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La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. Muriel Bonin 1 , Pascal Thinon 2 , Jean-Paul Cheylan 3 , Jean-Pierre Deffontaines 4 Résumé L’article présente les principes de la modélisation graphique. La méthode est abordée d’un point de vue théorique (concepts, origine et évolutions) et pratique (sources d’information, démarche, analyse, interprétation). Les polémiques autour des chorèmes et les limites de l’outil sont discutées. Trois exemples présentent l’utilisation de la modélisation graphique par des chercheurs pour rendre compte de l’organisation et de la dynamique spatiale du territoire dans trois Parcs Naturels Régionaux. Des perspectives d’utilisation de la modélisation graphique dans des projets de développement sont avancées à partir de deux cas concrets : l’organisation de l’espace pastoral en estive et un projet de Pays. La place des acteurs de terrain dans la construction de la représentation des situations est discutée, ainsi que la contribution de cette démarche de modélisation à la production de connaissances pour l’action. Introduction La dimension territoriale étant de plus en plus présente dans les projets de développement, des méthodes de modélisation des organisations territoriales sont nécessaires. Dans une perspective de développement, elles doivent être faciles d’accès, simples à mettre en œuvre et permettre un dialogue avec et entre les acteurs. Les géographes disposent d’une large palette d’outils d’analyse du territoire, dont la modélisation graphique. Cependant, la plupart de ses utilisations, du moins celles ayant fait l'objet d'une publication scientifique, sont issues des milieux universitaires et n'ont pas de visée explicite de production de connaissances pour l'action. Nous posons ici la question de la pertinence et des perspectives d’évolution de cet outil de recherche vers un outil d’aide au développement. Dans la première partie, nous présentons la démarche de modélisation graphique et proposons des éléments de discussion sur la méthode. Trois exemples d’utilisation dans des Parcs Naturels Régionaux français illustrent la démarche. Dans une seconde partie nous engageons une réflexion sur les perspectives d’utilisation dans le cadre d’opérations de développement, à partir de deux exemples de confrontation de la modélisation graphique à des situations concrètes d’action. La modélisation graphique : principes, démarches et questionnements Précisons tout d’abord quelques points de vocabulaire : 1 CNRS-UMR ESPACE, Montpellier 2 INRA-SAD, Versailles 3 CNRS-UMR ESPACE, Montpellier 4 INRA-SAD, Versailles Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA. 1

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L’article présente les principes de la modélisation graphique. La méthode est abordée d’un point de vue théorique (concepts, origine et évolutions) et pratique (sources d’information, démarche, analyse, interprétation). Les polémiques autour des chorèmes et les limites de l’outil sont discutées. Trois exemples présentent l’utilisation de la modélisation graphique par des chercheurs pour rendre compte de l’organisation et de la dynamique spatiale du territoire dans trois Parcs Naturels Régionaux.Des perspectives d’utilisation de la modélisation graphique dans des projets de développement sont avancées à partir de deux cas concrets : l’organisation de l’espace pastoral en estive et un projet de Pays. La place des acteurs de terrain dans la construction de la représentation des situations est discutée, ainsi que la contribution de cette démarche de modélisation à la production de connaissances pour l’action.

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La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement.

Muriel Bonin1, Pascal Thinon2, Jean-Paul Cheylan3, Jean-Pierre Deffontaines4

Résumé

L’article présente les principes de la modélisation graphique. La méthode est abordée d’un point de vue théorique (concepts, origine et évolutions) et pratique (sources d’information, démarche, analyse, interprétation). Les polémiques autour des chorèmes et les limites de l’outil sont discutées. Trois exemples présentent l’utilisation de la modélisation graphique par des chercheurs pour rendre compte de l’organisation et de la dynamique spatiale du territoire dans trois Parcs Naturels Régionaux.Des perspectives d’utilisation de la modélisation graphique dans des projets de développement sont avancées à partir de deux cas concrets : l’organisation de l’espace pastoral en estive et un projet de Pays. La place des acteurs de terrain dans la construction de la représentation des situations est discutée, ainsi que la contribution de cette démarche de modélisation à la production de connaissances pour l’action.

Introduction

La dimension territoriale étant de plus en plus présente dans les projets de développement, des méthodes de modélisation des organisations territoriales sont nécessaires. Dans une perspective de développement, elles doivent être faciles d’accès, simples à mettre en œuvre et permettre un dialogue avec et entre les acteurs. Les géographes disposent d’une large palette d’outils d’analyse du territoire, dont la modélisation graphique. Cependant, la plupart de ses utilisations, du moins celles ayant fait l'objet d'une publication scientifique, sont issues des milieux universitaires et n'ont pas de visée explicite de production de connaissances pour l'action. Nous posons ici la question de la pertinence et des perspectives d’évolution de cet outil de recherche vers un outil d’aide au développement.Dans la première partie, nous présentons la démarche de modélisation graphique et proposons des éléments de discussion sur la méthode. Trois exemples d’utilisation dans des Parcs Naturels Régionaux français illustrent la démarche. Dans une seconde partie nous engageons une réflexion sur les perspectives d’utilisation dans le cadre d’opérations de développement, à partir de deux exemples de confrontation de la modélisation graphique à des situations concrètes d’action.

La modélisation graphique : principes, démarches et questionnements

Précisons tout d’abord quelques points de vocabulaire :

1 CNRS-UMR ESPACE, Montpellier2 INRA-SAD, Versailles3 CNRS-UMR ESPACE, Montpellier4 INRA-SAD, VersaillesBonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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- un chorème renvoie à une « structure » spatiale élémentaire et à sa représentation graphique. Le terme de structure correspond à la forme d’une distribution spatiale à un instant donné ou à celle d’une dynamique. Chaque structure élémentaire est aussi l’expression d’une « loi » de l’espace (modèle de gravitation par exemple, modèles de diffusion, etc.).- un modèle graphique renvoie à l’expression graphique pour un territoire donné de la composition de ces différentes structures élémentaires pour découvrir, expliciter et représenter des organisations et des dynamiques spatiales.- la modélisation graphique (ou parfois chorémisation) correspond à la démarche qui conduit à la production d’un modèle graphique.

