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LA DIFFRACTION DES RAYONS X
TRAN Minh Tam
Table des matieres
Rappel : Diffraction par un reseau 157
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Application : spectroscopie avec un reseau . . . . . . . . 158
La diffraction des rayons X 161
Production et caracteristiques des RX . . . . . . . . . . 161
Les conditions pour une diffraction . . . . . . . . . . . . 162
Diffraction sur un cristal simple . . . . . . . . . . . . . . 163
Obtention de l’image . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
Determination de la structure d’un cristal 167
Le probleme de la phase . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
'
&
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%
La serie de Patterson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
Les methodes de resolution . . . . . . . . . . . . . . . . 173
-2-
'
&
$
%
Rappel : Diffraction par un reseau
Introduction
La diffraction par les Rayons X (RX) presente certaines analogies avec la diffractionpar un reseau, phenomene que nous avons vu en premiere annee (travaux pratiques).
C’est pour cette raison uniquement que nous commencons ce chapitre par ce rappeld’optique ondulatoire.
Nous allons supposer que les fentes du reseau sont minces et que l’ecran est placesuffisamment loin du reseau pour que nous puissions faire l’hypothese que les rayons
issus des fentes et aboutissant en un point P de l’ecran sont paralleles.
dθ
vers le point P sur l'écran
différence de chemin
entre 2 rayons adjacents
θ
θ
d d
e l'o
rdre
de
qu
elq
ues
1000
nm
Dans un probleme comme celui-ci, un systeme de lentilles amene la lumiere surle reseau en un faisceau parallele. Par le principe de Huygens (Christian Huygens
(1629-1695))
Tout point d’un front d’onde peut etre considere comme la source d’onde-lettes se propageant vers l’avant a la meme vitesse que l’onde ; le nouveau
front d’onde est l’enveloppe de toutes les ondelettes (c.a.d. la tangente atoutes ces ondelettes).
nous pouvons considerer que les ondelettes emises des fentes sont en phases lors-qu’elles sont emises du reseau ; pour arriver au point P situe sur l’ecran a un angle
-157-
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%
Rappel : Diffraction par un reseau
θ, chaque ondelette sera en retard (ou en avance) sur sa voisine d’un angle de2π d sin θ / λ , pour une longueur d’onde λ de la lumiere. Une interference construc-
tive se produira sur l’ecran si ce dephasage est un multiple entier de 2π, c.a.d.
d sin θ = mλ m = 0, 1, 2 ...
Application : spectroscopie avec un reseau
L’utilisation d’un reseau comme spectrographe est immediat. Pour m 6= 0, nousavons une dispersion des raies et c’est ce que nous desirons en spectroscopie.
15105 20 30 4035 45250
m = 1 m = 2m = 0
θ (degrés)
Spectre de l’hydrogene obtenu pour d = 2000 nm. Les raies d’ordre m = 3 et
m = 4 ne sont pas dessines : ils se chevauchent entre eux et avec le spectre m = 2.Pour m = 0, toutes les raies se superposent. Remarquez la grande dispersion du
spectre qui s’etend, pour m = 2, sur plus de 40◦.
Dispersion
On definit la dispersion par le rapport de la deviation pour un intervalle de longueurd’onde donne :
D =∆ θ
∆ λDe la relation donnant l’angle reperant la raie en fonction de la longueur d’onde,d sin θ = mλ, nous obtenons en differentiant les deux membres :
d cos θ dθ = mdλ
d’ou l’expression de la dispersion pour un reseau :
D =m
d cos θ[ radians/metre]
-158-
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Rappel : Diffraction par un reseau
En spectroscopie, nous aimerions avoir une grande dispersion : nous avons interet atravailler avec un reseau ayant une constante d faible et avec des ordres m eleves.
Pouvoir de resolution ou pouvoir separateur
Nous definissons le pouvoir de resolution par
R =λmoyen
∆ λ
λmoyen etant la longueur d’onde moyenne de deux raies que nous n’arrivons pratique-
ment plus a distinguer (separer) et ∆ λ leur difference en terme de longueur d’onde.Nous desirons evidemment avoir un grand pouvoir de resolution.
