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LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N°240 news-240

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Page 1: LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N°240 news-240

7/23/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N°240 news-240

http://slidepdf.com/reader/full/la-lettre-des-elus-socialistes-et-republicains-n240-news-240 1/716 janvier 2016 - n° 240 - Communes - la lettreLa lettre électronique de Communes de France et de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains

8 bis, rue de Solférino - 75007 Paris • Téléphone 01 42 81 41 36 • Fax 01 48 74 00 78 • [email protected] 

N° 240 - 6 janvier 2016

CommunesDépartements & Régions de France

Deux enjeux majeurs

ÉDITORIAL, par Pierre Cohen

Sommaire

 En Bref - Les suites du Comité interministériel

sur l'égalité et la citoyenneté- De nouvelles mesures pour les projets

d'aménagement

 Régionales 2015- Les présidents PS des Conseils régionaux

- Des présidents sortants face à leur bilan Hommage- Marcel Debarge

eFN SR

L'équipe de Communes de France vous adresse ses meilleurs vœux

 pour la nouvelle année

 J

e vous présente, au nom de la Mai-son des élus, mes meilleurs vœuxpour l’année 2016.

Avant toute chose, j’ai une penséepour toutes les familles qui ont été

touchées par les drames qui ont en-deuillé la France en 2015. Je souhaiteégalement saluer la mobilisation dugouvernement et celle des élus qui, surle terrain, coordonnent et agissent pourque la sécurité de tous soit assurée. Cettemobilisation ne devra pas faiblir dans lessemaines et les mois à venir.

Nous sortons des élections régionalesqui ont constitué une nouvelle épreuve

pour notre famille politique. J’adressemes félicitations à nos présidentes etprésidents de région et à leurs majori-tés, et une amicale pensée aux élus quiporteront nos valeurs dans les groupesd’opposition. Nous savions que cetteéchéance serait difficile, tant les électionsde 2004 et de 2010 nous avaient été fa-vorables et même si nous nous réjouis-sons de conserver cinq régions métropo-litaines, il est absolument nécessaire demesurer toute la portée de l’installation

du tripartisme dans notre pays.Ces élections de nos conseillers régio-naux sur des territoires aux périmètresredessinés signent une nouvelle étaped’entrée en vigueur des réformes terri-toriales qui ont été menées depuis 2012.Depuis le 1er   janvier, la loi NOTRe est enapplication. Charge à nous, élus locaux,

de faire la démonstration de l’utilité deschangements qu’elle induit et de fairevivre l’esprit de cette loi, pour simplifier et

rationnaliser les compétences des diffé-rents niveaux de collectivités. En faisantconfiance à l’intelligence des territoiresqui disposent désormais, avec les confé-rences territoriales de l’action publique,d’un lieu de débat et de décision pourmieux coordonner et rendre plus efficaceencore l’action publique locale. La loiNOTRe ne portera tous ses effets que sinous savons nous en saisir et d’en mon-trer tout son sens.

L’année 2016 marquera l’entrée en vi-

gueur de nombreuses dispositions vo-tées ces derniers mois et qui concernentdirectement les collectivités territoriales.La loi Santé, qui rétablit la notion de ser-vice public hospitalier, crée de nouvellesorganisations permettant une meilleurecoordination des acteurs en matière demédecine de premier recours, prévoitle déploiement obligatoire de groupe-ments hospitaliers de territoire (GHT)permettant aux hôpitaux proches d’éla-borer un projet médical commun. La loipour l’adaptation de la société au vieil-lissement de la population, votée à la fin2015, qui renforce l’accompagnementde la perte d’autonomie consacre lesmaisons départementales de l’autono-mie, et crée un conseil départemental dela citoyenneté et de l’autonomie destinéà assurer la participation des citoyens

dans l’élaboration des politiques du dé-partement. La loi de transition énergé-tique qui mettra en œuvre et en actes lesengagements pris par la France lors de laCOP 21, et pour lesquels la mobilisationdes collectivités territoriales est indispen-sable.

