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INT. REV. APP. PSYCHOL. (1975),VOL. 24, NO. 1 LA CONTESTATION DES TESTS PIETER J. D. DRENTH UmtL dc Psychologic du Travail ct des Organisationr, UniwrSirt Libre CArnslerdam, Pays-Bas Le psychologue qui utilise des tests ne peut tchapper B la question de savoir quel est l’effet du testing sur la socittt et sur l’opinion publique. I1 ne peut tviter de rtfltchir aux attentes et aux attitudes de fait ainsi qu’B la rtalitt d’tventuelles objections concernant la pratique testologique. Au cours de l’heure qui va suivre, nous voulons nous poser cette question et d‘autres similaires. Nous nous estimons heureux de pouvoir nous limiter B une analyse du probleme et de ne pas Etre oblige de fournir ici des solutions sages et pr&tespour l’usage. Ainsi vont les choses depuis que m&meles professeurs de psychologie sont cens& s’occuper davantage de science que de sagesse. A cela s’ajoute le fait que nous avons Ctt malgr6 tout quelque peu alarm6 par l’ampleur du mouvement anti-tests qui a vu le jour, aux Etats-Unis, B la fin des annth cinquante. Ce mouvement a donnt lieu B l’tlimination des tests de person- nalitt dans le ((civil service)), B la destruction publique de formulaires de tests (Nettler, 1950; Eron et Walden, 1961) et m&me B des ((hearings)) devant des commissions du Stnat ou de la Chambre-ce qui a ttonnt les psychologues eux-mikes (Amrine, 1965). L‘exigence de dommages-inttrh B l’encontre d‘un psychologue utilisant des tests est un danger qui ne relkve meme plus de la fiction (Krauskopf, 1962; Krauskopf et Krauskopf, 1965). Si, pour cet aspect de la psychologie des tests comme pour d‘autres, les Pays-Bas suivent les Etats-Unis avec un retard d‘une dizaine d’anntes, on devrait assister B pareil dtveloppement d‘ici assez peu de temps. Cela devrait se produire d’autant plus sfirement que des possibilitts relativement nouvelles verraient le jour, telles que l’application d‘6preuves objectives de connaissance, l’utilisation sur une grande tchelle de tests de stlection pour des types particuliers d’enseignement, etc. Nous es#rons que cette prtdiction-put-etre d&j& par le seul fait de I’tnoncer - ne se rtalisera pas. Sur ce point, c’est sans doute un avantage que de pouvoir tirer profit des exptriences am6ricaines. On a dtjB entendu $a et la, dam notre pays, quelques protestations. D t j i en 1955, Jo Manasse, dans Het Vrije VOW parlait du testing comrne du fait d’((i??tre livr6 sans daense au regard d‘autrui)). Dans un numtro sptcial du Telegruuf (1966)* consacr6 B cette question, on parle des psychologues testeurs comme de 1 Prokstcn contra kstm (Swets & Zeitlinger. Amsterdam, 32 p.). Texte, ltgerementremanit, du discours prononct lors de l’octroi de la charge de Professeur B la Facultt des Sciences Sociales de 1’Universitt Libre d’hsterdam, le 10 novembre 1967. Traduit par Jacques Van Rillaer (Universitt Catholique de Louvain). Le Professeur Drenth a bien voulu rwoir le texte franpk. a Hct Vnjc Volk (ctLe Peuple Libre))) est un journal socialiste crtt en 1900 sous le nom de Het Volk. I1 a ttt le plus grand journal des Pays-Bas. Ces dernieres annCes, il a dii se replier sur Rotterdam. I1 est actuellement le plus grand quotidien de cette agglomtration. 3 Dc Tclepqf (aLe Ttltgraphe)>) est le journal qui c o n d t le plus fort tirage des Pays-Bas. I1 est de tendance conservatrice et laisse une large part aux nouvelles sensationnelles (N.d.T.). B

LA CONTESTATION DES TESTS1

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INT. REV. APP. PSYCHOL. (1975),VOL. 24, NO. 1

LA C O N T E S T A T I O N DES T E S T S

PIETER J. D. DRENTH UmtL dc Psychologic du Travail ct des Organisationr, UniwrSirt Libre CArnslerdam, Pays-Bas

Le psychologue qui utilise des tests ne peut tchapper B la question de savoir quel est l’effet du testing sur la socittt et sur l’opinion publique. I1 ne peut tviter de rtfltchir aux attentes et aux attitudes de fait ainsi qu’B la rtalitt d’tventuelles objections concernant la pratique testologique.

Au cours de l’heure qui va suivre, nous voulons nous poser cette question et d‘autres similaires. Nous nous estimons heureux de pouvoir nous limiter B une analyse du probleme et de ne pas Etre oblige de fournir ici des solutions sages et pr&tes pour l’usage. Ainsi vont les choses depuis que m&me les professeurs de psychologie sont cens& s’occuper davantage de science que de sagesse.

A cela s’ajoute le fait que nous avons Ctt malgr6 tout quelque peu alarm6 par l’ampleur du mouvement anti-tests qui a vu le jour, aux Etats-Unis, B la fin des annth cinquante. Ce mouvement a donnt lieu B l’tlimination des tests de person- nalitt dans le ((civil service)), B la destruction publique de formulaires de tests (Nettler, 1950; Eron et Walden, 1961) et m&me B des ((hearings)) devant des commissions du Stnat ou de la Chambre-ce qui a ttonnt les psychologues eux-mikes (Amrine, 1965). L‘exigence de dommages-inttrh B l’encontre d‘un psychologue utilisant des tests est un danger qui ne relkve meme plus de la fiction (Krauskopf, 1962; Krauskopf et Krauskopf, 1965).

Si, pour cet aspect de la psychologie des tests comme pour d‘autres, les Pays-Bas suivent les Etats-Unis avec un retard d‘une dizaine d’anntes, on devrait assister B pareil dtveloppement d‘ici assez peu de temps. Cela devrait se produire d’autant plus sfirement que des possibilitts relativement nouvelles verraient le jour, telles que l’application d‘6preuves objectives de connaissance, l’utilisation sur une grande tchelle de tests de stlection pour des types particuliers d’enseignement, etc.

Nous es#rons que cette prtdiction-put-etre d&j& par le seul fait de I’tnoncer - ne se rtalisera pas. Sur ce point, c’est sans doute un avantage que de pouvoir tirer profit des exptriences am6ricaines.

