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Depuis 1971 mars 2015 / 320 N°179 www.amisdelaterre.org En route vers les sociétés soutenables !

La Baleine179 - En route vers les sociétés soutenables !

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Depuis 1971 mars 2015 / 3€20 N°179

www.amisdelaterre.org

En route vers lessociétés soutenables !

2 TEXTES LIBRES

Vos réactions sont opposées : de ton litd'hôpital, Fabrice, tu brasses des méta-phores pleines d'espoir tandis que Luz,sous le coup de l'émotion et peut-êtrepour t'en défendre, tu as dit : « Au final,la charge symbolique actuelle est tout cecontre quoi Charlie a toujours travaillé :détruire les symboles, faire tomber lestabous, mettre à plat les fantasmes »Examiner les dogmes, les tabous, les fan-tasmes qui du coup cessent d'être tels ?-Bravo ! La charge d'oppression qu'ilscontiennent disparaît comme neige ausoleil sous la lumière de la réflexion cri-tique et sous la chaleur du rire : rien deplus salutaire ! Exerçons, notre esprit cri-tique, y compris sous le choc de l'émotion.Par contre, détruire les symboles, c'estjeter le bébé avec l'eau du bain ! D'autres« Charlie », Bernard Maris plaçait la poésiebien au dessus de l'économie et Tignousqui voyait dans le sort réservé aux pandasun raccourci de nos rapports sociaux.Tous les arts ont pour but de RÉVÉLERDES CORRESPONDANCES. Cette forcesymbolique agit comme un levier quisoulève l'inertie de ce qui nous opprime.

Regardons sur cette page le dessin deCharb qui dénonce par avance lesannonces de Ségolène Royal : Commentagit sa caricature ? Elle enfonce sonlevier sous l'écrasant pouvoir du lobby,révèle la servilité cachée sous le pouvoir,la vulgarité brutale dissimulée sous lesors et la pourpre du ministère, renforcepar l'insulte à l'orthographe la laideurdu trait... et, à l'autre bout du levier quitraverse notre inconscient collectif, pro-voque NOTRE RÉVOLTE !C'est ça le paradoxe du rire : il part denotre faiblesse, en rajoute une couche, etse transforme mystérieusement en unepulsion collective venue des profondeursde la vie, plus forte que la mort ! Acondition de ne pas laisser Hubrisdétourner le sens des signes à son profit,ce que Camus appelle « ajouter au malheurdu monde ».Que révèle, Luz, ton dessin de couverturedu Charlie post attentat ? Rien d'autreque ta propre obsession ! Le phallushonoré par les anciens Romains et parles Indiens devient par ton crayon l'in-sulte ultime qui nie l'existence de l'autre.

Tu as trompé de nombreux acheteursqui voulaient soutenir la liberté d'ex-pression et tu les rends complices de lahaine qui, par ricochet, a embrasé lemonde musulman. Il va être difficile dedé-symboliser et re-symboliser tout ça,difficile de faire admettre ta thèse «  jene suis qu'un sale gosse fou de chagrin »...Il y a trop d'horreur, de haine, de confu-sion... et tu en rajoutes ! Réveillons-nousde cette hypnose cauchemardesque !Faisons une place dans notre vision dumonde à ceux qui sont différents denous. Si nous nions leur humanité, leurdignité, leur besoin de spiritualité, sinous coupons tous les ponts de compré-hension possible, nous nous rendonsco-responsables de leur dérive dans lafolie. Nous ne sommes jamais sûrs denotre sagesse mais au moins, choisissonsle sens de notre rire : ricanement ? ourire de FRATERNITÉ ?On lit sur ton blog, Fabrice, que tu aschoisis l'amitié et le « Grand Partage » :merci et à bientôt !

A Luz et Fabrice Nicolino, survivants de Charlie

Au moment où l'attention était fixée surle terrorisme, Ségolène Royal a déclaré :« De nouvelles centrales nucléairesdevront être construites en France pourassurer le remplacement d'une partie duparc actuel vieillissant... » Le dessinateur Charb de Charlie Hebdolui avait répondu d'avance : un ministreça lèche le lobby nucléaire ou ça ferme sagueule. Et cela vaut pour une ministredite... "de l'écologie" !Qu'est-ce qui lui a pris ?Hubris l'a piquée !?Hubris c'est le pouvoir àtout prix et "Le pouvoirà tout prix", c'est déjà letitre du livre qui retracel'ascension de la femmequi a porté Areva à safaillite retentissante (payée par les contribuables...) Les deuxfemmes savent que l'atome est porteurde pouvoir absolu : on brasse des mil-liards, on intimide les chefs d'Etats, onretient captifs des millions de consom-mateurs, on est couvert par le secret mili-taro-industriel, on a la police et lesarmées à son service. De quoi enivrer lesÉgo !Ainsi, au mépris de l'écologie dont elledétient le ministère, Ségolène Royal s'estconvertie à la chaîne atomique. Car c'est

une chaîne où tout se tient, depuis lesmines d'uranium dans le Sahel, depuisles réacteurs, jusqu'à la bombe etjusqu'aux déchets radioactifs, en passantpar les prises qui nous rendent captifs ducourant...Tous les pays du monde ont comprisl'absurdité du pari nucléaire et le crimeenvers les générations futures quiconsiste à briser des atomes pour une

PROFUSION d'énergiemomentanée... payée parla CONTAMINATION mil-lénaire des déchets, plusradioactifs et plus dan-gereux que l'uranium dedépart. Le monde entiers'accommode d'une partinfime de nucléaire

(moins de 4 %). Seule laFrance s’entête – la FRANCE ? Jamaisconsultée ! – non, ses dirigeants,hommes et femmes enivrés par le pou-voir décrit plus haut.La récente Loi de Transition énergétiquepromet de faire passer la part dunucléaire dans la production d'électricitéde 75 % à 50 %. Ce n'est grand-chose parrapport à sa part de 4 % dans le mondemais cela semblait mener vers uneréduction... Eh bien NON !La ministre annonce un coup de force :

l'argent de tous va être offert sous forme debonus de 10 000 euros aux acheteurs géné-ralement aisés de voitures électriques.Ces voitures seront rechargées sur le réseaulargement alimenté par le nucléaire...!C'est en fait un cadeau au lobby : laconsommation va augmenter et pourque le nucléaire assure les 50 % promispar la loi il va falloir... relancer la filièremoribonde !Pure escroquerie !

> LES AMIS DE LA TERRE POITOURefusons le fanatisme de la croissanceet l'arrogance du pouvoir à tout prix !Lien : http://www.legrandpan.org

Le pouvoir à tout prix

« Ainsi, au mépris del'écologie, Ségolène

Royal s'est convertie àla chaîne atomique. »

SOMMAIRE

EDITO2015 : année stratégique, stratégies d'alliances

Depuis 1971

Le Courrier de La Baleine n°179« Se ranger du côté des baleines n’est pas une position aussi légère qu’il peut le sembler de prime abord. »Mars 2015 • n° CPPAP : 0317 G86222 - ISSN 1969 - 9212Dans ce numéro, les adhérents des Amis de la Terre trouveront un courrier de soutien, une plaquette de présentation des projets 2015 et le guide Climat : comment choisir ma banque ? .

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Deux ans qu'on parle de cette annéecomme d'une année particulière. Pour sûr,dans nos réseaux tout le monde s'accordeà dire qu'elle est importante. Mais pourquoi ?2015, année du climat, décrétée grandecause nationale par le gouvernement. LaCOP 21 est en ligne de mire et décembreva vite arriver. Dès 2013, notre fédérationa identifié ce sommet comme un objectifstratégique et acté ce fait en Assembléefédérale.La COP 21, grande messe onusienne sur leclimat se tiendra à Paris en décembre. Lesreprésentants de près de 200 pays se ras-sembleront pour trouver un accord sur leclimat. Doit-on en attendre quelquechose ? Voulons-nous un accord juste,ambitieux et contraignant pour luttercontre le dérèglement climatique ? Biensûr, mais nous savons pertinemmentqu'il ne viendra pas de ce processus qui,par son fonctionnement propre, ne peutaboutir à un accord à la hauteur desenjeux.Alors pourquoi batailler, pourquoi semobiliser ?L'enjeu est au-delà ce sommet. C'est l'après2015 qu'il faut construire dès maintenant.Le climat a besoin de forces militantes,structurées et efficaces pour le défendre.L'enjeu est donc là, dans la mobilisation etla capacité de nos mouvements à s'organiser

et à s'allier pour construire un contre-pou-voir qui soit imposant et devienne plus fortque les lobbies qui mènent la danse àl'heure actuelle.Bien sûr, des batailles, il faudra en gagnercette année. À notre portée, quelques vic-toires offensives et d'autres défensives,pour éviter l'échec total de ces négociations.Mais la réalité est là, c'est une nouvellegénération militante qui doit se mettreen ordre de marche à l'occasion de la COPpour exploser après la COP. Le sommet deParis n'est qu'un début, une occasionunique de construire le monde dedemain.Pour cela, les militants doivent se ras-sembler, travailler aux convergences, seconcentrer sur ce qui nous rassemble etnon sur ce qui nous divise. Nos diffé-rences sont une force et non une fai-blesse. Les multinationales qui dominentle monde se livrent des combats fratricidessur les marchés financiers au quotidienet leurs divergences sont colossales.Pourtant quand il s'agit de défendre leursintérêts, ils sont main dans la main et uti-lisent toutes leurs forces pour peser surles gouvernements et façonner le mondeà leur image, guidés par leurs intérêtsparticuliers.On a tout à gagner à s'allier. Les diffé-rences qui nous séparent sont bien plusfaibles que les leurs.