Pour pouvoir definir le moment ou nous ne pouvons plus separer deux raies, nousnous mettons dans la meme situation que pour le cas de la diffraction par une fente
ou un orifice circulaire :– Nous ne pouvons plus distinguer deux raies si le maximum de l’un se trouve au
mimimum de l’autre ;– Le “minimum” est atteint pour ∆θm.l. (m.l. = mi-largeur) quand l’onde emise
par la fente du bas interfere destructivement avec celle emise par la fente d’en
haut : ce cas se presente dans le cas de la diffraction par une fente de largeur a sia sin θ = λ ; dans notre cas, pour la raie centrale :
Nd sin ∆θm.l. = λ ou
Nd sin∆θm.l. ' Nd ∆θm.l. = λ
vers le premier
"minimum"
N.d
∆θm.l.
∆θm.l.
θ
Intensité
L'angle est très exagéré
Une raie
0
Pour toute autre raie a θ : ∆θm.l. =λ
Nd cos θ.
-159-
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Rappel : Diffraction par un reseau
En substituant ∆θm.l. dans ∆θ =m∆λ
d cos θ, nous avons
λ
N= m∆λ , d’ou :
R =λ
∆λ= N m
Attention : Pouvoir de resolution et dispersion ne doivent pas etre confondus ;
nous pouvons avoir un reseau ayant une grande dispersion, mais avec un pouvoirde resolution faible. Alors que le pouvoir de resolution depend non seulement de laconstante d du reseau, mais aussi du nombre de fentes N , la dispersion d’un reseau
n’est inversement proportionnelle qu’a la constante d du reseau.
-160-
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%
La diffraction des rayons X
Production et caracteristiques des RX
Les rayons X (RX) sont des ondes electromagnetiques produits en bombardantune anode par un faisceau d’electrons acceleres par une difference de potentiel de
quelques dizaines de kilo-Volts. Le spectre des RX est compose d’une partie continuedue au “rayonnement de freinage” ou Bremmstrahlung et de raies caracteristiques
du metal de l’anode.
AnodeCathode
Les longueurs d’ondes des RX sont de l’ordre de l’Angstrom (10−10 m) (a compa-
rer aux longueurs d’ondes de la lumiere visible qui sont de quelques centaines denanometres). Il est evident qu’avec de telles longueurs d’onde, la diffraction par unreseau ordinaire avec d ∼ 1000 nm tel qu’utilise en optique ne donnerait rien.
Ainsi, si λ = 0, 1 nm (1 Angstrom), d = 3000 nm, on a :
θ = sin−1
(
mλ
d
)
= sin−1
(
1 × 0, 1
3000
)
= 0, 0019◦
Cet angle est trop petit : la raie correspondante serait trop proche du maximumcentral pour que l’on puisse la distinguer.
Cependant, puisque λ ∼ 1 Angstrom, taille d’un atome, un reseau pouvant resoudreles RX ne peut etre grave de maniere artificielle, mais ce peut etre un cristal !
C’est en 1912 que Max von Laue se rendit compte qu’un cristal solide pouvaitformer un reseau a trois dimensions sur lequel les RX pouvaient “diffracter”. Dans
ce chapitre, nous allons donner quelques relations de base de la diffraction des RX,puis nous donnerons quelques directions pour leur utilisation en Biologie.
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La diffraction des rayons X
Les conditions pour une diffraction
Remarque : Lorsqu’un faisceau de RX est incident sur un cristal, les ondes
electromagnetiques que sont les RX sont diffuses dans toutes les directions. Danscertaines directions, elles interferent de maniere destructive et donnent lieu a desminima d’intensite, dans d’autres, de maniere constructive pour donner des maxima
d’intensite. La description du phenomene est difficile ; on le nomme “diffraction” desRX, bien que ce ne soit pas le phenomene de diffraction de la lumiere passant au
travers d’une fente ou d’un reseau comme celui que nous avons vu en Optique.
Nous savons que ce sont les electrons des atomes qui forment le reseau cristallin qui
re-diffusent les ondes electromagnetiques incidentes. Cependant, dans le formalismeque nous allons developper maintenant, nous n’allons pas traiter de la diffusion, mais
montrer que “tout se passe comme si...”
