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1 LA GRAVITATION DE NEWTON I HISTORIQUE 1- Le problème de la rotation de la Terre sur elle-même La Renaissance est apparue en premier en Italie, par le bouillonnement culturel causé par l’arrivée des intellectuels de l’Empire romain d’orient fuyant en Italie lors de la chute de Constantinople en 1453. Galilée naît à une époque où le monde du Moyen Âge refuse encore de mourir et résiste obstinément aux apports de la Renaissance. L’Église avait adopté les doctrines d’Aristote. En particulier, deux systèmes s’opposaient : le système de Ptolémée, la Terre est fixe et au centre du monde et tous les autres corps ont des mouvements compliqués et composés autour d’elle ; le système de Copernic : le Soleil est fixe au centre du monde et les planètes tournent autour du Soleil. Or, l’utilisation de la lunette par Galilée confirme de plus en plus le système de Copernic : phases et taille apparente de Vénus, satellites de Jupiter etc. Dans le cadre de ce débat se pose le problème de la rotation de la Terre sur elle-même. Faut-il admettre que tout le reste du monde tourne en 24 h autour de la Terre d’est en ouest, ou plutôt que c’est la Terre qui tourne sur elle-même d’ouest en est. Pour Galilée, dans le cadre du système de Copernic, la Terre étant une planète parmi d’autres, il est plus simple de penser que c’est la Terre qui tourne sur elle-même, en opposition avec la doctrine de l’église. 2- La résistance forcenée de l’église Le 17 février 1600, à Rome, Giordano Bruno est brûlé vif. Il professait que toutes les étoiles sont des soleils comme le nôtre, donc la pluralité des mondes, que la Terre tourne sur elle-même et autour du Soleil, et également l’existence du vide et des atomes. L’existence des atomes est en contradiction avec le dogme Eucharistique rejeté par la religion protestante naissante. Si ce qui fait le vin, c’est un certain regroupement des atomes, il est impossible que ce vin se transforme en le sang du Christ. Il défend le système héliocentrique de Copernic qui date de 1505. Pour lui, Dieu est immanent au monde, il est la force spirituelle qui anime la matière et se cache en son sein. Dieu n’est pas séparé du monde, il est en lui. En Angleterre, la religion anglicane prendra ses distances avec l’Eucharistie et la transsubstantiation du pain et du vin dans le corps du Christ. Elle ne verra donc pas d’opposition à la théorie atomique. En Angleterre, il y a une étroite collaboration entre savants et théologiens. Les savants se sentent libres. Le principal reproche qui fut fait à Galilée fut en fait de soutenir la théorie des atomes. C’est grâce à une amitié avec le pape Urbain VIII permettant une Pierre BOUTELOUP Aller à la page 23 1/83

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1LA GRAVITATION DE NEWTON

I HISTORIQUE

1- Le problème de la rotation de la Terre sur elle-même

La Renaissance est apparue en premier en Italie, par le bouillonnement culturelcausé par l’arrivée des intellectuels de l’Empire romain d’orient fuyant en Italie lors dela chute de Constantinople en 1453.

Galilée naît à une époque où le monde du Moyen Âge refuse encore demourir et résiste obstinément aux apports de la Renaissance. L’Église avaitadopté les doctrines d’Aristote. En particulier, deux systèmes s’opposaient : lesystème de Ptolémée, la Terre est fixe et au centre du monde et tous lesautres corps ont des mouvements compliqués et composés autour d’elle ; lesystème de Copernic : le Soleil est fixe au centre du monde et les planètestournent autour du Soleil. Or, l’utilisation de la lunette par Galilée

confirme de plus en plus le système de Copernic : phases et taille apparente deVénus, satellites de Jupiter etc. Dans le cadre de ce débat se pose le problème dela rotation de la Terre sur elle-même. Faut-il admettre que tout le reste du mondetourne en 24 h autour de la Terre d’est en ouest, ou plutôt que c’est la Terre quitourne sur elle-même d’ouest en est. Pour Galilée, dans le cadre du système deCopernic, la Terre étant une planète parmi d’autres, il est plus simple depenser que c’est la Terre qui tourne sur elle-même, en opposition avec la doctrine del’église.

2- La résistance forcenée de l’église

Le 17 février 1600, à Rome, Giordano Bruno est brûlé vif. Il professait quetoutes les étoiles sont des soleils comme le nôtre, donc la pluralité des mondes, quela Terre tourne sur elle-même et autour du Soleil, et également l’existence du videet des atomes. L’existence des atomes est en contradiction avec le dogme Eucharistiquerejeté par la religion protestante naissante. Si ce qui fait le vin, c’est un certainregroupement des atomes, il est impossible que ce vin se transforme en le sang duChrist. Il défend le système héliocentrique de Copernic qui date de 1505. Pour lui,Dieu est immanent au monde, il est la force spirituelle qui anime la matière et secache en son sein. Dieu n’est pas séparé du monde, il est en lui.

En Angleterre, la religion anglicane prendra ses distances avec l’Eucharistie et latranssubstantiation du pain et du vin dans le corps du Christ. Elle ne verra donc pasd’opposition à la théorie atomique. En Angleterre, il y a une étroite collaborationentre savants et théologiens. Les savants se sentent libres.

Le principal reproche qui fut fait à Galilée fut en fait de soutenir la théorie desatomes. C’est grâce à une amitié avec le pape Urbain VIII permettant une

Pierre BOUTELOUP

Aller à la page 23

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mise en scène que ce reproche fut remplacé par celui, moins grave, de la rotationde la Terre sur elle-même. Cette accusation le fit condamner le 22 juin 1633 à lamise en résidence surveillée à vie.

Au dix-septième siècle, les jésuites sont acharnés contre l’existence du videcontraire à la physique d’Aristote. Si le vide existe, la lumière se propagedans le vide. Voilà alors une apparence (accident) sans substance, ce qui estégalement contraire au miracle eucharistique où Dieu sépare les accidents dupain de leur substance. Le vide est donc hérétique. Si un accident (apparence)comme la lumière peut exister dans le vide naturellement sans substance, c’estalors un phénomène naturel où Dieu n’intervient pas, que l’apparence du painse fixe sur la chair du Christ. En mathématiques, le calcul infinitésimal tropproche de la théorie atomique est également considéré comme hérétique.

II DESCARTES

1- La physique de Descartes

Descartes est terrorisé par ce qui est arrivé à Bruno et Galilée. Cetteterreur a pu obscurcir son entendement.

Pour se protéger de la religion qu’ils craignent, les physiciens ou philosophescatholiques dont Descartes présentent leurs théories comme de pures hypo-thèses d’explication des apparences. Ils sont conduits à éliminer toute explica-tion de type causal. Ils ne répondent donc plus au pourquoi mais simplementau comment. Ils sont amenés à éliminer Dieu de leurs théories ainsi que toutemétaphysique, de façon à séparer le plus possible la religion de la science.

Le monde est une machine certes créée par Dieu, mais qui fonctionne touteseule par ses lois propres. Le monde est un automate fonctionnant en dehors detoute intervention divine, c’est la physique mécaniste.

Ce mécanisme s’inspire des mouvements d’horlogerie ayant atteint un hautdegré de perfection à cette époque. Les différents mouvements des engrenagess’obtiennent par des contacts entre des dents qui sont immobiles les unes par rap-port aux autres. Dans cette mécanique, il n’y a donc que des forces de contact. Onpeut même oublier ces forces et considérer qu’il n’y a que mouvement et emboî-tement de pièces voisines. Le contact et l’impénétrabilité ramènent la mécaniqueuniquement à des propriétés géométriques. Le fonctionnement d’une horloge avecses engrenages est complètement décrit par la géométrie des engrenages. Ainsi,pour Descartes : Le mouvement est le transport d’une partie de la matière ou

d’un corps, depuis le voisinage des corps qui le touchent immédiatement et sont

considérés comme au repos, dans le voisinage d’autres corps.

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La nature a caché ses ressorts comme au théâtre on dissimule les machines.Dans les machines que la nature présente à nos yeux, les cordes sont parfaitementbien cachées. Supposons qu’ils voyaient le vol de Phaéton que les vents enlèvent,qu’ils ne pouvaient découvrir les cordes, et qu’ils ne savaient point comment lederrière du théâtre était disposé, l’un d’eux dirait c’est une certaine vertu secrètequi enlève Phaéton. De la même manière que le soulèvement d’une feuille mortemet en évidence l’air, la chute des corps met en évidence un éther qui agit parcontact.

Les phénomènes doivent donc s’expliquer uniquement par la figure et lemouvement des parties de la matière, comme on explique les effets deshorloges, et les corps ne doivent agir l’un sur l’autre qu’au contact, par pressionou par choc. La pesanteur doit s’expliquer par la disposition et le mouvementd’une certaine matière. De même les étonnantes vertus de la lumière doiventtenir à un mouvement : la lumière. Les atomes n’existent pas. Nous voilàtranquille avec la religion. Le vide non plus n’existe pas. Ce que l’on pensaitêtre le vide est constitué de matière invisible et cachée.

2- Descartes, le premier positiviste

Le Discours de la méthode de Descartes appliqué à la physique, rejettetoute métaphysique, puisqu’il ne veut construire le savoir qu’à partir de petitséléments certains qu’on assemble. On aboutit avec cette méthode à une sciencepositiviste inductive, où on collectionne les faits certains, comme on collectionneles papillons. Aucun concept nouveau ne peut apparaître. Seule l’analogie estencore autorisée par extension d’un phénomène connu, donc par induction. Cen’est pas comme cela que la physique se construit, et ce n’est pas un hasard sitoutes les grandes théories physiques se sont construites ailleurs qu’en France,en Angleterre ou en Allemagne par exemple. Citons Einstein dans sa lettre àMaurice Solovine datée du 24 avril 1920 “Aucune méthode inductive ne peutconduire aux concepts fondamentaux de la physique. L’incapacité à le comprendreest la plus grave erreur philosophique de nombreux penseurs du XIX° siècle.”

On peut donc dire que le désastre de la philosophie positiviste en sciencecommence avec Descartes. Ce désastre laisse encore des traces en europecontinentale aujourd’hui : la science ne peut être acte de foi. Elle doit êtreprouvée avec une certitude absolue. Descartes recherche en effet la certitudeabsolue ne laissant place à aucun doute. Or, selon la démarche scientifiqueparfaitement comprise par Newton, et merveilleusement appliquée dans sontexte sur le célèbre phénomène des couleurs, le scientifique fait des hypothèsesqu’il teste. Un test négatif prouve logiquement qu’il y a une erreur quelque part,mais un test positif ne prouve rien, et ne peut que mener, progressivement,surtout grâce à des mesures numériques précises, à l’intime conviction que lathéorie est vraie. Le philosophe anglo-saxon Karl Popper a bien précisé celaavec sa théorie de la falsifiabilité des théories scientifiques.

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La recherche impossible d’une preuve absolue inaccessible, mène l’Académiedes sciences française en 2015 à perdre son temps, en étant la risée de toutela communauté scientifique mondiale, à débattre de la vérité ou non de l’in-fluence de l’homme sur le réchauffement climatique. La commission européenneen 2016, demande un niveau de preuve impossible à atteindre pour classer unesubstance comme perturbateur endocrinien, sans doute influencée par des lobbysindustriels, mais peut-être aussi à cause de son état d’esprit positiviste.

Les positivistes dans leur rejet virulent de la religion et de la métaphysique,ne se rendent pas compte qu’ils sont justement les produits de cette religion quiles a rejetés. Ils sont les créatures hors sol de la religion qu’ils détestent.

Le classement de la psychanalyse comme un conte pour enfants par absencede preuve par certains, est sans doute aussi une conséquence de cet état d’espritdestructeur positiviste. À une époque, l’existence des atomes que personne nepouvait voir, ou même des microbes, étaient des contes pour enfants. L’idéed’atome ne pouvait pas se construire suivant la méthode de Descartes. Cetteidée nécessite une ontologie.

3- L’astronomie de Descartes

Descartes est uniquement un mathématicien. Il n’a pas les qualités d’es-prit, l’audace et l’intuition d’un physicien. Il n’a rien compris à la démarchescientifique. Paradoxalement, vu son amour des mathématiques, la physique deDescartes est purement qualitative. Son système du monde est un mélangeinextricable d’éléments mécanistes, le tout déduit à partir de quelques principessimplistes.

Sa physique est mécaniste. Les qualités occultes des scolastiques sont rejetées.Il prétend tout expliquer à partir de trois concepts géométriques : étendue, figuregéométrique et mouvement. C’est de la physique de mathématicien réduite à dela pure géométrie. Il n’y a ni vide ni atome. Si le liquide ne s’écoule pas d’uneampoule n’ayant pas d’orifice supérieur, c’est qu’il n’y pas de place pour lui àl’extérieur. Si un orifice est créé en haut, le liquide s’écoule car l’air qui rentrelaisse de la place dehors.

La théorie des tourbillons de Descartes du mouvement des corps dans unespace où le vide n’existe pas est basée sur une analogie avec les tourbillons dansune rivière. Le Système solaire est donc un gigantesque tourbillon où les planètesproches du Soleil vont plus vite que celles qui sont éloignées comme pour les par-ticules dans un tourbillon de rivière qui vont plus vite près du centre. De pluspetits tourbillons peuvent exister à l’intérieur d’un grand. Ainsi le système Terre

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Lune est en lui-même un tourbillon. Descartes arrive à concilier le systèmecopernicien avec l’interdiction par l’église du mouvement de la Terre en disantque la Terre tourne autour du Soleil en étant emporté par ce gigantesque tour-billon centré sur le Soleil, mais comme elle est immobile par rapport à la matièrede ce tourbillon, on peut considérer qu’elle ne bouge pas. Le mouvement pourlui, n’est en effet que le déplacement l’un par rapport à l’autre de deux objets encontact. Croit-il à cette théorie ? Si c’est le cas il est complètement dans l’erreurdans un modèle abracadabrant. S’il n’y croit pas, il est de mauvaise foi, ce quiest un comble pour quelqu’un qui promeut la raison et la découverte de la vérité.Newton voit tout de suite que le mouvement des comètes est contradictoireavec ce bel agencement.

L’image ci-dessous représente le Système solaire dans le cadre de la théoriedes tourbillons de Descartes.

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III GALILÉE

1- L’expérience de pensée du bateau

L’hypothèse de la Terre qui tourne sur elle-même pose problème dans le cadrede la mécanique d’Aristote où le mouvement a un caractère absolu et a desconséquences sensibles. Ceci est bien décrit dans l’extrait ci-dessous du « Dia-logue sur les deux grands systèmes du monde » publié en 1632 par Galilée.Simplicio y joue le rôle du défenseur de la mécanique d’Aristote.

SALVIATI - Vous dites : « Lorsque le navire est immobile, la pierre tombeau pied du mât et lorsqu’il est en mouvement, la pierre tombe loin du pied ;donc, réciproquement, si la pierre tombe au pied, vous concluez que le navire estimmobile, et si elle tombe loin, qu’il se meut. Et puisque ce qui arrive au naviredoit pareillement arriver à la Terre, si la pierre tombe au pied de la tour, on doitnécessairement conclure à l’immobilité du globe terrestre ? » C’est bien là votreraisonnement ?

SIMPLICIO - C’est exactement cela, brièvement dit, ce qui le rend facile àcomprendre.

SALVIATI - Très bien. Avez-vous fait l’expérience du navire ?

SIMPLICIO - Je ne l’ai pas faite, mais je crois vraiment que les auteurs quil’ont produite l’ont soigneusement observée. De plus, la cause de la différenceest si exactement connue qu’il n’y a place pour aucun doute.

SALVIATI - Qu’il puisse se faire que les auteurs la rapportent sans l’avoir faite,vous-même en êtes un bon témoin, puisque sans l’avoir faite vous l’admettezcomme certaine et vous vous en remettez à la bonne foi de leur dire. De même, ilne me semble pas seulement possible, mais certain, qu’ils aient eux aussi fait lamême chose, je veux dire de s’en remettre à leurs prédécesseurs, sans qu’on puissejamais arriver à quelqu’un qui l’ait faite. Car quiconque la ferait trouverait quel’expérience montre tout le contraire de ce que l’on trouve écrit : à savoir que lapierre tombe toujours au même endroit du navire, qu’il soit immobile ou qu’il semeuve avec une vitesse quelconque. Et comme la même raison vaut autant pourla Terre que pour le navire, on ne peut rien conclure quant au mouvement ou àl’immobilité de la Terre du fait que la pierre tombe verticalement, et au pied dela tour.

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2- Le principe de relativité de Galilée

Commençons par citer un autre extrait du livre de Galilée.SALVIATI - Donc, un navire qui serait en mouvement par mer calme est un

de ces mobiles qui parcourt une surface qui ne monte ni ne descend. Si tousles obstacles accidentels et externes étaient supprimés et l’impulsion une foisdonnée, il serait disposé à se mouvoir incessament et uniformément.

SIMPLICIO - Il me semble qu’il devrait en être ainsi.

SALVIATI - Et cette pierre qui se trouve au sommet du mât, est-ce qu’elle nese meut pas, portée par le navire, suivant la circonférence d’un cercle autour ducentre, et, par conséquent, n’a-t-elle pas ce mouvement incessant et uniforme, sitous les obstacles extérieurs sont supprimés ? Ce mouvement n’est-il pas aussirapide que celui du bateau ?

SIMPLICIO - Jusqu’ici tout va bien. mais après ?

SALVIATI -Tirez-en vous-même la dernière conséquence puisque par vous-même vous avez trouvé les prémisses.

SIMPLICIO - Vous voulez dire, comme dernière conclusion, que la pierre étantmue du mouvemement inextinguible qui lui a été communiqué, elle ne quitterapas le navire, elle le suivra au contraire pour tomber enfin au même endroit oùelle tombe lorsque le navire est immobile

On en tire le principe de relativité de Galilée : Les lois de la mécanique, vuesdepuis le bateau, sont les mêmes que le bateau soit en mouvement ou immobile.Le mouvement de translation rectiligne uniforme est donc relatif au référentiel

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choisi conventionnellement comme fixe. Du point de vue des lois de la mécanique,il n’y a pas de référentiel absolument fixe.

Une deuxième conséquence, est la séparation du mouvement de translationhorizontal de la pierre de son mouvement de chute vertical. ces deux mouvementssont totalement indépendants.

Considérons deux boulets de canon. L’un est tiré horizontalement du hautd’un rempart de château fort, tandis que l’autre, au même instant, est lâchésans vitesse du haut de ce même rempart, pour tomber suivant la verticale. Lesdeux boulets frappent le sol au même instant. Le temps de chute étant connupour un objet qui tombe suivant une verticale, de la distance parcourue par leboulet tiré par le canon, on en déduit sa vitesse horizontale.

3- Loi de l’inertie de Galilée

Un objet soumis à aucune force, est vu, depuis un référentiel fixe, soit immo-bile, soit avançant en ligne droite à vitesse constante.

IV NEWTON, LES PRODIGES

1- Comparaison des concepts entre Newton et Descartes

Descartes Newton

Dieu Dieu n’intervient pas Dieu est omniprésentVide N’existe pas Élement premier identifié à l’espace absolu

Atomes N’existent pas Constituent la matièreMatière Élément premier géométrique Vide rendu impénétrable par DieuForces De contact À distance

Religion Peur panique BienveillanteMouvement Relatif à l’agent en contact Absolu par rapport au vide

2- Utilisation par Newton des découvertes de Galilée

Pour un objet dans le vide, soumis à la gravitation d’un autre corps, on peuttoujours pendant un court instant dt, l’observer depuis un vaisseau spatial quiva en ligne droite à vitesse constante, tel qu’à l’instant initial t = 0, l’objet soitimmobile. Dans ce vaisseau, on observe alors pour l’objet, le pur mouvement dechute libre. La hauteur de chute est celle trouvée par Galilée h = 1

2g t2. g est

l’accélération de la gravité à cet endroit, et t la durée de chute, depuis le tempst = 0, où l’objet est immobile.

Newton en déduit la propriété suivante : Toute trajectoire d’un corps dansun champ de gravité, peut être décomposée en une suite infinie de durées infini-tésimales dt. Pendant chaque durée dt, le mouvement peut être décomposé en un

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petit mouvement de translation en ligne droite, le même, qu’il aurait par inertiesi la gravité était annulée, suivi d’un mouvement de chute comme chuterait àcet endroit là (où au point de départ de la durée choisie dt) un objet immobile.

3- Application au mouvement de la Lune autour de la Terre

L’été 1666, Newton a 23 ans. Il fuit Cambridge où il y a une épidémie depeste. Il se retrouve dans la maison de sa mère à la campagne au manoir deWoolsthorpe à Grantham dans le Lincolshire. Alors qu’il est assis d’une manièrecontemplative dans le jardin, il voit une pomme tomber. Là lui vient l’idéegéniale que la Lune tombe pour cette même raison vers la Terre. La Lune resteà distance constante de la Terre, emportée par son élan tangentiel. Il racontecet épisode à son ami Stukeley le soir, après dîner, le 15 avril 1726, un an etdemi avant sa mort, à un moment où il est avec son ami dans le jardin à prendrele thé auprès d’un pommier à Kensington près de Londres. Lors de l’épisode dela pomme, il a tout de suite l’idée de la gravitation universelle. Tous les objetsmatériels s’attirent en raison de leurs masses, et de l’inverse du carré de leursdistances.

En 1728, Newton publie A Treatise Of The System Of The World, un livrede vulgarisation pour faire comprendre ses idées sur la gravitation sans calculs.On y trouve le célèbre dessin ci-dessous où on voit qu’en lançant un objet d’unetour en l’élançant à l’horizontal, en supposant qu’il n’y ai pas le frottement del’air, l’objet a une trajectoire de moins en moins courbée, jusqu’à ce que, pourune certaine vitesse initiale, la courbure épouse comme il faut la courbure de lasurface terrestre, pour que l’objet soit satellisé à altitude constante.

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Lors de l’épisode de la pomme, Newton fait tout de suite le calcul. Mais ilne trouve pas la bonne durée de révolution de la Lune car il n’a pas la bonnevaleur de la taille de la Terre, donc de la distance de la pomme au centre dela Terre. D’autre part, à l’époque, la théorie des tourbillons de Descartes estadmise et respectée par beaucoup de savants. D’autre part rien ne prouve quela Terre dans son ensemble attire la Lune comme si toute sa masse était en soncentre, ce qui fut démontré par Newton au printemps 1685. Or, la taille de laTerre n’est pas négligeable devant la distance Terre-Lune.

Cependant en prenant les bonnes dimensions de la Terre, le calcul marche par-faitement. Mais Newton est parfaitement conscient que la vérification d’unethéorie sur une observation et une mesure n’est pas une preuve. De plus, la tra-jectoire de la Lune est connue comme elliptique et n’est pas circulaire. Newton

trouve tout de même que son application numérique fonctionne « pretty nearly ».

Il n’a que 23 ans. Comment lui, jeune étudiant de 23 ans peut-il prétendre,sur un cas, celui de la Lune, détrôner le célèbre Descartes. Il ne publie passon résultat et laisse tomber la gravitation pendant de nombreuses années.

Le calcul de 1666 de Newton est présenté ci-dessous. Le calcul est basésur le manuscrit original de 1666 de Newton présenté à la page suivante. Cemanuscrit fut vu par David Gregory lors d’une visite chez Newton en 1694.

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AB = vt BD =1

2gLt2 =

1

2gT

(R

dL

)2

t2 v =AB

t= AB

√gT

2BD

R

dL

(CD + DB)2 = AB2 + AC2 CD2 + 2 CD × DB ≃ CD2 + AB2

AB2 = 2 CD DBAB√2BD

=√

CD

v =√

gT × CDR

dL

=

√gT

dL

R

T =2πdL

v=

2πdL

R

dL

gT

T = 2π

(384400 103

)3

2

6370 103

1√9, 81

× 1

24× 1

3600= 27, 47 jours

Au lieu de 27, 32 jours.

On retrouve également la troisième loi de Kepler qui régit par exemple lespériodes de révolution autour du Soleil des différentes planètes :

T 2

d3

L

donne pour les planètes =T 2

a3= constante

4- De motu corporum in gyrum ; du mouvement des corps en révo-lution

Christopher Wren l’architecte, Robert Hooke l’inventeur et Edmund Halley

l’astronome faisaient partie de la Royal Society. Ces trois personnes se posent laquestion de savoir si la trajectoire des planètes n’est pas causée par une loi deforce en l’inverse du carré de la distance au Soleil. Si par exemple un flux de par-ticules venant du Soleil était l’agent d’une telle force, sont intensité diminueraitbien comme l’inverse du carré de la distance, comme l’intensité d’une source lu-mineuse qui correspond au flux de photons. Notons que dans la quantification dela gravitation en champ faible, donc dans le cadre de l’approximation linéaire, lagravitation est bien associée à un flux de gravitons qui diminue comme l’inversedu carré de la distance. Isaac Newton tenait à cette époque la chaire de ma-thématiques à Cambridge. L’idée semble venir de Halley qui l’a communiquée

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à ses amis en janvier lors d’une conversation devant le feu de bois. 40 shillingssont promis à celui qui arrivera à démontrer cela. Au mois d’août suivant, en1684, Halley va rendre visite à Newton à Cambridge.

Newton répond toute de suite à Halley qu’une telle loi de force mène bienà des trajectoires elliptiques car il l’a démontré en décembre 1679. Mais il neretrouve pas le papier de son calcul. Il promet à Halley de le chercher et delui envoyer.

Newton reprend tous ses calculs et rédige le traité de 9 pages De motu qu’ilenvoie à Halley en novembre 1684. Halley persuade Newton de publierce livre. Newton est maintenant un mathématicien et un physicien reconnu.Il se rend compte que ses idées sur la gravitation universelle sont partagéespar d’autres et créent l’effervescence dans les milieux intellectuels de Londres.Détruire la physique de Descartes ne lui fait plus peur. Il est effectivementtemps de publier.

