26
BONNES VACANCES ! À quoi jouent nos responsables au sujet du nucléaire ? On les savait adeptes de la roulette russe : la balle fatale, ce serait l'acci- dent nucléaire majeur. Mais après les derniers problèmes de l'EPR (« sérieuse anomalie » dans la composition du couvercle et du fond de cuve, mauvais fonctionnement des soupapes de sécurité), c'est une partie de poker menteur qui s'annonce. D'un côté, Areva est en quasi-faillite (5 milliards d'euros de pertes pour un chiffre d’affaire de 8 milliards en 2014) : c'est ce qui provoque la prise de participa- tion d'EDF dans le capital d'Areva. Mais parallèlement, EDF affirme que la promesse de hausse de 5 % par an du prix de l'électricité en 2015, 2016 et 2017 n'a rien à voir avec ce rachat (1). Notre pays est engagé dans une impasse avec le nucléaire : à quand l’arrêt de cette gabegie ? À quand un vrai plan d’investissement dans la transition énergétique (2) ? Depuis le 5 juin, le tour Alternatiba parcourt la France avec son vélo à 4 places pour faire le lien entre ces dizaines de villages Alternatiba qui ont vu ou vont voir le jour d'ici à la réunion de la COP 21, en décembre, à Paris. Il traversera la Bourgogne et la Franche-Comté du 11 au 18 juillet. Un peu partout en France et, pour ce qui concerne la Franche-Comté, dans les secteurs de Besançon et de Belfort-Montbéliard, des acteurs très variés et nom- breux (associations, militants, entreprises, acteurs de l’économie sociale et solidaire, etc.) se retrouvent pour organiser des évène- ments Alternatiba, redonner espoir et montrer que des alternatives sont possibles (3). Le 18 juin, le pape a surpris non seulement les écologistes, mais toute notre société, en publiant une encyclique centrée sur les questions écologiques : la crise écologique, affirme-t-il, est aussi une crise de civilisation ; et il dénonce le consumérisme aveugle des so- ciétés occidentales. Une belle note d’espoir dans ce message inat- tendu mais bienvenu car, comme le dit notre porte-parole Sandrine Rousseau, « toutes les composantes de notre société doivent s’unir et s’engager pour la cause climatique et assurer un avenir meilleur à l’ensemble de l’humanité ». Sur cette note optimiste, nous vous souhaitons de bonnes vacances ! (1) Une raison de plus, pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, de choisir Enercoop comme fournisseur d’électricité ! (2) Signalons une intéressante étude de Greenpeace, à voir sur internet : « Le nucléaire, une énergie d'avant – 5 mythes écono- miques décryptés ». (3) Au cours de vos vacances, n’hésitez pas à faire un détour pour accompagner le tour Alternatiba ou participer à un village Alternatiba. JUILLET - AOÛT / n°209 / 1,70 € Corinne Tissier et Bernard Lachambre Cosecrétaires EELV Franche Comté

La Feuille Verte n°209 - juillet-août 2015

Embed Size (px)

DESCRIPTION

FV 209 - 07-08-2015

Citation preview

  • BONNES VACANCES !

    quoi jouent nos responsables au sujet du nuclaire ? On les

    savait adeptes de la roulette russe : la balle fatale, ce serait l'acci-

    dent nuclaire majeur. Mais aprs les derniers problmes de l'EPR

    ( srieuse anomalie dans la composition du couvercle et du fond

    de cuve, mauvais fonctionnement des soupapes de scurit), c'est

    une partie de poker menteur qui s'annonce. D'un ct, Areva est en

    quasi-faillite (5 milliards d'euros de pertes pour un chiffre daffaire

    de 8 milliards en 2014) : c'est ce qui provoque la prise de participa-

    tion d'EDF dans le capital d'Areva. Mais paralllement, EDF affirme

    que la promesse de hausse de 5 % par an du prix de l'lectricit en

    2015, 2016 et 2017 n'a rien voir avec ce rachat (1). Notre pays est

    engag dans une impasse avec le nuclaire : quand larrt de cette

    gabegie ? quand un vrai plan dinvestissement dans la transition

    nergtique (2) ?

    Depuis le 5 juin, le tour Alternatiba parcourt la France avec son

    vlo 4 places pour faire le lien entre ces dizaines de villages

    Alternatiba qui ont vu ou vont voir le jour d'ici la runion de la

    COP 21, en dcembre, Paris. Il traversera la Bourgogne et la

    Franche-Comt du 11 au 18 juillet. Un peu partout en France et,

    pour ce qui concerne la Franche-Comt, dans les secteurs de

    Besanon et de Belfort-Montbliard, des acteurs trs varis et nom-

    breux (associations, militants, entreprises, acteurs de lconomie

    sociale et solidaire, etc.) se retrouvent pour organiser des vne-

    ments Alternatiba, redonner espoir et montrer que des alternatives

    sont possibles (3).

    Le 18 juin, le pape a surpris non seulement les cologistes,

    mais toute notre socit, en publiant une encyclique centre sur les

    questions cologiques : la crise cologique, affirme-t-il, est aussi une

    crise de civilisation ; et il dnonce le consumrisme aveugle des so-

    cits occidentales. Une belle note despoir dans ce message inat-

    tendu mais bienvenu car, comme le dit notre porte-parole Sandrine

    Rousseau, toutes les composantes de notre socit doivent sunir et

    sengager pour la cause climatique et assurer un avenir meilleur

    lensemble de lhumanit .

    Sur cette note optimiste, nous vous souhaitons de bonnes

    vacances !

    (1) Une raison de plus, pour ceux qui ne lont pas encore fait, de

    choisir Enercoop comme fournisseur dlectricit !

    (2) Signalons une intressante tude de Greenpeace, voir sur

    internet : Le nuclaire, une nergie d'avant 5 mythes cono-

    miques dcrypts .

    (3) Au cours de vos vacances, nhsitez pas faire un dtour

    pour accompagner le tour Alternatiba ou participer un village

    Alternatiba.

    JUILLET - AOT / n209 / 1,70

    Corinne Tissier

    et Bernard Lachambre

    Cosecrtaires EELV Franche

    Comt

  • Face la dtresse du peuple

    grec, l'Europe communie avec le FMI

    pour asphyxier un tat qui proteste

    contre les potions amres de l'aust-

    rit librale.

    Certes, les gouvernements

    grecs de Nouvelle dmocratie et du

    Pasok ont conduit ce pays vers la

    faillite, mais les dirigeants euro-

    pens savaient la ralit des fi-

    nances grecques au moment de son adhsion l'Euro. Ils

    savaient qu'en s'adossant au FMI pour le plan de sauvetage

    de la Grce, ils faisaient intervenir une institution qui se

    contrefout de la construction europenne.

    Admettons : le gouvernement grec issu des lec-

    tions de janvier dernier s'est montr parfois peu diplomate ;

    mais l'a-t-il t moins que le ministre allemand des fi-

    nances ?...

    Ce ne sont pas seulement les conomistes

    atterrs qui dnoncent la politique d'tranglement de la

    Grce ; ce n'est pas seulement la prsidente du Parlement

    grec qui fustige l'illgalit et l'illgitimit d'une dette qui a

    servi en premier lieu sauver les banques : les Europens

    convaincus savent la ncessit de restructurer la dette.

    Ds lors, l'intransigeance europenne (et une parole

    bien tardive et bien faible de la France), les demandes in-

    supportables du FMI apparaissent pour ce qu'elles sont : un

    scandale au cur de lEurope, un affront l'idal europen.

    Entre l'optimisme avant le Conseil europen et

    la tension qui s'exacerbe depuis, l'avenir est plus

    qu'incertain. Il faut dire qu'on crit

    ces lignes (1) alors que le Premier

    ministre grec prvoit l'organisation

    d'un rfrendum et que, selon le

    prsident de l'Eurogroupe, cela

    signe la rupture des ngociations

    et la non-prolongation de l'assis-

    tance financire. On peut le com-

    prendre, ce brave homme : o

    irions-nous (mais Dieu merci, ce

    n'est pas demain la veille) si tous les gouvernements se

    mettaient suivre la mme voie que Tsipras et deman-

    der son avis leur peuple !? Il faut choisir : la dmocratie

    OU le libralisme...

    Que la Grce sorte de l'euro ou qu'elle finisse par

    cder aux diktats financiers, nos dirigeants europens

    auront rendre compte de leur faillite morale et politique

    (2).

    Le CLFV (Comit de Lecture de la Feuille Verte)

    (1) Et on les crit en tant bien conscient qu'au train o

    vont les choses, elles seront sans nul doute largement

    dpasses quand paratra ce numro...

    (2) propos de faillite morale, c'est bien notre Christine

    Lagarde (inter)nationale qui a remport le pompon ces

    derniers jours, en grondant comme des gosses ces fichus

    Grecs qui ne paient pas tous leurs impts, elle-mme

    tant par ailleurs, en tant que fonctionnaire internatio-

    nale et malgr un salaire annuel de prs de 400 000 eu-

    ros, tout bonnement... exempte d'impt sur le revenu !

    L'EUROPE CONTRE LES GRECS

    Sommaire

    2

    P 1 : dito

    P 2 : LEurope contre les Grecs

    P 3 : Voyages en folies

    P 4 : nous de vous faire aimer le train

    P 5 : La baisse des dotations aux collectivits est une inep-

    tie conomique

    P 7 : O trouver EELV au plus prs de chez vous ?

    P 8 : Faut-il donner un prix la nature ?

    P 9 : Hommage Joseph Regnaud

    P 10 : Une piste de bon sens

    P 11 : Comment recevoir La Feuille Verte?

    P 12 : Larnaque du ticket-restaurant

    P 13 : Alternatiba en France et dans la rgion

    P 14 : Un t de livres et de musiques

    P 17 : Science et cologie

    P 18 : Ils sont votre pouvante et vous tes leur crainte

    P 21 : Bienvenue en Valsesia

    P 22 : Petite chronique wallisienne

    P 23 : Un mois, mois et moi

    P 26 : Bulletin dadhsion

    Asphyxie programme

  • 3

    Psychiatrie citoyenne

    VOYAGES EN FOLIES

    Certains Bisontins commencent connatre les IAF

    les Invits Au Festin -, une association cre il y a 15 ans

    l'initiative d'une psychiatre, Marie-Nolle Besanon, et

    de son mari Jean, pour prendre en charge, de manire

    originale, les personnes en souffrance psychique. Ils ont

    cr Besanon, rue de la Cassotte, dans un ancien

    clotre, un lieu d'accueil et de vie non mdicalis pour des

    personnes souffrant de troubles psychiques et/ou so-

    ciaux. Exprience innovante, humaniste et citoyenne, les

    IAF font preuve de beaucoup de crativit, comme le

    montre la rcente exposition - Voyages en folies - de

    portraits grandeur nature de personnes costumes et

    grimes, rsidents et accompagnants du foyer. J'ai trouv

    cette exposition trs originale et mouvante.

    Le concept des IAF

    La Maison des Sources , qui est le lieu d'accueil

    Besanon, est une alternative l'hospitalisation. Les

    personnes souffrantes y partagent au quotidien la vie des

    accompagnants et des bnvoles dans une dmarche

    innovante de psychiatrie citoyenne. Elles y retrouvent de

    la chaleur humaine, de la convivialit, de la comprhen-

    sion et de la solidarit. Cette belle initiative nous amne

    aussi repenser les frontires entre le normal et l'anor-

    mal, entre la pathologie et la non-maladie .