On a dtjB entendu $a et la, dam notre pays, quelques protestations. D t j i en 1955, Jo Manasse, dans Het Vrije VOW parlait du testing comrne du fait d’((i??tre livr6 sans daense au regard d‘autrui)). Dans un numtro sptcial du Telegruuf (1966)* consacr6 B cette question, on parle des psychologues testeurs comme de

1 Prokstcn contra kstm (Swets & Zeitlinger. Amsterdam, 32 p.). Texte, ltgerement remanit, du discours prononct lors de l’octroi de la charge de Professeur B la Facultt des Sciences Sociales de 1’Universitt Libre d’hsterdam, le 10 novembre 1967. Traduit par Jacques Van Rillaer (Universitt Catholique de Louvain). Le Professeur Drenth a bien voulu rwoir le texte franpk.

a Hct Vnjc Volk (ctLe Peuple Libre))) est un journal socialiste crtt en 1900 sous le nom de Het Volk. I1 a ttt le plus grand journal des Pays-Bas. Ces dernieres annCes, il a dii se replier sur Rotterdam. I1 est actuellement le plus grand quotidien de cette agglomtration.

3 Dc Tclepqf (aLe Ttltgraphe)>) est le journal qui c o n d t le plus fort tirage des Pays-Bas. I1 est de tendance conservatrice et laisse une large part aux nouvelles sensationnelles (N.d.T.). B

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((racoleurs souriants de la haute conjoncture)) et, B un autre endroit, on les appelle les ulicencib de la carence humaine)). L‘an dernier, le Secrttaire d’ Etat nter- landais de l’Education, sans documents ni raisons, attaque les tests et les qualifie de ((nouveau moyen d’examen sur lesquels on n’a encore acquis que peu ou pas d’exptience)) (Frik, 1966).

Ce ne sont cependant que de petits coups d’tpingle en comparaison des coups d‘tpie donnts, au dessus ou en dessous de la ceinture, dans la discussion amtricaine sur les tests, ces dix dernitres anntes.

Hoffman (1962) intitule son livre The tyranny of testing. Gross (1962) parle du (($50 000 000 business of brain watching)). Brenton (1965) range les tests parmi ((The privacy invaders)). Black (1962) soutient, dans le livre qui porte le titre solennel They shall not puss, que les tests sont utilisb pour tliminer les Noirs des fonctions suptieures. Packard (1964), dans The naked society fulmine contre le dhhabillage spirituel du candidat. Baritz (1960) explique dam The servants of the power comment le psychologue, avec ses tests, s’est livrt au management et a Echangt son attitude scientifique contre un bon salaire.

Certains veulent donner un petit coup de main aux personnes e x a m i n k Alexander (1965) rtdige un petit livre: Personality tests: how to beat them and make top scores. Whyte (1954) donne quelques rkgles de combat B l’usage de celui qui est examine pour une fonction de direction dans une entreprise afin que ce candidat puisse faire aussi bonne impression que possible. Ses conseils sont les suivants: (1) Quand on vous demande d’associer des mots ou de formuler des opinions sur des questions gtntrales, donnez toujours la rtponse la plus terre B terre, conventionnelle, ordinaire qui soit possible et (2) Pour trouver la meilleure rtponse A toute question qu’on puisse vous poser, rtp6tez-vous:

J’aimais mon pere et ma mtre, mais mon pkre un tout petit peu plus que

J’ai t t t un garson amtricain heureux, normal et bien aim6 de tout le monde Les choses me plaisent comme elles sont. Je ne me tracasse jamak beaucoup pour quoi que ce soit. J’aime ma femme et mes enfants. Je ne leur permets pas de se mettre en travers de mon travail pour l’entreprise. Je ne suis pas t rh attirt par les livres et la musique.

Comme il se doit, nous devons noter que la valeur de ces r2gles a ttt testte empiriquement (Shaw, 1962). En fait, il est apparu qu’elles avaient un effet minime.

En guise de dtfense pour ce genre de tentative, nous dtclarons qu’il n’y a pas de raisons pour que la psychologie soit toujours et exclusivement au service du management plutat que du solliciteur (cf notamment Hofstee, 1966). Love11 (1967) dtnomme ceci la ((hired gun ethic)), dont les motifs ne sont pas tthiques mais com- merciaux. Nous devrons revenir sur ce point.

Les ptriodiques ont tgalement trouvt, dans cette croisade, un mattriel abondant pour leurs numtros. Des articles intitulb ((Personality X-rays or peeping Toms))’ [(Testing daze)), ((Testomania)), ((Psychologists’ headache)) paraissent dam des re-

ma mhe.

1 ((Peeping Tom, expression signifiant : curieux, indiscret (N.d.T.).

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vues telles que Wushington Post, Newsweek, et The Evening Star. Evidemment on y fait volontiers usage des Ccrits, dtjjn citb, de Gross ( p i a un diplame de psy- chologie) et des paroles du professeur de psychologie Smith qui, au sujet des tests, s’est exprimt, devant la Commission du Stnat, de fason extr2mement negative et sans aucune nuance, dans les termes suivants: ((aside from two or three examples, there is not a field of scientific forecasting of human achievement; it is a nonscientific double-talk and double-dealing in using tests to classify, label, select and pressure people in terms of dubious standards and fuzzy concepts of traits and human abnormality)) (Am. Psych. (1965), p. 511).

Tous ces livres, articles et ttmoignages forment un mtlange tantat de critiques justifites, tantbt de comptes rendus partiels de faits, tantat de points de vue tout B fait unilatbaux et parfois, tout bonnement, de calomnies. A tort, on ne fait quasi jamais la distinction entre l’usage des tests dans la practique, et les posibilitb a priori des tests. La suggestion, tmise par certains, de ne plus utiliir dbormais les tests, fait penser h la proposition d’interdire l’usage des avions par- que des accidents se produisent de temps A autre.

I1 serait ntanmoins dtraisonnable de considtrer les objections et critiques comme autant de sottises dont on ne s’occupe pas. Tout d‘abord parce que, comme nous l’avons dit, elles contiennent souvent bien des vtritb. Ensuite parce que le testing, comme l’ensemble des sciences sociales, lorsqu’il s’attaque h la pratique, travaille prtcistment avec ce public et est dtpendant de lui. En troisikme lieu, parce que la psychologie et les psychologues sont partiellement responsables de la situation: avec leurs tests, ils ont eu trop de prttentions (mesures parfaitement exactes, prtdictions indiscutables, diagnostics diff bentiels nettement ttablii), ils ont suscitt une strie de mtprises (que les tests d’intelligence mesurent une donnte innte, constante et non modifiable; que les tests de personnalitt dtvoilent des caracttristiques permanentes, dominantes et gkntrales), ils ont permis un usage abusif de rbultats d’examen (le secret n’est pas assurt, les objectifs de l’examen ne sont pas suffisamment explicit&) et ils ne se sont pas assez occupEs de publicit6 et d’information, ce qui a fait nattre trop facilement une image ttrange, magique et m&me, pour certains, quelque peu angoissante. Le plus sage est d& lors d’tcouter les protestations et d’analyser leur significa-

tion rationnelle et irrationnelle.