Ce traité précède la sortie en juillet 1687 de philosophiae naturalis princi-pia mathematica, l’œuvre géniale de Newton. C’est un livre de 550 pages oùNewton traite de l’aplatissement de la Terre aux pôles et des variations dela pesanteur qui en résultent, des marées, de la précession des équinoxes, desperturbations du mouvement de la Lune causées par le Soleil. Il traite aussi dumouvement du son dans l’air et de la propagation des vagues dans l’eau.

Cet ouvrage fait de Newton, sans conteste, le plus grand physicien de tousles temps.

Certaines découvertes mathématiques de Newton dans les principia ne furentcomprises que 200 ans plus tard par les mathématiciens. On peut citer parexemple la preuve topologique de la transcendance des intégrales abéliennes( Arnold and Vasil’ev Notices of the American Mathematical Society Vol.38, 1148, 1989).

Tous les calculs qui suivent sont tirés du livre De motu de Newton.

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5- Les prodiges de Newton

a- Une force centrale obéit à la loi des aires

Considérons un centre attracteur en S. Considérons une particule allant de A

en B pendant la durée infinitésimale dt.

Par la loi de l’inertie, si elle n’était soumise à aucune force, pendant la duréesuivante dt, elle irait en C sur la droite AB tel que AB = BC.

Mais, d’après l’indépendance du mouvement par inertie et du mouvement dechute vers l’astre attracteur S, pendant cette même durée infinitésimale, ellechute de C en Q tel que CQ soit porté par (∆)‖(D).

L’angle BSC est en effet infiniment petit, et SC est pratiquement parallèle àSB. Donc tomber le long de SC n’est pas distinguable de tomber suivant (∆).Plus précisément, l’erreur que l’on fait lorsque l’on confond les directions de SC(ou tout autre droite SM, M étant un point de BC), et de SB, est du secondordre, et son influence lors d’une intégration sur une durée finie est nulle.

Ceci étant :

S A

B

CQ

H

(D)

( )∆

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aire(ASB) = aire(BSC) = 1

2SH × AB.

aire(BSC) = aire(BSQ) = 1

2SB× distance de (D) à (∆).

Donc aire(ASB) = aire(BSQ) et les aires balayées pendant des durées infini-ment petites égales, sont égales. Par sommation sur ces durées infiniment petiteségales, et en même temps, par sommation sur les aires balayées, il en résulte quepour un mouvement à force attractive centrale, la deuxième loi de Kepler estvraie. Les aires balayées par un point matériel soumis à une force centrale, sontproportionnelles aux temps.

b- Mesure géométrique de la force d’attraction

Considérons alors la figure ci-dessous, où la trajectoire de A à F est décom-posée ainsi en une infinité de segments infiniments petits.

L’aire totale balayée ASF mesure le temps pour aller de A à F .

Cette propriété est tout de suite utilisée dans la Proposition 6 (qui suit im-médiatement) du premier livre des Principia, pour en déduire une mesure de laforce centrale sous l’action de laquelle une orbite donnée est parcourue autourd’un centre de force donné.

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Si l’accélération f(SP ) due à la force qui agit pendant que la particule par-court l’arc infinitésimal PQ pendant le temps dt, produit une déviation RQ parrapport au chemin inertiel (la tangente PR à l’orbite en P ), et si QT est la dis-tance de Q à la droite SP , alors RQ = 1

2f(SP ) dt2. Mais la durée dt est, grâce au

théorème précédent prouvé par Newton, proportionnelle à l’aire infinitésimalebalayée PSQ = 1

2SP ×QT . RQ est proportionnel à f(SP )×SP 2×QT 2, donc

le rapport RQ

SP 2×QT 2 mesure, quand Q tend vers P , l’accélération de la gravitationau point P , donc la force au point P .

F ∝ RQ

SP 2 × QT 2

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c- Si la force de gravitation du Soleil est proportionnelle à l’inversedu carré de la distance, les trajectoires des planètes sont des ellipses

PREMIÈRE RELATION

C

G’

P’V’

Q’

R θ

G’V’ V’P’

Q’V’2=

(R + R cos θ) (R − R cos θ)

(R sin θ)2=

(1 + cos θ) (1 − cos θ)

sin2θ

=1 − cos2θ

sin2θ= 1

Considérons maintenant (voir figure à la page suivante) l’affinité orthogonaletransformant le cercle en ellipse.

L’équation du cercle : x′2 + y′2 = R2 se transforme en effet, en posant y =y′

k

enx2

R2+

y2

(R2

k2

) = 1 qui est bien l’équation d’une ellipse. Sur la figure, les

dimensions verticales sont multipliées par 0, 7.

G V cos α = G’ V’ cos α′ ⇒ G V = G’ V’cosα′

cos αidem pour VP avec V’P’ et CP avec CP’

On a les mêmes relations pour les couples (CD et CD’) et (QV et Q’V’) enremplaçant α par θ.

CP = CP’cos α′

cos αet CD = CD’

cos θ′

cos θ

Il vient :

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GV VP

QV2=

G’V’cos α′

cos αV’P’

cosα′

cos α

Q’V’2(

cos θ′

cos θ

)2=

G’V’ V’P’

Q’V’2

(cos α′

cos α

)2

(cos θ′

cos θ

)2

GV VP

QV2=

CP2

R2

R2

CD2=

CP2

CD2

GV VP

QV2=

CP2

CD2

G

G’

D

D’

C

Q’

Q

V’

V

P’

P

K’

K

θ′

α

α′

θ

θ

θ′

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GK

CS

D

F

E

P

R

Q

T

H

I

X

V

Z

A

B

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DEUXIÈME RELATION

Soit S le foyer de l’ellipse où est l’astre attracteur par la gravitation universelle.Traçons SP qui coupe le diamètre DK de l’ellipse (DK parallèle à la tangenteen P ) en E et la ligne QV en X, et complétons le parallélogramme QXPR.

H étant le deuxième foyer, HI‖EC.

CS = CH ⇒ ES = EI (théorème de Thalès) ⇒ EP =SP + IP

2

D’autre part : IPR = HPZ (propriété de l’ellipse) ⇒ HIP = IHP (anglesalternes-internes).

Le triangle IPH est alors isocèle, d’où :

EP =SP + PH

2= AC (propriété de l’ellipse)

EP = AC

QRPV

=PXPV

=PEPC

(PXV semblable à PEC) =ACPC

QRPV

=ACPC

TROISIÈME RELATION

Les triangles QXT et PEF sont semblables. Donc :

QXQT

=PEPF

=CAPF

L’aire du triangle CP’K’ est d’une manière évidente constante. Donc, paraffinité, l’aire de CPK est aussi une constante. Les aires sont en effet dans lerapport contant de l’affinité, comme somme infinie d’aires de petits carrés, quidonnent tous des petits rectangles dont une dimension, donc l’aire est dans lerapport d’affinité. Donc :

CK × PF = CD × PF = CB × AC

et finalement :QXQT

=CDCB

Ces trois relations sont exactes sans aucune approximation.

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Appliquons le principe d’indépendance du mouvement en ligne droite parinertie et du mouvement de chute libre vers l’astre attracteur en S, découvertpar Galilée.

Pour voir comment évolue l’objet attiré, initialement en P , sur une duréeinfinitésimale, on mène sur une longueur proportionnelle au temps la tangenteen P à la trajectoire, de façon à arriver en R, puis on trace le mouvement dechute libre, parallèlement à la direction de l’astre attracteur en P , suivant RQ

parallèle à PS.On est obligé de prendre une durée infinitésimale, donc une longueur PR

infiniment petite, pour que la direction de la vitesse, c’est à dire la directionde la tangente en P puisse être considérée comme constante, mais aussi pourque l’objet se déplace suffisamment peu pour que la direction PS de l’astreattracteur puisse être considérée comme constante.

On a PR = V t, t étant le temps et V la vitesse, et RQ = 1

2

F

mt2,

F

métant

l’accélération de la gravité en P , F étant la force subie par la particule en P , demasse m.

F

m=

GMS

SP2

Le symbole ∝ signifiant proportionnel à, nous avons vu que :

F ∝ QR

SP2 × QT2

Pour montrer qu’une trajectoire elliptique, pour une force toujours dirigéevers un des deux foyers de l’ellipse, implique une loi de force en l’inverse du

carré de la distance, il suffit donc de montrer que QRQT2 est une constante.

QV − QX = XV ∝ QR ∝ dt2 QX = RP ∝ dt

QV

QX=

λ dt2 + QX

QX=

λ dt2 + µdt

µ dt∼ 1

QR

QT2≃

≃1︷︸︸︷

QX2

QV2

GV × VP

QT2

1

GV︸︷︷︸

≃GP×VP

QRPV

PV

=CD2

CB2

CP2

CD2

ACPC

1

GP=

CP × AC

CB2 × GP=

AC

CB2

1

2= constante

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6- Animation

On observe bien que, sur l’animation dont le lien est ci-dessous, quand le pasde temps tend vers zéro, la trajectoire, et le mouvement sur cette trajectoire,tendent vers le mouvement classique sur une ellipse, dont un des foyers est lecentre attracteur, et parcourue par la loi des aires.

L’astre attracteur de masse M est en O. La constante de la gravitation uni-verselle est G.

La particule va en ligne droite par inertie à vitesse constante, dans un dépla-cement qui est donc proportionnel au temps, de A en B pendant la durée t. Puisla particule, tombe à partir de B, comme si elle était immobile en B. Elle tombeavec exactement la même loi de chute libre qu’un objet qui serait immobile enA. C’est à dire que la direction de chute est parallèle à la droite AO. La particulearrive alors en C.

La loi de chute de B à C est telle qu’elle tombe d’une hauteur h avec :

h =GM

OA2t2 On a alors :

−−→BC = h

−→AO

AO

Le coup suivant, pendant la même durée t, elle arrive d’abord en ligne droiteen B1 tel que

−−→CB1 =

−→AC puis ensuite, tombe pendant la durée t, avec le

protocole défini ci-dessus, pour arriver en C1.

Attention en effet tout de même, comme on prolonge le mouvement par inertieà partir de la sécante PA, et pas à partir de la tangente, l’écartement avant lachute, par rapport à la courbe théorique, est le double. Il faut donc faire tomberla particule de gt2 et non pas de 1

2gt2 comme dans le cas de Newton, qui

prolongeait le mouvement par inertie à partir de la tangente.

g est l’accélération de la pesanteur en ce point, donc g = GMOA2 .

Sur l’animation, nous avons tracé, en bleu vert, l’ellipse théorique correspon-dant aux mêmes conditions initiales (point de départ et vitesse initiale).

Son équation en coordonnées polaires est :

r =p

1 + e cos θ

Le paramètre p est obtenu par :(

dt

)

apogée=

√pGM

r2

apogée

On simule par ordinateur, le mouvement sous l’action d’un astre attracteur,décomposé suivant la méthode de Newton. On utilise cinq pas de temps dedurées t variables.

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La vitesse angulaire à l’apogée est déterminée par v = r θ, en se donnant lavitesse initiale à l’apogée.

L’excentricité e est obtenue par rapogée =p

1 − e.

On voit que le fait de prendre systématiquement le mouvement de chute àpartir de la direction de chute au point de départ du mouvement par inertie,entraîne une lente dérive, qui tend vers zéro quand le pas de temps tend verszéro.

AB

C

O

P

.

+OM

A

B

C

h

B1

C1

Lien vers l'animation

1

2gt2

1

2gt2

g = GMOA2 .

Le premier coup, en partant de A suivant la tangente avec la vitesse initiale,

on prend juste 1

2gt2 .

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7- Jeu

Cette séparation, du mouvement par inertie et du mouvement dû à une accé-lération, de Newton, est à l’origine d’un jeu de course sur papier quadrillé.

On dispose d’un papier à petits carreaux. On trace une piste de course. Lesjoueurs ont une voiture caractérisée par un point coloré. Au départ, le pointest immobile en J1 par exemple (joueur numéro 1). Le joueur, à son tour, aalors la possibilité de mettre comme nouvelle position de sa voiture tout point àune distance de un pas de quadrillage au plus de son point d’origine, en J2 parexemple (voir image ci-dessous). On fait alors le symétrique de J1 par rapportà J2. Le joueur a le droit de mettre comme nouvelle position tout point duquadrillage à une distance de 1 pas de quadrillage au plus (dans deux directionssi il le veut) du point ainsi trouvé. Autrement dit, on peut accélérer ou freiner,ou accélérer vers la droite ou vers la gauche, mais pas plus d’une accélérationqui provoquerait un déplacement de un carré pendant le pas de temps. On peutaussi continuer par inertie sur le symétrique.

Le joueur qui gagne est celui qui franchit la ligne d’arrivée en premier. Si onquitte la route, on repart avec une vitesse nulle du point où on a quitté la route.

On fait ensuite le symétrique de J2 par rapport à J3 est ainsi de suite.

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V- Philosophie des sciences

1- Voltaire

Citons ci-dessous le début de la lettre de Voltaire sur Newton et Descartes de 1728 :

LETTRE XIV. 1728 Sur Descartes et Newton.

Un français qui arrive à Londres trouve les choses bien changées en philosophie comme dans tout le reste. Il a laissé le monde plein, il le trouve vide. A Paris, on voit l’univers composé de tourbillons de matière subtile ; à Londres on ne voit rien de tout cela. Chez nous c’est la pression de la lune qui cause le flux de la mer ; chez les Anglais c’est la mer qui gravite vers la lune; de façon que, quand vous croyez que la lune devrait nous donner marée haute, ces messieurs croient qu’on doit avoir marée basse ; ce qui malheureusement ne peut se vérifier, car il aurait fallu, pour s’en éclaircir, examiner la lune et les marées au premier instant de la création.

Vous remarquerez encore que le soleil, qui en France n’entre pour rien dans cette affaire, y contribue ici environ pour son quart. Chez vos cartésiens tout se fait par une impulsion qu’on ne comprend guère ; chez M. Newton c’est par une attraction dont on ne connaît pas mieux la cause. A Paris vous vous figurez la terre faite comme un melon ; à Londres elle est aplatie des deux côtés. La lumière pour un cartésien existe dans l’air ; pour un newtonien elle vient du soleil en six minutes et demie. Votre chimie fait toutes ses opérations avec des acides, des alcalis, et de la matière subtile : l’attraction domine jusque dans la chimie anglaise.

L’essence même des choses a totalement changé. Vous ne vous accordez ni sur la définition de l’âme, ni sur celle de la matière. Descartes assure que l’âme est la même chose que la pensée, et Locke lui prouve assez bien le contraire. Descartes assure encore que l’étendue seule fait la matière, Newton y ajoute la solidité.

Voilà de sérieuses contrariétés.

Non nostrum inter vos tantas componere lites. (VIRG.)

2- La vérité en sciences

Nous savons maintenant que Descartes avait tort et que Newton avait raison. Newton a

découvert la vérité de la gravitation universelle. Le but de la science est donc la recherche de

la vérité. Cette vérité est unique et éternelle. Le relativisme culturel ne s’applique donc pas à

la science. Dans la philosophie réaliste des sciences, la science découvre la structure de

l’Univers, et la réalité est unique. Contrairement à ce que pense Aurélien Barrau, le savoir

scientifique est donc totalement indépendant du contexte historique et culturel. Citons à

ce sujet Heisenberg dans Physique et philosophie 1958 : « Il est une caractéristique de la

science qui la rend plus appropriée que tout autre chose à créer le premier lien solide

entre traditions culturelles différentes : c’est le fait que la décision ultime sur la valeur d’un

travail scientifique donné, sur ce qui est exact ou faux dans un travail, ne dépend d’aucune

autorité humaine. Il faut parfois bien des années avant que l’on connaisse la solution

d’un problème, avant de pouvoir distinguer entre la vérité et l’erreur, mais en définitive,

les questions se décideront et les décisions seront prises non par un quelconque groupe

scientifique, mais par la Nature. C’est pourquoi les idées scientifiques se répandent parmi

ceux qui se passionnent pour elles d’une manière qui diffère entièrement de la propagation

des idées politiques.

Alors que les idées politiques peuvent prendre une grande influence sur les masses populaires

simplement parce qu’elles correspondent ou semble correspondre aux intérêts primordiaux

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du peuple, les idées scientifiques ne se répandent que parce qu’elles sont justes. Il existe des 

critères objectifs  et décisifs nous assurant qu’une affirmation scientifique est exacte. » 

3‐ Éternité des théories 

Les  positivistes  soutiennent  que  les  théories  sont  déconstruites,  donc  détruites  par  une 

nouvelle  théorie  qui  apparaît.  Ainsi  la  relativité  générale  d’Einstein  aurait  déconstruit  la 

mécanique Newtonienne. C’est  faux. Au  contraire,  la  relativité  générale d’Einstein  redonne 

totalement la mécanique newtonienne pour les vitesses faibles devant celle de la lumière, et 

des masses pas trop importantes. Mais c’est la première condition pour que l’on puisse croire 

à  la  relativité  générale,  qu’elle  redonne  comme  cas  limite  la mécanique  newtonienne.  La 

relativité générale ne détruit pas la notion de force. On peut parfaitement intégrer ce concept 

dans le formalisme de la relativité générale. Cette théorie montre alors que le fait que la force 

de  gravitation  soit  en  l’inverse  du  carré  de  la  distance  est  une  nécessité  qui  découle  du 

principe d’équivalence entre l’inertie et la gravitation. Là où le coefficient 2 dans la loi en 1/r2 

dans  la  théorie  de  Newton  est  purement  phénoménologique,  la  puissance  de  r  vaut 

nécessairement  2  en  relativité  générale.  La  relativité  générale  explique  donc  la mécanique 

newtonienne,  et  valide  cette  théorie  pour  son  domaine  d’application  des  vitesses  faibles 

devant celle de  la  lumière et des masses pas trop fortes. La relativité générale prouve que  la 

mécanique newtonienne est vraie ! 

De la même manière, la mécanique quantique fut totalement  admise par  les physiciens grâce 

au  théorème  d’Ehrenfest  en  1927,  qui  prouve  que  pour  des  objets  macroscopiques,  la 

mécanique quantique redonne la loi fondamentale de la mécanique F = m a de Newton. 

4‐ Unicité des théories 

Au  début  de  la  mécanique  quantique,  deux  théories  concurrentes  s’affrontèrent,  la 

mécanique  des  matrices  de  Heisenberg  et  la  théorie  ondulatoire  de  Schrödinger.  Mais 

Schrödinger  montra  que  ces  deux  théories  sont  équivalentes,  c’est‐à‐dire  que  leurs 

formalismes mathématiques sont isomorphes. Il démontra cela dans : On the relation between 

the quantum mechanics of Heisenberg, Born and  Jordan, and  that of  Schrödinger,  reçu par 

Annalen der Physik le 18 mars 1926. Heisenberg raisonne directement dans l’espace de Hilbert 

des états quantiques, tandis que Schrödinger prend comme base de cet espace  les fonctions 

d’ondes d’une particule localisée en un point.  La mécanique quantique est donc unique. 

Pour prendre une  analogie,  il  y  a une  seule  géométrie  euclidienne, mais on  peut  faire  des 

raisonnements en géométrie pure, qui correspond à la position de Heisenberg, tandis que l’on 

peut démontrer des propriétés géométriques par  le calcul avec  la géométrie analytique, qui 

correspond au point de vue de Schrödinger. La vérité en science est donc unique. 

Lamb passa toute  la seconde guerre mondiale à travailler sur  les radars. Il réalisa grâce à ces 

nouvelles techniques développées, qu’il pouvait faire des mesures d’une très grande précision 

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sur les micro‐ondes. Il découvrit qu’il y avait une très petite différence d’énergie entre les

niveaux 2 s et 2 P1/2 de l’atome d’hydrogène, le niveau 2 s étant légèrement au‐dessus. La

différence d’énergie est de 1057,8 MHz. C’est le Lamb shift. Alors que l’équation de Dirac

donne la même énergie pour ces deux niveaux. L’explication et le calcul théorique du Lamb

shift a mené à la théorie la plus précise de toute la physique, l’électrodynamique quantique

avec la renormalisation.

Schwinger avec un calcul monstrueux, disons un calcul qui prend une année à être mené au

bout, d’une manière rigoureuse par rapport aux principes de la mécanique quantique, réussi à

calculer ce nombre par la théorie. En même temps Feynman avec une méthode ad hoc de

calcul qui paraissait à l’époque totalement délirante, absolument pas rigoureuse, avec des

électrons qui remontent le temps vers le passé, par magie, trouva le même nombre avec un

calcul qui demande seulement une nuit. À la conférence de Shelter Island du 30 mars au 2

avril 1948, chacun des deux exposa sa méthode. Personne ne crût à celle de Feynman qui fut

prît pour un rigolo. Il restait tout de même un mystère, comment, avec sa théorie totalement

différente, pouvait‐il trouver au bout le même nombre, et avec un calcul beaucoup plus

simple ? Dyson, dans son célèbre article publié dans : Physical Review, vol. 75, pp. 486, 1736

(1949), montra que les deux méthodes sont mathématiquement équivalentes, et qu’on peut

démontrer la validité de la méthode intuitive de Feynman avec les principes de la mécanique

quantique. Feynman interprète l’action de deux particules chargées électriquement l’une sur

l’autre par l’échange de photons. Plus personne maintenant n’utilise la méthode de Schwinger

et les diagrammes de Feynman sont devenus le standard de la théorie quantique des champs.

Schwinger, Tomonaga et Feynman sont prix Nobel 1965 pour leur découverte de

l’électrodynamique quantique. L’électrodynamique quantique est donc unique. On sait

maintenant que toute force correspond à un échange de particule.

L’unification de la physique est donc son but principal. Cet aspect des choses n’est pas évident

pour les enfants. Ainsi, montrant à des enfants que pour des objets tous à peu près de même

volume, ce sont les plus lourds qui coulent au fond de l’eau, j’ai ensuite amené une grosse

bûche en bois très lourde en espérant faire sentir une contradiction. Mais les enfants me

dirent tout de suite qu’elle flottait parce qu’elle était en bois, sans voir l’impossibilité

conceptuelle d’avoir deux théories disjointes pour le même phénomène : le type de matériau

et le poids. C’est le fait que la bûche a un très gros volume et est donc soumise à une très

forte poussée d’Archimède qui résout la contradiction. La poussée d’Archimède est en effet

proportionnelle au volume. On voit que l’idée d’accepter des théories différentes à choisir à

loisir bloque définitivement le progrès de la science, car les situations problèmes

s’évanouissent. Quelqu’un qui ne croît pas à l’unification de la physique, ne peut donc pas

faire de découverte fructueuse et est certainement un mauvais physicien. Ainsi, c’est par sa

volonté d’unifier la thermodynamique et la mécanique, que Boltzmann crut à l’existence de

l’atome et construisit la thermodynamique statistique.

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Enfin  la  démarche  scientifique  aussi  est  unique :  une  activité  est  scientifique  si  elle  est 

falsifiable au sens de Karl Popper, c’est‐à‐dire si l’on peut imaginer un test qui peut donner un 

résultat en contradiction avec ce à quoi on s’attendait. 

  5- Preuve que la relativité générale ne détruit pas la notion de force

Certains argumentent en effet que la Relativité Générale détruit le concept deforce de la Mécanique newtonienne, par le fait qu’on peut par exemple trouver lesorbites des planètes autour du Soleil sans utiliser ce concept. Ceci dit, c’est déjà lecas dans la version lagrangienne ou hamiltonienne de la mécanique newtonienne.

Regardons cependant, par exemple, comment sont détectées les ondes gravi-tationnelles, qui n’existent pas en mécanique newtonienne. Ces ondes consistenten la propagation à la vitesse de la lumière d’un effet de marée transversal :

http://www.tapir.caltech.edu/~teviet/Waves/gwave.html

Il y a deux états de polarisations de bases possibles, qui sont la rotation decet effet de marée dans un sens ou dans l’autre par rapport à la direction depropagation. Deux masses situées à une certaine distance l’une de l’autre sontdonc alternativement accélérées l’une vers l’autre, et ensuite soumises à uneaccélération qui tend à les éloigner.

Une possibilité de détection est donc de prendre deux masses m identiquesreliées par un ressort et de chercher une résonance éventuelle au passage del’onde.

Pour une onde de polarisation de type h+ et d’amplitude h se propageant dansla direction de l’axe des z vers les z > 0, on obtient une accélération relative desdeux masses séparées par la distance L de la figure ci-dessus, lorsqu’elles sontlibres (pas de ressort), de valeur :

y

z

θ

ϕ

x

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¨ξ = −

ω2

2hLe−iωt sin2θ cos 2ϕ

C’est l’équation (9.95) page 178, du livre Theory of Gravitational Interactionsde Maurizio Gasperini Springer.

Maintenant, l’oscillateur libre (avec ressort) vérifie l’équation, µ = m

2étant la

masse réduite et k la raideur du ressort :

µξ = −f ξ − kξ

ξ = 0 correspond au ressort ni comprimé ni tendu.Et bien, lorsqu’il y a à la fois la présence de l’onde gravitationnelle et du

ressort, on dit que la présence de l’onde correspond à une force

µξ = −µω2

2hLe−iωt sin2θ cos 2ϕ

ce qui veut dire que les deux masses sont soumises à deux forces opposées, àcause du passage de l’onde gravitationnelle. ξ < 0 quand les deux masses serapprochent. Celle du dessus est donc soumise à la force µξ et celle du dessousà −µ¨

ξ pour l’axe reliant les deux boules orienté comme z pour θ = 0.

On ajoute ainsi les forces de la mécanique newtonienne pour écrire finalement :

µξ = −f ξ − kξ − µω2

2hLe−iωt sin2θ cos 2ϕ

Le fait qu’on utilise le concept de force et l’ajout de plusieurs forces au cœur de lamécanique newtonienne, pour détecter, ce qui est le plus éloigné de la mécaniquenewtonienne, les ondes gravitationnelles, prouve bien que la relativité générale ne détruitpas le concept de force de la mécanique newtonienne qui reste pleinement utile et utilisé.