    Les IAF affichent clairement les valeurs de fraterni-

    t, de libert, d'galit et de solidarit. Et on ne peut que

    saluer cette prise de distance avec l'idologie dominante

    et la pense unique, qui voquent plus volontiers la renta-

    bilit et la comptitivit, mme si c'est au prix de l'limi-

    nation et de la mise l'cart. Et ces valeurs sont vraiment

    mises en uvre, dans le vivre-ensemble plutt que l'ex-

    clusion, l'ouverture sur l'extrieur plutt que l'enferme-

    ment, la participation plutt que l'assistanat.

    La folie a toujours fait peur car elle est irration-

    nelle et incontrlable comme la libert. Nous devons l'ac-

    cueillir comme il se doit car elle fait partie de notre huma-

    nit, de notre socit. (1) Le concept des IAF prend le

    contrepied de la psychiatrie traditionnelle : elle inclut,

    dstigmatise et cre du lien social. Et cerise sur le g-

    teau, cette forme de prise en charge cote 3 10 fois

    moins cher que l'enfermement psychiatrique.

    Une exposition originale et crative

    L'exposition est ne de la rencontre de deux cra-

    teurs : un photographe, Olivier Martel, et une styliste,

    Sabine Chiche. Les IAF avaient dj organis plusieurs

    dfils, dont Sonates pour fripes au fil des saisons ,

    avec des personnes dont le visage tait peint. Le gnie

    crateur de Sabine s'exprima travers l'ide d'utiliser la

    friperie des IAF pour mtamorphoser les Invits en per-

    sonnages venus d'ailleurs. Ce qui donna ce fascinant

    rsultat : Des incursions en terres nouvelles, en des

    ailleurs aux frontires de l'imaginaire, de la rverie, de

    l'pure, o le fantastique ctoie la ncessit, la beaut

    la matrialit, la simplicit l'extravagance. (2)

    Et Olivier Martel d'ajouter : Mes photos sont un

    acte militant pour que ceux qui les regardent se rendent

    compte que ceux que l'on dit fous sont des tres qui

    souffrent et dont l'humanit est absolument boulever-

    sante. Les Invits ont fait preuve de beaucoup de dis-

    ponibilit, de spontanit, d'adaptation et de crativit.

    Ils ont su dpasser les premires apprhensions, la timi-

    dit et la peur du ridicule pour se lancer joyeusement

    dans cette aventure.

  • Les IAF sont laurats 2015 du chantier prsidentiel

    La France s'engage pour le projet d'essaimage de leur

    concept de psychiatrie citoyenne travers IAF rseau .

    Dj 16 associations sont membres d'IAF rseau et uvrent

    dans leur rgion pour crer des lieux d'accueil et de vie

    bass sur ce modle. Il reste encore beaucoup faire pour

    convaincre les institutions publiques ou prives d'adopter

    une approche humaniste et citoyenne de la psychiatrie.

    Grard Mamet

    (1) Prsentation des IAF dans le catalogue de l'ex-

    position Voyages en folies .

    (2) Propos de Marie-Nolle Besanon dans le cata-

    logue

    4

    SNCF : tout est possible (?)

    NOUS DE VOUS FAIRE AIMER LE TRAIN

    Le hasard a voulu que, dans une mme semaine, je

    teste six TER ou TGV sur six trajets diffrents en Bourgogne

    et en Franche-Comt. Eh ! bien, vous me croirez si vous

    voulez, mais dans aucun d'entre eux je n'ai trouv d'eau ni

    pour me rincer les mains aprs mon casse-crote, ni pour

    actionner la chasse ! Est-ce trop demander la SNCF de

    faire le plein avant chaque trajet ?

    En outre, j'avais le malheur de partir un samedi de

    Clerval et de faire, via Besanon et Dijon, escale Laroche-

    Migennes ; puis de repartir de Joigny pour Paris-Bercy ; et

    de revenir le mardi soir Belfort-TGV depuis Paris-Gare de

    Lyon. Rsultat : ma carte Week-end n'tait d'aucun secours

    pour obtenir un tarif prfrentiel . Ben oui, aussi, quelle

    ide d'avoir besoin de faire un priple aussi compliqu dans

    cette future Grande Rgion sans faire comme tout le

    monde, savoir partir de la maison le lundi matin, filer en

    TGV 150 euros le billet pour rejoindre Paris et revenir

    dans la mme semaine, avec un retour 120 euros, tarif

    Pro, rembours par mon employeur ?

    Et avec a, il faudrait que l'on reste aimable au gui-

    chet auquel on a t oblig d'aller aprs que le site inter-

    net pour booker l'htel en mme temps que le billet

    de train nous a joyeusement fait perdre trois quarts

    d'heure. Et cela avant de nous apprendre que, de tout

    faon, il beuguait ce jour-l : on pouvait effectivement

    rserver l'htel, mais en aucun cas obtenir un billet de

    train ; pourtant, j'avais vrifi : j'tais bien sur gnagna-

    gna-sncf/ train+htel...

    Heureusement, les amis restent les amis : la pro-

    chaine fois, j'appelle Alain Fousseret (1) avant et il me

    dira comment il fait pour organiser ses voyages... en

    Suisse ! (Aux esprits mal tourns qui se demanderaient

    quel rapport j'tablis entre Alain et des trajets en Helv-

    tie, je prcise qu'il a tout voir avec la qualit des

    retours d'exprience qu'Alain a partags avec les

    Nord-Francs-Comtois, et strictement rien avec quelque

    moins louable activit en liaison avec les coffres forts de

    nos voisins d'outre-Jura...)

    Cline Raigneau

    (1) Pour ceux qui l'ignoreraient, Alain est 3e Vice-

    prsident ELV du Conseil rgional de Franche-Comt, en

    charge des transports.

  • 5

    Point de vue

    LA BAISSE DES DOTATIONS AUX COLLECTIVITS EST UNE INEPTIE CONOMIQUE

    Depuis le printemps 2014, je suis conseiller mu-

    nicipal d'Ornans et dlgu la Communaut de com-

    munes du Pays d'Ornans. Je suis aussi dlgu au Syndi-

    cat mixte de la Loue et au Syndicat Intercommunal des

    Eaux de la Haute Loue. Il ne se passe pas une runion

    sans que la question de la baisse des dotations ne vienne

    sur le tapis ; et pour cause : cette question empoisonne

    la gestion des collectivits locales.

    Ne pas se rjouir trop vite de la baisse des

    appels d'offre

    Le premier constat que chaque lu peut faire

    dans sa collectivit, c'est le nombre lev de PME qui

    rpondent un appel d'offre : parfois 8 ou 10, quand on

    n'en comptait que 3 ou 4 il y a quelques annes. On voit

    bien que les petites entreprises manquent d'activit,

    aussi bien du ct des particuliers que de celui des col-

    lectivits, et ce n'est pas du tout rjouissant pour l'em-

    ploi local. La politique d'austrit est passe par l. La

    deuxime constatation, c'est l'cart consquent - 20 40

    %, parfois plus - entre les valuations des services et les

    propositions des appels d'offre. Il est possible que, dans

    certains cas, les valuations soient un peu surestimes.

    Cette baisse du cot des travaux profite court terme

    aux collectivits et leur redonne quelques marges de

    manuvre. Mais attention ! Dans ces conditions, si elles

    travaillent perte, les petites entreprises vont se retrou-

    ver rapidement en difficult.

    Le gouvernement a oubli un peu vite que les

    collectivits locales contribuent prs des trois quarts

    de l'investissement public, trs loin devant l'tat. Cet

    investissement des collectivits, c'est gnralement de

    l'activit difficilement dlocalisable, qui stimule l'cono-

    mie de nos territoires et permet le maintien de l'emploi.

    Certes, il n'est pas impossible que certaines PME aient

    bien profit d'une priode plus faste et qu'elles puissent

    faire, aujourd'hui, quelques efforts ; mais cela ne pourra

    pas durer indfiniment sans mettre en danger tout le tissu

    conomique local.

    Les marges de manuvre sont rduites

    Les lus savent bien qu'il y a, dans une collectivit,

    beaucoup de dpenses incompressibles : frais de person-

    nel, chauffage et entretien des btiments, etc. Il y a tou-

    jours la possibilit de faire quelques conomies, et il faut

    les faire, mais ce qui fait l'objet de vrais choix ne dpasse

    pas 5 10 % du budget. Et la baisse de 11 milliards d'euros

    des dotations aux collectivits commence peser. Ici et l,

    la commune va pouvoir faire des conomies sur l'entretien

    des routes, retarder un investissement. Dans une priode

    de crise et d'austrit, on comprend aussi que les collecti-

    vits hsitent augmenter les impts locaux.

    Alors, comment se traduit la baisse des

    moyens dans une petite ville de 4 300 habitants

    comme Ornans ? Un projet

    de passerelle sur la Loue, qui

    devait s'inscrire dans un r-

    seau de cheminement piton

    et cyclable, est de nouveau

    repouss. Du ct de la Com-

    Com, qui en a la comptence,

    la deuxime tranche de tra-

    vaux de la dviation qui doit

    permettre aux poids lourds d'viter les rues troites du

    centre ville n'est pas finance et ne sera pas ralise avant

    longtemps.

    Plus gnralement, la collectivit est oblige de

    serrer son budget et certains lus proposent dj de

    baisser systmatiquement de 15 % les subventions aux

    associations, ce que nous, lus d'opposition, rcusons tout

    en ne niant pas les difficults rencontres pour quilibrer

    le budget. Dans ces conditions, il est trs difficile de con-

    vaincre les lus que la commune doit faire sa part dans la

    transition nergtique ; et pourtant les btiments commu-

    naux ne sont pas bien isols et on pourrait aussi, par

    exemple, installer des chauffe-eau solaires pour remplacer

    les chauffe-eau lectriques ou fuel dans les btiments

  • 6

    publics. Cette dernire question se pose concrtement, en

    ce moment, au niveau du groupe scolaire du primaire.

    On a pu entendre, de la bouche de certains lus

    qui s'accommodent de cette politique, que les contraintes

    budgtaires pouvaient tre une opportunit pour en finir

    avec des dpenses inutiles ou de prestige et repenser les

    priorits. Pas si simple, exemples l'appui. La commune

    d'Ornans dpense plusieurs dizaines de milliers d'euros

    tous les deux ans pour accueillir un pow-ow rassemble-

    ment d'Indiens d'Amrique , qui est une grande manifes-

    tation culturelle et festive clbrant, par ailleurs, la diver-

    sit humaine. Elle a dcid aussi de replanter deux hec-

    tares et demi de vigne, des fins patrimoniales, pour re-

    constituer un paysage du temps de Courbet. Ces deux

    dpenses ne sont certes pas indispensables la vie des

    habitants de la valle de la Loue ; sont-elles pour autant

    inutiles ? Avec la baisse des dotations, peut se dessiner

    une vision uniquement utilitariste de la gestion muni-

    cipale.

    Un mauvais choix conomique

    Ces exemples montrent toute l'absurdit de la

    politique de l'offre que le Nobel d'conomie qualifiait

    de faribole aprs la conversion du prsident de la

    Rpublique cette orientation conomique (1). En effet,

    ce ne sont pas les impts ou les charges qui empchent

    les PME d'embaucher et d'investir, c'est d'abord le

    manque d'activit. Quand une entreprise ne travaille qu'

    70 % de ses capacits, il n'est pas ncessaire d'avoir fait

    HEC ou l'ENA pour comprendre qu'elle va plutt encoura-

    ger les dparts volontaires de salaris et ne pas chercher

    acheter de nouveaux quipements.

