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Sommes-nous certains que Jésus soit bien ressuscité d’entre les morts ? Pouvons- nous nous fier à des récits écrits il y a près de 2000 ans, sur un fait qui serait survenu le matin de Pâques, au début du mois d’avril de l’année 30 de l’ère chrétienne ? Toute notre foi, et donc toute notre vie, repose sur cette affirmation des Evangiles et du Nouveau Testament. L’enjeu est de taille, il ne faut pas se le cacher. Saint Paul l’expose avec une grande clarté, en ces termes : « Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j'avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu'il a été mis au tombeau, qu'il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures (...) Or, si l'on prêche que le Christ est ressuscité des morts, comment certains parmi vous peuvent- ils dire qu'il n'y a pas de résurrection des morts ? S'il n'y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n'est pas ressuscité. Mais si le Christ n'est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi » (1 Cor. 15, 3-4 ; 12-14). On ne peut être plus clair. Mais la question se pose tout de même : peut-on se fier au témoignage de saint Paul, qui l’a reçu d’autres personnes ? Il faut remarquer tout d’abord l a b r i è v e t é d e s r é c i t s concernant la Résurrection de Jésus. On s’attendrait à plus de détails, plus de précisions. Dans les Evangiles de saint Mathieu et de saint Luc, la généalogie de Jésus tient plus de place que les récits concernant la Résurrection. Et puis, chose beaucoup plus troublante encore : quand on lit avec attention les récits donnés par les quatre évangélistes, on ne peut pas ne pas noter des différences importantes, des contradictions même sur de nombreux points, qu’il est difficile de nier si l’on s’en tient à une simple lecture. D’autant plus que Marie de Magdala ne reconnaît pas Jésus tout de suite et le prend pour le jardinier ; que les disciples d’Emmaüs ne Repères une des questions qui cause le plus d’angoisse dans l’existence de l’homme est précisément celle-ci : qu’y-a-t-il après la mort ? À cette énigme, la solennité de ce jour nous permet de répondre que la mort n’a pas le dernier mot, parce que, à la fin, c’est la Vie qui triomphe. Et cette certitude qui est nôtre ne s’appuie pas sur de simples raisonnements humains, mais bien sur un fait historique de foi : Jésus Christ, crucifié et enseveli, est ressuscité avec son corps glorieux. (...) Cette annonce est au cœur du message évangélique (...) La résurrection n’est donc pas une théorie, mais une réalité historique révélée par l’Homme Jésus Christ à travers sa « pâque », son « passage » qui a ouvert une « voie nouvelle » entre la terre et le Ciel (cf. He 10, 20). Ce n’est ni un mythe, ni un rêve, ce n’est ni une vision, ni une utopie, ce n’est pas une fable, mais un événement unique et définitif : Jésus de Nazareth, fils de Marie, qui au soir du Vendredi saint a été descendu de la Croix et mis au tombeau, est sorti victorieux de la tombe. Benoît XVI, Pâques 2009 2010 La clé du tombeau vide : Jésus est vraiment ressuscité EDITIONS HERMAS.INFO Par Mgr Jacques Masson EXÉGÈSE N°1 PAGE 1

La clé du tombeau vide : Jésus est vraiment ressuscité

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Sommes-nous certains que Jésus soit bien ressuscité d’entre les morts ? Pouvons-nous nous fier à des récits écrits il y a près de 2000 ans, sur un fait qui serait survenu le matin de Pâques, au début du mois d’avril de l’année 30 de l’ère chrétienne ?Toute notre foi, et donc toute notre vie, repose sur cette affirmation des Evangiles et du Nouveau Testament. L’enjeu est de taille, il ne faut pas se le cacher.

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Sommes-nous certains que Jésus soit bien ressuscité d’entre les morts ? Pouvons-nous nous fier à des récits écrits il y a près de 2000 ans, sur un fait qui serait survenu le matin de Pâques, au début du mois d’avril de l’année 30 de l’ère chrétienne ?

Toute notre foi, et donc toute notre vie, repose sur cette affirmation des Evangiles et du Nouveau Testament. L’enjeu est de taille, il ne faut pas se le cacher.

Saint Paul l’expose avec une grande clarté, en ces termes :

« Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j'avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu'il a été mis au tombeau, q u ' i l e s t re s s u s c i t é l e troisième jour selon les Écritures (...) Or, si l'on prêche que le Christ est ressuscité des morts, comment certains parmi vous peuvent-ils dire qu'il n'y a pas de résurrection des morts ? S'il n'y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n'est pas ressuscité. Mais si le

Christ n'est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi » (1 Cor. 15, 3-4 ; 12-14).

On ne peut être plus clair. Mais la question se pose tout de même : peut-on se fier au témoignage de saint Paul, qui l’a reçu d’autres personnes ?

Il faut remarquer tout d’abord l a b r i è v e t é d e s r é c i t s concernant la Résurrection de Jésus. On s’attendrait à plus de détails, plus de précisions. Dans les Evangiles de saint Mathieu et de saint Luc, la généalogie de Jésus tient plus de p lace que les réc i t s concernant la Résurrection.

Et puis, chose beaucoup plus troublante encore : quand on lit avec attention les récits d o n n é s p a r l e s q u a t r e évangélistes, on ne peut pas ne pas noter des différences importantes, des contradictions même sur de nombreux points, qu’il est difficile de nier si l’on s’en tient à une simple lecture. D’autant plus que Marie de Magdala ne reconnaît pas Jésus tout de suite et le prend pour le jardinier ; que les d i s c i p l e s d ’ E m m a ü s n e

Repères

“une des questions qui cause le plus d’angoisse dans l’existence de l’homme est précisément celle-ci : qu’y-a-t-il après la mort ? À cette énigme, la solennité de ce jour nous permet de répondre que la mort n’a pas le dernier mot, parce que, à la fin, c’est la Vie qui triomphe. Et cette certitude qui est nôtre ne s’appuie pas sur de simples raisonnements humains, mais bien sur un fait historique de foi : Jésus Christ, crucifié et enseveli, est ressuscité avec son corps glorieux. (...) Cette annonce est au cœur du message évangélique (...) La résurrection n’est donc pas une t h é o r i e , m a i s u n e r é a l i t é historique révélée par l’Homme Jésus Christ à travers sa « pâque », son « passage » qui a ouvert une « voie nouvelle » entre la terre et le Ciel (cf. He 10, 20). Ce n’est ni un mythe, ni un rêve, ce n’est ni une vision, ni une utopie, ce n’est pas une fable, mais un événement unique et définitif : Jésus de Nazareth, fils de Marie, qui au soir du Vendredi saint a été descendu de la Croix et mis au tombeau, est sorti victorieux de la

tombe. ”

Benoît XVI, Pâques 2009

2010

La clé du tombeau vide :Jésus est vraiment ressuscité

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Par Mgr Jacques Masson

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reconnaissent Jésus que longtemps après l’avoir rencontré en chemin… Alors ?

