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La mauvaise réputation de Noam Chomsky, par Jean Bricmont (Le Monde diplomatique, avril 2001)

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Haro sur un imprécateur

La mauvaise réputation de Noam Chomsky Telle qu’elle est relayée par les grands médias, la vie intellectuelle française susciteparfois la consternation à l’étranger : phrases extraites de leur contexte, indignationsprévisibles, « polémiques » de pacotille, intellectuels de télévision qui prennent la poseà l’affût du mot trop rapide qui servira de pâture à leurs éditoriaux indignés. En

France, Noam Chomsky a été l’objet de campagnes de disqualification d’autant plusvives et régulières qu’il a su détailler, calmement, l’imposture d’un discours àgéométrie variable sur les « droits de l’homme », lequel, souvent, couvrait les forfaitsde l’Occident.

par Jean Bricmont 

Le New York Times, qui n’aime guère Noam Chomsky (c’est réciproque), admetnéanmoins qu’il compte au nombre des plus grands intellectuels vivants. En dehorsdes départements de linguistique, et des colonnes du Monde diplomatique , il restenéanmoins ignoré en France.

Quand son nom est évoqué, c’est trop souvent pour y associer ceux de RobertFaurisson ou de Pol Pot. Chomsky serait l’archétype de l’intellectuel passant son temps àminimiser ou à nier divers génocides dont l’évocation risquerait de servir l’impérialismeoccidental. Il n’a d’ailleurs trouvé qu’un éditeur marginal, Spartacus, pour publier en 1984 ses

Réponses inédites à mes détracteurs parisiens, compilation de lettres et d’un entretien, non publiésou de façon tronquée et adressés à des journaux comme Le Monde , Le Matin de Paris, Les

Nouvelles littéraires, pour répondre, entre autres, à des attaques de Jacques Attali et de Bernard-Henri Lévy. D’où l’importance de la publication récente de certains de ses textes ( 1 ).

Pendant la guerre du Vietnam, les écrits de Chomsky jouissaient d’une certaine audience enFrance. Mais, déjà à l’époque, un malentendu implicite commençait à poindre. Dans lesmouvements anti-impérialistes dominait une mentalité de « prise de parti ». Il fallait choisir soncamp : pour l’Occident ou pour les révolutions du tiers-monde. Une telle attitude est étrangère à

Chomsky, rationaliste au sens classique du terme. Non pas qu’il se place « au-dessus de la mêlée »- rares sont les intellectuels plus engagés que lui -, mais son engagement est fondé sur des

 

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principes comme la vérité et la justice, et non sur le soutien à un camp historique et social, quelqu’il soit.

Son opposition à la guerre ne découlait pas du pronostic que la révolution vietnamienne offriraitun avenir radieux aux peuples d’Indochine, mais de l’observation que l’agression américaineserait catastrophique parce que, loin d’être motivée par la défense de la démocratie, elle visait à

empêcher toute forme de développement indépendant en Indochine et dans le tiers-monde.

Dénoncer l’idéologie de l’Occident

Rigoureux, les écrits de Chomsky offraient aux opposants à la guerre du Vietnam des outilsintellectuels précieux ; la différence d’optique entre lui et ses partisans en France pouvait alorspasser pour secondaire. La contre-offensive politique et idéologique se déclencha quand, à partir

de 1975, des boat people se mirent à fuir le Vietnam et, plus encore, lorsque les Khmers rougescommirent leurs massacres. Un mécanisme de culpabilisation de ceux qui s’étaient opposés à laguerre occidentale, et plus généralement à l’impérialisme, permit de leur imputer laresponsabilité de ces événements. Mais, comme le fait remarquer Chomsky, reprocher à desadversaires de l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS en 1979 les atrocités commises par lesrebelles afghans depuis le retrait des troupes soviétiques ne serait pas moins absurde : s’opposantà l’invasion, ils avaient voulu empêcher une catastrophe dont portent la responsabilité ceux quil’ont décidée, pas leurs adversaires. Presque banal, un argument de ce type est quasimentinaudible dans le camp occidental.