    Les conomistes libraux qui dominent le dbat

    aujourd'hui ont oubli un lment de base des circuits

    conomiques : les dpenses des uns sont les recettes des

    autres. Quand une collectivit inscrit des dpenses

    d'investissement son budget, celles-ci deviennent des

    recettes pour les entreprises qui ralisent les travaux.

    L'conomiste Olivier Blanchard, un spcialiste de macro-

    conomie (2) qui a travaill au FMI jusqu'en mai 2015, avait

    dmontr qu'un million d'euros d'argent public investi

    engendre jusqu' 1,7 millions d'euros d'activits (3). Les

    investissements publics entranent donc l'conomie dans

    un cercle vertueux : plus d'activit, plus d'emplois, plus

    de cotisations et d'impts.

    La baisse des dotations (comme les mesures d'aus-

    trit en gnral) est totalement inadapte une priode

    de risques de dflation (4) comme celle que nous con-

    naissons en 2015. On aurait d au contraire les augmen-

    ter, ce qui aurait contribu une politique de relance,

    sans les risques de drives consumristes d'une re-

    lance classique. Il aurait sans doute fallu flcher ou

    conditionner l'attribution de certains crdits pour viter

    qu'ils conduisent des GPI (Grands Projets Inutiles), style

    barrage de Sivens. Mais une augmentation raisonnable

    des dotations aux collectivits aurait permis de soutenir

    l'conomie sociale et solidaire, d'encourager la vie asso-

    ciative, qui joue un rle si essentiel dans le lien social, de

    dvelopper les services publics de proximit, d'avoir une

    politique culturelle plus ambitieuse et de donner du tra-

    vail aux PME. Ce sont essentiellement des formes de con-

    sommation collective qui auraient t stimules, ainsi

    que les emplois induits par ces activits.

    Enfin, les collectivits auraient pu contribuer, par

    l'investissement local, la transition cologique et ner-

    gtique. Il y a du pain sur la planche en matire d'isola-

    tion des btiments, de dveloppement des transports en

    commun, d'efficacit nergtique, de participation des

    programmes locaux d'nergie renouvelable, de soutien

    l'agriculture biologique. Autant de chantiers qui donne-

    raient de l'activit aux entreprises locales. Par sa poli-

    tique social-librale, le gouvernement Valls conduit exac-

    tement l'inverse et une impasse.

    En se ralliant la faribole de la politique de

    l'offre, Franois Hollande a fait de mauvais choix cono-

    miques et, en ralisant des coupes sombres dans le bud-

    get de l'tat, il se prive des moyens de conduire des poli-

    tiques publiques et de tenir ses engagements. La baisse

    des dotations en est un volet parmi d'autres. Cela dit, sur

    ce dossier, la droite n'est pas fonde apporter la

    moindre critique car elle a une attitude hypocrite et cyni-

    quement politicienne. En effet, elle affiche une position

    totalement incohrente puisqu'elle proteste contre la

  • 7

    baisse des dotations d'un ct tout en proposant de

    doubler les ponctions sur les finances publiques de

    l'autre - absolue contradiction !

    Grard Mamet

    (1) Paul Krugman a crit dans le New York Times

    du 16 janvier 2014 : Franois Hollande a dclar :

    C'est donc sur l'offre qu'il faut agir avant d'ajouter :

    C'est l'offre qui cre la demande . Eh bien dites donc, le

    voil qui reprend, presque mot pour mot, cette faribole

    discrdite qu'on appelle la loi de Say, ou loi des d-

    bouchs , selon laquelle il ne peut y avoir d'insuffisance

    globale de la demande puisque les gens doivent bien

    dpenser leurs revenus quelque part. C'est tout simple-

    ment faux, et particulirement faux, en pratique, en ce

    dbut de 2014.

    (2) La macroconomie tudie les grands flux

    financiers d'un pays, entre les revenus, les investisse-

    ments, la consommation, etc., et leurs consquences

    sur la croissance, l'emploi, etc. Elle s'oppose la

    microconomie, qui analyse plutt les comporte-

    ments conomiques au niveau des agents indivi-

    duels.

    (3) Pour la petite histoire, ce coefficient avait

    d'abord t valu 0,5 et la Commission euro-

    penne s'tait empresse de l'utiliser pour justifier

    les politiques d'austrit. Quand Olivier Blanchard a

    annonc qu'il s'tait tromp dans ses calculs et que

    le coefficient pouvait aller jusqu' 1,7 en priode de

    crise, plus personne n'en a parl

    (4) La dflation est un phnomne de baisse

    gnrale de l'indice des prix sur une priode longue

    pour arriver un indice nul ou ngatif. Elle est due

    l'insuffisance de la demande et entrane l'conomie

    dans une spirale de diminution de l'activit et d'aug-

    mentation du chmage.

    O trouver EELV au plus prs de chez vous ?

    Pour celles et ceux qui ne connaissent pas notre fonctionnement, sachez que lorganisation de base dEELV sappelle

    un groupe local. Il en existe certainement un prs de chez vous. Nhsitez pas contacter les personnes ci-dessous :

    Doubs

    - Besanon : runions au local EELV14, rue de

    la Rpublique25000 Besanon

    Tel : 03 81 81 06 66 [email protected]

    - Le Haut-Doubs : runions Pontarlier et

    Morteau

    Claire Colin : 06 33 28 91 75 [email protected]

    Raymond Tournier : 03 81 43 89 30

    - Montbliard : local EELV33, Avenue des

    Allis25200 Montbliard

    Odile Joannes : 03 81 92 92 44

    Michel Strasser : 06 78 96 05 04

    Haute-Sane

    - Lure Vosges Sanoises : runions salle

    Merlin - centre Schloeterer 70200 Lure

    Marie-Claire Thomas : 06 80 51 18 17

    - VesoulGray : runions la mairierue des

    Droits de lHomme70000 Noidans-ls-Vesoul

    Dominique Gaffard : 03 84 32 93 74

    Alain Ropion : 06 74 90 62 77

    - Hricourt :

    Danielle Bourgon : 06 30 63 56 07

    Territoire-de-Belfort

    - Belfort : runions la Maison du Peuple -

    place de la Rsistance - 90000 Belfort

    Vincent Jeudy : 06 88 22 88 97

    Jura

    - Dole : runions la Maison Verte61, rue

    Pasteur 39100 Dole

    Marie-Agns Chalumeaux : 06 70 11 31 21

    Bernard Marcesse : 06 32 62 23 09

    - Lons-le-Saunier (et Haut-Jura) : runions au

    centre social 2, rue de Pavigny 39000 Lons-le-

    Saunier

    Vronique Guislain-Muret : 06 74 67 52 18

    Anne Perrin : 06 42 39 04 25

  • 8

    Jean Gadrey et Aurore Lalucq posent cette ques-

    tion dans un livre dit au dbut de l'anne 2015 (1). Si le

    principe pollueur-payeur semble communment admis,

    comment valuer un dommage cologique ? Quels sont

    les avantages et les inconvnients des outils invents par

    les conomistes pour prendre en compte le prix de la

    nature ?

    Des valuations complexes

    Les auteurs soulignent, pour le dplorer, qu'

    l're nolibrale, ce qui n'est pas compt en units mon-

    taires ne compte pas. Le chiffrage montaire est donc

    devenu un outil d'apparence scientifique dans les dbats,

    mme si les calculs ne sont pas toujours fiables.

    Dans des cas prcis, cette valuation est utile.

    Par exemple quand, en 1989, le ptrolier Exxon Valdez a

    provoqu une gigantesque mare noire en Alaska, les

    rparations ont t values 5 milliards de dollars, que

    la socit ptrolire a d payer. Dans le cas de la catas-

    trophe de Bhopal, avec ses 8 000 morts et ses 15 000

    autres personnes devenues handicapes, les 450 millions

    d'indemnits verss par Union Carbide sont apparus bien

    insuffisants aux dfenseurs des droits humains.

    L'valuation des services rendus par les cosys-

    tmes est autrement plus complexe. Prenons l'exemple

    de la fort : elle peut tre exploite pour son bois, on

    peut faire payer un droit d'entre pour s'y promener, on

    peut donner un prix chacun de ces services marchands.

    Mais la somme de ces recettes indique plus le degr de

    marchandisation de la fort que sa valeur intrinsque, qui

    est, vrai dire, impossible valuer.

    Le tableau ci-contre dcompose la valeur cono-

    mique totale en 5 valeurs. La valeur d'usage direct cor-

    respond des services assez concrets : l'alimentation,

    l'nergie, les matriaux de construction, etc. La valeur

    d'usage indirect exprime les avantages de la conservation

    des cosystmes : entretien des sols, puration des eaux,

    etc. La valeur de non-usage correspond ce qui est pr-

    serv pour les gnrations futures : cosystmes, pay-

    sages, biodiversit, stabilit climatique.

    Des valuations contestables

    On comprend bien que si certaines valeurs

    peuvent tre assez facilement calcules, comme le prix

    du bois de chauffage produit par une fort, certaines

    valuations sont trs compliques. Lors de la confrence

    de Nagoya, au Japon, en octobre 2010, le rapport TEEB

    (2) a montr par de multiples exemples que les services

    cosystmiques sont largement sous-estims. On ap-

    prend ainsi que les insectes pollinisateurs rendraient un

    service valu 153 millions de dollars par an dans le

    monde et les rcifs coralliens entre 30 et 170 milliards de

    dollars.

    Une autre faon de donner un prix la nature

    est le march des permis ngociables ou des droits

    polluer . Le march le plus connu est celui des mis-

    sions de CO2. Au point de dpart, on dfinit un plafond

    pour les missions et ensuite on ralise un change mo-

    ntaire entre ceux qui mettent en excs et ceux qui

    mettent moins que leur plafond. Et c'est un mcanisme

    de march qui doit donner le prix. Malheureusement, ce

    mcanisme ne s'est pas montr trs efficace pour lutter

    contre le rchauffement climatique

    Pour prendre en compte le cot cologique, il y

    a aussi les taxes, comme la taxe poids lourds en Suisse,

    en Autriche et en Allemagne. L'objectif est simple : ren-

    chrir le cot du kilomtre pour inciter les transporteurs

    trouver des solutions moins polluantes. Pour France

    Nature Environnement, le report modal du routier sur le

    ferroviaire et le fluvial a t faible et l'effet principal a t

    une augmentation de 60 % du taux de chargement (4)

    par une amlioration de la logistique.

    Application l'agriculture biologique

    ct de ce livre, une recherche rcente ap-

    porte un clairage concret sur la question du prix de la

    nature : une tude sur l'agriculture biologique publie

    Transition cologique

    FAUT-IL DONNER UN PRIX A LA NATURE ?

  • 9

    HOMMAGE

    Joseph

    aux tats-Unis (3). Deux chercheurs amricains de la Was-

    hington State University, David W. Crowder et John P.

    Reganold, ont procd une mta-analyse (5) de 129

    tudes ralises dans 14 pays sur l'agriculture biologique.

    Les rsultats sont loquents : en AB, les rendements sont,

    en moyenne, un peu plus faibles (18 %) et le cot du tra-

    vail significativement plus lev qu'en agriculture conven-

    tionnelle. Mais, en mme temps, les agriculteurs bio font

    des conomies sur les intrants : engrais et pesticides. Pour

    ces diffrentes raisons, le cot de production en AB n'est

    que de 5 7 % plus lev qu'en agriculture convention-

    nelle, alors que les consommateurs sont prts payer les

    produits bio jusqu' 30 % plus cher.

