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LA MUSIQUE COMME RÉVÉLATEUR par Jean Perrot Le thème de la musique est très souvent présent dans les livres pour enfants 1 . Jean Perrot en explore ici les variations et montre comment les textes - livres d'images ou romans - s'inspirent de la musique, des musiques. Refuge contre l'absurdité du monde ou les impuissances des mots, exercice de la rigueur et de l'exigence esthétique ou dionysiaque libération, la musique apparaît comme un monde à part où se côtoient les figures du musicien diabolique, du joueur de jazz ou du violoniste romantique. Cette étude montre aussi comment le travail de l'écriture, dans l'exploration des complémentarités entre le texte et la musique, peut parfois parvenir à la virtuosité. « Dans la vie de David Grégorievitch Eisenberg, il n'y a que la musique. » Muriel Pernin, Kiev 41. Babi Yar. Pratiques de la musique D ans une édition pour la jeunesse le plus souvent commandée par le caractère impératif de ses messages qui visent à édu- quer et à former moralement les lecteurs, la musique fait diversion. Diversion au sens de « divertir », d'écarter, loin de la ligne droite de la perspective utilitariste ou de l'usure du quotidien. Comme ces « Variations Goldberg » que Géraldine Gourdain, l'épistolière de quinze ans des Lettres d'une adolescente à un écrivain souhaite entendre un jour de pluie - « ce que Jean-Sébastien Bach a écrit de plus beau »-, et comme le piano qui emplit la chambre de la jeune fille, les références musi- cales proposent une sortie dans la haute constellation des signes apparemment régis par des logiques propres. La musique semble se suffire à elle-même dans notre univers fonctionnalisé : « A part la musique, tout est silence », précise celle qui écrit. La gratuité apparente de la musique, le « divertissement », ramènent le rêveur aux origines de l'être, comme dans Petites musiques de la nuit de Christian Bruel et Xavier Lambours, où les 1. Ce texte est présenté à l'occasion du colloque d'Eaubonne des 12 et 13 février 1996 consacré au thème « Musiques du texte et de l'image ». N° 167 FÉVRIER 1996/87

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LA MUSIQUECOMME RÉVÉLATEUR

par Jean Perrot

Le thème de la musique est très souvent présentdans les livres pour enfants1. Jean Perrot en explore ici les variationset montre comment les textes - livres d'images ou romans - s'inspirent

de la musique, des musiques. Refuge contre l'absurdité du mondeou les impuissances des mots, exercice de la rigueur et de l'exigence

esthétique ou dionysiaque libération, la musique apparaîtcomme un monde à part où se côtoient les figures du musicien

diabolique, du joueur de jazz ou du violoniste romantique.Cette étude montre aussi comment le travail de l'écriture,

dans l'exploration des complémentarités entre le texte et la musique,peut parfois parvenir à la virtuosité.

« Dans la vie de David Grégorievitch Eisenberg,il n'y a que la musique. »

Muriel Pernin, Kiev 41. Babi Yar.

Pratiques de la musique

D ans une édition pour la jeunesse le plussouvent commandée par le caractère

impératif de ses messages qui visent à édu-quer et à former moralement les lecteurs, lamusique fait diversion. Diversion au sens de« divertir », d'écarter, loin de la ligne droitede la perspective utilitariste ou de l'usure duquotidien. Comme ces « Variations Goldberg »que Géraldine Gourdain, l'épistolière dequinze ans des Lettres d'une adolescente àun écrivain souhaite entendre un jour de pluie

- « ce que Jean-Sébastien Bach a écrit de plusbeau »-, et comme le piano qui emplit lachambre de la jeune fille, les références musi-cales proposent une sortie dans la hauteconstellation des signes apparemment régispar des logiques propres. La musique semblese suffire à elle-même dans notre universfonctionnalisé : « A part la musique, tout estsilence », précise celle qui écrit. La gratuitéapparente de la musique, le « divertissement »,ramènent le rêveur aux origines de l'être,comme dans Petites musiques de la nuit deChristian Bruel et Xavier Lambours, où les

1. Ce texte est présenté à l'occasion du colloque d'Eaubonne des 12 et 13 février 1996 consacré au thème « Musiques

du texte et de l'image ».

