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EELV Franche-Comté consterné et solidaire Europe Écologie – Les Verts de Franche-Comté partage la douleur que ressentent les proches des victimes de cet acte barbare et tient à affirmer son entière solidarité avec les journalistes et tout le personnel de Charlie Hebdo. Nous nous sentons particulièrement concernés, compte-tenu notam- ment du soutien sans faille de nos amis de Charlie à notre modeste publication régionale, La Feuille Verte. Face à cet attentat ignoble, rappelons que la liberté de la presse est un principe fondateur de la démocratie. La cri- tique des religions et de toutes les croyances, sans exception, est, et doit rester, dans un État républicain et laïque, un droit inaliénable. JANVIER 2015 / n°203 / 1,70 € Gérard Roy, rédacteur en chef de La Feuille Verte Corinne Tissier et Bernard Lachambre Cosecrétaires EELV Franche Comté

La Feuille Verte - Janvier 2015

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La Feuille Verte n° 203 - Janvier 2015.

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Page 1: La Feuille Verte - Janvier 2015

EELV Franche-Comté consterné et solidaire

Europe Écologie – Les Verts de Franche-Comté partage

la douleur que ressentent les proches des victimes de cet

acte barbare et tient à affirmer son entière solidarité avec les

journalistes et tout le personnel de Charlie Hebdo. Nous nous

sentons particulièrement concernés, compte-tenu notam-

ment du soutien sans faille de nos amis de Charlie à notre

modeste publication régionale, La Feuille Verte.

Face à cet attentat ignoble, rappelons que la liberté de

la presse est un principe fondateur de la démocratie. La cri-

tique des religions et de toutes les croyances, sans exception,

est, et doit rester, dans un État républicain et laïque, un droit

inaliénable.

JANVIER 2015 / n°203 / 1,70 €

Gérard Roy, rédacteur en chef de La Feuille Verte

Corinne Tissier et Bernard Lachambre

Cosecrétaires EELV Franche Comté

Page 2: La Feuille Verte - Janvier 2015

Des vœux à ne plus savoir qu'en faire !

Sommaire

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P 1 : Edito

P 2 : Vœux

P 3 : Dessins pour Charlie Hebdo

P 4 : Les élus régionaux EELV, force de proposition

P 7 : Disparition de Serge Moscovici

P 9 : Allo, Lampedusa?

P 10 : Le rapport parlementaire de Barbara Romagnan

P 11 : Comment recevoir La Feuille Verte en 2015 ?

P 12 : Science et écologie

P 14 : Un mois, émois et moi

P 16 : Législative partielle dans le Doubs

P 16 : Sauvez Charlie

P 17 : Le tournant du bio, c’est pour quand?

P 19 : Bulletin d’adhésion

P 20 : Nous sommes Charlie

Janvier, c’est la période des vœux. Alors, soyons

fous ! En 2015, Valls abandonne l’aéroport de Notre-Dame-

des-Landes, la FNSEA se convertit à l’agriculture bio, Areva

et EDF se lancent à fond dans les énergies renouvelables et

attaquent le démantèlement de Fessenheim... Vous trouvez

peut-être que nous mettons la barre trop haut ? On vous

l’accorde. Mais reportons-nous 5, 10, 20, 30 ans en arrière :

nous espérions l’abandon du Grand Canal et la fermeture

de Superphénix, nous militions pour que la branche sud du

TGV Rhin-Rhône se transforme en une amélioration de la

ligne actuelle Besançon-Bourg. Aujourd’hui, nos vœux

« irréalistes » d’hier sont devenus ou sont en passe de de-

venir réalité.

Alors, donnons-nous les moyens de faire avancer

nos idées d’aujourd’hui. Nous ne sommes pas seuls. De

nombreux citoyens sont déçus par les partis politiques, y

compris le nôtre, mais des mouvements citoyens, de plus

en plus nombreux, s’organisent pour lutter contre des pro-

jets qui mettent en danger l’avenir de la planète. Ils sont

aussi de plus en plus nombreux à proposer dès maintenant

des projets alternatifs au système productiviste et visant la

mise en place d’une société écologique (Habiter autrement,

Terre de liens, Amap, Énergie partagée, etc.).

Nous devons aller à leur rencontre (bien des mili-

tants EELV y sont d’ailleurs engagés à titre individuel).

Mettons en place les fabriques citoyennes, les réunions

thématiques, la coopérative, peu importe le nom. Ou-

vrons-nous sur la société. Cherchons les moyens d’être

entendus et compris. Redonnons un côté festif à la poli-

tique : elle en a bien besoin. À l’automne 2013,

12 000 personnes se retrouvaient à Bayonne dans « le

premier village des alternatives au changement clima-

tique », Alternatiba (1). Cette année, comme déjà en

2014, de nombreuses initiatives Alternatiba verront le

jour, y compris en Franche Comté. Participons-y.

Dans un an, c’est la Conférence sur le climat à

Paris : elle doit réussir.

Bonne année 2015, avec plein d’énergie positive

pour nos combats à venir.

Corinne Tissier et Bernard Lachambre

Cosecrétaires régionaux

(1) Plus d’infos : https://alternatiba.eu/

Vœux

Page 3: La Feuille Verte - Janvier 2015

3

Page 4: La Feuille Verte - Janvier 2015

La dernière Assemblée plénière de

l’année, consacrée au Budget primitif

2015, a été l’occasion pour les élu(e)s ré-

gionaux EÉLV d’exprimer leur satisfaction

quant à certaines politiques et leur désac-

cord sur d’autres.

Il ne s'agit pas ici de citer l’intégralité des interven-

tions des conseillers régionaux, que vous pourrez très vite

retrouver sur notre blog (1), mais plutôt de mettre l’accent

sur quelques unes.

Nous avons déposé deux amendements : le premier

concernait l’augmentation du tarif régional de la taxe sur

les cartes grises. En effet, comme toutes les collectivités

territoriales, la Région de Franche-Comté verra ses recettes

amputées de 10 millions d’euros pour 2015.

Cette diminution provient essentiellement des baisses de

dotation de l’État. Actuellement, les Régions n’ont pour

levier fiscal que la taxe sur les cartes grises. Sachant que le

taux appliqué en Franche-Comté est de 36 € par cheval

fiscal, alors que la moyenne nationale est de 41 € et de 51 €

dans la Région Bourgogne, nous avons proposé une aug-

mentation de 5 € par cheval fiscal, qui aurait produit 5 mil-

lions de recettes complémentaires sur le budget. En contre-

partie, nous avons proposé une diminution du montant de

l’emprunt équivalent à cette somme dans un premier

temps, sachant que dans un second temps des investisse-

ments conséquents seront à programmer, notamment en

direction des lycées et du renouvellement de rames de TER.

L’augmentation de cette taxe aurait eu un faible

impact sur les ménages (on ne change pas fréquemment de

véhicule), et d’autre part les véhicules puissants auraient

été les plus taxés, ce qui va dans le sens d’un début de fis-

calité écologique.

Malheureusement nous avons été

les seuls à voter cet amendement. La

frilosité des autres partis en période pré

-électorale n’y est sans doute pas pour

rien.