Les différences portent sur plusieurs points :

Les femmes présentes à la Crucifixion

- « Il y avait là de nombreuses femmes qui regardaient à distance (...), entre autres Marie de Magdala, Marie mère de Jacques et de Joseph, et la mère des Fils de Zébédée » (Mathieu 27, 55-56)

- « Il y avait là aussi des femmes qui se tenaient à distance, entre autres Marie de Magdala, Marie mère de Jacques le petit et de Joset et Salomé (...) beaucoup d’autres encore qui étaient montés avec lui à Jérusalem » (Marc 15, 40)

- « Tous ses amis se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui l’avaient accompagné depuis la Galilée et qui regardaient cela

o Toutes se tiennent à distance, selon les Synoptiques.

Les femmes présentes au pied de la Croix, alors que les autres se tiennent à distance

- « Près de la croix de Jésus, se tenaient sa Mère, la sœur de sa Mère Marie femme de Cléophas, et Marie de Magdala » (Jean, 19, 25)

o Seules deux femmes sont avec Marie la Mère de Jésus.

Les femmes présentes à la mise de Jésus au tombeau

- « Or il y avait là Marie de Magdala et l’autre Marie, assises en face du sépulcre » (Mathieu 27, 61)

- « Or, Marie de Magdala et Marie Mère de Joset regardaient où on l’avait mis » (Marc 15, 47)

- « Les femmes qui étaient venues de Galilée avec lui avaient suivi Joseph ; elles regardaient le tombeau et comment son corps avait été placé. Puis elles s’en retournèrent (...) » (Luc 21, 55-56)

o En fait, seules deux femmes regardent là où l’on dépose Jésus : Marie femme de Cléophas (l’autre Marie) et Marie de Magdala.

L’heure à laquelle les femmes vont au sépulcre

- « Comme le premier jour de la semaine commençait à poindre, Marie de Magdala et l’autre Marie vinrent visiter le sépulcre » (Mathieu 28,1)

- « (...) de grand matin, le premier jour de la semaine, elles vont au tombeau, comme le soleil se levait » (Marc 16, 2)

- « Le premier jour, à la pointe de l’aurore , elles se rendirent à la tombe » (Luc 24, 1)

- « Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rend de bonne heure au tombeau, alors qu’il faisait encore sombre » (Jean 21, 2)

Le nombre des femmes qui vont au tombeau

- « Marie de Magdala et l’autre Marie, vinrent visiter le sépulcre (Mathieu 28, 1)

- « Marie de Magdala, Marie Mère de Jacques et Salomé, achetèrent des aromates (...) et le premier jour de la semaine, elles vont au tombeau » (Marc 16,1-2)

- « Elles se rendirent à la tombe » (Luc, 24, 1)

o S a i n t L u c , à p r o p o s d e l’ensevelissement, écrit : « Les femmes qui étaient venues de Galilée avec lui avaient suivi Joseph ; elles regardaient le tombeau et comment son corps

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o avait été placé. Puis elles s’en retournèrent… Elles observèrent le sabbat » (Luc 24, 55-56).

o Aucun nom n’est indiqué : ce sont toutes les femmes, que Luc indique par le seul mot « elles »

- « … Marie de Magdala se rend toute seule au tombeau de bonne heure, alors qu’il faisait encore sombre » (Jean 21, 1)

U n e f e m m e , d e u x femmes, trois femmes, toutes les femmes ?

Les réactions des femmes au Message de l’Ange dans le tombeau vide

Il en est de même pour l’attitude des femmes lorsque Jésus leur apparaît et leur donne un message pour les Apôtres. Je résume :

- « Quittant le tombeau, toutes émues et pleines de joie, elles courent porter la nouvelle à ses disciples » (Mathieu 28,8)

- « Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Et elles ne dirent rien à personne car elles avaient peur » (Marc16, 8)

- « A leur retour du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze ainsi qu’à tous les autres… » (Luc 24, 9)

Les réactions des femmes à l’apparition et au Message de Jésus

Deux témoignages seulement, qui concernent uniquement Marie de Magdala :

- « Jésus apparut d’abord à Marie de Magdala (...) celle-ci alla le rapporter à ses compagnons (...) Eux (...) ne la crurent pas » (Marc 16, 9.10.11)

- Marie de Magdala se rend au sépulcre, voit Jésus qu’elle ne reconnaît pas tout

d’abord, et qui lui donne ensuite un message pour « les frères » : « Marie de Magdala va donc annoncer aux disciples qu’elle a vu le Seigneur et qu’il lui a dit ces paroles » (Jean 20, 18)

LA CLÉ DU TOMBEAU VIDE : SURREXIT

DOMINUS VERE

Oui, le Christ est vraiment ressuscité, malgré toutes les « contradictions » qui ont été indiquées ci-dessus.

Il faut tout d’abord bien comprendre que chaque Evangéliste n’a pas voulu TOUT raconter, comme le ferait un journaliste de notre époque. Chacun a son style, sa manière de présenter les faits, d’opérer des raccourcis bien étudiés (comme saint Luc par exemple), sans pour autant ignorer ce qu’il ne raconte pas. Le but de chaque Evangéliste est de présenter Jésus à des interlocuteurs bien précis, différents par leur religion, leur culture, leurs coutumes, leur langue.

La “clef” de lecture pour comprendre ce qui s’est passé a nécessité de ma part un “travail d’horloger”, fait en 1970, en utilisant simplement les seules données des Evangiles, étudiés, comme je l’ai fait pour les reniements de saint Pierre, grâce à des tableaux synoptiques qui mettent rigoureusement sur la même ligne, les mêmes mots ou groupes de mots.