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Mélo-mélodies, ill. L. Bennan, Ipomée

images surréalistes, chargées d'un symbolismematernel, s'imposent dans un style parfoisincantatoire, comme le balancement d'uneberceuse.Dans le cas du rescapé juif des massacresnazis rencontré par Muriel Pernin, la musiqueest un art, une profession. C'est aussi le der-nier recours contre l'absurde : pour DavidGrégorievitch Eisenberg, le violoniste mutilédans sa virilité même par la torture, elleexprime le cœur résistant de l'intimité tra-gique. Refuge offert par une tradition quiremonte au Chtetel, la communauté rurale del'Europe orientale, et à cette Métamorphosed'une mélodie consacrée par I.L. Peretz en1886 reprise et transformée par Laurent Ber-man et Anne Quesemand dans Mélo-Mélodiepour Ipomée-Albin Michel en 1991. La mélo-die, qui souffle comme une bourrasque sur laportée musicale dans les illustrations de Lau-rent Berman, enregistre les « intermittences »d'une culture : « Une mélodie, cela vit, maiscela meurt aussi », écrit Peretz. « Une mélo-die doit brûler comme le feu ».Permanence de l'esthétique arrachant le sujetaux contingences de l'Histoire ? La mélodie seréincarne dans le violon de Haïml, commedans la contrebasse de Avrend dans « EcouteIsraël ou la contrebasse » du même recueil deI.L. Peretz.

D'une certaine manière, la musique permetencore d'échapper à ce que Roland Barthesappelle, à propos du Japon, « l'empire dusens ». Elle pose ainsi à l'écrivain un modèlede saisie du monde d'une extrême exigenceformelle et dont le haïku, poème bref, pour-rait bien être le parangon, lui qui, toujoursselon Roland Barthes, possède « la pureté, lasphéricité et le vide d'une note de musique ».

Mais la musique n'est pas neutre, en réalité, etdans la nuit de la cité de transit Phobos, situéeà La Paillade près de Montpellier, dont nousreviennent les témoignages des jeunes Beursrecueillis dans le volume récent, Phobos, lesmalfamés (Le Seuil, 1995), ce sont « les casta-gnettes, les guitares, les cris » des « famillesgitanes » qui, très éphémères, retentissent, etnon pas la musique de l'Islam. La tension dutragique social est trop forte pour que l'espritdes narrateurs soit porté vers l'esthétique. Lamusique, elle-même, est codée dans le systèmede la consommation, de la distribution et de ladistinction sociale et les airs de jazz définissentles banlieues et le roman réaliste plus que lesespaces de l'introspection rêveuse. On remar-quera aussi la fièvre et l'impatience de Géral-dine Gourdain, lorsqu'il est question d'aller« écouter Jean-Jacques Goldman au Zénith ».La musique instaure une hiérarchie implicitedes pratiques culturelles et travaille le corpsde l'écriture à la manière d'un révélateur.Ainsi, ne nous y trompons pas, la musiqueintroduit dans les textes une respiration trom-peuse, sinon une inspiration, une syncope.Elle livre la nostalgie d'une communicationqui déjoue et dénie le pouvoir du mot. Anti-thèse du texte, elle appelle une convocationparadoxale des phrases qui créent l'illusion desa présence, sans abolir cet effet esthétiquedans l'étroitesse de la communication référen-tielle. Elle est, comme la couleur ou le trait, lesouvenir du corps soumis à l'abstraction del'esprit. A cet égard, l'aventure rapportée parFrançois Place dans l'album Les Derniersgéants publié par Casterman en 1992, estsignificative : c'est le regard de l'Occidentalqui fige et arrête sur des croquis, ou dans lerelevé objectif des « naturalistes », la vie des

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géants extraordinaires : en les tuant, notrecivilisation met fin à l'expression musicaledirecte de l'humain. Le chant des êtres mer-veilleux libère ainsi le désir et le besoin d'exis-ter dans la simplicité d'un bonheur mythique.Rien ne révèle plus fortement la qualité uto-pique de celui-ci que les correspondances qui,au cours des veillées nocturnes, unissent leschanteurs à la nature et aux astres :« Des nuits entières, leurs voix s'entremêlaientpour appeler une à une les étoiles. Une mélodiefluide, complexe, répétitive, un tissage mer-veilleux de notes graves, profondes, orné devariations ténues, de trilles épurés, d'envoléescristallines.Musique céleste, infiniment subtile, que seuleune oreille inattentive aurait pu trouvermonotone et qui transportait mon âme bienau-delà des limites de l'entendement ».Cette image de l'absolu de l'émotion, le narra-teur, homme de science obsédé par la passionde la classification, va pourtant la réduire etla transposer en un « dictionnaire », assignantà chaque « constellation la phrase musicalequi lui correspondait ». Ainsi la musique ré-vèle-t-elle clairement la dynamique de l'imagi-naire occidental fondé sur la coupure de lasensation et de la représentation. On pense icià la phrase de Nietzsche rappelant, dans LaNaissance de la tragédie enfantée parl'esprit de la musique, l'exhortation qu'uncertain philosophe, « logicien despotique »par excellence, s'entendait adresser en rêve :« Socrate, fais de la musique »...