Une réforme fiscale s'impose

Mais plus globalement, à travers la question de

la fiscalité, c’est bien des politiques d’austérité qu'il est

question, politiques que nous dénonçons car elles sont

sans issue, elles aggravent les inégalités et ne permet-

tent pas la nécessaire transition écologique. La baisse

des dotations aux collectivités territoriales aura des

conséquences sur les politiques économiques, sociales

et environnementales des Régions. Sans les collectivi-

tés locales, l’investissement public en France serait

trois fois moindre. De plus, cette baisse est fondée sur

un diagnostic erroné. Si les collectivités ont des dé-

penses en hausse, c’est essentiellement dû aux trans-

ferts de charges liés à la décentralisation et mal com-

pensés par l’État. Une réforme fiscale est nécessaire,

amenant progressivement les Régions à une autono-

mie fiscale et à des ressources en lien avec l’exercice

de leurs compétences. La loi portant nouvelle organisa-

tion territoriale de la République, dite loi NOTRe, qui

était en discussion générale au Sénat le

16 décembre 2014, ne prend malheureusement pas ce

chemin…

Non au Center Parcs...

Notre second amendement concernait la poli-

tique « Tourisme ».Il était proposé au budget primitif

d’ouvrir une autorisation de programme de 9 millions

d’€, dont 8 au titre du futur Center Parcs près de Poli-

gny et du Village de Vacances de Lamoura (VVL).

Lors de l’assemblée plénière du 4 juillet 2014,

nous avions émis un vote négatif au financement d’une

étude sur le Center Parcs.

4

Conseil régional, Plénière de décembre

LES ÉLUS RÉGIONAUX EÉLV, FORCE DE PROPOSITION

Page 5: La Feuille Verte - Janvier 2015

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Fidèles à nos positions et en toute cohérence

avec ce que nous défendons comme modèle de tourisme

et de développement pour notre Région, nous avons

soumis un amendement. Mais avant de le présenter, j’ai

rappelé que Pierre et Vacances ne prenait aucun risque.

D’ailleurs, un article de Reporterre du jour titrait :

« Derrière Center Parcs, un groupe en difficulté qui survit

grâce aux cadeaux de l’État » - et de plus des cadeaux

des collectivités, car ce sont bien les collectivités qui

prennent les risques et paient au regard d’un seul argu-

ment, répété par les élus qui défendent ce projet : l’em-

ploi. « Pierre et Vacances a accusé 27 millions d'€ de

pertes sur l’exercice 2011-2012, et 47 millions d'€ sur

celui de 2012-2013, soit 3,1 % du chiffre d’affaires. Le

résultat net publié début décembre pour la période 2013-

2014 indique pareillement une perte de 23,3 millions

d'€ » (données Reporterre). Quand on sait combien d’en-

treprises ont été fermées alors qu’elles dégageaient des

bénéfices, cela laisse pensif... ou plutôt nous indigne.

Et si nous regardons de plus près les emplois, ils

seront à 60 % des emplois de ménage, dans des condi-

tions déjà dénoncées par les employé(e)s de certains

Center Parcs, sous-traités, de 9-10 h par semaine pour...

380 euros par mois ! La plupart des autres sont des con-

trats à durée déterminée, de durée variable, ou des con-

trats saisonniers... Certains pensent que c’est mieux que

rien… Pas sûr. Car si nous additionnons :

- les aides publiques locales, 33 M € dans la SEM

+ 14 M € de voirie et réseaux divers (selon les estima-

tions des élus), nous arrivons à 47 M€ ;

- aux aides publiques nationales indirectes :

12 M € de crédits d'impôt sur l’achat des cottages…

(Pierre et Vacances peut dire merci à M. Cahuzac, à

l’époque ministre du Budget, qui a déposé un amende-

ment à la Loi de Finance 2013, amendement taillé sur

mesure pour certains grands groupes du tourisme) +

28,8 M € de remboursement de la TVA ; nous arrivons à

une somme de 87,8 M€ de financements publics.

Avec cet argent public, on pour-

rait financer 17,5 années de sa-

laires au SMIC pour chacun des

255 emplois équivalents temps

pleins. Bien sûr, il y aura des re-

cettes fiscales et des loyers esti-

més sur 12 ans à 31,7 M,€ en re

gard des 36,5 M€ minimum d'investissements publics…

(données de l’association « Le Pic Noir »).

Voilà comment une multinationale en difficulté

profite de la peur du chômage et peut-être du manque

d'imagination des élus…

Cela ressemble à une fuite en avant d'un groupe

qui financerait ses remboursements par de nouveaux

emprunts et l'ouverture de nouveaux projets pour

lever justement ces emprunts. Ne sommes-nous pas

là face au mécanisme d’une bulle boursière digne

des années 2008, qui pourrait s'effondrer à tout

moment ?

… et oui au VVL !

En outre, ne sommes-nous pas sur un mo-

dèle d’un temps passé, tel que celui qui a engendré

un schéma à la Sivens, avec insuffisance des études

préalables et recherche de minimisation des impacts

pour que rien n'empêche le projet d'aboutir ?

L’amendement que nous avons soumis permettait

d’orienter les 8 M € de finances publiques vers une

structure qui aujourd’hui existe bel et bien, le VVL.

Ce village de vacances, créé en 1967, comportant

400 chambres (980 lits), était géré par un syndicat

de 12 communes réparties sur le territoire français

et avait une vocation sociale. Les communes se sont

progressivement désengagées tout en restant pro-

priétaires des bâtiments. Après des tentatives de

gestion par « Hôtels et Résidences », le site a fermé

en juillet 2014, laissant 50 employés dans le désar-

roi.

Pourtant cette structure, placée au cœur du

Parc naturel régional du Haut-Jura, a de nombreux

atouts, mais il faudrait engager de lourds travaux de

rénovation. Un des atouts majeurs pour nous, écolo-

gistes, c’est qu’elle existe : alors pourquoi créer de

toute pièce un Center Parcs, qui va détruire de la

forêt et nécessitera de lourds investissements, et

laisser démanteler ce Village de vacances ? Nous

n’avons aucun autre site, dans notre Région, apte à

accueillir autant de personnes, pour un tourisme

familial voire social, tourné vers les richesses que

nous avons déjà - parfois la neige, mais surtout la

nature -, et qui permette aux employés aujourd’hui

privés d’emploi d’en retrouver un. L’enjeu serait de

faire du VVL un site ouvert au tissu touristique ac-

tuel et de consolider les acteurs locaux.

Nous avons été à nouveau les seuls à voter

cet amendement. Les autres élus régionaux ne veu-

Page 6: La Feuille Verte - Janvier 2015

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lent pas abandonner, à ce stade, la possibilité de financer

le Center Parcs : force est de constater que le chantage à

l’emploi fonctionne à plein et que nous n’avons pas la

même vision du développement touristique. Pourtant, au

vu des investissements qui seront nécessaires pour l’achat

et la rénovation du Village de vacances, même avec les

autres collectivités locales, les 8 millions d’€ ne seront pas

de trop.

