, qu’il nous faut prendre en compte et accompagner», estime-t-elle. Le Dr Lamour poursuit une thèse au Centre d’études supé-rieures en civilisation médiévale de l’université de Poitiers, et s’intéresse à la pharmacopée du Moyen-Age. Elle suit également la formation Hippocratus, une formation diplômante autorisant la prescription de traitements

par les plantes. «L’objectif, à terme, est de déve-lopper, au sein du pôle régional de cancérologie, une consultation de soins de confort en aroma-thérapie et phytothérapie.»Afin d’améliorer les pratiques professionnelles, de nouveaux projets de recherche vont voir le jour. «La validation scientifique va permettre de développer de nouveaux savoirs. Notre objectif est d’également promouvoir conseils et informa-tions sur la bonne utilisation de l’aromathérapie auprès des patients, mais aussi, dans un deu-xième temps, à destination des paramédicaux libéraux et du grand public.» n

Un exemple de boîte d’huiles essentielles utilisée dans les services de soin. Les huiles sont répertoriées en fonction de leurs bienfaits, ici en diffusion.

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Recours

Traumatisme grave : prise en charge facilitée par le trauma centerDepuis décembre 2013, sur le territoire de l’ex-région Poitou-Charentes, les personnes gravement traumatisées sont prises en charge au sein d’une filière propre, communément appelée trauma center. Tête de pont de cette organisation, le service des urgences du centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers veille à la diffusion des bonnes pratiques.

Bientôt cinq ans après sa création, la filière de prise en charge des per-sonnes gravement traumatisées sur le territoire de l’ex-Poitou-Charentes

poursuit sa structuration, sous la houlette du centre hospitalier universitaire (CHU) de Poi-tiers. Communément appelée «trauma center», elle repose sur un protocole partagé de «triage» pré-hospitalier des patients et un accueil télé-phonique permanent facilitant le transfert des cas les plus graves vers le CHU. Objectif ? Orienter le plus vite possible les victimes d’un traumatisme violent vers l’hôpital le plus adapté et, in fine, diminuer la mortalité et la morbidité. «Cette organisation bénéficie surtout aux petits hôpitaux, isolés, qui ne savaient pas vers qui se tourner dans ce genre de situation. Ils ont désormais un interlocuteur unique et le parcours

des malades est simplifié», explique le Dr Amélie Pichot, coordinatrice médicale du trauma center. «Il y a de moins en moins d’erreur d’aiguillage, passer par le trauma center devient peu à peu un réflexe. Pour l’instant, nous privilégions une orientation des patients vers le CHU “par excès”, pour ne prendre aucun risque», signale le Pr Olivier Mimoz, chef du service des urgences adultes, service dont l’activité a augmenté en conséquence.

Protocoles communsPartagé par les urgentistes du territoire, le proto-cole de «triage» a été établi à partir d’un classe-ment des centres hospitaliers selon trois niveaux, relatifs à l’étendue de leur plateau technique, ainsi qu’une échelle de gravité du traumatisme, assor-tis d’un arbre de décision. Si la personne présente

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un bilan lésionnel modeste, elle relève de l’hôpi-tal le plus proche. Si des soins particulièrement lourds sont requis, elle est dirigée vers une structure intermédiaire ou au CHU. «En cas de choc hémorragique, les centres d’Angoulême, de La Rochelle, de Niort ou encore de Saintes sont compétents, illustre Olivier Mimoz. Mais un traumatisme crânien ou une fracture du rachis doit déclencher un transfert vers Poitiers.» Concrètement, le médecin régulateur du département d’origine appelle son homologue du service d’aide médicale urgente de la Vienne (Samu 86), qui le met alors en relation avec le réani-mateur chirurgical de garde au CHU. S’engage une conférence téléphonique à trois pour valider l’admission du patient, organiser son transport, antici-per son arrivée (prévenir un médecin spécialiste, le service d’imagerie...). Une fiche récapitule les éléments de bilan à réunir au préalable, sous forme de «check-list», une autre fait le point sur la prise en charge pré-hospitalière du traumatisme crânien ; l’objectif étant aussi d’uniformiser les pratiques.

Retours d’expériencesBien sûr, l’existence de protocoles ne suffit pas. Encore faut-il les faire connaître... et les faire appliquer. «Notre principale tâche consiste à bien diffuser les informations relatives au fonc-tionnement de la filière et à les expliquer. C’est un travail permanent, car de manière générale, dans les services d’urgence, le personnel se renouvelle souvent», constate Amélie Pichot. Pour faire vivre le réseau, l’équipe de Poitiers échange avec les autres structures-membres au fil de l’eau et se déplace ponctuellement pour des rencontres plus formelles. L’occasion de réfléchir à des améliorations face à certains dys-fonctionnements : quand une procédure n’est pas applicable telle quelle, quand le CHU n’a pas pu accueillir une personne gravement traumatisée faute de place, quand un autre patient lui a été adressé trop tardivement, après avoir déjà fait l’objet d’un bilan dans un autre hôpital... Régulièrement – tous les ans jusqu’en 2016 et