Leur force ? La stratégie et les alliances. Ànous de nous mettre en mouvement etde nous appliquer à nous organiser. Finiles querelles de chapelles, et mettons-ytoutes nos forces.Pour ce numéro de la Baleine, desalliances se sont naturellement mises enplace. Tout d'abord, notre dossier centralsur les sociétés soutenables, seules alter-natives réalistes au système capitalistedominant. Il est construit en partenariatavec l'équipe de Paul Ariès du journal desZ'indigné(e)s, ensuite, c'est avec DanielIbanez, opposant au Lyon-Turin, pour lasortie de son livre, reflet d'une lutte aucœur des dérives liées aux projets inu-tiles et imposés.Les sociétés soutenables, c'est aussi etbien sûr par la mise en place des alternativeslocales concrètes, tout de suite et sansattendre. Pour ce faire, l'initiative d'AlainDuez et des amis de l'Age de faire abesoin de vous pour lancer le premierjournal de masse dédié à la transition.Sortons du cercle des convaincus, c'esttout un chacun qui doit se mettre enmarche et Demain en mains en est unmoyen.

FLORENT COMPAINPrésident des Amis de la Terre France

2 > TEXTES LIBRESSalut Luz !Le pouvoir à tout prix

4 > VIE ASSOCIATIVELes jeux, un outil de mobilisation efficaceLancement d'un groupe de travail« développement de la fédération »

5-6 > REGIONS51 artistes face à l’autoroute 51On parle du paysage avec les Amis de la TerreCôte-d’Or Ras le bol d’immondices

7-8 > INTERNATIONAL2015, notre année du climatMon argent finance-t-il les changementsclimatiques ? La situation difficile des défenseursde la nature en EquateurRégulation des multinationales :une occasion historique manquée

9-14 > DOSSIER > En route versles sociétés soutenables !

EditoDe l'importance d'être indigné-eViv(r)e la gratuitéChamps libres une expériencesoutenable réussie !

Les milieux populaires au secours de la planèteEquité, sobriété, solidarité, les valeursà la base des sociétés soutenablesForum national de la désobéissanceEn chemin vers des sociétés soutenablesTraquer l’insoutenable, toujours

15 > PUBLICATIONSAvec nos sabots !« Trafics en tous genres »

16 > PRATIQUES, HUMEURSLutte contre l’obsolescence programmée,mode d’emploi L’information indépendante pour tous

Directeur de la publication Florent Compain Rédactrice en chef Caroline Prak Le dossier a été coordonné par Hubert Nadin et rédigé en collaboration avec lesZ’indigné(e)s - merci à Paul Ariès et à son équipe pour l’aide apportée Rédacteurs Les Amis de la Terre Côte d’Or, Les Amis de la Terre Isère, Les Amis de la Terre Nord, LesAmis de la Terre Savoie, Sylvain Angerand, Françoise Chanial, Alain Dordé, Alain Duez, Daniel Ibanez, Cressia Jeunet, Jean Jonot, Camille Lecomte, Malika Peyraut, EduardoPichilingue, Lucie Pinson, Juliette Renaud, Alain Zolty. Communication, relations presse Caroline Prak • [email protected] • 09 72 43 92 65 Maquette NismoCarl Pezin • www.nismo.fr Impression sur papier recyclé Offset cyclus 115g/m2 avec encres végétales • Stipa • 01 48 18 20 50

Les Amis de la Terre France 2B rue Jules Ferry 93100 Montreuil • [email protected] • 01 48 51 32 22 • www.amisdelaterre.org

04 VIE ASSOCIATIVE

C’est en partant de ce constat qu’aux Amis de la Terre Nord, nous avons imaginédes jeux de sensibilisation pour les différents événements auxquels nous par-ticipons. Nos actions de sensibilisation sur la thématique de l’obsolescence pro-grammée nous ont amené à creuser le sujet de l’épuisement des ressources, etnotamment des métaux. Nous avons donc réalisé un jeu sur ce thème,présenté pour la première fois sur le village Alternatiba Lille d’octobre dernier.L’idée est d’inviter les personnes de passage à fabriquer leur appareil préféré(smartphone, tablette, ordinateur portable…) en piochant des ressourcesdans les réserves du monde. Celles-ci sont matérialisées par des jetons placéssur une carte (1 jeton = 5 ans de réserves estimées). Un jet de dé indique la nationalité du joueur pour ce tour, ce qui détermineson niveau de consommation : par exemple, les Américains du Nord peuventpiocher 3 ressources, tandis que les Africains, non seulement ne peuvent paspiocher, mais se font voler leurs ressources par les autres joueurs. Des matériaux“leurres” sont aussi présents sur la carte afin d’ajouter de la difficulté. Le joueur est également sensibilisé aux conséquences de l’extraction de cesressources, puisqu’en cas de malchance il doit piocher une carte “Cata”, etlire un petit texte racontant un cas réel d’accident minier, ou de destructiond’écosystème (mines de tantale du Congo, mines de cuivre de Zambie, étaind’Indonésie…), souvent issu d’un rapport des Amis de la Terre.Il est possible de jouer jusqu’à 4, pendant 15-20 minutes.Réalisé principalement à partir de matériaux de récupération, la conceptionet la fabrication de ce jeu ont nécessité trois soirées de travail.Un enthousiasme communicatifLes joueurs s'étant succédé sans relâche et avec enthousiasme pendant levillage Alternatiba, nous avons donc décidé de poursuivre dans cette voie enconstituant un groupe de travail ouvert à tous. Les objectifs sont clairs : • Améliorer notre premier jeu, notamment en intégrant des alternatives, et

le diffuser. • Réaliser un autre jeu sur le thème du climat, en prévision de la mobilisation

pour la COP21 de décembre 2015.En ce qui concerne ce second objectif, nous avons d’abord recensé les jeux existants, puis nous les avons testés à l’occasion d’une soiréejeux ouverte au public que nous avons organisée le 30 janvier 2015. 25 personnes ont répondu présent. Nous avons également commencé à réfléchir à une première piste : réaliser un jeu de cartes “Action Climat”, dans lequel les joueurs pourraientvirtuellement mettre en œuvre des actions individuelles ou collectives en faveur du climat, afin d’atteindre les objectifs climatiques. Une dimension “cartes à collectionner” pourrait également être intégrée si l’on souhaite favoriser un “effet viral”, c’est à dire la diffusiondu jeu au-delà de l’animation d’événements.Nous pensons rapidement proposer la transformation du groupe de travail local en groupe national jeux Amis de la Terre, afin d’êtreplus nombreux à réfléchir à ces sujets et diffuser plus largement les jeux réalisés. Ensemble, faisons-en profiter le plus grand nombre !Retrouvez l’espace consacré à notre premier jeu sur notre site : http://amisdelaterre-nord.org/consommez-epuisez-detraquez/

> CHRISTOPHER LIENARDLes Amis de la Terre Nord

ActionsLes jeux, un outil de mobilisation efficace

Lors du débat stratégique, de nom-breuses idées ont été proposées pourmieux faire connaître le projet des Amisde la Terre et donner à des militant(e)sl’envie de nous rejoindre. Nous avonsidentifié en particulier le besoin de réflé-chir à de nouveaux outils de visibilité(brochures, affiches, drapeaux, kakemonospour stand) ou à la refonte de nos outilspour mieux faire circuler l'information eninterne (notamment le site Intranet). Deplus, nous avons réaffirmé la nécessité derenforcer notre autofinancement : celapasse, dans un premier temps, par un

élargissement de notre base d'adhérentset dans un deuxième temps, par desappels à dons spécifiques sur des projetsutiles et importants pour les militants.Pour cela, nous avons besoin d'idées et decompétences pour les mettre en œuvre :développer des adhésions croisées avecdes associations proches, créer des relaisdes Amis de la Terre dans des lieux militants,former les militant-e-s au recrutement denouveaux adhérent-e-s…Le Conseil Fédéral a décidé de lancer ungroupe de travail « développement de lafédération », ouvert à tous les adhérent-e-s

pour réfléchir ensemble aux outils à créeret aux méthodes de travail à mettre enplace. Notre premier objectif est d'animerun atelier lors de l'Assemblée fédérale surles outils prioritaires à mettre en placepuis de se réunir lors d'un week-end dejuin (date à préciser) pour créer du lien etplanifier la réalisation de ces outils.Si vous souhaitez candidater pour rejoindrece groupe, nous vous proposons d'envoyerun email avec vos motivations et vos compé-tences à l'adresse :[email protected]

> LE CONSEIL FÉDÉRAL

Jouer, s’amuser... seul ou à plusieurs. N’est-ce pas là le meilleur moyen d’apprendre? Être mis en situation n’est-ilpas idéal pour appréhender une problématique et s’imprégner des solutions ?

Lancement d'un groupe de travail « développement de la fédération »

REGIONS 05

Inscrit au Schéma directeurnational des infrastructuresde transports (SNIT) en 1988,le projet d’autoroute A51 aété l’objet de nombreusescontroverses et d’enjeuxpolitiques mais aussi dedécisions contradictoiresentre des options politiqueset celles des services del’Etat. Finalement il a étésupprimé du SNIT après leGrenelle de l’environnementen 2007.Malheureusement, il apparaîtque dans l’esprit de certainsélus et responsables écono-miques, les arguments d’utilitésociale, d’utilisation raisonnéedes finances publiques, deménagement de l’environ-nement n’ont pas encore faitleur chemin : les velléités derelance du projet se sont faitjour à nouveau. C’est ainsiqu’André Vallini, ancien pré-sident du Conseil général del’Isère (et candidat à sa suc-cession) a, depuis 18 mois, relancé publi-quement le projet et effectué auprès duministre des Transports des démarchesqui ont abouti à la réinscription au SNITde la poursuite du projet d’autoroute A51entre le Col du Fau et Gap. La mobilisationreprend forme, notamment par le biais del’action « 51 Artistes face à l’autoroute A51 ».

