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LA LÉGÈRETÉ DES TEMPÊTES Dossier pédagogique 01.07.2015

LA LÉGÈRETÉ DES TEMPÊTES · La légèreté des tempêtes, c’est le calme avant la tornade, l’agitation dissimulée derrière l’apparence paisible de nos vies quotidiennes,

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LA LÉGÈRETÉ DES TEMPÊTESDossier pédagogique

01.07.2015

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Création le 7 novembre 2014 à la Scène nationale de Mâcon

4 danseurs, 3 violoncellistes, 1 chanteur-percussioniste

Production : CFB 451

Coproductions : Le Théâtre - Scène nationale de Mâcon Val de Saône ; Théâtre des Bergeries, Noisy-le-Sec ; Théâtre de Rungis ; Chorège, Relais Culturel Régional du Pays de Falaise ; Accueil studio CCN de La Rochelle - Kader Attou ; Le Cargo, Segré

Résidences de création : La Briqueterie - CDC du Val-de-Marne, Vitry-sur-Seine ; Les Brigittines, Centre d’Art Contemporain du Mouvement de la ville de Bruxelles ; Théâtre de Châtillon

Soutiens : Conseil Général du Val-de-Marne ; SPEDIDAM ; ADAMI ; Fonds SACD Musique de Scène

Remerciements au CCN de Créteil et du Val de Marne / Compagnie Käfig et à l’Atelier de Paris Carolyn Carlson / CDC

Chorégraphie

Interprétation

Composition musicale

Assistante mise en scène et chorégraphie

Création lumières

Création costumes

Régie générale et plateau

Régie son

Construction décor

Recherches iconographiques

Christian et François Ben Aïm

DanseursAurélie Berland Florence CasanaveMélodie GonzalesChristian Ben Aïm

VioloncellistesMathilde SternatLili GautierFrédéric KretFrédéric Deville (en alternance)

Chanteur-percussionisteBruno Ferrier

Jean-Baptiste Sabiani

Jessica Fouché

Laurent Patissier

Dulcie Best

Luc Béril ou Olivier Mendili

Sébastien Teulié

Olivier Crochet, Timothy Larcher

Clémence Beauxis

LA LÉGÈRETÉ DES TEMPÊTES

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CHRISTIAN ET FRANÇOIS BEN AÏM

Depuis plus de quinze ans Christian et François Ben Aïm affirment dans un tandem fraternel une danse contempo-

raine sensible et poétique à l’écriture physique. C’est à quatre mains qu’ils chorégraphient la grande partie de leurs

créations.

Ces trois dernières années, près de 350 représentations ont permis à la compagnie d’assoir son projet artistique tant

à l’échelle locale qu’internationale.

A travers une vingtaine de créations, de l’intime solo à la pièce de groupe, ils fouillent nos ambivalences, nos travers,

nos relations aux autres pour mettent à nu les différents visages de notre humanité. Au fil de leurs pièces, se dis-

tinguent les mots de Peter Handke, de Bernard-Marie Koltès, les photographies de Josef Koudelka... Ces textes, ces

images constituent le fondement d’une matière chorégraphique. Les corps y trouvent l’impulsion du mouvement,

pour créer ensuite leur propre imaginaire.

Toujours au cœur de ces dispositifs, l’interprète incarne des états de corps, une émotion, une matière, pour révéler

les forces et les fragilités de chacun. Les émotions sont piquées au vif, mais l’humour et l’étrangeté ne sont pas loin,

rendant les corps toujours plus habités..

Site internet de la compagnie :WWW.CFBENAIM.COM

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CRÉATION

Crédits photos : Frédéric Iovino

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La légèreté des tempêtes, c’est le calme avant la tornade, l’agitation dissimulée derrière l’apparence paisible de nos vies quotidiennes, l’expression révèlée de notre vibration intérieure.

Pour cette nouvelle création, les chorégraphes se sont attachés à explorer la thématique du désir.

Le désir constitue la source de multiples forces, d’une énergie sans limite qui pousse le corps à toujours se mouvoir, dans une quête démesurée vers un but inaccessible. Conçu comme la force motrice des interprètes au plateau, il est là pour faire surgir en eux un souffle de vie, pour donner à chacun de leurs mouvements une urgence spontanée.

Dans quels états nous plonge cette aspiration permanente ? Comment le désir s’immisce-t-il dans nos moindres gestes et mouvements? A quels rapports aux autres nous invite-il ? De quel monde inconscient ou invisible sommes-nous les marionnettes pensantes ?

La légèreté des tempêtes nous propose de découvrir certains des états dans lesquels cet appétit irrationnel nous plonge et comment il anime nos faits et gestes, entre inconscience et conscience.

Les interprètes font l’expérience d’être traversés, parfois malgré eux, par des états, des émotions, des élans qui les dépassent et qu’ils observent oeuvrer à l’intérieur d’eux. Que la nature de ces états soit joyeuse ou grave, ou encore éprouvante importe peu, le danseur oberve avec la même attention les réactions que ces états suscitent en lui pour le plaisir de l’expérience.

