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— Numéro 5 • Prix : 3€ — LA NORMANDIE REÇOIT LA GUINÉE LES DOSSIERS STRUCTURANTS DE LA FRANCOPHONIE Paul Astolfi - S.E. Amara Camara Catherine Distinguin - Gérard Pelletier Questions à l’ambassadeur de Pologne en France Une mission du Partenariat Eurafricain à Madagascar S.E. Tomasz Mlynarski P. 3 P. 25 P. 16 © Miserey P. 2

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— Numéro 5 • Prix : 3€ —

LA NORMANDIE REÇOIT LA GUINÉE

LES DOSSIERS STRUCTURANTS DE LA FRANCOPHONIE

Paul Astolfi - S.E. Amara Camara

Catherine Distinguin - Gérard Pelletier

Questions à l’ambassadeur de Pologne en France

Une mission du Partenariat Eurafricain à Madagascar

S.E. Tomasz Mlynarski

P.3

P.25

P.16

© Miserey

P.2

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Edito

Som

mai

re

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2................... 2018 une mission du Partenariat Eurafricain à Madagascar

3................... Du bon (et mauvais) usage de la diversité

3................... Normandie Afrique, que faire ensemble ?

4................... Léopold Sédar Senghor, le Normand père de la Francophonie et chantre de la Normandité par Paul Astolfi

5................... Expositions et ateliers à découvrir au Musée des Deux Guerres « Musée Johanesa » , Tadio, Madagascar par Saholy Letellier

7................... La création d’ouvrages sur la Grande Guerre par les élèves et les étudiants de France, de Macédoine et de Madagascar par Saholy Letellier

8................... Interview de Frederic Descrozailles par Hervé Nyam, délégué du Partenariat Eurafricain

9................... Journées d’Histoire et de Tradition Forestières par Patrice Vermeulen, secrétaire général du Carrefour des Acteurs Sociaux

10 ................ La XXVIIème Biennale de la Langue Française

11................. Interview de Cheryl Toman

12/14 ........... Un débat co organisé par le Cercle Colbert et le Mouvement Fédéraliste Français « Décentralisation OU fédéralisme »

15................. Présentation de l’ICEO (Institut de Coopération avec l’Europe Orientale) par Jean-Marie Roussignol

16................. Interview de S.E. Tomasz Mlynarski, ambassadeur de Pologne à Paris

17................. Présentation du Fonds Humanitaire Polonais

18 ................ Interview de Mathias Morawski

18................. Les chemins vers l’indépendance de la Pologne (exposition)

19................. Laisssez-Les-Servir

20................. Le Partenariat Eurafricain s’implante en Bourgogne/Présentation de la Maison Roumaine

21/22 ........... L’exposition « les tirailleurs sénégalais, avant, pendant et après la guerre de 14 »

23................. Des livres

24................. « l’Europe a-t-elle raté la paix en 1914 ? ». Colloque le 2 octobre 2018

25................. Vers un lexique francophone de l’intelligence artificielle

26................. Suite de la page 9 Journées d’Histoire et de Tradition Forestières / Suite de la page 14 Cercle Colbert

27................. A Dakar au siège de l’amicale de Normandie par Paul Astolfi

27................ Les clochards de la gloire (recension et préface par le général Patrick Jardin) (2S)

28................ Le Somaliland et les Tirailleurs sénégalais par Ali Ismael Hassan

29................ Suite de la page 7 - La création d’ouvrages sur la Grande Guerre, par Antonio Da Silva Melendo

30................ Suite de la page 4 - Léopold Sédar Senghor, le Normand père de la Francophonie

31.................. Les drapeaux associatifs des Polonais du Nord de la France par Monika Salmon-Siama

32.................. Présentation de l’Académie des Sciences d’Outre Mer par Patrice Hack

Adresse : Carrefour des Acteurs Sociaux : 103, avenue Parmentier - 75011 Paris - [email protected] Adresse courriel : [email protected] - Tél : 06 16 58 06 00

En 2014 le Partenariat Eurafricain participait à un colloque des in-

vestisseurs à Madagascar, avec le concours de la re-vue ECO AUSTRAL . En 2017 il participait, aux Comores à une mission sur le transfert des fonds des migrants issus de la Grande Comores et en France mêle le Partena-riat Eurafricain est associé aux activités des diasporas mauriciennes, malgaches et comoriennes, se préoc-cupant notamment de leur participation aux activités locales et municipales fran-çaises et de leur engage-

ment dans des actions de codéveloppement.Le Partenariat Eurafricain apporte une attention par-ticulière à l’Océan Indien, cette autre Mare Nostrum dont tous les Etats sont membre de l’Organisation Internationale de la Fran-cophonie.En juillet 2018 le Partena-riat Eurafricain sera encore présent à Madagascar à l’occasion de rencontres avec les acteurs fran-co-malgaches du dé-veloppement local pour traiter de la formation des élus locaux, du dévelop-

2018 une mission du Partenariat Eurafricainà Madagascar

pement des entreprises. En relation avec les autorités malgache et française le Partenariat Eurafricain il sera associé à différentes manifestations culturelles et mémorielles dans le cadre notamment des cé-lébrations du centenaire de la guerre de 14 dont Mme Saholy Letellier, au-teur d’études dans Vivre l’Histoire Ensemble est vice présidente du comité mal-gache.La revue économique de référence dans l’Océan In-dien ECO AUSTRAL sera un partenaire.

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Edito Quasiment plus per-

sonne ne reven-dique l’héritage

politique jacobin. Et il n’a survécu si longtemps que pour avoir engendré le concept d’Etat-Nation - dans lequel l’Etat absor-bant toutes les forces vives et les corps intermédiaires de la Nation dévoie, et l’un, et l’autre. La volonté totalitaire (ou volonté générale), si elle s’incarne heureusement de moins en moins dans l’organisation administra-tive, impose en revanche son diktat dans les mœurs et la culture ; et même res-surgit dans la fiscalité avec la liquidation de l’auto-nomie financière des col-lectivités locales. S’étant avisés que l’homme so-cial était rebelle à la do-mestication les tenants de l’utopie totalitaire/égali-taire ont voulu le façon-ner dès l’enfance. Vincent Peillon veut que l’école

arrache les enfants dès le plus jeune âge aux dé-terminismes culturels, so-ciaux, familiaux, religieux...

On s’étonne que ce to-talitarisme sociétal qui coupe l’individu de ses racines revendique le droit à la diversité. On s’en étonnera moins en notant que cette di-versité-là ne renvoie pas à la notion de »communau-té » (1) mais plutôt à celle d’agrégats idéologiques qui peuvent être raciaux, générationnels avec le concept de « jeunes », sexuées, voire érigés en catégorie sociale, les « sans papiers ». A valeurs dégradées, échec social assuré. Les « Grands frères » dont l’origine puise sa source dans l’idée juste qu’il fal-lait au sein de la diversité sociale réintroduire les no-tions d’autorité, d’exem-plarité, dans les « quar-

tiers » comme ailleurs. Et pourtant l’échec est reten-tissant car ce système des « Grands frères » à certes crée des autorités … de type non pas communau-taires mais … sectaires. C’est donc bien l’école fut-elle dite de la Répu-blique, la tutelle de l’Etat, la politique de la ville, le tissu associatif qui sont en cause. Malek Boutih a dé-noncé en son temps ces élus locaux qui ont cru acheter la paix sociale au prix de leur lâcheté. Il serait temps d’en tirer les conclusions.

(1)On se reportera à l’étude sur les communau-tés parue dans le numéro 3 de VHE

Du bon (et mauvais) usage de la diversité

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Normandie Afrique, que faire ensemble ?

C’est la question que se sont posés Steeve Kowalski,

Président de l’association Normandie axe-Seine qui depuis 2014 conduit ses réflexions sur les consé-quences du projet du grand Paris sur la Norman-die et notamment l’amé-nagement de l’axe Seine et Aly Thérian, Président des Guinéens de Norman-die et Président d’ ADM Partners Consulting.

Cap sur la Guinée

En 2016, Aly Thérian orga-nise à Rouen au siège de la Région le Forum Econo-mique Normandie Guinée avec la participation du Service économique de l’ambassade de Guinée en la personne de M. Ka-bèlè Soumah, attaché d’ambassade en charge de l’économie et de M. Ar-nauld Daudruy, président du Medef Normandie.

Aly Thérian, promoteur de la mai-son des entreprises normandes en Guinée en visite à l’Asssem-blée Nationale

Vivre l'HISTOIRE ensemble !marque déposée à l'INPI / Titre en cours de dépôt en PréfectureDirecteur : Joël BROQUET

Editeur : Le Carrefour des Acteurs Sociaux Comité de rédaction : en cours de constitutionRégie publicitaire : Aria communication

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Maison de la Normandie et des entreprises françaises à Conakry. Un comité de pilotage est institué pour donner une réalité à cette intention commune.

Envie d’agir Normandie-Guinée

La mobilisation s’opère au-tour de l’équipe de départ et les volontés s’affirment pour entrer dans la phase pra-tique de préfiguration de ce projet d’une Maison de la Normandie qui engage l’étape suivante, celle de donner une assise juridique indispensable à son fonc-tionnement. Une assemblée générale constitutive est ré-

unie le 23 mars 201 8. L’as-sociation « Envie d’agir Nor-mandie-Guinée » est créée avec pour projet principal, la réalisation d’une Maison de la Normandie en Gui-née, véritable passerelle économique culturelle, éducative, .en matière de santé et humanitaire entre la Normandie et la Guinée Conakry.Le Président est Marc Per-sichetti, économiste de la construction associé du Cabinet ETIC, le secrétaire est Aly Thérian et le trésorier Paul Astolfi.Ce projet a été accompa-gné du soutien du Partena-riat Eurafricain.

De gauche à droitePaul Astolfi, dirigeant de Normandie Axe Seine, membre de la direction du Partena-riat Eurafricain ; Kabelé Soumah, conseiller économique à l’ambassade de Guinée en France ; S.E. Asmara Camara, ambassadeur de Guinée en France ; Nathalie Lecordier, V.P. du département de Seine Maritime ; S.E. Jean-Marc Grosgurin, ambassadeur de France en Guinée ; Bruno Bisson, conseiller diplomatique auprès du Préfet de région ; Aly Thérian, initiateur de la Maison des entreprises normandes en Guinée, président des Guinéens de Normandie.

Suite page 30

La satisfaction des entre-prises participantes a été un élément déterminant pour poursuivre cette action qui a permis d’organiser une première mission en Guinée en avril 2017. Celle-ci a rete-nu l’attention des autorités guinéennes à Conakry mais aussi du Club Afrique de la CCI Internationale Rouen Métropole Normandie.

Un appui déterminant des diplomates Français et Gui-néens

Pour donner une suite à la demande des entreprises et avec l’appui de l’associa-tion Normandie axe-Seine, les deux ambassadeurs S.E. M. Jean-Marc Grosgurin, ambassadeur de France en Guinée, S.E. M. Amara Camara ambassadeur de Guinée en France et M. Bruno Bisson Conseiller di-plomatique de la préfète de la Région Normandie le 1er septembre2017ani-ment un déjeuner confé-rence sur le thème « France - Guinée - Normandie - Axe-Seine : que faire ensemble ? »

Réunion de lancement d’un Comité de pilotage le 24 novembre 2017 Les rencontres qui ont sui-vi, avec des organismes professionnels, des chefs d’entreprises, la Chambre de Commerce et d’Indus-trie, le Département de la Seine-Maritime, le Région Normandie, la Métropole Rouen Normandie et la Ville de Rouen ont renforcé les échanges, donné aux par-ticipants l’envie d’agir et manifesté leur intérêt pour envisager la création d’une

L é o p o l d S é d a r S e n g h o r , le Normand père de la Francophonie et chantre de la Normandité« La Normandie est une ré-gion ouverte au monde car elle embrasse, depuis ses origines, l’intégration des individus et des cultures. Elle a, au cours des siècles, marqué et influencé l’his-toire du monde, exportant un modèle social et poli-

tique grâce à sa capaci-té d’adaptation et à son humanisme » affirme Nor-mandie Attractivité (https://www.normandie-attracti-vite.fr) dans son manifeste pour une Région-Monde. Cette marque caracté-ristique de l’identité nor-

© Hugo Miserey

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Saholy LeteLLier, Fondatrice et Directrice du musée de Tadio Chargée de cours en Histoire, Sociologie et Lettres à l’Uni-versité de Rouen Normandie

Expositions et ateliers à découvrir au Musée des Deux Guerres

« Musée Johanesa Rafiliposaona », Tadio,

Madagascar

Le Musée des Deux Guerres à Tadio (Ma-dagascar) a ouvert ses

portes en août 2014, dans l’année du centenaire de la Première Guerre mondiale et des soixante-dix ans de la fin de la Deuxième Guerre mondiale¹ . Le village s’était mobilisé pour aider à la construction du musée, et le projet a eu l’adhésion de nombreux bénévoles en France et à Madagascar pour collecter des objets et des documents² . La pre-mière exposition photogra-phique du musée, extraite

de vues stéréoscopiques, a été labellisée par la mission du centenaire de la Pre-mière Guerre mondiale en France³.L’année suivante, en 2015, pour mieux répondre aux besoins de la population de Tadio et des villages environ-nants, le musée a ouvert son école appelée « l’école de la vie et de la paix ». Depuis, des cours d’alphabétisa-tion, des cours de formation aux maîtres d’écoles, des lectures publiques, des ate-liers artistiques sont propo-sés avec l’organisation de

concours pour les enfants. L’école accueille égale-ment des colloques inter-nationaux pluridisciplinaires sur la Grande Guerre, des séminaires sur l’éducation et des journées d’études sur des sujets variés. Enfin, le Musée et son école font participer l’association des femmes du village de Tadio au montage d’exposition (fabrication de raphia pour les panneaux d’exposition, initiation à la préservation des œuvres et à leur mise en valeur…).

