La Pologne, géopolitique du phénix de l’Europe

LaPologne,géopolitiqueduphénixdel’Europe

SophieCassar

LAPOLOGNE

géopolitiqueduphénixdel’Europe

ARTÈGESciencesHumaines

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polonais,ouvrantauroyaumeundébouchésurlamerNoire,oùlamenaceturqueestplusquejamaisprésente.ÀlafinduXVesiècle, malgré ces succès, le royaume est cependant toujoursmenacéparsesennemistraditionnels(lesHabsbourg,lesTurcsetlaMoscovie).Les structures de la « Républiques des Deux Nations » se

mettent progressivement en place. La Pologne est reconnuecomme prééminente mais, symboliquement, les 47 familles deboyards lituaniens les plus importantes sont dotées deblasonspolonais (UniondeHorodlo en1413).Lanoblesseestdiviséeen deux : de riches magnats proches du pouvoir et uneabondantepetitenoblesse.Leurnombreetleuragitationserventpourleroidecontrepoidsfaceauclergéetauxmagnats,etilestamené à leur accorder des concessions de plus en plusimportantes, au détriment de la royauté. Pour exploiter leursterres, lesmembres de la noblesse soumettent leurs paysans àdesjoursdecorvéedeplusenplusnombreuxet,enpleinXVIesiècle, le servage sera même rétabli. En 1505, la ConstitutionNihil novi consacre la mise en place d’une « démocratienobiliaire».Riendenouveaunedoitêtredécidéparleroisansl’accord des deux chambres de la « République » des noblespolonaisetlituaniens.Cettedériveparalysel’Étatetaffaiblitleroyaume,mêmesisapuissancecontinuedebrillerduranttoutleXVIe siècle, qui va mériter le titre de « siècle d’or de laPologne ». La hausse des prix agricoles enrichit nobles etbourgeois. La prospérité économique permet un foisonnementculturelen lienaveclaRenaissance.Àl’imitationdecequisepasseenItalie,laPolognestructuresonactivitédiplomatiqueenmettant en place des représentations permanentes à l’étranger,ainsi qu’un réseau d’informateurs, de propagandistes voire decorrupteurs pour défendre la cause royale et grandducale à

traverslescourseuropéennes9.D’autres événements affectent les équilibres internes et

externes polonais. En 1525, alors que les guerres de religiondévastentdéjà l’Europe,uncoupde tonnerre éclate : leGrandMaître de l’Ordre teutonique, jusqu’alors fer de lancecatholique, passe à la foi luthérienne, sécularise son ordre etfonde le premier État protestant d’Europe10. À la fureur deRome,ilobtientlaprotectionduroidePologne–catholique!–qui acceptedeprotéger le renégat enéchanged’uneplus largefaçademaritime sur laBaltique.En interne, face à laRéformeprotestante,etaprèsunecourtephasederépression,leroioptepourlatolérance,accordantlalibertédeculteauxRéformés.Denombreuxréfugiésaffluentdel’Ouest.LaPologneconfirmesonstatut de « pays sans bûchers ». Dans le même temps,prolongeant cette Realpolitik, et au scandale de toute laChrétienté, le roi Sigismond signe un traité avec les Turcs(1533).La Pologne reste pourtant environnée de menaces. Pour

financer une armée qui se modernise (introduction d’armes àfeu, davantage demercenaires,moins de levée enmasse de lanoblesse,maintiend’unecavaleriemobilefaceauxturco-tatars),le roi taxe paysans, bourgeois et Juifs, les nobles refusant depayer l’impôt de substitution. La paralysie nobiliaire quigangrènelaPolognevas’aggravant.En1569,l’UniondeLublinétendlesprivilègesdesnoblespolonaisauxnobleslituaniensduGrand-Duché. L’État s’en trouve de plus en plus désorganisé.L’autoritécentrales’affaiblit.Lesiècled’ordelaPolognejetteses derniers feux, avant les cruelles épreuves des sièclessuivants.

LadisparitiondelaPologneL’affaiblissement progressif de la Pologne tient à plusieurs

facteurs endogènes et exogènes. À l’intérieur du royaume, lanoblesse et les Cosaques empêchent la royauté de rétablirsolidement son autorité. À l’extérieur l’expansionnisme desSuédois,desPrussiens,desRussesetdesAutrichiensfinitparavoirraisondel’État.

LesCosaquesIls avaient été installés à l’Est par le grand-duc de Lituanie pourfairerempartcontrelesTurcs.Ils’agissaitàl’originedepaysansdeprovenances diverses qui avaient fui le servage et s’étaientorganisés militairement za porogami ( au-delà des rapides dufleuve).DansuneîleduDniepràl’embouchuredelamerNoire,laSitch,ces«Zaporogues»ou«Cosaquesenregistrés»réglaientleurs affaires demanière autonome et élisaient leursatamans ouhetmans. Leur dévouement était aléatoire et leurs provocations àl’égarddesTurcsparfoisdangereusesdiplomatiquement.

Lepouvoirroyalnecompteplus.Lapériodevoitl’apogéedusarmatisme, termequidésigne l’idéal social etpolitiquede laszlachta (noblesse polonaise) : équitation, tradition, vie ruraleprovinciale, mécénat et pacifisme. Dans le domaine artistique,ellepromeutunstylebaroquemâtinéd’orientalisme.Cetidéal–certains ont parlé d’idéologie – participe à la cohésion de laszlachtamaistémoignesurtoutd’uneabsencetotaledesensdel’État.Lamort de Sigismond-Auguste en 1572 sonne le glas de la

dynastie des Jagellon dont un membre était, jusque-là,systématiquementélu.Parmilesprétendants,lanoblessechoisitleplusoffrant.HenrideValois,frèrecadetduroideFrance,est


séried’échecs,l’aidefrançaise(envoidugénéralWeygandetdematérieldeguerremoderne)permetderéaliser le«miracledelaVistule»(août1920)etderepousserlesRusses.LetraitédeRiga(mars1921)cèdeàlaPologneunebandede200kmàl’estde la ligneCurzon (voir carte en encart central). En 1923, lesAlliésreconnaissentcettenouvellefrontièreorientale.LaPologne«restaurée»s’étendalorssur389000km2et