LE DÉSIR, CAUSE DE NOS TEMPÊTES INTIMES

Le chaos est dans le désir.

La jouissance n’est que cette infime part de ce que nous

sommes parvenus à atteindre. Le reste, l’énormité de ce

que nous désirons, reste là, perdu à jamais.

Marguerite DurasLa passion suspendue. Entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre

Le Chaos - Tableau de Ivan Aïvazovski

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PAROLES DE L’ÉQUIPE :

Leurs interprétations du désir :

Une délicieuse souffrance. Des mains tendues vers de l’impalpable. John Cassavetes et Gena Rowlands.

Le feu intérieur qui anime l’être pour manger le «vivant». L’urgence de vivre.Florence Casanave - danseuse

Ah Désir ! Subtil et GlorieuxComme une brise légère, comme un regard furtif, comme une blessure ouverte,

comme un sourire délicieuxCaresse exquise, Orage Impétueux, Nécessité décadente

Douceur exquise et violenteJe sens comme un vide immense, un gouffre infini...

Une plénitude de sentiments chaotiques et violents, des remoux discrets, ronds... comme une eau à la bouche !

Mélodie Gonzales - Danseuse

Etat de suspension, vers un ailleurs magique et inconnnu.Lili Gautier - Violoncelliste

Une délicieuse souffrance. Mathilde Sternat - VioloncellisteJ

e te desire, tu le desiras, il se desire, nous nous fûmes desirés, vous êtes désirables, ils me désirent.

Luc Béril - régisseur

Book of Taboo-Aviator © Maleonn

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Les chorégraphes ont passé commande au compositeur Jean-Baptiste Sabiani d’une partition originale interprétée sur scène par une formation contemporaine de trois violoncellistes et un chanteur-percussionniste.

La musique occupe une place centrale dans cette pièce, par la présence des musiciens sur le plateau, et la scénographie qui leur donne une position prédominante. Avec La légèreté des tempêtes, c’est la quatrième composition que Jean-Baptiste Sabiani réalise pour une de leurs pièces.

Pour la première fois, les chorégraphes lui ont confié la mission de réaliser la création musicale en amont des répétitions sur scène. Ceci a impliqué pour eux une démarche originale : la création chorégraphique à partir de la création musicale. Cette façon de travailler a été un véritable challenge, mais a offert au compositeur la possibilité de laisser libre cours à toute son imagination et de s’emparer pleinement de la thématique.

LA MUSIQUE : UN PERSONNAGE À PART EN ENTIÈRE

PAROLE DU COMPOSITEUR :

J’ai cherché à faire de ce trio de violoncelles un personnage à part entière. A travail-ler sur des trajets qu’il traverserait. Des thèmes sont évoqués dans différentes parties

et des morceaux de ces thèmes sont réexposés dans leurs parties légitimes. Mais plus comme une évocation, comme s’il s’agissait d’un rappel d’un chemin, ou d’un

point de vue différent du même trajet.J’ai aussi travaillé en insistant par moment sur certains types de jeux (tremolo, stac-

cato, etc.) comme une persistance qui serait ponctuée par les percussions.

La voix, même si elle vient parfois rejoindre ou accompagner le trio, a été envisagée elle aussi comme un personnage. Elle a son trajet propre et est exposée seule à plu-sieurs reprises, étant de temps en temps simplement appuyée par le trio ou pouvant

lui servir de support.

Ces différents trajets de la musique, essayent de tracer une carte émotionnelle du désir et de ce qu’il implique comme envie, frustration, attente, ou mise à nu en

accompagnant, rejoignant ou allant à l’encontre du trajet effectué par la danse.

Jean-Baptiste Sabiani

Jean-Baptiste Sabiani a utilisé cette contrainte d’une formation composée uniquement de violoncelles, pour développer sa créativité et user au mieux de toutes les capacités sonores de cet instrument. Il s’est servi des ajouts majeurs offerts par l’instrument : sa grande expressivité et sa puissance.

Pour compléter cette formation, le chanteur-percussionniste Bruno Ferrier accompagne le trio de violoncelles.Adepte du chant diphonique et du chant lyrique en passant par le blues, le rock’n roll et jusqu’aux chants orientaux, ses interventions vocales sont un contrepoint à la puissance de la partition des instruments.

ECOUTER UN EXTRAIT MUSICAL DU SPECTACLE : https://soundcloud.com/cfbenaim/dragon-extrait/s-FVJ7l

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Les chorégraphes explorent les frontières du désir par l’entremise d’une écriture précise et heurtée, comme une succession de sensations et de résonnances, composée de ruptures, d’urgences et de grâce, donnant lieu à des états

de suspension et de tourbillonde résistance et d’abandon de fracas et de calmed’oppression et de liberté d’impuissance et de vigueur

A travers le prisme de ces contrastes, c’est le monde qui nous entoure que les chorégraphes ont choisi d’explorer, la façon dont il traverse nos corps, imprègne nos pensées, provoque nos émotions.

