KIRCHENBILD UND SPIRITUALITÄT - MGH-Bibliothek · part des exemples et des citations en commun, mais cependant diffe- rant considerablement tant dans les donnees conservees que daps

Thomas Prügl / Marianne Schlosser (Hrsg. )

KIRCHENBILD

UND SPIRITUALITÄT

Dominikanische Beiträge zur Ekklesiologie und zum kirchlichen Leben im Mittelalter

Festschaft für ULRICH HORST OP

zum 75. Geburtstag

Ferdinand Schöningh Paderborn " München " Wien " Zürich

. )o09 fci

LOUIS JACQUES BATAILLON 0. P.

Une intervention maladroite de Pierre de Tarentaise

en faveur des Mendiants

La longue polemique entre les maitres universitaires parisiens, seculiers d'une part, mendiants de l'autre, a dejä suscite bon nombre d'etu- des de haute qualite, dont celles du dedicataire de ce volume, et les principaux ecrits qui font marquee ont ete edites. Mais il ya encore des textes secondaires, parmi les questions et les sermons demeures inedits, qui permettent de connaitre des episodes encore peu connus, notamment pour le deuxieme acte de la dispute, celui qui a eu Gerard d'Abbeville comme principal porte-parole des maitres seculiers. C'est un echange de sermons polemiques entre le dominicain Pierre de Ta- rentaise et un maitre seculier, incident dont j'avais jadis signale brie- vement 1'existence, l et dont je voudrais presenter aujourd'hui le dos- sier en hommage au professeur Ulrich Horst.

Le sermon de Pierre de Tarentaise nous est parvenu dans trois reportations differentes, chacune daps un manuscrit different. La plus courte, la seule qui nous ait transmis le nom du predicateur, se trouve daps le manuscrit Paris, BnF, lat. 16500,2 f. 223ra-224ra, legue ä la Sor- bonne par Etienne d'Abbeville. Un texte sensiblement plus long, mais incomplet ä la fin, se lit daps Durham, Univ., Cosin V. V. 3, f. 38r-41v. La reportation la plus complete est conservee dans Vatican, BAV, Vat. lat. 1265,3 f. 126ra-129ra, manuscrit qui faisait jadis corps avec le manuscrit Vat. lat. 12114 qui lui faisait suite. Il ne porte que tres peu d'attributions dans les quelques appels de rubriques echappes aux

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Louis J. BATAILLON, « Les crises de 1'Universite de Paris d'apres les sermons universitaires », dans: ALBERT ZIMMERMANN (Ed. ), Die Auseinandersetzungen an der Pariser Universität im X111. Jahrhundert (MM 13/2), Berlin/New York 1976,161-165 (repris dans ID., La predication au XIII, siecle en France et Italic, Aldershot 1998, nr. VIII). Le contenu de ce manuscrit est donn6 dans JOHANNES B. SCHNEYER, Repertorium der lateinischen Sennones des Mittelalters (BGPhMA 43), Münster 1969-1979 (= RLS), IX, 207-210. - P. 209, n. 43, l'attribution A Simon Burneston (XIV' s. ) est impossible, le manuscrit etant entr6 A la Sorbonne en 1288. L'attribution porte: jr. simon lector biblicus". On peut penser A Simon de Lens O. F. M. ou A Simon de Troyes O. P. Description dans Bybliothecae Apostolicae Vaticanae codices manu scripti recensiti ... Co- dices Vaticani latini. Codices 1135-1266, rec. MARIE-HYACINTHE LAURENT, CittA del Vaticano 1958,536-543. Ibid. 145-149. Aussi dans RLS IX, 723-725.

144 Louis Jacques Bataillon

rognures: fr. Barthelemy5 (ff. 1ra, 23ra), Bonaventure6 (ff. 5ra, 74ra), Robert de Vailly7 (f. 43vb), Ancorandus8 (f. 51rb), Eudes Rigaud9 (f. 54vb), G. de Wilachl° (f. 133va). Ces personnages, lorsqu'ils sont suffisamment connus, etaient en activite autour de 1270. Les deux auteurs de sermons que l'on peut identifier grace ä d'autres temoins sont egalement des maitres de la seconde moitie du XIIIe siecle: Pierre de Tarentaise et Evrard du Val-des-Ecoliersll (f. 65va). C'est ce manuscrit Vatican qui nous a conserve aux folios f. 126ra - 129ra le sermon du maitre seculier anonyme dont il sera question plus loin.

Quant au sermon de Pierre de Tarentaise, il s'agit bien de trois reportations differentes d'un meme sermon, avec le meme plan, la plu- part des exemples et des citations en commun, mais cependant diffe- rant considerablement tant dans les donnees conservees que daps les formulations. Elles se completent d'ailleurs et meme le texte plus long du Vatican est souvent eclaire par celui de l'un des autres temoins: Je donne un exemple de leurs relations dans la premiere partie du sermon:

VATICAN DURHAM PARIS

Primo describitur nobis nascentis excellentia et dignitas, quia ipse est ueritas. Nichil enim nobilius, nichil excellentius ueritate. Secundo

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Nobilitas nascentis patet quia ueritas est. Quid est nobilius ueritate? 2° Esdre 4:

�Ma- gna est ueritas et forcior

pre omnibus. Omnis

Dignitas describitur

cum dicitur: Veritas,

quia nichil dignius et nobilius, nichil iocun- dius quam ipsa ueritas increata, II Hesdre VII:

RLS I, 386. Il est difficile comme souvent de trancher entre Barthelemy de Bologne et Barthelemy de Tours. RLS I, 620, nr. 411-412; edite: Saint Bonaventure, Sermons de diversis, ed. JACQUES GUY BOUGEROL, Paris, 1993, II, 714-741. Non repere dans RLS, probablement un franciscain d'apres la liturgie: In ewangelio ltodiertto quod hodie legitur secuhdum consuetudinem rohtane ecclesie (f. 44ra). La dernicre partie de ce sermon traite des veeux, de leur accomplissement et de ceux qui s'y opposent: Qui hontinent ad aliquod bonum uouendtun itutitat, consiliutn spirittts sancti est. Qtti autent intpedit ne uoueat consilitrnt spirittts sattcti inpedit, et qui post uotum consulit tit non inpleat quod prmhisit consilio spiritus saucti contradicit (f. 45va). Une opinion secun- duttt r. de ueillio sur le second livre des Sentences est citee dans Paris, BnF, lat. 14307, f. 195rb, manuscrit legue par Adenulphe d'Anagni. RLS I, 288, nr. 3-4. Il s'agit du chanoine et penitencier de Rouen, Enguerrand de Can- tiers; cf. NICOLE B2RIOU, L'avettetnettt des Maitres de la Parole, Paris 1998, I, 241, note 91. Louis JACQUES BATAILLON, « Complements au Repertoritmt de Schneyer. II », dans: Medieval Sermon Studies 45 (2001) 17. Non repere dans RLS. Peut-etre ä identifier avec le franciscain Guillelmus de Millac (plutöt que Aurillac), RLS II, 415. RLS II, 3, nr. 15. Dans Vat. lat. 1265, ce sermon est precede d'un prothiime Oratttes sitnul et pro nobis ...

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Hesdre: �Magna est ue-

ritas et preualet omnibus". Quid nobilius ueritate? Ista ueritas Christus est, unde ipse dicit in Johanne: Ego suns ura, ueritas et uita. Ego sum uia, scilicet secundum carnem in qua prebuit exemplum uisibile quasi uiam nobis ostendens per quam ambularemus: uita secundum animam rationalem, que tota uiua siue uiuificans propter carismatum et donorum omnium plenitudinem; ueritas secundum unitam diuinitatem per quam nos illuminauit, lo. I: Erat lux uera que illumi-

nat, etc. Hanc ueritatem inuocat terra, id est ho-

mines terreni de terra nati, sicut Saluatorem

suum; honorat eum celum et angeli ciues celestes sicut imperatorem

suum. Omnes creature tremunt hanc ueritatem sicut actorem et creatorem suum.

enim terra ueritatem inuocat et ipsam benedicit et omnia opera mouentur et tremunt earn", et post: �non est in iudicio eius iniqum

aliquid sed fortitudo

regnum et potestas et maiestas omnium euorum". Hec ueritas Christus est, lo. 14: Ego

-sum uia, ueritas et uita. Via secundum carnem, uita secundum animam racionalem, ueritas secundum diuinitatem. Ipse est uia in exemplo conuersacionis, ueritas in uerbo predicacionis, uita in premio eterne retribucionis. Veritas, inquam, quam omnis terra inuocat uelud saluatorem suum, celum etiam benedicit tamquam regem et imperatorem suum, omnia opera tremunt eum uelud creatorem suum; apud ipsum fortitudo et regnum, id est dignitas regalis, potestas, id est dignitas

pontificalis et maiestas, id est dignitas diuina et celestis.

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�Magna est ueritas et forcior pre omnibus. Omnis terra ueritatem inuocat, celum etiam ipsam benedicit et omnia opera", etc. Ista ueritas Christus est, unde in lohanne: Ego star uia, secundum carnem qua nobis exempla posuit eundi in celum, uita, se-

cundum animam rationalem, ueritas, secundum diuinitatem qua nos illuminauit.

On ne constate pas dans cet extrait de difference significative de lon-

gueur entre les reportations de Durham et du Vatican, toutes deux net- tement plus longues que celle de Paris. Il faut examiner le cas de la citation du second livre d'Esdras (en fait du troisieme); dans les temoins de Durham et de Paris, eile se compose d'un montage de deux pas- sages du chapitre 4, d'abord le verset 41, puis le verset 36. Dans le texte Vatican, seul le verset 41 est donne et donc on ne voit pas a la lecture


que tout le developpement ä partir de �Hanc ueritatem" est le com- mentaire du verset 36, comme la chose est claire dans Durham. Dans Paris la citation, interrompue par un �etc. ", ne recoit aucune explica- tion. Nous verrons plus loin un autre exemple, tres diversement equi- libre de ces rapports entre les trois redactions. Etant donne la brievete du texte de Paris et l'incompletude de celui de Durham, seul sera edi- tee in extenso la reportation vaticane.

Comme it etait de coutume dans les predications destinees aux universitaires, le sermon de Pierre de Tarentaise, preche ä l'occasion de la fete de saint Etienne, etait precede d'un protheme invitant 1'auditoire ä la priere; tire de 1'epitre de la fete, it rappelle que la predication peut etre rendue sterile par le manque de sagesse chez le precheur ou le manque de grace chez les auditeurs et donc qu'un recours ä Dieu est necessaire pour y porter remede.

Le plan du sermon de Pierre de Tarentaise est directement inspire du debut de celui de Fulgence de Ruspe12 qui servait de lecture au second nocturne de la fete de saint Etienne et qui consiste en une mise en parallele de cette celebration avec celle de Noel, mais alors que Ful- gence traite ensuite successivement du martyre d'Etienne et de la conversion de Paul, Tarentaise batit son sermon en deux parties sur la naissance du Christ et la mort d'Etienne. Voici ce plan:

VATICAN DURHAM PARIS

A. PROTHEMA 2-27

B. SERMO 28-325 2-(117) 1-92 Introductio - diuisio 29-48 2-14 3-9 1. Veritas. Natiuitas Saluatoris 49-137 15-74 10-41

Introductio 49-58 15-17 10-13

a. Dignitas nascentis 59-71 18-47 14-23 b. Humilitas parientis 72-119 48-64 24-34

Introductio: Virgo - terra 77-81 1. Ultima quantum ad 82-98

situm 2. Firmissima quantum 99-112

ad motum 3. Fecundissima quantum 113-119

ad fructum

c. Claritas natiuitatis 120-137 65-74 35-41

12 FULGENTIUS RUSPENSIS, Serino III. De sancto Stephano protonnartyre et conuersione S. Pauli 1 (CChr. SL 91A, 905, lin. 1-24).

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Une intervention maladroite de Pierre de Tarentaise 147

II. lustitia. PassioStephani 138-325 75-(117) 42-92 Introductio - diuisio 138-158 75-85 42-48 a. Iustitiamindeclinabilem 159-220 86-112 49-62

Digressio polemica 174-218 95-103 53-58 b. Potentiam inuincibilem 221-266 113-(117) 63 - 77

1. inuincibilem 221-236 2. insuperabilem 237-248 3. uniuersalem 249-255

Expertus Stephanus 256-266

c. Sapientiam infallibilem 267-325 78-92

La premiere partie developpe le premier element du verset thematique, Veritas de celo orta est. Apres un eloge de la verite base sur un passage du troisieme livre d'Esdras, Pierre montre trois aspects de la venue de la Write sur terre: la dignite du nouveau-ne (I. a: Veritas), 1'humilite de la mere (I. b) comparee ä la terre (de terra) pour sa situation infime (I. b. 1), sa solidite (I. b. 2) et sa fecondite (I. b. 3), enfin la luminosite de la naissance elle-meme (I. c: orta est). Tout ce debut est tout ä fait dans le style normal de la predication, sans aucune trace de polemique.