compte 27 millions d’habitants. Elle couvre la moitié de lasuperficied’avant1772.Lesdeuxtiersdesterritoiresrécupérésappartenaientà l’ancien tronçonrusse : laGalicieorientaleestrebaptisée « Petite Pologne orientale ». L’Allemagne, de soncôté, ne rend que 46 000 km2. Un énorme déséquilibresocioéconomique entre l’Ouest et l’Est marque le territoire :l’Ouest est plus industrialisé, plus européanisé alors que l’Estestplusruraletarriéré.LaPolognedoitégalementfairefaceàd’énormesdéplacementsdepopulation:desmilliersdemineurspolonais reviennentdeWestphalie allemande,des centainesdemilliers d’hommes fuient l’ancienEmpire russe.Les frontièresfixéesparlestraitésontaussicréédenombreusesminoritéssurleterritoire:desUkrainiens(14%delapopulation),desJuifs(9 %), des Biélorusses (3 %), des Allemands (2 %), desTchèques… Parmi ces minorités, les Allemands et les Juifsconnaissent lesconditionséconomiqueslesplusfavorables.LaPologne, comme tous les États issus des traités de Paix doitsigner une annexe concernant la protection desminorités, quiprévoit une possibilité d’ingérence de la Société des Nations(SDN)encasdenon-respectdesdroitsdecesdernières.Cetterestriction de souveraineté est trèsmal acceptée par les jeunesÉtatsdontlaPologne.

D’uneguerreàl’autre

LaSecondeRépubliqueAudébutdesannéesvingt,laPologneconnaîtunegravecrise

économique : inflation et paupérisation entraînent des grèves,réprimées par l’armée. Dans cette ambiance révolutionnaire,Pilsudski quitte son poste au gouvernement dès 1923,s’attachantdès lors, enobservateur actif, à renforcer sa statured’«hommeprovidentiel»éventuel.LepouvoirpassealorsauxmainsdesongrandrivalDmowski

et de son parti Endecja (ND)21, qui prône une révolutionnationale inspirée du fascisme italien et développe un idéalnationaliste polonais ennemi des minorités, des Juifs, desfrancs-maçons.Sonantigermanismeestplusfortencorequesonanticommunisme.Enmars 1925 un concordat est signé avec le Vatican, qui

reflète l’importance qu’a eue l’Église dans la constitution del’identité et de la résistance nationale polonaise sous ladomination des grands Empires. L’Église est ainsi exemptéed’impôt, lesprêtres reçoiventun salairede l’État, les coursdereligion sont étendus à toutes les écoles. La question uniaten’estpasoubliée:l’Égliserevendiqueàl’EstdenombreuxlieuxdeculteaccordésauXIXesiècleauxorthodoxesparlesRusses.La minorité ukrainienne voit ses droits baisser. Cependant, àl’extérieur,laPolognes’inquiètedeladétentedesrapportsdesAlliés avec l’Allemagne22, sous l’influence britanniqueessentiellement. Après avoirmené une politique de « prise degage » concernant les réparations de guerre, la France, lâchéepar l’Angleterre, doit évacuer la Ruhr, et l’Allemagne entrebientôtàlaSDN.

Pilsudskiaupouvoir(1926-1935)JosephPilsudski,auréolédu«miracledelaVistule»,encore

dans toutes les mémoires, critique le gouvernement Dmowskitout en poussant ses partisans dans les postes importants del’armée.Le1ermai1926,aprèsunaffrontementsanglantentresocialistes et communistes, Pilsudski prend lui-même ladirectiondestroupesarméesquelegénéralZeligowskimetàsadisposition.IlmarchesurVarsovieetaprèsdescombatsderuequifontplusde300morts,s’emparedupouvoir.Laprotestationestfaiblefaceàcecoupd’État,largementapprouvé,notammentpar la communauté juive, victime de la politique du partiND.Pilsudski entame alors neuf années de pouvoir. Il refuse lafonctionprésidentielle,pournepasêtreassimiléàundictateur:lemaréchalPilsudskiest«seulement»MinistredelaGuerreetInspecteurgénéraldesarméesdans14gouvernements.La « Sanacja » (assainissement) devient l’idée centrale du

nouveau régime, faite de logique antiparlementaire et de luttecontre la corruption. Des colonels sont placés dans tous lesministères et la Constitution est amendée pour permettre auprésident de gouverner par décret sans passer par la Diète.L’opposition est rapidement muselée par des arrestations,surtoutdecommunistes,cesderniersdénonçantunerestaurationrampante de la royauté. En effet, Pilsudski s’est rallié lesaristocrates et a confié la direction du parti de gouvernement(BBWR)àl’und’entreeux,leprinceRadziwill.L’améliorationdu contexte économique jusqu’en1929 satisfait la population,quinemanifestepasbeaucoupdemécontentement.Cependant,l’oppositiontentedecritiquerl’actiondecertains

ministres à la Diète. Pilsudski réagit en faisant nommer enfévrier1929ungouvernementoùlescolonelssontàlatêtede6


occidentale.L’Églisecatholiquedemeurefinalementlaseuleinstitution assez organisée pour résister efficacement à lamainmisetotaledutotalitarismecommuniste.

1949-1979:dustalinismeau«frontdurefus»Selon la tradition stalinienne, lesprocèspolitiques touchent

plusieurscouchesdelapopulation,lescommunistesconvaincusy compris, et toutes les raisons sont bonnes : originesbourgeoises, appartenance antérieure à l’AK, liens avec desparents émigrés, « déviationnisme de droite ». Ce régime deterreur permet de mettre au pas la société. En 1952, uneConstitution précise les contours politiques du régime : laRépublique Populaire de Pologne devient une DémocratiePopulaire.Lesélectionslégislativesquisuiventdonnent99,8%desvoixaubloccommuniste.Laprioritéà l’industrie lourdeaboutità lamiseenplacede

nombreuxchantiers:complexechimiqueàAuschwitz,fonderieLénineprèsdeCracovie,autourdelaquellelavilleouvrièredeNowa Huta doit être le pendant prolétaire de la Cracovie« bourgeoise ». L’augmentation de la production est le fait del’augmentation de la main-d’œuvre et non de la productivité.L’industrie absorbe en effet les travailleurs qui quittent lescampagnessurpeuplées.La paysannerie reste cependant très nombreuse. La petite

exploitationprivéedomineencore.Lapaysannerie,trèsréticenteau message du régime, est stigmatisée par une propagande« antikoulak » : « les campagnes affament les villes », « lespaysansnourrissent les cochons avec lesgrainsdus à l’État ».Un réseau de quelques grandes exploitations modèlesnationalisées (PGR) obtiennent les crédits suffisants à leurmodernisation(machinesetengrais).