Expositions sur la GrandE GuErrE En 2018 : - Madagascar dans la Grande Guerre.- Le front d’Orient.- Le Houlme, Amiens, Caen, Reims, Rouen dans la Grande Guerre.- Des portraits de femmes dans la Grande Guerre dont des femmes malgaches qui baguent des cigares envoyés aux soldats (Journal Illustration, mars 1915) - Hommage 14-18, hommage aux aïeux et aux aïeules.- Présentation d’ouvrages sur la Grande Guerre.- Les tirailleurs sénégalais (projet en cours) : Dans le cadre d’un partenariat avec l’association Solidarité internationale, souhait d’accueillir au Musée de Tadio, pendant la période des commémorations, l’exposition « La Caravane de la mémoire. Les tirailleurs sénégalais avant, pendant et après la Première Guerre mondiale ».

Le musée avait reçu de nombreux soutiens des autorités à Madagascar et en France. Aujourd’hui, le musée accueille de nombreux visiteurs : des villageois, des établissements scolaires et universitaires, des touristes de passage…

La majorité de la collecte d’objets et de documents a été faite en France. La Région Haute-Normandie a permis leur acheminement, par conteneur aérien, de Paris à Antananarivo. A Madagascar, l’Ambassade de France a organisé avec le 1er Régiment des Forces d’Intervention de l’Armée de l’air malgache, la réception et le déchargement du conteneur à l’aéroport d’Ivato ; puis la conservation provisoire en transit des collections sur la base militaire de l’aéroport d’Ivato (pendant un mois); et enfin, le transport jusqu’au musée ; soit à 320 km de la base.

Labellisation en avril 2014 des 70 premières plaques de verre du musée de Tadio. Aujourd’hui, le Musée en possède 452.

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L’œuvre du cigare malgache

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atEliErs 14-18 :

- Atelier découverte de vues stéréoscopiques et de deux visionneuses en état de marche.- Atelier découverte de journaux d’époque : Illustration et Miroir. Présentation des pages sur Madagascar.- Atelier découverte de cartes postales sur les soldats malgaches à la Tremblade (Cha rente Maritime) en 1917.- Atelier découverte de la maquette (2m20 x 2m50) de l’avion Nieuport de Guynemer et réalisation d’autres maquettes avec les enfants de Tadio.- Atelier de lecture, d’écriture et de dessin sur les poèmes de la Grande Guerre. Lecture et illustrations des poèmes de Chan David, lauréat du prix de la meilleure rime et du prix du public au printemps des poètes (mars 2018).- Atelier de création du « Jardin des souvenirs » dans les jardins du musée.- Atelier de création sur « l'arbre de vie et l'arbre de paix » dans l’école du musée.- Atelier avec les artistes en résidence : « découverte du travail sur bois » avec les Zafima niry d’Antoetra(4) , initiation au travail de sculpture avec le sculpteur Ndriana(5) qui a réalisé la stèle de l’Avenue de l’Indépendance à Toamasina.

Le Musée des Deux Guerres, « Musée Johanesa Rafiliposaona », Tadio, Madagascar

L’art Zafimaniry a été classé par l’UNESCO au patrimoine mondial immatériel de l’humanité.

Le sculpteur Ndriana, qui a réalisé la stèle du 9 octobre 2015 sur l’Avenue de l’Indépendance à Toamasina, a fait deux réalisations en résine pour le musée de Tadio : la stèle du tirailleur Johanesa Rafiliposaona et le tableau d’une vue sté-réoscopique.

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Jean-Claude LeteLLier, Directeur des collections du musée

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Dans le cadre de la coopération décen-tralisée entre la Ré-

gion Atsinanana (Mada-gascar), Skopje et Bitola (Macédoine) et la Région Normandie (France) et dans les commémorations du centenaire de la Pre-mière Guerre mondiale, il a été créé trois ouvrages sur la Grande Guerre : « l’Abécédaire de la Grande Guerre» (avril 2016), « Jour-naux, correspondances et vues sur verre de la Grande Guerre » (juin 2017), « Re-gards sur 14-18 » (à paraître en juin 2018). Près de 4 000 écoliers, collégiens, lycéens et étudiants des trois pays ont participé à ces travaux, encadrés par leurs profes-seurs. Leur rédaction s’est accompagnée de la tenue de plusieurs colloques in-ternationaux francophones à Madagascar sur « Com-mémorer 1915-2015 : traces mémorielles et acteurs des

La création d’ouvrages sur la Grande Guerre par les élèves et les étudiants de France, de Macédoine et de Madagascar

Suite page 29

Colloque international pluridisciplinaire au Musée des Deux Guerres à Tadio, Fandriana, Région Amoron’i Mania, Mada-gascar. Soutien de l’Ambassade de France à Madagascar.

C o l l o q u e i n t e r n a t i o n a l p l u r i d i s c i p l i n a i r e a u P a l a i s d e l a R é g i o n A t s i n a n a n a , a u M u s é e d e s D e u x G u e r r e s à T a d i o e t à l ’ U n i v e r s i t é d e T o a m a s i n a . S o u t i e n d e l a r é g i o n N o r m a n d i e .

La Caravane de la Grande Guerre à Madagascar (1er au 28 août 2017) est centrée sur une exposition itinérante sur le thème « Madagascar avant, pendant et après la Première Guerre mondiale ». Soutien du Ministère de la Défense mal-gache, de l’Ambassade de France à Madagascar, de la Région Atsinanana et de la région Normandie.

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conflits » (octobre 2015)¹ ,«Enseigner la Grande Guerre » (avril et novembre 2016)² , de la création de caravanes de l’Histoire de la Première Guerre mon-diale sillonnant la Grande Ile (août 2017)³ , de l’orga-nisation en Macédoine de journées scientifiques sur le front d’Orient (juin 2016, no-vembre 2017), de l’organi-sation de la Semaine de la Francophonie à l’Université de Rouen Normandie sur la thématique de la Première Guerre mondiale (2014 à 2018), et de l’organisation de plusieurs expositions.

Le 9 octobre 2015 est le jour anniversaire de l'entrée en guerre de Madagascar, et c’est l’occasion pour la Grande Ile de commé-morer sa participation à la Première Guerre mondiale. Avec le soutien du Ministère de la Culture malgache, du Ministère de la Défense

malgache, du Ministère des Affaires étrangères mal-gache, du Ministère de l’En-seignement Supérieur et de la Recherche Scientifique malgache, du Ministère de l’Education Nationale malgache, du comité du centenaire de la Première Guerre mondiale à Mada-gascar, de l’Office Natio-nal des Anciens Combat-tants, de l’Ambassade de France à Madagascar et en Macédoine, de l’Institut français de Macédoine, de l’Alliance française de Toa-masina, de la mission du centenaire en France, de la Région Normandie, de la Région Atsinanana, de la Région Amoron’i Mania et de la Maison de la coo-pération à Toamasina, de nombreuses manifestations et actions voient le jour : colloques, séminaires, jour-nées d’études, expositions, rédaction d’ouvrages.

Saholy LeteLLier, Fondatrice et Directrice du Musée des Deux Guerres à Tadio, Madagascar.Chargée de cours en Histoire, Sociologie et Lettres à l’Uni-versité de Rouen Normandie

Le 9 octobre 2015, inauguration de la stèle de l'Avenue de l'Indé-pendance de Toamasina

Livres Grande Guerre. Publication aux éditions des Falaises, Rouen Normandie.

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Frédéric Descrozailles répond aux questions de Hervé Nyam

Francophonie : de la culture à l’entreprise

La francophonie comme perspective semble être réservée aux acteurs

culturels et politiques. D’ail-leurs les pères fondateurs (Hamani Diori, Senghor, Norodom Sihanouk, Bour-guiba…) étaient d’abord des politiques. En France les grands apôtres ou dé-fenseurs de la francophonie (Philippe de Saint-Robert, Philippe Rossillon…) sont d’abord des politiques. Quel jugement portez-vous sur leur œuvre, sur leurs idées ?La langue française a tou-jours fait l’objet, depuis sa création même en tant que langue écrite en 842, d’un volontarisme politique. La France, en tant que pays, a été forgée notamment par recours à la langue de façon délibérée dans deux dimensions : juridique et littéraire. Je m’inscris plei-nement dans cette tra-dition. Mais en 2017, sous l’impulsion des nombreux acteurs que j’ai réunis le 5 avril dernier, ce volonta-risme politique est orienté sur le domaine de l’écono-mie : l’entreprenariat et les échanges.Il s’agit simplement de com-pléter l’approche trop stric-tement culturelle, diplov-matique du rayonnement de la langue française. Ou, plus exactement, de chan-ger de regard sur ce qu’est le rayonnement culturel de la langue française, pour adopter la question de l’usage courant, pratique, utile et non pas seulement raffiné, « haut-de-gamme » ou savant du français. Il s’agit de décomplexer l’apprentissage du – et l’accès au – français, pour qu’ils ne soient plus intimidants et pour les développer en accom-pagnement de l’essor économique de l’espace francophone.

Au fil du temps la relation Francophonie / Monde de l’entreprise est de plus en plus invoquée, au moins du point de vue conceptuel ou de la rhétorique. Dans un contexte mondial do-miné par les enjeux éco-nomiques, je reprendrais la question que vous posiez en introduction au colloque que vous venez d’organiser le 5 avril à Paris : « En quoi la langue française est-elle un atout pour conso-lider / renforcer / stimuler une culture d’entreprise dans un contexte interna-tional et multiculturel ? » La langue française est as-sociée, pour des raisons historiques, culturelles et finalement pratiques, à la question du traitement des relations sociales de tra-vail. Elle est en elle-même un vecteur de dialogue et de communication interne aux entreprises. De plus, sans être linguiste, je me ris-querais à prétendre que la langue française se singula-rise par sa façon de traiter l’enjeu de la précision du langage : par sa nomencla-ture, son vocabulaire et ses constructions syntaxiques. C’est-à-dire que, par rap-port à d’autres langues, le français permet l’apport de nuances et de précisions dès l’apprentissage, plus rapidement que par la maî-trise de l’usage.Je relie cette caractéris-tique à une propriété de la culture française, celle du rapport entre la multitude et l’unité ou, dit autrement, entre la diversité et l’ap-partenance commune. La France est un pays qui a été bâti par la consolidation progressive d’un pouvoir central fort, qui a fédéré des identités locales restées extrêmement vivaces et souvent rivales. La langue a été sciemment utilisée pour y parvenir, comme vecteur

d’unité et symbole d’ap-partenance. Mais elle a été marquée – ce qu’illustre la place de l’exception dans l’élaboration de la règle – par le maintien d’une très grande diversité, d’un très grand nombre de disparités et de spécificités. S’agissant de bâtir une culture d’en-treprise dans un contexte multiculturel et / ou inter-national, c’est une ca-ractéristique intéressante.

Après le colloque du 5 avril qui a été un succès, qui a ouvert un horizon de ques-tionnements et qui a suscité beaucoup d’espoir chez les participants, quelle est la prochaine étape ? Et quand ? J’ai annoncé un suivi au moins annuel de ce qui al-lait être proposé. La pro-chaine étape est celle d’une réunion du comité de pilotage de « La fran-cophonie, un espace pour l’entreprise » pour lui donner suite et, notamment, pour désigner des chefs de pro-jets et des équipes projets autour des trois pistes rete-nues comme prioritaires : la création d’une plateforme numérique de services et d’informations, un carre-four virtuel de la francopho-nie ; la création et le ren-forcement de rencontres d’affaires francophones et « l’évangélisation » de Chefs d’entreprises sur les mérites du bilinguisme. J’organise-rai dans un an, peut-être sous une autre forme mais de façon à marquer une étape, un événement qui exigera de nous et de moi-même d’avoir donné suite à l’événement du 5 avril der-nier. C’est le premier d’une série, et cette série aboutira à des résultats concrets et pratiques.