Dès les premières notes des violoncelles, les danseurs semblent sortir de leur torpeur et se mettre en mouvement, comme transportés. La musique traverse les corps, leur donne l’impulsion initiale, fait naître l’élan vital. Par moment cyclique, elle incarne ce désir, ces états auxquels les danseurs ne peuvent échapper. Le cercle est également très présent dans le mouvement chorégraphique, incarnant ces questionnements qui reviennent inlassablement.

UNE DANSE HEURTÉE, DANS L’URGENCE DE SE RÉVÉLER

VOIR LE TEASER :https://www.youtube.com/watch?v=FIUO0SNSodY

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PROPOSITION D’ATELIERS

Ces ateliers chorégraphiques peuvent être une initiation à la danse contemporaine, avec un groupe débutant, ou bien l’occasion d’aborder avec des danseurs amateurs l’une ou l’autre des thématiques, caractéristique de la pièce, évoqués ci-dessus.

Durée : 2h à 20hPublic : Les participants peuvent être de tout niveau, tout en formant un groupe cohérent pour le bon déroulement de l’atelier

Intervenant : danseur de la compagnie

ATELIERS CHORÉGRAPHIQUES AMATEURS

Cet atelier propose de travailler sur la création de courte phrases mélodiques et rythmiques, sans support de parti-tions. afin de permettre aux élèves d’explorer leur créativité, et de parvenir à faire des propositions en lien avec celle des autres musiciens. Une expérience d’improvisation et de création commune qui permet de renforcer l’apprentis-sage du «Jouer ensemble». A l’instar de la création musicale de la pièce, plusieurs éléments rythmiques et mélodiques pourront ainsi se superposer pour créer une composition musicale commune.

Durée : 2h à 4hPublic : musiciens amateursIntervenant : musicien de la compagnie

ATELIERS MUSIQUE

Des thèmes spécifiques propres à la pièce, et caractéristiques du travail de Christian Ben Aïm peuvent être abordés au cours d’ateliers chorégraphiques :

> sensibilisation au travail de création chorégraphique : à travers des expériences de composition chorégraphique et d’improvisation> travail sur le rapport corps/musique : travailler sur les différentes manières d’écouter la musique, de dialoguer avec elle, de se laisser traverser par elle. > travail sur le rapport danse/émotion : travailler sur la dissociation et ambivalence, sur une écriture chorégraphique «de fil en aiguille», être «mu» par son propre mouvement> travail sur la qualité de mouvement lié au flux, à la continuité, à un principe de contagion> exploration des contraires et contrastes : travailler sur une différentes énergies, une danse constituée de rupture> ressenti et interprétation : explorer la zone frontière entre ressenti de l’instant et incarnation / interprétation, et chercher à voir comment tout en conservant son rapport à sa propre réalité corporelle et psychique, le danseur-inter-prète peut se mettre au service d’une « parole » autre que la sienne.

L’ensemble de ces pistes ne pourra être abordée en un seul atelier. Selon le profil des partipants, et en accord avec le théâtre partenaire, certains points seront privilégiés.

La compagnie propose également autour de cette pièce des rencontres avec l’équipe artistiques et des ateliers mu-sique.

Afin de favoriser une approche globale de la création chorégraphique, et artistique en général, la compagnie favorise la mise en place de parcours avec un même groupe de participants : organiser des ateliers chorégraphiques sur plu-sieurs mois avec un même groupe de participants, faire se rencontrer dans un stage commun musiciens et danseurs amateurs qui auraient bénéficier chacun en amont d’un ou deux ateliers avec un danseur et un musicien de la pièce...

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> Rencontre avec l’équipe artistique

La rencontre avec un ou plusieurs interprètes de la pièce permettra au public de discuter des différentes composantes de l’œuvre, d’évoquer ses inspirations ainsi que le processus de création.Cette rencontre est à imaginer à différentes occasions en lien avec les lieux.

> Découverte des métiers

Des rencontres peuvent être organisées avec des membres de l’équipe pour faire découvrir différents métiers du spectacle vivant : danseurs, musiciens, costumière, créateur lumière, régisseur général

Durée : 1h à 2hIntervenants : créateur lumière, danseurs, chorégraphes, administrateur de tournée

RENCONTRES

Des ateliers peuvent être organisés pour les professeurs en formation ou les enseignants en secondaire souhaitant questionner les liens entre arts et pédagogie avec leurs classes.

Durée : à déterminerPublic : enseignantsIntervenant : danseur de la compagnie, selon disponibilité

ATELIERS CHORÉGRAPHIQUES POUR LES ENSEIGNANTS

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DÉMARCHEInterview avec Yann Dissez, au Triangle à Rennes, scène conventionnée Plateau pour la danse – janvier 2007

Comment êtes-vous venus à la danse ?