Efficacité énergétique

Sur la politique de l'énergie, nous nous sommes

félicités de la priorité donnée dans ce budget à l’efficacité

énergétique, avec une hausse de 14,3 %, et cela dans un

contexte de diminution des fonds publics : pour nous, la

priorité est bien de diminuer nos consommations énergé-

tiques, notamment dans le bâtiment, car on sait qu’avec

les transports, c’est le plus gros émetteur de gaz à effet de

serre.

Le dérèglement climatique s’accélère et nous place

sur une pente dangereuse. Il rend impensable, et même

irresponsable, toute idée de recours supplémentaire à des

ressources fossiles. Le groupe d’experts intergouverne-

mental sur l’évolution du climat (GIEC) signale que pour

ne pas dépasser les 2 à 2,5° d’augmentation des tempéra-

tures, c’est maintenant que les décisions doivent être ef-

fectives.

La Franche-Comté a été pionnière dans le domaine

de l’efficacité énergétique et le reste grâce au programme

Effilogis, désormais une référence au niveau national.

Aucune région n’arrive aujourd’hui à de tels chiffres de

rénovation BBC, notamment des logements sociaux (près

de 3 000 rénovés depuis 5 ans). Les bailleurs sociaux ne

s’y trompent pas et ont bien compris tout l’intérêt de ces

rénovations pour leurs locataires, pour qui rénovation

énergétique veut dire charges moins importantes, donc

gain de pouvoir d’achat pour des foyers qui en ont bien

besoin.

Néanmoins, il faut noter qu’aujourd’hui les pouvoirs

publics se substituent au système marchand pour appor-

ter les garanties bancaires (via des fonds de garantie), et

mettre en place le tiers financement, qui est une condi-

tion indispensable pour répondre à l'insolvabilité de per-

sonnes en précarité sociale. C’est en effet un enjeu de

justice sociale. Ces outils financiers sont indispensables

pour la massification de la rénovation énergétique. La

réflexion sur un fonds de garantie en direction des copro-

priétés est en cours, mais il faudra rapidement aboutir.

Grâce au programme européen Elena, des banques pour-

ront débloquer en direction des particuliers de l’avance de

subvention, de l’ÉcoPTZ (Écoprêt à Taux Zéro) et des prêts

bonifiés à des taux inférieurs au marché. Pour la montée

en puissance des rénovations thermiques des particuliers,

ces banques devront faire un effort d’information en

direction de leurs clients. Les Espaces Infos Énergie

qui sont nos Points Rénovation Information Services

(PRIS) ont aussi un rôle déterminant dans les ré-

ponses au public qu’il conviendra de conforter.

Des énergies pour le territoire

La Région soutient également le développe-

ment des énergies renouvelables au niveau des bâti-

ments, mais cela ne suffit pas. Le développement doit

se faire également au niveau des quartiers et des

territoires. C’est bien dans le cadre de la politique

d’aménagement du territoire que nous devons impul-

ser la transition de ces territoires en territoires à

énergie positive. D’ailleurs, les préconisations du Con-

seil économique, social et environnemental régional

(CESER) vont dans ce sens :« La politique d’aménage-

ment du territoire est d’ailleurs très bien structurée

autour de l’urbanisme, de la transition énergétique,

mais elle n’intègre pas la politique des énergies re-

nouvelables. Le CESER suggère son intégration afin

qu’elle se développe en cohérence avec les terri-

toires. » Lorsque nous soutenons le projet de parc

éolien à Chamole, projet innovant car il intègre la

participation citoyenne et le maintien d’argent sur ce

territoire, nous sommes bien dans l’aménagement du

territoire.

Il apparaît important aujourd’hui que toutes les

énergies soient appréhendées ensemble pour le terri-

toire et non pas séparément comme c'est le cas ac-

tuellement.

Diminuer les consommations et développer les

énergies renouvelables vont dans le sens de la transi-

tion énergétique, et plus globalement de la transition

écologique. Miser sur la transition énergétique, c’est

donc choisir d’arrêter de dépenser des milliards d’eu-

ros dans l'importation de vieilles énergies, fossiles et

fissiles, pour investir ces euros localement ; c’est fi-

nancer nos entreprises et nos artisans ; c’est redyna-

miser nos territoires et créer des centaines de milliers

d’emplois.

Pour terminer, signalons que les élu(e)s EÉLV

ont présenté un vœu pour une expérimentation de

l’écotaxe en Franche-Comté, vœu porté également

par le groupe Socialiste, Républicain et Gauche soli-

daire et adopté par l’ensemble des élus de la majori-

té.

Brigitte Monnet

Page 7: La Feuille Verte - Janvier 2015

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Serge Moscovici s'est éteint le 14 novembre

dernier. Connu comme figure de la psychologie sociale,

pour ses travaux sur les représentations sociales, les mi-

norités entre autres, pour sa revendication d'un noma-

disme scientifique qui s'apparente à une forte curiosité

pour les différentes sciences humaines et de la société, il

l'est sans doute moins pour sa contribution à l'écologie

politique.

Ceux qui l'ont connu lors de ses séminaires à

l’École des Hautes Études en Sciences sociales se sou-

viennent d'un homme tranquille, qui pénétrait dans la

salle de cours le cigare aux lèvres, installait son discours

naturellement pour le rendre presque

évident, mais ne manquait pas de té-

moigner de son caractère hautain, cas-

sant si un étudiant avait le malheur de

balbutier un concept, une idée. Affable

quoiqu'un rien arrogant, tel était le

personnage qui ne parlait pas dans ce

cadre d'écologie.

La question de l'écologie est

posée dans La société contre nature,

publié en 1972 (1), texte complexe et

simple à la fois. Complexe quand

l'auteur entend reprendre et ré-interpréter nombre de

travaux anthropologiques et paléontologiques sur l'aven-

ture de l'homme comme espèce différenciée des pri-

mates ; simple lorsqu'il tend à montrer que la nature en

tant que telle n'existe pas : elle est toujours construction,

élaboration complexe du rapport entre des espèces, dont

l'homme et son environnement. Il critique alors la cou-

pure entre nature et culture, qui nous conduit à avoir un

rapport problématique à la nature.

En ce sens, Serge Moscovici ne plaide pas pour un

retour à une nature, à un état antérieurs. Il se montre

même plus que sceptique sur l'idée de protection de l'en-

vironnement : « L'environnement autonome, pur conte-

nant où subsistent des êtres biologiques et sociaux qui ne

lui doivent rien, est un mythe », écrit-il (p. 351) Ne devrait

-on le conserver que sous forme de réserves dont, juste-

ment, on retirerait l'homme, s'étonne-t-il ?

L'homme est intervenu, comme d'autres espèces

capables d'une vie sociale, pour modeler, inventer la

nature, et en même temps il s'est défini comme extérieur

à elle.

Pour Moscovici, réinventer la nature, c'est

réinventer le rapport de l'homme à la nature, car la

société se forme « dans et pour la nature », écrit-il

dans une postface (p. 381).

Il précise que l'écologie ne peut être la sau-

vegarde d'une nature qui exclut l'humain, une réfé-

rence à « un monde simple et frugal, organisé par

des habitudes rudes et élémentaires, qui échapperait

à l'histoire ou la corrigerait ». Il ajoute : « L'écologie

sera véritablement politique le jour où elle admettra

que le propre de notre histoire est de choisir parmi

les états de nature qui existent à un moment donné.

