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La Fédération l’enseignement privé musulman fait sa première rentrée. Cette initiative d’une partie des musulmans de France, telle qu’elle est présentée dans le média en ligne : SaphirNews.com | Quotidien musulman d’actualité (voir larges extraits en annexe:sont soulignés de rouge certains passages qui ont attiré particulièrement l’attention d l’Observatoire Chrétien de la Laïcité) est d’une extrême gravité car elle représente une avancée non négligeable des thèses identitaires communautaristes. L’analyse critique des laïques de cette décision et cette stratégie de certains musulmans ne doit surtout pas pas être reprise dans l’esprit de pseudo laïcité qui est celui du FN et d’une partie de la droite qui fait feu de tout bois pourvu que se développe l’islamophobie des français. Notre position n’est donc

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La Fédération del’enseignement privé musulmanfait sa première rentrée.

Cette initiative d’une partie desmusulmans de France, telle qu’elle estprésentée dans le média en ligne :SaphirNews.com | Quotidien musulmand’actualité (voir larges extraits enannexe:sont soulignés de rouge certainspassages qui ont attiré plusparticulièrement l’attention del’Observatoire Chrétien de la Laïcité)est d’une extrême gravité car ellereprésente une avancée non négligeabledes thèses identitaires etcommunautaristes.L’analyse critique des laïques de cettedécision et cette stratégie de certainsmusulmans ne doit surtout pas pas êtrereprise dans l’esprit de pseudo laïcitéqui est celui du FN et d’une partie dela droite qui fait feu de tout boispourvu que se développe l’islamophobiedes français. Notre position n’est donc

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pas plus anti musulmane que notredésaccord avec l’enseignement privécatholique ne l’est à l’égard descatholiques.

L’ObservatoireChrétien de la Laïcité note plusparticulièrement :

1°) La responsabilité politique del’Église catholique en France dans ledéveloppement de cette conceptioncommunautariste de l’enseignement et del’Éducation Nationale. Il est en effetlégitime que des musulmans profitent desdroits acquis grâce à la Loi Debré parl’Eglise catholique, droits qui sont àl’origine historique d’une conceptionidentitaire et communautariste del’Education publique, Les traditionsséculaires de l’enseignement catholiqueen France voilaient en partie ce risquesi l’on ne réfléchissait par au paradoxede la Loi Debré qui permettait à la foisl’ouverture de chaque école sous contratà des enfants de toute conviction et le

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respect du caractère propre de cesécoles. Or pour l’Eglise catholique lecaractère propre a toujours été d’essence religieuse et son nouveaustatut souligne ouvertement la« fonction évangélisatrice » del’enseignement catholique. Le cardinalAndré Vingt trois est très clair quandil déclare :« Le risque serait quel’Enseignement catholique soit réduit àêtre une branche quelconque du privé.L’Enseignement catholique est d’abordconfessionnel »

2°) le non respect de la Loi Debrépuisque ce sont désormais clairement desfédérations nationales qui sont lesinterlocutrices des pouvoirs publics etnon les établissements eux mêmes (contrairement à ce que prévoit la loiDebré). Or c’est encore l’Églisecatholique qui a renforcé lecaractère centralisateur de ces rapportsavec son nouveau statut qui donne lespleins pouvoirs à l’assemblée des évêquesde France sur le plan national et aux

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évêques diocésain sur leur territoirediocésains

3°) l’idée fausse que l’école catholiqueest faite pour former l’élite de lanation. Certes il y a des établissementsqui prétendent avoir cette « vocation »anachronique, voire réactionnaire, etl’assument sans état d ‘âme, mais pastous, au contraire. On notera pourtant laproximité du langage tenu par lesmusulmans qui se sont exprimés (del’UOIF semble t il) avec les thèses surce point très claires de l’Opus Dei ,qui vise à former les cadres catholiquesde demain (dans le monde politique,social, culturel, économique dans uneoptique en général réactionnaire reprisespar un certain nombre d ‘évêques

4°) L’aggravation du caractère religieuxidentitaire des établissements sous contrat. Les musulmans qui s’exprimentdans cette annonce soulignent que lesélèves musulmans n’ont pas leur placedans les établissements catholiques mais dans des établissements musulmans.

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Que pensent ils l’ enseignement publiclaïque ? La réponse est prévisible…

Il reste de nombreux établissementscatholiques qui recevant des élèves dontles parents ont des convictions et descroyances variées sont assez souples surle caractère obligatoire del’enseignement religieux malgrél’obligation d’évangéliser selon leurstatut ecclésial.

Or dans cette position del’enseignement privé musulman il estclair que seuls des musulmans sontappelés à aller dans ces écoles ,sous contrat, pour y pratiquer leur religion(sur ce point les établissements juifsfonctionnent déjà ainsi) C’est dit expressément. Les allusions à lapédagogie Montessori sont là pour fairepasser la pilule. On trouve souvent lemême argument « pédagogique » chezcertains défenseurs de l’école catholiqueconsidérant a priori l’enseignementpublic comme inapte à toute ouverture ences domaines.Et c’est une grave

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déformation supplémentaire de la LoiDebré qui souligne l’obligation d’ouverture des établissements souscontrat à des enfants de toutesconvictions . Peut on signer un contratavec des écoles qui semblent devoirfonctionner comme des établissementsintégristes catho …hors contrat?

Jean RIEDINGER au nom d e l’ObservatoireChrétien de la laïcité.68 rue de Babylone 75007 Paris

**********ANNEXE

La Fédération de l’enseignement privémusulman fait sa première rentrée

Rédigé par Huê Trinh Nguyên | Vendredi 19Septembre 2014

À l’instar du Conseil scolaire de laFédération protestante de France quiregroupe cinq établissements protestants

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sous contrat ou encore du Secrétariatgénéral de l’enseignement catholique quicompte plus de 8 000 établissements, laFédération nationale de l’enseignementprivé musulman voit le jour, marquantl’ancrage de la future élite musulmane enFrance.

École privée musulmane : la panacée ? Onpourrait le croire, à observer lesnombreux appels aux dons qui fleurissentsur le Net pour financer tel ou telprojet d’école privée à référenceislamique. Il faut dire que plusieursfacteurs ont contribué à cet engouement.

La crise de confiance à l’égard dusystème scolaire, qui jette chaque année140 000 jeunes sans diplôme à la sortiede l’école, s’est accentuée par la mise àdistance des parents envers l’institutionscolaire, notamment observable à traversla circulaire Chatel interdisant, depuis2012, aux mères voilées d’accompagner lessorties scolaires, sous prétexte del’argument de « neutralité religieuse ».

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Plus loin dans l’Histoire : en privantl’accès aux établissements publics desvingtaines de filles refusant d’enleverleur foulard, la loi du 15 mars 2004interdisant le port de signes religieux àl’école a donné un sacré coup de fouet àceux qui avaient en tête d’ouvrir unétablissement scolaire privé.

Hormis la Medersa Taalim oul-Islam, néeen 1947 à l’île de la Réunion et souscontrat avec l’État depuis 1990, maisaussi le précurseur en métropole qu’estle collège-lycée La Réussite(Aubervilliers) créé en 2001, tous lesautres établissements secondaires ontouvert leurs portes à la suite des débatshouleux sur l’« interdiction du port designes religieux » : le lycée Averroès(Lille), en 2003 ; le collège-lycée al-Kindi (Décines), en 2007 ; le collègeÉducation et savoir (Vitry-sur-Seine), en2008 ; le collège-lycée Ibn Khaldoun(Marseille), en 2009 ; le collègeInstitut de formation de Saint-Quentin-en-Yvelines, en 2009 ; le collège

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EducActive (Villeneuve-Saint-Georges), en2009.

Sur ces neuf établissements, cinq sontaffiliés à l’Union des organisationsislamiques de France (UOIF). Forts deleur expérience, quatre d’entre eux(Averroès, Al-Kindi, Éducation et savoir,Ibn Khaldoun) se sont regroupés ainsi quel’école primaire La Plume (Grenoble), quiexiste depuis 13 ans, pour créer la toutenouvelle Fédération nationale del’enseignement privé musulman.

L’école de l’excellence, avec unsupplément d’âme musulman

Le 22 mars 2014 était officiellementlancée, sous l’égide de l’UOIF, laFédération nationale de l’enseignementprivé musulman (FNEM), devant un parterrede directeurs d’écoles, de responsablesassociatifs en charge de projetsd’établissement privés, du staffdirigeant de l’UOIF, de responsables dubureau des cultes du ministère del’Intérieur et de quelques journalistes.

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« La première instance représentative del’enseignement musulman en France » estnée, déclare son président MakhloufMamèche, également directeur adjoint dulycée Averroès. La FNEM entend « œuvrerpour la promotion, la structuration et ledéveloppement des écoles et desétablissements scolaires musulmans enFrance, mais aussi concourir pleinementau service public d’éducation françaisaux côtés de l’enseignement privécatholique, de l’enseignement privé juif,de l’enseignement privé laïque ».

« Ce qui m’a frappé dans la déclarationde la FNEM, ce sont d’abord les valeursde la République, de la laïcité et lesupplément d’âme musulman, note BernardGodard, consultant sur les questionsliées au culte musulman auprès duministère de l’Intérieur. « C’estexactement la définition qu’on doitattendre des instances confessionnellesdans l’esprit de la loi Debré de 1959. »Les établissements privés musulmans sont« plus proches du modèle catholique, issu

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du XIXe siècle, qui est celle de l’écolede l’excellence : former des élites »,analyse Bernard Godard. « Le modèle juifest plus confessionnel : l’enseignementreligieux est plus important dans lesyeshivot. »

L’engagement des parents et desenseignants

Pour Makhlouf Mamèche, la mission de laFNEM se résume en trois points. « Premierpoint : être l’interlocuteur desétablissements privés musulmans auprèsdes pouvoirs publics pour transmettre lesdemandes de signature de contratd’association avec l’État. » Il est vraique, pour l’heure, seuls troisétablissements sont passés sous contratavec l’État. « Deuxième point :mutualiser les expériences entre nous,échanger sur plusieurs plans (laformation, les programmes, le financementdes établissements….). » Enfin, «orienter, accompagner les porteurs deprojet pour ne pas tomber dans les mêmeserreurs qu’on avait pu commettre

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autrefois… ».

En juin dernier, la FNEM a ainsi organiséun premier séminaire de formation d’unejournée auprès de 28 associations,sachant qu’une « quarantaine de projets »sont en cours. Une demande croissante dela part de familles musulmanes quis’explique par « la réussite scolaire desétablissements existants aujourd’huicomme Averroès et al-Kindi », avance M.Mamèche.

« La réussite d’Averroès est une alchimietrès particulière : c’est la rencontreentre l’engagement des parents d’élèveset l’engagement des enseignants, quidepuis le début sont les fondateurs del’établissement », explique MichelSoussan, ancien inspecteur de l’Éducationnationale dans l’académie du Nord etaujourd’hui plume et éminence grise de laFNEM. « C’est aussi le fait du climatparticulier que porte l’ambiancemusulmane, estime-t-il. Les enfants sonttrès respectueux, ils se comportent àl’école comme ils se comportent vis-à-vis

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de leur religion. »

Reste que leur nombre se situe bien en-deça de la demande. Compte tenu del’histoire du pays, rappelons que plus de8 300 établissements catholiquesaccueillent plus de 2 millions d’élèves,280 établissements juifs scolarisent 30000 élèves, alors que l’on compte unevingtaine d’établissements musulmans pour2 000 élèves. Une pénurie… qui fait queles effectifs d’écoles privéescatholiques peuvent parfois atteindrejusqu’à 90 % d’élèves musulmans selon lessecteurs géographiques, estime leSecrétariat général de l’enseignementcatholique.

Outre l’aspect quantitatif, le défi estaussi d’ordre pédagogique : quelquesécoles musulmanes recherchent de plus enplus des enseignants formés auxpédagogies alternatives de typeMontessori, qui entend favoriser laconfiance en soi et l’initiative desenfants.

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Aussi, bien que les établissements privésmusulmans soient encore peu nombreux, lanouvelle FNEM compte bien jouer un rôlede premier plan tant auprès des pouvoirspublics que des porteurs de projetsd’école. Makhlouf Mamèche en estconvaincu : « Avant, les musulmansconstruisaient des mosquées. Aujourd’hui,l’éducation est le défi numéro un denotre communauté mais aussi de toute lasociété française. Qui dit éducation ditécole, qui constitue le moyen d’éducationpar excellence. »

Après les électionseuropéennes…

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Après les élections Européennes, quelles perspectives ?

Nous sommes choqués, « tétanisés » par les résultats duFront National aux élections Européennes. Le Front Nationalobtient 4,7 millions de voix soit autant qu’au soir du 21avril 2002 avec une abstention considérable : 57,6 % ce quidémontre un désintérêt général.

Avec Marine le Pen, le FN semble plus présentable mais lesthèses sont les mêmes. Il ne faut pas que ce parti rassembletous les mécontents, toutes les rancoeurs, toutes lesdétresses.

Alors, comment revivifier la vie politique pour redonnerespoir aux personnes qui vivent dans les périphéries desvilles ?

Toute la vie en société est à repenser : les cœurs desvilles et les périphéries, les services de proximité auxpersonnes, les bureaux de poste, les maternités, leshôpitaux, le généraliste qui prend sa retraite et qui n’estpas remplacé, l’épicerie qui ne peut vivre face à laconcurrence des hypermarchés…

Le tissu social se désintègre en détruisant les uns aprèsles autres les lieux de socialisation. Il ne faut pas que laFrance devienne une friche avec un chômage qui augmente moisaprès mois.

Le manque de perspectives est présent partout. Legouvernement attend la croissance, mais la croissance dequi ? de quoi ? et le soir au 20H. on parle de dangerositédans les banlieues, du « problème » de l’immigration… Tousles ingrédients sont présents pour la montée des extrêmes.

Comment revivifier le tissu social ? Comment redonner del’espoir aux populations ? Comment redonner des perspectivesd’avenir ?

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Sommes-nous capables de réactiver le REVE avec le Rcomme résistance créatrice, le E comme l’expérimentationanticipatrice, le V comme une vision transformatrice commenous le dit Patrick Viveret.

Nous sommes dans ce moment critique où animés par nosvaleurs d’Evangile nous devons participer à la libération del’imaginaire, à rechercher l’espérance pour sortir de lasidération.

Le livre de Bénédicte Manier : « Un million de révolutionstranquilles » nous montre des citoyens ordinaires qui viventen Asie, en Amérique Latine à New-York ou à Tokyo… Ilsviennent de milieux sociaux variés. Ensemble, ces hommes etces femmes ont engagé localement de petites révolutions.

« Un autre monde existe, il est dans celui-ci » nous ditPaul Eluard.

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L’Europe : communiqués d’ECCO et de la JEC

Equipe de chrétiens en classe ouvrière (ECCO Caen)

(membre de la fédération des Réseaux du Parvis)

Contre une Europe libérale

Pour une Europe sociale

Même si l’Europe actuelle ne correspond pas à l’attente despeuples qui ont pu s’exprimer (référendum de mai 2005 sur laconstitution européenne), il est impensable d’envisager dese replier dans nos frontières. Dans quelques semaines nousallons voter pour élire des députés au Parlement européen

pour 5 ans. C’est le résultat des élections européennes quidéterminera les choix des chefs d’état et de gouvernement

pour proposer au parlement européen un candidat à la

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présidence de la commission européenne. Le candidat devraensuite être approuvé par le Parlement européen à la

majorité des membres qui le composent (soit 376 députés sur751). En conséquence plus le taux de participation sera

important, plus le rôle du Parlement sera important dans lapolitique européenne, en particulier, pour définir les

directives.

Rappelons quelles sont ces institutions, définies par destraités :

Le Conseil Européen, constitué de tous les chefs d’états etde gouvernement

La Commission Européenne dont les membres sont proposés parles gouvernements et approuvés par le Parlement. Elle est àla source des lois et en contrôle le respect par les Etats.

Autres importantes commissions, au pouvoir indépendant desEtats : la Banque Centrale Européenne (BCE), la Cour deJustice de l’Union Européenne…

Le Conseil de l’Union Européenne, constitué des ministrescompétents des différents Etats, amende et vote les loiseuropéennes.

Le Parlement Européen amende et vote les lois européennes,sauf dans les domaines où le conseil décide à l’unanimité.

A ces institutions s’est ajoutée la Troïka constituée dereprésentants de la Commission Européenne, de la Banquecentrale européenne (BCE) et du Fonds monétaireinternational (le FMI).

La politique de l’Union Européenne est décidée par desinstitutions qui n’ont pas de fonctionnement démocratique,sauf le Parlement avec un pouvoir bien trop limité. Ellerégit tous les aspects de la vie des citoyens européens,c’est dire son importance ! Le « lobbying » des entreprises

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multinationales auprès de la Commission européenne estsouvent déterminant pour orienter les décisions à leuravantage ! Le 12 mars 2014, par exemple, il a été décidé queles activités d’exploration et d’extraction deshydrocarbures de schiste seront exemptées d’études d’impactenvironnemental sous la pression du lobby pétrolier, avecles conséquences que l’on peut imaginer !

Ce que beaucoup d’européens critiquent, ce n’est pas leprojet d’une union européenne, mais son orientationlibéralequi fait oublier les principes généreux de sespromoteurs ! Alors que les politiques devraient favoriserl’harmonie entre les membres de l’Europe, elle les met aucontraire en concurrence.

La politique actuelle est guidée par la rigueur budgétaireet par la mise en place d’un libéralisme outrancier, enappliquant à la lettre le principe de la « concurrencelibre et non faussée » contenu dans le traité de Lisbonne.En conséquence, à terme l’objectif est la disparition desservices publics. La classe ouvrière européenne (salariés,précaires, chômeurs) subit des plans d’austérité. Ceux quisont mis en place par la troïka en Grèce, puis en Espagne etau Portugal, sont sévères et injustes. Les États membressont engagés dans une course vers le moins disant social.Les effets de ce dumping se manifestent de plusieurs façons: le déplacement des usines vers les pays aux salairesnettement moins élevés ou présentant une fiscalitéavantageuse, les détachements de main d’œuvre de ces paysvers la France en particulier.