Nous avons d’abord fait beaucoup de sport étant jeunes, puis la danse a été pour nous une sorte de carrefour, qui a rassemblé des intérêts différents. Nous avons ressenti la nécessité de dire des choses avec le corps, comme si le corps était inévitablement l’élé-ment avec lequel nous nous exprimons. Le corps est le premier support de notre personne, il porte l’individu, son identité. Pour nous, toute expression se doit de passer par cet élément incontournable qu’est le corps. Il y avait aussi la nécessité d’un engagement physique, de l’expression du corps et l’envie d’être dans un rapport artistique vivant. La danse contemporaine s’est imposée comme le médium qui a rassemblé toutes ces envies, toutes ces attirances-là. Nous envisageons le corps, non seulement comme un outil plastique, mais également dans sa dimension hu-maine. Il parle d’un individu, même si nous n’allons pas forcément raconter la vie de cet individu-là. La première chose que l’on voit d’un corps, c’est « à qui il appartient ». Dans notre travail nous nous intéressons à cette don-née identitaire que véhicule le corps.

Vous parlez pour votre travail artistique de « danse-théâtre », qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Nous parlons de danse théâtre, car nous ne nous interdisons pas l’utilisation de la parole, le texte et les mots peuvent participer au spectacle de danse, c’est-à-dire à un spectacle où l’élément premier reste le corps et sa prise de l’espace et du temps. Ces termes portent aussi l’idée que l’on travaille autour d’une chorégraphie de la narration : dans nos spectacles, nous n’hésitons pas à poser le fait que l’on va raconter quelque chose, rapporter des faits, les exposer, parler d’un temps qui n’est pas forcément le temps de la représentation où vous êtes là en face de nous. C’est en cela qu’il y a une dimension théâtrale : il y a quelque chose qui est rapporté. « Danse-théâtre » vient aussi du fait que nous aimons bien nous inspirer d’œuvres dramatiques ou littéraires. Il y a dans nos thèmes et sources d’inspiration cette dimension littéraire qui est assez importante et oriente nos spectacles dans un certain style. C’est particulièrement manifeste dans nos deux dernières créations, mais c’est quelque chose qui nous a toujours nourri. Bien souvent, ce sont des textes poétiques qui ont été à l’origine de nos pièces. Ce qui nous intéresse dans la poésie ce sont les images : des images fortes ou des images qui choquent l’entendement, qui donnent à voir des mondes fantastiques, imaginaires : ça c’est inspirant pour le corps, ça nous permet de recréer des mondes physiques, de comportements, des gestuelles étonnantes. Ce qui nous intéresse dans le théâtre, ce sont les constructions dramaturgiques, les événements : comment une pièce s’échafaude, sur une chronologie d’événements et comment on peut rendre compte de cette chro-nologie, de cette série d’événements de manière scénique, en utilisant les différents moyens que nous avons à notre disposition. Nous ne nous sommes jamais dit que, parce que nous faisons de la danse, il nous est impossible d’utiliser des textes, de la musique, un décor ou une scénographie… Tout peut participer à créer l’événement, après, tout est question de dosage. Nous aimons que les moyens que l’on utilise se frictionnent et viennent donner des sensa-tions hétéroclites sur ce qui est dit, sur ce qui est fait sur le plateau.

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La question de l’engagement, du corps engagé est au cœur de vos propos… y voyez-vous une forme d’enga-gement politique au sens étymologique du terme (engagement dans la cité) ?

La notion d’investissement physique est une notion importante pour nous : l’investissement physique entendu comme l’investissement de la personne en rapport avec son corps lui-même. Il y a vraiment une dimension émotionnelle, sensorielle et donc, engager son corps, c’est le mettre en mouvement dans toutes ses com-posantes, pas seulement esthétiques ou spatiaux temporelles, mais aussi ses composantes émotionnelles ou identitaires. C’est pour cela que l’on parle d’engagement : ce n’est pas seulement l’énergie ou la force que je vais mettre à bouger, c’est aussi ce que je m’autorise à faire résonner physiquement et qui vient toucher à d’autres dimensions de ma personne. Pour nous, s’engager politiquement ou s’engager dans une action c’est aussi s’engager selon les différents paramètres de notre personne. S‘engager dans un groupe, dans une collectivité c’est rencontrer les gens, être au courant de ce qui s’y fait, réagir… L’engagement passe aussi par la question « Comment je rencontre l’autre ? ». Le premier signe de l’engagement c’est : « Quel est le lien qui m’unit à l’autre ? », « Comment je crée du lien et comment je l’actualise avec l’autre, avec la différence ? ». Peut-être que s’engager c’est avant tout être dans un juste rapport à soi-même de manière à pouvoir être dans un juste rapport à l’autre. C’est quelque chose qui n’est pas donné, qui est à renouveler, à ajuster constamment. Notre engagement politique (comment je m’insère dans la collectivité, dans un lieu) est avant tout lié à la ques-tion « Comment je m’y insère en étant au plus près de moi-même et en même temps le plus disponible pour être ouvert à ce qui m’entoure ? ». Notre engagement est un engagement sensible à partir duquel nous pouvons envisager un engagement plus philosophique ou plus politique, mais il s’agit avant tout de l’engagement de ce qui nous constitue primordiale-ment, c’est à dire de notre corps, de nos émotions et de notre pensée. Nous avons du mal à distinguer entre ce qui serait le corps comme outil plastique et des émotions ou une pensée séparées : le corps est un tout.