Des états que nous sommes capables de créer à

neuf. » (p. 386/387).

Au fond, Moscovici nous invi-

tait à penser non pas le monde

d'hier, mais celui de demain, où la

nature réinventée nous conduirait

à revoir les rapports de production

et plus globalement sociaux.

Dans un entretien paru en

1978 dans Pourquoi les écolo-

gistes font de la politique (2), celui

qui fut adhérent des Amis de la

Terre développe son analyse. Il

considère que :

- la plupart des sociétés avancées, et notam-

ment en Occident, se sont formées contre la nature,

déterminées à l'exploiter et à la transformer de ma-

nière violente ;

- la vie quotidienne et même l'économie sont

marquées par la division de la ville et de la cam-

pagne, qui est, sur les plans réel et symbolique, le

prototype de toutes les divisions entre les hommes ;

- le mode de production est, de manière di-

recte ou indirecte, la cible majeure. L'écologie met

en question le temps consacré à la production, son

échelle et enfin la nature des produits.

Dès lors, trois perspectives se dessinent :

- la perspective libérale, « qui se propose de

corriger les erreurs et de résoudre les problèmes,

sans changer la société en général », assise sur l'illu-

sion d'une croissance illimitée de la consommation

et de la production ;

Disparition de Serge Moscovici

UN COMPAGNON DE ROUTE DE L'ÉCOLOGIE

Page 8: La Feuille Verte - Janvier 2015

8

- la perspective socialiste, qui « recherche les

contradictions du système » pour le changer, sans pour

autant remettre en cause la logique productiviste ;

- la perspective écologique, qui s'attache à la

découverte des cercles vicieux ou des paradoxes de la

société.

Relire cet entretien, c'est se rendre compte de

l'actualité d'une pensée qui ne fut pas seulement celle de

Serge Moscovici.

Mais pour ce dernier, l'erreur du mouve-

ment écolo fut de se focaliser sur l'élection présiden-

tielle, puis de se transformer en parti : «Je crois que l’éco-

logie politique doit être de nature différente, que les éco-

los pourraient inventer quelque chose d’autre, d’autres

formes de vie, de mobilisation des gens. Si l’écologie veut

être un parti politique de même type que les autres, je

doute qu’elle ait un avenir », dit-il dans un entretien pu-

blié par Ecorev' (3). Il restait profondément convaincu de

la force d'une minorité active, qui doit semer partout,

expérimenter, convaincre, construire.

Si on comprend son souci de ne pas être simple-

ment « petit dans la cour des grands », ne négligeait-il

pas l'inertie sociale, voire la capacité du système de pro-

duction capitaliste, du système productiviste, à intégrer

de nouvelles contraintes ?

Comme minorité, les écologistes ont essaimé

leurs idées et cela semble lui donner raison. Mais on doit

aussi s'interroger sur ce que celles-ci deviennent. L'éco-

socialisme planificateur, le pseudo-accord de la confé-

rence de Lima, la conviction qu'il faut éteindre la lumière

en sortant : qui peut croire un instant que cela exprime

réellement une avancée vers une réelle transformation ?

Serge Moscovici paraît avoir manqué une réflexion sur

les question de pouvoir dans une démocratie.

Michel Boutanquoi

(1) Réédité en 1994 aux éditions du Seuil (collection

Points)

(2) Aux éditions du Seuil. Consul-

table sur le site : http://

classiques.uqac.ca/

(3) http://tinyurl.com/o5ohwez

Europe Ecologie Les Verts de Franche-Comté

(14, rue de la République, 25000 Besançon)

Directeur de publication : Gérard Roy

Comité de lecture : Michel Boutanquoi, Gérard Mamet,

Gérard Roy, Suzy Antoine, Françoise Touzot

CPPAP: 0518 P 11003

Maquette : Corinne Salvi Mise en page : Suzy Antoine

Page 9: La Feuille Verte - Janvier 2015

9

ALLO, LAMPEDUSA ?

Désertification des zones rurales

Il semble – a priori – qu'il n'y ait aucun rapport

entre un village perdu au milieu de nulle part… et Lampe-

dusa, petite île du sud de la Sicile, connue pour les nau-

frages dramatiques des immigrants clandestins. Et pour-

tant…

« Les derniers seront-ils les derniers ? »

C'est le titre du dernier spectacle de l'ensemble

musical de Besançon « Le Contrepoint », fondé en 1981

par Michel Gentilhomme et dirigé actuellement par

Dominik Deloffre (1). Écrite par Jérôme Brie, c'est une

œuvre à mi-chemin entre la comédie théâtrale et le spec-

tacle musical. Une représentation en a été donnée samedi

29 novembre à Mouthier-Haute-Pierre, à quelques kilo-

mètres de la source de la Loue.

Un village se meurt. Le dernier artisan ferme bou-

tique et le maire se demande s'il doit rester ou démission-

ner. Que faire de ce village ? Rester les derniers ? L'aban-

donner ? Un groupe de femmes a une idée : « Et si on

téléphonait à Lampedusa : il paraît qu'il y a des gens qui

veulent s'installer en Europe ? » De leur côté, les hommes

sont plutôt réticents : avec des étrangers-qui-ne-sont-pas-

comme-nous, est-ce possible ?

Une réflexion sur la mondialisation ?

Se succèdent les épisodes chantés par la chorale,

récités par Danielle et Jean-René Bouveret et déclamés

par des choristes. Les vases communicants, est-ce que ça

marche avec les humains ?

Finalement, quelqu'un de Lampedusa est au bout

du fil. Il ne comprend pas tout de suite la proposition. Est-

ce qu'il a risqué sa vie sur une embarcation de fortune

pour se retrouver dans un village perdu, un peu comme

celui d'où il est parti ? Ce n'est pas si simple… Les réfugiés

de Lampedusa viennent aussi des villes qu'ils ont quittées

pour échapper à la misère et à la guerre.

Le spectacle a le mérite de nous faire réflé-

chir sur le phénomène actuel qui se passe à

l'échelle de la planète. Ainsi va la mondialisation :

d'un côté, des zones rurales qui se désertifient, qui

se meurent, faute d'une politique de développe-

ment ou à cause de conflits non réglés, et de

l'autre, des grandes métropoles où s'entassent de

plus en plus les êtres humains. Cette hyperconcen-

tration urbaine est-elle possible - et souhaitable - à

long terme ?

Gérard Mamet

(1) Le Contrepoint, siège social : 3, rue de Lorraine,

25000 Besançon.

Site Internet : www.contrepoint-besancon.fr

Conditions techniques et financières, contact :

http://tinyurl.com/lfgrgsb

Page 10: La Feuille Verte - Janvier 2015

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« Avez-vous vu passer l'information sur le rapport

parlementaire, coordonné par Barbara Romagnan, députée

PS du Doubs, à propos des 35 heures ? » À cette question,

j'ai reçu souvent une réponse négative, même chez les

militants de gauche, partisans de la réduction du temps de

travail (RTT). On peut dire que l'information a été très peu

relayée par les médias, à part Mediapart et Alternatives

économiques. Ce rapport contredit pourtant les pleurni-

cheries du Medef sur le sujet, les propositions de l'UMP

d'encourager les heures supplémentaires et les discours de

Valls et Macron sur la nécessité d'« assouplir » la loi sur les

35 heures. C'est sans doute pour ça qu'il a si peu intéressé

les journalistes…

Un rapport bien argumenté et chiffré

Le travail entrepris à l'initiative de Barbara

Romagnan a pris la forme d'une commission d’enquête

«relative à l’impact sociétal, économique et financier de la

réduction du temps de travail». Après avoir procédé à

37 auditions, soit près de 80 personnes, la commission a

tiré des conclusions largement positives.

