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8/3/2019 La Période Lusignan et la Chevalerie d'Aujourd'hui http://slidepdf.com/reader/full/la-periode-lusignan-et-la-chevalerie-daujourdhui 1/123 Ordre Souverain des Frères Aînés de la Rose Croix © Janvier 2012 - Philippe De Coster, B.Th., D.D. , Grand Maître Général Ŕ Gand, Belgique FARC 1317 La Période Lusignan et la Chevalerie d’Aujourd’hui Recherches par Philippe L. De Coster, B.Th., D.D. Dium Sibi Cæteris Chacun des Frères devra être un exemple pour les hommes. Il ne se plaindra jamais ni du Ciel ni des hommes. Il respectera les Princes qui l’héberge et défendra sa Patrie s’il le faut. Que nul ne s’éveille la nuit sans élever son âme vers son Créateur et les créatures souffrantes. (Art. 9 de la Règle FAR C)

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Ordre Souverain des Frères Aînés de la Rose Croix© Janvier 2012 - Philippe De Coster, B.Th., D.D. , Grand Maître Général Ŕ

Gand, Belgique

FARC 1317

La Période Lusignan et la Chevalerie

d’Aujourd’hui Recherches par Philippe L. De Coster, B.Th., D.D.

Dium Sibi Cæteris

Chacun des Frères devra être un exemple pour les hommes. Il ne se plaindra jamaisni du Ciel ni des hommes. Il respectera les Princes qui l’héberge et défendra sa

Patrie s’il le faut. Que nul ne s’éveille la nuit sans élever son âme vers son Créateuret les créatures souffrantes.

(Art. 9 de la Règle FAR C)

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IntroductionChypre fut conquise par les Latins entre le 6 mai et le 5 juin 1191, au cours de laTroisième croisade consécutive à la prise de Jérusalem en 1187 par Saladin.

Quelques vaisseaux de la flotte de Richard Cœur de Lion, s’étant échouésaccidentellement sur le rivage de l’île, le despote byzantin local, Isaac DoukasComnène, qui s’était rendu indépendant de Constantinople, prétendait mettre lamain sur les navires au nom du droit d’épave, semble-t-il, ce qui entraînal’intervention militaire. Ainsi Richard mit-il fin à plusieurs siècles dedomination grecque sur Chypre. Désireux de poursuivre son expédition, ne pouvant laisser une garnison suffisante sur l’île, le monarque la céda auxTempliers pour 100.000 besants, dont 40.000 payés tout de suite. Pourrembourser le reste, l’Ordre mena une politique fiscale oppressive qui entraîna

des révoltes, ce qui le conduisit à rendre l’île à Richard. Celui-ci la vendit denouveau en mai 1192 au dernier roi de Jérusalem récemment détrôné, Guy deLusignan, issu d’une illustre famille du Poitou, qui se déclara vassal duPlantagenêt.

Désormais, en1191pour rappel, la flotte deRichard Cœur de Lion, portait lescroisés anglais en Terre Sainte, fut assaillie par une tempête à la hauteur dugolfe de Satalie et dispersée. Trois vaisseaux furent jetés à la côte de Chypre.Ceux qui les montaient, dépouillés et maltraités par une population hostile,n'atteignirent qu'avec peine Limassol, où on les retint prisonniers. Une autreembarcation, qui portait lasœur et la fiancée de Richard, n'avait pu obtenirl'accès de la rade de Limassol. Cependant, le reste de la flotte s'étant réuni,gagna les côtes méridionales de l'île, et Richard s'efforça d'obtenir la délivrancedes prisonniers. Sa demande n'ayant reçu qu'une réponse dérisoire, il débarquasur la plage de Limassol à la tête de ses troupes, poursuivit Isaac Comnène quis'était enfui dans l'intérieur, et, l'avant rejoint, le battit complètement àTremithousia, l'ancienne Tremithus, dans les plaines de la Massorée (mai1191).Isaac fait prisonnier fut envoyé en Syrie et remis aux chevaliers de l'Hôpital quil'enfermèrent dans le château de Margat où il mourut peu après.

L'île entière ne tarda pas à tomber au pouvoir du vainqueur. Toutefois RichardCœur de Lionne la garda pas. Désirant réunir toutes ses forces à Saint-Jeand'Acre, dont les croisés faisaient alors le siège, il la vendit pour 400 000 besantsd'or aux Templiers. Puis, comme ceux-ci ne parvenaient à en payer que 40 000,il la céda à Guy de Lusignan, roi dépossédé de Jérusalem, lequel s'engagea à luiverser le reliquat de 60000 besants, et à restituer aux Templiers les 40 000 déjàversés (mai1192). Chypre fut alors constituée en royaume et resta jusqu'en1489 aux mains de la famille de Lusignan, qui lui donna dix-huit princes.

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En effet, au carrefour de l’Orient et du monde grec, l’île de Chypre fut le creusetd’une civilisation antique brillante qui tirait sa fortune du minerai de cuivre. Les Romains puis les Byzantins y laissèrent une superbe parure monumentale, quel’on peut encore apprécier à Salamis, dans le Karpas ou dans le Troodos, et qui

témoigne de la prospérité de l’île dans l’Antiquité. Mais ce fut lors desCroisades qu’elle devint un point d’appui stratégique pour les Latins : conquise par Richard Cœur de Lion en 1191, elle fut confiée au dernier roi de Jérusalem,Gui de Lusignan. La nouvelle dynastie, ayant autorité sur des Latins, des Grecsou même des Syriens, sut donner à l’île,aux XIIIe et XIVe siècles, une prospérité remarquable, qui déclina après l’installation des Vénitiens en 1489 etla conquête ottomane de 1571. Les Lusignan ont laissé églises, palais etchâteaux dans un style gothique venu de France puis acclimaté localement.Subsistent d’étonnants vestiges qui constituent un des thèmes principaux de cecircuit exceptionnel, dans une région à l’écart des grandes routes touristiques.

Les Lusignan étaient une dynastie féodale du Poitou, peut-être apparentée à celledes Lusignan de l'Agenais, rendue célèbre par la légende de Mélusine.On en connaît mal l'origine, et la suite n'en est sûre qu'à dater du Xe siècle (vers967) ; la plupart des seigneurs portent de père en fils le nom de Hugues, ce quiaugmente encore la difficulté. On cite : Hugues IV, dit le Brun (jusque vers1030); Hugues V, tué traîtreusement en 1080; Hugues VI, dit le Diable, quiprend part à la première croisade Hugues VII, qui suit Louis VII en Orient; enfinHugues VIII, duquel descendent, d'une part, les comtes de la Marche etd'Angoulême; d'autre part, les rois de Chypre et de Jérusalem et, par cesderniers, les Lusignan de la Petite-Arménie.

Nos recherches sont entre autres auteurs surl’historienJacques Marie Joseph Louis de MasLatrie (1815-1897). Comte Jacques Marie JosephLouis, de Mas Latrie est non seulement unhistorien mais aussi un diplomatiste français, né àCastelnaudary le 9 avril 1815 et mort à Paris le 3

janvier 1897.Après ses études à l’École des chartes, Louis deMas Latrie devient historien et travaille particulièrement sur l’île de Chypre au MoyenÂge. Y séjournant à plusieurs reprises, il est l’undes pères de l’histoire et de l’archéologiechypriote.

Il remplace en 1848 Jacques-Joseph Champollion

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comme professeur de diplomatique à l’École nationale des chartes et le demeure jusqu’à sa retraite en 1885. Il choisit alors comme successeur Arthur Giry, quiétait son assistant depuis deux ans.

Il est élu membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1885. Ilétait également membre du Comité des travaux historiques et scientifiques et dela Société de l’histoire de France. Ses travaux ont remporté de nombreux prix,notamment un prix à l'Académie des Inscriptions en 1843, une médaille auconcours des antiquités nationales en 1850 et les 1er et 2e prix Gobert en 1862et 1878. Le pape le décore du titre de comte en 1875.

Jacques Marie Joseph Louis de Mas Latrie écrivit les ouvrages suivants :

Généalogie Des Rois De Chypre De La Famille De Lusignan.

Histoire De L'île De Chypre Sous Le Règne Des Princes De La MaisonDe Lusignan, Volume 1.

Histoire De L'île De Chypre Sous Le Règne Des Princes De La MaisonDe Lusignan, Volume 2.

Documents Nouveaux Servant De Preuves À L'histoire De L'île DeChypre Sous Le Règne Des Princes De La Maison De Lusignan.

Nouvelles Preuves De L'histoire De Chypre Sous Le Règne Des PrincesDe La Maison De Lusignan.

Philippe-Laurent De Coster, B.Th., D.D.Grand-Maître Général de l’Ordre Souverain

des Frères Aînés Rose Croix

Chevalier des Pauvres Chevaliers du Christ,Gardiens de la Terre Sainte.

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Un tour d’horizon des Croisades

Lescroisadesdu Moyen Âge sont des pèlerinages armés prêchés par le pape.

La vision traditionnelle identifiel'époque des croisades à la période1095-1291, du concile de Clermont àla prise de Saint-Jean-d'Acre, et selimite aux expéditions qui ont eu laTerre Sainte pour objectif et l'Orientpour théâtre d'opérations. Dans ladéfinition large, toutes les guerrescontre les Infidèleset les hérétiques,sanctionnées par le pape qui y attachedes récompenses spirituelles et des

Saint Jean d’Acre Ŕ la forteresse

indulgences, sont des croisades. La Reconquista, croisade de la péninsuleibérique, en fait ainsi partie. Les dates sont alors beaucoup plus larges et mènent jusqu'à la bataille de Lépante (1571) dans la seconde moitié du XVI siècle. C'estla définition dite traditionnelle qui est retenue pour cet article.

La première croisade débute en 1095, elle se marque par une forte participation populaire, c’est-à-dire constituée de milliers de pèlerins piétons. Elle est aussil'occasion pour le pape de réoccuper une partie des terres perdues lors del'expansion arabe du IX siècle et de rendre Jérusalem accessible au pèlerinage.Elle aboutit à la fondation d'États latins (ou francs) en Orient. La défense de cesÉtats est à l'origine de l'organisation des sept autres croisades principales ; de1095 à 1291 (date de la perte des dernières positions latines en Orient), denombreux groupes de soldats et de pèlerins ont participé à l'aventure descroisades.

À partir de la quatrième croisade qui aboutit à la prise de Constantinople en1204, l'idée de croisade est parfois dévoyée, et des expéditions sont organiséespar le pape contre ses opposants chrétiens (Albigeois, Hohenstaufen, Aragon,Hussites ...) ou païens (baltes). Si elles permettent le maintien des États latinsd'Orient, elles n'ont plus pour objectif Jérusalem et sont l'occasion pour lapapauté de lever des impôts sur le clergé. De fait, seules l'Église Catholique etles cités marchandes italiennes ont bénéficié des croisades.

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Le terme de croisade

Le terme « croisade » est rare et n'apparaît pas avant le milieu du XIII siècle enlatin médiéval et seulement vers 1850 dans le monde arabe. Les textesmédiévaux parlent le plus souvent de voyage à Jérusalem «iter

hierosolymitanum» pour désigner les croisades, ou encore de peregrinatio, «pèlerinage ». Plus tard sont aussi employés les termes deauxilium terre sancte,« aide à la Terre sainte »,expeditio, transitio, « passage général » (arméesnationales) et « passage particulier » (expéditions ponctuelles, particulières).

Le terme de croisade n'apparaît que tardivement en français : le Trésor de lalangue française informatisé fait remonter l'expression « soi cruisier » (secroiser) à laVie de St Thomas le martyr de Guernes de Pont-Sainte-Maxencedatée de 1174, et le terme de « croisade » auxChroniquesde Chastellain datéesd'avant 1475, notant qu'il s'agit d'un substitut de termes proches tels que «croisement », « croiserie » ou « croisière » qui sont plus anciens, sans qu'onpuisse les signaler avant la fin du XII siècle ; le Dictionnaire historique de lalangue françaisenote une première apparition du mot vers 1460 et noteégalement qu'il dérive de « croisement », que l'on rencontre avant la fin du XIIsiècle.

Pourtant, l'ancien français « croiserie » apparaît dans la chronique de Robert deClari durant la quatrième croisade (1204), tandis que l'on trouve l'espagnolcruzadadans une charte en Navarre de 1212. En réalité, tous ces termes sont des

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substantifs de l'adjectif crucesignatus, croisé (littéralement, marqué par la croix)qui, lui, apparaît dans la chronique d'Albert d'Aix (sans doute écrite, pour sapremière partie, dès 1106) ou du verbecrucesignare, prendre la croix, qui estfréquent au XII siècle.

Il est donc clair que ce que nous appelons « première croisade » n'était pasappelée ainsi par ses contemporains. Du point de vue musulman, les croisadesne sont d'ailleurs pas perçues comme une nouveauté, mais comme lacontinuation de la lutte contre l'Empire romain d'Orient, qui durait depuisplusieurs siècles. Pourtant, il est aussi évident que les contemporains ont eu trèstôt conscience que la croisade n'était pas un simple pèlerinage armé ni uneopération militaire comme les autres mais bien une réalité différente, alliant lescaractéristiques du pèlerinage à Jérusalem aux impératifs d'une guerre pour ladéfense de la foi.

Les Origines de la Croisade638 : Arabes à Jérusalem718 : Arabes à Constantinople fin du X siècle : mouvement de reconquêtebyzantin.969 : Antioche est reprise.975 : Jean Ier Tzimiskès conquiert la Syrie, occupe Damas et s'avance jusqu'en Galilée.1055 : Prise par les Turcs Seldjoukides de Jérusalem pour le compte descalifes abbassides aux dépens des califes fatimides. Les nouvellesautorités n'autorisent plus les pèlerinages chrétiens à Jérusalem.1063 : Croisade de Barbastro en Espagne, prêchée par le papeAlexandreII.Première réalisation d'une coalition chrétienne à but guerrier.1071 : Bataille de Mantzikert. L'empereur Romain Diogène est vaincu parles troupes du Seljoukide Alp Arslan, qui s'empare d'une partie del'Anatolie (Turquie actuelle)1095 : au concile de Clermont, le pape Urbain II appelle la chrétienté à la

Croisade pour rétablir le droit de passage vers les lieux saints.1096 : Le sultan Seldjoukide Kilij Arslan vainc les croisés de Pierrel'Ermite.1097 : Première expédition franque. Bataille de Dorylée, où Kilij Arslanest vaincu, prise de Nicée par les Francs.1098 : Prise d'Antioche. Édesse devient le siège d'un comté latin d'Orient.1099 : Les Croisés prennent pied a Jérusalem. Le comte d'EdesseBaudouin se proclame roi de Jérusalem l'année suivante.1108 : Bataille de Tel-bacher, qui oppose deux armées à la fois franques

et musulmanes.

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1109 : Prise de Tripoli par les croisés1110 : Prise de Beyrouth et Saida1119 :Bataille de Sarmadaet victoire d'Ilghazi contre les croisés1124 : Prise de Tyr par les Francs.

1144 : Prise d'Edesse par Zengi.1146 : Mort de Zengi. Son fils Nur al-Din lui succède.1148 : Défaite de la deuxième croisade devant Damas.1169 : Prise de l'Égypte par Shirkuh pour le compte de Nur al-Din. Lecalifat fatimide est mis sous tutelle.1171: Le kurde Saladin met fin au califat fatimide.1174 : Mort de Nur al-Din, dont Saladin profite pour s'emparer de Damas.1171:Défaite de Saladin devant le roi Baudouin IV à Montgisard.1187 : Victoire de Saladin devant les croisés francs (Bataille de Hattin),prise de Jérusalem.1191 : Défaite de Saladin devant le roi Richard "Le Lion" à Acre.1193 : Mort de Saladin à Damas.1204 : Les Croisés prennent pied à Constantinople, saccagent la ville etprennent la direction de l'empire byzantin jusqu'en 1261, alors que celui-ci se relève à Nicée.1229 : Frédéric II de Hohenstaufen récupère la ville de Jérusalem par ladiplomatie.1244 : Perte de Jérusalem pour les Francs.1250 : En Égypte, la dynastie Ayyubide est remplacée par le système desMamelouks.1256 : la forteresse de Qasir Khanest rasée par une invasion mongole.1258 : Prise et sac de Baghdad par les mongols sous la direction d'Hulegu.1260 : Bataille d'Aïn Djalout entre le sultan mamelouk Baybars et l'arméemongole, mettant fin à l'expansion mongole.1261 : La dynastie Paléologue reprend le pouvoir à Byzance.1268 : Baybars prend Antioche1270 : Mort de Saint-Louis près de Tunis1291 : Prise d'Acre par les Mamelouks, mettant fin à la présence franque.1396 : Défaite des armées croisées occidentales face aux Ottomans àNicopolis.1402 : Défaite des Ottomans face à Tamerlan à Ankara.1444 : Victoire ottomane sur les armées croisées à Varna (Bulgarieactuelle) met fin aux derniers espoirs de libérer Constantinople1453 : Les Ottomansprennent Constantinoplesous la direction deMehmet II

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Les causes lointaines

La principale raison des croisades est la récupération du Saint-Sépulcre (letombeau du Christ) par les chrétiens.

Le Saint-Sépulcre est, selon latradition chrétienne, le tombeau duChrist, c'est-à-dire l'édicule (maintenantenglobé dans l'église du Saint-Sépulcre) construit sur la grotte où lecorps deJésus de Nazarethaurait étédéposé après avoir été descendu de lacroix à Jérusalem.Il n’est pas certifiéque le Saint Sépulcre se trouve là où ilest vénéré, et où la foule attends patiemment l’entrer le tombeau. Dans

la même église, il y a un autre endroit où Jésus de Nazareth aurait pu êtreenseveli, et à Jérusalem dans un jardin il y a encore une troisième possibilité.

A gauche deuxième possibilité au Saint Sépulcre ; et àdroite troisième possibilité vénérée par les Protestants.

Les pèlerinages à Jérusalem

Jérusalem restait pour les chrétiens le centre du monde spirituel terrestre. Lepèlerin pouvait s'y recueillir devant le calvaire et le Saint-Sépulcre. La « vraiecroix » y était vénérée. La conquête de la Palestine par les Arabes (Jérusalem futprise en 638) n'affecta guère les pèlerinages vers les lieux saints; les Fatimidesimposèrent toutefois une redevance aux pèlerins. Les dangers à braver faisaient

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Jérusalem Ŕ Pour prévenir le retour de Christ à la fin des temps, l’entrée dans la vieille villede Jérusalem fut définitivement fermée, et un cimetière renforce la fermeture pour toujours.

même partie de la spiritualité du pèlerinage. Parmi les fidèles se répandait mêmel'idée que le pèlerinage lavait les péchés. Avec la fin de la piraterie dans laseconde moitié du X siècle, le flux des pèlerins s'amplifia. Toutefois, en 1009, lecalife fatimide du Caire, al-Hakim, fit détruire le Saint-Sépulcre. Son successeurpermit à l'Empire byzantin de le rebâtir, et les pèlerinages furent à nouveauautorisés. À l'approche du millénaire de la mort du Christ (1033), le flot des

pèlerins augmenta encore. De nombreux monastères furent construits dans laville. Les plus riches pèlerins étaient parfois dépouillés par les bédouins.Certaines bandes de pèlerins formaient de véritables troupes armées. En 1045,l'abbé Richard emmenait avec lui sept cents compagnons qui ne purent arriver,du reste, que jusqu'à Chypre. En 1064, Sigefroy, archevêque de Mayence, etquatre autres évêques conduisirent avec eux sept mille pèlerins, parmi lesquelsdes barons et chevaliers, qui eurent à livrer une véritable bataille aux Bédouinset aux Turcomans. Parmi ces pèlerins se trouvait un ancien soldat qui, après defâcheuses aventures conjugales, s'était fait moine, s'appelait Pierre, et l'histoire a

ajouté à son nom celui de l'ermite. Indigné des mauvais traitements qu'il avaitreçus en Palestine et ayant des visions, Pierre crut être chargé de la mission derallier l'Europe au secours de la Terre sainte. Il se dirigea vers Rome pourobtenir l'appui du pape Urbain II, qui l'autorisa à appeler les chrétiens à délivrerles lieux saints. Pierre l'Ermite se mit alors à parcourir l'Italie et la France,exhortant la foule par ses harangues pleins de pleurs, de cris, de hurlements, demalédictions pour les infidèles et de promesses du ciel pour ceux qui iraientdélivrer le tombeau de Jésus. Son éloquence frénétique et imagée agissaitpuissamment sur les foules. Parmi les raisons invoquées par ce moine, laprincipale était que les Turcs interdisaient aux pèlerins chrétiens l'accès à la ville

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sainte, et que des massacres de pèlerins avaient eu lieu. L'historien JacquesHeers mentionne un pèlerinage d'une troupe importante, conduite en 1064 parSiegfried, archevêque de Mayence, attaquée et presque entièrement décimée àRamallah par des Bédouins le 25 mars 1065. Cependant, Robert Mantran, un

autre historien, mentionne que des pèlerinages, dont six entre les années 1085 et1092, se sont déroulés sans que les sources ne mentionnent de difficultésparticulières. Ces persécutions des pèlerins étaient davantage l'œuvre de troupesde pillards que des manœuvres systématiques.

La guerre contre l'infidèle

Au IV siècle, l'Église exprima, par l'entremise de saint Augustin, une théorie dela juste guerre. Au IX siècle, les papes s'efforcèrent de créer les "milices duChrist" pour protéger Rome, menacée par la seconde vague d'invasions. Le papeJean VIII accordait même l'absolution à ceux qui étaient prêts à mourir pour ladéfense des chrétiens contre les Sarrasins en Italie. À partir de la fin du X siècle,l'Église s'efforça de christianiser les mœurs guerrières des chevaliers en leur proposant entre autres de combattre les Sarrasins aux frontières de la chrétienté,en Espagne. En 1063, dans une lettre envoyée à l'archevêque de Narbonne, lepape écrivit que ce n'était pas un péché de verser le sang des infidèles. Cedocument innovait en affirmant que prendre part à une guerre utile à l'Égliseétait une pénitence comme l'aumône ou un pèlerinage. Même si le succès n'étaitpas au rendez-vous, l'Église avait pris l'habitude d'encourager les guerres contreles musulmans, et d'attirer dans ces combats les chevaliers francs. Les royaumesfrontières étaient devenus les vassaux du Saint-Siège, atout important dans lalutte des papes contre le Saint-Empire romain germanique.

De plus, les Normands répandaient l'idée que les Byzantins étaient lâches, richeset rusés. Pour les Français du Nord, les musulmans étaient des hérétiques, despaïens et des adorateurs de faux dieux.

Les causes proches

L'Empire byzantin, à l'origine de la croisade ?

À l'époque de la première croisade, les Byzantins nommaient les Occidentauxavec les termes de Francs ou de Celtes. Mais les Occidentaux les plus connusétaient normands. D'abord employés comme mercenaires, pour leur courage etleur cohésion, très appréciés des généraux byzantins, ils menèrent très tôt leurpropre politique. En 1071, ils réalisèrent la conquête de toute l'Italie du Sud oùils fondèrent un royaume indépendant. De 1081 à 1085, ils menèrent une séried'attaques contre la Grèce, sous la direction de Robert Guiscard.