    Les chercheurs ajoutent que, dans ces calculs, ils

    n'ont pas pris en compte les bnfices cologiques long

    terme de l'agriculture biologique : rduction de l'rosion,

    meilleur contrle naturel des parasites et des maladies,

    maintien des populations de pollinisateurs et prvention

    des dgts lis aux excs de l'agriculture chimique. Si

    toutes ces externalits , par ailleurs difficiles valuer,

    taient prises en compte dans le prix de revient de l'agri-

    culture conventionnelle, on s'apercevrait que l'agriculture

    bio prsente un avantage conomique certain, aussi bien

    pour les agriculteurs eux-mmes que pour la socit en

    gnral.

    partir de cet exemple concret de l'agriculture

    biologique, on voit bien que la non-prise en compte du

    prix de la nature fausse les choix conomiques. En fait,

    dans une conomie librale, les bnfices et les avantages

    sont empochs en espces sonnantes et trbuchantes par

    les acteurs conomiques privs, tandis que les dgts et

    les inconvnients, eux, sont externaliss et socialiss .

    C'est la socit qui doit payer pour l'augmentation des

    cots de la sant, les effets du rchauffement climatique

    ou le traitement de la pollution et la rparation des d-

    gts cologiques sur les ocans, les rivires, les sols, la

    biodiversit et la nature en gnral.

    Mais l'valuation montaire ne doit tre qu'un outil

    aux services des politiques publiques de protection de

    l'environnement et de la prservation de la plante. Le

    respect des cosystmes peut et doit aussi rpondre

    des raisons culturelles, morales et mme esthtiques.

    Grard Mamet

    (1) Jean Gadrey et Aurore Lalucq, Faut-il donner un prix

    la nature ? - Mars 2015, Les Petits Matins.

    (2) TEEB : The Economics of Ecosystems and Biodiversity.

    (3) The Huffington Post du 3 juin 2015 (en anglais).

    (4) Un camion ne circule pas forcment plein . On

    appelle taux de chargement (exprim en tonnes ou en

    pourcentage) la charge moyenne que transporte un vhi-

    cule sur une priode donne, en gnral un an. Par

    exemple, si un camion de 15 tonnes transporte en

    moyenne 10 tonnes, son taux de chargement est de 10

    tonnes ou 66 %.

    (5) Une mta-analyse procde une reprise statistique

    d'tudes indpendantes sur un problme. La runion de

    donnes permet d'arriver une synthse plus fiable sur un

    sujet.

    Joseph Regnaud vient de nous quitter 68 ans,

    terrass en un peu plus d'un an par un cancer du pan-

    cras. Plus de 500 personnes taient prsentes Vercel le

    24 juin pour lui rendre un dernier hommage.

    N dans le Haut-Doubs dans une mo-

    deste famille paysanne, Joseph avait com-

    menc sa vie professionnelle comme em-

    ploy dans un magasin de bricolage du Pays

    de Montbliard, puis il tait devenu comp-

    table des Maisons Familiales Rurales. Il a

    reu un bel hommage de ceux qui l'ont c-

    toy, qui n'ont pas manqu de rappeler sa

    droiture, son sens de la justice et de l'intrt

    gnral. Ses convictions l'ont guid dans sa

    vie de famille comme dans ses nombreux engagements.

    Il a t militant syndical et militant de quartier dans le

    Pays de Montbliard.

    Install par la suite sur le Plateau avec sa famille,

    militant cologiste convaincu, il est devenu, avec sa

    femme, adhrent actif du groupe ELV du Haut-Doubs et

    du CCFD-Terre solidaire, ONG qui lutte contre la

    faim, la pauvret et pour le dveloppement.

    Nous voulons dire Marie-Colette, sa

    femme, ainsi qu' ses quatre enfants et toute

    la famille, notre sincre amiti et leur exprimer

    notre profonde compassion.

    ELV Franche-Comt.

  • 10

    L'acte vaccinal

    est un acte mdical

    qui n'est pas anodin

    et qui ne peut tre

    accompli de manire

    systmatique sans

    tenir compte de la

    singularit biologique

    et mdicale de cha-

    cun. Or, force de

    vouloir minimiser tout risque li cet acte, notre systme

    de sant a perdu cette notion essentielle.

    La Coordination Nationale Mdicale Sant Environ-

    nement a effectu en mai 2014, dans un hpital priv de

    l'est parisien, une tude rvle aujourd'hui (1). Cent qua-

    rante-quatre salaris, issus de tous les services (mdicaux,

    administratifs) ont t volontaires pour faire un bilan de

    leur immunit vaccinale. En effet, on constate que si cer-

    tains ne sont plus immuniss bien avant la date de rappel

    de leur vaccin, d'autres le sont encore, diffrents degrs,

    des annes plus tard.

    La dtection srologique des anticorps pour-

    rait permettre dviter des injections vaccinales inutiles

    et coteuses. Le dosage d'anticorps est un outil prcieux

    qui permet d'individualiser l'acte vaccinal. Il permet, par

    une simple analyse du sang, de connatre le niveau de cou-

    verture d'une personne pour chaque vaccin. Cette couver-

    ture est le plus souvent lie l'administration d'un vaccin,

    mais elle peut tre aussi d'origine naturelle, lorsque l'indi-

    vidu a contract une maladie, par exemple dans le cas de

    l'hpatite A (qui peut-tre asymptomatique) ; le corps pro-

    duit alors des anticorps et s'immunise sans que la personne

    ait t vaccine.

    Ainsi, il est intressant d'apprendre que sur un

    vaccin DTP (diphtrie, ttanos, polio), vous pouvez tre,

    avant ou aprs dlai de rappel, immunis correctement

    pour une, deux ou trois valences (2), ou insuffisamment

    pour une ou plusieurs de ces valences. Pour des vaccins

    monovalents comme celui de l'hpatite B, votre taux d'an-

    ticorps peut vous apprendre que vous n'avez pas besoin de

    rappel pour un, deux ou cinq ans. Il arrive mme que des

    personnes soient non rpondantes au vaccin et ne soient

    jamais immunises, ce qui peut tre une information im-

    portante.

    Une des difficults de cette tude rside

    dans le fait que bien des personnes ont un carnet de

    vaccination incomplet (quand il n'est pas perdu) ; ainsi, il

    est courant que les mdecins vaccinateurs ne prcisent

    ni la marque commerciale ni le numro de lot, la date

    est parfois illisible, etc.

    En se concentrant sur les vaccins obligatoires en milieu

    hospitalier - Ttanos, Polio et Hpatite B - (3) et en te-

    nant compte des carnets de vaccination existants, ce qui

    permet de retracer l'histoire vaccinale de chacun, on

    constate que :

    - 78 % des personnes sont protges contre l'hpatite B,

    ce niveau de protection n'tant pas corrl au dlai

    coul entre la date de la vaccination et l'analyse d'anti-

    corps ;

    - 92 % des personnes sont protges contre le ttanos ;

    certaines sont correctement immunises alors que leur

    rappel date de plus de 20 ans ; d'autres au contraire,

    rcemment vaccines, ne sont pas protges ;

    - 63 % des personnes sont protges contre la polio, et

    on peut faire les mmes remarques que pour le tta-

    nos ; mais il faut aussi noter que le nombre de per-

    sonnes non protges dans un court dlai aprs le rap-

    pel est significativement plus important pour la polio

    que pour le ttanos. Cela ncessitera des investigations

    supplmentaires.

    Vaccinations individualises

    UNE PISTE DE BON SENS

  • 11

    Conclusions de l'tude : la majorit des per-

    sonnes ayant fait le test nauraient pas besoin de recevoir

    de rappels (4), puisqu'elles disposent d'anticorps suffi-

    sants : hpatite A (63%), hpatite B (78 %), ttanos (92 %),

    polio (63%). Une minorit de personnes nest plus immuni-

    se, soit du fait dun historique vaccinal difficile retrouver,

    soit du fait de leur personnalit immunitaire : il faut

    savoir que nous ne sommes pas gaux quant la rponse

    vaccinale.

    C'est bien pour cela, entre autres, qu'il serait utile

    de se diriger vers une vaccination personnalise.

    Yves Ketterer

    (1) tude mene par la CNMSE (Coordination

    Nationale Mdicale Sant Environnement) : http://

    cnmse.ouvaton.org/

    (2) Une valence correspond un vaccin prot-

    geant contre une maladie spcifique ; il existe des vac-

    cins bivalents, trivalents (par exemple, le DTP prvient 3

    maladies), quadrivalents, etc.

    (3) Et pourquoi pas la Diphtrie ? Parce que les

    deux premires valences sont juges plus importantes

    par les mdecins (et par la CPAM qui rembourse le do-

    sage des anticorps de ces deux valences, mais pas celui

    de la diphtrie), que le cot d'une tude est trs lev et

    qu'il faut faire des choix.

    (4) En milieu hospitalier, on fait un rappel tous

    les 20 ans des vaccins obligatoires.

    Comment recevoir La Feuille Verte ?

    Vous ntes pas adhrent dEurope Ecologie Les Verts de Franche-Comt ?

    Et du mme coup, vous ne recevez pas systmatiquement

    La Feuille Verte, le mensuel des colos comtois ?

    Abonnez-vous ! Rabonnez-vous! Et faites abonner les gens autour de vous !

    Ainsi, vous serez sr de ne rater aucun numro, et cela pour la modique somme

    de 16,00 euros seulement (11 numros par an).

    Nom : . Prnom : ...

    rue : .

    CP : Ville : .

    Chque lordre dEELV-FC, adresser :

    EELV-FC 14, rue de la Rpublique 25000 Besanon

    NOS LECTEURS

    cause d'un manque d'attention suffisante du Comit de Lecture de La Feuille Verte, deux illustrations se sont retrou-

    ves par inadvertance dans l'article sur les demandeurs d'asile de notre numro de juin (pages 13 et 14) : un dessin sur l'immi-

    gration interprt trop vite comme de l'humour au deuxime degr et la photo d'une entre de camp de la deuxime guerre

    mondiale, avec une inscription en allemand (1), qui n'y avait pas sa place. Une telle erreur est aussi due la ncessaire rapidit

    de la mise en page et l'absence de rfrences suffisantes des documents libres de droits tirs d'internet.

    Nous prions les lecteurs de nous en excuser et nous ferons en sorte d'tre plus vigilants dans l'avenir.

    Le CLFV

    (1) Une ville allemande, se disant submerge par les demandeurs d'asile, a un temps envisag de

    les loger dans une dpendance du camp de Buchenwald !

  • 12

    Instaur au dpart pour pallier l'absence de restau-

    rants d'entreprise convenables et permettre aux salaris

    qui ne pouvaient manger chez eux de se nourrir correc-

    tement, le ticket ou chque-restaurant perd de plus en

    plus sa fonction sociale et socitale.

    Aujourdhui gr par les tristement clbres

    Sodexo et Cie, il permet surtout aux employeurs de ne

    pas assumer leur responsabilit. Rmunration dtour-

    ne, fiscalit reporte sur le consommateur final, ho-

    raires et localisation des postes peu ngociables, etc. :

    les employeurs et leurs prestataires extrieurs

    s'achtent une conscience en promouvant ce fameux

    carnet de tickets .

    Fortement tertiariss (45,8 % en 2009 contre

    34,4 % en 1975), fminiss (47,5 % des emplois en 2009

    contre 36,7 % en 1975), les travailleurs se voient de nos

    jours invits dpenser ce cadeau qu'on leur fait

    en bourrant leurs paniers de plats tout prpars la

    grande surface du coin (qui fait de toute faon partie du

    mme groupe que Sodexo et Cie) ou en galrant pour

    bouffer en une heure chrono un sandwich s'ils n'ont pas

    dj galr se garer entre-temps !