Après deux élections majeures, les dé-

partementales en mars et les régionalesen décembre, l’année 2016 sera uneannée de transition avant les échéancesde 2017. En ma qualité de président dela FNESR, je vois pour notre associationdeux enjeux majeurs : accroître notreprésence auprès des élus minoritaires,dans les communes, les départementset les régions, et élargir notre base auxélus de gauche non encartés mais qui,implantés sur leurs territoires, peuventnous aider à redynamiser un réseau, né-

cessaire à la reconquête. Dans une situa-tion confortée de tripartisme de notre viepolitique, l’enjeu, au niveau local, commenational, réside dans le rassemblementdes forces de gauche.

Pierre Cohen,président de la FNESR

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7/23/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N°240 news-240

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2 Communes - la lettre - n° 240 - 6 janvier 2016

FOCUS 

 EN BREF

Égalité et citoyenneté : les quatre priorités du gouvernementManuel Valls a fait un point d’étape sur la mise en œuvre des mesures annoncées lors du Comité interministériel égalité et

citoyenneté du 26 octobre 2015 lors du conseil des ministres du 4 janvier. Le Premier ministre a rappelé que le gouvernementa toujours mis la défense de la République et de ses valeurs au cœur de son action. Depuis 2012, avec une action forte pourassurer l’ordre républicain, pour refonder l’école de la République, pour défendre la laïcité. Et tout au long de l’année 2015, enorganisant en particulier deux comités interministériels à l’égalité et à la citoyenneté (CIEC), les 6 mars et 26 octobre.

Quatre domaines d’action sont d’une importance particulière – et le Parlement sera saisi avant le printemps du projet de loi"Égalité Citoyenneté".

• D’abord, l’action en faveur de la mixité sociale grâce au volet "logement" du projet de loi "Égalité Citoyenneté". Il s’agira demieux piloter les attributions de logements sociaux ; de revoir la politique de loyers afin de créer une offre nouvelle de logementssociaux à bas loyers dans le parc existant ; de lutter contre la ségrégation sociale entre les territoires. Des moyens supplémen-taires seront donnés à l’État pour imposer des programmes de logements sociaux face aux communes qui n’atteignent pasles objectifs fixés par la loi SRU. Cette politique de mixité dans le logement doit s’accompagner d’une politique forte de mixité àl’école. 20 départements ont accepté d’y travailler avec le gouvernement dès la rentrée 2016.

• Deuxième domaine d’action : la langue française. Chacun doit se sentir à l’aise avec le français – c’est la condition de la cohé-sion sociale. De nouveaux programmes ont été mis en place à la rentrée 2015 en maternelle et pour la rentrée 2016 à l’écoleélémentaire. Le ministère de la Culture a également lancé un appel à projets pour développer l’action des associations dans cedomaine. Pour piloter une politique de la langue au service de la citoyenneté, la création d’une structure dédiée est examinée.

• La lutte contre les discriminations est également une priorité. Un travail d’évaluation des discriminations à l’entrée dans lesfonctions publiques doit aboutir au printemps. Sans attendre, les 75 écoles permettant l’entrée dans la fonction publique d’Étatouvriront davantage leur recrutement dès cette rentrée, soit par la création de classes préparatoires intégrées, soit par l’ouver-ture à l’apprentissage. Enfin, pour mieux lutter contre les discriminations à l’emploi, une campagne nationale de testing dans lemonde du travail sera réalisée et ses résultats feront l’objet d’une publication à la mi-2016.

• Le projet de loi "Égalité citoyenneté" permettra enfin d’ouvrir la possibilité à chacun, notamment aux jeunes, de s’engager auservice du projet républicain. Il proposera ainsi des mesures de renforcement du service civique. Le projet de loi instituera éga-lement la "réserve citoyenne", dont la vocation est de mobiliser des réservistes pour des missions d’intérêt général.