En France, la mentalité de camp avait conduit nombre d’opposants aux guerres coloniales à sebercer d’illusions sur la possibilité de « lendemains qui chantent » dans les sociétés décolonisées.Cela a rendu la culpabilisation d’autant plus efficace que la fin de la guerre du Vietnam coïncidaavec le grand tournant  de l’intelligentsia française, qui allait amener celle-ci à s’écarter dumarxisme et des révolutions du tiers-monde et, peu à peu, avec le mouvement des « nouveauxphilosophes », à adopter des positions favorables à la politique occidentale au Tchad et auNicaragua. Une bonne partie des intellectuels français, surtout ceux de la « génération 68 »,d’abord passive dans la lutte contre les euro-missiles (1982-1983), devint franchement belliciste

au moment de la guerre du Golfe puis lors de l’intervention de l’OTAN au Kosovo.

N’ayant jamais eu d’illusions à perdre, Noam Chomsky n’avait aucun combat à renier. Il demeuradonc à la pointe de la lutte contre les interventions militaires et les embargos qui, de l’Amériquecentrale à l’Irak, ont provoqué des centaines de milliers de victimes. Mais pour ceux qui avaientopéré le grand tournant, Chomsky devenait un anachronisme bizarre et dangereux. Commentpouvait-il ne pas avoir compris que le bon camp était devenu celui de l’Occident, des « droits del’homme » ? Et le mauvais, celui de la « barbarie à visage humain », pays socialistes et dictaturespost-coloniales mêlées ?

L’étude de sa démarche intellectuelle permet de répondre. Une bonne partie de l’œuvre deChomsky est consacrée à l’analyse des mécanismes idéologiques des sociétés occidentales. Quand

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un historien étudie l’Empire romain, il essaie de relier les actions des dirigeants de l’époque àleurs intérêts économiques et politiques, ou du moins à la perception que ceux-ci en ont. Au lieude s’en tenir aux seules intentions avouées des dirigeants, l’historien met au jour la structure« cachée » de la société (relations de pouvoir, contraintes institutionnelles) pour décrypter lediscours officiel. Cette démarche est tellement naturelle qu’il ne faut même pas la justifier. Onl’applique à des sociétés comme l’Union soviétique hier, la Chine et l’Iran aujourd’hui. Nul

expert sérieux n’expliquerait le comportement des dirigeants de ces pays en privilégiant lesmotivations que ceux-ci mettent en avant pour justifier leurs actions.

Cette attitude méthodologique générale change du tout au tout quand il s’agit des sociétésoccidentales. Il devient alors quasi obligatoire d’accepter que les intentions proclamées de leursgouvernants constituent les ressorts de leurs actions. On peut douter de leur capacité à atteindreleurs objectifs, de leur intelligence. Mais mettre en cause la pureté de leurs motivations,chercher à expliquer leurs actions par les contraintes que des acteurs plus puissants feraientpeser sur eux revient souvent à s’exclure du discours « respectable ».

Ainsi, lors de la guerre du Kosovo, on a pu discuter des moyens et de la stratégie mis en œuvrepar l’OTAN, mais pas l’idée qu’il s’agissait d’une guerre humanitaire. On a critiqué les moyensutilisés par les Etats-Unis en Amérique centrale dans les années 1980, mais rarement doutéqu’ils voulaient protéger ces pays de la menace soviétique ou cubaine. L’argument qui motive cecurieux dualisme dans l’approche des phénomènes politiques est que nos sociétés sont« réellement différentes », à la fois des sociétés passées et des pays comme l’URSS ou la Chine,parce que nos gouvernements seraient « réellement » soucieux des droits de la personne ou de ladémocratie.