    Si je savais dessiner, je vous ferais un beau

    schma pour montrer quel point est toxique cette

    nouvelle conomie circulaire , systme qui n'a rien

    voir avec les avantages sociaux et encore moins avec

    l'conomie sociale et solidaire.

    Nombreux taient ceux qui thsaurisaient leurs

    tickets-restaurant pour une sortie entre amis ou grou-

    paient leur utilisation lors des vacances familiales.

    Ce joyeux dtournement finira bientt puisque

    Sodexo et Cie veillent au grain : transform en carte

    puce, le carnet de tickets tant convoit sera traable,

    intransmissible (fini la fille tudiante qui part le di-

    manche soir avec de quoi manger pour la semaine, ou le

    cousin qui tient avec son temps partiel au Cora en reven-

    dant 6 euros ses tickets achets 4 peine sa

    directrice des ressources humaines !) et dpenser

    dans un primtre gographique restreint... Fini aussi les

    sorties entre collaborateurs pour les roulants qui

    changent tous les soirs d'htel 2 toiles !

    Je vous pargne le chapitre sur le rle pervers des

    syndicats dans cette joyeuse arnaque - o l'on voit,

    comme trop souvent, un avantage social acquis se trans-

    former en pige cons !... Je dplore en tout cas de voir

    d'anciens dlgus syndicaux persister passer plus de

    temps choisir la couleur des chaussures de scurit sur

    les chantiers du BTP qu' veiller leurs collgues aux en-

    jeux de la lutte contre la corruption tous les tages.

    Et du ct des restaurants, me direz-vous,

    comment a se passe ?

    L aussi, je vous rassure, Sodexo et Cie ont tout

    prvu : comme d'habitude en matire de mode de paie-

    ment, les petits, nombreux, paient pour les gros, organi-

    ss et bien reprsents dans les milieux politique et ban-

    caire.

    Prenons un exemple : pour La Conviviale plus

    connue comme Le Pochon Magique Belfort -, cela re-

    prsente la bagatelle de 25 euros de frais d'envoi chaque

    mois et une commission de gestion de plus de 1,45 % sur

    chaque chque-restaurant prsent Sur l'anne 2014,

    on dplore ainsi plus de 500 euros de manque gagner

    pour cette belle association, qui ftera bientt ses

    40 ans... et prfrerait passer cette somme dans du

    comt bio !

    Sodexo and C

    L'ARNAQUE DU TICKET-RESTAURANT

  • 13

    Que faire ? demanderez-vous.

    Plusieurs pistes :

    1) Toujours venir avec assez de monnaie ou un

    chque bancaire pour payer votre cantine prfre, le

    Pochon... pour qu'il reste magique.

    2) Si vous ne pouvez pas vous passer de ce maudit

    carnet parce qu'on nous l'impose ou qu'il reprsente un

    pouvoir d'achat indispensable, toujours choisir en cons-

    cience o vous aller le dpenser. Je ne vous donnerai pas

    d'exemple, mais juste une piste de rflexion : toujours

    chercher rendre Csar ce qui appartient Csar... Les

    chques ou tickets-resto appartiennent maintenant

    Sodexo et Cie : eh ! bien rendons-leur la monnaie de leur

    pice en privilgiant leur groupe, filiales ou

    partenaires de la grande distribution et en allant g-

    cher nos tickets dans les grandes surfaces s'il le faut vrai-

    ment..

    3) Profiter de la grande table de la Conviviale pour

    vous organiser et demander votre employeur un vrai

    salaire et de bonnes conditions de travail.

    Bon apptit quand mme !

    Cline Raigneau

    Membre active de la Conviviale depuis 1992 dj !

    Pour un t militant

    ALTERNATIBA EN FRANCE ET DANS LA RGION

    Il a dj t question dAlternatiba dans notre

    Feuille Verte (1). Je ne reviendrai donc pas sur la gense

    et les objectifs de cet vnement aux multiples facettes,

    qui se dploie en France depuis 2013 et va prendre de

    lampleur jusqu la tenue Paris, fin 2015, de la COP 21.

    limage du premier village

    Alternatiba organis Bayonne lau-

    tomne 2013, une multitude dautres

    villages fleurissent en France, autant

    doccasions de dmontrer que la transi-

    tion cologique est en route travers

    des alternatives concrtes : les 27 et 28

    juin Dijon, le 4 juillet Joigny (89). Et

    en Franche-Comt : les 26 et 27 sep-

    tembre Audincourt pour lAire Ur-

    baine Belfort-Montbliard et les 17 et

    18 octobre Besanon (2).

    En mme temps, le Tour Alternatiba parcourt la

    France tout lt, de Bayonne Paris, avec des vlos et

    tandems 4 places (2). Il fera tape en Bourgogne et en

    Franche-Comt autour du 14 juillet :

    - le 12 juillet au Rousset (projet de Center Parcs en

    Sane-et-Loire)

    - le 13 juillet Chalon-sur-Sane

    - le 14 juillet Dijon

    - le 15 juillet Dole

    - le 16 juillet Besanon

    - le 17 juillet Baume-les-Dames

    - le 18 juillet Montbliard.

    chaque tape, des animations sont

    organises ; il est possible aussi dac-

    compagner le tour.

    Changeons le systme, pas le

    climat ! Alternatiba, nos enfants

    nous remercieront.

    Bernard Lachambre

    (1) Article de Suzy Antoine dans La Feuille Verte

    n 202 (dcembre 2014).

    (2) Pour plus dinformations sur les villages et le

    tour Alternatiba, consultez alternatiba.eu

  • Commenons par deux

    livres qubcois. Le premier, Les

    grandes mares, de Jacques Pou-

    lin (Bibliothque qubcoise,

    1990), est un rcit un peu

    trange, qui conte l'aventure d'un

    traducteur de bandes dessines

    que son employeur installe sur

    une le inhabite au large de

    Qubec. chaque visite, l'em-

    ployeur fait dbarquer de nou-

    veaux personnages : Marie, puis

    Tte heureuse, puis l'Auteur, puis

    l'Homme ordinaire, puis l'animateur, tous chargs de

    rendre agrable le sjour du traducteur. Tous lui veu-

    lent du bien, apparemment ; mais lui, que veut-il ?

    Dans quelle illusion vit-il ?

    Le deuxime livre, La pe-

    tite et le vieux, de Marie-

    Rene Lavoie (Bibliothque

    qubcoise, 2012), est un

    petit trsor d'criture, parse-

    m de dialogues dont la lec-

    ture vous fait entendre le

    Qubec dans ses mots, ses

    accents, ses saisons. La pe-

    tite veut s'appeler Joe parce

    qu'elle prfrait tre un gar-

    on. Elle nous raconte sa fa

    mille, son enfance, sa rencontre avec Roger, du genre

    pas aimable. Elle nous raconte comment elle se dcide

    grandir, son envie de vivre. C'est drle, vif, savou-

    reux, tendre et malicieux.

    Poursuivons avec un

    livre d'Alaa El Aswany,

    L'immeuble Yacou-

    bian (Actes Sud, 2006).

    Dans l'gypte de Moubarak,

    l'auteur accompagne la vie

    de diffrents personnages,

    riches, pauvres, islamistes,

    corrompus, affairistes On

    les suit dans leurs tribula-

    tions et, ce faisant, l'auteur

    nous dresse le portait d'une

    gypte coince entre un pass sans avenir, un prsent

    sans promesse et un futur impossible, d'une gypte o la

    violence des uns rpond la violence des autres, laissant

    dsarms les plus dmunis. Ce n'est pas un essai, c'est

    une uvre littraire puissante qui nous dit le malheur

    d'un monde.

    De son ct, Fred Vargas

    (Temps glaciaires, Flamma-

    rion, 2015) nous donne des

    nouvelles de son commissaire

    Adamsberg dans une nou-

    velle histoire aussi abracada-

    brantesque que les prc-

    dentes, o la figure de Robes-

    pierre croise quelques malins

    Islandais. On prend plaisir

    retrouver les personnages, un

    peu comme si on prenait des nouvelles de voisins leur

    retour de voyage. L'criture s'coule, facile, agrable.

    Pourtant, naviguer dans un monde dj bien repr,

    moins surprenant, le plaisir se fait moins fort qu'aupara-

    vant.

    14

    En vrac

    UN T DE LIVRES ET DE MUSIQUES

    Vous avez trouv l'anne laborieuse sur le plan politique, la reconstruction gauche (sinon celle d'ELV) vous a reint,

    les discussions sur votre droite et sur votre gauche vous ont donn le tournis et quelques vapeurs, la campagne des dparte-

    mentales vous a laiss un got amer, vous apprciez les collectifs mais les batailles pour justifier la position du parti ou pour

    faire voluer un texte vous ont trill : bref vous tes au bord de la crise de nerf et de l'puisement, alors mme que Ccile (1)

    vous invite la mobilisation gnrale.

    Il est temps de dire stop. Le militant rclame son quart d'heure sans politique, sans sel, sans gluten, sans sottises, sans

    OGM, sans vaches, sans balivernes, sans Dijon, sans Besanon, sans fariboles, sans Mlenchon, sans Plac, sans Franois(s) et

    sans cologie !

    Il rclame le temps de prendre un peu le temps. Pour lire, par exemple, pour faire valser quelques notes entre ses

    oreilles, pour jouir du plaisir des mots et des sons, pour vagabonder dans des imaginaires ouverts ses fantaisies.

    Voici, sans prtention, sans actualit, quelques propositions.

  • Imaginez que vous appar-

    tenez une ligne o les

    hommes meurent tous le

    jour de leur 36e anniver-

    saire. Et que le temps est

    venu de suivre le mme

    destin. Mortimer Decime,

    fataliste, rsign, se pr-

    pare. Voil le dbut impro-

    bable de Trente-six

    chandelles, de Marie-Sabine

    Roger (ditions du

    Rouergue, collection La Brune, 2014). Ne vous arrtez pas

    cette entame : la suite se rvle dlectable, car le des-

    tin peut parfois suivre les dtours d'une fille qui pleure et

    d'une crperie ambulante o Paquita vous rgale et Nas-

    sardine vous sert depuis des annes un caf qu'il est le

    seul aimer. Un rcit un rien djant, crit avec verve et

    humour.

    Si les romans vous ennuient, essayez la po-

    sie. C'est simple : il suffit d'entrer dans une librairie (une

    vraie), de flner au rayon posie, de choisir un auteur un

    peu au hasard. Lisez quelques pages et, si d'aventure

    vous frissonnez, gardez le livre - payez-le quand mme !...

    La posie se lit au hasard des pages, au hasard des ren-

    contres, comme ce livre, achet d'occasion, de Jean de La

    Ville de Mirmont - je n'invente pas, c'est un pote du

    dbut du 20e que je ne connaissais absolument pas et

    dont l'criture est assez classique :

    Mais votre appel, au fond des soirs, me dsespre,

    car j'ai de grands dparts inassouvis en moi.

    Disques

    Le concert qu'il a donn Besanon en novembre

    dernier fut la fois intense, nergique et suave. Ibrahim

    Maalouf fait chanter sa trompette et alterne composi-

    tions lyriques et explosions dmesures, au milieu de

    cuivres survitamins et de guitares satures.

    On peut le retrouver dans un coffret de 4 CD

    (Dia), dont l'coute permet de dcouvrir les diffrentes

    palettes de ce musicien. Quel son ! Quel souffle !