Dans chacun des états, la crise crée une opportunité pourrenforcer une politique régressive des droits sociaux etexacerbe ce dumping, soutenu par le lobbying desentreprises. Les conséquences en sont un chômage trèsimportant dans de nombreux États et un niveau de vie quidiminue dangereusement pour beaucoup. En Europe, la pauvretéaugmente. Et ceci est d’autant plus grave qu’aucun des

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problèmes fondamentaux sous-jacents à la crise de l’Euron’a été résolu : les crises des banques, de la dettesouveraine et de la compétitivité. Les causes de cettesituation sont multiples, mais ce qui domine, c’est lemanque de volonté pour trouver, ensemble, des solutions pour l’Europe. Chaque Etat voit d’abord ses propresintérêts : la solidarité entre les États membres baissedangereusement !

Cette politique provoque les salariés à s’opposer entre euxquand l’entreprise où ils travaillent les licencient pourembaucher des salariés d’un pays européen plus pauvre avecdes salaires, des conditions de travail et des lois dutravail bien inférieures !

C’est dans cet horizon d’austérité que les mouvements anti-européens d’extrême-droite s’engouffrent pour distillerleurs idées racistes et xénophobes. C’est ce que fait leFront National chez nous. C’est un danger mortel pour ladémocratie.

Notre choix de vote est important pour imposer desharmonisations qui empêchent les concurrences sociale,fiscale, salariale actuelles.

En ce moment aussi se négocie dans le plus grand secret unaccord de libre échange transatlantique UE-Etats-Unis quidonnerait la prédominance du pouvoir aux multinationales surles Etats. Il ne doit pas voir le jour.

La lutte contre les paradis fiscaux, l’aide aux pays membrespour réaliser la transition énergétique qui devientindispensable et qui est le grand chantier actuel,l’ouverture et la coopération avec les pays de laméditerranée, etc…devraient devenir les objectifs del’Union.

Concernant la politique migratoire, l’UE ayant une frontièrecommune, nous estimons que les dépenses relatives à

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l’accueil et l’intégration des migrants et des demandeursd’asile devraient être réparties proportionnellement entreles États membres. Le respect des droits de l’homme exige untraitement humain des migrants à leur arrivée. QuantauxROMS, citoyens européens, ils doivent avoir les mêmesdroits que tous les autres quels que soient les Etats où ilssont.

Par manque d’information, nous avons beaucoup de difficultésà comprendre ce qui se passe dans les différents États etles prises de positions de leurs gouvernements au ConseilEuropéen. A cela s’ajoute le fait que les députés auParlement Européen ne font que peu de comptes rendus demandat. Les élus et les médias en sont responsables. Ce sontdes conditions qui atténuent le sentiment d’être européen.Et cela influe sur la motivation pour participer au vote. Laconstruction de l’Europe doit redevenir notre affaire ! Nousne pouvons pas tolérer que dans l’UE, l’un des continentsles plus riches au monde, l’inquiétude pour vivre ousurvivre soit le lot de tant de gens. Pour nous, le messageévangélique s’adresse à tous. Il est un appel pressant pourremettre debout les femmes et les hommes de tous âges quisont victimes de décisions prises au niveau des institutionseuropéennes.

Pour ces élections, notre choix sera de repousser les listesd’extrême-droite et toutes celles qui acceptent une Europelibérale ; il ira vers celles qui s’engagent pour unesociété nettement plus juste et une solidarité efficaceaussi bien entre les citoyens européens qu’entre les Etats.

Caen, le 12 mai 2014

Bernadette Biniakounou, Michel Carabeux, Marie ThérèseColin, Colette Fourdeux, Michel Gigand, Michel Leconte,Michel Lefort, Pierre Leduc, Jean Marie Peynard, José Reis,Claude Simon.

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Contact : Jean Marie Peynard : 02.31.20.26.70

Communiqué de la JEC

L’Europe, un défi au quotidien

A la suite de leur Assemblée Générale consacrée au thème del’Europe et à la veille des élections, la Jeunesse EtudianteChrétienne (JEC) propose par ce communiqué une brèveréflexion sur les enjeux et les défis actuels de laconstruction européenne. Les jeunes se doivent d’êtrepleinement acteurs dans l’édification de la maison Europesans pour autant toujours suivre les chemins empruntés parleurs aînés.

L’Europe est un défi au quotidien. Du 22 au 25 mai, 400millions de citoyens sont appelés à participer aux électionseuropéennes. En choisissant leurs représentants au Parlementeuropéen, nous contribuons à l’édification de la maisonEurope. Pourtant, selon un sondage Eurobaromètre, près de lamoitié des citoyens ignore de quoi il retourne. Commentl’expliquer ? Difficile tout d’abord d’obtenir régulièrementdes informations sur l’activité des institutions européennesalors même que certaines politiques concernent les jeunes auplus près comme l’emploi ou la liberté sur Internet. Lesfiltres nationaux et médiatiques tendent à brouiller lessignaux, quitte parfois à les travestir à leur avantage.L’Europe devient alors un bouc émissaire commode. Ladémarche de s’informer régulièrement et en profondeur reposesur chacun d’entre nous.

Nous, jeunes, voulons vivre l’Europe comme une chance, uneopportunité à saisir. La paix est un don précieux desgénérations précédentes qu’il convient d’entretenir par desactes concrets. Le succès du programme Erasmus – plus de 250000 jeunes en profitent chaque année – démontre cette soifd’apprendre et de découvrir la richesse et la diversité del’Europe qui animent les jeunes européens. Voyager,

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rencontrer, partager, autant de possibilités offertes parl’Europe qu’il faut apprendre à exploiter pour se construirecomme citoyen responsable aujourd’hui et demain. Il nes’agit pas seulement de se demander ce que l’Europe peutnous rapporter mais aussi quelle pierre nous pouvons yapporter pour contribuer à en faire un espace de solidaritéouvert sur le monde.

Comment cependant ne pas voir les doutes et les déceptionsqui entourent l’Europe ? La crise économique a frappédurement nos pays et plus particulièrement les jeunes. Lechômage, le travail précaire et les stages à répétition sontaujourd’hui au centre des craintes exprimées par lesétudiants. Les plans d‘austérité imposés aux pays du Sud del’Europe renforcent les inégalités sociales et alimententles tensions nationalistes. Cependant, nous sommesconvaincus que si l’Union européenne est une démocratie, ilimporte que les citoyens européens puissent en changer lesorientations et les politiques publiques.

La résistance, la Régulation,l’Utopie

La Résistance, laRégulation et l’Utopie…Les démocraties et les religions ont en commun depratiquer ces trois cultures du développement

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humain que sont la résistance, la régulation etl’utopie. Une juste articulation entre ces troiscultures est une condition de l’action authentiqueen démocratie ; mais ces trois ingrédientsfonctionnent également au sein des spiritualités :toutes invitent à résister à une formeparticulière de mal, toutes formulent un ensemblede règles pour contenir ce mal, toutes invitent àun chemin de radicalité pour ceux qui veulent etpeuvent.

Nos sociétés sont orphelines de ces troiscultures, différentes mais complémentaires,pourtant bien nécessaires pour répondre aux défisde l’heure : résorber simultanément la dettefinancière, la dette sociale (celle du chômage) etla dette écologique (à l’égard des générationsfutures) dans une période de croissance économiquefaible. Il faut donc à la fois résister à latentation de résorber une des dettes aux dépensdes deux autres, organiser de nouvellesrégulations qui assurent à la fois la transitionécologique, le droit de chacun(e) à un travail etun revenu, et l’assainissement financier, etenfin, relancer le principe espérance autour d’unvivre ensemble vraiment réussi d’Abondance frugale» ou de « sobriété heureuse ».

Les religions et les spiritualités pourraientconstituer un front uni pour faciliter cestransitions vers une société où le lien est aussiimportant que le bien, l’économie sociale et

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solidaire au centre et non pas à la marge, letemps aussi enrichissant que l’argent, la qualitéindissociable de la quantité, l’élévation préféréeà l’excitation, la justice à la richesse et ledurable à l’immédiat. Le feront-elles ? Celadépendra à la fois de leur lucidité et de leurcapacité de coopération.

Un pacte civique pour ouvrir la voie

S’agit-il de changer « dans » le système ou « de »changer de système ? L’important est d’ouvrir unevoie, pour reprendre le titre de l’ouvrage d’EdgarMorin. C’est dans cette perspective que, en mai2011 un ensemble d’associations et depersonnalités ont lancé la démarche du Pactecivique, appelant à « penser, agir, vivreautrement en démocratie ». Elle entend rassemblerles énergies autour de quatre valeursincontournables : la créativité au service dusens, la sobriété, pour respecter la nature etredistribuer les richesses, la justice pour quechacun puisse donner le meilleur de lui-même, etla fraternité, pour retrouver le sens du sensible.

A cet effet, elle propose 32 engagements dechangement destinés à augmenter la qualitédémocratique qui se situent simultanément à troisniveaux qui se conditionnent mutuellement : lespersonnes, les modes de fonctionnement des grandesorganisations, les institutions et les politiquespubliques. Il s’agit d’un projet qui assume lacomplexité, plus moral que spirituel, qui essaie

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d’organiser la coopération entre acteurs de lasociété civile, acteurs économiques et sociaux,acteurs politiques et médiatiques. Réussira-t-il,en liaison avec d’autres initiatives proches, dansune société française empêtrée dans sescontradictions ? Cela dépendra de sa capacitéspirituelle de reliance et de résilience face à lacrise.

Jean-Baptiste de Foucauld

Président de Démocratie et Spiritualité.

(La Revue Janvier-février 2014)

La solitude et les nouvellestechnologies

La solitude à l’époque desnouvelles technologies del’information Jamais notre époque n’a autant manifesté sonappétit pour les nouvelles formes decommunication. Cette « révolution » numériquechange nos sociétés qui, dans le même temps, nesemblent pourtant pas parvenir à répondre à la

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solitude subie de certains de ses membres.

Réseaux et distance

Nos paradoxes contemporains sont nombreux. Nousformons tout à la fois une société où lescélibataires sont légions et où ils recherchentl’amour, seuls, sur des sites de rencontre,payants. Le désir de s’affirmer « soi-même » passepar la mise en ligne sur des réseaux sociaux dedonnées privées et de photos avec des personnesque l’on côtoie peu ou pas souvent et qui sont,malgré tout, répertoriées comme des « amis ». Lasociologue américaine Sherry Turkle, qui travaillesur la façon dont Internet fait évoluer noscomportements, souligne : « dans le silence de laconnexion, les gens sont rassurés en étant encontact avec un grand nombre de personnes –soigneusement tenues à distance. Nous n’en avonsjamais assez de l’autre, tant que nous pouvonsutiliser la technologie pour garder l’autre àdistance : pas trop près, pas trop loin, justecomme il faut ». La technique de l’informationsatisferait donc notre appétit de contrôle maisn’aboutirait qu’à des relations distantes et doncinconsistantes… nous rendant in fine plus seuls etmarquant l’avènement d’une société connectée etdépressive. Dépressive car connectée ?

Du repli à l’ouverture

Sans aller si loin, rappelons que 27 % desfrançais déclarent avoir noué « des liens avec de

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nouvelles personnes » grâce à Internet et lesnouvelles technologies de l’information, selon uneenquête toute récente (CREDOC, Les Français enquête de lien social). Cela grimpe à 51% pour despersonnes participant à des réseaux sociaux. Lescommunautés villageoises ou de quartier, lessociabilités familiales, religieuses ouprofessionnelles n’ont pas disparu avec l’arrivéed’Internet. Cela s’insère dans un temps plus long…Par contre, la technologie n’abolit pas desdistances mais peut créer de nouvelles amitiés,d’improbables réseaux d’intérêts, dessociabilités, nées sur l’échange et le dialoguespontané. Blogs et forums autour du centresd’intérêt ne signifient pas disparition del’association de quartier ou d’anciens élèves, ilsen offrent bien souvent un pendant numérique et enprolongent la pratique sous une autre forme. Laplace des nouvelles technologies dans la solitudesubie moderne rejoue peut-être le vieux débatentre « technophiles » et « technophobes ». Unoutil n’a pas en soi de sens moral et ce sontplutôt ses usages, les sociétés qui les portent,et les règles dont elle se dote, qui lui confèrentune consistance. S’éduquer à Internet donc ?

Un philosophe des nouvelles technologies, AntonioCaselli, fait également un curieux constat dansson dernier essai sur la sociabilité numériqueintitulé Les liaisons numériques, vers unenouvelle sociabilité. Ce sont ceux et celles quiutilisent des nouvelles technologies dans une

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logique de don, en s’ouvrant aux autres et encommuniquant des contenus qui leur sont propres,qui disent recevoir le plus en tirer le plus poureux-mêmes. La logique altruiste et ladisponibilité aux autres seraient les dispositionsmenant le moins au repli sur soi et son monde closd’évidences. Sur l’espace numérique comme dans lavie réelle d’une certaine manière.

Contre la solitude (numérique) ?

Dans ce vaste débat, les technophiles ontd’ailleurs des arguments à faire valoir. Nosrelations en face à face peuvent également être deconvenance, conformistes… et narcissiques. Desurcroît, si les nouvelles technologiesnourrissent nos solitudes, elles révèlent surtoutcelles qui sont déjà existantes. Les acteurs de lalutte contre la pauvreté parlent, pas seulementpour les pays du sud, de « fracture numérique ».L’expression désigne la façon dont ceux qui n’ontpas un accès matériel, n’ont pas été formés auxnouvelles technologies ou n’ont pas l’âge pour yavoir été initiés, se font mettre, une fois deplus, hors du jeu social et de ses possibilités.La solitude numérique renvoie ainsi à nos propreslignes de fractures sociales et nous rappelle quela justice et la dignité vont au-delà de lasatisfaction des besoins matériels. Critiquer laviolence des rapports sociaux numériques n’a peut-être de sens que si on critique avec la même forcecelle des rapports sociaux tout court. Et qu’on

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tâche d’y répondre.

Anthony Favier. (Revue Parvis N°61 mars-avril 2014« la Solitude »).

Voyage en Algérie 2014

VOYAGE 2014 EN ALGERIE

En septembre 2012, le Parvis est parti à la découverte del’Algérie pour le cinquantième anniversaire de sonindépendance.Grand succès, puisqu’il a fallu arrêter lesinscriptions à 40 ). Nous avons visité les sites antiquesclassés qau patrimoine mondial (Djamila, Timgad, Tipaza…),les paysages montagneux des Aurès, les villes d’Annaba,Constantine, Sétif, Alger, BATNA,Tibhirine, une oasis (BouSaada) et animé des rencontres avec le pays et seshabitants. Enthousiasme des participants au point qu’ilsont demandé unanimement un autre voyage.

Il se déroulera du 26 septembre au 7 octobre (12 jours) avec

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cette fois en perspective le sud, ses villes mythiques, ledésert et l’ouest du pays : BISKRA – EL OUED – TOUGGOURT –OUARGLA – GHARDAÏA et les cités de la Pentapole (dont laplus ancienne El Ateuf remonte au 11ème siècle) – LAGHOUAT –DJELFA et ses hauts plateaux – TIARET – MASCARA – SIDI BELABBES – TLEMCEN, la perle du Maghreb et ORAN. Pour ceux quile souhaiteraient, une prolongation éventuelle sur ALGERsera possible.

Comme en 2012, nous rencontrerons en soirée les communautéschrétiennes (évêques de Ghardaïa et d’Oran, curés etfidèles), musulmanes (communauté et soufis) et despersonnalités (écrivains et responsables politiques).

Redonnons la théologie aupeuple.

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Redonnons la théologie au peuple !

Sortons de la théologie académique, dogmatique, autorisée !Libérons-nous d’une vérité à croire, fixée et imposée d’en-haut !Pratiquons librement une théologie d’en-bas… nous ne seronspas mis à l’Index !

Nous sommes des adultes capables de prendre leur viespirituelle en main !

Aujourd’hui, la théologie est un outil de compréhensionaccessible à tout un chacun (internet, revues, formationscourtes ou cursus universitaire) et précieux pourapprofondir certains aspects de notre vie croyante.

« Faire de la théologie » pour nous , c’est essayerd’articuler le message biblique et les apports de laTradition avec la vie d’aujourd’hui, en étantprophétiquement ouvert « aux signes des temps ».

De nombreuses « branches » de la théologie nous intéressent:

• L’exégèse historico-critique permet de remettre lesEcritures dans leur contexte historique et de dégagerl’essence du message.

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• L’histoire des dogmes révèle les enjeux culturels,philosophiques, politiques qui furent en jeu tout au long dela tradition religieuse chrétienne. On peut retenir lesintuitions encore fructueuses des Pères de l’Eglise parexemple.

• L’écclésiologie ou étude de la vie de l’Eglise a progressédepuis Vatican II vers une écclésiologie de communion ; maiselle est bien mise à mal par une Curie romaine qui impose laRestauration ou une Contre-Réforme depuis une bonnetrentaine d’années !

Mais encore beaucoup d’autres suscitent et attendent notrecréativité :

• La théologie de la libération – née en Amérique Latinedans les années soixante – considère que le message del’Evangile libère les opprimés. Or, aujourd’hui dans lemonde occidental en crise de civilisation, les humains ontbien des libérations encore à effectuer, par rapport auxpressions de l’argent, de la technologie, de laconsommation, des coalitions de pouvoirs .. La puissancelibératrice de l’Evangile peut encore agir sur ces plans là!

• La théologie féministe interroge les préférences du genremasculin pour la désignation des aspects du divin, pour legouvernement des Eglises ou encore pour la penséethéologique … là aussi, il y a encore beaucoup à dire et àchanger !

• La théologie de l’expérience (ou théologie pratique, outhéologie de la corrélation ) nous concerne tous :reconnaître l’Esprit à l’œuvre dans nos expériences etpratiquer une lecture actualisée de la Bible qui puisseéclairer nos vies.