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Afin de faire face à ses nombreux ennemis dont les Turcs seldjoukides,l'empereur byzantin demanda l'aide de soldats occidentaux. L'objectif était queceux-ci se mettent au service de l'empire. Cette demande de troupes futinterprétée par le pape comme un appel au secours face aux envahisseurs

menaçants.Au concile de Plaisance de juin 1095, les ambassadeurs de l'empereur byzantinAlexis Comnène réclamèrent aux Occidentaux une assistance militaire pourlutter contre les Turcs. Byzance n'appela pas à la croisade. Lutter contre lesArabes et les Turcs était une question de défense de l'Empire.La pénétration des Seldjoukides en Asie Mineure byzantine s'est accompagnéede plusieurs pillages et exactions contre la population locale. En Syrie, déjà sousdomination musulmane, l'arrivée des Turcs suscita moins de brutalité. Leschrétiens de Syrie n'ont semble-t-il pas demandé d'aide.

L'appel du pape Urbain II et la prédication de la première croisade

Six mois après le concile de Plaisance, Urbain II convoque un concile àClermont en 1095 auquel participent surtout des évêques francs. Un des canonsdu concile promet l'indulgence plénière, c'est-à-dire la remise de la pénitenceimposée pour le pardon des péchés et non la rémission des péchés, pour ceux quipartiront "délivrer" Jérusalem. Pour clôturer le concile, au cours d'un célèbreprêche public le 27 novembre 1095, Urbain appelle aux armes toute la

chrétienté. Il évoque les "malheurs de chrétiens d'Orient". Il appelle les chrétiensd'Occident à cesser de se faire la guerre et à s'unir pour combattre les "païens" etdélivrer les frères d'Orient. Il ne cache rien des souffrances qui attendent lespèlerins. À cet appel lancé directement aux chevaliers sans passer par les rois, lafoule enthousiaste répond : "Deus lo volt" (Dieu le veut) et décide de prendre lacroix, c'est-à-dire fait vœu d'aller à Jérusalem. Le signe de ce vœu est une croixde tissu, symbole de renoncement et d'appartenance à la nouvelle communautédes pèlerins en armes dotés de privilèges. On appelle ceux qui la portent lescruce signati.

Urbain II essaie ensuite de tempérer l'enthousiasme irréfléchi que son appel asuscité. Les clercs ne peuvent pas partir sans le consentement de leur supérieur,ni les jeunes maris sans celui de leur femme et les laïcs sans celui d'un clerc. Ilest cependant impossible de renoncer au vœu de partir sous peined'excommunication. Urbain II reste dix mois de plus en France occidentale poury prêcher la croisade. Son appel s'adresse surtout à son milieu d'origine, lanoblesse franque du Sud de la Loire. Mais à l'été 1096, les contingents réunisdépassent largement ce cadre. Godefroid de Bouillon, duc de Basse-Lotharingieet son frère Baudouin de Boulogne ont rejoint l'expédition, ainsi que le frère du

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roi, Hugues de Vermandois, Robertde Normandie et Étienne de Blois.Bohémond, fils aîné de RobertGuiscard, décide lui aussi de se

croiser. Le départ est fixé au 15 août1096.

Le succès parait difficilementexplicable. Il est possible d'avancerdes explications matérielles. Lemouvement de paix et leresserrement des liens vassaliqueslimitent les possibilités d'aventure enOccident. En partant en croisade, lechevalier peut ainsi réaliser son salutsans renoncer à sa vie guerrière. La

rétribution céleste n'empêche pas l'espoir de récompenses matérielles en Orient.

Un Islam divisé

À la fin du XI siècle, le Proche-Orient était divisé. Au Sud, les Fatimides étaientau pouvoir en Égypte et contrôlaient une partie de la Palestine. Le reste duProche-Orient était sous la domination des Seldjoukides, un peuple turc nomade

converti à l'islam sunnite au IX siècle. En 1055, ils ont pris le contrôle du califatabbasside à Bagdad. Après la victoire de Mantzikert en 1071, les Turcsatteignirent le Bosphore, mais très tôt, l'Empire seldjoukide fut divisé en unesérie de principautés rivales dont la principale était le sultanat de Roum. LaSyrie était aussi divisée en plusieurs États indépendants autour d'Alep, deDamas, de Tripoli, d'Apamée et deShaizar.

Au Proche-Orient les divisions étaient d'ordre religieux et ethnique. Les Turcssunnites étaient minoritaires. La population arabe était de confession chiite,ismaélienne ou chrétienne. Les chrétiens étaient eux-mêmes de différentestendances : orthodoxes, melkites, et monophysites. Il y avait des Arméniens enSyrie du Nord. Pour ces populations musulmanes ou chrétiennes, les croisadesétaient des expéditions militaires de secours après l'invasion musulmane,expéditions auxquelles ils prirent part en faisant entrer les croisés dans Antioche,ou pendant la traversée du Liban avant le siège de Jérusalem. L'affaiblissementde l'Islam a permis l'essor du commerce par les villes italiennes en Méditerranée.Venise, Bari et Amalfi ont noué des liens avec l'Orient, et, Pise et Gênes ontchassé les Sarrasins de la mer Tyrrhénienne.

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La création et la défense des États latins d'Orient(I - III croisade)

La première croisade (1095 - 1099)La première croisade est une croisade qui s'est déroulée de 1096 à 1099 suite,entre autres, au refus intervenu en 1078 des Turcs Seldjoukides de laisser libre lepassage aux pèlerins chrétiens vers Jérusalem.

Prémices

En 1078, les Turcs seldjoukides délogent de Jérusalem les fatimides qui yétaient installés depuis 970. À une période de libre accès à Jérusalem par les

pèlerins chrétiens se substitue le massacre par les Turcs de la totalité de lapopulation de Jérusalem, la soumission des populations chrétiennes auxvexations et esclavage. Dans le même temps, vaincus à la bataille de Manzikerten 1071,les Byzantins ne peuvent empêcher les Turcs de s'établir à Nicée en1078 et d'y fonder un royaume en 1081. À la fin du XI siècle, l'empereur AlexisI Comnène, dont l'empire chrétien d'Orient se trouve menacé par l'invasion desTurcs, demande à plusieurs reprises les aides de Rome contre les Seldjoukides.

Le Concile de Clermont

En 1095 lors d'un séjour en France, le pape Urbain II prend acte de la fureur deschevaliers à qui les Turcs barrent dorénavant la route de Jérusalem (que lesArabes avaient toujours laissée libre) et répond à la demande d'Alexis I. Ainsi, le27 novembre 1095, au cours du concile de Clermont qu'il a fait réunir, le papelance un appel à la croisade, et prêche pour secourir l'empereur byzantin et lalibération de la Terre sainte à Jérusalem. En échange de leur participation à lacroisade, il promet le pardon de leurs péchés aux chevaliers qui iraient portersecours auxchrétiensd'Orient.

Il désigne Adhémar de Monteil, évêque du Puy-en-Velay, pour diriger cettecroisade.

La croisade populaire

Le petit peuple réagit en grand nombre, notamment en Berry à l'appel de Pierrel'Ermite qui lance son fameux « Dieu le veut », en Orléanais, à Poissy oùGautier Sans-Avoir le rejoint, en Champagne et en Lorraine.Le 12 avril 1096 c'est avec quelque 15 000 pèlerins que Pierre l'Ermite etGautier Sans-Avoir parviennent à Cologne.

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Gautier, emmenant une majorité de Français, quitte le premier Cologne et gagnela Hongrie où le roi Coloman lui accorde le libre passage. À Semlin, dernièreplace hongroise avant le territoire byzantin, des incidents avec les Hongrois sesoldent par la pendaison de seize croisés pillards. Arrivant à Niš le 18 août,

Gautier continue sa route via Sofia, Philippopoli et Andrinople jusqu'àConstantinople qu'il atteint le20 juilletsous escorte byzantine.

Les troupes de Pierre l'Ermite atteignent à leur tour Semlin, prennent la villed'assaut devant le refus de fournir du ravitaillement. D'après le chroniqueurAlbert d'Aix, ils auraient agi ainsi après avoir vu suspendus aux remparts lesarmes et les vêtements appartenant à des pèlerins qui faisaient partie de la bandede Gautier et qui avaient été tués.

Ils investissent ensuite et pillent Belgrade, désertée par ses habitants qui avaienttrouvé refuge en territoire byzantin sur l'autre rive de la Save. A Niš, les troupesde Pierre sont encadrées par le gouverneur Nicétas qui ne leur permet decontinuer leur chemin qu'à la condition expresse de ne s'arrêter désormais pasplus de trois jours devant une ville.

Cette troupe se présente finalement devant Constantinople le 1 août 1096. Là,l'empereur Alexis I leur conseille, dans un premier temps, d'attendre la croisademenée par les barons, mais devant leurs excès, il leur fait traverser le Bosphorele 6 août et leur assigne la place forte de Kibotos (Civitot). Les Turcs leur

donnent alors méthodiquement la chasse et les tuent comme des bêtes fauves.Avec leurs ossements, ils élèvent une gigantesque pyramide que les chevalierscroisés retrouveront sur leur passage.

En septembre ils rejoignent les environs de Nicée et une troupe, dirigée par unnoble italien du nom de Renaud s'empare de la forteresse de Xerigordon. Le 29septembre, le sultan Kilij Arslan reprend la place forte.

Le 21 octobre 1096, las d'attendre, ils se remettent en mouvement vers Nicée,mais ils sont exterminés à peine sortis du camp de Civitot. Gautier-sans-Avoir,le comte de Hugues de Tubilingue et Gautier de Teck perdent la vie dans cecombat. Sur 25 000 hommes, seuls 3 000 parviennent à regagner l'empirebyzantin. Ils s'amalgament à la croisade des barons, donnant les terribles tafurs.

Les maladies et la famine continuant à décimer de plus en plus les croisés, Pierrel'Ermite lui-même désespéra du succès de l'expédition. Le désordre le pluscomplet régnait du reste dans l'armée ; l'espionnage des musulmans y étaittellement fréquent que Bohémond menaça ceux-ci d'être coupés en morceaux et

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rôtis pour servir de nourriture aux soldats affamés. La propagande arabereprendra ces menaces après les croisades pour discréditer Bohémond.

Les croisades germaniques

Parallèlement à la croisade de Pierre l'Ermite, d’autres bandes s’illustrent par deplus grands désordres encore. Ce sont les bandes de Volkmar (Folkmar), deGottschalk, d’Emich de Flonheim et d'Emich de Leisingen.

Volkmar avec environ 12 000 hommes passent par la Saxe et la Bohême,massacrant des juifs à Ratisbonne et à Prague avant d'être dispersés enHongrie.

Le prêtre allemand Gottschalk regroupe une bande de 15 000 hommes etse rend en Hongrie où ses croisés commettent différents méfaits avantd’être massacrés ou capturés par les Hongrois.

Emich de Leisingen, enfin, chevalier-brigand du Rhin, se livre à devéritables pogroms dans les villes qu’il traverse durant le mois de mai :Metz, Spire, Trèves, Worms, Mayence et Cologne. À Mayence, où setrouve un centre d’étude talmudique, ce qui affecta profondémentletalmudiste Rachi. Loin d’être désorganisée, la troupe d'Emich deLeisingen, où figurent de nombreux seigneurs (Guillaume I, dit «leCharpentier » (en), vicomte de Melun et Gâtinais, Clarembaud deVendeuil, Thomas de Marle, Drogon de Nesles) s’étant vu refuser l’entrée

en Hongrie, leur armée entreprend le siège de Wieselburg où elle estécrasée par les Hongrois. Emich réussit à s’enfuir et regagner son paystandis que Thomas, Clarembaud et Guillaume le Charpentier rejoignentHugues de Vermandois.

La croisade des barons

Le succès de l’appel de Clermont dépasse les espérances du pape et paraîtdifficilement explicable. L’évolution de la condition matérielle et de l’idéalchevaleresque au cours du XI siècle a dû en favoriser le retentissement en créantun état de disponibilité. Le départ en Orient est un moyen de s’affranchir de lacontrainte du lignage, en un temps où le mouvement de paix et le resserrementdes liens vassaliques limitent les occasions d’aventure. La croisade réalise lafusion de l’esprit féodal et des préceptes chrétiens (le chevalier réalise au servicedu Christ et de l’Église son devoir vassalique).

L’appel à la croisade, adressé surtout à la noblesse du sud de la Loire, d’où estissu Urbain II, dépasse largement ce cadre : aux Provençauxs’ajoutent Godefroide Bouillon, duc de Basse-Lotharingie et son frère Baudouin de Boulogne,

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Hugues de Vermandois, frère du roi Philippe I de France, avec des chevaliersfrançais et champenois et le groupe conduit par Robert II de Normandie, quivend son duché à son frère Guillaume II le Roux et Étienne de Blois. Le départest fixé au 15 août.

Le premier à partir est Hugues de Vermandois. Il quitte laFrancevers le milieudu mois d'août 1096 avec une suite respectable et passant par l'Italie,où il reçoitl'étendard de Saint-Pierre à Rome. Godefroi de Bouillon finance son expéditionpar la vente ou en hypothéquant certaines de ses possessions, part également aumois d'août. Bohémond de Tarente, à la nouvelle de ces départs, décide lui ausside se croiser. Il abandonne le siège d'Amalfi qu'il était en train d'entreprendre, et passe l’Adriatique avec une petite armée normande et son neveu Tancr ède, audébut de novembre. Le comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles,rassemble, quant à lui, avec le légat du pape Adhémar de Monteil, la plus grandedes armées des croisés, qui traverse la Dalmatie, non sans difficultés, durantl'hiver et parvient à Thessalonique début avril 1097 et à Constantinople le 21 dumême mois.

Formée de contingents féodaux cheminant isolément, encombrée de noncombattants, la croisade ne répond pas au désir du pape qui l’aurait voulu uniesous la direction d’un légat et d’unchef laïc. Elle répond encore moins auxvœux d’Alexis I Comnène, qui avait triomphé des Petchenègues, s’étaitdébarrassé de l’émir de Smyrne, Zachas, et entretient des rapports pacifiquesavec les Saljûqides de Rum. L’arrivée de la croisade pose à l’Empirebyzantindes problèmes de ravitaillement et de surveillance. Cependant Alexis avait fait préparer des approvisionnements et assuré aux croisés qu’il faciliterait leur passage à condition qu’ils respectent leurs engagements de paix.

Les forces des croisés

Si les souverains ne répondent pas à l'appel du pape, de grands féodaux le font :

Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, qui en 1087 a participé à laReconquista1 ;

Guillaume des Baux et son fils Raymond des Baux ;

1 La Reconquista (mot espagnol et portugais, en français Reconquête) correspond à lareconquête des royaumes musulmans de la péninsule Ibérique par les souverains chrétiens.Elle commence en 718 et s'achève le 2 janvier 1492 quand Ferdinand II d'Aragon etIsabellede Castille,les « Rois catholiques» ( Los Reyes Católicos), chassent le dernier souverainmusulman de la péninsule, Boabdil de Grenade, achevant l'unification de l'essentiel del'actuelle Espagne ŕ excepté la Navarre, incorporée en 1512.

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Bohémond de Tarente et son neveu Tancrède de Hauteville de la familledes princes normands d'Italie ;

Hugues le Grand, comte de Vermandois, frère du roi de France Philippe I Robert Courteheuse, duc de Normandie, fils de Guillaume le Conquérant,

son chevalier banneret Jehan des Landes. Robert, comte de Flandre ; Godefroy de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie, son frère Baudouin de

Boulogne et leur cousin Baudouin du Bourg ; Étienne II, comte de Blois ; Enguerrand Ier, comte d'Amiens et son fils Thomas ; Hugues II, comte de Saint-Pol et son fils Enguerrand.

Quatre armées se constituent par des regroupements régionaux :

les Lorrains, menés par Godefroy de Bouillon et Baudouin de Boulogne,qui traversent l'Allemagne et les Balkans ;

les Normands d'Italie, conduits par Bohémond de Tarente et Tancrède deHauteville, débarquant en Épire ;

les Méridionaux autour de Raymond de Saint-Gilles, qui passent parl'Italie du Nord, la Serbie et la Macédoine ;

les Français dont Hugues le Grand, Robert Courteheuse et Robert deFlandre.

L'arrivée à Constantinople"Arrivée des croisés à Constantinople", par Jean Fouquet. L'un des premiers àrépondre à l'appel d'Urbain II, en 1095, Godefroy de Bouillon devient aussi l'undes principaux chefs de la première croisade. Vaillant, déjà réputé pour sabravoure et sa sainteté, il part de Vézelay avec une suite nombreuse, il passe parRatisbonne, Vienne, Belgrade et Sofia, arrive à Constantinople le 23 décembre1096, et se heurte aussitôt à Alexis I Comnène. Les Méridionaux se présententdevant Constantinople en avril 1097. Desincidents surgissent avec l’arrivée detroupes plus importantes, entre Raymond de Toulouse et les mercenairespetchenègues, entre Bohémond et les habitants de Castoria qui lui refusent leravitaillement.

Alexis I se méprend des intentions des croisés, qu'il croit venus offrir leursservices à son empire pour récupérer ses terres - à l'instar de ces troupesscandinaves qui depuis plusieurs siècles se mettaient à son service. Il exige doncun serment de fidélité et la promesse de restituer à l'empire byzantin les terresqui lui ont appartenu avant la conquête turque et de tenir en fief de l’empereur toutes les autres terres conquises.

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Hugues de Vermandois, arrivé le premier à Constantinople après un naufragelors de la traversée de l’Adriatique, prête sans dif ficulté à Alexis le serment.S'estimant féal sujet et homme lige du seul empereur germanique, Godefroy deBouillon refuse tout d'abord de prêter le serment d'allégeance exigé par le

basileusde tous les chefs croisés. Il faut lui couper les vivres pour le faire céderà contrecœur. Il s'engage ainsi à remettre aubasileus tous les territoires ayantappartenu à l'empire byzantin qu'il pourrait enlever à l'Islam. Triomphant etmagnanime, Alexis Comnène témoigne de sa satisfaction en le comblant desomptueux cadeaux : chevaux de prix et vêtements de parade, tissus précieux etcoffrets remplis de besants d'or. Raymond de Saint-Gilles, prétextant qu’il ne pouvait servir d’autre suzerain que le Christ, se borne à jurer de respecter la vieet l’honneur de l’empereur . Bohémond de Tarente prêterait volontiers serment,si on le nomme grand domestique de l’Orient, charge qui lui donnerait lecommandement des forces impériales en Asie Mineure, par conséquent lecommandement de l’expédition. Cependant, Tancrède de Hauteville se soustraitau serment en passant sur la rive asiatique.

La traversée de l'Anatolie

Après la réunion des quatre armées, les croisés avec des troupes byzantines sedirigent vers Nicée qui est assiégée à partir de mai 1097. Cependant, lorsque laville est sur le point d'être prise, le 16 juin, les Turcs font le choix de se rendreaux Byzantins et les croisés sont surpris, sinon déçus, de voir soudain le drapeaubyzantin flotter sur la ville qu'ils s'apprêtaient à attaquer.Les croisés sont étonnés des négociations secrètes des Grecs et se méfientdésormais des intentions du Basileus.

Les croisés reprennent leur route vers la Terre sainte. De son côté Qilij Arslan I,sultan de Roum, bat le rappel des Turcs seldjoukides et attaque par surprise lescroisés à la bataille de Dorylée, le 1 juillet 1097. La victoire des croisés leurouvre la voie de l'Anatolie.

L’armée progresse difficilement, endurant la faim et la soif, perdant ses chevauxen grand nombre et rendant les guides grecs responsables de ses maux.Vainqueurs des Danichmendides et de l’émir de Cappadoce à Héraclée, lescroisés traversent le Taurus et sont accueillis favorablement en Cilicie par lesArméniens installés là depuis le milieu du XI siècle.

Le siège et la prise d'Antioche et Adhémar de Monteilà Antioche

Le 20 octobre, les croisés arrivent devant Antioche. Tancrède, neveu de

Bohémond, et Baudouin de Boulogne s’emparent des places ciliciennes de Tarse

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et de Mamistra, qu’ils abandonnent à la suite de dissensions. Baudouin se rendensuite dans le Haut-Euphrate, où il prendRavendel et Turbessel, qu’il laisse enfief aux compagnons arméniens qui l’ont guidé. Appelé à Édesse par l’arménienThoros, désireux de secouer la tutelle turque, il devient son fils adoptif et

héritier.Le siège d'Antioche commence en novembre 1097, avec du matériel apporté parune flotte génoise. Mais l’hiver rend le ravitaillement difficile et la famines'installe dans le camp des chrétiens. Un chroniqueur évoque la présence depratiques anthropophages au cours du siège d'Antioche. Ainsi, après la conquêtede laPalestine, Raoul de Caen,chroniqueur de la première croisade écrivait : «À Ma'arat, les nôtres firent cuire les païens adultes dans des marmites etembrochèrent les enfants pour les manger rôtis ». Cependant, l'historiographiene considère pas Raoul de Caen comme une source fiable : on le voit notammentquand il déclare que les croisés se sont trouvés face à une « statue de Mahomet »dans le temple de Salomon.René Grousset,dans son Histoire des Croisades, faitremarquer que les actes incriminés étaient commis sur des cadavres (« ilsouvraient les cadavres ») par les Tafurs, bandes de Ribeauds affamés (« Il y eutlà des nôtres qui manquèrent du nécessaire »). Toujours selon Grousset et aussiselon Xavier Yvanoff, constatant la terreur que cet acte avait engendré chezleurs adversaires, les chefs croisés firent courir le bruit que Bohémond deTarente, voulant brûler les espions musulmans introduits dans son camp, donnal'ordre de le faire sur des broches afin de faire croire qu'ils seraient dévorés.

Malgré les victoires remportées sur les armées de Damas (décembre), puisd’Alep (février 1098), le moral des assiégeants est très bas. Les défections sontnombreuses (Pierre l'Ermite, Étienne II de Blois, et le chef du contingent byzantin soupçonné d’intriguer avec les Turcs). Bohémond parvient à se faire promettre la ville au détriment de l’empereur byzantin s’il y entrait le premier.

Une émeute débarrasse Baudouin de Boulogne de Thoros d’Edesse en mars1098. Baudouin, son héritier, fonde le comté d'Édesse. Bohémond parvient à

entrer dans Antioche avec la connivence de la population (3 juin 1098). Lescroisés, entrés dans la ville, se trouvent en situation d’assiégés, entre la garnisonturque restée dans la citadelle, et les renforts conduits par l’atabey de Mossoul,Kerbogha. Une série de visions et la découverte de la sainte Lance leurpermettent de garder le moral. Mais des fugitifs, persuadés de la chuteimminente de la ville, ont rejoint Alexis Comnène qui a atteint Philomelium à latête d’une armée de secours. Alexis, qui veut garder les conquêtes faites par lacroisade (Smyrne, Éphèse, Sardes), et ne tient pas à se mesurer à Kerbogha,rebrousse chemin. Bohémond de Tarente, victorieux de Kerbogha (28 juin),maîtrise Antioche. Seul Raymond de Saint-Gilles prétend faire respecter les

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droits de l’empereur sur la ville. Mais comme Alexis n’a pas porté assistance àses vassaux, ceux-ci se considèrent déliés de leur engagement. La croisade arompu avec Byzance.