6‐ Conclusion

En conclusion, malheureusement, la pensée philosophique, particulièrement en France, est

complètement imbibée de positivisme. Cela a fondamentalement commencé avec Descartes, puis ce

philosophe étant vénéré par ses successeurs, la catastrophe a continué. Tout scientifique qui dit que la

science ne découvre pas des vérités certaines et éternelles, soit ment pour ne pas être censuré, soit

est un positiviste.

Jean‐Paul Sartre, se réclame de Descartes. Il est complètement nul en physique et est un

positiviste pur et dur. Dans l’existentialisme est un humanisme, il dit :

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« Il ne peut y avoir de vérité autre, au point de départ que celle‐ci : je pense donc je suis, c’est  là  la 

vérité absolue de la conscience s’atteignant elle‐même. Toute théorie qui prend l’homme en dehors 

de ce moment où il s’atteint lui‐même est d’abord une théorie qui supprime la vérité, car, en dehors 

de ce cogito cartésien, tous les objets sont seulement probables, et une doctrine de probabilités, qui 

n’est pas suspendue à une vérité, s’effondre dans le néant ; pour définir le probable, il faut posséder 

le vrai. Donc pour qu’il y ait une vérité  quelconque, il faut une vérité absolue ; et celle‐ci est simple, 

facile à atteindre, elle est à la portée de tout le monde ; elle consiste à se saisir sans intermédiaire. ». 

Il va de soi dans ce contexte qu’il n’y a pas de vérité en physique, il n’y a que des probabilités. Il va 

jusqu’à  dire  qu’il  n’y  a  pas  de  causalité  en  physique :  question  de M.  Naville  « Cependant,  vous 

admettrez que  les sciences utilisent  la notion de causalité ? » Réponse de Sartre « Absolument pas. 

Les  sciences  sont abstraites, elles étudient  les variations de  facteurs abstraits également et non  la 

causalité réelle. ». 

Dans  ce  contexte,  cela  n’a  pas  de  sens  de  dire  que  les  ondes  gravitationnelles  détectées  le  14 

septembre 2015 à 9h50 dans le détecteur de Livingston sont la conséquence d’une cause, 1,3 milliard 

d’années auparavant : la fusion de deux trous noirs de masses 29 et 36 masses solaires, pour former 

un  trou  noir  unique  de  62 masses  solaires,  avec  une  perte  de masse  de  3 masses  solaires  par 

émission d’ondes gravitationnelles. 

C’est Sartre qui s’effondre dans le néant avec ce discours. 

La  polémique  entre  le  grand  philosophe  des  sciences  britannique  Bertrand  Russell  et  le 

mathématicien Henri Poincaré, principalement de 1899 à 1900, sur  le statut de  la géométrie 

est à ce sujet édifiante. Ils ne réussirent jamais à se mettre d’accord, et cessèrent d’en parler. 

Bertrand Russell pense que  la  géométrie  fait partie de  la physique,  et que  le problème de 

savoir si l’espace physique à trois dimensions dans lequel nous somme immergé est euclidien 

ou  non,  est  une  question  appartenant  à  la  physique,  susceptible  d’avoir  une  réponse 

expérimentale.  Au  contraire,  Henri  Poincaré,  pense  que  la  géométrie  est  une  affaire  de 

convention, et que, puisque la géométrie euclidienne est la plus commode, elle sera toujours 

utilisée. 

Citons Henri Poincaré dans son livre : la science et l’hypothèse. 

…Dès lors, que doit‐on penser de cette question : La géométrie euclidienne est‐elle vraie ? Elle 

n’a  aucun  sens.  …  Une  géométrie  ne  peut  pas  être  plus  vraie  qu’une  autre ;  elle  peut 

seulement être plus commode. Or la géométrie euclidienne est et restera la plus commode. 

…La géométrie euclidienne n’a donc rien à craindre d’expériences nouvelles. 

… Aucune expérience ne sera jamais en contradiction avec le postulatum d’Euclide. 

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Einstein en 1915 avec sa théorie de la relativité générale montrant que l’espace a une

courbure qu’il s’agit de déterminer expérimentalement, montra définitivement que Bertrand

Russel avait raison, et que Henri Poincaré avait tort. Mais dès la Relativité restreinte d’Einstein

de 1905, on connaissait le phénomène de contraction des longueurs. À l’intérieur d’un disque

en rotation, à cause de la contraction des étalons de longueurs parallèles à la vitesse, et

l’absence de contraction pour des étalons de longueurs perpendiculaires à la vitesse, on à, C

étant la circonférence, et r le rayon : C > 2 r. La géométrie n’y est donc pas euclidienne. Le

fait que Poincaré n’ait pas compris cela et ait persisté à penser que la géométrie est une

convention, montre qu’il n’a jamais rien compris à la Relativité restreinte d’Einstein. Poincaré

était totalement positiviste.

D’où viennent les racines du positivisme ? On peut peut‐être les trouver dans les hérésies

chrétiennes des gnostiques et du millénarisme qui placent l’homme au‐dessus de la nature, et

même hors de la nature. L’homme peut ainsi imposer son point de vue à la nature, et décider

que la nature est une convention. L’idée centrale des gnostiques de primauté de l’esprit sur la

matière vile venant sans doute du philosophe grec Platon. Le mythe de la caverne

est d’inspiration positiviste. Comme le dit Henri-Irénée Marrou, “Le péril dualiste est une des

tentations pérennes de l’esprit humain”. Le dualisme entre le cogito de Descartes et sa théorie

de l’animal-machine est un dualisme gnostique.

Citons Nietzsche dans La généalogie de la morale : Rien n’est vrai, tout est permis.

Le positivisme mène au totalitarisme où au minimum à la post‐vérité où les faits objectifs

comptent moins que l’émotion pour modeler l’opinion publique. Citons ci‐dessous des

passages du livre 1984 de George Orwell :

Troisième partie, chapitre 2

La réalité existe dans l’esprit humain et nulle part ailleurs.

Ce que le parti tient pour vrai est la vérité.

Deux et deux font quatre. –Parfois Winston. Parfois ils font cinq.

Deux et deux auraient pu faire trois aussi bien que cinq si cela avait été nécessaire.

La Terre est aussi vieille que nous, pas plus vieille. Comment pourrait‐elle être plus âgée ? Rien

n’existe que par la conscience humaine.

Quand nous naviguons sur l’océan, ou quand nous prédisons une éclipse, il est souvent

commode de penser que la terre tourne autour du soleil et que les étoiles sont à des millions

de millions de kilomètres. Et puis après ? Supposez‐vous qu’il soit au‐dessus de notre pouvoir

de mettre sur pied un double système d’astronomie ? Les étoiles peuvent être proches ou

distantes selon nos besoins. Croyez‐vous que nos mathématiciens ne soient pas à la hauteur

de cette dualité ? Avez‐vous oublié la doublepensée ?

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Dans 1984 d’Orwell, la novlangue joue un rôle essentiel dans la domination de la pensée. En

interdisant certains mots, la réalité qui leur est attachée n’existe plus.

Dans le langage artificiel des positivistes du cercle de Vienne, tous les énoncés métaphysiques

sont interdits, en contradiction avec les deux fameux théorèmes d’incomplétude de

Gödel.

Les positivistes sont donc tentés de modifier la langue à leur convenance. L’écriture inclusive est donc la dernière création des positivistes millénaristes.

Tom WOLFE est un écrivain célèbre et adulé. C’est un positiviste athée. Dans son dernier livre : “Le règne du langage”, il se place dans le cadre d’un renouveau du créationnisme, plus particulièrement dans l’intelligent design (dessein intelligent). Il remet en cause la théorie de l’évolution des espèces de Darwin alors qu’il est nul en science, puisqu’il affirme à tort que c’est Einstein qui a découvert la vitesse de la lumière. Les bras nous en tombent devant tant de bêtise. Mais une croyance religieuse, consciente ou inconsciente peut mener au positivisme. Notons que pour le christianisme, c’est une perversion, puisqu’il n’y a plus harmonie entre la contemplation et le déchiffrage. Tel est pourtant le cas du physicien français Pierre Duhem (1861-1916) très religieux, qui ne croyait pas aux atomes et a fait prendre à la chimie française un siècle de retard sur l’Angleterre.Pour certains croyants, ce ne peut être l’évolution qui a donné le langage à l’homme, c’estDieu, faisant ainsi de l ’homme, un animal non pas quantitativement différent des animaux, mais qualitativement. C’est amusant parce qu’à la fin, on en revient au début, c’est à dire à Descartes et à sa théorie de l’animal machine.

Ainsi dans le livre Sapiens de Yuval Noah Harari, l’auteur considère, en contradiction avec tous les faits scientifiques, que l’homme de Néandertal ne possédait pas le langage. On sent que pour lui, inconsciemment, le saut qualitatif entre l’homme et la bête a eu lieu au passage à l’Homo Sapiens qui seul a reçu l’étincelle divine. On voit donc que Harari se place dans le cadre de la fausse science de l’intelligent design.

En Allemagne, Leibniz, un contemporain de Newton, en opposition avec Newton, ne croit pas que l’espace, contrairement à la matière, existe réellement (Standford Encyclopedia of Philosophy 2014, Newton’s Philosophy page 51). “L’espace a besoin de l’esprit humain pour exister”. Bel exemple de positivisme !http://plato.stanford.edu/archives/sum2014/entries/newton-philosophy

Il ne croit donc pas au vide, ni donc à la théorie atomique, car dans cette théorie, le vide est aussi important que les atomes. A cette époque, il n’y a donc qu’en Angleterre que les atomes ont le statut de réalité physique vraie.

Ainsi, à cette époque là, en Angleterre, les idées théoriques sur la Nature, ont pris une immense avance sur le reste du monde. Voilà qui explique pourquoi c’est en Angleterre que la révolution industrielle est apparue.

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7‐ La religion et la science dans l’Angleterre de cette époque 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  dualisme  gnostique  entre  l’esprit  divin  et  la matière  vile,  et  le 

dualisme chrétien entre le spirituel et le temporel. Ce dernier s’exprime par les deux phrases : 

« Le royaume de Dieu n’est pas de ce monde » ; « Il faut rendre à César ce qui est à César ». Il 

s’agit d’un dualisme juridique. C’est aux hommes de déterminer les lois. Dieu ne se mêle pas 

du monde terrestre, ce qui donne une grande liberté. 

Le gnostique se sent plongé dans un monde matériel hostile et incompréhensible qui n’a pas 

été  créé  par  Dieu.  Seul  l’esprit  possède  une  étincelle  divine.  Au  contraire  dans  le 

Christianisme, Dieu a créé l’esprit humain et le monde matériel. La matière est valorisée, par 

exemple par  la résurrection de  la chair. Ce dualisme à  l’origine du Christianisme, donc de  la 

science provient de  la rencontre entre  la pensée grecque contemplative de  la matière, et  la 

religion juive de la divinité absente (Heinz Wismann) La Science en jeu Actes Sud 2010. 

Ainsi Newton ne doute pas, contrairement au mythe de  la caverne de Platon, que  l’homme 

puisse avoir accès à la totale connaissance et compréhension de la Nature.  Citons Newton : 

« Dans tous  les cas,  la marche de  la Nature est donc très simple et toujours conforme à elle‐même : puisqu’elle produit tous les grands mouvements des corps célestes, par la gravitation ou  l’attraction réciproque de ces corps et presque tous  les petits mouvements des particules des corps, par d’autres  forces attractives et  répulsives,  réciproques entre ces particules  (...). Les  petites  particules  des  corps  n’ont‐elles  pas  certaines  puissances,  vertus,  ou  forces  par lesquelles elles agissent à distance (...) les unes sur les autres pour produire une grande partie des phénomènes de  la Nature? Car  il est bien  connu que  les  corps agissent  les uns  sur  les autres par les attractions de la gravitation, du magnétisme et de l’électricité, et ces instances montrent  la  trame et  le cours de  la Nature. Aussi n’est‐il pas  improbable qu’il y ait d’autres forces attractives en plus de celles‐ci. Car  la Nature est très conséquente et très conforme à elle‐même »     Certes, l’Eucharistie a bloqué la théorie atomique en Europe continentale. Mais en imposant ainsi sur ce cas une loi à la Nature par le dogme, on peut penser qu’elle s’éloigne du dualisme. L’Anglicanisme, en  repoussant explicitement  la doctrine de  la  transsubstantiation a  créé un état d’esprit  de  confiance  dans  la  compréhension de  la Nature,  et  de  liberté,  favorable  au développement de  la science. D’ailleurs,  les échanges entre Newton et  le théologien Richard Bentley furent très fructueux, et dans un climat de confiance et de liberté. Citons un extrait de leur  correspondance  disponible  dans  The  NEWTON  Project  de  l’Université  de  Cambridge : Isaac Newton en réponse à  la  lettre de Richard Bentley datée du 18 février 1693 dit qu’il est d’accord avec Richard Bentley en modifiant toutefois la phrase dont il parle. Isaac Newton dit alors :     « Il  est  inconcevable  que  la matière  inanimée  brute  puisse,  sans  la médiation  de  quelque chose  d’autre  qui  n’est  pas matériel,  agir  et  affecter  une  autre matière,  sans  un  contact mutuel.  » On voit là encore le génie de Newton, puisqu’on sait maintenant que les forces sont la  conséquence  de  l’échange  de  bosons  d’interaction,  dont  le  photon  pour l’électromagnétisme, de spins entiers, donc qui ne sont pas de la matière. 

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8‐ Saint Augustin 

L’église Anglicane et d’une manière  générale  le protestantisme,  s’est beaucoup  inspirée de 

Saint Augustin. Né en 354.  Il meut en 430 dans Hippone assiégée par les Vandales. 

Luther a été un membre de l’ordre de Saint‐Augustin. L’archevêque de Cantorbéry est, après 

le monarque du Royaume Uni,  le  chef de  l’Église d’Angleterre.  Il est  le  successeur de  Saint 

Augustin de Cantorbéry, premier archevêque, de 597 à 605. 

Citons ci‐dessous des passages des écrits de Saint Augustin, tirés du livre : L’Église et la science 

de Georges Minois de saint Augustin à Galilée chez Fayard. 

« Il arrive en effet très souvent qu’un homme même non chrétien possède sur la terre, le ciel, 

les  autres  éléments  de  ce monde,  le mouvement,  la  révolution,  la  grandeur même  et  les 

intervalles des astres, les éclipses de soleil et de lune, le mouvement des années et des temps, 

la  nature  des  animaux,  des  plantes,  des  pierres  et  mille  autres  choses  semblables  des 

connaissances  telles  qu’il  les  tienne  pour  très  certainement  démontrées  par  la  raison  et 

l’expérience. Or  ils serait très honteux, pernicieux même, et on doit  l’éviter par‐dessus tout, 

qu’un infidèle, en entendant un chrétien parler de ces choses, comme s’il en parlait selon les 

saintes  Écritures,  et  en  le  voyant  se  tromper  sur  ces matières,  comme  on  dit,  de  toute  la 

distance qui sépare le ciel de la terre, ne pût s’empêcher d’en rire.  … 

…Car lorsque ces savants infidèles surprennent un chrétien dans l’erreur sur des matières qui 

lui sont parfaitement connues, et  le voient affirmer ce qu’il avance comme étant tiré de nos 

livres, pourront‐ils croire en ces livres qui nous parlent de la résurrection des morts … 

Donc, s’il se présente des certitudes scientifiques contraires à la lettre de la Bible, c’est à nous 

de réétudier  l’interprétation de  l’Écriture, pour en déterminer  le vrai sens, car  il ne saurait y 

avoir contradiction entre vérité scientifique et vérité biblique. 

…  La  science  purement  et  proprement  dite,  qui  s’acquiert  par  la  raison  et  l’intelligence, 

comment  pourrait‐elle  être  mauvaise ?  La  raison,  appuyée  sur  les  sens,  peut  nous  faire 

atteindre  la  connaissance,  et  les  sceptiques  ont  tort :  Car  sur  les  vérités  qu’elle  comprend 

d’esprit  et  de  raison,  quoique  peut‐être  elle  n’ait  qu’une  science  restreinte,  à  cause  de  ce 

corps corruptible qui appesantit  l’âme, et parce que, suivant  la parole de  l’Apôtre, « nous ne 

connaissons qu’en partie », cependant cette science est on ne peut plus certaine. » 

C’est  d’ailleurs  cette  façon  de  voir  les  choses  qui  a  fait  que  Saint  Augustin  a  quitté  le 

manichéisme.  « On  m’enjoignait  bien  de  « croire » ;  mais  cette  croyance  ne  concordait 

nullement avec ces calculs méthodiques, que confirmait  le témoignage de mes yeux ; elle en 

était même absolument différente. » 

On voit  l’importance accordée à  la science par Saint Augustin. La science apporte des vérités 

certaines, et  la religion doit s’incliner devant ces vérités. L’œuvre de Saint Augustin est donc 

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toute entière tournée vers cette volonté d’unifier et de rendre cohérents, les deux aspects du

dualisme chrétien : le divin, et l’explication du monde matériel par la science. Pour Saint

Augustin, puisque Dieu s’est fait homme et est venu puis est reparti, il a dû laisser un code

pour comprendre la nature. Pour Galilée, les mathématiques sont le langage de l’Univers. On

retrouve cette croyance en la possibilité de déchiffrement par les mathématiques de l’univers

matériel, qui a une existence propre totalement indépendante de l’homme, chez Kepler avec

ses trois lois, puis chez Newton. Tandis que par exemple dans le zen qui constitue la version la

plus intellectuelle du bouddhisme, le réel est non‐lisible. Dans le concept de vacuité du

bouddhisme, il n’existe pas de réalité intrinsèque des phénomènes. La conscience est l’unique

réalité. Cela constitue la version extrême du positivisme qui correspond à ce qu’on appelle

l’idéalisme philosophique. L’émergence de la science est impossible dans un tel contexte.

9‐ Le confucianisme

Prenons également par exemple le confucianisme en Chine. C’est une doctrine ou domine la

hiérarchie d’origine naturelle, ne laissant donc aucune place à l’esprit critique. Le

néoconfucianisme donne une explication totale et totalitaire du monde. Il lui est associé une

idée grossière et absconse d’une cohérence totale de l’univers qui empêchait toute

connaissance scientifique de l’univers, laissant la place à un animisme magique. Jacques

Pimpaneau dit que les Chinois se sont heurtés à l’incapacité de distinguer la concomitance de

la causalité. Une excellente maîtrise de la causalité est nécessaire pour le développement

d’une société industrielle.

10‐ De l’inégalité des sociétés

Le géographe Jared Diamond dans son livre « De l’inégalité parmi les sociétés » veut attribuer

ces inégalités de développement à des causes purement géographiques. La supériorité

occidentale viendrait de la présence d’animaux domestiques, des épidémies associées, et des

céréales. Cela ne tient pas la route une seconde. Il y a toujours eu plein de vaches en Indes. La

culture du riz se développe d’abord en Chine. Quant aux épidémies, l’Europe n’est

certainement pas en tête. La peste vient de l’Asie, et le continent où il y a le plus de maladies

est certainement l’Afrique. Dans les comptoirs portugais en Afrique, en un an, la moitié d’une

garnison disparaissait de maladies. Pour les céréales, au Mexique il y avait le maïs.

Sur le fait qu’il n’y a pratiquement qu’en eurasie qu’il y a des animaux domestiques, Jared

Diamond renverse la causalité. Les vaches proviennent par la sélection imposée par la

domestication humaine d’aurochs qui étaient des animaux aussi violents que les bisons. Dire

que les civilisations humaines ont pu se créer grâce aux animaux domestiques créés par les

civilisations humaines est un raisonnement en boucle.

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11‐ Auguste Comte 

Le mot positiviste employé dans ce texte renvoie à la philosophie positive d’Auguste Comte.  

Qu’on  le  veuille  ou  non,  tout  emploi  de  l’adjectif  positiviste,  aujourd’hui  en  France,  renvoie 

inéluctablement à la philosophie d’Auguste Comte. 

Pour  démarquer  totalement  la  science  de  la  religion,  Auguste  Comte  veut  éliminer  toute 

croyance à  l’intérieur de  la  science. Pourtant,  comme  l’a bien vu Karl Popper, en  science, une 

preuve absolue est  logiquement  impossible.  Il y a donc une  croyance dans  le  fait qu’on pense 

qu’une théorie est vraie, et pourtant, elle l’est ! 

On  peut  prendre  une  analogie  avec  le  théorème  de  Gödel,  qui  dit  qu’à  l’intérieur  de 

l’axiomatique de l’arithmétique, par exemple, des théorèmes sont vrais mais non démontrables.  

Le programme d’Auguste Comte  est donc d’éliminer toute métaphysique de la science. Or, Karl 

Popper a bien montré que c’est  impossible. Un nouveau concept en science, passe toujours par 

un moment métaphysique, avant d’être testable, et la ligne de démarcation séparant les énoncés 

métaphysiques de ceux qui ne le sont pas est floue est sans intérêt. Les positivistes du cercle de 

Vienne voulaient débarrasser  le  langage de toute métaphysique. Leur programme étant proche 

de celui d’Auguste Comte, ils sont appelés pour cette raison néopositivistes. 

Auguste Comte a été une catastrophe pour la science, donc pour l’industrie en France. Parmi ses 

innombrables erreurs, on peut citer par exemple  le  fait qu’il ait dit en 1835 qu’on ne pourrait 

jamais connaître la composition chimique des étoiles, vu qu’on ne pourrait jamais y aller avec un 

tube à essai. La composition chimique des étoiles était donc pour  lui un concept métaphysique. 

30  ans  après,  en  1865,  Robert  Bunsen  et  Gustav  Kirchhoff  en  analysant  la  lumière  du  Soleil 

purent déterminer sa composition chimique. 

Auguste Comte fut  le secrétaire particulier puis  le collaborateur du Comte de   Saint‐Simon. Une 

certaine  gauche  se  revendique  de  Saint‐Simon.  Pourtant  si  l’on  ne  pouvait  accuser  Auguste 

Comte que de bêtise,  cela ne  serait peut‐être pas  si  grave. Mais  il  a montré du mépris  et du 

cynisme envers la classe ouvrière. Pour montrer cela il suffit de citer le passage suivant : 

Auguste Comte Traité philosophique d’Astronomie Populaire paru en 1844. Fayard 1985. 

Discours préliminaire sur l’esprit positif. Page 92 : 

« Quand ces différentes tendances, mentales et morales, auront convenablement agi, c’est donc 

parmi les prolétaires que devra le mieux se réaliser cette universelle propagation de l’instruction 

positive,  condition  indispensable  à  l’accomplissement  graduel  de  la  rénovation  philosophique. 

C’est aussi chez eux que le caractère continu d’une telle étude pourra devenir  le plus purement 

spéculatif parce qu’elle s’y trouvera mieux exempte de ces vues intéressées qu’y apportent plus 

ou moins directement,  les classes supérieures, presque  toujours préoccupées de calculs avides 

ou ambitieux. 

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Après y avoir d’abord cherché le fondement universel de toute sagesse humaine, ils y viendront 

puiser ensuite, comme dans les beaux‐arts, une douce diversion habituelle à l’ensemble de leurs 

peines journalières. Leur inévitable condition sociale devant leur rendre beaucoup plus précieuse 

une telle diversion, soit scientifique, soit esthétique. Il serait étrange que  les classes dirigeantes 

voulussent y voir, au contraire un motif  fondamental de  les en tenir essentiellement privés, en 

refusant systématiquement  la seule satisfaction qui puisse être  indéfiniment partagée à ceux‐là 

même qui doivent sagement renoncer aux jouissances les moins communicables. 

Pour  justifier  un  tel  refus,  trop  souvent  dicté  par  l’égoïsme  et  l’irréflexion,  on  a  quelque  fois 

objecté,  il  est  vrai,  que  cette  vulgarisation  spéculative  tendrait  à  aggraver  profondément  le 

désordre actuel, en développant  la  funeste disposition, déjà  trop prononcée, au déclassement 

universel. Mais  cette  crainte  naturelle,  unique  objection  sérieuse  qui,  à  ce  sujet, méritât  une 

vraie discussion,  résulte  aujourd’hui, dans  la plupart des  cas de bonne  foi, d’une  irrationnelle 

confusion  de  l’instruction  positive,  à  la  fois  esthétique  et  scientifique,  avec  l’instruction 

métaphysique et  littéraire,  seule maintenant organisée. Celle‐ci, en effet, que nous avons déjà 

reconnue  exercer  une  action  sociale  très  perturbatrice  chez  les  classes  lettrées,  deviendrait 

beaucoup plus dangereuse, si on l’étendait aux prolétaires, où elle développerait, outre le dégoût 

des occupations matérielles, d’exorbitantes ambitions. 

Mais, heureusement, ils sont, en général, encore moins bien disposés à la demander qu’on ne le 

serait  à  la  leur  accorder.  Quant  aux  études  positives,  sagement  conçues  et  convenablement 

dirigées,  elles  ne  comportent  nullement une  telle  influence :  s’alliant  et  s’appliquant,  par  leur 

nature, à tous les travaux pratiques, elles tendent, au contraire, à en confirmer ou même inspirer 

le  goût,  soit  en  anoblissant  leur  caractère  habituel,  soit  en  adoucissant    leurs  pénibles 

conséquences ; conduisant d’ailleurs à une saine appréciation des diverses positions sociales et 

des nécessités correspondantes, elles disposent à sentir que le bonheur réel est compatible avec 

toutes  les  conditions  quelconques,  pourvu  qu’elles  soient  honorablement  remplies,  et 

raisonnablement acceptées. » 

Le positiviste a besoin de nier l’existence d’une réalité extérieure indépendante de l’homme, de 

nier  la possibilité d’une  connaissance vraie de  cette  réalité, et de nier  l’existence de  la nature 

humaine, pour mettre en œuvre son entreprise totalitaire. En effet, s’il n’y a pas de vérité ni de 

nature  humaine,  sur  quoi  peut‐on  prendre  appui  pour  se  révolter  contre  un  ordre  artificiel 

imposé par la propagande ? On retrouve cela page 80 du même texte : 

«Pour  l’esprit positif,  l’homme proprement dit n’existe pas,  il ne peut  exister que  l’humanité, 

puisque tout notre développement est dû à la société, sous quelque rapport qu’on l’envisage.» 