Considerons un faisceau de RX arrivant sur une ligne d’atomes espaces de d ′ (figure
a) ci-dessous). La condition a laquelle devront satisfaire les angles θ et α que fontles faisceaux incident et diffracte avec la direction (ou le plan) des atomes afind’obtenir une interference constructive est que la difference de chemin (ae − cb) soit
un multiple entier de la longueur d’onde du RX :
d ′ cos α − d ′ cos θ = n λ figure a)
Mais cette condition n’est pas la seule : il faut aussi que les “reflexions” sur les
a b
ce
θ
α θ
α
d'
a)
1 2
plans successifs interferent constructivement (figure b) ci-dessous). Par consequent,
le chemin supplementaire (ab + bc) du rayon 1 (figure b)) doit etre un multipleentier de la longueur d’onde du RX :
d sinθ + d sinα = mλ figure b)
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La diffraction des rayons X
θ
αθ
α
b)
a
b
c
e
d
1 2
Les deux conditions ci-dessus ne peuvent pas etre satisfaites simultanement, sauf si
θ = α. La premiere equation se reduit a zero, tandis que nous obtenons la loi deBragg avec la seconde condition.
2d sin θ = mλ avec m = 1, 2, 3, ...
Resume : Les deux conditions ci-dessus pour une interference constructive re-viennent donc a celles-ci :
– L’angle que fait le rayon incident doit etre le meme que celui du rayon reflechi.– Les reflexions sur differents “plans cristallins” doivent etre en phase, c.a.d. doivent
satisfaire a
2d sin θ = mλ avec m = 1, 2, 3, ... Loi de Bragg
Diffraction sur un cristal simple
Considerons le cristal de Chlorure de Sodium NaCl :
a0
a0
Na+
Cl-
Tout se passe comme si, pour les maxima d’intensite, les RX etaient reflechis
par une serie de plans reflechissants ou plans cristallins qui s’etendent au travers ducristal et qui contiennent des arrangements d’atomes.
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La diffraction des rayons X
Remarque. Les RX ne sont pas reflechis : l’utilisation des plans cristallins facilitent seulement
l’analyse de phenomene.
La figure ci-apres montre la “reflexion” de trois rayons sur trois plans successifs. Endiffraction des RX, contrairement a ce que nous avons en Optique Geometrique, les
angles d’incidence et de reflexion sont mesures a partir du plan de reflexion et nonpas a partir de la normale a ce plan.
θ
θ
θ
θ
θ
θ
123
d
d
θ
θ θ
θ
θ
θ
θθ
d sin θ d sin θ
12
d
Pour expliquer les maxima d’intensite, nous disons que les rayons 1 et 2 sont telsque leurs difference de chemin, 2d sin θ , doit etre egal a un nombre entier fois la
longueur d’onde λ du RX, d etant la distance entre “plans cristallins” :
2d sin θ = mλ avec m = 1, 2, 3, ... Loi de Bragg
Remarques :– Les rayons 1 et 2 arrivent en phase sur le “plan cristallin”.– Les RX ne sont pas refractes : nous n’avons pas introduit d’indice de refraction.
Pour d’autres orientations du faisceau de RX par rapport au cristal, d’autres “planscristallins” “reflechissent” les RX et nous pouvons y appliquer la loi de Bragg
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La diffraction des rayons X
2d sin θ = mλ. Ces nouveaux groupes de plans cristallins sont caracterises pard’autres distances d entre plans cristallins.
θ
θ
θ
θ
θ
θ
d
d
d
La figure ci-apres montre la relation que l’on peut trouver entre la distance entre“plans cristallins” et caracteristique du reseau cristallin (a0 est la ”maille” du reseaucristallin) :
a
0.5a
d
0
0
Nous trouvons (Th. de Pythagore) :
5 d =
√
5
4a0 ⇒ d =
a0√20
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La diffraction des rayons X
Obtention de l’image
La methode la plus simple pour obtenir des images de diffraction de RX est la
methode de diffraction sur de la poudre, introduite par Debye et Scherrer. Aulieu de prendre un monocristal ayant une orientation bien precise par rapport aufaisceau de RX, on prend plutot une poudre de petits cristaux. Parmi le tres grand
nombre d’orientations possibles des cristaux, il y en a qui ont la “bonne orientation”pour donner une reflexion des RX selon la loi de Bragg. Ainsi, si le faisceau de RX
incident fait un angle θ, les RX diffractes feront un cone d’angle au sommet de 2θpar rapport au faisceau incident.
a) b)
Absorbeur
de Pb θ
2θ
Echantillon
Film RX
direction incidente du RX
Pour chaque “plan cristallin”, les RX diffractes sont sur un cone d’angle au som-
met de 2θ (a)) qui coupent les plans de films RX disposes tout autour selon deslignes bien definis (b)). Ces series de lignes obtenues seront ensuite comparees au
predictions theoriques : nous devons alors identifier les raies en connaissant la struc-ture cristalline de l’echantillon etudie.