Le rapport estime que les 35 heures ont permis de

créer 350 000 emplois et n'ont pas abouti à une dégrada-

tion significative de la compétitivité des entreprises. Par

ailleurs, cette réduction du temps de travail n'aurait coûté

que 4,5 milliards d'euros aux finances publiques :

2 milliards d'euros par an, au titre des allégements de

charges sociales en faveur des entreprises et 2,5 milliards

liés aux embauches dans la fonction publique.

Il chiffre ainsi à 12 800 euros un emploi créé par

les lois Aubry. Ce qui en fait «la politique en faveur de l’em-

ploi la plus efficace et la moins coûteuse qui ait été con-

duite depuis les années 1970». Si vous faites un petit calcul,

à ce tarif-là, les 41 milliards d'euros consacrés à la baisse

des charges, permettraient de créer… plus de 3 millions

d'emplois.

Le rapport ne fait pas non plus l'impasse sur

certains effets pervers de la RTT, comme l'intensification

du travail dans certains secteurs ou les difficultés de

mise en place de la loi à l'hôpital ou dans les PME. Mais

le bilan économique reste très largement positif.

Des avancées sociétales aussi

Non seulement la réduction du temps de travail

a été économiquement efficace, mais elle a été intéres-

sante aussi au plan sociétal. « Cette politique a été ap-

préciée par les salariés car elle a amélioré les conditions

de travail et leur vie personnelle et familiale. Elle a évité

que l'économie française ne cède à la tentation, si cou-

rante dans les pays voisins, de réserver aux femmes,

nouvelles venues sur le marché du travail, des emplois à

temps très partiels non choisis et parfois cumulés – ce

qui permet à ces pays d'afficher des taux de chômage

flatteurs mais réserve une vie moins enviable aux sala-

riés concernés. » (1)

Et puis la réduction du temps de travail, c'est

aussi un accroissement du temps libre et la possibilité

de consacrer davantage de temps à sa famille, à ses en-

fants, et de s'investir dans d'autres activités, culturelles,

associatives ou sportives.

RTT contre chômage technologique ?

Ce rapport est à mettre en perspective avec

d'autres études sur l'avenir de l'emploi. D'abord, il y a de

moins en moins d'économistes qui « croient » au retour

de la croissance, comme on croit au Père Noël. Un con-

sensus se dessine sur le fait qu'on ne retrouvera pas les

taux de croissance des Trente Glorieuses et qu'on va

plutôt avoir quelque chose qui tourne autour de 1 %

dans le meilleur des cas, croissance insuffisante pour

créer de l'emploi de manière « mécanique ».

Le rapport parlementaire de Barbara Romagnan

VIVE LES 35 HEURES !

Page 11: La Feuille Verte - Janvier 2015

11

Mais il y a plus inquiétant encore. Dans leur livre Le

capitalisme a-t-il un avenir ? , cinq sociologues américains

(2) évoquent la perspective du « chômage technologique ».

Pour ces chercheurs, la « destruction créatrice », décrite

par l'économiste Joseph Schumpeter, ne fonctionne plus

(3). Il va en résulter un chômage massif, qui va toucher

d'abord les emplois les moins qualifiés, mais aussi assez

rapidement les emplois de services et les classes

moyennes. Ce sont les robots et l'informatique, dont la

production sera contrôlée par les 1 % les plus riches, qui

vont remplacer le travail humain.

Le rapport de Barbara Romagnan arrive au bon

moment pour relancer le débat sur la nécessité d'une

nouvelle étape de diminution du temps de travail. S'il

n'y a plus guère de perspectives de croissance, en de-

hors des activités développées autour de la transition

écologique, il faudra bien, courageusement, poser la

question du partage du travail, comme élément de solu-

tion au chômage de masse. Barbara Romagnan nous en

dessine une perspective plutôt positive et heureuse.

Gérard Mamet.

(1) Eléments de conclusions du rapport, p. 180.

(2) Immanuel Wallerstein, Randall Collins, Michael

Mann, Georgi Derluguian, Craig Calhoun, Le capitalisme

a-t-il un avenir ? - La Découverte.

(3) Schumpeter est le théoricien des fluctuations écono-

miques. Pour lui, le ressort de l'évolution économique est

l'innovation. Avec le progrès technologique, des pans

entiers de l'économie s'étiolent et disparaissent, mais

d'autres secteurs prennent le relais. Et dans ce qu'il ap-

pelle la « destruction créatrice », les emplois liés aux

nouvelles activités remplacent largement ceux qui dispa-

raissent. Pour les cinq chercheurs américains, avec la

robotisation et l'informatique, les nouvelles activités ne

créent plus assez d'emplois pour remplacer ceux qui dis-

paraissent.

Comment recevoir La Feuille Verte en 2015?

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Page 12: La Feuille Verte - Janvier 2015

12

1. La révolution du « power-to-gas »

L'argument habituel des opposants aux énergies

éolienne et photovoltaïque, c'est le caractère intermit-

tent de la production d'électricité, souvent à contre-

temps des usages et sans possibilité de stockage. En

fait, il y a déjà une assez bonne solution de stockage

des excédents avec les STEP (1). Mais avec ce système,

même si la France n'en est encore qu'à 4 %, on ne peut

pas dépasser 30 % du mix énergétique en éolien et

photovoltaïque. En réalité, il y a une autre solution de

stockage : utiliser l'électricité excédentaire pour pro-

duire de l'hydrogène, que l'on peut ensuite convertir en

méthane en le combinant au CO2 des émissions indus-

trielles. C'est la méthanation (2) - power-to-gas en an-

glais. Le méthane est alors facile à stocker selon une

technologie éprouvée : c'est le composant principal du

gaz naturel. (Alternatives Économiques n° 341, dé-

cembre 2014, p. 58)

Commentaire : L'Allemagne et le Danemark se

sont résolument engagés dans la méthanation. Sur les

16 installations, en service ou en projet, en Europe, 10

sont situées en Allemagne et 3 au Danemark. Un seul

projet est prévu en France, à Dunkerque, pour 2015. La

méthanation est une technique qui permet d'avancer

vers les 100 % d'énergie renouvelable car le méthane

peut être utilisé aussi bien pour la production de cha-

leur que comme carburant. Encore une fois, avec son

choix du nucléaire, la France a pris du retard. Et dans ce

dossier, « EDF brille pour l'instant par son absence »,

dixit l'article cité.

2. A la pêche aux microparticules de plas-

tique

Une expédition scientifique vient de sillonner la

Méditerranée pendant 7 mois pour ausculter la pollution

de surface due au plastique. Sur les 300 000 tonnes de

plastiques produites dans le monde chaque année, 10 %

sont abandonnés dans la nature. Poussé par le vent ou

transporté par les rivières, le plastique arrive finalement

dans les mers ou les océans, où il se fragmente. On parle

de microparticules pour les fragments inférieurs à 5 mm.