Durant l’été, tandis qu’une épidémie sévit à Antioche et emporte le légatAdhémar de Monteil, les croisés se répandent dans les régions voisines,s’emparent au sud de Lattaquié et de Ma`arrat, ou consolident leurs positions enCilicie. Les tergiversations du conseil des barons au sujetd’Antioche et ducommandement irritent le reste de l’armée, qui détruit les fortifications deMa`arrat, conquise par Saint-Gilles pour le forcer au départ.

Après la prise d'Antioche,lassé de la querelle interminable qui opposeBohémond de Tarente et Raymond de Saint-Gilles, Godefroy se retiretemporairement chez son frère Baudouin à Édesse, d'où il rejoint les croiséslorsqu'ils reprennent enfin la route pour Jérusalem.La prise au siège de Jérusalem

L’armée croisée prend la route de Jérusalem (13 janvier 1099), remontant lavallée de l’Oronte, sans être inquiétée par les émirs arabes de la région.Rejoignant la côte, elle s’empare de Tortose et de Maraclée. Sous la pression deses soldats, Raymond de Toulouse doit abandonner le siège d’Arqa dont ilcomptait faire le centre de ses futures possessions. Suivant la côte jusqu’à Jaffa,

les croisés entrent à Bethléem le 6 juin et mettent le siège devant Jérusalem lelendemain.

La ville, fortifiée et entourée de ravins, sauf au nord, attend des secoursd’Égypte. Les assiégeants manquent d’eau, de bois et d’armes et ne sont pasassez nombreux pour l’investir. Une expédition en Samarie et l’arrivée d’une

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flotte génoise à Jaffa fournissent le matériel nécessaire à la construction demachines de siège. Une série de jeûnes purificateurs et une procession autour dela ville rendent son sens de pèlerinage à la croisade. Après un assaut difficile dedeux jours, la ville est prise le 15 juillet. Les chroniqueurs francs utilisent le

registre de l'Apocalypse pour décrire la force des combats dans la cité : «Entrésdans la ville, les pèlerins poursuivaient, massacraient les Sarrasins jusqu’auTemple de Salomon… où il y eut un tel carnage que les nôtres marchaient dansle sang jusqu’aux chevilles ». En réalité, la lutte la plus violente eut lieu dans laTour du Temple investie par la garnison Turque et dont Raymond de Toulouseobtint la reddition et le sauf conduit. La population musulmane et juive fut nonpas exterminée mais chassée de la ville vers Ascalon ou Damas comme l'attesteles écrits retrouvés dans la Geniza du Caire. Le sac de Jérusalem est en effetamplifié par des chroniqueurs arabes pour en faire un récit épouvantable etrassembler le monde musulman contre les croisés.

Dans les mois qui suivent, un certain nombre de pèlerins, croyant avoir remplileur vœu, repartent pour l’Occident et y portent la nouvelle du triomphe de lachrétienté. Ayant refusé dignement la couronne de Jérusalem, Godefroi deBouillon prend le titre d’avoué du Saint-Sépulcre, réservant ainsi les droits del’Église sur le nouvel État. C'est donc son frère qui devient roi sous le nom deBaudouin Ier de Jérusalem. En juillet, avec les autres princes, il surprendl’armée égyptienne de secours à Ascalon, assurant la survie de son État. LesFatimides reprennent néanmoins le contrôle d'Ascalon après une révoltepopulaire. En septembre, Godefroi de Bouillon reste seul avec trois centschevaliers et deux mille piétons pour défendre ses conquêtes (Jérusalem, Jaffa,Lydda, Ramla, Bethléem, Hébron) auxquelles s’ajoutent bientôt la Galilée. Ilaffronte à trois reprises les Fatimides, lors des batailles de Rama (1101, 1102 et1105).

Voulant se tailler un fief, Raymond de Saint-Gilles commence le long siège deTripoli en 1102. Deux ans plus tard, Baudouin Ier décide de profiter d'un conflitinterne des Seldjoukides, qui oppose leshahseldjoukide Barkyaruq à son frère,

pour tenter de prendre Harran, qui ouvrirait la voie sur Mossoul et Baghdad. Deplus, l'émir de Mossoul,Jekermish,s'affronte avec son voisin Il Ghazi ibnOrtoq, seigneur de Mardin et d'Alep.

Néanmoins, le frère d'Il Ghazi, Soqman ibn Ortoq, se réconcilie avec Jekermish, battant Baudouin Ier et ses troupes. L’armée d’Édesse est entièrement détruiteou capturée et ses chefs, Baudouin et son vassal, Josselin de Courtenay, sontcapturés. L'avancée des croisés vers la Perse est ainsi bloquée. Peu de tempsaprès, profitant de l'affaiblissement des croisés, les Turcs d’Alep reprennentArtâh et les Byzantins s'emparent de laCilicieet de Lattaquié.

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En 1105, Raymond de Saint-Gilles meurt lors du siège de Tripoli. Celui-ci sepoursuit, sous la direction de son cousin, Guillaume Jourdain, soutenu parByzance. L'émir de Tripoli tente d'obtenir l'aide de Soqman ibn Ortoq,vainqueur de la baille d'Harran, mais celui-ci meurt en route. Le blocus de

Tripoli se fait plus intense, et en 1108 Bertrand de Saint-Gilles, le fils deRaymond IV, arrive avec des troupes. Pour arbitrer entre la rivalité de ce dernieret de Guillaume Jourdain, le roi de Jérusalem Baudouin Ier marche aussi surTripoli, rejoint par le prince d'Antioche, Tancrède de Hauteville. Baudouin Ierdécide de diviser le futur comté de Tripoli en deux parties, et accepte lareddition de Tripoli. Peu de temps après la prise de la ville, Guillaume Jourdainmeurt assassiné, le comté de Tripoli revenant ainsi à Bertrand de Saint-Gilles.

En Occident, la croisade continue à être prêchée. Le pape Pascal II prononcel’excommunication contre ceux qui n’ont pas accompli leurs vœux, renvoyant àJérusalem les déserteurs, tels Étienne de Blois et Hugues de Vermandois.

Conséquences

Un certain nombre de pèlerins, après avoir accompli leurs dévotions, reprennentle chemin du retour. Ils ont délivré Jérusalem et par là même accompli leursvœux. D'autres croisés s'apprêtent à rester en Orient.

Godefroy de Bouillon est choisi par ses pairs comme prince de Jérusalem. Il

refuse d'être nommé roi du royaume de Jérusalem. Il dit : « Je ne porterai pasune couronne d'or, là où le Christ porta une couronne d'épines ». Il est alorsnommé Avoué du Saint-Sépulcre, soitadvocatus Sancti Sepulchri. Enseptembre, il reste seul dans ses nouvelles possessions avec seulement troiscents chevaliers et deux mille piétons. Les établissements francs sontdangereusement isolés les uns des autres et mal reliés à la mer.

En Occident, la nouvelle de la prise de Jérusalem provoque le départ denouvelles armées dépassant parfois le millier d'hommes. Mais fautes d'ententes,ces "arrières" croisades échouent toutes en Anatolie devant les Turcs qui ontrefait provisoirement leur unité. La mer devient alors le seul moyen decommunication avec l'Occident. L'archevêque Daimbert de Pise, arrivé à Jaffaavec 120 bateaux, se fait nommer patriarche latin de Jérusalem et suzerain de laprincipauté d'Antioche et du royaume de Jérusalem. Il se fait donner un quart deJérusalem et la totalité de Jaffa. Godefroy, de son côte promet aux Vénitiens quiviennent de prendre Haïpha, le tiers de toutes les villes qu'ils aideraient àconquérir. Quelques mois plus tard après la mort de Godefroy son frèreBaudouin, comte d'Édesse, se fait couronner roi de Jérusalem par le patriarchelatin de la ville. Il étend le royaume de Jérusalem par les conquêtes d'Arsouf, de

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Césarée, de Beyrouth et de Sidon. De son côté, Raymond de Toulouse, avecl'aide de Gênes, fait la conquête du comté de Tripoli. Les marchands italiens,d'abord réticents à l'idée d'une aventure guerrière risquant de détériorer leursrelations commerciales avec l'Orient, commencent à voir dans les croisades un

moyen d'élargir le champ de leurs activités et d'acheter les produits d'Orient àleur source même sans passer par l'intermédiaire des musulmans ou desByzantins.

La croisade populaire

De nombreux prédicateurs populairesrelaient l'appel de la croisade. Le plusconnu est Pierre l'Ermite. Beaucoupattendant l'Apocalypse partent sansespoir de retour avant la date officiellefixée par le pape. Pierre l'Ermitecommence sa prédication dans le Berry, puis l’Orléanais, la Champagne, laLorraine et la Rhénanie, emmenant dansson sillage quinze mille pèlerins,encadrés par des nobles et des chevaliersdont Gautier Sans-Avoir. Arrivé àCologne le 12 avril 1096, il continue deprêcher auprès des populationsgermaniques, tandis que Gautier Sans-Avoir conduit les pèlerins en directionde Constantinople.

Pierre l’Ermite (1053 - + 1115) ouPierre L’Hermite ou Pierre d’Amiens estun religieux français du onzième siècle, qui prêche la croisade après l’appeld’Urbain II au concile de Clermontet qui prend ensuite la tête d’une desprincipales croisades populaires de 1096. Il échappe au massacre des croisés deCivitot, rejoint la croisade des barons, la suit jusqu’à Jérusalem, mais disparaîtau moment de la prise de la ville.

Né en 1053, il est le fils de Renauld L'Hermite, de la Maison d'Auvergne, etd'Alide de Montaigu, de la Maison de Picardie. Il fut, avant de rentrer veuf dansles ordres, marié à Béatrix de Roussy, de la Maison de Normandie, avec laquelleil eut deux enfants : Pierre et Ailide.

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Ils sont, selon une pieuse légende, à l'origine de la longue famille de L'Hermite,encore existante de nos jours, et dont feront notamment partie Louis TristanL’Hermite, ministre de Louis XI, Jacques L'Hermite (1582-1624), navigateurqui a donné son nom aux Îles Hermite du Cap Horn et François Tristan

L'Hermite (1601-1655), écrivain et membre de l'Académie Française.

Des bandes parties de Rhénanie s'acharnent au départ sur les communautés juives des villes rhénanes, cherchant à les convertir de force. Le refus du

baptême est, pour le peuple, considéré comme une insulte à Dieu pouvant attirersa colère sur les hommes. Présents depuis des siècles, les Juifs deviennentsoudain des étrangers et des assassins du Christ qu'il convient de punir avant dedélivrer les lieux saints. Peut-être douze mille Juifs ont-ils péri en 1096. Certains

Évêques protègent la communauté de la ville. Le pape condamne ces violences,souvent l'œuvre de la lie de la société. Il ne semble pas que Pierre l’Ermite aitappelé à persécuter les Juifs, mais les terreurs créées par les pogroms commis enGermanie lui permettent d'obtenir des communautés juives des régions qu’iltraverse le ravitaillement et le financement des croisés.

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Carte de la première croisade

Ayant persuadé un certain nombre de Germaniques à partir, il quitte Cologne àla tête d’environ douze mille croisés le 19 avril 1096 et traverse le Saint-Empireet la Hongrie en suivant le Danube. Sur le chemin, les troupes dirigées par Pierrel'ermite se livrent à des confrontations locales dans Belgrade et dans le faubourgde Constantinople, incapables de s'acheter par leur propres moyens leurnourriture. Les groupes partis du Nord de Francie occidentale et de Rhénanie enavril 1096, arrivent sans trop de difficultés à Constantinople quelques mois plustard. Mais la plupart des groupes germaniques ne sont jamais arrivés àConstantinople, anéantis ou dispersés par les troupes hongroises.

Le voyage des chevaliers vers Jérusalem

Quatre armées de chevaliers partent à la date prévue. Celle de la Francie duNord et de la Basse-Lorraine, conduite par Godefroi de Bouillon suit la route duDanube. La deuxième armée venant des régions du Sud de la Francie, dirigéepar le comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles, et le légat du pape,Adhémar de Monteil passe par la Lombardie, la Dalmatie et le Nord de la Grèce.La troisième, d'Italie méridionale, commandée par le prince normand Bohémondgagne Durazzo par mer. La quatrième, de la France centrale, dont les chefs sont

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Étienne de Blois et Robert de Normandie passe par Rome.Les premières troupes de chevaliers arrivent à Constantinople au moment où lescroisés populaires passés en Asie Mineure commencent à massacrer des villageschrétiens. Si les premières arrivées se passent bien, au fur et à mesure que les

troupes croisées arrivent, les incidents se multiplient. L'empereur Alexis ICommène cherche à obtenir un serment d'allégeance de la part des chefs croisés,et à rendre à l'empire toutes les terres qui lui appartenaient avant l'invasionturque. La plupart acceptent. Les croisés assiègentNicéequi est rendue en juin1097 aux Byzantins. Ils battent plusieurs émirs turcs en marchant à traversl'Anatolie, traversent le Taurie, parviennent en Cilicie et mettent le siège devantAntioche le 20 octobre 1097. Les croisés manifestent des ambitions territorialespour leur propre compte. Baudouin de Boulogne aide l'arménien Thoros àsecouer la tutelle turque à Édesse et devient son héritier. Le siège d'Antioche estlong et difficile. Les croisés développent un fort ressentiment contre lesByzantins qu'ils accusent de double jeu avec les Turcs. Bohémond réussit à fairepromettre aux combattants qu'il prendrait possession de la ville, s'il y entrait enpremier et si l'empereur byzantin ne venait pas lui-même prendre possession dela ville. Grâce à une complicité intérieure, il parvient à entrer dans la ville.Aussitôt les assiégeants se retrouvent assiégés par les Turcs et subissent un siègetrès éprouvant. L'armée de secours, dirigée par Bohémond parvient à vaincre lesTurcs sans l'aide de l'empereur. Les croisés s'estiment déliés de leur serment deleur fidélité et gardent la ville pour eux.

Pendant l'été, les chefs croisés prennent le contrôle des places-fortes dans lesrégions voisines d'Antioche. L'armée ne prend la route de Jérusalem qu'en janvier 1099. Les chrétiens syriens indiquent la route la plus sûre aux chevalierslatins. Ils descendant le long de la côte, prenant plusieurs villes. Ils prennentBethléem le 6 juin et assiègent Jérusalem le lendemain. Les croisés manquentd'eau, de bois, d'armes et ne sont pas assez nombreux pour investir la ville. Uneexpédition à Samarie et l'arrivée d'une flotte génoise à Jaffa leur fournissent toutce qui leur manque. La ville est prise le 15 juillet 1099 après un assaut de deux jours. Certains croisés massacrent la garnison turque malgré l'intervention du

comte de Toulouse qui s'interpose, la population musulmane de la ville estépargnée comme l'atteste la correspondance de l'émir de Naplouse qui recueilleles rescapés. De leur côté, les Byzantins profitent des difficultés desSeldjoukides pour leur reprendre une partie de l'Anatolie.

Créations des États latins d'Orient

Carte des États latins d'Orient. En jaune clair, le royaume de Jérusalem vers1100; en orange la principauté d'Antioche et entre les deux le comté de Tripoli

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Un certain nombre de pèlerins après avoir accompli leurs dévotions prirent lechemin de retour. Ils ont délivré Jérusalem, et donc accompli leur vœu. D'autrescroisés s'apprêtèrent à rester en Orient. Godefroi de Bouillon fut élu par les sienscomme prince de Jérusalem. Godefroi n'a joué aucun rôle décisif pendant la

croisade mais les barons préférèrent ce conciliateur sans ambition à l'impétueuxet intransigeant Raymond de Saint-Gilles désigné par le pape comme chef militaire de la croisade. Il refusa d'être nommé roi du royaume de Jérusalem. Ildit : « Je ne porterais pas une couronne d'or, là où le Christ porta une couronned'épines ». Il prit alors le nom d'Avoué du Saint-Sépulcre, soitadvocatus SanctiSepulchri, réservant les droits éminents du nouvel État à l'Église. En septembre,il resta seul dans ses nouvelles possessions avec seulement trois cents chevalierset deux mille piétons. Les établissements francs étaient très isolés les uns desautres et mal reliés à la mer. Jérusalem devint la capitale du royaume latin deJérusalem qui s'étendait jusqu'à la mer Rouge et à l'isthme de Suez. Repeupléede chrétiens, elle était le siège des ordres militaires du Temple de Jérusalem etde l'hôpital de Saint-Jean, ainsi qu'un site actif de pèlerinage. Jérusalem devintalors une cité romane. Le Saint-Sépulcre fut reconstruit en 1149. Une citadellefut édifiée, dite tour de David. Chrétiens d'Orient et Latins cohabitèrent sans tropde difficultés.

En Occident, la nouvelle de la prise de Jérusalem provoqua le départ denouvelles armées dépassant parfois le millier d'hommes. Mais faute d'ententes,ces arrière croisades échouèrent toutes en Anatolie, face aux Turcs qui avaientprovisoirement refait leur unité. La mer devint alors le seul moyen decommunication avec l'Occident. L'archevêque Daimbert de Pise, arrivé à Jaffaavec cent vingt bateaux, se fit nommer patriarche latin de Jérusalem, et suzerainde la principauté d'Antioche et du royaume de Jérusalem, se fit attribuer un quartde Jérusalem et la totalité de Jaffa. Godefroi, de son côte promit aux Vénitiensqui venaient de prendre Haïfa, le tiers de toutes les villes qu'ils aideraient àconquérir. Des contingents, norvégiens, arrivés eux aussi par bateau aidèrentégalement les croisés établis en Terre sainte à occuper les villes de la côte.

Quelques mois plus tard, après la mort de Godefroi, son frère Baudouin,comted'Édesse,se fit couronner Roi de Jérusalem par le patriarche latin de la ville. Ilétendit le royaume de Jérusalem par les conquêtes d'Arsouf, de Césarée, deBeyrouth et de Sidon. De son côté, Raymond de Toulouse fit la conquête, avecl'aide de Gênes du comté de Tripoli. Les marchands italiens, d'abord réticents àl'idée d'une aventure guerrière risquant de détériorer leurs relationscommerciales avec l'Orient, commencèrent à voir dans les croisades un moyend'élargir le champ de leurs activités et d'acheter les produits d'Orient à leursource, sans passer par l'intermédiaire des musulmans ou des Byzantins.

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À partir de 1128, l'Islam reprit l'initiative autour des souverains de Mossoul,l'atabeg Zengi. Le pape Calixte II songea à organiser une nouvelle croisade poursecourir les Latins d'Orient mais son appel demeura sans suite. Cependant,durant tout le XII siècle, des pèlerins, individuellement ou en groupe,

accomplirent le pèlerinage vers Jérusalem et secoururent les Francs. Zengiparvint à reprendre Édesse.

La deuxième croisade (1147 - 1149)L'initiative de la croisade revient au roi Louis VII. Il désirait se rendre enpèlerinage à Jérusalem pour expier ses fautes : un crime dont le souvenir letourmentait : l’incendie d’une église dans laquelle un certain nombre depersonnes avaient cherché refuge. Il obtient du pape la nouvelle promulgationd'une bulle de croisade, jusque là sans effet. La prédication revient à Bernard deClairvaux à Vézelay le 31 mars 1146 puis à Spire. En Germanie, la prédicationpopulaire d'un ancien moine cistercien provoque une nouvelle flambée deviolence contre les Juifs que Bernard de Clairvaux parvient à stopper.

Bernard de Clairvaux

Bernard de Fontaine, abbé deClairvaux (1090 ou 1091, château de Fontaine-lès-Dijon, Dijon Ŕ † 20 août1153, Abbaye deClairvaux) est un moine français,réformateur de la vie religieuse. Directeurde conscience de l'ordre cistercien, ilrecherche par amour du Christ lamortification la plus dure. Bernard faitpreuve, toute sa vie durant, d'une activitéinlassable pour instruire ses moines deClairvaux, pour émouvoir et entraîner lesfoules, pour allier son ordre avec la papauté

et pour élaborer une idéologie militante queson ordre et toute l'église catholiquemettront en œuvre.

C'est aussi un conservateur, qui sepositionne en réaction contre les mutationsde son époque (la « renaissance du XII

siècle »), marquée par une profonde transformation de l'économie, de la sociétéet du pouvoir politique.

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Il joue un rôle déterminant dans la transposition de la croisade en « guerre sainte» contre les cathares. Il est canonisé en 1174 et devient ainsisaint Bernard deClairvaux.

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Enfance et entrée au monastère

Né en 1090 ou 1091 à Fontaine-lès-Dijon près de Dijon, dans une famille noblede Bourgogne, Bernard est le troisième des sept enfants de Tescelin le Roux(Tescelin Sorrel) et d'Alette ou Aleth de Montbard, une femme de haute vertu.Son père, Tescelin, est un membre de la famille des seigneurs de Châtillon-sur-Seine. Modeste chevalier, il est au service du duc de Bourgogne et a cherché àfaire un riche mariage. Il gère des terres autour de Montbard, d'Alise-Sainte-Reine, dans la vallée de la Laignes ou au confluent de l'Aube et de l'Aujon enplus de sa seigneurerie de Fontaine.La famille de sa mère, Alette ou Aleth, est de plus haute lignée. Le grand-pèrede Bernard règne sur la seigneurie de Montbard : ses terres s'étendent sur lesplateaux situés entre l'Armançon et la Seine. Son frère, André de Montbard estl'un des neuf fondateurs de l'Ordre du Temple et devient même maître. Lafamille de Bernard appartient donc à la moyenne noblesse.

À l'âge de neuf ans, il est envoyé à l'école canoniale de Châtillon-sur-Seine.

Après les rudiments, il suit letrivium, premier cycle d'enseignement consacréaux lettres (grammaire, rhétorique et dialectique). Montrant un goût particulierpour la littérature, il acquiert une bonne connaissance de la Bible, des Pères del'Église et de divers auteurs latins :Horace,Lucain, Sénèque ( Lettres à Lucilius),Tacite, Juvénal, Perse, Stace, Térence et, surtout, Cicéron, Virgile et Ovide (ycompris, de ce dernier, l' Art d'aimer ), ce qui fait de lui un parfait représentantdes lettrés de son temps.

En revanche, il ne suivra pas lequadrivium (second cycle, portant surl'arithmétique, la géométrie, la cosmologie et la musique). À l'âge de seize oudix-sept ans, il perd sa mère et en est très vivement affecté. Il mène ensuitel'existence mondaine des jeunes nobles de son âge mais semble très vite vouloirentrer dans les ordres. Dans un premier temps, il laisse entendre à sa famille qu'ilprépare un pèlerinage à Jérusalem pour ne pas inquiéter sa famille par sespréparatifs à la vie monacale.