La prise en charge du «traumatisé grave» au CHUCoordinateur du trauma center, le centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers est aussi le mieux équipé pour prendre en charge les victimes d’un traumatisme grave sur le territoire de l’ex-région Poitou-Charentes. Il dispose en effet de moyens en radiologie interventionnelle, en réanimation chirurgicale, notamment neurochirurgicale, en chirurgie (cardiothoracique, neurochirurgie...), disponibles 24 heures sur 24. Dans la salle d’accueil des urgences vitales (SAUV), l’un des quatre emplacements est réservé aux patients de la filière. «L’une des particularités de notre service est que les réanimateurs interviennent avec les urgentistes, dès l’arrivée, et non pas dans un second temps. Cela permet de mutualiser les compétences et d’éviter les pertes d’information, signale Olivier Mimoz. Via le trauma center, nous accueillons environ 40 patients par mois, dont l’immense majorité fait l’objet d’une surveillance en réanimation. Originaires de tous les départements, ce sont surtout des victimes d’accidents de la route.»

tous les deux ans désormais – les intervenants de la filière se réunissent une journée pour faire un bilan d’étape ; des études de cas cliniques sont

organisées. «Nous revenons collecti-vement sur des situations réelles qui ont posé problème. Nous invitons des experts à contribuer à notre réflexion, relate Olivier Mimoz. C’est aussi une manière de faire de la formation continue.»

Registre des patients ? Pour l’instant, le trauma center ne dispose pas de données objectives sur son activité. «L’idéal serait de mettre en place et de tenir un registre des patients, poursuit le chef du service des urgences. Nous aurions ainsi une idée précise du nombre de traumati-sés pris en charge par la filière, des

conséquences effectives sur la mortalité et les complications.» Se pose aussi la question de la place de ce réseau – unique – au sein de la région Nouvelle-Aquitaine. Pourrait-il être étendu ? Etre remis à plat pour intégrer une nouvelle structure, régionale ? «Difficile à dire, répond Amélie Pichot. Il n’y a pas encore eu de discussions officielles sur le sujet.» n

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Appel à la générosité

Innovation : cinq projets déjà financés grâce au fonds AliénorLancé en 2016, le fonds Aliénor du centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers soutient la recherche et l’innovation en santé. Au printemps 2018, il a distribué les fruits de sa première levée de fonds à cinq projets. Six nouvelles équipes de recherche sont accompagnées depuis cette année.

Au centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers, le fonds Aliénor a attribué au printemps dernier ses premiers financements au profit de la

recherche en santé et de l’innovation médicale. La collecte de dons menée depuis deux ans a permis de distribuer 223 192 euros à cinq projets sélectionnés en 2016. Un peu plus de 104 000 euros bénéficient à l’équipe du Dr Sébas-tien Levesque, qui teste l’usage de la tomographie par cohérence optique (OCT) – une technique d’imagerie innovante – après la pose d’un «stent» coronaire, dont il s’agit de vérifier la bonne posi-tion dans l’artère. Le projet du Pr Nicolas Leve-ziel sur la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) obtient près de 85 000 euros : il cherche

à comprendre les causes encore mal connues de la maladie et à pallier l’absence de modèle animal (parmi les animaux de laboratoire), en développant des modèles cellulaires. La troisième étude cofinancée par le fonds, à hauteur de 14 300 euros, est celle du Pr Benoît Bataille, sur les méningiomes (tumeurs cérébrales). Chaque enveloppe représente la moitié du budget estimé pour le projet ; le CHU s’engage à financer les 50 % restants. Cette première levée de fonds a aussi participé, à la marge, à l’acquisition de deux équipements de pointe : un robot «Rosa®» d’assistance en neurochirurgie, notamment utilisé pour traiter la maladie de Parkinson, et un appareil analytique «LC MS/MS», pour les recherches du Pr Virginie Migeot sur les pertur-bateurs endocriniens. Il permet de détecter et de mesurer leur présence, à l’état de traces, dans les liquides biologiques (urines, sang...).

Actions de communication«Pour nos chercheurs, c’est une démarche iné-dite. En effet, une fois leur projet retenu, c’est à eux – avec le soutien de l’équipe du fonds Aliénor bien sûr – de convaincre les potentiels contributeurs en allant à leur rencontre, en expliquant l’intérêt de leur démarche, indique Harold Astre, directeur de la recherche du CHU. Ils doivent se montrer disponibles et

Comment sont sélectionnés les projets ?Les projets de recherche clinique et fondamentale soutenus par le fonds Aliénor sont choisis via un processus d’appel à projets interne au centre hospitalier universitaire (CHU) de Poitiers. Chaque candidature reçue est examinée par deux experts, dont l’un extérieur à l’établissement, puis par le conseil scientifique du fonds de dotation, qui établit un classement. L’évaluation prend en compte la qualité scientifique de la démarche (50% de la note finale), son aspect «grand public» (un quart de la note) et la solidité de l’équipe aux manettes (un quart de la note). C’est le conseil d’administration qui arrête la sélection finale, au regard des priorités du CHU notamment. Le budget global de chaque projet ne peut pas dépasser 300 000 euros. Pour être financées, les équipes doivent réussir à lever 50 % des fonds nécessaires ; le CHU prend alors le solde à sa charge.