AprèslamortdeStaline,Gomulka,évincéen1947,sortdesaréclusionetseprésentecommeunvraicommuniste,victimedustalinisme.En1956, 28000prisonniers sont libérés.Aumoisdejuindelamêmeannée,desouvriersdePoznanmanifestentenréclamant « pain et liberté », brûlent des portraits de Staline,s’attaquentàlamairie.Lejeudinoir(28juin1956), lavillesemetenétatdesiègefaceauxcharssoviétiques.Lebilanestde51mortset456arrestations.Faceàcettesituation,Gomulka,àla tête du courant révisionniste du parti, reprend le contrôle :sondiscoursenfaveurd’unevoiepolonaiseverslecommunismeprovoque une ferveur populaire, le Kremlin s’incline. ÉlupremiersecrétaireduPZPR,ils’engageàréformerlaPologneetlibèredeprison lecardinalprimatStefanWyszynski. Ilsuscited’immenses espoirs mais en réalité il se met aux ordres duKremlinpourune«normalisation»delasituationpolonaise.Ilcondamne l’« esprit anarchique » des Polonais et rétablit lacensureen1957.AuseinduParti,deuxclanss’opposent.Lesstaliniens du clan de Natolin développent l’idée que les Juifssont responsables de tous les maux ; de leur côté, lesrévisionnistes, du clan Pulawska, déçus par Gomulka,développentleursidéesdansunerevueétudiante,PoProstu.La Pologne s’enfonce dans le marasme. La production

(extraction de charbon et lignite, chantiers navals, centralesthermiques, raffineriesdepétrole)est insuffisantepour remplirles caisses de l’État, qui contracte des dettes auprès desÉtatsoccidentaux pour financer des importations massives. LesPolonaischerchentàaméliorerleursituation:ilsn’hésitentpasà adhérer au PZPR sans y croire, pour profiter d’avantagesmatériels. La vie culturelle voit émerger quelques artistes derenommée internationale au cinéma (Konwich) et en littérature(GombrowiczetMilosz,enexil).Maislacensuresepoursuitet

lesécrivainsquidénoncentle«manquedepapier»sontexclusduParti.

L’Église, de son côté, entreprend une reconquête des âmes.Elle crée un mensuel, Wiez (le Lien), d’un certain niveauintellectuel.En1964,legénéralMoczar,duclanNatolin,devientMinistre

de l’Intérieur. Il est à l’origine, avec ses partisans et lemouvementPax,d’unevagueantisémite.PendantlaGuerredesSixjours(juin1967),ledangersionisteestdénoncé.Etlorsqueles étudiants s’agitent en 1968, ce sont les étudiants juifs quisontaccusésdesemerletrouble.Lethèmemobiliselesouvriersque le pouvoir arrive à ce moment à désolidariser desmouvements intellectuels. Les ouvriers défilent en masse sousles bannières « les étudiants au travail, les écrivains à leurplume » ou « nettoyons le parti de ses sionistes ». Lesconséquencesdesmouvementsde1968poussèrent20000Juifs(2/3delacommunautéquirestait)àémigrer;unepurgeparmiles étudiants et les professeurs signa la défaite des jeunesintellectuels.Les révisionnistesduparti basculèrent alors dansl’anticommunisme.Lesouvriersmanipuléscontre les intellectuelsen1968n’en

vivent pas moins dans une très grande misère matérielle,augmentée par le renchérissement chronique des biens deconsommationcourante.Àl’approchedeNoël1970,l’annonced’uneaugmentationdesprixdesdenréesalimentairesprovoquedes grèves dans les chantiers navals deGdansk. Lesmagasinssont pillés. Le mouvement est très durement réprimé et les«estimationsdesévénementsdedécembre»sontinterditesàlapublication pour empêcher une extension du mouvement aureste du pays. Mais la cassure avec le monde ouvrier est


leursproprestribunaux.Au début du XVIe siècle, la Réforme protestante touche

beaucoupdenoblescatholiquesouorthodoxes,mais,commeenFrance à la même époque, de manière éphémère. La Contre-réformecatholiques’organiseeneffet rapidementenPologne :dès la fin du Concile de Trente (1562-1563), les Jésuitespromeuvent un catholicisme plus proche de la sensibilitépopulaire.En1596,lorsdel’UniondeBrest,lesmêmesJésuitescréent l’Église gréco-catholique37 qui place la hiérarchieorthodoxesousl’autoritédupapemêmesilesrituelsgrecssontconservés. Les serfs orthodoxes des confins orientaux de laRépubliques desDeuxNations stigmatisés etméprisés par lescatholiques et les uniates trouvèrent des protecteurs chez lesCosaques.Une guerre dynastique opposa les catholiques polonais aux

luthérienssuédois(1655),donnantunecolorationdeguerredereligion à l’affrontement. Cette guerre est restée dansl’imaginaire polonais comme celle de la victoire ducatholicisme,symboliséeparl’apparitiondelaViergeNoireaumonastère de Czestochowa, qui arrêta miraculeusement laprogression des Suédois. Ce conflit terminé, l’intolérancedevient la règle ; la religion catholique est la seule religionlégale,aveclareligionjuive.Lesautrescourantsreligieuxsontniés. Au XVIIIe siècle, la Pologne, fermement ancrée dans ladomination culturelle et doctrinale du catholicisme, pouvaitapparaître en décalage relatif avec l’Europe de l’Ouest, où sedéployaitavecplusoumoinsdeforcel’influencedesLumières.En fin de compte, la disparition de la Pologne de la carte

européenne, après le partage de 1795, va donner à la religioncatholique une place incontournable dans la définition de

l’identité polonaise. L’objectif principal des élites au XIXesiècleesteneffetdemaintenirlaculturepolonaise,pourespérerun jour reconstruire un État. Pour les Polonais, la religioncatholiquedevientunmoyendes’affirmercommenonPrussienounonRusse(lasituationdesPolonaisdanslatrèscatholiqueAutriche étant différente). Les Juifs subirent non seulement lapolitique de germanisation ou de russification mais aussi lesattaquesdelapopulationcatholique,quiaunomdumaintiendela culture polonaise se montrait de plus en plus intolérante(périodedepogroms).En1918,laPolognerenaissanteissuedutraitédeVersailles

