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Kerguelen. Le phénix des mers australes

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Kerguelen, le phénix des mers australes

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DU MÊME AUTEUR

BREST AU TEMPS DE LA ROYALE : DE RICHELIEU À LA RÉVOLUTION, Ed. de la Cité, 1989.

VOILES ET VOILIERS AU TEMPS DE LOUIS XV ET LOUIS XVI, Ed. Dumay, 1992. BREST, MÉMOIRE OCÉANE, Ed. Nouvelles du Finistère, tome 1, 1992, tome

2, 1993. BREST DES OZANNE, en collaboration avec R. Le Bihan, Ed. Ouest-

France, 1992. PORT DE BREST, 150 ANS D'HISTOIRE. LES RACINES DU FUTUR, Ed. Nouvelles du

Finistère, 1996. BREST, PORTE OCÉANE, Ed. France-Empire, 1996.

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ALAIN BOULAIRE

Kerguelen, le phénix des mers australes

ÉDITIONS FRANCE-EMPIRE 13, rue Le Sueur, 75116 Paris

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Vous intéresse-t-il d'être au courant des livres publiés par l'éditeur de cet ouvrage ?

Envoyez simplement votre carte de visite aux ÉDITIONS FRANCE-EMPIRE Service « Vient de paraître » 13, rue Le Sueur, 75116 Paris

Et vous recevrez régulièrement, et sans engagement de votre part, nos bulletins d'information qui présentent nos différentes collections

disponibles chez votre libraire. © Éditions France-Empire, 1997.

ISBN 2-7048-0812-0 Tous droits de reproduction

et d'adaptation réservés pour tous les pays. IMPRIMÉ EN FRANCE

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« Le Phénix (du grec phoinix, "rouge", couleur de la pourpre découverte par les Phéniciens) était un oiseau fabuleux des déserts de Libye et d'Ethiopie, de la grandeur d'un aigle, qui vivait plusieurs siècles. Unique, il ne pouvait se reproduire et renaissait de ses cendres, en se faisant brûler lui-même sur un bûcher appelé immortalité. »

Dictionnaire culturel de la mythologie gréco-romaine, Nathan, Paris, 1992.

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AVANT-PROPOS

La biographie qui va suivre se veut vivante, mais non pas romancée : les seules libertés que je me sois permises est d'imaginer quelques scènes de jeunesse de la vie d'Yves- Joseph de Kerguelen, de mettre au style direct des récits d'ac- tions trouvés dans les archives, des extraits de lettres ou d'écrits du personnage lui-même.

Ceci n'est donc pas une œuvre de fiction mais le récit d'une vie plus passionnante qu'un roman et digne d'inspirer au cinéma ou à la télévision une grande œuvre pleine de couleurs et de vie.

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LE TEMPS DE L'INNOCENCE

L'enfance

Le 13 février 1734, dans la grande salle du manoir de Tré- marec, en Landudal, tout le monde s'affaire : la maîtresse de maison, Constance Rose, vient de donner le jour à un superbe petit garçon que le père, Guillaume-Marie de Ker- guelen, seigneur de Carpon et de Trémarec, a décidé, en accord avec sa femme et les parrain et marraine, de prénom- mer Yves-Joseph. Sous les auspices du saint le plus populaire de Bretagne et du père nourricier du Christ, l'enfant ne peut qu'être bien protégé ! L'hiver est froid mais le feu qui flambe dans la cheminée et le vin versé dans le verre réchauffent le cœur de l'heureux père : un garçon relèvera le nom des Kerguelen-Trémarec.

La famille est ancienne puisque Hervé de Kerguelen s'était croisé en 1248. Guillaume Kerguelen du Goazou avait épousé en 1413 Isabeau du Quistinic. De sa souche descendaient un page du Roi en 1715, un chevalier de Saint-Lazare en 1724.

Les armes de Julien Corentin de Kerguelen, seigneur de Trémarec, que conserve la lignée, sont d'« argent à trois fas- ces de gueule, surmontées de quatre mouchetures d'hermi-

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nes de sable ». La devise de la famille « Vert en tout temps » ne correspond pas aux armes mais à la signification du nom : « Le lieu où pousse le houx. »

Le seigneur de Kerguelen et de Trémarec en la paroisse de Briec, l'est aussi de Kermateano en Plogastel-Saint-Germain, Kerroc'h en la paroisse de Landrévarzec, Penanjeun en Briec, Kerbiquet, Kersaint-Guermeur, Kergoat en Melgven, Ker- laouënan et Kerfily. La liste des possessions semble impres- sionnante, mais en réalité cela suffit à peine au père d'Yves- Joseph pour tenir son rang.