Les premiers developpements de la seconde partie sont eux aussi ireniques: ils traitent de la justice divine assistant au martyre terrestre d'Etienne et annoncent les trois sous-parties correspondant aux expressions de la seconde moitie du verset thematique: justice inflexible (II. a: iustitia), puissance invincible (Il. b: de celo), sagesse infaillible (II. c: prospexit). Chaque attribut est montre d'abord dans sa source divine puis dans sa participation chez Etienne. C'est dans 1'etude de la justice en rapport avec le martyre, environ ä la moitie du sermon, que le ton change et devient resolument polemique, la comparaison portant sur un parallele entre les accusateurs d'Etienne et les adversaires des mendiants.

Cette comparaison est ici justifiee par le recours aux interpretationes et celles-ci sont particulierement fantaisistes puisque interpretant par l'hebreu un mot grec et un latin. Nous apprenons done que le nom d'Etienne signifie « regle »13 et qu'ainsi it designe les reguliers, tandis que les Libertine (les affranchis) qui donnaient leur nom ä la synagogue des accusateurs ont pour interpretation « faiseurs de pailles »14, gens qui preferent la paille ä la verite du grain. Le raisonnement nest com-

13 Interpretationes (Paris, BnF, lat. 15463, f. 619va): Steppanus - corona uel norme nostra sen iudicans nos nut speculatio nostra. - Steppanus - regule ziel coronatus sett speculans auf iaculntio.

14 Juterpretationes (ibid., f. 606rc): libertini -facture palee ttel facientes polens.


plet dans aucune des trois reportations et il faut les considerer toutes trois pour comprendre sa marche, comme le montre ce tableau:

VATICANO DURHAM PARIS

Istam expertus est beatus Stephanus in sua passione cum non potu- 'it flecti per calumpniam ludeorum. Habuit enim falsos accusatores secundum quod legitur in Actibus et fuerunt ei pertinaciter proterui: Surrexerunt quidam de

synagoga que appellabatur Libertinorum et Cyrenen-

sium, disputantes cunt Stephano et non poterant resistere spiritui et sapientie que loquebatur, et licet

non possent resistere, nolebant tarnen acquiescere.

Pertinaciter erant libertini, facientes paleas, non curantes de ueritate sed de palea. Stephanus

�regula" interpretatur; isti igitur contendunt et disputant cum Stepha-

no quia disputant de

comparatione status secularis ad religionem.

Hanc iusticiam indeclinabilem Stephanus expertus est quia non potuit deflecti per calumpniam uel iniuriam in iudicio sibi factam uel illatam. Iniuria enim sibi illata est in iudicio tam ab accusantibus quam a testibus quam a iudicibus. Ab accusato- ribus quidem quia fuerunt pertinaciter proterui: Surrexertatt quidam de synagoga, etc.

Libertiniinterpretan- tur�facientes paleas". Isti sunt libertini qui pa- leam equiparant granis uel preponunt, compa- rantes statum seculari- um ad religiosum.

Hanc expertus beatus Stephanus non potuit flecti per Iudeorum calumpniam, immo eos dure increpat, Act. 7: Dura ceruice, etc. usque: homicide fiiistis. Vnde

contra accusatores et falsos testes stetit, unde Act. VI: Surrexerunt quidam, etc., usque ibi: qui loquebaufur.

Libertini interpretan- tur �querentes paleas", qui adhuc insurgunt contra Stephanum, id est �regulam" et religiosos.

Mais les accusateurs ne pouvaient resister a la Sagesse et ä l'Esprit qui parlaient par Etienne et il en est de meme des ennemis des reguliers qui ne peuvent refuter ni la Sagesse qui parle dans le Nouveau Testa- ment, les paroles de Jesus au jeune homme riche, 15 ni 1'Esprit qui parle dans l'Ancien, la reprimande de Samuel ä Saül au sujet de 1'obeis- sance. 16

15 Mt. 19,20; Lc. 18,22. 16 1 Rois (1 Sam. ) 15,22.


VATICANO

De hoc uolunt contendere sed non possunt resistere sapientie que loquitur. Sapientia loquitur in Nouo Testa- mento et quid dicit? Vide in Mateo et in Luca de adholescenti ... et dixit ei Dominus

... Vnum tibi deest; si uis esse perfectos, ende et uende omnia que habes,

etc. Ergo iste status preeminet seculari si uerum dicit Sapientia

que non mentitur. Loquitur et Spiritus

in Veteri Testamento. Melior est, dicit Samuel, obedientia qunm uictime, etc., primo Regum est. Quia non potest plus facere homo quam uoluntatem suam, que est quid dignissimum in eo, Deo offerre.

DURHAM

et non possunt resistere sapiencie in Nouo Te-

stamento que dicit: Si

uis perfectus esse, uade et ueude, etc. Et hec Sapi-

encia que Christus est loquitur.

Nec Spiritui in Veteri Testamento, I Regum; Melior est obediencia quam uictfina. Et sic qui offert uoluntatem propriam nichil preciosius potest offerre.

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PARIS

sed non possunt resistere sapientie et spiritui qui loquitur, sapiencie in Nouo, Mt. XIX: Si uis perfectus esse, etc.,

Spiritui in Veteri, Reg.: Melior est obediencia quam uictime. Quid enim nobilius, quid dignius quam propria uoluntas que totaliter abdicatur et Deo offer- tur in obediencia religionis obseruanda?

Les ennemis des mendiants ne tiennent compte ni de la Sagesse ni de 1'Esprit quand ils disent aux jeunes gens qui aspirent ä la vie religieuse: « Si tu veux etre bon dans le siecle, tu pourras y faire beaucoup plus de bien que daps un ordre religieux ». Ce sont des affranchis (libertini), non de vrais hommes libres vivant de la liberte de 1'esprit. La suite de la sous-partie concernant la justice n'est plus directement polemique et il ny est plus question des adversaires seculiers, mais certains traits des ennemis d'Etienne etaient faciles ä transposer, ainsi 1'usage de faux temoins et 1'excitation du peuple par les anciens et les scribes. La fin du sermon porte sur la puissance invincible (II. b. 1), insurpassable (II. b. 2) et universelle (II. b. 3) de Dieu et sur sa sagesse infaillible (II. c), qui Bait distinguer 1'ignorance de Paul et la malice des Juifs. Le ton y est beaucoup plus irenique bien que Von puisse voir quelques allusions aux disputes du temps quand il est question de la violence et de l'obsti-


nation des Juifs s'opposant ä la puissance de Dieu et du chätiment des Egyptiens qui ne songeaient qü ä s'enrichir ainsi que leur famille.

La reaction ne s'est pas fait longtemps attendre: des le 22 janvier, moins d'un mois apres le sermon de Tarentaise, un maitre seculier lui repondait vertement ä 1'occasion de la fete du diacre martyr saint Vin- cent. Ce sermon du maitre seculier, comme il a ete dit, ne nous est connu que par un seul temoin, le manuscrit Vat. lat. 1265, aux folios 126ra-129ra. Nous avons vu que les sermons de ce recueil qui sont identifiables, sont de maitres actifs autour de 1270; c'est donc a ce mo- ment qu'il faut placer la date de ce sermon anonyme.

En fait, il semble que 1'anonyme ait concu d'abord son sermon comme une reponse a un autre adversaire. Celui-ci n'est pas nomme comme il est naturel ä 1'epoque; il est compare a un chef d'armee bibli- que du nom de Sopherl7 qui instruisait les nouveaux soldats (probabat tyrones); il s'agit donc d'un formateur, probablement un maitre mendiant. Ce qui concerne Tarentaise se presente comme une longue di- gression plutöt que comme un element essentiel du plan. Voici donc ce plan:

A. Prothema 2-23 B. Sermo 24-372

Introductio. Diuisio 25-39 1. Probatio diuina (Disputatio) 40-226

(clernentia diuina)

a. sophistica 48-183

perfectio prelatorum 60-146 1. dilectionis feruor 71-109 2. agonia actionis 110-126 3. sublimitas contemplationis 127-146

a'. Digressio: Stephanus 147-183 b. temptatiua 184-206 c. dialectica et demonstratiua 207-226

II. Probationis forma (Aurum) 227-367 (humana patientia)

a. preciositas 236-249 b. ductilitas 250-273 c. incorruptibilitas 274-291 d. uirtus 292-367

1. confortatiua 294-320

17 4 Rois 25,19. Le nom propre Sopher de la Vulgate correspond dans l'hebreu ä un nom commun.


2. eliminatiua 321-334 3. purgatiua 335-358 4. tollendi fantasmata 359-367

III. Causa (Ignis caritatis) 368-372 (pena transitorin)

C. Oratio finalis 373-375

Le sermon du maitre seculier commence, comme celui de Tarentaise, par un protheme qui semble manquer de la phrase d'introduction puisqu'il commence directement par Quantum ad primum. La predication doit s'appuyer sur le desir spirituel et la priere perseverante. Le sermon lui-meme a pour theme le verset job 23,10: « Il m'a eprouve (probauit) comme For que l'on fait passer par le feu », texte tres souvent utilise pour la fete de saint Laurent et des autres saints ayant subi le supplice du feu. Dans le cas present, le verset semble avoir ete choisi en raison du mot probauit qui va fournir l'essentiel de la polemique, en passant du sens d'epreuve ä celui de preuve. Le verset est divise en trois parties principales: la clemence divine qui met les saints ä 1'epreuve (probauit me) pour mieux les recompenser (I. ), la patience humaine qui subit 1'epreuve aussi bien que For (quasi aurum: II. ), la peine de 1'epreuve qui ne dure qü un temps (quod per ignem transit: III. ). Mais ces trois parties ont des longueurs bien differentes, la troisieme se limitant ä un paragraphe de quelques lignes.

Des qu'est abordee la premiere partie, 1'orateur passe tout de suite de 1'epreuve a la preuve, notant qu'il existe quatre sortes de preuves correspondant aux quatre types de disputes scolaires: sophistique, tentative, dialectique et demonstrative (I. ). 18 C'est le premier type de dispute qui va recevoir le plus long developpement, occupant plus du tiers de l'ensemble du sermon (I. a). La preuve sophistique est donc basee sur de fausses apparences. Et c'est ici qu'est introduit le person- nage de Sopher dont le nom signifie « qui divise »19 et represente les heretiques, heresie et division etant equivalents. Ce Sopher, au lieu de former les jeunes religieux ä l'unite de 1'Eglise, leur enseigne que leur etat (status) est superieur a celui des prelats, ce qui est une heresie, comme va le montrer une fois de plus notre maitre seculier. II dit avoir dejä etabli que 1'etat de prelat est le plus parfait tant en raison du merite que de la recompense et du role ecclesial (officium). 11 va le montrer maintenant par 1'examen de la conduite terrestre (cursus) du prelat.

18 ARISroTE, De sophisticis eletichis (165a 38-39). Cf. LAMBERTUS MARIE DE RIJK, Logica modernorunl, Assen 1962-1968,1,269, lin. 21-22; 1I. 2,148, lin. 169.

19 C'est ce que dit Jerome dans le Liber interpretationum hebraicarum nominum, 3 Reg., S (CChr. SL 72,113, lin. 16.17).


Celui-ci 1'emporte par la ferveur de sa charite (feruor dilectionis: 1. a. 1). Le bon prelat brille par 1'amour de Dieu et celui du prochain. La Glose20 en donne pour signe les deux franges rouges de la mitre pontificale et la couleur rouge de la chape du Pape, symbole d'un

amour qui peut aller jusqu'au martyre. Saint Vincent, tout comme saint Laurent qui ont soutenu un si dur martyre ri etaient pas des religieux mais bien des archidiacres et done des prelats. Aucun religieux ne peut leur titre compare, du moires quand ä la perfection de leur etat, car le merite lui-meme r en depend pas. Mais si les prelats exercent fidele-

ment leur office, ils sont d'une bien plus grande perfection quoi qu'en disent les nouveaux heretiques. Les prelats 1'emportent aussi par le courage de leur action (agonia actionis: I. a. 2) car il leur faut subir de grandes difficultes dans 1'exercice de leur fonction. Ici encore saint Vincent s'est montre victorieux de multiples facons dans une epreuve (probatione) veridique et non sophistique. Enfin les prelats depassent tous les autres par la sublimite de leur contemplation, puisque meme un prelat indigne, comme Caiphe, a eu l'illumination de la prophetie. Donc c'est bien ä tort que les heretiques modernes vantent leur statut comme superieur.

