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N°20 décembre 2013 J’AI PLIÉ LA LANGUE FRANÇAISE À MON VOULOIR-DIRE Aimé Césaire

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N°20 décembre 2013

J’ai plié

la langue française

à mon vouloir-dire

Aimé Césaire

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� décembre 2013 / Francophonie 3�2���Francophonie /décembre 2013��

Sommaire N°20 DECEMBRE 2014

édito

16octavio KulesZ L’édition

numérique

17auf/institut français du libanPrix littéraire régional

11déborah grosEnseigner avec RFI

P.12 rémi bachelet Le MOOC de LilleP.13 olivier rogeZ Deux compagnons de radioP.14 vicKy sommet le cinéma francophone à l’honneurP.15 gilles Kraemer Omar Le-Chéri0

L’objectif principal de RFI et France 24, sans oublier Monte Carlo Doualiya, est de délivrer une information au plus près des faits et donner la parole à tous les protagonistes dans une recherche d’impartialité. En outre, ces trois médias donnent à écouter, regarder, comprendre et partager, partout dans le monde, des valeurs universelles

qui sont aussi celles de la France et auxquelles ils sont très attachés.

Marie-Christine Saragosse, vous êtes Présidente-directrice générale de France Médias Monde, si hier, on évoquait la « voix » de la France en parlant de RFI, aujourd’hui ces médias expriment le regard contemporain de la France sur le monde en mouvement. Mais de quelle manière ? L’appellation de « voix de la France » a toujours été controversée car elle peut laisser entendre que RFI serait la voix des pouvoirs publics français. Or, comme le précise notre cahier des charges, pas plus RFI que France 24 ou Monte Carlo Doualiya « ne sont l’émanation des gouvernements français ». Cette indépendance éditoriale des médias publics français, tout particulièrement à l’international, est capital pour leur crédibilité. C’est d’ailleurs une première façon d’exprimer un regard français que d’affirmer cette indépendance, cette liberté d’infor-mer et d’être informé avec impartialité, en allant au plus près des faits, en donnant la parole à tous, pour nos auditeurs et téléspectateurs. La liberté d’informer ne va pas encore de soi dans de nombreuses zones

du monde et elle peut régresser en fonction des événements. En outre, ce n’est pas un hasard si la nouvelle signature de RFI revendique qu’elle est la radio « des voix du monde ». RFI compte 12 rédactions linguistiques en plus du français et accueille sur ses antennes les questions et les analyses d’auditeurs de très nombreux pays qui offrent à la langue française tous ses accents.

La diversité des origines et des cultures est, en effet, une autre caractéristique du regard français que nous portons sur le monde. 66 nationalités cohabitent dans France Médias Monde et 14 langues de diffusion au total. Les regards croisés, le débat, la confrontation des points de vue sous-tendent nos lignes éditoriales. Derrière le mot diver-sité c’est au fond celui d’altérité que l’on trouve. Le respect de l’autre, notre égal, guide notre traitement de l’actualité et notre curiosité pour les êtres humains partout dans le monde. Mettre l’humain au cœur de nos programmes est notre objectif. L’altérité passe évidemment par l’égalité des femmes et des hommes, encore bien loin d’être une réalité dans la plupart des pays où nous diffusons. La liberté et l’égalité, des valeurs universelles chères à la République française, ont inspiré la nouvelle signature de France 24 : liberté, égalité, actualité. Et si nous avons « caché » le troisième terme, c’est qu’être au plus près des faits, rendre compte de la marche du monde, c’est au fond notre façon d’être « fraternels » pour nos téléspectateurs.Une autre valeur, insuffisamment comprise hors de nos frontières, est

présente dans notre appréhension des événements qui bousculent le monde : la laïcité. C’est à dire la neutralité de l’Etat à l’égard des confessions religieuses ou de l’absence de confession, la séparation des convictions privées et de la sphère publique de la société, qui du même coup est distincte d’une simple somme de communautés. Cette vision universaliste et laïque du monde, est un signe distinctif fort de nos médias, en particulier en langue arabe. Monte Carlo Doualiya revendique ainsi d’être « sur la même longueur d’onde » que ses audi-teurs arabophones épris de liberté, d’égalité et d’universalité.

La langue française est le vecteur le plus ancien utilisé pour parler au monde. S’y sont ajoutées progressivement d’autres grandes langues et des langues vernaculaires. A l’heure du multilinguisme, ces médias conservent-ils une identité française, vu de l’étranger ? La langue est la matrice de notre culture, de notre pensée, de nos créations et ne peut se résumer à un simple outil de communication. Comment peut-on conserver une identité française en s’exprimant en anglais ou en arabe, en swaheli ou en russe ? Précisément grâce à cette dimension matricielle de la langue ! Certes, traduire laïcité en arabe ou en anglais n’est pas chose aisée mais l’idée est transposable, explicable. Les 1700 personnes qui travaillent à créer 3 chaînes de télévision, 42 départs d’antenne pour RFI, une radio présente dans tout le monde arabe pour MCD, sont majoritairement français mais ont souvent une double nationalité, ou encore sont d’une autre nationalité mais vivent en France. Ils sont des hommes et des femmes-ponts entre ici et ailleurs. C’est ainsi qu’ils intègrent dans leur approche de l’actualité mais aussi de la culture, du sport, de la musique ou des sciences, ce « je ne sais quoi » français qui singularise nos médias et retient l’attention de notre public, y compris sur les nouveaux médias où le succès des langues étrangères du groupe va croissant.

Par ailleurs, la langue française continue à être dominante dans nos médias et est le ciment qui permet de communiquer au sein du groupe. La langue française permet de toucher des personnes dont c’est la langue d’origine, choisie ou adoptée, que l’on s’adresse à des citoyens francophones, des expatriés, des couples mixtes ou à celles et ceux qui ont choisi le français pour s’exprimer dans un cadre professionnel, scolaire, universitaire ou de recherches. Elle est aussi langue de communication sur une grande partie du continent africain y compris dans le Maghreb. Le français est une langue officielle, reconnue dans les instances internationales comme l’ONU, l’UE, l’OIF, l’Union africaine ou le Conseil de l’Europe.

Enfin, ce multilinguisme du groupe est un atout pour l’apprentissage du français qui est une mission essentielle de RFI en particulier. Nous pouvons nous adresser aux apprenants dans leur langue maternelle, notamment en langues africaines, et les conduire en douceur vers la langue française même s’ils sont totalement débutants : le site langue française de RFI va d’ailleurs être totalement rénové en 2014.

Entretien V.S/ Marie-Christine SaragoSSE

FRANCE MEDIAS MONDE

Ce texte, écrit avant leur assassinat, est dédié aux deux reporters de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, qui ont payé de leur vie la recherche d’une information vérifiée, indépendante et libre.