Guillaume, né en 1701, a servi au régiment de Piémont. Le 24 février 1727, à Quimperlé, il a épousé Constance-Rose Morice de Beaubois, d'une notable famille de gens de robe de Quimperlé, sœur du célèbre Dom Pierre-Hyacinthe Morice, dont l'ouvrage sur la Bretagne reste aujourd'hui encore une référence, même si l'historiographie moderne permet d'en faire une lecture critique parfois acide.

Guillaume, tout en s'occupant de ses terres, commande un bataillon de milice garde-côte : les garde-côtes sont des paysans qui doivent, par un entraînement régulier et assez contraignant, être prêts à défendre le littoral en cas de descente ennemie ; ils sont toujours encadrés par des gen- tilshommes locaux qui doivent s'assurer de leur présence aux séances de tir et veiller au bon entretien des armes et des postes de guet.

Le manoir de Trémarec, en Landudal, est entré dans la famille dès le XVII siècle, lors du mariage de Guillaume de Kerguelen de Kerbiquet, conseiller au Présidial de Quimper, avec Françoise Furic, héritière du domaine.

Il s'agit d'une solide demeure bretonne, de granit taillé, d'une élégance sereine, datant du siècle précédent. La tou- relle semi-octogonale surmontée d'un toit pointu abrite un escalier ogival qui mène à l'étage. Les grosses poutres de

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chêne, à peine équarries, noircissent en raison de la fumée que dégage la vaste cheminée.

Dans la cour, un puits à la gracieuse margelle, des bâti- ments de servitude, des écuries ou des remises de voitures. L'allée qui vient de Landudal , le jour de la naissance d'Yves, est toute boueuse ; les chênes et les châtaigniers qui la bor- dent ne dressent que leurs bras morts, en ce cœur de l'hiver. Très longue, elle prend son départ entre deux piliers surmon- tés de lions, auprès de la maison du garde.

A mi-chemin, entre prés et bois, s'élève une jolie chapelle dédiée à saint Yves : il y est précieusement conservé, dans un reliquaire en argent, le pouce d'Yves de Tréguier, l'avocat des pauvres, saint patron de l'enfant qui vient de naître. Un calvaire de 1605 surmonte une pieta d'une bouleversante rusticité.

Le village de Landudal abrite deux chapelles trèviales : Notre-Dame-de-Populo, construite en pierre de taille, est dominée par un clocher composé d'une tour à galerie, en encorbellement, flanquée de deux dômes superposés. L'inté- rieur est entièrement lambrissé. Sans doute le fondateur a-t-il voulu rappeler le souvenir de l'église Santa Maria del Popolo, que Sixte IV a fait bâtir, sur le site d'un ancien sanctuaire, piazza del Popolo à Rome, et qui déborde de richesses pictu- rales et sculpturales.

Séparée de la première par un calvaire, la chapelle Saint- Tugdual — ici on dit sant Tu'l — date du XVI siècle. La voûte de bois ouvragée, œuvre de charpentiers de marine, comme dans bon nombre d'églises bretonnes, est en carène renver- sée, justifiant bien le nom de nef que l'on donne à la partie centrale de l'édifice.

Les statues de la Vierge, mais aussi celles des saints évêques bretons, celle de sant Youenn et celle de sant Tu'l, sont d'une bonne facture et brillamment coloriées. Elles veilleront toutes sur l'enfant que l'on va baptiser en ce 14 février 1734, jour dédié à saint Valentin.

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Le curé Pennarun est particulièrement honoré d'adminis- trer le sacrement au fils du seigneur du village, devant si noble compagnie.

« Yves-Joseph, fils légitime d'escuier Guillaume-Marie de Kerguelen, seigneur du Carpon, et de Constance-Rose Morice de Beaubois, a esté né le treiziesme jour de febvrier 1734 et solennellement baptisé par messire P. Pennarun, prêtre et curé, le quatorziesme jour du mesme mois et an. Parrain et marraine ont esté escuier Joseph de Kerguelen et dame.Fran- çoise Marie Millon de Kerambourg, qui signent chacun pour son respect. » Suivent les signatures de « Françoise Marie Mil- Ion, Joseph de K/guelen ; Gui Marie de K/guelen, sgr du Car- pont, P. Pennarun, prestre et curé. »

Les Kerguelen signent, selon l'habitude, en usant, en lieu et place de Ker, du fameux K barré.