A chaque régionson grand projet inutileEn Rhône Alpes, la dose a été quadruplée.Au passé, il y eut Superphénix à Malville,en cours de démontage au long cours.Ouf ! Ce n’est plus qu’un dangereux vestigeà élire au patrimoine de l’inhumanité. Au présent et au futur compliqué, il y a laligne Lyon/Turin, dossier très coûteux, àl’issue encore incertaine (voir page 15). Enplus modeste, mais teigneux comme ungrand, et très symbolique, le projet Pierreet Vacances de Center Parcs dans la forêtdes Chambarans, d’une actualité brûlante,car les ressources en eau sont concernées.Et enfin, pour faire bonne mesure, un reve-nez-y du siècle passé, l’autoroute A51Grenoble/Gap/Sisteron qu’on croyaitenterrée ; c’était sans compter la mégalo-manie récidivante de certains « grandsélus » qui voient là un marchepied com-mode pour élargir leur assise de pouvoir.

Que faire ? Reprendre les dossiers et lesmoyens d’il y a vingt ans, contre un éven-tuel redémarrage du chantier à l’entrée duTrièves ? Arguments techniques et écono-miques contre arguments économiques ettechniques ? La procédure de débat public(2004) est allée jusqu’au bout de ce scéna-rio, se situant sur le plan dela rationalité. Or les défen-seurs du projet,aujourd’hui, sont pour laplupart dans le champ dela pensée magique et del’irrationnel (ex : « l’auto-route est l’outil indispensa-ble du désenclavement etdu développement »).Donc ne vaut-il pas mieuxfaire un pas de côté et seplacer dans un autre regis-tre, celui des valeurs nouvelles émergeantici et là et venant sur le devant de la scène: lenteur/tranquillité/harmonie/beauté ?Tout ce qui nous est offert dans ces paysdu Trièves, du Champsaur et de la valléedu Buëch, jusqu’ici largement préservésde l’action des aménageurs. Tout ce quipeut nourrir nos imaginaires et dontnous avons besoin pour faire mieux quesurvivre. Alors ?

La beautéd’utilité publiqueAlors, ce fut un appel auxartistes, car Brassens etFerrat l’ont dit : « Les artistesne peuvent pas changer lemonde, mais ils peuventdonner la conscience à cha-cun de la nécessité de lechanger ». Un appel pourleur demander de s’exprimerà partir de ces lieux menacés,selon leur inspiration et leurmode de création. Puis deconfier leurs œuvres au petitcollectif organisateur d’uneexposition à Grenoble d’abord(du 11 au 21 mars 2015 – sallede l’Ancien Musée dePeinture de Grenoble), puisen itinérance de bourgs envillages jusque fin octobre2015, jusqu’à Gap et Sisteron.Des soutiens ? Il en faut,même s’il ne s’agit que dechanger les regards sur unmonde à préserver. Cetteentreprise bénéficie des par-

rainages de Gilles Clément, le « jardinierplanétaire », et d’Alain Hervé, l’écrivain-voyageur-journaliste, auteur de L’Hommesauvage et de Merci la Terre, créateur de larevue mythique « Le Sauvage », importateuren France des Amis de la Terre (nousespérons bien le faire venir à Grenoble

pour l’inauguration del’exposition et pour unerencontre avec le groupedes Amis de la Terre del’Isère). L’initiative bénéficie depuisl’origine d’un partenariatavec Mountain Wilderness ;et enfin du soutien de lanouvelle municipalité deGrenoble, ce qui n’est pastout à fait une surprise.Les Amis de la Terre de

l’Isère forment un vœu : que cette initia-tive rencontre l’adhésion des Amis de laTerre partout en France, pour qu’elle soitreprise sous cette forme ou sous uneautre. Il ne s’agit de rien moins que deproclamer la beauté d’utilité publique.

> POUR LE COLLECTIF, JEAN JONOT Les Amis de la Terre Isère

Ami de la Terre depuis 1977

Lutte locale 51 artistes face à l’autoroute 51

« Les artistes nepeuvent pas changerle monde, mais ilspeuvent donner la

conscience à chacunde la nécessité de

le changer. »

Le projet d’autoroute A51 conçu dans les années 1970 est un véritable serpent de mer. Il a buté dès le début surdes questions de tracés, de faisabilité, de coûts et d’opportunité. Puis il a été l’objet d’innombrables rapports etétudes. Et refait surface aujourd’hui.

P.S. : en préambule de l’exposition, trois panneaux présenteront les données factuelles d’ordre technique et économique concernant le projet d’autorouteet les alternatives proposées par les opposants. Les gentils organisateurs n’ont pas perdu leur mémoire d’anciens combattants contre le chantier del’autoroute il y a vingt ans.

06 REGIONS

C’est aussi la petite chanson du « produisezplus, consommez plus et jetez plus » aunom de la croissance, du PIB, du retoursur investissement des actionnaires, dela pseudo lutte contre le chômage demasse, et… de la gabegie comme fonde-ment de l’économie de marché. Voici Montpellier Métropole, Eldorado deparpaings où les centres commerciauxpoussent dans la garrigue aussi vite quese répand le goudron sur les parkings etles autoroutes. On trie un peu, onmélange beaucoup. Sur les 250 000tonnes de déchets collectées, 130 000tonnes de diverse nature sont expédiéeschaque année vers Amétyst, la mégausine de méthanisation de la ville situéedans un quartier résidentiel. Il en ressort110 000 tonnes qui sont jetées dans lestrous de Castries ou incinérées. Le soldede 120 000 tonnes du total collecté estenfoui, brûlé, recyclé et/ou exporté. Avec les énormes centrifugeuses du trimécano biologique (TMB) Amétyst arrive,

bon an mal an, à produire 465 tonnes demauvais compost, lui même bon à jeter. Legaz produit sert essentiellement à électrifierl’usine. Ca pue, ça brûle parfois, il y a desmouches et une noria de camions, mais çava marcher, assure sans sourciller CyrilMeunier, vice-président de la Métropole quireconnaît qu’il est difficile de : faire du biogazavec des télés, des micro-ondes et des cadresde vélos. (La Gazette de Montpellier).Certes, on fera mieux demain, car les éluset les administrateurs de la bonne villede Montpellier ne sont jamais parvenusà mettre en place des systèmes efficacesde tri en amont des ordures qui permet-trait d’alimenter Amétyst avec des biodé-chets. Amétyst est géré par Novergie, filiale deSita-Suez Environnement, dont le cœur demétier est la valorisation des déchets.Mais voilà : moins de déchets, moins dematière première, moins de turnover,moins de business, moins pour les action-naires. Suez Environnement, c’est l’écono-

mie verte. Zero Waste, c’est pas pour eux. A l’autre bout de la chaîne, il y a les trousde Castries, six villages impactés, des milliersde résidents incommodés, des risquessanitaires, la nappe phréatique et descours d’eau pollués, le risque de destructiond’habitat d’espèces protégées commel’aigle de Bonelli et le busard cendré. Ladécharge est gérée par la Société mont-pelliéraine de traitement et de valorisa-tion des déchets (SMTVD) où l’on retrouvenotamment des filiales de Véolia Propretéet du Holding Nicollin. « Cette décharge est caractérisée par unetrès forte teneur en hydrogène sulfuré dansle biogaz qui en sort (plus de 100 fois supé-rieur aux prévisions) et un taux d’oxyde desouffre avec un pic à plus de 3 000 fois lesprévisions). » assure l’Association collectifintercommunal décharge de Castries(ACIDC). Outre un recours déposé au tri-bunal de Montpellier contre le préfet, cecollectif vient d’adresser une pétition à laCommission des pétitions et demande auParlement européen, pour manifester sonopposition à l’extension de la décharge,car les élus et les administrateurs de laMétropole n’ont d’autre solution, semble-t-il, que celle de multiplier les trous aumême endroit puisque il y en a déjà deux.De fait, le casier 2 doit fermer en 2019.Mais c’est Nimby* dans tous les villages. Cerise sur le gâteau : les gestionnaires del ‘ISDND de Castries envisagent l’installa-tion d’une unité de méthanisation pourproduire de l’électricité avec les émana-tions de la décharge. C’est écolo !

> ALAIN ZOLTYLes Amis de la Terre Hérault

*Not in my backyard, pas dans mon arrière cour.

Métropole de MontpellierRas le bol d’immondicesVoici la petite histoire du « fourrez-moi tout ça dans un trou… » ou comment une pseudo installation de stockagede déchets non-dangereux (ISDND) devient une décharge nauséabonde et polluante dans un terroir villageois etrésidentiel au nom de l’intérêt général et …du préfet.

Les Amis de la Terre Côte-d’Or ont organisé le 30 janvier dernier, une conférence sur le thème du paysage.Malgré les conditions météo défavorables, la conférence a réuni une quarantaine de personnes à Latitude21. Jean Cavailhès,Directeur de recherche émérite à l’INRA, présenta tout d'abord une étude scientifique destinée à quantifier l’importance du paysagedans les transactions immobilières. Puis, Pierre-Jean Delahousse, président de l’association Paysages de France, lia le paysage etl’affichage publicitaire. Après de nombreuses questions du public, la soirée s’est terminée par des discussions autour d’un verre. Les Amis de la Terre Côte-d’Oront saisi l'occasion de cette soirée pour dévoiler au public ses cartes postales de Dijon, cartes postales uniques dans le genrepuisque l’on y voit, sans trucage, des paysages de Dijon mêlant « Dijon, ville d’art et de publicité », réalisées par les adhérents.�L'après-midi, Les Amis de la Terre Côte-d’Or avaient invité les 24 maires de l’agglomération dijonnaise à une rencontre avec le pré-sident de Paysages de France pour discuter des aspects réglementaires de l’affichage publicitaire. Seules les communes de Saint-Apollinaire et Quetigny ont été représentées par des personnes de leurs services, ainsi qu’une personne représentant la préfecture.Pourtant de plus en plus de citoyens s’inquiètent de la dégradation du paysage dans lequel ils vivent, notamment de l’intrusiondes panneaux publicitaires lumineux. Il est important que les élus soient à l’écoute de leurs administrés. Ces deux associationsrestent disponibles pour discuter du sujet.