On trouve jusqu'à 331 000 débris par kilomètre carré

dans les zones les plus polluées de la Méditerranée. Ces

déchets ont des impacts sur les habitats marins, sur les

écosystèmes et sur la santé des animaux et des hommes.

(La Recherche n° 494, décembre 2014, pp. 60-63)

Commentaire : Les prélèvements vont permettre

d'établir une cartographie de la pollution de la

Méditerranée par les plastiques. Des études vont être

entreprises sur les échantillons pour évaluer la composi-

tion des plastiques et leur niveau de dégradation. Des

laboratoires vont analyser aussi les polluants abondam-

ment absorbés par les microplastiques : pesticides, phta-

lates, biphénols. Enfin, d'autres laboratoires vont regar-

der si des bactéries pathogènes, venant des stations

d'épuration par exemple, n'ont pas colonisé le plastique.

Ces travaux vont peut-être permettre aussi de mieux

démontrer qu'il faut réduire de façon drastique l'usage

des emballages plastiques jetables.

Science et écologie

MÉTHANATION, MICROPARTICULES DE PLASTIQUE, INÉGALITARISME SCOLAIRE

ET ÉMERGENCE DE LA COOPÉRATION

La science pour éclairer les choix de l'écologie politique.

La réflexion politique pour développer la critique de la science.

Page 13: La Feuille Verte - Janvier 2015

13

3. « L'école s'enfonce dans l'inégalitarisme »

Les enquêtes menées par le ministère de l'Éduca-

tion nationale montrent que les performances des élèves

du primaire baissent pour la compréhension de l'écrit, le

calcul et l'orthographe. L'enquête « PISA » de l'OCDE va

dans le même sens. Les études montrent aussi que les

inégalités scolaires s'aggravent : l'écart de compétence,

entre les 20 % les plus défavorisés au plan socioécono-

mique et les 20 % les plus favorisés, augmente. Une école

trop inégalitaire et trop injuste avec les plus faibles ne

joue pas pleinement son rôle de promotion sociale. Un

autre phénomène observé est l'inégalité entre les gar-

çons et les filles, en faveur des filles. Seulement 11 % des

filles sortent du système scolaire sans diplôme, contre

20 % des garçons. Ce qui n'empêche pas les garçons de se

retrouver plus nombreux que les filles dans les classes

préparatoires aux grandes écoles. (La Recherche n° 494,

décembre 2014, pp. 76-79)

Commentaire : Il y a bien longtemps déjà que

Baudelot et Establet ont montré, avec Bourdieu et

Passeron, comment l'école reproduisait les inégalités

sociales. Pour Pierre Bourdieu, c'est plutôt la culture -

outil de domination - qui explique les inégalités scolaires,

alors que pour Raymond Boudon, c'est davantage l'aspect

économique, les choix des individus étant liés aux res-

sources de leurs parents. Il existe maintenant une troi-

sième piste de réflexion, lancée aux États-Unis en compa-

rant la scolarité des enfants noirs et des enfants blancs :

les effets de système. On a ainsi montré que les enfants

défavorisés se retrouvent dans des établissements moins

bien dotés et avec des enseignants moins formés. C'est

« l'effet Mathieu » : ceux qui ont déjà beaucoup reçoivent

plus que les mal lotis. Mais en définitive, n'est-il pas tout

simplement illusoire d'attendre de l'école qu'elle corrige

les inégalités qu'une politique économique et sociale libé-

rale ne fait qu'aggraver ?

4.L'émergence de la coopération

L'idée classique que l'humanité serait devenue

l'espèce dominante en conquérant la nature par la force

est remise en question par des chercheurs. Nos ancêtres

étaient trop petits et trop vulnérables pour dominer les

grands prédateurs de la savane. Le succès de notre es-

pèce viendrait plutôt de notre propension à coopérer. Les

fondements de cette aptitude à coopérer, tels que l'em-

pathie et l'altruisme, sont observés également chez nos

cousins primates. La coopération, qui fonctionne aussi

avec des individus sans relation de parenté, se fonde sur

le partage et la réciprocité. Chez les primates, la coopé-

ration a des avantages importants dans la recherche de

la nourriture et la défense contre les prédateurs, donc

pour la survie. (Pour la Science n° 445, novembre 2014,

pp. 52-55)

Commentaire : Pour les humains comme pour

les grands singes, la survie dépend du partage. Le succès

de notre espèce résulte plus probablement de notre

esprit de coopération que de notre penchant pour la

compétition et la violence. Dans son livre Le singe en

nous, publié chez Fayard en 2006, l'auteur de l'article

évoqué, le primatologue Frans de Waal, expliquait ironi-

quement que certains grands singes avaient plus le sens

de l'équité que les néoconservateurs américains… Alors

qu'on ne nous parle plus que de « concurrence » et de

« compétitivité », si l'on veut que l'humanité survive, le

moment n'est-il pas venu de réhabiliter ces concepts de

coopération et de partage ?

Gérard Mamet

(1) Station de Transfert d'Énergie par Pompage. Quand la

production électrique est excédentaire, le surplus d'éner-

gie est utilisée pour pomper de l'eau dans un réservoir

amont. Le turbinage de cette eau permet de produire de

l'électricité en cas de besoin.

(2) Ne pas confondre avec la méthanisation, qui est la

production de méthane à partir de la fermentation de

matières organiques.

Page 14: La Feuille Verte - Janvier 2015

Avent. Les

catholiques de Paris

descendent dans la rue

pour « témoigner de

leur foi ». Mais qu'est-

ce qu'on en a à braire ?

Est-ce que je descends

dans la rue pour

« témoigner de mon

athéisme », moi ?

Mères. Tout en vantant « leur nature délicate »,

le président turc Erdogan rappelle que la religion musul-

mane « a défini un statut pour les femmes, la materni-

té ». Et pour les empafés dans son genre, elle n'a rien

prévu, la religion musulmane ?

Banane. Pira-

tage de Sony Pictures :

un communiqué de

Pyongyang qualifie

Obama de « singe

vivant dans une forêt

tropicale ». La Manif

pour tous et le Prin-

temps français sont

heureux d'accueillir la

Corée du Nord en leur

sein généreux.

Frousse. La gauche radicale de Syriza et de

Podemos en tête des intentions de vote en Grèce et en

Espagne. Bon, ils ne sont pas encore au pouvoir et on

peut avoir des doutes quant à leurs chances de réussite

s'ils y arrivent. Mais le simple fait que cette éventualité

affole Junker et sa bande, que voulez-vous ? moi, ça me

met en joie.

Visite. Outre Paris et sans doute Lourdes, le

pape François a « demandé à aller [en 2015] dans une

ville où aucun pape n'est allé ». Je commence à baliser :

aucun pape n'est jamais venu dans mon coin.

Journaleuse. Sarkozy sur TF1 après son élec-

tion à la présidence de l'UMP : « Depuis le temps qu'on

se connaît, vous m'avez déjà vu, Madame Chazal, dire

des choses que je ne pensais pas ? » Et l'autre carpette,

là, qui ne lui claque pas le beignet !