Yves est officiellement entré dans le monde des chrétiens. En grandissant, le jeune garçon apprend parallèlement le

français, que ses parents veillent à lui faire pratiquer, et le breton, qui est la langue usitée le plus couramment, tant à Landudal qu'à Quimper. Tous ses jeux avec les enfants des fermiers ou des domestiques sont rythmés par le parler cornouaillais. Plus tard, à bord de ses bateaux, il ne sera pas de ces officiers qui, ne connaissant en breton que les mots pain, bara, et vin, gwin, doivent se contenter, tout au plus, de baragouiner — ou « bara-gwiner »? — avec leurs équipages !

Les Kerguelen de Pennejeun et les Kerguelen de Kerbiquet, apparentés à Guillaume, sont eux aussi capitaines de milices garde-côtes, comme la plupart des hobereaux du littoral bre- ton, et leur travail n'est pas une sinécure car, au cours du siècle qui vient de s'écouler, les tentatives de débarquement ennemies ont été relativement fréquentes : à Camaret, le 18 juin 1694 — 8 juin pour l'ennemi encore attaché au calen-

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drier julien —, les miliciens-paysans avaient appuyé les com- bats victorieux de Vauban pour bouter l'Anglais.

Mais, alors qu'Yves vient d'avoir douze ans et demi, à Lorient, les premiers jours d'octobre 1746, les choses se pas- sent moins glorieusement : les troupes britanniques de Les- tock demeurent plus de trois semaines maîtresses du terrain.

Le père d'Yves a immédiatement rejoint son poste pour encourager les paysans-miliciens à résister : il est de ceux qui, avec ses cousins Kerguelen, souhaitent que l'on porte aide et assistance aux gens de « l'Orient » ; mais le gouverneur craint que d'autres Anglais ne viennent attaquer, profitant du dégar- nissage des postes de guet. La solution est sans doute sage, mais Guillaume enrage.

A Landudal, où l'on a sérieusement craint qu'au passage les Britanniques ne s'attaquent à Concarneau, Douarnenez, ou même ne remontent l'Odet jusqu'à Quimper, on va, dans les mois qui suivent, commenter abondamment les opéra- tions : les Anglais sont bien l'ennemi héréditaire que doit combattre tout gentilhomme breton, dont le sentiment est souvent proche de celui de Dominique de Vic, marin d'Henri IV, qui disait fièrement : «J'ai sucé avec le lait de ma mère la haine des Anglais ! », mot que Guillaume ne manque jamais de rappeler. Mais les temps sont durs pour la France...

Le cœur d'Yves s'enflamme : « Père, je veux être marin pour mieux combattre et battre

les Anglais ! » La vocation est avouée, qui va se cheviller au corps du

jeune Breton gracile mais solide. En fait, Yves rêve depuis longtemps de partir sur la mer.

Dès qu'il le peut, il marche vers la chapelle de Landudal et va, s'il est seul, lire à haute voix l'inscription écrite en gothi- que, qu'il connaît par coeur : «Jehan, seigneur de Quélen et du Vieux Chastel et damoeselle Marie de Kergoet, sa compai- gne, ont faict faire cette chapelle en l'honneur de Nostre

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Dame de Populo, l'an M V » Il s'assied alors tout au fond de l'édifice et, levant les yeux vers le coffre suspendu à la voûte, entre dans son rêve.

De cruels Turcs ont attaqué son bateau alors que lui, Jehan, partait pour la Terre Sainte. Ils l'ont dépouillé de tout et l'ont jeté, à moitié mort, car il s'est vaillamment défendu, dans une espèce de caisse de bois. Son écuyer, qui partage le frêle esquif, gémit sans cesse sur les malheurs de leur sort. La Méditerranée, pour une fois houleuse, les secoue dans tous les sens. Jehan-Yves pense à sa douce femme laissée au beau pays de Landudal : « Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? », alors que les yeux de Marie étaient si bleus, sa peau si délicatement rosée, sa taille si fine et sa poitrine si rebondie...

Yves sent la fièvre monter en lui. « Prions mon écuyer, prions pour ne pas entrer en tentation...de désespérance ; prions Notre Dame la Vierge ! »

Et la Madone, si chère au cœur des Bretons, exauce les prières du vaillant chevalier. Pourquoi ne favoriserait-elle pas aussi les désirs du jeune garçon qui rêve en se prenant pour son ancêtre ?

Et la prière monte, fervente, dans le cœur redevenu celui d'un enfant...