Auguste Comte est  l’inventeur du mot altruisme. On comprend ce que signifie pour  lui ce mot : 

l’ouvrier doit être altruiste en ne cherchant pas à sortir de sa classe sociale.  

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12‐ Le positivisme est un totalitarisme  

Si la science ne découvre pas des vérités certaines et éternelles mais bricole dans l’incertitude 

le  hasard et  la  probabilité,  il  ne  faut  pas  s’étonner que  les  gens ne  se  fassent pas  vacciner 

contre la grippe. Il ne faut pas s’étonner que les gens refusent les 11 vaccins pour les enfants. 

Il ne  faut pas  s’étonner que des gens  soient  contre  le nucléaire. Comment  faire  confiance à 

des scientifiques qui bricolent avec une machine aussi dangereuse qu’une centrale nucléaire, 

sans  avoir  la  certitude  qu’il  soit  définitivement  vrai  que  les  atomes  existent  et  existeront 

toujours ? Sans être certains que la mécanique quantique est définitivement vraie ? Sans être 

certains que  la  loi d’Einstein E = m C2 est définitivement vraie ? Comment ne pas avoir peur 

des apprentis sorciers du LHC,  l’accélérateur de particules au C.E.R.N. à Genève qui bricolent 

avec des énergies qui peuvent fabriquer des mini‐trous noirs, sans être certains que ces trous 

noirs, qui peuvent être  créés  immobiles, contrairement à  ceux qui  viennent de  l’espace, ne 

vont  pas  engloutir  le  Terre ?  Ceci  alors  qu’on  ne  possède  pas  une  théorie  quantique de  la 

gravitation. Pourquoi  investir  autant d’argent  sur  la  fusion  contrôlée avec  ITER  à  Cadarache 

alors qu’en science on n’est sûr de rien ?  

Pourquoi prendre le risque de développer ainsi une société obscurantiste où peut se répandre 

la  parole  climato‐sceptique, alors  qu’avec  le  réchauffement  climatique  causé  par  l’homme, 

l’humanité  court  un  danger mortel ?  Les  climato‐sceptiques utilisent  tous  les  arguments du 

positivisme pour développer leur fausse science. Ils sont l’archétype du positiviste. La langue de 

bois positiviste  des  météorologues  professionnels  à  chaque  fois  qu’ils  sont  interrogés  sur  

les  évènements  extrêmes,  et  qu’ils  nient  l’évidence  de  la  responsabilité  du  réchauffement 

climatique, est à  ce  sujet catastrophique pour  l’opinion. En  tout  cas,  la  conséquence de  ces 

faits est d’instaurer un totalitarisme de la pensée où la science est réservée aux experts et où 

le  profane n’a  pas  son mot  à  dire  dans  les  décisions qui  le  concerne.  Les  avantages  de  ce 

totalitarisme  sont considérés comme supérieurs aux  terribles  inconvénients du positivisme. 

On voit un tel totalitarisme se manifester dans la construction européenne.  

On voit apparaître cette volonté de structure totalitaire de  la société dès  le saint‐simonisme. 

On a des informations sur cela dans le livre : l’ère des tyrannies d’Élie Halévy : on préconise que 

le recrutement des élites, même celles qui gouvernent, soit fait par cooptation et non pas par 

élection.  L’idée  d’élites  initiées  est  typiquement gnostique.  Le mot gnose  signifie  en   Grec  

connaissance,  savoir.  L’être  pneumatique  est  l’homme  parfait  par excellence ; il possède la 

gnose. Le principe métaphysique de  la  liberté de conscience est considéré comme  inutile. On 

peut  citer  cette phrase d’Auguste Comte écrite dans  l’Organisateur  :  « Pour  l’établissement 

définitif du nouveau système, le peuple a été éliminé de la question. C’est pour le peuple que 

la question  se  résoudra, mais  il  y  restera extérieur et  passif  (Œuvres de  Saint‐Simon vol.  IV 

page 158) …  S’il  arrive en  France, et plus encore en Angleterre, que  les ouvriers  se  laissent 

séduire par  la  prédication  démocratique,  c’est  la  faute  des métaphysiciens  et  des  légistes, 

inventeurs de  la  théorie  de  la  souveraineté  du  peuple,  dont  l’utilité,  toute  négative,  fut 

de  servir  à détruire la théorie féodale de droit divin. »  

 

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Exp.  de  la  doctrine,  I,  127 :  « L’école  Saint‐simonienne  attache  aux  idées  critiques  (donc 

à l’esprit critique) une valeur négative, une valeur de destruction. »  

Élie Halévy dit page 91 de son  livre  : « Les Saint‐Simoniens ont déclaré  la guerre avec une 

sorte d’ostentation au dogme métaphysique de  la  liberté. » Page 92  : « L’école positiviste 

d’Auguste Comte n’est pas autre chose qu’une secte dissidente de l’Église saint‐simonienne. »  

Auguste Comte en 1852 a publié  le Catéchisme positiviste où en particulier  il développe  la 

morale positiviste.  

L’escroquerie de la philosophie positiviste est alors la suivante : 

Si l’organisation de la société ne peut pas reposer sur une adéquation la meilleure possible, et 

celle qui cause le moins de souffrance, à la réalité objective dans laquelle nous vivons, et à la 

réalité objective que nous sommes, puisque cette réalité est  inaccessible à une connaissance 

vraie, alors cette organisation reposera sur une morale imposée par une élite d’initiés. 

Ces  initiés  sont  les  seuls,  en  tant  qu’experts,  à  pouvoir  tirer des  informations utiles,  d’une 

démarche  scientifique  extrêmement  complexe,  qui  ne  peut  jamais  apporter  des  vérités 

certaines et éternelles, et qui est donc inaccessible aux profanes. 

Ils seront en permanence sollicités pour diffuser au peuple  leurs conclusions qui ne peuvent 

être discutées, puisqu’elles proviennent d’experts possédant la gnose. 

Cette morale  sera  imposée  par  la  loi,  et  par  une  propagande  permanente  diffusée  par  les 

médias.  Propagande  amplifiée  par  une multitude  d’idiots  utiles  utilisant  tous  les  nouveaux 

moyens  numériques  de  diffusions  à  leurs  dispositions.  Cela  créera  une  ambiance  d’effroi 

permanente. Les journalistes qui font un faux pas seront immédiatement licenciés.  

On  n’hésitera  pas  à  modifier  le  passé  en  modifiant  ou  effaçant  les  œuvres  d’art  ou  de 

littérature  du  passé  qui  ne  respectent  pas  cette morale,  et  qui  pourraient  donc  avoir  une 

influence néfaste sur  le peuple. Pour ce  faire, on s’inspirera du travail de Winston, héros du 

roman 1984 de George Orwell, au ministère de la Vérité, où il réécrit le passé en fonction des 

nouveaux impératifs moraux du présent. 

Les  informations  qui  sont  contraires  à  cette  morale,  seront  définies  comme  fausses,  et 

interdites de diffusion dans  les médias. Le présent, comme  le passé, n’ayant pas d’existence 

réelle vraie, puisqu’une telle vérité est inaccessible, cela ne pose aucun problème scientifique. 

Tout cela assurera une grande stabilité au régime politique en place, ce qui sera bon pour  le 

peuple. 

 

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Citons  pour  conclure  deux  extraits  du  livre  « De  la  démocratie  en  Amérique »  d’Alexis  de 

Tocqueville. Le premier extrait vient du Tome 2 paru en 1840 : quatrième partie, chapitre 6, 

quelle espèce de despotisme les nations démocratiques ont à craindre. 

  Je  veux  imaginer  sous  quels  traits  nouveaux  le  despotisme  pourrait  se  produire  dans  le 

monde  :  je  vois  une  foule  innombrable  d'hommes  semblables  et  égaux  qui  tournent  sans 

repos sur eux‐mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont  ils emplissent  leur 

âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous  les autres : ses 

enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine ; quant au demeurant 

de ses concitoyens, il est à côté d'eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; 

il n'existe qu'en lui‐même et pour lui seul, et, s'il lui reste encore une famille, on peut dire du 

moins qu'il n'a plus de patrie. 

Au‐dessus de ceux‐là s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur 

jouissance  et  de  veiller  sur  leur  sort.  II  est  absolu,  détaillé,  régulier,  prévoyant  et  doux.  Il 

ressemblerait  à  la  puissance  paternelle  si,  comme  elle,  il  avait  pour  objet  de  préparer  les 

hommes  à  l'âge  viril  ; mais  il ne  cherche,  au  contraire, qu'à  les  fixer  irrévocablement dans 

l'enfance  ;  il aime que  les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir.  Il 

travaille  volontiers à  leur bonheur; mais  il  veut en être  l'unique agent et  le  seul arbitre  ;  il 

pourvoit  à  leur  sécurité, prévoit et  assure  leurs besoins,  facilite  leurs plaisirs,  conduit  leurs 

principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne 

peut‐il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre? 

C'est ainsi que  tous  les  jours  il  rend moins utile et plus  rare  l'emploi du  libre arbitre  ; qu'il 

renferme l'action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu chaque citoyen 

jusqu'à  l'usage de  lui‐même. L'égalité a préparé  les hommes à  toutes ces choses  : elle  les a 

disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait. 

Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et  l'avoir pétri à 

sa guise,  le souverain étend ses bras sur  la société tout entière  ;  il en couvre  la surface d'un 

réseau  de  petites  règles  compliquées,  minutieuses  et  uniformes,  à  travers  lesquelles  les 

esprits  les  plus  originaux  et  les  âmes  les  plus  vigoureuses  ne  sauraient  se  faire  jour  pour 

dépasser  la foule ;  il ne brise pas  les volontés, mais  il  les amollit,  les plie et  les dirige, mais  il 

s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise 

point,  il  gêne,  il  comprime,  il énerve,  il éteint,  il hébète, et  il  réduit  enfin  chaque nation  à 

n’être  plus  qu’un  troupeau  d’animaux  timides  et  industrieux,  dont  le  gouvernement  est  le 

berger. 

Le deuxième extrait vient du Tome 1 paru le 23 janvier 1835 : deuxième partie, chapitre 7, du 

pouvoir qu’exerce la majorité en Amérique sur la pensée. 

… mais dans les républiques démocratiques, ce n'est point ainsi que procède la tyrannie ; elle 

laisse le corps et va droit à l'âme. Le maître n'y dit plus : Vous penserez comme moi, ou vous 41/83

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mourrez;  il dit  : Vous êtes  libres de ne point penser ainsi que moi; votre vie, vos biens, tout 

vous reste ; mais de ce jour vous êtes un étranger parmi nous. Vous garderez vos privilèges à 

la cité, mais ils vous deviendront inutiles ; car si vous briguez le choix de vos concitoyens, ils ne 

vous l'accorderont point, et si vous ne demandez que leur estime, ils feindront encore de vous 

la refuser. Vous resterez parmi les hommes, mais vous perdrez vos droits à l'humanité. Quand 

vous vous approcherez de vos semblables, ils vous fuiront comme un être impur ; et ceux qui 

croient à votre  innocence, ceux‐là mêmes vous abandonneront, car on  les fuirait à  leur tour. 

Allez en paix, je vous laisse la vie, mais je vous la laisse pire que la mort. 

13‐ Un exemple 

Un bon exemple est  le cas d’Aurélien Barrau, philosophe et physicien,  très présent dans  les 

médias.  Ce  qui  est  écrit  ici  est  inspiré  par  le  texte :  L’épistémologie  dans  le  trou  noir  de 

Vincent Debierre et Nadji Lahcene : http://zilsel.hypotheses.org/2704 

Aurélien Barrau commence par déconstruire la science façon Derrida : 

Extrait de « de  la VÉRITÉ dans  les SCIENCES », page 87 : Suivre aveuglément  la vérité (qui est 

nécessairement  celle  d’une  culture,  d’une  époque,  d’une  civilisation,  d’un  système  de 

croyance, d’un choix de rapports spécifiques au réel …) sans questionner ce qui l’établit peut 

être aussi dangereux que de  l’ignorer. La science est une manière de  faire un monde, parmi 

d’autres  possibles.  Elle  est  cohérente  et  convaincante,  elle  est  belle  et  rationnelle,  mais 

n’entretient pas nécessairement de lien privilégié avec la vérité ou avec l’en‐soi du réel. 

Puis Aurélien Barrau déconstruit la logique : 

Extrait de sa thèse « Anomies » page 74 : Levinas, par l’expérience de l’autre, ébranle ce qu’il 

nomme la logique formelle – c’est‐à‐dire la logique de non contradiction dans toute l’étendue 

de sa froideur et parfois de sa hideur. 

Ayant déconstruit  la  logique de non contradiction, Aurélien Barrau peut alors dire dans  son 

livre « de la VÉRITÉ … » page 68 : 

Est‐il  insensé  de  conjecturer,  comme  nous  l’évoquions  précédemment,  que  des  théories 

différentes ‐ voir divergentes ‐ puissent être simultanément justes ? 

Puis Aurélien Barrau déconstruit la clarté dans « Anomies » page 197 : Mais, de plus, même à 

supposer qu’elle soit définie, la clarté est‐elle souhaitable ? Est‐elle toujours souhaitable ? S’il 

s’agit de donner de nouvelles clés d’exploration du monde et donc de création de mondes, 

pourquoi faudrait‐il s’en tenir au limpide ? 

Citons Nicolas Boileau : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire 

viennent aisément. »   On peut penser qu’une prose abstruse est  faite pour  s’adresser à un 

cercle d’initiés, ce qui relève de la gnose, et est obscurantiste. 

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Puis  avec  surprise,  on  voit  revenir  la  vérité « Anomies »  page  15  :  Quelle  qu’en  soit 

l’archéologie ou  la généalogie,  la vérité est un  impératif. Quand bien même elle demeurerait 

indéfinissable ou ambivalente,  il  la  faut.   Ce n’est ni une  règle, ni une convention, c’est une 

« loi ». 

On  cherche  alors  des  exemples  de  vérité  façon Aurélien  Barrau. On  le  voit  alors  dans  une 

conférence  visible  sur  internet :  https://www.youtube.com/watch?v=XTWDGCyiiPI  entamer 

un vigoureux plaidoyer contre le réchauffement climatique qui fait disparaître de nombreuses 

espèces animales. Ce plaidoyer prend la forme d’une leçon de morale aux étudiants, d’autant 

plus que  l’intervention  sur  le malheur des animaux est une attitude profondément morale, 

quand  on  sait  à  quel  point  Aurélien  Barrau  défend  la  cause  animale.  Aurélien  Barrau  dit 

alors dans cette conférence : 

Le réchauffement climatique est un  fait, ce n’est pas une croyance, ce n’est pas un modèle. 

L’origine humaine ne fait aucun doute, c’est un fait. 

Pourtant dans un éditorial dans une revue Suisse : 

https://blogs.futura‐sciences.com/barrau/2017/07/31/science‐et‐verite‐encore/ 

le même Aurélien Barrau dit : 

L’idée même  de  fait  pur  est  délicate  à manier.  Il  n’y  a  aucun  doute  que  des  « choses » 

adviennent  indépendamment de nos conventions et de nos actes de  langages. Mais  il n’est 

pas évident que nous puissions  rendre  compte de  ces advenues de  façon  indépendante de 

tout système relevant au moins partiellement d’une construction. 

Si on fait confiance à ce qu’il vient de dire,  les faits dont  il parle à propos du réchauffement 

climatique viennent d’un système qui relève d’une construction.  Il devient alors évident que 

cette construction est une construction morale. Donc c’est au nom de  la morale qu’Aurélien 

Barrau est convaincu du réchauffement climatique. Ainsi, puisque toute source de vérité a été 

déconstruite, la seule source de vérité fiable est la morale, la morale d’Aurélien Barrau ! 

Mais Aurélien Barrau  s’est pris  les pieds dans  le  tapis de  son  relativisme. Le  réchauffement 

climatique n’est pas un  fait.  Les  climato‐sceptiques prennent prétexte de  la  vague de  froid 

exceptionnelle aux USA  l’hiver 2017‐2018 pour contester  le réchauffement climatique. Il faut 

une  théorie  très complexe  (et c’est une découverte des chercheurs de Météo France), pour 

expliquer qu’au contraire c’est une conséquence du réchauffement climatique : Du fait de  la 

plus  faible différence de  température entre  le pôle et  l’équateur,  le  courant  jet polaire  fait 

plus de méandres, ce qui peut provoquer de violentes descentes d’air arctique.  

 Les  positivistes  climato‐sceptiques  disent  même  que  la  moyenne  sur  toute  la  Terre  des 

températures  n’a  pas  de  sens  scientifique.  La  cause  humaine  du  réchauffement  climatique 

n’est pas non plus un  fait.  Il  faut vérifier au préalable entre autres qu’il n’est pas causé par 

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exemple par une augmentation du rayonnement du Soleil, où par une variation des courants 

marins, ce qui nécessite une théorie  et de nombreuses mesures et de nombreux calculs, qui 

ont  été  faits par  le GIEC.  Il  faut  vérifier  la  corrélation précise  entre  l’augmentation du CO2 

causée par l’homme et ce réchauffement avec des modèles très sophistiqués. 

Dans cette vidéo,  le  scientifique Aurélien Barrau, pendant un cours de  science, n’utilise pas 

une argumentation scientifique pour convaincre ses étudiants de  la réalité du réchauffement 

climatique,  tout simplement parce que pour  lui,  la science n’apporte pas de vérité.  Il utilise 

donc un argument moral. Le  réchauffement climatique est vrai, parce que ceux qui  le nient 

sont des salauds (personne sans moralité) et des débiles de  l’extrême droite américaine. Les 

termes extrême et Amérique devant amplifier l’horreur ; ceci étant admis par définition, que la 

gauche c’est le bien et que la droite c’est le mal.  

C’est tout simplement manipuler  les  faits dans une vision manichéenne du monde. En effet, 

Claude  Allègre  qui  siège  à  l’Académie  des  sciences  de  France,  ministre  de  l’Éducation 

nationale, de la Recherche et de la Technologie du gouvernement de Lionel Jospin de 1997 à 

2000, donc d’un gouvernement de gauche, est un climato‐sceptique convaincu et militant. Il a 

écrit  l’ouvrage  « L’imposture  climatique  ou  la  fausse  écologie »  qui  remet  en  cause  le 

réchauffement  climatique. De plus d’autres  éminents membres de  l’Académie des  sciences 

française et qui ne sont pas d’extrême droite, sont des militants climato‐sceptiques. Il en est 

ainsi de Vincent Courtillot, géophysicien. En janvier 2015, un des deux secrétaires perpétuels 

de  l’institution,  Catherine  Bréchignac,  n’hésite  pas  à  affirmer  à  la  revue  scientifique  la 

Recherche  au  détour  d’une  conversation  sur  le  rôle  de  l’Académie  que  « les  températures 

globales n’ont pas bougé depuis dix‐sept ans ». Voir : 

http://www.larecherche.fr/ev%C3%A9nement‐climat/les‐climato‐sceptiques‐%C3%A0‐

lassaut‐de‐lacad%C3%A9mie‐des‐sciences 

Donc Aurélien Barrau manipule  les  faits. Mais  il  s’y autorise, puisqu’il dit que  les  faits  sont 

dans un  système qui  relève d’une  construction. Dans une  autre morale que  la  sienne  (une 

morale de droite ?) on appellerait cela de la malhonnêteté intellectuelle.  

Suit dans la vidéo un argument comme quoi le réchauffement climatique est évident, puisque 

quand on  ferme  la porte dans une maison et qu’on augmente  le chauffage,  la  température 

s’élève. Cette analogie est  ridicule. En effet,  la physique de  l’atmosphère est beaucoup plus 

compliquée  que  cela ;  une  analogie  ne  prouve  jamais  rien.  Elle  peut  avoir  des  vertus 

heuristiques,  ou  aider  à  la mémorisation  d’un  concept. Une  analogie  peut  servir  aussi  à  la 

vulgarisation,  mais  là  on  est  en  maternelle  petite  section !  En  tout  cas,  la  rigueur  est 

nécessaire  aussi  dans  la  vulgarisation.  L’augmentation  de  l’effet  de  serre  qui  bloque  le 

rayonnement  infrarouge  vers  l’espace  correspond  bien  à  une  porte  qui  se  ferme ; mais  il 

n’augmente pas le chauffage. Donc cette analogie est fausse. Mais peu importe puisque dans 

le relativisme d’Aurélien Barrau, de toute façon la vérité est inaccessible. 

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Mais revenons sur le début de la vidéo. Aurélien Barrau dit : Sur le dérèglement climatique : la 

situation en ce moment est catastrophique ; l’extinction des espèces qui a lieu en ce moment 

sur  terre  est  catastrophique.  Aurélien  Barrau  sous‐entend  donc  que  le  réchauffement 

climatique est le seul responsable de l’extinction des espèces. Soit il ment pour influencer ses 

étudiants, soit  il est complètement  incompétent sur  le sujet dont  il parle. En effet, à part  les 

ours polaires qui souffrent de la diminution de la banquise, le réchauffement climatique actuel 

n’est  pas  responsable  de  la  disparition  des  espèces.  Les  causes  sont :  la  destruction  des 

habitats,  en  particulier  la  déforestation ;  le  braconnage ;  la  pêche  intensive ;  les  espèces 

envahissantes apportées par  le commerce mondial ;  la pollution des océans (plastiques), des 

eaux,  des  terres  agricoles  (pesticides) ;  disparition  des  oiseaux  par  famine,  du  fait  de  la 

disparition des espèces animales dans  les sols agricoles, à cause des pesticides. En  tout cas, 

dire  que  l’extrême  droite  américaine  est  la  seule  responsable  de  tous  ces  maux  est  un 

mensonge éhonté. On comprend alors pourquoi  il dit qu’il n’y a pas de  faits purs et que  les 

faits relèvent d’une construction. Mais il prend son cas personnel d’ignorance ou de mauvaise 

foi pour une généralité. On voit donc sur cet exemple, qu’une fois qu’on a posé que la science 

n’amène  pas  de  vérité,  tous  les  dérapages  de  la  propagande,  au  nom  d’une morale,    se 

produisent automatiquement. 

On voit encore intervenir la morale (totalement subjective pour le compte) comme preuve de 

vérité  par  la  comparaison  de  traitement  des  cultures  dites  primitives,  et  de  la  culture  des 

créationnistes  de  droite  aux USA.  Premier  extrait  tiré  d’un  entretien  avec  Philippe  Cazier ; 

Pluriréalisme et vérité : Entetien avec Aurélien Barrau Diacritik, 22 avril 2016 

https://diacritik.com/2016/04/22/plurirealisme‐et‐verite‐‐entretien‐avec‐aurelien‐barrau/ 

Les univers des indiens, des aborigènes et des dogons doivent‐ils être balayés d’un revers de la 

main parce qu’ils ne satisfont pas à la méthode dite scientifique, aussi diffuse soit‐elle comme 

nous venons de le rappeler ? Rien ne serait plus inepte. 

Puis « de la VÉRITÉ » page 49 : 

Cette  belle  tolérance,  ce  sain  appel  à  l’ouverture,  peut  aussi  se  muer  en  creuset  des 

obscurantismes et des totalitarismes. Considérons en effet l’exemple créationniste. 

Au  sujet du  créationnisme, dans un  livre  sur  la vérité en  science, « de  la VÉRITÉ » page 51, 

Aurélien  Barrau  dit :  fonder  le  déni  du  créationnisme  et  donc  la  caducité  de  son 

enseignement, sur sa nullité scientifique, n’est pas une réponse adaptée. 

Plus  loin  il dit, page 52 :  il n’y a  ‐  je crois – aucun monde viable où  le créationnisme peut se 

revendiquer comme une posture cohérente, honnête et rigoureuse. 

On a du mal à comprendre, mais le mot honnête nous guide. Il s’agit d’un argument moral. Et 

le je et crois montre que c’est une croyance morale personnelle d’Aurélien Barrau. Donc, pour 

réfuter le créationnisme, Aurélien Barrau nous demande tout simplement de faire confiance à 45/83

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sa croyance personnelle en une morale ! D’ailleurs page 50  il disait :  la posture créationniste 

est éthiquement  très dangereuse. Évidemment, Aurélien ne peut pas argumenter que  c’est 

une théorie contradictoire avec la théorie de Darwin qui est vraie, vu qu’il accepte l’idée que 

deux  théories  contradictoires puissent  être  simultanément  justes,  ce qui  est  exactement  la 

doublepensée de 1984 de George Orwell. On voit qu’une fois toute vérité déconstruite,  il ne 

reste plus que  la morale pour diriger une société, on est donc en plein totalitarisme. D’autre 

part on peut penser qu’il préconiserait de largement enseigner et diffuser une théorie fausse, 

du moment que lui, Aurélien Barrau a la croyance qu’elle est morale. 

Nous  avons  alors  l’échange  suivant :  interviewé  par  Jean‐Philippe  Cazier,  Aurélien  Barrau 

approuve  sans  équivoque  l’opportunisme  épistémologique  de  son  interlocuteur. M.  Cazier 

ouvre l’interview par : 

« Je ne sais pas si cela fait partie de ton projet mais ton livre, De la vérité dans les sciences, est 

publié à un moment où la référence à la science est omniprésente dans les débats et discours. 