Jean Michel Tallet, club Efficience Fakhr Eddine Es-Saaidi, Ministre Conseiller à l‘Ambassade du Royaume du Maroc en France, Responsable des relations avec l’Organisation Internationale de la Franco-phonie et l’OCDE, Frédéric Descrozailles; Marie Christine Oghly, présidente mon-diale FCEM; Denis Deschamps, délégué général de la CPCCAF

Frédéric DescrozaiLLes

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Les 6 et 7 octobre der-niers se sont déroulées les Journées d’Histoire

et de Tradition Forestières (HISTRAFOR) organisées, comme chaque année, par l’Association des per-sonnels de l’Office National des Forêts (ONF) avec le soutien de l’établissement. Cette année, ces journées ont pris place au cœur de la forêt domaniale de Tron-çais, dans le département de l’Allier.Voulant sortir du colloque habituel et profiter du site exceptionnel qui avait été choisi, les organisateurs avaient opté pour une ani-mation innovante compo-sée de saynètes mettant en parallèle les activités fores-tières du passé et leur pen-dant actuel. Ainsi se sont succédé des présentations relatives au bois de feu, à l’abattage, au sciage, aux outils du forestier, au débar-dage et au fendage.Ces deux dernières sé-quences ont été particuliè-rement appréciées par les participants, qu’il s’agisse des professionnels ou du grand public. Le débar-dage est un bon exemple des leçons du passé au service du présent. Si cette activité, qui consiste à sortir des forêts les troncs d’arbres coupés, est aujourd’hui lar-gement mécanisée avec des tracteurs débusqueurs, on assiste depuis quelques années à un retour du dé-bardage à cheval qui convient bien pour des

massifs difficilement acces-sibles à des engins motori-sés et dont les sols sont fra-giles. Quant au fendage, les spectateurs admiratifs ont pu apprécier la dexté-rité d’un mérandier qui, en quelques coups de hache, est venu à bout d’un tronc pour en faire de belles douelles de tonneaux qui, demain, pourront accueil-lir quelques grands crus de vins de Bordeaux.Parallèlement était pro-posée une tournée fores-tière au sein du massif de Tronçais sous la conduite éclairée de forestiers aussi compétents que passion-nés. Les visiteurs ont pu ain-si s’enfoncer au mitan de la forêt et découvrir, pour ceux qui ne le savaient déjà, que les arbres ne poussent pas tout seuls et qu’ils ne sont pas les seuls hôtes de ce vaste espace grouillant de biodiversité tant animale que végétale. Ils se sont surtout attardés sur ce qui constitue le lieu le plus emblématique de la

forêt de Tronçais, à savoir la Futaie Colbert. C’est en ef-fet ce dernier qui, en 1670, a décidé le réaménage-ment du massif pour y plan-ter des chênes destinés à l’industrie navale avec, no-tamment, la production de « bois tors » spécialement adaptés pour la charpente-rie de marine. Mais la durée de la croissance des arbres a voulu que lorsque ceux-ci sont arrivés à maturité, la marine en bois avait déjà cédé la place à la marine en acier. Privés d’eau de mer, les chênes se sont re-marquablement reconvertis au vin auquel ils assurent un vieillissement exceptionnel et goûteux.Au milieu des 10 000 ha de la forêt de Tronçais, la Fu-taie Colbert témoigne de sa vocation initiale avec des chênes impressionnants dont certains âgés de plus de 300 ans. Aujourd’hui, le peuplement est classé en réserve biologique dirigée, c’est-à-dire qu’il n’y est plus pratiqué de sylviculture et

JOURNÉES D’HISTOIRE ET DE TRADITION FORESTIÈRES EN FORET DE TRONÇAIS

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Les travaux ont été introduits par Roland Eluerd Vice-pré-sident de la Biennale de la langue française et Loïc Depecker Délégué géné-ral à la Langue française et aux Langues de France qui a dressé un tableau exhaus-tif de la stratégie franco-phone des Pouvoirs publicsPatrice Henriot Délégué culturel et administratif de l’AMOPA (Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques), par-tenaire historique de la Bien-nale a rappelé Les conc-Fours de l’AMOPA en faveur de la Défense et Illustration de la langue française.En vous connectant au site de la biennale http://www.biennale-lf.org vous pourrez tout à la fois en connaitre le programme complet

et prendre connaissance d’une excellente première synthèse sous la plume de Line Sommant, vice prési-dente de la Biennale de la Langue Française. Le Par-tenariat Eurafricain avait été invité à présider la séance 3 ou se sont expri-mé Mohamed Taifi, Institut Militaire de Virginie, écri-vain sur « parler la langue française dans les pays anciennement colonisés : la fin des complexes », Joël Broquet et Marianne Condé Salazar, Directrice des rela-tions internationales de l’en-seignement et du français, CCIP Ile-de-France sur « le français, atout profession-nel »Bernard Emont président de France Québec, assurait la présidence de la séance

intitulée « Choisir / ensei-gner le français en Amé-rique du Nord » avec des interventions de Gabriel Mi-chaud, Université McGill : Le français langue seconde : quelles sont les motiva-tions de jeunes universitaires nord-américains ? Christian Mbarga, St. Thomas Univer-sity à Frédericton, Cana-da : Enseigner le français au Nouveau-Brunswick : entre enthousiasme et défis. et Matka Zupancic, University of Alabama, Tuscaloosa : La «civilisation française» dans les universités nord-améri-caines.

XXVIIe Biennale de la langue française

Elle s'est tenue à Paris les 14,15 et 16 septembre 2017 sur le thème «Choisir la langue française aujourd’hui dans les études et les métiers». Avec le soutien de la Délégation à la langue française et aux langues de France et de la Case Western Reserve University, Cleveland. Compte tenu de son ancienneté, de sa constance dans l’action, du prestige d’Alain Guillermou son fondateur, la Biennale de la Langue Française mérite bien le titre d’Institution.

De g. à d. : Sabine Lopez (Paris VI), Asmaa Leila Sassi (Université Mus-tapha Stambouli-Mascara, Algérie), Roland Eluerd, Ousmane Diao (Uni-versité Cheikh Anta Diop, Dakar )

De gauche à droite, Mohamed Taifi, Institut Militaire de Virginie, écrivain, « parler la langue française dans les pays anciennement colonisés : la fin des complexes », Joël Broquet, président de séance et Marianne Condé Salazar, Directrice des relations internationales de l’enseignement et du français, CCIP Ile-de-France sur « le français, atout professionnel »

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Extrait de l’interview de Cheryl Toman, universitaire américaine (Cleveland), ensei-gnante à la Sorbonne, présidente de la Biennale de la Langue Française. parue dans une livraison de l’agence ACIP et sur le site du « Réveil Français ».

CHOISIR LE FRANÇAIS AUJOURD'HUI DANS LES ÉTUDES ET LES MÉTIERS

Vous êtes universitaire améri-caine, enseignante à la Case Western Reserve Universitaire travaillant avec plusieurs établissements d’enseigne-ment secondaire et supérieur et de recherches en France et vous présidez la Biennale de la Langue Française Pour-riez-vous resituer la « Biennale » et son histoire dans le pano-rama des institutions et asso-ciations vouées à la défense de la langue française ?

Cheryl Toman : La Biennale a été créée à Paris en 1963 par Alain Guillermou. Roland Eluerd a pris la relève en 1993 et je suis devenue présidente en décembre 2016. Les tra-ditions de la Biennale sont riches même si nous essayons de donner un nouvel élan à notre association en fonction de la réalité toujours chan-geante de notre monde mais son but était et est toujours de « coordonner les efforts des divers pays de langue française pour la sauvegarde d’un commun patrimoine lin-guistique », la langue fran-çaise.Son objet est « d’aider et de soutenir l’ensemble des per-sonnes, notamment les pro-fesseurs de français, et des organismes qui, à travers le monde, œuvrent pour le maintien des qualités propres et de l’unité de la langue française dans sa diversité et dans la diversité des cultures qu’elle véhicule ou est appe-lée à véhiculer ». Les Biennales se sont déroulées en diffé-rents pays d’Afrique, d’Amé-rique du Nord ou d’Europe. L’action de la Biennale est un combat, celui de la diversité des langues contre l’uniformi-té d’une seule langue domi-nante, d’une langue unique, le tout anglais.

Les 14, 15 et 16 septembre 2017 se tiendra à Paris la XXVIIème biennale de la langue Française. Vous y accueillez une trentaine d’intervenants majoritai-rement représentatifs des enjeux francophones au Maghreb et Afrique noire. Voulez-vous ainsi marquer la prévalence du paramètre africain dans la géopoli-tique de la francophonie ?

Depuis la création de notre association, nous avons par-mi nous des collègues afri-cains et maghrébins. Léo-pold Sédar Senghor était un président d’honneur de la Biennale et nous avons or-ganisé des Biennales quatre fois en Afrique (à Dakar en 1973 et 2007, à Ouagadou-gou en 1999 et à Marrakech en 1987). Cette nécessité de promouvoir un authentique plurilinguisme et de défendre le français se trouve partout où le français est pratiqué et enseigné, que ce soit en Eu-rope et dans les institutions européennes, ou en Afrique ou au Maghreb. D’après l’Or-ganisation Internationale de la Francophonie, l’Afrique est l’avenir de la francophonie. Donc, il faut s’assurer d’une bonne représentation de tous les pays francophones pour la XXVIIème biennale.

Vous avez récemment ren-contré Gilbert de Pusy La Fayette, président du comité La Fayette ; pensez-vous que la francophonie ait un avenir aux États-Unis ?

Absolument. Après l’espa-gnol, le français est la se-conde langue étrangère la plus apprise aux États-Unis. Et quant aux états comme la Louisiane, le Maine, le New

Hampshire et le Vermont, le français est la langue étran-gère la plus apprise malgré le développement rapide à tous les niveaux scolaires et universitaires, depuis peu, des programmes de langues étrangères. Cette réalité est encore plus impressionnante si nous considérons qu’il y a vingt ans, les programmes de langues étrangères aux États-Unis n’offraient que deux langues, l’espagnol et le français. Aujourd’hui, les jeunes Américains peuvent apprendre même à cer-taines écoles élémentaires le chinois, l’arabe, le japo-nais, et le russe, et pourtant le français maintient sa position forte dans le pays.Il ne faut pas oublier que la France et les États-Unis se-ront toujours liés par leur his-toire commune, comme le constate Gilbert de Pusy la Fayette. C’était un énorme plaisir pour moi d’avoir ren-contré Gilbert de Pusy la Fayette au moment où mon université avait récemment choisi un livre sur la Fayette comme la lecture commune de tous les étudiants en pre-mière année (Lafayette in the Somewhat United States par Sarah Vowell). Donc, non seulement la langue fran-çaise est importante, mais l’histoire française l’est éga-lement.

Cheryl Toman

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Un débat au Cercle Colbert

Le 26 juin 2017 le cercle Colbert accueillait une table ronde co organisée avec le Mou-vement Fédéraliste Français. Le thème, quasiment surréaliste il y a quelques mois, le semble aujourd’hui beaucoup moins : Décentralisation ou Fédéralisme ; quel avenir pour les territoires ? Question audacieuse qui pose d’emblée l’antinomie entre une dé-centralisation qui est certes entrée dans la constitution, qui n’en reste pas moins mar-quée au coin de philosophie jacobine, et un fédéralisme qui la nie radicalement. C’est l’une ou l’autre. Mais l’art politique n’est-il pas d’arrondir des angles que la science politique n’aborde que trop souvent avec l’esprit de géométrie ?

Henri de Grossouvre, directeur des collectivités publiques chez Suez Eau France a d’em-blée lancé le débat en faisant un tour d’horizon des termes du débat en le restituant dans sa profondeur historique.