Fondements théoriques

Les chorèmes ont été conçus à l’origine, par Roger BRUNET (1972), (1980), (1986) comme l’engagement d’un travail, nécessairement long et coopératif, de constitution et de spécification, d’un « vocabulaire » et d’une « syntaxe », qui permettraient à terme de rendre compte, non seulement des traits majeurs des organisations et dynamiques spatiales observables, mais également des liens causaux, avérés ou hypothétiques, pouvant tenir lieu d’explication. Des objets élémentaires (chorèmes), généralement traduits sous forme d’un graphique simple sont associés aux facteurs ou aux « lois » de l’espace géographique permettant d’avancer une explication des situations observées. Un nombre réduit de situations spatiales type (ruptures, effets d’axe, gradients, organisation centre / périphérie, réseaux de « drainage » et « d’irrigation », etc.) peut rendre compte, par combinaison, de la diversité des situations observées. Ce sont donc les capacités combinatoires de ces structures de base (à l’image des mots d’une langue) qui permettent d’approcher l’adéquation entre un vocabulaire simple et la grande diversité des phénomènes à représenter. Plusieurs tentatives d’organisation d’un univers « minimal » de chorèmes ont eu lieu. Suite à un article paru dans l’espace géographique (BRUNET, 1972) qui énonçait une première collection d’objet de type chorèmes, un travail collectif au sein du GIP RECLUS5 a abouti à une première « grille » de chorèmes (BRUNET, 1986). Un autre groupe de travail, associant géographes et agronomes, a proposé une seconde grille (CHEYLAN et al., 1990) qui introduit de nouveaux éléments pour la représentation des changements (fig. 1). Plus récemment, Madeleine Brocard (BROCARD, 1993) faisait une proposition complémentaire en introduisant une concordance entre les règles de base du langage graphique de J.BERTIN et l'expression graphique des chorèmes.

5 GIP RECLUS = Groupement d’Intérêt Publique Réseau d'Etude des Changements

dans les Localisations et les Unités SpatialesBonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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La démarche de modélisation graphique

Un modèle graphique s’élabore à partir de questions initiales, issues d’une problématique géographique ou d’un enjeu de développement. La démarche de Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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modélisation graphique nécessite la constitution d’un ensemble d’informations spatiales se rapportant à ces problématiques ou enjeux. Les principales sources d’information utilisées sont : (i) le recueil de travaux antérieurs sur le terrain d’étude ; (ii) des observations de terrains et des enquêtes ; (iii) des travaux spécifiques de cartographie thématique, notamment des cartes statistiques issues de banques de données spatialisées ; (iv) une cartographie d’occupation et d’utilisation du sol, éventuellement à différentes dates ; (v) une cartographie à dires d’experts ou à dires d’acteurs. Le recours à un Système d’Information Géographique (SIG) peut faciliter l’intégration, les traitements et la cartographie de ces informations.Les chorèmes sont avant tout des outils pour interpréter les formes, les structures et les distributions d’un ensemble de cartes. Il faut alors hiérarchiser le poids de chacune de ces structures élémentaires et identifier les modalités de leur composition. Il s’agit pour cela de formuler des hypothèses sur les mécanismes spatiaux en présence et d’éprouver ces hypothèses. Les structures élémentaires regroupées dans les différentes grilles sont utilisées comme autant de clés dont il faut vérifier l’adéquation aux distributions observées. Ces clés peuvent se déformer mutuellement.La démarche est dialectique, à la fois déductive et inductive. Dans le sens ascendant (inductif) l’examen d’une distribution spatiale permet l’identification des chorèmes susceptibles de « fonctionner », alors que dans le sens descendant (déductif) on mobilise des lois de l’espace géographique connues et récurrentes. Celles-ci sont ensuite appliquées à une situation spatiale particulière pour construire des hypothèses qu’il faudra ensuite valider par l’examen des distributions prises en compte. Le modèle graphique résultera de l’ajustement progressif, dans une démarche itérative, de ces deux approches (BRUNET, 1986).D’un point de vue pratique, il faut dans un premier temps se donner une surface de travail géométrique (cercle, carré, rectangle…) représentant au mieux l’espace à modéliser et permettant de s’extraire des contingences locales. Si cette généralisation est nécessaire à la construction du modèle, rien n’interdit ensuite, pour sa restitution et sa diffusion, de repositionner les structures identifiées sur un fond de carte plus proche de la géométrie du territoire étudié. On cherche dans un deuxième temps, selon la démarche dialectique et itérative décrite ci-dessus, à repérer les structures élémentaires et leurs combinaisons qui rendent compte, au mieux, des distributions cartographiques observées. Il faut savoir limiter le nombre de structures élémentaires utilisées sous peine de complexifier à outrance la représentation pour un gain faible en termes de minimisation des écarts entre le modèle et la réalité observée.Les chorèmes sont des outils de représentation de connaissances spatiales en cours d’acquisition et de structuration, particulièrement en situation interdisciplinaire. Analogiquement, on pourrait parler ici de « tableau noir » au sens des « blackboards » des premières approches de représentation de connaissances (CHEYLAN et al., 1984). L’intérêt de cette approche réside dans ses capacités heuristiques en vue de la construction d’un modèle explicatif. Elle constitue également une heuristique complémentaire d’identification et de spécification des objets spatiaux pertinents, susceptibles d’être introduits dans des systèmes d’information qui permettront de représenter et de traiter la problématique abordée.