A ces tableaux synoptiques, j’ai simplement ajouté, dans mes recherches, une colonne, reprenant les données prises dans les visions de Catherine Emmerich. Et Catherine Emmerich donne une toute petite précision, qui ne se trouve pas dans les récits évangéliques, mais qui est la “clef” permettant de comprendre tout ce qui s’est passé, et de rétablir la chronologie de ce matin de Pâques, sans faire violence en aucune manière aux Evangiles, et en respectant strictement leurs données.

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Je fais grâce aux lecteurs de tous ces tableaux synoptiques techniques, et me contente de donner le résultats, les conclusions, le “fil des événements”, en commençant par la Crucifixion.

Pour établir la chronologie des faits, tels qu’on peut les déduire des Evangiles, je les prendrai individuellement, en partant de la Crucifixion jusqu’aux événements du matin de Pâques.

DE LA CRUCIFIXION AU JOUR DE PÂQUES

Voici donc à présent la synthèse de l’étude dont j’ai parlé ci-dessus, et qui permet de reconstituer le fil conducteur, et de retrouver le déroulement précis de tous ces événements et leur enchaînement, sans faire aucune violence aux textes, et à partir de ces textes eux-mêmes, replacés dans le contexte de ce qu’a voulu dire et annoncer chaque Evangéliste à ceux auxquels il s’adressait.

S’il y avait eu la plus petite contradiction, on ne peut douter que les adversaires de cette “nouvelle religion” n’auraient pas manqué de la souligner, pour démontrer la fausseté des déclarations des Apôtres à propos de la Résurrection du Christ. Or, il n’y a rien à ce sujet. Et saint Paul, dans l’Epitre aux Corinthiens (chapitre 15°) cite les témoins, et précise même le nombre de « à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart d’entre eux vivent encore et quelques-uns sont morts » (1 Cor. 15, 6), sans que personne ne lui apporte la moindre contradiction.

Pour ne pas alourdir le récit, je ne donnerai pas, sauf exception, les références aux textes évangéliques, puisque les personnages et les faits ont été donné ci-dessus, dans l’énumération de des “contradictions”.

1.- LA CRUCIFIXION

Marie, la Mère de Jésus, Marie femme de Cléophas, qui est appelée aussi « l’autre Marie », Mère de Jacques (dit aussi le petit) et de Joset, ou Joseph ou encore José, se trouvent au pied de la Croix, avec Jean, le disciple que Jésus aimait et auquel il a confié sa Mère.

A part Marie la Mère de Jésus, il n’y a donc que deux femmes seulement au pied de la Croix. Elles restent sur place au moment de la descente de la Croix, et de l’ensevelissement.

Les autres femmes, « un groupe de femmes » « de nombreuses femmes », « beaucoup d’autres encore qui étaient montées avec Lui à Jérusalem » , qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée, se tiennent à distance n’ayant pu approcher de la Croix, et regardent.

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D’après la liste de l’entourage féminin de Jésus, que nous donne saint Luc, ce sont notamment : Jeanne, femme de Chouza intendant d’Hérode, Suzanne, et plusieurs autres qui l’assistaient de leurs biens. Salomé qui semble avoir joué un rôle particulier après la mort de Jésus, en prenant l’initiative d’aller acheter sans tarder, à cause de l’imminence du Sabbat, les aromates nécessaires pour la sépulture de Jésus, au matin du jour suivant le Sabbat, est mentionnée par Marc parmi les femmes qui sont présentes.

A la mort de Jésus, elles s’en iront, ne pouvant rester sur place où il n’y avait plus rien à faire pour elles.

2.- L’ENSEVELISSEMENT

A.- Joseph d’Arimathie et Nicodème

Le protagoniste de ce moment est Joseph d’Arimathie. Il prend seul l’initiative de se rendre auprès de Pilate ; en silence il ensevelit le Corps de Jésus, et roule la pierre à l’entrée du tombeau. Marc souligne le courage de cet homme, noble et membre du Sanhédrin.

C’est un homme riche, et disciple de Jésus (Mathieu), mais en secret par peur des juifs (Jean). Luc le présente comme un homme juste et bon, qui se s’était associé ni aux desseins ni aux actes des autres juifs. Il a acheté un linceul pour placer le Corps du Seigneur (Marc), et le sépulcre qu’il s’était fait tailler dans la roche pour lui (Marc), servira à Jésus.

Jean, qui est présent au pied de la Croix et qui a probablement participé à l’ensevelissement, nous fait connaître un autre personnage qui intervient avec Joseph d’Arimathie, Nicodème, qu’il a déjà présenté au début du ministère de Jésus : c’est lui qui vient de nuit pour parler au Seigneur. Nicodème apporte les aromates pour la sépulture, un mélange de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres.

Ils sont donc trois hommes pour détacher le C o r p s d e J é s u s , p o u r p r o c é d e r à l’ensevelissement, et pour rouler la pierre devant le tombeau. C’est peu.

B.- Les femmes présentes à l’ensevelissement

Marie, la Mère de Jésus, Marie sœur de la Mère de Jésus et femme de Cléophas, et Marie de Magdala, assistent à la descente de la Croix, faite par Joseph d’Arimathie, Nicodème et Jean. Comme le tombeau est tout proche, elles suivent donc Joseph, Nicodème et Jean, et assistent aux rites de l’ensevelissement : elles sont « assises en face du sépulcre », et « regardent bien où on a mis » Jésus, « le tombeau, et comment son corps avait été placé », avant que ne soit roulée la pierre. Le Mère de Jésus jette un dernier regard sur le Corps sans vie de son Divin Fils ; à ses côtés se trouvent Marie de Magdala et l’autre Marie. Ces deux dernières sont les seules

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femmes [avec la Sainte Vierge] à savoir exactement où se trouve le tombeau, et comment Jésus y a été déposé.

C.- Les autres femmes

Pendant que Marie de Magdala et l’autre Marie assistaient à la descente de la Croix, à l’ensevelissement, les autres femmes, qui s’étaient tenues à distance, s’en retournèrent en ville pour acheter parfums et aromates, à l’instigation de Salomé probablement, nommée explicitement pour cela par Marc. Et elles observent le repos du Sabbat.