Les questions de l’autre, de l’individu, de l’identité occupent une place centrale dans votre travail ...

Oui ce sont des thématiques qui sont au coeur de notre travail, parce qu’elles rejoignent toute notre recherche sur les questions de présence, de disponibilité du corps, sur le fait de comprendre comment le corps peut être mis en jeu tout en rendant présentes les émotions et les sensations. Notre préoccupation centrale est vraiment la question de la présence de l’identité : comment l’identité peut à la fois apparaître et disparaître ? Ce que l’on cherche avec les interprètes c’est à ce qu’ils ne s’effacent pas, qu’ils convoquent tous leurs moyens de manière à être les plus vivants possibles. Les questions de l’autre, de l’individu, de l’identité sont au coeur de notre recherche purement physique, qui consiste à tenter de comprendre comment l’émotion se transcrit physiquement, comment le corps donne à voir des émotions. Quand on travaille avec des danseurs en stage, c’est avant tout sur ces questions là que l’on insiste, que l’on cherche : « Est-ce que vous pouvez vous mettre d’avantage en jeu, apparaître plus vous-mêmes physiquement, dans toutes vos composantes (émotion, sensation, pensée, corps) ? » Il s’agit d’accroître cet investissement, cet engagement dans toutes ses directions, en conservant l’idée que plus je vais aller loin dans cet investissement, plus je vais m’effacer en tant qu’individu, avec mon histoire personnelle : plus j’augmente ma capacité à me mettre en jeu pleinement, plus je vais pouvoir parler d’autre chose que de moi-même. La question de la relation à l’autre est aussi importante, elle se décline : relation à moi-même (« Je est un autre »), relation à l’autre interprète avec qui je partage le plateau, relation au public… Nous sommes dans une démarche où nous tenons compte du public, il y a dans nos spectacles une dimension d’adresse et de connivence de plus en plus manifeste. Si dans nos premiers spectacles il y avait une exposition franche, spontanée, immédiate de ce que l’on cherchait à exprimer, aujourd’hui ce qui est adressé l’est avec la conscience d’être adressé : il y a une connivence souterraine qui est établie avec le public « Nous allons vivre des émotions, vous raconter des trucs, mais nous ne sommes pas dupes de ce qui est en train de se jouer là ». Nous cherchons malgré tout à avoir une distance. Notre rencontre va se faire dans cette connivence : quel rôle vous, en tant que public, et nous, en tant qu’interprètes, nous allons tenir. Nous retrouvons la complicité de l’illusion théâtrale.

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INTERPRÉTATION : Aurélie Berland - Danseuse

Aurélie Berland suit la formation en danse contemporaine du CNSMDP d’où elle sort diplômée en 2006. Elle travaille alors principalement avec Daniel Dobbels dans plusieurs pièces de groupe et solos et avec Christian et François Ben Aïm dans les pièces Amor Fati Fati Amor (2008), Résistance au droit (2010) et Valse en trois temps (2010). Depuis 2011, elle se forme en notation du mouvement dansé, système LABAN au CNSMDP. Elle danse pour Christine Gérard en 2013, dans le cadre de In Vivo danse 2013 au Centre Georges Pompidou. En 2014, elle est

interprète dans la pièce La Traversée de Nacera Belaza.

ÉQUIPE

INTERPRÉTATION : Florence Casanave - Danseuse

Après deux années de formation (2001-2003), à Epse Danse auprès de Françoise Texier à Montpellier, Florence Casanave approfondit sa formation P.A.R.T.S. de 2004 à 2006.Elle participe ensuite à des projets d’improvisation avec Lance Gries, et est interprète dans la compagnie Grégoire&co/Sylvie Le Quéré, avec les chorégraphes Salia nï Seydou, dans Siècle des Fous (reprise), Eléonore Didier, dans le solo LaiSsERvenIR, et pour la compagnie Ubi/ Alessandra Piccoli dans les pièces Chronica et Geminus.En parallèle de sa carrière d’interprète, elle crée avec Elisabeth Fernandes la compagnie Body Works à Rennes au sein de laquelle elle écrit trois courtes pièces D.O.R. (solo), Les Mouvantes (duo) et Faire des ponts et Voler (trio).Fidèle à la compagnie 29X27, elle collabore avec elle pour son projet jeune public Le Ring des Anges en 2009, et son projet d’improvisation in situ Perspective(s).