Polémiques autour des chorèmes et limites

La chorématique a connu un développement important dans la recherche et dans l’enseignement. Débats et critiques ont rapidement vu le jour. Un numéro spécial de la revue Hérodote (LACOSTE et al., 1995) dénonçait Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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« l’impérialisme et les dérives de la chorématique ». Il regroupait un ensemble d’articles très critiques à l’encontre des chorèmes et de leurs utilisations.La chorématique y est taxée de dogmatique : « les assemblages de modèles chorématiques sont imposés de façon péremptoire, comme s’ils étaient le fruit de calculs et de raisonnements scientifiques tellement savants qu’il serait parfaitement vain de tenter de les expliquer au bon peuple et aux géographes ordinaires » (LACOSTE, 1995, p.13). La présentation systématique d’une ou plusieurs cartes en vis à vis du modèle graphique peut constituer un « garde-fou » face aux éventuels chorèmes « sortis du chapeau ». Elle permet de clarifier leurs modes de production, leur généalogie et d’argumenter les choix retenus. Autre avantage, la carte renvoie au terrain, elle permet de localiser les structures représentées par les chorèmes. Cet aspect est important dans une perspective de développement et de discussion avec les acteurs.Une dérive fréquemment dénoncée est celle de la confusion entre schéma et modèle. Des simplifications de cartes aboutissent parfois à un ensemble de symboles graphiques qui ne renvoient, ni à des structures spatiales élémentaires, ni à des éléments d’explication sur la genèse de la forme. L’esthétique du graphique prime alors sur le fond.Une autre critique adressée à l’encontre des chorèmes porte sur le refus de prise en compte du milieu physique. Ce reproche renvoie plus aux utilisations de l’outil qu’à l’outil lui-même. Certains utilisateurs des chorèmes privilégient les « relations horizontales », associées à des polarisations / diffusions socio-économiques et rejettent les facteurs du milieu naturel. Cependant rien n’interdit de retenir des éléments du milieu physique pour participer à la construction du modèle graphique.Enfin, la question de la validation des chorèmes est très rarement abordée. Mais le contrôle de leur validité scientifique est d’autant plus difficile que le langage graphique n’est « pas précis, au sens mathématique du terme » (BROCARD M., 1993).Les chorèmes ont donc donné lieu à de vastes débats. Néanmoins ils sont l’objet d’une large utilisation dans les milieux scientifiques et de l’enseignement. Il reste à accroître leur capacité à répondre à des préoccupations de développement.

Trois exemples d’utilisation de la modélisation graphique dans des Parcs Naturels Régionaux (PNR)

Les trois exemples présentent l’utilisation par des chercheurs de la modélisation graphique pour rendre compte de l’organisation spatiale du territoire de trois PNR déjà créés ou en projet. Dans le cadre d’un rapport préalable à la création d’un PNR en garrigues languedociennes, la modélisation graphique a permis de formaliser et de diffuser une représentation des structures et des dynamiques spatiales à différents niveaux d’échelle. Pour le Parc des Monts d’Ardèche, la modélisation graphique est utilisée pour définir à l’échelle locale des scénarii de dynamiques d’occupation des sols en fonction des transformations socio-économiques et des processus naturels. Dans le Parc du Vexin français, elle a permis de réaliser une typologie des territoires communaux.

Garrigues du Languedoc

Le projet de Parc est situé au Nord de Montpellier. Il est délimité au Sud par la plaine littorale, au Nord par les Cévennes, à l’Est par les plaines du Gardon et à l’Ouest par le Larzac. Les chercheurs ont utilisé la chorématique pour représenter les principales structures et dynamiques de cet espace et les associer à des enjeux

Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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de gestion. Les modèles graphiques ont servi ensuite au montage d’un dossier de PNR.

En régions méditerranéennes, l’espace des garrigues se caractérise par une association végétale à usage agro-sylvo-pastoral sur sols marno-calcaires. Dans le périmètre du projet de PNR, l’association collines et plateaux de garrigue, est interrompue par de petites plaines et sillons agricoles sur sols argilo-marneux. Un gradient sud-est/nord-ouest ordonne des plaines de plus en plus réduites et des massifs boisés de plus en plus présents (fig. 2.1). Les densités de population et d’équipements routiers suivent ce gradient. La présence de failles induit un cloisonnement en parallélogrammes (fig. 2.2). Les villages maillent l’espace en associant plateaux de garrigues et plaines agricoles. Lorsque les ruptures de relief sont importantes, de petites plaines-cuvettes délimitent des finages concentriques (haut de la figure 2.3) alors que plus au sud, de longs couloirs inter-collinaires associent les mêmes éléments mais selon une organisation en bandes (bas de la figure 2.3).

Pour le « terroir type », un gradient de pente, de profondeur des sols, de pierrosité et de réserve utile en eau s’observe, du creux de la plaine jusqu’au plateau (fig. 2.4). Ce gradient a structuré l’ordonnancement des utilisations des sols en associant différemment selon les époques, types de ressources et types de mises en valeur. Actuellement entre les cultures annuelles de plaine et les espaces d’enclosure des causses, la vigne se développe sur le piémont en concurrence avec les espaces nouvellement urbanisés. Ce terroir type reflète trois grands processus de transformations actuelles : la péri-urbanisation, la réorganisation des terroirs viticoles liée à la politique de qualité et la fermeture de la garrigue. La croissance urbaine prend deux formes principales : le développement des villages le long des axes de communication et le développement de « néo-villages » (fig. 2.5). Une concurrence foncière, entre nouveaux espaces résidentiels et terroirs agricoles, s’établit.