D.- La garde au tombeau

Le lendemain, nous indique saint Mathieu, les grands-prêtres et les pharisiens se rendent auprès de Pilate et lui demandent de mettre une garde au tombeau, craignant que les disciples n’enlèvent le corps de Jésus et ne prétendent qu’il était ressuscité, comme il l’avait dit : « Après trois jours je ressusciterai ». Pilate leur donna une garde en leur disant de faire comme ils l’entendaient. Ils s’assurèrent donc du sépulcre en scellant la pierre et en postant une garde.

3. LE MATIN DE PÂQUES

A.- L’ouverture du tombeau

Le jour suivant, le matin du premier jour, les gardes placés au tombeau sont les témoins d’un fait inattendu et extraordinaire, l’ouverture du tombeau, dont ils sont les seuls témoins.

L’Ange du Seigneur descend du ciel, et vient rouler la pierre sur laquelle il s’assoit ; il a l’aspect de l’éclair et sa robe est blanche comme neige. A sa vue, les gardes tressaillent d’effroi et deviennent comme morts (Mathieu).

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B.- Les femmes en route vers le tombeau

Ce même jour, le premier de la semaine, de grand matin, toutes les femmes se rendent au tombeau pour oindre le Corps de Jésus. Parmi elles, il y a Salomé, et elles sont guidées par Marie de Magdala et l’autre Marie, qui, seules, savent où se trouve le tombeau. En route, elle se demandent qui leur roulera la pierre de devant le tombeau

C.- Les femmes arrivent en vue du tombeau

Les femmes ne savaient pas qu’une garde avait été placée au tombeau. Elles ne pouvaient pas non plus connaître l’évènement qui avait frappé de stupeur les soldats de garde, au point de devenir « comme morts » : la pierre roulée par l’Ange.

Guidées par « l’autre » Marie et Marie de Magdala, elles arrivent en vue du tombeau, alors qu’il faisait encore sombre puisque le soleil n’était pas levé et que c’était la pointe de l’aurore. Elles distinguent toutefois, dans la pénombre, la présence des gardes autour du tombeau, sans pouvoir distinguer, de l’endroit où elles se trouvent, dans quel état se trouvent les gardes.

Apeurées, elles hésitent, s’arrêtent, se concertent, et décident de poursuivre quelque peu leur chemin, sans s’approcher du tombeau. Se seraient-elles trompées de tombeau ?

Impossible ! Deux d’entre elles, Marie de Magdala et Marie Mère de Jacques et de Joseph, qui avaient assisté à l’ensevelissement et savaient fort bien où Jésus avait été placé, se détachent du groupe des femmes, et s’approchent discrètement le plus possible du tombeau. (Note : c’est là qu’intervient le récit des visions de Catherine Emmmerich, qui clarifie tout, par cette précision).

Elles ne peuvent se tromper, malgré l’obscurité, car elles ont bien regardé, au moment de l’ensevelissement où l’on mettait Jésus, et elles connaissent l’endroit où il a été enseveli.

D.- La pierre roulée de devant le tombeau

Elles s’approchent, tout en demeurant à quelque distance à cause des soldats, et ELLES VOIENT QUE LA PIERRE A ETE ROULEE DE DEVANT LE TOMBEAU ; c’était pourtant une grande pierre (Marc). En chemin, toutes se demandaient qui leur roulerait la pierre. Les deux femmes constatent : la pierre a été roulée…

Cette constatation, dont elles ne peuvent douter, car c’est une évidence, les frappe de stupeur. Il leur faut aller avertir les autres femmes, c’est-à-dire les femmes qu’elles ont laissées dans les environs, le temps d’aller inspecter de plus près le tombeau, mais aussi LES DISCIPLES. L’autre Marie retourne donc en hâte auprès des autres femmes qui se sont éloignées quelque peu, en attendant, tandis que Marie de Magdala court avertir Pierre et l’autre Disciple pour demander ce qu’il faut faire, car « on a en levé le Seigneur du tombeau, et NOUS ne savons pas où on l’a mis (Jean) (Note : cette précision donnée par Catherine Emmerich est la suite logique de ce qu’elle a dit précédemment, et explique les faits qui vont suivre, et nous sont rapportés par les Evangiles : une des deux va vers les autres femmes, et l’autre va prévenir les disciples, ce qui est tout à fait normal).

Cette “séparation” de l’autre Marie et de Marie de Magdala, qui vont avertir, l’une, les femmes, l’autre, les disciples, est capitale pour comprendre le déroulement des faits, et enlever t o u t d o u t e à p r o p o s d e s s o i - d i s a n t “contradictions” entre les récits des Evangiles.

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E.- Les gardes quittent le tombeau

Pendant ce temps, les gardes ont repris leurs esprits. Ils constatent que leur mission est terminée et qu’il est inutile de rester plus longtemps auprès du tombeau désormais vide, comme ils peuvent le constater. Que vont-ils dire ? Ils ont tout à craindre. Ils retournent donc en ville pour avertir les grands-prêtres qui n’ont d’autre solution à leur donner que de dire, en leur offrant une forte somme : « Ses disciples sont venus durant la nuit et l’ont dérobé pendant que nous dormions » (Mathieu).

Mais, s’ils dormaient, comment peuvent-ils savoir que les disciples ont enlevé le corps de Jésus ?

F.- Marie de Magdala retourne au tombeau

Marie de Magdala a prévenu Pierre et Jean. Sans perdre de temps, sans attendre le résultat de leurs délibérations (ils en parlent entre eux, mais peut-être aussi avec les autres disciples), elle retourne en toute hâte au tombeau. Elle constate que les gardes sont partis. Il fait un peu moins sombre. Elle s’approche donc tout près du tombeau, et se met à pleurer.

Et, tout en sanglotant, « elle se penche alors vers le tombeau et voit deux Anges là où reposait le corps de Jésus, l’un à la tête, l’autre aux pieds » (Jean – elle a vu Jésus enseveli, et comment il était placé !). Ils lui demandent pourquoi elle pleure.

Elle donne la même réponse qu’elle a faite à Pierre et à Jean : « On a enlevé mon Seigneur et JE ne sais pas où on l’a mis » (Jean). Elle reprend les mêmes paroles dites auparavant, mais avec cette différence qu’elle ne parle plus qu’en son nom, à la première personne « je », « mon ». Mais cette présence des Anges, le fait surtout qu’ils ne lui disent rien d’autre (aucun message, aucune explication de l’absence du, corps de Jésus), est loin d’apaiser sa peine et son chagrin.