INTERPRÉTATION : Mélodie Gonzales - Danseuse

De nationalité franco américaine, Mélodie Gonzales fait ses premières expériences de la scène en France au sein du Jeune Ballet du Languedoc et de la compagnie Christiane Marciano. Elle part ensuite se former à la New World School of the Arts de Miami, Fl. aux USA, où elle obtient un Bachelors of Fine Arts en danse en 2004 puis à l’Institut Laban à Londres où elle obtient un Master en Performance de la danse. Elle partage alors son temps entre l’Europe et les États-Unis en collaborant avec plusieurs chorégraphes internationaux : Daniel Lewis (Jose Limon Co.), Michael Uthoff (MUDT), Peter London (Martha Graham Dance Co), Jennifer Muller (NYC), Aszure Barton (NYC)... En 2009, elle est primée lauréate du concours d’interprètes : « Ren-contres Talents Danse de l’ADAMI ». Elle crée le collectif d’artistes CERICA en 2010 au sein duquel elle développe ses propres recherches chorégraphiques avec les pièces Pièces Courtes, et Poupées Post-it. En 2013, elle co-réalise son premier long-métrage avec Daniel Madoff (ex-danseur de Merce Cunningham). En tant que professeur, elle a enseigné à Miami en 2004 puis à Londres entre 2007 et 2009 au Trinity Laban Institute et au Lewisham College de Londres. Depuis 2008, elle développe une technique d’exploration du mouvement pour danseurs et non-danseurs qu’elle partage au travers de cours et de stage ponctuels. En 2014, elle devient membre de la compagnie KD Danse dirigée par Kirsten Debrock.

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INTERPRÉTATION : Frédéric Kret - Violoncelliste

Après des études musicales au CNR de Paris et à la Royale Academie de Londres, Frédéric Kret se produit au sein du quatuor à cordes Vuillaume de 1990 à 1996, présentant un répertoire classique dans un grand nombre de scènes européennes. Il est ensuite interprète dans l’orchestre de l’Opéra de Paris pendant une dizaine d’années. En 2001, il accompagne Isabelle Adjani dans La Dame aux Camélias pour 100 représentations au théâtre Marigny. En parrallèle, il enre-gistre en studio depuis plus de 20 ans des musiques de films (notamment avec les réalisateurs Cédric Klapisch et Roman Polanski), et les albums de chansons, de variétés. Après avoir eu la chance de jouer avec Léo Ferré en 1987, il est interprète sur les tournées de plusieurs chanteuses et chanteurs français (Daphné, Julien Clerc, Vincent Delerm...).

INTERPRÉTATION : Mathilde Sternat - Violoncelliste

Premier Prix de violoncelle et de musique de chambre au CNSMDP, Mathilde Sternat termine ses études par un cycle de formation supérieure en musique de chambre. Invitée comme violoncelle solo à l’orchestre symphonique de Montpellier et des Concerts Pasdeloup, elle participe également à de nombreux concerts avec l’orchestre de chambre de Salzbourg. Musicienne éclectique, elle accompagne des artistes de variétés sur scène (Bruel, Elodie Frégé, Nolwen Leroy, Voulzy...) et participe aux enregistrements de leurs albums. En 2004, Mathilde Sternat fonde avec Anne Gravoin le «Travelling Quartet» dans lequel les quatre musiciens de formation classique revisitent le répertoire des Beatles. Elle rejoint Christian et François Ben Aïm en 2011 pour la pièce L’Ogresse des archives et son chien (2011).

INTERPRÉTATION : Lili Gautier - Violoncelliste

Lili Gautier commence très tôt le violoncelle à Valence et va rapidement sentir l ‘envie de communiquer au travers de cet instrument chaleureux si proche de la voix humaine. Après cinq années d’étude au Conservatoire National de Lyon, elle poursuit sa formation pendant quatre ans auprès de Lluis Claret, qu’elle suit à la Scola Musica de Barcelone, et au CNR de Toulouse entre 1994 et 1997. Cet outil qu’est le violoncelle avec toutes ses possibilités, lui sert à aborder un répertoire très large sans restriction. Au cours de son parcours, elle est interprète dans plusieurs formations orchestrales : l’Orchestre National de Lyon, l’Orchestre National du Capitole à Toulouse, l’Orchestre National Bayonne Côte Basque et l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine. Elle est également violoncelle solo depuis 2007 dans l’Ensemble Orches-tral de Bordeaux. A l’international, elle est co-soliste en 2008 et 2009 à l’Opéra Royal de Stoc-kolm. Titulaire d’un diplôme d’Etat depuis 1997, elle se partage à présent, entre la pédagogie et le métier d’interprète en temps que soliste, chambriste ou au sein de formations orchestrales.