> STÉPHANE DUPASLes Amis de la Terre Côte d’Or

On parle du paysage avec les Amis de la Terre Côte-d’Or

INTERNATIONAL 07

Mobilisation2015, notre année du climatVoilà, l'année du climat, « grande causenationale 2015 » selon notre gouverne-ment, vient de s'ouvrir. C'est sans doutepour cela qu'en France la loi sur la transi-tion énergétique s'enlise, que l'Amériquelatine est en proie à une sécheresse des-tructrice, ou que l'Algérie est mutilée parde nouveaux forages de gaz de schiste.Que l'on déclare le climat grande causenationale ne semble donc rien changer àcette schizophrénie cynique qui oscilleentre annonces vertes et bonnes inten-tions d'une part sans que de l'autre nesoient prises les véritables décisionsrequises : arrêt des énergies fossiles,refus des fausses solutions et rejet d'unsystème capturé par les intérêts privés etleurs lobbies.Les Amis de la Terre, eux, n'ont pasattendu 2015 : depuis des années l'en-semble de nos luttes locales contre lesprojets énergétiques polluants, contre lesgrands projets inutiles et imposés, pourl'adoption de mesures publiques sur laréduction de la consommation, la res-ponsablité des entreprises ou la recon-naissance des amap ont contribué à rap-peler que le climat est un enjeu socialsystémique. Et c'est bien pour faire com-prendre que l'on n'atteindra les sociétéssoutenables qu'en changeant radicale-ment de paradigme que nous nousmobiliserons en 2015 et au-delà.Cette année marquée par la tenue auBourget de la 21e Conférence des Partiesdes Nations-Unies sur le climat (COP21)sera pour nous l'occasion de gagner desbatailles nationales. En se targuant à l'in-ternational de son exemplarité environ-nementale, le gouvernement nous offresur un plateau la possibilité de lui rappe-ler l'ensemble de ses incohérences,

notamment ses sou-tiens publics aux éner-gies fossiles. Déstabilisé,le gouvernement estd'ailleurs en train dereculer sur le charbonavec quelques pre-mières annonces vers lafin des soutiens finan-ciers à cette énergiefossile climaticide.

Dénoncerles responsablesdes changementsclimatiquesEn 2015, nous poursui-vrons sans relâche etdénoncerons les responsa-bles des changements cli-matiques et leurs fausses solutions(nucléaire, agrocarburants, capture etstockage de carbone et tant d'autres). Car lesresponsables, nous les connaissons : ce sontles entreprises (dont l’État est pour certainesactionnaire), les banques privées etpubliques, les gouvernements inconscientset les lobbyistes qui les accompagnent. Nousaurons ainsi l'occasion de leur rappeler lorsdes Assemblées générales des entreprisesdès avril, du Business and Climate Summitde mai, du G7 qui se tiendra en Allemagne enjuin ou du week-end national de mobilisa-tion des 30 et 31 mai, la primauté de la voixcitoyenne. Les 26 et 27 septembre, nousdémontrerons la richesse et la pertinencedes alternatives et solutions proposées parles citoyens à l'occasion d'Alternatiba Paris etde la journée pour une transition citoyenneorganisée partout en France.Et parce que les Amis de la Terre est unefédération internationale qui met

l'équité Nord-Sud au cœur de ses actions,nous ferons également en sorte d'ame-ner à Paris la voix des communautésaffectées, pour rappeler aux décideurs età ces entreprises que les changementsclimatiques et leurs agissements ont desconséquences dramatiques sur les plusvulnérables. Avec l'ensemble de la fédéra-tion, nous organiserons pendant la COP21à Paris une action symbolique mettantjustement en exergue la diversité de nosluttes et solutions au travers le monde.Et c'est ainsi qu'après avoir organisé desactions locales tout au long de l'année,lorsque nous joindrons nos forces à Parisen décembre, nous prouverons que noussommes la solution et que le mouvementqui croît pour la justice climatique ne s'in-terrompra plus et ira bien au-delà de 2015.

> MALIKA PEYRAUTChargée de campagne

Institutions financières internationales et Energie

AlternativesMon argent finance-t-il les changements climatiques ? Déjà bien connues pour leur présence dans les paradis fiscaux, leur spéculation sur les marchés financiers agricoles, les banquesfrançaises financent aussi massivement les énergies fossiles.Les clients ne sont pas les mieux informés de ce que font les banques de leur argent. L’opacité règne et hormis la Nef, aucunebanque ne publie l’intégralité des activités et entreprises qu’elle soutient. Elles communiquent en revanche allégrement surleurs soutiens aux énergies renouvelables pour gagner la confiance de leurs clients. A les écouter, elles ne participent pas seulementà la transition énergétique mais ont fait de la lutte contre les changements climatiques leur priorité. Mais, sous le vernis des discours écologiques se cachent une augmentation de 218 % de leur soutien au secteur du charbon –l’énergie fossile la plus émettrice de CO2 – entre 2005 et 2013. Les Amis de la Terre dénoncent ce greenwashing et appellent les clients des grandes banques à s’assurer que leur argent nefinance pas les changements climatiques en s’informant sur le site financeresponsable.org sur les activités de leurs banques, eten faisant jouer la concurrence. Car heureusement les alternatives aux banques climaticides existent, comme la Nef ! Changer de banque est une manière demettre notre argent au service de la construction d’une société qui correspond à nos valeurs. Mais c’est aussi un moyen poursignaler aux grands groupes bancaires que nous ne cautionnons pas que notre argent mette en péril les futures générations etqu’il est temps de tourner l’ère des énergies fossile.

> LUCIE PINSONChargée de campagne Finance privée/Coface

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Action des Amis de la Terre International à Lima (Pérou) en décembre 2014.

08 INTERNATIONAL

Malgré une nouvelle constitution prometteuse, respectueuse des droits de la nature et des communautés, celles-cise trouvent menacées par l'exploitation minière et pétrolière.

Le 15 janvier 2007, le président RafaelCorrea arrive au pouvoir, soutenu par lesmouvements sociaux : organisationsautochtones, défenseurs de l'environne-ment, étudiants et travailleurs. En 2008,la nouvelle constitution de l'Equateurreconnaît des droits à la nature et denouveaux droits aux communautés,notamment en matière de consultation.Cette reconnaissance est en partie l'ini-tiative des peuples autochtones.Toutefois, bien que Rafael Correa ait souventmis en avant la notion de « sumak kawsay »,mots quechuas qui signifient « bien vivre »,les belles perspectives inscrites dans laconstitution n'ont pas été appliquées.

Les faits sont bien différents du discoursde la « révolution citoyenne ».

Une situation de plusen plus conflictuelleEn effet, la société civile équatorienneavait proposé de laisser le pétrole sousterre dans le cadre de l'initiative Yasuni-ITT.Le parc national Yasuni, zone de la forêtamazonienne, où vivent des peuplesautochtones en isolement volontaire,renferme une grande diversité biolo-gique. Le président qui était porteur duprojet dès le début, et qui demandait auxpays développés de financer la sauve-garde de l'Amazonie, a décidé finalement

de l'abandonner le 15 août 2013. Pourdéfendre la zone de l'exploitation pétro-lière, le collectif Yasunidos se crée dans lebut de faire reculer le gouvernement. Il arecueilli des signatures dans tout le paysafin de demander une consultationpopulaire, conformément à la constitutionéquatorienne. En plus du discrédit de lapart du gouvernement, Yasunidos a subile refus frauduleux d'une partie dessignatures par le CNE (Conseil nationalélectoral) qui a refusé la consultation.Actuellement, en Equateur, les mouvementsde défense de l'environnement sontréprimés. Dans le sud du pays, dans laCordillère du Condor, plusieurs leadersShuars ont été assassinés car ils s'oppo-saient à l'exploitation minière de la zone.Dans la province d'Imbabura, valléed'Intag, les communautés s'opposentaux compagnies minières depuispresque vingt ans : le représentant de lacommunauté de Junin, Javier Ramirez aété emprisonné car il s'oppose à l'exploitationdu cuivre dans la région.Suite à la conférence sur le climat, COP20, au Pérou, le gouvernement a encoredurci sa position contre les autochtoneset des défenseurs de l'environnement.Les Yasunidos qui voulaient se rendre àLima ont été harcelés. Au mois de décembre,le gouvernement a exigé l'expulsion de laCONAIE (coordination des organisationsautochtones) de son siège où elle étaitprésente depuis 30 ans. En janvier, desWaoranis ont été arrêtés.Malgré tout, les défenseurs de la naturene se laissent pas impressionner et pour-suivent leur lutte.