C'est alors que notre seculier change de cible et quitte « Sopher » pour Tarentaise, design avec mepris comme « celui qui ramasse les fers derriere les chevaux », ce qui pourrait titre une allusion au manque d'originalite de Pierre. La refutation est cinglante. L'argumentation du dominicain venait de 1'interpretatio «Stephanus = regula »21 et faisait d'Etienne un symbole des religieux. Le maitre seculier repond aise- ment: Qui est le plus a regle? Celui qui regle ou celui qui est regle? C'est le prelat et non le religieux qui regle les autres et c'est done lui qui est represente par Etienne. Et de rajouter trois autres interpretationes de Stephanus: « couronne », « qui nous juge », et « poste d'observation ». La couronne est la gloire eternelle que le prelat donne aux autres et acquiere par une vie conforme ä sa fonction. Donc par cette image Etienne est design comme prelat et non comme religieux mendiant; d'ailleurs il ne mendiait pas mais au contraire il distribuait aux autres, etant un des Sept diacres. Juger (iudicans nos) est 1'affaire des archeve- ques et eveques qui sont juges ordinaires de leurs fideles. La derreiere interpretation du nom d'Etienne est o poste d'observation » (specula). A qui cela convient-il le mieux qu'aux prelats responsables de la garde de leurs ouailles. Et donc Etienne est la figure des prelats et non des religieux? Et donc, conclut notre seculier:

20 Glosa Petri Lombardi in Ps. 118,140 (PL 191,1114D). 21 Cf. ci-dessus, note 13.


Toi qui dis que les religieux sont signifies par Etienne, tu parles contre toi-meme, tu apportes contre toi le temoignage de l'Ecriture avec autant d'arrogance que d'ignorance (arroganter sed ignoranter).

Les arguments des religieux sont donc des preuves sophistiques qui ne sont pas approuvees par la Verite qui est le Christ et donc eux-memes ne sont pas approuves par Dieu mais bien plutöt reprouves. Un autre type de preuve est Bite «tentative » et consiste ä tirer de caracteres communs des proprietes (I. b). Ici 1'exemple est pris de la mise ä 1'epreuve des soldats de Gedeon, 22 ceux qui, ayant plie les genoux pour boire ont ete renvoyes; ainsi ceux qui essaient par appetit d'honneurs de vaincre par des essais de preuve (probantur temptatiua probatione) et vantent leur etat de vie (statuttt). Its n imitent pas le Christ qui a refuse de plier les genoux devant Satan. Par vanite ils s'arrogent un etat plus parfait pour paraitre dune grande saintete, mais ainsi ce nest plus le Christ qu'ils suivent mais le diable. 2 . Mais il reste deux types de bonnes preuves, la preuve dialectique et la preuve demonstrative (I. c). Ce sont celles de ceux qui ont servi le Seigneur avec humilite sans s'arroger un etat de vie superieur aux autres. Et c'est de nouveau l'armee de Gedeon qui sert d'exemple. Les Madianites ont ete vaincus parce que les Hebreux sonnaient de la trompette en brisant des cru- ches. 24 Les martyrs ont vaincu en annoncant la parole divine et en permettant que leurs corps soient brises par le martyre. Leur epreuve n'a donc ete ni sophistique ni tentative mais vraie, dialectique et demonstrative.

La deuxieme partie du sermon porte sur le mode de 1'epreuve (probationis form) et correspond au deuxieme element du verset thematique: quasi aurutn probauit me (II. ). Parmi les metaux, For 1'emporte par son prix, sa ductilite, son incorruptibilite et sa valeur (uirtute). Et ces qualites correspondent a celles de la patience. L'or est le plus pre- cieux des metaux (II. a), et la patience la plus precieuse des vertus: « Mieux vaut un homme patient qu'un heros, un homme maitre de soi qu un preneur de ville », comme dit le livre des Proverbes (16,32). L' or 1'emporte aussi par sa ductilite puisqu'on peut le travailler en feuilles tres fines; de plus il ne resonne pas quand on le frappe, tout comme l'homme patient et surtout un martyr comme Vincent. C'est des martyrs qu'il est dit au livre de 1'Exode (15,31): « Tu feras un candelabre mobile (ductile) d'or tres pur ». Les hommes d'Eglise sont eux aussi des porteurs de candelabres. L'Evangile25 dit que la lampe est allumee

u Cf. Juges 7,4-7. 23 Ce paragraphe est particuli@rement obscur et je ne suis pas sür du tout de 1'avoir

bien rendu. 21 Cf. Juges 7,16-19. 25 Mt. 13,13; Mc. 4,12; Lc. 5,10.


pour etre mise sur le candelabre, et l'on doit porter par le monde la lumiere de la predication. C'est ce que ne font pas ceux qui exilent et chassent de leurs chapitres les predicateurs veridiques qui pourraient mettre leurs defauts en lumiere - entendez Guillaume de Saint- Amour. 26 L'incorruptibilite est aussi une qualite commune a l'or et ä la

patience (II. c), celle-ci ressemble a l'arche d'alliance faite d'or pur, qui contenait la manne qui signifie la grace, les tables de 1'Alliance, donc la

sagesse divine, et la baguette d'Aaron, ancetre du baton pastoral, qui rappelle que le pasteur doit nourrir son peuple par la parole, l'exemple

et le soutien materiel. La quatrieme qualite de l'or, sa valeur ou vertu (uirtus: II. d) est multiple. Ici l'orateur s'inspire d'ouvrages de medecine et notamment du Canon d'Avicenne 27 Les vertus de For retenues ici

sont applicables a la patience; elles consistent a reconforter (II. d. 1)

comme ont ete reconfortes saint Vincent et les martyrs, ä eliminer les

maladies (II. d. 2), la lepre comme son correspondant spirituel, l'here-

sie, ä purger (II. d. 3. ) aussi bien les mauvaises odeurs de la bouche que celles de la calomnie, notamment chez les moires detracteurs qui chan- tent les heures canoniques du diable, enfin a chasser les vanites (fantas-

mata: II. d. 4). La troisieme et derniere partie annoncee (III. ) se limite a un court paragraphe nous rappelant que par la patience brülee du feu de la charite nous avons acces au martyre d'apres saint Gregoire. En conclusion, nous devons demander au Seigneur de nous eprouver par une vraie epreuve ä l'image de saint Vincent.

Si le sermon de Tarentaise n etait que partiellement polemique, it ya peu d'elements du sermon seculier qui ne contienne quelque allusion a la querelle et son ton est beaucoup plus agressif que celui de Pierre. Ce- lui-ci ne traite jamais ses opposants d'heretiques, ce que fait plusieurs fois le maitre anonyme. Si le dominicain use de quelques termes depre-

ciatifs (pertinaciter proterui, libertini), son adversaire, qui reproche plusieurs fois l'arrogance et l'ignorance des mendiants, use d'expressions insultantes envers Tarentaise, le traite de « celui qui ramasse les fers derriere les chevaux », et dit que la faussete de ses arguments est evi- dente meme pour les imbeciles (patet lippis et tonsoribus).

J'etais assez enclin, it ya trente ans, a identifier ce maitre seculier avec Gerard dAbbeville; 28 je le suis beaucoup moins maintenant. Si Yon compare ce sermon anonyme avec le fragment conserve du sermon de Gerard pour la Circoncision, 29 si la durete de ton en est analo-

26 Sur l'exil de Guillaume, voir MICHEL-MARIE DUFEIL, Guillaume de Saint-Amour et In polenºique universitaire parisienne, 1250-1259, Paris 1972,302-331.

27 Cf. AUICENNA, Liber canonis, lib. 2, tr. 2, c. 79 (ed. Venetiis 1507, reimpr. Hildesheim 1964, f. 96vb).

28 BATAILLON, « Les crises de I'Universite de Paris » (cf. note 1), 164-165. 29 Texte edite par MAX BIERBAUM, Bettelorden und Weltgeistlichkeit an der Universität

Paris. Texte und Untersuchungen zum literarischen Armuts- und Exemptionsstreit des 13.


gue, on constate que l'argumentation de Gerard est basee sur un choix intelligent de textes patristiques et canoniques, alors que le maitre anonyme use surtout d'arguments de peu de poids dialectique, inteipre- tationes de noms bibliques et exegeses « spirituelles », ce que faisait d'ailleurs lui aussi Pierre de Tarentaise. 11 peut done s'agir d'un autre maitre partisan des seculiers; il n 'en manquait certes pas.

Il faudrait aussi savoir qui est le religieux design par «Sopher ». Nous avons vu que ce Mendiant avait certainement un role de formateur; il pouvait donc s'agir, soit d'un maitre des freres novices ou etu- diants, soit d'un professeur, lecteur conventuel ou maitre universitaire. It est probable que Thomas d'Aquin doive etre exclu, car il semble que « Sopher » ait professe la superiorite des mendiants sur tous les prelats, eveques compris. Nous ne connaissons pas suffisamment la position des dominicains autres que Thomas sur ce point, mais il est assez probable que « Sopher » soit ä chercher parmi les Mineurs.

Quant ä la date, eile est certainement anterieure ä la Duplex Quaestio de Gerard, done avant fevrier 1270, car il West question de la liceite du vceu des pueri ni dans le sermon de Tarentaise ni dans la replique se- culiere. L'episode est-il anterieur au Quodlibet XIV de Gerard et donc avant decembre 1269? L'absence de distinction entre la prelature des eveques et celle des archidiacres et des cures dans les deux sermons etudies y inviterait. L'ordre des textes dans le manuscrit Vat. lat. 1265 ferait penser ä l'hiver 1265-1266,30 ce qui semble trop tot. Il faut done renoncer ä apporter trop de precisions pour la date et les personnages de cet episode, en fait assez mineur dans 1'evolution des discussions. Le niveau des arguments n'est pas tres eleve, sans comparaison avec ceux dun Bonaventure, d'un Thomas d'Aquin ou de Gerard d'Abbe- ville lui-meme, mais celui de la passion n'est, lui, en rien inferieur.

Jahrhunderts (1255-1272) (FS. B 2), Münster 1920,208-219. Sur la date et le caractere fragmentaire du document, voir Louis J. BATAILLON, « Fragments de sermons de Gerard d'Abbeville, Eudes de Rosny et Thomas d'Aquin », dans: AHDL 51 (1984) 257-268, ici 260-261 (repris, ID., La predication au XIIIe siecle en France et Italic, Alder- shot 1993, nr. XIX).

30 BATAILLON, « Les crises de l'Universite de Paris » (cf. note 1), 161.

Annexe I

PETRUS DE TARANTASIA

In festo beati Stephan

Bibliotheca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 1265, f. 101ra - 104rb

Veritas de terra orta est et iustitia de celo prospexit. l

A. Nemo poterat resistere sapientie et spiritui qui loquebatur. In Actibus. 2

Contingit aliquando quod sermo predicatoris non penetrat corda auditorum sed inuenit inpedimentum quandoque ex parte uite predicatoris

5 quia sicut dicit Gregorius: 3 �Cuius uita despicitur, restat ut eius predi- cacio contempnatur"; aliquando est impedimentum ex deffectu sapientie in predicatore qui nescit loqui sensate nec uerba tempore debito proponere, unde Sapiens4 dicit: Ex ore fatui reprobabititr parabola quia non dicit eam tenipore stio; aliquando est deffectus ex parte gratie quia

10 gratia non adest cordibus auditorum. In uanum enim laborat exterius lingua doctoris nisi interius adsit et operetur gratia Conditoris", Gre- gorius. 5

Ista impedimenta cessant ubi Stephanus loquitur, ubi sapientia et spiritus Dei loquitur. Stephanus enim interpretatur et significat hominem

15 rectum et quadratum et rectificatum ad regulam iustitie. Talis est homo iustus et in tali non est deffectus ex parte uite siue conuersationis honeste. Similiter quando sapientia dei loquitur in homine, non est ibi deffectus sapientie quia talis homo scit et potest sensate et uerba tempore suo proponere. Similiter quando spiritus Dei in eo loquitur non

20 est deffectus gratie aut ex parte gratie et tunc non possunt omnibus istis corda auditorum resistere sicut dicitur in uerbis propositis, sed uiuus est tunc sermo Dei et efficax et penetrabilior oinni gladio ancipiti, sicut dicitur ad Hebreos 6

Rogabimus Dominum in principio ut omnia inpedimenta ista amoueat 25 et det nobis sermonem efficacem, ita quod cedat sibi ad gloriam et

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6

Ps. 84,12. Act. 6,10. Homiline in Eunngelia, lib. 1, hom. 12,1 (CChr. SL 141,82, lin. 36-37). Sir. 20,22. Homiline in Eunngelin, lib. 2, hom. 30,3 (CChr. SL 141,258, lin. 74-75). Hbr. 4,12.