Avant d’envisager un certain nombre d‘objections sptcifiques, faisons quelques remarques sur l’attitude jn l’tgard des tests en gtntral.

Une attitude ntgative peut tvidemment trouver son origine dans une passation de test qui a constitut une barrikre pour une formation, une carrikre ou une promotion. Tout comme l’arbitre dans le vestiaire de l’tquipe perdante, le test peut fonctionner tel un bouc Cmissaire pour les frustrations. En fait, les choses vont mieux qu’on ne pourrait le penser. Les recherches de Brim (1 965) et de Fiske (1 964) dtmontrent que les exptriences personnelles jouent un r61e minime dans la formation d‘une attitude h l’tgard de la pratique des tests.

On pourrait chercher une raison plus profonde d‘une partie des critiques dans un sentiment gtntral de malaise lit A la croissance de l’anonymat dans une socittt qui, de par la bureaucratisation et la technicisation, ne lake plus qu’un minimum de contdle jn l’individu. Difftrents auteurs ( b r i n e , 1965; Holtzmann, 1960;

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Sader, 1961) nous montrent que se dtveloppe dans le public la crainte irration- nelle d’&tre manipult, notamment par des proctdb relevant de la psychologie. Un individu de ce type s’oppose au changement et au dtveloppement, ainsi qu’h tout ce qui s’y rapporte. L‘insatisfaction se marque alors non pas h 1’Cgard de la cause mais bien vis-L-vis des phtnomhes concomitants de ces changements: inten- sit6 du trafic, bruit des avions, complexitt des formulaires d‘imp8ts et tests. Le test reduirait la libertt, il saperait l’autonomie et ferait irruption dans la Vie pride. . . . En fait, on retrouve dans tout ceci une dose d’anti-progressisme. Nous ne sommes d b lors pas tellement ttonnts qu’un homme du genre de Goldwater soit parti en guerre, au cours de sa campagne tlectorale, contre ce qu’il appelle 1’ ((indirect inquisition into our most personal affairs)). Les destructions publiques de tests, auxquelles nous avons dtjL fait allusion, ont t t t perpttrtes par des mouvements rtactionnaires de droite tels que 1’ ((American Legion)), ((American Flag Com- mittee)) et d‘autres du m&me style. Au cours de cette virulente agression, le ((Mental Health Movement)), qui utilise effectivement beaucoup les tests, est mis dans le m&me sac que le communisme et le lavage de cerveau. Ces quelques lignes, fort peu aimables (cittes par Eron, 1961), en ttmoignent : ((M.H. is a misnomer for what is really a weapon, being skillfully used by communist propagandists to bring about conformity to the Marxist ideology)), et ((mental health professionals are dangerously wanting to try out unproved drugs on the guinea pigs conven- iently assembled in schools with the ultimate motivation of brainwashing the children)).

Mise h part cette frange rtactionnaire, la question demeure de savoir si le test n’encourage pas des processus d’tvaluation impersonnels, inflexibles et mtcani- ques (Ebel, 1963). C’est la question que, voici 15 ans dtjB, Bingham (1950) formulait laconiquement : ((Persons or guinea pigs ?))

Etroitement liee h ce problkme, se trouve la question de savoir si la prtdiction ne mhne pas trop aistment au contr6le et h la dttermination du comportement humain (Schlien, 1958; Turnbull, 1966). Gross (1962) va m&me jusqu’h qualifier d’immorale toute prtdiction. Ceci vaudrait, naturellement, pour une prtdiction erronte; mais tgalement pour une prtdiction individuelle baste sur des differences de groupe et m&me pour une prediction exacte. Cette dernibe tventualitt est, selon h i , une faGon d’influencer l’inttresst sans son consentement.

Ce danger de fixer et de court-circuiter des possibilitb d‘tvolution est encore fortement accentut par les personnes qui voudraient remplacer entikrement la stlection par la formation (adaptation de l’homme B la fonction) ou par l’ergo- nomie (adaptation de la fonction h l’homme) (voir, par exemple, la discussion de Groen, Dirken, et van Eekelen, 1966).

Tout d’abord un malentendu se produit ici trb souvent, malentendu dont le developpement empeche, une fois de plus, la psychologie d’aller de l’avant. I1 s’agit de l’idte que le testing s’occupe de la mesure de grandeurs stables, perma- nentes et invariables, sur la base desquelles une stlection ne serait pas autre chose qu’une condamnation, pour la vie, B une case dtterminte, B une fonction ou, tout au moins, B un certain niveau. En rtalitt, il est plus juste de considtrer les rbultats de tests &intelligence, par exemple, comme une indication, non d‘une capacitt innte, mais de ce que Yon a assimilt au cours du processus d’apprentissage (officiel et non fonnel) pasd. Ebel (1 963) utilise une bonne mttaphore lorsqu’il dit que le

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talent est comparable ?i un produit synthetique tel que la fibre de verre plut6t qu’i un tltment comme l’uranium. Le mot ((prediction)) en tant que but du testing devrait d b lors avoir cornme connotation le ((foretelling)) (avec la question de savoir comment l’amtliorer) plut8t que le ((controlling)).

Cronbach (1957) et Cronbach et Gleser (1965) montrent de fason t r h concrtte que l’opposition entre formation d’une part et tests plus dlection d’autre part est fallacieuse. Ils montrent qu’il y a en fait une relation triadique entre le test, les mtthodes de formation et l’organisation du travail. Le testing peut amener deux sortes de changements :

1. Une augmentation de la performance moyenne des personnes engagtes (comparer l’ancien modtle de dlection avec son ((traitement)) bien dttermint).

2. Un progrts ulttrieur des rtalisations lorsque le ((traitement)) est udupte‘ au niveau de la prtdiction. En pratique, cela signifie la recherche du (ctraitement)) (thtrapie, formation, guidance) le plus opportun pour le candidat testt.

En vtritt, la possibilitt d’un processus mtcanique d’tvaluation n’est sans doute pas exclue. Le sptcialiste du processus de dkcision essaie d’ttablir une nette &para- tion entre le calcul des probabilit6s et les jugements de valeur, tous deux tltments indispensables pour la prise de dtcision. Dans les dtcisions individuelles on insiste avec raison sur l’importance de la prise de dtcision par la personne elle-m&me. En ce qui concerne les dtcisions institutionnelles, le probltme de dtcider des per- sonnes est assurtment un probltme riel. Toutefois, ce n’est pas un probltme qui dtcoule du testing en tant que tel ou qui est rendu plus aigu par lui: c’est une question inhtrente au processus de dtcision institutionnel lui-meme et qui, par codquent, ne peut etre CvitCe si l’on considtre ce processus comme ltgitime.