P. 2 marie-christine saragosse France Médias MondeP.4 nathalie loiseau L’ENA, une école internationaleP.5 olga turcan Une doctorante moldaveP.6 muriel mayette-holtZ La Comédie Française à l’étrangerP.7 victor saudan Le Réseau francophoneP.8 stéphanie antoine Un architecte à France 24P.9 yvan amar Le « Montmartre » de CopenhagueP.10 yves duteil « Avoir et être »

P.18 caroline mraZ « En avant »P.19 la francophonie en brefP.20 « ça va mieux en le disant ! »

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� décembre 2013 / Francophonie 5�

L'ENA, DES FORMATIONS, UNE EXPERTISE, EUROPENNES ET INTERNATIONALES EN ADMINISTRATION PUBLIQUE madame nathalie loiseau, vous dirigez l'ecole nationale d'administration, l'ena, chargée de former les élites de demain. or vous souhaitez amplifier leur forma-tion à l'international et ce, dans tous les domaines. est-ce pour ouvrir le regard de vos étudiants sur les problèmes du monde ou sur les solutions que chaque pays a été en mesure de leur apporter ?Il n'y a plus aujourd'hui une seule politique publique nationale qui puisse êre conçue et mise en œuvre sans connaître le contexte européen et international dans lequel elle s'inscrit. Les questions de démographie, d'en-vironnement, de santé, d'énergie ou de lutte contre la criminalité ont toutes des dimensions internationales fortes et constituent des enjeux globaux. Il est indispensable que les futurs hauts fonctionnaires soient sensibilisés

� decembre 2013 / Francophonie 5�

LE FRANÇAIS, UNE LANGUE QUI M’EMPORTE !

Ma passion pour le français remonte à l’école où c’était la seule langue étrangère ensei-gnée, à côté du roumain ma langue mater-nelle, et du russe, la langue commune des pays soviétiques, dont la Moldavie. Pendant les vacances scolaires, je l’étudiais en auto-

didacte à partir du premier manuel moldave de français intensif pour les roumanophones paru en 1992. C’est ainsi que mon attirance pour cette belle langue m’a orientée vers son étude approfondie où la rigueur et le plaisir d’apprendre s’entremêlaient. Ensuite, j’ai continué mes études à l’Univer-sité de Cahul, spécialité Langue et littérature françaises. Puis j’y ai travaillé comme professeure de français et envisagé alors de poursuivre mes études en France. Grâce à une bourse d’un an du Gouvernement français, j’ai intégré la première promotion d’un Master nouvellement créé Plurilinguisme européen et interculturalité. Je dois préciser que tout ceci se vit au quotidien dans les amphithéâtres, à la cafétéria de l’université (20% des étudiants de l'Université de Strasbourg sont étrangers, représentant près de 150 natio-nalités), dans les rues, aux réunions et débats sur les langues au Conseil de l’Europe. A la fin de l’année, j’ai présenté un mémoire de recherche La promotion de la francophonie par la coopération décentralisée franco-moldave. La bonne appréciation du jury m’a dirigée vers une thèse de doctorat Le français en Moldavie, avec une codirection de thèse et deux professeurs, l’un de l’université de Strasbourg et l’autre de l’université de Chisinau.Le français est une langue précieuse pour nous, Moldaves. Il a acquis une valeur symbolique qui se rajoute à notre approche esthétique (langue belle, mélodieuse, douce, romantique, etc.). Il a contribué à la préservation de nos racines latines dans la période où l’alphabet latin du roumain a été interdit et

remplacé par l’alphabet cyrillique d’une langue régie par les autorités politiques. Avec la loi de 1989, le passage à l’écriture latine a été facilité par le français qui était appris majoritaire-ment dans les écoles moldaves ; Ecrivez comme en français ! nous disaient les professeurs de roumain. Le français a donc constitué un pont symbolique entre deux périodes historiques marquantes (1918-1940 et après 1989), à l’instar du pont construit par Eiffel qui lie la ville moldave d’Ungheni à la ville roumaine d’Iasi. Actuellement, nous pouvons affirmer que le français et la francophonie représentent pour nous un pont vers l’Europe des 28.

Comme je n’ai pu obtenir de bourse, au moment où la thèse exigeait un temps plein, l’idée du financement participatif, crowdfunding, a surgi. Après plusieurs mois de préparation, le projet Moldova, mon amour a récolté ses fruits. Les contribu-teurs étaient en majorité des Français, enthousiastes à l’idée de soutenir une recherche qui portait sur la langue française. De plus, suite à l’écho du projet dans les médias français, j’ai eu la surprise d’être contactée par l’arrière-arrière-petit-fils de Charles Malgouverné - un Français qui a joué un rôle dans l’enseignement du français à Iasi, alors capitale de la Principauté de Moldavie. Ses écrits traitent des relations entre la France et la Moldavie de 1835 à 1859. A 200 ans d’écart, le vecteur de la langue française est toujours aussi puissant. En soutenant cette thèse en janvier 2014, je souhaite m’inscrire dans l’évolution de la francophonie et particulièrement de la langue française. Cela veut dire m’impliquer dans l’action, aux côtés des acteurs de la francophonie, avec une attention particulière pour le volet de la coopération.

olga TUrCaNDoctorante en Sciences du langage,Université de Strasbourgolga-turcan.eu

à ces enjeux, maîtrisent pleinement la dimension européenne de l'action publique et aient une conscience claire de la façon dont les questions relatives à l'intérêt général sont abordées chez nos principaux partenaires.

vous envisagez de faire appel à des professeurs en provenance de l'étranger.est-il possible de mettre en commun des savoirs sur l'administration publique ou sur les finances de l'etat malgré les différentes politiques qui gouvernent chaque pays ?J'ai souvent l'occasion de participer à des rencontres internationales autour des questions relatives à l'adminis-tration publique. On s'y rend compte qu'au-delà des différences politiques et culturelles, les questionnements sur les contours, les moyens et les

méthodes de l'action publique sont souvent très proches. Et lorsque les solutions retenues sont différentes, il est important de les connaître pour prendre conscience de l'environ-nement international dans lequel la France se situe.

vous affirmez que l'anglais n'est pas une langue étrangère mais un code mondial au même titre qu'internet. et vous ajoutez qu'en s'exprimant en anglais, on ne perdra pas notre identité. Quelle est alors la place de la langue française dans les échanges internationaux, son influence elle estpar exemple langue officielle dans de nombreuses organisations internationales et quel est enfin le rôle qu'elle peut jouer dans l'espace francophone ?Vous me faites dire ce que je n'ai pas dit. La francophonie est une richesse inestimable pour tous ceux qui, à travers le monde, ont la langue fran-çaise en partage. Ils sont nombreux et l'ENA, au travers de ses cycles longs, a formé au fil des années des milliers d'élèves étrangers francophones qui occupent aujourd'hui des postes pres-tigieux dans leur pays d'origine. L'ENA est fière de s'inscrire ainsi au rang des outils d'influence de la France (et du français) qui ont réussi. Nous coopé-rons également très étroitement avec l'OIF pour mener à bien des actions de formation destinées à des pays qui souhaitent exister au sein des organi-sations internationales et qui, pour y parvenir, doivent être capables d'en maîtriser tout à la fois le fonctionnement et le français comme langue de travail. Pour autant, lorsqu'un intervenant de haut niveau est susceptible de venir partager son expertise avec les élèves de l'ENA et que sa langue de travail est l'anglais, je ne vois aucune raison de ne pas l'accueillir. Comme je ne vois aucune raison de ne pas encou-rager les élèves à maîtriser non seule-ment l'anglais mais d'autres langues étrangères.