Olivier Meuwly (Lausanne – historien du fédéralisme) a présenté le modèle confédéral suisse (on trouvera en encadré un florilège des ses assertions) puis Thibaut Isabel, auteur de « Pierre-Joseph Proudhon, l’anarchie sans le désordre » préfacé par Michel Onfray, a montré l’actualité et la pertinence de Proudhon. Entre échec du marxisme et crise de son frère jumeau le libéralisme l’émergence d’une Démocratie fédérale ou d’une éco-nomie mutualiste trouvent chez Proudhon un précurseur. On pourrait presque parler en ce début de XXIème siècle de la revanche de Proudhon sur Marx. Le Professeur Frédé-ric Rouvillois, remontant au débat de 1903 resté célèbre entre Joseph Paul Boncour et Charles Maurras « la République et la Décentralisation » tenta avec brio de montrer que le fédéralisme, dans son acception française, n’était nullement une décentralisation ex-trême susceptible de détruire l’unité mais au contraire une doctrine qui conciliait liberté et autorité… fédératrice. Nous reproduisons ici un article d’Olivier Meuvly qui reprend l’essentiel de son intervention, mettant en lumière les doctrines fédéralistes comme mo-teur de la confédération helvétique.

Olivier MeuwLy

Décentralisation ou Fédéralisme ?

de g. à dte Frédéric Rouvillois, Thibault Isabel, Olivier Meuwly, Henri de Grossouvre

LE FEDERALISME MOTEUR DE LA CONSTRUCTION HELVÉTIQUELa construction de la Suisse telle qu’on la connaît au-jourd’hui ne peut être dis-sociée de celle du fédéra-lisme. C’est dans cette forme d’organisation politique que s’éclairent les mécanismes qui ont présidé à l’édification d’un Etat d’un genre particu-lier au pied des Alpes. Mais s’intéresser au fédéralisme oblige l’observateur à se

plonger dans le Moyen Age helvétique, non pour en rica-ner, comme c’est trop sou-vent le cas, mais pour en dis-séquer les fonctionnements qui expliquent pourquoi une série de villes-Etat ont déci-dé de s’allier non seulement

entre elles, mais aussi avec des communautés alpestres certes autonomes mais avec lesquelles elle ne par-tageaient guère d’intérêts communs, sinon des ennemis identiques : les Habsbourg autrichiens.

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Loin des mythes qui l’en-tourent parfois, en effet, c’est bien dans le Moyen Age que l’on repère les fondements matriciels de la Suisse mo-derne, qui s’est immédiate-ment pensée comme une coagulation d’Etats souve-rains qui ont cherché à ré-gler ensemble les problèmes qu’ils rencontraient dans une cohabitation admise d’en-trée de cause dans sa com-plexité. C’est la marque de fabrique du fédéralisme : ce sont des Etats qui organisent un dialogue entre eux, ce qui n’a rien à voir avec la subsi-diarité, trop souvent confon-due avec la fédéralisme et où il s’agit de déterminer l’échelon idéal pour régler tel ou tel type de problème. Le fédéralisme répond clai-rement à cette question : ce sont les Etats cantonaux eux-mêmes qui décident ce qui appartient à leur souveraine-té ou ce qui doit être réglé bi-ou multilatéralement.

L’histoire politique de la Suisse de cette époque peut ainsi se lire comme la recherche de réponses aux conflits po-tentiels qui risquent de surve-nir entre les cantons. Cette volonté de s’organiser en-semble a revêtu différentes formes. Un ensemble de traités d’alliance constituent les soubassements de la construction helvétique. Puis se sont ajoutées des diètes, qui réunissaient les délégués des cantons : celles-ci pren-dront une forme plus organi-sée et officielle en 1415 avec la convocation d’une Diète à Baden, afin de régler la ges-tion des bailliages communs (Argovie, Thurgovie, etc.). Mais les conflits restent nom-breux, comme le montrent les guerres de Zurich, qui s’achèvent en 1450 : les der-niers liens avec les Habsbourg sont alors définitivement rom-pus. Le péril s’accroît avec

les guerres de religion, qui divisent les Suisses. Mais de nouveaux processus de dia-logue sont inventés, qu’imite-ront après la guerre de Trente Ans les autres puissances, en prise avec des antagonismes religieux sanglants : la religion du « prince » s’impose à ses sujets. Le fédéralisme trouve sa première expression ins-titutionnelle et prolonge en même temps une antique tradition suisse : le système milice, qui pousse le citoyen à assumer des tâches diverses, citoyen et soldat, gouver-nant et entrepreneur, paysan et pompier du village.

Ce système qui s’affirme dans les siècles suivants, malgré un processus d’aristocratisation en cours dans les oligarchies urbaines des Etats confédé-rés, explique le traumatisme que causera la République helvétique. En introduisant les principes de liberté abs-traite et d’égalité devant la loi dans l’organisation poli-tique suisse, elle brise avec une tradition profondément établie. Les coups d’Etat qui se succèdent mènent le pays au bord du chaos. Un com-promis s’avère urgent, que Bonaparte aura le génie de mettre en œuvre avec l’Acte de Médiation, en 1803 : chaque canton est à nou-veau autorisé à s’organiser selon ses propres coutumes et les anciens territoires sujets (comme Vaud, Argovie, Tes-sin…), qui accèdent au rang de canton, adopteront en général des constitutions de type républicain.

La Suisse du XIXème siècle cherchera dès lors à préserver l’équilibre créé avec l’Acte de Médiation et confirmé par le Pacte fédéral de 1814 : comment maintenir la liberté des cantons dans leurs choix organisationnels tout en ren-forçant la structure centrale

du pays, rendue nécessaire par la nouvelle configuration politique internationale en-gendrée par le Congrès de Vienne ? Les cantons n’ont toutefois pas l’intention de se précipiter dans les bras d’un centralisme effronté pour redynamiser une Suisse dé-sireuse de faire respecter sa neutralité acquise à Vienne sur la scène internationale. Dans une logique fédéra-liste bien ancrée dans les es-prits, les cantons essaient de voir ce qu’ils peuvent faire eux-mêmes. Il s’ensuivra une collection impressionnante de concordats intercanto-naux, dont les premiers re-montent à 1803 déjà, et qui permettront aux cantons de résoudre une vaste gamme de problèmes sans recourir à un pouvoir supérieur investi de compétences interven-tionnistes. Mais l’absence de structures politiques ca-pables de parler au nom du pays se fait sentir. Les mouve-ments libéraux qui émergent dans les années 1820, em-plies d’un sentiment roman-tique héritier de l’helvétisme de la fin du XVIIIème siècle et qui cherche à concilier le Tout et ses parties, s’effor-cera de trouver un nouvel équilibre entre le centre et les cantons. Un premier essai

Frederic Rouvillois

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constitutionnel échoue ce-pendant, en 1832.

Il reviendra aux radicaux, dis-sidence de gauche du mou-vement libéral, de donner corps à cet équilibre dans une structure politique iné-dite, mais inspirée des Etats-Unis. Issue de la guerre du Sonderbund, la Constitution de 1848 met en place une Chambre du peuple nantie des mêmes pouvoirs que la Chambre des cantons, où chaque Etat confédéré est re-présenté par deux délégués quelle que soit sa taille. L’his-toire de la Suisse « moderne » va dès lors s’écouler sur une dialectique cantons-Etat fé-déral, sur laquelle va peu à peu se greffer la question des droits démocratiques (référendum, initiative) que les cantons sont de plus en plus nombreux à expérimen-ter à partir des années 1840. Mais la question demeure : faut-il oui ou non transférer de nouvelles compétences à l’Etat fédéral ou au contraire choyer l’échelon cantonal ? Il n’est pas possible de nar-rer ici les innombrables péri-péties qui vont scander ce débat constitutionnel, sur un fond religieux très âpre : les cantons catholiques savant protéger leurs spécificités derrière la digue fédéraliste et s’allieront, en 1872, parfois avec les radicaux romands. Mais le Kulturkampf brisera cette union. 1874 accouche

d’un nouveau compromis, qui compense la remise d’une série de compétences aux cantons par l’installation, au niveau fédéral, du droit de référendum facultatif contre les lois votées par le Parlement. Le droit d’initia-tive populaire suivra en 1891.

Est inauguré ainsi le troisième pilier du système démocra-tique suisse. Après le fédéra-lisme et le système de milice, la démocratie dite semi-di-recte parachève l’édifice constitutionnel helvétique, dans une étroite symbiose avec ses prédécesseurs. En réalité, ces trois piliers se com-plètent : le citoyen acteur de la vie sociale, militaire et poli-tique se prolonge dans un ci-toyen actif qui a le droit de se mêler de toutes les questions par son vote ou sa signature apposée au bas d’une ini-tiative. Mais un citoyen actif qui œuvre d’abord dans la collectivité les plus proche de lui : la commune, mais surtout l’Etat cantonal, le lieu où se construit la poli-tique, une situation qui sub-sistera longtemps, malgré la poussée centralisatrice qui débute à partir des années 1880, notamment en lien avec la lente élaboration d’un Etat providence au ni-veau fédéral, qui absorbera maintes compétences rele-vant jusque-là de coopéra-tives ou des Etats cantonaux. L’armée est vidée de ses contingents cantonaux, une banque nationale voit le jour, le droit civil est unifié, les che-mins de fer fédéraux suivront.

Le XXème siècle s’inscrit dans cette même tendance. Le Code pénal suisse est adop-té en 1942, puis de débats

récurrents sur l’école émer-geront dès les années 1960. Symbole du fédéralisme ché-ri par les cantons catholiques, soucieux de sauvegarder leur culture confessionnelle, la question de l’enseignement, notamment, fait débat : ne siérait-il pas céder des com-pétences à la Confédé-ration ? Dans ce domaine comme dans d’autres se su-perposeront, lois fédérales, compétences cantonales et concordats intercantonaux, dans un joyeux fouillis qui dé-sespère sans doute les amou-reux d’un cartésianisme institutionnel pur mais qui contribue aussi à l’équilibre helvétique. Objet de polé-miques qu’au XIXème siècle ou même qu’au siècle der-nier, le fédéralisme demeure un socle auquel s’adossent maintes réflexions sur la meil-leure « gouvernance » pos-sible pour le pays. Malgré les critiques, il a démontré sa vi-gueur dans au moins quatre domaines :

- Le fédéralisme, en dépit des inconvénients qu’il peut gé-nérer, a toujours assuré une grande stabilité à la Suisse ; il force au dialogue et au com-promis et est de la sorte gage d’efficacité. Protecteur des minorités, il solidifie la cohé-sion nationale.

- Il permet une grande liber-té d’action au niveau le plus bas de la structure institution-nelle du pays : les cantons conservent, envers et contre tout, leur capacité à fonc-tionner comme des labora-toires politiques pour la Suisse.

- De façon plus terre à terre, il autorise le maintien de petites structures politiques, empê-

Suite page 26Alain Peloux et Christophe Jussac

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Présentation de l’ICEO (Institut de Coopération avec l’Europe Orientale)

Depuis la c h u t e du ri-

deau de fer, l’association ICEO, sans

but lucratif, créée à Mont-pellier en décembre 1989 par des bénévoles, universi-taires ou libéraux, œuvre à tisser des liens de connais-sance réciproque et de par-tenariat au niveau régional et local entre la France - plus particulièrement la région Languedoc - et les pays de l’est européen libérés du système soviétique. (http://www.association-iceo.fr/)*- Commencées par de l’aide humanitaire pour répondre aux urgences des bouleversements résul-tant de la fin du bloc so-viétique, ses activités ont évolué vers de l’assistance technique mais aussi vers le soutien académique et social aux étudiants de l’Est venus se former à l’uni-versité de Montpellier. Des conférences thématiques sur les pays de l’Est sont également organisées à Montpellier, telle, en 2011, celle, de M. Oleg Serebrian, alors ambassadeur de Mol-davie en France, sur son livre «Autour de la Mer Noire – Géopolitique de l’espace pontique». S’agissant d’assistance technique, l’ICEO a contri-bué :- En Pologne en partenariat avec l’Université Jagellon de Cracovie, à l’organisa-tion, depuis dix ans et tous les deux ans des Journées œnologiques à Zakopane, conduisant à l’émergence

d’une culture du vin, à la formation de vignerons et à la création de plus de deux cents vignobles expérimen-taux dans ce pays (http://www.association-iceo.fr/spip09/spip.php?article88). - En Roumanie, à l’élabora-tion du cadastre rural, puis à la formation d’agents de développement rural et au montage de programmes d’aide à la scolarisation et à l’intégration sociale des tziganes ; Pour la Rouma-nie et la Bulgarie, sur fonds européens, à la formation d’élus et de cadres tech-niques locaux. - Au Mon-ténégro, ICEO appuie l’ac-tion d’une association de la ville d’Herceg Novi, qui milite pour la promotion de la francophonie et de la culture française dans ce pays. L’ICEO a ainsi tissé au cœur et à l’est de l’Europe un vaste réseau relationnel et d’amitiés : Dacian Cio-loş, ancien commissaire européen puis 1er ministre de Roumanie, issu de Su-pagro-Montpellier, Andrei Gratchev, proche conseiller de Mikhail Gorbatchev et auteur d’ouvrages sur la fin de l’URSS, sont parmi les plus connus des amis d’ICEO. Enfin, l’ICEO mène depuis plusieurs années une cam-pagne en faveur d’un «tri-linguisme souple» dans les pratiques des instances de l’Union européenne, pour un meilleur respect du plu-rilinguisme officiel, notam-ment dans l’usage des trois langues de travail de la Commission (allemand, anglais, français) : privilé-

giant la langue maternelle du locuteur, moyen de la meilleure expression de sa pensée, associée pour dif-fusion et à son choix à deux des trois langues de travail, ou encore à l’une de ces langues et à une troisième autre parmi les langues of-ficielles, jugée pertinente avec la communication proposée, ce «trilinguisme souple» rétablirait l’équi-té entre tous les acteurs du projet européen (http://www.association-iceo.fr/spip09/spip.php?article12). Cette campagne est sou-tenue par divers partenaires tels que l’OEP/Observatoire Européen du Plurilinguisme, le VDS/Verein Deutsche Sprache et le C.A.S. Elle devrait trouver un surcroit de pertinence à l’heure du Brexit.*NOTA : notre site ’internet a été saboté deux fois en 2017 par des hackers de l’ultra-gauche à qui, pour des raisons non précisées, il ne plaisait pas – trop éclectique sans doute et trop ouvert à des opinions contraires. Depuis lors, nous n’avons pu rétablir tota-lement encore la richesse que son contenu avait ac-quise. Nous faisons de notre mieux pour le rétablir.