Si nous nous tournons i prbent vers les objections sptcifiques A l’endroit des tests, nous pouvons gross0 mod0 les ranger sous deux rubriques :

Le premier groupe d‘objections est du niveau technico-scientifique et le second du niveau des conskquences et abus qui, du point de vue tthique, ne se justifient pas ou peu. Nous voulons examiner successivement ces deux points.

I. O B J E C T I O N S T E C H N I C O - S C I E N T I F I Q U E S

Sous la premitre rubrique se regroupent d’abord toutes les objections qui ont trait aux qualitts techniques des items ou du test dans son ensemble.

S’il y a bien un lieu oh l’on doit faire nettement la distinction entre les mauvais tests et le test en tant que tel c’est assurtment ici. L‘utilisateur de tests ne peut pas dtduire de l’existence de bons tests que toutes les tpreuves apparaissant sur le march4 peuvent &tre utilistes sans critique (le contraste entre les rtserves ex- primtes dans les comptes rendus de tests qui paraissent par exemple dans les annuaires de BUROS et l’empressement avec lequel, en gtntral, les m2mes tests sont achetb et utilis&, fournit, par ailleurs, matikre i rtflexion pour ce qui est ici en question). Et on ne peut davantage conclure de la prbence de mauvais tests qu’un bon usage des tests n’est guhe possible.

Pour une discussion approfondie de toutes les objections techniques relatives aux tests un manuel convient mieux qu’un article. Nous nous contenterons donc d‘un rappel succinct des objections habituelles.

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1. En premier lieu, on dit au sujet des tests pidugogiques qu’ils prbentent trop de questions banales (Milton, 1966; Turnbull, 1966). Attendu qu’il s’agt ici d’un choix rationnel de questions devant reprtsenter un domaine dttermint de connaissances, le constructeur de tests doit garder 5 l’esprit, une fois pour toutes, cette critique.

2. En ce qui concerne les tests Ct choix multiple, on rencontre comme objections classiques qu’il s’agit ici de reconnaissance au lieu d’tvocation, que les possibilitts cognitives, apprtciatives et crtatrices plus importantes ne peuvent se manifester (Hoffman, 196 1 , 1962), et que le meilleur candidat ou ttudiant a moins de chances de choisi la bonne rtponse prtcistment pace qu’il lit de faGon moins super- ficielle, plus subtile et parce qu’il rtfltchit mieux (Whyte, 1954; Hoffman, 1962; Gross, 1962; Ballinger, 1963 discutt dans E.T.S., 1961 ; Anastasi, 1966; Dunnette, 1964).

Cette critique vise donc essentiellement la formulation &alternatives qui, selon Koerner (1963), ne sont que trop souvent rien d’autre que des ambigu’itb bien empaquettes dont aucune ne reprkente la rtponse que le sujet a B l’esprit mais parmi lesquelles il doit choisir celle qu’il suppose que le constructeur du test avait 5 l’esprit lorsqu’il a formult la question.

Aflirmer qu’on ne peut tvaluer avec des tests 5 choix multiple rien d’autre que des connaissances superficielles ttmoigne d’une incomprthension. Cette posi- tion est diflicile i dtfendre avec des arguments logiques et empiriques. Que les meilleurs candidats aient moins de chances de dormer une bonne rtponse n’est tvidemment pas impossible. Que ceci ne soit pas le cas d’un test bien analys4 est cependant dtmontr6 par des donn6es positives d’analyses d’items. I1 est bien entendu conseill6 de mettre i l’tpreuve les corrtlations items-test ou validitts d’items sur leur non-lintaritt. Cette critique dkbouche ainsi sur une bonne sug- gestion. Mais, en fait, cette critique n’est valable que pour un test auquel on n’a pas consacrt une analyse statistique !

Nous constatons que, dans ce type de discussion, on est rtgulihrement renvoyt B la recherche empirique pour reconndtre une objection ou pour la rtfuter. A ce propos, nous voulons prtvenir l’erreur qui consiste B penser qu’un test ou un item est vaIabIe d b que des corr6lations existent. La corrtlation avec un crithre externe ne met certainement pas un point final la discussion. Ballinger (1963) compare la perpttuelle mise en avant de la validit6 cornme argument ultime 5 la production d’un nuage de fum&. Cette image n’est pas exacte. On a sans doute une vision trb distincte mais on a 61ev6 une palissade audessus de laquelle on ne peut plus regarder. Le regard est rttrtci et la perception limitte.

I1 incombe au psychologue d’examiner avec un m&me esprit critique le crithre et le prtklicteur. Ces derniers temps, on entend heureusement de plus en plus souvent dire qu’il faut mettre sur le chantier le crithe pritendu insaisissable (voir, par exemple, Hofstee, 1966; van S t r i a , 1967).

Le cas dtcrit par Travers (1951) vaut bien des ouvrages. Un questionnaire biographique l’aide duquel on voulait 6valuer l’aptitude au commandement fut validt, dans une entreprise, en utilisant des crithes de jugement non critiquts. Lors d’une analyse qualitative, il apparGt que des alternatives telles que wenant d’une grande ville), et (tonghaire d’une fsunille de commer5antss recevaient des

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pondtrations ntgatives, tandis que wenant de la campagne)) et ((originaire d'un milieu industriel)) en prenaient de positives. On conclut avec raison que ces items ne faisaient rien d'autre que reflCter les sentiments antistmites des juges dam la situation de rtftrence. Un usage irrtfltchi de ce crittre renforce et sanctionne un tel prtjugt. La situation est finalement la mtme que si l'on utilisait l'item fort peu subtil: Je suis un ntgre . . . vrai - faux. Cet item serait effectivement (Lovell, 1967) un prtdicteur valide de la promotion industrielle, des rbultats scolaires et m&me de conduite plus ou moins dtlinquante. Mais par l'usage de ce type d'items on contribue A maintenir des situations et des forces sociales dtplor- ables.

Revenant aux tpreuves objectives de choix, nous pouvons dire qu'elles ne sont pas en mesure de tout satisfaire. Cependant, comme davantage de questions peu- vent &re postes, qu'elles peuvent Stre mieux rtparties a travers le domaine examine et qu'elles sont mieux tvalu6es et stlectionntes en fonction de leurs qualit&, ce type de test est plus satisfaisant que toute autre solution.

3. D'autre part, beaucoup d'objections concernent le choix du test comme tel. Les tests seraient en eux-mtmes trop limit&: ils repoussent le candidat entre- prenant, crtateur, exceptionnel, et valorisent le conformiste dtpourvu d'imagina- tion. Gross (1962) exprime ceci de la faGon suivante : avec l'aide des tests, on est a la recherche du ((square average acultural conservative loyal American)). L'usage de tests, valid& selon le style et les performances du management en vigueur, mknerait 8 une homogtntisation et B une gtlification d'un style dtfini d'entreprise (Whyte, 1956; Schein, 1965).

ce que nous venom de noter au sujet de la ntcessitt d'analyser le critke aussi bien que le test. En fait, ce qui est ici en question, ce n'est pas le test mais le crittre choisi. Une fois que l'on a considQ6 l'employeur actuel comme le modtle A suivre, on essaie de dlectionner un type d'individus et le test ne sert alors qu'8 mieux atteindre un tel but.