Pour accélérer la mise en œuvre des mesures inscrites dans les contrats de ville, des "délégués du gouvernement" seront nom-més dès février prochain dans dix sites pilotes et travailleront avec les collectivités territoriales pour lever les obstacles et per-mettre à ces territoires d’avancer.

Un nouveau décret sur l’intermédiation locativeUn décret vient d'être publié (n° 2015-1906) permettantde développer l’intermédiation locative dans les com-munes déficitaires en logement social. Les communesqui n’atteignent pas 25 % de logements sociaux sontsoumises, au titre de la loi SRU, à une pénalité financière

prélevée par l’État afin de participer au financement dulogement social partout en France.

Comme le prévoit la loi Alur, les dépenses des com-munes en faveur de l’intermédiation locative, qui per-met de loger les personnes défavorisées dans le parcprivé, peuvent être déduites des pénalités prélevées parl’État au titre de la loi SRU. L’objectif est d’encourager lamobilisation du parc privé à vocation sociale.

Le décret précise les types d’aides accordées à des orga-nismes agréés pour développer l’intermédiation loca-tive, qui pourront être déduites des pénalités des com-munes, comme le coût de la gestion et de l’accompagnement social, le coût de la différence entre le loyer pratiqué et le loyerde marché ou encore les frais de remise en état, à l’exclusion des subventions de fonctionnement qui ont vocation à soutenirglobalement l’organisme concerné. Le décret précise également que le montant déduit ne peut pas dépasser 5 000 € par loge-ment et par an en Île-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, et 2 500 € dans le reste du territoire national .

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7/23/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N°240 news-240

http://slidepdf.com/reader/full/la-lettre-des-elus-socialistes-et-republicains-n240-news-240 3/736 janvier 2016 - n° 240 - Communes - la lettre

FOCUS 

 EN BREF

Des nouvelles mesures pour les projets d’aménagementSylvia Pinel, ministre du Logement, de l’Égalité des territoires et de la Ruralité, a annoncé l’entrée en vigueur au 1er  janvier de

trois décrets visant à développer, améliorer et sécuriser les opérations d’aménagement et de construction de logements.• Réforme du règlement du PLU

Le premier décret, publié le 29 décembre 2015, réforme le règlement du Plan local d’urbanisme (PLU) et clarifie le Code de l’ur-banisme.

Il permet d’ajuster les règles pour mieux répondre aux besoins de chaque territoire. Par exemple, les élus pourront désormaisdéfinir des secteurs spécifiques d’aménagement sans règlement préétabli. Dans ces zones, les projets définiront la règle, et nonl’inverse. Il leur sera également possible, lors de l’implantation des bâtiments, de fixer des objectifs à atteindre (comme l’enso-leillement) plutôt que de donner des règles chiffrées (comme les écarts entre les bâtiments). L’objectif est d’améliorer la qualitédu cadre de vie, notamment en créant plus facilement des espaces de respiration dans les zones les plus denses, et de favoriserla mixité sociale et le vivre-ensemble. Avec des documents d’urbanisme de meilleure qualité, l’instruction des autorisationsd’urbanisme sera facilitée, afin de limiter les contentieux sur les permis de construire et de relancer la construction.

• Renforcement de la concertation des publics

Le deuxième décret, prévu par la loi Alur et publié le 29 décembre, précise notamment les obligations des maîtres d’ouvragequant à la concertation du public. Il renforce l’association du public dans la conception des projets qui modifient leur cadre devie.

• Allongement de la durée du permis de construire

Le troisième décret, qui sera publié dans les jours qui viennent, allonge la durée de validité des permis de construire, qui passede deux à trois ans, avec deux prolongations possibles d’un an sur demande du maître d’ouvrage. Les permis pourront ainsiêtre valides pour une durée globale de cinq ans. Il pérennise une mesure du plan de relance, qui devait arriver à échéance le31 décembre prochain.

Les collectivités pourront toutefois refuser de prolonger le permis de construire au-delà de 3 ans, notamment en cas de mo-dification de leurs documents d’urbanisme et des règles imposées au projet. Cette mesure permet de sécuriser les montagesd’opération tout en assurant le dynamisme du projet de territoire porté par les élus à travers leurs documents de planification.

