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MARIE-EVE MONFETTE
liF
ILL
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LA PHOBIE SOCIALE CHEZ LES ADOLESCENTS : ÉTAT DES CONNAISSANCES ET
EFFICACITÉ D’UN TRAITEMENT COMPORTEMENTAL
Thèse présentée
à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval
dans le cadre du programme de doctorat en psychologie
pour l’obtention du grade de philosophiae doctor (Ph.D.)
ÉCOLE DE PSYCHOLOGIE
FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2005
©Marie-Eve Monfette, 2005
i
Résumé court
La dernière décennie a vu l’émergence des travaux sur la phobie sociale chez les
adolescents. Actuellement, les résultats des interventions comportementales et cognitives
disponibles pour cette population sont mitigés. Il importe donc de faire la synthèse des
connaissances sur cette problématique et de valider des interventions efficaces pour cette
population. Le présent travail comprend deux parties qui visent ces objectifs. Le premier
article présente les résultats d’un essai clinique sur l’efficacité d’un traitement
comportemental adapté aux particularités développementales des adolescents atteints de
phobie sociale. Il présente non seulement des indices de signification statistique, mais
également une analyse systématique des indices de signification clinique des résultats. Le
second article fait la synthèse historique et critique des connaissances sur les
manifestations, !’étiologie, l’évaluation et le traitement de la phobie sociale chez les
adolescents. L’ensemble de ce travail permet de documenter l’efficacité d’un programme
de traitement de la phobie sociale chez les adolescents. De plus, il permet de dégager des
pistes de recherches futures pour faire avancer les connaissances sur la phobie sociale
chez les adolescents, de manière à mieux informer les interventions auprès de cette
population.
Résumé long
Avec la parution du DSM-IV (APA, 1994), qui permet d’attribuer le diagnostic de phobie
sociale aux mineurs, a débuté l’émergence des travaux sur la phobie sociale chez les
adolescents. Il s’est avéré que l’adolescence représente le moment typique d’apparition de
la phobie sociale, dont l’évolution est généralement chronique et les conséquences
psychosociales, importantes. Malgré cela, les études auprès de cette population sont
toujours peu nombreuses et les résultats des études de traitements sont mitigés. Il
importe donc de faire la synthèse des connaissances sur cette problématique et de valider
des interventions efficaces pour cette population. Le présent travail comprend deux parties
qui visent ces objectifs. Le premier article présente les résultats d’un essai clinique avec
liste d’attente portant sur l’efficacité d’un traitement comportemental adapté aux
particularités des adolescents atteints de phobie sociale. L’échantillon comprend 17
adolescents de 13 à 18 ans, atteints de phobie sociale. Cette recherche innove également
par une analyse systématique des indices de signification clinique des résultats. Une
amélioration statistiquement et cliniquement significative est obtenue dans l’intensité de
l’anxiété sociale auto-rapportée et in vivo, la peur du jugement négatif d’autrui, le nombre
d’amis, la tendance à s’inquiéter et les symptômes de troubles internalisés. Ces gains sont
perceptibles par les adolescents eux-mêmes, mais également par les parents et par une
évaluatrice indépendante. L’effet du traitement semble supérieur à celui du simple
passage du temps. Le second article fait la synthèse historique et critique des
connaissances sur les manifestations, l’étiologie, l’évaluation et le traitement de la phobie
sociale chez les adolescents. Il permet d’identifier plusieurs lacunes dans les
connaissances sur la phobie sociale chez les adolescents et de dégager des voies
d’intégration, dans une perspective développementale, des travaux sur la phobie sociale.
Afin de mieux documenter l’efficacité des traitements actuels, des études de comparaison
avec un placebo psychologique sont actuellement nécessaires. Étant donné l’importance
des ressources nécessaires à !’application des programmes de traitement disponibles, des
études de démantèlement sont également nécessaires afin d’en améliorer l’efficience et
d’en favoriser l’accessibilité. Une meilleure connaissance de l’étiologie et du maintien de la
phobie sociale, ainsi que des prédicteurs de la réponse à différentes stratégies
thérapeutiques permettrait également de mieux adapter les traitements aux besoins des
adolescents.
Ill
AVANT-PROPOS
Tous les auteurs des articles sont membres de l'École de psychologie de
l'Université Laval. Ils ont approuvé le dépôt des articles dans leur forme actuelle pour
évaluation par les membres du jury de thèse.
Le rôle de Mme Monfette a été prépondérant dans la production de chacun des
deux articles, ce qui justifie son statut d'auteur principal dans les deux cas. En ce qui
concerne le premier article, Mme Monfette a proposé le sujet de recherche et la
méthodologie, et procédé à la préparation du matériel et au recrutement des participants.
Elle a administré le traitement, en collaboration avec Mme Stéphanie Poulin, M.Ps.. Mme
Monfette a également participé à la réalisation des analyses statistiques avec Hans !vers,
M.Ps.., et rédigé l'article en vue d'une publication scientifique. Pour le second article, Mme
Monfette a effectué le relevé de la littérature scientifique et la rédaction. M. Boisvert,
Ph.D., a supervisé l'étudiante à tous les stades de ces démarches. Les articles n'ont pas
encore été soumis pour publication scientifique.