En 1112, il entre à l'Abbaye de Cîteaux avec trente membres de sa famille ouproches. L'abbaye de Cîteaux a été fondée en 1098 par Robert de Molesme, etÉtienne Harding en est l'abbé depuis janvier 1108. Les fondateurs se sont

détachés de l'Ordre de Cluny, alors en pleine gloire, pour vivre intégralement la

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Règle de saint Benoît. Ils souhaitent répondre à un idéal plus rigoureux : retour àla simplicité dans la vie quotidienne, dans le culte et dans l'art ; rupture avec lemonde, pauvreté, silence, travail manuel, tels seront les éléments principaux dela création cistercienne. Cela correspond aux souhaits de Bernard qui veut

retourner à l'ascèse monastique la plus rude. Cette ascèse est comparable selonlui à la route de Jérusalem : "par la montée rude (...), vers la Jérusalem de laliberté, celle d'en-haut, notre mère"

La fondation de Clairvaux

En 1115, Étienne Harding envoie le jeune homme à la tête d'un groupe demoines pour fonder une nouvelle maison cistercienne dans une clairière isolée àune quinzaine de kilomètres de Bar-sur-Aube, le Val d'Absinthe, sur une terredonnée par le comte Hugues de Champagne. La fondation est appelée « clairevallée » (clara vallis), qui devient ensuite « Clairvaux ». Bernard est éluabbédecette nouvelle abbaye, et confirmé à Châlons-en-Champagne par Guillaume deChampeaux, évêque de Châlons-en-Champagne et célèbrethéologien. Ildemeure abbé de Clairvaux jusqu'à sa mort en 1153. Les débuts de Clairvauxsont difficiles : la discipline imposée par Bernard est très sévère. Bernardpoursuit ses études sur les Saintes Écritures et sur les Pères de l'Église.

Les gens affluent dans la nouvelle abbaye, et Bernard convertit même toute safamille : son père, Tescelin, et ses cinq frères entrent à Clairvaux en tant que

moines. Sa sœur, Humbeline, prend également l'habit au prieuré de Jully-les-Nonnains. L'attrait qu'exerce Bernard est parfaitement illustré par cette anecdote: vers 1129, l'évêque de Lincoln s'étonne de ne pas avoir de nouvelle d'unchevalier qui devait faire étape à Clairvaux sur la route des croisades. Bernardl'informe qu'il a économisé la route de Jérusalem en entrant au monastère. Dès1118, de nouvelles maisons doivent être fondées pour éviter l'engorgement deClairvaux. Les trois premières fondations sont La Ferté, Pontigny, Morimond.Ces premières fondations sont implantées dans les domaines des seigneuriesalliées ou amies. Ces trois abbayes, plus Cîteaux et Clairvaux sont les cinq têtes

de pont de l'ordre nouveau, chacune essaimant pour son compte. De 1115 à1133, Bernard et ses moines vivent à Clairvaux dans les conditions les plusfrustes. Le prieur du couvent (Geoffroy de Rochetaille) et le maître des novices(Achard) convainquent Bernard d'agrandir le monastère en 1133. En 1145,l'église est enfin consacrée et, en 1153, la partie occidentale réservée aux frèresconvers est achevée.

Clairvaux donne naissance à soixante-huit abbayes nouvelles. En 1119, Bernardfait partie du chapitre général des cisterciens convoqué par Étienne Harding, quidonne sa forme définitive à l'ordre. La « Charte de charité » qui y est rédigée est

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confirmée peu après par Calixte II. En 1132, il fait accepter par le papel'indépendance de Clairvaux vis-à-vis de Cluny.

Un conservateur engagé

Dès le début de son abbatiat, Bernard rédige des traités, des homélies, et surtoutune Apologie, écrite sur la demande de Guillaume de Saint-Thierry, qui défendles bénédictins blancs (cisterciens) contre les bénédictins noirs (clunisiens). Àl'austérité cistercienne, élaborée à partir de la fuite du monde, de la pauvreté etdu travail manuel, Bernard ajoute la mise en valeur de la pureté et le mépris dela culture et de tout ce qui peut sembler un divertissement pour l'esprit. Pierre leVénérable, abbé de Cluny, lui répond amicalement, et malgré leurs différendsidéologiques, les deux hommes se lient d'amitié. Il envoie également denombreuses lettres pour inciter à la réforme le reste du clergé, en particulier lesévêques. Sa lettre à l'archevêque deSens, Henri de Boisrogues ditSanglier ,intitulée par la suite De Officiis Episcoporum(Sur la conduite des évêques) estrévélatrice du rôle important joué par les moines au XII siècle, et des tensionsentre clergé régulier et séculier. Bernard a une prédilection presque exclusivepour le Cantique de Salomon et pour saint Augustin. Il est le dernier père del'Église de par sa façon de raisonner. Il considère que l'homme n'a pas à tenterd'élucider les contradictions apparentes du dogme ou de trouver une explicationrationnelle aux textes saints : la foi que l'on reçoit doit être transmise inchangée.Il reste opaque aux changements de l'époque où, avec la naissance desuniversités, de plus en plus d'esprits s'attaquent à la compréhension des textespar la raison. Il défend avec la même fougue la société féodale, la division dumonde en trois ordres, la théocratie pontificale. Pour lui, l'ordre établi est voulupar Dieu. Il suffit de corriger les vices des hommes pour résoudre les problèmesde la société.

La spiritualité de Bernard est fortement marquée par la pénitence. Il fait subir àson corps les plus cruels traitements, mettant ainsi sa santé en danger. Son goûtpour l'austérité s'accorde à merveille avec le dépouillement des églises

cisterciennes. À ce sujet, il évoque « la sobre ivresse (sobria ebrietas) qui jaillitdu dedans et opère des mutations et des métamorphoses, sans pour autantnécessiter le point d'appui d'une imagerie extérieure ». Il fulmine d'ailleurscontre les cloîtres sculptés à chapiteaux historiés dans son Apologie à Guillaumede Saint-Thierry(vers 1123-1125). Il considère que les décorations richementornées de figures monstrueuses et que les narrations souvent profanes etcoûteuses sont de nature à détourner l'esprit du moine de la méditation.

Il est aussi porté par un amour fervent pour Dieu et pour la Vierge pour qui il aune dévotion particulière. Toutes les églises cisterciennes sont dédiées à la

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Vierge et Bernard cherche à développer le culte marial dans tout l'Occident. Ilest parfois présenté sur des tableaux buvant le lait de la Vierge (lactation desaint Bernard ). Il prône une religion faite d'élan du cœur plus que decomptabilité des actions bonnes ou mauvaises.

Un abbé engagé dans les affaires de son temps

Bernard, pourtant si engagé dans sonmonastère, sillonne les routesd'Europe pour défendre l'Église etporter témoignage de son Dieu. En1129, il participe au concile deTroyes, convoqué par le papeHonorius II et présidé par Matthieud'Albano, légat du pape. Bernard estnommé secrétaire du concile, maisen même temps il est contesté parune partie du clergé, qui pense queBernard, simple moine, se mêle dechoses qui ne le regardent pas. Ilfinit par se disculper. C'est lors de ceconcile que Bernard fait reconnaîtreles statuts de la milice du Temple,les Templiers, dont il a grandementinfluencé la rédaction. L'existenced'un ordre de moines appelés àmanier l'épée et à verser le sangétait, selon Jean Flori, une «monstruosité doctrinale » queBernard de Clairvaux réussit à faire

accepter par le concile. Ce qui officialisa l'intégration définitive, dans la doctrinede l'église romaine, de la notion de guerre sainte. En 1130, il adresse une lettre

aux chevaliers du Temple. Il explique que pour un chrétien il est plus difficile dedonner la mort que de la recevoir. Il fustige le "chevalier du siècle" qui engagedes guerres. Il rappelle que le Templier est un combattant discipliné sans orgueilet sans haine.

Moine cistercien, Humbeline, sœur de Bernard et Jeanne de Boubais, abbesse deFlines, aux pieds de la Vierge à l'Enfant, triptyque du Cellier, tempera sur bois,Jehan Bellegambe, vers 1509.

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Devenu une personnalité importante et écoutée dans la chrétienté, il intervientdans les affaires publiques, il défend les droits de l'Église contre les princestemporels, et conseille les papes. Il attache en effet, une grande vénération autrône de saint Pierre.

Le schisme d'Anaclet

En 1130, après la mort d'Honorius II,deux papes sont élus par les cardinaux : lecardinal Aimeric, qui prend le nom d'Innocent II, dont les adversaires désignentle cardinal Pierleone, qui prend le nom d'Anaclet II. Ce dernier reçoit le soutiende Roger II, duc des Pouilles et de Calabre, lequel reçoit le titre de roi de Sicile.En France, Louis VI convoque un synode à Étampes et demande à Bernard d'ysiéger. Dans une intervention enflammée, Bernard se déclare en faveurd'Innocent II, car il le juge plus saint, donc plus apte, et certainement élu par legroupe le plus sain (sanior pars) des cardinaux. Il semble que l'origine juived'Anaclet ait joué dans ce choix. Bernard, qui prendra par ailleurs la défense des juifs pendant la deuxième croisade, écrit qu'il considère comme une injure que la« race juive » puisse occuper le siège de saint Pierre.

Le roi de France et son clergé reconnaissent alors Innocent II, qui se réfugie enFrance. L'empereur germanique, Lothaire III le reconnaît à son tour et conduitune expédition pour l'installer à Rome. Bernard accompagne l'empereur et lepape quand ils entrent dans Rome en 1133. Mais Innocent II est rapidement

attaqué par les partisans d'Anaclet. Il réunit un concile à Pise en mai-juin 1135,pour anathématiser son rival. Bernard y prononce un discours très violent. Ilnégocie ensuite le ralliement de la ville de Milan au pape. En 1137, il essaye envain de faire changer Roger II de camp. Quelques semaines plus tard, Anacletmeurt (janvier 1138), mettant ainsi fin au schisme.

Bernard et la seconde croisade (1146) et prêche pour la croisade

En 1145, Bernard de Clairvaux donne un pape à l'Église, Eugène III, dontBernard devient le maître à penser. Il suggère à celui-ci la création del'auditorium, ancêtre du tribunal de la Rote. Cette institution permet au pape dese dégager des procès de plus en plus nombreux que la papauté devait régler.

Lorsque le royaume de Jérusalem se trouve menacé après la chute du comtéd'Édesse, Eugène III demande à Bernard de prêcher la deuxième croisade,laquelle sera entreprise en grande partie à l'initiative du roi de France Louis VIIle Jeune.

À cette époque, Bernard de Clairvaux a cinquante six ans. Plus préoccupé par le

développement de l'hérésie cathare, il est réticent à l'idée de s'associer à une

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croisade en Terre sainte. Il ne s'incline que par obéissance au pape. Il prend laparole le 31 mars 1146, le jour de Pâques au milieu d'une foule de seigneurs etchevaliers réunis et d'étendards au pied du versant nord de la colline de Vézelay,l'église étant trop petite pour contenir cette assemblée. Son discours enflamme la

foule. Il évoque Édesse profané et le tombeau du Christ menacé. Il invite leschevaliers qui veulent se croiser à l'humilité, à l'obéissance et au sacrifice. Aprèsson prêche, on lui arrache même des morceaux de son vêtement pour en fairedes reliques. Son prestige entraîne donc le peuple de France.Néanmoins, certains historiens comme Pierre Baudouin remarquent que laprésence de Bernard à Vézelay n'est attestée par aucune source de l'époque etqu'il ne subsiste pas la moindre partie du sermon.

Il prêche aussi à Spire. Finalement, le roi de France Louis VII et l'empereurConrad III prennent la croix. L'échec de la deuxième croisade lui est ensuitereproché de partout, de Rome, de la cour de France, des évêques et des maîtresdes écoles. Bernard est blessé par ces attaques mais soumis au pape, il accepted'être mis à la tête d'une nouvelle croisade qui ne partira d'ailleurs jamais.

Lutte contre les violences anti-juives

En Germanie, sa campagne pour la croisade lui donne l'occasion de combattreles excès du prédicateur populaire Raoul ou Rodolphe, un ancien moinecistercien de Clairvaux qui, forçant les Juifs à choisir entre le baptême et la mort

et provoque contre eux une flambée de violences. Bernard, qui est partisan dubaptême forcé des païens, suit, au sujet des juifs, la doctrine traditionnelle del'Église selon laquelle leur conversion doit être obtenue par la prière : « Serait-elle abolie cette prière universelle que l'Église élève du lever au coucher dusoleil pour les Juifs incrédules - pro perfidis Iudaeis- pour que le Seigneur Dieuôte le voile de leurs cœurs et qu'ils passent de leurs ténèbres à la lumière de lavérité ? ».

S'en prenant à Rodolphe, il affirme que celui-ci "n'a reçu de personne mission deprêcher". "Ni les anges ni les apôtres", dit Bernard, "n'approuvent le meurtre desJuifs. L'Église prie au contraire pour leur conversion et elle est assurée",poursuit-il en paraphrasant l'apôtre Paul, "qu'à la fin des temps tout Israël serasauvé ; la doctrine de Rodolphe ne procède pas de Dieu : elle vient du Démon, lepère du mensonge qui est homicide depuis le commencement". Lors de sesdéplacements en Allemagne, Bernard ne cesse de répéter: "Ne touchez pas auxJuifs, ils sont la chair et les os du Seigneur."

Il n'hésite pas à prêcher devant les synagogues incendiées mais les émeutiers dela vallée du Rhin ne comprennent ni son latin, ni son français. Il parvient

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cependant à faire cesser les persécutions. La reconnaissance de la communauté juive est immense.

La lutte pour la sauvegarde de l'orthodoxie catholique

Dans cette période de développement des écoles urbaines, où les nouveauxproblèmes théologiques sont discutés sous forme de questions (quaestio) etd'argumentation et de recherche de conclusion (disputatio), Bernard est partisand'une ligne traditionaliste.

Lutte contre Abélard

Il combat les positions d'Abélard, approximatives d'un point de vue théologique,et le fait condamner au concile de Sens en 1140. Abélard incarne tout ce que

Bernard déteste : l'intelligence triomphante, l'arrogance dominatrice, lesprouesses dialectiques, une célébrité immense, fondée sur la foi passée au criblede la raison au détriment de la vie intérieure, l'obstination à tenir des positions.Bernard refuse que les secrets de Dieu soient examinés et questionnés par laraison. Il veut que la raison reconnaisse ce qu'il y a d'infiniment profond etd'incompréhensible dans les choses divines. Son attitude tranchante entraîne despamphlets contre lui comme celui que Bérenger de Poitiers écrit après l'affaireAbélard : « Depuis longtemps la renommée aux ailes rapides a répandu dansl'univers entier le parfum de ta sainteté, proclamé tes mérites, pompeusement

propagé tes miracles. Tu as pris Abélard comme cible de ta flèche pour vomircontre lui le venin de ton aigreur, pour le rayer de la terre des vivants, pour lemettre au rang des morts. Tu étais enflammé contre Abélard non du zèle de lacorrection, mais du désir de ta propre vengeance»

Bernard combat la thèse de l'Immaculée Conception

Parmi les positions théologiques soutenues par Bernard, certaines sont contrairesà des dogmes définis plus tard par l'Église. C'est ainsi qu'en 1139, il écrit uneLettre aux Chanoines de Lyon (épître 174), où, malgré sa dévotion à la Vierge, ilcombat la pratique, alors relativement nouvelle, de fêter l'Immaculée Conceptionet argumente contre la thèse qui fonde cette fête.

Indissolubilité du mariage

En 1141-1142, Bernard intervient dans un conflit entre le roi de France LouisVII et le pape Innocent II. Le pape a mis l'interdit sur Louis VII et excommuniéRaoul I de Vermandois, sénéchal du roi, qui, sur le conseil du roi, a répudié sapremière épouse, Éléonore de Blois, pour épouser Pétronille d'Aquitaine. C'est

Thibaud IV de Champagne, oncle de l'épouse répudiée, qui a porté l'affaire

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devant le pape. Louis VII fait marcher son armée sur la Champagne et lasituation de Thibaud est bientôt désespérée. Louis VII propose la paix, àcondition que Thibaud IV obtienne du pape la levée de l'interdit et del'excommunication. Thibaud IV accepte et Bernard se porte garant pour lui.

Cependant, Bernard s'acquitte de ses engagements d'une façon où l'abbéVacandard voit « une combinaison dont la loyauté était absente » : il propose aupape de lever l'excommunication « puisque vous auriez le droit de renouvelerimmédiatement une excommunication qui n'est que trop juste et de la confirmerpour toujours. Ainsi, la ruse déjouerait la ruse, la paix sera rétablie, et celui quise glorifie de sa mauvaise foi n'en tirera aucun avantage. » L'intervention deBernard semble l'avoir mis en disgrâce aux yeux du pape, mais Innocent II entredans la manœuvre qui lui est proposée : il lève l'excommunication, puis sommeRaoul de Vermandois de cesser son adultère avec Pétronille et de reprendre sapremière épouse sous peine d'une nouvelle excommunication.

Lutte contre le catharisme

À la même époque, l'hérésie cathare fait de grand progrès dans le midi de laFrance. Bernard intervient pour réfuter les doctrines cathares. En 1145, ilaccompagne en Languedoc Albéric d'Ostie, légat du pape Eugène III, etGeoffroy de Lèves, évêque de Chartres afin de prêcher contre l'hérésie danscette région. Il passe par Poitiers, Bergerac, Périgueux, Sarlat, Cahors, Albi,Verfeil. C'est dans cette dernière localité où rencontrant les cathares, queBernard, enflammé du zèle de la foi, aurait prononcé ces mots en quittant la ville: « Verfeil (= verte feuille), que Dieu te dessèche ! »

Prélats, légats et lui-même, « lumière de Cîteaux » en personne, furent exaspéréspar ces rencontres conviviales pendant lesquelles les chevaliers, adeptes duchristianisme cathare, n'hésitèrent pas à l'accueillir par un charivari qui le blessadans son orgueil. Le petit peuple des campagnes avoisinantes, moins contaminé,écouta ses prédications d'une oreille plus sage. Mais la consolation qu'il trouvanotamment auprès des habitants d’un village qui porte aujourd'hui le nom de

Bourg-Saint-Bernard, ne fut pas suffisante pour calmer sa haine naissante. Ledéfi fut fatal. Après cette expérience, saint Bernard n'eut qu'une seule idée entête : redonner à la papauté le prestige et le pouvoir en ces lieux où germait uneéglise concurrente qui remportait un insupportable succès auprès du peuple et del'aristocratie locale. Les représentants de l'église cathare devaient payer le prixfort. Avant de se retirer au monastère de Cîteaux pour des problèmes de santé,Bernard de Clairvaux écrivait dans un sermon : « on ne les convainc ni par leraisonnement (ils ne comprennent pas) ni par les autorités (ils ne les reçoivent pas), ni par la persuasion (car ils sont de mauvaise foi). Il semble qu’ils nepuissent être extirpés que par le glaive matériel ». Et la conclusion de Bernard

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fut : « saisissez-les et ne vous arrêtez pas, jusqu’à ce qu’ils périssent tous car ilsont prouvé qu’ils aimaient mieux mourir que se convertir ».

Par ces mots, Bernard de Clairvaux fut à l'origine de la croisade des Albigeois et

des massacres qui suivirent. Cette croisade, mise sur pied par l'Église catholiqueet le pouvoir royal, eut pour but de déraciner une foi bien ancrée dans lespopulations méridionales. Il s'agissait d'éliminer ce mouvement, jugé hérétique,par l'extermination. En partie, grâce aux prédications de saint Bernard, au nomde l’unité entre la royauté et le sacerdoce, le 22 juillet 1209, les croisésrépondent à l’appel du pape Innocent III autorisant à tuer, à voler et prendre lesbiens conquis. Ils donnent l'assaut à Béziers assiégée, exécutant et brûlant tousles habitants. Ce massacre était le début d'une longue série de grandesboucheries (« Lo gran mazel ») : Carcassonne, Minerve, Lavaur...

Suivirent ensuite les années noires de l'inquisition, tribunal ecclésiastique chargéde réprimer les hérésies par recherche et punition des moindres adeptes qui,selon l'église chrétienne, étaient doublement rebelles : à Dieu d'abord, mais aussiaux autorités pontificales ou royales, voulues et instaurées par Dieu sur la Terre.La procédure d'inquisition, à laquelle le pape Grégoire IX accorda des pouvoirsspéciaux, permettait de poursuivre, sur simple soupçon, les hérétiques quiapparaissaient comme une menace pour la foi. Les fidèles étaient sommés dedénoncer les hérétiques qui étaient ensuite traduits devant le tribunalinquisitorial. Prononcées publiquement, les sentences pouvaient aller de laflagellation à la peine de mort par le feu. Par la suite, les abus des inquisiteursprovoquèrent des révoltes populaires. En France, l'Inquisition fut supprimée audébut du XVIIIe siècle. Elle ne sera abolie, à Toulouse, grâce à Voltaire, que le28 juin 1771.

Tentative de faire condamner Gilbert de la Porrée

Au concile de Reims, en 1148, il porte une accusation d'hérésie contre Gilbert dela Porrée, évêque de Poitiers. Il n'obtient qu'un mince avantage, et son adversaireconserve son évêché et toute sa considération. Plein de zèle pour l'orthodoxie,Bernard combat aussi les thèses de Pierre de Bruys, Henri de Lausanne,d'Arnaud de Brescia, et condamne les excès de Raoul, qui demandait lemassacre des juifs. En cette même année il prêche la croisade en Hainaut etséjourne à Mons, la capitale des comtes de Hainaut. Son arbitrage est acceptédans toute l'Europe du XII siècle.

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Relations avec le pouvoir temporel

Bernard, qui interprète le passage des deux glaives dans l'Évangile de Luc,comme subordonnant le pouvoir temporel au pouvoir spirituel, s'oppose

plusieurs fois aux rois de France. Il traite Louis VI de nouvel Hérode quandcelui-ci cherche à déposer l'archevêque de Sens, il accuse Suger de négliger sonabbaye de Saint-Denis, le poussant ainsi à se consacrer davantage àl'administration de son abbaye à partir de 1127. En 1138, une crise éclatelorsque le roi Louis VII accorde son investiture pour l'évêché de Langres à unmoine de Cluny et non au candidat de Bernard de Clairvaux.

Bernard fonde jusqu'à soixante douze monastères, répandus dans toutes lesparties de l'Europe : 35 en France, 14 en Espagne, 10 en Angleterre et enIrlande, 6 en Flandre, 4 en Italie, 4 au Danemark, 2 en Suède et 1 en Hongrie.En 1151, deux ans avant sa mort, il y a 500 abbayes cisterciennes. Clairvauxcompte 700 moines. Bernard meurt en 1153, à soixante-trois ans. Canonisé le 18 janvier 1174 par Alexandre III, Bernard de Clairvaux a été déclaré docteur del'Église par Pie VIII en 1830. On le fête le 20 août.