estunpaysreligieusementtrèshétérogène,oùlaminoritélaplusimportante reste celle des Juifs (10% de la population, etjusqu’à 20% dans certaines régions à l’est du territoire). Onassiste à cette époque à une montée de l’antisémitisme sur lascène politique (Parti national-démocrate ND ou Endecja deRomanDmowski).MêmesiPilsudski,néàVilniusenLituanie,refusait théoriquement la conception d’une Pologne ethnique,l’Église catholique joua un rôle important dans la sociétépolonaise de l’entre-deux-guerres et certains de ses élémentsencouragèrentl’antisémitisme.Pendantlasecondeguerremondiale,l’Églisedanssamajorité

entra en résistance mais cela n’empêcha pas l’importantecommunauté juive de disparaître. Après 1945, l’Unionsoviétique poursuivit le « nettoyage ethnique » (annexion desterritoires peuplés d’orthodoxes, expulsion des Allemands enpartie protestants). Le communisme grand-russien réalisa ainsiparadoxalement le rêve de la ND : Polonais égal catholique.Maiscettecristallisationfinitparseretournercontrel’influencecommuniste russe en Pologne.Car désormais, l’Église pouvaitlégitimement incarner la nation et catalyser la résistance

polonaise,quiallaitfinirparprécipiterlachutedurégime1989.

L’Égliseetlerégimecommuniste38Dans l’idéologie communiste, l’Église et la religion ont

vocationàdisparaîtrequandlasociétéidéaleseramiseenplace.En attendant, et faute de l’éliminer physiquement, le régimecommunistedoitutiliserlastructureecclésiastiquepourarriveràsesfins.Dès1948L’Étatpolonaisfinanceauseindel’Égliseuncourantquiluiestfavorable(lemouvementPaxdePiasecki)etpromeut une génération de « prêtres patriotes » d’originemodeste en leur octroyant des avantages comme lagestiondesécoles maternelles et des institutions charitables (les Caritas).L’objectifestdecréeruneluttedesclasseseninterne.Un concordat est signé le 14 avril 1950 entre l’épiscopat et

l’État : le clergé doit accepter certains traits du régimecommunistecommelacollectivisation,etobtientenéchangequel’enseignement religieux soit maintenu dans les écoles. Cetteautorisation est de courte durée. Dès la fin 1951, 900 prêtressont en prison. À partir de 1953, le pouvoir se durcit encoreenversl’Église: lesmascaradesdeprocèssemultiplientcontrelesprêtresetévêques«espions»ou«traîtres».L’enseignementreligieuxestbannidesécolesetdesuniversités.LePartin’adecesse d’infiltrer l’Église et de la discréditer.Maismalgré touslesmoyens dont il bénéficiait, lemouvement Pax ne fit guèreillusion auprès de la communauté des croyants. La nationcatholique s’unifia plus volontiers derrière son cardinal primatStefan Wyszynski, également archevêque de Varsovie etGniezno, qui, malgré des séjours réguliers en prison, devientl’interlocuteur incontournable. Le régime fit parfois desconcessionspourcalmerlesrévoltesquidéstabilisentlepouvoir.Ainsi, après les mouvements de 1956, le pèlerinage à


qu’un souvenir historique et son exploitation est aujourd’huianecdotique.

Élémentshumains

LesterritoireslinguistiquesetconfessionnauxLa Pologne est aujourd’hui un État avec une population

relativementhomogène.Lalangueofficielleestlepolonais,quiappartient au groupe des langues slaves dans la famille deslangues indo-européennes : 97 % des citoyens de la Polognedéclarent avoir le polonais comme langue maternelle. Cettehomogénéité est cependant récente et due aux événementsd’épurationethniqueetdedéplacementsdepopulationsliésàlaSecondeGuerremondiale.Une seule langue régionale perdureen Poméranie, dans le nord du pays, le cachoube, parlé oucompris par 250 000 à 300 000 personnes. Du fait despolitiques d’assimilation qui se sont succédé, (d’abordallemande,puispolonaiseetsurtoutsouslerégimecommunisted’après-guerre)lalanguecachoubeafaillidisparaîtrecommesessœurs le slovince ou le polabe, devenus des langues mortesaprèslaSecondeGuerremondialeetlesnombreuxmouvementsde population qu’elle a engendré. Malgré le départ de lamajorité desAllemands vivant à l’Ouest du territoire polonaisavant1945,l’allemandestencoreparléparlesdescendantsdesirréductiblesdontlamajoritévitdanslavoïvodied’Opole(10%delapopulationdecetterégion)etdanslavoïvodiedeSilésie.Les autres langues parlées en dehors du polonais sontterritorialementmoins concentrées si ce n’est dans les grandesvilles.Ils’agitdeslanguesdesimmigrésenmajoritél’ukrainien,lebiélorusseetlevietnamien.Ceslanguessontparléesdansle

cadre privé et ne laissent pas d’empreinte sur le territoire,comme en Cachoubie où laminorité a obtenu la rédaction depanneauxbilingues.Le yiddish44 a longtemps eu une assise territoriale

importanteenPologneavantdedisparaîtredufaitdelaSecondeGuerre mondiale et des derniers avatars antisémites sous lerégimecommuniste.

LesrégionspolonaisesLe système de collectivités territoriales s’étage depuis 1999

surtroisniveaux:-16voïvodies(régions);- 314 powiats ruraux (qui rassemblent entre 5 et 15

communes)et65villesayantégalementrangdepowiat;-2478gminy(communes).Le découpage territorial de la Pologne a récemment évolué,

non seulement pour rompre avec l’héritage communiste, maisaussi pour répondre aux exigences européennes.Lesvoïvodiespolonaisesétaientaunombrede46entre1975,correspondantànos départements français. Cette parcellisationmaximum sousun régime communiste permettait de casser les solidaritésterritoriales et d’instaurer un système de centralisation accrue.Dixansaprèslachutedurégime,laPolognefutlapremièreenEuropede l’Est àmettre enplace unedécentralisation : le 1erjanvier1999,laPolognenecomptaitplusque16voïvodies(voircarteenencartcentral).

Lenomdes régionspolonaisescorrespondsoitàune régionhistorique (Poméranie, Silésie), soit à une région polariséeautourd’unevilleimportante(régiondeLodz,régiond’Opole).L’autonomie accordée aux régions est cependant toute relative.Ellerépondavanttoutauxexigencesdel’UnionEuropéennequifavorisecetéchelonenaccordantdesaidesdiversesàcellesquien font la demande sans même passer par l’État dont ellesdépendent.