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Determination de la structure d’un cristal
Le probleme de la phase
Jusqu’a present, nous avons place un seul atome, donc un seul “plan cristallin”, a
une position de la maille du cristal. Ce qui nous interesse, ce sont des cristaux quiont plusieurs (des dizaines ou des centaines) d’atomes dans une maille. Commentcela va-t-il affecter le traitement de Bragg que nous venons de voir ?
Considerons pour commencer une maille cubique face centree (figure de gauche) etremplacons chacun des atomes par une molecule di-atomique. Quand la condition
de Bragg est satisfaite, les reflexions sur les atomes “pleins” sont en phase, commecelles sur les atomes “vides”.
Maille cubique
face centrée
A chaque emplacement
de la maille, nous avons
une molécule diatomique
Cependant, les ondes diffusees sur les plans cristallins “pleins” et “vides” sontlegerement dephases ; par consequent, l’amplitude resultante, et donc l’intensite,
sera diminuee par interference.
Le probleme est d’obtenir une expression generale pour la difference de phase. Nous
allons donner ci-apres les points essentiels de la demarche utilisee pour determinerla structure de gros cristaux comme ceux que l’on rencontre en Biologie.
Difference de phase Les faces d’un cristal et les plans dans le cristal peuventetre caracterises dans un systeme de trois axes. Sur la figure ci-dessous, les trois
axes ont des longueurs a, b, et c et coupent le plan ABC. On definit
a
OA= h ,
b
OB= k ,
c
OC= l
Les indices (h, k, l) sont les indices de Miller et permettent de caracteriser les
plans du cristal. Un exemple de ces indices est montre sur les figures de droitepour une maille cubique.
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Determination de la structure d’un cristal
O
A
B
C
a
b
c
(100) (110)
(111)
x
y
z
Retour au probleme
Pour revenir a la discussion du debut de ce paragraphe, considerons une seriede plans cristallins pour lesquels la loi de Bragg est satisfaite. En passant d’unplan a un autre, nous avons un dephasage de 2π pour une distance de a/h.
Pour le plan des atomes “vides”, situe a une distance x, ce dephasage sera de2 π x (h/a) (figure a) (gauche)) ci-apres.
La difference de phase
Pour un point place a la distance x de l’origine O (figure a) (droite)), l’onde
d’amplitude E0 emis par un atome place a l’origine sera percue avec une ampli-tude E1. Pour un atome place a r1, l’onde qu’il emet et recue en x le sera avecune amplitude differente. Pour deux atomes places a des positions differentes r1
et r2, l’amplitude de l’onde resultante en x sera la somme algebrique des deuxondes E1 et E2 en x
En etendant le raisonnement a trois dimensions, pour un atome i place en
(x, y, z) dans la maille, le dephasage sera de
ϕi = 2π
(
hx
a+
ky
b+
lz
c
)
Clairement, la phase ϕi est liee a la position de l’atome dans la maille.
Facteur de structure En utilisant le principe de superposition pour trouver
l’amplitude resultante des diffusions de toutes les ondes diffusees sur les atomesd’une maille, nous sommons les amplitudes individuelles en utilisant les vecteurs
de Fresnel, c.a.d. en sommant les nombres complexes fi exp(i ϕi) :
F (hkl) =∑
i
fi exp(i ϕi) =∑
i
fi exp
[
2πi
(
hx
a+
ky
b+
lz
c
)]
-168-
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Determination de la structure d’un cristal
Origine
Changement de phase
de 2π dans la direction a
aa/h
x
(a) (b)
Fig. 1 – Difference de phase pour deux plans diffuseurs satisfaisant a la loi de Bragg (a). Additionde deux ondes electromagnetiques dont les origines sont deplacees l’une par rapport a l’autre (b).
F est appele facteur de structure du cristal. La sommation se fait sur tous lesatomes. Sa valeur est determinee par les positions des atomes et de leur facteur
de diffusion fi. Ce dernier depend du nombre et de la distribution des electronsdans l’atome (n’oublions pas que ce sont les electrons qui re-diffusent les ondes
electromagnetiques !) et de l’angle de diffusion θ. Nous mesurons l’intensitetotale de la lumiere diffractee et non pas l’amplitude resultante de la lumiere :
cette intensite est egale au module au carre de l’ampitude F (hkl) :
I = |F (hkl)|2 = F (hkl) F ?(hkl)
-169-
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%
Determination de la structure d’un cristal
Une mesure de l’intensite du RX diffracte nous donne donc le module de F (hkl),mais ne nous permet pas d’avoir acces aux phases ϕi : l’information correspon-
dante aux positions des atome la maille est perdue, nous laissant seulementl’information relative sur le nombre et la nature des centres diffuseurs ramenes
a l’origine de la maille. C’est ce qu’on appelle le probleme de la phase en cris-tallographie.