La spiritualité de Bernard de Clairvaux

Bernard s'adresse à des moines. Sa théologie mystique concerne des hommesqui se vouent à la prière et à l'amour de Dieu. Pour lui, tout savoir humain n'a

d'importance que dans la mesure où il est ordonné à la vérité religieuse.La paix intérieure

En entrant au monastère, le moine laisse tout, sa vie est rythmée par la liturgie.Rien ne doit le perturber dans sa vie intérieure. Le monastère a pour fonction defavoriser cet aspect de la spiritualité cistercienne. C'est pourquoi les rituelscisterciens sont précisément codifiés dans lesEcclesiastica officiaet quel'architecture des couvents doit répondre avant tout à cette fonction suivant lesinstructions précises de Bernard de Clairvaux. Avant d'être une mystique, laspiritualité cistercienne est une spiritualité incarnée : que la vie quotidienne aillede soi est la conditionsine qua nonde la paix intérieure et du silence, propice àla relation avec Dieu. Tout doit y conduire et rien en distraire. Ainsi,l'architecture, l'art ou les manuscrits cisterciens adoptent un style pur etdépouillé. Sous l'impulsion de Bernard de Clairvaux, mû par un idéal d'austérité,un style très épuré est utilisé pour les manuscrits à partir de1140. Il secaractérise par de grandes initiales peintes en camaïeu d'une seule couleur, sansreprésentation humaine ou animale ni utilisation d'or.

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Le cheminement vers Dieu

Bernard de Clairvaux, dans son traité De l'Amour de Dieuest à la source d'unevéritable école spirituelle en faisant passer un pas décisif à la littérature

descriptive des états mystiques. Il développe un ascétisme extrême dedépouillement qui est très visible d'un point de vue artistique. La liturgiedéveloppe des mélodies épurées totalement au service de la parole divine pouren révéler toute la richesse et le mystère qui y est contenu. Il est donc crucialque l'écoute ne soit pas perturbée par d'autres signaux, d'où la recherche dusilence. Il n'y a pas d'écoute vraie sans l'attitude fondamentale d'humilité.

Pour Bernard de Clairvaux, « l'humilité est une vertu par laquelle l'hommedevient méprisable à ses propres yeux en raison de ce qu'il se connaît mieux ».Cette authentique connaissance de soi ne peut être obtenue que par le retour sursoi. Par la connaissance de sa propension au péché le moine se doit d'exercer,comme Dieu, la miséricorde et la charité envers tout homme. En s'acceptant telqu'il est, grâce à cette démarche d'humilité et de travail intérieur, l'hommeconnaissant sa propre misère devient capable de compatir à celle d'autrui.

Selon Bernard de Clairvaux, on doit alors parvenir à aimer Dieu par amour desoi et non plus de Lui. La prise de conscience que l'on soit un don de Dieu ouvreà l'amour de tout ce qui est à Lui. Cet amour est, pour Bernard, le seul cheminqui permette d'aimer comme il le faut son prochain puisqu'il permet de l'aimer

en Dieu. Au final, après ce cheminement intérieur on parvient au dernier stadede l'amour qui est d'aimer Dieu pour Dieu et non plus pour soi.

Le libre arbitre

Pour Bernard de Clairvaux, du fait de son libre arbitre, l'homme à la possibilitéde choisir sans contrainte de pécher ou de suivre le cheminement qui conduit àl'union avec Dieu. Par l'amour de Dieu il lui est possible de ne pas pécher etd'atteindre au sommet de la vie mystique en ne voulant plus autre chose queDieu, c'est-à-dire de s'affranchir de toute possibilité de pécher en étanttotalement libre. Ce qui meut le désir des cisterciens de quitter le monde, c'estl'union dans l'amour de la créature avec le créateur. Union parfaitement vécuepar la Vierge Marie qui est le modèle exemplaire de la vie spirituellecistercienne. C'est pourquoi les moines cisterciens lui vouent une dévotionparticulière.

Réflexions sur la croisade

À la fin de sa vie, dans une de ses œuvres majeures, De la Considération(1152),

il accepte la responsabilité de l'échec de la deuxième croisade. Il écrit : « Je

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préfère voir les murmures des hommes s'élever contre moi que contre Dieu ».Continuant sa réflexion il demande : « L'homme doit-il cesser de faire ce qu'ildoit parce que Dieu fait ce qu'il veut ? » Il compare ensuite, il exclut que Dieu achoisi Moïse pour sortir les Hébreux d'Égypte et de les conduire en Terre

promise mais il ne les a pas fait entrer en Pays de Canaan car les Hébreux sesont montrés rebelles et incrédules. Dans une lettre à son oncle, André deMontbard, maître du Temple, il écrit : « Le monde devra reconnaître qu'il vautmieux mettre sa confiance en Dieu qu'en nos princes ». Il adjure les Templiers àrester des moines avant d'être des soldats.

L'échec de la deuxième croisade

Les armées franques et germaniques réunissent plus de 200 000 croisés, dontune bonne part d'éléments populaires particulièrement indisciplinés et prompts àla violence, principalement dans l'armée de Conrad III, l'empereur germanique.Une grande partie n'est pas composée de soldats mais de civils : des genspauvres, qui se sont croisés pour se faire pardonner leurs péchés et assurer leursalut dans la vie éternelle. Il n'est donc guère surprenant que l'empereurgermanique ait eu peu de contrôle sur une telle armée. Conrad III part deRatisbonne en mai 1147 suivant la rive du Danube en direction d’Édesse. LesFrançs, ayant à leur tête Louis VII, partent de Paris un mois plus tard, soit en juin 1147, par le même chemin que les troupes germaniques. L’indiscipline dansl’armée germanique provoque des incidents dans les Balkans.

États croisés du Proche-Orient en 1140

À Constantinople, l’empereur byzantin Manuel I Comnène souhaite retrouver sasuzeraineté sur Antioche et demande aux deux souverains de lui prêterhommage. Conrad III et Louis VII refusent. Ils perdent donc l’appui et l’aide desByzantins qui refusent de les approvisionner, ce qui a pour conséquence decompliquer la traversée de l’Asie Mineure. L'empereur de Constantinople,soucieux de voir les importants effectifs croisés aux portes de sa cité, les pressede franchir le Bosphore pour rejoindre l'Asie.

Alors que les armées byzantines sont occupées à surveiller les croisés, Roger IIde Sicile en profite pour s'emparer de Corfou, de Céphalonie et pour pillerCorinthe et Thèbes. C'est l'amiral Georges d'Antioche, émir des émirs, c'est-à-dire premier ministre de Roger II, qui, bien que syrien et orthodoxe, commandede la flotte sicilienne opérant les ravages sur les rivages byzantins. La deuxièmecroisade favorise donc les ambitions normandes dans l'Empire byzantin. ManuelI Comnène se résigne à signer un traité avec le sultan de Roum.

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Les relations s'enveniment entre Françs et Germaniques, qui décident decheminer séparément. L’armée de Conrad est battue à Dorylée. Conrad seréconcilie avec Manuel qui lui propose des vaisseaux byzantins qui lesemmènent à Acre. Louis VII et son armée suivent le littoral, mais harcelés dans

la vallée du Méandre, il abandonne les non-combattants à Adalia. Ces derniers,privés de protection militaire sont massacrés par les Turcs. À ce moment del’expédition, les trois quarts des effectifs partis d'Europe ont disparu. Louis VIIembarque avec ses chevaliers vers Antioche. Raymond de Poitiers, princed'Antioche, lui propose une expédition contre Alep, qui menace ses possessions.Mais il ridiculise Louis VII en ayant une aventure avec sa nièce Aliénord'Aquitaine, épouse du roi. Louis VII soucieux de réaliser son pèlerinage, peuenclin à écouter son rival et ignorant les réalités militaires des États latinsd'Orient, refuse. Il rejoint donc Conrad à Jérusalem. Leur pèlerinage terminé,certains repartent en Europe ; les deux souverains se laissent entraîner par lesbarons de Jérusalem dans une expédition contre, non pas Édesse comme prévu,mais Damas. Les croisés abandonnent le siège au bout de quatre jours (24-28 juillet 1148). La deuxième croisade se termine sans aucun résultat. Le prestigede Louis VII est fortement entamé. L’échec de cette deuxième croisade estattribué par l’opinion populaireaux excès de péchés des croisés. L'échec de ladeuxième croisade est même reproché à Bernard de Clairvaux car il avait prêchéune croisade de pénitence sans se soucier de son organisation.

Saladin et la chute du premier royaume de Jérusalem

Les atabegs de Mossoul ont remis à l'honneur le thème du djihad et étendent leurcontrôle de la Syrie. Nur-al-Dîn, le fils de Zengi, s'assure le contrôle définitif d'Edesse. Les chefs des États latins sont obligés de s'allier avec l'empirebyzantin. Les vizirs fatimides se maintiennent en faisant appel soit aux Francs etsoit aux Syriens. Finalement Saladin, parvientà devenir vizir du dernier fatimide et, à la mortde celui-ci devient lieutenant de l'atabeg pourl'Égypte et rétablit le sunnisme (1169),

réalisant ainsi l'union de la Syrie et del'Égypte. Saladin attaque les positionsfranques. Il cherche à isoler les Latins. ilconclut pour cela des alliances avec lesSeldjoukides en 1179, avec l'Empire byzantinet Chypre en 1180. En effet, l'Empire byzantinest menacé en Europe par les Hongrois, lesSerbes et le Normands de Sicile et n'a plus lescapacités de soutenir ses anciens alliés.

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Une trêve avec les Latins estcependant conclue en 1180. Elle estrenouvelée en 1185. Saladin en profitepour s'assurer le contrôle d'Alep et de

Mossoul. En même temps, de gravesdissensions internes minent le royaumede Jérusalem. Le roi Baudouin IV esttrès malade, - il est lépreux -. La classedirigeante se déchire sur sa succession.Le royaume de Jérusalem, menacé, nepeut compter sur aucun secoursextérieur. À la mort de Baudouin, Sibylle, sœur du roi défunt, et son mariGuy de Lusignan sont couronnés.Raymond III, comte de Tripoli, déçud'être écarté, demande l'aide deSaladin. Celui-ci refuse dans unpremier temps car il vient derenouveler la trêve avec le royaume.Mais Renaud de Châtillon, un seigneur

brigand, pille une caravane arabe se rendant à Damas en 1187 et refuse, malgrél'ordre du nouveau roi, de rendre le butin. Saladin proclame la guerre sainte.Lors de la bataille de Hattin, les chevaliers francs sont presque tous capturés etne sont délivrés qu'en échange d'une rançon ou de leurs châteaux. Renaud deChâtillon, deux cents Templiers ou Hospitaliers sont tués et presque tous leschevaliers sont capturés. Les sergents ou piétons sont massacrés ou venduscomme esclaves. Saladin prend l'une après l'autre les places fortes de l'intérieur.Il autorise le départ contre rançon d'une partie des combattants et des habitantsvers Tyr pour embarquer vers l'Europe, le reste de la population est livrée àl'esclavage. À Jérusalem, Balian d'Ibelin obtient de Saladin une capitulationhonorable permettant le rachat d'un tiers de la population le 2 octobre 1187(environ 10 000 habitants sont livrés à la déportation et l'esclavage ). Lesproclamations triomphales envoyées à travers le monde musulman y consacrentla gloire du vainqueur. Les établissements sont alors réduits à Tyr et à Beaufortpour le royaume de Jérusalem et à Tripoli, au Krak des Chevaliers, à Antioche età Margat au nord.

La troisième croisade (1189 - 1192)Quand la nouvelle de la prise de Jérusalem par Saladin parvient en Occident, lepape Grégoire VIII lance des appels à une nouvelle croisade et à la paix. Richard

de Poitou, futur Richard Cœur -de-Lion prend la croix le premier, bientôt suivi

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par Henri II d'Angleterre, Philippe Auguste. Dans le même temps, la flottenavale de Guillaume II de Sicile fait voile vers les avant-postes de Tripoli,Antioche et Tyr et assure le ravitaillement des dernières places fortes en armeset en hommes. Le même mois, l'empereur Frédéric I Barberousse quitte

Ratisbonne avec la plus grande armée croisée jamais rassemblée, au moins 20000 chevaliers. Il suit la route terrestre. L'hostilité entre Byzantins et croisésgermaniques est très importante et Barberousse menace de marcher surConstantinople. Sous la pression l'empereur Isaac Ange signe la paix et s'engageà faire traverser le détroit à l'armée germanique. Alors que la traversée del'Anatolie s'achève, Barberousse se noie le 10 juin 1190 accidentellement dansles eaux du fleuve Saleph, (actuellement Göksu,eau bleueen Asie Mineure) etune grande partie de ses troupes retourne en Europe. Quelques centaines dechevaliers germaniques seulement parviennent à Acre.

Un conflit franco-anglais retarde le départ des rois des deux royaumes jusqu'en1190. Embarquant à Gênes et à Marseille, les troupes de croisés hivernent enSicile où ils se disputent sur de nombreux sujets politiques et personnels. Laprise de Chypre par le roi d'Angleterre assure aux croisés une base proche dulieu des conflits.

Saladin à l'assaut de Jaffa.

En Terre sainte, le roi de Jérusalem Guy deLusignan a commencé à assiéger Acre avecune petite troupe en août 1188. Les deuxsouverains arrivent à Acre avec la plusgrande armée franque jamais réunie. Lestroupes de Saladin la tiennent à leur tour dansun demi-siège préjudiciable à sescommunications et à son ravitaillement. MaisSaladin ne parvient pas à briserl'encerclement d'Acre et les Francs reprennent

la ville aux musulmans le 12 juillet 1192après deux ans de siège. L'échec desmusulmans tient en partie à leur mode decombat, inadapté à celui de l'armée franque,mais surtout à la lassitude des troupesmusulmanes. Les alliés et les vassaux avaient

été contraints d'amener des contingents, mais la campagne avait été trop longueet n'avait même pas la perspective d'un butin compensateur.

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A Acre (Israël) Ŕ Long passage souterrain des Templiers (voir plus loin)

Les reconquêtes chrétiennes de la troisième croisade.

Après la prise d'Acre, Philippe Auguste retourne en France. Richard Cœur deLion, resté seul, bat les musulmans à Arsouf. Arrivé à Jaffa en septembre, il

passe l'année en Palestine du sud, période durant laquelle il fait reconstruireAscalon pour fortifier les frontières méridionales du Royaume de Jérusalem. Ilforce l'admiration de l'ennemi par ses prouesses. Par deux fois (en décembre1191 puis en juin 1192), il parvient à quelques kilomètres de Jérusalem, mais nepeut reprendre la ville. En effet, il ne peut pénétrer trop longtemps à l'intérieurdes terres sous peine de voir ses communications coupées. Il s'occupe aussi derégler les problèmes dynastiques du royaume de Jérusalem. Guy de Lusignan,dont la femme était décédée, conserve le titre royal qui doit revenir à sa mort àIsabelle, l'héritière du trône, et à son épouxConrad de Montferrat.Après avoirsigné un traité par lequel Saladin renonce à éliminer les colonies franques deSyrie, il repart pour l'Angleterre en octobre 1192 et est capturé par Léopold V deBabenberg, duc d'Autriche et emprisonné pendant un an et demi.

La troisième croisade a empêché la chute de la Syrie franque et permisl'établissement d'un second royaume de Jérusalem, en fait royaume d'Acre,réduit à une frange côtière où les communautés marchandes italiennes jouent unrôle considérable. Les souverains anglais et français se détournent désormais dela croisade. Pour les chevaliers, elle devient une sorte de rite de passage et uneinstitution. En 1194, l'Ordre des Trinitaires est fondé par Jean de Matha pour le

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rachat des captifs prisonniers des musulmans. Il est plus tard confirmé par lepape Innocent III dans la bulleOperante divine dispositionis. L'empereur HenriVI, fils de Frédéric Barberousse veut reprendre la croisade à son compte dans lebut d'imposer sa suzeraineté à l'empereur byzantin et aux royaumes

nouvellement institués de Chypre et d'Arménie. Ses troupes prennent Sidon etBeyrouth en 1197 et rétablissent la continuité territoriale entre Acre et Tripoli,mais son armée se disperse immédiatement après sa mort, survenue le 28septembre 1197.

Les croisades du XIII siècle, déviation et impuissance

Les années entre 1187 et 1204 marquent un tournant dans l'histoire de l'Orientlatin :

l'arbitrage des rois de France et d'Angleterre à propos de la rivalité entreGuy de Lusignan et Conrad de Montferrat pour le trône crée unprécédent qui sera réitéré par la suite : avant le roi était un souverain dontl'accession par les barons du royaume, après, il sera souvent désigné par lacour de France. Cette évolution amène l'affaiblissement du pouvoir royaldevant les autres puissances du royaume, jusqu'à sa disparition vers 1240.

la perte de l'hinterland, conquise par Saladin, transforme les États latinsd'Orient en États côtiers. Avant, la puissance était une puissante terrienne,tenue par la noblesse, après, la puissance sera commerciale, tenue par les

marchands et les représentants des républiques italiennes. La conquête de Chypre et la création du Royaume de Chypre fournissentun refuge possible aux latins d'Orient et des domaines sont distribués auxnobles qui ont perdu une partie de leurs domaines palestiniens. Mais cesnobles, possédant à la fois des domaines chypriotes et palestiniens, vont leplus souvent se consacrer à ceux de Chypre, qui leur rapportent desrevenus et délaisser ceux de Palestine qui les obligent à des efforts dedéfense, ce qui va diminuer les forces défensives du royaume deJérusalem, et finalement un refus de la noblesse chypriote à combattre

hors du royaume. Enfin, l'ouverture de nouvelles cibles pour les croisades (Constantinople -1204, Albigeois - 1209, ...) a pour effet immédiat la diminution dunombre de croisés qui viennent en Orient : l'empire latin deConstantinople offre plus de domaines à acquérir que la Terre sainte, et levoyage en Albigeois représente un moindre coût pour un bénéficespirituel identique.

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La quatrième croisade (1202 - 1204)

La quatrième croisade est appelée par le pape Innocent III en 1202. Dès le débutde son pontificat, il souhaite lancer une nouvelle croisade vers les lieux saints

d'inspiration purement pontificale. Il forge l'idée de "croisades politiques" quisera reprise par ses successeurs. Il lève le premier des taxes pour financer lescroisades et exprime le premier le droit à "l'exposition de proie", c'est-à-dire ledroit pour le pape d'autoriser les catholiques à s'emparer des terres de ceux quine réprimeraient pas l'hérésie.

La prise de Constantinople par les croisés

La croisade est prêchée en France par le légat Pierre de Capoue et le curé deNeuilly-sur Marne, Foulques de Neuilly, avec beaucoup de succès auprès de lanoblesse champenoise. Elle est dirigée par le marquis Boniface de Montferrat.Mais la IV croisade ne prend pas le tour prévu par le pape. Les croisés traitentavec Venise. Ils louent une flotte pour 85 000 marcs d'argent pour transporter 4500 chevaliers, 9 000 écuyers et 20 000 fantassins. Les croisés, qui ne peuventpas payer leurs voyages aux armateurs vénitiens, sont détournés par eux à Zarasur la côte dalmate qu'ils prennent pour Venise. Le pape excommunie les croiséset Venise mais lève très vite l'excommunication pour les croisés. Philippe deSouabe, beau-frère d'Alexis Ange, fils de l'empereur byzantin déchu Isaac II,promet l'aide de l'Empire byzantin pour la croisade si Isaac est rétabli dans sontrône. Innocent III espère tirer parti des divisions byzantines pour rétablir l'unitéde l'Église. Il ne s'oppose pas à une nouvelle déviation de la croisade versConstantinople à l'instigation des Vénitiens, sous prétexte de rétablir Isaac IIdans ses droits, ni à la prise de la ville par les croisés et les Vénitiens le 13 avril1204. Enrico Dandolo fait désigner Baudouin de Flandre comme empereurd'Orient. Innocent III accepte le fait accompli se satisfaisant des promessesd'union des Églises et de soutien aux États latins d'Orient. Mais, informé desexcès des croisés, il parle le premier de détournement de la croisade et accuseles Vénitiens. Le concept de déviation est donc contemporain de la quatrième

croisade.Les responsabilités

Si Innocent III est à l'origine du dévoiement de l'idée de croisades, laresponsabilité de Venise est écrasante dans la prise de Constantinople. Larépublique utilise au mieux les circonstances pour servir ses intérêts. Depuis1082, elle a obtenu dans l'Empire byzantin des privilèges commerciauximmenses qui ont presque sans arrêt été renouvelé. Mais elle se sent menacéepar la concurrence commerciale de Gênes et de Pise qui ont obtenu des

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d'abord à la forteresse du Mont-Thabor. Puis le 31 mai 1218, l'armée des croisésmouille sa flotte devant Damiette, port situé sur la grande branche oriental duNil et gardant la route du Caire. Alors que la ville est assiégée, saint Françoisd'Assise et un de ses disciples se présentent à l'armée musulmane. Ils sont

arrêtés comme espions. Ils n'ont la vie sauve que grâce au sultan d'Égypte. Aprèsun long siège, les croisés s'emparent de Damiette le 5 novembre 1219. Après lesaccage de la ville, le légat du pape Pélage Galvani les persuade d'attaquer LeCaire. Harcelés sans cesse par les troupes du sultan ayyoubide Al-Kamel, lescroisés doivent capituler sans conditions.

La sixième croisade (1228 - 1229)

Lors de son couronnement à Aix-la-Chapelle en 1220, Frédéric II promet aupape de partir en croisade. Mais dans l'Empire, il doit faire face à la résistancedes communes lombardes en 1225-1226 et tarde à accomplir son vœux. Entretemps, les croisés déjà arrivés en Orient, après avoir restauré quelques placesfortes, commencent à repartir pour l'Occident. Or, la papauté cherche à desserrerl'étau que fait peser l'empereur du Saint-Empire sur ses États pontificaux enéloignant l'ambitieux souverain. Frédéric est donc excommunié par Grégoire IXen 1227 pour ne pas avoir honoré sa promesse de lancer la sixième croisade. Ilembarque à Brindisi pour la Syrie l'année suivante alors que sonexcommunication n'est pas levée. Sa brève croisade se termine en négociationset par un simulacre de bataille avec le sultan Malik al-Kamel « le Parfait », avecqui des liens d'amitié s'étaient tissés, et par un accord, le traité de Jaffa. Ilrécupère sans combattre les villes de Jérusalem (où le Temple restait auxmusulmans), de Bethléem et de Nazareth. Il est ensuite couronné roi deJérusalem le 18 mars 1229. Alors que Frédéric II est parti en Orient pourrespecter sa promesse de se croiser, le pape lance contre lui une armée financéepar une taxe sur les revenus du clergé et les reliquats des sommes prélevées pourla croisade des Albigeois. L'Orient latin est remis en selle pour une dizained'années.