L’Insee publie les populations officielles des communesL’Insee vient de mettre à disposition les der-nières populations officielles des 36 529 com-munes de France, qui entrent en vigueur au1er   janvier. Ces populations légales sont trèsstructurantes pour la vie des communes. Du ni-veau de ces populations officielles dépendentle montant de la dotation que l’État verse àchaque commune, le niveau de l’indemnitédes élus municipaux, le mode de scrutin pourles élections municipales ou encore le nombrede pharmacies qui peuvent être implantéesdans la commune… Ce sont ainsi plus de 350textes réglementaires, d’objets très variés, quis’appuient sur ces chiffres officiels.

Selon les derniers chiffres publiés, une com-mune sur dix compte moins de 100 habitants,une sur quatre moins de 200 et plus d’une sur deux moins de 500. Ces 19 800 petites communes de moins de 500 habitantsaccueillent aujourd’hui 4,5 millions d’habitants, soit à peu près autant que la population des 5 plus grandes villes de France(Paris, Marseille, Lyon, Toulouse et Nice). Leur nombre a diminué au cours des 50 dernières années, essentiellement sous l’effetde la croissance de la population d’une partie d’entre elles, qui ont alors franchi ce seuil de 500 habitants. Ces communes se

situent essentiellement dans une bande traversant la France du Nord-est au sud-ouest, en zone rurale ou montagneuse.Les chiffres diffusés permettent de disposer également des dernières populations officielles des départements et des régions.Trois départements, le Nord, Paris et les Bouches-du-Rhône comptent chacun plus de 2 millions d’habitants quand la Lozèreaccueille 80 000 habitants, seul département de moins de 100 000 habitants.

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4 Communes - la lettre - n° 240 - 6 janvier 2016

FOCUS 

 RÉGIONALES 2015

Les cinq présidentsde région socialistes

A 45 ans, l'ancienne secrétaire d'Etat auCommerce et à l'Artisanat, Carole Delga, suc-cède à Martin Malvy (Midi-Pyrénées) et Da-mien Alary (Languedoc-Roussillon). Avec 89voix sur 158, elle devient la présidente de la

nouvelle grande région Languedoc-Roussil-lon/Midi-Pyrénées. Députée de la Haute-Ga-ronne, elle a été maire de Martres-Tolosane.

Marie-Guite Dufay, qui présidait la ré-gion Franche-Comté depuis janvier2008, devient la présidente de la nou-velle région Bourgogne-Franche-Com-té, succédant ainsi à François Patriat,

pour la Bourgogne. La nouvelle régioncompte 100 élus. Elle fut maire-adjointede Besançon (Doubs).

François Bonneau, qui présidait la régionCentre depuis 2007, a été réélu à la têtede l'éxécutif de la région Centre Val-de-Loire, composé de 100 élus. Ancien élumunicipal à Montargis (Loiret), il siège auConseil régional depuis 1998.

Le ministre de la Défense, Jean-Yves LeDrian a été élu président de la régionBretagne, qu'il avait déjà présidée de2004 à 2012. Pierrick Massiot lui avaitalors succédé. Ministre dans le gouver-nement d'Edith Cresson, il fut député duMorbihan et maire de Lorient.

Député de la Gironde, Alain Rousseta été élu président de la région Aqui-taine/Poitou-Charentes/Limousin avec108 voix sur 183. Président de la régionAquitaine depuis 1998, il succède ainsià Jean-François Macaire (Poitou-Cha-rentes) et Gérard Vandenbroucke (Li-

mousin). Alain Rousset a été maire dePessac et président de la Communautéurbaine de Bordeaux.