Densite d’electrons Puisque ce sont les electrons qui diffusent les RX, la struc-
ture d’un cristal obtenue par RX peut etre vue comme la distribution a troisdimensions de la densite d’electrons ρ(x, y, z). Toute fonction pouvant etredecomposee en serie de Fourier, nous pouvons ecrire ainsi la densite d’electrons
ρ(x, y, z) =+∞∑
p =−∞
+∞∑
q =−∞
+∞∑
r =−∞Apqr exp
[
− 2πi(px
a+
qy
b+
rz
c
)]
On montre que les coefficients de Fourier Apqr sont egaux aux facteurs de struc-ture F (hkl) divises par le volume de la maille (voir par exemple The CrystallineState L. Bragg, p. 221 et suivantes) :
ρ(x, y, z) =1
V
∑
h,k,l
F (hkl) exp
[
− 2πi
(
hx
a+
ky
b+
lz
c
)]
avec :
F (hkl) =∑
i
fi exp(i ϕi) =∑
i
fi exp
[
2πi
(
hx
a+
ky
b+
lz
c
)]
La sommation est faite sur toutes les valeurs de h, k, l pour avoir un termepour chaque plan (hkl) et donc pour chaque maxima de la figure de diffraction.
L’equation donnant ρ(x, y, z) precedente permet la determination de la
structure du cristal, puisque la structure du cristal, c’est ρ(x, y, z). Les maximade la figure de diffraction correspondent aux pics de la distribution densited’electrons ρ(x, y, z) : ces pics sont aussi proportionnels au nombre atomique.
Par consequent, si nous connaissons les facteurs de structure F (hkl), nous
pouvons immediatement calculer la structure du cristal. Malheureusement, lesresultats de la mesure sont les intensites sur le film RX, c’est a dire une quantite
proportionnelle au module au carre |F (hkl)|2 et nous n’avons pas les phases !
Qu’avons-nous perdu ? L’information que nous n’avons pas est
exp[
− 2πi(px
a+
qy
b+
rz
c
)]
c’est a dire la position de l’atome dans la maille, nous laissant seulement avec le
nombre de points diffuseurs ramenes a l’origine de la maille ! En effet, le moduleau carre de l’exponentielle complexe est egal a 1 !
-170-
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%
Determination de la structure d’un cristal
La serie de Patterson
Nous avons vu que l’intensite diffractee etait I = |F (hkl)|2 = F (hkl) F ?(hkl). La
fonction de Patterson est definie comme
P(u, v, w) =1
V
+∞∑
h =−∞
+∞∑
k =−∞
+∞∑
l =−∞|F (hkl)|2 exp
[
− 2πi
(
hu
a+
kv
b+
lw
c
)]
|F (hkl)|2 = F (hkl) F ?(hkl) =
=
[
N∑
i
fi exp
(
2πi
(
hxi
a+
kyi
b+
lzi
c
))
]
·[
N∑
j
fj exp
(
− 2πi
(
hxj
a+
kyj
b+
lzj
c
))
]
|F (hkl)|2 =N
∑
i
N∑
j
fi fj exp
[
2πi
(
h
a(xi − xj) +
k
b(yi − yj) +
l
c(zi − zj)
)]
avec u = |xi − xj| , v = |yi − yj| , w = |zi − zj|
Proprietes de la serie de Patterson
• La serie est calculee a partir des resultats experimentaux• Les coefficients |F (hkl)|2 sont proportionnels aux intensites observees
• Ne conduit pas aux positions atomiques, mais aux distances interatomiques• L’importance des pics est liee a celle des produits fifj
Serie de Fourier et serie de Patterson
Nous avons vu la densite d’elecrons :
ρ(x, y, z) =1
V
+∞∑
h =−∞
+∞∑
k =−∞
+∞∑
l =−∞F (hkl) exp
[
− 2πi
(
hx
a+
ky
b+
lz
c
)]
avec F (hkl) =∑
i
fi exp(i ϕi) =∑
i
fi exp
[
2πi
(
hx
a+
ky
b+
lz
c
)]
-171-
'
&
$
%
Determination de la structure d’un cristal
et maintenant la serie de Patterson :
P(u, v, w) =1
V
+∞∑
h =−∞
+∞∑
k =−∞
+∞∑
l =−∞|F (hkl)|2 exp
[
− 2πi
(
hu
a+
kv
b+
lw
c
)]
|F (hkl)|2 =N
∑
i
N∑
j
fi fj exp
[
2πi
(
h
a(xi − xj) +
k
b(yi − yj) +
l
c(zi − zj)
)]
a)
b)
1
2
3
2’
3’3 - 3’
3’- 3
2 - 2’
2’- 2
2 - 1
2’- 13 - 2
3’- 2
3’- 1
3 - 1
3’- 2’
3 - 2’
1 - 2’
1 - 2
2 - 3
2 - 3’
1 - 3’
1 - 3
2’- 3’
2’- 3
Fig. 2 – Arguments de la fonction de Patterson dans le cas de 3 atomes.