En guise de plaidoyer pour l'usage des tests, nous voudrions faire remarquer que la recherche testologique peut prtcistment s'avtrer, lors de l'analyse de ce crithe, tout particulikrement Cclairante. A partir de l'examen des scores de tests qui prtdisent bien ou mal, on peut trts souvent dtcouvrir qu'un processus de conformisme et d'homogCnCiation est en train de s'optrer. L'analyse des rbultats de tests peut montrer que le candidat crtateur se voit refuser un profil de bien dout, un profil qui - tvalut en fonction du crittre - serait exceptionnel. Pour cela il conviendrait que l'arsenal des tests d'aptitudes soit mieux fourni que l'ensemble des petits tests d'intelligence que nous connaissons le plus souvent aujourd' hui. Le programme des tests devra envisager un terrain plus vaste: qualitb sociales, penste divergente, jugement et apprtciation sont au moins aussi importants que la penste abstraite et les qualit& verbales.

Reste A savoir si ce point critique est effectivement de poids. Les directions actuelles d'entreprises ont Cgalement accompli un pas dans le sens du changement dynamique et, par condquent, ne fourniront plus de crithre statique, dtfensif, conformiste. En outre, la thCorie de I'examen de dlection a suffisamment souvent condamnt la conception d'une structure unique de capacitts idtales ou moyennes.

Rtagissant A cette critique, nous voulons nous rtftrer

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IL CONSEQUENCES ETHIQUES ET PRATIQUES D E L’USAGE D E S T E S T S

Comme seconde cattgorie d‘objections et de protestations, nous tvoquons celles qui ont trait aux abus, aux constquences non fondtes du point de vue tthique et aux conditions juridiques non respecttes. Les problkmes suivants s’y rapportent :

Non-observance du caractkre confidentiel. Erreur du fait de l’usage des mtthodes indirectes. Intrusion dans la vie privte. Discriminations aux dtpens de personnes culturellement dtfavoristes.

Nous nous mCterons pour examiner chacun de ces points.

I . Le caractdre confidentiel Ce problkme suscite bien des protestations. Ainsi le stnateur Ervin (Am. Psych., 1965) cite le problkme de la discrttion comme source d’insatisfaction et de rkerves B l’endroit des tests. La question est donc : les rtsultats de tests restent-ils suffisamment B l’abri des indiscrttions?

En premier lieu, nous devons faire la distinction entre une situation de recherche (que l’enquCte soit anonyme ou non) et une situation pratique au cours de laquelle on teste au profit de quelqu’un ou d‘une organisation. Dans le premier cas il n’y a gukre de problkme. Le psychologue ne s’inttresse qu’aux phtnomPnes et B leurs relations, et non ?i la personne en tant que telle. I1 doit seulement Ctre attentif B garder l’anonymat lors de la publication de ses rkultats exptrhentaux.

Les choses se prisentent difftremment dans la seconde Cventualitt. Le psycho- l o p e doit alors fournir un avis B un client. Deux dangers se prhentent dans ce cas. En premier lieu, que des non-psychologues puissent avoir acch B des donntes testologiques, des interprttations, des rtponses 8 des questionnaires, etc. Attendu que ceci signifie la violation d’une confiance accordte et que cela peut tgalement mener B des erreurs d’interprttation et B des abus, il faut absolument prtvenir ce genre de choses. Nous avons le sentiment que la recommandation inscrite dam le code dtontologique (1961) du NIP’ 4 e psychologue doit Ctre responsable de l’utilisation des dossiers)) n’est pas formulie avec assez de prtcision. En fait, dans une organisation militaire, par exemple, toute personne ((incompttente)) peut avoir acch aux donntes en question pour autant qu’elle soit suffisamment haut placte.

Un second danger est le fait qu’un rapport transmis ne finisse par tchapper au psychologue. Dans un tel rapport ne pourraient pas figurer des tltments con- fidentiels. Cependant, quand on voit comment se prkente encore trh souvent le compte rendu de sClection, ceci est bien loin d’Ctre une af€aire sans dangers. D h lors, nous voudrions dire : pas de rapport aussi longtemps que nous n’avons pas la garantie absolue que seul le responsable de la dtcision le lira et que le rapport, 2 moins d‘une indication explicite, ne pourra servir B d‘autres fins que celles poursuivies originairement par l’examen.

Une question tout B fait diffeente est celle du secret gardt vis-A-vis du sujet examint. Ici tgalement se p rkn te le danger d‘interprttations errontes et de contresens. Le but de l’examen testologique doit tvidemment &tre bien clair pour

1 Nederlands Instituut voor Psychologen (Instituut N6derlandais dts psychologua) (N.d.T.).

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1e sujet. De meme, les mtcanismes de l’interprttation et de la prtdiction ne doivent pas rester dans le coffre-fort du psychologue. (I1 y a, selon nous, encore beaucoup trop de mystkres en ce domaine.) Mais il serait contre-indiqut de tout bonnement prbenter les rbultats de tests au sujet: 8 moins-et en cela nous sommes entihement d’accord avec van Strien (1 966) - de le faire dans le cadre d’un entretien adtquat.

2. Duperie Le problkme du leurre concerne surtout les mtthodes indirectes, dont la force &side prtcikment dans le fait que le sujet est tenu dans l’ignorance de ce que le test mesure et qu’il ne peut donc se dtfendre. Mais ce n’est pas tout. Les tests avec lesquels toute une drie d‘interprttations qualitatives sur le comportement ou sur les performances sont r&alides, profitent tgalement d‘une certaine naivett du candidat et de son absence de r6actions de dtfense. Pas plus que pour le point prtctdent, il n’y a de problkme Iorsqu’il s’agit

d‘une situation exp6rimentale. Ici encore il est question de donnbes et de rbsultats en tant que tels et non de personnes. L’examen est tout 8 fait justifit pour autant que l’anonymat soit assurt lors de la publication, que nu1 dommage durable n’apparaisse, que l’inttresst participe volontairement 8 l’exptrience et que le but de la recherche lui soit finalement communiqut (Brewster Smith, 1967, montre, par ailleurs, qu’en ce qui concerne les deux derniers points, le problkme est bien plus difficile chez les enfants que chez les adultes).

De mCme, dans le domaine de la thtrapie et de la consultation individuelle, on n’tprouve pas de difficultb 8 ce propos. Le seul inter& en jeu est toujours celui du client.