0 In festo beati Stephani 157

honorem, beato Stephano ad commendationem, nobis ad animarum edifficationem et consolationem. B. Veritas de terra orta est et iustitin, etc. Due sunt cause hodierne festiuitatis, una natiuitas Saluatoris qua tem-

30 poraliter natus est in mundo, alia qua Stephanus est eternaliter natus in celo, unde Fulgentius7 in sermone dicit sic: �Heri celebrauimus tempo- ralem regis nostri natalem, hodie celebramus triumphalem militis passionem". Et bene coniunguntur ista duo, quia miles iste, beatus Stephanus, primus pro confessione ueritatis orte sustinuit passionem,

35 ideo sollempnitati Saluatoris immediate adiuncta est sollempnitas de passione prothomartiris Stephani, et due cause presentis sollempnitatis tanguntur in uerbis propositis; prima cum dicitur: Veritas de terra orta est, quod pertinet ad natiuitatem Saluatoris, ueritas inquam quarn constanter confessus est beatus Stephanus, pro qua etiam est passus;

40 Iustitia de celo prospexit, quod pertinet ad sollempnitatem prothomartiris, iustitia inquam de celo prospexit beatum Stephanum hic fideliter pugnantern et triumphantem de ludeis et ipsum uictorem coronauit in celis. Primum facturn est in natiuitate Saluatoris ut dictum est; secundum facturn est quando beatus Stephanus inter ictus lapidantium uidit

45 celos apertos ut ibi reciperetur et Iesum stantem a dextris Dei ut ab eo gloria et honore coronaretur. Circa primum$ ......... in uerbo proposito describuntur ......... que facta sunt et exh...... I. Primo describitur nobis nascentis excellentia et dignitas, quia ipse est

50 ueritas. Nichil enim nobilius, nichil excellentius ueritate. Secundo Hes- dre: 9

�Magna est ueritas et preualet omnibus". Quid nobilius ueritate? Ista ueritas Christus est, unde ipse dicit in Iohanne: 10 Ego sum uia, ueritas et uita. 11 Ego sum uia, scilicet secundum carnem in qua prebuit exemplum uisibile quasi uiam nobis ostendens per quam ambulare-

55 mus; uita secundum animarn rationalem, que tota uiua siue uiuificans propter carismatum et donorum omnium plenitudinem; ueritas12 secundum unitam diuinitatem per quam nos illuminauit, lohannis 1: 13 Erat lux uera que illumiuat, etc.

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FULGENTIUS RUSPENSIS, Sermo III. De sancto Stephano protomartyre et conuersione S. Pauli 1 (CChr. SL 91A, 905, lin. 1-24). Hic tres uersus sunt pro magna parte illegibiles. 3 Esr. 4,41. Io. 14,6. Ego

... uia bis scripsit V. ueritas scripsi] uita V. 10.1,9.

158 Petrus de Tarantasia

I. a. Hanc ueritatem inuocat terra, id est homines terreni de terra nati, 60 sicut Saluatorem suum; honorat eum celum et angeli ciues celestes

sicut imperatorem suum. Omnes creature tremunt hanc ueritatem sicut actorem et creatorem suum. Et oportuit quod de terra oriretur ueritas illa quia in terra mortua erat ueritas, secundum quod dicit Dauid: 14 Diminute sunt ueritates a filiis hontinum. Et Ysaias15 dicit: Corruit in plateis

65 ueritas, Et ibi dicit Glosa16 quod sicut ex una facie resultat ymago multa17 in medio aut in diuersis speculis, sic ex una ueritate increata multe relucent ueritates create in mentibus hominum quamdiu con- uerse sunt ad i11am ueritatem increatam. Si auertantur, diminuuntur ueritates create et tollentur, increata remanet. Hic est ergo primum

70 quod describitur hic, dignitas scilicet nascentis et hoc sub nomine ueritatis cum dicitur ueritas. I. b. Secundo describitur hic humilitas parientis cum dicitur de terra. 18

... terra ista benedicta est beatissima uirgo Maria; Psalmista: 19 Bene- dixisti Domine terrain tuam, scilicet Virginem gloriosam benedictionibus

75 innumerabilibus, et sic auertisti captiuitatent Iacob, hoc est hominum bonorum qui subplantatores sunt uiciorum. Et comparatur terre Virgo gloriosa inter cetera elementa quia terra ultima est quantum ad situm; item inter cetera firmissima est quantum ad motum quia non mouetur nisi per miraculum, ut in Passione factus

80 est terre motus ut dicitur generaliter; est etiam fecundissima quantum ad fructum, et ista conueniunt beate Virgin. 1. b. 1. In primo innuitur eius humilitas profundissima quia humillima, unde Iob? o Qui fundauit terrain super nicltilutn? 1 Quod fit spiritualiter in profundissima humilitate, que inquam humilitas fundatur et stabili-

85 tur in nulla sui ipsius reputatio. Quando nichil se reputat aliquis opti- me fundatus est; talis non potest cadere quando se nichil reputat inferius, quando enim homo in tali loco stat quo nichil est inferius, tunc cadere non potest quia non habet quo cadat aut descendat, quia locum tenet inferiorem et ultimum. Talem locum tenebat Paulus qui dicebat: 22

90 Michi autein sanctoruin tnininto, etc. Quomodo posset ille cadere qui se ultimum et infimum omnibus reputabat? Si enim se aliis preponeret, 14

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Ps. 11,2. Is. 59,14. PETRUS LOMBARDUS, Commentarios in Psalmos, Ps. XI, 1 (PL 191,155A): Pluraliter dicit veritates, quia agit de veritatibus hominum. Veritas enim Dei ima est ...

Sicut ab unafacie amltae in speculis imagines apparent. multa conieci ex glosa] iiia cod. Hic pauca uerba non leguntur. Ps. 84,2. lob 26,7: �qui ... appendit terram super nihilum". nichilum] nichili V. Eph. 3,8.

In festo beati Stephani 159

cadere posset et unde caderet haberet, sed quia omnes alios sibi pre- ponebat et se ultimus reputabat, unde caderet non habebat. Sic se in humilitate fundauerat Virgo gloriosa qui dicebat: 23 Ecce ancilla Domini,

95 fiat midti, etc. In infimo gradu se collocat quando ancillam se uocabat que ut esset mater filii Dei electa erat. Comparatur igitur terre quia sicut terra est ultima quantum ad situm, sic beata Virgo ut humillima elegit ultimum gradum et infimum situm. I. b. 2. Item fuit etiam firmissima quantum ad motum. Sicut et terra

100 inter elementa, per fidei firmam et immobilem confessionern et tentio- nem quia ipsa sola immobiliter stetit quando apostoli recesserunt et Dominum reliquerunt et quasi oues disperse sunt percusso pastore. Propter quod dicitur in Ecclesiaste: 24 Generatio aduenit, generatio preterit, terra auf ein in eternum stat. Generatio aduenit discipulorum ante Passio-

105 nem ad fidem; generatio preterit, illa cadit eadem in Passione; terra autem, id est Virgo beata in eternum stetit, ipsa enim immobilis tanquam firmata supra firmam petrmn25 in Passione et in Resurrectione. Nec ob- stat quod dicitur in Psalmo: 26 Terra treinuit et quieuit, quia ipsa terra, ut beata Maria contremuit affectu compassionis ad Filium compatientem:

110 Et tuarn ipsius aninrant pertransibit gladius. 27 Non erat mirum si compa- tiebatur quando sua uiscera confodiebantur; sed quieuit quia certissi- me et indubitanter credit ipsum tertia die resurrecturum. I. b. 3. Item fuit Virgo beata ad modum terre fecundissima quantum ad fructum unde de ipsa dicitur in Psalmo: 28 Terra dedit fructum suum,

115 totaliter suum quia totaliter ex se productum. In nostra procuratione et productione communicant pater et mater, et quilibet ponit ibi de suo partem substantie sue, sed in productione istius fructus tantum posuit mater de suo, non carnalis pater. Vnde Origenes de isto fructu terre beatissime dicit quod in celis est sine matre, in terris sine patre.

120 I. c. Tertio in uerbo proposito describitur nobis et ostenditur natiuitatis eius claritas cum dicitur orta est. Nam ortus eius et natiuitas fuit ortus lucis, et est ortus in quantum lucis sine omni tenebra siue tenebrarum admixtione, unde Ysaias IX: 29 Habitantibus in regione umbre lux orta est eis. Natiuitas nostra potius est casus uel occasus quam ortus, nam cum

125 triplici casu uel occasu nascimur, scilicet cum triplici debito originalis culpe, cum debito mortis temporalis quia omnes sumus morti addicti30

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Lc. 1,38. Ed 1,4. Mt. 7,25; Lc. 6,48. Ps. 75,9. Lc. 2,35. Ps. 66,7. Is. 9,2. addicti] adducti V.

160 Petrus de Tarantasia e

per peccatum primi parentis et cum debito dampnationis eterne. Et ab hoc triplici debito liber ortus est Christus et ideo conuenienter natiuitas eius ortus dicitur, licet non nostra ita possit dici: ortus enim est sine

130 debito originalis culpe, sine debito mortis temporalis propter peccatum inflicte et sine debito dampnationis eterne. Ideo dicitur in Ysaiam: 31 Aperiatur terra, Virgo beata scilicet per consensum, et gernzinet Saluato- rein et iustitia orietur sinnsl. Ego Dominus creaui euin. Sed Saluator est, non est debitor dampnationis eterne, sed iustitia orta est cum illo, ita

135 quod sit sibi naturalis; non est debitor originalis culpe, sed Dominus fecit eum; non est in e032 mors siue necessitas ad mortem quia Deus mortem non fecit, Sapientie 1.33

II. Hiis uisis breuiter de ortu ueritatis que orta est in terris quantum pertinet ad sollempnitatem natiuitatis Christi, uideamus parum de iu-

140 stitia que hodie beatum Stephanum coronauit in celis, quod pertinet ad presentem sollempnitatem, et hoc secundo tangitur cum dicitur: Et iustitia de celo prospexit, id est Christus rex iustus, sapiens et potens. Ista tria requiruntur in bono rege et iudice qui debet causas inquirere et secundum opera retribuere. Sapientia requiritur in cause cognitionem,

145 iustitia in sententie diffinitionem, potentia in executione rei iudicate, et hoc quia parum esset si sciret aliquis et uellet iustam sententiam dare nisi posset earn execution demandare. Ista tria fuerunt in Domino Jesu Christo secundum quod dicit Ysaias34 de ipso: Regnabit rex in potentia: ecce potentia quia rex erit et regnabit, id est potens et uirtuosus erit, et

150 sapiens erit: ecce sapientia, et faciet iudicium et iustitiam in terra: ecce iustitia.