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7/23/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N°240 news-240

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FOCUS 

 RÉGIONALES 2015

Ils ont tant aimé leur Région

Ils ont entre 69 et 79 ans. Une géné-ration politique. Ils ont dirigé leurrégion pendant deux voire trois man-dats, pour plusieurs d’entre eux. Ilsont marqué de leur empreinte leur

région, la décentralisation, participé àimposer les Régions comme des actricesmajeures de l’organisation territoriale de

la République.Au tournant de l’année 2015, il y a unan, ils ont pour la plupart annoncé leurintention de ne pas être candidats à unmandat supplémentaire. De passer lamain. Depuis quelques semaines, c’estdésormais chose faite. Quelques-unsont gardé des fonctions ou des mandats,nationaux ou locaux, dans lesquels ilscontinueront à servir leurs concitoyens.Mais tous ont été profondément mar-qués par leurs mandats régionaux. Aumoment de tourner la page, ils ont livré,à la tribune de leur dernière assembléeplénière ou dans la presse locale, leursréflexions sur les mandats écoulés,leurs fiertés et leurs regrets, parfois leursconseils à ceux qui leur succèdent.

 « J’ai fait exister la Région » « On a été utile, c'est tellement importantdans une vie ! »  : c’est le constat de l’im-portance concrète de son action à la têtede sa Région Ile-de-France qui réconforteaujourd’hui Jean-Paul Huchon. Car ils

savent, à l’instar du Bourguignon Fran-çois Patriat, que le travail accompli avecleurs équipes  « laissera des traces qui

 sont mieux que des preuves, des repères pour l’avenir ». « J’ai consacré beaucoupde temps, beaucoup d’énergie, à l’enga-

 gement politique », renchérit le présidentsortant des Pays-de-la-Loire, JacquesAuxiette.  « Et j’ai le sentiment de ne pasavoir été inutile. »

Tous insistent sur le chemin parcourupar l’institution régionale pendant ces

années. « Quand j'ai été élu en 1998, l'en-tité régionale n'existait pas réellementaux yeux de l'opinion publique. Ce n'est

 plus le cas aujourd’hui », constate Mar-tin Malvy, ancien président de Midi-Py-

Auxiette, Huchon, Malvy,Patriat, Percheron, Souchon,Vauzelle… Ils ont incarnépendant 9 ans, 11 ans,voire 17 ans leur région. Ilsavaient décidé de ne pas se

représenter aux dernièresRégionales. Avant de partir,ils ont dit, chacun à leurmanière, leur passion pource mandat

rénées. « La Région était encore une pe-tite collectivité, moins connue et moinsconsidérée que les autres », confirme Jean-Paul Huchon, également élu depuis1998.  « J’ai fait exister ce territoire, c’estla première de mes fiertés. Nous avons

 fait en sorte que la Région soit indispen- sable dans beaucoup de domaines. »

 « J’ai toujours voulu arrangerles choses »En regardant dans le rétroviseur la fa-çon dont ils ont gouverné leur territoire,chacun insiste sur le rôle central du pré-sident de Région pour animer le débatdémocratique.  « Je suis content d'avoirmontré, depuis 1998, qu'un homme de

 gauche pouvait diriger une région dedroite et dialoguer de manière construc-

tive avec des interlocuteurs de l'opposi-tion, notamment à Marseille et à Nice » ,observe Michel Vauzelle, qui vient dequitter la présidence de Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Martin Malvy met égale-ment en avant comme une fierté le fait

 « d'avoir présidé la région pendant un peu plus de 17 ans en maintenant lacohérence de la majorité, malgré sa di-versité et des prises de position parfoistrès différentes. Ce que j'ai toujours vouluéviter, c'est une institution qui donne uneimage de désordre ou d’impuissance ».