Musiques que l'on n'entend pas :Galipette au clair de luneLa défense de ce pur existentiel qu'est « l'es-prit d'enfance », inspire la comptine et la chan-sonnette du folklore populaire. La musiqueest alors associée au mouvement du corps entranse ou en danse : ainsi Au clair de la luneillustré par Philippe Dumas pour L'Ecole desloisirs en 1992 se termine-t-il par la vision

Au clair de la lune, LU. P. Dumas.

L'École des loisirs

d'un trio bien spécifique : tandis que Pierrotjoue du violon, Arlequin valse avec « la voisine »et le chien lui-même exécute une pirouette. Lafoule turbulente représentée sur les pages degarde et sur la troisième de couverture signifiesans ambiguïté que ce déchaînement est celuidu Carnaval ; le masque de la lune arboré aubout d'une perche sur la page de titre est des-cendu là, au centre de la farandole pour sug-gérer l'explosion dionysiaque. Celle-ci met finà une succession d'images faisant alternerouverture et fermeture de la vision correspon-dant à la rencontre de deux solitudes : lamusique cimente un nouvel « unisson ».Ce point de vue, parfois volontairementimpertinent, n'hésite pas à rejoindre le fol-klore obscène des enfants, comme dans le casde Galipette de Béatrice Poncelet publié en1992 par Albin Michel Jeunesse : reliées pardes bouts de corde à sauter qui constituentautant d'indices des rythmes convoqués, les

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images se déforment au gré des airs suggérés.Mais les « unheard mélodies » ne surgissentpas dans ce cas d'un « vase de beauté »,comme dans « Ode to a Graecian Urn » dupoète romantique anglais Keats, mais bienplutôt de la cuvette des cabinets : « Une puce,un pou, assis sur les cabinets... ! ». Et la por-tée musicale recourbée sur laquelle s'égrène ledessin des notes, se perd dans la turbulence del'eau d'où surgit une flûte, tandis qu'un coqdéformé paraît lancer un fulgurant cocorico !Mélange de rêve et de fantasme, pas très éloi-gné du « Cocorico » de Mickey dans Cuisinede nuit de Maurice Sendak, lui-même proche,dans son inspiration, des rythmes silencieuxsuggérés par les images de danse au clair delune dans Max et les Maximonstres.Mélange détonant aussi que cette Batterie deThéophile de Jean Claverie où le petit Noir,« l'aimé des Dieux », présente un orchestresusceptible de rendre jaloux Mowgli lui-mêmedans son « Jungle Studio » : le crocodile, leserpent python et l'hippopotame produisentles sons d'une musique « concrète » et d'unrythme « naturel » qui est celui du jazz favoride l'illustrateur. L'enfance lyrique et inspirée

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Galipette., ill. B. Poneelet, Albin Michel Jeunesse

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Cuisine de nuit, ill. M. Sendak, L'Éeole des loisirs

culmine pourtant dans Bas les monstresd'Etienne Delessert, publié en septembre1994, à la fois par Bayard et Creative Edi-tions, et dans lequel Yok-Yok, héritier deMax, mais héros de la lune rousse, fait danserles monstres sur l'air de la « mélodie » qu'iljoue sur sa flûte enchantée ! Parodie d'uneparodie qu'accentue encore l'intervention dusinge qui joue de l'accordéon...

Dieu noir ou diable blanc :le souffle de Dionysos ?

Un certain partage des rôles culturels dans ledomaine de la musique apparaît ainsi dans lalittérature offerte aux jeunes aujourd'hui. Unautre texte qui suggère un aspect de cet état defaits, est extrait du Roi du jazz d'Alain Ger-ber (Bayard Editions, 1994), dans lequel onpeut lire, à l'occasion du récit que le narra-teur noir fait de son premier grand succès enconcert : « " Basin Street Blues ! Gentlemen ! ",dis-je au type de l'orchestre. Et là, j'éclate,j'explose. Je me sors les tripes, pour employerl'expression consacrée. Je suis un feu d'arti-fice à moi tout seul. Si je voulais, par la seulepuissance de mon souffle, faire crouler lesmurs de la baraque, je ne m'y prendrais pasautrement ! ».