ICEO - BP 6063 – MALBOSC 34 086 Montpellier Cedex 4 - France // courriel [email protected] Tél. 33 (0)4 67 92 85 33 – Tél 33 (0)6 06 67 81 62

est édité par

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Entretien avec S. E. M. Tomasz Mlynarski, ambassadeur de Pologne en France

La Pologne a-t-elle une po-litique africaine?

L’Afrique est le continent de l’avenir par son potentiel démographique et écono-mique, et son destin est insé-parable du sort de l’Europe. Pour cette raison, depuis l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne, notre politique envers les pays africains s’inscrit de plus en plus dans le cadre euro-péen. Notre contribution au fonds fiduciaire de l’UE pour l’Afrique s’élève à 8 millions d’euros par an. Au niveau bilatéral, la Po-logne veut avant tout s’en-gager dans la coopération économique. Les accords sur la livraison de tracteurs de l’entreprise polonaise Ursus en Zambie, et aupa-ravant en Éthiopie et en Tanzanie entraînent l’ou-verture de nouvelles usines en Afrique. L’offre des en-trepreneurs polonais pour l’Afrique va de la coopéra-tion dans le domaine de la construction, de l’infrastruc-ture et du transport, en pas-sant par l’industrie téléinfor-matique, jusqu’à la gestion de l’eau et du recyclage. Au-delà des investissements directs, nous sommes aus-si prêts à partager notre expertise dans la transition économique et politique. Pour pouvoir intensifier nos contacts directs avec les pays africains, mais aus-si entre les entrepreneurs, nous avons récemment rouvert l’ambassade de Po-logne au Sénégal et en Tan-zanie. Je cherche à approfon-dir également à Paris les contacts et la connaissance

des Polonais sur l’Afrique. En partenariat avec l’Acadé-mie polonaise des sciences j’organiserai prochaine-ment une conférence fran-co-polonaise sur les études sur le continent africain. Les œuvres de Polonais tels que Bronislaw Malinows-ki ou Roman Stopa ont contribué profondément à la connaissance et à la compréhension du conti-nent africain en Europe.

Le Groupe de Višegrad a-t-il une vision commune des enjeux africains?

Le principal objectif du Groupe dit de Višegrad (Hongrie, Pologne, Répu-blique tchèque, Slovaquie) est le renforcement de la voix de l’Europe centrale et orientale dans le débat concernant les défis euro-péens. Mais nous regardons qau-delà du continent. Ainsi, les chefs d’État du V4 ont rencontré le président égyptien en juillet 2017 pour échanger sur les enjeux de la lutte contre le terrorisme et sur les questions migra-toires, comme sur les pers-pectives de la coopération économique. Pour le Groupe de Više-grad, la question migratoire est un élément très impor-tant pour ses relations avec les États africains. Sur ce dossier, nous sommes una-nimes. La stabilisation et le développement des ré-gions d’où vient la majorité des migrants est le meilleur moyen de limiter les impor-tants déplacements incon-trôlés de populations vers l’Europe. La Pologne s’engage de

plus en plus dans ces ac-tions tant au niveau bilaté-ral, et européen, mais aus-si au niveau global. Ayant acquis le statut de membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour les années 2018-2019, l’un des principaux objectifs que nous nous sommes as-signés est la stabilisation et la prévention des conflits en Afrique ainsi qu’au Proche et au Moyen-Orient.

Quels seraient les déno-minateurs communs d’une grande politique africaine de l’Europe? En matière de défense et de sécurité ma-ritime?

L’instabilité de certaines ré-gions d’Afrique, des conflits qui perdurent, ou encore la menace des groupes ter-roristes restent une source majeure d’inquiétude pour les Européens. Les missions européennes dans les eaux de la Méditerranée ou au Sahel constituent une étape transitoire jusqu’au mo-ment où les États africains concernés trouveront des méthodes régionales pour

Tomasz Mlynarski

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(extrait de l’interview réalisée par le Partenariat Eurafricain et dont l’intégralité a été publiée par l’hebdomadaire France Catholique)

Suite à la Seconde Guerre mondiale et à la conférence de Yalta de nombreux po-

lonais ne souhaitèrent pas ou ne purent pas regagner leur patrie. Dès  1955, des organisations de réfugiés polonais en France ex-primèrent le besoin d’avoir une maison de retraite destinée à les accueillir.

Début  1956, l’ambassadeur Gaë-tan Morawski, représentant en France du gouvernement polonais en exil à Londres - gouvernement des Polonais libres pendant la Se-conde Guerre mondiale et qui ne pu rentrer en Pologne en 1945 en raison de la mainmise de l’URSS sur le pays - a fondé la maison de retraite polonaise de Lailly-en-Val.

Une association dite « Fonds Hu-manitaire Polonais  » (FHP) fut créée pour gérer l’établissement. La première présidente du fonds fut Marie Morawska, épouse de Gaëtan Morawski, présidente de l’Association d’aide aux étudiants,

artistes et intellectuels polonais en France. Madame Morawska, transmis la présidence du fonds à l’abbé Augustyn Galazewski, curé de la paroisse polonaise de Paris.

L’ambassadeur Morawski passa à Lailly les trois dernières années de sa vie. Il fut le 11 novembre 1996 décoré à titre posthume de l’Ordre de l’Aigle Blanc.

L’actuel directeur est Marek Szypulski, docteur es sciences humaines de l’université de Var-sovie. Mathias Morawski, journa-liste, est président de l’association « Fonds Humanitaire Polonais ».

De nombreux polonais et ressor-tissants des pays de l’Est sont en-terrés dans le cimetière de Lailly. Nous avons dénombré plus de 370 noms.

La Maison de retraite du FHP conserve la tradition polonaise par les nombreux contacts avec plusieurs institutions polonaises. Le FHP travaille ainsi en étroite

liaison avec une grande maison de retraire de Cracovie, et accueille chaque année une dizaine de sta-giaires de l’école d’infirmières de la célèbre université Jagellonne.

Depuis plusieurs années, des artistes-peintres de Pologne viennent dans le cadre des «  Chantiers artistiques Joseph Czapski  » découvrir le Val-de-Loire, peindre ses paysages et ses contrées - Czapski, peintre et écrivain de renommée mondiale, ami de François Mauriac, André Malraux, Daniel Halévy, aimait venir se reposer à Lailly.

Aujourd’hui la maison abrite plus de 90  personnes âgées, des pensionnaires français, des pen-sionnaires d’origine polonaises et d’autres nationalités. Cette institu-tion marqua avant l’heure les pré-misses de l’ouverture européenne.

LA MAISON DE RETRAITE DU FONDS HUMANI-TAIRE POLONAIS A LAILLY-EN-VAL

OEUVRE CARITATIVE FRANCO-POLONAISE ET EUROPEENNE

résoudre ces problèmes. Cependant ces facteurs ne sont que des symptômes. Pour pouvoir les traiter à la source, il est nécessaire d’investir dans les facteurs liés à un développement pérenne – l’éducation, la transformation structurelle des économies africaines, la transition écologique. Ce sont ces derniers qui garan-tiront une bonne résilience face aux crises et c’est dans

ces secteurs qu’il faut que l’UE s’engage en priorité. Le secteur énergétique représente un immense chantier et un potentiel de coopération entre l’Afrique et l’Union européenne. L’in-vestissement dans les éner-gies renouvelables pourrait renforcer le partenariat dans la lutte contre le chan-gement climatique.

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Mathias Morawski, journaliste et écri-vain, est président

d’honneur l’Association Jan Nowak des anciens journa-listes polonais de la Radio Europe Libre, de la Com-munauté Franco Polonaise et du Fonds Humanitaire Po-lonais ; il est aussi un vétéran de la guerre froide qui a lut-té pour libérer son pays du communisme et depuis 60 ans correspondant de la presse polonaise en France. Il témoigne ici de son enga-gement pour la francopho-nie (extrait d’une interview donnée à l’agence ACIP)

Le 9 décembre 2016 au siège de l’Organisation In-ternationale de la Franco-phonie a été célébrée votre élévation au grade de com-mandeur de l’Ordre Natio-nal des Arts et des Lettres.

C’est un beau titre pour Paris que d’être le siège de l’Organisation Interna-tionale de la Francopho-nie. Paris doit rester une des capitales culturelles

de notre continent et du monde ! L’OIF est un vec-teur de la culture française et j’ai été très touché et surtout heureux de montrer en ce lieu que la distinc-tion accordée à un Polo-nais permettait de faire le lien entre les francophones d’Afrique et d’Europe Cen-trale. J’ai surtout apprécié le témoignage du séna-teur Jacques Legendre, figure de la francophonie mondiale et des relations avec l’Europe centrale et même de la grande Europe puisqu’il est président au Sé-nat des groupes franco-po-lonais et franco-russe.

Votre père fut en 1943, le premier ambassadeur de la Pologne encore libre auprès de la France Libre. N’êtes vous pas par delà les vicissitudes des régimes po-litiques une sorte d’ambas-sadeur permanent de la so-ciété polonaise en France comme de la culture fran-çaise en Pologne ? Le gouvernement de la

Pologne libre fut le pre-mier à reconnaitre celui de la France Libre à Alger. Mon père souhaitait une « Europe cuisinée à la fran-çaise » et je me suis efforcé d’y concourir en construi-sant une relation privilégiée entre nos deux pays pour assurer la paix et en favo-risant les échanges entre les deux pays. Sur le plan culturel certes mais aussi sur le plan économique en rapprochant des décideurs économiques dans le cadre notamment de la Fonda-tion France Pologne. Ainsi ai-je apporté mon appui, avec mon ami Hilaire de Crémiers, à l’organisation très réussie du voyage quasi officiel du prince Jean d’Or-léans en Pologne. Ses ren-contres avec Lech Walesa et tant de personnalités po-lonaises m’ont laissé le sou-venir d’une amitié franco polonaise incarnée.

Mathias Morawski ou l’amitié franco-polonaise

Du 13 au 23 juin 2018 cette exposition est conçue et réali-sée par Barbara Miechowka et Hanna Zaworonko-Olejnic-zak, sous le conseil scientifique de Viola Julkowska, profes-seur à l'Université de Poznan. À l’occasion du Centenaire de la fin de la guerre 14/18 et de l’Indépendance de la Pologne, l’exposition retrace en seize panneaux les princi-pales étapes du long combat de la nation polonaise pour le recouvrement de son indépendance. Elleconduit le visiteur de l’armistice du 11 novembre 1918, au début de la reconstruction de l’État polonais et à une des plus belles heures de l’amitié franco-polonaise. A la Biblio-thèque Polonaise, 6, quai d'Orléans

Les chemins vers l’indépendance de la Pologne (exposition)

Aperçu de l’exposition installée à l’Ambassade de Pologne pour la fête nationale du 3 mai 2018

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«L’Association Nationale LAissez-Les Ser-vir», fondée et présidée par le capitaine Nourouddine Abdoulhoussen, a tenu à participer à la cérémonie du souve-nir rendant hommage au colonel Bel-trame, dans les circonstances que l’on sait. La cérémonie, présidée par Claude Capillon, maire de Rosny-sous-Bois, as-sociait à cette manifestation patrio-tique un groupe d’une vingtaine de ca-dets de LLS, accompagnés du Président N. Abdoulhoussen. L’article de l’édition nationale du Parisien est emblématique de la reconnaissance par les medias du travail que l’ANLLS effectue jour après jour, notamment en Seine-Saint-Denis». Des conférences et visites à vocation historique sont organisées comme par exemple l’accompagnement d’une soixantaine de jeunes du département à Dreux à l’invitation du prince Jean d’Orléans. Notre présence dans le dé-partement touche d’ailleurs à bien d’autres domaines comme l’alphabéti-sation, l’éveil au civisme, la promotion des jeunes méritants, le formation des élus locaux … Ainsi par exemple invitons nous nos réseaux à visiter l’exposition « les Tirailleurs sénégalais pendant la guerre de 14 » qui après Montfermeil se déroulera à Drancy.