Bédouins. Au nom de son interprétation de

l'islam, l'Arabie saoudite détruit son patrimoine histo-

rique et culturel. Entre autres, on a construit des WC à

la place de la maison de Khadija (première épouse de

Mahomet) et on va déplacer à Médine la tombe de ce

dernier. Quelqu'un a entendu parler, dans le monde

musulman, de manifestations de foules hurlant au blas-

phème ?

Sacré ? Le T.A. de Nantes fait retirer, au nom

de la laïcité, une crèche de Noël installée au Conseil

général de la Vendée. Faudrait déjà interdire à ce dé-

partement d'avoir pour logo officiel un double cœur

portant couronne et croix, frère jumeau d'un emblème

curaillon bien connu.

Déchéance. Dans une pub pour Europe 1

(« Un temps d'avance », tu parles !), la bobine de Daniel

Cohn-Bendit en compagnie de celles d'Elkabbach ou de

Natacha Polony. La vieillesse est un naufrage...

Q.I. De nombreuses molécules chimiques alté-

rant le développement cérébral, l'intelligence des pro-

chaines générations est en péril. Euh... m'est avis que

ça n'a pas attendu les « prochaines générations »…

Starlette. Lundi : elle n'acceptera aucune fonc-

tion à l'UMP si Laurent Wauquier en devient secrétaire

général. Vendredi : lui est secrétaire général et elle vice

-présidente. Y a que les imbéciles qui ne changent pas

d'avis.

Nippon. Le ministre des finances japonais

blâme les femmes sans enfant, auxquelles il impute le

déséquilibre démographique. Alors qu'il faudrait les

féliciter de ne pas pondre des crétins dans son genre.

14

UN MOIS, ÉMOIS, ET MOI (1)

Page 15: La Feuille Verte - Janvier 2015

Lexique. À propos du risque que le PS et ses al-

liés ne conservent que 15 à 20 conseils généraux (contre

61 aujourd'hui) à la suite des départementales de 2015,

Cambadélis concède : « On peut se retrouver dans cette

épure. » Il veut sans doute dire « épuration ».

Cacaphonie. Le Parti communiste chinois édicte

des règles à suivre pour chanter, jouer et écouter

l'hymne national : porter des habits « convenables », se

tenir bien droit ; interdiction est faite d'en user lors des

mariages, des enterrements, des bals. Si je puis me per-

mettre, le seul endroit où on peut - et encore... - fredon-

ner un hymne national, ça me paraît être les gogues.

Rebelle ! « Quand je vois quelqu'un qui passe

avec une belle voiture, mon objectif, ce n'est pas de la lui

prendre, déclare Julien Dray ; c'est de permettre à tout le

monde d'avoir une belle voiture. » Audacieux, le PS, non ?

Footeux. Il paraît que, sous l'emprise de la mé-

thamphétamine dont l'usage se répand dans les stades

de foot allemands, les ultras et les hooligans se condui-

sent de manière désinhibée. Ah ! bon ? Parce qu'ils ne

l'étaient pas, désinhibés, avant ?

Manu. Manuel Valls en Bretagne, le 18 dé-

cembre : « Je me bats au nom d'une belle idée de la Répu-

blique, qui est l'intérêt général. » Et si « l'intérêt général »

était 1) qu'il la ferme et 2) qu'il se casse, le Manu ?

Neige. Trop chers et trop éclaboussés de scan-

dales, les J.O. d'hiver ne trouvent plus de villes candi-

dates à leur organisation (seules Pékin et Almaty veulent

s'en charger en 2022). Qu'ils crèvent, les J.O. d'hiver ! Et

ceux d'été aussi, tant qu'on y est !

Fiesta. Vladimir Poutine invite Kim Jong-un à

Moscou. Je vous dis pas la poilade entre ces deux rigo-

los !

Bécassine. Nadine Morano scandalisée par le

« manque de respect » de Sarkozy à son égard : il ne lui a

pas proposé le poste qu'elle guignait à l'UMP. Si même

Sarko se rend compte qu'elle est vraiment trop conne...!

Crèche. Les autorités chinoises appellent à s'op-

poser aux « fêtes kitsch de l'Occident », à commencer

par Noël. Je demande de ce pas l'asile politique à Pékin.

Toc. Jeff Koons à Beaubourg, l'expo la plus visi-

tée de 2014 ! Et il faudrait que j'aime mon prochain ?!

Gérard Roy

(1) Bien évidemment, ces Émois ont été rédigés avant le

massacre de Charlie Hebdo. Après, je n'aurais pas eu le

cœur à ces plaisanteries plus ou moins fines…

(Dessins publiés grâce à l’aimable autorisation de Charlie

Hebdo.)

15

Encore un peu de Charlie Hebdo?

Page 16: La Feuille Verte - Janvier 2015

16

Le ministère de l’Intérieur a fixé la date de l’élec-

tion législative partielle qui désignera le successeur de

Pierre Moscovici dans la 4e circonscription du Doubs. Le

Journal officiel établit que le scrutin se déroulera les di-

manches 1er et 8 février 2015. Ancien ministre de

l’Economie, Pierre Moscovici a démissionné de son man-

dat de député le 1er novembre, suite à sa nomination à la

Commission européenne.

La 4e circonscription du Doubs comprend les can-

tons d’Audincourt, Étupes, Hérimoncourt, Pont-de-Roide,

Sochaux-Grand-Charmont et Valentigney.

Europe Ecologie-Les Verts aura son propre candidat

lors de cette élection. Comme en 2012, c’est Bernard

Lachambre qui portera les couleurs des Verts. Le cosecré-

taire régional détaille les ambitions d’EELV pour ce scrutin

et explique pourquoi il n’a pu s’entendre ni avec le PS, ni

avec le Front de Gauche, dans une interview donnée à

France 3.

« Nous avons un message à faire passer: la gauche

a besoin de l’écologie et des écologistes pour gagner. Les

gens n’ont plus confiance en quoi que ce soit. Ils nous re-

prochaient de faire parfois le grand écart quand nous

étions au gouvernement. Il est important d’avoir une pa-

role autonome, clairement écologiste… »

Dans sa profession de foi, Bernard Lachambre af-

firme qu’il ose croire que les écolos peuvent changer le

monde. En effet, le développement de l’agriculture bio et

la protection de l’environnement créent des emplois,

améliorent la santé. La rénovation et l’isolation des loge-

ments réduisent les dépenses de chauffage et la consom-

mation d’énergie, tout en étant créatrices d’emplois. Le

développement des énergies renouvelables et la sortie du

nucléaire font aussi partie de ses priorités. Il souhaite que

les transports en commun deviennent plus nombreux afin

d’assurer un meilleur service à la population. Il prône la

lutte contre les paradis fiscaux et l’évasion fiscale , ce qui

réduira la dette, allègera l’impôt de tous les Français et

contribuera à sauver les services publics.

Suite aux tragiques événements qui viennent de se

produire dans notre pays, Bernard Lachambre exige que

des mesures soient prises pour assurer notre sécurité. Sur

le long terme, il nous faut réduire le chômage, la pauvreté

et les inégalités dans notre pays qui contribueront à faire

reculer la violence et la montée des extrémismes.