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Toute la fiction, l'épopée de la réussite dumusicien du Sud, repose sur le mythe dupeuple noir qui a introduit une nouvelle« authenticité » dans les rapports humains eninondant le monde de sa musique. Musiquenoire, musique de douleur, de rédemption etde nostalgie. L'histoire d'Alain Gerber, enfait, est celle d'un joueur de cornet à pistonsde la Nouvelle Orléans des années 20, KingJackson, lui-même fils de Lou RandolphJackson, dont l'histoire, très curieusement, setrouve aussi romancée dans Little Lou deJean Claverie, album publié par GallimardJeunesse en 1990. Les souvenirs de l'existen-tialisme se conjuguent ici avec la passion du« roman noir » qui est dans l'album à l'originede quelques scènes burlesques et parodiques.Ces récits ne manquent pas d'ailleurs d'êtremarqués par l'utopie d'une naïve croyance ausalut par la musique, un art qui est en soi unerevanche, comme le laisse entendre claire-ment la préface de Memphis Slim, célèbremusicien noir, qui introduit le livre de JeanClaverie, où l'on peut lire :« Little Lou représente tellement d'enfantsnoirs qui grandissent avec le désir ardent et letalent qu'il faut pour jouer le blues... Un artde vivre où se mêlent la souffrance, le rire etl'amour de la musique ».La même vision du Noir musicien, mais dansson rapport avec la transcendance, intervientdans Une autre vie d'Anne-Marie Chapoutonpublié en 1992 en Castor Poche. La commu-nauté new-yorkaise noire qui soutient la nar-ratrice, une jeune Française, se distingueaussi par la ferveur de ses chants religieux etpar la chaleur de son accueil : invitée à uneséance de « healing » (cérémonie de transe aucours de laquelle le pasteur expulse le démonde l'âme des possédés du groupe), Marie noteensuite dans son journal :« Des femmes en transe lançaient des " Jésus ! "à ressusciter les morts. Le pasteur se balançaitet se trémoussait en cadence comme un force-né... J'ai eu l'impression de chavirer, tant

l'église vibrait d'émotion, et il a fallu que jem'accroche au dossier de la chaise devant moi.Et puis les guérisons ont commencé... Les der-niers cantiques ont été presque hystériques... ».Ce contact immédiat avec l'indicible, la jeunefille l'éprouve ensuite dans une église en com-pagnie de son professeur d'université d'originevietnamienne, en écoutant un soliste entonnerun morceau : « Mots allemands magnifiques,solides et pourtant si doux sur une lignesimple ». Cette musique sensuelle ouvre ainsiune brèche dans son « cartésianisme, sonébauche de protestantisme... " C'est un rem-part que notre Dieu ". Le choral de la cantatede Bach lui revenait, ce cantique qu'elle avaitsi souvent chanté. Elle avait le sentiment den'avoir strictement rien compris à la foi, parcequ'on lui avait mis le doigt dans l'engrenagedes religions et que la foi se trouvait ailleurs ».Le déchaînement musical du Blanc, par anti-thèse, prend volontiers un ton grinçant etMarie, dans la même page, se rappelle avec unpetit rire la nouvelle qui lui est parvenuequelques jours plus tôt de France, et selonlaquelle, « Gilbert Bécaud avait provoqué unehystérie collective à l'Olympia. La moitié desfauteuils de la salle avait été cassée ». Cettedimension libératoire se rattache souvent aumythe du Joueur de flûte de Hamelin dontEmmanuelle Prothière, dans son mémoire deMaîtrise de Lettres modernes, La Musiquedans les contes (Université Paris-Nord), rédigéen 1994, a montré qu'il est l'incarnation du« ménétrier » et symbolise « les pouvoirs dés-tructurants de la musique ». Ce joueur, symé-trique du Roi des Aulnes, enlève les enfants etlève les censures d'une société corsetée par lesconventions.

Jean-Paul Nozière et le mytheSouvent diabolique, ce musicien représente latransgression dissonante, comme l'illustre trèsbien le récent roman de Jean-Paul Nozière, Unété 58, publié en 1995 par Le Seuil Jeunesse.

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Dans ce récit, Justin, le jeune citadin quitrouble la paix d'un petit village figé dans latorpeur estivale, exerce un sulfureux pouvoirde séduction et se voit explicitement intégré aumythe :

« Justin devint notre joueur de flûte. Nousnous précipitions à ses trousses, happés parl'ombre tranchante qui se profilait dans noscours. Nous serions prêts à tout pour mériterson amitié ».