> CRESSIA JEUNET ET EDUARDO PICHILINGUE

Droits de l’HommeLa situation difficile des défenseurs de la nature en Equateur

Le 29 janvier, une proposition de loi sur le « devoir de vigilance » des entreprises était examinée à l'Assemblée nationale. Elleaurait pu représenter une avancée historique en termes de protection des droits humains et de l'environnement, mais les débatsont tourné court : les députés socialistes, ont voté, sous pression du gouvernement, pour le renvoi en commission de ce textedont ils étaient pourtant co-auteurs. Cette loi ambitieuse aurait permis de reconnaître la responsabilité légale des maisons-mères des multinationales et des donneursd'ordre sur les activités de leurs filiales et sous-traitants, un combat de longue date des Amis de la Terre et de leurs partenairespour mettre fin à l'impunité des entreprises. Éviter des drames tels que Bhopal, l'Erika et le Rana Plaza, et donner un accès à la justice aux victimes : deux objectifs qui étaientsoutenus par tous les groupes politiques... mais tous n'étaient pas prêts à affronter les lobbies des entreprises, qui ont vite faitd'invoquer la sacro-sainte compétitivité entre autres arguments fallacieux.Le ministère de l'Economie, ouvrant grand ses oreilles aux demandes patronales, a donc fait obstacle à ce texte, en en promettantun autre « plus solide »... en réalité, une version édulcorée écrite sous la dictée des entreprises. Si cette nouvelle proposition consacreune « obligation de vigilance », celle-ci ne s'appliquerait qu'aux grandes entreprises, et aucune sanction n'est prévue en cas d'absencede mise en œuvre. Elle ne constitue pas non plus d'avancée réelle en termes d'accès des victimes à la réparation. Rendez-vous le 30 mars 2015 pour l'examen à l'Assemblée nationale, en espérant que les députés renforceront ce texte par voie d'amendements.

> JULIETTE RENAUDChargée de campagne Responsabilité sociale

et environnementale des entreprises

Régulation des multinationales : une occasion manquée

Des militants du collectif Yasunidos en compagnie de Vandana Shiva indian philosopher, writer and Right LivelihoodAward Winner.

09DOSSIER

DOSSIER - En route vers les sociétés soutenables !EditoC'est à l'occasion des journées citoyennes de Dieulefit, organisées depuis 12 ans dans ce petit village de laDrôme, que j'ai proposé à Paul Ariès de partager nos réflexions sur les « sociétés soutenables » dans nos deuxrevues, La Baleine et les Z’indigné(e)s.Nous connaissons Paul Ariès par les essais qu'il publie, la place qu'il occupe dans le monde de la « décroissance »et les Amis de la Terre retrouvent les idées qui leur sont chères dans la toute jeune revue qu'il dirige. L'idée d'undossier commun, où nous retrouverions dans les deux revues des échanges d'articles, m'est donc apparuecomme tout à fait naturelle et enrichissante. Le concept de « sociétés soutenables » qui fonde les valeurs défendues par les Amis de la Terre peut semblerrelever de l'utopie tant le chemin à parcourir pour y parvenir nous parait long et difficile. Les travaux de PaulAriès et les articles publiés dans les Z’indigné(e)s1 nous confortent dans l'idée que c'est le bon chemin et quedéjà beaucoup d'expériences de terrain, en France comme ailleurs, empruntent ce chemin.Je suis persuadé que ce dossier partagé nous permettra d'enrichir notre réflexion et en élargissant le publicdes lecteurs de chacune des deux revues permettra une plus grande diffusion des idées que nous partageons.Bonne lecture à tous,

> HUBERT NADINMembre du Conseil Fédéral des Amis de la Terre France

1/ Mensuel diffusé uniquement par abonnement via www.les-indignes-revue.fr (10 n° /an 40 €)

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Les Z’indigné(e)s se définissent commeun mensuel des objecteurs de crois-sance amoureux du bien vivre. Sonengagement est fondé sur une bonne etune mauvaise nouvelle. La mauvaise nouvelle : nous sommesface à une crise systémique, écono-mique, sociale, écologique, politique,anthropologique. Parler de crise systé-mique c’est sous-entendre que quelquechose fait lien. Ce qui fait lien c’est quela société a totalement sombré dans ladémesure : nous avons perdu la capacitéà nous donner des limites, nous « natu-ralisons » la façon de produire qui nousconduit dans le mur et les modes deconsommation qui ne sont, en réalité,que ceux du capitalisme et du producti-visme. La bonne nouvelle a un fondementmatériel et idéel. Fondement matériel :la planète est déjà bien assez-riche pourpermettre à bientôt huit milliardsd’humains de vivre bien. L’ONU ne cessede le répéter : il suffirait de mobiliser,chaque année, pendant 25 ans, 40 mil-liards de dollars pour régler la faim dansle monde, 80 milliards permettraient derésoudre le problème de la grande pau-vreté. Ces 40 milliards sont introuvablesmais le budget militaire mondial est de1 500 milliards de dollars, le marchépublicitaire de 800 milliards, les gaspil-lages alimentaires nord-américains 100milliards. Fondement idéel : nous sommes très àl’écoute de tous ces « gros mots » quifleurissent à l’échelle mondiale pour direles nouveaux chemins de l’émancipa-tion : le « buen vivir » sud-américain, le« plus vivre » de la philosophie négro-africaine de l’existence, la « vie pleine »en Inde. Ce n’est pas par hasard que les principauxconcepts pour rêver/penser/organiser latransition vers une société de justicesociale, écologique ou politique vien-nent principalement des pays du Sud.L’anti-extractivisme qui a déjà sa traduc-tion africaine : le refus des « éléphantsblancs », ces mégas projets profitables àune minorité et sa traduction euro-péenne, le refus des grands projets inu-tiles imposés. Le « pachamamisme » quin’est pas le retour à l’occultisme mais lavolonté d’opposer à l’économisme quisoumet le vivant à la loi du profit, ledésir de soumettre l’économie aux loisdu vivant. Etre indigné, c’est ne plus croire aux« lendemains qui chantent » pour pouvoirsimplement commencer à chanter auprésent. Le mensuel les Z’indigné(e)sapporte sa modeste pierre en travaillantà la convergence de toutes les forcesémancipatrices d’ici et d’ailleurs.

Viv(r)e la gratuité !Les Zindign(é )s sont le mensuel de la gra-tuité. Comme nous n’avons pas le féti-chisme du vocabulaire, libre àchacun de parler de « gra-tuité », de « don », de« liberté d’accès » (free à lafaçon d’Internet)… La ques-tion est simple : voulons-nous donner à chacun dequoi vivre dignement mêmesans emploi ? Voulons-nouscommencer à desserrerl’étau de l’économie ? Nous relayons toutes les ini-tiatives de l’Observatoire International dela Gratuité du service public et des bienscommuns (OIG), fondé en septembre2014, après le succès de plusieurs confé-rences internationales. La gratuité est uneréponse à l’urgence sociale, écologique,politique, anthropologique. La gratuité,tout d’abord, ce n’est pas le produit ou le

service débarrassé du coût mais du prix.L’école publique est gratuite mais financéepar l’impôt. Il ne s’agit donc pas de toutrendre gratuit mais de choisir et de bien

choisir. Ici, c’est la gratuité del’eau vitale, ailleurs celle destransports en communurbains, de la restaurationscolaire, des services cultu-rels, du logement social, desservices funéraires… Rien n’est plus dangereuxque de dire : ceux qui peu-vent payer doivent payer,car si on accepte ce dis-cours pour les transports

en commun, pourquoi ne pas l’accepterpour l’école ou la santé… Il existe en faitdeux conceptions de la gratuité : unegratuité d’accompagnement du système,la gratuité pour le naufragés, mais elle neva jamais sans condescendance (« Etes-vous un pauvre méritant ? ») ni flicage(« Etes-vous un vrai demandeur d’emploi

« La gratuité estune réponse à

l’urgence sociale,écologique,politique,

anthropologique. »

De l'importance d'être indigné-e

ou un salaud de fainéant ? ») ; une gra-tuité d’émancipation : ce qui est beauavec l’école publique c’est qu’on nedemande pas aux enfants s’ils sontgosses de riches ou de pauvres, pourquoice qui est vrai pour l’école ne pourrait-ilne pas l’être pour les quatre autres piliersqui permettent de vivre : le logement, lasanté, l’alimentation…Attention, il ne s’agit surtout pas de rendregratuits les produits et services existants(ceux de la malbouffe par exemple), la gra-tuité c’est l’occasion de repenser lecontenu écolo, social des produits. Noussommes pour la gratuité du bon usageface au renchérissement du mésusage :pourquoi payer son eau le même prix pourfaire son ménage ou remplir sa piscine pri-vée ? Ce qui vaut pour l’eau vaut pour l’en-semble des biens communs et des servicespublics. Aux citoyens d’en décider !

> PAUL ARIÈS

DOSSIER - En route vers les sociétés soutenables !

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Fondé en 2011, Champs Libres est un point de vente collectif, tenu etgéré par des producteurs locaux qui vendent directement les produitsde leurs fermes. Notre magasin, situé à Dieulefit (Drôme) propose unegamme alimentaire très variée, puisqu’il réunit les savoir-faire de 23fermes. Plutôt qu’être rivaux, nous avons fait le choix d’unir nos forcesau service de nos clients. Cette solidarité est la condition essentielle ànotre réussite.Celle-ci s’appuie sur l’implication de chacun et sur des valeurs com-munes qui nous fédèrent, la promotion d’une agriculture locale, biolo-gique et paysanne, conduite sur des fermes à taille humaine. Notredéfi consiste à inventer une agriculture durable et responsable, loindes modèles de l'agriculture intensive.En établissant une relation directe entre les producteurs et les consom-mateurs, nous pouvons proposer des produits de qualité à des prixabordables, tout en vivant décemment de notre travail. De plus, le dyna-misme de Champs Libres rejaillit sur nos fermes qui créent de l’emploi.Au delà de cet aspect économique non négligeable, notre point devente collectif est également un lieu d’échange convivial.Consommateurs et producteurs s’y retrouvent pour discuter ensemblede savoir-faire et de techniques, de saveurs et de cuisine…Champs Libres, avec une majorité de jeunes agriculteurs, a pour vocationd’aider les futurs paysans et d’être un outil transmissible pour nosenfants. Il est également reproductible dans tous les endroits où il y a dela terre, de l’eau, de la bonne volonté et l’envie de bien vivre ensemble

> TEXTE RECUEILLI PAR HUBERT NADIN ***Ludovic Girard produit sur 2,5 hectares des fruits et légumes. Sonexploitation certifiée bio apporte un revenu à 3 personnes à temps pleinet 3 saisonniers. Un calcul simple permet d'estimer que chaque année cesont 90 à 100 familles (4 personnes) qui sont approvisionnées en paniershebdomadaires de fruits et légumes***

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Ludo, maraîcher à Salettes dans laDrôme nous présente Champs libres,une expérience soutenable réussie !