L’analyse spatiale, de données statistiques et d’informations sur les occupations des sols, est à l’origine de ces interprétations. Elle s’apparente à une analyse exploratoire qui facilite l’observation de régularités spatiales, à partir d’hypothèses issues d’une première approche des comportements sociaux dans l’espace. Les analyses diachroniques renseignent sur les formes et les intensités des transformations de l’espace et montrent les inerties de certains processus. Elles permettent une évaluation des degrés de liberté laissés à des politiques volontaristes susceptibles d’influer sur ces évolutions.

Il semble que les modèles graphiques ainsi produits n’ont été réellement assimilés que par des personnes, « sensibles » à la dimension spatiale des phénomènes. Les tentatives pédagogiques en direction des acteurs montrent qu’il demeure un vaste travail « d’élaboration du message » à réaliser, tant sur le plan graphique qu’argumentaire.

Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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Les Monts d’Ardèche

Le PNR des Monts d’Ardèche regroupe 132 communes sur 180 000 ha. Cet espace rural, éloigné des pôles urbains, est caractérisé par des terrains granitiques et schisteux, un relief accidenté, des pentes aménagées en terrasses, domaine du châtaignier et des élevages ovins et caprins. L’exemple présenté ne porte pas sur l’ensemble du territoire du PNR. Il se limite au Massif du Tanargue qui regroupe neuf communes et couvre 18 000 ha. Ce territoire correspond au niveau d’application d’opérations de gestion de l’espace. Ce travail constitue, pour les gestionnaires de l’espace, une expérience pour la mise en place de démarches participatives, de gestion concertée et d'aménagement de l'espace. Les méthodes testées pourront être adaptées dans d’autres zones du PNR.

Une démarche associant chorèmes et SMA6 a été développée7. Les SMA appréhendent bien les dynamiques temporelles, l’association chorème-SMA permet une modélisation spatio-temporelle. Les évolutions temporelles des entités du modèle spatial face aux changements socio-économiques et aux processus naturels sont ainsi modélisées (BONIN et LE PAGE, 2000).L’espace dans les SMA peut être vu, non pas comme un simple support, mais comme un ensemble d’entités en interaction. Chaque entité spatiale est dotée de propriétés d’agents. Nous avons retenu comme entité spatiale les composants élémentaires du modèle graphique. Chaque entité est alors dotée d’attributs qui la caractérisent et de méthodes qui définissent son évolution.

Deux types de données sont utilisées pour élaborer le modèle :- des données recueillies par le chercheur selon un protocole d’observation des dynamiques d’occupation du sol. Un travail de photo-interprétation a été réalisé à différentes dates (1950, 1969, 1979, 1991), sur la base d’une matrice cadastrale. Les données sont entrées dans un SIG, cartographiées et analysées ;- des données, recueillies auprès des acteurs locaux, dans le cadre de la mise en place d’un schéma d’aménagement de l’espace conduit selon une démarche participative. Elles ont permis d’identifier les conflits et complémentarités d’usage de l’espace, les états souhaités du territoire, ainsi que les actions réalisées ou envisagées. Ces données, associées à des travaux antérieurs sur l’organisation de l’espace cévenol (CHEYLAN, 1986 ; GAUTIER, 1996), ont permis d’identifier différentes structures et dynamiques spatiales. Trois principales structures spatiales ont été dégagées. Elles sont synthétisées par le modèle graphique de la figure 3.On y repère :- l’organisation concentrique autour des hameaux, lieux de localisation des fermes

et résidences secondaires. Du centre vers la périphérie se succèdent les cultures, les prés, les châtaigneraies, les landes et les feuillus ;

- la structuration de l’espace selon un gradient d’altitude : fond de vallée, versant et plateau ;

- la mosaïque d’utilisation : myrtille, lande, forêt, estive, etc., sur le plateau ; prés, vergers, équipements touristiques, urbanisation, etc., en fond de vallée.

- d’autres éléments se surimposent à ces structures : par exemple les résineux « en bloc » (ONF8 ou groupements forestiers) ou en « timbre-poste » (particuliers).

En termes de dynamiques, le principal élément est la fermeture du milieu par la végétation associée à la déprise agricole. Elle est naturelle (forêt sur lande par exemple) ou artificielle (boisements de résineux). Des ouvertures ponctuelles du milieu s’observent toutefois avec le développement de l’élevage extensif et des résidences secondaires.

6 SMA = Système Multi-Agents7 Cette approche a été développée au sein du groupe SMAS (Systèmes Multi-

Agents Spatialisés) : http://www.lirmm.fr/w3arc/reseauSMAS8 ONF = Office National des ForêtsBonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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Une fois construit, le modèle permet de simuler des évolutions : scénario d’abandon total, simulation d’impact de processus élémentaires (par exemple la mise en place d’un règlement de boisement, le développement de résidences secondaires sans règlement d’urbanisme, etc.), propositions d’actions pour le passage de l’état actuel (EA) à l’état souhaité (ES) définies à partir d’une synthèse des réunions menées selon une approche participative.9

Les connaissances et préoccupations des acteurs locaux ont été introduites en amont de la modélisation. Ceci n’est qu’un premier pas vers l’élaboration d’un outil d’aide à la décision. La discussion autour des impacts spatiaux de différents types d’actions et des scénarios d’évolution donne une vision globale des processus en jeu et doit permettre de raisonner la mise en place de nouvelles actions.

Le PNR du Vexin français.