Lespôlesderayonnement

Gouvernement,assembléesetministèresdelaIIIeRépublique


secoué par des grèves insurrectionnelles. Les mineurs d’originepolonaise, qui ont joué un grand rôle, avant-guerre, dans la luttesyndicale puis dans la résistance, voient leur corporation se faireduper par les syndicats et les partis politiques. Dans ce contexte,par convois entiers, les mineurs d’origine polonaise partentreconstruire la Pologne et participer à l’édification du socialisme.Ilsarriventauplusfortmomentdupouvoirstaliniendansunpaysen ruines, sur les terres de Silésie encore occupées par despopulationsallemandesdésemparées.EnFrance,onlesappelaitles«Polaks ».EnPologne, ils seront les «Francuzis » et beaucoupd’entreeuxretournerontenFranceverslafindesannéessoixante.La plupart des rapatriés avaient entre 16 et 20 ans en 1950.Majoritairement marqués à gauche, c’est à eux que lescommunistes du nouveau gouvernement confieront les rôles clésdanslesvillesminièresdeSilésie:placesdansl’administrationdesusines et des villes, au Parti, dans la police politique ou dansl’armée.Plus« fiables»que lesPolonaisdePolognesoupçonnéspour leur nationalisme, les rapatriés joueront un rôle importantdansl’édificationdelaPologneouvrière.

Source:documentaireArted’ErwannBriand,2000.

Aupouvoir,lescommunistespolonaisentretiennentlemythed’un possible retour des Allemands par l’Ouest. Le régimeespère ainsi concentrer les mécontentements en direction del’Allemagne. L’intégrité des frontières de l’Ouest devint uneraison d’État. Aussi lors de la chute du mur de Berlin,instinctivement, la crainte polonaise se porta sur son flancoccidental, au point de réclamer encore un instant à l’URSSchance-lante lemaintien de ses troupes sur le territoire. Toutel’énergie diplomatique polonaise se concentra dès lors sur lareconnaissance de cette frontière par l’Allemagne, qui n’avaitpas signé de traité de paix en bonne et due forme avec laPologneaprèslaSecondeGuerremondiale.Pourtant, le rapprochement germano-polonais avait été

entamé avant 1989. Dans les années soixante, la Pologne deGomulka avait changé d’attitude vis-à-vis de l’Allemagne deBonn,laRFA.Ellesigneunaccordcommercialde3ans(1963)et permet l’ouverture d’une représentation diplomatiqueallemandeàVarsovie.MaisenAllemagne,lelobbydu«retouràla terre natale » est très influent : le chancelier allemandAdenauerne reconnaît doncpaspour autant la frontièreOder-Neisse.Levéritabledégel,danslesannéessoixante-dix,vientdel’OstpolitikinauguréeparlechancelierKiesingeretsonministreBrandt.Enmars1968, lorsduCongrèsduSPD,WillyBrandtadmetlanécessitédereconnaîtrelafrontièreaveclaPologne.Le12août1970,W.Brandt,alorschancelierlui-même,signeavecl’URSS un traité de reconnaissance des frontières établies àPotsdamen1945.Le7décembre,ilestàVarsoviepoursignerlemêmetraité.C’estlorsdecettevisitequ’ils’agenouilladevantleMonument des victimes du ghetto de Varsovie, commémorantl’épisodede1943oùlarévoltedes60000juifssurvivantsavaitétérégléedansunbaindesangpar lesnazis.Cegesteémutlacommunauté internationale et rendit tangible les efforts déjàengagés en amont. Les Allemands expulsés et réfugiés enAllemagne purent retourner visiter leur ancienne patrie. Lesliens entre Polonais et Allemands se renforcèrent égalementdans les années quatre-vingt, à l’époque du durcissement durégime communiste de Jaruzelski, par l’envoi de norias decamions pour alimenter la résistance polonaise censurée enpapiers,crayons,encreetpolycopieurs.LaligneOder-Neisseavaitétéreconnuecommefrontièrepar

laRDAdès1950(accordsdeGörlitz).ParleTraitédeVarsovie,en 1970, la RFA s’engageait seulement à ne pas employer laforcepour fairevaloir ses revendications.Dans l’enthousiasmede la chute du mur de Berlin, Helmut Kohl pensait peut-être

pouvoirremettre laquestiondes« territoiresrecouvrés»sur latable. Mais la communauté internationale autorisa laréunification si et seulement si l’Allemagne reconnaissait laligneOder-Neisse.En 1990 laRFA a accepté le tracé de lafrontière et a renoncé à toute revendication territoriale enPologne dans deux séries d’accords internationaux : le traitéDeux-plus-Quatre signé le 12 septembre qui fait office detraité de paix entre l’Allemagne et les alliés, et les accordsgermano-polonaisdu14novembre1990.

LaPologne,l’Allemagneetl’UnioneuropéenneEn1991 semet en place le triangledeWeimar (forum de

partenariat réunissant Pologne, Allemagne et France). Lesreprésentants des trois pays se réunirent ainsi régulièrementjusqu’àl’adhésiondelaPologneàl’UE.CependantlaPolognenégocia une clause particulière : le gel de l’accession à lapropriété de terres polonaises pour les membres de l’UnionEuropéennependantplusde18ans.LaPolognecraintalorsquelesanciensexpulsésallemands,fortsdeleurpouvoird’achat,nereviennent acheter des propriétés. Cela concernaitparticulièrement les fermes d’État à l’Ouest du pays : ellesavaient été constituées à partir des grandes exploitationsallemandes«récupérées»aprèslaSecondeGuerremondiale.Aujourd’hui,l’Allemagnen’enestpasmoinslepartenaire

économiqueprivilégiédelaPologne,avecquisefontuntiersdesexportationsetunquartdesimportations,etavecquiontétéconclus un demi-millier de partenariats entre collectivitéslocales.Plusieurseurorégions(voircarteenencartcentral)sontinstalléessurlafrontière.

Refroidissementdesrelationsgermano-


ChapitreVI

L’intégrationàl’Unioneuropéenne

LaPologne est désormais le6e paysde l’Union européennepar sa superficie et sa population, derrière la France,l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, et la Grande-Bretagne. Sasituation géographique la place au centre d’un bassin deconsommation important (80millionsdepersonnesàmoinsde400 km du centre du pays). Poids démographique, potentieléconomique : la Pologne espère trouver dans l’UE une placepolitiqueproportionnelleàcequ’ellepenseyapporter.