    De la trompette au saxophone, le pas est vite

    franchi. Mais du saxophone au chant baroque, l'cart

    peut sembler infranchissable. Parmi les disques que

    j'coute plus ou moins rgulirement se trouve

    Officium, ou le saxophone de Jan Garbarek ajoute une

    voix (et quelle voix !) au chant de The Hilliard Ensemble

    (disque ECM).

    Ce mariage entre des chants des 13e, 14e et 15e sicles

    et l'improvisation de Garbarek est tout simplement ma-

    gnifique, presque surnaturel. Un voyage hors du temps

    et presque hors du monde.

    Bel t.

    Michel Boutanquoi

    (1) Ccile Prudhomme, bien sr, notre tte de

    liste pour les Rgionales.

    15

  • 16

    C'est pratique, de voir passer sur son cran tous les textes destins La Feuille Verte... et de pouvoir hontment profi-

    ter de cette situation pour mettre son grain de sel jusque dans les articles des autres ! C'est ainsi que je vous conseillerai moi

    aussi (mais je n'ai pas le courage d'en crire long ce sujet) quelques saines lectures estivales... Enfin, quand je dis saines ,

    c'est en pleine conscience que nombre d'entre vous ne partageront pas ce point de vue...

    Vous lirez donc, si vous m'en croyez, les tout rcents opus que voici : Lettre [posthume] aux escrocs de l'islamophobie

    qui font le jeu des racistes (de Charb, d. Les chapps), Malaise dans l'inculture (de Philippe Val, d. Grasset) et loge du blas-

    phme (de Caroline Fourest, d. Grasset). Sans oublier, pour les amateurs de BD, les deux tomes de L'Arabe du futur, de Riad

    Sattouf (Allary ditions).

    Et pour calmer vos nerfs si les trois premiers vous ont donn de l'urticaire (1), coutez donc, d'Anglique Ionatos et

    Katerina Fotinaki (2), Comme un jardin la nuit et, plus rcent, de Katerina Fotinaki seule, Tzitzikia (Les Cigales). Moi qui ne suis

    gure pote (3), je m'coute a en boucle, et a me fait du bien. Vive les Grecques, vive les Grecs, vive Tsipras et bas Lagarde

    (4) !

    Grard Roy

    (1) Y a-t-il d'ailleurs le moindre rapport entre les nerfs et l'urticaire ?

    (2) Ceux qui ne sont pas alls les couter et les voir Dole, dbut mai, n'ont s'en prendre qu' eux-mmes.

    (3) Qui a dit On avait remarqu ?...

    (4) Cherchez pas, a me prend comme a, parfois...

    Europe Ecologie Les Verts de Franche-Comt

    (14, rue de la Rpublique, 25000 Besanon)

    Directeur de publication : Grard Roy

    Comit de lecture : Michel Boutanquoi, Grard Mamet,

    Grard Roy, Suzy Antoine, Franoise Touzot

    CPPAP: 0518 P 11003

    Maquette : Corinne Salvi Mise en page : Suzy Antoine

  • Science et cologie

    ACADMIE DES SCIENCES, CHIKUNGUNYA ET FUITE DE CERVEAUX

    17

    1. Les climatosceptiques l'assaut de l'Acad-

    mie des Sciences

    Au moment o les grands de ce monde se prpa-

    rent ngocier Paris la rduction coordonne des gaz

    effet de serre, une drle de bataille se livre au sein de

    l'Acadmie des Sciences. La prestigieuse institution fran-

    aise s'apprte mettre un avis sur la question clima-

    tique pour la COP 21. Dans sa trs grande majorit, les

    membres de l'Acadmie vont confirmer la responsabilit

    des activits humaines dans le rchauffement. Mais les

    climatosceptiques tentent de faire mettre en annexe de

    cette publication leur avis trs minoritaire. Ce serait une

    premire l'Acadmie et cela jetterait le discrdit sur

    l'institution. (La Recherche n 500, juin 2015,

    pp. 8-11)

    Commentaire : Vincent Courtillot, le prsident de

    la section Sciences de l'Univers de l'Acadmie des

    Sciences, qui traite de la question du climat, est un ami

    de Claude Allgre et un climatosceptique. l'inverse,

    Jean Jouzel, l'un des chercheurs les plus connus et rcom-

    penss au monde en matire de recherche sur le climat,

    n'est toujours pas acadmicien. Aussi invraisemblable

    que cela puisse paratre, Claude Allgre continue de svir

    grce ses relations auprs des dirigeants de l'Acadmie

    des Sciences. Il s'agit d'une forme de ngationnisme qui

    contredit la quasi-totalit des recherches scientifiques sur

    le climat. Mais la COP 21 est une trop belle occasion de

    faire estampiller par l'Acadmie un point de vue mme

    qualifi de minoritaire - que plus aucune revue scienti-

    fique ne veut publier.

    2. Chikungunya : Les maladies transmises

    par les moustiques ont un bel avenir.

    En 2005-2006, une pidmie de chikungunya a

    touch environ 30 % de la population de la Runion. Le

    chikungunya et la dengue sont transmis par le mous-

    tique tigre (1).

    En 2014, il y a eu environ 500 cas de

    chikungunya et 200 cas de dengue en mtropole. Dans

    la plupart des cas, la maladie a t contracte lors d'un

    voyage, mais 11 cas de chikungunya et 4 cas de dengue

    taient dus des piqres de moustiques en mtropole.

    Le moustique tigre est dj implant dans 18 dparte-

    ments franais mtropolitains. Le risque de transmission

    autochtone existe et persistera tous les ts venir.

    (Pour la Science n 452, juillet 2015, pp. 16-18)

    Commentaire : On comprendra facilement que le

    rchauffement climatique fait partie des facteurs qui

    aggravent le risque, puisque le chikungunya et la dengue

    sont des maladies tropicales. La prvention privilgie la

    lutte antivectorielle , c'est--dire la lutte contre le

    moustique qui transmet la maladie, et ses larves ; contre

    les moustiques, en utilisant des insecticides non

    toxiques, contre les larves en supprimant tous les petits

    rservoirs d'eau o elles se dveloppent (coupelles de

    pots de fleur, carcasses de voiture, etc.). Il s'agit en parti-

    culier de couper les chanes de contamination en emp-

    chant les personnes malades d'tre piques par des

    moustiques qui vont leur tour transmettre le virus.

    Pour le chikungunya, des recherches sur un vaccin sont

    galement en cours.

    La science pour clairer les choix de l'cologie politique.

    La rflexion politique pour dvelopper la critique de la science.

  • 3. Je cherche, donc je fuis ?

    Il n'y a pas beaucoup d'tudes sur la fuite de cer-

    veaux de la France vers les tats-Unis. Une tude montre

    tout de mme que le nombre de chercheurs franais par-

    tis aux tats-Unis a presque tripl entre 1990 et 2000 par

    rapport la dcennie prcdente. Une autre tude

    montre que 15 % des diplms de Polytechnique se trou-

    vent l'tranger, contre 5 % en 1970. C'est le manque de

    postes qui figure en tte des raisons invoques, en dpit

    des salaires peu levs. En effet, les salaires sont 2 4

    fois moins levs en France qu'aux USA. (La Recherche

    n 500, Juin 2015, pp. 8-11)

    Commentaire : La diminution des postes est due

    aux contraintes budgtaires. Par exemple, on est pass de

    500 300 recrutements par an au CNRS. Autre raison : la

    niche fiscale de 6 milliards d'euros du Crdit Impt Re-

    cherche, ou CIR (2), qui profite aux grandes entreprises

    sans beaucoup de rsultats et qui siphonne, en quelque

    sorte, les crdits de la recherche publique. Un rcent rap-

    port du Snat vient de le dnoncer. Il faudrait donc transf-

    rer au moins une partie du CIR vers la recherche publique :

    cela permettrait de recruter de jeunes chercheurs et de les

    faire revenir en France.

    Grard Mamet

    (1) Le nom scientifique du moustique tigre est

    Aedes albopictus.

    (2) Sur le CIR, voir l'article de Michel Boutanquoi

    dans La Feuille Verte de mai 2015, p. 8.

    18

    Waterloo moral

    ILS SONT VOTRE POUVANTE ET VOUS TES LEUR CRAINTE (1)

    Face au dsastre humain qui se droule sous nos

    yeux en Mditerrane, trop de nos dirigeants restent les

    chantres drisoires de politiques migratoires et de dve-

    loppement qui en sont l'origine. Le jeudi 18 juin, date

    anniversaire d'un autre dsastre, celui de Waterloo, sur

    lequel Ccile Duflot s'est appuye pour critiquer le che-

    min actuellement suivi par la politique migratoire et de

    l'asile en France dans une lettre adresse au Prsident de

    la Rpublique (2), Bernard Guetta prcisait avec convic-

    tion dans sa chronique matinale sur France Inter (3) :

    Voyons les chiffres. Le Liban et ses six millions

    dhabitants accueillent aujourdhui plus dun million

    deux cent mille rfugis, essentiellement syriens. La

    Jordanie, 8 millions dhabitants, en accueille plus de

    600 000. La Turquie, 77 millions dhabitants, en a dj

    plus dun million huit cent mille sur son territoire.

    LUnion europenne compte, elle, 500 millions dhabi-

    tants et se considre en tat de sige et menace des

    pires maux car 100 000 rfugis ont atteint ses ctes,

    dix-huit fois moins quen Turquie. Alors que dire ?

    Cette chronique, que vous retrouverez in exten-

    so sur le net, exprime quel point nous sommes en

    train de perdre notre identit et de gaspiller notre

    image internationale dans notre peur de malheureux

    dont toute lambition est dchapper la mort . Alors

    que faire si - nous dira-t-on - la politique ne peut s'ar-

    rter la compassion et comment voir plus loin que

    l'urgence ?

  • Les quotas, l'Union europenne et la solidari-

    t

    Certes, c'est une affaire europenne et il faut dur-

    gence que les tats membres mettent en place une vri-

    table opration de sauvetage destination des boat-

    people en Mditerrane, estime le prsident de

    Migreurop (Observatoire des frontires). Ce quoi le prsi-

    dent du Conseil europen, Donald Tusk, rpond qu'il ne

    faut pas attendre de solutions rapides aux causes pro-

    fondes des migrations, parce quil ny en a pas.

    De leur ct, de nombreuses associations jugent

    qu'avec 28 tats membres, il est techniquement et finan-

    cirement possible de couvrir la zone centrale de la Mdi-

    terrane, comme le faisait l'opration Mare Nostrum ,

    qui a permis de sauver 160 000 personnes. Promue et sup-

    porte par l'Italie, puis juge trop chre par Bruxelles, elle

    a t remplace par un projet europen inadapt, trs

    controvers, nomm Triton et men par Frontex

    (Agence europenne pour la gestion de la coopration

    oprationnelle aux frontires extrieures des tats

    membres de l'Union europenne).

    En effet, il ne faut ne pas se tromper de cible. Les

    chefs dtat et les instances europennes ne peuvent pas,

    en dsignant les passeurs comme tant lorigine des nau-

    frages qui se produisent en Mditerrane, se dfausser de

    leur responsabilit, affirme la Cimade (association de

    solidarit active avec les migrants, les rfugis et les de-

    mandeurs d'asile). Les migrants ne recourraient pas aux

    services des passeurs sils pouvaient voyager de faon r-

    gulire, avec des visas , ajoute lorganisation, pour qui il

    est urgent de changer radicalement lorientation des poli-

    tiques dasile et dimmigration de lUE.