Rien d'étonnant à ce que l'une des bêtises lesplus réussies du garnement concerne le mondedu sacré et de l'harmonie, ou plutôt s'inscrivecomme une dérision du rituel religieux, commeun double, plus burlesque encore, de l'aven-ture de Bidoche dans Que ma joie demeure,cette nouvelle de Michel Tournier qui exprimeles retombées de l'extase musicale. Aventure,qui, mentionnons-le au passage, a été illustréepar Jean Claverie dans la collection Enfanti-mages en 1982, où l'illustrateur a puisé l'imageimposante de ce Jean-Sébastien Bach - encorelui ! - dont le portrait préside à l'apprentissagede Iittle Lou dans la scène mémorable qui lemet en présence de son aigre maîtresse demusique au nom paradoxal, Mrs Blandish !Aigreur partagée, dans Un été 58, par MlleBrelot, la vieille fille qui tient l'harmonium duvillage et qui est victime de la farce de Justin,lequel désaccorde l'instrument :« Les mains de Mademoiselle Brelot frappè-rent les touches de l'harmonium avec une vio-lence propre à écrabouiller tous les péchés del'humanité. Elle se mit à chanter. Un couplet àla gloire de l'ange Gabriel, prévenait le misselque nous brandissions sous nos yeux, alorsque les cordes détendues de l'harmonium don-naient à entendre une bagarre de matous...Plus j'écoutais, plus j'avais l'impression que,sous le couvercle de l'harmonium, Dieu et lediable luttaient à poings nus... ».Si l'on ajoute que Justin commet un autreméfait qui affecte la tonalité festive du village,puisque l'adolescent vend les instruments dela clique municipale, la Lyre franc-comtoise, à

Little Lou. ill. J. Claverie, Gallimard Jeunesse

un forain de passage (c'est bien la lyre d'Apol-lon qui, implicitement, est prise à partie par le« Dionysos » grotesque de village), on s'aper-çoit qu'une bonne part de l'activité de trans-gression de l'individu inadapté, saisie sur leregistre musical, se résume à des attentatscommis contre l'harmonie d'un groupe unifiépar la communion des sentiments primaires,par le partage des angoisses comme des plai-sirs ancestraux. Cacophonie donc érigée enprincipe de subversion et de destruction. Lejeune Français, néanmoins, s'impose au coursd'un bal qui lui assure la possession symbo-lique de la mère de son camarade - la femmede l'instituteur ! - séduite par la maîtrise desgestes avec laquelle il danse, « glissant sur lapiste, dans une communion parfaite des corps »comme « faits l'un pour l'autre », au son des« javas, des paso doble, des cha-cha-cha ».Justin, pourtant, n'a pas la violence créatricedu Dionysos noir, le Ring Jackson d'Alain

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Gerber, qui triomphe en suscitant une explo-sion plus libératrice encore :« Malgré le trac (ou grâce à lui, peut-être), ona joué comme des dieux. Ou comme desdémons, je ne sais pas. A la fin, il y a eu unénorme silence, pendant dix secondes, vingtsecondes, trente secondes... Et puis tout d'uncoup, c'a été comme si on avait lancé unebombe dans la salle. Us se sont mis à hurlertous ensemble. A taper des mains, des pieds. Agrimper sur les fauteuils... ».Violence d'une nature qui devient le signe et lerévélateur d'une santé de la civilisation et quientre dans un contraste confirmé avec la cul-ture facilement élégiaque et nostalgique deshéros de la vieille Europe. Retour du dieuPan, aurait écrit Nietzsche, contre le hérosfaustien de la civilisation socratique ? Retourqui n'est pas absent d'autres livres destinés àde jeunes enfants, comme dans Julien d'Anne-Marie Chapouton, illustré par Jean Claverie(Nathan, 1993), et dont le héros maîtrise lesvagues en jouant de la flûte...