Dks qu’un conflit d’inttrCt peut surgir’ les difficultb s’annoncent. Et l’on songe tvidemment, en ce cas, au chapitre des dtcisions de stlection, d‘affectation et de promotion. De nombreux auteurs soulignent cette situation conflictuelle (Hoffmann, 1960; Cronbach, 1960; Grissy, 1963; Schein, 1965; Messick, 1965). Ici se prtsentent simultantment des inttrtts difftrents et qui ne se conjuguent pas toujours.

I1 est tvidemment injustifit de croire qu’une des parties doit toujours ftre desservie, par exemple lors d‘une dtcision de dlection, et surtout en cas de rejet. Le refus d‘un candidat inapte peut lui tviter un tchec dam une fonction qui l’aurait dtpasst.

Mais il serait naif de gtntraliser ce raisonnement. D’abord, parce que l’aptitude pour une fonction est un concept relatif (les normes qui s’y rapportent varient sous l’influence de beaucoup de facteurs externes) et, deuxikmement, parce que le refus dtpend aussi du nombre et de la qualitt des candidats. Ces deux facteurs n’ont rien 8 voir avec les capacitb proprement dites du candidat.

On peut alors objecter qu’engager un candidat moins dout nuit aux int4rets du candidat plus valable et refuse. Ceci est tvidemment exact; mais le fait demeure que les inttrEts d’un sujet dttermint, rejett 8 la suite d‘un examen testologique, peuvent Ctre fortement desservis (ce point n’est pas clair dans l’tthique du NIP). Que cette situation puke se produire par I’intermCdiah-e de ((sneaky methodwl

1 Mkthodes indirectes, d’espionnage (N.d.T.).

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26 LA CONTESTATION DES TESTS

contre lesquelles le candidat ne peut se prottger, est assurtment un argument qui parle B l’affectiviti et que les journalistes ont bien compris. Ce procCdt ne se distingue d’ailleurs pas essentiellement des autres mtthodes de testing ou de sClection.

Le problkme soulevt ici n’est donc pas l’utilisation de tel ou tel test pour la dlection mais - bien plus profondtment - la ltgitimitt de la dlection en tant que telle.

En fait, il y a des difftrences entre les capacitCs d’apprentissage pour des fonc- tions ou des positions dtterminh. L’alternative est d b lors: la mtthode de stlection ou bien la loterie. Les candidats paresseux et inaptes, dans ce dernier cas, ont autant de chances que ceux qui sont ztlts et capables; ce qui, tgalement du point de vue tthique, n’est pas prtcistment une situation idtale. Une fois acceptte la ltgitimitt d’un processus de stlection, la question devient : quelle mithode et quel instrument donnent le meilleur rhultat ?

Des recherches empiriques ont prtcisement bien montrt que l’examen testo- logique objectif est B cet tgard prtfCrable B d’autres mtthodes telles que des entre- tiens avec le directeur du personnel, les rtftences, l’intuition du futur chef, etc., mtthodes qui, d’ailleurs, n’tchappent nullement B la ((sneakiness)). Et nous ne parlerons pas des habitudes de stlection, htrittes du 19e sikcle, basks sur les relations, les protections ou le statut de famille, ni de la mystique encore active de la graphologie et d’autres mtthodes tout B fait dtnuCes de validitt et qui ont vu le jour en notre 20e sihde Cclairt.

Notre position est d b lors la suivante : la question de l’utilisation ltgitime de mtthodes directes ou indirectes se trouve subordonn& B la question de la validitt ! Seule la meilleure mtthode se justifie. Avec cela nous supposons Cvidemment la discretion, tvoquke au point 1, ainsi que la connaissance par l’inttresst de l’objectif de l’examen et sa prise de conscience du fait que toutes ses paroles et actions peuvent &tre utilistes pour le processus de dtcision.

3. Intrusion dam la vie privke C’est principalement contre cet aspect, l’(4nvasion of privacy)), que le public amtricain s’est Clevt. Les objections fusent d b que l’on finktre, avec l’aide de tilescopes ou d’appareils radioscopiques, les pensks secrktes et les dhirs intimes. Le droit B la ((privacy)) est un droit sacrt. Ainsi, un certain questionnaire de personnalitt, le MMPI, employ6 notamment pour la stlection des volontaires de ((Peace Corps)), a rencontrt, sous ce rapport, bien des difficult&, notamment en ce qui concerne les questions relatives B la sexualitt et B la religion. Le stnateur Ervin (1 965) dtclare que le gouvernement n’a pas le droit d‘envoyer quelqu’un se poster B la fenttre de la chambre B coucher du candidat et qu’il n’a pas davantage le droit d‘investiguer, B l’aide de subtiles questions psychologiques, ce qu’une personne fait ou pense aprb qu’elle ait t i r C les rideaux de la chambre B coucher.

Comment le problkme se prtsente-t-il en fait? Ces alltgations sont-elles fondies, sont-elles exagtrtes ou m&me fausses?

Commensons par tvoquer un argument important. On ne peut envisager la question de l’chvasion of privacy)) sans s’interroger sur le but de l’intrusion, ou encore, pour le dire avec plus de clartt: il n’y a pas d‘invasion de la vie privCe

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PIETER J. D. DRENTH 27 sans que quelqu’un soit effectivement int t red par ce qu’il voit ou entend. Et ceci vaut, au sens strict, pour le testing. Hathaway (1964) souligne, dans un article remarquable, que dans le MMPI par exemple la vtritt des rtponses n’est pas en question (si c’ttait le cas, ce test serait irrtmtdiablement inadtquat) et que, en second lieu, les r6ponses sont examintes de faCon fort impersonnelle. Lors de la correction mtcanique, il n’y a mCme aucun individu qui lise les rtponses. Le psychologue ne dispose que des scores obtenus a m Cchelles. Nous croyons qu’on peut rattacher & ceci les remarques de van Strien (1966) disant que le psychologue ne s’inttresse pas aux faits anamnestiques c o m e tels mais unique- ment & leurs implications psychologiques.

Par ailleurs, on ne peut, dans cette discussion, surestimer la portte du problkme. Au cours d’un contr6le sCv2re de 109 questionnaires totalisant 5300 items, seuls dix items, selon le compte rendu de Conrad (1967), sont apparus inacceptables.

Mais, en principe, la chose reste tout de mCme possible. On peut s’introduire, A l’aide de tests, dans la vie privte d’une personne. Ceci vaut non seulement pour les tests de personnalitt et les questionnaires, mais aussi pour tous les tests, m2me les tests d‘aptitudes et de connaissances.