On  utilise  volontiers  cette  référence  pour  chercher  à  dévaloriser  telle  ou  telle  position 

qualifiée de non scientifique, comme par exemple lorsque l’on s’attaque en France aux gender 

studies. Dans cette  façon de penser  la  science, celle‐ci serait supposée offrir des évidences, 

des vérités simples et  indépassables qui rendraient  immédiatement caduques des tentatives 

de  proposer  des  approches  nouvelles  parfois  paradoxales.  Parallèlement,  on  peut  aussi 

constater  le mouvement  inverse, celui d’une dévalorisation du discours scientifique au profit 

du discours  idéologique ou  religieux,  comme dans  le  cas du  créationnisme que  tu évoques 

dans ton livre. » 

Aurélien Barrau répond : « Je ne saurais mieux analyser  la situation qu’en  les termes que  tu 

viens d’utiliser. » 

On décode : Le créationnisme dévalorise la science, et la science dévalorise les gender studies.  

Donc  le  déni  de  la  biologie  dépasse  les  vérités  simples  quand  il  vient  de  gauche, mais  est 

dangereux et dévalorisant quand il vient de la droite. 

Donc : on arrive au théorème qui s’exprime par la double inégalité : 

Pseudo‐sciences de droite < Sciences < Pseudo‐sciences de gauche 

 

 

 

Enfin  on  voit  tout  l’intérêt  pour  Aurélien  Barrau  d’avoir  déconstruit  la  logique  de  non 

contradiction, puisque dans  la vidéo ci‐dessus  il  traite ses adversaires climato‐sceptiques de 

salauds, tandis que dans la vidéo de ce lien, il dit qu’il ne faut jamais traiter ses adversaires de 

salauds. 

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14‐ Les positivistes et les atomes 

Pour se faire une  idée de  la catastrophe,  il suffit de citer Claude Allègre dans son  livre : 

« Un  peu  de  science  pour  tout  le  monde ».  Et  pourtant  dans  son  attitude  climato‐

sceptique, Claude allègre a adopté une attitude positiviste. 

Les réactions à l'hypothèse atomique 

Au cours de cette seconde partie du XIXe siècle, tandis que progresse à pas de géant cette 

merveilleuse science qu'est  la Chimie, n'imaginons pas cependant que chaque nouvelle 

avancée  dans  la  connaissance  des  atomes  ait  été  accueillie  par  des  salves 

d'applaudissements. La Science n'est décidément pas un long fleuve tranquille, et l'on ne 

convainc  pas  si  facilement, même  les  plus  grands  esprits  !  Les  idées  nouvelles,  c'est 

tellement dérangeant... 

Les  philosophes  se  scindèrent  en  deux  camps  :  les  atomistes  d'un  côté  et  les  anti‐

atomistes de l'autre. 

Ceux qui « soutenaient »  les atomes étaient peu nombreux : Nietzsche, Marx et Engels, 

Bergson.  Ceux,  en  revanche,  qui  étaient    opposés  »  aux  atomes,  comme  Hegel, 

Schopenhauer (violemment contre), Kant (surprenant !), et puis bien sûr Auguste Comte 

(dont nous allons bientôt reparler) étaient fort nombreux. Plus étonnant,  il y avait aussi 

des chimistes et des physiciens parmi eux. 

En  Allemagne,  l'opposition  fut menée  par  Ernst Mach  (l'inventeur  du mur  du  son)  et 

Ostwald  (qui  fut  cependant  un  temps  un  ami  de  Boltzmann,  atomiste  convaincu  et 

militant dont nous reparlerons). La critique était tellement virulente que Max Planck lui‐

même avoua dans ses Mémoires qu'il était resté longtemps réticent vis‐à‐vis de la théorie 

atomique,  alors  qu'il  fut  l'un  des  pionniers  de  la  théorie  corpusculaire  quantique.  En 

Angleterre, grâce aux travaux de Dalton puis de Faraday et Maxwell, la théorie atomique 

s'imposa très vite. En France,  l'opposition fut  le fait de savants éminents  : Henri Sainte‐

Claire Deville, Claude‐Louis Berthollet (qui disait : « Qui a jamais vu une molécule gazeuse 

ou  un  atome  ?  »),  et  surtout  le  plus  grand,  le  plus  puissant,  le  plus  acharné,  le  plus 

nuisible de tous : Marcellin Berthelot. 

Positivement nuisibles 

Le drame pour la France fut le lien qui se noua entre le mouvement positiviste d'Auguste 

Comte et d'Ernest Renan avec  les grands chimistes anti‐atomistes  regroupés autour de 

Marcellin Berthelot. Ils étaient rationnels, laïques, républicains et positivistes. 

Le  panache  blanc  de  leur  rassemblement  fut  leur  opposition  aux  atomes.  Le malheur 

était  que  ces  gens  étaient  puissants.  Marcellin  Berthelot,  professeur  au  Collège  de 

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France, fut aussi secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences sur laquelle il régna dix 

ans. Dix années pendant lesquelles le mot atome fut interdit de séjour à l'Académie ! 

Auparavant Il avait été ministre de l'Instruction publique, et à ce titre avait interdit qu'on 

parlât d'atomes dans les programmes d'enseignement. 

Les dégâts commis par cette « clique »  furent considérables. Auguste Comte et Ernest 

Renan,  les « penseurs », se renvoient  la balle avec Berthelot et Sainte‐Claire Deville,  les    

«  savants ».  Leurs opinions étaient d'autant plus écoutées qu'ils pensaient  fonder une     

«  Religion  de  la  science  »,  comme  l'écrira  Renan,  avec  son  dogme  et  ses  prêtres.  En 

matière de  sciences, c'étaient eux  la  référence. Un  républicanisme  laïque  intransigeant 

cimentait cela, et c'est ainsi que  les « dîners  républicains » se multiplièrent contre «  la 

fausse science » — dîners auxquels participa notamment le jeune normalien Jean Jaurès. 

Et au cours de ces agapes savantes, on y allait vraiment de bon cœur. Car II ne faut pas 

croire  que  les  atomes  étaient  les  seuls  condamnés.  On  bannissait  aussi  l'emploi  du 

microscope en Biologie, du télescope en Astronomie (car l'Instrument déforme la vision, 

Il  n'est  pas  naturel),  du  calcul  des  probabilités  (car  la  Nature  ne  pouvait  être  que 

déterministe !). 

Pourtant ces gens n'étaient ni stupides, ni  ignorants. Berthelot était un grand chimiste, 

Sainte‐Claire Deville  aussi.  Ils  firent  des  découvertes  Importantes.  Renan  fut  un  grand 

écrivain.  J'ai  moins  de  faiblesse  pour  Auguste  Comte,  qui  ajouta  à  ses  méfaits  une 

classification  des  sciences  dont  le  dégât  dans  les  esprits  fait  encore  des  ravages 

aujourd'hui. 

Cette conviction anti‐atomique eut la vie dure en France. J'ai même connu un professeur 

de  Chimie  de  la  Sorbonne  qui  au milieu  des  années  1950,  refusait  encore  de  parler 

d'atomes dans son cours, sous prétexte que personne n'en avait vu (comme Berthollet) ! 

Je  regrette  vraiment  de  n'avoir  pas  réussi,  lorsque  J'étais ministre,  à  faire  enlever  la 

statue d'Auguste Comte de la place de la Sorbonne et à la remplacer par celles de Victor 

Hugo et de Louis Pasteur. Nous nous sommes contentés de  lui faire subir une rotation : 

désormais, Il tourne presque le dos à la Sorbonne. 

Marcellin Berthelot dit dans  sa  lettre à Ernest Renan  (Revue des Deux Mondes 1863) : 

« C’est un des principes de la science positive qu’aucune réalité ne peut être établie par 

le raisonnement. Le monde ne saurait être deviné. » Et pourtant, pour ne prendre qu’un 

seul  exemple,  l’existence  du    boson  de  Higgs  a  été  établie  par  un  raisonnement 

théorique, donc devinée, en 1964. Cette découverte  fut  confirmée expérimentalement 

dans  le  LHC,  l’accélérateur  de  protons  du  C.E.R.N.  à  Genève  en  2012.  Pour  cette 

découverte, François Englert et Peter Higgs ont eu le prix Nobel de Physique en 2013 

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15‐ Les sociologues 

Certains  littéraires  philosophes‐sociologues  complètement  nuls  en  science  de  l’université  de 

Nanterre pour ne pas la nommer soutiennent que le refus de la théorie atomique en France (qui 

a fait prendre un siècle de retard à la chimie française sur la chimie anglaise) n’a rien à voir avec 

le positivisme d’Auguste Comte qui adorait  la théorie atomique. En bon positivistes qu’ils sont 

eux‐mêmes,  ils  en  restent  à  la  surface  des  phénomènes  et  des  mots.  Ils  citent  la  phrase 

d’Auguste Comte : 

Aussitôt  que  l’illustre  M.  Dalton  eût  dirigé  ses  méditations  vers  cette  face  de  la  science 

chimique,  son  génie  éminemment  philosophique  le  poussa  à  embrasser,  dans  une  seule 

conception générale,  l’ensemble de cet  important sujet, quoique  l’étude en fût, pour ainsi dire 

naissante. Ses heureux effets produisirent la célèbre théorie atomistique.  

Mais ils ne vont pas plus loin dans le texte du cours de philosophie positive. Plus loin on lit : 

…  les  travaux  remarquables  de  l’illustre  Wollaston…  Nous  ne  devons  pas  ici  considérer 

principalement  sa  transformation,  d’ailleurs  très  heureuse,  de  la  théorie  atomistique 

proprement dite en celle des équivalens chimiques, qui offre un énoncé bien plus positif, et tend 

à préserver des enquêtes  radicalement  inaccessibles auxquelles  la première peut donner  lieu, 

quand elle n’est pas  judicieusement dirigée :  cette  substitution  constituerait,  sans doute, une 

amélioration  capitale,  si  elle  ne  se  réduisait  point  à  un  simple  artifice  de  langage,  la  pensée 

réelle étant restée essentiellement identique. 

Que  signifie  ce  texte ? Qu’il  est  préférable  de  ne  pas  utiliser  le mot  atome,  car  on  pourrait 

s’égarer  à  lui  donner  une  signification  métaphysique,  au‐delà  de  la  simple  théorie  des 

équivalents (rapport des masses dans les réactions chimiques). Un tel égarement pourrait avoir 

lieu si ces enquêtes, à partir de  la  théorie atomique, n’étaient pas  judicieusement dirigées en 

interdisant de telles spéculations métaphysiques. Mais immergé dans son système de pensée à 

ras  des  faits  expérimentaux,  Auguste  Comte  est  tellement  convaincu  que  derrière  le   mot 

atome,  il ne pourra  jamais y avoir autre chose que ces  rapports de masses, que  finalement  il 

trouve que, même si ce mot atome est à  interdire, ce n’est pas si grave que cela de  l’utiliser. 

C’est  donc  juste  un  problème  de  langage,  et  donc  ce  n’est  pas  si  grave.  Auguste  Comte  se 

comporte bien ainsi en bon positiviste assimilant  la physique et  la chimie à un pur  langage qui 

permet de collectionner les faits expérimentaux. 

Ses  collègues,  amis,  disciples  et  successeurs,  obéiront  scrupuleusement  à  cette  injonction 

d’Auguste  Comte  d’éviter  tout  contenu  métaphysique  au  mot  atome,  et  pour  s’assurer 

définitivement  de  cela  d’éliminer  définitivement  ce mot.  L’élimination  d’un mot  du  langage 

permettant  d’éliminer  définitivement  une  réalité  objective  éventuelle  du  monde  matériel 

associée à ce mot. 

Wollaston décida d’assigner la masse de 100 à l’élément oxygène, contrairement à Dalton qui en 

attribuant  la masse de 1  au plus  léger des éléments,  l’atome d’hydrogène dont  le noyau est 

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juste constitué d’un proton allait permettre justement de deviner le monde. Pourquoi l’oxygène

choisi comme référence avec le nombre de 100 ? Mais tout simplement parce que en bon

positiviste, pour Wollaston, la nature se réduit à l’homme qui respire de l’oxygène !

Toute ontologie et métaphysique associée au mot atome, et qui allait permettre justement de

deviner le monde fut ainsi éliminée de la chimie française sur l’injonction d’Auguste Comte.

Ce contenu métaphysique allait dans un feu d’artifice où la France fût totalement absente à

cause d’Auguste Comte, nous donner la thermodynamique statistique, le spectre des atomes

permettant de déterminer la température et la composition chimique des étoiles, la géométrie

des molécules expliquant leur stabilité et leur réactivité, l’explication du sens des réactions avec

justement l’entropie associée à la géométrie des molécules, mais aussi l’énergie par

l’électronégativité des éléments, donc aussi les réactions d’oxydo‐réduction …

Mais tout cela échappe totalement à nos littéraires philosophes‐sociologues de Nanterre

totalement positivistes eux‐mêmes (mais sans s’en rendre compte) et nuls en science (mais sans

le savoir car ils ne connaissent rien à la science). Tout cela est pitoyable.

Mais leur influence destructrice n’est pas à négliger, car ils ont pignon sur rue, et croyant à la

classification des sciences d’Auguste Comte, ils considèrent que la sociologie est la reine des

sciences et a un droit de regard sur la physique.

Dans un article d’une mauvaise foi stupéfiante, on peut lire à propos du passage ci‐dessus sur

Wollaston : Comte, toujours en alerte devant les risques de dérapages métaphysiques, ne prend

pas au sérieux le danger d’une régression causé par la théorie atomistique. Sans comprendre

que Comte est influencé par le fait qu’il n’a pas l’idée de mettre autre chose que la théorie des

équivalents derrière l’atome. L’influence du positivisme ambiant en France sur la science est

qualifiée de cliché historique qui résulte de la mauvaise foi, et de la volonté des chercheurs

d’avoir plus de crédits ; sans vouloir voir la pression intellectuelle gigantesque sur les savants du

fait qu’un ministre de l’Instruction publique, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences

soit le pire des positivistes, dans le contexte politique extrêmement tendu du début de la

troisième république. On peut lire : Au bilan de ce parcours, il apparaît que la prétendue

influence du positivisme sur la science française est un fantôme qui entretient la paresse

intellectuelle. Elle dissimule, en effet, un polymorphisme d’attitudes épistémiques… Cela signifie

qu’il est considéré qu’il y a plusieurs positivismes différents qui n’ont rien à voir les uns avec les

autres. L’argumentation est par exemple une lettre de Marcellin Berthelot à Wurtz où il exprime

vigoureusement son positivisme. On dit alors : Ce positivisme hâtivement fourbi dans une

controverse est un positivisme de circonstance que j’appellerai « polémique ». La dictature

intellectuelle de Marcellin Berthelot pendant très longtemps en France est ainsi qualifiée de

positivisme polémique ! Il y a un autre positivisme qui apparaît, le positivisme scolaire, qui est

censé ne rien avoir avec les autres. Mais on ne dit pas que Marcellin Berthelot a été ministre de

l’Instruction publique.

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VI‐ Le positivisme et la physique moderne 

1‐ Introduction 

Qu’en  est‐il  du  positivisme  dans  la  physique  moderne,  en  particulier  parmi  les 

chercheurs ?  On  a  déjà  la  réponse  à  la  question  avec  Aurélien  Barrau. Mais  reste‐il, 

comme le dernier des Mohicans, des physiciens réalistes ?  

On  peut  également  se  poser  la  question  du  caractère  nuisible  du  positivisme  sur  la 

progression de la physique. Est‐il un frein à la découverte de théories nouvelles, comme 

la gravitation quantique ? 

2‐ Des physiciens positivistes, comment les reconnaître ? 

Dans  le livre : Introduction to Cosmology, second edition (2017) de l’américaine Barbara 

Ryden, Cambridge University Press, on peut  lire page 27 « Dans ce  livre,  je vais souvent 

adopter le point de vue de Newton sur la gravité, parce que, dans beaucoup d’occasions, 

il  est  mathématiquement  plus  simple,  et  plus  familier  au  niveau  des  concepts.  La 

question de pourquoi  il est possible de permuter dans un sens ou dans  l’autre entre  les 

deux points de vue très différents de Newton et d’Einstein, est intrigante, et mérite une 

investigation. » 

Cette phrase est positiviste, en particulier le fait de dire que les deux points de vue sont 

très  différents.  La  relativité  générale  redonne  totalement  la mécanique  newtonienne 

comme cas  limite. Dans ces deux  théories, un  rôle  fondamental est  joué par  la masse. 

Même  en  mécanique  newtonienne,  on  peut  considérer  l’espace‐temps  comme  une 

variable dynamique, mais sa dynamique est  triviale. L’espace‐temps newtonien agit sur 

les particules,  en  leur  imposant d’aller  en  ligne droite  à  vitesse  constante quand  elles 

sont  libres, mais  les  particules  n’agissent  pas  en  retour  sur  l’espace‐temps,  à  part  en 

créant  instantanément  le  champ  gravitationnel.  En  relativité  générale,  les  particules 

agissent vraiment sur l’espace‐temps en le courbant. De plus l’espace‐temps agit sur lui‐

même,  dans  le  cas  de  la  propagation  d’une  onde  gravitationnelle  par  exemple.  La 

proximité conceptuelle des deux théories est en fait très grande. 

Prenons un autre exemple : Carlo Rovelli est un chercheur en gravitation quantique. Dans 

son  livre  Par‐delà  le  visible  (2015)  Chez  Odile  Jacob,  page  128  il  dit  « Selon  moi, 

l’obscurité de la théorie quantique n’est pas due à la mécanique quantique, mais à notre 

faculté d’imagination  limitée. Lorsque nous essayons de voir  le monde quantique, nous 

sommes  comme  de  petites  taupes  aveugles  qui  vivent  sous  terre  et  à  qui  on  essaye 

d’expliquer  comment  sont  faites  les  chaînes  de  l’Himalaya.  Ou  comme  les  hommes 

enchaînés au fond de  la caverne du mythe de Platon. » La référence sans équivoque au 

mythe  de  la  caverne  de  Platon  signe  un  positiviste  affirmé.  Il  dit  aussi  page  122 

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« L’important,  c’est  que  tout  se  passe  comme  si  l’électron  pour  aller  de  A  en  B 

empruntait toutes les trajectoires possibles. » Le mot comme si montre qu’il ne croît pas 

à  ce  qu’il  dit.  Sa  conception  d’une  émergence  thermodynamique  du  temps  n’est  pas 

convaincante,  car  elle  brise  la  symétrie  entre  l’espace  et  le  temps  de  la  Relativité 

générale.  Le  fait  que  ce  soient  des  chercheurs  positivistes  qui  essayent  d’unifier  la 

gravitation et la théorie quantique peut nuire à la découverte d’une théorie quantique de 

la gravitation.  

3‐ Feynman 

Sans  conteste,  il  faut  classer  Richard  P.  Feynman,  prix  Nobel  de  physique  1965  pour 

l’électrodynamique quantique, parmi  les physiciens  réalistes. Dans  son  livre : QED  The 

Strange Theory of Light and Matter, il emploie un langage réaliste. 

Page 85, il dit : « …toutes les particules dans la nature… se comportent de cette manière 

quantique.  

Donc maintenant, je vais vous présenter les trois mécanismes de base, à partir desquels 

tous les phénomènes mettant en jeu la lumière et les électrons se produisent : 

Action 1 ; un photon va d’un endroit à un autre ; Action 2 ; un électron va d’un endroit à 

un autre ; Action 3 ; un électron émet ou absorbe un photon. » 

Dans  ce  livre,  il  n’hésite  pas  à  dire  que  les  antiparticules  sont  des  particules  qui 

remontent le temps, se dirigeant du futur vers le passé. On voit aussi qu’il est réaliste par 

le fait que pour lui la réalité ultime, ce sont les particules, tandis que pour les positivistes, 

en  théorie  quantique  des  champs,  la  réalité  ultime,  si  elle  existe,  ce  sont  les  champs 

quantiques.  Pour  un  physicien  réaliste,  la  réalité  ce  sont  les  particules,  et  les  champs 

quantiques décrivent simplement le comportement des particules. 

On  retrouve  cette  conception  réaliste  dans  beaucoup  de  livres  de  physique  anglais 

actuels.  Ainsi  dans  le  livre  Modern  Particle  Physics  de  Mark  Thomson  Cambridge 

University Press 2013, page 5,  l’auteur n’hésite pas à citer  la phrase de Newton « Il est 

inconcevable que  la matière  inanimée brute puisse, sans la médiation de quelque chose 

d’autre  qui  n’est  pas  matériel,  agir  et  affecter  une  autre  matière,  sans  un  contact 

mutuel. » 

Il dit alors : « En décrivant une force en termes d’échanges de particules, il n’y a plus de 

mystérieuse action à distance. » 

Ceci dit, pour couper court à  toute discussion avec  les positivistes, Feynman est connu 

pour  avoir  fait  des  déclarations  opportunistes  positivistes  comme  la  fameuse  phrase :      

« D’un autre côté,  je pense que  je peux dire sans risque que personne ne comprend  la 

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mécanique  quantique» ;  page  129,  chapitre  6,  The  Character  of  Physical  Law,  Richard 

Feynman, The M.I.T. Press 1967. En voulant être gentil avec  les nuls,  il a ainsi prononcé 

une phrase assez grave, puisque étant  lui‐même un génie en physique, toute personne 

qui vient après et dit qu’elle est à l’aise avec les concepts de la mécanique quantique et 

comprend la mécanique quantique est ridicule. 

En conclusion tout de même, on peut affirmer que  la géniale méthode des diagrammes 

de Feynman en physique quantique est bien  l’œuvre d’un physicien  réaliste qui croyait 

que les particules se comportaient réellement comme il le décrivait. 

4‐ Weinberg 

Steven Weinberg est prix Nobel de physique 1979 pour  l’unification électrofaible.  Il est 

aussi un physicien  réaliste. Dans son  livre Dreams of a Final Theory, Hutchinson Radius 

1993, dans le chapitre 7 Against Philosophy, il développe un vigoureux plaidoyer contre la 

philosophie positiviste qui est pour lui catastrophique pour la physique. 

Page 133 il dit qu’il croît en une réalité objective découverte par la physique. 

Page 139 il affirme que la métaphysique est nécessaire à la physique et défend l’idée que 

la physique peut faire appel à des objets non observables. 

Page 141  il donne un exemple de  l’influence néfaste de  la philosophie positiviste sur  le 

développement de  la  science.  Il cite  l’expérience de  J.J. Thomson  faite en 1897  sur  les 

rayons  cathodiques,  déviés  par  un  champ magnétique,  qui  permit  à  J.J.  Thomson  de 

découvrir l’électron, sa charge et sa masse, et qui mena rapidement à un premier modèle 

de  la  structure de  l’atome. Cette découverte mena  également  à  la  compréhension du 

courant  électrique  comme  déplacement  d’électrons.  Thomson  s’inscrivait  dans  la 

philosophie  réaliste  anglaise de  l’époque  croyant  aux  corpuscules  élémentaires depuis 

Newton.  À  la  même  époque  exactement,  en  Allemagne,  Walter  Kaufmann  qui  était 

positiviste, fit exactement la même expérience, et ne sut rien en tirer. 

Page 143  il cite une conversation entre Heisenberg et Einstein en 1926 où Einstein dit 

que  la  philosophie  positiviste  est  absurde  et  qu’on  ne  peut  pas  réduire  la  physique  à 

l’étude de quantités observables. 

Page 144  il dit que des  tentatives positivistes, avec Geoffrey Chew en 1960 à Berkeley 

essayèrent de se passer du  formalisme de  la  théorie quantique des champs pour ne se 

référer  qu’à  des  quantités  observables,  c’est‐à‐dire  à  la  matrice  S  de  diffusion.  Ce 

programme fut un échec lamentable. 

Il  entre  ensuite,  à  partir  de  la  page  146,  dans  un  vigoureux  plaidoyer  contre  les 

sociologues, qui comme le français Bruno Latour et l’anglais Steve Woolgar, dévalorisent 

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la physique (et  la science en général) et affirment que c’est une activité sociale comme 

une autre sans  lien avec  le  réel.  Il en vient page 151 à  la conclusion que  l’origine d’un 

regain actuel du positivisme, dévalorisant  la  science, est  liée à un dénigrement par  les 

intellectuels de la civilisation occidentale symbolisée par la physique, puisque c’est cette 

civilisation qui a mené à la physique moderne.  

5‐ Les quarks 

Lorsque  j’étais élève à  l’École Polytechnique, Gell‐Mann  codécouvreur des quarks avec 

George Zweig vint faire une conférence dans cette école sur les quarks. On voyait que les 

quarks  avaient  une  grande  importance.  Pour  lui  c’étaient  juste  des  objets 

mathématiques : les représentations irréductibles des groupes de symétrie des hadrons. 

Il a bien  insisté sur  le  fait que ce n’étaient pas des particules réelles. Pour moi, tout de 

suite,  j’ai pensé que  la seule solution était que c’étaient des particules  réelles dont  les 

hadrons  étaient  constitués. Mais  impressionné  par Gell‐Mann,  je me  disais  que  je me 

trompais. Mais  je n’arrivais plus alors à avoir une vision cohérente et  satisfaisante des 

choses. On  avait  alors  une  entité mathématique  précise,  clairement  identifiée,  qui  ne 

correspondait à rien de précis dans  la réalité. Je me rappelle encore avoir eu à  l’époque 

un très profond malaise  intellectuel. C’est beaucoup plus tard que  j’ai appris qu’à cette 

époque, l’autre découvreur, mais bien moins en vue, George Zweig, était convaincu que 

les  quarks  étaient  réels,  et  que  les  débats  entre  ces  deux  points  de  vue  étaient 

extrêmement violents. En effet, Gell‐Mann disait que ceux qui pensaient que  les quarks 

étaient réels étaient des crétins (page 234 The Infinity Puzzle de Frank Close Basic Books 

Perseus Books). Certes, il fallait accepter l’idée de charges électriques fractionnaires, et le 

fait  qu’il  est  impossible  d’observer  un  quark  libre  du  fait  de  la  nature  de  l’interaction 

forte. 