Jean de Launoy, délégué 93, membre du comité national d’animation du CAS.

LE P

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19/0

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Des jeunes du 93 à la rencontre de l’Histoire sur le site de Dreux. Ph. du bas. A g. le prince Jean d’Orléans qui reçoit les jeunes et à d. le capitaine Nourouddine Abdoulhoussen, président de LLS

Laissez-Les-Servir

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C’est une association française à but non lucratif - loi 1901 -

qui œuvre pour la promo-tion et le développement des relations culturelles qui unissent les peuples français et roumain. Elle contribue à la diffusion de la culture roumaine en France et sou-tient l’ancrage des valeurs européennes en Roumanie. Créée à Paris, en 1982, elle est depuis 2012 répertoriée dans l’Annuaire des Socié-tés Savantes du Comité des Travaux Historiques et Scien-tifiquesFondée par un groupe d’exi-lés, la Maison Roumaine s’inscrit dans la longue his-toire des Roumains établis en France depuis la pre-mière moitié du 19e siècle à nos jours.Elle est rapidement deve-nue un des foyers importants de la diaspora roumaine. La Maison Roumaine était alors la réponse des Rou-mains de France et de leurs amis français à la propa-gande éhontée du régime

La Maison Roumainecommuniste. C’était aussi une tentative de résister à la destruction systématique de la culture roumaine par ce régime. Il fallait que la vérité sur l’histoire, la culture et la situation en Roumanie soit connue en France et dans le monde.Depuis, le régime commu-niste s’est effondré en Rou-manie. On aurait pu penser que le rétablissement des institutions démocratiques dans ce pays et son acces-sion à l’Union Européenne rendaient inutile l’existence d’une institution culturelle indépendante comme La Maison Roumaine. Mais la transition vers une véritable démocratie s’est avérée difficile. Le passé doulou-reux ancien et récent a laissé des traces profondes dans les mentalités. La Rou-manie a encore un long chemin à parcourir avant de devenir le pays que nous appelons de nos vœux : vé-ritablement intégré à l’Eu-rope, fier de son identité, de ses traditions, de son histoire

et ayant tiré les leçons des pages sombres de son passé.L’existence d’un centre culturel indépendant du pouvoir politique en place est de ce fait hautement souhaitable. La Maison Rou-maine doit rester ce lieu de rencontre et d’échange, ouvert à tous ceux qui s’in-téressent à la Roumanie d’hier et d’aujourd’hui, à sa culture, à son histoire, à ses liens avec la France et à son avenir en Europe. Un lieu d’expression libre dans le respect des valeurs dé-mocratiques et de la vérité, éloigné des déformations idéologiques. La Laison de la Roumanie organise no-tamment des cycles de conférences illustrant la place de la Roumanie dans le concert européen.

Président : Alexandre Herlea, ingénieur, professeur émérite des universités

Adresse : 99 Rue Monge, 75005 ParisTéléphone : 06 30 25 74 91Site : https://lamaisonroumaine.org

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Le comité de pilotageMis en place pour s’assurer de la cohérence et de la véracité des informations diffusées, proposer des orientations, définir les contenus.il se compose ainsi :Madame Catherine LAHAYE, directrice de l’association Solidarité InternationaleMadame Camille DUPARC, professeur agrégée et titulaire d’un master sur les femmes de tirailleursMonsieur Jean-Paul GOUREVITCH, écrivain et consultant international sur l’AfriqueMonsieur Joël BROQUET, président du Partenariat EurafricainMonsieur Hubert TISON, secrétaire général des professeurs d’histoire et de géographieMonsieur Eric FOUS, membre de l’association Solidarité InternationaleMonsieur Gilbert LAHAYE, président de l’association Solidarité InternationaleMonsieur le Chef de bataillon Philippe ROUDIER, conservateur du musée des Troupes de Marine de Fréjus

L'objet de cette exposition est une proposition de faire évoluer le regard des uns vis à vis des autres. Chacun peut se reconnaitre en l'autre si différent soient-ils au premier abord.

L’histoire des tirailleurs sénégalais est notre histoire, leur sang ayant coulé sur la terre française pour le maintien de son intégrité.Soyons curieux, simples en abordant cet épisode de histoire. Les ti-railleurs sénégalais considérés comme de vaillants et farouches sol-

dats, sont avant tout des êtres humains. Arrachés à leur terre, ils ont connu le froid, la maladie, la faim, la peur, la surprise d'un monde nou-

veau, la coexistence dans les tranchées, loin des leurs, de leurs familles, et malgré tout ils sont restés optimistes et souriants.Telle est l'exposition, une tranche de vie avec des hommes venus d'ailleurs pour une guerre qui n'était pas la leur dans laquelle ils se sont engagés avec détermination et loyauté.Que faisons-nous de cet héritage commun, cent ans après ?

Plus particulièrement compétent sur les éléments audiovisuels j’ai été mis à contribution pour la recherche et la mise en forme des photos, des films, des images de la première guerre mon-

diale. La source principale est la médiathèque de l’Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense installé dans le fort d’Ivry sur Seine. D’autres photos ont été trou-vées sur internet, certaines font partie de collections personnelles de

membres du comité et enfin les photos récentes ont été prises sur le terrain, celles du Chemin des Dames.

Deux montages « vidéo » sont projetés à la demande des visiteurs de l’exposition :• Le premier est confectionné par l’ECPAD avec le concours des élèves d’une école du Val de Marne.• Le second est réalisé à partir de photos et d’extraits de films muets, fournis par l’ECPAD, tournés pendant la première guerre mondiale, montés et sonorisés par l’association.Le catalogue de l’exposition avec les photos des panneaux ainsi que les textes est disponible depuis l’été 2017.Un livre retraçant l’histoire des tirailleurs sénégalais de leur origine à nos jours est en cours de réalisation.En complément de l’exposition, des conférences-débats peuvent être organisées à la demande.

L’exposition à Vitry sur Seine

Le mot du président

Eric FOUS, membre du comité de pilotage

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Les prochaines étapesDrancy – au château de Ladoucette

Du 3 septembre au 23 novembre 2018Une visite spéciale sera organisée pour les cadres départemen-taux du Partenariat Eurafricain

Reims métropole

du 9 septembre au 12 novembre 2018 Parc de Champagne – sous la tenteUne visite spéciale sera organisée pour les cadres du Carrefour des Acteurs Sociaux de la région Grand Est.

Le Plessis Bouchard

Du 5 novembre au 18 novembre 2018

La Teste de Buch

En novembre 2018

Villeneuve La Guyard (Yonne)

Du 9 novembre au 23 novembre 2018Une visite spéciale sera organisée pour les cadres départemen-taux du Partenariat Eurafricain.

Madagascar

Juillet 2018

Sénégal

Octobre 2018

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Histoire de la Méditerranée Conquête, puissance, déclin

Depuis trois mille ans, la Méditerranée a fasciné les conqué-rants et tous ceux qui rêvent d’en faire un lac intérieur de paix et de preospérité.

Ulysse, les Romais, Justinien, les chevaliers francs, Saladin, les Vénitiens, Soliman le Magnifique, Barberousse le pirate, Bonaparte et sa folle expédition d’Egypte, l’Europe colo-nisatrices, Hiltler et son plan B, Nasser, les défenseurs de l’Union pour la Méditerranée, tous ont rêvé de s’emparer de la Méditerranée et de la dominer. Sans oublier les mi-grants qui rêvent de la traverser, les islamistes qui veulent voir triompher leur idéologie, les amoureux de ses rivages, de ses ports ou de ses îles. Aucun n’a pu définitivement la soumettre.

Cet essai se lit comme un roman. L’auteur nous convie à un périple autour d’une mer éternelle qui, dans un monde de menaces, réveille les désirs et in-carne l’espoir.

Jean-Paul Gourévitch, dicteur en sciences de l’information et de la commu-nication est consultant international sur l’Afrique, les migrations et l’islamisme radical. Auteur d’ouvrages très divers : essais, romans, biographies, livres d’art, ouvrages pour la jeunesse.

Edi té par Desclée de Brouwer. Contact presse, Este l le Drouard : este l le.drouard@el id ia. f r – 01 40 46 54 26/06 83 99 35 57.

DES LIVRES

Notes de lectureGuinée Au cœur de la brousse : une enfance en Guinée Philippe Chesnay En ce temps-là, la guerre enflamme le monde. A 5 000 kilo-mètres de Paris, un pays d’Afrique occidentale qui ne fait pas les titres des journaux, la Guinée, alors française, est par-courue par une ligne ferroviaire qui, de Conakry à Kankan, à l’emboucure du Niger, traverse une contrée sauvage. Au milieu du parcours, en un point de brousse isolé s’installe, envoyé par les chemins de fer français, une famille avec leurs deux enfants de six et sept ans, le père étant chargéde l’exploitation d’une partie de la ligne.

Ce livre est l’histoire de cette aventure, hors du commun : la vie quotidienne en milieu sauvage et parfois dangereux ; la délicate cohabitation avec des populations si différents : l’isolement dans une contrée où sévissent encore tant de maladies endémiques.

Aux éditions Jean Picollec.

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2 octobre 2018

Colloque au siège de l’Institut culturel hongrois

92, rue Bonaparte – 75006 Paris

L’Europe a-t-elle raté la paix en 1917 ?Regards croisés

Ce colloque sera introduit par le Professeur Georges-Henri Soutou et conclu par M. l’ambassadeur Laurent Stefanini, délégué permanent de la France auprès de l’UNESCO.

Il sera articulé en deux tables rondes

1/ Qu’est-ce qui a pu faire échouer les négociations ?

2/ Le Vatican acteur central ou second rôle dans les négociations ?

avec la participation des historiens Emmanuel de Waresquiel, Christophe Dickès, Rainer Geiger, Lucien Latour, Nathalie Beine, le père Thomas …

Le programme définitif et les invitations sont à demander au directeur du colloque, Henri Peter : [email protected]

Pourquoi ce colloque sur les négociations de paix pendant la Première Guerre mon-diale intitulé « l’Europe a-telle raté la paix en 1917 ? »

Pour une première raison : le but de toute guerre entre nations qui se veulent civilisées et héri-tières d’une civilisation millénaire, c’est bien de faire un jour la paix avec son ennemi, son ad-versaire, (de renouer avec lui) de voir enfin aussi ce désir de paix dans le regard de l’autre. Le conflit se prolongeant au-delà de toute attente, ce désir de paix prit une acuité particulière. Il fallait sortir de cette impasse ; et on sait qu’il a été souvent dit, par ceux qui prenaient du recul, que nous étions dans une guerre civile européenne qui menaçait d’engloutir une civilisation toute entière. Nous ne sommes pas sortis de ce débat, même si rien n’était plus difficile que d’arrêter des armées rassemblant des peuples.

La deuxième raison, ensuite : on sait qu’il y a bien eu des tentatives de paix, tentatives de paix séparée , certes mais qui devaient déboucher sur une paix plus générale, par contagion : celle de l’Empereur Charles mais d’autres aussi , et enfin les tentatives de médiation du pape Benoit XV et son souci d’élever le débat.

Ces tentatives parfois mal comprises n’ont pas pu aboutir et finalement les négociations entre Belligérants se sont vraiment faites après l’armistice de 1918. Mais il n’en reste pas moins que ces tentatives de paix encore mal connues dans leur complexité, ne cessent de nous hanter. Peut-être aurions nous pu imaginer une autre paix ? Une paix réalisées en 1917 aurait-t-elle été conclue sur d’autres bases, plus solides que celles des traités signés après l’armistice? Les né-gociations ont-elles été l’otage de ce que René Girard a appelé « la montée aux extrêmes », cette pulsion qui a traversé l’Europe depuis deux siècles et qui garde son actualité dans le monde.