• La théologie de la Création ou encore nommée parcertain/es « recherches en éco-spiritualité » est un

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chantier ouvert à notre humanité du XXIè siècle.

A Parvis, la théologie est une invitation à vraiment vivrel’Evangile aujourd’hui, et à oser penser, confronter,écrire, agir au nom de notre Espérance de disciples de Jésusde Nazareth !

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Cinq années pour Benoît XVI, une crise de confiancehistoriqueLettre ouverte aux évêques catholiques du mondepar Hans Küng

Paru dans Le Monde du 17 avril 2010 – traduit de l’allemandpar Nicolas Weill

Joseph Ratzinger, désormais Benoît XVI, et moi-même étionsentre 1962 et 1965 les plus jeunes théologiens du concileVatican II. Aujourd’hui, nous sommes les deux plus âgés etles seuls à être encore pleinement en activité. Mon œuvre,je l’ai toujours mise au service de l’Eglise. C’estpourquoi, en ce cinquième anniversaire de l’intronisation dupape, je me tourne vers les évêques, par cette lettreouverte, préoccupé que je suis par le souci que nous donnenotre Eglise en proie à la plus profonde crise decrédibilité qu’elle ait connue depuis la Réforme. Je n’ai eneffet pas d’autres moyens de les atteindre.

J’ai beaucoup admiré le pape Benoît pour m’avoir, moi soncritique, invité à une conversation amicale de quatre heureslors de son entrée en fonctions. Cette rencontre qui a étésaluée dans l’opinion publique, c’est le moins que l’onpuisse dire, avait éveillé en moi l’espoir que JosephRatzinger, mon ex-collègue de l’Université de Tübingen,finirait par trouver le chemin d’une rénovation de l’Egliseet d’un rapprochement œcuménique, dans l’esprit de Vatican

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II.Cet espoir, comme celui de tant de catholiques engagés a,hélas, été déçu, ce que j’ai fait savoir au pape de diversesmanières dans la correspondance que nous avons échangéedepuis. Il a sans aucun doute rempli quotidiennement etconsciencieusement les devoirs de sa charge et nous aégalement gratifiés de trois précieuses encycliques sur lafoi, l’espérance et l’amour. Mais pour ce qui est des grandsdéfis de notre temps, son pontificat se présente de plus enplus comme celui des occasions manquées et non des occasionssaisies :• Manqué le rapprochement avec les Eglises protestantes : ilest vrai qu’il ne s’agit pas d’Eglises au sens propre, et ducoup, ni la reconnaissance de leurs hiérarchies ni unpartage eucharistique ne sont possibles.• Manqué l’accord durable avec les juifs : le pape aréintroduit une prière préconciliaire pour « que Dieuillumine le cœur des juifs et qu’ils connaissent Jésus-Christ, sauveur de tous les hommes » ; il a réintégré dansl’Eglise des prélats schismatiques notoirement antisémites ;il pousse à la béatification de Pie XII et traite lejudaïsme en simple racine du christianisme et non comme unecommunauté de croyance à part entière, qui suit sa proprevoie vers le salut. Les juifs du monde ont, récemmentencore, été scandalisés par les propos du prédicateur de laMaison pontificale, qui a comparé la critique envers le papeaux aspects les plus honteux de l’antisémitisme.• Manqué le dialogue ouvert avec les musulmans :symptomatique a été le discours de Ratisbonne, dans lequel,mal conseillé, le pape a caricaturé l’islam en religionviolente et inhumaine et a, par là, suscité une défiancenourrie de leur part.• Manquée la réconciliation avec les peuples autochtonescolonisés d’Amérique latine : le pape prétend avec le plusgrand sérieux que ceux-ci auraient ardemment désiré adhérerà la religion de leurs conquérants.• Manquée l’opportunité de venir en aide aux peuples

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africains dans leur lutte contre la surpopulation par lacontraception et par l’autorisation des préservatifs pourlutter contre le sida.• Manquée l’occasion de faire la paix avec la sciencemoderne : par la reconnaissance sans équivoque de la théoriede l’évolution et par une tolérance nuancée pour lesnouveaux domaines de recherche, par exemple sur lescellules-souches.• Manquée enfin la chance de faire enfin de l’esprit deVatican II la boussole de l’Eglise catholique et de faireavancer sa réforme.Ce dernier point est particulièrement grave. Ce pape-là necesse de relativiser la portée des documents du concile etles interprète, dans un sens rétrograde opposé àl’inspiration de ses initiateurs. Il agit même ouvertementcontre le concile œcuménique, lequel, selon le droit canon,constitue la plus haute autorité de l’Eglise catholique,ainsi :• Il a réintégré sans conditions dans l’Eglise des évêquesintégristes de la Fraternité Saint Pie X ordonnésillégalement, alors que ceux-ci rejettent le concile sur despoints essentiels.• Il encourage par tous les moyens le retour à la messetridentine et célèbre à l’occasion lui-même l’eucharistie enlatin, le dos tourné à l’assemblée.• Il ne met pas en œuvre les recommandations officielles del’Anglican Roman Catholic International Commission, quidessinent le cadre du rapprochement avec l’Eglised’Angleterre. En revanche, il cherche à débaucher le clergéanglican, quitte à renoncer à l’obligation du célibat pourattirer celui-ci dans le giron de l’Eglise catholique.• En nommant à la tête de son administration des adversairesdu concile (le secrétaire d’Etat, la Congrégation pour leculte divin) et des évêques réactionnaires dans le mondeentier, il a renforcé la tendance anticonciliaire àl’intérieur même de l’Eglise.

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Le pape Benoît XVI semble de plus en plus isolé de la grandemajorité du peuple chrétien, qui, de son côté, se préoccupede moins en moins de Rome et, dans le meilleur des cas,s’identifie aux communautés et aux évêques locaux.Je saisque beaucoup d’évêques souffrent de cette situation : lepape est soutenu dans sa politique anticonciliaire par laCurie romaine. Il cherche à étouffer toute critique venue del’épiscopat et de l’Eglise, il s’efforce de discréditer sescontradicteurs par tous les moyens. Via un nouvel étalage demanifestations médiatiques et baroques, on tente dedémontrer qu’il existe encore à Rome une Eglise puissantegouvernée par un » vicaire du Christ » absolu qui a enmains tous les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.La politique de restauration de Benoît XVI n’en est pasmoins un échec. Toutes les mises en scène, les voyages etles documents produits par lui et ses prédécesseurs se sontrévélés incapables d’orienter, dans le sens que voulaitRome, l’opinion de la plus grande partie des fidèles sur lesquestions controversées, en particulier sur celle de lamorale sexuelle. Et même les rencontres de la jeunesse avecun pape auquel seuls des groupes traditionalistes oucharismatiques rendent visite, n’ont pu ni freiner lesdéfections ni réveiller les vocations.Mais ce sont bien les évêques, qui sont le plus à plaindre :des dizaines de milliers de prêtres se sont défroqués,depuis le concile, à cause de la règle du célibat. Lagénération montante dans le clergé séculier (mais aussirégulier) souffre d’une baisse drastique de niveauquantitatif et qualitatif. Le clergé actuel est partagéentre résignation et frustration, et le phénomène atteintdésormais les couches les plus militantes. Beaucoup sesentent abandonnés à leur misère et souffrent de l’état del’Eglise. On sait ce qui attend nombre de diocèses : deséglises, séminaires, paroisses de plus en plus clairsemés.Dans plusieurs pays, à cause du manque de prêtres, lescommunautés sont, souvent contre leur gré, fusionnées engigantesques « unités d’assistance spirituelle » où les

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quelques prêtres restant sont surchargés, simple simulacrede réforme…

Et voilà qu’à tous ces facteurs de crise s’ajoute désormaisle scandale des abus sexuel dont des prêtres se sont renduscoupables sur des milliers d’enfants et d’adolescents, quece soit aux Etats-Unis, en Irlande, en Allemagne ou ailleurs– tout cela dans le silence d’une hiérarchie soumise à unecrise de confiance sans précédent. Il est impossible detaire le fait que le système de camouflage mondialisé descas de déviance sexuelle dus à des membres du clergé a étépiloté par le préfet de la Congrégation pour la doctrine dela foi, où ceux-ci étaient centralisés dans le plus grandsecret, autrement dit par le cardinal Ratzinger (qui l’adirigée de 1981 à 2005), et déjà sous Jean Paul II. Aussitard que le 18 mai 2001, Ratzinger adressa solennellementune lettre aux évêques du monde sur les « délits les plusgraves » (Epistula de delictis gravioribus). Les cas d’abussexuel devaient être couverts par le Secretum pontificum,protégé par un arsenal de peines ecclésiastiques prévus encas d’infraction. Il est donc tout à fait justifié quebeaucoup réclament de l’ex-préfet et pape actuel un meaculpa personnalisé. Hélas, l’occasion fournie par la semainesainte a été manquée. En lieu et place, nous avons eu droit,lors du dimanche de Pâques, à une protestation d’innocence« urbi et orbi » par le doyen des cardinaux.

Les effets de tous les scandales pour la réputation del’Eglise catholique sont dévastateurs. C’est vrai aussi pourdes dignitaires de haut rang. Sur d’innombrables pasteursdes âmes et éducateurs irréprochables qui se dépensent sanscompter, pèse désormais un soupçon collectif. C’est auxévêques qu’il revient de poser la question de ce qui doitadvenir de leurs diocèses et de notre Eglise et de ce à quoielle va ressembler dans dix ans, compte tenu de la situationde la crise des vocations et de la pyramide des âge duclergé actuel. Ici, je ne souhaite pas ébaucher devant vous

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un programme de réforme ; j’ai déjà pratiqué plusieurs foiscet exercice avant et après le concile. Je voudraisseulement avancer six propositions dont je suis convaincuqu’elles recevraient le soutien de millions de catholiquesqui n’ont actuellement pas voix au chapitre :1. En finir avec la loi du silence : en choisissant lesilence, les évêques se rendent complices de dérives biengraves et nombreuses. Or là où ceux-ci tiennent lesrèglements, dispositions et mesures en vigueur pour contre-productives, mieux vaut dire publiquement les choses. Pasd’adresses de dévouement à Rome, mais des exigences deréforme !2. Prendre les réformes en main : ils sont nombreux dansl’Eglise et dans l’épiscopat à se plaindre de Rome sans rienfaire eux-mêmes. Mais quand on en arrive à une situation oùle service divin est déserté, le pastorat dépourvu de moyen,quand on s’ouvre de moins en moins à la misère du monde, etque le rapprochement œcuménique est réduit à sa plus simpleexpression, il est trop facile de mettre tout sur le dos deRome. Evêque, prêtre ou laïc, que chacun dans sa sphèred’influence, grande ou petite, apporte sa pierre à larevitalisation de l’Eglise. Bien des accomplissements dansles paroisses et dans l’ensemble de l’Eglise sont mis enbranle à l’initiative d’individus ou de petits groupes. Entant que tels, les évêques doivent soutenir et encourager detelles initiatives et, particulièrement en ce moment,répondre aux plaintes justifiées des croyants.3. Aller de l’avant collégialement : le concile, après devifs débats et en dépit de l’opposition constante de laCurie, a décrété la collégialité du pape et des évêques,décision qui allait dans le sens de l’histoire apostolique,où Pierre ne faisait rien sans consulter le Collège desapôtres. Mais les papes et la Curie ont, dans la périodepost-conciliaire, fait fi cette décision essentielle duconcile. Depuis que Paul VI, deux ans à peine après VaticantII, et sans consultation de l’épiscopat, a publié uneencyclique en faveur de la règle controversée du célibat,

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l’administration et la politique pontificale se sont remisesà fonctionner sur le mode le moins collégial qui soit.Jusqu’à présent, en matière de liturgie, le pape agit enmonarque absolu, et les évêques dont il aime à s’entourersont comme des figurants, sans droit ni voix. Voilà pourquoiceux-ci ne doivent pas seulement réagir au niveauindividuel, mais entreprendre des actions en commun avec lesautres prélats, prêtres, et tout le peuple qui constituel’Eglise, hommes et femmes confondus.4. La soumission totale n’est due qu’à Dieu seul : lors deleur intronisation, les évêques font vœu d’obéissanceabsolue au pape. Mais une obéissance totale n’est jamais dueà une autorité humaine, mais à Dieu seul. Ces vœux nedoivent donc pas interdire de dire la vérité sur la criseque traverse l’Eglise, les diocèses, les territoires. Lesévêques ne feront que suivre l’exemple de l’apôtre Paul quirésista à Pierre « en face, parce qu’il s’était donné tort »(Galates 2, 11) ! Une pression sur la hiérarchie romaineexercée dans un esprit fraternel et chrétien peut s’avérerlégitime, dès lors que cette hiérarchie s’écarte de l’espritévangélique et de sa mission. La liturgie en languevernaculaire, la modification du droit des mariagesinterreligieux, l’affirmation de la tolérance, de ladémocratie, des droits de l’homme, de l’œcuménisme et tantd’autres choses ne seront acquises qu’au prix d’une pressionopiniâtre de la base.5. Résoudre les problèmes au niveau local : au Vatican, onse bouche souvent les oreilles devant les demandesjustifiées de l’épiscopat, de la prêtrise et du laïcat.C’est une raison de plus pour mettre en pratiqueintelligemment des solutions régionales ou locales auxproblèmes qui se posent. Un de ceux-là, particulièrementsensible, est celui du célibat, qui, justement dans lecontexte des scandales d’abus sexuels, vient toutnaturellement à l’ordre du jour un peu partout. Changer leschoses contre la volonté de Rome semble presque impossible.On n’en est pas condamné pour autant à la passivité : un

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prêtre qui après mûre réflexion pense se marier ne devraitpas ipso facto être déchu de son ministère, surtout si sonévêque et sa paroisse sont avec lui. Peut-être quelquesconférences épiscopales pourraient-elles prendre les devantsau niveau régional. Mais rien ne vaut une solution globale.C’est pourquoi :6. Il faut exiger un concile : de même qu’il a falluconvoquer un concile pour réformer la liturgie et promouvoirla tolérance, l’œcuménisme et le dialogue interreligieux, demême le caractère désormais urgent du problème de la réformeen requiert un autre.

Le concile de Constance, un siècle avant la Réforme, s’étaitprononcé pour une convocation quinquennale des conciles, ceque la Curie romaine s’est empressé de mettre sous leboisseau. Nul doute que celle-ci fera aujourd’hui encoretout son possible pour empêcher un nouveau concile quipourrait avoir pour effet de limiter son pouvoir. C’est doncla responsabilité des évêques d’en imposer la réunion, ou dumoins de celle d’une assemblée épiscopale représentative.Face à la crise que vit l’Eglise, j’adjure les évêques demettre dans la balance le poids de leur autorité épiscopaleréévaluée par le concile. Dans cette situation abyssale, lesyeux du monde sont tournés vers eux. Un nombre inimaginablede gens ont perdu confiance en l’Eglise catholique. Seul unabord ouvert et franc des problèmes et des réformes queceux-ci impliquent est en mesure de la restaurer. Jedemande, avec tout le respect qui est dû aux évêques, qu’ilsy contribuent, autant que possible en commun mais, sinécessaire, aussi seuls, « avec assurance » (Actes desapôtres 4, 29-31). Ainsi adresseront-il aux fidèles un signed’espérance et d’encouragement, et à notre Eglise, uneperspective de salut.

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« L’Eglise est menacée de devenir une sous-culture »Entretien avec Albert Rouet paru dans Le Monde du 4 avril2010

Archevêque de Poitiers, Mgr Albert Rouet est l’une desfigures les plus libres de l’épiscopat français. Son ouvrageJ’aimerais vous dire (Bayard, 2009) est un best-seller danssa catégorie. Vendu à plus de 30 000 exemplaires, lauréat duPrix 2010 des lecteurs de La Procure, ce livre d’entretiensporte un regard assez critique sur l’Eglise catholique. Al’occasion de Pâques, Mgr Rouet livre ses réflexions surl’actualité et son diagnostic sur son institution.

L’Eglise catholique est secouée depuis plusieurs mois par larévélation de scandales de pédophilie dans plusieurs payseuropéens. Cela vous a-t-il surpris ?Je voudrais d’abord préciser une chose : pour qu’il y aitpédophilie, il faut deux conditions, une perversion profondeet un pouvoir. Cela signifie que tout système clos,idéalisé, sacralisé est un danger. Dès lors qu’uneinstitution, y compris l’Eglise, s’érige en position dedroit privé, s’estime en position de force, les dérivesfinancières et sexuelles deviennent possibles. C’est ce querévèle cette crise, et cela nous oblige à revenir àl’Evangile ; la faiblesse du Christ est constitutive de lamanière d’être de l’Eglise.En France, l’Eglise n’a plus ce type de pouvoir ; celaexplique qu’on est face à des fautes individuelles, graveset regrettables, mais que l’on ne connaît pas unesystématisation de ces affaires.

Ces révélations surviennent après plusieurs crises, qui ontjalonné le pontificat de Benoît XVI. Qui malmène l’Eglise ?Depuis quelque temps, l’Eglise est battue d’orages, externeset internes. On a un pape qui est plus théoricienqu’historien. Il est resté le professeur qui pense que quandun problème est bien posé, il est à moitié résolu. Mais dansla vie, ce n’est pas comme cela ; on se heurte à la

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complexité, à la résistance du réel. On le voit bien dansnos diocèses, on fait ce qu’on peut ! L’Eglise peine à sesituer dans le monde tumultueux dans lequel elle se trouveaujourd’hui. C’est le cœur du problème.Au-delà, deux choses me frappent dans la situation actuellede l’Eglise. Aujourd’hui, on y constate un certain gel de laparole. Désormais, le moindre questionnement sur l’exégèseou la morale est jugé blasphématoire. Questionner ne va plusde soi, et c’est dommage. Parallèlement, règne dans l’Egliseun climat de suspicion malsain. L’institution fait face à uncentralisme romain, qui s’appuie sur tout un réseau dedénonciations. Certains courants passent leur temps àdénoncer les positions de tel ou tel évêque, à faire desdossiers contre l’un, à garder des fiches contre l’autre.Ces comportements s’intensifient avec Internet.En outre, je note une évolution de l’Eglise parallèle àcelle de notre société. Celle-ci veut plus de sécurité, plusde lois, celle-là plus d’identité, plus de décrets, plus derèglements. On se protège, on s’enferme, c’est le signe mêmed’un monde clos, c’est catastrophique !En général, l’Eglise est un bon miroir de la société. Maisaujourd’hui, dans l’Eglise, les pressions identitaires sontparticulièrement fortes. Tout un courant, qui ne réfléchitpas trop, a épousé une identité de revendication. Après lapublication de caricatures dans la presse sur la pédophiliedans l’Eglise, j’ai eu des réactions dignes des intégristesislamistes sur les caricatures de Mahomet ! A vouloirparaître offensif, on se disqualifie.