IV
TABLE DES MATIÈRES
Résumé court......................... ...............................................................................................i
Résumé long........................................................................................................................ ii
AVANT-PROPOS................ iii
TABLE DES MATIÈRES......................................................................................................iv
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES................................................................................ vi
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GÉNÉRALE.... .......... 1Définition et historique.............................................. 2Prévalence, caractéristiques et conséquences............................................................... 3Étiologie et maintien........................................................................................................ 5Traitement........................................................................................................................ 6
Considérations générales..........................................................................................7Interventions psychologiques non spécifiques.......................................................... 6Interventions psychologiques spécifiques....................... 7
Objectifs, description et contributions attendues...........................................................10
CHAPITRE 2 : EFFICACITÉ D’UN TRAITEMENT COMPORTEMENTAL DE LA PHOBIESOCIALE.............................................................................................................................14
Résumé..............16..........................................................................................................״Introduction.................................................................................................................... 17Méthodologie.................................................................................................................25
Participants..............................................................................................................25Protocole.................................................................................................................26
Instruments.................................................................................................................... 26Entrevue diagnostique.............................................................................................27Questionnaire d’auto-évaluation....................................................................... 27Questionnaire parental........................................... 29Tests comportementaux............................................................................... .........29
Tâche de lecture en public..................................................................................30Jeux de rôles....................................................................................................... 30
Traitement................................................................................................. 30Rencontre éducative............................................................. :............................... 31Entraînement aux habiletés sociales.......................................................................31Séance de généralisation auprès des pairs............................................................ 32Exposition in vivo.................................................................................................... 33Contrôles méthodologiques de l'implantation du traitement....................................33
Résultats...... .................................................................................................................. 33Analyses préliminaires............................................................................................35Analyses de variance sur les mesures de psychopathologie.................................36Analyses de variance sur les indices externes de fonctionnement social.............. 37Indice composite de niveau de fonctionnement............................. 38
Diagnostic de phobie sociale.............................................................................. 39Proximité d'un échantillon clinique.......................................................................40Évolution des diagnostics comorbides.................................................................41
Interventions pharmacologiques et psychologiques concomitantes...............................42
V
Discussion........................................................................................................................42Références............................................. 49
CHAPITRE 3 : PHOBIE SOCIALE A L’ADOLESCENCE : UNE RECENSION DESÉCRITS................................................................................................................................. 64
Résumé...........................................................................................................................66Introduction..................................................................................................................... 67Caractéristiques descriptives......................................................................................... 69
Prévalence................................... 69Évolution et conséquences...................... 70
Étiologie .................................................................................................................. 72Vulnérabilité génétique et tempérament................................. 72Influences environnementales.................................................................................. 73
Interactions familiales........................................................................................... 73Interactions avec les pairs.................................................................................... 76Conditionnement classique.................................................................................. 77
Facteurs individuels...................................................................................................78Habiletés sociales ................................................................................................78Évitement........................................................ 79Facteurs cognitifs......................... 80
Évaluation................................................................................................................. 82Entrevues diagnostiques...................................................................................... 82Echelles complétées par le clinicien..................................... 82Questionnaires conçus pour les adultes.............................................................. 83Questionnaires conçus pour les adolescents...................... 84Questionnaires destinés aux parents....................................................................86
Traitement................................................................................................................. 89Thérapie pharmacologique................................................................................... 89Interventions psychologiques non spécifiques..................................................... 92Interventions psychologiques spécifiques........................................................... 93
Thérapie cognitivo-comportementale............................................................... 93Thérapie de groupe cognitivo-comportementale pour adolescents....... .........93Programme d’habiletés pour le succès scolaire et social................................ 94Entraînement à l'efficacité sociale....................................................................94Thérapie pour les adolescents atteints de phobie sociale généralisée........... 95Résultats des études....................................................................................... 95
Discussion....................................................................................................................101Références................................................... 106
CHAPITRE 4 : CONCLUSION GÉNÉRALE ..................................................................... 127
LISTE DES OUVRAGES CITÉS........................................................................................133
VI
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
Tableau 1. Moyennes, écart-types, analyse de variance selon les temps de mesure etcontrastes a posteriori pour les variables dépendantes ....................................................59
Tableau 2. Moyennes, écart-types, analyse de variance selon les temps de mesure et contrastes a posteriori pour les critères externes de signification clinique ...................... 61
Tableau 3. Répartition des participants qui rencontrent les critères d’un niveau de fonctionnement élevé au post-traitement et au suivi ......................................................... 62
Tableau 4. Nombre de diagnostics comorbides en pré-traitement, au post-traitement et au suivi ................................................................................................................................... 63
Figure 1. Modèle développemental de la phobie sociale ................................................. 13
Introduction générale 1
CHAPITRE 1
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Introduction générale 2
Définition et historique
La quatrième édition du Diagnostic and Statistical Manual for Mental Disorder
(DSM-IV) publiée par PAmerican Psychiatrie Association (APA, 1994) définit la phobie
sociale comme une peur intense et persistante d’une ou plusieurs situations sociales où
l’individu est exposé à des personnes peu familières ou à !’observation d’autrui. Ce
diagnostic n’est posé que si l’anxiété nuit d’une façon importante au fonctionnement ou
entraîne une souffrance considérable. La phobie sociale est qualifiée de généralisée
lorsque la plupart des situations sociales provoquent l’anxiété. La phobie sociale
spécifique à une situation apparaît comme l’exception plutôt que la règle (Holt, Heimberg,
Hope, & Liebowitz, 1992). Certains auteurs préconisent d’ailleurs !’utilisation du terme
trouble d’anxiété sociale, afin de marquer la différence avec les phobies spécifiques, et de
refléter l’évolution chronique et les handicaps majeurs qui lui sont associés (e.g., Schneier,
Johnson, Hornig, Liebowitz, & al., 1992).
Les chercheurs des domaines de la psychologie, clinique et développementale
étudient depuis longtemps des construits plus ou moins apparentés à la PS tels que la
timidité, le retrait social et l’anxiété sociale chez les enfants et les adolescents (p. ex.,
Hymel, Franke, & Freigang, 1985; Ishiyama, 1984). Cependant, le développement de la
recherche sur la PS à proprement parler est étroitement lié à l’évolution de la
nomenclature psychiatrique présentée dans le DSM. C’est en 1980, dans la troisième
édition (APA, 1980), qu’on retrouve pour la première fois l’entité diagnostique « phobie
sociale ». Les auteurs estimaient à l’époque que les phobies sociales sont généralement
spécifiques à une situation telle que parler, manger ou écrire en public, que ce trouble est
peu fréquent et rarement invalidant. Dans cette édition apparaît également pour la
première fois le diagnostic de trouble évitant de l’enfance et l’adolescence, défini comme
un évitement persistant et excessif des étrangers, d’une intensité suffisante pour interférer
avec le fonctionnement social. Chez les moins de 18 ans, ce diagnostic a priorité sur celui
de phobie sociale, excluant de fait ce dernier diagnostic dans la majorité des cas. Malgré
le manque d’informations sur ce trouble, il est considéré comme peu fréquent. Les auteurs
ignorent la probabilité qu’il devienne chronique ou se transforme, chez l’adulte, en phobie
sociale. En pratique, les jeunes aux prises avec des peurs significatives concernant le
jugement négatif d’autrui étaient susceptibles de recevoir un diagnostic de trouble
Introduction générale 3
d’hyperanxiété. Cette situation persiste lors de la révision du DSM effectuée en 1987
(APA, 1987).
L’évolution des connaissances sur la phobie sociale et les changements majeurs
apportés à la quatrième édition du DSM (APA, 1994) contribuent à l’essor de la recherche
sur la phobie sociale chez les mineurs. En effet, le trouble évitant de l’enfance et
l’adolescence est éliminé de la nomenclature. Ce retrait est motivé par le peu de
différences empiriques observées entre ces deux entités diagnostiques et permet au
diagnostic de phobie sociale d’être plus facilement attribué aux personnes
mineures.Toutefois, certaines particularités diagnostiques et cliniques sont mentionnées
concernant la phobie sociale chez les mineurs. Premièrement, l’enfant ou l’adolescent
atteint doivent être en mesure d’établir des relations sociales appropriées avec des
personnes familières. Deuxièmement, l’anxiété doit être présente avec les pairs et non
seulement avec les adultes. De plus, les mineurs ne reconnaîtraient pas toujours le
caractère excessif de leur anxiété. Enfin, étant donné le faible degré de contrôle qu’ils
exercent sur leur environnement, ils seraient davantage susceptibles d’endurer les
situations avec un degré de détresse élevé plutôt que de les éviter.