Entretien V.S/ Nathalie LoISEaUDirectrice de l'ENA

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� décembre 2013 / Francophonie 7�

L’International Week 2013, organisée en octobre dernier par les 3 Hautes Écoles Pédagogiques de Lucerne, Saint Gall et Vaud, à Lucerne en Suisse, a proposé à un public international de chercheurs, d’enseignants et d’étudiants, un forum pour se rencontrer et

construire des réseaux de coopération. Si la théma-tique de la pluralité à l’école et dans la formation des enseignants en a constitué le centre, les débats se sont articulés autour de 3 thématiques plus précises: diversité, plurilinguisme et internationalisation de la for-mation. Le forum a été marqué surtout par la constitu-tion officielle du RESEAU FRANCOPHONIE de la Haute Ecole Pédagogique de Lucerne, premier réseau de ce type en Suisse germanophone.

L’idée fondatrice du RESEAU FRANCOPHONIE est de donner un nouveau souffle à l’enseignement et à la formation des enseignants de français grâce au concept et l’expérience vécue d’une francophonie mondiale en tant qu’espace d’identité/d’altérité en construction. Il s’agit de contribuer activement à la construction de cet espace polycentrique où le fran-çais est une langue en contact avec d’autres langues, mais servant de base commune et de référence culturelle à la coopération. Pour le moment, sept autres institutions de formation et de recherche par-ticipent au RESEAU FRANCOPHONIE : Cadi Ayyad de Marrakech, Avignon, Genève, Grenoble-Stendhal, Paris III, Metz ainsi que l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé au Cameroun. La coopération concerne la mobilité d’étudiants et d’enseignants, la coopération de recherche et dans le domaine de la formation.

La séance de Lucerne a représenté la première rencontre de tous les membres du RESEAU, un moment très touchant pour les participants ! Elle s’est ouverte sur des ques-tions centrales : com-ment enseigner le fran-çais aujourd’hui et sur-tout quel français, FL1/L2/LE ? Comment abor-der les cultures, littératures et langages francophones dans des contextes plu-

UNE « INTERNATIONAL WEEK » EN SUISSE

Les représentants de la HEP de Lucerne et de la ENS de Yaoundé qui ont signé dans le cadre de la IW la convention de coopération entre les 2 institutions

rilingues où le statut, le rôle et l’ancrage langagier et culturel varie sensiblement, notamment entre le statut d’être seule langue officielle (France, Suisse romande), langue officielle parmi d’autres (Cameroun), langue institutionnelle omniprésente mais sans statut officiel (Maroc), deuxième langue nationale, traitée souvent comme une langue étrangère (Suisse alémanique) ?

Après avoir défini les ressources, différences, simili-tudes entre les régions impliquées, la séance fondatrice a abouti à la définition des futurs axes de la coopéra-tion, notamment dans le cadre d’un projet de recherche commun. Sous le titre provisoire Apprendre /enseigner le français en contextes plurilingues, ce projet, organisé si possible en coopération avec l’AUF, combinera plu-sieurs thématiques transversales et partagées : l’éla-boration d’une future Didactique de la Francophonie, notamment à l’aide des TICE, les didactiques pluri-lingues, intégrées et plurielles (Enseignement bilingue, Eveil aux langues, Intercompréhension), enseigner/éva-luer LE ou LES français : à partir de l’évolution socio- et géolinguistique, quelles conséquences pour la didac-tique du français ? Et enfin, migration, plurilinguisme et trajectoires d’apprentissage (en milieux scolaires et extra-scolaires). La prochaine séance plénière du RESEAU FRANCOPHONIE aura lieu en automne 2014 à l’Université Cadi Ayyad à Marrakech pour étudier les questions transversales repérées dans un contexte donné : celui du plurilinguisme marocain.

Victor SaUDaNProf. de linguistique et d’études francophones à la HEP de Lucerne, créateur et coordinateur du RESEAU FRANCOPHONIE.

"LORSQUE LES MUSES PARLENT, LES CANONS SE TAISENT ». ZORINE

Notre mission est de faire rayonner le grand répertoire français, celui de notre histoire et celui que nous pres-sentons pour demain. Un des grands défis du 21ème siècle est notre capa-cité à appréhender l'autre dans sa différence quelle soit culturelle, reli-

gieuse ou linguistique. Plus nous sommes nombreux, plus cette rencontre est nécessaire car il nous faut partager une planète toujours de même dimension. Si nous voyageons avec nos spectacles dans le monde, c'est dans l'utopie de construire des ponts entre nos différences. Lorsque nous jouons par exemple pour la première fois Le Malade imaginaire à Pékin et que le public à l'unanimité s'esclaffe de voir Argan si pitoyable, c'est qu'il comprend alors notre humour, nos fai-blesses, nos priorités, et nos points communs. Il partage alors le regard lucide que Molière porte sur l'être humain. Le théâtre, espace du dialogue culturel, nous rassemble parce qu'il nous ressemble. Nous rions des mêmes situations, nous pleurons des mêmes drames et nous aimons les mêmes personnages. Au-delà des frontières de la langue, le théâtre permet la fusion des émotions et devient le meilleur ambassadeur politique. Nous possédons un

6���Francophonie /decembre 2013��

immense répertoire que nous nous devons de par-tager. Molière est sans doute le dramaturge le plus universel et le plus populaire de tous, car il met en mots la part humaine qui habite en chacun de nous, quelles que soient nos couleurs, nos origines, nos générations ou notre histoire. Il est rassurant de se souvenir que ce même Malade imaginaire, comme preuve supplémentaire de son indémodable succès a remporté dernièrement le premier Prix du festival pour rire de Montréal devançant les one man show ! Molière sait nous parler encore aujourd'hui, sur tous les territoires ! Je rêve d'un théâtre mobile qui tournerait autour de notre planète important les nôs de nos voisins, les conteurs d'Afrique, les kathakalis indiens, les auteurs européens et qui nous conterait le monde. Je rêve d'un théâtre utile qui ne négligerait aucune émotion, ni aucune distraction tout en abordant sans censure les sujets les plus graves. Nous rêvons tous d'un théâtre libre de par la terre, comme il l'est encore sur nos plateaux et c'est pourquoi je continuerai à faire voyager les spectacles de la Comédie-Française sur toutes les scènes du monde. Muriel MaYETTE-HoLTZAdministratrice générale de la Comédie-Française

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� décembre 2013 / Francophonie 9�8���Francophonie /décembre 2013��Francophonie 9�

ACopenhague, le plus grand club de jazz s’appelle le Café Montmartre ! C’est comme ça que tout le monde en parle, même si officiellement, c’est le Montmartre Jazzhus, un joli nom qui nous rappelle que cette ville scandinave s’ouvre

à la culture selon des directions bien différentes.

Ce club légendaire se place donc sous les auspices d’un des quartiers les plus symboliques de la culture française et même parisienne : la bohème montmar-troise, au début du vingtième siècle, accueillait tout ce que la peinture et la littérature imaginaient de plus nouveau : on crevait de faim autour du Bateau-lavoir, mais on inventait l’art moderne. Il serait peut-être un peu hâbleur d’en dire autant du Café Montmartre, mais malgré tout, il a été un centre de culture très important dans les années 60-80, accueillant notamment de nombreux musiciens noirs américains qui trouvaient là une reconnaissance qu’ils n’avaient pas chez eux.