Les violons élégiaques et le puits dela mort« La musique dit tout ce que l'âme rêve etpressent de plus mystérieux et de plus élevé »,écrivait George Sand dans Consuelo, grandroman féministe qui met en scène la passionextrême d'une jeune cantatrice vénitienne etd'Albert, un étrange joueur de violon. Cedernier, héros de l'introspection, se retiraitdans les profondeurs de la terre, dans le puitsd'une fontaine, pour tirer de son instrument,un Stradivarius, « un air sublime de tristesseet de grandeur sous une main pure etsavante », car « il avait en lui le souffle divin,l'intelligence et l'amour du beau ». Il entrete-nait surtout le culte de sa mère « morte » etune étrange fascination pour la mort.Le violon romantique de Paganini, comme lepiano de Chopin que George Sand avait aimé,n'a pas cessé de retentir dans la littérature de

jeunesse, mais l'objet de sa passion s'entrouve modifié. Le Prince d'ébène de MichelHonaker (Rageot 1992) est là pour en témoi-gner, avec son violon - Prince des ténèbresmoderne - qui sonne dans ses noirs souter-rains et attire l'enfant vers le puits. Ce romand'aventures illustre les mutations qu'une écri-ture raffinée peut apporter à la méditationsur la musique dans ce qui apparaît commeun roman d'initiation et d'apprentissage. Lemotif même du violon d'ébène n'est pas sansfaire écho à la fiction de George Sand, donton sait que l'héroïne, élève du Porpora, amiede Haydn etc., possédait une « guitared'ébène », un don de sa mère. Les thèmes dela virtuosité et de la descente dans le souter-rain sont toutefois infléchis vers celui de lasouffrance dans l'initiation et vers la rivalitédes doubles dans une sombre histoire defamille qui rappelle Le Maître de Ballantraede Robert-Louis Stevenson. Même extasepourtant que dans le roman de Sand :« Aussitôt, comme sous l'effet d'un charme,l'écrin de gypse vola en éclats. Quelle impres-sion extraordinaire de tenir ce joyau noir !Mon premier geste fut de l'épauler, et, levantl'archet, j'égrenai le premier motif de la Valsede Palkushi. A peine si j'avais l'impressiond'effleurer les cordes. La sonorité d'or et desoie me transportait au-delà de l'univers ».Et plus loin :« Je me mis à jouer une de ces mélodies cham-pêtres qui évoquaient les montagnes de monenfance, le grelot des brebis dans les pâtu-rages et la douceur du vent. Je songeai à monpère... ».La musique restaure l'identité des orphelinslyriques : le père du héros dans Le Princed'ébène assume les mêmes fonctions que lamère de Consuelo et que celle d'Albert. Lamusique, arme et défense de la mort, tel estbien aussi le thème central du Violon de verrede S. Corinna Bille publié en 1993 par la col-lection Histoire Brève de La Joie de lire deGenève : lorsque se brise le violon du vieil

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artiste qui s'est introduit dans le pays de gri-saille où l'amour n'avait plus cours, c'est lebonheur et la nature d'un véritable Eden quisont restaurés. Même transfiguration apportéepar la musique qui « gambadait, sanglotait,s'étirait, formait des spirales ou des anglesdans le ciel bleu, et retombait en une pluieenchantée sur la ville ».Apothéose similaire de celle qui conclut lemotif de la descente dans le puits dans LesLarmes du monstre de Françoise Kérisel illus-tré par Alain Gauthier et publié par La Faran-dole en 1990 : « Alors Amirouche prend sonviolon et joue doucement la même musiqueencore et encore... Le monstre sent quelquechose de nouveau dans son corps... Retour dela faculté des larmes, irrigation de la contréemerveilleuse, mais desséchée... ».Cette apothéose commande de manière encoreplus explicite Concerto pour Guillaume, unroman de la série « L'Instit », écrit parMarianne Costa et publié par Hachette Jeu-nesse en 1995. C'est dans un concerto écrit parsa mère morte, sur le violon même de celle-ci,« son plus vieux compagnon, son instrumentde torture », que triomphe le jeune virtuoseenfant, rongé par la culpabilité à l'égard d'unemère dont il a provoqué involontairement lachute (non pas dans un puits, mais du hautd'une falaise), et dont il porte le deuil infini. Ledénouement culmine dans cette résurrectionsymbolique apportée par la musique :« Mais oui, c'est Guillaume qui joue ! Il jouede toute son âme, avec une intensité désespé-rée, dans le salon désert. Il joue comme il n'ajamais joué, même pas pour Irène. Il jouepour l'âme de sa mère et pour l'amour de sonpère. Il joue comme s'il était soudain né à lavie qui s'offre à lui en cette nuit fatidique... ».Renaissance musicale, retour des forces vivesde la nature dans la maîtrise lyrique de l'ar-tiste exprimant son intériorité, on aura recon-nu le motif du Luthier de Venise illustré parFrédéric Clément pour L'Ecole des loisirs-Pastel, un récit de Claude Clément. Nous ne

reviendrons pas sur l'œuvre de cette dernièredont nous avons considéré les tendances esthé-tiques dans une autre étude en 1993, et qui estdominée tout entière par l'exploration descomplémentarités du texte et de la musique,au point de proposer maintenant un spectaclemusical tiré de l'album et dans lequel elle estaccompagnée de deux violoncellistes. Justeréciprocité de la composition !