Prévalence, caractéristiques et conséquences
Les estimations de la prévalence de la phobie sodale varient suivant la définition
du trouble au moment des études, l’instrument et les critères de signification clinique
employés. Selon les études effectuées d’après les critères du DSM-IV, 1,6 % à 8,2 % des
adolescents ont été affectés par la phobie sociale au cours de leur vie (Essau, Conradt, &
Petermann, 1999; Olivares, Rosa Alcazar, & Piqueras Rodriguez, 2004 ). La majorité des
études épidémiologiques situent son âge d'apparition moyen entre 14 et 16 ans (e.g.,
Davidson, Hughes, George, & Blazer, 1993; Schneier et al., 1992). Comme chez les
adultes, la répartition entre les sexes est d’environ deux filles pour un garçon (Essau et al.,
1999; West, Sweeting, Der, Barton, & Lucas, 2003; Wittchen, Stein, & Kessler, 1999).
La phobie sociale semble être un trouble chronique, particulièrement lorsqu’elle est
déjà présente à l’adolescence. Chez les 14-24 ans, seuls 25 % des personnes atteintes
ont connu une rémission, avec ou sans rechute subséquente (Wittchen et al., 1999). Ce
chiffre grimpe à seulement 50 % chez les 15-64 ans (DeWit, Ogborne, Offord, &
MacDonald, 1999b). La durée médiane du trouble est de 25 ans, avec une probabilité de
rémission maximale après 30 à 35 années de maladie. Ceci explique que la phobie
Introduction générale 4
sociale soit le trouble d’anxiété le plus répandu et le troisième trouble mental le plus
fréquent chez les adultes (Kessler et al., 1994).
Wittchen et al. (1999) constatent que le taux de comorbidité augmente
significativement entre 14 et 24 ans chez les participants atteints de phobie sociale
généralisée. La phobie sociale est associée, chez les adolescents, à une augmentation du
risque ultérieur d’abus de substances (DeWit, MacDonald, & Offord, 1999a; Kessler et al.,
1994; Nelson et al., 2000) et d’épisodes de dépression majeure (Last, Perrin, Hersen, &
Kazdin, 1992; Stein et al., 2001). Elle précède 85,2 % des troubles d’abus de substances,
81,6 % des troubles dépressifs majeurs, et 64,6 % des autres troubles anxieux, à
l’exception des phobies spécifiques. Les tentatives de suicide chez les adolescents
atteints de phobie sociale sont 1,75 à 2,6 fois plus fréquentes que dans la population
générale des adolescents; ce risque augmente de 7 à 22,5 fois lors que la phobie sociale
est accompagnée d’un épisode dépressif majeur (Nelson et al., 2000; Stein et al., 2001).
Ceci est inquiétant compte tenu de la fréquente comorbidité entre ces problématiques.
Selon des études épidémiologiques et des recensements dans les écoles, 14,3 à 28,5
% des adolescents atteints de phobie sociale présentent un trouble de l’humeur et 50 à 70
%, un autre trouble anxieux (Essau et al., 1999; Fisher, Masia-Warner, & Klein, 2004;
Olivares et al., 2002; Olivares et al., 2004). Le trouble d’anxiété généralisée est le plus
fréquent d’entre eux, avec des taux de 30 à 40 % (Fisher et al., 2004; Olivares et al., 2002;
Olivares et al., 2004). Les troubles d’abus de substances affecteraient 8,5 à 9 % des
adolescents atteints de phobie sociale (Olivares et al., 2002; Olivares et al., 2004). Les
taux de comorbidité sont similaires dans les échantillons cliniques, bien qu’aucune étude
n’ait évalué les pourcentages séparément pour les enfants et les adolescents (Albano,
Chorpita, & Barlow, 1996; Last, Strauss, & Francis, 1987; Strauss & Last, 1993).
Les effets négatifs de la phobie sociale sur le fonctionnement social des adolescents
ont été documentés par plusieurs études épidémiologiques et cliniques (Essau, Conradt, &
Petermann, 2000; Monfette et al., 2004; Wittchen et al., 1999). Ceux-ci semblent se
répercuter à l’âge adulte sur la vie amoureuse, puisque les données épidémiologiques
indiquent que les personnes atteintes de phobie sociale sont moins susceptibles d’être
mariées que les personnes atteintes d’un autre trouble anxieux (e.g., Schneier et al.,
1992). Les dommages de ce trouble sont également importants au plan académique
(Essau et al., 2000; Wittchen et al., 1999), nuisant ainsi à !’épanouissement professionnel.
Introduction générale 5
Étiologie et maintien
Plusieurs modèles théoriques de l’étiologie et du maintien de la phobie sociale ont
été développés par les chercheurs du domaine des troubles d’anxiété chez les adultes.
Ces modèles mettent pour la plupart l’accent sur les variables cognitives et
comportementales, mais n’incluent pas explicitement les facteurs développementaux. Un
premier modèle développemental spécifique à la phobie sociale a été proposé par Morris
(1999, voir Figure 1).
Selon ce modèle, la phobie sociale peut avoir pour causes immédiates (a)
l’évitement et le retrait en situation sociale, (b) des déficits d’habiletés sociales, et (c) un
phénomène de conditionnement classique par suite d’événements sociaux aversifs.
Certaines variables peuvent causer indirectement la phobie sociale par le biais de leur
influence sur ces causes proximales. Ces causes distales comprennent des processus
interactifs impliquant le tempérament de l’enfant, ses interactions avec sa famille et ses
pairs. L’ensemble de ces éléments interagissent entre eux pour déterminer le degré
d’anxiété sociale.
Il est à noter que ce modèle n’inclut pas de variables cognitives. Les modèles
cognitifs de la phobie sociale connaissent pourtant une grande popularité chez les adultes.
De plus, la majorité des traitements des troubles d’anxiété chez les enfants et les
adolescents ciblent certains facteurs cognitifs. D’après ce type de modèles (e.g., Rapee &
Heimberg, 1997), l’aspect essentiel de la phobie sociale réside dans un fort désir de faire
bonne impression sur autrui, associé à une incapacité perçue d’y arriver. Activées par les
situations sociales, ces croyances amènent des auto-verbalisations négatives, qui
déclenchent les symptômes comportementaux et physiologiques de l’anxiété. Les
symptômes physiques sont interprétés comme un signe de mauvaise performance et
augmentent à leur tour l’anxiété. Une part excessive des ressources attentionnelles sont
dirigées vers les indices internes d’évaluation négative, ce qui interfère avec un
fonctionnement social adéquat.
Introduction générale 6
Traitement
Considérations générales
Des données épidémiologiques allemandes indiquent que seulement 4,6 % des jeunes
allemands de 14 à 24 ans présentant une phobie sociale pure ont déjà consulté un
professionnel de la santé mentale (Wittchen et al., 1999). La proportion de ces
adolescents qui reçoivent un traitement appuyé empiriquement est inconnue. Aux États-
Unis, le taux de consultation des adultes atteints de phobie sociale, soit 5 %, s’avère
même légèrement inférieur au taux de consultation des adultes sans trouble psychiatrique
(Schneier et al., 1992). Une table ronde organisée par l'Association for Anxiety Disorders
of America et le National Institute of Mental Health en 1998 (AADA, 1998) a souligné le
grand besoin de recherches sur les traitements de la phobie sociale chez les jeunes.