Le président de la conférence épiscopale, Mgr André Vingt-Trois l’a redit à Lourdes le 26 mars : l’Eglise de Franceest marquée par la crise des vocations, la baisse de latransmission, la dilution de la présence chrétienne dans lasociété. Comment vivez-vous cette situation ?J’essaie de prendre acte que nous sommes à la fin d’uneépoque. On est passés d’un christianisme d’habitude à unchristianisme de conviction. Le christianisme s’était

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maintenu sur le fait qu’il s’était réservé le monopole de lagestion du sacré et des célébrations. Face aux nouvellesreligions, à la sécularisation, les gens ne font plus appelà ce sacré.Pour autant, peut-on dire que le papillon est « plus » ou« moins » que la chrysalide ? C’est autre chose. Donc, je neraisonne pas en termes de dégénérescence ou d’abandon : noussommes en train de muter. Il nous faut mesurer l’ampleur decette mutation.Prenez mon diocèse : il y a soixante-dix ans, il comptait800 prêtres. Aujourd’hui il en a 200, mais il compte aussi45 diacres et 10 000 personnes impliquées dans les 320communautés locales que nous avons créées il y a quinze ans.C’est mieux. Il faut arrêter la pastorale de la SNCF. Ilfaut fermer des lignes et en ouvrir d’autres. Quand ons’adapte aux gens, à leur manière de vivre, à leurshoraires, la fréquentation augmente, y compris pour lecatéchisme ! L’Eglise a cette capacité d’adaptation.

De quelle manière ?Nous n’avons plus le personnel pour tenir un quadrillage de36 000 paroisses. Soit l’on considère que c’est une misèredont il faut sortir à tout prix et alors on va resacraliserle prêtre ; soit on invente autre chose. La pauvreté del’Eglise est une provocation à ouvrir de nouvelles portes.L’Eglise doit-elle s’appuyer sur ses clercs ou sur sesbaptisés ? Pour ma part, je pense qu’il faut faire confianceaux laïques et arrêter de fonctionner sur la base d’unquadrillage médiéval. C’est une modification fondamentale.C’est un défi.

Ce défi suppose-t-il d’ouvrir le sacerdoce aux hommes mariés?Non et oui ! Non, car imaginez que demain je puisse ordonnerdix hommes mariés, j’en connais, ce n’est pas ça qui manque.Je ne pourrais pas les payer. Ils devraient donc travailleret ne seraient disponibles que les week-ends pour les

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sacrements. On reviendrait alors à une image cultuelle duprêtre. Ce serait une fausse modernité.Par contre, si on change la manière d’exercer le ministère,si son positionnement dans la communauté est autre, alorsoui, on peut envisager l’ordination d’hommes mariés. Leprêtre ne doit plus être le patron de sa paroisse ; il doitsoutenir les baptisés pour qu’ils deviennent des adultesdans la foi, les former, les empêcher de se replier sur eux-mêmes.C’est à lui de leur rappeler que l’on est chrétien pour lesautres, pas pour soi ; alors il présidera l’eucharistiecomme un geste de fraternité. Si les laïques restent desmineurs, l’Eglise n’est pas crédible. Elle doit parlerd’adulte à adulte.

Vous jugez que la parole de l’Eglise n’est plus adaptée aumonde. Pourquoi ?Avec la sécularisation, une « bulle spirituelle » sedéveloppe dans laquelle les mots flottent ; à commencer parle mot « spirituel » qui recouvre à peu près n’importequelle marchandise. Il est donc important de donner auxchrétiens les moyens d’identifier et d’exprimer les élémentsde leur foi. Il ne s’agit pas de répéter une doctrineofficielle mais de leur permettre de dire librement leurpropre adhésion.C’est souvent notre manière de parler qui ne fonctionne pas.Il faut descendre de la montagne et descendre dans laplaine, humblement. Pour cela il faut un énorme travail deformation. Car la foi était devenue ce dont on ne parlaitpas entre chrétiens.

Quelle est votre plus grande inquiétude pour l’Eglise ?Le danger est réel. L’Eglise est menacée de devenir unesous-culture. Ma génération était attachée àl’inculturation, la plongée dans la société. Aujourd’hui, lerisque est que les chrétiens se durcissent entre eux, toutsimplement parce qu’ils ont l’impression d’être face à un

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monde d’incompréhension. Mais ce n’est pas en accusant lasociété de tous les maux qu’on éclaire les gens. Aucontraire, il faut une immense miséricorde pour ce monde oùdes millions de gens meurent de faim. C’est à nousd’apprivoiser le monde et c’est à nous de nous rendreaimables.Propos recueillis par Stéphanie Le Bars

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Révolution évangélique

1. Une subversion radicale

L’évangile de Jésus de Nazareth a constitué une des plusradicales initiatives de subversion politique et religieusede l’histoire. Mais n’était-ce pas folie de s’en prendre auxdominants et d’exalter les humbles dans le sillage desprophètes d’Israël, et n’est-ce pas triple folie d’adhérer àde telles vues aujourd’hui ?

Le service et l’humilité l’emportent sur la puissance et lagloire, a dit Jésus ; tous les hommes sont égaux en dignitédevant Dieu et entre eux ; les ouvriers de la onzième heureseront payés comme ceux de la première ; les publicains etles prostituées devanceront les bien-pensants et les bien-priants dans le Royaume des cieux ; les plus petits serontles plus grands dans ce Royaume dont la porte d’entrée estétroite pour les riches, où la pierre rejetée sera utiliséecomme pierre d’angle, etc. Le monde à l’envers ! Desprincipes extravagants : les Béatitudes, l’interdiction dejuger autrui et le précepte d’aimer les ennemis, lasubordination du shabbat et de la religion à la vie humaine,sans parler de l’absence de toute allusion aux pratiques

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religieuses dans l’énoncé des critères du Jugement dernier !

2. Alliance d’intérêts et divorce

Le bon sens a vite repris le dessus et le christianisme,constitué en système politico-religieux, n’a pas étésubversif longtemps. Pour se développer, il s’est soumis àla logique commune : il s’est allié aux puissants, ainculqué aux petits la peur de Dieu et du diable, et n’a pascraint de monnayer l’accès au salut éternel dont il s’estattribué le monopole. Le monde et l’Église ont de concertédulcoré l’évangile, l’ont transformé en religion au servicede l’ordre établi, aux antipodes de ses valeurs fondatrices.Des constructions idéologiques et des pratiques rituellesont été interposées d’autorité, sous forme de théologie etde liturgie, entre le croyant et la communion immédiatequ’offrent l’amour et le culte « en esprit et en vérité ».

Inspirée par des stratégies de pouvoir convergentes, cetteoption été socialement profitable à l’Église pendant près dedeux millénaires. Mais elle semble désormais sans avenir enraison de la sécularisation qui marginalise les institutionsreligieuses. Plus que jamais coupées des masses pauvres etengluées dans une culture révolue, les Églises se trouventdoublement en porte-à-faux : par rapport à leur missionoriginelle d’une part, et par rapport à l’environnementcontemporain d’autre part. En se cantonnant de plus en plusdans les cérémonies et la représentation, elles secondamnent à végéter, guettées par divers sectarismes.

3. Le monde dos au mur

Pour s’interroger sur le devenir des Églises délaissées parles instances dominantes, il ne suffit pas de se préoccuperde la situation des institutions ecclésiales. Il fautprioritairement examiner l’évolution du monde auquel estdestiné le message évangélique.

Portée par la globalisation, une suprématie inédite de

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l’argent entraîne la marchandisation de l’homme et du monde.Une mutation qui risque d’être mortelle pour l’humanité. Lamaximisation des profits commandée par l’ultralibéralismeéconomique détruit les relations entre les hommes et dévastela nature. En marge de la croissance exponentielle de larichesse des nantis, la détresse des laissés-pour-compte necesse de s’aggraver. Leur dignité est foulée aux pieds ainsique les espoirs qu’ils nourrissent pour leurs enfants, etbeaucoup d’entre eux sont livrés à la faim, aux épidémies etaux guerres, acculés à la révolte.

Mais la fatalité n’est qu’un mythe, et David peut vaincreGoliath. Qui se lèvera pour lutter, sur le terrain et pas enmots seulement, contre l’iniquité et la violence inhérentesà cette évolution qui ruine les valeurs constitutives del’humanité ? Comment, face à l’irresponsable fuite en avantdu progrès technique, rendre à l’homme la maîtrise de sondestin ? De quel secours seront, dans cette situationdramatique, l’évangile et la religion qui s’en réclame ?

4. Le parti pris de Dieu

Que Jésus et le christianisme naissant ne se soient pasintéressés au devenir des structures sociales s’explique parle fait qu’ils étaient persuadés de l’imminence de la findes temps. Mais l’apocalypse attendue ne s’étant pasproduite, les chrétiens ont peu à peu réalisé qu’ils avaientvocation à incarner les valeurs évangéliques dans la sociétéen épousant la cause des pauvres et des exclus, en soignantleurs blessures et en cheminant avec eux.

Cette vocation n’appelle pas à transformer, aujourd’hui, lesinstitutions ecclésiales en succursales de l’humanitaire oudu politique. Ce qui est attendu des Églises, c’est qu’ellesempruntent autant que possible le regard de Dieu surl’homme, par delà les stratégies ecclésiastiqueshabituelles, et qu’elles agissent en conséquence. Ce qui estattendu, c’est un engagement prophétique témoignant

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concrètement, au nom de la foi, que l’amour est plus fortque la violence et la mort.

Le modèle de référence est sans ambiguïté. Le Dieu crucifiéen Jésus s’est à jamais identifié aux victimes del’iniquité, rejetant le narcissisme, la toute-puissance etla vaine gloire dont les hommes affublent leurs dieux. «Scandale pour les Juifs et folie pour les païens ». Il s’estabaissé pour relever les affligés et les persécutés, pourleur rendre justice et les recueillir dans son amour. Là estla seule gloire qui lui est chère, sans rapport avec lescultes qui lui sont rendus. Dès lors, ne faut-il pas aiderles hommes et ce Dieu à se libérer de la rapacité quiméprise et écrase, avant de vouloir répandre la religion enoffrant urbi et orbi des directives doctrinales et desprestations rituelles ?

5. Rendre l’évangile au monde

L’évangile transmis par l’Église a survécu pendant deuxmillénaires et survivra encore grâce aux croyants qui leportent dans leur cœur et le mettent en pratique, mais lechristianisme ne pourra pas se perpétuer dans ses formeshéritées. Saura-t-il renoncer au ritualisme, au dogmatismeet à ses institutions obsolètes pour renaître en partageantà ras de terre la souffrance des hommes et leur intimeaspiration à vivre humainement ?

Une véritable révolution s’avère nécessaire pour passer desdiscours sur l’amour à une parole d’amour engagée,agissante, capable de transfigurer les êtres et les choses.Amorcée par le multiple mouvement qui émerge çà et là ausein des communautés chrétiennes et sur les parvis, dansd’autres confessions et parmi les déçus de la religion,cette révolution ne pourra pas se réduire à unaggiornamento, encore moins à une simple révision du codedes bonnes conduites. Elle devra, aux risques que celaimplique, se fier à l’Esprit qui recrée le monde en

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soufflant où il veut.

Débordant les Églises, cette révolution aura à dégagerl’évangile de son lourd et étouffant emballage religieuxpour le redistribuer aux quatre vents. Il lui faudramobiliser tous les hommes de bonne volonté, sans acceptionde confession et sans idée de récupération, pour imaginer etmettre en chantier un altermondialisme nouveau. Si la foichrétienne faisait aujourd’hui de la justice sa pierre detouche, peut-être serait-elle de nouveau capable debouleverser la planète comme la proclamation paulinienne del’égalité entre les hommes a transformé le monde antique.

6. Transcender le politique

Que sera cette « révolution évangélique » qui se cherche ?Elle revêtira une dimension politique et recoupera en partieles autres formes de l’action révolutionnaire qui visent àinstaurer une société plus juste et plus fraternelle :adhésion à un idéal humain et social, volonté de rompre lesentraves qui assujettissent, solidarité, courage etabnégation. Mais les moyens ordinaires du monde ne suffisentpas pour changer le monde.

L’idéal évangélique de justice et d’amour transcende l’ordrepolitique et comporte des exigences d’une autre nature. Laconversion personnelle aux valeurs de l’évangile constitueraen principe un préalable au recours à la force dans le cadredes luttes collectives, l’adversaire ne sera jamais unennemi à abattre, la bienveillance tempérera l’indispensablefermeté, la pauvreté sera considérée comme une vertumajeure, et le choix des moyens d’action se fera àl’avenant.

Au reste, l’évangile ne promet pas de « grand soir » commed’autres révolutions, pas de Royaume céleste transposé surterre, mais il promet la présence de Dieu parmi les humbleset, pour finir, la victoire sur le cynisme et l’inhumanité

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qui gouvernent le monde. Plutôt que d’une révolution socio-économique visant d’abord l’accès aux richesses et aupouvoir, il s’agit d’une révolution spirituelle pour fairereconnaître la prééminence de l’homme créé à l’image de Dieuet habité par lui. Une révolution toujours à reprendre,certes, mais qui subvertit sans cesse l’ordre dominant pourpermettre à l’homme de devenir plus humain.

Conclusion :« Tout est à repenser » (Paul VI et Edgar Morin)

Ne s’avère-t-il pas urgent, au regard de ces constats et deces questions, de repenser la théologie de la libération etsa mise en œuvre, d’en définir les priorités actuelles, d’enexplorer les chemins aux plans personnel, social etreligieux ?

Jean-MarieKohler

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Un ami, de retour du Chiapas ( Mexique ) nous a donnéles textes des conférences prononcées lors du Congrès dethéologie pastorale qui s’est tenu du 20 au 23 janvierdernier à San Cristobal de las Casas. Impossible de traduireces 60 pages pourtant très riches, mais nous vous proposons,une traduction très exacte ou plus libre des textesenvoyés par Gustavo Gutiérrez, grande figure fondatrice dela Théologie de la Libération.

DEPUIS LE MONDE DE L’INSIGNIFIANCE SOCIALE : P GUSTAVOGUTIÉRREZ

Chers Amis,“Je veux en premier lieu remercier pour leur fraternelleinvitation, Mgr Anzmendi et les organisateurs de cette

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rencontre, je les remercie profondément. L’occasion m’étaitdonnée de revenir au Chiapas, ce que je souhaitais vivement,et d’être avec vous tous pour entourer notre cher etapprécié Samuel, nous devons tant à son témoignage.Malheureusement, des problèmes de santé qui se sontaméliorés plus lentement que prévu, m’en empêchent. Il n’estpas facile d’accepter nos limites, mais ce que je regrettele plus, c’est d’avoir raté lune occasion d’apprendre de vosexpériences et de vos reflexions.TJe garde très présent le souvenir de la réunion que Samuelet le CENAMI ont convoquée à San Cristóbal, en septembre1979 sur ‘ ‘Mouvements indigènes et théologie de lalibération’ J’ai devant moi le texte de la réflexion qu’ilm’a été donné de présenter sur ce thème, avec laparticipation d’amis de plusieurs pays d’Amérique latine,parmi eux : les frères évêques engagés dans la pastoraleindigène : Leonidas Proaño, Tomás Balduino, Arturo Lona,Sergio Méndez, Jesús Calderón, Juan Gerardi et tantd’autres.

Je ne peux pas ne pas évoquer en ce moment les noms dedeux grands amis qui viennent de nous quitter : RonaldoMuñoz, du Chili et Antonio Aparecido da Silva (Toniho), duBresil, pionnier de la théologie noire sur notre continent.Ils surent tous les deux, allier un intense engagementpastoral et social au milieu des pauvres de leur pays, à’uneriche réflexion théologiqueP. Gustavo Gutiérrez

Depuis le monde de l’insignifiance sociale

Si quelque chose a caractérisé la réfléxion théologique quenous avons tentée depuis divers lieux d’Amérique Latine etdes Caraïbes, ce fut bien d’avoir été attentifs auxsituations historiques de nos peuples et à la situation despauvres du continent pour les considérer à la lumière de lafoi.

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La condition du pauvre, comme tout défi lancé àl’expérience et à la pratique de la vie chrétienne,interroge et pose question en même temps qu’elle fournit deséléments qui par l’intelligence de la foi, permettent des’engager sur de nouvelles routes.La théologie doit reconnaitre les signes des temps présentsdans les événements historiques, recevoir leursinterpellations, aussi radicales soient elles,discerner, à la lumière du message de Jésus, le terraind’interprétation qui se présente, afin d’élaborer une parolesur Dieu qui puisse être dite aux personnes d’une époque etd’ un lieu déterminés.

Dans notre cas, il s’agit de savoir comment parler du Dieude la vie dans une réalité marquée par la mort prématurée etinjuste, c’est en effet cela la pauvreté. Nous sommes dansune situation contraire à la volonté de vie du Dieu duRoyaume. Et nous avons appris, dès les premiers pas denotre réflexion théologique, à ne pas voir cette situationuniquement à partir de son versant économique et social.C’est une situation inhumaine dans laquelle interviennentdes facteurs culturels, raciaux, religieux et de genre.Elle témoigne d’un intolérable manque de respect pour ladignité humaine de ceux qui souffrent. Une réalité qu’uneconscience chrétienne ne peut accepter. C’est ainsi quel’ont compris,en leur temps, des personnes comme Bartoloméde las Casas et l’indien péruvien Guamán Poma dans leurdéfense des populations autochtones du continent. Cependant,encore de nos jours, beaucoup ont des difficultés àcomprendre cette complexité de la pauvreté humaine.