L’entréedansl’UE:uneévidencepourlaPologneSienEuropedel’Ouestonparled’élargissementdel’Union

vers l’Est, les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) etnotammentlaPologneparlentde(ré)unification.Laconscienced’appartenir à l’ensemble occidental est profondément ancréechezlesPolonais.Intégrerl’Unioneuropéenne,c’estavanttoutretrouverdesracinesquel’URSSavaitcoupéesartificiellementpendantprèsde40ans.Àl’Ouestenrevanche,etnotammentenFrance malgré les liens historiques entre les deux pays, laPologneetlesPolonaisrestentpourbeaucoup«exotiques».En 1989, les Polonais ont une idée bien précise de la

différence de niveau de vie entre Est et Ouest. Entrer dansl’UnionEuropéenne,c’estpoureux,demanièreimagée,enfiniravec les files d’attente devant les magasins où aussi bien lesdenréesalimentairesquelesbiensdeconsommationmanquaient

régulièrement.À lachutedu rideaude fer, laPolognes’inscritdonc dans un processus d’adhésion à l’UE. Cela passe, dès1991,pardescoopérationsinterétatiques.LetriangledeWeimar(1991) a pour vocation première d’associer la France à laréconciliation germano-polonaise, en s’inspirant de laréconciliation franco-allemande. Ses objectifs évoluèrentnaturellementversunsoutienà lapréparationdel’adhésiondela Pologne à l’Union européenne. La Pologne a donc commeparrains leprestigieuxcouple franco-allemand.Pour elle, c’estaussi la reconnaissance d’un poids politique prépondérant.Régionalement, la Pologne prend des initiatives pour anticipersonadhésion.En février1991, legroupedeVisegrad réunit laPologne, la Tchécoslovaquie et la Hongrie. Ces trois Étatsorganisentuneunionéconomiquerégionale:l’Accorddelibre-échangecentreeuropéen(ALECE)crééeaumoisdedécembreàCracovie.LaPologneparticipeégalementàdenombreuseseuro-régions60. Ces dernières n’émanent pas directement de l’UEmaisontlapossibilitéderecevoirdesfinancementsdelapartdecette dernière. La carte des euro-régions enEurope centrale etorientale fait apparaître une Pologne volontariste. Les plusanciennes comme Pomerania (1991) ou Pro Europa Viadrina(1993), ont été formées sur l’Oder. Le but était de faire de cefleuve frontière un espace d’échanges plus harmonieux.Certaines euro-régions d’un autre genre, associent des régionsde pays membres et de pays nonmembres de l’UE : desterritoires polonais participent ainsi à quatre d’entre elles :Baltique,Niemen,Bug etCarpates.Ces dernières, très vastes,sont souvent des coquilles vides mais leur valeur estsymbolique. En mars 1998 s’ouvrent les négociationsd’adhésion à l’Union européenne. En juin 2003, lors dureferendum,lasociétépolonaisevotemassivementenfaveurde

l’intégration(77,4%desvotants).Le1ermai2004,laPolognefaitsonentréedansl’UnionEuropéenneavecneufautrespays.Elleobtintunreportdesonintégrationdansl’espaceSchengenquieutlieufinalementle21décembre2007.

Économieetsociété

Unexempled’adaptationéconomiqueetadministrative.En 1989, alors que croule le monde soviétique, la Pologne

connaîtdepuisdesannéesuneinflationgalopante(250%),unepénuriegénéraledebiensetunedetteextérieurequis’élèveà38milliards de dollars. L’appareil productif polonais est dominépar8500conglomératsd’Étatquiproduisent70%duPIB,avecunemain-d’œuvrepléthorique,unetechnologieobsolète,etquinesurviventqu’avecd’énormessubventions.Avecl’aideduFMI(Fondmonétaireinternational),lesprixetlecommerceextérieursontlibéralisésdèsle1erjanvier1990;lamonnaie(lezloty)estamarréeaudollaraméricainàuncours trèsbas, celui, réel,dumarchénoir.Onaparléde«thérapiedechoc»pourdécrirecesdispositions très rapides qui ont eu le mérite d’endiguerl’hyperinflation, mais qui, comme en Russie, ont eu desconséquencessocialestrèsdures.Laprivatisationdel’économiese fait alors dans deux directions différentes : soit par laprivatisation des entreprises d’États (transfert des actifs), soitpar la création ex nihilo de nouvelles entreprises, privées dèsleurorigine.Cesdeuxméthodesontétémenéesconjointementmaisn’ontpasobtenulemêmesuccès.Entre1992et1999,ledéclindusecteurpublicseconfirme:

lapartdesentreprisesd’ÉtatdanslePIBreculede45%à20%.


Quoiqu’ilensoitdecesbataillesmémorielles,en1991,laPologne est le premier État à reconnaître l’Ukraineindépendante.Lesaccordsentre lesdeuxpaysvontdès lorssesuccéder pour donner un cadre juridique et politique à leurcoopération économique. L’Ukraine est le deuxième partenairecommercialdelaPologneparmilespaysdel’ex-URSS,aprèslaRussie. Environ six cents sociétés fonctionnent avec laparticipation de capitaux polonais ; dans la région de Lviv, laPologne est le premier investisseur étranger. La diasporapolonaiseetladiasporaukrainienneinstalléesauxÉtats-Unissesont très vitemanifestéesdans les paysde leurs ancêtres et sesontinvestiesdansdegrandsprojetsd’investissement:danslaPAUCI (Polish American Ukrainian Common Initiative), laPologne joue le rôle de conseiller technique, d’expert estransformationéconomique;lesfondssont,eux,américains.Unautreprojetstratégiqueconcernelaconstructiond’unoléoducOdessa-Brody-Gdansk qui doit assurer à l’Ukraine et à sesvoisins centre-européens un accès au pétrole de la merCaspienne en étant plus indépendant de la Russie. En sensinverse, la Pologne doit permettre à l’Ukraine un accès aupétrole norvégien lorsque le contrat polononorvégien sur laconstructiond’unoléoducauraabouti.Toutecettecoopérationtransfrontalièreaétémiseàmalparl’adhésiondelaPologneàl’Union européenne. Pour les Ukrainiens, l’adhésion de laPologneàl’Unioneuropéennemaissurtoutàl’espaceSchengena été vécue commeune trahison69. La fermeture des frontièresentrelesdeuxpaysfutconsidéréecommeunretourenarrière.L’ouverturedesfrontièresinternesdel’ancienblocdel’Estavaitrendulalibertédecirculationauxpeuplesd’Europecentraleetorientale dans leur espace géographique. Cette liberté-là étaitconsidéréecommel’undesraresacquisdecesdernièresannées.