x xi j
maille
fi f j
maille
fi
xi
z i
y iy yi j
z zi j
pic de “Fourier” pic de “Patterson”
Par la transformee de Fourier, nous sommes sensibles a position des atomes alorsque dans la serie de Patterson, nous sommes sensibles aux distances interatomiques.
-172-
'
&
$
%
Determination de la structure d’un cristal
Les pics fifj , (xi − xj) et fjfj , (xij − xi) ont meme intensite et des coordonneesopposees
Des considerations de symetrie permettent d’interpreter une carte d’intensite dePatterson.
Les methodes de resolution
Nous donnons ci-apres quelques generalites sur les methodes de resolution duprobleme de la phase.
Iteration a partir d’une structure proche Une des methodes utilisees estd’essayer une structure proche et de calculer les intensites. Faire l’hypothesed’une structure, c’est avoir la possibilite de calculer les dephasages
ϕi = 2π
(
hx
a+
ky
b+
lz
c
)
On calcule alors les series de Fourier en prenant les |F (hkl)| deduits de la
mesure de diffraction de RX et les dephasages calcules. Si on est sur une bonnepiste, la distribution ρ(xyz) donnera de nouvelles positions des atomes que l’onpourra utiliser pour obtenir de nouveaux dephasages.
C’est ce qu’on appelle le remplacement moleculaire. Cette methode peut
etre utilisee pour des acides nucleiques et pour des proteines. Pour une structurenouvelle et totalement inconnue, la methode ne marchera pas.
Dans l’iteration, plus le nombre de termes de la serie de Fourier est grand, plus
precise sera l’image de la structure.[La situation est assez semblable au cas d’un microscope ou d’un telescope :plus on recueille de lumiere dans l’instrument d’optique grace a une ouverture
plus grande, meilleure sera la resolution. Ici, plus on inclut de termes de la seriede Fourier, meilleure sera la precision.]
La figure ci-dessous montre une image de la densite electronique du glycylgly-
cine (H2NCH2CONHCH2CO2H) projetee sur une maille ; le nombre de termesde la serie de Fourier dont on a tenu compte est aussi inscrit. Avec 40 termes,
la resolution est de 0,25 nm, avec 100 termes, elle est de 0,15 nm et avec 160termes, elle atteint 0,11 nm.
Les methodes directes Dans les methodes directes, on peut essayer toutes les
combinaisons de phase et rechercher celle qui “fitte” le mieux les donnees, ou
-173-
'
&
$
%
Determination de la structure d’un cristal
40 termes
100 termes
160 termes
NHO
O
C
O
C
CH2
CH2
NH2
H
Fig. 3 – Densite des electrons du glycylglycine (H2NCH2CONHCH2CO2H) projetee sur une maille.
bien partir de l’information contenue dans la donnee de l’intensite et relativea chacun des atomes pour retrouver quelques informations sur les positions
relatives des atomes dans le cristal : c’est la methode de Patterson. Lesmethodes directes sont utilisees pour des “petites molecules” ayant quelques
centaines d’atomes qui ne sont pas des hydrogenes.
Le remplacement isomorphe Cette methode est utilisee quand il est possible
de substituer une atome A par un atome B different sans que cette dernierene change la symetrie ; l’atome B sera en general plus lourd que A. Le cristal
initial et celui ou le remplacement a eu lieu sont mesures. La difference des deuxjeux de resultats (avec atome A et avec atome B) provient de la substitution,
ce qui permet de retrouver les positions des atomes substitues. Les phases deleurs facteurs de structure peuvent alors etre connues.
-174-