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accessibles. On les retrouve à un dîner, à un concert, sur un terrain de golf...» Pour l’année 2017, le montant total de la collecte s’est élevé à près de 300 000 euros. Plus de 200 particuliers, entreprises et associations – locales ou nationales – ont participé. Parmi les opérations de commu-nication phares, on compte les soirées «Goûter l’invisible» organisées en mars 2017 et en février 2018 par l’association Les Yeux grands fermés et le Rotary Club Poitiers-Futuroscope au profit du fonds Aliénor, ainsi que «La nuit des chercheurs» dont la première édition a eu lieu en septembre 2017 au CHU. L’occasion pour le grand public d’échanger directement avec les professionnels sur leur activité, leurs résultats et de visiter les laboratoires. Chaque année, le fonds organise également une soirée de gala autour d’un dîner gastronomique. «Nous souhaitons par ailleurs informer les donateurs de la mise en œuvre des actions qu’ils supportent. Nous comptons évaluer tous les ans l’état d’avancement de ces dernières», explique Harold Astre. En attendant, six nouveaux projets ont été sélectionnés pour la période 2018-2019. «Ils s’inscrivent dans la stra-tégie plus globale du CHU, visant à consolider la recherche fondamentale et clinique, souligne le Pr Gérard Mauco, vice-président du directoire du CHU en charge de la recherche et secrétaire du fonds Aliénor. Tous s’appuient sur des unités de recherche labellisées.»

Six nouveaux projetsPour un budget total de 300 000 euros, le Pr Phi-lippe Rigoard souhaite poursuivre le développe-ment de l’application «Predipain» pour mieux

soigner le mal de dos, en évaluant plus finement la douleur. Elle se fonde sur une «carte» de la douleur que le patient dessine lui-même : sur un écran tactile affichant une silhouette humaine, il représente la localisation et l’intensité de cette dernière. L’application prend aussi en compte des données relatives à son mode de vie ou son profil psychologique. L’étude «Long-sleep» du Pr Xavier Drouot s’intéresse aux moyens d’améliorer le sommeil – et ainsi la récupéra-tion – des patients hospitalisés en réanimation. Il s’agit d’analyser la qualité de leur sommeil et ses conséquences (112 000 euros). Dans le domaine de la transplantation, l’ingénieur en biotechnologie Clara Steichen compte générer des mini-reins à partir de cellules souches uri-naires. Ils pourraient servir à tester de nouvelles techniques pour améliorer la survie de greffons par exemple (90 000 euros). Les recherches du biologiste Pierre-Olivier Guichet portent quant à elles sur les glioblastomes, des tumeurs au cer-veau particulièrement agressives (50 000 euros). Enfin, les résultats de ce deuxième appel à projets mettent à l’honneur des champs d’étude nouveaux au CHU. Comme l’infectiologie, avec l’étude «Banco» menée par le médecin infectio-logue Blandine Rammaert, qui s’intéresse au bon usage des antibiotiques dans le cadre de la chirurgie bariatrique (environ 84 800 euros) ou la recherche paramédicale, dont relève le projet «Sobohe» (35 000 euros) de Catherine Boisseau, cadre de santé. Elle se penche sur le recours aux huiles essentielles pour les soins de bouche des patients en soins palliatifs, en gériatrie et en cancérologie, afin d’améliorer leur confort. n

De gauche à droite : le Pr Philippe Rigoard, le Pr Xavier Drouot, Clara Steichen, Pierre­Olivier Guichet, Blandine Rammaert et Catherine Boisseau.

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Brèves

Offre de soins à Montmorillon : une mise en lumière des compétences médicalesL’amphithéâtre du nouvel Espace Gartempe à Montmorillon était plein, le 20 novembre 2017, pour accueillir la soirée de présentation de l’offre de soins du site hospitalier de Montmorillon aux acteurs libé-raux et aux élus de la communauté de communes. Plus de 120 personnes étaient présentes à ce rendez-vous, dont de nombreux médecins généralistes, des kinésithérapeutes, des pharmaciens, des infirmières, tous venus pour découvrir ou redécouvrir la variété et la qualité de l’offre de soins proposée.