Ces tentatives de paix de la vieille Europe avec sa culture du compromis étaient elles encore possibles ? Leur échec annonce-t-il les guerres idéologiques totales ? A ces questions qui restent encore brûlantes aujourd’hui, ce colloque n’a pas pour but d’ap-porter des réponses définitives, mais bien d’ouvrir le débat. Ce débat nous le ferons avec des regards croisés : ceux des protagonistes français, autrichiens, -hongrois, mais aussi allemands, sans oublier les autres parties prenantes.

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DataFrancaDataFranca a pour mission de pro-mouvoir l’utilisation d’une termino-logie française commune dans les domaines de l’intelligence artificielle et des sciences connexes à travers l’espace francophone. Grâce à une contribution financière de l’Office québécois de la langue française et en collaboration avec Google Brain, DataFranca mettra en place le premier grand Lexique français en sciences des données, intelligence artificielle et apprentissage profond.

Le projet comprend une plateforme collaborative en ligne de type Wiki universel destinée à documenter, normaliser et diffuser en français les termes et concepts soumis par une communauté d’utilisateurs experts et de terminologues.

Déjà bien implanté dans l’espace anglophone mondial, le corpus des sciences des données, avec son vo-cabulaire et sa syntaxe, n’a pas en-core d’équivalent français normalisé et exhaustif pour décrire l’ensemble des termes et concepts associés aux disciplines de la quatrième révolu-tion industrielle.

Face au développement fulgurant des nouvelles sciences, il y a lieu d’agir avec célérité pour nous assu-rer que le fruit des programmes de recherche en intelligence artificielle puisse être partagé et enseigné pa-reillement dans les établissements de langue française.

Le grand Lexique français répondra à un besoin de plus en plus évoqué dans le monde de l’enseignement : celui deposséder un vocabulaire commun pour exprimer en français la morphologie, la syntaxe et les concepts des sciences des données.

Modèle de collaborationVotre collaboration avec DataFran-ca consiste à inviter des membres de votre réseau à prendre connais-sance du projet et à participer à la réalisation du grand Lexique français des sciences des données, de l’intel-ligence artificielle et de l’apprentis-sage profond.

Chacun sera sollicité pour proposer des termes existants dans sa propre banque linguistique ou recomman-der des adaptations qui rendent le mieux en français la signification des termes et concepts issus de l’an-glais. Des modérateurs recueilleront les termes suggérés pour réaliser un lexique normalisé.

Objectifs du projetDataFranca se donne pour missionde promouvoir l’utilisation et la dif-fusion d’une terminologie française commune dans le domaine de l’in-telligence artificielle et des sciences émergentes pour les secteurs de la recherche, de l’enseignement et de la formation en entreprise. À terme, une application en intelligence arti-ficielle sera développée pour adap-ter (traduire) les thèses,articles et autres documents volumi-neux de l’anglais au français et du français à l’anglais.Pour ce faire, DataFranca crée un réseau international de collabo-ration continue qui regroupe les grands acteurs du domaine (cher-cheurs et spécialistes) afin de réaliser le premier grand lexique français en intelligence artificielle, sciences desdonnées et apprentissage profond.DataFranca vise à faire du français la lingua franca, la langue véhicu-laire commune de l’intelligence arti-ficielle dans le vaste espace culturel francophone d’Europe, d’Amérique, d’Afrique et d’Asie.

Conception et planification• Analyser le contexte universitaireet professionnel tant au Canada qu’à l’international.• Identifier les principales sources decontenus, tels les sites d’universités etd’entreprises.• Identifier et assembler les termes etles concepts utilisés dans les sciencesde données, l’intelligence artificielle et l’apprentissage profond; identifier les capsules linguistiques et vidéos pertinentes et adaptables en fran-çais.

Extrants visés(moyens d’action ciblés)• Un portail favorisera les échanges, les commentaires et les suggestions.• Le site de DataFranca et Le granddictionnaire terminologique diffu-seront les équivalences proposées, après une validation rigoureuse au-près des pairs, des terminologues et autres spécialistes de la langue fran-çaise.• Un mécanisme de communicationsoutenue reliera les intervenants de ces domaines préoccupés par le développement d’un glossaire lin-guistique spécialisé.• Au fur et à mesure que se réaliserace travail d’adaptation, nous amor-cerons la diffusion de la terminolo-gie par Wikipédia et Wiktionnaire, sources importantes d’information pour les travailleurs. Nous utiliserons aussi les réseaux sociaux (Twitter, Google+, Facebook), et plus particu-lièrement LinkedIn où se retrouvent la plupart des travailleurs actifs dans le domaine.

Le grand Lexique françaisde l’intelligence artificielle+1 514 573-7779 DataFranca.org

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Suite de la page 9

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que sa vocation est désor-mais de favoriser la biodi-versité liée au bois mort et aux arbres sénescents. Mais beaucoup restent encore vigoureux en dépit des vi-cissitudes de l’Histoire. C’est ainsi que pendant la Deu-xième Guerre mondiale, le philosophe Jacques Che-valier, natif de Cérilly, une des communes du massif, devenu ministre de l’Instruc-tion publique du gouverne-ment de Vichy tout proche, avait invité le Maréchal Pé-tain à venir visiter la Futaie Colbert. A cette occasion, l’un des plus vénérables chênes de la forêt reçut le nom de son illustre visiteur mais, quelques années plus tard, il n’était plus question qu’un chêne Pétain trônât au milieu du massif. C’est ainsi que le 13 février 1944, l’arbre prit le nom de chêne de la Résistance. On dit même, mais cela n’a jamais

été prouvé, que le malheu-reux arbre avait été aupa-ravant fusillé afin d’expier son mauvais patronage. Le nouveau ne fut pas non plus du goût de tout le monde si bien que la plaque nomi-native était régulièrement enlevée jusqu’à ce qu’un directeur de l’ONF décide de la fixer sur le tronc à une hauteur inaccessible !Ainsi va l’histoire de la fo-rêt où celle des arbres est indissociable de celle des hommes et des femmes qui y travaillent ou qui la fré-quentent.Ravis de ces journées, les participants se sont donné rendez-vous l’année pro-chaine à Arcachon pour évoquer un autre pan moins connu de l’activité de l’ONF, celui de l’entre-tien des dunes littorales.Décidément, mer et forêt sont inséparables.

Patrice VERMEULEN

chant ainsi qu’un problème qui toucherait une partie du pays ne contamine les autres : l’effet « pare-feu » est indéniable !

- Enfin, et peut-être surtout : si la tendance est à la cen-tralisation, il oblige, en ver-tu de la tradition fédéraliste qui est celle de la Suisse, à réfléchir continuellement, à l’occasion de chaque dé-bat politique, sur le niveau de décision le plus adéquat en fonction des problèmes po-sés, de façon démocratique.

En somme, face à une démo-cratie porteuse du principe

vue de l'assistance

égalitaire, le fédéralisme, dans un langage emprunté à Tocqueville, sera le garant du principe aristocratique, celui de la liberté !

Olivier MEUWLY

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Cette association a été créée en 1962 pour développer les liens d’amitié au moyen d’ac-tivités culturelles, sociales, sportives et récréatives. L’un de ses dynamiques animateurs est le Normand Jean-Pierre Vrac, membre actif de « Normandie Attractivité » dont il est l’am-bassadeur au Sénégal. Les nombreux Normands vivant au Sénégal comme l’importance de la diaspora sénégalaise historiquement installée en Normandie sont les témoins d’une amitié réciproque et d’échanges fructueux.D’après les statistiques du ministère sénégalais de l’Intérieur, nos compatriotes occupe-raient, avec 25 000 ressortissants la première place parmi les communautés étrangères. L’implantation géographique de la communauté française demeure très déséquilibrée avec plus de 75% des immatriculés demeurant à Dakar et dans ses environs immédiats.

Pour aller plus loin :

Le Clos normand : Contact : +(221) 33 825 91 03 - Facebook : LE-CLOS-Normand Email : [email protected] - Adresse : Avenue Cheikh Anta Diop X Canal IV Site web - https://closnormand.jimdo.comJean-Pierre Vrac, ambassadeur Normandie Attractivité au Sénégal Portable Afrique [email protected] Honoraire du Sénégal à RouenConsul Honoraire : Monsieur Philippe DEHAYSAdresse: 66 Quai de Boisguilbert - BP 4032 - 76021 ROUEN Cedex 3Tél. : 02 35 88 54 00 - Télécopie : 02 35 88 83 [email protected]

Alexis Le Gall n’a pas encore 18 ans quand il arrive le 20 juin 1940 en Angleterre, venant d’Audierne en compagnie de son frère. Ils ont entendu le discours de Pétain demandant l’ar¬mistice et l’appel du 18 juin de De Gaulle… Après un séjour de près d’un an en Angleterre, c’est le départ pour l’Afrique, pour « La Guerre ». Quelques mois au Cameroun pour parfaire leur connaissance du métier de sol-dat, et c’est le contact avec le front : la Syrie, le Liban, l’Egypte, El Alamein, Tobrouk, la Tunisie et enfin l’Italie et la France où il débarque à Cavalaire le 16 août 44 avec la 1ère D.F.L. Puis ce sera la Campagne de France : la remontée vers le nord jusqu’en Alsace où il est blessé à la fin de janvier 1945. Ce livre relate l’extraordinaire parcours qu’ont suivi ces hommes dont l’obsession était de laver l’humilia¬tion que la France avait subie en 1940. Ils sont partis de France démunis de tout ou presque et ils ont connu des conditions de vie difficiles à imaginer. Ils ont vécu comme des « clochards » sans jamais se plaindre, ne pensant qu’à leur devoir et à la vic-toire ! Le courage, l’humilité, l’humanité et la camaraderie sont les mots qui découlent de cet émouvant témoignage.

BON DE COMMANDE

Nom : ……………………………Prénom…………………….……Adresse……………………………………………Ville……………Code postal…………………………..Je commande …. exemplaire(s) x 22 € =………..Règlement par chèque bancaire à libeller et à envoyer à :Editions Charles Hérissey La Tullaye – 35150 Janzé

A Dakar, le Clos normand, siège de l’Amicale de Normandie

Les clochards de la gloirepostface du Général (2S) Patrick Jardin

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Commémoration dE la GuErrE 14/18M. Ali Ismael Hassan, représentant le Somaliland en France évoque ces « tirailleurs sénégalais » venus de… Somalie (le 1er bataillon de tirailleurs somalis)

Le bataillon des Soma-lis est formé à Majunga (Madagascar), le 11

mai 1916 à partir de recrues de la Côte française des Somalis. Il est rassemblé à Fréjus, le 10 juin 1916. En octobre 1916 le batail-lon est ratta-ché au RICM et forme son 3ebataillon. Il fait son entrée en guerre en participant à l’assaut sur le fort de Douaumont, le 24 octobre 1916. Après ce fait d’armes qui a un retentisse-ment important, le drapeau du RICM est décoré de la croix de la Légion d’hon-neur et les 2e et 4e compa-

gnies du bataillon somali re-çoivent également la croix de guerre avec palme. En décembre 1916, il fut

complété par l’adjonction d’une compagnie

de mitrailleuses et d’un pelo-ton de canons de 37 mm.

En mai 1917, le

bataillon participe à la Bataille du Chemin des Dames au cours de laquelle il est cité à l’ordre de la di-vision. Le 23 octobre 1917, il remporte au sein du RICM la victoire de la Malmaison et obtient sa première cita-tion à l’ordre de l’armée.

En mai et juin 1918, il prend part à la 3e bataille de l’Aisne et en juillet à la 2e bataille de la Marne. En août et septembre 1918, le bataillon somali combat sur le front de l’Oise et en oc-tobre 1918 il obtient sa deu-xième citation à l’ordre de l’armée ainsi que le droit au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre. Sur 2 434 tirailleurs recrutés en Côte des Somalis, 2 088 sont venus combattre en Europe. Leurs pertes sont es-timées à 517 tués et 1 000 à 1 200 blessés.