Les années de collège

Yves-Joseph est entré au collège des jésuites de Quimper. De là, il peut facilement rejoindre l'une des résidences de ses parents : soit l'hôtel de Quimper, près de l'église Saint- Matthieu, qui jouxte celui des Saint-Allouarn, ou le manoir de Keranmaner, à Kerfeuteun, qui provient tout comme Tréma- rec de l'héritage Furie.

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Ce sont des années de bonheur pour le jeune garçon qui se donne à fond à ses études. Il a en particulier une passion pour les auteurs latins. Il est vrai que son oncle Pierre-Hyacin- the Morice, dom Morice, est un interlocuteur merveilleux dans ce domaine et, lorsqu'il vient visiter sa sœur, il ne man- que jamais d'interroger Yves-Joseph sur ses progrès dans la matière. On parle même parfois en latin et la langue devient aussi familière à Yves que le français ou que le breton qu'il parle à Landudal avec les fermiers et les domestiques de la propriété familiale.

Le jeune garçon se passionne aussi pour les sciences de la nature, l'astronomie, la physique et les mathématiques, en particulier la géométrie. Il dévore les livres de géographie et les livres de navigation avec une égale ardeur.

Devant le globe ou les cartes, il s'étonne des immenses zones vides, ces « terrae incognitae » qui témoignent de l'ignorance des hommes sur le globe qu'ils habitent.

— Mais pourquoi ne va-t-on pas explorer tous ces espaces inconnus ? De quoi a-t-on peur ?

— Patience, mon garçon, le temps n'est pas si loin encore où l'on croyait la terre plate, et plus proche encore celui où Copernic et Galilée étaient jugés comme de dangereux héré- tiques parce qu'ils affirmaient que ce n'était pas notre terre qui était le centre du monde. Alors patience, mon garçon !

— Vous avez raison, mon oncle, j'espère qu'on ne trou- vera pas de sitôt ces îles inconnues, afin que je puisse les découvrir moi-même !

— Audaces fortuna juvat ! Mais prends garde de ne pas te brûler en voulant tout avoir et tout savoir : l'arbre de la science du bien et du mal est la source de tous les maux de l'humanité ! Prudence ! Patience et prudence, mon petit Yves, mais aussi espérance...

— Oui, mon oncle !

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Le 24 mars 1746, le jeune collégien de douze ans est convo- qué par le supérieur du collège :

— Yves, soyez courageux... C'est la première fois que le jésuite ne l'appelle pas « Mon-

sieur » : le garçon en est troublé, mais du courage il en a à revendre ! N'est-il pas un rude débatteur, qui ne cède jamais lorsqu'il pense avoir raison ? N'est-il pas agile, rapide à esqui- ver les coups, teigneux et rusé lorsqu'il s'agit de se battre ?

Le supérieur ajoute : — Votre maman est morte ce matin ; elle est partie rejoin-

dre Notre Seigneur. Sans un mot, Yves a glissé au sol, évanoui. Lorsqu'il retrouve son père à Landudal, entouré de ses

grands-parents et de ses trois sœurs, dont la plus jeune ne semble pas très bien comprendre, Yves découvre en cet homme, qu'il admire tant, un être malheureux et fragile. L'en- tourant de ses bras déjà musclés, le jeune collégien sent une étrange vigueur pousser en lui : il est brusquement entré, d'un seul coup, dans sa vie d'adulte !

La mort devient familière au jeune adolescent. En 1747, ce sont ses deux grands-parents paternels qui disparaissent à leur tour et Yves voit le chef de famille de plus en plus blessé, de plus en plus voûté, alors qu'il n'a pas encore cinquante ans.

Aussi est-ce sans surprise, sinon sans douleur que, rentré chez lui pour passer Noël en famille, le fils découvre son père très affaibli : il est d'ailleurs toujours à Kerfeuteun, alors que l'usage est de passer la fête dans le manoir de Trémarec, au milieu de ses gens. Noël se passe selon la tradition, mais, dans l'église paroissiale de Landudal, en cette nuit de la Nati- vité 1750, même si la place du père semble attendre encore le retour de son occupant, c'est déjà Yves qui est le chef de

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famille et c'est lui que viennent saluer le clergé et les parois- siens, avant de s'enquérir de la santé de leur seigneur.

Guillaume-Marie rend l'âme à Dieu deux jours plus tard, le 27 décembre. Yves est désormais le chef du nom, responsable légal de ses trois sœurs, malgré son jeune âge. L'enfant est mort en lui : le jeune homme devient un homme conscient de ses responsabilités.

Dans la chapelle, Yves vient se recueillir : dans le reliquaire- buste de saint Yves, le pouce d'une des mains du santez Erwan de Tréguier peut être aperçu à travers le petit oculus vitré. Le jeune homme baise respectueusement l'objet de dévotion.