Hec tria expertus est in semetipso beatus Stephanus in sua passione. Expertus enim in se iustitiam Dei indeclinabilem quia non potuit flecti a fide nec a rectitudine siue a confessione nominis Christi per Iude-

155 orum accusationem et calumpniam. Expertus est etiam Dei potentiam quia non potuit frangi per eorum impetum et uiolentiarn. Expertus etiam in se Dei sapientiam quia a contemplatione celestium non potuit euelli per lapidationem ab eis inflictam. II. a. Consideremus igitur iustitiam indeclinabilem que notatur hic cum

160 dicitur: lustitia, etc. �Iusticia" dicit, non Justus" quia iustus est secun-

dum humanitatem, sed iustitia secundum diuinitatem: Prope est iustus meus ut ueniat, dicit Dominus per Ysaiam35 de Christo nascituro tem- poraliter ex matre. Iustitia non declinat a rectitudine licet aliquomodo

31 Is. 45,8. 32 eo] ea.

33 Sap. 1,13. sa Ier. 23,5. 35 Is. 51,5.

In festo beati Stephani 161

in foro36 declinet et declinare possit. Dicitur igitur Christus iustitia, non 165 tantum iustus quia iustitiam habet essentialiter quantum ad diuinita-

tem37 et connaturaliter quantum ad humanitatem, quia ex conceptione sua secundum quod dicit Ysaias 38 Rorate cell desuper, etc. et iustitia oria- tur simul, etc. Item iustitiam habuit Christus excellenter et incomparabiliter sicut ca-

170 put totius Ecclesie a quo est influentia in cetera membra et in maiori excellentia et habundantia; oportet quod habeat carismatum dona quia pro se, sicut papa uocatus est in plenitudinem potestatis, alii in partem solicitudinis. Istam expertus est beatus Stephanus in sua passione cum non potuit

175 flecti per calumpniam ludeorum. Habuit enim falsos accusatores secundum quod legitur in Actibus39 et fuerunt ei pertinaciter proterui: Surrexerunt quidatn de synagoga que appellabatur Libertinoruin et Cyrenen- sium, disputantes cunt Stepllano et non poterant resistere spiritui et sapientie que loquebatur, et licet non possent resistere, nolebant tarnen acqui-

180 escere: Pertinaciter erant libertini, facientes paleas, non curantes de ueritate sed de palea. Stephanus �regula" interpretatur, 40 isti igitur contendunt et disputant cum Stephano quia disputant de comparatione status secularis ad religionem. De hoc uolunt contendere sed non possunt resistere sapientie que loquitur. Sapientia loquitur in nouo

185 Testamento et quid dicit? Vide in Mateo41 et in Luca42 de adholescenti43 qui uenit ad Dominum et quesiuit ab eo quid faciendo uitam eternam possideret et dixit ei Dominus: Sertta inandata et enumerauit; et re- spondit iuuenis: Hec otnnia seruaui a iuuentute mea; et dicitur ibi quod intuitus ettm Iesus dilexit eum; 44 et postea dixit: Vnum tibi deest; si uis esse

190 perfectus, uade et ttende ontnia que liabes, etc. Ergo iste status preeminet seculari si uerum dicit sapientia que non mentitur. Loquitur et Spiritus in Veteri Testamento. Melior est, dicit Samuel, obedientia quaiii uictittte, etc., primo Regum45 est. Quia non potest plus facere homo quam uoluntatem suam, que est quid dignissimum in eo,

195 Deo offerre. Non ergo possunt Sapientie et Spiritui resistere quidquid

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in foro conieci] etiam foruo V. quantum ad diuinitatem] bis scripsit V. Is. 45,8. Act. 6,9. Interpretationes (Paris, BnF, lat. 15463, f. 619va): Steppanus - corona uel nornin rostra seu iudicans nos auf speculatio rostra. - Steppanus - regula uel coronatus seu speculans nut iaculatio. Mt. 19,20. Lc. 18,21 adholescenti] adhoranti qi prnent. et del. V. Mc. 10,21. 1 Sm. 15,22.

162 Petrus de Tarantasia p

dicant, et tarnen nolunt acquiescere. Quando enim ueniunt iuuenes ad eos et reuelant sibi proposita sua, dicunt: �Si uis esse bonus in seculo, plura bona poteris ibi facere quam in religione", et si hoc est, non est uerum quod dicit Sapientia et Spiritus sanctus, quod nephas est cre-

200 dere. Ipsi sunt rebelles lutttini secundum quod dicitur in Iob, 46 id est ueritati. Libertini sunt, non uere liberi, aliter acquiescerent47 Spiritui sancto, quia ubi Spiritus, ibi libertas. 48 Item sustinuit ab ipsis Iudeis quia fuerunt accusatores eius subornati, unde dicitur Actuum VI f: 49 Subtniserttnt itaque uiros qui dicerent se

205 audisse eum dicentem blasphemiam in Moysen et in Deunt. Fabricatores

mendacii fuerunt isti fabricatores fabrice contrarie diuine fabrice, nam Dominus fabricatus est auroratn et solettr50 isti autem nichil fabricant <nisi> mendacium quod est nichil. Testes erant iniqui, unde potuit dicere Stephanus miles Christi: Insurrexerunt in me testes iniqui, in Psal-

210 mo, 51 et inentita est iniquitas sibi, non michi sed sibi quia ad dampnum suum mentiti sunt, non ad meum, sed ad maiorem gloriam et coronam. Item sustinuit a iudicibus irrationabilem calumpniam quia fuerunt contra eum propter tumultum populi Iudeorum52 irrationabiliter commoti, unde Actuum V153 dicitur: Connnouerunt itaque plebent, ludei scilicet, et

215 seniores et scribas, concurrentes rnptteruttt euttt. Sed populus mouebatur, non erat mirum, sed quando seniores et scribe mouebantur qui debebant esse sapientes uiri, hoc erat mirabile; in Danielem: 54 Egressa est iniquitas a senioribus qui uidebantur regere populutn. Et totum patienter sustinuit Stephanus. Sic igitur habemus iustitiam

220 Dei indeclinabilem quam in se expertus est Stephanus in sua passione. II. b. 1. Item etiam Dominus cum hoc <habet> potentiam inuincibilem quod notatur cum dicitur de celo, quia potentia celestis est inuincibilis et hoc quia potentia altissima et excellentissima et non habet potentiam super se, unde Iudas Machabeus dixit ad milites suos: 55 Victoria belli

225 non in inultitudine exercitus sed de celo est fortitttdo, quasi: facile est Domino saluare et uictoriam dare, in paucis et in multis 56 Hic Danie157

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lob 24,13. acquiescerent] conquiescerent V. 2 Cor. 3,17. Act. 6,11. Ps. 73,16. Ps. 26,12. Iudeorum] pp' add. V. Act. 6,12. Dn. 13, S. 1 Mcc. 3,19. 1 Mcc. 3,18. Dn. 4,17-23.

0 In festo beati Stephani 163

dixit ad Nabug' exponens ei sompnium suum de arbore magna quam uiderat: Quod autem audisti: radicem eius dimittite et arborem precin- dite, hoc est quod quamdiu tu credes et estimaberis tuam potentiam

230 esse in te a temet ipso regnum tuum auferetur a te. Cum credideris quod tu habes tuarn potestatem a Deo, regnum tuum restituetur tibi de celo; dicit etiam quo innuitur quod potestas diuina et est incorruptibilis et eterna quia celum incorruptibilis est. Potestas ergo eius est incorruptibilis et interminabilis quam nullus potest euadere, unde in Daniele58

235 dicitur: Potestas eius potestas eterna que non attfferetur et regnuin quod non corrumperetatr. II. b. 2. Item potestas est insuperabilis, quod notatur in subtilitate celi quia59 super omnia. Sic potestas diuina insuperabilis est et super omnia cui nichil potet resistere. Secundo Machabeorum de Anthioco superbo

240 habetur"60 Me gtti pattlo ante sidera celi uolebat pre superbia sua et pre- sumptione, cepit ad cognitionem sui uenire et se cognoscens sic ait: 61 lustuni est hontinent sttbditum esse Deo et mortalia paria Deo non sentire. Item Augustinus uidens istius potentie insuperabilitatem et euadendi ipsam impossibilitatem, in libro De libero arbitrio62 dicit sic: �Quia 245 nemo superat leges omnipotentis Dei, non sinitur anima nisi reddere debitum Deo; aut enim reddit miseriam patiendo", quando punitur supple, �aut iustitiam faciendo", quando penitet; uoluntatis enim Dei semper fit aut de nobis aut a nobis. II. b. 3. Potestas autem est uniuersalis cui nullus potest se subtrahere

250 nec ab ea se exsimere nec ab ea appellare, quod notatur similiter in celo quia celum omnia continet ista inferiora, nichil est extra neque esse potest. Non potest ergo huic potentie aliquis se subtrahere nec ab ea appellare quia non est aliquod maius tribunal quam diuine maiestatis, unde Hester dicebat: 63 Doinine rex otttttipotens, in tua ditione64 omnia sunt

255 posita et non est qui tue possit resistere uolttntati. Istam inuincibilem potentiam diuinam expertus est beatus Stephanus in se et in sua passione quia non potuit uinci a Iudeis per eorum in- petum et uiolentiam. Itttpettttn fecerttnt in euin, quasi bruta animalia ratione carentia, contintterttnt aures65 suas, dicitur in Actibus, et intpetum

260 fecerunt unanitniter in eum. Ecce conspiratio malitiosa. De ecclesia ma-

sa Dn. 7,14. 59 quia conieci] quod V. 60 2 Mcc. 9,10. 61 2 Mcc. 9,12. 62 AUGUSTINUS, De libero nrbitrio, lib. 3, c. 15,15,43 (CCSL 29,391, lin. 53 -57). 63 Est. 13,6. 61 ditione] dictione V. 65 aures] uires V.

164 Petrus de Tarantasia

lignantium unanimiter currentium ad aliquod facinus perpetrandum dicitur in Iob: 66 Corpus this quasi scuta firsilia, loquitur de dyabolo, et membris eius sese prementia, ita ut nec spiraculurn67 incedat per eos. Tales erant isti pessimi ludei, compacti erant et in malitia obdurati, nec

265 spiraculum incedebat per eos, quia nec rationern nec excusationem eius admittebant. II. c. Item consideremus tertio sapientiam Dei infallibilem que notatur cum dicitur prospexit, id est prouide aspexit uel procul. Erat enim in celo in bona pace et Stephanus in terra inter lapidantes, unde procul

270 aspexit eum quomodo pugnaret; et quid prospexit illa infallibilis sapientia? Ecce quid: ludeum lapidantem, quia lapidabant Steplranum in- uocanterrr, etc. 6ß sicut homines amentes et furiosi, Saulum custodientem et in mortem eius consentientem, unde ibidem: 69 Et testes deposuerunt uestiinenta uersus pedes adholescentis qui uocabatur Saulus; et iterum bea-

275 tum Stephanum patientem et adorantem. Hec omnia respexit sed ualde differenter, sicut sol radio aliter respicit lutum quod consolidat et desiccat, aliter glaciem quam liquefacit et resoluit, aliter aurum quod splendescere facit. Iudeum lapidantem respexit grauissima indignatio- ne quia malitiam eius exit ad puniendum; de isto respectu dicitur in

280 Exodo70 de Pharaone et curribus eius: Factum est uigilia rrratutina et Dorninus respiciens super castra Egyptiorrun per cohrmpnanr ignis et nubis interftcit exercitum eorum et subuertit rotas curruurn ferebanturque in pro- fundurn. Non credebant Egypcii cum sic deberet accidere eis, nec cre- dunt modo Egypcii, nigri et tenebrosi peccatores, nec auertunt quod

285 Dominus respiciet eos in uigilia matutina, id est in morte que est finis noctis uite presentis, sicut uigilia matutina est finis noctis precedentis. In hac uigilia matutina, id est in morte, respicit Dominus super castra Egyptiorum qui dum uiuerent fecerunt castra in Hyspania ditando se et parentes, nichil cogitando de eternis; totum est uanitas sicut uane

290 cogitans dicitur facere castra in Hyspania. Et Dominus in morte aspici- ens similiter ista omnia subuertit ferunturque in profundum, id est in inferni abyssum; et dicitur sine additione: ferebantur ut intelligatur quod a demonibus feruntur sicut ille diues epulo precipitatur a demonibus in inferno et sepultus. Item respexit Saulum uestimenta seruan-

295 tem et in morte Stephani consentientern; hunc respexit piissima mise- ratione quia per ignorantiam faciebat, hoc est ex quodam legis zelo indiscreto, non ex certa malitia sicut pessimi Iudei; ideo Dominus uidit eum et compassus est et respexit ilium oculo miserationis ad ilium illu-

66 Iob 41,6-7. 67 spiraculum] inspiraculum V. 68 Act. 7,59. 69 Act. 7,58. 70 Ex. 14,24.

S In festo beati Stephani 165

minandum qui per ignorantiam peccabat; et ad liquefaciendum Petram 300 quam suo aspectu liquefecit et resoluit ipsum in lacrimas sicut glacies

calore solis, quia egressus fleuit amare. Vnde et Paulus liquefactus et calefactus igne diuini amoris dicebat: 71 Prius fui blasphemus Christi et persecutor, sed misericordimn consecutus sum quia ignorans feci. Qui igitur peccant ex certa malignitate et Christum in suis persequuntur, quomo-

305 do misericordiam consequuntur? Sicut illi qui inuident superne gratie. Alius72 loquens de hoc peccato in Spiritu sancto dicit: �tanta est labes huius peccati ut humilitatem deprecandi subire non possit", supple illo qui est in tali peccato. Sed occulo serenissimo et letissimo respexit Stephanum patientem et

310 orantem. Iste est Abel prothomartir in Nouo Testamento. Sicut ille primus fuit occisus et de Abel dicitur in Genesi: 73 Respexit Dominus ad Abel et ad munera eins, quod potest referri ad beatum Stephanum ad quem respexit Dominus et ad munera eius que obtulit Domino in corpore proprio patiendo pro ipso; et istam sapientiam sic fuit expertus beatus

315 Stephanus in semet ipso quia non poterat auelli a contemplatione diuina Christi quem uidebat stantem in celis, propter Iudeorum malitiam74 ... Ipse Christum regem suum a quo expectabat coronam contempla- batur et eleuabatur usque in tertium celum. Ipse enim intuebatur in celum, non ad Iudeos nec ad lapides eorum, quia lapides torquentes illi

320 dulces fuerunt. Intuens enim in celum et uidens gloriam Dei, quia75 non sentiebat ictus eorum, hoc est non reputabat, uidebat enim gloriam Dei et Iesum stantem, a quo erat iuuandus et protegendus, gloriam dico Dei ad quam erat assumendus, ibi gloria et honore coronandus. Vidit celum apertum in quo post triumphum erat recipiendus. Ad hanc

325 gloriam et beatitudinem nos perducat Christus. Amen.