Lorsqu’il  fut  avéré  que  les  quarks  étaient  bien  réels, mais  ce  ne  fut  pas  cette  fois‐ci 

l’œuvre de Gell‐Mann, ce dernier alla claironner partout qu’ils étaient réels sans  jamais 

s’excuser, en faisant comme s’il y avait toujours cru ! 

En  1968  Gell‐Mann  continuait  à  affirmer  que  les  quarks  n’étaient  pas  réels.  Pourtant 

Bjorken dans son célèbre article de 1966 dans Physical Review, vol 148, p. 1467 indiquait 

le moyen de prouver que les quarks existaient vraiment. 

En 1968, l’expérience du SLAC montra qu’il y avait beaucoup plus d’électrons diffusés en 

grands‐angles que prévu (sauf par Bjorken) par une cible matérielle. Kendall ne savait pas 

exploiter les données obtenues. C’est Bjorken qui montra à Kendall comment redessiner 

les résultats pour mettre en évidence la structure interne du proton. Une fois retourné à 

son bureau, Kendall suivit  les consignes de Bjorken, et vit soudain apparaître  les quarks 

comme  entités  réelles.  Il  s’agit  d’une  expérience  analogue  à  celle  de  Rutherford  pour 

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examiner  l’intérieur  de  l’atome,  mais  à  beaucoup  plus  haute  énergie,  pour  avoir  la 

résolution suffisante pour scruter l’intérieur du proton. En effet  = h/p, or il faut que la longueur d’onde  soit inférieure à taille de la structure que l’on étudie, donc il faut que la quantité de mouvement p =  m v soit suffisante. 

En 1990 Taylor, Kendall et Friedman  les  leaders de  l’expérience qui mit en évidence  les 

quarks partagèrent le prix Nobel de Physique. Bjorken attend toujours … 

Ainsi  la  découverte  de  la  réalité  des  quarks  fut  l’œuvre  d’un  physicien  réaliste  qui  ne 

reçut aucun prix. Aujourd’hui encore,  si  l’on  tape  le nom de quark dans un moteur de 

recherche sur  internet,  le premier nom qui vient est celui du physicien positiviste Gell‐

Mann qui ne croyait pas à leur réalité. Certes, c’est bien Gell‐Mann qui a donné le nom de 

quark, mais dans le positivisme justement, c’est bien le nom qui compte. 

6‐ Le boson de Higgs 

En  physique,  on  a  une  vision  unifiée  des  interactions.  Ce  sont  toutes  des  théories  de 

Yang‐Mills,  c’est‐à‐dire des  théories de  jauges qui  correspondent à des  connexions  sur 

des  espaces  fibrés.  Une  symétrie  globale  est  transformée  en  symétrie  locale,  et  il 

apparaît ainsi une  telle  connexion. Un espace  fibré est par exemple une  tête avec  ses 

cheveux. En chaque point de  la tête  il y a un cheveu. La connexion permet d’associer à 

une longueur d’un cheveu, par continuité, une longueur sur le cheveu à côté. 

Comme le prédisait Newton, l’interaction est alors assurée par l’échange d’une particule 

qui  n’est  pas  de  la matière,  appelée  boson  d’interaction. Mais  dans  les  théories  de 

symétries  de  jauge,  le  boson  a  forcément  une  masse  nulle,  ainsi  d’ailleurs  que  les 

fermions particules de matière, pour que le Lagrangien soit invariant par un changement 

de jauge local. Ainsi, l’interaction faible s’exerce sur les fermions d’une certaine hélicité, 

mais pas de l’autre. L’hélicité de l’électron par exemple, doit donc être invariante, ce qui 

impose qu’il  va  à  la  vitesse  de  la  lumière  et  a donc une masse nulle. Or,  l’interaction 

faible  est  à  très  courte  portée,  ce  qui  implique  que  les  bosons  correspondants  sont 

massiques. En effet d étant la  portée  de  l’interaction  : 

L’idée  est  que  les  bosons  de  l’interaction  faible  correspondants W  et  Z  acquiert  une 

masse par brisure de symétrie, comme le fond d’une bouteille avec le point le plus bas au 

centre qui devient  le fond d’une bouteille de vin avec une bosse au centre. L’idée vient 

du physicien Philip Anderson dans l’étude des supraconducteurs où avec l’effet Meissner, 

le  photon  devient massique  par  interaction  avec  les  paires  de  Cooper  d’électrons.  Il 

apparaît alors la possibilité d’une vibration le long du cercle des points les plus bas auquel 

et le boson virtuel assurant l’interaction peut apparaître.

∆E ∆t ≥~

2d = C ∆t ≤

~

2mC⇒

1

∆t≥

2mC2

~⇒ ∆E ≥

~

2∆t≥ mC

2

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correspond un boson de masse nulle,  car la vibration peut être de fréquence aussi basse 

qu’on  veut.  C’est  le  boson  de  Goldstone  dont  l’existence  vient  du  théorème  de 

Goldstone. Par contre, en mode radial, on a un oscillateur harmonique d’énergie de point 

zéro non nulle, donc massique. Il lui correspond un boson massique, le boson de Higgs. Le 

boson de Goldstone va à la vitesse de la lumière, mais est absorbé par le boson de jauge 

qui devient massique. En effet, en Relativité restreinte, si on enferme dans une boîte de 

masse  nulle,  une  particule  de  masse  nulle  qui  va  à  la  vitesse  de  la  lumière  en 

rebondissant à l’infini sur les parois, la boîte a alors une masse non nulle.  

L’été 1964 Peter Higgs envoya un manuscrit à Physics Letters qui  fut  refusé.  Il était en 

effet écrit dans le langage de la théorie quantique des champs qui n’avait plus la cote du 

fait  que  les  positivistes  de  l’époque  préféraient  la matrice  S  plus  phénoménologique. 

Finalement, ce fut un bien, car Higgs ajouta à son texte les conséquences pratiques de sa 

théorie dont  l’existence du boson de Higgs.  Il envoya son manuscrit à une autre  revue, 

Physical Review  Letters  le 31  août 1964.  Il n’avait pas mentionné  l’existence du Higgs 

dans  son  premier  papier,  car  dans  le  contexte  d’une  telle  théorie,  pour  tous  les 

physiciens,  c’était  évident.  Il  est  amusant  de  voir  que  c’est  parce  que  des  referees 

positivistes étaient à ras des phénomènes que Higgs fut le premier à écrire noir sur blanc 

l’existence de cette particule, dont  la découverte  lui  fut donc attribuée et qui prit donc 

son nom. 

Steven  Weinberg  en  1967  utilisa  cette  théorie  de  Higgs  pour  unifier  l’interaction 

électromagnétique avec l’interaction faible. Pour cette unification, il eut le prix Nobel en 

1979 avec Glashow et Salam. 

À ce niveau, pour voir si une théorie est renormalisable, c’est‐à‐dire si on peut faire  les 

calculs avec des diagrammes de Feynman faisant intervenir un nombre aussi grand qu’on 

veut  d’états  intermédiaires  virtuels,  les  intégrales  divergentes  associées  pouvant  être 

éliminées  en utilisant  les paramètres  physiques mesurables,  comme  les  charges  et  les 

masses, il faut faire des milliers de calculs et ce n’est plus faisable à la main. 

Tini Veltman  inventa un programme  informatique capable de calculer  les amplitudes de 

tous ces diagrammes de Feynman automatiquement. Un étudiant de Veltman, Gerard ‘t 

Hooft  entrepris  alors  de  démontrer  la  renormalisabilité  de  la  théorie  électrofaible 

utilisant le boson de Higgs pour obtenir des particules massives. 

Il montra d’abord que si  les bosons de  l’interaction ont une masse nulle,  la  théorie est 

renormalisable.  Puis  il montra  que  si  on met  les masses  à  la main,  comme  le  faisait 

Feynman (modèle de Glashow), ce n’est plus le cas. L’ajout des masses à la main, brise en 

effet l’invariance de jauge. Mais si les masses s’obtiennent par interaction avec un boson 

scalaire, d’une manière incroyable, ce n’est plus pareil, et la théorie est renormalisable. 

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Les physiciens disent que ce qu’il a fait est aussi beau que la démonstration du théorème 

de Fermat, car on arrive à un miracle mathématique. Des milliers de termes qui divergent 

arrivent à s’éliminer  les uns  les autres par magie.  Il est donc vrai que  le boson de Higgs 

existe, parce qu’en faisant appel à lui, la théorie est renormalisable, toutes les prédictions 

théoriques de durées de vies de particules et de sections efficaces de diffusions étant en 

accord avec l’expérience.  

Il est à noter que  ‘t Hooft utilise  la  technique des  intégrales  suivant  les  chemins  (path 

integrals)  de  Feynman,  qui  est  la  version  la  plus  réaliste  de  la mécanique  quantique, 

puisque  tout  est  exprimé  en  fonction  de  particules,  et  qui  était  très  peu  utilisée  à 

l’époque. À  chaque  comportement  de  la  particule,  et  à  chaque  chemin  possible  suivi, 

correspond une amplitude, et on somme les amplitudes. 

Gerard  ‘t Hooft et Veltman sont prix Nobel de physique 1999 pour  leurs  travaux sur  la 

théorie électrofaible et la brisure spontanée de symétrie. 

En conclusion, c’est en utilisant une méthode très concrète et très originale, découverte 

par un physicien réaliste, Feynman (path integrals), que ‘t Hooft a réussi à démontrer que 

la  théorie  électrofaible  est  renormalisable. D’autre  part,  on  voit  qu’on  a  affaire  à  des 

mathématiques  très  compliquées mais  contraintes,  et  que  c’est  à  l’issue  d’un miracle 

mathématique sorti d’un ordinateur que  le fait que  la théorie soit renormalisable, donc 

qu’elle  est  viable,  soit  démontré. On  voit  donc  que  les  physiciens  travaillent  avec  des 

théories  très contraintes.  Il est  impossible de bricoler des  théories  fumeuses analogues 

aux  épicycles  de  Ptolémée.  Si  cela marche,  c’est  forcément  que  la  théorie  est  vraie. 

Comme dit  Einstein,  c’est qu’on  a  touché  la queue du  Lion.  Le  formalisme  actuel  très 

rigide  du modèle  standard  de  la  physique  des  particules  le met  donc  à  l’abri  d’une 

certaine manière  des  dégâts  que  pourraient  causer  les  positivistes. On  voit  aussi  que, 

systématiquement, ce sont les physiciens réalistes, et utilisant des théories ou méthodes 

venant du réalisme, qui font avancer la physique.  

On peut craindre que ce ne soit pas  le cas pour  la théorie des cordes, ou  la gravitation 

quantique  à  boucle,  qui  sont  peut‐être  des  théories  moins  contraintes,  et  où  de 

nombreux physiciens positivistes sont présents.  

7‐ La cosmologie 

On pourrait craindre que la cosmologie actuelle soit une théorie fumeuse positiviste, où à 

chaque difficulté, on  invente une hypothèse ad hoc pour  la résoudre : on  invente  le Big 

Bang pour expliquer le rayonnement fossile ; l’inflation pour expliquer l’homogénéité de 

l’Univers ;  la  matière  noire  pour  expliquer  la  courbe  de  vitesse  des  étoiles  dans  les 

galaxies ;  l’énergie  noire  pour  expliquer  l’accélération  de  l’Univers ;  ceci  d’autant  plus 

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qu’on  voit  que  des  cosmologistes  en  vue  comme  Aurélien  Barrau  sont  totalement 

positivistes. On serait ainsi dans une logique de super épicycles complètement fausses.  

Tel n’est pourtant pas le cas : 

L’hypothèse de  la matière noire est  là pour sauver  la Relativité générale qui est vraie et 

son hypothèse se place donc dans une démarche réaliste. Une piste est donnée par  les 

trous noirs primordiaux apparus juste après le Big Bang. 

En Relativité générale,  il ne peut pas exister de masses négatives. En effet,  le principe 

d’équivalence  implique que  toutes  les masses accélèrent de  la même  façon devant un 

objet attracteur. Il en est donc ainsi des masses négatives. Donc une masse négative est 

attirée par une masse positive. Par contre, pour ce qui est de la création de la gravitation 

par une masse,  avec  l’équation du  champ,  le  signe  compte. Donc une masse négative 

repousse toutes  les masses. La  loi des signes pour  les attractions répulsions des masses 

est donc : +  attire + et  ‐ ;  ‐  repousse + et  ‐.  Imaginons  alors  sur une  ligne, une masse 

positive à droite et une masse négative à gauche. La masse négative repousse  la masse 

positive qui accélère vers la droite, tandis que la masse positive attire la masse négative 

qui prend la même accélération vers la droite. L’ensemble des deux masses accélère avec 

la même accélération vers  la droite, sa quantité de mouvement totale restant nulle. Un 

tel mouvement s’amplifiant à l’infini est absurde. 

Par  contre  la  constante  cosmologique    s’introduit  naturellement  pour  expliquer 

l’accélération de l’expansion de l’Univers. Dans son équation du champ, Einstein cherche 

à  relier  linéairement, une  caractéristique de  la  courbure de  l’espace‐temps au  tenseur 

d’impulsion‐énergie  qui  caractérise  d’une manière  covariante,  l’ensemble  des masses‐

énergie attirant. Le tenseur d’impulsion‐énergie ayant une divergence nulle,  il faut aussi 

un tenseur ayant une divergence nulle. Tel est le cas du tenseur d’Einstein : 

G = R ‐   g R ;  R est le tenseur de Ricci, et g est le tenseur métrique. Ce dernier 

tenseur a  lui aussi une divergence nulle. Le tenseur : R  ‐   g R +  g convient donc 

également. 

On peut donc écrire l’équation du champ : 

R ‐   g R +  g  = ‐  ^

 T     soit  R ‐   g R = ‐ ^ T    + 

^

   g  ) 

Le terme ^

    g   est alors considéré comme  le tenseur d’impulsion‐énergie du vide. 

Comme  dans  un  référentiel  galiléen,  le  tenseur  métrique  est  diagonal  de  termes              

1 ‐ 1 ‐ 1 ‐ 1, il se comporte comme un fluide de densité volumique d’énergie  C^2 et de pression p telle que  C^2 = ‐ p. On a donc une masse volumique positive et une pression 

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négative, c’est‐à‐dire une tension. Comme il y a trois termes de pression et un terme de 

densité  d’énergie,  et  que  toutes  les  composantes  du  tenseur  d’impulsion‐énergie 

agissent gravitationnellement,  l’effet global est  répulsif, et, même  s’il est  très  faible, à 

grande  échelle,  il  explique  l’accélération  de  l’expansion  de  l’Univers. Un  tel  terme  du 

tenseur d’impulsion‐énergie du vide explique aussi naturellement  les phases d’inflation 

au  début  de  l’Univers.  La  tension  étant  la même  en  tous  les  points  de  l’Univers,  est 

indétectable.  

8‐ Conclusion 

En conclusion,  la physique actuelle, malgré certains effets faibles de ralentissement des 

découvertes, n’a pas eu à souffrir du positivisme, parce qu’il y a beaucoup de physiciens 

réalistes,  et  parce  que  la  physique  actuelle  est  très  contrainte  par  la  Nature,  les 

vérifications  expérimentales  étant  nombreuses,  et  les  théories  mathématiques 

correspondantes étant très rigides. 

Il n’est pas évident que ce  soit  le cas pour  les  tentatives de gravitation quantique que 

sont  la  théorie des  cordes ou  la gravitation quantique à boucle, ni également pour  les 

théories  de  super‐symétries  essayant  d’unifier  l’interaction  forte  avec  l’interaction 

électrofaible. Mais bien sûr, c’est au‐delà de mes compétences de pouvoir donner un avis 

sur ces théories.  

Quand  on  voit  que  Carlo Rovelli,  ami  d’Aurélien  Barrau,  dans  son  livre : Reality  is  not 

what  it  seems,  dit  « Les  électrons  n’existent  pas  toujours.  Ils  existent  quand  ils 

interagissent :  ils  se  matérialisent  en  un  endroit  quand  ils  entrent  en  collision  avec 

quelque chose d’autre. Le saut quantique d’une orbite à une autre constitue leur moyen 

d’être  réel : un électron est une combinaison de sauts d’une  interaction à une autre. » 

Tout ceci étant complètement positiviste, j’ai du mal à croire qu’il sortira quelque chose 

de valable de la théorie de la gravitation quantique à boucle sur laquelle il travaille. 

 

 

Carlo Rovelli  fait des  conférences avec  le philosophe Michel Bitbol. Ce dernier affirme 

que  le  Bouddhisme  est  très  utile  pour  arriver  à  se  convaincre  qu’il  n’y  a  rien  à 

comprendre à la mécanique quantique qui est une théorie purement phénoménologique 

des faits expérimentaux. Dans un tel état d’esprit, aucune progression de la physique ne 

peut avoir lieu : c’est signer la mort de la physique. 

 

 

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Dans une de ses conférences avec Michel Bitbol, Carlo Rovelli argumente longuement sur 

le schéma ci‐dessous où il y a un double passage au macroscopique : 

 

C’est totalement contradictoire avec  la théorie de  la décohérence, qui est vraie dans  le 

cadre  de  la mécanique  quantique  qui  est  vraie.  Il  suppose  que  l’observateur  le  plus 

macroscopique  à  droite  peut  voir  le  petit  observateur  macroscopique  dans  la 

superposition de deux états des deux observations différentes de l’état quantique. C’est‐

à‐dire que si la particule est dans un état quantique  |a> +  |b>, il suppose que pour le grand observateur à droite, le petit observateur est dans la superposition :  

 |petit observateur observe a > +  |petit observateur observe b > 

Or la théorie de la décohérence montre que dans le premier passage au macroscopique, 

la superposition des états disparaît. L’argument de Carlo Rovelli pour démontrer qu’il n’y 

a pas de réalité objective en mécanique quantique, puisque  la réalité observée dépend 

de  l’observateur  est  donc  faux. Mais  non  seulement  cette  théorie  de  la  mécanique 

quantique  relationnelle est  théoriquement  fausse, mais elle est  falsifiable. Considérons 

en effet l’expérience suivante : 

Electron

Ecran

Laser

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Un électron dans un état  combinaison  linéaire de  spin en haut et de  spin en bas, par 

exemple parce que son spin est horizontal, arrive dans une boîte où il y a un appareil de 

mesure.  Si  l’appareil mesure  le  spin  en  haut,  la  lampe  rouge  s’allume,  et  si  l’appareil 

mesure le spin en bas, la lampe verte s’allume. Un observateur humain à l’intérieur de la 

boîte abaisse alors  le miroir du dessous pour  laisser passer  le  faisceau  laser  si  c’est  la 

lampe rouge qui s’allume. Le faisceau laser sort alors par le trou du bas. Si c’est la lampe 

verte qui s’allume,  l’observateur  laisse  le miroir, et  le  faisceau  laser sort par  le  trou du 

haut.  Si  comme  l’affirme  Carlo  Rovelli,  pour  un  observateur  extérieur  à  la  boîte,  la 

superposition des états existe encore, il verra de la lumière laser sortir par les deux trous, 

et verra une  figure d’interférence se  former sur  l’écran. Nul doute que Carlo Rovelli se 

trompe, et qu’on verra la lumière sortir par un seul trou.  

Finalement,  donc,  j’ai  plus  confiance  en  la  théorie  des  cordes  où  il  y  a  beaucoup  de 

physiciens  réalistes,  comme  la  physicienne  Lisa  Randall,  qui  croît  qu’il  y  a  une  réalité 

objective décrite par la fonction d’onde.  

 

 

 

 

 

VII‐ Critique de l’interprétation relationnelle de la mécanique quantique 

1‐ L’interprétation relationnelle 

En  1994  Carlo  Rovelli  présente  une  interprétation  relationnelle  de  la  mécanique 

quantique  basée  sur  l’idée  que  l’état  quantique  d’un  système  n’est  pas  une  réalité 

objective  indépendante  de  l’observateur, mais  que  chaque  observateur  décrit  un  état 

quantique  relatif  à  sa  vision  des  choses.  L’idée  vient  sans  doute  de  la  gravitation 

quantique à boucle sur laquelle il travaille : 

http://chaours.rv.pagesperso‐orange.fr/physique/Quant/qgrav.htm 

où le temps émerge par des relations causales relationnelles entre des quantas d’espace 

voisins. Il décrit très bien son interprétation dans son article : 

https://arxiv.org/pdf/quant‐ph/9609002.pdf 

Il dit page 1 : La notion  ici rejetée est  la notion d’état d’un système, absolu, c’est‐à‐dire 

indépendant  de  l’observateur.  Il  pense  que  cette  façon  de  voir  les  choses  résout 

définitivement  les  paradoxes  et  les  problèmes  d’interprétation  de  la  mécanique 

quantique, en particulier le problème de la mesure. 

2‐ L’analogie avec la relativité restreinte 

a) L’analogie.  Il affirme page 2 qu’il y a une profonde analogie entre cette démarche et 

celle d’Einstein qui dit que  le temps n’est plus un absolu, mais est relatif au référentiel 

choisi pour le mesurer. Mais il y a même une analogie avec la physique de Galilée, où la 

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vitesse d’un objet n’est pas absolue, mais est relative au référentiel conventionnellement 

choisi comme fixe, pour la mesurer. 

b)  Cette  analogie  est  fausse.  Je  pense  que  cette  analogie  est  fausse  et  est  associée 

inconsciemment  à  une  conception  aristotélicienne  du  mouvement  où  on  attribue  à 

l’objet  lui‐même  cette  qualité  de mouvement.  La  réalité  de  l’objet  dépend  alors  du 

référentiel choisi pour la décrire. 

Mais en réalité, vu de  l’intérieur d’un objet, cette vitesse est toujours ressentie comme 

nulle, et tout le monde est d’accord pour dire cela. De la même manière, tout le monde 

est  d’accord  sur  ce  que  signifie  le  temps  propre mesuré  par  une  horloge  solidaire  de 

l’objet, et ce temps propre est une réalité objective indépendante de l’observateur. De la 

même manière, tout  le monde donne  la même accélération ressentie par un passager à 

l’intérieur d’un vaisseau spatial, cette accélération étant causée par une accélération de 

ce vaisseau par rapport à un référentiel galiléen local. On voit donc que dans la relativité 

d’Einstein,  la réalité objective de  l’objet,  indépendamment de  l’observation  faite existe. 

On sait parfaitement ce que ressent  la personne étudiée, et tout  le monde est d’accord 

sur ce ressenti. 

Au  contraire,  ce  relativisme  de  Carlo  Rovelli  ne  s’applique  pas  uniquement  à  des 

grandeurs  dès  le  départ  relatives  entre  l’objet  et  l’observateur,  mais  va  jusqu’aux 

propriétés propres de l’objet, comme le fait pour un chat d’être mort ou vivant. Ainsi ce 

que ressent le chat, c’est‐à‐dire le fait d’être vivant ou mort, ou une combinaison linéaire 

des deux, dépend de  l’observateur choisi pour  le décrire. On va voir dans  le paragraphe 

suivant,  que  toute  réalité  objective  disparaît  ainsi  définitivement  et  que  l’on  arrive 

immanquablement  à  la philosophie du  solipsisme,  c’est‐à‐dire qu’il n’y  a pour  le  sujet 

pensant, pas d’autre certitude que sa propre existence. 

Il  y  a  eu  beaucoup  d’échanges  dans  les  deux  sens  entre  les  philosophies  et  religions 

occidentales et orientales, et sans doute que le bouddhisme provient en fait des hérésies 

chrétiennes gnostiques, par l’intermédiaire du manichéisme. 

3‐ Cette interprétation est un solipsisme 

Carlo  Rovelli  prend  l’exemple  d’un  système  quantique  S  dans  l’état  quantique              

 |1> +  |2>. Un observateur O peut alors lors d’une mesure trouver pour résultat 1 et 

ensuite,  le  système  S est nécessairement dans  l’état  |1>. Un observateur P peut alors 

On  rejoint  le  cogito  de  Descartes,  et  la  religion  gnostique,  c’est‐à‐dire  un  positivisme 

absolu. Il ne faut pas nous étonner que Carlo Rovelli, et le philosophe Michel Bitbol nous 

recommandent  le bouddhisme zen pour nous mettre à  l’aise avec cette  interprétation. 

On sait que le bouddhisme zen est un solipsisme, c’est‐à‐dire un idéalisme philosophique. 

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décrire  l’interaction entre  les systèmes S et O, et voit  l’ensemble de ces deux systèmes, 

après interaction, dans l’état de superposition   |1>  |O1> +  |2>  |O2>. L’état |O1> 

signifie :  l’observateur O  ayant  trouvé  le  système  S  dans  l’état  |1>  suite  à  la  valeur  1 

comme  résultat  de  la mesure.  Donc  l’observateur  O  voit  un  chat mort  par  exemple, 

tandis qu’un autre, P, décrit  le monde comme constitué de  la combinaison  linéaire d’un 

chat mort et d’un  chat  vivant. Cela  implique que  si ultérieurement P,  fait une mesure 

pour savoir si le chat est mort ou vivant, il peut le trouver vivant, et O étant d’accord avec 

ce fait. Mais alors, quand l’observateur O voyait le chat mort, c’était une illusion. 

Page 4 de son article, Carlo Rovelli fait une hypothèse fondamentale : Hypothèse 1 : Tous 

les  systèmes  sont équivalents : Rien ne distingue à priori  les  systèmes macroscopiques 

des systèmes quantiques. Si  l’observateur O peut donner une description quantique du 

système S, alors  il est aussi  légitime pour un observateur P de donner une description 

quantique du système formé par l’observateur O. Page 5 il affirme alors : Les résultats de 

mesures  sont  le  contenu  physique  de  la  théorie. …  En  accord  avec  ce  point  de  vue, 

n’importe  quoi  entre  deux  résultats  de  mesures  est  comme  la  « non  existante » 

trajectoire des électrons.  