Puisque les taux de comorbidité des échantillons cliniques sont similaires à ceux
provenant de la population générale, d’autres facteurs que la gravité des difficultés doivent
expliquer qu’une faible minorité de jeunes reçoivent un traitement. Les travaux de Chavira
(2003) indiquent que l’intensité perçue de l’anxiété sociale de leur enfant n’est pas
significativement associée à l’intention des parents d’obtenir des services de santé
mentale pour eux. Ceci laisse penser qu’il existe une grande méconnaissance dans la
population au sujet de l’existence, l’évolution et l’impact de la phobie sociale. Il est vrai que
l’anxiété sociale n’est pas obligatoirement associée à la maladie mentale, mais plutôt
représentée sur un continuum (Rapee & Heimberg, 1997). La limite entre le normal et le
pathologique est particulièrement ambiguë à l’adolescence, reconnue comme une période
de demandes sociales nouvelles (Amies, Gelder, & Shaw, 1983) et de préoccupations
accrues concernant !’acceptation par les pairs et l’image corporelle (Petersen & Leffert,
1995). Ajoutées au fait que la présentation clinique de la phobie sociale varie de manière
importante en fonction du nombre et du type de situations évitées, de l’importance de
l’évitement et du degré de handicap, ces réalités représentent un défi pour !’identification
et le traitement de la phobie sociale chez l’adolescent.
Interventions psychologiques non spécifiques
Un grand nombre d’études de traitement ont été publiées qui appuient l’efficacité
des programmes de type « Coping cat » dans le traitement des troubles d’anxiété chez les
enfants et adolescents (e.g., Barrett, Dadds, & Rapee, 1996; Flannery-Schroeder &
Introduction générale 7
Kendall, 2000; Kendall, 1994; Kendall & Southam Gerow, 1996). Ce type de programmes
contient toujours les quatre composantes suivantes, soit (a) la psychoéducation, (b)
l’exposition, (c) !'utilisation d’habiletés spécifiques, et (d) les devoirs. Les habiletés
spécifiques varient d’une étude à l’autre et incluent l’entraînement à la relaxation, la
restructuration cognitive, les habiletés sociales et de résolution de problèmes. Le format
d’exposition varie en ce qui concerne la rapidité de la progression dans la hiérarchie des
situations anxiogènes, et le type de stimuli, soit imaginaires, simulés lors des rencontres
ou in vivo.
Plusieurs facteurs empêchent de tirer des conclusions à propos de l’efficacité de ce
type de programme dans le traitement de la phobie sociale chez les adolescents.
Premièrement, la plupart des études ne rapportent pas les résultats séparément selon le
diagnostic et seules deux d’entre elles (Silverman et al., 1999a; Silverman et al., 1999b)
rapportent la proportion de participants atteints de phobie sociale qui sont affectés à la
condition traitement. Par contre, les résultats de la seule recherche ayant analysé la
réponse au traitement en fonction du diagnostic principal suggèrent une efficacité similaire
pour la phobie sociale, le trouble d’hyperanxiété et le trouble d’anxiété de séparation, tant
au post-test qu’au suivi d’un an (61,5% et 76,9%, respectivement; Barrett et al., 1996) et
six ans après la fin du traitement (90%; Barrett, Duffy, Dadds, & Rapee, 2001).
Deuxièmement, la seule étude comprenant un index de fonctionnement social (anxiété
sociale, amitiés, solitude et activités sociales) ne rapporte pas d’effet du traitement sur
cette variable comparativement à la liste d’attente (Flannery-Schroeder & Kendall, 2000).
Troisièmement, les quatre études qui ont analysé l’effet de l’âge sur les résultats indiquent
une relation négative avec l’efficacité du traitement (Barrett et al., 1996; Cobham, 1998;
Silverman et al., 1999a; Southam-Gerow, Kendall, & Weersing, 2001). Enfin, aucune de
ces nombreuses études n’a comparé les effets du traitement à ceux d’un placebo
psychologique crédible. Il est donc difficile d’affirmer que les ingrédients spécifiques du
programme sont responsables de l’amélioration observée.
Interventions psychologiques spécifiques
D’autres chercheurs ont plutôt testé l’efficacité d’interventions spécifiquement
destinées aux adolescents atteints de phobie sociale. Le Traitement Cognitivo-
Comportemental de Groupe pour Adolescents (TCCG-A ; Albano et al., 1995) est adapté
d’un programme validé empiriquement selon les critères de la Division de psychologie
Introduction générale 8
clinique de I ’American Psychological Association pour la population adulte (Heimberg,
1991). Ce programme de 16 rencontres d’une heure comprend un entraînement aux
habiletés sociales et à la restructuration cognitive, de même que des séances d’exposition
simulée. Hayward, Varady, Albano, Thienemann, Henderson, et al. (2000) ont réalisé une
étude randomisée sur l’efficacité de cette intervention comparée à l’absence de traitement,
auprès de 35 adolescentes. Les adolescentes qui présentent un trouble de l’humeur actuel
sont exclues de l’étude. Au post-traitement, les auteurs rapportent la présence de
symptômes résiduels considérables. De plus, la proportion de participantes en rémission
et le score moyen à un inventaire d’anxiété sociale ne sont pas significativement différents
entre les groupes au suivi d’un an. Une autre étude randomisée a été réalisée par Tracey,
Patterson, Mattis, Chorpita, Albano et al. (1999, cité dans Albano, 2000). Les 27
participants reçoivent la TCCG-A, avec ou sans !’implication ponctuelle des parents. Les
résultats préliminaires indiquent des changements statistiquement significatifs, sans
différence significative entre les deux groupes. Les informations partielles fournies par
Albano (2000) permettent difficilement de tirer des conclusions éclairées puisque l’étude
n’a jamais été publiée.
Masia et ses collaborateurs (2001) ont développé et testé un programme de
traitement destiné à être implanté en milieu scolaire. Il comprend 12 rencontres de groupe
de 40 minutes et deux relances, de même que deux brèves rencontres individuelles (15
minutes) et quatre activités sociales de 90 minutes avec des pairs pro-sociaux. Les
rencontres de groupe portent sur la restructuration cognitive, l’entraînement aux habiletés
sociales et l’exposition. Les séances d’exposition ont régulièrement lieu à l’école, avec
l’aide de pairs complices ou de membres du personnel. Les résultats d’un protocole
expérimental avec liste d’attente, réalisé auprès de 42 adolescents, sont mitigés (Fisher et
al., 2004). En effet, le taux de participants traités qui ne répondent plus aux critères de la
phobie sociale est de 67 % au post-test et 72 % 9 mois après la fin du traitement,
comparativement à 6 % dans le groupe contrôle. Toutefois, les changements significatifs
ne sont observés qu’aux mesures complétées par le clinicien ainsi qu’aux questionnaires
d’anxiété sociale. L’effet du traitement n’est pas significatif et les grandeurs d’effet sont
faibles pour les mesures de peur du jugement négatif d’autrui, d’anxiété générale,
d’humeur dépressive et de sentiment de solitude. Le traitement semble donc exercer un
effet bénéfique sur les symptômes de phobie sociale, mais pas sur les variables associées
à ce trouble.