 « J’ai voulu être un président institu-teur », analyse pour sa part Daniel Per-cheron, président sortant du Nord-Pas-de-Calais. « Je l’ai fait en écoutant toutesles interventions. Ce que j’aimerais qu’ondise, c’est que j’ai fait le pari de l’intelli-

 gence des territoires et que ce pari aété gagné. Je ne pouvais aboutir que si

 j’évitais de parader. »  Jean-Paul Huchonlivrait même quelques confidences àses collègues à l’heure de la dernièreséance : « Je vais vous raconter pourquoi

 je fonctionne bien dans les momentstendus. Dans ma famille, on parlait fortet parfois, on était un peu violent. Et j'aitoujours voulu arranger les choses. Il

 faut beaucoup d'effort intérieur, même

 Jacques Auxiette

 Jean-Paul Huchon

Martin Malvy

François Patriat

Daniel Percheron

René Souchon

Michel Vauzelle

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6 Communes - la lettre - n° 240 - 6 janvier 2016

FOCUS 

 RÉGIONALES 2015

 s'il y a des moments où on a envie demettre des claques ! C'est un trait de ca-ractère qui vous poursuit. Cela peut-êtreune faiblesse mais, ici, cela a plutôt été

une force, parce que, dès le premier tourde 1998, où l'on n'avait pas de majoritédu tout, on a trouvé le moyen de travail-ler ensemble ».

Ils se sont pourtant tous résolus à mettreun point final à ce mandat qui les a pas-sionnés.  « Trois mandats, c'est suffisant,il ne faut pas faire le mandat de trop »,s’est raisonné Michel Vauzelle.  « Troismandats, c’est beaucoup », confirmeMartin Malvy, qui concède que l’âge aété l’élément majeur. Tout en ajoutant

aussitôt :  « Pour les électeurs, surtout les jeunes, parce que pour ma part je neressens ni fatigue, ni lassitude ». Et puis,François Patriat en était convaincu,  « il

 faut savoir ouvrir la porte au renouvelle-ment. Cela n’a pas été une décision facileà prendre entre la passion qui m’animedepuis toujours pour notre région et laraison qui commande de préparer l’ave-nir, en passant le relais avec la convictiondu devoir accompli ».

Changer de logiciel politiquePour eux qui furent des cadres de la gé-nération Mitterrand, le constat d’une nou-velle ère s’impose. « Force est de consta-ter que le cycle politique, ouvert en 1972avec la signature du Programme com-mun, consacré en 1981 avec la victoirede François Mitterrand, est aujourd’huirévolu », explique René Souchon.  « C’estla raison principale de ma décisiond’arrêter. Lorsque l'on sent en soi la nos-talgie d'un temps passé, où les idéauxnaissaient de la réflexion partagée, duregard altruiste porté aux autres, loinde l'intérêt mercantile de sa propre exis-tence, alors, il est temps, me semble-t-il,de laisser la place à la nouvelle généra-tion ».  « Nous ne sommes plus à l'époquede "Papa" ou de "Pépé", renchérit MichelVauzelle, quand il suffisait d'être dansun parti pour être tranquille ». L’ancienporte-parole de l’Élysée de 1981 dénonce

 « une twitterisation de la société. Plus personne ne trouve les mots pour parler

aux gens. Qui leur a expliqué la mondia-lisation ? On fait croire que Hollande estresponsable du chômage dans un uni-vers ultralibéral où les financiers formésà Londres et Tokyo le regardent de haut.Les militants ont disparu, on ne sait plus

à qui s’adresser. Je suis inquiet parce que je vois les gens inquiets, sans réponse ».

Même constat pour Martin Malvy : « Notre société va très vite et il faut des gens d’expérience. Il faut aux responsabi-lités des femmes et des hommes qui se

 sont construits dans ces temps en évo-lution. Demain, la politique ne sera plusla même. On est entré dans un cycle nou-veau : révolutions technologiques, ins-tantanéité du temps, défis climatiques. Àquarante ans, on aborde ces problèmesdifféremment qu’à mon âge ». D’où l’ap-pel de René Souchon à une nouvelle gé-nération qui devra  « bâtir un projet de

 société basé sur les valeurs de la Répu-

blique et empreint d’un souci de solida-rité, un vrai projet humaniste éclairé parles réalités techniques, sociétales, du 21e 

 siècle, et par la mondialisation qui mo-difie toutes les règles auxquelles nousétions habitués. Il est temps de changerde logiciel politique ! », conclut-il.