Cette ptnttration dans la vie privte n’est toutefois pas l’apanage des tests. Le formulaire d’imph, la demande d’un curriculum vitae ou un interview effectut par le chef du personnel font, dans un certain sens, la mCme chose. En d’autres termes, il y a ((invasion of privacy)) d b qu’on rtcolte des informa- tions, encore que le degrt puisse varier depuis la demande de l’adresse de quel- qu’un jusqu’A une anamnbe psychanalytique profonde. Db lors, au lieu de plaider pour une ((absolute privacy)), il est plus rtaliste de faire un plaidoyer en faveur d’un ((reasonable amount of privacy)).

Nous voudrions encore dtclarer que 1’Ctre humain, a, en effet, droit A une vie privte, mCme si Bennett (1967)’ dans une analyse convaincante, prend la distance ntcessaire vis-5-vis du caracthe inconditionnel et inalitnable de ce droit. Le probl&me, en effet, est de comparer l’inttret de la protection de ce droit A d’autres inttrCts.

Nous songeons ici, en premier lieu, au droit, tout aussi important, d’Ctre informt. Bennett (1967, p. 374) s’exprime de la manikre suivante : ((The contem- porary concern over privacy parallels a pervasive need to communicate; the indi- vidual’s right to secrecy is counterbalanced by the public’s right to knowledge.))

Ceci vaut tgalement pour la connaissance scientifique. I1 est important d’arriver B une comprthension de la conduite humaine et de ses motivations, Katzell (1966) va dans le mCme sens lorsqu’il dtclare ((After all, our collective responsibility to know ourselves and our world is as grave as our right to privacy.)) Michon (1966) souligne le danger de ne voir finalement, des deux aspects de la personne testtee, qu’une Personne hypertrophite au dttriment du r&ultat au test.’

I1 nous semble que nous devrions tgalement envisager, & partir de ce point de me, le problkme de la libertt du sujet de participer & la recherche testologique. Lorsque l’tchantillon devient trop petit ou trop sptcifique, cette connaissance et cette comprthension subissent un prtjudice !

1 Nous n’avons pu rendre le jeu de mots sur ccproefpersoon)>. Le texte nterlandais est le suivant: aMi&on (1966) wijst op het gevaar dat van de Wee aspecten van de proefpersoon er op den duur alleen maar een totaal gehypertrofieerde Persoon overblijft ten koste van de proeB (N.d.T.).

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N'oublions pas, en outre, que difTtrentes recherches (Young, 1966 ; Cronbach, 1960) ont montrt que les objections B participer B un travail de recherche sont bien plus de l'ordre de l'ccennuyeux, tnervant, faisant perdre du temps)) que de la violation du droit humain fondamental B une vie privte.

Un second facteur en regard duquel on doit mesurer le droit au secret est celui de l'intCrEt et parfois de l'obligation de refuser certains Cltments dam une socittt ou dans certains secteurs de la socittt. Une bonne socittt civiliste dispose, selon Vernon (1963), du droit B un certain contr6le sur la libertt de ses membres. Young (1966) attire l'attention sur les contradictions existant chez les personnes qui s'616vent B la fois contre la violation de la vie privte d'un enfant par un psychopathe et contre l'intrusion dans la ((privacy)) par des psychologues qui essayent de mettre au point des instruments pouvant identifier i temps des psycho- pathes !

Ne rtclamons donc pas la ((privacy)) envers et contre tout. Les inttrtts de beaucoup d'autres personnes ou de la socittt en tant que telle peuvent entrer en ligne de compte.

Un troisikme tltment par rapport auquel on doit tvaluer le droit au secret rbide dans les arguments que nous avons prtctdemment utilisb pour justifier la dlection et l'orientation comme telles : B savoir, l'importance d'aniver, dans une socittt, i une utilisation optimale des qualitb, capacitb, et connaissances.

Le psychologue doit 2tre parfaitement conscient du fait que les problkmes de la klection sont bien plus dtlicats que ceux de la recherche fondamentale. Et cela, d'une part, parce qu'il ne peut plus y avoir d'anonymat sfir et parce que, d'autre part, la libertt de ne pas rtpondre B des questions ou de ne pas passer certains tests - invoqute de temps B autre c o m e une defense ltgitime - est B peu p r b Cgale B celle des ((volontaires)) dtsignts par le sergent pour transporter le ravitaillement.

Notre conclusion est que toute radicalisation du problkme du droit B la ((vie privte)) est erronte. I1 s'agit de trouver un tquilibre entre les difftrents inttrtts. Que la discretion doit, ici encore, Stre garantie et que la validit; de l'information soit une exigence primordiale, ce sont des remarques qui, nous l'esptrons, sont devenues superflues.

4. Discrimination I1 n'est gukre ttonnant que ce soit prtcidment aux Etats Unis que la question des effets discriminatoires de l'usage des tests vienne souvent au premier plan dans ce type de discussion. L'tnorme varittt de la qualit6 des CcoIes et des insti- tutions d'enseignement et la prtsence d'une infinitt de groupes minoritaires plus ou moins importants ont fortement attirt l'attention sur ces possibilitb.

Quel est en fait le problkme? La loi de 1964 sur les droits civils interdit, dans les entreprises et dans l'enseignement, d'engager; d'kliminer, de classer ou d'avant- ager sur la base de la race, de la couleur, de la religion, du sexe ou de l'origine nationale (voir, par exemple, Ash, 1966). L'argument qui est alors en question est le suivant : B la place de cette discrimination directe est apparue, avec l'usage des tests, une discrimination indirecte, voulue ou non.

Premikrement, en effet, les tests mesurent des capacitb, des performances et

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surtout des types d’information que des groupes priviltgib ont mieux pu acqutrir ou dtvelopper (Block, 1962; Gross, 1962; Am. Psych. [1965], 955-88).

En second lieu, dans les questionnaires biogaphiques ou de personnalitt, on pose des questions qui, lorsqu’on y rtfltchit tant soit peu, peuvent &tre qualifites de questions dtguistes visant la race ou la nationalitt. La question qui, l’air de rien, demande si Yon a eu autrefois un logis tranquille a beaucoup plus de chances de recevoir une reponse negative de la part d‘un Noir que d‘un Blanc. La question demandant lequel, de Washington ou de Lincoln, on estime le plus grand, et pour laquelle le choix de Washington constitue un point positif et celui de Lincoln un point ntgatif, n’est en fait pas beaucoup plus que l’instauration d‘une stgrtgation raciale.

Troisikmement, on utilise des tests et des combinaisons de tests qui sont basts sur des validations Ctablies B partir de groupes dtterminb et dont les rbultats sont extrapolb B d‘autres populations. Une tquation de rtgression baste sur des colltgiens blancs occidentaux (une population de White Anglo-Saxon Protestants [WASP]) a un effet discriminatoire au dttriment d’autres groupes - des Noirs par exemple - si ces tests n’ont pas t t t exptrimentb et valid& sur des tchantillons de ces groupes.