Boris Moissard, l'écriture du pianoet le Mal moderne :« Deuil, terreur et bruit »Toute l'œuvre de Boris Moissard répond à dessollicitations musicales qui apparaissent déjàdans Ennemi mortel, récit de 1989, publié parL'Ecole des loisirs, reposant sur la rivalité desdoubles, et dont le narrateur rappelle : « quel-ques vieux chants nostalgiques venus du fonddes âges et des confins de la steppe orientale,et notamment celui-ci qui tire les larmes desyeux les plus secs :

Oh ! voloï voloïBaladoï

OhlBaloïBaloïVolodine...».

La musique pour le romancier constitue à lafois le destin et la mort d'un personnage et l'undes deux protagonistes de cette œuvre est tuéau dénouement par un cri de son ennemipoussé au beau milieu d'une représentation àl'Opéra. Mort instruite dans une mise en scènethéâtrale ! Cette référence explique peut-êtreque le motif central du roman suivant publiéen 1991, toujours à L'Ecole des loisirs, soit rat-taché à la hantise du bruit : dans Le Cœur desvastes cités, en effet, la puissance négatived'une secte organisée s'exerce à dénoncer lesfléaux de notre civilisation « Deuil, terreur etbruit ». D'où, dans un montage parodique oùle burlesque se mêle à l'horreur, cette séancede « silenciation » qui a pour objet de changerle bruit en silence, « un élément riche et tan-gible ». Ce désir de paix va jusqu'au meurtre

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organisé : on assassine, entre autres, le repré-sentant d'une sentimentalité musicale aussifacile qu'exacerbée, le chanteur mexicain spé-cialiste des « glapismos de dolores », un« chant très ancien qui dit la vanité des pas-sions humaines et la fragilité du bonheur » etqui « doit jaillir des profondeurs de la neur-asthénie ». L'épreuve de la séance de silen-ciation » consiste, d'ailleurs, en une énigmelittéraire et musicale, c'est-à-dire à deviner lesauteurs d'une page littéraire et d'une musiquequi sont considérées comme représentant « levide littéraire et musical absolu ».Cette finesse et les exigences de la perceptionrefont surface dans le récent roman de L'Ecoledes loisirs de Boris Moissard, le plus réussi :Dernier été dans l'île de septembre 1994.De toute évidence, l'œuvre part des dévelop-pements proustiens portant sur la « petitephrase » de la « sonate de Vinteuil » et il y aune analogie certaine entre les discours deMadame Verdurin et ceux de Madame desAutels, la maîtresse de la maison d'hôtes. Onle voit tout particulièrement dans la scène quimet celle-ci en présence d'Yvonne Schalk-dâmpfer, la pianiste virtuose dont les goûts,en amour, sont identiques à ceux de la niècede Vinteuil. Les échanges dominés par le« cant » social affectent ici la musique d'unemanière révélatrice : à la femme du monde quilui demande comment elle instruit ses élèves,Yvonne répond, suscitant d'autres réparties :« Quand ils en arrivent là, je les mets à Beet-hoven, Mozart, Fauré, Ravel, Poulenc. Avecun peu de Chopin, parce qu'il en faut.

- Pas de jazz, j'espère.-Non, pas de jazz.- Eh bien, mademoiselle, vous serez gentille derester dans cette ligne musicale, en éliminantau maximum Mozart et Beethoven que monmari détestait. Vous pouvez, par contre, for-cer sur Poulenc dont je raffole. Moyennantquoi nos relations devraient être excellentes.Voilà comment Yvonne Schalkdiimpfer estdevenue spécialiste de Poulenc, et moi aussi,