La prière d'Yves à son saint patron est fervente ; il lui demande d'être digne de ses ancêtres, mais aussi de devenir un grand marin, sans tomber dans ce que font craindre les tableaux de mission, an Taolennou, mis en œuvre par Michel Le Nobletz : sur certains d'entre eux, les marins se retrouvent en enfer, avec les femmes de mauvaise vie qui les ont entraî- nés sur les chemins de perdition... Mais le Diable est là, déjà tentateur, qui susurre à l'oreille d'Yves que les charmes de ces femmes sont tout de même source de grand plaisir. Les tempes battantes du sang qui afflue à un rythme accéléré, Yves en appelle à Dieu et à tous les saints du ciel : « ...Et ne nos inducas in tentationem, sed libera nos a Malo. Amen. » La répétition, à trois, quatre, cinq reprises, de la prière, finit par le calmer.

Dehors, le jeune homme salue la pieta du calvaire : la Vierge semble le regarder avec douleur mais aussi avec une infinie tendresse qui le rassure un peu. Yves frissonne. Le ciel est lourd de nuages noirs, le vent balaye les arbres torturés ; il est temps de rentrer au manoir où brûle un grand feu.

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L'apprentissage maritime

Mais il faut bientôt repartir, après avoir mis de l'ordre dans les affaires familiales, et retrouver Brest. En effet, Yves n'est plus, depuis quelques mois, au collège de Quimper. Le 3 juillet 1750, il est entré à Brest chez les gardes de la marine, école de formation des futurs officiers d'origine nobiliaire. Regagnant le port, Yves songe, en chevauchant, à son père : peut-être son départ a-t-il détaché le veuf un peu plus de la vie ? Malgré ses amitiés, sans doute lui manquait-il les longs échanges qu'il avait avec son fils sur les affaires du royaume et sur la marine. Même s'il adorait ses filles, il n'avait jamais su leur parler vraiment, et, dans la famille, depuis la mort de la mère, c'était Yves-Joseph le liant, toujours prêt à entamer un pas de danse avec l'une ou avec l'autre, et à demander à son père :

— Quand donc vous déciderez-vous à ouvrir ce bordeaux sur la qualité duquel vous me rabattez les oreilles ?

— Rebattez, mon fils, rebattez, car si je vous rabats les oreilles vous serez essorillé et vous ne pourrez plus entendre chanter le vin, de la carafe à votre verre, ni en entendre louer les merveilles !

Souvent, après le repas, devant l'élégante cheminée de Quimper ou le plus rustique foyer de Trémarec, lorsque les jeunes filles s'étaient retirées, les deux hommes ont savouré en silence la joie toute simple de se savoir l'un près de l'autre. Tout cela est bien fini et Yves, l'orphelin, en charge de trois sœurs, se sent seul et fragile...

Mais, en même temps, dans le vent de la mer, Yves, le jeune homme, se sent pousser des ailes de géant : il est le maître de Trémarec, il est le maître de ces terres, de ces pro- priétés qu'il a si souvent arpentées, il est libre ! Et il pousse son cheval au galop, ne s'arrêtant que lorsque enfin il voit la mer, sa véritable passion. Maintenant que ses parents ont

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disparu, il va pouvoir mener son destin jusqu'au bout ! Lors- qu'il arrive à Brest, Yves a pris une épaisseur nouvelle et c'est d'une voix assurée que du haut de ses seize ans il crie « comte de Kerguelen » aux gardiens de la porte de la ville.

Le jeune homme loge en ville et non à l'école, comme certains de ses camarades. Il pourrait profiter de la vie, main- tenant qu'il est quasiment à la tête de la fortune parentale, mais, conscient de ses responsabilités vis-à-vis de ses sœurs — et de lui-même —, il travaille avec énergie.

Le commandant des gardes de la marine est le capitaine de vais- seau Bidé de Chezac qui sera, en 1752, l'un des soixante-douze premiers membres de la toute nouvelle Académie de Marine. Très vite, il prend conscience de la valeur du jeune garçon.