La Baleine - Paul Ariès, vous venez depublier aux éditions Utopia un livre ico-noclaste. Son sous-titre « Les modes de viepopulaires au secours de la planète » estplus précis que le titre « Ecologie etmilieux populaires »

Paul Ariès - Ce livre est déjà un coup degueule contre l’idée qu’il n’y aurait rien debon à attendre des milieux populaires auregard de la situation écologique. C’est àqui dénoncera en effet le plus vertementleur rêve de grand écran de télévision,leurs vieilles voitures polluantes, leurslogements mal isolés, leurs achats dansles hypermarchés, leur goût pour la vianderouge et les boissons sucrées, leurs rêvesde zones pavillonnaires et de vacancesbon marché, etc. Les élites auraient doncraison : « salauds de pauvres qui consom-mez si mal ! ». Le pire c’est que ce dis-cours d’enrichis finit par contaminerceux qui à gauche se disent le plusconscients des enjeux planétaires etsociaux. Au moins, les riches achèteraientdes produits bio, auraient des voituresélectriques, des maisons bien isolées etlorsqu’ils prennent l’avion pour leursvacances, ils achèteraient des compensationscarbone auprès d’organismes certifiés,etc. Je démontre donc, chiffres officiels à

l’appui, que tous les indicateurs prouventque les milieux populaires ont un bienmeilleur « budget carbone », une bienmeilleure « empreinte écologique », unbien plus faible écart par rapport à la« bio-capacité disponible », un bien meil-leur indice « planète vivante » (concernantl’impact des activités sur la biodiversité),un « jour de dépassement de la capacitérégénératrice de la planète » plus tardif,une moindre emprise sur la « déplationdes stocks non renouvelables » en raisond’une moindre utilisation dela voiture/avion mais aussiparce qu’ils font durer pluslongtemps leurs biensd’équipements. Bref, parrapport à l’objectif d’émet-tre quatre fois moins deGES (Gaz à effet de serre)par rapport à 1990, si lesriches ont « tout faux », lesmilieux populaires fontdéjà bien mieux.

L’essentiel du livre est cependant ailleurs :vous démontrez que ce n’est pas parcequ’ils sont pauvres que les milieux popu-laires polluent beaucoup moins maisparce qu’ils sont populaires, c’est-à-direparce qu’ils ont d’autres modes de vie,une autre conception de la « vie bonne »Un pauvre ce n’est pas un riche auquel ilne manquerait que l’argent. Nous acceptonstrop, y compris dans les milieux écolos,comme allant de soi la définition que lesenrichis se font des gens ordinaires, desgens du commun, une définition toujoursen termes de manque. En économie, lamanque de pouvoir d’achat ; en culture,le manque d’éducation ; en politique, lemanque de participation. Tout cela estsans doute en partie vrai mais masquecependant l’essentiel. J’ai donc consacrél’essentiel de mon ouvrage à montrer que

les « gens de peu » ont une autrerichesse, un autre rapport au temps, àl’espace, au travail, à la consommation, àla jouissance, à la maladie, à la mort, à lascience, à la politique, etc.

Vous choisissez pour cette raison MichelVerret contre Thorstein VeblenThorstein Veblen est un personnage émi-nemment sympathique mais son retouren vogue dans les milieux écolos n’estpas une bonne chose. Veblen a bien

repéré chez les enrichis cebesoin de rivalité. Il expliqueavec sa théorie de la classede loisir : « Toute classe estmue par l’envie et rivaliseavec la classe qui lui estimmédiatement supérieuredans l’échelle sociale, alorsqu’elle ne songe guère à secomparer à ses inférieures, nià celles qui la surpassent detrès loin. ». Je ne m’arrêterai

pas sur le choix du vocabulaire pourtantdéjà grandement révélateur (« classeinférieure » et « classe supérieure ») pouraller à l’essentiel. Le choix de considérerles rapports de classes sont l’angle de la« rivalité ostentatoire » fait que les rapportsde classes se révèlent mus par l’envie plutôtque par le conflit. Je suis convaincu queVeblen a foncièrement tort : ce qui caractèreles milieux populaires ce n’est pasd’abord de vouloir imiter les enrichis ! Laconséquence de cette bévue est grave :Veblen ne voyait d’issue que dans uneprise de conscience des ingénieurs ettechnicien, bref une sorte de socialismedes ingénieurs. Je fais au contraire le parique c’est au sein des milieux populairesque la justice écologique, sociale et poli-tique s’invente.

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Entretien avec Paul ArièsLes milieux populaires au secours de la planète

En chemin vers des sociétés soutenables

Découvrez la position pour des Sociétés soutenables ici :http://www.amisdelaterre.org/notrevision.html

Les Amis de la Terre France ont publié en 2011, une position pour des Sociétés soutenables qui constitue le cadre général danslequel se situent les actions de la fédération. Pour les Amis de la Terre la convergence des crises écologiques et sociales appelle à la nécessité d'engager une transition versdes sociétés soutenables qui permettent d'articuler la satisfaction des besoins fondamentaux et la préservation des écosys-tèmes. Ces sociétés, fondées sur la sobriété et sur l'équité, sont aussi celles de la dignité humaine et de l'accomplissement desoi, la vraie richesse de l'être humain résidant dans sa dimension sociale et spirituelle plutôt que dans l'accumulation de biens.Dans cette perspective, les Amis de la Terre, en s'appuyant sur le concept d'espace écologique, proposent des alternatives : relocali-sation, renouvellement de la démocratie, de l'entreprise et de l'économie, et soutiennent les multiples initiatives qui préfigurentles sociétés soutenables.

« Les « gensde peu » ont uneautre richesse, unautre rapport au

temps, à laconsommation... »

13DOSSIER - En route vers les sociétés soutenables !

Les Z'indigné(e)s - Les Amis de la Terreavancent la notion d’espace écologique.Pouvez-vous nous en dire plus ? Seriez-vous d’accord pour dire que cette notionconcerne aussi le social ? Qu’elle imposepar exemple une forte réduction des iné-galités de revenus et de patrimoine ?Les Amis de la Terre - La question desdroits sociaux est à l'origine même de lanotion d'espace écologique : l'empreinteécologique est un indicateur qui permetde se rendre compte que si tous les habi-tants de la planète vivaient comme unFrançais, il faudrait 2 ou 3 planètes maisce constat est insuffisant pour bâtir unprojet de sociétés soutenables. Il est touta fait possible d'imaginer vivre sur uneseule planète et de respecter certainsgrands équilibres écologiques à condi-tion que la surconsommation des unssoit compensée par le maintien dans lamisère des autres. C'est d'ailleurs le pro-jet, plus ou moins assumé de certains :avant chaque grande messe internatio-nale sur le développement durable ou leclimat, on voit fleurir les rapports expli-quant que le problème est qu'il y a tropde pauvres. L'engagement des Amis de laTerre est très clair à ce sujet : l'accès et lapromotion des droits fondamentaux detous passe par l'interdiction des excèsdes plus riches. Un exemple : on estimequ'avec 30 ou 40kg de papier/personne/an,on pourrait avoir un fonctionnement

démocratique minimum et répondre àdes besoins fondamentaux (presse,livres, tracts…). En France, on consommeen moyenne 160kg de papier/personne/an,dont une large majorité pour des embal-lages et des prospectus, quand enOuganda, la moyenne est àmoins de 10kg. Cet exempleest intéressant car il montrebien que la question des« riches » est toute relative,et que dans de nombreuxpays, pour faire un clind'oeil au mouvementOccupy, les « riches » d'unpoint de vue écologique,constituent bien plus qu'1 %de la population. Sur la question des revenus, nous avonsconstaté avec (bonne) surprise que leconcept d'espace écologique pouvait êtreun cadre fécond pour celles et ceux quiréfléchissent au revenu minimum d'exis-tence et au plafonnement des revenus etdu patrimoine.

Les Amis de la Terre sont implantés mon-dialement. Pensez-vous qu’existentaujourd’hui des convergences fortesentre les populations du Nord et cellesdu Sud ?Le terme de convergence – très à la mode– n'est peut-être pas le plus pertinent,pourquoi ne pas garder celui de solidarité ?

Là où les partisans du développementdurable insistent fortement sur l'impactde nos modes de vie sur les générationsfutures, nous insistons aussi sur lesimpacts pour les générations actuelles.Parce que nous n'avons pas deuxplanètes, la surconsommation des uns setraduit par l’accaparement de l'espaceécologique des autres et, par ricochet,par l'impossibilité de répondre à desbesoins fondamentaux.Reprenons l'exemple du papier : la sur-consommation de papier en Franceimplique la plantation de vastes mono-cultures d'arbres à croissance rapide –comme l'eucalyptus - dans de nombreuxpays, notamment en Amérique Latine.Or, un eucalyptus peut pomper jusqu'à300l d'eau par jour : multiplier ce chiffre,par plusieurs millions d'arbres et vouscomprendrez pourquoi les communautésriveraines des monocultures le surnommentl'arbre de la soif.