Standing ovationsQue vont-ils devenir ? « Mon camping-carest à l’hivernage. Je ferai du ski, duvélo… », assure René Souchon. Mais l’onapprend par ailleurs qu’il devrait devenirprésident du comité d’experts de la Fédé-ration des Industriels des Réseaux d’Ini-tiative Publique et qu’il voudrait écrire unlivre sur le développement rural. MartinMalvy affirme qu’il n’a rien préparé :  « Jevais mettre de l'ordre dans ce que j'aiadditionné ces dernières années. Je vaislire. L'idée qu'un de ces soirs je pourrais

 prendre un roman plutôt qu'un dossier,c'est déjà un plaisir ». Mais il restera éga-

lement président du Grand Figeac, toutnouveau "pôle d’équilibre territorial etrural" pendant au moins deux ans. Et ilcontinuera à présider l'Association natio-nale des Villes et Pays d’art et d’histoireet des Villes à secteurs sauvegardés etprotégés. Daniel Percheron poursuit sonmandat de sénateur du Pas-de-Calaismais ne sera pas candidat à son renou-vellement :  « Est-ce que ce n’est pas rai-

 sonnable d’arrêter à 75 ans ? ».

Arrêter ? Jacques Auxiette s’y prépare,

lui qui prévoit de déménager bientôt àquelques kilomètres au sud d'Angers, oùil regardera  « couler la Loire, tranquille-ment ». Jean-Paul Huchon reconnaît uneinquiétude, celle de tout un chacun face àla retraite : « Dire que tout ça va s'arrêter

et qu'il va falloir changer de vie, ce n'est pas facile à mon âge ». Mais, commetoujours chez lui, l’humour reprend ledessus : « A la limite, j'ai envie de prendre

un déjeuner ou même de passer unweek-end avec beaucoup d'entre vous,confiait-il à ses collègues élus, parce quecomme je vais avoir du temps… ».

À l’heure du départ, ils ont eu droit à des"standings ovations" de leur assembléequi, bien souvent, auront été des instantsde forte émotion. « Quand on s'en va on

 fait l’unanimité », relativise Daniel Per-cheron, philosophe. Jean-Paul Huchons’en est tiré par une pirouette en lançant,hilare, un parodique « Merci pour ce mo-

ment ! » Pudique jusqu’à l’extrême, Mar-tin Malvy reconnaît  « qu’on ne renonce

 jamais à ce qui vous a passionné sansun pincement au cœur. Mais il n’y avaitchez moi ni nostalgie, ni regret, seule-ment une volonté de transmettre. »  Il l’afait à sa manière, en faisant inscrire surles murs de l’Hôtel de région de Toulouseune phrase de Jaurès :  « Il n’y a qu’une

 seule race, l’humanité ». « Le temps duracisme ne s’est jamais arrêté », dé-crypte-t-il.  « C’est la première des plaies.

Cette phrase de Jean Jaurès devrait être présente dans toutes les écoles de Franceet du monde ». Et il ne cache pas sa ju-bilation à l’idée que les nouveaux élusFront national passeront chaque joursous cette sentence humaniste…

Et l’ancien président de l’ancienne régionMidi-Pyrénées de conclure, un brin nos-talgique : « Je considère qu’il n’y a pas deréussite personnelle. C’est un travail col-lectif. Ce que nous avons fait ensembleet qui a pu certains jours nous paraître

majeur, on l’oubliera. Seul compte ce quireste à faire. Et il en reste ! Heureusement pour les autres… »

Thierry Pourreyron

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7/23/2019 LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N°240 news-240

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HOMMAGE  MARCEL DEBARGE

Gérant - Directeur de la publication : Nicolas Soret - Rédacteur en chef : Philippe Foussier - Conception réalisation : Brigitte Bossu

Photos : D.R. - Ont participé à ce numéro : Denis Lefebvre - Thierry Pourreyron

Le colosse socialiste

C olosse politique ? »  C’est ce queClaude Bartolone a retenu deMarcel Debarge dans l’hom-mage qu’il lui a rendu. Oui, ill’était en effet : par sa stature phy-

sique, son mètre 90, et par les multiplesresponsabilités qu’il a exercées tout aulong de sa carrière.