Lors des négociations avec l’Union européenne en 1999, laPologne a accepté de supprimer jusqu’en 2002 environ 130accords économiques la liant à des pays tiers pour adopter lesaccords que l’UE avait elle-même conclu (l’assimilation desacquis communautaires).Malgré ce désaccord lié à Schengen,La Pologne s’est délibérément engagée en faveur de l’Ukrainesurlascèneinternationaleetlasoutientdanstoussescombats.Troisactionsontétéparticulièrementretentissantes:laPologneétait présente lors de la Révolution orange de 2004 poursoutenir le candidat pro-occidentalVictor Iouchtchenko contreles intérêts russes, elle s’est placée du côté ukrainien lors descrisesgazièrescontrelaRussie,aurisquedesevoirtotalementécartée par Moscou des discussions portant sur l’avenir dutransport de gaz dans la région, et a réussi à pousser l’Unioneuropéenne à développer ses rapports à l’Est (Partenariatoriental).

UnerelationplusdifficileaveclaBiélorussieLe passé de la Biélorussie, dans ses rapports à la Pologne,

ressemble à celui de l’Ukraine. La Biélorussie était, pour unepart, un autrekresy (confins polonais) avec tout ce que cela aimpliqué socialement : grands propriétaires polonais oupolonisésetmassepaysanneorthodoxeasservie.Aujourd’hui,lemaintien d’un régime autoritaire, celui du présidentLoukachenko,encouragépar laRussie,empêchelaPolognededévelopperdesrelationsconstruites.UnecommunautépolonaiseimportanteexisteencoreenBiélorussie,maiselleestmalmenéepar le pouvoir. La Commission européenne a invité Minsk àrespecter les droits de la minorité polonaise vivant enBiélorussie.

LasphèrebaltiqueDepuis 1989, la région baltique a retrouvé une certaine

cohérence.SurneufÉtatsriverains,huitappartiennentàl’UnionEuropéenne. Ils font face à une Russie qui, pour ne pas êtreenclavée, mène une politique active à partir de ses façadesmaritimes restantes, celles de Saint-Pétersbourg et deKaliningrad. La Pologne a une position stratégique dans cetespace.LesuddelaBaltiqueestunvéritablecarrefourd’enjeuxdivers, partagés par tous les riverains : organiser pour lesoptimiser les échanges commerciaux, intégrer la Russie etégalement affronter l’héritage d’une énorme pollution,supérieureàcelledelaMéditerranée.Aujourd’huitouslesÉtatsriverains appartiennent auConseil des États de la Baltique.Au début des années quatre-vingt-dix, plusieurs projets semettentenplace:laViaHanseaticadoitrelierSaint-Pétersbourgà Lübeck via Tartu, Riga, Kaliningrad, Gdansk, Szczecin etRostock. LaViaBaltica entreHelsinki etVarsovie permettraitd’atteindre ensuite Berlin rapidement à partir de la capitalepolonaise.L’axeferroviaire«RailBaltica»veutrelierVarsovieàTallind’ici2016etuneautoroutede lamer,« laPortede laBaltique»,estenvisagéeausuddubassin.LaPologneestainsiintégrée dans des projets internationaux qui participent à sondéveloppementéconomique.Auseindel’espacebaltique,elleaplusieursatouts,dontunecapacitéportuairede65millionsdetonnes réparties sur ses troisports (Szczecin,Gdynia,Gdansk)etlapossibilitéderejoindrel’hinterlandallemand(Berlinn’estqu’à 100kmdeSzczecin).Les perspectives de développementsont donc importantes. Dans l’espace baltique, la Pologneconnaît également une augmentation de ses flux de passagers.Des liaisons ferry de transport de voyageurs ont vu le jour etconnaissentunsuccèsentrelaSuèdeetlaPologne(StenaLine),


decettebataille.15–De1733à1736,StanislasLeczynskireprendlepouvoiravecl’aidedelaFranceoùpendantsonexililestdevenulebeau-pèreduroiLouisXV.MaislaFrancen’apaslesmoyensdelesoutenircontrelaRussie.LouisXVoffrealorsàsonbeau-pèreleduchédeLorraineoùilprospéra.16–Lecturerecommandée:BernardMICHEL,NicolePIETRI,Marie-PierreREY,L’Europe, des nationalismes aux nations, Autriche-Hongrie, Russie,Allemagne;SEDES,1996.17–Autocratie,orthodoxieetgénienational sont lespiliersd’unedoctrinequi doit souder les sujets de l’empire autour du régime tsariste. Cettedoctrine se substitue à la politique traditionnelle basée sur la loyauté à lapersonnedutsar.

18 – Chiffres cités par Francis Balace in La Pologne au XXe siècle, TH.WYSOKINSKAetA.VANCRUGTEN(dir),éd.Complexe,2001.19–Ànepasconfondreaveclegénéralpolonaisdumêmenomayantservidanslesarméesdelarévolutionfrançaiseetdel’Empire.20 – La « Double monarchie » mettait sur un pied d’égalité théoriquel’Autriche et la Hongrie, sous l’autorité de la dynastie autrichienne del’empereurHabsbourg,empereurd’AutricheetroideHongrie.21–DémocratieNationale22–TraitédeLocarno,octobre1925.23–Lapolicepolitiquedel’Unionsoviétique.24–40000hommessontdéportésvers leReichen1939,puis302000en1940,223000en1941etencore389000en1942,(chiffrescitésparDanielBEAUVOIS,HistoiredelaPologne,Nationsd’Europe,Hatier,Paris,1996).25–RuedeRivoli,hôtelRegina.26–LecimetièredeDieuzeenLorraineengardelamémoire.27–Ambassadeurdel’URSSàLondres.28–Parlasuite,leurstémoignagessurletotalitarismecommunistepasserontauprèsdesintellectuelsoccidentauxpourdelapropagandeantisoviétique.29–5000attentatssontperpétrésdansleGouvernementgénéralentrejuillet1942etjuillet1944.30–Ilseréunirasymboliquementdemanièrerégulièrejusqu’en1990.31–Enmai1944,batailledécisivedans laprogressiondesAlliés en route