INTERPRÉTATION : Frédéric Deville - Violoncelliste (en alternance)

Après ses études musicales au Conservatoire de Paris, il rencontre les grands maîtres Yo-Yo Ma, Janos Starker, les quatuors Amadeus, LaSalle et Alban Berg. Il apprend parallèlement le chant grégorien et la musique baroque, le jazz et la musique indienne. Il fonde ensuite le quatuor à cordes Brancusi avec lequel il participe à de nombreuses créations musicales, chorégraphiques et théâtrales pendant six années de tournées à travers le monde. Les 300 concerts qu’il donne aux côtés de Jacques Higelin seront décisifs. Il joue alors de son violoncelle électrique avec -M-, Alain Bashung, Hubert-Félix Thiéfaine, Alain Chamfort, Ibo Simon, Idir, Sonic Youth… et part pour des années de tournées avec Brigitte Fontaine, Areski Belkacem, Christophe, Rodolphe Burger, Kat Onoma, Ol, Bruno Maman, Daniel Mille,Yom, Sally Nyolo, Thierry Amiel, Bénabar, Tryo… Il a développé un jeu unique sur son violoncelle acoustique ou électrique, jouantdebout tout en se déplaçant sur scène. Il compose avec une inspiration pop-rockélectro teintée d’orient. Soucieux de transmettre au jeune public, il imagine et compose MagicMusic, un voyage musical en violoncelle et claquettes.

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CRÉATION COSTUMES : Dulcie Best

Formée au Welsh College of Music and Drama, Dulcie Best travaille comme créatrice costumière et plasticienne depuis 1990. Elle conçoit les costumes de spectacles internationaux comme les cérémonies d’ouvertures de l’Euro 2008 de football ou les jeux paralympiques en 2004 à Athènes. En parallèle de ces grands événements, elle entretient sa passion créatrice en travaillant pour le spectacle vivant. Depuis sa rencontre en 2006 avec Christian et François Ben Aïm, lors d’un évènement chorégraphié pour 35 artistes, elle conçoit et réalise les costumes de leurs pièces Louves (2008), L’Ogresse des archives et son chien (2011) et La forêt ébouriffée (2013).

CRÉATION LUMIÈRES : Laurent Patissier

Après des débuts éclectiques dans l’évènementiel et la télévision, puis 15 années de pratique des métiers de la lumière (créations, tournées nationales et internationales), Laurent Patissier se consacre essentiellement à la conception d’éclairage pour le spectacle vivant. Il éclaire aussi bien des pièces de théâtre, de danse, de marionnettes que des concerts et des expositions. Il col-labore notamment avec Luc Laporte, Brice Coupey, Franck II Louise, Etienne Pommeret, Valé-rie Grail, Jérôme Pisani et Nathalie Rafal... Récemment il crée les lumières des pièces de danse contemporaine Rock’n Roll Suicide pour Die Donau (Andréa Sitter) ; Il Progetto Indispensabile pour La Ventura Cie (Ana Ventura) ; du duo de danse Hip Hop Phorm (David Colas et Santiago), pour le théâtre La Permanence des choses, essai sur l’inquiétude par l’Association Perspective Nevski (Sandrine Roche) et Avis de Messe Marionettique pour la Cie Contre Ciel (Luc Laporte).Après une première rencontre en 1998 autour du spectacle L’homme rapaillé, il crée depuis 2004 les lumières de toutes les pièces de la compagnie de Christian et François Ben Aïm.

COMPOSITION MUSICALE : Jean-Baptiste Sabiani

Après avoir suivi une formation au CIM (Centre d’Information Musicale), Jean-Baptiste Sabiani suit une formation de cinq ans à l’American School of Modern Music, de 1990 à 1995, avec le piano comme spécialisation. Au cours de sa carrière, il réalise des compositions, enregistre-ments et arrangements dans les domaines du jazz, du théâtre et du cinéma. Il collaboreavec la danseuse et chorégraphe Julie Trouverie, pour les créations O loup ! et Mysterious skin. Depuis 2010, il compose et/ou arrange la partition musicale de toutes les pièces de Christian et Fran-çois Ben Aïm : Résistance au droit (2010),Valse en trois temps (2010), L’Ogresse des archives et son chien (2011), Karma (2013), La forêt ébouriffée (2013).

INTERPRÉTATION : Bruno Ferrier - Chanteur, musicien

Percussionniste, poly-instrumentiste et chanteur, Bruno Ferrier débute par un apprentissage des percussions : il apprend la batterie, les tablas avec le maître indien Rashmi Batt, et la percussion africaine au cours de stages avec Mama Kouyaté. En 1998, il entre à l’école Pro musica, pour une formation de 2 ans en chant classique, et se forme en parallèle au chant jazz, et au chant polyphonique. Suite à cette formation, Bruno Ferrier n’aura de cesse d’ouvrir sa pratique à des univers hétéroclites. Entre 1991 et 2008, il collabore en tant que chanteur à la réalisation de plusieurs albums et aux tournées de groupes aux formations worldjazz, rock, ou oriental : le Boogie Night Orchestra, Speed Caravan, Pososhok, sur l’album Ping Kong avec le groupe DuOud, c’est accompagné d’un luth oriental, le oud, qu’il se lance dans d’étonnantes improvisations vocales. En 2010, il rencontre Christian et François Ben Aïm et collabore en tant que chanteur et percussionniste à la pièce L’Ogresse des archives et son chien (2011).