Yves-Joseph suit les cours dispensés dans les salles de MM. les Gardes du Pavillon et de la Marine. Il y a pour « maî- tre à dessiner» Nicolas Ozanne qui l'initie au dessin, mais aussi au levé de cartes. L'élève va prendre goût à ces cours et acquérir un indéniable talent de géographe. En 1751, alors que Nicolas Ozanne est appelé à Paris par le secrétaire d'Etat à la Marine Rouillé pour se voir confier une partie des dessins des « Vues du Havre », destinées à immortaliser le voyage de Louis XV en ce port, Yves de Kerguelen connaît son premier embarquement. Il va naviguer sur le Prothée, commandé par Foligny, du 26 juin au 24 septembre 1751 : le bâtiment appar- tient à l'escadre d'évolution aux ordres de Perier. Ces brèves croisières ont pour but d'amariner équipages et futurs offi- ciers, tout en exerçant des missions de surveillance, de repré- sentation ou de ravitaillement. Après trois mois de navigation, Yves doit reprendre ses cours ; mais, comme il a aimé la mer, il aime les études et s'y attelle de bon cœur.

Le 14 avril 1753, le jeune Cornouaillais embarque sur le Tigre commandé par La Villéon, avec un de ses compagnons de cours, Saulx de Rosnevet, dont il devient rapidement l'ami.

Les grands espaces du Québec le ravissent ; curieux de

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tout, il rend visite à quelques tribus indiennes amies de la France et se renseigne sur les richesses du pays, en bois, en or et en animaux à fourrure. Il va aussi prier, en bon fidèle de la mère de Marie, patronne principale de la Bretagne, à Sainte-Anne de Beaupré, pendant, sur l'autre rive de l'Atlanti- que, du sanctuaire de Sainte-Anne d'Auray.

Il revient de la Nouvelle-France sur l'Algonquin, une rusti- que unité qui a été construite à Québec entre 1750 et 1752. Ce vaisseau de soixante-douze canons remplace le Tigre, bâti à Toulon en 1724, qui a si mal supporté la traversée qu'il a fallu le laisser sur place pour qu'il soit démoli.

Kerguelen vient d'accomplir sa première grande croisière et de découvrir le goût .des grands espaces et de l'aventure.

En 1754, Yves-Joseph est dispensé de l'enseignement théo- rique, ainsi qu'il le raconte lui-même :

« Le goût du travail et de l'application que j'apportais du collège me fit faire des progrès si rapides dans la géométrie et dans les différentes parties du métier de la mer que M. de Chézac, commandant la compagnie des gardes de la marine, m'exempta des salles en 1754. »

Le jeune élève officier, ainsi distingué par son directeur d'étu- des, est mis à la disposition des lieutenants de vaisseau de Kerans- tret, Disiers et de Goinspy. Ces trois officiers sont membres de la nouvelle Académie de Marine, que vient de créer, à Brest, en 1752, un groupe de jeunes hommes réunissant officiers de marine et ingénieurs autour de Bigot de Morogues. L'Académie s'est donné pour objectif de développer la connaissance du monde maritime et d'améliorer les techniques de navigation ; approuvée par le Secrétaire d'Etat, elle deviendra un peu plus tard Académie Royale de Marine et adoptera une très belle devise : « Per hanc prosunt omnibus artes » qu'Yves traduit aisé- ment « par elle, les savoirs sont utiles à tous ».

C'est bien à cette devise qu'obéit cette expédition dans

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laquelle chacun va investir ses talents afin «d'aller lever le plan des côtes de Bretagne », qui profitera à tous les marins naviguant dans les eaux dangereuses des mers bordières. De cette expérience, Kerguelen, bien formé par Nicolas Ozanne, conservera le goût de la cartographie et de l'hydrographie, qu'il vient pour la première fois de mettre en pratique et, d'une manière plus générale, il gardera toujours une appro- che très scientifique de son métier de marin.

La qualité des travaux accomplis lui vaut d'être désigné, en 1755, pour monter à bord de la frégate l' Héroïne, comman- dée par le lieutenant de vaisseau de Bovy, membre de l'Aca- démie des Sciences et, bien entendu, de l'Académie de Marine. Gabriel de Bovy, né à Paris en 1720, entré comme garde de la marine l'année de la naissance de Kerguelen, deviendra gouverneur des Iles Sous-le-Vent et chef d'escadre. Il est l'auteur de nombreux mémoires sur la marine, sur les Colonies, sur le commerce maritime et même d'une étude «sur la possibilité d'agrandir Paris sans en reculer les limites » !

Pour l'heure, le but du voyage de l'Héroïne, qui fait partie de l'escadre d'évolution du comte du Guay, est une meilleure connaissance des îles du Cap-Vert. La campagne dure du 15 avril au début octobre.

Après les terres de glace, pour lesquelles il aura toujours une prédilection, le jeune officier découvre les moiteurs, mais aussi les senteurs et l'enivrante langueur qui s'empare du corps sous les latitudes tropicales et équatoriales.