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1 Tim. 1,13. Alius: AUGUSTINUS, De sermone Domini in uionte I, 22,75 (CChr. SL 35,84, lin. 1817- 1818), a PETRO LOMBARDO laudatus, Sententine, lib. 2, di. 43, c. 6 (ed. Grottaferrata [1971] 575, lin. 8-9). Gn. 4,4. Hic pauca uerba non leguntur. quia conieci] quod V.

Annexe II

ANONYMUS SECULARIS

Sermo de sancto Laurentio

Bibliotheca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 1265, f. 126ra - 129ra

Probauit me quasi aurum quod per ignettt transit. Iob XXIII. d. 1

A. Clama, ne cesses, quasi tuba exalta uocern tuarn, 2 in predicatione. Quantum ad primum dicitur. Clama, scilicet in oratione, non tantum clamore oris sed cordis feruenter desiderando. Dicit enim Gregorius, II

5 Moralium, 3 quod ipsi anime desideria sunt uerba. Nisi enim desiderium esset eius uerbum, frustra diceret Psalmista: 4 Desideriurn pauperuin exaudiuit Dominus. Quantum ad secundum dicit. Ne cesses, ut sit continuitas in oratione et tunc poterit inpetrare. In Luca: 5 Et si perseuerauerit pulsans et si non det ei

10 eo quod amicus eius sit, propter improbitatem tarnen eius surget et dabit ei quotquot habet necessarios, quasi: panem quem petebat accipiet, per quod intelligitur uerbum Dei quod spiritualiter pascit et reficit. Ideo dicebat Judith 1111. g. 6 de ista continuitate orationis: Scitote, dicit ludith, scitote quoniam exaudiuit Dominus preces nostras si manentes perinansitis in

15 ieiuniis et orationibus in conspectu Dornini.

Sic ergo, Claina, et ne cesses, et tunc poteris quasi tubam exaltare uocenz tuain in predicatione. Sic enim precepit Dominus Ysaie: 7 Canite tuba in Syon, hoc est in Ecclesia Dei. Orabimus primo Dominum nostrum ut possimus post modum uocem

20 in predicatione exaltare, et rogabimus eum quod det michi gratiam ad proponendum uerbum suum, ita quod sit ad gloriam suam et beati Vincentii commendationem et ad aliquam animarum nostrarum edifficationem.

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Iob 23,10. Is. 68,1. GREGORIUS MAGNUS, Moralia in lob II, 7 (11) (CChr. SL 143,66, lin. 77-79): Anintarutn igitur uerba ipsa suet desideria. Nam si desiderium sermo non esset, Proplteta non diceret: Desiderium cordis eorum audiuit auris tua. Ps. 9B, 17. Lc. 11,5. Idt. 4,12 (uerba non Iudith sed Eliachim sacerdotis). Ysaie: Joel 2,1 et 15.

Sermo de sancto Laurentio 167

B. Probauit me quasi auruni, etc. 25 In uerbis istis describitur nobis commendatio beati Vincentii martiris.

Iuxta illud quod dicitur in Thobia XII: 8 Quia acceptus eras Deo, necesse fuit ut tetnptatio probaret te, id est approbaret et approbatum ostenderet; similiter aurum purissimum probatur in fornace et probatum accepta- tur et approbatur.

30 Et dicuntur tria in uerbo proposito ad beati Vincentii commendacio- nem et ad nostram edifficationem, Primo tangitur hic probatio diuina cum dicitur: Probauit me. Secundo, forma probationis cum dicitur: quasi aurum. Tercio tangitur causa cum dicitur: quod per ignein transit. In primo notatur diuina clementia que probat suos ut magis aprobet eos et

35 remuneret eos in gloria sua. In secundo notatur humana patientia. In tercio notatur pena transitoria que per ignem transit, id est non remanet sed transit. Primum pertinet ad strenuitatem meritorie operationis. Secundum ad pacienciam et tollerantiam uoluntatis. Tercium ad penam transitorie tribulationis.

40 I. Quantum ad primum <notandum> quod sunt quatuor probationum genera secundum quod sunt quatuor genera disputationis. Est enim disputatio sophistica, temptatiua, dialectica et demonstratiua. Demon- stratio sophistica procedit ex apparentibus ueris que tarnen uere non sunt; temptatiua ex communibus circa propria; dialectica ex ueris pro-

45 babilibus; demonstratiua ex propriis necessariis. Secundum hoc sunt quatuor genera probationum. Probatur enim homo quandoque probatione sophistica, temptatiua, dialectica et demonstratiua 9 1. a. Probatione sophistica quando ex fantasmatibus et non existentibus, apparentibus tarnen, probatur. IIII Regum ultimo f. 10 dicitur quod

50 Sopher probabat tyrones de populo terre. Sopher interpretatur �diuidens°11 et significat hereticos quia heresis idem est quod diuisio. Here- ticus iste dicitur Sopher, id est �diuidens", quia quos in unitate nutrire debuerat, contra unitatem catholicam diuidit et sequestrat. Sopher ille, id est12 hereticus, probat tyrones, id est nouos milites fortes et angu-

55 stiantes, et ipsi probant eos qui fortiter predicant excellentiam suam

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Th. 12,13. Cf. inter alia, Summa Sophisticor un elenchortun (ed. LAMBERTUS MARIE DE RIJK, Logica modernontm, tom. I, Assert, 1962,269, Iin. 21-22): Sciendum quod disputationum quatuor sent genera, ut ait Aristotiles in Elencis: dentonstratiua, temptatiua, dialetica, et sophistica. ARISTOTELES, De sophisticis elenchis (165a 38-39); Aristoteles Latinos VI. 1-3,7, fin. 7-8: Stmt ergo disputationum genera quatuor, doctrinales dialecticae temptativae litigiosae. 4 Rg. 25,19. Cf. HIERONYMUS, Liber interpretationtun hebraicanun nontinum, 3 Reg., S (CChr. SL 72, 113, lin. 16.17): Sophar dissipare, diuidere. In Interpretationes Aaz-apprehendens etymolo- gia haec non inuenitur, sed: Sopher liber ttel narratio (Paris, BnF, lat. 15467, f. 620vb). Hereticus iste ... id est] hont. on:. V et mtg. corr.

168 Anonymus secularis

super statum prelationis, et tales reputo hereticos, sciens quod status prelationis est perfectior quiquid dicat Sopher, id est heretici tyrones suos, id est nouos milites suos probantes, excellentiam suam predicantes.

60 Alias dictum fuit et probatum quod prelatio est status perfectior qua- cumque religione, et ratione meriti, et ratione premii, et ratione officii. Nunc autem possumus hoc adhuc manifestare. Secundum Augustinum De perfectione iusticie, 13 duplex est perfectio, scilicet currentis et peruenientis, et in utroque sunt perfectiores prelati,

65 quod patet primo de perfectione currentis. Cursus iste consummatur in tribus siue quantum ad tria, quantum ad feruorem dilectionis, quantum ad agoniam actionis et tercio quantum ad sublimitatem contemplationis. Et in istis inueniuntur prelati perfectiores, qui<c>quid dicant religiosi sibi maiorem perfectionem arrogantes, et significantur per

70 illum qui probat nouos milites tyrones de quibus dictum est. 1. a. 1. Dico quod prelati sunt excellentiores quantum ad dilectionis feruorem, quia fuerunt maxime boni prelati et amore Dei et amore proxi- mi. Hoc dicit Bernardus, Super cantica, sermone XXXV: 14 �Oportet studio zeli quod estuet pastor, siue prelatus, alioquin satis improbe

75 preesse affectat si prodesse non curat" et in sermone LII: 15 �Datus est omnibus in solatium tanquam qui sufficere possit onmes consolari". Item Glosa super illud Psalmi: 16 Ignitutn eloquium uehementer, Glosa: 17

�Hoc igne ardere debet qui eloquia Dei annuntiat. Inde est quod fila rubea dependent ex duabus lingulis mitre pontificalis. Sicut enim per

80 duas linguas significatur quod noun et uetera de thesauro cordis sui pro- ferre debet, 18 ita in rubeo colore filorum significatur ignis caritatis quod in se habere et in aliis accendere deberet. Inde etiam est quod romanus pontifex capa rubea induitur quia totus igne caritatis ardere debet et omnia ex caritate facere, animo quoque martirio non deesse, gerens

85 Christi personam cuius uestimentum est sicut calcantium in torculari"; 9 etc. Talem excellentiam non possunt nec debent sibi usurpare religiosi, status sui excellentiam nimis predicantes et inde se erigentes. Inde est

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Cf. AUGUSTINUS, De perfectione iustitiae hominis IX, 20 (PL 44,302). Cf. BERNARDUS, Sermones in Cantica, sermo 23, §7 (S. Bernardi Opera, ed. LECLERCQ, ROCHAIS, vol. 1, Romae 1957,143, lin. 7-10): Oportet prorsus hoc vino aestuet qui aliis praesidet ... Alioquin improbe satis praeesse affectas, quibus prodesse non curas. Non inuenitur, sed cf. Epist. 73,1 (S. Bernardi Opera, ed. LECLERCQ, ROCHAIS, vol. 7, Romae 1974,180, lin. 8-9):... cum solus omnium omnibus datus sis solatium ... qui omnibus sufficias per gratiam Dei solatiari. Ps. 118,140. Glosa Petri Lombardi in Ps. 118,140 (PL 191,1114D). Cf. Mt. 13,52; Lc. 67,45. Is. 63,2.


enim quod cum nimis eriguntur filii Leui, in tantam presumptionem et superbiam sunt prolapsi? 0

90 Beatus Vincentius sic fuit succensus archiepiscopi Valerii sanctitatis quod et Vincentius et Laurentius uterque fuit archidiaconus Valerii. Sed postmodum beatus Sextus uoluit habere Laurentium et ilium sibi concessit Valerius, et sibi retinuit Vincentium, et uterque igne diuini amoris succensus grauia tormenta sustinuit et gloriosum martirium

95 compleuit. Non fuerunt religiosi isti, ymo fuerunt archidiaconi et ita prelati et in amore Dei feruentissimi ut dictum est. Sic et Paulus, gen- tium Apostolus et predicator, isto igne feruebat qui dicebat: 21 Coartor e duobus, desiderium habeüs dissolui et esse cum Christo, inulto itiagis melius, perinanere autem22 in carne magis necessarium est propter uos. Non quod

100 melius erat sibi elegit, sed quod fratribus ex feruore caritatis qua suc- cendebatur. Sciebat enim quod communis utilitas priuate debet pre- poni, ut dicit causa23 VII. 24 Ecce quanta est sublimitas prelationis propter feruorem dilectionis, et maxime in gradibus excellentibus. Isti excellentie non comparatur sta-

105 tus alicuius religionis quantum ad statum, non dico quantum ad meri- tuin, quia in statu imperfectiori et inferiori potest aliquis esse maioris et excellentioris meriti quam sit aliquis in statu excellentiori. Sed si prelati fideliter officium suum exerceant et se habeant prout debent se habere, longe maioris perfectionis quiquid dicant aliqui nouelli heretici.