Le Montmartre a rouvert en 2010 après une éclipse de près de vingt ans, et il a présenté à l’automne une semaine du jazz français qui a eu tant de succès que la manifestation est déjà reconduite pour l’année pro-chaine. On y a entendu Didier Lockwood (bien français malgré son nom, virtuose du violon né à Calais), Lionel Belmondo qui fait résonner les lieux d’un accent méri-dional bien trempé, qui se retrouverait presque dans l’exubérance de son saxophone, ou encore le pianiste Pierre de Bethmann et le contrebas-siste Simon Tailleu autour de la guitare de Michael Felberbaum, un Américain de Paris. Toute une effervescence très fran-çaise qu’on retrouve dans la langue qu’on entend !

Car on parle français au moins autant que danois (ou anglais !), au Montmartre pendant cette semaine : la communauté francophone s’y retrouve pour échanger avec tous ceux que l’affaire a séduits : notamment les Africains, nombreux, qui vivent en français dans la capitale danoise. Et quand on n’est pas trop timide, on vient même faire le bœuf ! Une expression bien française pour dire que des musiciens se joignent à l’orchestre pour improviser sur des thèmes que tout le monde connait ! Une image qui a essaimé dans tous les milieux du jazz, et tout autour du monde !

rFI – Yvan aMar« La danse des mots » et « Les mots de l’actualité »

A COPENHAGUE, LE FRANÇAIS VOyAGE … GRâCE AU jAzz

REDA AMALOU, UN ARCHITECTE QUI S’EXPORTE

Tenue sombre, une barbe de trois jours impeccable, dans son agence du 13ème arrondissement de Paris, Reda Amalou est plongé dans les plans d’un Palace aux Maldives. L’architecte tout juste arrivé du Sri Lanka quittera une nouvelle fois la capitale

dans deux jours pour New York et Puerto Rico. Sa par-ticularité : son agence AW2, gérée avec son associée Stéphanie Ledoux, réalise 80% de son chiffre d’affaires à l’étranger. Un hôpital à Ho Chi Minh Ville, « un projet fou entre amis » ; des hôtels de luxe au Vietnam, le Nam Hai et le Six Senses, lauréats des prix les plus prestigieux* : Dar Sabra, une maison d’hôte contempo-raine à Marrakech ; deux lycées français à Ho Chi Min Ville et à Amman, en Jordanie.

Une enfance à Alger, des études à Londres, pour Reda Amalou, né d’une mère française et d’un père algérien, l’ouverture sur le monde est une évidence : « La création française jouit d’une image très forte à l’international. Il faut simplement en être convaincu. Malgré la concurrence des mastodontes anglo-saxons, nous avons la capacité à nous adapter et être inventif avec notre sensibilité hexagonale. Il y a une importante place à prendre ! »

Disciple de Le Corbusier et de Rem Koolhaas, Reda Amalou refuse de s’enfermer dans un style. Il marie les matières et le savoir-faire local aux lignes contempo-raines leur apportant une touche d’authenticité : des bungalows inspirés de maisons paysannes pour l’hôtel le Six Senses de Can Dao au Vietnam, de la pierre lumineuse d’Ajloun pour le lycée français d’Amman. Autre particularité : tous les bâtiments sont « bio clima-tiques », la consommation d’énergie est limitée, l’eau de pluie recyclée et la ventilation naturelle privilégiée.

Malgré la crise, Reda Amalou se diversifie. Il a lancé une ligne « design » : des tapis pour l’éditeur Toulemonde Bochart, un gobelet et une carafe pour Baccarat, un vase en bronze et feuille d’or pour une grande maison d’horlogerie, bientôt également soufflée en verre de Murano, en édition limitée. Des murs aux objets, le talent et la « cohérence » à la française s’exportent.

FraNCE24- Stéphanie aNToINE*CNBC Awards pour le Nam Hai. Prix Green Good Design pour le Six Senses de Can Dao.Reda Amalou est Vice-président de l’AFEX (Architecture Française à l’Export).

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� decembre 2013 / Francophonie 11�10���Francophonie /decembre 2013��

Loin des vieux livres de grammaireÉcoutez comment un beau soirMa mère m´enseigna les mystèresDu verbe être et du verbe avoir...

Parmi mes meilleurs auxiliairesIl est deux verbes originauxAvoir et Être étaient deux frèresQue j´ai connus dès le berceau

Bien qu´opposés de caractèresOn pouvait les croire jumeauxTant leur histoire est singulièreMais ces deux frères étaient rivaux

Ce qu´Avoir aurait voulu êtreÊtre voulait toujours l´avoirÀ ne vouloir ni dieu ni maîtreLe verbe Être s´est fait avoir

Son frère Avoir était en banqueEt faisait un grand numéroAlors qu´Être, toujours en manqueSouffrait beaucoup dans son ego

Alors qu´Être toujours en manqueSouffrait beaucoup dans son ego

Pendant qu´Être apprenait à lireEt faisait ses humanitésDe son côté sans rien lui direAvoir apprenait à compter

Et il amassait des fortunesEn avoirs, en liquiditésPendant qu´Être, un peu dans la luneS´était laissé déposséder

Avoir était ostentatoireDès qu´il se montrait généreuxÊtre en revanche, et c´est notoireEst bien souvent présomptueux

Avoir voyage en classe AffairesIl met tous ses titres à l´abriAlors qu´Être est plus débonnaireIl ne gardera rien pour lui

Alors qu´Être est plus débonnaireIl ne gardera rien pour lui

Sa richesse est tout intérieureCe sont les choses de l´espritLe verbe Être est tout en pudeurEt sa noblesse est à ce prix...

Un jour à force de chimèresPour parvenir à un accordEntre verbes ça peut se faireIls conjuguèrent leurs efforts

Et pour ne pas perdre la faceAu milieu des mots rassemblésIls se sont répartis les tâchesPour enfin se réconcilier

Le verbe Avoir a besoin d´ÊtreParce qu´être c´est existerLe verbe Être a besoin d’avoirsPour enrichir ses bons côtés

Et de palabres interminablesEn arguties alambiquéesNos deux frères inséparablesOnt pu être et avoir été

Et de palabres interminablesEn arguties alambiquéesNos deux frères inséparabl

auteur/Compositeur Yves DUTEILAvec l’aimable autorisation des Editions de l’Ecritoire

AVOIR ET êTRE

« LE FRANÇAIS EN MARCHE ! »*

Le matériel est en place : haut-parleurs, ordi-nateur, enregistreurs. J’annonce, « On va commencer par écouter les sons qui nous entourent ». L’exercice est simple : faire fonc-tionner notre sens de l’ouïe, habituellement peu sollicité, afin de repérer tous les éléments

qui forment l’ambiance sonore de la salle de classe. Quelques rires par-ci par-là puis le silence se fait, les yeux se ferment. On entre doucement dans le monde des sons, étonnamment riche. On entend le ronflement de l’air conditionné, les klaxons de voitures au loin, le chant des oiseaux qui se faufile par une fenêtre ouverte. Savoir écouter est fondamental dans l’apprentissage d’une langue étrangère. En ce sens la radio est un excellent support puisqu’elle donne à entendre des sons et des voix réelles.Je diffuse aux participants plusieurs extraits audio, on se concentre d’abord sur les ambiances sonores, le ton des voix et la musique, puis on en arrive au sens du message. L’enseignant joue le rôle de guide et amène progressivement ses élèves à la compréhension du document en focalisant leur attention sur un élément linguistique ou culturel : comment le journaliste for-