Tonalité positiveAu total, on compte aujourd’hui plus de vingt équiva-lents temps plein médicaux à Montmorillon. Recru-tement d’un médecin en chirurgie orthopédique, passage à cinq jours de présence en ophtalmologie, renforcement du temps en gastro-entérologie avec une présence du Dr Benoit Pichard deux jours par semaine, poursuite de l’activité de cardiologie, volonté de renforcer l’activité en rhumatologie ou en urologie… Ces bonnes nouvelles ont permis de donner une tonalité très positive à cette soirée. Elle a été ponctuée par les interventions de médecins porteurs d’un vrai projet de développement de leur activité. Ainsi, on peut citer le Dr José Cerrillo et le Dr Guillaume Roth, qui forment une équipe com-plémentaire, avec l’objectif affiché de développer l’activité d’orthopédie sur place, prothèses de hanche et de genou, mais aussi arthroscopies, et chirurgie en ambulatoire. Le Dr Thomas Courvoisier a ensuite présenté ses collègues chirurgiens viscéraux, le Pr Michel Carretier et le Dr Sana Allal, avec qui il propose une prise en charge élargie en chirurgie viscérale. De plus, un éclairage a été fait sur l’ophtal-mologie, qui compte désormais deux médecins (Dr Julie Espenan et Dr Leblanc) assurant ensemble une

présence cinq jours par semaine. Les projets en cours pour avoir un temps d’orthoptiste sur site et pour acquérir de nouveaux matériels devraient permettre de répondre encore mieux au besoin de la population dans cette discipline.

«Fier d’appartenir à cet établissement»Le Dr Stéphanie Robert et le Pr Fabrice Pierre ont montré tout le chemin parcouru par le centre périnatal de proximité qui compte désormais trois sages-femmes et trois médecins dans ses effectifs. Certains segments d’activité comme la gynécologie en ambulatoire sont à conforter mais l’activité est réelle et démontre l’intérêt de cette structure sur le bassin de population de Montmorillon.

Seniors : un Api bus pour votre santéDans le cadre des actions en santé publique menées en collaboration avec le CHU de Poitiers et l’association Proxisanté, un bus dédié à la santé des seniors, nommé Api (animation prévention itinérant) bus, sillonne les communes du Pays loudunais et du Haut-Poitou depuis l’automne 2017 et toute cette année. L’Api bus est aménagé comme une maison et animé par des professionnels de santé de l’association Proxisanté (médecins, infirmiers, diététiciennes, enseignants en activité physique adaptée, psychologue et sophrologue). Ces professionnels mettent toutes leurs compétences à disposition des personnes âgées de plus de 60 ans, lors d’ateliers individuels ou de groupes, sur diverses thématiques en santé. Chacun est ainsi accompagné, pour apprendre à améliorer et développer sa qualité de vie et à conserver son autonomie. Des

ateliers diététiques, des séances d’activité physique adaptée, ainsi que différentes animations et informations sur l’accès aux soins et ses droits sont ainsi organisés dans une ambiance conviviale et de partages. Les activités proposées sont ludiques et totalement gratuites.

Les personnes intéressées sont invitées à s’inscrire au 05 56 32 95 51 ou par courriel à :[email protected] plus d’information : www.proxisante.org

Site de Montmorillon : des évolutions visibles, avec la déconstruction du bâtiment de chirurgie et le démarrage de la construction du futur centre médico­chirurgical. Avec une ouverture prévue en 2020, ce projet sera une opportunité de renforcer l’offre de soins sur le site hospitalier de Montmorillon, au bénéfice des 40 000 habitants de ce bassin de vie.

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Brèves

Le donneur vivant, un atout décisif pour la greffe rénalePhilippe n’est pas un patient comme les autres. D’ailleurs, il n’en est pas un : il est donneur vivant. Ce Niortais de 61 ans vient «d’offrir» un de ses reins à son épouse. Cette dernière souffre de polykystose rénale, une maladie génétique qui provoque, à terme, une insuffisance rénale chronique. L’épouse de Philippe n’avait que deux options de traitement : la dialyse ou la greffe de rein : «C’était une évidence, à mes yeux, et surtout si cela permettait à mon épouse de guérir.» Philippe sera suivi tous les ans, au CHU de Poitiers, par le Pr Antoine Thierry, néphrologue, et par Nathalie Chargé, infirmière coordinatrice des greffes rénales. «Pour répondre à la pénurie de gref-fons, le recours au donneur vivant est une stratégie que nous devons développer», précise le Pr Thierry. Depuis le début de l’année 2017, sept patients ont bénéficié au CHU de Poitiers d’une transplantation rénale à partir d’un donneur vivant.

La greffe de rein : une vieille tradition à PoitiersA ce jour, environ 180 personnes sont en attente d’une transplantation rénale sur le territoire de l’ex-région Poitou-Charentes et inscrites sur la liste d’attente de notre centre. Face à cette demande toujours plus forte, la révision des lois de bioéthiques en 2011 a permis d’élargir le cercle des donneurs vivants aux amis proches ayant des liens affectifs et durables depuis plus de deux ans. Tout le monde ne peut cependant pas donner un rein. L’Agence de biomédecine a établi des critères précis auxquels doit répondre le poten-tiel donneur. A partir du moment où nous évaluons un potentiel donneur, un ensemble d’examens sont

réalisés pour vérifier la faisabilité du don et cela peut prendre entre quatre à six mois. Une fois la date d’intervention programmée, le patient et son donneur sont hospitalisés dans le service de néphrologie. La chirurgie commence par le prélèvement chez le donneur à l’aide du robot chirurgical DaVinci®, réalisé par le Dr Pierre Pillot, urologue. Puis c’est la transplantation proprement dite, réalisée par le second urologue, le Dr Pierre-Olivier Delpech. Le suivi médical du donneur comme du receveur est ensuite assuré par le service de néphrologie.