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PRESSE

Trois violoncelles surplombent la scène, à l’image de dieux tutélaires dont l’identité est flottante, êtres extra-ordinaires venus d’on ne sait où. La voix de Bruno Ferrier s’élève alors, venue de l’aube de l’humanité, ou d’un autre monde.

Soudain, les danseurs s’élancent, comme un grain traverse le paysage. La Légèreté des tempêtes, bien nommée, ressemble à une houle, à un trouble atmosphérique, d’où surgit brusquement un corps, arrêté dans sa course, prêt à repartir dans de nouvelles trombes de mouvement.

Il n’y a pas de thème ni d’histoire, juste des inflexions du temps qui modèlent les corps et modulent les gestes – si extraordinairement justes que chacun d’entre eux font sens et donnent une couleur à l’enemble.

La danse jaillit dans des tourbillons de nuées fines et légères, des mouvements vertigineusement empilés s’écroulent les uns sur les autres dans un fracas silencieux. Frisson et profondeur agite les corps au passage d’un archet, à la fois pause et caresse qui réduit l’ensemble à la seule sensibilité.

La Légèreté des tempêtes est aussi volatile et orageuse que les oscillations du désir, ses trajectoires pleines de remous, dans une atmosphère chargée par la voix qui imprègne de son chant des contours magnétiques. Des images incongrues voyagent, comme cet oiseau étrange en tenue d’aviateur, ou ces femmes qui s’enroulent comme des flammes.

Rythmée impeccablement par la musique de Jean-Baptiste Sabiani, on surprend la danse en flagrant délit de mouvements, prise dans une urgence vitale, organique, essentielle. Au gré de sauts surprenants, de courses hâtives, de torsions infinies se déploie une gestuelle inédite, habitée par les interprètes, qui nous emporte dans ses revirements et ses courbures, ses élans et ses accalmies, ses méandres assoupis.La Légèreté des tempêtes, dans ses essors et ses rémissions est une pièce jubilatoire, palpitante, qui réunit en un seul torrent musique et chorégraphie, pour nous faire voir une anatomie de la sensation.

Agnès Izrine

Le 13 novembre 2014

Hiver 2015

Une fois encore, les frères Ben Aïm s’attachent à écrire un parcours d’émotions. Ils s’attellent à la tâche diffi-cile d’incarner l’émotion avec justesse, de la piéger dans le mouvement. Un exercice d’équilibriste qui réclame une précision absolue de la distance. Être capable de dire le joli et le sale mêlé au plus profond des sensations émotionnelle n’est pas une chose aisée, évidemment. La légèreté des tempêtes s’en approche très près dès la première et il se pourrait que les Ben Aïm parviennent à capturer l’intangible dans la cage de scène.

Le titre porte le choix de l’ambivalence : la tempête, signe d’angoisse, de catastrophe tout autant que d’une vitalité haute, d’une nature puissante et sauvage ; accompagnée d’une déclaration de légèreté. Les danseurs sont donc tiraillés, emportés par le mouvement circulaire, les torsions, les spirales ; chacun marqué différem-ment par un même contexte. Des solos font poids, souligne la spécificité de chacun, sa tempête personnelle contenue dans la tempête commune. Le désir – émotion centrale de cette création – affiche des formes mul-tiples, ses extensions et ses retenues, sa folie sous-jacente.

La grande réussite de la pièce apparaît dans le tissage lâche qui unit l’ensemble des éléments portés sur scène. Du bocal d’eau éclairé dans lequel les visages cherchent l’apnée au costume mi-vêtement de travail, mi-plumes fastueuses du chanteur instrumentiste, Icare essentiel. Des cubes mobiles qui portent les violon-cellistes aux corps immobilisés par l’assise et la tenue de l’instrument vibrant malgré tout au subtil travail de lumière de Laurent Patissier. La danse se trouve prise sous les feux croisés d’une douce tempête. La bande-son est à couper le souffle, chant et violoncelle explorent diverses traditions, la diphonie enivre. La danse orga-nique, entre exposition intime et distance maintenue, s’offre sans détour. On la voudrait parfois plus rugueuse pour entendre le fracas dans le calme, la brutalité dans la poésie. A suivre.

Marie-Juliette Verga

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CONTACTS

La compagnie est soutenue par la DRAC Île-de-France – Ministère de la Culture et de la Communication au titre de l’aide à la compagnie chorégraphique conventionnée, par la Région Île-de-France au titre de la Permanence Artistique et Culturelle et de l’Emploi tremplin, et par le Conseil Général du Val-de-Marne.La compagnie est en résidence au Théâtre de Rungis (94).

©Photo couverture : Estelle Brugerolles

Attaché à la communication et aux relations publiquesThomas Courtot - [email protected]

AdministratriceAmbre Takei - [email protected]

CFB 451 - 53 Rue du Général Leclerc - 94270 Le Kremlin-Bicêtre - France00 33 1 43 60 76 11

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