Elle a simplement vu, de ses yeux embués de larmes, que le corps du Seigneur n’était plus là.

Elle est la première à faire la constatation de ce fait !

S’étant donc rendue compte de cette disparition, et se retourne, toute en larmes, pour sortir peut-être du tombeau. C’est alors qu’elle entrevoit un autre personnage, qu’elle pense être le jardinier. L’heure matinale, les yeux remplis de larmes et le regard baissé probablement vers le sol, en raison du fait aussi qu’elle remonte du tombeau, ne lui permettent pas de bien voir et de distinguer les traits de cet homme qu’elle rencontre ainsi, sans qu’elle s’y attende.

Sa peine attire naturellement la même question de la part de ce personnage qui l’interpelle. Mais cette question, dont elle se souvient, est bien révélatrice. Il était bien normal pour une femme de venir pleureur un être cher devant son tombeau. Mais, elle pleure devant le tombeau ouvert, et vide ! D’où l’intensité de son chagrin. Et toute à sa peine profonde, elle ne reconnaît pas la voix de Jésus. Comment, d’ailleurs aurait-elle même pu penser que ce fût Jésus, qu’elle a vu mort, et dont elle a vu déposer le corps dans le tombeau ?

Son seul désir est de retrouver le corps de son Seigneur, qui a disparu et dont elle ne sait où on l’a mis. Et comme elle ne peut imaginer un seul instant qu’il puisse être vivant, et donc ressuscité, elle demande alors à celui qu’elle prend pour le « jardinier » de lui dire si c’est lui qui a enlevé le corps, où il l’a mis, afin qu’elle puisse aller le prendre.

G.- Marie de Magdala reconnaît Jésus

Le « jardinier », Jésus qu’elle n’a pas encore reconnu, prononce alors son nom. La surprise de s’entendre appeler par son nom, par une personne inconnue, l’intonation de la voix surtout la sortent de la « torpeur » de son

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chagrin : elle lève les yeux et reconnaît aussitôt Jésus : il n’y a pas de doute, c’est le Maître ! Elle se prosterne à ses pieds, les étreint, les couvre de baisers. Elle serait restée longtemps ainsi, sans rien dire, dans la joie d’avoir retrouvé, non plus le corps du Seigneur, mais le Seigneur lui-même, vivant, en chair et en os comme elle le constate en lui étreignant les pieds. Moments de contemplation intense où elle comprend tout. Point n’est besoin que Jésus lui dise qu’il est ressuscité : Elle le constate d’elle-même. Mais Jésus interrompt son geste affectueux, et s’adresse de nouveau à elle : elle ne doit plus s’attarder, elle doit cesser d’étreindre les pieds de Jésus, « Noli me tangere : cesse de me toucher », car Jésus la charge d’un Message qu’elle porter aussitôt aux disciples qui ne savent rien encore, si ce n’est que le tombeau est ouvert et qu’il est vide.

Marie de Magdala est le première à voir Jésus Ressuscité !

H.- Marie de Magdala va porter cette bonne nouvelle !

Sans attendre, Marie de Magdala se relève et, toute joyeuse, elles sort du jardin où se trouve le tombeau et où elle vient de rencontre Jésus

Ressuscité, et va apporter cette Bonne Nouvelle comme Jésus le lui a demandé.

Mais auparavant (Note : précision donnée par Catherine Emmerich), elle cherche les autres femmes qui se trouvent dans les environs, et qui étaient venues avec elle et l’autre Marie, de bon matin, pour oindre le corps de Jésus. Elles savent déjà par l’autre Marie que la pierre a été enlevée, que le corps de Jésus n’est plus dans le tombeau. Elles ne savent pas encore que les gardes sont partis. Toutes tristes, elles doivent attendre le retour de Marie de Magdala, partie avertir Pierre et Jean de la découverte du tombeau vide, pour savoir que faire. Et elle leur annonce qui vient de lui arriver : elle a vu Jésus vivant !

De retour auprès des disciples, pour la deuxième fois, elle fait le récit de ce qu’elle a vu et entendu. Pierre et Jean ne sont probablement plus là, en route déjà vers le tombeau. Elle trouve les disciples dans le deuil et les larmes. Mais ses paroles ne les consolent pas : elles ne rencontrent que de l’incrédulité, « l’entendant dire qu’il vivait et qu’elle l’avait vu, ils ne la crurent pas » (Marc).

I.- Les autres femmes se rendent au tombeau

L’autre Marie les avait prévenues : la pierre a été roulée de devant le sépulcre. Cette nouvelle dont elles ne doutent pas, les a cependant bouleversées. Elles avaient attendu les retour de Marie de Magdala, avec les disciples, ou du moins avec les consignes des disciples.

Marie de Magdala est revenue, seule, avec cette nouvelle extraordinaire :

Non seulement elle a vu le tombeau videMais, à présentElle leur déclare qu’elle a vue le Seigneur vivantQu’elle l’a touché, qu’il lui a parlé,Et a donné un message pour des disciples,Et que les gardes ne sont plus au tombeau.

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Sur la pierre roulée, elles n’ont point de doute. Mais, croient-elles Marie de Magdala qui prétend avoir vu Jésus ? Il ne semble pas. Il leur paraît préférable d’aller voir par elles-mêmes. Et, quand Marie de Magdala les quitte pour aller donner le message de Jésus aux disciples, elles se rendent alors au tombeau, guidée par l’autre Marie qui connaît bien l’endroit où il se trouve.

A leur arrivée, elles constatent que la pierre a bien été roulée, comme le leur avait dit l’autre Marie. Elles ne sont donc pas étonnées, mais émerveillées probablement. Elles entrent donc dans le tombeau. Habituellement, le sépulcre était creusé dans la roche. Il comprenait un petit atrium, un petit couloir et la chambre mortuaire avec une pierre mortuaire surmontée d’un « arcosolium », l’à où l’on déposait le corps.