De meilleurs greffonsLes avantages d’une greffe à partir d’un donneur vivant sont multiples. Avant 2016, seulement trois reins en moyenne étaient prélevés à partir d’un donneur vivant. L’année dernière, ce chiffre a aug-menté à sept, puis d’ici à la fin de l’année, ce chiffre pourrait passer à huit. Et le Pr Thierry de conclure : «L’Agence de la biomédecine souhaite que les centres de transplantation augmentent dans les cinq ans qui viennent cette activité. En 2020, notre objectif est de réaliser une vingtaine de greffes rénales à partir de donneurs vivants.»

Le rein de Philippe est prélevé, préparé puis greffé à sa femme dans la foulée.

Dermatologie : un symposium régional pour mettre en avant la rechercheLe 20 novembre 2017, a eu lieu le premier symposium de recherche en inflammation et cancérologie dermatologiques en Nouvelle-Aquitaine, organisé par les professeurs Jean-Claude Lecron, directeur du laboratoire inflammation, tissus épithéliaux et cytokines (Litec) EA 4331 et chef du service d’immunologie et inflammation au CHU de Poitiers, et Alain Taïeb, responsable de l’unité Inserm U1035 à l’hôpital Saint-André de Bordeaux. C’est Françoise Jeanson, déléguée à la santé et à la silver économie en Nouvelle-Aquitaine, qui a ouvert le symposium. Cette première rencontre, qui a réuni plus de 80 professionnels de recherche en biologie santé, visait à rassembler et à donner plus de visibilité aux équipes de la Nouvelle-Aquitaine, qui travaillent en collaboration depuis plusieurs années dans le domaine

de la recherche en inflammation et cancérologie dermatologiques. Les différentes équipes, venues de Bordeaux, de Poitiers mais aussi de Limoges, ont ainsi pu exposer leurs nombreux travaux sur le sujet et présenter leurs projets de recherche à leurs confrères de la grande région et aux différents partenaires qui exercent dans le domaine de la santé. Les professeurs Lecron et Taïeb ont souhaité, à cette occasion, valoriser les équipes le temps d’une journée, et mettre en avant toutes les collaborations existantes et celles à venir, autour de la recherche en dermatologie. Satisfaits de son succès, ces derniers ont ainsi déjà pu convenir de la date du prochain symposium de recherche en inflammation et cancérologie dermatologiques. Il se tiendra le 19 novembre 2018, cette fois-ci à Poitiers.

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Samu-Smur : de nouveaux équipements pour améliorer la sécurité de tousEtre mieux vu et mieux entendu pour plus de sécurité, tel est le nouveau leitmotiv du Samu-Smur (Service d’aide médicale urgente - Service mobile d’urgence et de réanimation) de la Vienne. Et dans les faits, cela se traduit par l’acquisition de nouveaux véhicules conçus pour améliorer le temps d’intervention : deux véhicules légers médi-calisés de type 4 × 4 et trois unités mobiles d’hospi-talisation (ambulance avec une cellule carrée) jaune vif (teinte Ral 1016 selon la norme européenne). Ces ambulances sont des véhicules uniques en France, qui plus est fabriqués sur mesure selon les demandes du personnel du Samu-Smur, qui sillonnent la Vienne. Le Samu-Smur disposait de sept ambulances il y a deux ans, dont un poste de commandement en cas de plan blanc qui devait être sorti tous les mois pour s’assurer de son bon fonctionnement. L’équipe du Pr Olivier Mimoz, responsable du service des urgences adultes, Samu 86 et Smur au CHU de Poitiers, a donc souhaité réduire le parc automobile tout en bénéficiant de véhicules plus performants.

Nouvelle sirèneEn plus d’être très visible, cette nouvelle flotte innove aussi par le son avec une sirène internationale qui

Journée de sécurité intérieure : le Samu 86 en démonstration à PoitiersDans le cadre de la journée nationale de sécurité intérieure, Isabelle Dilhac, la préfète de la Vienne, avait organisé une manifestation sur le parking d’Auchan sud Poitiers, le samedi 14 octobre 2017. Le Samu 86 du CHU de Poitiers, qui avait déjà collaboré à l’événement l’année dernière, a été invité à y participer cette année.«Nous sommes aussi des acteurs de la sécurité», affirme le Pr Olivier Mimoz, responsable du service des urgences adultes et du Samu 86 au CHU de Poitiers. Les docteurs Pierre Vandingenen, responsable du centre d’enseignement des soins d’urgences 86, et Henri Delelis-Fanien, directeur médical du Samu de Poitiers, ont participé activement à l’organisation de la journée.