Introduction générale 9
Une équipe de chercheurs espagnols a développé un programme intitulé Thérapie
pour les Adolescents atteints de Phobie Sociale Généralisée (TAPSG; Olivares & Garcia
Lopez, 2001) et en a testé l’efficacité. Ce programme comprend 12 séances de 90
minutes pendant lesquelles les participants reçoivent un entraînement aux habiletés
sociales et à la restructuration cognitive. Ces rencontres comprennent également de
courtes séances d’exposition simulée de 5 à 10 minutes, effectuées grâce à la
collaboration des autres membres et de complices, enregistrées sur caméra vidéo. Les
enregistrements sont ensuite visionnés de manière à fournir un soutien à la discussion et
à la restructuration cognitive. Les participants ont accès à deux heures de thérapie
individuelle optionnelle qui peuvent être utilisées pour une variété d’objectifs individuels.
Les auteurs ne rapportent pas le nombre de ces séances optionnelles qui ont
effectivement été utilisées par les participants.
Les résultats encourageants d’un protocole pré-test post-test sans groupe contrôle
(2001) réalisé auprès de 11 adolescents ont mené à la mise sur pied d’une étude de plus
grande envergure (Garcia-Lopez et al., 2002; Olivares et al., 2002) où les auteurs
comparent la TCCG-A, la TAPSG et la version espagnole de l’Entraînement à l’Efficacité
Sociale pour enfants et adolescents (EES-C/A; Beidel, Turner, & Morris, 1996). Le
programme original comprend trois heures de traitement hebdomadaires durant 12
semaines, également réparties entre l’exposition in vivo individuelle, l’entraînement aux
habiletés sociales en groupe et des activités dans la communauté avec des pairs pro-
sociaux. Il est adapté de la version pour adultes, validée empiriquement selon les critères
de la Division de psychologie clinique de ΓAmerican Psychological Association (Turner,
Beidel, Cooley, & Woody, 1994). Olivares et ses collaborateurs (1998) ont remplacé les
activités sociales par quatre rencontres individuelles d’une heure qui visent à augmenter
l’autonomie des participants et promouvoir !’utilisation continue des stratégies
thérapeutiques. Quatre rencontres d’entraînement aux habiletés sociales portent sur la
communication en public, un aspect qui n’est pas abordé dans la version originale. Le
programme modifié a été baptisé Entraînement à l’efficacité sociale pour adolescents
(EES-A).
Les trois programmes sont comparés avec un groupe contrôle qui ne désire pas
recevoir d’intervention, sans répartition aléatoire. La taille de l’échantillon, composé de 59
adolescents, ne permet pas de comparer statistiquement les interventions. Au post-test,
les trois interventions donnent des résultats supérieurs à l’absence de traitement au plan
Introduction générale 10
des mesures auto-rapportées d’anxiété sociale, d’estime de soi et de fonctionnement
général, avec des grandeurs d’effet presque uniformément élevées. Cependant, la 7CCG-
A représente la seule intervention qui n’améliore pas significativement le fonctionnement
général des participants. De plus, l’amélioration associée à la TCCG-A n’est plus
statistiquement significative au suivi d’un an, alors que les grandeurs d’effet augmentent
entre le post-test et le suivi pour les deux autres interventions. Dans cette étude, l’EES-A
est associé aux grandeurs d’effet les plus importantes.
L’efficacité du programme TAPSG est appuyée par une autre étude effectuée
auprès de 34 adolescents par la même équipe de recherche (Olivares et al., 2004), à
l’aide d’un protocole expérimental avec liste d’attente. Les résultats sont toutefois limités
puisque les auteurs n’ont inclus ni tâche expérimentale, ni questionnaire destiné aux
parents, ni mesure des phénomènes importants couramment associés à la phobie sociale,
soit l’anxiété générale et l’humeur dépressive. Il est également à noter que toutes les
études d’OIivares et ses collaborateurs excluent les adolescents qui présentent un
diagnostic actuel ou passé de trouble d’abus de substances.
Objectifs, description et contributions attendues
En somme, bien que l’adolescence représente le moment typique d’apparition de la
phobie sociale, trouble fréquent et chronique aux conséquences psychosociales
importantes, les études ont en grande majorité porté sur des échantillons adultes jusqu’à
la publication du DSM-IV en 1994. Une table ronde organisée par l'Association for Anxiety Disorders
of America et le National Institute of Mental Health en 1998 (AADA, 1998) a souligné le grand besoin de
recherches sur les traitements de la phobie sociale chez les jeunes. Actuellement, les données indiquent que
moins de 5 % des adolescents atteints de phobie sociale reçoivent un traitement en santé
mentale (Wittchen et al., 1999). Le pourcentage de ces adolescents qui reçoivent un
traitement approprié est inconnu.
Malgré ces constats, les études de traitement psychologique de la phobie sociale à
l’adolescence demeurent peu nombreuses et donnent pour la plupart des résultats
mitigés. Jusqu’ici, la TAPSG et la version espagnole de l’EES-A ont fourni les indices les
plus probants de leur efficacité à moyen terme chez les adolescents, comparativement à
l’absence d’intervention. La signification clinique de ces résultats n’a toutefois jamais été
systématiquement évaluée. De plus, l’efficacité de la version originale de ce dernier
programme, conçue pour les enfants et les adolescents, n’a pas été évaluée. Cette
Introduction générale 11
version originale a pourtant démontré son efficacité chez les enfants dans l’étude la plus
rigoureuse sur le traitement de la phobie sociale chez les mineurs qui ait été publiée
jusqu’ici, comparativement à un placebo psychologique crédible (Beidel, Turner, & Morris,
2000).
En conséquence, le premier article de cette thèse rapporte les résultats d’un essai
clinique auprès des adolescents. Cette étude vise à évaluer l’efficacité de la version
originale de l’EES-E/A en mettant l’accent sur la signification clinique des résultats. Pour
ce faire, elle utilise des critères d’inclusion à l’étude plus libéraux que les principales
études publiées à ce jour. De plus, elle inclut une mesure de la perception des parents
ainsi qu’une tâche permettant de mesurer l’anxiété sociale in vivo. Afin de documenter les
effets du traitement au-delà des symptômes de phobie sociale, des instruments de mesure
des phénomènes associés les plus courants, soit l’anxiété généralisée et l’humeur
dépressive, sont employés, et l’impact du traitement sur les diagnostics secondaires est
discuté. Enfin, l’effet du traitement sur des variables comportementales externes de
fonctionnement social est estimé et un indice du niveau de fonctionnement. Cet indice du
niveau de fonctionnement comprend trois critères, soit (a) l’absence de diagnostic de
phobie sociale, (b) un score à un inventaire d'anxiété sociale se rapprochant davantage de
la moyenne d’un échantillon normal que de celle d’un échantillon clinique, et (c) un score à
un inventaire de dépression qui se rapproche davantage de la moyenne d’un échantillon
normal que de celle d’un échantillon clinique. Les deux derniers critères sont calculés à
l’aide de la méthode de Jacobson et Truax (1991), qui permet d’obtenir un score de
coupure qui tient compte de la distribution des scores des deux groupes. Ce critère peut
s’appliquer à n’importe quel trouble mental et sa signification rejoint à la fois les profanes
et les professionnels.