Mais le fait que les principes démocratiques soient souvent mieux respectés « chez nous »qu’ailleurs n’empêche nullement d’évaluer empiriquement la thèse de la singularité occidentale.On peut y parvenir en comparant deux tragédies (guerre, famine, attentat, etc.) plus ou moinssemblables et en observant la réaction de nos gouvernements et de nos médias. Or, quand laresponsabilité de ces situations est imputable à nos ennemis, l’indignation est générale et laprésentation dépourvue de la moindre indulgence. En revanche, si la responsabilité desgouvernements occidentaux ou de leurs alliés est engagée, les horreurs sont souvent minimisées.Pourtant, si les actions de nos gouvernements étaient réellement motivées par les intentions

altruistes qu’ils proclament, ils devraient d’abord agir sur les tragédies dont ils sont responsables,au lieu de donner la priorité à celles qu’ils peuvent attribuer à leurs ennemis. Constater que c’estpresque toujours l’inverse qui se produit oblige à retenir l’accusation d’hypocrisie. Une bonnepartie de l’œuvre de Chomsky est consacrée à des comparaisons de ce genre ( 2 ).

Dans le cas de l’Indochine et du Cambodge en particulier, les écrits de Chomsky, souventprésentés comme une «  défense de Pol Pot  », ont cherché à comparer les réactions desgouvernements et des médias occidentaux face à deux atrocités presque simultanées : lesmassacres commis par les Khmers rouges au Cambodge et ceux des Indonésiens au moment de

l’invasion du Timor-Oriental.

Concernant le Cambodge, l’indignation fut vive - autant qu’hypocrite ( 3 ). En revanche, au

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moment de l’action militaire indonésienne, les médias et les intellectuels « médiatiques »observèrent un silence presque complet alors même que les Etats-Unis et leurs alliés, dont laFrance, livraient à l’Indonésie des armes en sachant qu’elles seraient utilisées au Timor ( 4 ).Dresser la longue liste des non-indignations de ce type obligerait à revenir sur la Turquie et lesKurdes, Israël et les Palestiniens, sans oublier l’Irak, où, au nom du droit international, on laissedes centaines de milliers de personnes mourir à petit feu.

En se livrant à ce genre de comparaisons, Chomsky a pris le contre-pied de la mentalité de partiparticulièrement accusée depuis le grand tournant : puisque le Bien (l’Occident et ses alliés)affrontait le Mal (les nationalismes du tiers-monde et les pays dits socialistes), l’analogie futinterdite. Or Chomsky fit pire. Refusant la duplicité qu’il reproche à nos gouvernants et à nosmédias, il a toujours estimé qu’il devait d’abord  dénoncer les crimes des gouvernements surlesquels il pouvait espérer agir, c’est-à-dire les nôtres.

Même s’il n’entrait dans sa démarche nulle illusion sur les régimes « révolutionnaires  » ou

absolution des crimes commis par les « autres », il était presque inévitable que ceux-là mêmes quiavaient entretenu de telles illusions et accepté de telles absolutions l’accuseraient de tomber dansleurs travers. On peut comprendre la réaction d’une partie de l’intelligentsia française, soucieusede brûler ce qu’elle a adoré et d’adorer ce qu’elle a brûlé et naturellement désireuse de se vengersur le dos des autres des erreurs qu’elle a autrefois commises. Parfois, Chomsky en a été plusagacé qu’amusé.

Il faut à présent aborder l’« affaire Faurisson », qui alimente les attaques françaises les plusvirulentes contre Chomsky. Professeur de littérature à l’université de Lyon, Robert Faurisson fut

suspendu de ses fonctions à la fin des années 1970 et poursuivi parce qu’il avait, entre autres, niél’existence des chambres à gaz pendant la seconde guerre mondiale. Une pétition pour défendresa liberté d’expression fut signée par plus de cinq cents personnes, dont Chomsky. Pour répondreaux réactions violentes que suscita son geste, Chomsky rédigea alors un petit texte dans lequel ilexpliquait que reconnaître à une personne le droit d’exprimer ses opinions ne revenait nullementà les partager. Elémentaire aux Etats-Unis, cette distinction parut difficilement compréhensibleen France.