En 1237, une nouvelle croisade est lancée par le pape Grégoire IX. Cette «croisade des barons » est dirigée par le comte de Champagne, le duc deBourgogne et Richard de Cornouailles. Elle poursuit la tradition desnégociations avec les princes musulmans, en exploitant leurs rivalités. Le comteRichard obtient la restitution d'une grande partie du royaume de Jérusalem(1239-1241), complétant ainsi l'œuvre de Frédéric II.

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Les croisades de Louis IX (septième croisade, croisade desPastoureaux et huitième croisade).

La septième croisadeest la première des deux croisades entreprises sous

la direction du roi Louis IX de France (appelé plus tard « Saint Louis »).Décidée par le roi en 1244, elle quitte le royaume de France en 1248 etaborde l’Égypte en 1249. Vaincue par les maladies, l’armée ne retrouve saliberté qu’en 1250, et le roi de France passe les quatre années suivantes àmettre le royaume de Jérusalem en état de se défendre contre lesMamelouks. La croisade prend fin en 1254 avec le retour du roi enFrance.

La croisade des Pastoureauxest le nom porté par deux insurrectionspopulaires portent qui font partie des croisades populaires initiées sansl'appui des puissants et même souvent contre eux. Ces croisades datent de1251 et de 1320.

La huitième croisadeest une campagne militaire lancée par le roi LouisIX, futur « saint Louis », en 1270 à la suite des menaces que le sultanmamelouk Baybars fait peser sur les États latins d’Orient.

La situation reste confuse en Orient. Les Francs s'allient aux Syriens contrel'Egypte. Les Templiers attaquent l'Égypte en 1243, sont vaincus, et en 1244 lesKorasmiens (bandes turcomanes au service des Égyptiens) reprennentJérusalem. Le pape Innocent IV lance un nouvel appel à la croisade. Le roi deFrance, Louis IX, et celui de Norvège décident de prendre la croix mais seulLouis IX part accompagné de barons anglais et du prince de Morée. Il partd'Aigues-Mortes en France et débarque à Chypre en 1248. L'armée croisées'empare de Damiette en 1249 et entreprend la conquête de l'Égypte. Cettecampagne est un lourd échec durant lequel Louis IX est capturé avec seshommes en 1250. Les succès de l'armée égyptienne, principalement composéedes Mamelouks a pour conséquence l'arrivée au pouvoir de ces derniers qui

massacrent les derniers ayyoubides.La captivité de Louis IX provoque la croisade des pastoureaux à l'initiative d'uncertain Job, ou Jacob ou Jacques, moine hongrois de l'Ordre de Cîteaux quiprétend avoir reçu de la Vierge Marie une lettre affirmant que les puissants, lesriches et les orgueilleux ne pourront jamais reprendre Jérusalem, mais que seulsy parviendront les pauvres, les humbles, les bergers, dont il doit être le guide.Des milliers de bergers et de paysans prennent la croix, et marchent vers Paris,armés de haches, de couteaux et de bâtons. Sur la route, les pastoureauxaccusent abbés et prélats de cupidité et d'orgueil, et s'en prennent même à la

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chevalerie, accusée de mépriser les pauvres et de tirer profit de la croisade. Les juifs sont molestés. Des villes sont pillées. Il s'ensuit une féroce répression etseuls quelques rescapés parviennent jusqu'à Marseille et s'embarquent pourAcre, où ils rejoignent les croisés.

Pour être libérés, les prisonniers du sultan d'Égypte doivent verser une lourderançon et abandonner Damiette. Louis IX séjourne ensuite plusieurs années enTerre sainte pour mettre en état de défense les territoires conservés par lesFrancs. Dans le même temps, il noue des relations diplomatiques avec lesuccesseur de Gengis khan, Qubilaï, croyant à l'intérêt d'une alliance pouvantprendre l'Islam à revers. Il négocie des trêves avec les princes musulmans avantde repartir pour la France en 1254. Cette conciliation est de courte durée. lesÉtats latins d'Orient sont de nouveau menacés par les Égyptiens. Urbain IVappelle à une huitième croisade. Les croisés partent de 1265 à 1272. Ilsconsacrent leurs efforts à aider les Francs d'Acre à défendre leurs dernièresplaces. Pour Louis IX, cette huitième croisade est un pèlerinage expiatoire. Il sedirige vers Tunis car il espère convertir au christianisme l'émir hafside al-Mustansir et, peut-être, faire de la Tunisie une base d'attaque vers l'Égyptemamelouke qui contrôle alors la Terre sainte. Il apparaît très vite que l'émir n'aaucune intention de se convertir. La dysenterie (ou le typhus) fait des ravagesdans les troupes. Louis IX, touché à son tour, meurt, le 25 août 1270 à Carthage.En Orient, Édouard d'Angleterre parvient à amener le sultan à accorder unenouvelle trêve aux Latins.

Le deuxième concile de Lyon, présidé par Grégoire X en 1274 décide d'unenouvelle croisade. Mais les hésitations des princes et les lenteurs de lapréparation font qu'elle n'a jamais eu lieu. Après la chute de Tripoli en 1289,Nicolas IV proclame une autre croisade. Mais elle échoue à sauver Acre en1291. À partir de cette date, il n'y a plus d'États latins en Orient. Les Latins sontainsi privés d'une base commerciale importante.

Les structures de la croisadeet l’ organisation et idéologie de la

croisadeL'initiative de la croisade revient le plus souvent au pape, plus rarement à unsouverain. Ainsi en 1267, Louis IX se croise de lui-même après en avoir informéle pape. Le pape prêche lui-même la croisade ou en confie la prédication à desclercs autorisés. Au XII siècle, il faut souvent freiner l'ardeur des prédicateurspopulaires à l'origine de nombreux excès. De la II à la IV croisade, laprédication de la croisade est confiée à l'ordre cistercien.

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Le pèlerin reçoit des privilèges spirituels et matériels constituant le statut ducroisé. Lors de la première croisade, Urbain II promet à celui qui meurt enchemin ou au combat la rémission des péchés, à ceux qui accomplissent le vœude croisade l'indulgence plénière. À partir d'Innocent III, les canonistes

élaborent une doctrine cohérente de la croisade. Ils justifient ainsi la guerresainte, pourtant contraire au message évangélique, en arguant que les infidèlesont occupé la Terre consacrée par la mort du Christ et maltraité des chrétiens. Laguerre de conquête et les conversions forcées sont justifiées par l'impossibilitéqu'ont les missionnaires chrétiens de propager la parole de Dieu en terremusulmane. Il faut donc la conquérir pour pouvoir annoncer l'Évangile. Lescanonistes fixent aussi une hiérarchie des indulgences suivant le temps passé enTerre sainte : deux ans pour une indulgence plénière. Avec le quatrième conciledu Latran, l'indulgence plénière est étendue à ceux qui contribuent à laconstruction de bateaux pour la croisade alors que jusque là seuls lescombattants en bénéficiaient. C'est un appel direct aux armateurs de villesitaliennes. Les décisions ont comme but d'associer toute la chrétienté à l'idéaldes croisades et non pas seulement les combattants. Il suffit pour cela d'aiderfinancièrement à l'organisation de la cinquième croisade. En proposant à tous lesfidèles de participer à la croisade par la prière, le don ou le combat, le papeinaugure la spiritualisation de la croisade. La bullequantum praedecessores stipule que le croisé, sa famille et ses biens sont placés sous la protection del'Église. Il est pendant son voyage exempté de taxes, d'aide, de péages. Lepaiement de ses dettes est suspendu jusqu'à son retour. Le pouvoir civil protestecontre cet empiétement de l'Église qui le prive de soldats et de revenus.D'ailleurs dès la première croisade, Urbain II précise que le vassal doit obtenirl'aval de son seigneur afin de diminuer les conflits. Après l'échec de la IIcroisade, le statut de croisé est le plus souvent attribué à des hommes en armes.Au XIII siècle, la croix est donnée à des femmes, des enfants, des vieillards quidoivent alors racheter leur vœu.

Financement des croisades

Le financement varie lui aussi avec le temps. Lors de la première croisade, lescroisés doivent financer eux-mêmes leur voyage. Beaucoup gagent des terresauprès des ordres monastiques dont les propriétés foncières augmentent. Làencore, il s'agit d'une entorse au droit féodal car en théorie le fief ne peut revenirqu'au seigneur. Au cours du XII siècle le seigneur en vient à exiger l'aide de sesvassaux. Les rois de France lèvent des contributions en 1166, 1183 et 1185, unou deux deniers par livre de biens pour la défense des terres franques en Orient.La dîme saladine de 1188 est le véritable premier impôt levé sur les biensmeubles et les revenus en France et en Angleterre.

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De son côté l'Église passe de la collecte des dons à la taxation. C'est Innocent IIIqui impose pour la première fois le clergé. En 1199, il décide de prélever unquarantième des revenus de l'ensemble du clergé et un dixième pour lescardinaux, d'où le nom de décimes. Le quatrième concile du Latran, qu'il

préside, décide par ailleurs de frapper les revenus ecclésiastiques d'un impôtd'un vingtième et les biens du pape et des cardinaux d'un impôt d'un dixième. Ladécime devient courante au XIII siècle. Elle entraîne la création d'uneadministration financière spécialisée. Ce sont les légats qui en contrôlent lalevée, ainsi que les autres ressources : legs, rachat de vœux, dons assortis d'uneindulgence proportionnelle. Si dans l'ensemble, les sommes sont consacrées à lacroisade, toutefois il y a parfois des détournements. Le reliquat de la décimeversée par le clergé français pour la croisade des Albigeois est même utilisé pourmener la guerre contre Frédéric II. Ce « détournement » affaiblit la cause de lacroisade.

L'acheminement des troupes et du ravitaillement

Lors des deux premières croisades, les croisés empruntent la route terrestre ettraversent l'Empire byzantin. L'empereur s'engage à assurer des marchésapprovisionnés le long du parcours. En terre byzantine, les croisés connaissentdes problèmes de change, les changeurs byzantins leur proposant des tauxdéfavorables. Lors de la traversée de l'Anatolie, il faut prévoir vingt jours devivres. Mais les attaques des Turcs et le manque d'eau provoquent des pertesconsidérables parmi les bêtes et les hommes. De ce fait lors de la troisièmecroisade, deux des trois souverains choisissent la voie maritime.La route maritime est ancienne. Dès la fin du XI siècle, les pèlerins scandinaveset anglais gagnaient la Terre sainte en contournant la péninsule ibérique.D'ailleurs le seul succès de la deuxième croisade a été la prise de Lisbonne pardes croisés anglais et flamands. Au XII siècle, Gênes, Pise puis Venisecommencent à ravitailler les États latins et ceci dès la fin de la premièrecroisade. Les cités maritimes italiennes aident à la prise de ports. Ellestransportent régulièrement des pèlerins. Lors de la III croisade, Gênes s'engage à

assurer le passage de six cent cinquante chevaliers, mille trois cent écuyers,autant de chevaux et le ravitaillement pour le compte de Philippe Auguste. AuXIII siècle, les accords entre les ports italiens et les croisés portent plutôt sur lalocation de bateaux.

Les croisades permettent le développement de l'activité commerciale des citésitaliennes. En échange de l'aide de Gênes, les barons francs attribuent auxGénois une part de butin, un quartier ou fondouk, l'exemption des taxes dans lesvilles conquises. Outre au transport et au ravitaillement des États latins, lescomptoirs servent de support aux importations en Occident des produits de luxe

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de l'Orient comme les épices, aux exportations en Orient de draps de laine,d'armes, de bois et de fer. L'Orient devient ainsi le champ des rivalités entreGênes et Venise. Après la quatrième croisade et la prise de Constantinople parles croisés, Gênes est exclue des terres byzantines. La cité offre donc son appui à

Michel VIII Paléologue qui, redevenu maître de Constantinople, donne à sesalliés le monopole du commerce en Mer Noire.

Afin d'éviter d'avoir à changer leur monnaie à un taux désavantageux, les croisésutilisent un système d'escompte. Les Templiers versent en Syrie l'argent dontLouis VII a besoin et se font rembourser à Paris. Les croisades permettent ainside développer les activités bancaires.

L'esprit de la croisade

Dès l'origine de la croisade, l'expédition est une entreprise féodale réservée à lachevalerie. L'accomplissement du vœu de croix devient une étape indispensableà la formation du parfait chevalier. Dans l'imaginaire chevaleresque, le christdevient le parfait seigneur pour lequel on peut se sacrifier. Le chevalier croiséest donc unmiles christi, « chevalier du Christ ». Les chroniqueurs comparentles croisés au peuple élu qui écrit une nouvelle histoire sainte. Les prédicateursn'hésitent pas non plus à parler des richesses qui attendent les croisés en Terresainte. Ils parlent d'une terre riche et fertile qui comblera leurs espérances.

Le fait que des milliers d'hommes et de femmes se soient mis en mouvement etaient accepté de braver le danger et la souffrance pour l'amour de Dieu est lapreuve que les masses humaines de la fin du XI siècle étaient très réceptives à lapromesse de l'indulgence plénière mais surtout à l'espoir que la récupération duSaint-Sépulcre serait le début d'une ère nouvelle. Mais surtout, les paysans, lesfemmes, les enfants, les clercs qui ont tout abandonné pour suivre lesprédicateurs populaires espèrent que la délivrance de Jérusalem inaugurera uneère nouvelle dans l'histoire de l'Église et du monde. L'attente eschatologique etmillénariste est très forte dans le peuple. Empêcher la venue de l'Antéchrist, hâter la parousie font partie de ses préoccupations2. Ceux qui ont répondu àl'appel de la croisade, sont aussi convaincus que Dieu leur a assigné une tâche :libérer les lieux saints et purifier le monde du mal afin de préparer son retour.Les armes de la victoire sont pour ces masses, la pénitence symbolisée par lacroix cousue sur le vêtement, les jeûnes, les prières, les processions, d'où lesnombreuses mortifications que s'infligent les pèlerins. Les croisades révèlent

2 Nous sommes désormais en 2012, et le retour du Christ, la parousie est encore loin d’être en vue, et n’arrivera jamais.

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pour la première fois en Occident l'existence d'une spiritualité populaire tournéevers l'action, moyen de gagner le salut.

Dans les milieux populaires, la croisade fait appel au merveilleux. Les foules

voient des signes et des prodiges manifestant la volonté divine au moment desprédications, ce qui les entrainent à partir. Des rumeurs circulent sur les croixmarquées dans la chair des croisés morts ou vivants. Ces « prodiges » sontaccompagnés de prophéties et entretiennent l'idée que la fin du monde approche.L'attente de la parousie se colore de légendes politiques. Le roi des derniers jours prendra sa couronne sur le Golgotha et sera un Franc. De même, lasoumission du « roi des Grecs » est dans toutes les traditions, le prélude auretour d'un âge d'or. La foule cherche aussi à imposer l'idéal de pauvreté et depénitence aux grands notamment lors de la première croisade. Les attentesmillénaristes ont pour corollaire le fanatisme et la violence contre les juifs et lesmusulmans. Les millénaristes « tendent à faire table rase du groupe des autres ».Les croisades répondent ainsi à l'attente des fidèles aspirant à un salut quisemble difficile à atteindre dans la vie quotidienne.

Bilan

Les croisades contribuent à éloigner les chrétiens des musulmans mais surtoutles catholiques des orthodoxes. Après les croisades, les catholiques ne peuventplus, durant cinq siècles, faire le pèlerinage de Jérusalem. Principalement, lescroisades ont fait l'objet d'un transfert de connaissances de l'Orient versl'Occident. Elles ont aussi permis à l' occident de créer des comptoirs decommerce en orient, qui ont pris en mains une partie du commerce entre l'europeet l'orient jusque là monopole oriental. Venise a atteint son but. L'europe aconservé des croisades un profit économique dont les musulmans n' ont pas vul'importance.

Adaptations militaires

Un certain nombre d’adaptations visent à limiter l’échauffement au soleil : plusieurs auteurs signalent de nombreuses morts dues à l’insolation. Le heaumeest souvent remplacé par le chapeau de fer, le long haubert par une cotte demaille plus courte, le haubergeon, ou par le gambison (vêtement rembourréporté sous la cotte de maille, pour amortir les chocs). De même, des houssescouvrent les armures et les chevaux, pour limiter l’échauffement au soleil. Leschevaux turcomans sont aussi achetés (ou volés) en grand nombre, pourremplacer les chevaux tués au combat ou morts. L’armement local, d’excellentequalité (les armuriers de Damas avaient excellente réputation), sert aussi pourremplacer les armes que les combattants européens ont perdues ou cassées. De

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façon plus large, l’emploi de la masse turque, qui permet de défoncer les piècesd’armure, se généralise en Europe après les croisades. Elle entraîne l’abandondu heaume à sommet plat, remplacé par les casques bombés, déviant les coups.

Les principales adaptations militaires sont situées toutefois dans la tactique.L’efficacité meurtrière des archers montés, qui souvent visent les chevaux desFrancs, pousse à une remise en cause du combat fondé sur la recherche du chocfrontal. Le recours plus fréquent à l’infanter ie, protégeant les chevaux derrièrede longs boucliers, et aux archers et surtout aux arbalétriers, plus puissants etprécis que les archers, permet de rivaliser avec les cavaliers musulmans. Desunités d’arbalétriers montés sont aussi créées, ainsi que des unités de cavalerielégère indigène, les turcopoles, très utiles aussi pour le renseignement.

Mais la tactique favorite, la charge massive créant la rupture de l’arméeennemie, n’est pas abandonnée, et l’armement lourd non plus. D’une part, leshabitudeset les dépenses lourdes dans cet armement font qu’il était difficile deles abandonner. D’autre part, l’armement lourd assure une supériorité certaine àdes combattants chrétiens le plus souvent en infériorité numérique. Enfin, enchoisissant le moment ducombat pour que les combattants n’attendent pas enarmes sous le soleil, et pour que le combat soit bref, les Européens ont parfoisd’excellents résultats.

Pour soutenir la cause de la défense de la Terre sainte, les premiers ordres de

moines-soldats sont fondés, mêlant à l'instinct guerrier l'idéal monastique. Lespremiers ordres, français et espagnols, sont constitués en communautés,ascétisme et prière purifiant l'épée destinée à défendre le pèlerin et à pourfendrele « païen », l'identifiant au glaive de l'archange saint Michel transperçant ledragon. Au XIV siècle, alors qu'il n'y a plus de croisades en Terre sainte denombreux nouveaux ordres apparaissent, toujours dotés d'un idéal de sacrifice etde pureté, toujours voués à la prière et à la mortification. Mais les mortificationssont dédiées à une dame plus souvent qu'à Dieu, fêtes et tournois prennent le passur la prière. Le crépuscule du Moyen Âge transforme les ordres de chevalerie

en cercles aristocratiques où s'élabore un art de vivre, un langage allégorique,une imagerie littéraire ou graphique qui transpose dans l'illusion la gestechevaleresque.

Confrontation de l'Orient et l'Occident et l'Empire byzantin et lacroisade

Bien que dirigées contre les musulmans, les croisades ont été contraires auxintérêts de l'Empire byzantin. Les troupes qui traversent l'Empire byzantincommettent d'inévitables excès de par leur taille. Il arrive ainsi que les

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Normands profitent des croisades pour attaquer l'Empire. Les mesures prises parles empereurs pour protéger l'Empire des croisés (surveillance des troupeslatines, alliance avec les Turcs...) entraînent une grande méfiance vis-à-vis deByzance et un sentiment de trahison. Alexis Comnène est traité de perfide et de

traitre. La propagande normande amplifie le thème de la perfidie grecque quidevient un lieu commun et une explication aux échecs des croisés. Elle légitimela prise de Constantinople en 1204. Pour les Byzantins, cet événement faitdéfinitivement des croisades un acte de piraterie dont le but religieux n'estqu'une façade.

La notion de croisade ou de guerre sainte est incompréhensible pour lesByzantins. Les guerres sont pour eux uniquement des actes politiques. L'Égliseorthodoxe est hostile à l'emploi des armes par les laïcs et encore plus par lesclercs. Les Byzantins sont donc indignés de voir, parfois, des prêtres latinsparticiper personnellement aux combats. Malgré ces différences au XII siècle,pour la plupart des Latins, les Byzantins sont des frères chrétiens. La consciencedu schisme ne dépasse guère les milieux ecclésiastiques. Ce sont finalement lesévénements de 1204 qui creusent réellement et définitivement la séparation entrecatholiques et orthodoxes. La haine du Latin devient plus forte que celle duTurc.

L'Islam et la croisade

À la fin du XI siècle, le djihad3

a perdu sa force d'attraction parmi lesmusulmans. L'Occident latin est entré dans une phase de reconquête aux dépens

3 Marie-Thérèse Urvoy, traite des notions de guerre et de paix selon la shari'a dans un article.Selon elle, suivant les anciens ouvrages traitant de la shari'a, un territoire régi par les lois del'islam peut repousser l'échéance d'une guerre avec un territoire voisin non islamisé pour unepériode de dix ans. Elle explique que cette notion est sharaïquement fondée sur base de laconvention de Houdaibiya, et note que la durée est dite plusieurs fois renouvelable. Écrivant ;« Il s'agit de la notion desulh de la racinearabe : ح ل ص , donnant l'idée de paix et deréconciliation. Cette période sera appeléemuwâda'a(relations sans heurts) » . » Selon ses

investigations : « Les fondateurs des écoles juridiques ont eu des opinions différentesconcernant les relations entre les deuxdomaines. C'est al-Shâfi'î (204-820) qui, le premier, aexposé la doctrine selon laquelle le jihâd doit être une guerre permanente contre les non-croyants et non pas seulement lorsque ceux-ci entrent en conflit avec l'islam. Ceci en sefondant sur un verset : "Tuez les polythéistes partout où vous les trouverez" (9,5). Lorsque lasituation du monde musulman s'est modifiée à partir du IVe/Xe siècle, des oulémas ontaffirmé que la shari'a n'obligeait pas à s'acquitter du devoir du jihâd, sauf si le domaine del'islam était menacé par des forces étrangères. LeHanbaliteintransigeant Ibn Taymiyya lui-même a proclamé que les musulmans ne doivent pas imposer l'islam par la force aux non-musulmans, si ceux-ci n'empiètent pas sur ledâr al-islâm. Il faut noter enfin que pour nombrede tendances chiites, le jihâd offensif est interdit jusqu'à l'avènement duMahdi.(...) Ainsi lesulh n'a pas été appliqué envers ledomaine de la guerreà des fins territoriales mais dans

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de l'Islam. De même que les musulmans reconnaissent les communautés juive etchrétienne, les États chrétiens d'Orient et la Sicile accordent aux musulmans desinstitutions propres et une certaine liberté de culte. Aux excès des premierscroisés - un trait classique de tout assaut quels que soient les assaillants - a donc

succédé une cohabitation acceptable et tout à fait comparable à la pratiquemusulmane.