Penser la foi à partir des pauvres

Aujourd’hui nous sommes habitués à parler de théologies quiviennent de divers lieux de l’humanité, mais si nous prenonsun peu de distance, nous devons reconnaitre que c’est unphénomène nouveau. Pendant des siècles, le discours sur lafoi s’est fait, excepté pour la théologie orientale

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traditionnelle, en Europe occidentale et en sonprolongement nord américain. Aujourd’hui, nous noustrouvons face à des réflexions sur la foi qui viennent dedifférents continents, de minorités ethniques et culturellesdans de nombreux pays, de la condition féminine tellequ’elle se présente dans ces diverses réalités. Pour lapremière fois depuis longtemps, une réflexion surgit horsdes centres classiques de l’élaboration théologique.

Dans certains cercles académiques, ce fait a provoqué etprovoque encore une certaine surprise, voire même uneindulgente condescendence. Mais en réalité, il n’est riend’autre que l’expression d’une importante mutation qui a eulieu à notre époque et dont il est important de prendreconscience : la foi chrétienne a muri et fait des racineschez les peuples non occidentaux pauvres et opprimés depuisdes siècles. Au milieu de nombreuses injustices présentes etde grandes difficultés dont beaucoup sont les restes d’undur passé historique, des peuples affirment de plus en plusleur identité culturelle et politique. D’elle surgissent deschemins de fidélité au message chrétien ainsi qu’uneintelligence de la foi riche de conséquences.

Pendant longtemps et jusqu’à il y a peu, dansplusieurs endroits, pays et secteurs marginalisés, se sontcrées des sortes de lieux protégés, de nature culturelle etsociale, des lieux de pastorale et de théologie. Cela afinde reproduire, sous d’autres latitudes, le climat culturelet religieux européen, de manière aussi à développer leshabitudes et les attitudes chrétiennes, dans une ambiancequi était familière à la mentalité dominante du mondechrétien. Mais comme c’était prévisible, cela n’a conduitqu’à des situations artificielles qui ne pouvaientnaturellement pas durer et qui de plus, manquaient defécondité.

La nouvelle présence de ces peuples et de cescommunautés, la force de leurs voix, portent la marque de la

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souffrance et des espoirs des peuples.les richesses des cultures avec lesquelles ils sont encontact,la vie et le dialogue avec d’autres religions, …les chemins sur lesquels ils s’engagent pour annoncer leroyaume de Dieu,leurs efforts pour établir une relation fondée sur laréciprocité entre l’évangile et les cultures.Tout cela confugure le contexte vital, même s’il ne s’agitque de quelque chose en train de naître.c’est un desévénements les plus significatifs et les plus prometteurspour la foi chrétienne et la réflexion théologique de laseconde moitié du siècle dernier. Un terrain où l’expériencedu Chiapas a beaucoup à nous enseigner.

L’option préférentielle pour le pauvre, précisément parcequ’elle nait de la foi en Christ ( Aparecida n 392) centredu message chrétien, a une triple dimension.La plus évidente est celle qui suggère un engagementpastoral et social avec les secteurs sociaux exclus. Maiselle ne se limite pas à cela, elle offre aussi uneperspective pour lire la parole de Dieu et avoir “un regardde foi” sur la condition des pauvres et des opprimés ainsique sur les événements historiques et sociaux qui l’accompagnent.Dit autrement, une perspective pour élaborer un discours surla foi vécue au milieu de ces faits, un discours sur la foiqui non seulement parle sur les pauvres mais où les pauvreseux mêmes participent à cette réflexion.en tant que sujetsLa troisième dimension est la substancedes deux précédentes: l’option pour le pauvre est une composante essentielledel’adhésion à Jésus et de la spiritualité.

Souligner la portée théologique des questions posées par lapauvreté humaine et par l’injustice sociale ne revientabsolument pas à mettre de côté leur inévitable etconstitutive dimension socio économique. C’est évident.

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Mais il nous semble intéressant de souligner ici quel’attention que l’on doit porter à la pauvreté, ne vient pasuniquement d’une inquiétude vis à vis des problèmes sociauxet politiques. C’est justement, parce que la pauvreté estsujet du vivre ensemble qu’elle pose un questionnementradical et global et qu’ elle propose un champ herméneutiqueconduisant à faire une relecture du message biblique et àtrouver le chemin en tant que disciples de Jésus.

Pour cette raison, une des tâches les plus importantes etles plus fécondes que nous avons devant nous, estl’approfondissement des fondements bibliques de cetteperspective théologique, et spécialement ceux qui concernentl’option pour le pauvre. Nous disposons actuellement denombreuses études qui partent du monde du pauvre et quiconcernent différents livres de la Bible. Elles élargissentl’ horizon, et évitent le risque de tourner toujours autourdes mêmes textes, aussi substantiels et significatifs soientils.

Divers travaux ont permis, à partir du point de vue despauvres. d’entrer dans des thèmes bibliques peu fréquentéspar le passé, Beaucoup d’entre eux viennent de biblistes despays pauvres, il faut cependant remarquer que dans le mondeacadémique nord atlantique, il y a un intérêt croissant pourla question. Mais il devient de plus en plus urgent deprendre le sujet dans son ensemble et de prendre en compte,de façon plus compréhensive, l’état actuel des étudesbibliques sur la pauvreté.”

La réflexion théologique libératrice a fait de Dieu et dupauvre un de ses grands thème de méditation; il en est demême dans divers pays d’Afrique, d’Asie et du Pacifique Sud.Des rencontres très enrichissantes ont eu lieu entrepersonnes attachées à ce type de théologie Cela nous permetde ne pas nous enfermer dans nos perspectives locales, c’està dire dans la vision du pauvre que nous avons près de nous,aussi humaine et chrétienne soit-elle.

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L’expérience prouve que nous avançons dans ce dialogue,dans la mesure où nous savons nous faire entendre et où noussommes capables d’écouter. L’attention à des réalitésdifférentes nous permet de mieux comprendre notre situationet de faire un bond en avant dans la recherche d’une parolesur le Dieu de notre foi.

La théologie doit être samaritaine et disposée à sortir deschemins traditionnels pour se rapprocher de l’humanitésouffrante.C’est ce que nous avons appelé une ruptureépistémologique qui implique une nouvelle spiritualité, uneréflexion attentive à l’autre, une vision globale du mondeet de la société. Cela suppose un retour aux sources et uneprise de conscience de la nécessité de se rapprocherd’elles..Ce point de vue qui fait appel aux sciences humaines, futtrès bien reçu dans les pays pauvres et chez les minoritésexclues des pays riches. Mais il rencontra résistance ethostilité de la part des puissants…

L’ancien et le nouveau.

Matth 13, 52Le défi qui vient du visage des pauvres nous conduit à tirerdu trésor de la foi l’ancien et le nouveau.Nous sommes conduits à penser la foi à partir de lasituation de marginalité,non seulement des peuples indigènes de notre continentmais aussi de la populationd’origine africaine, violemmentincorporée à notre histoire;des femmes, tout spécialement les femmes appartenant auxstrates les plus marginales de nos sociétés.Nous sommes témoins que la voix de ces peuples se fait plussûre et plus percutante, nous sommes témoins de la richesseculturelle et humaine qu’ils sont susceptibles d’apporter,témoins également des facettes du message chrétien et desinfidélités à celui ci.

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A tout cela, notre cher don Samuel a toujours étéparticulèrement attentif.

Vient aussi le dialogue avec les conceptions religieuses despeuples autchtones, minoritaires et dignes de respect,celles qui ont pu survivre à la destruction des sièclespassés. Il ne s’agit pas bien sûr, contrairement à ce quecertains pensent, de la défense pure et simple de culturesanciennes, figées, ni de la défense de projets archaïques.La culture est création permanente, nous le voyons dans nosvilles. Elles sont, au niveau le plus populaire, un creusetde races et de culturesMais elles sont aussi des lieux de cruauté, de distanciationcroissante entre les différents secteurs de la société etsouvent de racisme que beaucoup se refusent àreconnaitre.Tout cela est vécu au niveau d’un continent quiconnait une urbanisation galopante.C’est là un point de départ historique pour une réflexiond’ordre théologique dont l’élaboration est particulièrementexigeante.

Il est normal qu’il y ait des différences deperspectives entre les diverses tendances théologiques.C’est le propre des réflexions qui cherchent à être au plusprès de la pratique, toujours plurielle et dynamique. Celane doit pas nous faire peur mais doit nous permettre de voirla richesse des points de vue différents.

Tout pauvre appartient à un genre, à une ethnie, à uneculture et à une classe sociale. Nous nous approchons de saréalité si nous combinons tous ces éléments, même si lerésultat final ne correspond pas exactement à ce que nousattendions.Le terrain commun de ces analyses est la libérationintégrale despersonnes socialement insignifiantes ; la Bonne Nouvelle deJésus s’adresse préférentiellement à elles. L’interpellationde l’insignifiance sociale nous conduit à considérer la

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place du pauvre et de l’exclu dans l’annonce du Royaume,coeur de la Bonne Nouvelle.C’est à cela que correspond l’option préférentielle pour lepauvre, tant en termes pratiques que théologiques.

Un Dieu qui prend partie

Le Dieu de la tradition chrétienne est le Dieu qui faitjustice parce qu’il est juste “ justice et droit soutiennentson trône” chante le psaume 89.Le premier testament l’appelle le Go’el, celui qui libère,qui rachète, le protecteur.Perspective qui se précise dans le second testament avec leVerbe de Dieu fait l’un d’entre nous.Comme nous le disent entre autres textes, la parabole dusamaritain et la scène du jugement dernier en Matthieu,c’est en pratiquant la justice avec les derniers del’histoire que nous trouvons Jésus.La priorité du pauvre exprime une justice animée par lagratuité de l’amour de Dieu. Nous prenons le teme gratuitédans son sens biblique, elle n’a rien à voir avec l’attitudearbitraire et capricieuse, qui méconnait les droits de lapersonne mais elle se souvient de ce que dit Jean : “Dieunous aime le premier.”

La notion de préférence dans l’expression : “option pour lepauvre”nécessite quelques mises au point.La notion de préférence n’adoucit pas et n’élude pas laferme demande de solidarité avec le pauvre et de justicesociale. Elle rappelle et promeut les droits des victimes del’histoire. On ne la comprend qu’en relation avecl’universalité de l’amour de Dieu.Les sources chrétiennes de cette option remonte à l’horizonde l’amour gratuit de Dieu, à la fois universel etpréférentiel. Là se trouve la radicalité, celle dont futtémoin Monseigneur Romero.Nous ne sommes pas devant une option que l’on peutindifféremment prendre ou laisser. C’est une option non

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optionnelle.

Il ne s’agit pas non plus de restreindre l’engagementchrétien pour les pauvres en oubliant l’affirmation del’amour de Dieu pour toute personne.Le mot préférence se réfère à quelque chose qui est premiermais pas unique. La priorité ne diminue pas la radicalité etla recherche de la justice dans l’option pour les pauvres,elle n’écarte pas pour autant ceux qui ne le sont pas.

Il est important de maintenir les deux versants de l’amourde Dieu. Ceux qui, souvent en risquant leur vie, les ont misen pratique simultanément, nous ont donné des témoignagesprofondément évangéliques de la relation : universalité-préférence non exente de tensions mais s’avèrant d’unegrande fécondité et nous convocant à un ferme engagementavec les derniers de l’histoire. L’authentique universalité,pour être concrète, doit passer par la particularité, par laprise de position pour ceux qui souffrent l’injustice.

L’option préférentielle pour le pauvre est la substance mêmede la réflexion théologique libératrice et de la vie del’Eglise d’Amérique Latine et des Caraïbes.Le destin de cette théologie est lié à ce que nous exprimonsaujourd’hui à travers cette option. Je l’ai rappelé avecforce à la conférence d’Aparecida (nn 391-398 ) Finalement,nous sommes devant une option théocentrée, centrée en Dieu,selon la phrase de Jésus : “Aimez vous comme moi je vous aiaimés )

Entrer dans le monde du pauvre

La solidarité avec le pauvre signifie entrer dans son mondede pauvre, c’est un passage obligé ; et de là, annoncer leRoyaume de Dieu et sa justice à toute personne.Selon les évangiles, la proclamation de la Bonne Nouvellecommence, par la Galilée, terre rurale et marginale,dédaignée par la Judée où se trouve Jérusalem, là sont

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concentrés, au temps de Jésus, les pouvoirs religieux etpolitiques. C’est de la Galilée dont rien de bon ne peutsortir (cf Jn 7,52 ) que le Seigneur porte témoignage duRoyaume de Dieu.

Le défi pour le pauvre nous place devant le plusgrand problème qui se pose à la conscience : celui de lasouffrance de l’innocent. C’est une des questions les plusdifficiles à laquelle est confrontée la réflexionthéologique.La pauvreté et l’oppression détruisent des vies. Le granddéfi est celui des enfants des campagnes et des villes, leurfragilité en fait les premiers touchés par l’abandon, lafaim, les maladies, les conflits et les violences, par larelégation permanente et la mort prématurée.C’est une des réalités les plus dures à laquelle doiventfaire face la présence et le travail pastoral. Il en résultequ’une composante de la solidarité avec le pauvre est lacompassion comprise dans son vrai sens, celui de faire nôtreles souffrances de l’autre, d’en être tout retournés, commele samaritain devant le blessé au bord du chemin.*Quand on parle de peuples opprimés, on insiste fréquemmentet à juste titre sur leur peine et sur leur condition devictimes.mais il est important aussi de dire que les pauvressavent aussi aimer la vie, qu’ils connaissent des moments dejoie, de simple et humble joie.Ce sont des expériences qui ne sont ni oubli, niinconscience vis à vis de la dureté de leur vie. Elles nousdisent que sans joie, il n’y a pas de vie humaine digne dece nom, sans projets et sans espérance non plus.“Les victimes de l’histoire vivent cela et elles le viventintensément malgré les frustrations et les mauvaistraitements et parce qu’elles sont tout simplement des êtrehumains. Les peuples indigènes de nos pays nous le prouvent.La réflexion théologique doit également tenir compte decette réalité du monde du pauvre”

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Les manières de vivre l’option pour le pauvre varient selonles situations et les processus historiques, elles doiventconstamment être examinées et rénouvellées, sans perdre devue la raison ultime de l’option pour le pauvre, sans larendre excessivement dépendante de la conjoncture, sansaller jusqu’à penser qu’elle ne correspondrait plus à ce quise vit aujourd’hui dans l’humanité. Si non, ce seraitoublier le caractère biblique et par conséquent basique pourun croyant de ce qui est réellement en jeu.

Il est important, d’autre part de comprendre que le visagesouffrant du pauvre nous lance un défi, simplement parcequ’il est pauvre et pas obligatoirement par ses qualitéshumaines, éthiques et religieuses, bien que beaucoup d’entreeux en soient pourvus et généreusement pourvus.Le blessé au bord du chemin de la parabole du samaritain esttout simplement quelqu’un dans le besoin, indépendemment dequi il est et de ce qu’il a fait dans sa vie.De nos jours, il faudrait dire que l’interpellation ne vientpas d’individus isolés mais de peuples entiers, non pourdes raisons fortuites mais disons structuelles, à cause deceux qui ne reconnaissent pas la dignité humaine despauvres.Mais n’idéalisons pas les pauvres, il suffit qu’ils soientdes êtres humains, des filles et des fils de Dieu. Il nes’agit pas non plus d’une position messianique, les pauvreseux mêmes doivent prendre cette option pour leus frères etsoeurs de culture, de classe sociale, de genre et de pays.“ Cela n’est pas un engagement qui serait le fruit d’unegénération spontanée, il demande de la part de tous, despauvres y compris, un discernement, une décision libre, l’acceptation et le maintien des exigences qui en résultent.

Acteurs de leur destinL’option pour le pauvre ne fait pas de lui le récepteurpassif d’une aide, elle est une solidarité entre et avecceux qui ont beaucoup à apporter et qui cherchent à prendre

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leur vie en main. La conviction que les pauvres doivent êtreacteurs de leur destin est un élément constitutif de lasolidarité avec eux. Sans cette reconnaissance et cerespect, il n’y a pas d’engagement vrai avec le pauvre etl’opprimé. Il ne s’agit pas d’être la voix des sans voixcomme on le dit souvent -et avec une générosité que nous nemettons pas en doute- mais que ceux qui n’ont pas de voix enaient une aujourd’hui. “ C’est pourquoi nous devons savoirnous taire afin d’écouter une parole qui lutte pour êtreentendue”

Il ne s’agit pas d’un principe mais d’un vécu,pénible et difficile c’est certain. Les opprimés ontcommencé à revendiquer leur droit à la vie et à la dignité.La réaction des puissants du continent a étéparticulièrement dure par le passé. A présent, l’attaque estplus subtile. On cherche à semer le scepticisme, par exempleau sujet de la capacité des pauvres à obtenir quelque chose,on cherche à les persuader que devant les nouvellesréalités, il est nécessaire de changer radicalement de pointde vue. Mais cela n’a pas empêché que la perspective assuméepar beaucoup dans le monde des pauvres, mais battues enbrèche et mises à mal, continue à faire son chemin.

C’est un chemin difficile fait d’avancées et dereculs. Dans cette démarche, l’épaisseur des résistances estgrande mais grand aussi est le courage de ceux qui ont prisce chemin pour défendre leur droit à la justice et aubonheur. Un élément central des circonstances historiquesactuelles et qui a commencé à se faire jour parmi lespauvres est la perception qu’il leur revient , comme à toutêtre humain, de prendre les rênes de leur vie et de leurhistoire.