Comment faire entendre cette voix lorsdu prochain Sommet sur le climat à Parisen 2015 ? Comment avancer vers unesociété soutenable ?Nous pensons qu'il n'y a pas une mais dessociétés soutenables : à partir du moment

où l'on fixe des seuils plan-cher et plafond clairs, entreles deux tout est à inventeren fonction des cultures etde l'environnement local.Respecter ces seuils, ça n'estpas sombrer dans la dicta-ture verte mais au contraires'engager vers plus d'hu-manité.Face aux crises actuelles, et

à leur convergence pour reprendre votreterme, il nous semble indispensable demieux s'organiser pour soutenir les lutteset, en même temps, de soutenir les alterna-tives c'est à dire la diffusion de pratiquesaujourd'hui marginales mais qui demainpourront être des normes.Et tout cela n'est possible que par unrenouvellement des pratiques militantescar aujourd'hui nous manquons d'ungrand mouvement d'écologie radical maispragmatique. En trois mots : « Mobiliser,Résister, Transformer ».

La vision des Amis de la TerreEquité, sobriété, solidarité,les valeurs à la base des sociétés soutenables

« L'accès et lapromotion des droitsfondamentaux detous passe par

l'interdiction desexcès des plus riches »

Puisque le dossier de ce numéro de LaBaleine est consacré aux sociétés soute-nables, faisons, pour nous convaincredéfinitivement de la nécessité de changerd'ère, une revue de l'insoutenable en cestemps, du plus dérisoire au plus désastreux.A l'automne dernier, Pékin accueillait unsommet des chefs d’État de la zone Asie-Pacifique (APEC). Le gouvernement sedemanda comment offrir à ses invités unair moins pourri qu'à l'ordinaire. Ilordonna une fermeture temporaire de2 000 usines de l’agglomération, traquantles contrevenants. Mais pour pouvoir cesserleur activité pendant une dizaine dejours, les industriels ont mis les bouchéesdoubles, faisant des semaines qui précé-dèrent et de celles qui suivirent un épisodedes plus sombres en termes de qualité del’air. En réaction, un nouveau qualificatifest apparu sur la blogosphère chinoise :le bleu APEC, désignant toute chosesuperficielle et éphémère.Un médicament pour les troupeauxrisque de faire disparaître les vautoursd’Europe. Tout a commencé en Inde. À lafin des années quatre-vingt dix, 99 % deces rapaces y sont morts, avec pourconséquences la prolifération des chiens

errants, débarrassés de la concurrence,suivie d’une propagation de la rage. Lecoupable de ce massacre est le diclofénac,un anti-inflammatoire destiné au bétail,que les vautours, indispensables fos-soyeurs, ingurgitent et qui leur bousilleles reins. L'Inde a finit par interdire cer-tains usages de ce produit, mais il a réap-paru en Europe sous le nom de Voltarène.L’Italie et surtout l’Espagne, le grand ter-ritoire européen des vautours, ontaccordé une autorisation de mise sur lemarché. Ce poison risque d'être distribuédans toute l’Union européenne, à com-mencer par la France, où les petitesmains de Novartis ont commencé leurtravail de sape. Et il ne s’agit pas seule-ment des vautours d’Europe, mais ausside ceux d’Afrique, où le diclofénac/volta-rène se répand à la vitesse des bakchichs.Ces dernières années, le lac d’Oroumiyeh,situé en Iran, qui fut le plus vaste duMoyen-Orient, s’est asséché à 95 %. L’étédernier, trois des cinq barrages qui ali-mentent Téhéran se sont taris, obligeantles autorités à mettre en place des pro-grammes de rationnement. La principalecause de ces sécheresses est le dévelop-pement de l’agriculture productiviste. 92 %

de l’eau consommée est utilisée dansl’agriculture. Des milliers de barrages etde digues ont été construits sans aucuneprécaution, 70 % de l'eau est perdue dufait des fuites. Le développement desindustries, exigeant un important appro-visionnement en eau a aggravé la situa-tion. Enfin, les précipitations ont diminuéde 16 % en quarante ans, créant degrandes zones désertiques. Pour les plusalarmistes, l’Iran serait de ce fait “la pro-chaine Somalie”. Suite à un article parudans Le Monde, cette information a étépubliée le 7 décembre 2014 sur blog deFabrice Nicolino Planète sans visa. Toutcomme les deux précédentes, parueselles aussi l'année dernière.Fabrice Nicolino tenait une rubriquerégulière dans Charlie. Victime de l'atten-tat du 7 janvier, il était toujours à l'hopi-tal, dans un état préoccupant, aumoment où j'ai écrit ce billet. Je le salueici en mon nom et au nom de tous lesAmis de la Terre, en lui souhaitant derevenir au plus vite parmi nous pourcontinuer à débusquer et combattre l'in-soutenable.

> ALAIN DORDÉ

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HumeursTraquer l’insoutenable, toujours

Les Amis de la Terre ont participé, le 28février 2015, au Forum national de la dés-obéissance. Le mensuel les Zindigné (e)s,prenant la suite du bimestriel leSarkophage, organise, chaque année,depuis 2011, le Forum national de la dés-obéissance citoyenne. Le premier Forum,organisé avec la ville de Grigny (69) etson Maire René Balme avait permis defaire converger toutes les formes de dés-obéissance, individuelle, collective, pro-fessionnelle, institutionnelle. Désobéissance individuelle : ceux quirefusent la dictature des marques, ceuxqui n’ont pas de télévision, ceux qui fontleurs courses ailleurs que dans deshypermarchés ; désobéissance collectiveavec les faucheurs volontaires, avec leplanning familial, avec les collectifs anti-GPII ; désobéissance professionnelle avecles lanceurs d’alerte, avec les postiers quirefusent de devenir des VRP au service del’entreprise Poste, avec les électriciensdésobéissants qui rebranchent le cou-rant de ceux qui n’ont pas pu payer leursfactures, avec les médecins solidaires, etc ;villes désobéissantes prenant des arrêtésanti-expulsion, anti-OGM, qui pavoissentl’hôtel de ville avec le drapeau palesti-nien, qui organisent la gratuité, etc.

Le deuxième Forum s’est tenu en sep-tembre 2012 dans un contexte politiqueparticulier : celui de l’arrivée au pouvoirde François Hollande et de son gouverne-ment écolo-socialiste. Les participants au2e Forum avaient appelé à « désobéiraussi sous la gauche » en mobilisantautour de trois grands thèmes : désobéirà la dette en organisant l’audit desdettes publiques, désobéir au traité« merkozy » en exigeant un référendumd’initiative citoyenne et « former les éluset les citoyens à la désobéissance », seulechemin pour une démocratie réelle. Nousdisions que la gauche, qui avait su, en1981, libérer de nouveaux territoires(radios libres, lois Auroux sur la démocra-tie dans les entreprises) devait libérer desespaces de créativité.

Passer des passions tristesaux passions joyeusesDésobéir ce n’est pas seulement changerde politique mais faire de la politiqueautrement. C’est tout faire pour passerdes passions tristes aux passionsjoyeuses, c’est renoncer définitivementaux lendemains qui chantent pour chanter,dès maintenant, au présent ! Le troi-sième Forum national de la désobéis-

sance s’est tenu, toujours à Grigny, enoctobre 2013. Nous y invitions la populationet les élus à désobéir pas seulement pourdire Non mais pour dire Oui, c'est-à-direpour multiplier les pas de côté, pourexpérimenter, pour faire du neuf. Noussommes du côté des « semis désobéis-sants », des « monnaies locales » ciblées,des maisons municipales de la santégarantissant un véritable pluralisme thé-rapeutique, organisant les patients parpathologie pour ne « plus jamais » êtreseul avec/face à sa maladie. La perte dela ville de Grigny, malgré le bilan extrê-mement positif de son équipe, lors desmunicipales de 2014, aurait pu signifierla fin des Forums nationaux de la dés-obéissance, car les villes ne se bousculentpas pour co-organiser des initiativescitoyennes de désobéissance. Ce IVe Forum n’a donc été possible qu’avecla décision de la ville de Fontaine (38) et deson maire, Jean-Paul Trovero, de pérenniserce lieu ce débat, de convergence, d’expéri-mentation. Nous nous sommes doncretrouvés le samedi 28 février 2015 pouraffirmer qu’une partie des réponses auxquestions de l’époque se trouve déjà ausein des milieux populaires.

> LES Z’INDIGNÉ(E)S

Forum national de la désobéissance

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Le dossier Lyon-Turin, Daniel Ibanez s'y est plongé plus de deux ans. Cette expérience l’a amené à disséquer de nombreuxdomaine, les mécanismes, les canaux, l’organisation et les méthodes qui permettent de lancer les grands projets et bien souventde les imposer.Ce qu'il a découvert dans ce « voyage » au centre du projet Lyon-Turin, le plus cher (20 fois Notre-Dame-des-Landes) actuellement,ce sont les rouages qui se retrouvent dans de nombreux autres projets, ce sont des pratiques et des proximités douteuses, ce sontdes spécialistes de la chirurgie esthétique et de la cosmétique des projets. Les états des lieux pour définir les besoins, les constats « indépendants » sont adaptés pour justifier les projets dont le maître mot pourles promoteurs est « acceptabilité » . L'utilité publique n'est dans ces dossiers qu'une formule creuse destinée à faire taire les contestations.Découvrant la gabegie, les prévisions fantaisistes, les réseaux, les achats d’études, les discours en contradiction totale avec lesfaits, les chiffres et les statistiques, Daniel Ibanez s'est trouvé happé par ce dossier. Le résultat est là, un livre détaillé, précis danslequel il raconte une histoire scandaleuse et nous donne les clés pour comprendre « l'abus de conscience » : la ligne ferroviaireexistante permettant de transporter les marchandises, de et vers l'Italie, qui présente les mêmes caractéristiques que les lignesferroviaires suisses et autrichiennes, et qui a été rénovée et mise aux normes, n'est utilisée qu'à 17 % de sa capacité.Ecrire s'est donc imposé, comme un devoir civique. Daniel Ibanez ne pouvait se résoudre, à voir gaspiller des dizaines de milliardsd’euros sans utilité publique, à constater des abus et des conflits d'intérêts sans les révéler, à assister à un désastre économiqueet écologique national sans réagir. « Se taire, serait une complicité. » C'est l'une des conclusions de ce livre qui permet d'être légitime à s'opposer à un projet ferro-viaire inutile et sans intérêt général.Après l'avoir lu chacun sait de quoi on parle !Trafics en Tous Genres, Daniel Ibanez, 216 pages, 12 € Tim Buctu EditionsDisponible en ligne : http://timbuctueditions.fr/index.php?post/17/Trafics-en-tout-genre%2C-le-projet-Lyon-Turin%2C-par-Daniel-Ibanez

* Le poids d'un papillon et La parole contraire deux livres d'Erri De Luca, éditions Gallimard.