s’ajoute au «deux-tons» classique obligatoire. Et le retour d’expérience est très positif. «Le risque de sur-accident est important en intervention et nous sentons une amélioration palpable dans certaines situations, notamment sur l’autoroute et en péri-phérie du centre-ville, où ces nouveaux véhicules nous facilitent l’accès aux patients en situation d’urgence vitale, précise le Dr Delelis-Fanien. Grâce à ces véhicules ultra-performants, la sécurité des usagers et des équipes du Smur mieux identifiés est meilleure.» Toutes ces innovations, qui ont pu paraitre prétentieuses à certains dans un premier temps, sont maintenant copiées par d’autres équipes. Dans la Vienne, elles vont notamment être progressivement étendues à tous les véhicules du Samu-Smur du groupement hospitalier de territoire (GHT) afin de faciliter le travail des équipes et permettre une prise en charge médicale identique sur tout le territoire.

Pneumologie : les professionnels de la région à la découverte des équipements du CHUJeudi 7 décembre, 44 membres du Club Poitou-Charentes des pneumologues (hospitaliers et libéraux) ont répondu à l’invitation du Pr Jean-Claude Meurice, chef du service de pneumologie du CHU, et du Pr Christophe Jayle, chirurgien cardio-thoracique au CHU, pour visiter les infrastructures du centre cardio-vasculaire et pour découvrir et tester le robot chirurgical DaVinci®.«Ce club, créé il y a vingt­cinq ans à l’initiative du Pr Meurice et du Dr Pierre Doré, chef du service de pneumologie du centre hospitalier de La Rochelle, se réunit deux fois par an dans des villes différentes de l’ancienne région Poitou­Charentes, indique le Pr Jayle. D’habitude, nous discutons plutôt de cas concrets, notamment de patients avec des pathologies compliquées, mais comme cette réunion se déroulait à Poitiers, nous avons proposé à nos collègues de découvrir nos outils de travail. Tous ont pu faire les apprentis chirurgiens sur le simulateur et sont repartis impressionnés.»Le Pr Jayle a notamment détaillé les apports du robot chirurgical : prise en charge de nouvelles pathologies et moins de douleurs, une récupération plus rapide et une durée du séjour d’hospitalisation qui est passée de sept à quatre jours pour les patients opérés d’une lobectomie (ablation d’une partie du poumon).

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Brèves

Coopération internationale : un urologue brésilien en immersion au CHUDans le cadre de la coopération de la conférence des directeurs généraux de CHU avec le Brésil, une convention cadre a été signée l’été dernier, prévoyant l’accueil de médecins brésiliens dans des CHU français pour un stage médical d’observation. Le CHU de Poitiers, intégré dans la première vague de ce dispositif, a accueilli le Dr José Eugênio Aubert Da Rocha Junior, un urologue brésilien, du 28 novembre au 7 décembre. Il a été accueilli et encadré par le Dr Thomas Charles, chef de service d’urologie, qui a mis les petits plats dans les grands pour concocter à cet urologue (francophile et gastronome) un programme sur mesure lui permettant de découvrir toutes les facettes de l’activité d’un service d’urologie.

Coopération internationale : le Vietnam comme partenaireLes échanges avaient pour objectif de recenser toutes les thématiques de coopération existantes et de définir les axes de coopération prioritaires. Plusieurs domaines ont été mentionnés, notamment l’enseignement supérieur, les relations commerciales, les nouvelles technologies et l’innovation, la santé.

Sur ce dernier volet, le CHU de Poitiers a eu l’opportunité de présenter l’historique de la coopération, notamment en neurochirurgie avec le démarrage d’une coopération qui a duré plus de vingt-cinq ans.Depuis 1992, plus de cinquante missions ont eu lieu à l’initiative du Pr Françoise Lapierre, présente pour l’occasion. Plus de 80 médecins ont

été formés, qui sont à leur tour devenus formateurs. Un autre partenariat a été initié à l’initiative du Pr Jean-Baptiste Ricco, en chirurgie vasculaire, en lien avec le CHU d’Ho Chi Minh.A ce jour, l’objectif est de structurer un ou deux nouveaux thèmes de coopération, qui pourraient être en lien avec des spécialités médicales (par exemple en cardiologie ou en cancérologie), mais aussi avec des thématiques organisationnelles ou managériales (politique de gestion de la qualité, management des organisations, structuration de la maintenance et du secteur biomédical).La volonté institutionnelle est de conforter l’axe santé dans le cadre du partenariat avec Grand Poitiers, en établissant une convention avec un établissement hospitalier partenaire au Vietnam, en lien étroit avec la faculté de médecine et l’université.