L’annonce de l’évangile aux pauvres fait d’eux, nonseulement les destinataires de la Bonne Nouvelle mais sesporteurs.“ C’est quelque chose qui dans l’oeuvre pastorale de Samuel

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et de tant d’autres dans ce diocèse, n’a pas seulement étéune vision intellectuelle mais un axe dans la constructiond’une église locale, et ce malgré les difficultés qu’il a dusurmonter.”

“Liée à cette question, se trouve l’affirmation dudroit du pauvre à penser sa foi et à exprimer son espéranceauquel j’ai rapidement fait allusion plus haut. C’est undroit des pauvres que de le faire. Les pistes en cettedirection se sont parfois fermées ou rétrécies, maisl’impulsion donnée est une graine pleine de vie dansl’histoire de nos peuples. Je vous prie de me pardonner macitation de quelques lignes finales d’un vieux livre appelé: “Théologie de la Libération”: “en dernière instance, nousaurons une authentique théologie de la libération quelorsque les opprimés eux mêmes pourront élever librement lavoix et s’exprimer directement et créativement dans lasociété et au sein du peuple de Dieu.”*Dans la terrible, belle et poétique description de ladévastation de » son peuple, le prophète Joël montre quemalgré la destruction et la mort qu’il décrit pas à pas,subsiste la joie.Ce n’est que lorsqu’elle tarit qu’on peutdire que tout est fini (cf 1, 12 ) Pour que cela n’ait paslieu, soyons toujours témoins de l’espérance, construisonsune théologie fidèle au sens qu’a l’expression : être uneherméneutique de l’espérance. Espérer n’est pas attendre,c’est forger les motifs d’espérer, rendre présent sur notrecontinent la volonté de fraternité et de justice pour tousdu Dieu de notre foi que le livre de la Sagesse ( chap 11 )appelle « ami de la vie »

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Qui sommes-nous ? et lecollectif des amis de Parvis.Catholiques d’ouverture, protestants libéraux, unitariens,nous sommes de 7 à 10 000 chrétiens – au sein de cinquanteassociations françaises – regroupés par les Réseaux duParvis.

Accès groupe « Evangile etsociété » : http://www.reseaux-parvis.fr/chretiens-en-liberte/societe/evangile-et-societe?4c2752fb0f53d30d29ecbff65b667c52=b31531bc7b8901ebbccd334d53dbab7b

Si certains de ces chrétiens critiques oeuvrent encore dansles Eglises instituées, beaucoup ont pris leurs distancespar rapport à l’appareil « disciplinaire-dogmatique » etpour la majorité ils se rassemblent « hors les murs » pourvivre, dire et célébrer l’Evangile ensemble, de façonnouvelle.

Comme dans d’autres courants de l’Eglise émergente, lesassociations du Parvis se constituent à partir d’unepréoccupation, d’une motivation ou d’une recherche communequi les rejoint dans leur quotidien et qui cimente leursliens. Ces associations se structurent quelque peu au fil dutemps (statuts, assemblées, ateliers réguliers, conférences,publications) : elles ont aujourd’hui entre trente et dixans d’existence. Elles peuvent toutes arguer de leurlégitimité, tout à fait reconnue d’ailleurs par leurappartenance à Parvis, qui permet la saine confrontation.Protestation à l’encontre de la « monarchie romaine »,vigilance politique par rapport aux collusions de pouvoirspirituel et temporel, contestation des règles morales et dusexisme catholique en particulier, « option préférentiellepour les pauvres », recherche d’intériorité partagée,actualisation des textes et du langage de la foi : autant de

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vecteurs de rassemblement sur le Parvis !

Le Parvis est un passage ouvert, entre l’intérieur et lemonde extérieur ; c’est un espace de rencontres, de débats,d’innovations. Un lieu de liberté et de créativité !

Sur le Parvis, ça circule, on rencontre encore d’autresgroupes d’autres appartenances, croyants ou non .. Et enfin,sur le Parvis, on est tous à la même hauteur ! pas depiédestal, de chaire, de hiérarchie : le réseau esthorizontal, souple, ouvert.Les « chercheurs de vérité » à la suite de Jésus qui serassemblent au Parvis pratiquent une ecclésiologie nouvelleen partageant les diverses manières de concrétiser leursvaleurs communes :

• la fidélité au message de l’Evangile,• la primauté de l’humain et des chemins d’humanisation• la nécessité du dialogue et du débat,• la fraternité humaine et la solidarité face à toutes lesexclusions,• la liberté de recherche spirituelle et théologique.

Création d’un collectif « les amis de Parvis »

Pour répondre à de nombreuses demandes, la FédérationRéseaux du Parvis a créé en 2010 une possibilité pour leslecteurs de la revue, pour des personnes isoléesgéographiquement ou n’appartenant pas (plus ou pas encore) àl’une des associations de Parvis, mais partageant « l’espritde Parvis », de rejoindre quand même la Fédération,statutairement réservée aux adhésions de groupes oud’associations.

Il s’agit d’une structure souple et rattachée directement àla Fédération : « le collectif des Amis de Parvis ». Ceregroupement d’adhérents individuels compte environ unetrentaine de membres en 2011, répartis sur tout leterritoire français.

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Ils se retrouveront au moins une fois lors de l’AssembléeGénérale annuelle de Parvis, en particulier pour ladésignation de leur représentant au CA de Parvis. D’autresréunions pourront être proposées à Paris ou peut-être àLyon. En effet la Fédération incitera les membres de cecollectif à se regrouper (c’est la vocation première deParvis) soit entre eux géographiquement (des pôles semblentse dessiner en régions, par exemple Lyon en Rhône-Alpes,Lille pour le Nord, le Grand Ouest, l’Est, et seront peut-être amenés à se développer pour regrouper des membres deParvis), soit à créer une association sur place ou encore àrejoindre une association existante.

Contacts pour 2011Bernadette Tronchon : [email protected]écile Entremont : [email protected]

Le temps est venu … de nous rejoindre ?

La fédération des « Réseaux du Parvis » qui groupe unecinquantaine d’associations locales, régionales ounationales se veut un lieu de rencontre et de reconnaissancemutuelle, une plate-forme d’action et de réflexion, auservice du vivre ensemble dans la diversité, la démocratieet la fraternité

La diversité des associations devrait permettre à chacun/ede trouver un espace répondant à ses attentes.

Si aucune des associations ne correspond à votre attente,vous pouvez nous rejoindre en adhérant au collectif « lesAmis du Parvis » qui regroupe des personnes partageant nosvaleurs et souhaitant participer à la vie de la fédération.

Adhésion au collectif « les Amis du Parvis »

Je soussigné/e

Nom :__________________________

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Prénom :__________________________

Adresse :______________________________________________________________________________

Téléphone :______________________ Courriel : @

Déclare ne pas être membre d’une association de lafédération des « Réseaux du Parvis »,

Adhère aux buts de la fédération (rappelées en bas de cettepage)

Et demande à adhérer au collectif « les Amis du Parvis ».

Verse ma cotisation : 15 € ou 10€ si je suis abonné/e à laRevue « Les Réseaux des Parvis »

Par chèque à l’ordre de « Réseaux du Parvis »

Date : Signature :

A renvoyer à « Réseaux du Parvis » – 68 rue de Babylone –75007 PARIS

Contact : Bernadette Tronchon : [email protected]

Buts de la fédération des « Réseaux du Parvis »

1. promouvoir et dynamiser le fonctionnement en réseaud’associations et de groupes chrétiens qui essaient devivre l’Évangile dans la culture contemporaine séculariséeet laïque,

2. promouvoir des pratiques démocratiques dans les Egliseset dans la société,

3.exprimer la diversité des visages d’Eglises : pluralisme,coresponsabilité et parité femmes-hommes,

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4. travailler au service de l’Évangile avec les richesses detoutes les Églises dans un vrai partage œcuménique,

5. donner une plus grande visibilité au réseaud’associations qui la constitue et représenter ce réseau àl’extérieur.

Les Jeunes en France…

Que vivent les jeunes en France ?Le fantasme l’emporte souvent sur la réalité lorsqu’on parlede la jeunesse. Jeunes égocentriques, « digital natives »coupés du monde bien que très connectés, « Tanguy » quis’incrustent chez leurs parents à leurs dépens. Mais n’est-cepas le propre des générations installées de s’inquiéter de lamontée des nouvelles ?

Comme souvent la réalité sociologique de la jeunesse est pluscontrastée que les idées reçues que nous avons sur elle.

Existe-t-il « une » jeunesse ?

Être jeune, c’est partager une culture plus homogène quejadis. C’est d’ailleurs à celaqu’on ramène souvent la jeunessedans nos représentations. Des codes, des modes, des goûtsmusicaux, une langue. La jeunesse reposerait sur laconsommation ainsi que certaines pratiques culturelles, maisest-ce vraiment le plus important ? La jeunesse est surtoutune expérience.

Celle d’une transition entre deux âges de la vie. Partir desrivages de l’enfance pour arriver à la vie adulte est un

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processus social désormais très long. Être jeune c’est avoirentre 18 et 35 ans dans nos sociétés. Avec la massification dusecondaire et du supérieur depuis les années 1960, c’estl’école qui uniformise les expériences. En Europe, 60% desmoins de 30 ans sont aujourd’hui élèves ou étudiants.

Mais les milieux sociaux, les lieux de vie, l’insertion socio-économique des parents segmentent les jeunesses en autant deréalités différentes. Pour autant, sociologues et démographesn’abandonnent pas l’idée de classer les jeunes en «générations ». Elles rassemblent les parcours différents dansune expérience historique commune propre.

Qu’est-ce qui relie les membres d’une génération entre eux ?Un contexte particulier, un événement symbolique, le sentimentde ne pas vivre la même chose que ses parents.

Génération quoi ?

La génération actuelle que formeraient les jeunes est au coeurd’une vaste actualité éditoriale et, tant mieux, connaît unregain d’intérêt. France 2 s’est lancé à l’automne 2013 dansune vaste enquête auprès des jeunes de 18 à 34 ans. 210 000jeunes ont répondu après la diffusion du documentaire delancement « Génération quoi ? ». Le matériel collecté a étéanalysé par les sociologues Cécile Van de Velde (EHESS) etCamille Peugny (Paris 8). Il a également donné lieu à unarticle paru dans Le Monde le 24 février 2014. Un bon moyen deprendre le pouls de la jeunesse française. Les sociologuesprésentent une génération qui s’estime « sacrifiée » ou «perdue ». La jeunesse française est en manque dereconnaissance. Elle voudrait prendre sa place mais n’yparvient pas. Comment entendre l’expérience de ces jeunes enquête de travail mais qui n’obtiennent que des stages ? Ou quiont des qualifications mais à qui on reproche le manqued’expérience ? Les 18-25 ans ont le sentiment d’êtresacrifiés.

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Cette génération se fait même accusatrice des parents ougrands parents babys boomers, vus comme des nantis. La detteécologique ou économique lui retombe sur les épaules. Demanière plus inquiétante, l’enquête de France 2 révèle enréalité la pluralité des jeunesses en France.

Avec deux segments opposés que mettaient bien en évidence lesdocumentaires de Laetitia Moreau d’octobre dernier. Sescaméras ont suivi des jeunes à Cergy-Pontoise. On découvre,d’un côté, la jeunesse de l’ESSEC, d’ores et déjà intégrée,qui, grâce à une « Grande École » et ses formations cotées,accède aux dividendes économiques de la mondialisation et auxparcours professionnels sécurisés. D’un autre côté, unejeunesse peu intégrée, qui a décroché scolairement et cumuleles problèmes. Sans le précieux viatique du diplôme, ellerisque la marginalisation sociale et professionnelle. Entreles deux, autant de parcours qui nuancent le tableau.

La faillite de l’école

Mais la situation de la France est particulière pour lessociologues de la jeunesse. Peu de pays européens accordentautant d’importance au diplôme initial acquis avant 25 ans.Cécile Van de Velde en fait même la clé pour comprendre lasituation française. Elle se caractérise par une très fortepression sociale à « se placer » au sein d’une hiérarchie pré-définie qui est elle-même peu interrogeable. Dans ce systèmeanxiogène, peu de droit à l’erreur et une défiancegrandissante à l’égard de l’institution scolaire qui ne sembleplus capable d’amorcer l’ascenseur social.

Sommes-nous revenus à une société d’ordre comme autrefois oùles places sont acquises à la naissance et non au mérite ? Lessolidaritésfamiliales compensent imparfaitement

les faillites de l’école. C’est l’individu qui doit sedébrouiller dans un champ de contraintes. Au vieux modèled’une jeunesse comme identification, à un groupe social, à des

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valeurs religieuses, à des institutions succède un nouveau quise caractérise bien par l’expérimentation, l’exercice de laliberté et l’autonomie.

Les jeunes Français partent en moyenne à 23 ans de chez eux.S’ouvre alors jusqu’à 30 ans environ un temps longd’expérimentation marqué par l’alternance entre formation etemploi. En un sens, la jeunesse, c’est le temps positif del’essai et la possibilité de l’envol en faisant

la preuve de ses qualités. L’objectif des jeunes est des’emparer de leur destin : « Être adulte, à mes yeux, ça a uncôté très péjoratif je dirais même… a un chemin tout tracé »exprime un jeune de 30 ans tandis qu’une autre s’exclame : «je refuse d’être adulte car j’ai l’espoir de ne pas perdre lacapacité à me remettre en cause »… Expérimenter, se chercherau risque de ne pas se trouver, est-ce refuser d’être adulte ?Est-ce renoncer à prendre sa place dans la société?

Le sens des engagements chez les jeunes

Le Monde le révèle. 81% des jeunes répondent oui à la question: « l’État devrait-il créer un service civique obligatoire ?». On découvre la soif d’engagement et de reconnaissance d’unegénération à qui personne ne fait confiance. Les sociologuessont même épatés : ce service civique obligatoire les concernedirectement ! Les jeunes Français ne sont pas individualistes,ils ont soif d’être reconnus. Cette génération veut être deplain-pied dans la société.

Réaliste sans être cynique, lucide sans être sinistre, lajeunesse française n’abandonne pas une forme de combativité.Elle peut se traduire dans des engagements mais sans lesappareils institutionnels ou idéologiques du passé. S’engager,les jeunes le souhaitent pourtant, mais sous des formesrenouvelées. Leur attitude à l’égard de la politique peutpourtant laisser perplexes les observateurs. Une défiancenourrie de l’incapacité des élites politiques à répondre à

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leurs problèmes concrets.

D’un autre côté, les jeunes peuvent devenir des acteurs de lavie publique. On l’a vu en 2006 en France avec la contestationmassive d’une mesure politique de l’emploi décidée par legouvernement Villepin : le « contrat première embauche ». Lesjeunes se trouvent dans les cortèges contre l’aéroport deNotre- Dame des Landes, bien conscients qu’il y a un périlécologique. La crise nourrit-elle aujourd’hui un nouveaumécontentement ? Le Monde s’en inquiète en parlant d’unesouffrance à vif : « frustrée, la jeunesse française rêve d’endécoudre ». Pour preuve, à la question : « Participerais-tu àun nouveau mai 68 ? », leur réponse est oui à 61% !

Avec la montée de l’incertitude sociale, le privé semble êtreen réalité la dernière des utopies. Vivre en couple,entretenir des liens forts entre générations, avoir desenfants font partie de leurs aspirations. L’attachement à lafamille contraste même avec les idées reçues par la jeunesse.66% des jeunes Français pensent qu’on ne peut pas être heureuxsans fonder une famille ! Mais attention aux mauvaisesinterprétations : il ne s’agit pas forcément d’une jeunesse «conservatrice ».

L’égalité entre hommes et femmes ou bien l’émancipation desminorités sexuelles sont des combats que les jeunes souhaitentporter. 64% pensent que le divorce est nécessaire.Contradictoire ? Non : le maître mot c’est l’autonomie et lediscernement selon les contextes.

Au point de vue religieux, c’est le développement d’unereligiosité sans appartenance «believing without belonging ».À la poussée sécularisante des babys boomers, il faudrait voirun retour du religieux même sans assise institutionnelle. Lessociologues peinent à le voir tant ils sont habitués à voir lareligion comme une pratique. Valeurs ou croyances forgentpourtant

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l’identité des jeunes. Certains sur un mode virtuose enretrouvant les rites passés ou les symboles identitairesforts. Mais qu’en est-il pour la plupart pour qui lesreligions, à l’égard des autres institutions, se discréditentquand elles oublient les droits humains, l’égalité entrehommes et femmes et fonctionnent sur des modes nondémocratiques ?

Interrogé sur les jeunes aux CCFD, Guy Aurenche eut cetteremarque : « Si les jeunes ne se mobilisent plus guère pour lareligion, beaucoup d’entre eux sont par contre prêts à semobiliser pour la cause des hommes. » Et pour ceux inquietsque les valeurs de l’Évangile dépérissent, il leur lançaitcomme un appel : « Seule compte l’espérance que nous sommescapables de susciter et de transmettre à ceux qui prendront larelève, seule compte l’espérance que nous mettons en oeuvreavec eux malgré les obstacles et les déceptions ». La jeunesseest capable de beaucoup si on croit en elle.

Anthony Favier

Ces armes nucléairesmoralement inacceptables« Ces armes nucléaires moralement inacceptables »

Jean-Marie MULLER*

L’archevêque Francis Chullikatt, observateur permanent duSaint-Siège à l’ONU (New York), est intervenu le 30 avril 2014lors de la réunion préparatoire finale de la Conférenced’examen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) de2015. Le texte de son intervention présente une analyse fort

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intéressante de la situation qui prévaut aujourd’hui dans lemonde à propos des armes nucléaires.

Il souligne tout d’abord l’importance de plus en plus grandede chaque Conférence portant sur le TNP : « Plus long sera ledélai pour atteindre les objectifs du traité, plus grand serale risque que l’équilibre fragile de la sécuritéinternationale soit brisé par une tragédie cataclysmiqueimpliquant l’usage d’armes nucléaires. » Il rappelle que« cela fait maintenant 44 ans que le TNP est entré en vigueurmais que le maintien de l’existence de quelque 17.000 armesnucléaires avec la modernisation des programmes qui se profilelaisse supposer que les armes nucléaires continueront à bienfaire partie des arsenaux militaires dans la seconde moitié duXXIe siècle ». Autant dire qu’il faudra encore attendre « uneéternité » pour espérer voir se réaliser un hypothétiquedésarmement mondial. « Sans des progrès vigoureux versl’élimination des armes nucléaires, le jour peut n’être pasloin où le traité sera regardé comme une relique d’un âgeancien. » Soit.