    En effet, le problme de fond reste limpossibilit

    pour les migrants, et notamment pour ceux qui ont besoin

    de protection, darriver en Europe par les voies lgales,

    faute de quoi ils ont recours des filires illgales, sans

    lesquelles ils seraient convis continuer vivre leur cal-

    vaire loin de chez nous . Dans l'urgence, qui est la nou-

    velle manire de faire de la politique, l'UE a envisag des

    quotas, pour finalement mettre en avant un mcanisme de

    rpartition volontaire pour 60 000 personnes. Vous avez

    dit solidarit europenne ?

    Quelle alternative au chacun pour soi ?

    Tout d'abord, il faut se poser quelques questions,

    avec humanit et courage, tant en France que dans le reste

    de l'UE.

    - Renforcer Frontex ?

    Rponse illusoire et coteuse l'urgence, sans ac-

    tion sur les causes. En place depuis 2004, cette agence

    n'a aucunement dmontr son efficacit et n'apporte

    aucune solution, car sauver des gens en mer n'est pas

    sa fonction et ses navires ne sont pas quips pour

    cela. Cyniquement, un agent de Frontex a dj recon-

    nu, sous couvert danonymat : Le travail de Frontex,

    cest la lutte contre limmigration illgale, pas le sauve-

    tage en mer, et ces gens-l sont morts, ce ne sont plus

    des migrants. Frontex se bornera dans le meilleur

    des cas, avec ses oprations Triton et Posidon ,

    concevoir un nouveau programme de retour ra-

    pide , qui sera suivi de retours sans fin .

    - Renforcer la rglementation Dublin ?

    Dans ses versions successives I, II et III, cette

    disposition oblige les tats qui forment les frontires

    extrieures de l'UE renforcer de manire drastique

    leurs contrles migratoires et les rend responsables de

    la prise en charge des migrants demandant l'asile, car

    ils reprsentent la premire entre de ces personnes

    dans l'Union europenne (cas frquent de lItalie, de

    lEspagne et de la Grce). Ce rglement interdit donc

    un demandeur dasile qui vient sur le sol europen de

    dcider dans quel pays il va demander asile. Cette ap-

    proche hypocrite de l'asile, gnratrice de violence,

    utilise les pays du sud de l'UE pour en protger

    d'autres, dont le ntre. C'est ainsi que, pour Valls, les

    migrants arrivant en Italie sont un problme italien.

    - Renforcer le codveloppement ?

    La vraie ncessit qui s'impose long terme

    serait de construire une relle politique de codvelop-

    pement, car tant en France que dans l'UE, rien n'est

    vraiment fait ce sujet pour que ces gens puissent

    vivre chez eux comme ils le souhaiteraient. Au lieu de

    cela, nous engloutissons des sommes inoues dans

    Frontex, sans jamais pouvoir dissuader des candidats

    l'exil qui n'ont plus rien perdre.

    Cela impliquerait galement que l'on mette fin

    des pratiques postcoloniales de corruption des lites

    locales et aux rtrocommissions juteuses, auxquelles

    tant de dirigeants, franais et de pays

    indpendants , se sont intoxiqus. En bref, cela sup-

    poserait un autre type de relations mutuelles. Mais

    comme la scurit reste une grande motivation de

    colonisation, on comprend la difficult.

    Paradoxalement, l'aide au dveloppement, ac-

    tuellement, est surtout le fait des immigrs, qui en-

    voient dans leurs pays des sommes trois fois sup-

    rieures l'aide publique au dveloppement dans le

    monde, soit 435 milliards en 2014 selon la Banque

    mondiale. Ne faudrait il pas travailler au codveloppe-

    ment plutt qu' nous barricader, envisager les migra-

    19

  • 20

    tions autrement que de faon scuritaire et craintive ?

    Droit, scurit, fantasme et COP21

    Aujourd'hui, selon les principes libraux, il faut

    dabord senrichir et ensuite se prmunir contre les

    voleurs, les parasites, les chmeurs, tout ce qui repr-

    sente un danger pour la socit marchande.

    Au temps de la destruction des solidarits, de

    quelle scurit peut-on parler quand l'inscurit cono-

    mique et sociale rgne force de loi du march et

    quand celui qui en souffre devient l'ennemi ? quoi

    sert de marteler que le malheur vient de l'ext-

    rieur quand l'inscurit s'organise de l'intrieur ? La

    Rpublique est en train de se fourvoyer en rptant des

    ides fausses sur les migrations, alors que ces dernires

    en sont une donne constitutive (4).

    En continuant penser la scurit en termes de

    rsultat, on entre dans la culture irrationnelle du con-

    trle total et son cortge d'exactions invitables sur des

    boucs missaires.

    Ce qui est inquitant, c'est que la mme dyna-

    mique va prsider au sommet du climat en dcembre :

    la recherche d'un dnominateur commun la COP21

    conduit envisager les drglements climatiques non

    comme une protection de notre environnement pour

    un mieux-tre des habitants de cette plante, mais

    avant tout comme un problme de scurit. La fonte

    des frontires cre des peurs et les immigrs sont clas-

    ss dsormais dans la case dlinquants .

    Waterloo moral

    En attendant, Ccile Duflot termine sa lettre au

    Prsident en affirmant : Au-del de la question du

    droit dasile, en vrit, cest la question de laccueil de

    ltranger qui est pose. Le moment du courage est

    venu. Les humanistes doivent relever la tte, afin que la

    folie de politiques migratoires indcentes et mortifres

    soit entrave. Une autre politique de limmigration, la

    fois responsable et cohrente avec nos valeurs, est pos-

    sible. Ce nest pas lextrme droite dimposer ses

    fausses solutions en polarisant lensemble du dbat

    public. Cest vous, Monsieur le Prsident, quil revient

    de faire entendre votre voix pour ouvrir une autre voie

    (2).

    De Waterloo en morne plaine, j'ai retrouv avec

    Thierry Jonquet la prcision du regard et la force ly-

    rique de Victor Hugo quand, en 1871 dans un long

    pome en faveur de l'amnistie des condamns de la

    Commune ( ceux qu'on foule aux pieds), il crivait ces

    vers d'une surprenante actualit :

    Dune tutelle avare, on recueille les suites []

    Vous ne les avez pas guids, pris par la main,

    Et renseigns sur l'ombre et sur le vrai chemin ;

    Vous les avez laisss en proie au labyrinthe.

    Ils sont votre pouvante et vous tes leur crainte ;

    C'est qu'ils n'ont pas senti votre fraternit. []

    Comment peut-il penser, celui qui ne peut vivre ?

    Quoi ! Pour que les griefs, pour que les catas-

    trophes,

    Les problmes, l'angoisse et les convulsions

    S'en aillent, suffit-il que nous les expulsions ?

    Thierry Lebeaupin

    (1) Le titre du roman de Thierry Jonquet est en fait un

    des vers du pome de Victor Hugo qu'on peut lire la fin

    de cet article. Roman publi en janvier 2008, sur fond des

    conflits de 2005 dans les banlieues, et ensuite bien adap-

    t au cinma, en 2010, par Alain Tasma sous le titre

    Fracture , un film pr-Charlie rest dans l'ombre,

    mais dont on peut voir des extraits sur internet.

    (2) http://tinyurl.com/phtznjr

    (3) http://tinyurl.com/oq8d4vk

    (4) Un livre qui permet de rflchir sur les migrations : Le

    sens de la Rpublique, de Patrick Weil et Nicolas Truong

    (Grasset, 2015)

  • 21

    Varallo est une charmante petite ville pimontaise

    de la Valsesia, dans la province de Vercelli (Verceil pour

    les Franais). Si vous la connaissez, c'est sans doute pour

    l'avoir traverse sur la route du mont Rose, de ses sen-

    tiers de randonne ou de ses pistes de ski, ou bien du fait

    de son clbre Sacro Monte, lequel offre aux visiteurs

    bahis (1) ses 45 chapelles dcores de fresques et de

    groupes sculpts grandeur nature, uvres d'artistes ma-

    jeurs de la Renaissance italienne (2). part cette curiosit

    qui la domine, la ville mrite aussi un coup d'il ses

    places, ses glises, son vieux pont sur le Mastallone...

    Si je vous

    raconte a, ce

    n'est nullement

    parce qu' l'ap-

    proche des va-

    cances d't, La

    Feuille Verte a

    dcid de concur-

    rencer le Routard

    ou le Michelin,

    mais parce qu'

    l'occasion d'une

    rcente visite, j'ai

    aussi dcouvert

    V a r a l l o u n

    monument

    d'un genre nette-

    ment plus dplaisant, dont je vous livre ci-contre la photo.

    En effet, si Varallo est charmante , sa mu-

    nicipalit l'est nettement moins, et en particulier son

    maire, le sieur Gianluca Buonanno (3), dont il est inutile

    de demander quel bord il appartient. Ce sinistre person-

    nage, g d'une petite cinquantaine d'annes, s'est inscrit

    ds ses 16 ans au MSI (Mouvement social italien), le parti

    nofasciste de Giorgio Almirante qu'admirait tant notre

    Gianluca. Par la suite, c'est la Ligue du Nord, parti

    populiste et xnophobe (une xnophobie qui englobe

    aussi les Italiens du sud), qu'il a trouv sa voie. Il est

    aujourd'hui dput europen de cette formation,

    membre du groupe Europe des nations et des liberts,

    o il sige aux cts de gens aussi frquentables que

    Louis Alliot, Florian Philippot ou Marine Le Pen. Il en

    est aussi, donc, son deuxime mandat de maire de

    Varallo : il faut croire que les sympathiques habitants

    du Sacro Monte (4) et de son no-Golgotha, ont de la

    charit chrtienne une conception qui ne les empche

    pas de prfrer, comme dit Le Pen pre, leur fille leur

    cousine (5) et leur cousine leur voisine. Alors, des

    clandestins venus d'on ne sait o, vous pensez !...

    Alors qu'affluent vers l'Europe, encore havre de

    paix et de scurit quoi qu'on en dise, des milliers et

    des milliers de gens prts subir le pire plutt que de

    rester dans leurs pays dvasts ; alors que des politi-

    cards vreux appellent boucher trs vite la fuite de

    ce qu'ils comparent une canalisation ; alors que la-

    dite Europe concourt non pas pour aider les migrants,

    mais pour s'en protger ; alors que les infects pi-

    gones de la Ligue du Nord et du Front national taillent

    un peu partout des croupires aux partis

    dmocratiques , voil, si nous n'y prenons pas

    garde, le genre d'affichage municipal que nous ris-

    quons de voir bientt sur les murs de nos villes (6).

    Grard Roy

    (1) Oui, oui, mme ceux qui bouffent du cur tous les

    repas...

    (2) Gaudenzio Ferrari est le plus remarquable d'entre

    eux.

    (3) Si je ne m'abuse, a veut dire Jean-Luc Bonne An-

    ne : tout un programme !...

    (4) Class par l'UNESCO au Patrimoine mondial de

    l'Humanit avec huit autres monts sacrs du Pi-

    mont et de la Lombardie.

    (5) Enfin, bon, en ce qui le concerne lui, ce n'est plus si

    sr, hein ?...

    (6) Remarquons que l'abruti qui a pondu le placard de

    Varallo (le maire lui-mme ?) a choisi pour illustrer sa

    fire devise en arabe le drapeau des... mirats arabes

    unis ! Comme s'il y avait, Varallo ou ailleurs, beau-

    coup de clandestins arrivant d'un des pays les plus d-

    gueulassement friqus de la plante !

    Populisme, gosme...

    BIENVENUE EN VALSESIA !