Au retour, le 11 octobre, Yves-Joseph est promu enseigne de vaisseau. Il est aussi, à vingt ans, choisi comme membre de l'Académie de Marine, dans laquelle tant de gens le con- naissent déjà et ont pu apprécier son talent ; même Bigot « de la Morgue », ainsi que le surnomment ses détracteurs, accueille avec chaleur le jeune récipiendaire : il est vrai qu'Yves a les quartiers de noblesse suffisants et qu'il est dans

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le sérail de ceux qui sont passés par l'Ecole de « MM. les Gar- des de la Marine et du Pavillon » ! La docte assemblée le charge de faire une étude comparée de la construction, du gréement et de la voilure de tous les bâtiments des diverses nations maritimes d'Europe.

Avant même d'avoir entrepris son travail, Kerguelen embar- que dès le 13 octobre 1755 sur la frégate l'Emeraude, com- mandée par le jeune Perrier de Salvert, fils d'un chef d'escadre, et chargée d'opérations de convoyage. La besogne ne présente pas a priori grand intérêt en temps ordinaire mais elle permet de naviguer. Dans la chambre du conseil les conversations sont de surcroît fort agréables, car le comman- dant et les officiers du bord sont de plaisante compagnie. Cependant, la vigilance doit être permanente face aux Anglais qui multiplient les actes de piraterie : pendant l'automne de cette année 1755, ils ne capturent pas moins de trois cents bâtiments de commerce, d'une valeur de 30 millions de livres. Plus grave encore, ils font prisonniers près de six mille offi- ciers, matelots, ces «gens de mer» levés par l'Inscription maritime : ils sont si peu nombreux que, à aucun moment de son histoire, le royaume n'aurait pu armer en même temps tous ses navires de guerre, de commerce et de pêche.

Yves, tout comme le jeune Perrier de Salvert, fulmine con- tre la perfide Albion ; il ne cesse de ressasser les injures faites au pavillon du Roi :

— Boscawen n'a pas beaucoup d'honneur pour avoir attiré par duplicité l'Alcide et le Lys, et les avoir capturés, alors que nous sommes toujours en paix ! M. Dubois de la Motte aurait dû réagir et le châtier !

— Tout doux, mon ami, ce n'est pas parce que ces damnés Goddam ne montrent aucune civilité que nous devons nous comporter comme eux !

— Et cet amiral West qui a incendié à Plymouth l'Espé-

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rance de M. de Bouville ! N'est-ce pas là, me direz-vous, acte de barbarie ?

— Certes, mais que voulez-vous, se soucie-t-on à Versailles ou à Paris de ce que fait notre marine ?

— Oui, Monsieur, ne dit-on pas que la Cour et Paris ne cherchent que la gaudriole et que les seuls combats que l'on cherche à gagner sont les joutes amoureuses ? Le roi lui- même...

— Chut, mon ami, vous êtes bien jeune et bien écervelé ! Taisez-vous avant de tenir des propos qui, adroitement rap- portés par quelque bonne âme, pourraient vous valoir de pas- ser quelque temps en Bastille ou en quelque autre forteresse qu'il plairait à notre lieutenant-général de police de vous choisir ! Rappelez-vous qu'en décembre dernier M. d'Ar- genson a fait signer par le roi une lettre de cachet qui exilait monseigneur l'archevêque de Paris lui-même sur sa terre de Conflans !...

— Rompons là, vous avez raison ! Mais, à propos de fêtes galantes, connaissez-vous, Messieurs, l'histoire de Mme de la Poupelinière ? Son mari, Le Riche de la Poupelinière — a-t-on vu fermier général annoncer plus clairement son attrait pour les écus ? —, avait acheté la terre de Passy de M. Samuel Ber- nard. Mais l'histoire se passe à Paris en son hôtel de la rue de Richelieu, en face de la bibliothèque du roi. Le maréchal duc de Richelieu, dans cette rue qui porte le nom de sa famille, avait fait louer une petite maison sans intérêt, sinon celui de jouxter celle de M. de la Poupelinière. Et, profitant d'une visite du mari à sa campagne de Passy, le maréchal a fait ouvrir un passage qui aboutissait dans la cheminée de la chambre de Mme de la Poupelinière. Ainsi, chaque fois qu'ils le désiraient le maréchal et la dame se visitaient.

— Peut-être est-ce là l'origine de la richesse de M. Le Riche, puisqu'il paraît que de porter des cornes apporte l'opulence !... Mais comment cela s'est-il su ?