Ce fils du peuple (son père était mineur,devenu ensuite facteur à la suite d’uneblessure de guerre) est né à Courrières,dans le Pas-de-Calais, le 16 septembre1929. Il a exercé divers petits boulotsavant d’entrer aux PTT. C’est par le syndi-calisme qu’il goûte au militantisme : unsyndicat autonome tout d’abord puis laCGT à partir de 1958.

Il est ensuite happé par la politique, enpleine Guerre d’Algérie : du PSA au PSU,dans lequel il exerce quelques respon-sabilités. Il est de tous les meetings, detoutes les manifs, souvent aussi du côtédu service d’ordre ! Lassé par les querellesinternes qui minent déjà ce parti, il rejointensuite la SFIO (autour de 1964-1965),dans la fédération socialiste de la Seine,alors animée par Claude Fuzier, dont ilpartage la volonté unitaire. En 1971, il par-ticipe au congrès d’Epinay, alors premiersecrétaire de la fédération socialiste de laSeine-St-Denis (il occupe ce poste jusqu’en1978). À Epinay, il est dans la minorité,soutenant la motion dite Savary-Mollet.

1977 constitue un tournant dans sa vie :il devient maire du Pré-St-Gervais, puis sé-nateur de la Seine-St-Denis.

Proche de François MitterrandC’est au même moment qu’il se rap-proche de François Mitterrand. Il s’inves-tit de plus en plus dans la vie nationaledu Parti, membre du secrétariat nationalà partir du congrès de Metz, chargé suc-cessivement des entreprises, des collec-

tivités locales, des relations extérieures,des fédérations et du contentieux, des

Colosse poli-tique aux mul-tiples responsa-bilités, MarcelDebarge estdécédé le 23 dé-

cembre dernier.Ce diplomate-né a marqué lavie socialiste nationale pen-dant 15 ans

élections, puis de la coordination, untemps numéro 2 du PS.

Pendant près de quinze ans, il est unpoids lourd de la rue de Solférino, tant eninterne qu’en externe : il est au premierrang dans la préparation des congrès etla vie de la direction, dans ces périodestroublées et délicates que connaît le

PS, notamment autour du congrès deRennes ; redoutable négociateur, il mènesouvent les négociations avec les parte-naires du Parti, son rôle a ainsi été déci-sif dans la préparation des municipalesde 1989. De 1979 à 1987, il a aussi étévice-président de la FNESR.

L’une de ses caractéristiques était unfranc-parler qui n’épargnait personne : ilavait le verbe haut maniait peu la languede bois : « Moi, disait-il, je ne suis pas uncourtisan, je suis un partisan. »  On l’amesuré à différents moments de sa car-rière, ainsi, en novembre 1992, quandil a estimé à propos du Parti socialiste

 « qu’il fallait raser la maison, garder leterrain et reconstruire ».

Marcel Debarge a connu une expériencegouvernementale courte mais riche :secrétaire d’État à la Formation profes-sionnelle (mai-juin 1981), au Logement(1991-1992), ministre délégué à la Coo-pération et au Développement dans legouvernement Bérégovoy (1992-1993).

On notera enfin qu’il a consacré de nom-breux efforts pour régler la questiondu statut des élus, tout en se préoccu-pant de celle du cumul des mandats.En 1995, il quitte la mairie du Pré, neconserve que son mandat de sénateur,qu’il occupe jusqu’en 2004 : l’heure dela retraite sonne alors pour lui, après undemi-siècle de militantisme multiforme.Ses camarades, tant au Pré qu’au niveaunational, ont conservé le souvenir d’unmilitant et d’un responsable "réglo", quine trichait jamais.

Denis Lefebvre

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Photo. Pré-St-Gervais

Photo. Institut François Mitterrand