Coopération internationale : des urgentistes du CHU à l’assaut des AndesIls ont pris allemand seconde langue au collège et ne maitrisent les rudiments de l’espagnol que depuis quelques semaines, mais ce n’est qu’un détail pour le Dr Jean-Yves Lardeur, médecin urgentiste au CHU de Poitiers, et son collègue Bruno Bainvel, infirmier urgentiste, qui s’apprêtent à partir en Argentine, le 14 mars, dans le cadre d’une coopération interna-tionale entre le CHU et le ministère de la Santé de Jujuy. Cette province argentine est située au nord-est de l’Argentine, au pied des Andes, entre 1 300 m et 3 700 m d’altitude. Plusieurs échanges sur la théma-tique des urgences hospitalières et pré-hospitalières ont déjà eu lieu entre les hôpitaux de cette région et le CHU ces dernières années, en lien étroit avec le conseil départemental de la Vienne. Cela a permis au ministère de la Santé de Jujuy de mettre en place un plan de restructuration de ces services.

Une coopération dynamiqueEn 2015, deux médecins de l’hôpital de San Roque, situé dans la province de Jujuy, en Argentine, avaient été accueillis au CHU pendant un mois : un médecin infectiologue et un médecin urgentiste, le Dr Pablo Jure, responsable du Same 107 (service d’aide médi-cale urgente argentin) au ministère de la Santé de Jujuy. Ce dernier est revenu en juin dernier pour signer une convention hospitalière internationale avec le CHU. L’organisation du Same est la copie fidèle du schéma français. Un hélicoptère a été acheté par le ministère de la Santé de Jujuy, permettant des éva-cuations sanitaires héliportées dans les zones reculées de la province, et des ambulances du Same ont été aménagées en tenant compte du modèle poitevin.

Photo prise par le Dr Philippe Lardeur, dans la salle de déchocage de l’hôpital argentin.

d’ailleurs représenté, par Stéphan Maret, directeur de la communication et du mécénat, et le Pr Joseph Allal, chef du service médico­chirurgical de cardiologie. Lors du déplacement de cette délégation au Vietnam, trois hôpitaux notamment ont été visités : l’hôpital A de Thaï Nguyen, l’hôpital central de Huê ainsi que l’hôpital 115 de Ho Chi Minh avec lequel le CHU de Poitiers coopère depuis plus de 20 ans, en particulier en neurochirurgie.

Le 25 avril, une délégation de Grand Poitiers, conduite par El Mustapha Belgsir, vice­président en charge de la technopole, de l’enseignement supérieur, de la recherche, du numérique et de l’innovation (à droite sur la photo), a signé un accord d’intention de coopération avec la province de Thaï Nguyen. Cet accord comporte un volet santé. Le CHU de Poitiers était

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Questions à Franck Leclère, chirurgien plasticienArrivé au CHU de Poitiers en novembre 2017, le Dr Franck Leclère y a intégré le service de chirurgie plastique, aux côtés du Dr Vincent Huguier. Après un clinicat en 2011 à l’université de Berne, en Suisse, le Dr Leclère a effectué sa mobilité, en 2012, au centre de lutte anticancer, l’institut Gustave Roussy. Il a été élu comme membre associé de l’Aca-démie nationale de chirurgie en 2013. Entre 2013 et 2017, il a travaillé au sein du service de chirurgie plastique du CHU de Bordeaux où il a été formé à la réassignation génitale. Le Dr Leclère est membre de la société française de chirurgie plastique (SOFCPRE), membre associé de la société française de chirurgie de la main (GEM), membre de la société fran-çaise de prise en charge du transsexualisme (SOFECT) et trésorier de la société française de microchirurgie (GAM). Depuis onze ans, il poursuit également des travaux de recherche avec l’unité Inserm U1189, dirigée par le Pr Serge Mordon.

Docteur Leclère, pouvez-vous nous présen-ter le service de chirurgie plastique ?Avant toute chose, il faut avoir à l’esprit que la chirurgie plastique est une activité trans-versale. Au CHU de Poitiers, nous exerçons des activités de soin et des activités de recours et notre spécialité ne se limite heureusement pas à l’image véhiculée par les médias ! Elle comprend certes la chirurgie esthétique, mais se décline également en sénologie et reconstruction du sein, cancérologie cutanée, chirurgie post-bariatrique, chirurgie des infections de la peau et des tissus mous, chirurgie reconstructrice et microchirurgie, brûlologie, chirurgie de la main, et chirurgie de la réassignation génitale. Nous fonctionnons actuel-lement avec trois chirurgiens et bientôt quatre avec l’arrivée en novembre prochain du Docteur Paulus : deux praticiens hospitaliers, un praticien attaché, et un chef de clinique. Nous accueillons deux internes de spécialité et, à moyen terme, nous voulons également accueillir un interne issu d’une autre spécialité, car, comme je vous l’ai dit, la chirurgie plastique est une discipline transversale.