Dans le PNR du Vexin français, la chorématique a été utilisée pour caractériser la diversité des territoires communaux selon une typologie de communes fondée sur l'arrangement spatial des types d'occupation du sol. (THINON P. et DEFFONTAINES J.P., 1999). Il s’agissait de construire un outil d'aide à la gestion de l’espace dans une perspective de conception intercommunale de politiques d’aménagement : orientation des Plans d’Occupation des Sols, élaboration de chartes paysagères communales, etc. Dès lors que le nombre de communes est élevé (plus de 120 pour le Vexin français), il est intéressant d’opérer des regroupements pour rattacher 9 Pour plus de détail, le lecteur intéressé peut se reporter à (BONIN et LE

PAGE, 2000).Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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chaque commune à des ensembles plus vastes et faciliter ainsi la définition de politiques d’aménagement à des niveaux supracommunaux.

Pour classer les communes du Vexin français en fonction de l’arrangement de leurs occupations du sol, nous disposions d’informations au 1 : 25 000e sur l’occupation du sol. Chaque commune a pu être ainsi cartographiée selon une nomenclature en 11 postes (bois, surfaces en herbe, terres labourées, habitat, etc.). La recherche des types a été menée selon une méthode empirique et itérative. A partir des cartes communales, des modèles d’organisation spatiale récurrents ont été identifiés en utilisant des méthodes issues de la modélisation graphique : recherche d’organisations de forme auréolaire (villages de plateau centrés dans le finage), de forme linéaire (communes dont l’occupation du sol s’organise en bandes parallèles à l’axe de la vallée). Dans un premier temps, les communes ont été classées en cinq types recoupant des données du milieu naturel et d’intensité urbaine : plateaux, buttes, petites et moyennes vallées, grandes vallées de la Seine ou de l’Oise et communes très urbanisées de la Ville Nouvelle de Cergy-Pontoise. Un examen plus approfondi a permis ensuite de détailler ces 5 grands types en 19 types élémentaires (fig 4). Nous présentons trois de ces types élémentaires.

Les communes de plateau "pur" (PL1).L’habitat est groupé au centre de la commune. Le relief est peu marqué. Les terres labourées représentent la quasi-totalité du territoire. Les parcelles sont de grande taille et s’étendent jusqu'aux habitations. Les exploitations, essentiellement de grandes cultures avec betteraves, sont de taille importante (fig.5).

Les communes de plateau avec villages sur promontoire (PL3)L’habitat groupé est situé sur un promontoire (buttes témoins). Il est entouré par d’importantes surfaces en herbe. Ailleurs dans le finage, le relief est peu marqué et les terres labourées sur grandes parcelles dominent. Les exploitations sont de taille moyenne avec une orientation grandes cultures avec betteraves. Des ateliers bovins sont présents (fig. 6).

Les communes des vallées de la Viosne et du Sausseron (PV4)Dans ce modèle en bandes parallèles, on retrouve : (a) des versants à pente moyenne à forte très boisés, parsemés de petits ensembles de parcelles en labour ou en herbe. L’habitat, souvent linéaire, se localise en fond de vallée ; (b) des zones de plateaux et de rebords de plateau avec des parcelles de culture de grande taille (fig.7).

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Cette typologie a été présentée aux chargés d'étude du Parc intervenant dans la mise en œuvre des chartes paysagères. Ils y ont vu un moyen intéressant de sortir du caractère monographique des chartes réalisées jusque là. Néanmoins, aucun suivi de l'utilisation réelle de cette typologie n'a encore été réalisé.

Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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Ces trois exemples de démarche, malgré une variété des terrains et des thématiques, présentent des traits communs :

- à partir de documents cartographiques, les structures élémentaires en présence et leurs modes de combinaison sont identifiés pour construire ensuite le ou les modèles graphiques ;- la modélisation graphique ne constitue qu’un élément d'une démarche mobilisant d’autres approches et méthodes ; elle n’est donc pas une fin en

soi, mais s'apparente à une étape intermédiaire au cours d’une démarche plus globale d’analyse d’un territoire et de ses enjeux ;Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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- ils ont été élaborés sans collaboration étroite avec les acteurs locaux et ils n’ont été, jusqu’à présent, que partiellement mis en situation d’action. Le fait que, dans les trois cas, les acteurs ne soient pas réellement associés à l’élaboration des modèles, tient au contexte de la recherche et au manque d’opportunité pour établir un partenariat. Il ne s'agit en aucun cas d'une volonté délibérée de se situer en position de transfert de la recherche vers le développement.

Perspectives d’utilisation de la modélisation graphique dans des projets de développement

Dans cette deuxième partie, nous posons la question de l’utilité, des conditions et des modalités de mise en œuvre de la modélisation graphique dans un contexte de développement local ou agricole, de résolution de

problèmes environnementaux ou de construction intentionnelle de nouveaux territoires. Pour alimenter notre réflexion, nous nous appuyons sur deux de nos propres expériences (Parc National des Ecrins, projet de Pays dans la Bassée Montois en Seine-et-Marne) ainsi que sur les communications et les débats d’un récent séminaire « Modèles Spatiaux pour le Développement Territorial » (MSDT) consacré à l’usage des chorèmes pour le développement territorial10.

Deux points nous paraissent importants à développer. Le premier resitue l’utilité de la modélisation graphique dans des démarches plus larges de développement. Le second présente deux manières différentes d’utiliser la chorématique pour la production de connaissances utiles à l’action.