Pour relancer la croissance, le pouvoir, demèche avec de grosses entreprises,impose partout ses projets calamiteux : onéventre les campagnes et les montagnes,on saccage les zones humides, on exter-mine la diversité sauvage et domestique.Des résistances se lèvent, NDDL, Sivens etcelle de NO TAV que raconte DanielIbanez (voir ci-dessous).La nouveauté réside dans la prise deconscience trans-locale : nous nous heur-tons tous aux mêmes abus de pouvoir, àla même surdité. La pub nous gave, l'idéo-logie de la croissance nous gave, les trai-tés de commerce nous gavent, commedes oies de basse-cour. Tout nous pousseà orienter nos désirs vers la marchandise.

Comment résister ?En tissant des liens porteurs de change-ment par-dessus toutes les frontières. Lalutte de chacun devient la lutte de touset les Amis de la Terre sont sollicitéscomme catalyseurs. Avec quels moyens ?• localement la présence physique,

mains nues et pieds dans les sabots• les études : environnement, économie, droit...• sans oublier de sublimer notre engage-

ment dans la dimension qualitativeafin de mieux le partager. C'est leconseil que Dante donne aux envieux :orientons nos désirs vers les biens spiri-tuels qui s'accroissent dans le partage :le courage, la compréhension et tousles plaisirs inventés par les arts...

Le mot « sabot » n'est pasvenu ici par hasard : c'estla première protection despaysans les plus pauvresmais un coup de sabotbien placé peut aussi êtreredoutable. Les Allemandsconfrontés à la Résistanceont vite appris le mot« sabotage ! » C'est juste-ment ce mot qui a motivéla comparution d'Erri DeLuca devant le tribunal deTurin. Le procès est encours...Erri De Luca, grand écrivain italien, voixrocailleuse, sensibilité généreuse et fortepensée paradoxale, a repris ce mot venudu français pour déclarer légitime la luttecontre un projet destructeur de la vallée.Il a dit « la TAV va sabotata », la LGVmérite d'être sabotée et la Société LTV avu dans ce mot un préjudice qui méritaitla prison. Eh oui ! Par ce verbe, Erri met labase – zoccolo en italien signifie à la foissabot et socle – en prise avec son pouvoirde renverser l'échaffaudage d'Hubris.Un simple mot serait donc capable d'ar-rêter les engins éventreurs de montagne ?les infiltrations de la mafia ? les abus depouvoir des administrations ? les vio-lences de la police ? le culte même de lacroissance ? Cela paraît inconcevable etpourtant, si la Société Lyon-TurinFerroviaire porte plainte contre ce mot,

c'est qu'elle y voit unemenace pour tout l'édificelaborieusement mis enplace !Se préparer à tuer pour unefleur qu'un jeune botanisteveut protéger (RémiFraisse), à emprisonnerpour un mot (Erri), c'est laréaction disproportionnéed'une société gravementdéséquilibrée, en proie à lafolie du pouvoir sans limite,terrorisée et désarmée face

au contre-pouvoir de nos sym-boles. Elle regarde sans comprendre« le poids d'un papillon »*, d'une fleur oud'un dessin contrebalancer et finalementrenverser une armée de blindés...Le désarroi des drogués d'Hubris montrece qu'ils craignent : ils craignent la fulgu-rance de nos métaphores qui rabaissentle plus arrogant des pouvoirs et transfigu-rent la réalité la plus humble. Ils craignentle lien organique qui s'établit entre nous,la contagion de la prise de conscience, lasynergie de nos résistances.Le procès est reporté au 18 mars. Erri estpassible de prison mais il nous montre lechemin : partout où on nous impose desprojets et des travaux destructeurs denos valeurs, défendons le droit à uneparole libre et contraire*, prenons nossabots... RÉSISTONS !

> FRANÇOISE CHANIAL

PUBLICATION

Lyon-Turin« Trafics en tous genres »

Erri de LucaAvec nos sabots !

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La lutte contre l’obsolescence pro-grammée avance : il y a quelquesannées, ce concept, peu connu dugrand public en France, était consi-déré comme un mythe par les fabri-cants. Aujourd’hui, le fait de réduirevolontairement la durée de vie desproduits et le terme « obsolescenceprogrammée » sont sur le pointd’être inscrits dans la loi. Mais, nouspossédons toujours plus de biens,entre 500 et 750 par personne, desbiens jetables et peu recyclables. Aun moment où le concept d’écono-mie circulaire est dans toutes lesbouches, à peine 20 % des déchetsélectriques et électroniques sontrecyclés, et les plastiques d’embal-lages le sont guère plus, 25 % ! Lereste est incinéré ou mis en déchargeet pour produire de nouveaux biens,ce sont de nouvelles ressources qu’ilfaut prélever toujours plus loin etavec des techniques de plus en plusinvasives et destructrices.

L’obsolescence programmée,une fatalité ? L’obsolescence programmée est mul-tiforme, c’est une des raisons pour les-quelles elle est difficile à combattre.L’obsolescence peut être technique,c’est le cas du réveil Philips Eveillumière irréparable une fois que la lampeaura cassé [1] ; iPhone rendu obsolète parles mises à jour logicielles obligatoires [2] ;des cafetières entières jetées une fois laverseuse en verre cassée faute de piècedétachée. Elle peut aussi être psycholo-

gique ou esthétique, c’est notre souhaiten tant que consommateur de changeralors même que le bien est encore en bonétat : les téléphones portables sont ainsirenouvelés bien avant qu’ils cassent.Nous avons ainsi tous déjà fait l’expé-

rience de l’obsolescence programmée,en achetant un objet bas de gamme, encédant aux sirènes de la publicité ou à lapression sociale. Souvent simples et économiques, lesalternatives consistent à privilégier lesbiens non soumis à l’obsolescence pro-grammée (une cafetière à piston plutôtqu'une cafetière électrique), des biensavec une garantie constructeur longue,et surtout les biens de seconde main !Acheter dans une recyclerie ou auprèsd’une communauté Emmaüs permetde concilier geste écologique et solidaire.En vogue également, les plateformesde l’économie collaborative qui per-mettent de louer ou d’échanger desbiens comme un appareil à raclette ouune tente de camping. Des groupes locaux des Amis de laTerre se mobilisent pour faire connaitreet vivre différentes alternatives. Aprèsavoir organisé deux journées de laréparation, les militants de Loire-Atlantique ont organisé leur premier« Café dépanne » pour apprendre àréparer soi-même ses biens. A Paris,des bénévoles enregistrent depuisplus de 2 ans les adresses pour faireréparer, échanger, acheter ou vendred’occasion en région Ile-de-France etailleurs, (re)découvrez toutes lesadresses sur :www.produitspourlavie.org/annuaire

> CAMILLE LECOMTEChargée de campagne Modes de production

et de consommation responsablesce

PratiquesLutte contre l’obsolescence programmée, mode d’emploi

Lectrices, lecteurs de la Baleine, vous savez ce qui justifie nos mobilisations et connaissez les solutions aux problèmes soulevés parles crises écologiques et sociales. Un enjeu majeur est de promouvoir le développement de ces solutions et alternatives à grandeéchelle. Pour cela, produire de l’information et surtout en faciliter l’accès au plus grand nombre, agir en sorte que, petit à petit,parents, amis, voisins, collègues de travail découvrent que nous ne sommes pas prisonniers d’un système est une démarche indis-pensable, généreuse et conviviale. Pour aller de l’avant dans cette voie prometteuse, vous êtes invité-e-s à participer au lancement du premier magazine alternatifpour tous. Soutenu par le Collectif pour une transition citoyenne et de nombreuses associations, Demain en mains sortira en sep-tembre 2015 à 300 000 exemplaires vendus 20 centimes !Pour le diffuser largement, nous reprenons le principe de la coopération citoyenne qui a fait le succès du journal l’âge de faire. Pourcompter parmi les 10 000 pionniers qui réussiront ensemble cette première, il vous suffira de consacrer 6 € et un peu de votretemps pour diffuser 30 magazines par mois à votre entourage non militant. Gageons que cette initiative fera école et que la presse alternative indépendante tiendra enfin la place qui lui revient dans le champmédiatique grand public. Le changement d’échelle des transitions indispensables est à ce prix. Très abordable, non ?

> ALAIN DUEZwww.demain-en-mains.org

Demain en mains… L’information indépendante pour tous

Vous aussi, vous possédez des appareils électriques qui tombent très vite en panne ? Vous n’êtes pas seuls, un appareilsur deux tombe en panne 5 ans après sa fabrication. Heureusement, des solutions existent !

Pour connaitre les astuces et conseils pour allonger la duréede vie de vos biens, suivez le guideComment sortir de l’obsoles-cence programmée ?.