En plus de faire avancer les connaissances sur le traitement de la phobie sociale
chez les adolescents, cette étude permettra de valider un outil standardisé adapté aux
réalités des adolescents québécois. Éventuellement, la dissémination de ce programme
de traitement auprès des professionnels de la santé mentale leur permettra de traiter ce
trouble tôt après son apparition, avant qu’il ne limite le développement des adolescents et
n'entraîne davantage de coûts personnels et sociaux.
Deuxièmement, la dernière décennie a vu l’émergence des recherches sur les
manifestations cliniques, l’étiologie, l’évaluation et le traitement de la phobie sociale chez
Introduction générale 12
les adolescents. En conséquence, le second article de la présente thèse a pour objectif de
faire la synthèse historique et critique des connaissances actuelles sur la phobie sociale
chez les adolescents, en mettant l’accent sur l’évaluation et le traitement psychologique.
Cette synthèse permettra de dégager des pistes de recherches pour faire avancer de
manière cohérente les connaissances sur la phobie sociale chez les adolescents.
Finalement, ces connaissances devraient servir de base à des interventions précoces et
optimales auprès de cette population nombreuse et sous-traitée.
Phobie sociale
Tempérament
Interactions familiales
Relations avec les pairs
Conditionnement
Déficit d’habiletés sociales
Évitement / retrait social
Figure 1. Modèle développemental de la phobie sociale (Morris, 1999)
Intro
duct
ion
géné
rale
13
Efficacité d’un traitement comportemental 14
CHAPITRE 2
EFFICACITE D’UN TRAITEMENT COMPORTEMENTAL DE LA PHOBIE SOCIALE
CHEZ LES ADOLESCENTS
Efficacité d’un traitement comportemental 15
Titre courant: TRAITEMENT COMPORTEMENTAL DE LA PHOBIE SOCIALE
Efficacité d’un traitement comportemental de la phobie sociale chez les adolescents
Marie-Eve Monfette, Jean-Marie Boisvert, Stéphanie Poulin, Vicky Lavoie
et François Grimard
Université Laval
Québec, Québec, Canada
Note des auteurs
Marie-Eve Monfette, École de psychologie, Université Laval; Stéphanie Poulin, École de
psychologie, Université Laval; Vicky Lavoie, École de psychologie, Université Laval;
François Grimard, École de psychologie, Université Laval.
Cette étude a été appuyée par des bourses d’études doctorales du Conseil de
Recherches en Sciences Humaines du Canada (CRSH) et du Fonds pour la Recherche
en Santé du Québec (FRSQ) attribuée à la première auteure, ainsi que par une
subvention du Fonds pour l’Aide aux chercheurs et à la Recherche (FCAR) attribuée au
second auteur (subvention d’équipe).
La correspondance au sujet de cet article doit être adressée à Marie-Eve Monfette,
M.Ps., Université Laval, École de Psychologie, pavillon Félix-Antoine-Savard, Sainte-Foy,
Québec, Canada, G1K 7P4. FAX : 418.656.3646, Courriel : [email protected]!.ca.
Efficacité d’un traitement comportemental 16
Résumé
La phobie sociale est le troisième trouble mental en importance dans la population,
affectant environ 7 % des adolescents et adultes. Bien que l’efficacité des traitements
cognitivo-comportementaux de la phobie sociale chez les adultes soit reconnue, très peu
de données sont disponibles quant à leur efficacité chez les adolescents. La présente
étude vise à effectuer un essai clinique afin de documenter l’efficacité du programme
d'Entraînement à l’Efficacité Sociale auprès de cette population. Dix-sept participants sont
donc répartis en trois groupes selon un protocole avec liste d’attente. Des analyses de
variance et des indices statistiques de signification clinique indiquent que le traitement
exerce un impact significatif sur les symptômes de phobie sociale et le fonctionnement
général. Au post-test, 65 % des participants ne répondent plus aux critères de la phobie
sociale et 59 % n’y répondent plus au suivi. Ces résultats indiquent que le programme
présente une efficacité similaire chez les adolescents et les adultes. D’autres recherches
utilisant un protocole expérimental permettraient d’appuyer ces résultats et d’examiner
l’importance spécifique des différentes composantes thérapeutiques.
Efficacité d’un traitement comportemental 17
Selon la quatrième édition du Diagnostic and Statistical Manual for Mental Disorder
(DSM-IV) publiée par ΓAmerican Psychiatrie Associaltion (APA, 1994), la phobie sociale
consiste en une peur intense et persistante d’une ou plusieurs situations sociales où
l’individu est exposé à des personnes peu familières ou à !’observation d’autrui. Bien que
cette entité diagnostique existe depuis la parution de là troisième édition du DSM (ARA,
1980), ce n’est que depuis la quatrième édition qu’il permet d’attribuer ce diagnostic à des
mineurs et décrit les caractéristiques spécifiques à la phobie sociale chez cette population.
La phobie sociale apparaît pourtant typiquement à l’adolescence (Mannuzza, Fyer,
Liebowitz, & Klein, 1990), avec une prévalence à vie estimée à 8,2 % chez les 14-17 ans
(Olivares, Rosa Alcazar, & Piqueras Rodriguez, 2004). Il s’agit d’un trouble généralement
chronique, un âge précoce d’apparition constituant le prédicteur le plus important de la
chronicisation (DeWit, Ogborne, Offord, & MacDonald, 1999b). Alors que seulement 25 %
des personnes de 14 à 24 ans a déjà connu une rémission partielle ou totale (Wittchen,
Stein, & Kessler, 1999), ce chiffre grimpe à 50 % à peine chez les 15-64 ans (DeWit et al.,
1999b). Dans cet échantillon de la population canadienne, la durée médiane du trouble est
de 25 ans, pour une probabilité maximale de rémission après 30 à 35 années de maladie.
Chez les adolescents, la phobie sociale est associée à une augmentation du risque
ultérieur d’abus de substances (DeWit, MacDonald, & Offord, 1999a; Kessler et al., 1994;
Nelson et al., 2000) et d’épisodes de dépression majeure (Last, Perrin, Hersen, & Kazdin,
1992; Stein et al., 2001). De plus, le risque de tentatives de suicide chez les adolescents
atteints augmente jusqu’à 22,5 fois lorsque la phobie sociale est accompagnée d’un
épisode dépressif majeur (Nelson et al., 2000; Stein et al., 2001), une donnée inquiétante
au vu de la fréquente comorbidité entre ces problématiques. En effet, selon des études
épidémiologiques et des recensements dans les écoles, 14,3 à 28,5 % des adolescents
atteints de phobie sociale présentent un trouble de l’humeur (Essau, Conradt, &
Petermann, 1999; Fisher, Masia-Warner, & Klein, 2004; Olivares et al., 2002; Olivares et
Efficacité d’un traitement comportemental 18
al., 2004). La phobie sociale précède plus de 80 % des troubles d’abus de substances et
des premiers épisodes dépressifs, de même que 64,6 % des autres troubles anxieux, à
l’exception des phobies spécifiques. Une croissance du taux de comorbidité de la phobie
sociale généralisée avec ces troubles a été observée entre l’âge de 14 et 24 ans (Wittchen
étal., 1999).