Ci‐dessus page 59 Carlo Rovelli disait  les électrons n’existent pas  toujours. Or,  comme 

l’hypothèse 1 l’affirme,  il ne fait pas de distinction du point de vue quantique, entre un 

électron et un être humain. Cela veut dire que  lorsque  je ne vois pas  la personne A par 

exemple, parce qu’elle est partie en vacances, je peux considérer qu’elle n’existe pas. En 

particulier,  la question : « Où est cette personne sur  la Terre en ce moment à  l’instant t 

de ses vacances ? » n’a pas de sens. Cela est bien la philosophie du solipsisme.  

4‐ Contradiction avec la décohérence 

Carlo  Rovelli  a  bien  perçu  le  problème  que  pose  la  décohérence.  J’avais  pensé  à  ce 

problème  avant  de  lire  son  article.  Quand  j’ai  cherché,  dans  un  premier  temps  sur 

internet, une critique de l’interprétation relationnelle de la mécanique quantique, malgré 

des heures de recherche, je n’ai rien trouvé. C’est finalement en tombant sur son article, 

dans un deuxième  temps, que  j’ai vu qu’il avait  fait une partie sur  les objections qu’on 

pouvait faire à sa théorie. Il faut donc reconnaître à Carlo Rovelli d’être le seul à émettre 

des critiques potentielles sur sa théorie. 

Page 5 il dit : Objection 5 : Suite à l’effet de décohérence lors de l’interaction entre S et O, 

les  interférences deviennent  infiniment petites. Si elles sont suffisamment petites, elles 

sont  inobservables, et donc,  la variable q mesurée vaut 1, et cela devient une propriété 

absolue de S qui est vraie et absolument déterminée, même si elle est inconnue de P, qui 

pourra la mesurer n’importe quand, et ne verra pas d’effet d’interférence. 

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C’est exactement mon objection. 

Mais  il dit aussitôt que : c’est  faux, car  l’effet de décohérence dépend de  l’observation 

future que P fera. 

Il suppose donc que  la décohérence produite par P est  indépendante de celle produite 

par O. C’est là je pense, qu’il se trompe. Tant que P n’interagit pas ni avec S ni avec O, il 

peut bien considérer que  l’ensemble des deux est dans  l’état    |1>  |O1> +  |2>  

Que se passe‐t‐il s’il cherche à  interagir avec S et O pour  faire une mesure ?  Il  interagit 

avec deux systèmes totalement intriqués quantiquement par la décohérence ; et il est lui‐

même,  avec  une  vitesse  foudroyante,  totalement  intriqué  quantiquement  par  cette 

décohérence.  Cela  veut  dire  que  la  décohérence  qui  a  donné  le  résultat  1  lors  de  la 

mesure de O, lui est pratiquement instantanément transmise, dès qu’il essaye d’interagir 

avec  S  et O.  P  ne  pourra  trouver  que  le  résultat  1  et O1 !  Si  l’on  croît  en  une  réalité 

objective,  le  système  après  décohérence  avec O  est  dans  l’état  |1>   |O1>,  et  P  ne 

pourra rien faire d’autre que constater cela. 

Autrement dit, la décohérence de P n’est pas indépendante de celle de O. Extrêmement 

rapidement, la décohérence provoquée par O et ayant donné le résultat 1 se propage et 

se transmet à P, qu’il  le veuille ou non, et sans qu’il ne s’en rende compte. O et S étant 

macroscopiques, ne sont pas séparables.  

Ainsi, aucune expérience ne pourra plus  jamais faire voir par P que S et O sont dans un 

état de combinaison  linéaire |1>  |O1> +  |2>  |O2>, puisque  la décohérence ayant 

fait disparaître  les  interférences correspondantes est  immédiatement transmise à P  lors 

d’une  interaction avec P, si P cherche à faire une mesure sur S et O.  Il ne correspondra 

donc plus  jamais aucun élément de réalité à cette combinaison  linéaire. Donc c’est une 

certitude théorique que l’état |1>  |O1> +  |2>  |O2> est indétectable par P. Il reste 

que Carlo Rovelli peut toujours dire que dans un premier temps, O a mesuré 1, puis que 

quand  P  arrive  et mesure,  il  trouve  2  et  O2,  puisque  la  décohérence  n’explique  pas 

l’unicité des faits. Mais c’est une affirmation non testable, et pas plus plausible du point 

de vue de la pure théorie que le fait que P trouve 1 et O1, et qui permet juste de sauver le 

solipsisme. 

La conclusion de tout cela est que, dans l’exemple ci‐dessus page 60, de la boîte avec le 

laser,  P  ne  pourra  pas  observer  d’interférences  sur  l’écran,  puisque  l’intrication 

quantique entre  l’électron et  la boîte détruisant de telles  interférences  lui est transmise 

|O2>,  mais  prenant  Carlo  Rovelli  au  pied  de  la  lettre,  puisqu’il  n’interagit  pas  avec 

l’ensemble de S et de O, ce qu’il peut bien dire sur S et O n’a à ce moment aucun sens et 

aucun intérêt. 

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lorsqu’il  essaye  de  faire  la  moindre  mesure.  On  pourra  juste  dire  pour  sauver  le 

solipsisme,  que  la  lampe  rouge  s’est  allumée,  puis  que  quand  P  arrive  pour  regarder 

l’écran, tout permute et que c’est  la  lampe verte qui s’est allumée. Mais on est dans  la 

pure philosophie.  

Je  pense  donc  que  l’hypothèse  1  de  Carlo  Rovelli  est  fausse.  Tous  les  systèmes 

quantiques  ne  sont  pas  équivalents.  Il  y  a  des  systèmes  quantiques microscopiques, 

comme un photon traversant des fentes d’Young lors d’une expérience d’interférence, et 

qui ne sont donc pas soumis à la décohérence, et des systèmes macroscopiques soumis à 

la  décohérence,  et  qui  dès  qu’ils  entrent  en  interaction  donnent  le même  résultat  de 

mesure, puisqu’ils sont traversés par la même décohérence. Et tout cela est quantifiable, 

puisqu’on peut donner des temps de décohérence. 

C’est cette hypothèse 1 qui mène au solipsisme et qui est à mon avis contradictoire avec 

la  décohérence  qui  est  déduite  rigoureusement  du  formalisme  de  la  mécanique 

quantique.  

En  tout  cas,  elle  est  contradictoire  avec  la  réduction  du  paquet  d’onde  par  un  objet 

macroscopique dans  l’interprétation de Bohr,  interprétation dite de Copenhague. Dans 

cette interprétation, il n’est jamais question de la réduction du paquet d’onde d’un objet 

macroscopique, comme l’état précédent intriqué |1>  |O1> +  |2>  |O2>. 

Page 4 de son article, Carlo Rovelli dit : Bien sûr, je n’ai pas de preuve de l’hypothèse 1. 

Carlo Rovelli nous laisse donc libre de rejeter cette hypothèse, ce que je fais, et donc de 

considérer que l’interprétation relationnelle de la mécanique quantique est fausse. 

5‐ Quelques précisions 

Ce paragraphe s’inspire de ce qui est dit dans le livre de Roland Omnès : Comprendre la 

mécanique quantique, édition EDP sciences 2000. 

Carlo Rovelli ne fait pas la différence entre les mesures réelles, et les mesures idéales à la 

von Neumann. C’est normal, puisque Carlo Rovelli n’est pas réaliste, mais idéaliste, c’est‐

à‐dire adepte de la philosophie du solipsisme.  

Dans une mesure idéale, on considère qu’après la première mesure, l’état quantique est 

bien |1>  |O1> +  |2>  |O2>. Mais il faut tenir compte de l’intrication quantique avec 

l’environnement. Donc l’état quantique est en fait |1> |O1>  |environnement1> + |2> 

|O2>  |environnement2>. von Neumann, ainsi d’ailleurs que Schrödinger,  considère 

que  l’opérateur densité associé à cet état est accessible à une mesure. Dans ce cas, oui, 

les  interférences  existent  encore. Mais  en  réalité,  seul  l’opérateur  densité  réduit  où 

l’environnement n’intervient pas est accessible à une mesure, et cet opérateur devient 

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Bell  (1975)  considérait  que  les  mesures  idéales  étaient  possibles,  et  donc  que  la 

décohérence  n’apporte  pas  la  solution  au  problème  de  la mesure.  Il  en  est  ainsi  de 

d’Espagnat (1994).  

Une quantité physique, comme les composantes de l’opérateur densité total, système + 

environnement,  n’a  de  sens  que  si  elle  peut  être  mesurée.  Cette  phrase  n’est  pas 

positiviste. Elle ne nie pas l’existence de concepts non reliés directement à l’expérience. 

Mais ce ne sont pas les symboles mathématiques qui ont le dernier mot, c’est la réalité. 

Un  concept mathématique  à  l’intérieur d’une  théorie peut décrocher de  la  réalité.  En 

effet, de toute façon, la réalité est plus complexe que toute description mathématique de 

cette dernière.  Il n’y a donc  jamais  isomorphisme absolu et  total entre  la  réalité et  les 

mathématiques. Ici, le concept qui décroche de la réalité est celui d’état pur intriqué avec 

l’environnement. Un  tel état est non mesurable comme nous allons  le voir, et  il ne  lui 

correspond plus aucun élément de réalité. 

L’objection  de  Bell  et  d’Espagnat  (et  Carlo  Rovelli)  au  fait  que  la  décohérence  résout 

définitivement le problème de la mesure est suivant Omnès la suivante : 

Supposons qu’un système macroscopique, composé d’un objet quantique à mesurer et 

d’un appareil de mesure, soit initialement dans un état pur. La théorie de la décohérence 

montre  bien  qu’aucune  interférence  macroscopique  détectable  ne  subsiste  après  la 

mesure.  Bell  et  d’Espagnat  ne  contestent  pas  la  validité  pratique  de  cette  conclusion, 

mais ils nient son caractère fondamental.  … Bell et d’Espagnat font remarquer que l’état 

pur initial du système (mesuré + mesurant) reste nécessairement pur, d’après la linéarité 

de  la  dynamique  quantique.  Ils  notent  qu’il  est  toujours mathématiquement  possible 

d’identifier  un  état  pur  |>  comme  étant  effectivement  pur.  Il  suffit  pour  cela,  par 

exemple, de tester si  la propriété du projecteur |><| a  la probabilité 1. Si  l’on admet 

avec  von Neumann  que  toute  observable  est mesurable  en  principe,  la mesure  de  ce 

projecteur  révélera  la  survivance  de  la  pureté  initiale.    …  Ceux  qui  contestent  cet 

argument (dont le présent auteur) font remarquer les points suivants. 

 Un objet macroscopique ne peut jamais être dans un état pur… 

  Il  est  faux  que  tout  observable  soit  mesurable,  car  une  mesure  repose  sur  les 

interactions existantes entre particules élémentaires, ce qui est extrêmement restrictif. 

diagonal  par  la  décohérence,  et  tout  effet  d’interférence  disparaît.  Si  l’on  fait  une 

nouvelle mesure, on repart de l’état quantique défini par cet opérateur, où on a laissé le 

résultat de la mesure seul. Tout a été oublié des interférences d’avant la décohérence, ce 

qui  correspond  bien  à  la  réduction  du  paquet  d’onde  selon  l’interprétation  de 

Copenhague. 

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  Quand  on  essaie  de  concrétiser  l’idée  de  Bell  en  considérant  un  système 

macroscopique  S  ayant  N  degrés  de  liberté,  soumis  à  une mesure  effectuée  par  un 

appareil S’ ayant N’ degrés de liberté, la suppression des effets de décohérence exige que 

N’  croisse  exponentiellement  avec N  (Roland Omnès :  The  Interpretation  of Quantum 

Mechanics ; Princeton Series  in Physics ; 1994 ; Chapitre 7 ; paragraphe 8 ; One Cannot 

Circumvent  Decoherence ;  page  307).  On  se  retrouve  donc  très  vite  dans  le  cas  des 

appareils plus grands que l’univers … 

.   …  L’existence  d’un  domaine  classique,  interprétable  par  le  sens  commun,  apparaît 

comme inséparable de l’abondance de matière dans l’univers où nous sommes. 

Une  autre  réponse    a  été  donnée  par  Asher  Peres  (1980).  Il  montre  que  le 

fonctionnement d’un  appareil  extérieur qui  restaurerait un  état pur  après  la première 

mesure devrait violer le second principe de la   thermodynamique. 

6‐ La question de l’objectification 

Ce qui est dit  ici est encore tiré du  livre d’Omnès. La question de  l’objectification est  la 

suivante : comment expliquer que le résultat concret d’une mesure soit unique, alors que 

la théorie ne peut que mettre tous les résultats possibles sur le même pied ? 

Un aspect évident mais souvent oublié de  la réalité est que son existence et son unicité 

ne résulte  jamais de  la théorie. Même en physique classique,  l’unicité de  la réalité doit 

être  postulée,  ce  que  fait Newton  par  exemple,  quand  il  pose  l’existence  de  l’espace 

absolu.  Il  faut  ensuite  postuler  l’existence  d’une  réalité  unique,  ne  serait‐ce  qu’à  un 

instant initial. 

Deux  données  distinctes  ne  peuvent  pas  résulter  simultanément  d’une mesure  quand 

elles sont décrites par des propriétés classiques mutuellement exclusives.  

Il n’y a donc pas à expliquer pourquoi une seule donnée apparaît, à l’issue d’une mesure, 

car la logique même de l’interprétation ne pourrait rien énoncer d’autre.  

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VIII Expérience de la gomme quantique à choix retardé

1- Le problème du temps

Quand on cherche à quantifier directement la théorie de la Relativité généraled’Einstein, on est obligé de prendre le formalisme hamiltonien. Mais le temps doitêtre une variable dynamique, ce ne peut être un paramètre, comme dans la théo-rie quantique des champs. L’équation de base est alors l’équation de Wheeler-deWitt H|ψ >= 0 où le temps n’intervient pas. Il n’y a plus que deux options :soit dire que le temps est une illusion, soit essayer de voir comment le tempspeut émerger de la théorie. Carlo Rovelli dans ses livres et dans ses interviewsdans les médias et dans les journaux choisit la première option et affirme quec’est une certitude acquise que le temps est une illusion.

Ainsi dans le Figaro du jeudi 22 mars 2018, il y a un grand titre :

Carlo Rovelli : “La notion de présent n’a pas vraiment de sens ”. Alors qu’onpeut penser d’un point de vue réaliste, que l’Univers n’existe localement, qu’auprésent local.

Carlo Rovelli doit alors nous dire comment construire une machine pour dia-loguer avec Vercingétorix, ou Ramsès II ! Ou alors, il pense que l’existence deces personnages relève d’une illusion. Mais alors c’est pire que le point de vuedes créationnistes qui disent que les fossiles sont une illusion.

À la question : Quelle place le temps occupe-t-il en mécanique quantique ? Ilrépond : “D’une certaine manière, aucune. Les équations qui décrivent les échellesles plus petites ne comportent aucune dimension temporelle. ”

On peut faire deux reproches à Carlo Rovelli :

1) Il affirme comme une certitude, ce qui n’est qu’une interprétation parmid’autres de la gravitation quantique à boucle, qui est une théorie non achevée.

2) Cette théorie n’est qu’hypothétique à l’heure actuelle, puisqu’elle n’est pasconfirmée par l’expérience, et en plus, il y a des théories concurrentes, comme lathéorie des cordes, et la géométrie non commutative. Il n’y a donc pas à prendretrès au sérieux ce que dit Carlo Rovelli.

Plus intéressant dans ce domaine est le paradoxe de l’expérience de la gommequantique à choix retardé, en anglais : Delayed choice quantum eraser, juste-ment parce qu’il s’agit d’une expérience réellement faite. Cela fait l’objet duparagraphe suivant.

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2- Description de l’expérience

Il y a plusieurs dispositifs expérimentaux de gomme quantique à choix retardé.Historiquement, le premier a été proposé par les physiciens M.O. Scully and K.Drühl (Phys. Rev. A 25, 2208 1982 quantum eraser) en 1982. Différents dispo-sitifs existent, en faisant des interférences avec des atomes ou des photons. Jepropose ici une expérience avec des photons, facile à comprendre, car elle utilisela polarisation de la lumière qui est un concept facile à comprendre en physiqueclassique. Il est tiré de l’article : Double-slit quantum eraser S.P. Walborn, M.O.Terra Cunha, S . Padua, and C. H. Monken 2000 ; 2002 The American PhysicalSociety.

On va complexifier l’expérience peu à peu. Dans un premier temps, on consi-dère l’expérience classique d’interférence des fentes d’Young qu’on trouve audébut de tous les livres de mécanique quantique.

On éclaire en incidence normale avec de la lumière polarisée rectilignement,le champ électrique étant dirigé suivant une verticale, un plan vertical où il ya deux fentes d’Young. La lumière se propage horizontalement. Les deux fentesd’Young ont des directions des fentes verticales, et les milieux de ces fentes sontsur la même horizontale. On observe sur un écran derrière, la figure classiqued’interférence.

Lorsque l’on regarde dans la direction de la lumière qui arrive, et qu’on voitla lumière venir vers nous suivant une horizontale, on définit dans un plan ver-tical perpendiculaire à l’arrivée de la lumière, un axe d’abscisse horizontal versla droite appelé H, et un axe vertical appelé V . On appelle alors A la pre-mière bissectrice qui fait un angle de π

4avec l’axe H, et B l’axe directement

perpendiculaire, qui fait donc un angle de π4

+ π2

avec l’axe A.

En regardant dans la direction d’où la lumière vient, on met alors juste devantla fente de gauche, une lame quart d’onde, dont l’axe rapide est porté par A,et dont l’axe lent est porté par B. Elle transforme la lumière polarisée recti-lignement en lumière polarisée circulairement gauche. Devant l’autre fente, onmet une lame quart d’onde avec l’axe rapide porté par B, et l’axe lent portépar A. Elle transforme la lumière polarisée rectilignement qui arrive en lumièrepolarisée cirulairement droite.

Le figure d’interférence disparaît. En effet, considérons un point de l’écran. Ily a deux champs électriques de mêmes normes E qui tournent à la même vitesseangulaire mais en sens inverse. La direction où ils se confondent dépend du pointde l’écran choisi, en fonction du déphasage des deux ondes associées, mais leur

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somme vectorielle, qui est alors toujours dans la direction ainsi définie, oscillesinusoïdalement dans cette direction avec une amplitude égale à 2E. Il n’y apas variation de cette intensité en fonction du déphasage des deux ondes, doncpas d’interférence.

Faisons maintenant une interprétation quantique de ce qui se passe en termesde photons. On peut savoir par quelle fente est passé le photon. En effet, mettonsun polariseur circulaire gauche sur l’écran. Si la lumière passe, c’est que le photonest passé par la fente de gauche. Si la lumière ne passe pas, c’est que le photonest passé par la fente de droite, en prenant ainsi une polarisation circulaire droitede spin −~.

Il est donc possible si on le veut, à partir du moment où on a mis les deux lamesquart d’ondes, de savoir par où le photon est passé. Donc le photon s’est comportécomme une particule, et selon le principe de complémentarité de Bohr, il estimpossible de voir se manifester un aspect ondulatoire.

3- Gomme quantique à choix retardé

Mettons devant tout l’écran, contre cet écran, une grande feuille qui est unpolariseur rectiligne qui polarise dans la direction A. Là où le déphasage des deuxondes polarisées circulairement est tel que la somme vectorielle des deux champsélectriques est portée par la première bissectrice, on aura une forte intensité. Maislà où le déphasage des deux ondes fait que la somme vectorielle des deux champsélectriques tournants est portée par la deuxième bissectrice, l’intensité aprèstraversée du polariseur sera nulle. On revoit donc apparaître les interférences.

Interprétons quantiquement ce qui se passe : le photon est passé par les deuxfentes, puisqu’il y a des interférences. S’il y a une très grande distance entre lesfentes et l’écran, quand le photon passe les fentes, il n’y a pas encore le polariseurdevant l’écran. On décide ou non de le mettre, suivant notre libre arbitre, aprèsque le photon ait traversé les fentes. Donc le photon sait qu’on va le mettre,car il passe par les deux fentes. Il y a donc action du présent (quand on metle polariseur) sur le passé (quand le photon traverse les fentes). Mais on peutdire aussi que le polariseur a gommé l’information qui était : par quelle fente estpassé le photon.

Depuis le présent, on peut donc modifier le passé.

Soit le temps est alors une illusion, soit la physique ne peut pas parler de laréalité en dehors ponctuellement d’une mesure lors d’une interaction. On arrivealors donc à l’une ou à l’autre des deux conclusions de Carlo Rovelli (lui fait

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les deux !). Soit les photons n’existent pas en dehors de leurs détections, soit letemps est une illusion. Donc soit on n’est pas réaliste, mais si on l’est, le tempsest une illusion.

4- Influence du futur sur le passé

C’est là que les choses vont devenir remarquables. On produit deux photonsintriqués quantiquement par le processus de conversion paramétrique descen-dante spontanée (spontaneous parametric down conversion). On produit deuxphotons, dont l’un a une polarisation rectiligne suivant H, et l’autre suivantV , mais on ne sait pas lequel des deux est suivant H. Et ce n’est pas qu’onne connait pas cette information, mais qu’elle n’existe pas. La vérification del’inégalité de Bell montre qu’il n’y a pas de variables cachées en mécaniquequantique, et que lors d’une mesure sur un des photons, le fait de trouver pourla polarisation H ou V est un phénomène aléatoire sans cause. Mais bien sûr, sion trouve H pour un photon, on trouvera V sur l’autre.

On suppose, ce qui n’est pas vrai dans la réalité, mais ne pose pas de pro-blème pour la discussion de l’expérience, que le photon qui donnera lieu à lafigure d’interférence se propage dans une direction vers la droite en allant versle système des fentes, et que l’autre photon se déplace dans la même direction,mais en sens inverse vers la gauche. On suppose alors que le photon qui va versla droite touche l’écran un an avant que le photon qui va vers la gauche soit dé-tecté. Mais on met un compteur à coïncidences où les deux capteurs sont reliéspar des fils électriques, et on est capable de savoir que les deux photons faisaientbien partie de la même paire intriquée.

On décide, et on a un an pour le décider, si le détecteur du photon de gaucheest à une année lumière de l’interféromètre, si on met le polariseur rectiligne quiva polariser le photon de gauche suivant A ou B, ou si on détecte le photon degauche sans mettre de polariseur. Ce que l’on constate est que lorsqu’on associe,grâce à un détecteur de coïncidence, les détections des photons de droite avecles détections des photons de gauche qu’on a polarisés rectilignement suivant A,on a une figure d’interférence. On a une figure d’interférence décalée d’une demilonguer d’onde si on polarise suivant B, et on n’a pas de figure d’interférence sion détecte le photon de gauche sans le polariser.

Cela veut dire que le futur peut influencer le passé. En effet, l’action de choisirde mettre le polariseur ou non dans un an, modifie la position de l’impact surl’écran du photon de droite un an avant. Donc le futur influence le passé, et lesmêmes conclusions sur la disparition du temps ou sur l’absence de réalité qu’auparagraphe précédent en découlent.

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5- Résolution du paradoxe

On résout le paradoxe dans ce pararagraphe. Le procédé mathématique seraitle même pour la résolution du paradoxe du paragraphe d’avant. Nous allons voirque la réalité existe bien, que le présent ne peut pas influencer le passé, et quele futur ne peut pas influencer le passé. C’est juste que le comportement desparticules intriquées en mécanique quantique est un peu bizarre selon notre senscommun, et que la décohérence d’un système quantique intriqué peut n’être quepartielle. De plus, en fait, le photon passe toujours par les deux fentes.

Les indices d et g indiquent s’il s’agit du photon de droite ou du photonde gauche, et H et V désignent l’état de polarisation rectiligne. Au départ,l’état quantique intriqué du système des deux photons peut être pris, pour undéphasage adéquat des deux photons, sous la forme :

|Ψ >=1√2

(|H >d ⊗|V >g −|V >d ⊗|H >g)

Dans la suite, les indices 1 et 2 indiquent si le photon passe par la fente degauche (1) ou de droite (2).

|ψ1 >=1√2

(|ψ1H > ⊗|V >g −|ψ1V > ⊗|H >g)

|ψ2 >=1√2

(|ψ2H > ⊗|V >g −|ψ2V > ⊗|H >g)

ψ1H signifie : fonction d’onde du photon ayant passé par la fente 1 (fente degauche en regardant la lumière qui arrive), et de polarisation rectiligne parallèleà l’axe horizontal H. |V >g signifie état quantique du photon de gauche polarisérectilignement verticalement.

Les deux états quantiques |H > et |V > sont orthogonaux ; donc |V > g • |H >g= 0.

‖Ψ(x)‖2 = ‖ < x| (|ψ1 > +|ψ2 >) ‖2 =1

2‖ (< x|ψ1H > + < x|ψ2H >) |V >g

− (< x|ψ1V > + < x|ψ2V >) |H >g ‖2

=1

2‖ [ψ1H(x) + ψ2H(x)] |V >g − [ψ1V (x) + ψ2V (x)] |H >g ‖2

=1

2

[‖ψ1H(x) + ψ2H(x)‖2 + ‖ψ1V (x) + ψ2V (x)‖2

]= ‖ψ1(x)+ψ2(x)‖2 ⇒ interférences

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Regardons ce qui se passe quand on met les lames quart d’ondes.