mule ses questions ? Comment le chroniqueur manie l’humour ? Comment l’invité défend son point de vue ?« Maintenant, c’est à votre tour de faire de la radio ! » Une vague de surprise traverse la classe. D’abord, c’est la préparation et l’écriture de l’émission. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la radio laisse peu de place à l’improvisation. On commence par lister les règles d’or de l’écriture radiophonique : phrases courtes, vocabulaire imagé, ponctuation claire pour faciliter ensuite la lecture à voix haute. Les participants ont choisi de réaliser une série d’interviews dans l’éta-blissement, répartis par petits groupes : préparation des questions, rédaction des lancements, etc..« Silence, on enregistre ! » Le souffle manque, le cœur bat, la voix tremblote puis finit par trouver son rythme. Quand l’enregistrement s’arrête, le soulagement et la satisfaction sont palpables. Mais une fois ce défi relevé, un autre vient juste derrière tout aussi désta-bilisant : l'écoute de sa propre voix. « Mais, c’est pas moi qui parle ! », « C'est horrible »… La voix révèle nos faiblesses, dévoile une partie de notre intimité. Mais c'est une excellente prise de conscience pour les étudiants de français : chacun repère ses erreurs de prononciation et commence à s’autocorriger. Après six heures d’atelier, on arrive à la fin d’une belle aven-ture collective. À l’heure où plus rien ne semble nous surprendre dans ce monde ultra-technologique, on se rend compte du pouvoir évocateur des sons et des voix et donc, de la puissance de la radio.

Formation de formateurs « Enseigner avec RFI » à l’Institut Culturel d'Expression Française de Malabo. Guinée Equatoriale.

rFI – Déborah groS, « département Langue française ». www.rfi.fr/languefrançaise

* Titre de l'émission réalisée par les participants de la formation de formateurs « Enseigner avec RFI » à l’Institut Culturel d'Expression Française de Malabo en Guinée Equatoriale. Onze professeurs de français ont découvert comment faire entrer la radio dans la classe de français.

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POUR GHISLAINE ET CLAUDE

MOOC à LILLE

La radio c’est une histoire de voix et d’oreille. Ghislaine Dupont était l’une des grande voix de RFI et Claude Verlon, l’une de ses plus fines oreilles. La voix, ce sont des mots et au cours de ses reportages, Ghislaine savait trouver les mots pour décrire les lieux,

dépeindre les situations, portraiturer les hommes. En juillet dernier, à Kidal, au Nord Mali, elle commençait l’un de ses pre-miers papiers par cette description : « Le beechcraft cherche la piste de terre dans un paysage désertique, chauffé à blanc par le soleil. Voilà Kidal : Carrés et rectangles de pierre surgissent du sable, ce sont les maisons, tel un décor de théâtre ». Format radio oblige, il faut savoir décrire un homme ou un visage en peu de mots.

A Juba, au Soudan du Sud, Ghislaine rencontre un homme : « Au grand marché, Mansour, la quarantaine grassouillette, tient une épicerie ». Une simple phrase suffit à imaginer ce Mansour replet et sa vie d’épicier soudanais. Voilà le miracle des mots employés par Ghislaine. Des mots soupesés de lon-gues minutes, ciselés au couteau de son expérience de Grand Reporter. Parfois la poésie s’invitait : « Le commerce fonctionne au ralenti, encalminé par la fuite des habitants à l'intérieur du pays ou vers l'Algérie voisine ». Le mot « encalminé » renvoie à la mer et au voilier pris dans le calme d’une brise absente. Ghislaine avait de l’expérience et du talent à revendre, ainsi qu’un amour du mot juste et de la langue française. Elle cher-chait parfois durant des heures comment exprimer une idée ou résumer un concept. S’il est vrai que les mots s’envolent, les siens s’accrocheront longtemps à mes oreilles.

Claude Verlon était avare de mots mais généreux en sou-rires. Efficace, patient, souriant, il accompagnait les reporters comme un oncle accompagne ses neveux, c'est-à-dire avec une pointe de fierté et beaucoup de vigilance. A lui revenait la tâche de transmettre les sons, les interviews, les reportages. Claude était le transmetteur. Il incarnait le média. Technicien indispensable, doublé d’un fin connaisseur de l’Afrique et bardé d’une infinie patience pour ces grands impatients que sont les journalistes. Sans lui, bien des émissions seraient restées dans les limbes, bien des animateurs et bien des journalistes seraient restés muets. Claude aimait voyager, il aimait les équipées en Afrique, il aimait la rencontre et les moments partagés. Il avait trouvé en Ghislaine la parfaite compagne de voyage. Les deux étaient semblablement drôles, ironiques, professionnels et ne se prenant jamais trop au sérieux. Leur compagnonnage est désormais éternel… Comme notre peine.

rFI- olivier rogEZ

rémi bachelet, vous êtes maître de conférences à l’ecole centrale de lille et aujourd’hui vos cours sortent des murs de l’établissement grâce à l’enseignement numérique ouvert à tous. les mooc (massive online open courses), représentent-ils une manière renouvelée d’exercer votre métier ? C'est un gros renouvellement : dans un MOOC l'enseignant ne peut être le seul interlocuteur : lorsqu'un apprenant a besoin d'aide, il utilise un réseau social ou le forum où les autres apprenants vont répondre ou discuter ensemble de la meilleure réponse à apporter. C'est l'avantage du massif : il y a toujours quelqu'un pour répondre ! Un autre changement majeur pour l'enseignant-chercheur, c'est le travail d'équipe et l'appel à des compétences non habituelles pour une grande école : animateur de communauté, concepteur de MOOC, assistants d'enseignements.. nous sommes 8 dans l'équipe et plus de 20 si l'on compte les testeurs et l'équipe de correction du certificat avancé.

les cours en ligne existent en plusieurs langues, les etats-unis et la grande-bretagne ont été les précurseurs, ceux dispensés en français attirent-ils un public francophone, voire francophile ?Mes cours sont en licence libre sur Internet depuis une dizaine d'années et j'avais déjà un public de près de 14.000 visiteurs par mois et une collaboration avec Wikipédia. Le gros de l'audience vient de France métropolitaine, mais si on regarde les 45% restants, Maghreb en tête, puis Côte d'Ivoire, Sénégal ... on retrouve vite la carte de la francophonie ! Un point satisfaisant

Ghislaine Dupont dans son bureau à RFI (photo du haut) et Claude Verlon et Olivier Rogez en reportage en Afrique.

de la deuxième édition du MOOC : nous y avons trouvé en plus un écho en Asie du sud-est. Il est clair pour moi qu'en animant des cours de qualité en français on développe une "francophonie des savoirs" dont on a le plus grand besoin. Il faut développer le français en tant que vecteur de transmission de connaissances et de développement de compétences. Et surtout les rendre accessibles gratuitement à tous ceux qui sont prêts à travailler, où qu'ils habitent, même avec une mauvaise connexion Internet, ce qui implique de prendre en compte certaines contraintes dans la conception du MOOC.