Toutes ensemble, ou par petits groupes, ou deux à deux pour le moins, elles parviennent à la chambre mortuaire, et constatent elles aussi que le corps de Jésus n’est plus. Comme l’avait dit Marie de Magdala qui avait vu elle aussi l’intérieur du tombeau. Elles demeurent perplexes, malgré le témoignage de Marie de Magdala, qu’elles ont encore de la peine à croire, car Jésus n’est pas là où Marie de Magdala prétend l’avoir rencontré ! Ne trouvant pas le corps, « elle ne savaient qu’en penser » (Luc).

Et on comprend aisément leur perplexité ! De fait, le corps n’est plus là. Mais peut-on, doit-on croire Marie de Magdala ? N’a-t-elle pas été troublée et trompée par son immense douleur ? Comment a-t-elle pu voir le Seigneur vivant, puisqu’il est mort ? Et pourtant, son corps n’est plus là !

C’est a lors qu’el les aperçoivent deux personnages vêtus d’habits blancs, éblouissants. Elles croient tout d’abord voir deux hommes, mais elles comprennent, par la couleur et par la lumière qui irradie des vêtements, que ce sont des Anges. Comme toujours dans ce cas, la crainte et l’effroi s’emparent d’elles ; elles

n’osent les regarder, et tiennent leur visage incliné vers le sol.

Celui qui était assis à droite prend la parole (elles sont donc entrées toutes ensemble dans le tombeau !). Il les rassure, leur annonce que Jésus est ressuscité : il est donc inutile qu’elles le cherchent parmi les morts. D’ailleurs, elles peuvent se rendre compte par elles-mêmes que son corps n’est plus là, signe qu’il est ressuscité.

Elles ne peuvent plus douter : Il est bien ressuscité comme il l’avait dit dès le début de son ministère en Galilée : « et elles se rappelèrent ses paroles (Luc).

L’Ange les invite alors à aller annoncer à ses disciples, et notamment à Pierre (Marc), que Jésus est vivant, et qu’il les précédera en Galilée, comme il le leur avait promis.

La vision des Anges, leur Message, et surtout le Message à porter aux disciples n’ont toutefois pu les rassurer ni leur enlever leur peine et leurs doutes, d’autant plus que, Lui, elles ne l’ont pas vu, comme le prétend Marie de Magdala. Elles savent bien que si elles vont raconter ces faits aux disciples, ils ne les croiront pas. En hâte, elles quittent donc le tombeau, toutes tremblantes, et elles décident de garder pour elles tout ce qu’elles ont vu et entendu « car elles avaient peur » (Mathieu).

J.- L’apparition de Jésus aux femmes

Sorties du tombeau, les femmes se retrouvent dans le jardin où il était situé. Elles n’ont pas le temps d’aller bien loin, car « Jésus vient à leur rencontre » (Mathieu), tout près du tombeau. Il les salue. Elles sont surprises par cette rencontre. Mais, le son de sa voix ! Point de doute, c’est bien Jésus. Elles s’approchent donc de lui, et chacune se prosterne à ses pieds, les étreint avec joie et émotion. Elles en sont toutes bouleversées. Jésus prend son temps. Il ne met pas fin à leurs manifestations d’affection et de

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joie, comme il l’a fait avec Marie de Magdala : il les laisse faire, d’une part parce que Marie de Magdala est déjà allée annoncer la nouvelle aux disciples, et d’autre part pour qu’elles puissent bien se rendre compte que c’est bien lui, en chair et en os. Puis, il les rassure, et leur demande d’aller annoncer à ses frères qu’ils devront partir pour la Galilée, où ils le verront. (Mathieu).

K.- Les femmes portent la nouvelle aux disciples

Rassurées par les paroles de Jésus, elles quittent le tombeau auprès duquel elles se trouvent alors. Toutes émues, et pleines de joie, elles vont porter la nouvelle aux disciples et aux Apôtres.

Elles y retrouvent Marie de Magdala qui ne cesse de déclare qu’elle a vu le Seigneur. Leur arrivée interrompt la discussion. A leur tour, elles racontent tout ce qui s’est passé, le tombeau vide, les Anges, la rencontre avec Jésus, et son Message. Leur récit confirme bien ce qu’a déjà raconté Marie de Magdala, et ce qu’elle ne

cesse de répéter à nouveau, joignant sa voix à celle de ses compagnes.

Mais on les croit pas, pas plus qu’on a cru Marie de Magdala, et on ne les prend pas au sérieux car « ces propos leur semblèrent pur radotage, et ils ne les crurent pas » (Luc).

Dans l’intervalle, Pierre et Jean sont partis au tombeau. Et ils ne sont pas encore rentrés.

A leur retour, ils ne pourront confirmer qu’une chose : ils ont trouvé tout, comme l’avaient dit les femmes, le tombeau vide, les bandelettes que Pierre a vues à terre, le suaire qui recouvrait la tête de Jésus, placé à part des bandelettes et roulé dans un endroit à part (Jean).

« Mais LUI, ils ne l’ont pas vu » (Jean) !

Le doute demeura toute la journée. Les disciples d’Emmaüs, que Jésus a rejoint sur leur chemin vers Emmaüs, retournent à Jérusalem pour raconter ce qui leur est arrivé, qu’ils ont reconnu Jésus, entré chez eux, par la fraction du pain. Mais, à leur arrivée à Jérusalem, les Apôtres ne leur laissent pas le temps de donner cette bonne nouvelle et déclarent :

« C’est bien vrai, le Seigneur est ressuscitéEt il est apparu à Simon » (Luc 24, 6-34)

Qui apparaît ainsi comme le garant de la Résurrection de Jésus ! Etrange !

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CONCLUSION

Et ces femmes, seuls témoins de tous ces faits, c’étaient, Marie de Magdala, Jeanne, femme de Chouza l’intendant d’Hérode, Marie Mère de Jacques et de Joseph, Salomé la mère probablement des fils de Zébédée (Jacques et Jean) et toutes les autres qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée et l’avaient assisté de leurs biens, et qui étaient montées avec lui à Jérusalem (Luc). Luc les désigne toutes ensemble, sans donner de nom, sans parler de l’apparition de jésus à Marie de Magdala, et aux autres femmes. Par un raccourci dont il a le secret, et qui est une des caractéristiques de son Evangile, il les désigne par les seul mot « ELLES ».

Ainsi :

TOUTES les femmes se sont rendues au tombeau le matin du premier jour.

TOUTES les femmes, même si c’est dans des circonstances et à des moments différents, ont vu que la pierre avait été roulée de devant le tombeau.