On a pour l’indice i = 1 ou i = 2, A et B désignant les états de polarisationsrectilignes suivant la première et la seconde bissectrice :

|ψiH >=1√2

(|ψiA > −|ψiB >) |ψiV >=1√2

(|ψiA > +|ψiB >)

|H >g=1√2

(|A > −|B >) |V >g=1√2

(|A > +|B >)

Le signe ∝ signifiant proportionnel à, on a :

|ψ1 > +|ψ2 >∝ (|ψ1A > −|ψ1B >)⊗(|A > +|B >)−(|ψ1A > +|ψ1B >)⊗(|A > −|B >)

+ (|ψ2A > −|ψ2B >)⊗(|A > +|B >)−(|ψ2A > +|ψ2B >)⊗(|A > −|B >)

Après le passage par les lames quart d’ondes qu’on peut mettre juste derrièreles fentes, plutôt que juste devant, on a, avec i2 = −1, l’état quantique :

i|ψ1A > ⊗|A > +i|ψ1A > ⊗|B > − |ψ1B > ⊗|A >− |ψ1B > ⊗|B >

−i|ψ1A > ⊗|A > +i|ψ1A > ⊗|B > − |ψ1B > ⊗|A >+ |ψ1B > ⊗|B >

|ψ2A > ⊗|A > + |ψ2A > ⊗|B > −i|ψ2B > ⊗|A >− i|ψ2B > ⊗|B >

−|ψ2A > ⊗|A > + |ψ2A > ⊗|B > −i|ψ2B > ⊗|A >+ i|ψ2B > ⊗|B >

Juste avant l’impact sur l’écran du photon de droite, et avant la détection duphoton de gauche, l’ensemble des deux photons est dans l’état quantique :

∝< x| [(i|ψ1A > +|ψ2A >) ⊗ |B > − (|ψ1B > +i|ψ2B >) ⊗ |A >]

=[

ψ1A(ϕ+π

2, x) + ψ2A(ϕ, x)

]

|B > −[

ψ1B(ϕ, x) + ψ2B(ϕ+π

2, x)

]

|A >

On voit donc que de toute façon, le photon passe par les deux fentes.Il y a alors trois interprétations différentes de cette formule, suivant le dispo-

sitif expérimental :

Première interprétation : on ne détecte jamais le photon de gauche

On a |A > •|B >= 0. Donc :

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‖[

ψ1A(ϕ+π

2, x) + ψ2A(ϕ, x)

]

|B > −[

ψ1B(ϕ, x) + ψ2B(ϕ+π

2, x)

]

|A > ‖2

= ‖ψ1A(ϕ+π

2, x)+ψ2A(ϕ, x)‖2+‖ψ1B(ϕ, x)+ψ2B(ϕ+

π

2, x)‖2 = 1+ cos δ+1− cos δ ∝ 1

et il n’y a pas d’interférences, bien que le photon soit passé par les deux trous.

Deuxième interprétation : on détecte le photon de gauche avant lephoton de droite

Si on détecte le photon de gauche dans l’état |B >, alors avant l’impact, lafonction d’onde du photon de droite se projette sur l’état

ψ1A(ϕ+π

2, x) + ψ2A(ϕ, x)

Si le détecteur de coïncidences repère bien l’impact sur l’écran du photoncorrélé avec le photon de gauche détecté à distance avec la polarisation indiquée,on voit qu’il se positionne sur l’écran, sur la figure d’interférence décrite par cetteformule.

La frange centrale est décalée d’un quart de longueur d’onde vers la droite,pour compenser l’avance de phase de un quart de longueur d’onde de l’ondepassant par la fente 1.

Si on détecte le photon de gauche dans l’état |A >, alors juste avant l’impact,de la même manière, le photon de droite est dans l’état

ψ1B(ϕ, x) + ψ2B(ϕ+π

2, x)

le système des franges est cette fois-ci décalé vers la gauche d’un quart de lon-gueur d’onde. On dit qu’on a des antifranges.

Troisième interprétation : l’impact sur l’écran du photon de droitea lieu avant la détection du photon de gauche

Pour un impact à la position x, la probabilité que plus tard le photon degauche soit détecté avec la polarisation |B > est alors proportionnelle à :

‖ψ1A(ϕ+π

2, x) + ψ2A(ϕ, x)‖2

tandis que la probabilité qu’il soit détecté dans la polarisation |A > est propor-tionnelle à :

‖ψ1B(ϕ, x) + ψ2B(ϕ+π

2, x)‖2

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Dans la base {|A > |B >}, l’opérateur densité du photon de gauche est alors :

‖ψ1B(ϕ, x) + ψ2B(ϕ+ π2, x)‖2 0

0 ‖ψ1A(ϕ+ π2, x) + ψ2A(ϕ, x)‖2

Pour ce photon, il y a donc une décohérence partielle de polarisation provoquéepar l’impact en x du photon de droite et transmise instantanément à distancepar l’intrication quantique. Cette décohérence est totale sur l’état |A > ou l’état|B > suivant que x est tel que le premier ou le deuxième terme diagonal del’opérateur densité soit nul. Dans un tel cas, l’impact du photon de droite surl’écran, polarise totalement et instantanément le photon de gauche.

Colorons alors en bleu par exemple, les impacts de photons sur l’écran détectésen coïncidences avec ultérieurement le photon de gauche détecté polarisé suivant|B >. Ils seront répartis, à cause de la loi de probabilité définie par l’opérateurdensité, suivant le système de franges définis par :

‖ψ1A(ϕ+π

2, x) + ψ2A(ϕ, x)‖2

en effet, lorsque la fonction ci-dessus vaut par exemple 0, cette probabilité estnulle, l’état quantique du photon de gauche étant alors avec certitude |A >. Onne pourra jamais détecter un photon de gauche dans l’état quantique |B >, etle détecteur ne détectera aucune coïncidence, et il n’y aura aucun impact coloréen bleu à cet endroit. Réciproquement, si cette fonction de x est maximale, lephoton est dans le pur état quantique |B >, et il y aura un très grand nombred’impacts colorés en bleu avec des détections de photons gauches avec cettepolarisation. Le nombre de coïncidences détectées, suivant la valeur de x, estdonc bien décrit par cette fonction.

On aurait exactement la même discussion avec les antifranges colorées enrouge par exemple, avec la détection du photon de gauche dans l’état |A >.

La figure à la page suivante résume les différentes solutions.

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En conclusion, le paradoxe est résolu, l’option réaliste est possible, le tempsexiste et il n’y a pas de rétroaction du futur sur le passé.

Pas de détection du photon de gauche

Franges

Antifranges

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IX‐ D’autres manifestations du positivisme 

1‐ Ludwik Fleck 

 Thomas Kuhn avec sa théorie des paradigmes, s’est inspiré de Ludwik Fleck. Fleck fit des 

études  de médecine  et  fut  particulièrement  un  bactériologiste.  Il  publia  son  livre  en 

allemand  en  1935.  Il  est  traduit  en  français  chez Champs  sciences,  Flammarion  2008 : 

Genèse et développement d’un fait scientifique. 

Il développe le concept de collectif de pensée. Ainsi il dit page 52 : 

De  la même manière,  nous  ne  pouvons  décider,  pour  ce  qui  concerne  d’autres  idées 

originelles, par exemple  la pré‐idée grecque d’atome ou  la pré‐idée d’élément,  si elles 

furent, à  leur époque,  justes ou fausses, car elles correspondent à d’autres collectifs de 

pensée, à d’autres styles de pensée. Elles ne sont pas adaptées aux pensées scientifiques 

d’aujourd’hui, tandis que pour leurs créateurs elles étaient, à n’en pas douter, justes. 

Remarquons déjà, pour dévaloriser les Grecs, l’utilisation du mot pré‐idée qui n’existe pas 

dans  le  dictionnaire.  Cet  emploi  systématique  de  mots  dévalorisants  pour  parler 

d’opinions  de  gens  avec  lesquels  on  n’est  pas  d’accord  est  abondamment  utilisé  en 

politique à  l’heure actuelle, et place  l’auteur de ces propos en dehors du champ de  la 

pensée rationnelle comme l’a bien vu Karl Popper. 

D’autre part  il est affirmé qu’on ne peut pas  trancher à notre époque, sur  le caractère 

vrai ou  faux de cette  idée grecque d’atome, car elle correspond à un autre collectif de 

pensée. Même si  les Grecs ne  firent pas d’expériences pour valider expérimentalement 

leur  idée d’atome. Il s’agit bien pour  le physicien d’une  idée vraie et géniale. Cette  idée 

fut reprise par Newton. Citons le encore ici : 

Toutes ces Choses étant considérées, il me semble probable que Dieu au commencement 

forma la Matière avec des Particules solides, massives, dures, impénétrables et mobiles, 

de telles Tailles et Formes, et avec d’autres Propriétés, et avec une telle Proportion avec 

l’Espace,  pour  arriver  aux  Fins  pour  lesquelles  Il  les  forma ;  et  que  ces  Particules 

primitives  étant  Solides  et  incomparablement  plus  dures  que  n’importe  quel  Corps 

poreux composé de ces particules ; même si dures, qu’elles ne peuvent se déformer où 

se briser en Morceaux ; aucun Pouvoir ordinaire ne pouvant diviser ce que Dieu lui‐même 

fit en premier lors de la Création… Et ainsi, que la Nature peut durer, le Changement des 

Choses ordinaires étant causé uniquement par des Séparations et nouvelles Associations 

et Mouvements de ces particules permanentes. 

Et  le  concept  d’atome  est  bien  apparu  pour  résoudre  le  paradoxe  et  la  contradiction 

relevés par le grec Héraclite, du changement et de la persistance. Comment expliquer en 

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effet, que des substances, comme  l’eau par exemple,  restent  identiques à elles‐mêmes 

quels que soient les traitements subis, alors qu’en particulier, les substances organiques 

se  dégradent. Mais  par  contre,  les  espèces  vivantes,  gardent  leurs  formes, malgré  de 

lents  changements  évolutifs,  au  fil  des  générations.  Le  concept  d’atome  à  nombre  de 

degrés  de  liberté  fini,  résout  également  le  paradoxe  de  Boltzmann.  En  effet,  avec  le 

théorème d’équipartition de  l’énergie qui affecte    kB T pour  chaque degré de  liberté, 

pour  avoir  une  capacité  thermique  finie,  il  faut  un  nombre  fini  de  degrés  de  liberté 

excitable, donc en particulier un atome indéformable à basse énergie. 

Cette théorie des Grecs Démocrite et Épicure est reprise (début du livre deuxième) dans 

le  livre De  la Nature  (De Natura Rerum) du poète et philosophe  romain Lucrèce  (98‐55 

avant Jésus Christ), où on voit d’ailleurs un lien avec l’expérience apparaître : 

Si  tu penses que  les atomes, principes des choses, peuvent  trouver  le  repos et dans ce 

repos engendrer toujours de nouveaux mouvements, tu te trompes et t’égares loin de la 

vérité.  Puisqu’ils  errent  dans  le  vide,  il  faut  qu’ils  soient  tous  emportés,  soit  par  leur 

pesanteur propre, soit par le choc d’un autre corps. Car s’il leur arrive dans leur agitation 

de  se  rencontrer avec  choc, aussitôt  ils  rebondissent en  sens opposés :  ce qui n’a  rien 

d’étonnant puisqu’ils sont corps  très durs, pesants, denses, et que  rien derrière eux ne 

les arrête. 

Ce  que  veut  dire  ici  Lucrèce,  c’est  que  pour  des  particules  pesantes  dans  le  vide,  le 

mouvement est une nécessité logique. Cela me fait penser à une question d’un enfant de 

CM2 : Pourquoi  tout  l’air ne  tombe‐t‐il pas par  terre ? On  voit donc que  ce que  Fleck 

nomme pré‐idée ni vraie ni fausse est donc déjà une théorie complète et cohérente qui 

implique logiquement l’agitation thermique ! Quel mépris pour ces géniaux anciens ! 

Une autre raison d’observer attentivement les corpuscules qui s’agitent en désordre dans 

un  rayon  de  soleil,  c’est  qu’une  telle  agitation  nous  révèle  les mouvements  invisibles 

auxquels sont entraînés  les éléments de  la matière. Car souvent tu verras beaucoup de 

ces  poussières,  sous  l’impulsion  sans  doute  de  chocs  imperceptibles,  changer  de 

direction, rebrousser chemin, tantôt à droite, tantôt à gauche et dans tous  les sens. Or, 

leur mobilité tient évidemment à celle de leurs principes 

Il s’agit  là d’un raisonnement tout à fait  identique à celui correspondant au mouvement 

Brownien,  où  des  grains  de  pollens  vus  au microscope,  sont  animés  d’un mouvement 

incessant par le choc des molécules. Même si le mouvement réel des poussières est plus 

dû  aux mouvements  de  convection,  l’idée  est  totalement  géniale,  d’autant  plus  qu’au 

bout  du  compte,  la  convection  est  associée  à  la  température,  donc  à  l’agitation 

thermique des molécules. 

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Pour revenir à ce que dit Fleck et qui est faux, les Grecs ont vu juste. Mais cette théorie 

positiviste du concept de collectif de pensée, met définitivement à  l’abri un groupe de 

pensée, d’une critique venant de l’extérieur de ce groupe, donc ne faisant pas partie du 

collectif de pensée. Cette conception fausse de la science mène à une dérive sectaire de 

la pensée en se plaçant définitivement à l’abri d’une pensée critique venant de l’extérieur 

du groupe. 

On peut citer aussi page 43 du  livre de Fleck ou, suite à un texte disant que  les erreurs 

passées  sont  importantes,  Fleck  dit  à  quelqu’un  qui  pense  que  ces  erreurs  sont 

surmontables  et qu’elles ne sont d’aucunes importances : 

À celui‐là doit être premièrement rétorqué qu’il n’y a vraisemblablement aucune erreur 

qui  soit  totale,  de  même  qu’il  n’existe  pas  de  vérités  sans  lacunes.  Tôt  ou  tard  un 

remaniement de la loi de la conservation de l’énergie se révélera nécessaire. 

Où  il dit  trois  choses  fausses en  trois  lignes. En particulier  c’est en  voulant à  tout prix 

préserver  la  loi  de  la  conservation  de  l’énergie  dans  les  désintégrations  bêta,  que 

Wolfang Pauli en 1930 proposa l’existence du neutrino.  

Citons aussi les stupidités page 44 :  

‐Que nous le voulions ou non, nous ne pouvons parvenir à nous libérer du passé.  

‐La syphilis ne doit pas être définie comme la maladie engendrée par la spiroch pallida. 

 

2‐ La chute de l’Empire romain 

Une des  caractéristiques du positivisme est que  l’on ne  cherche pas à  comprendre  les 

choses, mais simplement à les décrire. On veut tout ramener au formalisme. On est ainsi 

rendu à penser que  le  formalisme  suffit. Tel est  le  cas du néopositivisme du  cercle de 

Vienne qui voulait créer une novlangue automatique dans  laquelle toute métaphysique 

aurait disparu, en contradiction avec les deux théorèmes d’incomplétude de Gödel. 

Il  se  trouve  que  l’économie  se  prête  assez  bien  à  un  codage mathématique,  là  où  la 

psychologie,  la  culture et  la description des  civilisations  sont beaucoup plus difficiles à 

coder  en  langage  mathématique.  Pour  l’évolution  des  sociétés  humaines,  la  dérive 

positiviste est alors de vouloir tout ramener à des causes économiques. 

Prenons  l’exemple de  la chute de  l’Empire romain. Deux explications antinomiques sont 

possibles :  une  explication  positiviste  purement  économique,  donc  une  cause  interne. 

L’Empire  romain serait devenu  trop grand compte  tenu des  ressources énergétiques et 

des moyens de communication et se serait effondré de lui‐même. L’arrivée des barbares 

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étant  accessoire  et  pacifique.  L’autre  explication  fait  appel  à  des  causes  externes. 

L’Empire  romain était parfaitement stable et viable, mais un concours de circonstances 

dans l’évolution des peuples barbares aux frontières rendit leur invasion invincible. 

La cause fut l’arrivée soudaine en Europe centrale dans les années 370 des Huns terrifiant 

ces peuples et les forçant à migrer à l’intérieur de l’Empire romain.  

Cela  étant,  des  siècles  de  commerce  avec  l’Empire  romain  et  de  transfert  de 

technologies,  en  particulier  guerrières,  avaient  profondément  transformé  les  barbares 

aux  frontières,  entraînant  principalement  une  expansion  démographique,  et  une 

structuration  politique  en  entités  plus  vastes  et  plus  coordonnées,  les  rendant  plus 

dangereux pour l’Empire. 

Relatons  donc  la  première  manifestation  de  l’arrivé  des  Huns,  bien  avant  qu’Attila 

n’attaque, dans une invasion massive, directement l’Empire romain au printemps 451, en 

passant par  la Gaule, avec,  selon  Jordanès, 500 000  combattants, pillant et  saccageant 

tout sur  leur chemin. Cela se manifesta en premier en   376 (première vague : 376‐380), 

par  l’arrivée sur  la  rive nord du Danube de 200 000  réfugiés Goths  fuyant  les Huns, en 

deux  groupes  comprenant  chacun  10  000  guerriers  et  demandant  l’asile.  Ils  ne 

s’intégrèrent  jamais  politiquement  à  l’Empire  romain,  gardant  leurs  armes  et  leurs 

structures politiques et culturelles. En complète  rupture avec  la politique habituelle de 

Rome, ils furent ainsi autorisés à entrer sans le moindre contrôle. En fait l’Empire romain 

fut submergé par cette vague massive et  inattendue d’immigrants qu’il ne réussit pas à 

gérer,  la  plus  grande  partie  de  l’armée  étant mobilisée  pour  la  lutte  contre  L’Empire 

Perse  en  orient.  Ces  Goths  se  révoltèrent  et  deux  ans  plus  tard,  tuèrent  l’Empereur 

Valens, celui‐là même qui les avait reçus, à la bataille d’Andrinople.  Ils furent finalement 

placés pendant une période de reconquête romaine, par l’empereur Constantius, en 418, 

entre Toulouse et Bordeaux,  le  long de  la Garonne, et devinrent  les Wisigoths. D’autres 

invasions d’immigrants, dans une deuxième vague en 405‐408, dont les Vandales, fuyants 

les Huns,  allaient mener  à  l’effondrement  de  L’Empire  romain  cent  ans  plus  tard  le  4 

septembre 476. 

Ce qui distingue la première théorie de la seconde, est que la seconde est une histoire de 

violence, de pillages, de destructions et de meurtre de populations entières. 

La  première  théorie  est  par  exemple  défendue  par  Joseph  A.  Tainter  dans  son  livre 

L’effondrement des sociétés complexes. La seconde est défendue par Peter Heather dans 

son  livre  The  fall of  the Roman  Empire A new History  Pan Books  2005. Ce  livre  a  été 

traduit  en  français  le  5  octobre  2017  sous  le  titre :  ROME  et  les  BARBARES  Histoire 

nouvelle de la chute de l’Empire, Alma Éditeur.  

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Joseph A. Tainter   est anthropologue. Peter Heather est historien.  Il est professeur au 

King’s college de Londres et a été professeur à Oxford. L’histoire est une discipline ardue, 

c’est  une  affaire  de  professionnels.  Je  fais  donc  plus  confiance  à  Heather. Mais  sur 

Internet, on trouve beaucoup plus de fiches de  lectures et de publicités pour  le  livre de 

Tainter plus politiquement correct. 

 

3‐ Un exemple de médicament, la théophylline 

De par  son origine  gnostique,  le positivisme est manichéen,  c’est‐à‐dire qu’il pose des 

jugements péremptoires sur tout sans aucune nuance. Il y a le bien et le mal. En science, 

un  positiviste  affirme  que  la  science  étant  une  production  humaine  n’amène  aucune 

vérité. 

On retrouve ces jugements sans nuances pour les médicaments. La théophylline est une 

substance  naturelle  qu’on  trouve  dans  le  thé.  C’est  un  très  bon médicament  contre 

l’asthme. Ainsi, Proust soignait son asthme en buvant beaucoup de thé. 

Pour  les asthmes  légers,  l’effet commence dès 50 mg de  théophylline par  jour.  Il n’y a 

aucune accoutumance. On peut aller jusqu’à 400 mg de théophylline par jour sans aucun 

risque. Au‐delà,  il  faut doser  la  théophylline,  car une  trop  forte  concentration  dans  le 

sang donne de  la  tachycardie pouvant aller  jusqu’à un arrêt cardiaque. La  théophylline 

est un psychostimulant léger, comme la caféine. D’ailleurs, ces deux molécules sont très 

voisines. Ce sont des bases xanthiques. 

J’ai connu un enfant, qui  faisait des bronchites asthmatiformes avec de la toux nocturne.  

Cette toux était stoppée définitivement en une demi‐heure avec 50 mg de théophylline.  

Même  pour  les  asthmes  plus    graves  nécessitant  des médicaments  plus  puissants,  la 

théophylline est une aide en complément. Et pourtant  il est  très difficile de  trouver un 

médecin qui accepte de prescrire ce médicament qui est devenu sous ordonnance depuis 

quelques  années.  Il  est  à  craindre  que  cet  excellent  médicament  disparaisse  de  la 

pharmacopée. 

Citons Bernard Debré qui dans son  livre Guide des 4000 médicaments, fabriqué à  la va‐

vite,  écrit  sur  la  théophylline :  …  la  dose  thérapeutique  est  très  proche  de  la  dose 

toxique…elle n’a plus sa place aujourd’hui. 

Alors qu’il y a un facteur 10 entre le début de la dose thérapeutique, et la dose qui peut 

commencer  à  devenir  toxique  et  qui  demande  une  surveillance.  Heureusement,  les 

auteurs ont été sanctionnés par l’ordre des médecins pour les nombreuses bêtises écrites 

dans ce livre. 

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4‐ La Nature humaine 

On reconnaît tout de suite un positiviste par  le  fait qu’il dit que  la science ne découvre 

pas de vérités. Mais on  le  reconnaît également aussitôt, quand  il dit qu’il n’y a pas de 

nature humaine. 

Cette  affirmation  est  nécessaire  par  exemple,  pour  pouvoir  décider  de  fabriquer 

industriellement des enfants sans pères.  

L’humain  ne  serait  ainsi  pas  un  animal  comme  les  autres.  Il  aurait  définitivement 

surmonté  le  déterminisme  biologique  et  génétique  pour  le  fonctionnement  de  son 

cerveau  qui  ne  serait  pas  un  organe  comme  les  autres.  Il  aurait  ainsi  atteint  un  libre 

arbitre absolu dans le choix de sa vie et des conditions qui le rendent épanoui et heureux. 

Il s’agit d’un créationnisme mental ou néocréationnisme. L’homme aurait évolué depuis 

les  premiers  primates  jusqu’à  obtenir  un  saut  qualitatif,  où  le  fonctionnement  de  son 

cerveau serait totalement dégagé des contingences matérielles qu’il  l’ont fait naître par 

l’évolution.  Il n’y aurait aucun déterminisme biologique ni génétique dans les modes de 

vie qui rendent heureux, épanoui, qui facilitent l’apprentissage, manuel et intellectuel.  

Citons le primatologue Franz de Waal : 

« …notre esprit est si original qu’il est absurde de le comparer à d’autres… » 

« Cette idée est née de la conviction qu’un évènement majeur a dû survenir après notre 

séparation  d’avec  les  singes :  un  changement miraculeux  opéré  ces  quelques  derniers 

millions  d’années,  si  ce  n’est  plus  récemment  encore.  À  l’évidence,  aucun  savant 

contemporain n’osera parler d’étincelle divine, et encore moins de création, mais difficile 

de nier l’assise religieuse de cette position. » 

Mais on voit apparaître cette conviction permettant de façonner les hommes comme on 

le désir et suivant l’intérêt du jour, dans un régime totalitaire, dès Auguste Comte. Citons 

le  une  nouvelle  fois,  page  80,  Auguste  Comte  Traité  philosophique  d’Astronomie 

Populaire paru en 1844. Fayard 1985. Discours préliminaire sur l’esprit positif. 

«Pour  l’esprit  positif,  l’homme  proprement  dit  n’existe  pas,  il  ne  peut  exister  que 

l’humanité, puisque tout notre développement est dû à la société, sous quelque rapport 

qu’on l’envisage.» 

On peut se poser la question de l’effondrement d’un communisme où tous les moyens de 

production et toutes les activités humaines sont organisés par l’état, parce que cela serait 

contraire à la nature humaine.  

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5‐ Les positivistes et les débats 

Pour le positiviste, il n’y a de vérité que sociologique. D’ailleurs, pour Auguste Comte, la 

première et la reine des sciences qui domine toutes les autres est la sociologie. 

Pour le positiviste, tout émerge donc des relations sociales, en particulier la vérité, même 

si pour  lui, elle  reste  toujours partielle et  relative. Elle n’est  jamais découverte par une 

personne seule. Pour  le positiviste historien des sciences, ou philosophe des sciences,  il 

est donc fondamental de détruire par la propagande dans les revues scientifiques, l’idée 

du génie solitaire. Et pourtant,  le meilleur exemple en est Albert Einstein qui découvrit 

tout  seul  la  théorie  de  la  Relativité  générale  de  1905  à  1915,  en  dehors  de  tout  fait 

d’expérience et de toute aide, à part celle du mathématicien Marcel Grossmann son ami 

qu’il l’aida pour les connaissances mathématiques nécessaires. 

Un grand nombre de personnes qui échangent une  foule d’idées  sur une multitude de 

points de détails  feront, dans cette conception, émerger de grands principes de vérités 

théoriques. Ces grands principes émergent  spontanément, d’une manière  inconsciente 

pour  les participants,  le tout étant qualitativement différent de  la partie, sans qu’il soit 

besoin à aucun moment d’élaborer ou d’utiliser une théorie préalable. 

On retrouve cette  idée fausse en pédagogie, que  le savoir émerge spontanément d’une 

activité aléatoire, sans qu’il soit nécessaire qu’une théorie construite soit préalablement 

donnée magistralement.  Ainsi  un  enfant  qui  barbote  pendant  des  heures  dans  l’eau 

apprendra spontanément à nager. L’expérience prouve le contraire. 

Mais en fait, la raison profonde inconsciente de ces débats n’est pas d’obtenir la vérité. Il 

s’agit de la version humaine des toilettages mutuels des grands singes pour se réconcilier 

après  une  bagarre.  C’est  le mâle  ou  la  femelle  alpha  qui  organise  spontanément  ces 

débats. 

Comme quoi, plus on nie l’existence de la nature humaine, plus elle se rappelle à nous ! 

 

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