les étudiants ou apprenants viennent-ils d’une part pour bénéficier d’une transmission de savoirs et/ou d’autre part pour avoir la possibilité d’étudier au plus haut niveau alors que dans certains pays, comme sur le continent africain, l’université est trop onéreuse ou les distances trop importantes pour se déplacer vers les villes ? On le sent particulièrement en Afrique : il n'y a pas assez d'universités pour répondre aux besoins de la société. Si rendre des

modules de formation du niveau des études supérieures accessibles à tous ne remplace pas totalement les universités, c'est tout de même un gigantesque progrès. Cette année en master, un de mes étudiant africain avait suivi le MOOC avant de venir. 85% des apprenants de notre MOOC "Gestion de projet" ne sont pas des étudiants, mais des professionnels (70%) et en recherche d'emploi (15%). Le premier gisement du MOOC, c'est la formation continue : ceux qui n'ont pas accès aux universités pour des raisons d'éloignement géographique, de temps ou de moyens économiques. L'AUF nous a permis d'ouvrir des centres d'examen en Afrique de l'Ouest mais nous avons également démontré la faisabilité des examens passés "à partir de chez soi" avec un surveillant via votre webcam. Par ailleurs, je suis impliqué dans France Université Numérique qui proposera 22 nouveaux MOOC dans les mois qui viennent et dans l'assistance à la mise en place des premiers MOOC marocains par l'université de Rabat-Souissi.

Entretien V.S/ rémi BaCHELET

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OMAR LE-CHéRI : LA BD AU SERVICE DE LA FRANCOPHONIE

LA FRANCOPHONIE S’INVITE à HOLLyWOOD

De quoi Omar Le-Chéri est-il le nom ? D'un personnage en clin d'œil à l'acteur Omar Sharif, apparu voici 22 ans dans un quotidien francophone du Caire pour accompagner un vaste programme de redynamisation de l'en-

seignement du français ? De la mascotte d'une asso-ciation éponyme développée en France pour animer des ateliers d'écriture avec des jeunes francophones de la Méditerranée(1) ? Du héros d'une bande dessinée récemment parue, journaliste intrépide à la recherche du "Tombeau perdu d'Alexandre le Grand" dans l'Alexandrie d'aujourd'hui(2) ? Du fil rouge d'une exposition au Musée d'archéologie méditerranéenne de Marseille(3), dont la silhouette apparaît dans les collections égyptiennes du musée, en même temps qu'à l'Institut français d'Alexan-drie où des planches originales de la BD sont accro-chées ? Ou bien de souvenirs magiques de l'enfance comme en témoignait récemment un responsable du département francophone de la Bibliotheca Alexandrina : "J'étais lycéen il y a 17 ans et j'ai fait les concours d'articles d'Omar Le-Chéri. Je m'en souviens toujours, même si je n'ai pas gagné le voyage en France !"

La question m'est apparue aussi, cet été, à Sarajevo où je retrouvais l'artiste Damir Niksic, dessinateur de l'his-toire et du personnage que j'ai inventés lorsque je faisais ma coopération au Caire entre 1990 et 1992. "I feel I am

Parmi les films retenus par l’Académie des arts et des sciences du cinéma américain pour les Oscars, figurent deux œuvres qui ont reçu le soutien du Fonds francophone, un partenariat

OIF et CIRTEF.A commencer par « Tey/Aujourd’hui/Today », le film du Franco-Sénégalais Alain Gomis qui a reçu l’aval de l’Association de la Presse étrangère à Hollywood (HFPA) mais aussi, il faut le rappeler, le Prix du public au Festival international du film de La Roche-sur-Yon en France. Ce long-métrage raconte la dernière journée de Satché, joué par l’acteur et rappeur Saul Williams, qui sait qu’il va mourir « aujourd’hui » comme dit le titre du film. Inscrit aux Oscars sous les couleurs du pays de la Téranga, il n’a pas été retenu pour concourir. Second film mis à l’honneur, « Les chevaux de Dieu » du Franco-Marocain Nabil Ayouch qui est doublement concerné car il est dans la course à la fois pour les Golden Globes et les Oscars. Or, ce film a déjà été primé puisqu’en 2012 il était en sélection officielle à Cannes dans le cadre de la section « Un Certain Regard » où il a remporté par ail-leurs le Prix François-Chalais. C’est l’histoire de la dérive de jeunes de banlieue de Casablanca au Maroc, qui sont instrumentalisés par des adultes et qui commettent les pires exactions au nom de la morale religieuse.

Omar Le-Chéri !" m'a-t-il soudainement déclaré, avec un accent flaubertien. Et en effet, dans les croquis du nouvel épisode en préparation, il a dessiné le jeune journaliste égyptien à la petite moustache façon Farouk à son image plus empâtée. Et je me suis senti à la fois heu-reux et frustré que le personnage - mon personnage ! - m'échappe.

Mais c'est sans doute là le destin des héros de papier que d'atteindre aussi leur maturité : Omar Le-Chéri est apparu pour la première fois le 18 janvier 1991 dans les pages du Progrès égyptien et vingt ans après dans celle sous forme de feuilleton alors que commençaient à gronder les printemps arabes. Et voici que tout un imaginaire est créé, entre Orient et Occident, qui tient aussi par les réseaux pédagogiques, archéologiques (le Centre d'études alexandrines de l'archéologue Jean-Yves Empereur a apporté sa contribution), les fidélités, le goût des autres, la créativité, qui ne demande qu'à croître encore. Un rêve? Qu'Omar Le-Chéri paraisse dans les publications et les langues de la plupart des pays de la Méditerranée, pour retisser les fils…

gilles KraEMEr 1) www.omarlecheri.net(2) "Le tombeau perdu d'Alexandre le Grand", BD d'aventure de Gilles Kraemer et Damir Niksic doublée d'un article de vulgarisation scientifique de Jean-Yves Empereur. Riveneuve éditions, 15 euros. (3) "Des bulles et des fouilles, la BD s'invite au Musée" se déroule jusqu'au 14 décembre 2013. http://www.marseille.fr/siteculture/jsp/site/Portal.jsp?document_id=15409&portlet_id=4

L'archéologue Jean-Yves Empereur avec Gilles Kraemer et la directrice de l'Institut français d'Alexandrie, Véronique Rieffel, au vernissage de l'exposition Omar Le-Chéri le 3 octobre 2013.

Sans oublier le lauréat 2013 de la Palme d’or à Cannes, le Franco-Tunisien Abdellatif Kechiche avec son film « La vie d’Adèle » qui est lui aussi sur la ligne de départ pour les Golden Globes et qui concourt pour son pays d’adoption, la France. Et il faudra compter enfin avec le Tchadien Mahamat- Saleh Haroun qui, avec son film « Grigris », a été qualifié aux Oscars pour son pays de naissance, après le 66e Festival de Cannes de 2013 où il a été présenté en sélection officielle. Au Tchad, la guerre qui était en toile de fond de tous les films du cinéaste est maintenant terminée. À travers le portrait croisé d'un jeune danseur handicapé et d'une prostituée qui rêve de devenir mannequin, le cinéaste s'est attaché à montrer la jeunesse d'un pays en pleine reconstruction.

Rappelons que les Golden Globes récompensent des films et des séries diffusés en 2013 tout comme des professionnels du 7ème art qui se sont distingués cette année. La 71ème cérémonie des Golden Globes Awards, en association avec la HFPA et diffusée dans plus de 160 pays dans le monde, se tiendra le dimanche 12 janvier 2014.