110 I. a. 2. Item secundo excellunt prelati quantum ad agoniam actionis, ut patet in illis que sustinuerunt pro Christo, quia quanto laboriosus est sui officii executio, tanto est eorum maior remuneratio. Non enim coro- nabitiir nisi qui legitime certauit, ut dicit Apostolus. 25 Legaliter certant aliqui, scilicet qui certamen inchoant, legalius qui in certamine profici-

115 unt fideliter sustinendo, sed legitime qui certamen consummant. Sic certauit beatus Vincentius, unde Augustinus in quodam sermone dicit de beato Vincentio quod uictor fuit in uerbis, uictor in responsionem, uictor torsus uel tortus, uictor mortuus, uictor ignibus exustus, uictor fluminibus submersus, unde dixit ille tyrannus Dacianus: �Et quid am-

120 plius faciamus? " Victissimus gloriose triumphauit de tyranno.

Ecce quomodo fuit probatus probatione uerissima, non sophistica sicut probant noui heretici tyrones suos suam excellentiam arroganter pre-

20 Nm. 16,7-12. 21 PhiI. 1,23-24. 22 autem] cum V. 23 causa conieci] capa, q. V. 24 Decretunl Gratiani, C. 7, q. 1, c. 35 (Corpus Iuris Canonici, ed. AEMILIUS FRIEDBERG, I,

580b): Nmn et plurimorum utilitas unius utilitati uel uoluntati preferenda est. 25 2 Tim. 2,5.


dicando. Legitime certauit iste gloriosus martir, et ideo coronam a Domino promeruit, unde potest dicere illud Apostoli: 26 Bonum certainen

125 certaui, cursuin constutnuaui, fideni seruaui, ideo reposita est nticlti corona iustitie, etc. I. a. 3. Tertio excellunt adhuc prelati omnes alios ratione sui status et hoc quantum ad subtilitatem et eminentiam et sublimitatem contemplationis, Extra de renuntiatione. Simul enim in ipsis inuenitur et actio

130 et contemplatio et eminentior quam in aliis, unde et in Iohanne27 dicitur de Caypha quod cunt esset pontifex anni illius prophetauit quando dixit; Expedit tit units hoino, etc. Hoc non dixit a seinetipso sed cuin esset pontiifex. Ergo propter dignitatem pontificalem prophetauit et illumina- tus fuit ad prophetandum, unde Crisostomus28 super illud dicit:

�Vide 135 quanta est uirtus pontificalis dignitatis quia, licet indignus, prophetauit

tarnen propter pontificalem dignitatem". Videant ergo illi qui docent et predicant et moderni heretici excellentiam sui status super omnes predicantes; male probant isti tyrones suos qui talia docent eos.

140 Veniat et ille qui recolligit ferros post equos, qui dicit per Stephanum, qui interpretatur �regulä', religiosos intelligi. Audiat: Stephanus interpretatur �regula", sed in quo est maior regula et rectitudo, uel a regu- lante, uel in regulato a regula? consecranti aut consecrato? benedicenti aut benedicto? Constat quod in regula, et prelati sunt regule regulantes

145 alios, alii ab eis regulati. Quis igitur istorum melius per Stephanum debet intelligi? Patet lippis et tonsoribus. 29 Item Stephanus interpretatur �corona" que significat eternam gloriam que caret principio et fine quia eternitas dyademate co<ro>natur quia dyadema dicitur quasi duo demens, principium et finem 30 Cui igitur

150 potius conuenit significatio corone quam prelato qui dat coronas aliis et pre ceteris in celo sibi coronam fabricat, si ut exigit officium sUUm31 uiuat? Per Stephanum igitur prelatus designatur, non illi qui sunt in religione mendicantium quia non fuit de ordine mendicantium. In pri- mitiua enim Ecclesia non erant mendicantes, absit hoc, sed unicuique

155 distribuebatur secundum quod opus erat, nec erat aliquis egens inter eos32 Fuit enim beatus Stephanus unus de VII dyaconibus ministran-

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2 Tim. 4,7. Io. 11,49-50. IOANNES CHRYSOSTOMUS, Homiliae in loannem, hom. 65 (64) (PG 59,361). HORATIUS, Saturae, I sat. 7. Cf. UGUCCIONE DA PISA, Deriuationes D 39,14 (ed. ENZO CECCHINI, et alii, Firenze 2004, II, 310). Item a dia quod est duo et demo componitur hoc diadetna-tis. id est regia corona, quia duo demat, idest priscipium et finest.

suum] post repetit exigit V. nec erat ... eos: cf. Act. 4,34.

0 Sermo de sancto Laurentio 171

tibus mensis, 33 fuit prelatus et dispensator, unde per eum prelati melius intelliguntur, et coronam in tollerantia martirii sui sibi in celo fabricauit. Audi quod dicebat Vincentius Daciano:

�Suppliciis tuis eru- 160 dimur ad coronam".

Item Stephanus interpretaur �iudicans nos", et cui magis conuenit hoc,

scilicet alios iudicare, quam episcopis et archiepiscopis qui subditorum suorum sunt iudices ordinarii? Item Stephanus interpretatur

�specula". <Cui melius> conuenit ratio et 165 nomen speculationis quam prelatis qui positi sunt in Ecclesia quasi

speculantes a Domino, sibi et subditis prouidentes et uigilantes? 34 Ysaie LII: 35 Vox speculatorunr tuoruui, leuauerunt uocem, simtd laudabunt, etc. Et e contra, de malis prelatis dicitur Ysaie LVI: 36 Speculatores tui ceci ornnes, tnescierunt uniuersi, canes tnuti non ualentes latrare. De talibus non

170 loquor, sed de statu sanctissimo et perfectissimo, de statu prelatorum. Me est perfectissimus, unde Augustinus, XIX De ciuitate Dei, ca. XX, 37 tractans illud uerbum Apostoli 38 Qui episcopatum desiderat, bonuni opus desiderat:

�Exponere uoluit, dicit ipse, Apostolus quid sit episcopatus quia nomen est operis, non honoris. Grecum est enim atque inde

175 ductum uocabulum quod ille qui preficetur eis quibus preficitur super- intendit curam eorum gerens, etc. " Ergo Stephanus qui interpretatur �specula" significat prelatos Ecclesie et pastores; figura est prelatorum, non religiosorum. Vnde tu qui dicis quod per Stephanum significantur religiosi contra te dicis, contra te testimonium scripture adducis arro-

180 ganter sed ignoranter. Tales qui sibi arroganter attribuunt perfectiorem statum probant probatione sophistica, non uera. Talis autem probatio non aprobatur a Christo qui est ueritas sed reprobatur. Ideo nec isti a Deo aprobantur sed reprobantur. I. b. Item isti probant probatione temptatiua, procedentes et disputan-

185 tes quasi disputatione temptatiua a communibus ad propria: Exem- plum de hoc habemus in Iudicum VII, 39 de illis qui erant cum Gedeone; dixit ei Doutinus: Duc illos ad aquas et ibi probabo eos et de quo dixero tibi quod uadat, ipse uada<t>, quern prohibueri, ipse reuertatur. Et dicitur ibi quod illi qui curuatis genibus biberunt40 non uadant tecum, qui autern

190 manu et lingua lambuerunt41 sicut canes, ipsi uadant. Per primo<s>

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Act. 6,1-5. uigilantes] prinro scriberat V uigitn et correxit. Is. 52,6. Is. 56,10. AUGUSTINUS, De ciuitate Dei, lib. 19, c. 19 (CChr. SL 48,686, lin. 22-27). 1 Tim. 3,1. Idc. 7,4-7. biberunt conieci ex Vulgata] libenter V. lambuerunt conieci ex Vulgata] Iamb (expunct. ) laborauerunt V.


qui genu curuant ut bibant significantur illi qui temptatiue uincunt et succumbunt secundum consensum. Tales enim probantur temptatiua probatione et elatione; vincunt per appetitum honoris et excellentie qui statum suum omnibus preferunt. In Matheo42 dicitur quod assumpsit

195 dyabolus43 in nzonteni excelsum et ostendit omnia regna et dixit: Hec omnis dabo tibi si cadens adoraueris inc et44 si flectas genua coram me; tunc temptauit eum de uana gloria. Si sic temptauit Christum, non est mirum si et alios de hoc uicio temptat. Ducit eos in montem, hic45 ostendit eis uite spiritualis eminentiam et excellentiam, et dicit: hec omnia tibi da-

200 bo si cadens, etc., quasi: non potes excellentiam status ambire nisi coram me genua flectas. Isti probantur probatione temptatiua quia inani gloria temptantur a dyabolo, ut sibi perfectionem status arrogentur, ut sic sanctissimi credantur. Isti enim non sequuntur ducem suum Christum sed potius dyabolum, et tarnen omnia membra debent sequi capud, et

205 si uera membra Christi essent ipsum sequerentur se humiliando et perfectionem status sibi non arrogando. 1. c. Illi probati sunt dyalectice et demonstratiue qui manu et lingua aquam lambuerunt genua non flectentes, id est ore et opere humilitatem seruauerunt, non sic religiosi qui sibi perfectionis statum super

210 omnes alios arrogant. Dicitur etiam de Gedeone46 quod non retinuit sibi tot uernaculos, et dixit ei Dominus: In hiis tot uiris liberabo te de manu Madian. Et quid fecerunt illi, quomodo pugnabant? Dicitur ibi quod Gedeon47 dedit eis tubas in manibus lagenasque uacuas et sic ingressi sunt castra Madian et ceperunt buccinas clangere et complodere inter se

215 lagenas. 49 Et in hoc significantur martires Ecclesie, quia primo ipsi tubis predicationis verbi diuini cecinerunt, lagenas etiam corporum suoruzn frangi permiserunt martirio, et tercio lampadibus choruscauerunt et sic uictores extiterunt. Isti probati fuerunt non probatione sophistica aut temptatiua sed uera, dyalectica aut demonstratiua. Hoc dico quia idem

220 uerum potest accipi in disputatione dyalectica, et ut necessarium, et sic accipitur in demonstratiua. In uita ista accipitur49 uerum etsi necessarium, tarnen ut probabile quia procedimus secundum cognitionem enig- maticam, ideo dicit Apostolus ad Cor. XIII: 50 Vidennts nunc per speculunz et in enigmate, tunc azztezn facie ad faciem, quasi: nunc et tunc idem uerum

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Mt. 3,8-9. dyabolus] dominus praem. et expunxit V. et] sed praem. et expunxit V. hic scripsi] hoc V. Cf. Idc. 7,7. Idc. 7,16. Idc. 7,19. in uita ista accipitur] bis scripsit V. 1 Cor. 13,12.


225 est cognitum, 51 sed nunc quasi cognitione probabili, tunc quasi neces- saria, sicuti est. 52

II. Sequitur secundum, scilicet probationis <forma>, quod notatur cum dicitur quasi aurum probauit nie. Sed quod aurum? Nota quod aurum excellit omnia metalla in quatuor, <in> preciositate, in ductibilitate, in

230 incorruptione et in uirtute, quia clarius et preciosius ceteris, quia duc- tibilius et inde lamine fiunt ad cetera metalla deauranda, item in incorruptione quia cetera metalla putrescere possunt et corrumpi, non aurum, et ratio est quia purum est, equale et simplex, non habet feces admixtas sicut alia metalla; item uirtuosius est omni alio metallo ut

235 apparebit.

II. a. Est ergo aurum ceteris preciosius, in quo preciositas patientie super alias designatur: que enim uirtus preciosior inter alias nisi patientia? Unde in Prouerbiis: 53 Melior est patiens uiro forti et qui dominatur anime melior est expugnatore urbium. Quare? Quia patiens uincit quod est

240 infra se, seipsum et propriam uoluntatem, qui autem fortis est uincit que extra sunt, non intra. Et Gregorius54 dicit exponens hoc uerbum: �Maius autem quod per patientiam fit; minus enim est urbes expugna- re que extra sunt, maius autem per patientiam, fit quod ipse animus a seipso superatur", hoc est igitur maius quia difficilius. Ideo equanimi-

245 tas patientie dicitur esse super omnes uirtutes, unde et patientin opus perfectum habet, 55 qui talis est, preciosior est auro obrizo. Secundum Ysidorum56 aurum dicitur ab aura quia rutilat ad modum aure, obri- zum dicitur quasi obradians et splendens, et talis est homo patientiam habens et qui uiguit57 patienter sustinens.