En dehors de son association avec d’autres psychopathologies, la phobie sociale
exerce un impact significatif sur le développement social et scolaire des adolescents.
Ceux qui en sont atteints possèdent un réseau social plus restreint et sont moins satisfaits
de leur vie sociale et récréative (Albano, Chorpita, & Barlow, 1996; Essau, Conradt, &
Petermann, 2000; Monfette et al., 2004; Wittchen et al., 1999). Ceci semble se répercuter
à l’âge adulte sur la vie amoureuse, puisque les données épidémiologiques indiquent que
les personnes atteintes de phobie sociale sont moins susceptibles d’être mariées que
celles qui souffrent d’un autre trouble anxieux (e.g., Schneier, Johnson, Hornig, Liebowitz,
& al., 1992). D’autre part, certaines études suggèrent que la phobie sociale constitue le
trouble d’anxiété le plus dommageable au plan scolaire (Essau et al., 2000; Wittchen et
al., 1999). Ce trouble est associé à l’incapacité à compléter l’école secondaire chez les
filles et les études collégiales chez les deux sexes (Kessler, Foster, Saunders, & Stang,
1995), nuisant ainsi à !’épanouissement professionnel. Malgré ces constats qui appuient
l’importance d’une intervention précoce, les recherches sur le traitement de la phobie
sociale ont essentiellement été effectuées auprès d’une population adulte. Les dernières
années ont cependant vu l’émergence de la recherche sur le traitement de la phobie
sociale chez les mineurs.
Les premières études ont porté sur l’efficacité de programmes de type « Coping cat »
dans le traitement des troubles d’anxiété chez les enfants et adolescents (e.g., Barrett,
Dadds, & Rapee, 1996; Flannery-Schroeder & Kendall, 2000; Kendall, 1994; Kendall &
Southam Gerow, 1996). En dépit des variations, ce programme contient toujours les
Efficacité d’un traitement comportemental 19
quatre composantes suivantes, soit (a) la psychoéducation, (b) l’exposition, (c) !'utilisation
d’habiletés spécifiques, et (d) les devoirs. Les habiletés spécifiques varient d’une étude à
l’autre et incluent l’entraînement à la relaxation, la restructuration cognitive, les habiletés
sociales et de résolution de problèmes. Le format d’exposition varie en ce qui concerne la
rapidité de la progression dans la hiérarchie des situations anxiogènes et le type de
stimuli, soit imaginaires, simulés lors des rencontres ou in vivo.
Plusieurs facteurs empêchent de tirer des conclusions à propos de l’efficacité de ce
type de programme dans le traitement de la phobie sociale chez les adolescents.
Premièrement, la plupart des études ne rapportent pas les résultats dinstincts selon le
diagnostic et seules deux d’entre elles (Silverman et al., 1999a; Silverman et al., 1999b)
rapportent la proportion de participants atteints de phobie sociale qui sont affectés à la
condition traitement. Par contre, les résultats de la seule recherche ayant analysé la
réponse au traitement en fonction du diagnostic principal suggèrent une efficacité similaire
pour la phobie sociale, le trouble d'hyperanxiété et le trouble d’anxiété de séparation, tant
au post-test qu’au suivi d’un an (61,5% et 76,9%, respectivement; Barrett et al., 1996) et
six ans après la fin du traitement (90%; Barrett, Duffy, Dadds, & Rapee, 2001).
Deuxièmement, la seule étude comprenant un index de fonctionnement social (anxiété
sociale, amitiés, solitude et activités sociales) ne rapporte pas d’effet du traitement sur
cette variable comparativement à la liste d’attente (Flannery-Schroeder & Kendall, 2000),
ce qui suggère que les sphères de fonctionnement particulièrement altérées par la phobie
sociale n’ont pas été améliorées. Troisièmement, les quatre études qui ont analysé l’effet
de l’âge sur les résultats indiquent une relation négative avec l’efficacité du traitement
(Barrett et al., 1996; Cobham, 1998; Silverman et al., 1999a; Southam-Gerow, Kendall, &
Weersing, 2001). Enfin, aucune de ces nombreuses études n’a comparé les effets du
traitement à ceux d’un placebo psychologique crédible. Il est
les ingrédients spécifiques du programme sont responsables
Efficacité d’un traitement comportemental 20
D’autres chercheurs ont plutôt testé l’efficacité d’interventions spécifiquement
destinées aux adolescents atteints de phobie sociale. Monfette et Boisvert (2000) ont
réalisé une étude-pilote afin de connaître l’efficacité d’une thérapie cognitivo-
comportementale auprès de six adolescents. Le traitement comprenait deux rencontres
individuelles d’une heure et dix rencontres de groupe de deux heures. Les rencontres
individuelles ont servi à présenter la restructuration cognitive et l’entraînement à la
résolution de problèmes. Quatre activités étaient réalisées en groupe, soit a) la
restructuration cognitive, b) la résolution de problèmes et la planification d’exercices, c)
l’entraînement aux habiletés sociales, et d) des expositions simulées. Par suite du
traitement, deux participants (33 %) ne répondent plus aux critères diagnostiques de la
phobie sociale et aucune différence significative n’apparaît aux questionnaires d’auto-
évaluation, par rapport au pré-test.
Un programme de 16 rencontres d’une heure, au contenu similaire, soit le
Traitement Cognitivo-Comportemental de Groupe pour Adolescents ( TCCG-A), a été
initialement évalué par Albano, Marten, Holt, Heimberg et Barlow (1995). Celui-ci est
adapté d’un programme validé empiriquement selon les critères de la Division de
psychologie clinique de I ’American Psychological Association pour la population adulte
(Heimberg, 1991). L’étude pilote réalisée par Albano, et al. (1995) laissait présager
l’efficacité de la TCCG-A. En effet sur cinq adolescents qui ont reçu le traitement, quatre
ne répondent plus aux critères diagnostiques de la phobie sociale au suivi d’un an.
Cependant, la majorité des participants rapporte toujours des craintes d’intensité sous-
clinique.