par ricochet. Depuis la fin mars, j'étudie sansinterruption les Trois Mouvements perpétuels(qui le deviennent pour de bon) et Les Im-promptus (qui ont cessé de l'être...) ».L'humour malicieux du commentaire va ainsise déployer dans une analyse du snobismed'Yvonne conduite dans le meilleur pastichede la Recherche, mais surtout le style de BorisMoissard s'efforce de décrire la vie de la pia-niste dans un registre contrasté qui s'offrecomme l'équivalent linguistique de la musiquede Poulenc elle-même. Yvonne, d'ailleurs,joue aussi du saxo dans la fanfare municipale,et associe tennis et partie de pétanque. Lemélange d'art populaire et d'art classique,typique de la musique du compositeur fran-çais (musique qui a quelque chose de « fluidequi vous rafraîchit et autre chose d'aérien quivous allège. Son voisinage sonore est un bon-heur »), définit ainsi un style de vie qui estaussi celui de l'œuvre romanesque en train des'écrire. C'est de cette même écriture, faisantalterner dans le journal du narrateur l'élé-gance proustienne de la phrase et les tonali-tés plus familières du roman noir ou du styleBD truffé d'onomatopées, que sera exorciséeet dépassée la mort, dans un accident de voi-ture, du frère du narrateur. Mort révéléetardivement, moment de « deuil, terreur,bruit » qui définit la civilisation moderne parexcellence et convoque la virtuosité de l'écri-vain. Celui-ci cherche à égaler les tours deforce du pianiste et du compositeur qui l'ontinspiré. Perfection formelle de l'œuvre ras-semblant trois passions d'artistes.

Les airs que l'on n'oublie pas :le sang des cerises contre un chantde NoëlPar opposition à un esthétisme qui culminedans les recherches de la composition, sansd'ailleurs perdre la profondeur de l'émotionet de l'humain, on mettra en regard de cescréations récentes le destin exceptionnel de la

N° 167 FEVRIER 1996/95

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chanson écrite par Jean-Baptiste Clément en1866 et dédiée à Louise Michel, après la Com-mune. Philippe Dumas, dans un bel album deL'Ecole des loisirs (1990), en révèle tous lestenants et aboutissants, généralement oubliéset qui en font une chanson-clef de la culturepopulaire : son interprétation met l'accent surla rencontre du sang versé et du printempsdans le motif somptueux de la cerise, fruitd'amour, antithèse de la mort rouge qui fou-droie l'enfant (toujours un Gavroche emblé-matique !) de la barricade et le couche sur lespavés, près du ruisseau sanglant... Symphonietragique, depuis le rouge de l'habit militaire etdes incendies, jusqu'au bistre carcéral despontons de Belle-Ile, jusqu'à la jungle dorée etmarbrée de palmes de la Nouvelle-Calédonie.Apaisement méditatif du visage de LouiseMichel entourée d'un bouquet de baies écla-tantes...

Le Temps des cerises revient comme un leitmo-tiv - un merle moqueur ? - dans La Chansonde Hannah de Jean-Paul Nozière publiée par

Nathan en 1993, où il sert d'avertissementconvenu entre l'enfant juif et ses parents pen-dant la guerre en Alsace. Avertissement quin'est pas suffisant pour empêcher la destruc-tion de la famille emmenée dans les camps. Lasimplicité tragique de la mélodie est le gage desa popularité et de sa survie, à tel point qu'elleest présente, par défaut, dans Un Printempssans cerise de Christian Grenier (Syros,1995), avec la nostalgie de l'arbre magnifiquequi, à l'instar des espoirs des ouvriers gré-vistes de l'histoire, n'a pas éclos. L'œuvreécrite est là pour témoigner d'une densitéhumaine qui a été perdue, comme le grelot duPère Noël dans Boréal Express, continue derésonner à l'oreille de « tous ceux qui (y)croient vraiment ».

Le Temps des cerises est une autre antithèsede la musique de Noël, haut heu, trop aveuglé-ment consensuel, de la mystique musicale del'Occident qui, désespérément peut-être, vou-drait croire, comme le héros cité plus haut,que la « joie demeure »... I

Boréal-Express, LU. C. Van Allsburg.L'École des loisirs

Références complémentaires

Je remercie Caroline Rives de m'avoir signalé l'intéressant article de Helen McCleland : « The Young Musician hi

Children's Books », Signal, N°77, May 1995.

Backès, Jean-Louis : Littérature et musique, essai de poétique comparée. Paris. PUF, 1994.

Nietzsche, Friedrich : La Naissance de la tragédie enfantée par l'esprit de la musique. 1871, trad. française,

Paris, Gallimard, 1977 (Folio, 1992).

Peretz, I. L. : Métamorphose d'une mélodie, trad. française. Paris, Alhin Michel, Présence du judaïsme, 1977.

Perrot, Jean : « Claude Clément ou l'impossible Commedia dell'arte ». Lecture Jeune, n°68, octobre 1993.

Sand, George : Consuelo, La comtesse de Rudolstadt, 1843. Classiques Garnier. vol. 1.1959.

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