Ismael HASSAN

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Juan Antonio DA SILVA MELENDOProfesseur d’Histoire-Géographie Au Lycée Français de Tamatave

L’Histoire que nous en-seignons au collège et au lycée est surtout une

vision principalement eu-ropeo-centralisée de la Grande Guerre, avec l’étude d’une grande ba-taille, souvent du front de l’Ouest et de la violence de masse. Cette histoire enseignée est aujourd’hui plus proche de l'histoire des hommes et plus à même de donner du sens à ce siècle terrible mais ce sont prin-cipalement l’Histoire des Français d’ Europe et non pas des tirailleurs ou des travailleurs venus d’Afrique ou d’Asie. L’écriture de ces ouvrages et la publication des deux premiers tomes en 2016 et 2017 est le fruit d’une collaboration d’élèves de primaire (CM2), de collège (3ème) et de lycée (1ère) sous la supervision d’étu-diants de licence et de master des deux universités. La commémoration de la

Grande Guerre permet de faire travailler des élèves d’établissements publics et du lycée français de Ta-matave à Madagascar et des élèves de la Région Normandie. Pour cela, nous voulons que les élèves s’ap-proprient le fonds du Musée des deux Guerres de Tadio, le seul musée de ce type à Madagascar, dirigé par Mme Letellier qui est l’âme et le cœur de ce projet. Nous voulons rendre nos élèves acteurs de la créa-tion de passerelles avec leur histoire, parfois personnelle, diffusant leurs connais-sances à d’autres cama-rades, à leurs familles et aux représentants institutionnels lors de conférences et de colloques.Ainsi, pour le premier ou-vrage, nous souhaitions un ouvrage permettant d’aborder le contexte du Sud-Est de l’Océan Indien dans la Grande Guerre : un Abécédaire. Nos sources historiques étaient les 4 000 fiches militaires concernant « Madagascar et dépen-dances ». Ce travail a abou-ti à la création d’une stèle dans l’enceinte du Lycée Français, un moulage d’un casque Adrian avec l'ancre coloniale et la palme en

aluminium d’Ampatolampy. Pour le deuxième ouvrage, les élèves ont travaillé sur l’analyse des journaux fran-çais, pendant la Grande Guerre, comme l’Illustra-tion, dont la Une mettait en avant les tirailleurs mal-gaches. Ils ont eu à leur dis-position des lettres et des cartes postales révélant la présence des soldats mal-gaches par exemple sur le Front de l’Orient. Enfin, les 1ères avaient comme source des vues stéréos-copiques que le Musée de Tadio venait de récupérer. Le troisième, ouvrage qui sera publié pour juin 2018, a comme objectif de nous faire connaitre la dernière année de la Grande Guerre en France, dans le Front de l’Orient et à Madagascar.Les ouvrages diffusés, entre autre, dans des établisse-ments malgaches ou dans les alliances françaises, per-mettent que l’histoire de ces 600 000 hommes et femmes venant de l'Empire colonial français et, parmi ceux-ci, 41 000 Malgaches (plus de 10% des effectifs coloniaux français), ayant pris part au conflit sur le sol français, ne soit plus méconnue ou ignorée.

« Nul n’a le droit d’effacer l’Histoire d’un peuple car un peuple sans histoire est un monde sans âme » Alain Foka

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Monument aux morts par A. Zieba (lycée français de Tamatave)

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mande a été sublimée par Léopold Sédar Senghor.

Senghor le Normand parmi les Normands exulte la nor-mandité

En effet, Senghor met en lumière la Normandie. Il exprime son intimité à la Normandie d’une ma-nière naturelle et vibrante. A partir de 1959, l’écrivain et président du Sénégal, passe tous ses étés dans la maison versonnaise de sa « princesse normande », Co-lette Hubert qu’il a épousée en 1957. Il y vivra ses 20 der-nières années, jusqu’à sa mort le 20 décembre 2001. A propos de la Normandie, le père de la Francophonie et académicien définissait la normandité, «c’est un lyrisme lucide » et comme « un ensemble de valeurs de civilisation, dont les deux plus importantes sont, pa-radoxalement, parce qu’en même temps, la rationalité et la sensibilité portées l’une à l’autre à un haut degré ». Il ne manquait pas une occa-sion de décrire et de louer cette Normandité « Je dirais que la Normandité est, d’un mot, une symbiose entre les trois éléments majeurs,

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biologiques et culturels, qui composent la civilisation française : entre les ap-ports pré-indo-européens, celtiques et germaniques. Mais ici, j’ai mis l’accent sur les apports des Nordiques. Pour me résumer, l’artiste normand, qu’il soit écrivain, peintre ou musicien, est un créateur intégral, avec l’accent mis sur la créa-tion elle-même. Comme le conseillait Flaubert, il faut « partir du réalisme pour aller jusqu’à la beauté ». C’est la démarche même de la poésie, dont le sens étymologique, fondamen-tal, est la création de la beauté » soulignait-il à l’oc-casion d’une conférence donnée à l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen le 3 mai 1986. L ’ IMEC chargée de la conservat ion et de la mise en lumière du pat r imoine de Senghor

Hervé Morin, le Président de la Normandie, a char-gé l’Institut de la Mémoire de l’Edition Contempo-raine (IMEC) implantée à l’Abbaye d’Ardenne dans le Calvados de l’inventaire, de la conservation, de la mise en valeur du patri-

moine de Senghor et de la diffusion de cette pensée universelle d’exception inspirée en grande partie par la Normandie. (https://www.normandie.fr/un-pro-jet-pour-mettre-en-lumiere-senghor-le-normand)Cette action de la Nor-mandie qui porte, avec Senghor, son patrimoine humain, historique et cultu-rel devrait trouver son pen-dant à Joal dans la mai-son familiale de Léopold Sédar Senghor, haut lieu de la culture, classé patri-moine national dont l’état de dégradation nécessite une action de restauration indispensable et urgente. La sauvegarde et la valori-sation du fonds documen-taire, lui aussi dans un état inquiétant, devraient sus-citer une exemplaire coo-pération de la Normandie et du Sénégal qui répon-draient ainsi à l’expression de Senghor « dans mes poèmes, je parle souvent du Royaume d’enfance. C’était un royaume d’in-nocence et de bonheur : il n’y a pas de frontières entre les Morts et les Vi-vants, entre la réalité et la fiction, entre le présent, le passé et l’avenir. »

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Monika Salmon-Siama, [Laboratoire CECILLE, Université SHS Lille] consacre ses recherches depuis six ans à l'histoire de l'immigration polonaise en France, et à la valorisation de son patrimoine. Elle est notamment l’auteure de

La presse jeunesse polonaise dans le Nord-Pas-de-Calais, l’exemple du supplé ment du « Narodowiec » , Cahiers de Robinson n°40/2016 : Radio pour la jeunesse, pp.76-84 ; « La mémoire brodée sur des étendards, ou les supports identitaires des immigrés polonais en France» dans Promotion et communication culturelle de l'immigration polonaise à travers le patrimoine national, dir. Dariusz Kuźmina, Iwona Pugacewicz, Varsovie 2015, pp. 65-80 ; « Des gardiennes de l’identité aux « migrantes autonomes », les trajectoires di verses des Polonaises en France dans l’entre-deux-guerres » Migrance n° 42/2014: « Les Femmes de l’immigration XIX-XXe siècles », p 107-120 ; « Les étendards, la mémoire des images et la transmission du regard…, le cas des immigrés polonais dans le Nord de la France » dans «Migrance-Hors-série : Le patri moine de l’immigration en France et en Europe : enjeu social et culturel », 2013, pp.59-72.

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Les drapeaux associatifs des Polonais du Nord de la France

Un siècle s'est presque écoulé depuis l’arri-vée massive des tra-

vailleurs polonais en France à la suite de la signature de la convention d’émigration franco-polonaise du 3 sep-tembre 1919. Dès leur instal-lation, ils se démarquent par la dynamique et la diversité de nombreuses associations dont la plupart possèdent un antécédent westphalien (une partie des Polonais ar-rivèrent en France directe-ment du bassin de la Ruhr). Cette expérience migra-toire a laissé des traces tant dans la mémoire des gens que dans les archives.

Le patrimoine vexillologique des associations polonaises créées en France dans l’entre-deux-guerres en té-moigne. Dans le cadre de

la recherche menée par les Etudes Polonaises à l’univer-sité Lille, un recensement numérique des bannières et des étendards associa-tifs polonais dans la région a débuté en 2012 sous ma direction. Bien qu’il soit dif-ficile d’estimer le potentiel numérique de cette re-quête (aucun relevé n’a pas été fait jusqu’à présent), elle concerne aujourd’hui 290 spécimens répertoriés dans les Hauts-de-France. Ce fonds exceptionnel mais fragile témoigne d’une grande variété de formes, de thèmes et de techniques d’exécution, sans oublier sa valeur artistique.

Les drapeaux associatifs se présentent ainsi comme des objets d’étude histo-rique susceptibles de nous

renseigner efficacement sur les pratiques des orga-nisations dont ils émanent. Ils nous parlent également de la qualité des valeurs auxquelles croyait cette population polonaise puis d’ascendance polonaise. Ils véhiculent un savoir et des connaissances que d’aucuns pétris de préjugés seraient surpris de trouver dans une immigration ou-vrière venue des lointains confins européens. Ces objets d’arts, qui exigent une conservation urgente, rappellent vivement que leurs créateurs, et souvent créatrices, étaient des per-sonnes d’un talentueux raf-finement.

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Présentation de l’Académie des Sciences d’Outre Mer

Pierre GENY secrétaire général de l'ASOM

L’Académie des sciences d’outre-mer a pour vocation d’étudier sous leurs aspects variés et notamment scientifiques, politiques, économiques, techniques, historiques, sociaux et culturels, les questions relatives aux pays situés au-delà des mers et d’associer à cet effet des personna-lités françaises et étrangères compétentes, dans un esprit de complète objectivité et d’entier désintéressement. C’est le journaliste Paul Bourdarie, qui eut l’initiative de créer en 1922 une société savante spé-cialisée dans les problèmes de l’outre-mer, l’Académie des sciences coloniales, devenue le 7 juin 1957 l’Académie des sciences d’outre-mer, dont il fut le premier secrétaire perpétuel.La séance solennelle d’ouverture de l’Académie eut lieu le 18 mai 1923 à la Sorbonne sous la présidence d’Albert Sarraut, ministre des Colonies. C’est là que Paul Bourdarie, secrétaire per-pétuel, lança les quatre verbes qui de viendront la devise de l’Académie :

« savoir, comprendre, respecter, aimer »Parmi les membres fondateurs, on compte : Albert Lebrun, Gaston Doumergue et Paul Doumer, trois futurs présidents de la République, Paul Bourdarie, Augustin Bernard, Maurice Delafosse, le général Charles Mangin, Lucien Hubert, Alfred Martineau, le maréchal Louis Hubert Lyautey, Pierre Mille ...Aujourd’hui, l’Académie s’honore de la présence du chancelier de l’Institut de France, Xavier Darcos ; de membres de cet Institut, Philippe Taquet, Yves Coppens et Henry de Lumley-Woo-dyear, respectivement membres titulaires et correspondant de l’Académie des sciences, Jean-Robert Pitte et Jacques-Yvan Morin, respectivement secrétaire perpétuel et correspon-dant de l’Académie des sciences morales et politiques, Nicolas Grimal, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; d’un membre de l’Académie nationale de médecine, Marc Gentilini ; elle comprend également d’éminentes personnalités telles que pour la République du Sénégal, l’ancien président Abdou Diouf, ancien secrétaire général de la Francophonie et le président Macky Sall, ou le président Alassane Ouattara de la République de Côte d’Ivoire, et les anciens présidents Amadou Toumani Touré, Marc Ravalomana, Abdoulaye Wade, Blaise Com-paoré ; telles que SAS le prince Albert II de Monaco, et les anciens ministres George Pau-Lan-gevin, Jean-Pierre Soisson, Élisabeth Dufourcq, Bernard Debré, Olivier Stirn, Jacques Godfrain, Claudie Haigneré. L’Académie possède près de 75000 ouvrages, 2000 périodiques dont 300 vivants, un millier de manuscrits et environ 10000 brochures et tirés à part. Elle est devenue, depuis le départ vers Aix-en-Provence des Archives d’outre-mer entreposées jusque-là rue Oudinot à Paris au minis-tère des DOM TOM, le principal pôle de référence en région parisienne pour l’outre-mer fran-çais passé et actuel ; ses collections sur l’Afrique, Madagascar et l’océan Indien (notamment, fonds de l’administrateur Raymond Decary, dont le détail précis et complet de ses collections est consultable ici), l’Indochine et le Pacifique sont particulièrement riches. Certains pays, an-ciennes colonies et territoires d’outre-mer devenus des Etats souverains peuvent y trouver l’em-preinte de leur mémoire. La bibliothèque, ouverte au public, du lundi au vendredi, de 14h à 18h. L’académie tient des séances statutaires tous les 15 jours (hors période de vacances scolaires). pour tous renseignements : Patrice HACK Chef de cabinet de l’Académie des sciences d’outre-mer 15 rue La Pérouse - 75116 PARIS - Tél. : 01 47 20 87 93