Utilité et place de la modélisation graphique dans un contexte d’action

Nous l’avons vu, la démarche de modélisation graphique peut aider à l’identification de structures et de dynamiques spatiales d’un territoire donné. Elle permet de positionner ce territoire dans des champs géographiques englobants et d’expliciter des modèles locaux d’organisation de l’espace. Toutefois l’organisation et la réorganisation spatiales d’un territoire ne sont pas nécessairement au cœur de chaque projet de développement. Cette démarche est donc bien adaptée lorsque les structures et les dynamiques spatiales constituent un réel enjeu de développement et permettent d’alimenter le processus de construction du projet par des connaissances utiles à l’action. L’apport de nouvelles connaissances sur l’organisation d’un territoire peut aussi favoriser l’émergence de nouveaux enjeux. Au cours du séminaire MSDT de Clermont-Ferrand, des témoignages de chercheurs impliqués dans la recherche-action et qui sont en interaction constante avec les acteurs de terrain (en particulier au CIRAD TERA), vont dans ce sens.

10 « Usage des chorèmes pour le développement territorial. Intérêts et

limites de la méthode. Utilité pour les acteurs et modalités

d’appropriation », organisé par l’INRA, l’ENGREF, et le CEMAGREF, les 17 et

18 octobre 2000 à Clermont-Ferrand.

Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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La connaissance11 de méthodes d’intervention pour la négociation entre acteurs permet de resituer la place des chorèmes dans une démarche globale. Plusieurs méthodes ont été mises au point dans le cadre de la résolution des conflits d’environnement aux Etats-Unis. La Méthode Institutionnelle est l’une d’entre elles. Elle est animée par des médiateurs et se déroule en différentes étapes :1/ L’étape de diagnostic de la situation conflictuelle identifie les enjeux, les acteurs, les règles du processus de décision, les sources de blocage.2/ Un groupe de négociation est ensuite constitué en prêtant attention au choix des personnes qui représentent les groupes concernés.3/ La procédure de négociation comprend la mise à plat des besoins puis une mise en commun et une discussion des données techniques du problème.4/ La phase suivante est une « recherche créative de solutions ».5/ Si un accord est trouvé, il en résulte la mise en place d’un programme d’actions et une communication, une diffusion de la ratification de l’accord auprès du public.6/ Une procédure d’évaluation et de contrôle de réalisation des accords est mise en place.La modélisation graphique peut être utilisée à différentes étapes de cette démarche, plus particulièrement au cours des premières (1-2-3-4). Dans la gestion de conflits en matière d’environnement, le problème est posé dès le départ ; il s’impose à tous, mais est perçu différemment selon les acteurs. En revanche, avec des objectifs de développement, on cherche à construire un projet, un mode de valorisation des ressources locales. Dans ce cas, la modélisation graphique peut également être envisagée comme support de discussion au cours de la phase d’inventaire des atouts et des faiblesses d’un territoire.

La modélisation graphique ne constitue donc qu’un outil parmi d’autres s’insérant dans une démarche plus globale. Notamment, « la modélisation graphique […] ne saurait se substituer au dialogue construit dans le cadre d’un dispositif de Recherche-Action » (CARON, 2000) ; mais elle peut l’accompagner. Comme dans toute démarche en liaison avec les acteurs du développement, le risque est que l’outil et les connaissances qu’il permet d’acquérir soient détournés et se révèlent « un instrument de planification technocratique » (CARON, 1997).

Modalités et conditions d’utilisation de la modélisation graphique

Deux expériences illustrent deux manières différentes d’utiliser la modélisation graphique dans le cadre d’opérations de développement. La première porte sur la construction par des chercheurs de modèles graphiques pour la mise en évidence des structures spatiales d’un alpage dans le Parc Naturel National des Ecrins et pour la diffusion des résultats auprès des acteurs de la gestion pastorale. La seconde concerne le recours à la modélisation graphique comme outil de travail pour l’élaboration collective d’un projet de Pays.

Pastoralisme dans le Parc National (PN) des Ecrins

Dans le PNN des Ecrins, les approches pastoralistes classiques mettaient surtout en avant la répartition dans les alpages des différents faciès de

11 d’après la présentation de L.MERMET, ENGREF, MSDT, Clermont-Ferrand, le

18 octobre 2000 et (MERMET, 1998).Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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végétation. L’hypothèse des chercheurs de l’INRA-SAD12 était que l’organisation spatiale de l’alpage se structurait aussi en pôles de pâturage, en axes de circulation, en points de passages obligés pour le troupeau. L’utilisation des chorèmes a permis, à partir de l’analyse des pratiques des bergers, de repérer et de modéliser cette organisation puis de diffuser auprès des acteurs de la gestion pastorale (bergers, agents de développement, communes, PN) cette vision nouvelle de l’espace (SAVINI I. et al., 1993). Désormais, les opérations de diagnostic pastoral réalisées sur un grand nombre d’alpages du Parc se fondent sur un découpage de l’espace en « secteurs ». Ces derniers partitionnent l’alpage en tenant compte du comportement territorial du troupeau. La modélisation graphique a ainsi mis en évidence l’organisation du territoire pastoral.