Il précise son diagnostic qui est particulièrement sévère :« Si l’une des obligations centrales du TNP – des négociationssur l’élimination des armes nucléaires – continue d’êtreremplie avec tant de timidité et à un rythme aussiinaccepatblement lent, la confiance dans les chances de succèsd’un régime de non-prolifération pourrait graduellement sebriser et le risque d’une plus grande proliférationaugmenterait. » En effet.

Francis Chullikatt souligne la responsabilité des Etats dotésde l’arme nucléaire qui font une approche déséquilibrée dutraité : tandis qu’ils font montre d’un fort intérêt pourréduire la prolifération, leur engagement pour se départireux-mêmes de ces instruments d’un pouvoir hégémonique estdépourvu d’une telle urgence. Les États dotés d’armesnucléaires font valoir qu’ils ont besoin de ces armes pourleur propre sécurité, tandis qu’ils n’accordent aucune

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attention aux avis des experts dans différends domaines del’activité humaine selon lesquels « les armes nucléaires sontle parfait exemple de l’insécurité ». « La doctrine militairede la dissuasion nucléaire, affirme-t-il encore, est regardéepar un grand nombre de pays comme l’obstacle principal à unprogrès significatif du désarmement nucléaire. » À l’évidence.

Francis Chullikatt rend compte de l’initiative prise par denombreux pays non dotés d’organiser des rencontres pourdiscuter des « conséquences humanitaires catastrophiques » del’utilisation des armes nucléaires. Ces rencontres, précise-t-il, « expliquent très clairement avec des détails atroces leshorreurs qui frapperaient l’humanité dans l’éventualité d’unusage accidentel ou délibéré des armes nucléaires. » Dès lors,la ligne de conduite est claire : réaliser « des progrès urgents et rapides conduisant à une interdiction générale desarmes nucléaires ».

Cependant, l’archevêque note avec lucidité que ces rencontresdiplomatiques, auxquelles les pays dotés ne participent pas,« ne peuvent pas par elles-mêmes initier un processus quidonne lieu à une interdiction. » Il veut espérer que « lesprincipaux États décideront d’agir de manière plussubstantielle et plus résolue pour éliminer le fléau de cesarmes nucléaire moralement inacceptables ». Pour cela, il fautque « les États dotés travaillent avec les États non dotéspour préparer un chemin commun pour développer un instrumentlégalement contraignant qui interdise la possession des armesnucléaires. » En définitive, Francis Chullikatt veut croireque l’engagement de bonne foi de toutes les parties liées auTNP permettra de rapprocher le monde de l’élimination desarmes nucléaires. Il conclut par ces mots : « Les armesnucléaires – l’antithèse de l’aspiration de l’humanité à lapaix – ne doivent avoir aucune place dans une communautémondiale déterminée à atteindre une sécurité mutuelle àl’échelle internationale ».

L’archevêque estime également que les États dotés de l’arme

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nucléaire ne devraient pas continuer à dépenser chaque annéedes milliards de dollars pour maintenir leur arsenal, « alorsque cette précieuse ressource financière est si désespérémentnécessaire pour répondre aux besoins des plus pauvres dumonde ».

Mais comment partager l’espérance du prélat ? Tout au long deson intervention, il met en avant la mauvaise foi dont lesÉtats dotés ont fait preuve ces dernières décennies pourentreprendre de réelles négociations sur l’élimination desarmes nucléaires et il ne laisse entrevoir aucune perspectivepour que cela change dans les décennies à venir.

Francis Chullikatt donne précisément les arguments quiprivent les États dotés de toutes les justifications qu’ilsprétendent avancer pour maintenir et moderniser leurs arsenauxnucléaires. Si, vraiment, les armes nucléaires sont« moralement inacceptables », si, vraiment, elles sont« l’antithèse de l’aspiration de l’humanité à la paix « , si,vraiment, « la doctrine de la dissuasion nucléaire est leprincipal obstacle au désarmement nucléaire », si, vraiment,l’arme nucléaire est « l’exemple parfait de l’insécurité »,si, vraiment, le risque augmente chaque jour d’une « tragédienucléaire cataclysmique », si, vraiment, l’argent dépenserpour maintenir les armes nucléaires est nécessaire poursatisfaire les besoins des plus pauvres du monde, comment nepas en conclure logiquement que c’est une stricte obligationmorale pour chaque État doté de décider de renoncerunilatéralement à la possession de ses armes nucléaires ?

Au regard même de la rigueur de l’analyse de FrancisChullikatt, cette obligation morale est un impératifcatégorique. L’essence même de l’obligation morale est d’êtreunilatérale. Il est incompréhensible que l’archevêque n’envienne pas lui-même à cette conclusion qui est la seulecohérente avec l’ensemble de ses propos. Tout laisse penserque, comme malgré lui, il reste prisonnier de la rhétorique dudésarmement multilatéral qui a pris rang de doctrine

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officielle de l’Église catholique, alors qu’il montre lui-mêmeque cette rhétorique est inopérante. L’urgence est donc dedéconstruire cette doctrine. Afin de ne pas laisser s’éteindrela petite flamme fragile de l’espérance.

(*) Philosophe et écrivain

[email protected]

www.jean-marie-muller.fr

OCL : débat Laïcité, lettreaux partis politiques… Appelde 143 Théologiens…

OBSERVATOIRE CHRÉTIEN DE LA LAÏCITÉ

Aux instances dirigeantes des partis politiques français

Madame, Monsieur,

Sur proposition de M. Coppé, secrétaire général de l’UMP, M.Sarkozy, président de la République, a décidé d’organiserune réflexion nationale concernant la laïcité dans laFrance d’aujourd’hui. Nous craignons – vu le contexte – quecette décision soit prioritairement une façon d’interrogerla place de l’Islam dans notre pays. Or de faussesinquiétudes sont délibérément entretenues – y compris pardes responsables politiques éminents – et surtout par des

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tendances et des mouvements xénophobes, concernant lesmenaces que feraient planer nos concitoyens musulmans surla culture française.

L’Observatoire Chrétien de la Laïcité (OCL) soutient qu’uneréflexion sur la laïcité en 2011 ne saurait se confondreavec un combat contre une prétendue islamisation de laFrance ! Nous considérons que les croyants de l’Islam ontdroit au même respect que les catholiques, les protestants, les juifs, les bouddhistes mais aussi les agnostiques ou les athées, etc., et que la loi doit les traiter également.Telle est la base du vivre ensemble, ainsi que lapossibilité même d’une démocratie de citoyens.

Certes, la situation des convictions, qu’elles soientreligieuses ou non, dans la société française d’aujourd’huiest différente de ce qu’elle était en 1905 au moment du votede la loi de séparation, qui se voulut et fut, de fait,malgré certaines résistances conservatrices temporaires, uneloi d’apaisement. Mais on ne saurait prétendre pour autantque le concept de laïcité est dépassé et que le toilettage de cette loi doit être envisagé !

L’OCL souligne que la loi de 1905, dans ses principes debase, reste d’actualité*. En effet les principes de libertéde conscience, de liberté des cultes, de non« reconnaissance » de ces derniers qui implique que l’Étatne saurait les subventionner, sont à nos yeux toujoursvalables. Il n’y a donc aucune raison de mettre en causeces fondements de la loi.

L’OCL souligne en particulier que, contrairement à certainsarguments juridiquement erronés, garantir la liberté descultes n’implique aucunement de fournir aux organisations religieuses – sur les deniers de l’État – les moyens matériels de fonctionner, mais affirme la reconnaissance du droit pour les citoyens qui le désirent de se rassemblerà des fins cultuelles et religieuses. L’objet du verbe

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« garantir » dans l’article 1 de la loi n’est pas l’exercicedes cultes lui-même, c’est-à-dire une activité dont l’Étatfournirait éventuellement les moyens, mais le libre exercicedes cultes C’est la liberté de cet exercice qui est doncl’objet de la garantie. Ainsi la loi fonde à la foisl’indépendance de l’Etat à l’égard des religions etl’autonomie des religions à l’égard de l’Etat, dans leslimites démocratiques du respect de l’ordre public.

On objecte souvent que les municipalités, les départements,l’État – selon le cas – ont en charge l’entretien deséglises catholiques datant d’avant 1905. Cette décision aété prise conjoncturellement du fait du refus obstiné del’Église catholique, à la différence des juifs et desprotestants, d’entrer dans le cadre de la loi, et dans lesouci de ne pas brimer les fidèles à cause de l’entêtementaveugle du Vatican.

Du fait de cette malheureuse exception, faudrait il doncrevenir à une situation antérieure où l’État reconnaitrait de jure la qualité religieuse de telle outelle organisation afin de subvenir à la construction delieux de culte ? Cette situation est impensable au regard dece qui devient de plus en plus une mosaïque de communautés,voire de chapelles ou de groupuscules, prêts pour certainsà se faire « reconnaître » comme cultes pour en retirer desavantages financiers.

On peut au contraire souhaiter que, petit à petit,l’exception catholique soit en voie d’extinction du fait desnouvelles structures ecclésiastiques qui laissent vacanteset inoccupées de très nombreuses églises, souvent trésors du patrimoine culturel français, dont l’État et lescollectivités territoriales sont propriétaires. Ilreviendrait alors aux propriétaires de ces lieux de prendre en considération leur intérêt artistique, culturel,ou seulement architectural, pour aider à l’entretien de cequi fut un lieu de culte attribué à l’Église catholique, en

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vue d’assurer divers services à la communauté citoyenne dans son ensemble. Ces lieux anciens, puisque construitsavant 1905, ne seraient plus alors des lieux de culte, etpourraient être affectés à d’autres fonctions d’intérêtgénéral.

Ce simple exemple montre que le « paysage » religieux enFrance en 2011 a profondément changé par rapport à celuiqui prévalait au moment du vote de la loi de 1905. Lechristianisme s’est diversifié, a parfois éclaté, deséglises ou communautés nouvelles (évangéliques par exemples, progressistes ou intégristes en d’autres cas), des religions, comme les baha’is, les différentes écoles dubouddhisme, des communautés spirituelles très diverses,jusqu’à des mouvements ou groupuscules sectaires, sontapparus.

D’aucuns pensent néanmoins qu’il faudrait faire un gesteparticulier en faveur de nos concitoyens musulmans désormaistrès nombreux dans notre pays, et qui n’étaient pas pris encompte dans la loi de 1905. De plus en plus de musulmansvivant en France sont en accord avec ce passage du rapportde la commission Stasi :

« L’islam, religion la plus récemment implantée en France etqui compte de nombreux fidèles, est parfois présentée commeinconciliable avec la laïcité. Pourtant la théologiemusulmane a produit, dans sa période la plus brillante, uneréflexion novatrice sur le rapport entre politique etreligion. Les courants les plus rationnels en son seinrefusaient la confusion entre pouvoir politique etspirituel. La culture musulmane peut trouver dans sonhistoire les ressources lui permettant de s’accommoder d’uncadre laïque, de même que la laïcité peut permettre le pleinépanouissement intellectuel de la pensée islamique à l’abrides contraintes du pouvoir. »

Dans le sens de la loi de 1905, il revient à toutes les

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Églises et institutions religieuses, d’envisager lesmoyens de leur propre financement. En ce qui concerne laconstruction des lieux de culte, des formules juridiques(telles que des fondations privées favorisant le recueil desfonds nécessaires) sont tout à fait envisageables. Ilrevient aux pouvoirs publics d’étudier, comme pour touteimplantation architecturale nouvelle, les conditionsurbanistiques d’implantation de ces lieux de culte. A cepropos, construire des minarets dans le cadre d’une mosquéen’a rien qui puisse choquer la culture française. Seulsquelques fanatiques irrationnels s’élèvent par exemplecontre le minaret de la Grande mosquée de Paris.

Il devient d’autant plus impératif que l’État, tout enconnaissant cette diversité, et sans oublier que de trèsnombreux Français athées ou agnostiques ne souhaitent pasque leurs impôts subventionnent des religions, se refuse à« reconnaître » quelque culte que ce soit sous aucunprétexte. Il n’a pas vocation à le faire, et nous nevoyons pas quels critères il pourrait se donner pour endécider.

Veiller à ce que des groupuscules prétendument religieux,voire des sectes n’attentent pas à la liberté des personnesou ne servent pas de paravent à des manœuvres financièresplus ou moins occultes ou à des crimes sexuels, par exemple– comme cela s’est vu – est en revanche de son rôle commele soulignait très clairement le rapport de la commissionStasi :

« L’État laïque, garant de la liberté de conscience, outrela liberté de culte ou d’expression, protège l’individu : ilpermet librement à tous de choisir, ou non, une optionspirituelle ou religieuse, d’en changer ou d’y renoncer. Ils’assure qu’aucun groupe, aucune communauté ne peut imposerà quiconque une appartenance ou une identitéconfessionnelle, en particulier en raison de ses origines.Il protège chacune et chacun contre toute pression, physique

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ou morale, exercée sous couvert de telle ou telleprescription spirituelle ou religieuse. La défense de laliberté de conscience individuelle contre tout prosélytismevient aujourd’hui compléter les notions de séparation et deneutralité centrales dans la loi de 1905. »

C’est pourquoi nous sommes fermement attachés à l’écolepublique, creuset de citoyenneté. Nous voyons avec beaucoupd’inquiétude que la loi Debré qui a favorisé essentiellementles établissements catholiques sous contrat servedésormais de plus en plus à la mise en place d’établissements d’autres obédiences (protestante, juive, etrécemment musulmane). La diversité des cultures dont larencontre, le dialogue et les échanges réciproques forgenthistoriquement les civilisations, aussi bien en Francequ’en Europe ou dans l’ensemble du monde, est une richessepour toute l’humanité. L’école publique laïque est ouverteet doit s’ouvrir toujours plus au dialogue et à l’échange,et assurer la formation de citoyens se reconnaissant commeconcitoyens. En revanche, la sectorisation confessionnelleaccrue de la vie scolaire favoriserait le passage d’unesociété fraternelle, riche de la diversité de l’humanité, àune société déstructurée communautariste où se dresseraient des frontières de toute nature entre citoyensde convictions différentes. C’est ce que précisémentdéplorent de plus en plus de responsables politiques dansdes pays proches ayant fait le choix de ce qu’on a appelé lemulticulturalisme, et qui souffrent de plus en plus d’unesituation d’éclatement social, culturel et politique.

Il est tout à fait souhaitable à nos yeux que, dans le cadrede la société civile, des espaces de dialogue et d’échangesinter-religieux et, de façon plus générale, inter-convictionnels puissent se constituer. Mais ces espaces nesauraient participer en tant que tels ni à l’élaboration, nià l’application des lois de la République, qui relèvent dupouvoir politique et de lui seul .Quand des questions

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d’éthique sociale se posent, les autorités publiquespeuvent réunir un comité d’experts réputés pour leurcompétence et leur liberté d’esprit ; s’ils sont connus pouradhérer à un groupe de conviction, cela ne peut être unmotif d’exclusion ni d’appel.

La commission réunie en son temps par le président JacquesChirac sous la direction de Monsieur Stasi est un exemplede ce genre de comité, à la fois indépendant et capable defaire des propositions utiles au pouvoir. Il est d’ailleursfort regrettable que le rapport de cette commission n’aitété que fort peu suivi d ‘effets.

Quelques mots de la lettre d’introduction adressée parMonsieur Stasi au président Jacques Chirac pour présenter lerapport de la commission (11/12/2003) attestent del’attachement indéfectible de son auteur à la loi de 1905,base juridique du principe de laïcité : [que le] « principede laïcité, fondement de l’unité nationale, soit reconnu etrespecté par tous ceux qui habitent sur notre territoire »Il permet « la qualité de notre vivre ensemble, aujourd’huiet demain ».

« Nous avons pu constater, écrit le rapporteur– l’attachement de la grande majorité de nos concitoyens auprincipe de la laïcité. Instinctivement, ils reconnaissentdans ce principe une valeur sur laquelle est fondée l’uniténationale, en même temps qu’un garant de la libertéindividuelle. C’est dire combien il leur paraît importantque cette valeur soit respectée et chaque fois qu’elle estmenacée défendue« .

‘attire aussi votre attention sur cet autre passage du textede ce rapport: « La laïcité, pierre angulaire du pacterépublicain, repose sur trois valeurs indissociables :liberté de conscience, égalité en droit des optionsspirituelles et religieuses, neutralité du pouvoirpolitique… L’égalité en droit prohibe toute discrimination

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ou contrainte et l’État ne privilégie aucune option. Enfinle pouvoir politique reconnaît ses limites en s’abstenant detoute immixtion dans le domaine spirituel ou religieux ».

La force de conviction qui transparaît à travers ces lignesreste pour nous une référence. C’est pourquoi nous nouspermettons de vous envoyer le texte de ce rapport, dontvous avez sans doute connaissance et qui figure à coup sûrdans vos archives, mais il nous semble opportun de vousinviter à l’exhumer, en ces temps où le débat surl’actualisation de la laïcité est menacé par la tentation dela démagogie populiste dont les musulmans de Franceseraient les cibles privilégiées.

A moins que certaines pressions inverses d’origines variées – religieuses ou non – profitent de ce débat pourremettre en cause, sous le nom très ambigu de laïcité« ouverte », les principes fondamentaux de la laïcité tellequ’elle assure jusqu’à présent la paix sociale en France.

Je vous prie de croire, madame, monsieur, en l’expressionde ma considération

Le 3 mars 2011

Jean RIEDINGER

Secrétaire de l’Observatoire Chrétien de la Laïcité

*TITRE PREMIER DE LA LOI DE 1905

Principes.

ARTICLE PREMIER. – La République assure la liberté deconscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sousles seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt del’ordre public.