250 II. b. Item alia metalla excellit aurum in ductilitate quia usque ad folia ductile est et percussum58 non resonat; sic nec patiens resonat per inpatientiam. Sic fuit ductilis quasi aurum beatus Vincentius quia ad omnia genera tormentorum tractabilis fuit et ductilis, nec solum per- mittebat se trahi, sed etiam tortores suos preueniebat ad penam ala-

255 criter preparari, secundum quod cantatur de eo: 59 �Moras carnificum arguendo ad penam alacriter properabat". Talem patientiam debent habere uiri ecclesiastici, maxime predicatores ueritatis. Psalmista: 60

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tunc ... cognitum] bis scripsit V. 1 Io. 3,2. Pru. 16,32. Cf. GREGORIUS, Houiiliae in Eumigelia II, 35,5 (CChr. SL 141,325, lin. 134-136). lac. 1,4. ISIDORUS, Etymologiae XVI, 18, ed. W. M. LINDSAY, Oxford 1911 (r@impr. 1971), tom. II, in loco citato §§ 1-2, lin. 11 et 17 sq. qui uiguit coni. ] que i guit. percussum] per se praeut. et expunx. V. Antiphona I ad laudes. Ps. 91,15-16.

174 Anonymus secularis 0

Bene patientes erant ut annuncient. Unde et in Exodo61 dictum fuit: Facies candelabrum ductile ex mrro purissimo. Talia candelabra ductilia per

260 patientiam fuerunt martires sancti, fidem Christi predicantes et confi- tentes, per defensionem fidei omnia genera tormentorum sustinentes, quia eorum patientie non defuit aliquod genus tormenti uel pene; <ad> Hebreos X1: 62 Sancti ludibria et uerbera63 experti, etc. Dicuntur etiam uiri ecclesiastici candelabrum portantes, lucem predications et

265 doctrine per mundum, quia nemo accendit lucernam et ponit earn sub modio, sed super candelabrum ut qui ingrediuntur, scilicet in Ecclesiam, lucem uideant. 64 Quod est contra illos qui a ciuitate sua uel a locis et capitulis excludunt predicatores ueritatis, quod est quia male agunt et ideo nolunt lumen ut uideantur et arguantur. Qui enim male agit, odit

270 lucem. 65 Hinc est quod dicit Ysaias propheta: 66 Exceca cor populi huius et aures eius agraua; ut uidentes, hoc est presumentes se uidere, non uideant et audientes non intelligant67 hec, sic ut ipsi excludant predicatores ueritatis qui possent eis ostendere deffectus suos. II. c. Tertio aurum excellit alia in incorruptibilitate, quia simplex est,

275 purum, et elicitum. Aurum per mille annos non corrumpetur, per quod significat patientiam que non corrumpitur nec perit, Ps.: 68 Patientia pauperum non peribit in finem. Sed ista patientia debet esse uera, non fantastica, ut sit non tantum in came sed etiam in mente, quod non habeat propositurn uel uoluntatem ulciscendi se. Anima enim que uere

280 patiens est Dei archa potest dici, in qua tria erant, urna aurea habens manna, tabule testamenti et uirga aurea. Ita est in anima patienti quod ista tria continentur: urna aurea, qui est imputrescibilis per culpam, continet et mannam per qua significatur celestis gratia; per tabularn testamenti intelligitur diuina sapientia, per uirgam Aaron significatur

285 baculus pastoralis, in quo designatur quod pastor debet prestare ali- mentis subditis suis uerbo, exemplo et corporali siue temporali subsi- dio. Anima enim tranquilla interius per patientiam est uera archa intus et exterius deaurata. Quia qui ueram habere uult patientiam intus et exterius in carne, et hoc iniurias illatas patienter sustinendo et mente

290 propositum ulciscendi69 se non retinendo, talis habet ueram patientiam.

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Ex. 25,31. Hbr. 11,30. uerbera scripsi cum Vulg. ] uerba V. Lc. 11,33. Io. 3,20. Is. 6,10. Cf. Mt. 13,13; Mc. 4,12; Lc. 8,10. Ps. 9,19. ulciscendi] uniendi V.


R. d. Tandem quarto et ultimo excellit aurum cetera metalla in uirtute. Et nota quod aurum habet quadruplicern uirtutem. II. d. 1. Primo uirtutem confortatiuam, quia subtile, equale, tempera-

295 turn, et purum, quod patet per auctores, Auicennam70 et alios. Confor- tat enim uisum, cor et neruos, narn ualet contra tremorem neruorum secundurn Auicennam. Sic aurum celestis siue spiritualis sapientie confortat cor spiritualiter et uisum quia eleuat super omnia terrena ad celestia diligenda et contemplanda. Exemplum in beato Vincentio qui

300 dicebat: 71 �Ecce iam in sublime agor et tormenta tua seculo altior, tyranne, despicio, paratus ad omnia pro Christi nomine sustinendo". Hoc dicebat quia, quociens aliquid eternum mente concipimus circa ipsum deuote meditando et ipsum diligendo, jam supra mundum sumus, et anime sanctorum non iam in mundo sed supra mundum sunt

305 per meditationem, affectionem et amorem, et Glosa super Psalterium72 dicit:

�In terra stans, in celo es si Deum diligis". Deum diligebat beatus Vincentius et ideo supra mundum eleuatus celos penetrabat. Per istud aurum intelligitur dilectio diuina quia sicut dicit Sapiens: 73 Dilectio Dei est honorabilis sapientia. Vide quomodo confortat uisum quia dicit Gre-

310 gorius74 quod �consideratio premii minuit uim flagelli". Item confortat cor id est uigorem uirtutis affectiue dando patientiam, nam, uirtus anime in patienti ponitur et possessio anime in uirtute patientie secundum illud Ewangelii: 75 In patientia uestra possidebitis animas uestras. <quod> exponens Gregorius76 ait: , Per patientiam pos-

315 sidemus animas nostras quia dum nobis ipsis dominari discimus, hoc ipsum incipimus possidere quod sumus". Si enim erga fratrem tuum mouearis ad rancorem uel odium, inueterationem teneas, dyabolus est in corde tuo et illud possidet, non tu. Ideo docuit Dominus sanctos apostolos qui debebant esse uerbi Dei predicatores: In patientia posside-

320 bitis animas uestras.

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Cf. AUICENNA, Liber canonis, lib. 2, tr. 2, c. 79 (ed. Venetiis 1507, reimpr. Hildesheim 1964, f. 96vb): Aurtn. Natura. Est equale, subtile ... Retentio eins in ore remouet fetorem oris ... Confortat oculum in alcocol positum. Membra anhelitus et pectoris. Confert doloribus cordis et tremori. Responsorium IV ad matutinum. Glosa Petri Lombardi in Ps. 85,3 (PL 191,801A), ex AUGUSTINO, Enarrationes in Psal- mos, ps. 85, §6 (CChr. SL 39,1181, lin. 15). Sir. 1,14. Non inuenitur in Gregorio; cf. CASSIODORUS, Expositio Psalmortun, 67,5 (CChr. SL 97, 587, lin. 115-117): qualibet hic aerumnas patitur, consideratimie fiituri premii semper erigi- tur, laudatus in Glossa Ordinaria (ed. RUSCH, II, 534b) et Glosa Lombardi (PL 191, 604A). Lc. 21,19. GREGORIUS, Hmniliae in Evangelia II, 35,4 (CChr. SL 141,324, lin. 107-109).


II. d. 2. Secundo aurum habet uirtutem eliminatiuam. Vnde lepra que oritur ex melancolia siue materia melancolica eliminat et retundit. 77 Qui sunt leprosi spiritualiter nisi heretici? Vnde Beda super illud? $ Occurerunt ei X uiri leprosi, dicit quod heretici sunt qui uariis maculis

325 erroris asperguntur in mente sicut leprosus ad litteram uariis ulceribus in cute. Istam lepram spiritualem eliminat aurum sapientie diuine, id est omnem hereticum peruicacem, et quomodo dicitur in Prouerbiis: 79 scit uersucias sermonum, dissolutiones argumentorum, unde omnes fantasias hereticorum dissoluit et adnichilat. Inde est quod in Ecclesiastico80

330 dicitur: Aurum tun in et argentum depura, scilicet igne Spiritus sancti, et uerbis tuis facito stateraui, ut scilicet uerbum tuum prius ueniat ad limam rationis quam ad prolationem oris. Talem sapienciam habuit beatus Vincentius, unde cantatur de eo8i quod �gemina scientia effica- cissime claruit".

335 H. d. 3. Item aurum habet uirtutem purgatiuam quia in ore retentum fetorem oris purgat, sic et aurum sapientie purgat uerbum detractions, quia facit spiritualiter os fetere secundum illud Psalmi: 82 Sepulcrum patens est guttur eorum, quod scilicet fetet propter cadaueris putredinem quando est patens et apertum; et adhuc amplius os detractoris quia

340 sanies inferni est in ore detractoris et etiam in aure eius qui libenter au- dit detractores. Ideo tales indigent auro spiritualiter fetorem et saniem purgante. Ideo in Prouerbiis83 dicitur: Aurum et multitudo gemmarum et uas preciosuin labia sciencie, id est labia sapienter loquentia et sanantia, non proximo detrahentia, Anselmus: �Vterque gestat dyabolum, unus

345 in lingua, alter in aure, uterque in corde". Verbum detractionis ut dictum est, est sanies infernalis. Ideo sepulcrum patens est guttur eorum. Ideo auro sapientie indigemus ne fetorem in ore uel etiam aure habeamus, et maxime claustrales qui sunt deputati ad seruicium diuinum. Sicut enim Deus uult quod sibi a suis septies in die84 laudes decantentur,

350 sic dyabolus uult sibi seruiri et eius seruientes suos econtra, ita quod uituperium dyaboli est laus Dei et laus Dei uituperium dyaboli. Et qui sunt illi qui dyabolo seruiunt? Certe monachi murmurantes et detra- hentes; isti, cantant ei horas. Labia ergo sapientie, que scilicet dicunt et docent uerba honestatis, ita sunt, sicut aurunt, purgantia scilicet feto-

355 rem oris spiritualem et oris, et multitudo gemmarum in quantum instru- unt ad opera uirtutum, sed uns preciosum dicitur quantum ad preciosi-

77 retundit] retudat V. 78 Lc. 17,12. 79 Sap. 8,8. 80 Ec1.28,29. 81 Antiphona prima ad primum nocturnum. 82 Ps. 13,3. 83 Pru. 20,15. 84 Ps. 118,164.


tatem castitatis. Anselmus: Per habitum exteriorem monachus uide- tur, per interiorem monachus habetur". II. d. 4. Item uirtutem habet tollendi85 fantasmata. In Ecclesiastico: 86 Cor

360 Muni, ut pertimescas, fantasias patitur donec ab altissimo einissa fluent consolatio. Inde est quod de Symone Onie87 filio dicitur in Ecclesiasti- co: 88 Quasi uas auri solid inn ornatuin, etc., qui fuit sacerdos et pontifex. Vas solidum flit qui suffidsit domum89 Ecclesie, ornatuin oinni lapide preci- oso, id est omni uirtute, quod figuratur in uestimentis ipsius pontificis.

365 Sunt enim omnia figuralia et ibi erant tintinnabula et malogranata cir- cumquaque, in quo innuitur quod <debet> ex omni parte sonitum boni exempli et instructionis dare.

III. Sequitur Quod per ignem transit, quia aurum debet esse ignitum igne caritatis. in Apocalipsi: 90 Suadeo tibi einere aururn ignitum ut locuplex

370 fias. Aurum enim patientie debet igniri igne diuini amoris ut sic spiritualiter dites simus, quia sine igne materiali et gladio martires esse possumus si patientiam in corde habeamus, ut dicit Gregorius 91 C. Rogabimus Dominum quod uelit nos sic probatione uera probari, ut ab ipso in patria mereamur coronari cum beato Vincentio, quod nobis

375 concedat Jesus Christus Dominus noster. Amen, amen.

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tollendi coni. ] callentoa V. Ed. 34,6. Onie] onio V. Ed. 50,10. Ed. 50,1. Apc. 3,12. Cf. GREGORIUS, Homiliae in Evangelia II, 35,7 (CChr. SL 141,327, lin. 191-192).

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