Les musulmans de l'époque ne perçoivent pas le motif religieux de la croisade etcelle-ci tient peu de place dans les ouvrages des chroniqueurs arabes mis à partceux originaires des pays voisins des Francs comme Ibn-al-Athir. L'opinionpublique des pays menacés ou lésés uniquement, en premier lieu la Syrie duNord, est réellement hostile aux croisés. De fait, les croisades n'ont pasprovoqué de « contre-croisades ». Ainsi le regain d'intérêt pour la guerre sainte,le djihad, ne sert surtout qu'à rassembler la Djazira, la Syrie, l'Égypte, les Arabeset les Kurdes ainsi que d'éliminer les Chiites. En revanche, l'établissement d'unÉtat militaire en Égypte dans la seconde partie du XIII siècle peut être considérécomme une conséquence directe des croisades. Cet État est très intolérant enversles dhimmis(juifs et chrétiens) car il craint une alliance à revers entre eux et lapuissance mongole en pleine expansion.

Les croisades n'ont pas favorisé la connaissance réciproque des deuxcivilisations. Des contacts plus enrichissants se sont noués en Espagne, en Sicileet à Constantinople après 1204. Comme toute propagande, celle des croisadesest plutôt négative. Les musulmans sont accusés à cette occasion d'idolâtrie,d'immoralité et même de louer et justifier la violence, alors que les chrétienseux-mêmes faisaient l'apologie de la guerre pour rassembler et recruter deschevaliers sous la bannière du Christ. Les croisades ont été l'occasion pour leschrétiens occidentaux d'être confrontés à une masse de non-chrétiens. Lesdisputations religieuses sont rares. Les conversions religieuses vers lechristianisme se sont rarement faites sous la contrainte. Le missionnaire Ricoldoloue l'hospitalité des musulmans.

l'intérêt de la communauté La conciliation ou trêve, tout comme les traités et accord, vise àtenir des périodes de paix avec chacune de ces catégories afin de faciliter les relationscommerciales et culturelles. » Enfin, Urvoy termine en soulignant que « Nonobstantl'éclatement du monde musulman et le caractère devenu défensif du jihâd, les traités se sontmaintenus dans leur formulation initiale. Comme le jihâd demeure une obligation aussilongtemps que demeurera l'islam, ou l'unification du monde entier sous l'islam, la paix avecles infidèles ne saurait être, aujourd'hui encore, et tout au moins théoriquement, que des trêvestemporaires. Renoncer ou non à cette obligation relève somme toute, de la volonté desmusulmans. »

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La neuvième et dernière croisade

Au cours de l’année 1268, le sultan mamelouk Baybars attaque le royaume deJérusalem et reprend Jaffa (7 mars), Beaufort (15 avril) et Antioche 14 mai.

Apprenant ces nouvelles, un certain nombre de nobles, dont Édouard, princehéritier d'Angleterre, décident de se croiser. Mais l’annonce du roi Louis IX deFrance de se croiser et d’organiser une nouvelle expédition a pour effet deretarder le départ des croisés, pensant se joindre à la croisade du roi de France.

Cette croisade quitte Aigues-Mortes le 1er juillet 1270, mais se dirige vers Tunisau lieu de la Terre Sainte et est rapidement décimée par la maladie2. La mort duroi, le 25 août 1270 met fin à la huitième croisade, et l’armée croisée rentre enFrance.

Apprenant la mort de Louis IX de France et la fin de sa croisade, Baybarsreprend ses conquêtes, attaque le comté de Tripoli et emporte le château deChastel-Blanc (février 1271 et le krak des Chevaliers (8 avril 1271), puis assiègeTripoli (mai 1271)3.

C’est alors que lui parvient l’annonce d’une armée croisée, ce qui l’incite à lever le siège de Tripoli et à conclure une trêve de dix ans avec le comte BohémondVI de Tripoli. Toutefois, il profite de sa présence au nord de Saint-Jean-d’Acrepour prendre le château de Montfort (12 juin 1271).

Acre (Israël) le site des Templiers

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En effet, le prince Édouard d’Angleterre, arrivé trop tard pour participer à lacroisade de Saint-Louis à Tunis, avait décidé de se rendre en Terre Sainte avecun millier d’hommes et rejoint ensuite en septembre par son frère Edmond quiapporte également des troupes. La première réaction d’Édouard à son arrivée

dans le royaume est de se scandaliser et de chercher à lutter contre le commerced’armes avec les Mamelouks effectués par de nombreux marchands chrétiens,notamment les Vénitiens et, dans une moindre mesure, les Génois. Malgré lesprotestations des croisés et les excommunications du Saint-Siège, le baylevénitien d’Acre montre les diplômes et immunités accordés par la cour de Saint-Jean-d’Acre, et Edouard ne put lutter contre ce commerce, suicidaire pour lesétablissement latins en Orient.

Comprenant l’intérêt de l’alliance mongole, Édouard dépêche une ambassade àAbagha, khan houlagide de Perse, effectue une incursion à Al-Bana, détruit lebourg et revient avec un nombreux butin. Il se concerte également avec le roiHugues III de Chypre et le comte Bohémond VI de Tripoli. À la fin d’octobre1271, le khan Abagha envoie une armés en Syrie, mais qui ne comporte que dixmille cavaliers car il est lui-même en guerre contre ses cousins. L’arméemongole pille les régions d’Alep et d’Apamée, mais se retire chargée de butinsans affronter l’armée que Baybars a réuni à Damas. Les Francs et les croisés enprofitent pour tenter une incursion, mais en raison d’un effectif réduit et dumanque de l’appui mongol, n’obtiennent que peu de résultat. Des Nizarites,peut-être commandités par les Mamelouks, prétendent se faire baptiser, maismanquent de peu d’assassiner le prince le 16 juin 1272. Face au manque demoyens, Édouard rembarque à Acre en direction de l’Europe le 22 septembre1272 pour prendre la succession de son père Henri III qui meurt le 16 novembre1272.

En quittant la Terre Sainte, Édouard ne laisse pas le royaume démuni, car lui, leroi Hugues III ont conclu à Césarée le 22 mai 1272 avec Baybars une trêve dedix ans, grâce également avec l’entremise deCharles Ier d’Anjou, roi de Sicile.

Lors de son périple, Édouard avait été accompagné par Théobald Visconti, quidevint pape sous le nom de Grégoire X, en 1271. Le nouveau souverain pontifedemanda une nouvelle croisade, sans l'obtenir, au IIe concile de Lyon en 1274.

Charles d’Anjou se lance alors dans une politique méditerranéenne. En 1271, ilmarie son fils Philippe à Isabelle de Villehardouin, héritière de la principautéd’Achaïe et de Morée. En 1273, c’est sa fille Béatrice qu’il marie àPhilippe Ier de Courtenay, empereur titulaire de Constantinople, se réservant ainsi des droitssur l’empire latin de Constantinople à reconquérir. En 1276, il achète à Maried’Antiocheles droits que cette dernière dispose sur le royaume de Jérusalem en

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concurrence avec Hugues III de Chypre. Fort de ces droits, il occupe la villed’Acre, seul vestige du royaume de Jérusalem, en profitant d'une querelle entreHugues III, les Templiers, Hospitaliers et les Vénitiens.

Avec son aide, les Vénitiens veulent alors se lancer dans une croisade contreConstantinople, où l'Empire byzantin venait d'être restauré par Michel VIII. En1281 le pape Martin IV donne son accord, et les Français se mettent en routevers Durazzo, alors que les Vénitiens prennent la voie maritime. Mais lesoulèvement des Vêpres siciliennes (1282) oblige Charles à rebrousser chemin.

Acre (Israël) Ŕ Passage souterrain des Templiers

L’expéditiondu prince Édouard fait partie des croisades les plus sagement etintelligemment organisée, mais son manque de moyens et de troupes a réduit anéant tous ces efforts. Elle a eu cependant le mérite d’accorder dix ans de paix etpresque vingt ans de survie au royaume, qui se réduit aux environs de Saint-

Jean-d’Acre. Les expéditions suivantes n’ont rien apporté aux restes des étatslatins d’Orient, et en1291 les Mamelouks finissent par conquérir l'ensemble desterritoires syriens qui appartiennent encore aux chrétiens.

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Les Rois de Chypre

Armoiries hypothétiques du royaume deChypre

Armoiries des Lusignan rois de Chypre

Les Croisades conduisirent à l'établissement d'une dynastie deRois de Chypre originaires de France. Après sa conquête parRichard Cœur de Lion, l'île deChypre fut d'abord confiée aux Templiers, puis à la Maison de Lusignan.

Maison de Lusignan 11924-11945 : Guy de Lusignan (1160 † 1194),roi en Chypre, fils de

Hugues VIII le Vieux, seigneur de Lusignan etcomte de la Marche,et deBourgogne de Rançon.

Marié en 1180 à Sybille d'Anjou-Jérusalem, reine de Jérusalem (1159 †1190)

1194-1205 : Amaury I de Lusignan (1145 † 1205),seigneur deChypre, puis roi de Chypreen 1195, etroi de Jérusalem(1197-1205),frère du précédent.Marié en premières noces avant 1175 à Echive d'Ibelin († 1196) Marié en secondes noces en 1198 àIsabelle I d'Anjou-Jérusalem,reine deJérusalem (1171 † 1206)

4 Accession.5 Décès

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1267-1284 : Hugues III de Lusignan(1235† 1284), roi de Chypre et deJérusalem, cousin du précédent.

Marié en 1264 à Isabelle d'Ibelin (1241-1324).

1284-1285 : Jean I de Lusignan(1267† 1285), roi de Chypre et deJérusalem, fils d'Hugues III et d'Isabelle d'Ibelin.

1285-1306 : Henri II de Lusignan(1271† 1324), roi de Chypre, filsd'Hugues III et d'Isabelle d'Ibelin.

Marié en 1317 à Constance (1303† 1344), fille de Frédéric II de Sicile

1306-1310 : Amaury II de Lusignan(1272† 1310), gouverneur de

Chypre (après avoir déposé Henri II), prince de Tyr, fils d'Hugues III etd'Isabelle d'Ibelin.

Marié en 1292 à Isabelle, fille deLéon III,roi d'Arménie.

1310-1324 :Henri II de Lusignan de nouveau.

1324-1359: Hugues IV de Lusignan(1295† 1359), roi de Chypre, filsde Guy de Chypre (fils d'Hugues III et d'Isabelle d'Ibelin) et d'Echived'Ibelin.

Marié en premières noces en 1308 àMarie d'Ibelin(1294 † 1318).Marié en secondes noces en 1318 à Alice d'Ibelin(1304 † après 1386).

Rois de Chypre, de Jérusalem et d'Arménie

1359-1369 : Pierre I de Lusignan(1328† 1369), roi de Chypre, fils deHugues IV et d'Alix d'Ibelin.

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Marié en premières noces en 1343 avec Echive de Montfort.Marié en secondes noces en 1553 avec Eléonore d'Aragon (1333† 1416)

1369-1382 : Pierre II de Lusignan(1357† 1382), roi de Chypre, fils dePierre I et d'Eléonore d'Aragon.

Marié en 1376 à Valentine Visconti (1361† avant1393).

1382-1398 : Jacques I de Lusignan(1334† 1398), roi de Chypre, de filsde Hugues IV et d'Alix d'Ibelin.

Marié en 1365 à Helvis de Brunswick-Grubenhagen (1353† 1421).

1398-1432 : Janus de Lusignan(1375† 1432), roi de Chypre, fils deJacques I et d'Helvis de Brunswick-Gubenhagen.

Marié en premières noces en 1400 (mariage annulé en 1408) avecAnglesia Visconti(†1439).Marié en secondes noces en 1411 avec Charlotte de Bourbon (1388†1422).

1432-1458 : Jean II de Lusignan(1418† 1458), roi de Chypre, fils deJanus et de Charlotte de Bourbon.

Marié en premières noces en 1440 à Amédéa de Montferrat (1429† 1440)Marié en secondes noces en 1442 à Hélène Paléologue (1428† 1458).

Armes de Jean de Portugal, prince consort et prince d'Antioche

1458-1487 : Charlotte de Lusignan, (1442† 1487) reine de Chypre, fillede Jean II et d'Hélène Paléologue.

Mariée en premières noces en 1456 à Jean de Coimbra, Infant de

Portugal, fils de Pierre de Portugal, 1 duc de Coimbra, (1433†

1457).

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Mariée en secondes noces en 1459 àLouis de Savoie, comte de Genève(1436† 1482)

1460-1473 : Jacques II de Lusignan le bâtard (1418† 1473), roi de

Chypre, fils illégitime de Jean II et de Mariette de Patras.Marié en 1468 àCatherine Cornaro.

1473-1474 : Jacques III de Lusignan, le posthume(1473† 1474), fils deJacques II et de Catherine Cornano.

1474-1489 :Catherine Cornaro (1454† 1510), veuve de Jacques II. Ellefut détrônée par les Vénitiens.

Prétendant au trône de Chypre

Armes de la maison de Savoie en 1630 : l'écartelé des derniers rois de Chypre a été placé encontre-écartelé à la place d'honneur de l'écu.

Charlotte de Chypre, renversée en 1460, ne renonce pas au trône et resteprétendante jusqu'à sa mort, en 1487. C'est ensuite son cousin Charles Ier deSavoie, son plus proche héritier légitime, car petit-fils de Louis Ier de Savoie etd'Anne de Lusignan, qui reprend à son compte ses prétentions sur Jérusalem,Chypre et l'Arménie, et les transmet à ses descendants. L'actuel chef de lamaison de Savoie et prétendant au trône d'Italie, Victor-Emmanuel de Savoie, seveut toujours roi titulaire de Chypre6.

6 Vittorio Emanuele di Savoia, (Naples, 12 février 1937) est le fils du dernier roi d'ItalieHumbert II et de Marie-José de Belgique, dernière reine d'Italie (fille du roi Albert I deBelgique). Il reçut le titre de prince de Naples à sa naissance, titre qu'il conserva jusqu'à ce

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qu'il devienne le chef de la Maison de Savoie et de la Maison royale d'Italie à la mort de son

père. Il est prétendant au titre de roi d'Italie en cas de retour de la monarchie dans ce pays etporte le titre de courtoisie de duc de Savoie, en concurrence avec son cousin Amedeo diSavoia-Aosta. Il est parfois connu en français commeVictor-Emmanuel de Savoie.

Biographie

Une vie d'exil

Les membres de la Maison royale d'Italie ont été expulsés du territoire italien en 1946, à lasuite du référendum instaurant laRépublique italienne,notamment pour avoir cosigné les loisraciales de Benito Mussolini en 1938.

Vittorio Emanuele di Savoia va à New York, travailler pour la maison de courtage Bache, puis est employé par des entreprises de l’aéronautique, comme Agusta, Bell ou Boeing. Ilpasse quinze ans en Iran.

Après avoir longtemps revendiqué son droit de retour au pays et l'abolition de la clause dubannissement dans la Constitution italienne, Vittorio Emanuele di Savoia a été autorisé àretourner en Italie avec sa famille en 2002, après 56 ans d'exil. Il avait, à cette fin, déposé unerequête devant la Cour européenne des droits de l'homme, déclarée partiellement recevable.

Une partie des royalistes italiens ne le considèrent plus comme chef de famille, suite à sonmariage en 1970 avec Marina Doria, une roturière issue de la bourgeoisie italienne, épouséesans l'assentiment de son père le roi Umberto II. Ils considèrent que le duc d'Aoste, Amedeodi Savoia-Aosta est devenu de droit le chef de la Maison de Savoie. Mais le tribunal d'Arezzoa condamné Amedeo di Savoia-Aosta et son fils Aimone pour usage illégitime du nom defamille "di Savoia" (en lieu et place de "di Savoia-Aosta"), des armoiries de la Maison royaled'Italie et du titre de prince de Piémont.

Descendance

Il réside à Collonge-Bellerive en Suisse, dans les environs de Genève. Il a épousé en 1970Marina Doria (née en 1935), ancienne championne de ski nautique, dont il a eu un filsunique :

Emanuele Filiberto di Savoia (né le 22 juin 1972), marié à l'actrice française ClotildeCourau le 25 septembre2003.

Il est grand-père de deux petites-filles : Vittoria, née le 28 décembre 2003, etLuisa di Savoia, née le16 août2006nées toutes les deux ainsi que leur père en exil à Genève.

Problèmes judiciaires

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La branche de la famille des Lusignan la seule qui existe encore, provient dePhébus de Lusignan7, qui a fait un voyage en Europe en 1447, pour solliciterl’assistance des puissances chrétiennes, en faveur du royaume de Chypres.8 Ilavait une fille, Eléonore, mariée à dom Velasquez Gil Mony9, et un fils, Hugues.

Ces derniers furent cousins germains du roi Jacques II, qui régnait à Chypres de1464 à 1473. Hugues avait pour fils, Nicolas10, lequel après la mort de sa femmequi lui laissa deux fils, Thomas et Zacharie, se fit ecclésiastique et fut nommé(1550) archevêque de la ville de Famagouste, sous le nom de Mamachi 1er.11 Le jeunesse de Thomas et de Zacharie correspond à la conquête de l’île de Chyprepar les Turcs (1570). Dans la panique et la fuite générale des chrétiens, qui s’ensuivit, les deux frères se sont séparés. Thomas se retrouve ensuite en Espagne,adopté par la famille noble de Cardona ; il y entre au service du roi Philippe IV

Au début des années 1970, Vittorio Emanuele di Savoia a, dans le cadre de la procédureautour de la Loge P2, fait l'objet d'une enquête en Italie pour trafic d'armes international, maiscelle-ci n'avait donné lieu à aucune suite judiciaire.

En 1978, il a été mis en cause et incarcéré 55 jours après la mort de Dirk Hamer (fils ducontroversé docteur Hamer), jeune Allemand grièvement blessé dans la nuit du 17 août au 18août à Cavallo enCorse.En 1991, la cour d'assises de Paris l'a condamné à six mois de prisonavec sursis pour détention et port d'armes.

Il a été arrêté le 16 juin 2006 au bord du lac de Côme puis, après un transfert accéléré àtravers la péninsule tassé dans une petite voiture, placé en détention à la prison de Potenzapour « association de malfaiteurs visant à la corruption et à l'exploitation de la prostitution »autour du casino de Campione, petite enclave italienne au Tessin suisse. En mars 2007, leparquet de Côme renonce aux poursuites pour insuffisance du dossier. Vittorio Emanuele diSavoia est définitivement acquitté à Rome en septembre 2010.

Lors de son arrestation en 2006 en Italie, il dit, dans un enregistrement vidèo, en faisantréférence à la mort du jeune Allemand "j'avais tort [...] je les ai dupés".

7 Document no. 1, de l’ouvrage (domaine publique) ,« La Vérité sur la famille des Lusignandu Levant » par Charles Roux de Lusignan (1881).

8 Histoire de l’île de Chypre, par M.de Mas-Latrie. V. III, page 72.

9 Lettre de sauvegarde du grand-maître de Rhodes, 1466, 22 décembre, Rome, Malte,Archives de l’Ordre, Lib. Bullarum. 1466, No. LXI, fol. 220. Histoire de l’île de Chypre, par M. de Mas-Latrie. V. III, page 146.10 Document no. 1 et no. 5.11 Document no. 1 et no. 5.

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et parvient à obtenir la charge de maître de la Chambre du Roi ;12 et Zacharies’installe à Schio13, profitant que cette île se trouvait encore sous la dominationdes Vénitiens. Le premier meurt sans avoir d’héritiers, et le second laisse deuxfils : Nicolas, qui est allé rejoindre son oncle en Espagne, y a été aussi adopté

par la famille de Cardona et y devint, comme son oncle, maître de la Chambredu même roi Philippe IV14 ; et Jacques, qualifié dans un acte du 5 juillet 1640 Magificus Jacobus. Magnifice Zachariæ, chiensis, qui épouse Thomasse Timoniet enh a eut un fils, Zacharie-Jacques15.

Ce dernier, résident toujours à Schio, épousa en première noces GeorgetteTimoni, et en secondes Marie Sofieti. Il eut du premier lit un fils, Dominique-Marie, mort à Schio sans descendants, et une fille Marie, qui épousa le seigneurRaphaël Balzarini demeurant à Venise. Du second lit naquirent dix enfants, dontsix filles : Apollonie, Despina, Isabelle, Thomasse, Catherine, Jeromine ; etquatre fils : Nicolas, prêtre ; Vincent ; François-Xavier, jésuite ; et Pierre-Daniel.16

Vincent de Lusignan a reçu son éducation au collège des Jésuites à Paris ; ilprofita des bontés et de la libéralité du roi Louis XIV17, fut nommé commissairedes galères du roi, chevalier des Ordres de Notre-Dame du Mont-Carmel et deSaint-Lazare de Jérusalem, 1721, ensuite commandeur des mêmes Ordres etécuyer de main de la reine Marie Leczynska. Il a été naturalisé par lettres-patentes du roi Louis XV, fit preuves de la noblesse et obtient sa confirmationpar un arrêt du roi en 1746. Il a épousé à Marseille en 1738 Marie de Boullay eten eut trois enfants, une fille Marguerite devenue religieuse, et deux fils : Jean etNicolas, qui était en 1769 premier lieutenant dans la compagnie des canonniersde la Guerle au régiment de Grenoble. Les deux fils garçons n’ont pas survécu àleur père, de façon que Vincent de Lusignan, au moment de sa mort à Versaillesen 1786, en dehors de la religieuse,ne laissait aucun parent en France. Cettecirconstance a fait répandre en France le bruit comme quoi, avec la mort deVincent, la famille des Lusignan d’outre-mer était totalement éteinte.

12 Document no. 1 et no. 5.13 Document no. 1 et no 4.14 Document no. 5. Trésor militaire de la chevalerie antique et moderne. Madrid, 1642. Folio87,8° sur Nicolas de Cardone de Lusignan, descendant légitime des rois de Chypre.15 Document no. 5.16 Document no.2 et no. 5.17 Document no. 3.

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Cependant son frère Pierre18 vécut à Schio, où il épousa Félicie de Stéfany, et eneut un fils Jacques, et une fille Annonciation, mariée à Simon Roux.C’était à ceJacques, neveu de Vincent, que s’adressa l’exécuteur testamentaires de cedernier, l’abbé Renault, précepteur des pages de la Chambre de Monsieur,

chapelain du couvent de Versailles et aumônier de Monsieur, frère du roi LouisXVI, pour lui annoncer la perte qu’il vient de faire dans la personne de son oncleet pour lui demander les pouvoirs et la décharge concernant l’héritage.19

Le même Jacques est mort à Smyrne en 1860 et, à défaut d’héritier mâle, iladopta légalement20 son neveu Charles Roux, fils de Simon Roux etAnnonciation de Lusignan21, pour l’héritier de son nom, de ses titres et de tousses droits.