TOUTES les femmes ont constaté que le tombeau était vide, même si c’est à des moments différents (Marie de Magdala et les autres femmes)

TOUTES les femmes ont vu les Anges.

TOUTES les femmes ont entendu les Anges leur parler.

TOUTES les femmes ont vu Jésus Ressuscité.

TOUTES les femmes ont touché Jésus Ressuscité.

TOUTES les femmes ont entendu Jésus Ressuscité.

TOUTES les femmes ont raconté aux disciples TOUT ce qui s’était passé

Chaque Evangéliste rapportera ensuite le témoignage de l’une ou de l’autre, ou de plusieurs. Peu importe, puisqu’elles ont constaté les mêmes choses, même si c’est à des moments et dans des circonstances différentes. Ce qui est rapporté de Marie de Magdala, ou de Marie de Magdala et de l’autre Marie, ou tout simplement de « toutes » les femmes, concerne en fait les mêmes événements, les mêmes constatations, les mêmes expériences qu’elles ont eues de la rencontre personnelle avec Jésus Ressuscité, en chair et en os. Aussi, Mathieu, Marc, Luc et Jean pourront puiser à leur aise dans le récit qu’elles ont fait de tout ce qu’elles avaient vu.

Chacun retiendra ainsi ce qu’il jugera nécessaire à son récit. Il pourra même opérer des raccourcis, télescoper en quelque sorte les événements, bousculer presque la chronologie. Peu importe. La vérité demeure la même, puisque toutes et chacune d’el les , ont vécu les mêmes expériences. On peut même dire que ces raccourcis, ces télescopages dans la chronologie, font ressortir le génie de chaque Evangéliste. Les récits se suivent, ; s’enchaînent avec harmonie, sans trahir en rien le témoignage donné par les femmes. Et même, chaque récit forme un tout cohérent à lui seul. Il revient au lecteur de découvrir la « clef de lecture », la « clef du tombeau vide », pour se rendre compte de la solidité du témoignage et de la profondeur du récit, et de son historicité. Au fond, peu importe les apparentes « contradictions : tous les fidèles étaient parfaitement au courant du déroulement des faits, et les témoins existaient encore à l’époque où Saint Paul écrit (12 Corinthiens), même si quelques-uns sont morts. Et personne n’a jamais contesté ces récits évangéliques.

Une remarque importante s’impose toutefois : Les Evangélistes ont su, et ont tenu à mentionner la présence de Marie de Magdala, et de l’autre

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Marie Mère de Jacques et de Joseph ou Joset : leur présence était indispensable, car elles sont les deux seules qui avaient tout suivi (avec Saint Jean et la Sainte Vierge Marie), et qui avaient regardé avec soin l’endroit où se trouvait le tombeau dans lequel on avait placé Jésus, et comment il y avait été placé.

Elles sont ainsi, avec Jean, les TEMOINS au sens plein du terme, les seuls témoins, qui ont assisté à tout ce qui s’est passé ce Vendredi Saint : de la Crucifixion de Jésus, de sa Mort sur la Croix, et de son ensevelissement dans le tombeau de Joseph d’Arimathie. Et l’on ne peut mettre en doute leur témoignage. Si elles n’avaient pas dit la vérité, si les Evangiles avaient rapporté de faux témoignages, des « radotages de femmes », on ne peut douter que les Juifs auraient eu beau jeu de démontrer la fausseté des affirmations des Apôtres.

Un point demeure, qui est pour moi un point d’interrogation. Connaissant le style de Luc, et les raccourcis qui lui sont habituels, il est surprenant de voir qu’il OSE faire venir Pierre au tombeau, TOUT SEUL… alors qu’il sait bien qu’il était accompagné (« quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau » déclarent les disciples d’Emmaüs à Jésus qu’ils n’ont pas encore reconnu, Luc 24,24), et qu’il faudra attendre plusieurs dizaines d’années, la rédaction de l’Evangile de Jean, pour que nous sachions que Pierre et Jean sont, de fait allés au tombeau ( cf. Jean 20).

De plus, l’épisode des disciples d’Emmaüs, faisait remarquer Monsieur Trinquet (Prêtre de Saint-Sulpice et mon professeur d’Ecriture Sainte, un éminent bibliste), semble avoir été écrit pour en arriver à conclusion suivante :

« C’est bien vrai, le Seigneur est ressuscitéEt il est apparu à Simon » (Luc 24, 6-34).

Pierre apparaît ainsi comme étant le PREMIER TEMOIN et le GARANT de la Résurrection de Jésus.

Mais, pour être TEMOIN, une apparition ne suffit pas… Il faut avoir été témoin, comme Marie de Magdala et l’autre Marie, comme Jean, de TOUT, y compris et surtout de l’endroit où JESUS A ETE ENSEVELI.

Et Luc OSE faire aller Pierre au tombeau, TOUT SEUL. Ce qui me fait penser que Pierre savait où se trouvait le tombeau… La question se pose : Pierre n’aurait-il pas été lui aussi présent au moment de l’ensevelissement, réalisant ainsi ce que Jésus lui a dit : « Quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Luc 22, 32) ?

« Quand tu seras revenu » : comment ? quand ? Lorsqu’il a pleuré amèrement ? Il suivait alors Jésus. Il l’a renié, il a pleuré son péché. Revenir ? Je ne vois pas d’autre choix et d’autre voie que de « suivre » de nouveau Jésus, tout au long de son Chemin de Croix, discrètement. Revenir : revenir près de Jésus, humblement, discrètement, au pied de la Croix, quand personne n’y est plus, quand Marie, Jean et les deux autres Marie s’en vont ! Venir au pied de la Croix pour manifester son repentir, et son amour envers le Maître auquel il avait dit : « à qui irons-nous, tu as les paroles de la Vie Eternelle » (Jean 6,68).

« Affermis tes frères » : de quelle manière pouvait affermir ses frères qui savaient qu’il avait renié le Maître ? Un renégat, affermir ses frères ? A moins qu’il ne soit « revenu » et ait été, sans y penser, et sans l’avoir cherché, le témoin des derniers moments : la descente de la Croix, l’ensevelissement, l’apparition de Jésus, le Témoin par excellence de la Résurrection, même si la première à avoir été le témoin, est Marie de Magdala. Mais c’est bien cela que veut nous dire Saint Luc, dans le récit concernant les disciples d’Emmaüs de retour à Jérusalem :

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« C’EST BIEN VRAI, le Seigneur est ressuscité, il est apparu à Simon » (Luc 24, 34).