Elaboration d’un projet de Pays dans la Bassée-Montois

Les cantons de Donnemarie et de Bray situés aux limites Est du département de la Seine-et-Marne engageaient en 1999 une réflexion pour l’élaboration d’un projet de Pays. Le territoire dénommé la « Bassée-Montois » est composé du large fond de vallée de la Seine (la Bassée) et du Montois situé autour de la côte de l’Ile-de-France. Le Pays semble se définir en négatif des unités bien identifiées qui l’environnent autour de centres comme Provins, Nangis ou Montereau. Quel développement pour la Bassée-Montois et quels rôles pour l’agriculture ? Telles étaient les questions posées par le Comité de développement. Celui-ci, dans sa démarche de projet de Pays, a favorisé le déroulement sur son territoire d’un stage de formation de l’IFOCAP13 avec la collaboration de chercheurs de l’INRA sur le thème « Pour un diagnostic territorial, un itinéraire méthodologique fondé sur les chorèmes ». Le stage a été conçu et organisé sur la base d’un travail collectif supporté par la démarche de modélisation graphique. Les modèles graphiques ont servi de base à la construction collective d’un diagnostic puis ont constitué le support de présentation des résultats aux membres du Comité. Ils sont actuellement utilisés par les groupes de travail initiés par celui-ci.Associées à une présentation par les acteurs locaux de l’état des travaux en cours dans la Bassée-Montois, quatre analyses territoriales ont été menées : (i) cartographie statistique des données agricoles et non agricoles ; (ii) typologie localisée d’exploitations agricoles ; (iii) analyse du paysage ; (iv) cartographie à dires d’experts. Ces différentes analyses ont donné lieu à l’élaboration de modèles graphiques spécifiques qui ont ensuite été synthétisés dans un premier modèle général. Ce modèle initial, a évolué au fur et à mesure que de nouvelles informations et de nouveaux regards sur l’espace s’élaboraient tout au long du stage. La « chorémisation » des informations issues de ces analyses et des connaissances locales était associée à une réflexion en termes d’atouts et de contraintes au développement, d’avantages et de difficultés pour l’agriculture dans sa fonction de production de biens alimentaires mais également dans des fonctions environnementales et sociales. Par exemple, le modèle graphique spécifique à l’analyse du paysage a fait prendre conscience que la Bassée-Montois est un espace où se côtoient le fleuve (la Seine) et la côte (de l’Ile-de-France) alors qu’en amont de Nogent et en

12 INRA-SAD = Institut National de Recherche Agronomique, Département de

recherches « Systèmes Agraires et Développement ». 13 IFOCAP = Institut de formation pour cadres paysans et agroalimentaires et

pour la gestion des entreprises.Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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aval de Montereau (deux villes qui bordent le Pays à l’est et à l’ouest), fleuve et côte sont dissociés. Bien que pouvant paraître triviale, cette constatation constituait néanmoins pour les agriculteurs une nouvelle vision de leur espace. Elle donnait tout son sens à l’appellation Bassée-Montois et ouvrait une voie de réflexion sur son identité et sur les atouts paysagers particuliers liés à cette « rencontre » du fleuve et de la côte.

Le modèle graphique, « ajusté » collectivement, a donc servi de fondement à la formulation d’un diagnostic territorial, comme contribution d’un projet de Pays. Les modèles graphiques élaborés au cours de ce stage ont servi de support pour l’exposé aux élus et aux administratifs de la démarche suivie et des résultats du diagnostic territorial. Ils ont également permis de mettre en débat des pistes de réflexion en termes d’atouts et de contraintes pour le développement local.

Discussion

Les deux exemples précédents montrent l’intérêt de la modélisation graphique d’une part comme l’expression auprès des acteurs d’une organisation spatiale et d’autre part comme une démarche permettant aux acteurs d’élaborer et de construire eux mêmes une vision de leur territoire. Ces deux modes peuvent être mieux explicités :

1er mode.Outil pragmatique et adaptatif d’élaboration de connaissances sur l’organisation spatiale d’un territoire, la modélisation graphique peut, notamment en situation pluridisciplinaire, constituer une démarche de production, par des chercheurs, de connaissances pour l’action. Faut-il encore que ces connaissances soient utiles à l’action et qu’elles puissent être efficacement transmises aux acteurs. On se retrouve dans la situation où des chercheurs élaborent leur propre représentation d’un territoire et la « livrent » aux acteurs locaux (fig 8, schéma 1). L’introduction de ces connaissances dans le débat local peut se traduire en termes de nouveau regard sur l’espace, en termes de formalisation de connaissances plus ou moins explicitées et de formulation d’enjeux d’un territoire (structuration, dynamiques en cours, zone de conflits, etc.). C’est le cas de la démarche utilisée dans le Parc des Ecrins. Le risque de cette Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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approche est que les acteurs locaux ne s’approprient que partiellement ou mal cette « vérité scientifique » ainsi délivrée. En effet, la question des possibilités d’utilisation des produits de la modélisation graphique se pose. Les modèles graphiques s’apparentent parfois à un exercice de style universitaire peu accessible à des non-spécialistes. Autrement dit, dans quelle mesure le modèle graphique est-il compris par ceux à qui il est présenté ? Jusqu’à quel niveau d’abstraction des formes peut-on aller pour être compris ? Comment définir un ensemble de symboles partagés entre chercheurs et praticiens ?Contrairement aux apparences, ce premier mode n’est pas nécessairement associé à une approche « descendante » du développement, de diffusion de connaissances des chercheurs vers les acteurs. Il est en effet envisageable d’y recourir en phase 1 de la Méthode Institutionnelle par exemple : des éléments de diagnostic sont alors proposés par les chercheurs aux acteurs et confrontés à leur point de vue afin de combiner diagnostics interne et externe et d’initier l’ensemble de la démarche.Dans ce mode d’utilisation des chorèmes, il semble utile de bien distinguer :- le modèle de recherche, construit par les chercheurs dans un but de

compréhension de l’organisation d’un territoire et de ses dynamiques ;- du modèle de communication destiné à être présenté aux acteurs : la

sémiologie graphique doit être soigneusement étudiée afin que le message des chercheurs soit bien compris par les acteurs. Bien que distincts, ces deux modèles peuvent être en relation : les réactions des acteurs face à la présentation du modèle de communication sont susceptibles de conduire le chercheur à reprendre l’un des modèles ou les deux.