Charles Roux de Lusignan épousa Marie Caplan et eut deux fils : Jacques etAntoine.Selon cet exposé, appuyé par les documents authentiques ci- joints, l’arbregénéalogique de la seule branche de la famille des Lusignan qui existe encore22 peut être représenté ainsi :

18 Document, no. 5 et no. 15.

19 Document, no. 19, no. 15 et no. 16.20 Id no. 17.21 Id no. 2.22 Id no. 2.

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ARBRE GENÉALOGIQUE DE CHEVALERIEROUX DE LUSIGNAN

Phébus de Lusignan (1447)Hugues~ Eléonore Femme de Velasquez

Nicolas Mamachi 1er (1550)

Thomas (de Cardone)~ Zacharie (1606)

Nicolas de Cardone (1646)~ Jacques (1650) Zacharie ~ Jacques (1700)

1ère Noces ~ G.Timoni : Dominique ~ Marie femme Balzarini2ème Noces ~ Marie Soffieti : Allolonie femme de Justiniani ~ Despina femme de Justiniani

Isabelle femme de Justiniani ~ Thomassé femme de Reggio ~ Catherine femme dePorta ~ Jeromime femme de Marcoupouli ~ Nicolas (prêtre) ~Vincent (1706) ~ François Xavier (prêtre Jésuite) ~ Pierre

Jean Ŕ Marguerite~

Nicolas Jacques (1860)~

Annonciation(Couvent Ursulines) (Tué en Duel) femme de Simon Roux

Par adoptionCharles Roux de Lusignan

Charles-Antoine~ Jacques

Charles ~ Marie ~ Michel Fanny~ Aimé

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Roger Caro23 ~ Roland Andrée Madeleine24

Philippe De Coster25 Philippe

Qui à lui-même reçuet adoube successivement :Walter Walgraeve

Phillip Andrew Garver

Claude Camille de Bruyères (voir note 26)

Le Preux du Radier Overlacque

Jean de Cabalis

Paul Clément

Paulo Roberto Silveira de Souza26

Moreh

Johannès a Stella Polaris

Pascal Louis de la Sainte Epine

Les documents qui suivent sont extraits de l’opuscule: »La Vérité sur lesDescendants des Anciens Rois de Chypre du Levant, par Charles Roux deLusignan (1881), et par conséquent « domaine publique ».

23 Alias Pierre Phœbus. Roger Caro fut adoubé dans l’Ordre Equestre et Hospitalier du Silenceet de l’Epée de Chypre, ayant comme titre «Hospitalier de Justice des Templiers de Chypres», probablement le 12 juin 1971.

24 Epouse, seconde noce, de Roger Caro.

25 Alias Philippus Ŕ Laurentius.26 Adoubé par Claude Camille de Bruyères, légat du Grand Maître en son absence.

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L’opuscule fut imprimé à Paris (France). Imprimerie F. Levé, rue Cassette, 17, en 1881, et estdésormais « domaine publique ».

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Les Roux et les Mamachi de LusignanSimon Clément Roux est né à Marseilles en 1790, fils de Clément Roux, né àArles, de Euphrosine Guirard, née à Saint Tropez. Il devint instituteur et vas’installer à Smyrne en 1815. Quant à Annunciata (Annonciation) de Lusignan,elle est née à Smyrne en 1808, fille de Pierre II Mamachi de Lusignan, courtierde commerce, né en 1780 et mort en 1824 à Smyrne, de Antoinette Bargigli, néà Smyrne en 1787.

Pierre II était fils de Jacques III Mamachi de Lusignan. Le père de Jacques IIIétait Pierre 1er, « drogman» de France, c’est-à-dire interprète officiel de laFrance, d’abord à Schio, appartenant à la Grèce, située en mer Egée au largesdes côtes turques. -, ensuite à Smyrne entre 1731 et 1761. Son épouse, ensecondes noces, était Félicie de Stefani, la mère de Jacques III.

L’un des frères de Pierre 1er était le Chevalier Vincent Mamachi, né à Schio en1697 et décédé à Versailles en 1786. Il fut chancelier du Consulat de France, àAlep, en 1728, et commissaire des galères en 1737 à Marseille, ayant obtenu sanaturalité française par la grâce de Louis XV. L’orginal se trouve aux ArchivesNationales de Paris en date de 1721, et suivi par des lettres de patentes en datede 1746, confirmant sa noblesse. Il avait été considéré jusque-là comme unesimple «citoyen de l’île de Schio». Ce certificat de nationalité française deVincent Mamachi de Lusignan rejaillit, forcément, sur tous ceux qui lui sont liés

d’une manière ou d’une autre. Cette dynastie des Mamachi Lusignan est née à la suite de la demande de lacommunauté chrétienne de nommer Nicolas de Lusignan évêque de Famagousteavec surnom, Mamaki, selon la coutume chez les Grecs, sans que personne n’aitprécisé dans aucune archive ce que le nom signifiait. Mamachi signifirait« prince » en arménien, Nicolas Mamachi avait en eu deux fils : Zacharie 1er ,Jacques Mamachi de Lusignan et Dom Thomas Mamachi de Cardona. LorsqueChypre est prise par les Ottomans, Zacharie décide de quitter et de s’installer àSchio Ŕ comme l’avait fait Phébus après l’abdication de Catarina. Quant àThomas, il émigre en 1578 en Espagne où il est adopté par les Cardona, unefamille de Grands d’Espagne à Madrid. En 1823, la fille de Pierre II Mamachide Lusignan, Annunciata, épouse, à Smyrne, Simon Clément qui y avait crééune école française. Entre 1825 et 1844, ils ont douze enfants, tous nés à Smyrnede père français, dont Charles Simon, né en 1830. En 1845, le 5 novembre,l’épouse de Charles Simon meurt de maladie, plutôt d’épuisement après avoir mis au monde tous ses enfants. Veuf Simon Clément se retrouve seul pour lesélever.

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A une croisée de chemins professionnellement, il allait être affecté deux à troisannées plus tard à Constantinople, pour diriger une école française semblable àcelle Smyrne. Suivant les coutumes de l’époque, dans de telles circonstances,une parente de lamorte se charge d’aider. La sœur cadette d’Annunciata,

célibataire, au nom de Sylvie, est désignée pour tenir ce rôle et pour suivre toutela famille dans la capitale de l’Empire.

Simon Clément aurait épousé Sylvie, le 1er novembre 1846, en l’église Saint-Polycarpe de Smyrne, un an après la mort de son épouse. Quelques annéespassent et une petite fille au nom de Marie-Antoinette naît le 24 janvier 1854.Simon Clément meurt le 11 mai 1855, à l’âge de 65 ans à Constantinople, aprèsavoir réussi à créer, dans la capitale, l’école de ses rêves, pour y développer laculture de la langue française. Cette école serait devenue le germe du célèbreLycée Galatasaray. Marie-Antoinette étant morte en bas âge, il n’apparaîtaucune autre descendance de Sylvie.Quant aulien qui aboutit aux Roux de Lusignan, il s’explique ainsi: Annuncitaavait un frère aîné, Jacques IV, Joseph, Gaétan, drogman et chancelier duConsulat Général de Toscane à Smyrne. Jacques IV, marié, mais sansdescendance, décide d’adopter son neveu, banquier et négociant, et d’en faireson héritier par testament : Charles Simon. Ce testament daté de 1859 estlégalisé par le chancelier du Consulat de France à Smyrne en 1860, l’année de samort.

Jacques IV déclarait comme tel Charles Simon : « Héritier de mon nom, titre detous mes droits» et lui ordonnait «de recourir auprès de qui de droit pour reconnaître comme tel lui et ses descendants. »

Ce qui est émouvant, mais cela ne change en rien la décision prise, c’est queJacques IV ait décidé d’adopter Charles Simon et d’en faire son unique héritier sans avoir eu la moindre idée d’adopter bien avant son beau-frère SimonClément, après le décès de sa sœur.

En parcourant actes et extraits d’actes de naissance ou de baptême, actes demariages ou de décès, etautres, dans l’hypothèse qu’il puissent être trouvés quisont les Roux et les Mamachi de Lusignan, Roger Caro (Pierre Phoebus, 58ème etdernier Imperator de l’Ordre des Frères Aînés de la RoseCroix a fait cettedémarche. Les Croisés, bien auparavant, étaient accompagnés d’un ensembledisparate, fantastique et fabuleux de Chevaliers, d’Aventuriers, de Paysans,d’Artisans, de Religieux, de Saints et même des Brigands qui ont, au nom duSeigneur et de la Croix, volé et pillé, acheté et vendu, sauve, délivré et tué, crééet détruit.

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Ils se sont mariés, ils ont eu des enfants et des esclaves pour leur servir, et ontfait souche dans l’Empire ou une sous-région comme l’Asie Mineure. Les Rouxde Marseille ont eu des familles nombreuses.

Dans l’Arbre Généalogique qui suit, nous retrouvons les noms de Jacques IV deLusignan ; Annonciation (Annunciata) femme de Simon Roux ; Charles Rouxde Lusignan, jusqu’à nous dans la chevalerie Roux de Lusignan.

Ceci est une partie du travail de recherches généalogiques de Livio MissirMamachi de Lusignan, cousin plus que rapproché, Smyrniote de naissance etmarié, résident en Belgique. De ces recherches est tiré tout ce qui concerne leslignées Lusignan-Mamachi et Mamachi Cardona, et ceci il a fait avecenthousiasme et persistance. Et, on peut dire autant pour les travaux derecherches de Roger Caro. Il écrit :

« C’est pour moi un réel plaisir que d’entreprendre un tel travail car il satisfaittous mes penchants: goût de l’objectivité; recherches historiques ;rétablissement de la vérité ; relation exacte des faits.

Etre objectif et exact ont toujours été les deux qualités vers lesquelles j’ai tendutous mes efforts, et ce qu’il s’agisse d’Etudes sur la Radiesthésie, laThaumaturge, l’Alchimie ou encore l’Histoire des FrèresAînés de la Rose Croix, dont je suis le « Public-Relation ».

Je tiens aussi à remercier très sincèrement S.A le Prince Rolland Roux deLusignan qui a bien voulu mettre à ma disposition les pièces justificativesconcernant la généalogie de sa famille et la preuve de ses droits dynastiques.

Remerciements enfin à l’Ordre Souverain des Frères Aînés de la RoseCroixqui a bien voulu que son Imperator adjoint Ŕ mais aussi, « Donat de Justice desTempliers de Chypre » - puisse rétablir une vérité historique trop souventcontestée; c’est là, pure justice et acte chevaleresque. (Vérité sur les Descendants des Anciens Rois de Chypre, page 41)

Assez dit pour mieux comprendre l’arbre généalogique qui suit, les prénoms, et pour l’entièreté du récit, je vous inviteà lire « Vérité sur les Descendants desAnciens Rois de Chypre ».

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Récapitulation rapidePremièrement, il faut que nous disions avoir fait cette étude et les recherches,indépendamment du livre de Roger Caro (Pierre Phoebus), 58ème et dernier

Imperatorde l’Ordre Souverain des Frères Aînés de la RoseCroix, ChevalierProfes. De l’A.C. Michaelite (Fr.), et Hospitalier de Justice des Templiers deChypre (Ordre Equestre et Hospitalier du Silence et de l’Epée de Chypre).

Pierre Phoebus (Roger Caro), dans son livre intitulé « Rituel F.A.R.C et DeuxTextes Alchimiques Inédits », suivi de « Vérité sur les Descendants des AnciensRois de Chypre », nous présente une étude complète et approfondie sur la NobleFamille Roux de Lusignan. Cependant, pour comprendre la généalogie« historique » des Lusignan, il faut rendre compte des concours de circonstancesqui les ont placés au cœur même des Croisades.

Par son mariage avec Sibylle, la fille aînée de Amaury 1er,Roi de Jérusalem, Guy de Lusignan devient lui aussi Roi deJérusalem de 1186 à 1192. Fondateur de la dynastie desRois de Chypres, il est nommé «Seigneur de l’Île de 1192à 1194, par la bonne grâce des hauts placés des Croisés,notamment le Roi d’Angleterre, Richard Cœur de Lion,préférant voir Guy de Lusignan à Chypres plutôt que sur lecontinent, pour un bon nombre de raisons, pas seulement en

conséquence du désastre de Hattim qui fut suivi par la perte de Jérusalem. C’estAmaury II de Lusignan qui deviendra le premier Roi de Chypre, de 1194 à 1205,et Roi de Jérusalem, de 1197 à 1205.

La fin du Royaume de Chypre est marquée par un déclin de l’influence franqueet de la langue française, devenant des polyglottes. Du onzième au treizièmesiècle, on y parle le français, le latin, le grec, et même l’arabe. Chypre perd aussiprogressivement son influence commerciale au profit de Venise.

Période Relations avecprédécesseurs

Dates d’accession

et Décès

Titres

Guy de Lusignan Fondateur 1192 - 1194 Seigneur de Chypre

Amaury Frère 1194 - 1205 Roi de Chypre et deJérusalem

Hugues I Fils 1205 - 1218 Roi de Chypre

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Henri I Fils 1218 - 1253 Roi de Chypre et Seigneurdu Royaume de Jérusalem

Hugues II Fils 1253 - 1267 Roi de Chypre et Seigneurdu Royaume de Jérusalem

Hugues III Coussin 1267 - 1284 Roi de Chypre et deJérusalem

Jean I Fils 1284 - 1285 Roi de Chypre et deJérusalem

Henri II Frère 1285 - 1306 Roi de Chypre et deJérusalem

Amaury Frère 1306 - 1310 Régent du Royaume deChypre et de Jérusalem

Prince of Tyre

Henri II(réassumé)

Frère 1310 - 1324 Roi de Chypre et deJérusalem

Hugues IV Neveu 1324 - 1359 Roi de Chypre et deJérusalem

Pierre I Fils 1359 - 1369 Roi de Chypre et deJérusalem

Pierre II Fils 1369 - 1382 Roi de Chypre et deJérusalem

Jacques I Oncle 1382 - 1398 Roi de Chypre, Jérusalem etArménie

Janus Fils 1398 - 1432 Roi de Chypre, Jérusalem et

ArménieJean II Fils 1432 - 1458 Roi de Chypre, Jérusalem et

Arménie

Charlotte Fille 1458 - 1487 Reine de Chypre, Jérusalemet Arménie

Jacques II Demi frère 1460 - 1473 Roi de Chypre, Jérusalem etArménie

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Jacques III Fils 1474 - 1474 Enfant - Roi de Chypre,Jérusalem et Arménie

Caterina Cornaro Mère(Veuve de

Jacques II)

1473 - 1489(abdication)

Reine de Chypre, Jérusalemet Arménie

Phébus de Lusignan (1447)

Hugues~ Eléonore Femme de Velasquez

Nicolas Mamachi 1er (1550)

Thomas (de Cardone)~ Zacharie (1606)

Nicolas de Cardone (1646)~ Jacques (1650)

Zacharie ~ Jacques (1700)

1ère Noces ~ G.Timoni : Dominique ~ Marie femme Balzarini2ème Noces ~ Marie Soffieti : Allolonie femme de Justiniani ~ Despina femme de Justiniani

Isabelle femme de Justiniani ~ Thomassé femme de Reggio ~ Catherine femme dePorta ~ Jeromime femme de Marcoupouli ~ Nicolas (prêtre) ~Vincent (1706) ~ François Xavier (prêtre Jésuite) ~ Pierre

Jean Ŕ Marguerite ~ Nicolas Jacques (1860)~ Annonciation(Couvent Ursulines) (Tué en Duel) femme de Simon Roux

Par adoption

Charles Roux de Lusignan

Charles-Antoine~ Jacques Charles ~ Marie ~ Michel Fanny~ Aimé

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Roger Caro27 ~ Roland Andrée Madeleine28

Philippe De Coster29 Philippe

(qui a lui-même reçuet adoubé successivement)Walter Walgraeve

Phillip Andrew Garver

Claude Camille de Bruyères30

Le Preux du Radier Overlacque

Jean de Cabalis

Paul Clément

Paulo Roberto Silveira de Souza31

Moreh

Johannès a Stella Polaris

Pascal Louis de la Sainte Epine

Corbenic

27 Alias Pierre Phœbus. Roger Caro fut adoubé dans l’Ordre Equestre et Hospitalier du Silenceet de l’Epée de Chypre, ayant comme titre «Hospitalier de Justice des Templiers de Chypres», probablement le 12 juin 1971.

28 Epouse, seconde noce, de Roger Caro.

29 Alias Philippus Ŕ Laurentius.30 Claude Camille de Bruyères reçut et adoubé lui-même Paulo Roberto Silveira de Souza.

31 Reçu et Adoubé par Claude Camille de Bruyères, légat du Grand Maître en son absence.

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Les vrais Templiers modernes, hommes et femmes adultes de notre temps, vouset moi, qui sommes les héritiers des hautes valeurs spirituelles et morales desTempliers du moyen âge, participons par leurs interfaces et les actions de leursmembres, soit directement, soit indirectement, au maintien du devoir de charité

et de service.Les Templiers d’aujourd’hui en ce vingt-et-unième siècle aident par leursactions, au rappel des valeurs fondamentalesde l’humanité. Ils soutiennenttoutes les organisations, associations, fondations qui ont la même vocation ouqui participent, directement ou indirectement, au maintien du lien social, ausoulagement de la misère, à la compréhension entre les peuples, audéveloppement économique et social, au rappel des horreurs du passé et à laprévention de leur récidive dans le futur.

Tout conduit le chevalier par le moyen de l'investiture à prononcer et à vivrechaque jourles trois VŒUX de:

Charité, Simplicité, ObéissanceL’investiture est donnée aux Frères qu’après les avoir éprouvés dans leurscomportements journaliers. Les grands tests sont: la charité, l’altruisme, ledévouement, la fidélité… et, par -dessus tout, être capable de garder un secret.

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Auteur : RogerCaro

Rituel F.A.R.C. et Deux Textes Alchimiques – inédits

« Vérité sur les Descendants des Anciens Rois de

Chypres »

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L’Histoire des Lusignanest plus complexe…Liée à la de Mélusine etde Raimondin, elle est

inévitablement rattachéeaux Croisades qui onteu des conséquencesconsidérables. On nepeut que dénoncer lespillages des Croisés enprenant possession deJérusalem des LieuxSaints et deConstantinople. Presquedeux siècles séparent lapremière Croisade deGodefroi de Bouillon(1096-1099) de lahuitième, celle queLouis que Louis, avaiteu à cœur de conduire.Il y a eu aussi, HuguesIII le Grand d’Antioche-Lusignan, qui apparaîtdans l’histoire deChypre comme unhomme d’action, unsoldat et un protecteurdes lettres et fondateurde monastères. Ledernier Roi de Chypreest Jacques II le Bâtard,

qui règne sur Chypre de1460 à 1473.La fin duRoyaume de Chypre estmarqué par un déclin del’influence franque et dela langue française, etc.

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Roger Caro en conférence durant un Synode en 1974 ou 75.

Roger Caro fut son propre éditeur. Réimpression EditionsMassanne : http://massanne.com/

Chevaliers en « Conseil Suprême » le 20 mars 2011

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Bibliographie et SourcesSur les Croisades (aussi livres électroniques)

Bernard Baudoin, La Fantastique Épopée des croisades - 1096 - 1291conquêtes chrétiennes et musulmanes princes, sultan et templiers - sur laroute de Jérusalem, Paris, Vechi, (ISBN 2732834181)

Loïc Cazaux, Au temps des croisades, Paris, Éditions Ellipses, 2008. Jean Flori,Guerre Sainte, Jihad, croisade. Violence et religion dans le

christianisme et l'islam, Paris, Le Seuil, 2002 (ISBN 2020516322) Jean Flori, La Guerre sainte La formation de l'idée de croisade dans

l'Occident chrétien, Paris, Aubier, 2001 (ISBN 270072318X) Jean Flori, Les croisades, Paris Éditions Gisserot, 2001 Jean Flori, La Première croisade. L'Occident chrétien contre l'Islam,Bruxelles, Complexe, 1997 (ISBN 287027436X) Jean Flori,Pierre l'Ermite et la première croisade, Éditions Fayard, 1999 René Grousset, L'Épopée des croisades, Paris, Marabout, (ISBN

2262018642) Claude Lebedel, Les Croisades. Origines et conséquences, Rennes,

Ouest-France, 2004 (ISBN 2737326109) Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes,Paris, J.-C. Lattes,

1983 (ISBN 2290119164) Cécile Morrisson, Les Croisades, PUF, 1969, nouvelle édition : 2006. André Miquel, Des enseignements de la vie, traduction duKitâb al-I`tibâr

d'`Usâma ibn Munqidh (1095-1188), Imprimerie Nationale, 1983 (ISBN2-11-080785-7)

Jonathan Riley-Smith, Atlas des Croisades, Paris, Edition Autrement,coll. « Atlas/Mémoires », 1996 (réimpr. 1996), 192 p. (ISBN 2-86260-553-0)

Jean Richard, Histoire des croisades, Paris, Fayard, (ISBN 2213597871) Simon Schwarzfuchs, Les Juifs au temps des croisades, en Occident et en

Terre sainte,Albin Michel, 2005 (ISBN 222615910X) Robert Chazan, In the Year 1096, The First Cruisade and The Jews, The

Jewish Publication Society, 1996 (ISBN 0827605757) (Anglais) Shlomo Eidelberg,The Jews and The Crusaders, The Hebrew Chronicles

of The First and Second Crusades, Ktav, 1996 (ISBN 0299070603) Susan L. Einbinder, Beautiful Death, Jewish Poetry and Martyrdom in

Medieval France, Princeton University Press, 2002 (ISBN 069109053X)

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En livres électroniques

La Vérité sur la Famille des Lusignan du Levant par Charles Roux deLusignan. (1881) (Domaine publique)

Histoire de l'Ile de Chypre sous le règne de la maison des Lusignan(Imprimerie Impériale Ŕ Paris Ŕ 1861), par Louis de Mas Latrie.(Domaine publique)

Histoire de l’Ile deChypre sous le règne des princes de la Maison deLusignan, par Louis de Mas Latrie (français), (documents et mémoire) parLouis de Mas Latrie. (940 pages). (Domaine publique)

Les Anciens Sires de Lusignan (Geoffrey le Grand’dent) et les Comtes dela Marche, par Charles Farcinet (dans le cadre recherches historiques surle Moyen Age en Poitou.)

Articles divers, et documents recueillis depuis 1974 (collection privée).

Sommaire

Introduction 2Un tour ,d’horizon des Croisades 5

Les Origines de la Croisade 7Les causes lointaines et les pèlerinages à Jérusalem 9La guerre contre l’infidèle et les causes proches 11Un Islam divisé 13La création et la défense des Etats latins d’Orient (I-III croisade) 14La première croisade (1095-1099) 14La deuxième croisade (1147-1149 29La troisième croisade (1189-1192) 43La quatrième croisade (1202-1204) 47La cinquième croisade (1227-1221) 48La sixième croisade (1228-1229) 49La septième et la huitième croisades (les croisades de Louis IX 50

La neuvième et dernière croisade 59Les Rois de Chypre 62Phébus de Lusignan (la seule branche qui existe encore) 68Documents importants(Extraits: «La Vérité sur la Famille desLusignan du Levant par Charles Roux de Lusignan ». (Domainepublique)

73

Les Roux et les Mamachi de Lusignan 110Récapitulation rapide 113« Vérité sur les Descendants des Anciens Rois de Chypres », par

Roger Caro. (Publicité)

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Bibliographie et Sources 120Sommaire 121

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