Pouvez-vous décrire votre activité clinique au sein du service de chirurgie plastique ?Tout d’abord, je mène une activité généraliste de chirurgie plastique. Très simplement, il s’agit de

proposer une offre de soin et une activité de recours telle que je vous l’ai décrite précédemment. Je compte mettre l’accent sur le dialogue avec les autres spéciali-tés. En tant que chirurgien plasticien, je travaille avec les chirurgiens orthopédistes pour la couverture des membres et la chirurgie de la main, avec les chirur-giens digestifs pour la chirurgie post-bariatrique ou la couverture des amputations abdomino-périnéales, avec les chirurgiens urologues pour la couverture

des pertes de substance du périnée, avec les chirurgiens gynécologues pour la reconstruc-tion mammaire… Mais également d’autres spécialités moins chirurgicales comme c’est le cas avec la dermatologie ou lorsque nous devons opérer en urgence les patients lors d’extravasation de produits de chimiothéra-pie. D’un point de vue personnel, je compte aussi installer une vraie collaboration avec les anesthésistes car on oublie trop souvent qu’ils sont derrière le rideau lors d’une intervention et que sans leur travail, on ne pourrait pas faire le nôtre. Je souhaite aussi développer la réassi-gnation génitale au CHU de Poitiers. C’est une spécialité de recours et très peu de centres, en France, proposent cette offre de soins.

Vous menez aussi une activité universitaire. Pouvez-vous en dire plus ?Je suis membre, depuis onze ans, de l’unité Inserm U1189, lilloise, dirigée par le pro-fesseur Serge Mordon, spécialiste de l’outil laser en chirurgie plastique. Je travaille sur

deux projets universitaires. Le premier porte sur les microanastomoses vasculaires assistées par laser. Très simplement, nous parlons de reconnections de petits vaisseaux sanguins (1-2 mm) avec l’outil laser. Le second projet évoque le remodelage cartilagineux au laser, notamment pour traiter les oreilles décollées. Par ce biais, nous éviterons une opération chirurgicale aux enfants avec l’utilisation du laser pour rendre le cartilage élastique et d’une atèle conçue par impres-sion 3D. Je continue également de collaborer avec la Suisse (université de Berne) sur un modèle animal d’allotransplantation : nous testons un immunosup-presseur sous forme de gel résorbable. Au CHU de Poitiers, je me suis rapproché du Professeur Richer et des multiples possibilités techniques et de recherche que le Simlife® peut apporter à notre spécialité. Ce mannequin humanoïde à très haut degré de réa-lisme utilisant des corps associés à un dispositif de circulation pulsatile et un dispositif de ventilation a été développé par les Prs J.P Richer, J.P. Faure et C. Brèque. Il est unique au monde pour simuler des actes chirurgicaux.

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Brèves

Douleur : une journée pour échanger entre professionnelsLa 3e journée Bolipo (Bordeaux, Limoges, Poitiers) a eu lieu le 9 mars au CHU de Poitiers. Cette journée annuelle, dédiée aux professionnels de santé de la douleur de la région Nouvelle-Aquitaine, a pour objectif de favoriser les échanges sur les pratiques professionnelles et les partages d’expériences. Plus de 80 professionnels de santé, dont des médecins, soignants, étudiants, psychologues, sociologues et associations de patients, ont répondu présents à l’invitation. Ils ont ainsi pu échanger et profiter des différentes interventions sur la prise en charge de la douleur chronique, dans sa globalité et ses spécificités, avec l’intervention de professionnels de différentes spécialités médicales et chirurgicales.

Pédiatrie : Un hôpital pour les enfants garde le capL’assemblée générale de l’association Un hôpital pour les enfants s’est déroulée le 10 octobre 2017, au CHU de Poitiers. Ce rendez-vous annuel a été l’occasion de revenir sur la maitrise de la gestion financière et des ressources humaines menées par Gilles Kéo, le directeur d’Un hôpital pour les enfants. «L’association se porte bien financièrement, mais il faut rester vigilant à cause de la fin des contrats aidés et des réserves parlementaires. Or, la pérennisation de nos actions passe par la pérennisation de nos emplois», a-t-il affirmé. En plus des 80 bénévoles qui œuvrent chaque semaine auprès des enfants, l’association emploie en effet sept personnes pour mener à bien toutes ses missions.Pour l’association, qui fête en 2018 ses 25 ans l’an prochain, l’objectif reste le même : proposer des activités culturelles ou ludiques pour améliorer les conditions d’accueil et de vie des enfants hospitalisés et de leur famille.

Journée d’échanges sur la réparation tissulaire : de la théorie à la pratiquePlus de 170 personnes ont assisté à la cinquième Journée d’échange sur la réparation tissulaire (plaies et cicatrisation) qui s’est déroulée le 7 décembre au CHU de Poitiers. L’objectif de cette journée de for-mation pluridisciplinaire, organisée tous les deux ans en partenariat avec les laboratoires Brothier, était de renforcer les connaissances du public (infirmiers, médecins, chirurgiens ou encore pharmaciens), notamment celles des plus jeunes.Les sujets abordés lors de cette journée ont concerné de nombreuses disciplines chirurgicales et médicales (ORL, chirurgie recons-tructrice, orthopédie, dermatologie, pédiatrie, endocrinologie…) évoqués par des professionnels du CHU tout au long de la journée.

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25 ans de la Maison des famillesL’association la Maison des familles fête ses 25 ans cette année et ouvrira ses portes à cette occasion.

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