ART. 2.- La République ne reconnaît, ne salarie ni nesubventionne aucun culte. En conséquence, à partir du

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1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi,seront supprimées des budgets de l’État, des départements etdes communes, toutes dépenses relatives à l’exercice descultes. Pourront toutefois être inscrites aux dits budgetsles dépenses relatives à des services d’aumônerie etdestinées à assurer le libre exercice des cultes dans lesétablissements publics tels que lycées, collèges, écoles,hospices, asiles et prisons.Les établissements publics du culte sont supprimés, sousréserve des dispositions énoncées à l’article 3.

Observatoire Chrétien de la Laïcité

Fédération des réseaux du Parvis Temps Présent

68 rue de Babylone 75007 PARIS

[email protected]

_________________________________________________________________________________________

L’Eglise en 2011, prendre un nouveau départ : un appel de143 Théologiens…

Süddeutsche Zeitung du 3 février 2011

Memorandum des théologiens (Traducteur : Michel MAY).

« L’ÉGLISE EN 2011 ; prendre un nouveau départ est unenécessité »

143 théologiens ont signé le catalogue de réformes, jusqu’àmaintenant. Les théologiens y réclament de profondesréformes de l’Église catholique. Lisez ci-dessous lememorandum complet.

Il s’est bien passé un an depuis que des cas d’abus sexuelcommis par des prêtres et des congréganistes sur des enfantset des adolescents au sein du collège Canisius de Berlin ont

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été rendus publics, ce qui plongea l’église catholique enAllemagne dans une crise sans pareil. Aujourd’hui, l’imagequi est donnée est ambiguë : beaucoup de choses ont étéentamées pour rendre justice aux victimes, surmonterl’injustice, pister les causes des abus, du silence et de lamorale équivoque dans les propres rangs. Après avoircommencé par éprouver de l’effroi de nombreuses chrétienneset de nombreux chrétiens – occupant ou non des fonctions –ont pris conscience que de profondes réformes sontnécessaires. L’appel à un dialogue ouvert sur les structuresde pouvoir et de communication, sur l’organisation de lafonction ecclésiale et la participation des croyants auxresponsabilités, sur la morale et la sexualité a éveillé desespoirs, mais aussi des craintes. Est-on en train de perdrece qui est peut-être la dernière chance de sortir de laparalysie et de la résignation en attendant que la crise sepasse ou en la minimisant ? Le remous d’un dialogue ouvertet sans tabou n’inspire pas confiance à tout le monde,encore moins quand s’annonce une visite papale. Mais il nesaurait encore moins être question de l’alternativesuivante : un silence de tombe car les derniers espoirs ontété détruits.

La profonde crise de notre église exige aussi d’aborder cesproblèmes qui à première vue n’ont pas à voir directementavec le scandale des abus et leur passage sous silencedurant des dizaines d’années. En tant que professeurs dethéologie nous n’avons pas le droit de nous taire pluslongtemps. Il est de notre responsabilité de contribuer à unvéritable nouveau départ. Pour l’église, 2011 doit devenirl’année d’un nouveau départ. Jamais les chrétiens n’ont étéaussi nombreux à quitter l’église que l’année passée ; ilsont refusé de dorénavant obéir à l’autorité ecclésiale ouont privatisé leur vie de foi pour la protéger del’institution. L’église doit comprendre ces signes et elle-même quitter des structures ossifiées pour regagner nouvellevitalité et crédibilité.

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Le renouvellement de structures ecclésiales ne réussira pasen s’isolant craintivement de la société, mais seulement enayant le courage de s’autocritiquer et d’accepter desimpulsions critiques, venues aussi de l’extérieur. Cela faitpartie des leçons de l’année passée. La crise des abusn’aurait pas été traitée de manière aussi décidée sansl’accompagnement critique des gens. L’Église ne peutregagner de la confiance qu’en communiquant ouvertement.L’Église ne sera crédible que si l’image qu’elle donned’elle-même et l’image perçue par les personnes qui lui sontextérieures ne divergent pas. Nous nous adressons à tousceux qui n’ont pas encore renoncé à espérer un nouveaudépart au sein de l’Église et qui s’engagent en faveur decelui-ci. Nous nous inspirons de signaux pour un nouveaudépart et un dialogue que quelques évêques ont posés dansdes discours, sermons et interviews durant les derniersmois.

L’Église n’est pas un but en soi. Elle a pour missiond’annoncer le Dieu libérateur et aimant de Jésus-Christ àtous les hommes. Elle ne peut remplir cette mission que sielle est elle-même un lieu et un témoin crédible du messagede liberté de l’évangile. Son discours et son action, sesrègles et structures – toute sa façon de faire avec les gensà l’intérieur ou à l’extérieur de l’Église – doiventrépondre à l’exigence suivante : reconnaître et développerla liberté des Hommes en tant que créatures de Dieu. Lerespect inconditionnel de chaque personne humaine, lerespect de la liberté de conscience, l’engagement pour ledroit et la justice, la solidarité avec les pauvres et lesopprimés, voilà des critères théologiques fondamentaux quidécoulent. L’amour de Dieu et du prochain s’y concrétisent.

S’orienter au message biblique de liberté inclut un rapportdifférencié à la société moderne : à plus d’un égard elleest en avance sur l’Église, quand il s’agit de reconnaîtrela liberté, l’émancipation et la responsabilité des

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individus ; l’Église peut en tirer un enseignement, comme leConcile Vatican 2 l’a déjà souligné. À d’autres égards lacritique de cette société dans l’esprit de l’évangile estabsolument nécessaire, par exemple quand des êtres humainsne sont plus jugés qu’en fonction de leur rendement, quandla dignité de l’Homme est bafouée.

Mais en tout état de cause il est vrai que le message deliberté de l’évangile est le critère pour une Églisecrédible, pour son action et sa forme sociale. Les défisconcrets auxquels l’Église doit faire face ne sont nullementnouveaux. Malgré cela, on ne peut guère distinguer desréformes orientées vers l’avenir. À ce sujet un dialogueouvert doit être mené dans les champs d’action suivants :

1) Structures participatives : dans tous les champs dela vie de l’Église la participation des croyants est unepierre de touche pour la crédibilité du message delibération de l’évangile. Conformément au vieux principe dedroit qui dit que « ce qui concerne tout le monde, doit êtredécidé par tout le monde » il faut plus de structuressynodales à tous les niveaux de l’Église. Les croyantsdoivent être impliqués dans la désignation d’importantsfonctionnaires (évèques, prêtres). Ce qui peut être décidésur place, doit être décidé sur place. Les décisions doiventêtre transparentes.

2) Communauté : les communautés chrétiennes doivent êtredes lieux où les gens partagent entre-eux des biensspirituels et matériels. Mais présentement la viecommunautaire se détériore. Sous la pression du manque deprêtres on érige des unités administratives de plus en plusgrandes – des paroisses XXL – au sein desquelles on ne peutplus guère faire l’expérience de la proximité et del’appartenance. Des identités historiques et des réseauxsociaux qui se sont mis en place au fil du temps sontabandonnés. Des prêtres sont « envoyés au casse-pipe » etsont au bout du rouleau. Les croyants prennent leur distance

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quand on ne les croit pas capables d’assumer des co-responsabilités et de participer à la direction de leurcommunauté au sein de structures plus démocratiques. Lafonction ecclésiale doit être au service de la vie de lacommunauté et non inversement. L’Église a aussi besoin deprêtres mariés et de femmes pour occuper la fonctionecclésiale.

3) Culture du droit : la reconnaissance de la liberté etde la dignité de chaque être humain se voit particulièrementquand un conflit est règlé à la loyale et dans le respectréciproque. Le droit ecclésial ne mérite ce nom que si lescroyants peuvent réellement faire valoir leurs droits. Ilest urgent d’améliorer la protection juridique et la culturedu droit au sein de l’Église ; un premier pas dans cettedirection serait la mise en place d’une juridictionadministrative ecclésiale.

4) Liberté de conscience : le respect de la conscienceindividuelle signifie mettre sa confiance dans la capacitéde choisir et de se montrer responsable. Il est aussi dudevoir de l’Église d’encourager cette capacité ; mais celane doit pas se transformer en paternalisme. Prendre cela ausérieux concerne particulièrement le domaine des choix devie personnels et de la forme de vie individuelle. La hauteestime que l’Église accorde au mariage et à la vie non-maritale n’est pas en question. Mais elle ne commande pasd’exclure ceux qui vivent de manière responsable l’amour, lafidélité et le souci réciproque dans un partenariat unissantdeux personnes du même sexe ou un couple de divorcés-remariés.

5) Réconciliation : la solidarité avec les « pécheurs »présuppose de prendre au sérieux le péché dans ses propresrangs. Le rigorisme suffisant et moral ne sied pas àl’Église. L’Église ne peut prêcher la réconciliation avecDieu, sans elle-même créer par sa propre action la conditionpréalable à une réconciliation avec ceux envers lesquels

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elle s’est rendue coupable, par la violence, en les privantde leur droit, en inversant le message biblique de libertéen une morale rigoureuse sans miséricorde.

6) L’office : la liturgie vit par la participationactive de tous les croyants. Les expériences et formesd’expression du présent doivent avoir une place en son sein.L’office ne doit pas se figer en un traditionalisme. Ladiversité culturelle enrichit la vie liturgique et ne semarie pas bien avec des tendances à l’uniformisationcentralisée. Le message de l’Église n’atteindra les êtres-humains que si la fête de la foi accueille des situations devie concrètes.

Le processus de dialogue ecclésial qui a été entamé peutconduire à la libération et à un nouveau départ si tous lesparticipants sont prêts à s’attaquer aux questions urgentes.Il s’agit de trouver des solutions pour faire sortirl’Église de cette préoccupation de soi qui la paralyse. Latempête de l’an dernier ne doit pas être suivie de calme !Dans la situation actuelle cela ne pourrait être qu’unsilence de tombe. En temps de crise la peur n’a encorejamais été bonne conseillère. L’évangile invite leschrétiennes et chrétiens à regarder vers l’avenir aveccourage et – suite à la parole de Jésus – à marcher surl’eau à l’instar de Pierre : « pourquoi avez-vous si peur ?Votre foi est-elle si petite ?»

Les signataires :

Albus, Michael, Universität Freiburg

Anzenbacher, Arno, Universität Mainz

Arens, Edmund, Universität Luzern

Autiero, Antonio; Universität Münster

Bäumer, Franz Josef, Universität Gießen

Page 91: La Fédération de l’enseignement privé musulman fait sa

Baumgartner, Isidor, Universität Passau

Bechmann, Ulrike, Universität Graz

Belok, Manfred, Theologische Hochschule Chur

Benk, Andreas, Pädagogische Hochschule Schwäbisch-Gmünd

Bieberstein, Klaus, Universität Bamberg,

Bieberstein, Sabine, Katholische Universität Eichstätt

Biesinger, Albert, Universität Tübingen Bischof,

Franz Xaver, LMU München

Blasberg-Kuhnke, Martina, Universität Osnabrück

Böhnke, Michael, Universität Wuppertal

Bopp, Karl SDB, Phil.-Theol. Hochschule Benediktbeuern

Bremer, Thomas, Universität Münster

Brosseder, Johannes, Universität zu Köln

Broer, Ingo, Universität Siegen

Bucher, Anton A., Universität Salzburg

Collet, Giancarlo, Universität Münster

Dautzenberg, Gerhard, Universität Gießen

Demel, Sabine, Universität Regensburg

Droesser, Gerhard, Universität Würzburg

Eckholt, Margit, Universität Osnabrück

Emunds, Bernhard, Phil.-Theol. Hochschule St. Georgen

Ernst, Stephan, Universität Würzburg

Page 92: La Fédération de l’enseignement privé musulman fait sa

Feiter, Reinhard, Universität Münster

Franz, Albert, Universität Dresden

Frevel, Christian, Universität Bochum

Fröhling, Edward SAC, Phil.-Theol. Hochschule Vallendar

Fuchs, Ottmar, Universität Tübingen

Fürst, Alfons, Universität Münster

Gabriel, Karl, Universität Münster

Garhammer, Erich, Universität Würzburg

Göllner, Reinhard, Universität Bochum

Görtz, Heinz-Jürgen, Universität Hannover

Goertz, Stephan, Universität Mainz

Grümme, Bernhard, Pädagogische Hochschule Ludwigsburg

Häfner, Gerd, LMU München

Haker, Hille, Universität Frankfurt am Main, Chicago

Hartmann, Richard, Theologische Fakultät Fulda

Heimbach-Steins, Marianne, Universität Münster

Heinz, Hanspeter, Universität Augsburg

Hemel, Ulrich, Universität Regensburg

Hengsbach, Friedhelm SJ, Phil.-Theol. Hochschule St. Georgen

Hilberath, Bernd-Jochen, Universität Tübingen

Hilpert, Konrad, LMU München

Höfer, Rudolf, Universität Graz

Page 93: La Fédération de l’enseignement privé musulman fait sa

Höhn, Hans-Joachim, Universität zu Köln

Hoffmann, Johannes, Universität Frankfurt am Main

Hoffmann, Paul, Universität Bamberg

Holderegger, Adrian, Universität Freiburg(Schweiz)

Holzem, Andreas, Universität Tübingen

Hünermann, Peter, Universität Tübingen

Jäggle, Martin, Universität Wien

Jorissen, Hans, Universität Bonn

Kampling, Rainer, Universität Berlin

Karrer, Leo, Universität Freiburg/Schweiz

Kern, Walter, Pädagogische Hochschule Ludwigsburg

Kessler, Hans, Universität Frankfurt am Main

Kienzler, Klaus, Universität Augsburg

Kirchschläger, Walter, Universität Luzern

Knobloch, Stefan, OFMCap, Universität Mainz

Könemann, Judith, Universität Münster

Kohler-Spiegel, Helga, Pädagogische HochschuleFeldkirch/Vorarlberg

Kos, Elmar, Universität Vechta

Kraus, Georg, Universität Bamberg

Kruip, Gerhard, Universität Mainz

Kügler, Joachim, Universität Bamberg

Kuhnke, Ulrich, Hochschule Osnabrück

Page 94: La Fédération de l’enseignement privé musulman fait sa

Kuld, Lothar, Pädagogische Hochschule Weingarten

Ladenhauf, Karl-Heinz, Universität Graz

Lang, Bernhard, Universität Paderborn

Langer, Wolfgang, Perchtolsdorf

Lesch, Karl Josef, Universität Vechta

Loretan, Adrian, Universität Luzern

Lüdicke, Klaus, Universität Münster

Ludwig, Heiner, TU Darmstadt

Lutterbach, Hubertus, Universität Duisburg-Essen

Maier, Joachim, Schriesheim

Meier, Johannes, Universität Mainz

Mennekes, Friedhelm SJ, Köln

Merks, Karl-Wilhelm, Bonn

Mette, Norbert, Technische Universität Dortmund

Michel, Andreas, Universität zu Köln

Mieth, Dietmar, Universitäten Erfurt und Tübingen

Missala, Heinrich, Universität Duisburg-Essen

Möhring-Hesse, Matthias, Universität Vechta

Mooney, Hilary, Pädagogische Hochschule Weingarten

Müller, Klaus, Universität Münster

Müllner, Ilse, Universität Kassel

Nauer, Doris, Phil.-Theol. Hochschule Vallendar

Page 95: La Fédération de l’enseignement privé musulman fait sa

Neuner, Peter, LMU München

Niederschlag, Heribert SAC, Phil.-Theol. HochschuleVallendar

Odenthal, Andreas, Universität Tübingen

Ollig, Hans-Ludwig SJ, Phil.-Theol. Hochschule St. Georgen

Pellegrini, Silvia, Universität Vechta

Pemsel-Maier, Sabine, Pädagogische Hochschule Karlsruhe

Pesch, Otto Hermann, Universität Hamburg

Pock, Johann, Universität Wien

Poplutz, Uta, Universität Wuppertal

Porzelt, Burkard, Universität Regensburg

Raske, Michael, Universität Frankfurt am Main

Richter, Klemens, Universität Münster

Roebben, Bert, Universität Dortmund

Rotter, Hans, Universität Innsbruck

Sauer, Ralph, Universität Vechta

Schäper, Sabine, Katholische Fachhochschule Münster

Schmälzle, Udo, Universität Münster

Schmidt, Thomas M., Universität Frankfurt am Main

Schmiedl, Joachim, Phil.-Theol. Hochschule Vallendar

Schockenhoff, Eberhard, Universität Freiburg

Scholl, Norbert, Pädagogische Hochschule Heidelberg

Schulz, Ehrenfried, LMU München

Page 96: La Fédération de l’enseignement privé musulman fait sa

Schreiber, Stefan, Universität Augsburg

Schreijaeck, Thomas, Universität Frankfurt am Main

Schüller, Thomas, Universität Münster

Schüngel-Straumann, Helen, Universität Kassel / Basel

Seeliger, Hans-Reinhard, Universität Tübingen

Siller, Hermann Pius, Universität Frankfurt am Main

Simon, Werner, Universität Mainz

Spiegel, Egon, Universität Vechta

Steinkamp, Hermann, Universität Münster

Steins, Georg, Universität Osnabrück

Stosch, Klaus von, Universität Paderborn

Striet, Magnus, Universität Freiburg

Strotmann, Angelika, Universität Paderborn

Theobald, Michael, Universität Tübingen

Trautmann, Franz, Pädagogische Hochschule Schwäbisch-Gmünd

Trautmann, Maria, Katholische Universität Eichstätt

Trocholepczy, Bernd, Universität Frankfurt am Main

Vogt, Markus, LMU München

Wacker, Marie-Theres, Universität Münster

Wahl, Heribert, Universität Trier

Walter, Peter, Universität Freiburg

Weirer, Wolfgang, Universität Graz

Page 97: La Fédération de l’enseignement privé musulman fait sa

Wendel, Saskia, Universität zu Köln

Wenzel, Knut, Universität Frankfurt am Main

Werbick, Jürgen, Universität Münster

Willers, Ulrich, Katholische Universität Eichstätt

Ziebertz, Hans-Georg, Universität Würzburg

Zwick, Reinhold, Universität Münster