Vicky SoMMET

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PRIX LITTéRAIRE RéGIONAL«LISTE GONCOURT / LE CHOIX DE L'ORIENT»

Le monde du livre traverse actuellement l’une de ces révolutions qui ne surviennent que tous les 500 ans. De fait, livres électroniques, tablettes, téléphones portables et autres innovations numériques sont en train de modifier de fond en comble le panorama éditorial global. L’assimilation de ces technologies ne s’effectue cependant pas de la même manière

dans toutes les régions.

Outre les évidentes disparités d’infrastructure, il existe bien sûr d’énormes différences culturelles. En Occident, nous avons tendance à considérer l’e-book comme une version électronique du livre papier. Mais dans de nombreux pays du Sud auxquels fait défaut la tradition de l’imprimé, les publications numériques sont traitées comme des produits originaux, avec comme corollaire des situations absolument fascinantes. Dans mon rapport sur l’édition numérique dans les pays en développement, j’ai brossé un panorama de ces phénomènes en les détaillant région par région. Cette enquête m’a offert l’extraordinaire opportunité d’entrer en contact avec des cen-taines d’entrepreneurs africains, chinois, arabes, russes, indiens et latino-américains. L’anglais m’a permis d’interviewer des collègues d’Inde, de Chine ou du Moyen-Orient. Le français, quant à lui, s’est révélé absolument vital pour communiquer sans entraves avec des entrepreneurs d’Algérie, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, du Cameroun, de Tunisie et d’Haïti.

Pendant l’investigation, il m’est arrivé quelque chose de curieux : à de nombreuses reprises me sont revenues à la mémoire les discus-

Le 3 novembre 2013, au Salon du livre fran-cophone de Beyrouth, le Grand jury étu-diant, composé de 18 jurés, et présidé par Charif Majdalani, romancier et professeur de Lettres, a proclamé le Prix, en arabe et en français, après les délibérations à bulletin

secret, selon le modèle de l'Académie Goncourt. Un débat public a suivi, animé par son président auquel ont participé le Grand jury étudiant, Philippe Claudel, écrivain et cinéaste, membre de l’Académie Goncourt et Mathias Enard, auteur de l'ouvrage primé en 2012. Une transmission par visioconférence a été assurée pour permettre la participation des étudiants de la région. Mathias Enard à cette occasion a reçu son livre Rue des voleurs, traduit en arabe. La prochaine édition du prix sera donc parrainée par Sorj Chalandon, et son livre Le quatrième mur sera traduit vers l’arabe, avec le soutien du Bureau du Livre de l’Institut Français du Liban.

Le succès de cet événement repose sur la participation de plus de 300 étudiants de 12 universités de 5 pays du Moyen-Orient (Liban, Égypte, Irak, Palestine, Syrie), qui ont lu et fait leur choix à partir des 9 ouvrages de la 2ème sélection de l’Académie Goncourt. Il confirme bien entendu son ancrage dans les activités littéraires acadé-miques au Moyen-Orient. Ce prix des étudiants a permis non seulement d’introduire des productions littéraires francophones contemporaines, souvent absentes ou négligées, dans les cursus des départements français de la région. Mais il a également encouragé à travers

sions passionnées sur le relativisme –en particulier chez Montaigne– qui avaient lieu dans les classes de philo en Terminale. Et pendant que j’analysais données et tendances, je me demandais : pourquoi l’édition numérique ne suit-elle pas le même chemin dans toutes les régions ? Pourquoi en Amérique Latine les dispositifs d’Apple ne suscitent pas la fascination quasi-religieuse qu’ils éveillent aux Etats-Unis ? Dans quelle mesure intervient la culture quand se déterminent nos préférences électroniques ? Serait-ce que chaque grande région parle selon sa propre “grammaire numérique”? Le panorama contemporain du livre électronique présente une très vaste diversité. En un certain sens, l’ère électronique finit par ressembler étrangement à cette bibliothèque de Babel qui émerveillait Borges : un monde dépourvu de centre, multiforme et plurilingue, dont nous pouvons lire certains pans mais que nous ne parviendrons jamais à déchiffrer complètement.

octavio KULESZAncien élève du lycée franco-argentin Jean Mermoz de Buenos Aires, philosophe et féru de technologies, Octavio Kulesz a fondé en 1999 avec son frère Leopoldo la maison d’édition Libros del Zorzal. Après un passage par le Royaume-Uni en 2006, effectué grâce à la bourse Jeune Éditeur International de l’Année attribuée par le British Council, il a créé Teseo, l’une des premières maisons d’édition électroniques d’Amérique Latine. Il est également l’auteur d’un rapport qui a fait date sur “L’Édition numérique dans les pays en développement” (2011 – Alliance internatio-nale des éditeurs indépendants / Fondation Prince Claus)

la collaboration interuniversitaire régionale à contribuer au dialogue interculturel. Le blog créé à cette fin a été un espace de partage et d'échanges associant les étu-diants qui ont déposé des commentaires de lectures, des chroniques littéraires (plus de 70 chroniques), des revues de presse, etc.

Bureau Moyen-orient de l'aUF - Bureau du livre de l'IF du Liban.

LIVRES NUMéRIQUES ET CULTURES GLOBALES

Le Prix littéraire francophone régional initié par l'Institut Français du Liban et le Bureau Moyen-Orient de l'Agence Universitaire de la Francophonie avec l'appui de l'Académie Goncourt, a récompensé pour sa 2e édition, Le quatrième mur de Sorj Chalandon publié chez Grasset à 11 voix sur 18.

Jury en pleine délibération

Remise du Prix au Salon du livre de Beyrouth

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DIrECTIoN DE La CoMMUNICaTIoN france médias monde-Françoise Hollman rédaction en chef Vicky Sommet crédits-photo Aurélia Blanc/ FMM/ Raymond Collet/ Damir Niksic/ Dominique Verreman/ Jonathan Le Péchon/ RFI/ Sébastien Bonijol/ Cisco Lightpainting/ Creative Commons/ Flickr/ Mademoiselle Lou/ Melinda Trochu/ AUF/ OIF/ ENA/ Eric Vernazobres/ Cosimo Mirco Magliocca/ Fotolia. contact [email protected] réalisation Didier Gustin impression éOLE La Station graphique - 93165 Noisy-le-Grand cedex

EN AVANT ! MéTHODE DE FRANÇAIS POUR LES MILITAIRES DU CONTINENT AFRICAIN ET DE L’OCéAN INDIEN

Si le français militaire est considéré comme l’ancêtre du Français sur Objectifs Spécifiques, suite à la parution en 1927 d’un manuel destiné aux soldats non-francophones combattant dans l'armée française, il a été mis en sommeil jusqu’à

aujourd’hui. Effectivement, à la suite de la Première Guerre mondiale, l’objectif était de rendre la participa-tion des soldats étrangers (algériens, sénégalais, maro-cains, etc.) dans l’armée française plus efficace. De nouveau, aujourd’hui, l’infortuné contexte international tend à augmenter le rayonnement du français. Ainsi, son enseignement est intégré dans les dispositifs de formation pour les forces armées internationales non francophones. Cependant, le matériel pédagogique spécifique fait défaut et rend la tâche difficile à l’ensei-gnant du français militaire.