Tous ceux qui ont été l’objet d’une apparition du Seigneur Ressuscité sont bien des témoins. Mais il y a des degrés dans ce témoignage : une différence doit être faite par exemple entre ceux qui ont vu simplement Jésus, comme les apôtres, comme Thomas, comme les cinq cents frères à la fois [certains peuvent toujours prétendre et recourir à l’explication de ce la par une illusion], et ceux qui ont VU le tombeau vide, parce qu’ils SAVAIENT où il se trouvait, et COMMENT Jésus y avait été déposé. Si Saint Luc présente SIMON comme le TEMOIN par excellence de la Résurrection, c’est qu’il entre dans cette catégorie des témoins par excellence, Marie de Magdala, l’autre Marie, Jean ; et c’est pourquoi il n’hésite pas à nous présenter Pierre qui va SEUL au tombeau, le matin de Pâques (Luc 24, 12). Une étude sur la Résurrection ne doit pas oublier ces éléments importants, et non insérés par hasard par leur auteur.

Je me suis penché sur cette question, que j’ai approfondie, en reprenant simplement les textes des Evangiles, sans leur faire aucune violence. Et j’ai écrit une longue étude, bien appuyée sur les données des Evangiles.

Je reste persuadé que Pierre, à un moment donné, après la mort de Jésus, quand Marie, Jean et les deux Marie sont parties, n’ayant plus rien à faire au pied de la Croix, est venu pleurer au pied de la Croix. Il ne pouvait pas ne pas avoir suivi le Maître. Et Marie, Jean, de retour avec Joseph d’Arimathie, Nicodème, rencontrés en chemin, et les deux autres Marie, pour ensevelir Jésus, trouvent Pierre au pied de la Croix.

On m’objectera que les Evangiles n’en parlent pas… C’est vrai… ET POURTANT !.

Et saint Luc qui fait venir Pierre, tout seul au tombeau ?

Et surtout, Jean, qui nous donne le récit de ce que Pierre VOIT quand il entre dans le tombeau :

« Pierre sortit donc, ainsi que l'autre disciple, et ils se rendirent au tombeau.Ils couraient tous les deux ensemble. L'autre disciple, plus rapide que Pierre, le devança à la course et arriva le premier au tombeau.Se penchant, il aperçoit les linges, gisant à terre ; pourtant il n'entra pas.Alors arrive aussi Simon-Pierre, qui le suivait ; il entra dans le tombeau ; et il voit les linges, gisant à terre,ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête ; non pas avec les linges, mais roulé à part dans un endroit.Alors entra aussi l'autre disciple, arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut » (Jean 20 3-8).

Comment Pierre, qui courait loin derrière Jean [il était plus âgé, et la route était longue, et pas facile à parcourir, la ville, la montée au Calvaire], et qui arrive plus tard, comment peut-il trouver, tout seul, le tombeau ?

Et puis, comment Pierre peut-il donner ces précisions et notamment « le suaire qui avait recouvert sa tête ». Comment pouvait-il savoir cela ? Son récit, rapporté par Jean ressemble fort à un « CONSTAT officiel fait pas un témoin qui a vu, qui a participé ». Et si Jean n’est pas entré tout de suite, je pense pouvoir dire que ce n’est pas par respect pour saint Pierre, le renégat, mais parce qu’il voulait que saint Pierre puisse témoigner en personne, parce qu’il avait participé personnellement à l’ensevelissement de Jésus.

Comment d’ailleurs, Joseph d’Arimathie, Nicodème et le jeune Jean auraient-ils détaché Jésus de la Croix ?

Oui, le Christ est bien ressuscité : il est apparu à Pierre qui, avec Marie de Magdala et l’autre

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Marie en sont les témoins irrécusables. Et Pierre, le Chef de l’Eglise, est le Témoin, le Garant de la Résurrection de Jésus. Il peut « affermir ses frères ».

On peut appliquer à Saint Pierre ce que déclarait Jean qui témoignait avoir vu le sang et l’eau sortir du côté de Jésus, transpercé par la lance :

« Celui qui a vu rend témoignage - son témoignage est véritable, et celui-là sait qu'il dit vrai - pour que vous aussi vous croyiez » (Jean 19,35).

Saint Jean nous avertit par deux fois que tout n’a pas été dit sur Jésus, mais ce qui l’a été a été choisi pour que nous ayons la vie en son nom :

« Jésus a fait sous les yeux de ses disciples encore beaucoup d'autres signes, qui ne sont pas écrits dans ce livre.« Ceux-là ont été mis par écrit, pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu'en croyant vous ayez la vie en son nom » (Jean 20, 30-31).

« C'est ce disciple qui témoigne de ces faits et qui les a écrits, et nous savons que son témoignage est véridique.« Il y a encore bien d'autres choses qu'a faites Jésus. Si on les mettait par écrit une à une, je pense que le monde lui-même ne suffirait pas à contenir les livres qu'on en écrirait » (Jean 21, 24-25).

Oui, nous pouvons le croire et le proclamer à haute voix à la face du monde :

SURREXIT DOMINUS VERE

Mgr Jacques Masson

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

p.1.- Piero della Francesca. La Résurrection. 1450-1463. Fresque.

p.2.- Véronèse. Le Calvaire. Entre 1580 et 1588.

p.2.- Andrea Mantegna. Le Calvaire. Entre 1457 et 1460.

p.5.- Le Titien. La mise au tombeau. Vers 1525.

p.6.- Le Caravage. La mise au tombeau. 1602-1603.

p.6.- Albrecht Altdorfer. La Résurrection du Christ. Vers 1 5 1 5 . H u i l e s u r b o i s . Kunsthis torisches Museum, Vienne.

p.9.- Martin Schongauer. Noli me tangere. 1450-1491.

p.11.- Laurent De La Hyre Apparition de Jésus aux femmes. Vers 1650.

p.11.- Eugène Burnand. Les disciples Pierre et Jean courant au s é p u l c r e l e m a t i n d e l a Résurrect ion. 1898. Musée d’Orsay.

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