A vrai dire, le problkme a des implications qui dtpassent le cadre des rapports entre les Amtricains, chez lesquels la difftrence Blanc-Noir joue un r61e tellement important. Ces situations peuvent tgalement se produire aux Pays-Bas. Que l’on songe au testing de personnes originaires de Suriname ou d’Amboine, B l’examen des ouvriers Ctrangers, aux difftrences scolaires entre la ville et la campagne, aux difftrences lites au sexe, et cetera. I1 n’est pas indispensable, dans ce cas, de raisonner en termes de discrimination, en terme stv2res et ayant des rbonances idtologiques. NCanmoins il y a lB, pour l’utilisateur ingtnu des tests, une infinit6 de pikges.

La reaction des dtfenseurs du test a toujours consist6 B dire que le test est prtcistment un moyen objectif d’tvaluation (Anastasi, 1967 ; Yamamoto, 1966). La dtloyautt rbide dans les circonstances sociales et tconomiques qui n’accordent pas des chances tgales en mati2re d’instruction et de nomination (Lockwood, 1965, 1966). Le test ne fait que prtciser, de faCon objective et scientifique, ce dont un individu est capable et ce qu’il sait. La discrimination ne rbide pas dans le fait de reconndtre que les gens disposent de bagages difftrents, mais bien dans l’idte que les individus ont une valeur difftrente et ne mtritent pas des chances tgales. Grdce au test, la discrimination baste sur la couleur de la peau ou sur la race pourrait m&me etre neutraliske, car le jugement repose alors eff ectivement sur les capacitb des inttressb. Rappelons, en rapport avec cela, qu’il n’est d&s lors pas ttonnant que les groupes minoritaires eux-m&mes, prtcistment pour ces raisons, jugent l’usage des tests de faSon plus positive! (Brim, 1965).

Ce plaidoyer n’est cependant pas dtfinitif. I1 est sans doute vrai que le problkme est devenu une question d’utilisation responsable de tests plutbt qu’une mise en accusation du test comme tel, mais toutes sortes de formes subtiles de discrimina- tion B l’encontre de groupes handicap& du point de vue tducatif et culture1 de- meurent comme une possibilitt rCelle. Citons un exemple de notre propre situation aux Pays-Bas. Si l’on utilise, de faSon exclusive ou non, des tests g d a - gogiques pour dtcider de l’accession B 1’Enseignement prtparatoire su$rieur,

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30 LA CONTESTATION DES TESTS

l’C12ve d’une &ole primaire mtdiocre se trouve, en principe, dtfavorid. On peut, en fait, considtrer de tels tests de connaissances selon deux points de vue:

1. Comme l’enregistrement objectif de ce que quelqu’un conndt; et en cela on ne peut tvidemment parler de dtloyautt.

2. Comme une indication de la capacitt d‘un individu B acqutrir des con- naissances, donc comme une indication de son aptitude h apprendre. Dans ce cas, il y a sans doute une malhonnttett, parce que le niveau de l’enseignement r e p a une influence importante. Cette situation se produit lorsque nous utilbns un test de connaissance comme instrument de dlection pour la poursuite de la scolaritt ou comme prtdicteur.

De quelles solutions disposons-nous pour rhoudre ce problkme? On pourrait songer B l’une des possibilitts suivantes ou B leur combmaison:

(a) Elim‘nation ou correction des facteurs du milieu. Une premikre solution pour tliminer les facteurs du milieu ou de la scolaritt rtside dans l’utilisation de tests oh ces facteurs ont moins d’influence. Pour des personnes ayant btntficit d’une formation tquivalente quant au type et au niveau, les tests de connaissance sont trks souvent d’excellents prtdicteurs. Dans l’autre cas, l’usage d’un test ((culture-free)) sera plus honnCte. Un test d’aptitude, par exemple, serait prtftrable B un test de performance.

Une autre mtthode, apte B corriger les facteurs du milieu, consiste B rep6rer les variables pour lesquelles ces diterminations de la culture ou du milieu sont gardtes constantes. Krug (1 964) cite comme exemple les ((Biographical Information Blanks)) avec lesquels on examine difftrents r6les socio-psychologiques, notam- ment les Ales de commandement, dans le groupe d’appartenance. De mCme, on pourrait utiliser le rang obtenu dans sa propre &ole plut6t qu’une comparaison avec des donntes A 1’Cchelle du pays. Ces mtthodes permettent en fait de comger des difErences ((inter-classes)) ; c’est prtci&ment ce que le mouvement contre la stgrtgation cherche A obtenir !

(b) Doubles normes. Si Yon trouve pour deux groupes indtpendants une cor- relation test-critcre et que tel score de test correspond dans l’un (par exemple le groupe culturellement avantagt) A un score de crit6re plus bas que ce meme score de test dans un autre groupe (handicap6 du point de vue culturel), on peut alors faire usage de doubles normes. Pour le dire simplement, on donne au second groupe quelques points d’avance (cf Ash, 1966; Krug, 1964, 1966). S’il se produit alors une discrimination, comme l’affirme Lockwood (1966)’ ce n’est 1A qu’un malentendu. Le probleme est de donner des chances tgales pour la fonction et non pour le test.

(c) Prkdicteurs spkcifiques (ou combinaisons de prtdicteurs). Nous avons vu que des rtsultats de validation obtenus sur une population dtterminte ne peuvent ttre ttendus A d’autres populations et que la gtntralisation peut avoir, pour le problkme de la stgrtgation, de graves constquences. Les difftrences de niveau (teUes qu’elles ont Ctt Cvoqutes en (b) ne sont pas seules en cause: il y a des situations oh des tests ou des combinaisons de tests difftrents sont requis.

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Nous nous trouvons ici sur le terrain bien connu de la diffkrenciation en sous- groupes, pour laquelle des Equations de rCgression spkifiques doivent &tre ttablies et pour laquelle il faut Cventuellement choisir des tests spEcifiques (cf. encore Ash, 1966; Lopez et Dugan, 1966; Krug, 1966).

Quelle mCthode convient le mieux dans des circonstances d6terminEes est une question de recherche empirique. Jusqu’h prQent on n’a pas encore fourni beau- coup plus que des spiculations & ce sujet. C’est pourquoi nous sommes fort curieux de connartre par exemple les rQultats d’un projet de recherche que Barrett (1964) a mis au point pour Cvaluer les d8Eentes possibilitb et hypothbes sur deux grodpes importants (Noirs et Blancs).

Nous avons effectuC un voyage pEriIleux & la frontihre de la science et de la pratique. Cette zone est apparue comme parsemte de questions Epineuses aux- quelles on ne peut rtpondre que de fason discutable. Le mirite de cette rtflexion, c’est peut-&re d‘avoir cherchi quels probltmes relcvent de la psychologie em- pirique au sens strict et quels sont ceux qui doivent Etre traitb sur un plan Cthique.

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