De là est née l’idée du projet de conception d’une méthode de français à destination des militaires du continent africain. Ce projet s’insère au sein d’une coo-

pération bilatérale entre la Direction de la Coopération de Sécurité et de Défense et l’Organisation Internationale de la Francophonie. Son objectif premier est de déve-lopper les capacités d’interopérabilité et de renforcer l’intercompréhension entre les acteurs sur le théâtre des opérations. Le français de spécialité militaire peut être considéré comme l’un des instruments straté-giques de la Francophonie.

Toute la difficulté de l’élaboration du manuel a été de définir un certain nombre de tâches professionnelles qui pourraient être communes à l’ensemble des mili-taires, et de définir ainsi une langue et une culture professionnelles communes. Cependant, il est évident que le monde militaire est pluriel et qu’un seul ouvrage n’est pas en mesure de répondre à tous les besoins d’apprentissage, qu’ils soient ceux d’un marin ou d’un pilote, d’un colonel ou d’un militaire du rang, d’un commandant d’un bataillon d’Infanterie ou d'un chef d’escadron d’Artillerie. La collecte de données et une étroite collaboration avec un intervenant militaire ont permis de définir un référentiel de compétences, utilisé pour conceptualiser le parcours pédagogique proposé dans la méthode.

Les unités d’enseignement mettent en scène des officiers africains en opération de maintien de la paix sous la bannière de l’Union Africaine dans un pays fictif, le Carana, emprunté à un scénario utilisé pour la formation et l’entraînement des troupes déployées de la Force Africaine en Attente. Au fil de ce parcours, les apprenants acquièrent des formes linguistiques et des actes langagiers utilisés dans les différentes situa-tions professionnelles et dans leurs activités de travail quotidien (animer un exercice de tir, monter un point de contrôle, informer la population, rendre-compte en cours d’action, etc.). Le niveau 1 est actuellement diffusé dans plus d’une vingtaine de pays africains, et En avant ! 2 est paru le 8 novembre dernier.

Caroline MraZAuteure et conceptrice de la méthode « En avant ! »

LE FRANÇAIS … EN CHANSONS Apprendre le français … autrement ? C’est à cette question que la plateforme gratuite d’apprentissage du français en ligne Bonjour France a voulu répondre. Elle est traduite en 7 langues et consultée plus de 30000 fois/jour. A l’origine de cette initiative originale, Yor, un compo-siteur-interprète, ancien enseignant de philo et de français qui s’est lancé dans une nouvelle carrière musicale. Toujours fidèle à sa ligne de pensée, il a mis en ligne un appel à participation pour le futur clip de sa chanson « Mon pays, c’est … le français ». Des internautes de plus de 15 pays ont envoyé des vidéos où ils se filment devant un monument représentatif de leur culture. Une fois monté et enregistré, cet outil sera un instrument de plus au service de la langue française. Yor sera enfin en concert le 24 avril 2014 à Montréal, à l'initiative de l'Association des professeurs de français langue seconde et ce, suite au concert du 18 juillet dernier retransmis en streaming sur le site Bonjour de France qui a reçu des propositions de programmation dans plusieurs pays et qui sera complété par une tournée en faveur de la franco-phonie. "Mon pays c'est... le français" dans sa version album est en libre écoute sur www.yor.mu

PRIX SENGHOR 2013Le Prix Senghor du premier roman fran-cophone et francophile est un prix qui a été créé en 2006 par des amoureux de la littérature francophone. Et ce afin de distinguer et de promouvoir de jeunes écrivains d’expression française qui uti-lisent la langue qu’ils ont en partage pour créer. Laurent Bonnet est le lauréat 2013 pour son roman « Salone ». Edité chez Vents d’ailleurs, ce récit où l’amour se mêle au trafic de diamants, se déroule sur fond de guerre civile en Sierra Leone et se présente à la fois comme une fresque historique, un journal intime et un livre d’aventure. Laurent Bonnet est resté onze ans en Sierra Leone, après une escale qui ne devait qu’être une étape lors d’une expédition en voilier. A tel point que c’est son éditrice qui est venue recevoir son Prix en octobre dernier car l’écrivain-navi-gateur était à bord de son embarcation au milieu de l’océan Atlantique.

TRADUCTEURS AUX J.O. En février 2014, 22 jeunes traducteurs et interprètes, en provenance de pays tels que le Québec, la Suisse, la France ou la Belgique, vont prêter leur voix en français lors des prochains Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver à Sotchi en Russie, les XXIIème du

nom. C’est dans le cadre d’un partenariat entre l’OIF, le Comité d’Organisation des Jeux et les gouvernements de ces pays francophones que ces professionnels de la traduction seront affectés au service des athlètes, des journalistes et des officiels, et permettront ainsi à la langue française d’être entendu à Sotchi.

La en bref

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Hier : « Loin du français, je meurs ». Céline, écrivain

« Oui, j’ai une patrie, la langue française »Albert Camus, écrivain

La langue française reste un butin de guerre. A quoi bon un butin de guerre, si l’on doit le jeter ou le restituer à son propriétaire dès la fin des hostilités ».Kateb Yacine, écrivain

« La drôlerie de la langue française, cette pièce est un four, le public y reste froid »Claude Aveline, homme de lettres et peintre

Aujourd’hui : « J’ai vécu à Paris autour de 1980. J’étais frappé par la sophistication du langage. Un enfant ou un clochard pouvaient parler un beau français. Saul Bellow disait qu’un écrivain reconnu par la France reçoit l’onction suprême … Parler le français est toujours un signe de distinction chez les Britanniques. On peut gloser sur l’arrogance ou les faiblesses françaises, mais culturellement ce pays pèse plus que les autres. Martin AMIS, écrivain « Aujourd’hui, si on pense au déclin de la langue française, on voit bien que nos appareils nous corrigent lorsque nous faisons des fautes, donc nous n’avons plus besoin d’apprendre. Un jour, peut-être, ils nous mettront une fessée … ! ». Jean ROCHEFORT, comédien

ÇA VA MIEUX EN LE DISANT… !« Je pourrais m’installer à Paris. J’ai eu un coup de cœur pour la France en 1965 et, depuis, je trouve toutes les excuses pour y venir. Mes deux enfants parlent couramment français. On vient de passer trois mois dans le Sud pour tourner mon prochain film. Et croyez-moi, ma femme, ne s’est pas plainte une seule seconde. Elle est absolument ravie que je ne trouve plus de financement aux Etats-Unis ». Woody ALLEN, cinéaste

« Je n’ai pas la nationalité française, mais je serais très heureuse de l’acquérir. Seulement, je ne sais pas si c’est possible puisque je possède déjà deux passeports, américain et israélien .. Il faudrait peut-être aussi que j’ajoute un « h » à mon prénom Natalie pour faire plus français ? Mon père m’a baptisée ainsi parce qu’il aimait la chanson de Gilbert Bécaud. J’ai grandi dans une atmosphère très francophile. Pour mon français, je vais devoir y travailler plus sérieusement. J’adore quand vous dites qu’un enfant est « sage » quand il ne pleure pas. En revanche, il y a des mots que je trouve bizarres comme végétalienne ». Natalie PORTMAN, actrice

La francophonie, c'est un vaste pays, sans frontières. C'est celui de la langue française. C'est le pays de l'intérieur. C'est le pays invisible, spirituel, mental, moral qui est en chacun de vous.Gilles Vigneault , chanteur.