2ème modeLa démarche de modélisation graphique et non pas ses résultats peut également être utilisée pour servir à la construction d’une représentation (partagée) d’un territoire par les acteurs du développement eux-mêmes (Schéma 2, cf. fig 8). C’est vers cet usage que tend l’exemple de la formation IFOCAP. Mais cette seconde voie reste encore à explorer pour la rendre efficace et adaptée à la production de connaissances pour l’action. Le zonage à dires d’acteurs (CARON, 1997 ; CLOUET, 2000) semble relever de cette attitude.Dans ce mode, la question de la méthode permettant d’obtenir une co-construction de modèles graphiques entre chercheurs et acteurs se pose. Les chorèmes renvoient à ce que R.Brunet appelle les « lois de l’espace », c’est à dire à des références théoriques. Certains puristes pourraient penser que les acteurs, n’ayant pas cette « culture » géographique, ne peuvent donc que proposer des dessins ou des schémas au mieux, mais en aucun cas des chorèmes. Or il nous semble, au regard de l’expérience de la Bassée-Montois, qu’avec un minimum d’explications les acteurs sont à même de s’approprier le tableau des structures élémentaires et de s’essayer à leur combinaison. Autre solution, les chercheurs laissent libre expression aux acteurs. Ils reconstruisent les chorèmes ensuite, les soumettent à la discussion, et les reprennent éventuellement en fonction des remarques des acteurs.

Des éléments à caractères généraux sont valables dans le premier mode, comme dans le second : des exemples présentés au cours du séminaire MSDT ont montré l’importance du choix du contour d’un modèle graphique destiné à la communication : faut-il choisir un niveau élevé de généralisation ou au contraire respecter au mieux les limites géométriques de l’espace étudié ? Parfois, « un certain degré d’abstraction est favorable à la discussion […] ; le renvoi à des périmètres précis […] risque de provoquer des blocages » (LARDON et MOQUAY, 2000, p.5). Dans d’autres cas au contraire, Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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une trop grande simplification du contour provoque une attitude de rejet par les acteurs comme en témoigne J.C.CLANET (2000). Son modèle graphique représentant le Tchad par un rectangle a été mal reçu par les commanditaires de l’étude. Il a été assimilé à un schéma réalisé « à la va-vite », à un « gribouillage ». Plutôt que de délivrer d’emblée un modèle graphique largement épuré, il nous semble important d’expliciter préalablement le mode de construction du modèle et d’argumenter les simplifications réalisées à partir de cartes et de traitements de données éventuellement plus complexes. Le choix semble donc devoir être raisonné au cas par cas et à adapter au contexte et aux objectifs : généraliser si le but est de montrer les facteurs structurants de l’organisation du territoire, conserver un contour proche des représentations cartographiques si on souhaite que les acteurs positionnent leur territoire au sein de l’organisation spatiale de leur région par exemple.Les chorèmes « gomment » les contingences locales. On supprime souvent la courbe sinueuse du méandre pour en faire un axe de circulation majeur et rectiligne ! Or, pour les acteurs locaux, la contingence, fut-elle micro-locale, peut constituer un enjeu important en termes de terroir, de foncier, de symbolique. Y-a-t-il un paradoxe ? Pas vraiment, car cela relève plutôt de questions d’échelle et de niveau d’organisation: si les méandres organisent un contraste de rives convexes-concaves qui se différencient en terme de mise en valeur, alors ils peuvent figurer sur le modèle; en revanche, si la question se situe à une échelle plus petite (structure régionale de desserte par exemple) et que le cours d’eau constitue un axe de circulation important, il peut être représenté selon un axe rectiligne. Dans tous les cas, les choix de simplification graphique doivent être argumentés.

Conclusion

Comme tout outil, la modélisation graphique présente des intérêts et limites dont il faut bien avoir conscience dans toute utilisation. Associée à d'autres outils et méthodes (cartographie, SIG, zonages à dires d'acteurs…), elle aide à comprendre et à représenter un territoire et ses dynamiques. Des perspectives d'utilisation sont ouvertes dans le cadre d’opération de recherche-action pour traiter des questions territoriales. Quelques expériences nous ont permis de proposer des repères méthodologiques, mais elles doivent être développées et enrichies. Il apparaît que les modèles graphiques sont utilisés assez fréquemment par des agents de développement indépendamment de toute intervention de la recherche. En effet, certains chargés de mission, animateurs de Pays, PNR, syndicats intercommunaux, responsables du SIG d’un Conseil Général ou membres de bureaux d’études privés ont une formation de géographe et utilisent cet outil dans leur pratique professionnelle. Cependant, ces expériences ne sont pas publiées dans les revues scientifiques, les chercheurs n’y ont donc pas directement accès. Une piste intéressante de recherche serait d’analyser ces différentes expériences à la fois quantitativement et qualitativement. Une autre serait de s’impliquer directement avec ces acteurs dans une situation de réponse à une commande et d’en étudier les modalités.Soulignons l’intérêt d’associer les acteurs à la construction de la représentation des situations, des explications et des enjeux. L’explication s’enrichit ainsi des éléments issus des connaissances et savoir-faire locaux, que le scientifique a souvent des difficultés à percevoir. Cette approche étend les capacités explicatives et accroît surtout la pertinence (sociale en particulier) des éléments mobilisés dans le débat et la négociation. Elle fournit aussi des moyens conceptuels Bonin, M. ; Thinon, P. ; Cheylan, J.P. ; Deffontaines, J.P., 2001. La modélisation graphique : perspectives d’évolution d’un outil de recherche vers un outil d’aide au développement. in. CIRAD Modélisation des agroécosystèmes et aide à la décision, Malézieux, Trébuil, Jaeger eds., coll. Repères, pp. 391-412, ed. CIRAD & INRA.

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permettant de prendre en compte les préoccupations « quotidiennes » des acteurs locaux (DARRE, 1999).Cette orientation correspond bien à une tendance actuelle qui préconise l’offre de moyens d’analyse des situations plutôt que de descriptions extérieures et « imposées » sous couvert de la science.

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