Meeting le 26 janvier à 20h salle polyvalente à

Seloncourt, avec Emma Cosse, Éric Alauzet, des élus

régionaux et locaux ainsi que d’autres invités sur-

prises.

Suzy Antoine

www.bernardlachambre-legislatives2015.fr

Rectificatif pour Législative partielle dans le Doubs

Des écolos pour la 4e circonscription

Le texte de la page 16, "Des écolos pour la 4e circonscription" a été rédigé dans l'urgence, dans la période de mobilisation

"Nous sommes tous Charlie" et il n'a pas été relu correctement.

Tel qu'il apparaît, il ne reflète pas les analyses et propositions d'EELV.

L'article de cette page encartée dans La Feuille Verte, remplace donc celui qui figure à la page 16.

Page 17: La Feuille Verte - Janvier 2015

Après la manif du 3 décembre

17

depuis plus de 10 ans ne toucheraient plus aucune aide.

Les plus atteints par ces mesures seraient donc les pion-

niers de l'agriculture biologique, ceux qui ont développé

les techniques, créé les premières filières… et essuyé les

plâtres.

Les risques de déstabilisation des filières en place

sont évidents par manque de production, précisément

au moment où la demande des consommateurs en bio

est largement croissante. Pendant ce temps-là, des

aides financières européennes nouvelles sont propo-

sées aux producteurs conventionnels pour peu qu'ils

acceptent de réduire de quelques pour cent la fré-

quence d'utilisation des pesticides…

L'agriculture biologique en Franche-Comté

La région compte un peu plus de 500 exploita-

tions agricoles en bio pour environ 34 000 ha, soit

Une large conversion en agriculture biologique,

par exemple dans la zone du comté, pourrait faire partie

des mesures de restauration de l'état de nos rivières,

notamment de la Loue et du Dessoubre, qui sont en

partie malmenées par les effets de l'agriculture inten-

sive.

LE TOURNANT DU BIO, C'EST POUR QUAND ?

Pour la première fois en Franche-Comté, les produc-

teurs bio se sont rassemblés le 3 décembre devant la

DRAAF (1), rue de Belfort à Besançon, pour manifester leur

mécontentement. Mais quel contraste avec les exactions

des manifs de la FNSEA quelques semaines plus tôt !

L'ambiance était chaleureuse et conviviale et il y avait si peu

de risques de débordements que les portes de la DRAAF

sont restées ouvertes…

Les raisons du mécontentement

Si la Région de Franche-Comté a totalement rempli

sa mission de soutien du bio, la politique appelée « Aide au

maintien » par l'État est menacée, faute d'une enveloppe

suffisante de la PAC. Ainsi, les agriculteurs engagés en bio

autour de 5 % des surfaces franc-comtoises. La principale

production bio est celle du lait, qui vient de doubler en 4

ans et qui atteint presque 50 millions de litres. Le maraî-

chage bio a énormément progressé aussi : plus 300 % en

4 ans. Le vignoble jurassien est le premier à avoir atteint

15 % des surfaces en bio.

Les productions en vente directe sont souvent en

bio : fromages de chèvre, de vache et de brebis, viande,

volailles, œufs, mouton, porc et charcuterie, maraîchage,

fruits, jus, confitures, miel, PPAM (Plantes à parfum, aro-

matiques et médicinales), cosmétiques, etc.

Page 18: La Feuille Verte - Janvier 2015

Les avantages du bio

L'agriculture dite « conventionnelle » fait largement

appel à la chimie pour les engrais et pour les herbicides,

fongicides et insecticides. Les dégâts sur les abeilles ont

été tels que la Commission européenne a dû suspendre

récemment l'utilisation d'une catégorie d'insecticides, les

néonicotinoïdes. Certains produits phytosanitaires sont

hautement dangereux pour la santé humaine et pour

l'environnement. Mais ce ne sont pas les producteurs

« chimiques » qui paient les dégâts, c'est la « société » à

travers les budgets de la sécurité sociale et de l'environ-

nement.

Il est maintenant bien établi que les produits bio

sont en général plus goûteux, plus riches en vitamines et

en oligoéléments. De plus, l'agriculture biologique n'a pas

de conséquences négatives sur la santé et sa façon de

produire préserve les biens communs : eau, air, biodiver-

sité. Si on appliquait le principe pollueur-payeur à l'agri-

culture conventionnelle, ses coûts de production seraient

beaucoup plus élevés. Il en résulte qu'il est normal de

subventionner davantage le bio puisqu'il ne suppose pas

cette « externalisation » des coûts vers la société, grâce à

l'absence d'inconvénients pour la santé et l'environne-

ment.

Quelle politique agricole ?

On a eu parfois l'impression, avec le système

d'aides à l'intensification, que les agriculteurs convention-

nels étaient « payés pour polluer » alors que, pour avoir la

certification, les producteurs bio devaient « payer pour

produire sain ». C'est absurde et injuste.

Si l'on veut atteindre l'objectif national – doubler

les surfaces en bio d'ici à 2017 –, il faut prévoir les crédits

nécessaires pour soutenir le passage à l'agriculture biolo-

gique et ensuite maintenir sa viabilité. Le développement

du bio correspond à une évolution de la consommation et

l'agriculture bio est plus « intense » en emplois que l'agri-

culture conventionnelle. C'est donc aussi un outil contre le

chômage.

Le 3 décembre, les agriculteurs bio francs-comtois

ont démontré, dans le calme, leur force et leur détermina-

tion. Ils peuvent compter sur EÉLV et ses élus, dont cer-

tains étaient présents à leurs côtés, pour soutenir leurs

propositions.

Gérard Mamet

(1) Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agri-

culture et de la Forêt.

18

Page 19: La Feuille Verte - Janvier 2015

19

Une bonne résolution pour 2015 :

adhérez dès aujourd’hui !

Page 20: La Feuille Verte - Janvier 2015

14, rue de la République 25000 Besançon / 03 81 81 06 66 / http://franchecomte.eelv.fr/

Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré,

Oncle Bernard et les autres... La connerie débridée,

la lâcheté obtuse, le fascisme intégriste ont encore

frappé, et cette fois, c'est en plein cœur qu'ils nous

ont touchés. Car, outre une certaine idée du vivre-

ensemble, ce sont nos copains, nos amis qu'ils ont

tués, ceux qui, semaine après semaine, nous ou-

vraient les yeux et nous décrassaient la cervelle tout

en nous faisant rire – et avec quel talent ! Ils sont

morts, mais Charlie Hebdo ne doit pas mourir : on a

trop besoin d'une presse irrévérencieuse. Pourtant,

quel que soit son avenir, il manquera toujours les

signatures de ces types extraordinaires ; la plaie n'est pas près de se refermer. (1)

Gérard Roy

(1) Je sais bien que le moment est à l'« union nationale » plus qu'à la polémique, mais quand

même... Je suis revenu quelque peu choqué du rassemblement de jeudi 8, à Lons-le-Saunier, au

cours duquel le député-maire UMP, seul à prendre la parole, a fait apporter un drapeau trico-

lore et chanter La Marseillaise ! Charb et les autres ont dû s'en retourner dans leurs tombes...