versRomeaprèsledébarquementdansleSuddel’Italie.32–LeplusconnuestGierek,quidirigealepaysde1970à1980.33–Construiteen1971-1975.34 – Cours de sciences humaines pour combler les lacunes del’enseignement officiel dans des appartements privés ou des locauxappartenantàl’Église.35–Sejmenpolonais.36 – Lire l’intéressante analyse de VéroniqueANTOINETTEComment laPologneest-elledevenuecatholique?www.nouvelle-europe.eu37–appeléeégalementÉgliseUniate.38 –Références à consulter :DanielBEAUVOIS,Histoire de la Pologne,Nations d’Europe, Hatier, Paris, 1996 et l’article de Patrick MICHEL,«L’Églisecatholique»,inBAFOIL,F.(sousladir.de)LaPologne.Paris :Fayard,2007.Coll.Ceri.596p.39–Groupusculepolitiquecatholique.40–petitescollinesenformededosdebaleine.41 – Sur l’histoire des doctrines géopolitiques, voir Olivier ZAJEC, Lessecretsdelagéopolitique,Éd.Tempora,2008.42–TypologiedesfrontièresempruntéeàStéphaneROSIÈRE,Géographiepolitique et géopolitique. Une grammaire de l’espace politique. Ellipses,2003.43–ConventiondeMontegoBay(1982).44 – Langue germanique dérivée du haut-allemand, avec un apport devocabulaire hébreu et slave, qui a servi de langue vernaculaire auxcommunautés juives d’Europe centrale et orientale (ashkénazes) dès leMoyenÂge.45–Cf. l’étudedeGérard-FrançoisDumont,«Lecinquièmeélargissementdémographique de l’Union européenne », Population & Avenir, n°661,janvier-février2003.46–Selonlerecensementde2000,667414Américainsâgésde5ansetplusparlentlepolonaisàlamaison:environ1,4%despersonnesquiparlentdeslanguesautresquel’anglais,soit0,25%delapopulationaméricaine.47–GauthierGRASLIN,Lyon2,L’intégrationdemigrantsduSuddansunpaysduNordpostsocialiste,l’exempledelacommunautévietnamienneenPologne, Acte du colloque Chaire Quetelet 2008, Université catholique de

Louvain.48 – En tant que président entre 1999 et 2008 puis en tant que premierministredelaRussiedepuis2008.49–AlexandraViatteau,HistoiredelaPologne,www.diploweb.com.50–«fuiteetexpulsion».51 – Les signataires sont : VaclavHavel, République tchèque ; JoseMariaAznar, Espagne ; José-Manuel Duro Barroso, Portugal ; Silvio Berlusconi,Italie ; Tony Blair, Grande-Bretagne ; Peter Medgyessy, Hongrie ; LeszekMiller,Pologne;AndersFoghRasmussen,Danemark.52 – Alfred-Maurice DE ZAYAS (né en 1947) est un historien, juriste etécrivain américain ; dans son livreTheGermanExpellees. Victims inWarandPeace(Macmillan1993),ilmontrequel’expulsiondesAllemandsdelaPrusseorientale,Poméranie,Silésieàlafindeladeuxièmeguerremondialepeut être considérée comme précédent de l’épuration ethnique enYougoslavie.53–CettequestionaétéparticulièrementbienétudiéeparBrunoDREWSKI,«Pologne-Russie:Mythes,réalitésetperspectives»,inBAFOIL,F.(sousladir.de)LaPologne.Paris:Fayard,2007.Coll.Ceri.596p.54–BrunoDREWSKI,citéprécédemment.55 – RomanDmowski (1894-1939. Fondateur du Parti national-démocrate(ND,ouEndecja),ilfutleprincipalidéologuedunationalismepolonais.Voirchapitrehistorique.56–«groupeNatolin»dugénéralMoczadanslesannées50-60.57 – Alexandra Viatteau, dans un article publié sur le site Internetwww.diploweb.com,Le«déminage »desarchives soviétiques, fait état desespropresdifficultésderechercheàpartirdesarchivessoviétiques.58 –Les troupes soviétiques qui progressaient sur le territoire polonais en1944pourlibérerlepaysdel’occupationallemandes’arrêtèrentsurordredeStalineenfacedeVarsovie.C’estdoncseulsetabandonnésqueseshabitantsaffrontèrentlesAllemands,auprixde200000victimes.59 – Où se trouvent les réserves de gaz naturel les plus importantes deRussie.60 – Structure administrative de coopération transnationale entre deux ouplusieurs territoires de différents États européens partageant la mêmefrontière.

http://www.diploweb.com


61–Source:AmbassadedePologne,serviceéconomique.62–Source:ambassadedePologne,serviceéconomique.63–NUTS:nomenclaturesdesunitésterritorialesstatistiques.Parexemple,le niveau NUTS 2 concerne des territoires comptant entre 800 000 et 3millionsdepersonnes.64–Selonl’ONGTransparencyInternationale.65–AprèssonélectionauParlementeuropéenle7juin2009DanutaHübnera démissionné de la Commission européenne et préside la commissionparlementaireenchargedudéveloppementrégional.66 – Voir à ce sujet le très intéressant article de Gérard DUSSOUY,Université Bordeaux IV, « Eau et espace politique : voie navigable etintégration territoriales des grands espaces » ; Les Actes du FestivalInternationaldeGéographiedeSaint-Dié,2003.67 – Lire à ce sujet le passionnant article de Daniel BEAUVOIS, « Deux“prétendants”historiquesà ladominationde l’Ukraine», revueTransitions&Sociétésn°10,juillet2006,disponiblesurwww.diploweb.com68–ligneCurzon,conférencedeSpa.69 – Guy-Pierre CHOMETTE, Sur les marches orientales de l’Unioneuropéenne,LeMondediplomatique,mars2003.70–Voiràcesujetpassionnant,l’ouvragedeFrankTÉTARD,GéopolitiquedeKaliningrad, une « île » russe au sein de l’Union européenne élargie,PUPS,2007.71 – Voir Olivier ZAJEC, L’OTAN à la recherche d’elle-même, Atlas duMondediplomatique,2009.72–DépositiondeLéonBlumdevantlaCommissionsurlesévénementsde1933à1945,inLeFigaro,27.12.1951,Paris.73 –Détentions secrètes et transferts illégaux de détenus impliquant desEtatsmembre du Conseil de l’Europe. Second rapport Dick MARTY(rapporteur).Conseilde l’EuropeDocumentsdeséances.Sessionordinaire25-29juin2007.