Mais Chomsky commit une erreur, la seule dans cette affaire. Il donna son texte à un amid’alors, Serge Thion, en lui permettant de l’utiliser à sa guise. Or Thion le fit paraître, comme« avis », au début du mémoire publié pour défendre Faurisson. Chomsky n’a cessé de rappelerqu’il n’avait jamais eu l’intention de voir publier son texte à cet endroit et qu’il chercha, maistrop tard, à l’empêcher ( 5 ).

Condamner Chomsky dans cette affaire impose, au minimum, de dire ce que l’on réprouveexactement : une erreur tactique ou le principe même de la défense inconditionnelle de la libertéd’expression ? Dans le second cas, il faut alors indiquer que la France ne possède pas, en matièred’expression d’opinions, la tradition libertaire des Etats-Unis. Là-bas, la position de Chomsky nechoque presque personne. Parfois comparée à la Ligue des droits de l’homme, l’American CivilLiberties Union, dans laquelle militent de nombreux antifascistes, porte ainsi plainte devant lestribunaux si on interdit au Ku Klux Klan ou à des groupuscules nazis de manifester, fût-ce en

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Jean BricmontProfesseur de physique à l’université de Louvain (Belgique).

Ce texte est la version abrégée de la préface d’un recueil de textes de Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère des Etats-Unis, Agone, Marseille, 2001.

( 1 ) Outre De la guerre comme politique étrangère des Etats-Unis (Agone, Marseille), lire, pour les écrits les plus récents, LesDessous de la politique de l’Oncle Sam (Ecosociété-EPO-Le Temps des cerises, Montréal-Bruxelles-Paris, 1996),Responsabilité des intellectuels (Agone, Marseille, 1998), Le Nouvel Humanisme militaire  (Page Deux, Lausanne, 2000), LaConférence d’Albuquerque (Allia, Paris, 2001).

( 2 ) Lire Edward S. Herman et Noam Chomsky, Manufacturing Consent. The Political Economy of the Mass Media, Pantheon

Books, New York, 1988, et Noam Chomsky, Necessary Illusions. Thought Control in Democratic Societies, Pluto Press,Londres, 1989.

( 3 ) Quand, en 1979, les Vietnamiens mirent fin au régime de Pol Pot, les Occidentaux décidèrent de soutenir les Khmersrouges, diplomatiquement à l’ONU, mais aussi, indirectement, sur le plan militaire. A contrario, dans le cas de l’Indonésie,de simples pressions occidentales auraient sans doute suffi pour arrêter les massacres.

( 4 ) Ministre français des affaires étrangères, Louis de Guiringaud se rendit à Djakarta pour y signer un accord militaire. Puisil déclara que la France ne placerait pas l’Indonésie dans une situation embarrassante aux Nations unies à propos duTimor. In Le Monde , 14 septembre 1978.

( 5 ) La version anglaise de ce texte, « Some elementary comments on the rights of freedom of expression », est disponible surwww.zmag.org [http://www.zmag.org/chomsky/articles/8010-free-expression.html].

( 6 ) C’est ce qui s’est produit à Skokie (Illinois) en 1978.

Mot clés :Intellectuels  Personnalités

uniforme, dans des quartiers à majorité noire ou juive ( 6 ). Le débat à ce propos oppose doncdeux traditions politiques différentes, l’une dominante en France, l’autre aux Etats-Unis, et pasun Noam Chomsky, représentant d’une ultra-gauche dévoyée, face à une France républicaine.

Dans un monde où des cohortes d’intellectuels disciplinés et de médias asservis servent deprêtrise séculière aux puissants, lire Chomsky représente un acte d’autodéfense. Il peut

permettre d’éviter les fausses évidences et les indignations sélectives du discours dominant. Maisil enseigne aussi que, pour changer le monde, on doit le comprendre de façon objective et qu’il y a une grande différence entre romantisme révolutionnaire - lequel fait parfois plus de tort que debien - et critique sociale simultanément radicale et rationnelle. Après des années de désespoir etde résignation, une contestation globale du système capitaliste semble renaître. Elle ne peut quetirer avantage de la combinaison de lucidité, de courage et d’optimisme qui marque l’œuvre et lavie de Noam Chomsky.