  • 22

    De la Franche-Comt Wallis-et-Futuna

    PETITE CHRONIQUE WALLISIENNE

    La vie rserve parfois des surprises et des paren-

    thses imprvues. Telle celle qui s'ouvre pour mon compa-

    gnon et moi grce une mutation un peu inattendue. D-

    part donc pour l'archipel de Wallis-et-Futuna dbut mai

    pour une dure de deux quatre ans. Un environnement

    naturel et humain totalement inconnu pour nous, une

    page blanche crire, une rupture bienvenue avec un quo-

    tidien un peu install .

    Je propose aux lecteurs de La Feuille Verte de

    partager quelques-unes de mes dcouvertes, interroga-

    tions, colres parfois en explorant ce petit caillou des anti-

    podes. Un territoire franais o rgnent trois rois (1), o les

    maires sont des chefs de village et o trois pouvoirs coha-

    bitent (la coutume, la religion catholique et l'tat franais)

    ne peut que susciter curiosit et intrt...

    J'ajoute une autre spcificit, qui doit intresser les

    mangeurs de saucisses que nous sommes : ici, plus de co-

    chons que d'habitants, ce qui n'est pas sans poser

    quelques problmes pour les eaux du lagon, o se dverse

    le lisier.

    Bien sr, c'est aussi la prsence franaise qui peut

    interpeller ici, fruit d'une histoire assez singulire.

    Il va de soi que ces courtes chroniques seront em-

    preintes d'une grande humilit : mon arrive ici est toute

    rcente, la ralit complexe et je m'efforcerai d'interroger

    les reprsentations occidentales de la papalagi (2)

    (prononcez papalagni) que je suis. Pas d'anglisme cepen-

    dant : comme toute socit humaine, celle des les com-

    porte une part de violence et d'ingalit qui interpelle.

    Sans parler des atteintes un environnement d'autant plus

    fragile qu'il s'agit d'un tout petit territoire (142 km pour

    l'ensemble de l'archipel).

    Outre mes observations et lectures, je m'appuierai

    sur les connaissances d'un sage d'ici, Mika Tui, spcialiste

    de l'histoire et de la culture de Wallis. Mais rassurez-vous,

    cette chronique s'apparentera plus des notes de voyage

    qu' un topo savant, dont je serais bien incapable de toute

    faon !

    Quelques aspects me semblent intressants explo-

    rer : la gographie de l'archipel, son histoire (je me centre-

    rai sur l'le de Wallis), la coutume, les rapports de l'tat

    franais et du pouvoir coutumier, les questions d'environ-

    nement et d'ducation.

    Un peu de gographie pour commencer

    Wallis-et-Futuna est situ dans le Pacifique,

    13 de latitude sud, entre Fidji et Tonga. La Nouvelle-

    Caldonie est 2 000 km, la Polynsie 3 000. Wallis-

    et-Futuna ne figure pas cependant sur la liste des des-

    tinations touristiques : la terre appartient aux familles

    et ne peut tre vendue, ce qui interdit toute cession et

    toute spculation.

    L'archipel est compos de trois les principales :

    Uvea (Wallis), Futuna et Alofi, ainsi que d'lots non

    habits autour d'Uvea.

    Ce sont des les d'origine volcanique. Futuna et

    Alofi, non protges par une barrire de corail comme

    leur voisine, sont sujettes aux tsunamis et sont situes

    sur une faille sismique. Un tremblement de terre en

    1993 a fait trois morts Futuna.

    La surface totale des trois les est de 142 km,

    dont 96 pour Uva-Wallis, ce qui est un peu suprieur

    la surface de Belle-le-en-Mer.

    Wallis est entoure d'une barrire de corail,

    rserve de biodiversit et protection des ctes. Ce

    magnifique lagon a souffert de mthodes de pche

    destructrices autrefois ( la dynamite, ide gniale

    importe par les Amricains lors de la Seconde Guerre

    mondiale) et du rchauffement climatique aujour-

    d'hui.

    Un climat chaud et humide et une nature

    gnreuse

    Deux saisons ici : une saison chaude et humide

    d'octobre avril, une saison plus frache avec des ali-

    zs de mai septembre. La temprature oscille gn-

    ralement entre 25 et 30.

  • La vgtation est dense, luxuriante et d'une

    grande diversit : cocotiers, pandanus, bananiers, arbres

    pain, fougres, bouraos... La nature est gnreuse :

    avocats, taros, ignames, aubergines, ananas, mangues,

    poussent ici grande vitesse ! Si la fort recouvrait en-

    tirement Uvea avant l'arrive des missionnaires en

    1837, elle n'occupe plus que 15 % des terres aujourd'hui.

    La biodiversit animale n'a pas fait l'objet d'un

    recensement ; il semble que beaucoup d'espces ter-

    restres aient disparu du fait de la chasse. 38 espces

    d'oiseaux ont t recenses et 648 espces de poissons.

    Comme tout territoire insulaire, tout cela est fragile et le

    dveloppement d'un mode de vie occidental sur le

    Fenua (3) risque d'acclrer la perte de biodiversit.

    suivre...

    Franoise Touzot

    (1) Un seul est actuellement en poste , les deux

    autres ont t destitus.

    (2)Europenne.

    (3) Le territoire , en wallisien.

    UN MOIS, MOIS ET MOI

    23 Morale. Scan-

    dale de la FIFA : on

    apprend qu'il y a dans

    cette mafia une

    commission

    d'thique ! Cela dit,

    la sarkozyste Pcresse

    veut en crer une pour

    les Rgionales, alors

    Vocabulaire. Le Quai d'Orsay rclame aux autori-

    ts saoudiennes la clmence pour le blogueur

    Raef Badaoui, condamn 10 ans de prison et 1 000

    coups de fouet pour avoir rclam une pratique de l'islam

    moins extrmiste que celle de la monarchie wahhabite.

    Rappelons aux quaid'orsiens qu'on ne saurait tre

    clment qu'envers un coupable ; pour un innocent, ce

    qu'on rclame, c'est la justice.

    Avion. Tout le monde cogne sur Valls parce qu'il a

    utilis un Falcon de l'tat, dans lequel il a cas ses gosses,

    pour un aller et retour Berlin pendant le congrs poite-

    vin du PS. Mais la dmagogie consistant, pour nos poli-

    tiques, s'exhiber dans les stades de foot, a, tout le

    monde s'en tape

    Prcaution. Le loup refait son apparition dans le

    Jura. Toujours soucieuse d'viter les problmes, la Pr-

    fecture recommande tous les petits chaperons rouges

    de n'emporter ni beurre, ni galette leurs mres-grands.

    Erreur. Hollande

    se bat pour nous. On

    veut qu'il sache qu'on

    est avec lui , scan-

    dent des milliers de

    manifestants... Ah !

    on me signale l'ins-

    tant que la scne se

    passe Athnes et

    qu'il faut lire Tsipras

    au lieu de Hollande.

    Je me disais, aussi

    Opportuniste... Titre du Monde, le 19 juin : Du

    gaz de schiste au droit du sol, les sept revirements de

    Sarkozy . On irait plus vite si on parlait de ce sur quoi il

    n'a jamais chang d'avis !

  • 24

    et humoriste. Sarkozy

    compare l'afflux de migrants

    une grosse fuite d'eau (), une

    canalisation qui explose et se r-

    pand dans la cuisine . Qui com-

    parera la logorrhe sarkozienne

    des chiottes bouches qu'aucune

    chasse d'eau n'arrive va-

    cuer ?... Ben voil, c'est fait.

    Bon dbarras ! Selon des experts amricains,

    jamais la Terre n'a perdu ses espces animales un

    rythme aussi effrn depuis l'extinction des dinosaures.

    Mais ne voyons pas tout en noir : les humains feront

    probablement partie des espces qui disparatront.

    Crtin. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, un

    ado de 16 ans prtend avoir t attaqu par une meute

    de loups. Dommage qu'ils ne l'aient pas bouff, ce petit

    con !

    Aigreurs. La viande d'un agneau gntiquement

    modifi par l'INRA avec une protine de mduse a t

    mise sur le march. Je me disais aussi que l'estomac me

    dmangeait depuis mon dernier navarin...

    Stades. Hidalgo a officialis le 23 juin la candida-

    ture de Paris l'organisation des J.O. de 2024, et en

    2016 elle demandera aux Parisiens ce qu'ils en pensent.

    Plus dmocrate qu'elle, tu meurs.

    Esprit. Il y a, dit

    Hidalgo, dans l'esprit

    du 11 janvier et dans

    l'esprit olympique

    originel une mme

    revendication de paix

    commune et de par-

    tage. Oser compa-

    rer les J.O. aux manifs

    qui ont suivi le mas-

    sacre de Charlie, a,

    Nanou, je ne te le pardonnerai jamais.

    Kultur (1). l'occasion de l'Euro de foot, on pour-

    ra admirer en 2016 une expo sur le RC Lens, son his-

    toire, son stade, ses supporteurs, avec une foultitude

    d'accessoires de tifosi, banderoles, maillots et produits

    drivs du club, billets et programmes de matchs, car-

    nets dautographes, photos, films, etc. Tout a au Louvre

    -Lens ! Et dire que c'est Nimroud et Palmyre que s'en

    prennent ces abrutis de Daech !

    Kultur (2). Dclarant ne pas comprendre ce cli-

    vage entre fans de foot et amateurs de muse , la fon-

    datrice (si, si !) d'un club de supporteurs lensois as-

    sne : L'art, c'est des motions. Le foot aussi. Ben

    oui, pis aussi le cassoulet, quand il est bien fait. On se

    fait une petite expo haricots-saucisse au Louvre ou

    Orsay ?

    Or noir (1). La Croatie envisage des plateformes

    ptrolires au large de ses les, l'Albanie compte attirer

    gologues et foreurs grands coups de cadeaux fiscaux

    et le Montngro se rve dj en Koweit des Balkans. Si

    vous ne connaissez pas encore la mer Adriatique, m'est

    avis que vous ne devriez pas trop tarder y aller faire

    trempette.

    Or noir (2). Le rgime ptrolo-stalino-mafieux

    d'Azerbadjan a organis prix d'or les premiers Jeux

    europens, auxquels notre bien-aime Patrie-des-Droits

    -de-l'Homme a envoy 250 athltes, l'une des plus

    grosses dlgations. Quand on aime les hydrocarbures,

    on ne compte pas.

    Alliance. Dans le Burgenland autrichien, le gou-

    verneur social-dmocrate forme une coalition avec le

    FP, formation d'extrme droite qui a le vent en poupe

    et laquelle il confie, entre autres, le portefeuille de la

    scurit. C'est pas bien, dit son parti, avant de passer

    autre chose...

    Bien fait ! Les sociaux-dmocrates espraient

    conserver le pouvoir en concurrenant les populistes

    sur la question des trangers et des migrants. Total :

    l'extrme droite passe de 22 37 siges et les soc', la

    queue basse, retournent dans l'opposition. Des socia-

    listes intelligents, a existe encore ?

    O tempora, o

    mores ! Kim Jong-

    un fait excuter son

    oncle, Le Pen pre

    renie Le Pen fille,

    Felipe VI d'Espagne

    retire sa frangine

    le titre de du-

    chesse... De mon

    temps, on la respec-

    tait, la famille !

    Dmago. Les Franais sont un peuple trs intel-

    ligent, estime Manuel Valls, ils savent distinguer ce qui

    est important de ce qui est accessoire. Ben oui, ils pr-

    frent TF1 ou M6 Arte et le foot au thtre.

    Analphabtes. Selon une tude amricaine sur

    les chansons succs, celles-ci sont du niveau CE2. Sans

    compter le rap, bien sr, niveau jardin d'enfants.

  • 25

    Podemos ! Ada Colau, la nouvelle maire de Barce-

    lone, veut limiter le tourisme qui