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— Trop ladre, la dame, elle aussi près de ses sous, n'a plus versé de rente de silence à une de ses servantes, sous le fallacieux prétexte que M. le maréchal étant parti en Langue- doc, le passage ne servirait plus pendant quelque temps !

— Le passage secret ou celui de la dame ? — Comme vous y allez ! La dame n'allait tout de même

pas jouer à la veuve éplorée ! A Paris les occasions sont trop fréquentes.

— Mais, Kerguelen, ne l'interrompez donc pas pour le seul plaisir de faire un bon mot ! Comment cela s'est-il fini ?

— Eh bien, la servante raconta tout au mari, lequel fit murer le mur, après avoir fait dresser procès-verbal devant notaire. Puis il interdit sa porte à sa femme qu'il dota tout de même de huit mille livres de pension et quatre mille de ren- tes viagères !

— Il savait vivre le bougre !

Et les jours s'écoulent ainsi, les conversations des repas alimentées par les potins de Versailles ou de la marine et, souvent, par des discussions plus sérieuses, scientifiques ou théologiques, à moins que l'on n'évoque les œuvres de M. de Secondat, baron de Montesquieu, qui vient de mourir le 10 février. Comme la plupart de ses camarades, Yves partage assez largement les idées de ces messieurs les philosophes, même s'il pense souvent que la philosophie est plus sérieuse que l'image qu'ils en donnent : ses préférences vont aux auteurs grecs, et encore plus latins, lui qui aime tant la langue de Sénèque. Œuvre d'un Romain, mais écrites en grec, les Pensées de Marc-Aurèle constituent pour lui l'un des plus beaux fruits de l'intelligence et de la sagesse humaines.

Cependant, bientôt la guerre éclate et la frégate est inté- grée à l'escadre de Perrier de Salvert père qui cingle vers Saint-Domingue.

En cours de traversée, l'Emeraude, armée de 24 canons,

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S i l'archipel des Kerguelen est connu, sait-on que ce nom fut donné par le célèbre navigateur anglais Cook, en hommage à l'un de ses confrères breton, qui, en 1773, avait découvert ces îles australes ?

Yves-Joseph de Kerguelen-Trémarec est un officier de marine savant et érudit, un parfait représentant du siècle des Lumières servant dans une arme dont la haute technicité nous étonne encore aujourd'hui. La navigation, au XVIII siècle, se fait à bord de voiliers remarquables conçus par les ingénieurs-constructeurs et bâtis dans des arsenaux comme celui de Brest, pour la marine du roi. L'hydrographie et la cartographie sont de plus en plus rigoureuses grâce à des officiers comme Kerguelen.

Mais ce qui frappe le plus chez ce gentilhomme breton, c'est sa soif de vivre, son goût pour l'aventure et son amour de la marine et de la patrie.

De Landudal où il est né, il commence à servir à Brest, après des études solides à Quimper. Il va alors de Dunkerque à Rochefort, en passant par Port-Louis, de Saint-Domingue à l'Île Maurice, en passant par Bergen, mener une vie passionnante et féconde.

Il atteint le sommet de la gloire lorsque Louis XV le récompense pour avoir donné au royaume la France australe.

Mais la roche Tarpéienne est proche du Capitole, et après un second voyage au cours duquel il brave tous les interdits, Yves-Joseph de Kerguelen-Trémarec est jugé par un Conseil de guerre, qui le chasse de la marine.

Réintégré lors de la guerre d'indépendance, mais hors de la marine du roi, il va alors connaître tour à tour nouveaux départs et échecs immérités, comme si, désormais, la fortune se refusait à lui. Cependant, sans jamais baisser les bras, il continue à œuvrer pour la France et pour sa marine pendant la difficile période de la Révolution, et, tel le fabuleux phénix, il semble toujours renaître de ses cendres.

Cette vie est donc un roman fantastique que le plus imaginatif des auteurs aurait eu scrupule à écrire, tant il est plein de rebondissements, d'ombres et de lumières.

Alain Boulaire, professeur d'histoire, né et exerçant à Brest, a pour domaines de prédilection sa ville natale, l'histoire maritime du XVIII siècle, et, d'une manière plus générale, la mer dans son ensemble.

Auteur de plusieurs ouvrages consacrés à ces sujets, il veut nous faire partager aujourd'hui sa passion pour cet homme de chair et de sang qu'est Yves-Joseph de Kerguelen-Trémarec, parfaite incarnation, pour lui, de l'aventurier des mers, du siècle de la joie de vivre et des prises de conscience parfois douloureuses.

ISBN 2-7048-0812-0 130,00 FF Imprimé en France par GRAPHIC EUROPE à Bagneux

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