Hayward, Varady, Albano, Thienemann, Henderson, et al. (2000) ont réalisé une
étude randomisée sur l’efficacité de cette intervention comparée à l’absence de traitement,
auprès de 35 adolescentes. Au post-traitement, 45 % des adolescentes traitées ne
répondent plus aux critères diagnostiques de la phobie sociale, contre 5 % de celles du
Efficacité d’un traitement comportemental 21
groupe contrôle. Tout comme Albano et al. (1995), les auteurs rapportent toutefois la
présence de symptômes résiduels considérables. De plus, la proportion de participantes
en rémission et le score moyen à un inventaire d’anxiété sociale ne sont pas
significativement différents entre les groupes au suivi d’un an. Une autre étude
randomisée a été réalisée par Tracey, Patterson, Mattis, Chorpita, Albano et al. (1999, cité
dans Albano, 2000). Les 27 participants reçoivent la TCCG-A, avec ou sans !’implication
ponctuelle des parents. Les résultats préliminaires indiquent des changements
statistiquement significatifs aux mesures auto-rapportées d’anxiété sociale, avec 70 % des
participants qui ne répondent plus aux critères de la phobie sociale au suivi de 6 mois,
sans différence significative entre les deux groupes. Ces informations partielles permettent
difficilement de tirer des conclusions éclairées puisque l’étude n’a jamais été publiée.
Masía et ses collaborateurs (2001) ont développé et testé un programme de
traitement destiné à être implanté en milieu scolaire, intitulé Habiletés pour le Succès
Scolaire et Social (HSSS). Réparti sur 3 mois, il comprend 12 rencontres de groupe de 40
minutes et deux relances, de même que deux brèves rencontres individuelles (15 minutes)
et quatre activités sociales de 90 minutes avec des pairs prosociaux. Les rencontres de
groupe portent sur la restructuration cognitive, !’entraînement aux habiletés sociales et
l’exposition. Les séances d’exposition ont régulièrement lieu à l’école, avec l’aide de pairs
complices ou de membres du personnel. Une étude-pilote (Masia et al., 2001) a été
réalisée auprès de 6 adolescents. À la suite du traitement, seulement trois des participants
ne répondent plus aux critères de la phobie sociale et le niveau moyen d’anxiété sociale
auto-rapporté n’a pas significativement diminué. Les résultats d’un protocole expérimental
avec liste d’attente, réalisé auprès de 42 adolescents, sont également mitigés (Fisher et
al., 2004). En effet, le taux de participants traités qui ne répondent plus aux critères de la
phobie sociale est de 67 % au post-test et 72 % neuf mois après la fin du traitement,
comparativement à 6 % dans le groupe contrôle. Toutefois, les changements significatifs
Efficacité d’un traitement comportemental 22
ne sont observés qu’aux mesures complétées par le clinicien ainsi qu’aux questionnaires
d’anxiété sociale. L’effet du traitement n’est pas significatif et les grandeurs d’effet sont
faibles pour les mesures de peur du jugement négatif d’autrui, d’anxiété générale,
d’humeur dépressive et de sentiment de solitude. Le traitement semble donc exercer un
effet bénéfique sur les symptômes de phobie sociale, mais pas sur les variables associées
à ce trouble.
Une équipe de chercheurs espagnols a développé un programme intitulé Thérapie
pour les Adolescents atteints de Phobie Sociale Généralisée (TAPSG; Olivares & Garcia
Lopez, 2001) et en a testé l’efficacité. Ce programme comprend 12 séances
hebdomadaires de 90 minutes pendant lesquelles les participants reçoivent un
entraînement aux habiletés sociales et à la restructuration cognitive. Ces rencontres
comprennent également de courtes séances d’exposition simulée de 5 à 10 minutes,
effectuées à l’aide des autres membres et de complices, enregistrées sur caméra vidéo.
Les enregistrements sont ensuite visionnés de manière à fournir un support à la
discussion et la restructuration cognitive. Les participants ont accès à deux heures de
thérapie individuelle optionnelle qui peuvent être utilisées pour une variété d’objectifs
individuels. Les auteurs ne rapportent pas le nombre de ces séances optionnelles qui ont
effectivement été utilisées par les participants.
Olivares et Garcia-Lopez (2001) ont initialement testé l’efficacité de la TAPSG chez
11 adolescents espagnols à l’aide d’un protocole pré-test post-test sans groupe-contrôle.
Les améliorations statistiquement significatives et les grandeurs d’effet importantes
obtenues aux mesures d’anxiété sociale ont mené à la mise sur pied d’une étude de plus
grande envergure (Garcia-Lopez et al., 2002; Olivares et al., 2002) où les auteurs
comparent la TCCG-A, la TAPSG et la version espagnole de ΓEntraînement à l’Efficacité
Sociale pour enfants et adolescents (EES-C /A ; Beidel, Turner, & Morris, 1996). Le
programme original comprend trois heures de traitement hebdomadaires durant 12
Efficacité d’un traitement comportemental 23
semaines, également réparties entre l’exposition in vivo individuelle, l’entraînement aux
habiletés sociales en groupe et des activités dans la communauté avec des pairs
prosociaux. Il est adapté de la version pour adultes, validée empiriquement selon les
critères de la Division de psychologie clinique de \'American Psychological Association
(Turner, Beidel, Cooley, & Woody, 1994). Olivares et ses collaborateurs (1998) ont
remplacé les activités sociales par quatre rencontres individuelles d’une heure qui visent à
augmenter l’autonomie des participants et promouvoir !’utilisation continue des stratégies
thérapeutiques. Quatre rencontres d’entraînement aux habiletés sociales portent sur la
communication en public, un aspect qui n’est pas abordé dans la version originale.
Les trois programmes sont comparés avec un groupe contrôle qui ne désire pas
recevoir d’intervention, sans répartition aléatoire. La taille de !’échantillon, composé de 59
adolescents, ne permet pas de comparer statistiquement les interventions. Au post-test,
les trois interventions donnent des résultats supérieurs à l’absence de traitement au plan
des mesures auto-rapportées d’anxiété sociale, d’estime de soi et de fonctionnement
général, avec des grandeurs d’effet presque uniformément élevées. Cependant, la TCCG-
A représente la seule intervention qui n’améliore pas significativement le fonctionnement
général des participants. De plus, l’amélioration associée à la TCCG-A n’est plus
statistiquement significative au suivi d’un an. En effet, 53,33 % des participants ne
répondent plus aux critères de la phobie sociale au post-test, contre 26,67 % au suivi. La
tendance inverse est observée pour les deux autres traitements : le pourcentage de
participants qui ne répondent plus aux critères de la phobie sociale au post-traitement et
au suivi passe de 33,33 % à 46,67 % pour la TAPSG et de 35,71 % à 57,14 % pour l’EES-
A. Seuls 13,33 % des participants du groupe contrôle ne répondent plus aux critères de la
phobie sociale au post-test et 6,67 % au suivi. Dans cette étude, l’EES-A est associé aux
grandeurs d’effet les plus importantes.
Efficacité d’un traitement comportemental 24
L’efficacité du programme TAPSG est appuyée par une autre étude effectuée auprès
de 34 adolescents par la même équipe de recherche (Olivares et al., 2004), à l’aide d'un
protocole expérimental avec liste d’attente. Au post-test, 58,82 % des participants traités
ne répondent plus aux critères de la phobie sociale, contre aucun des participants de la
liste d’attente. Le taux d'efficacité grimpe à 70 % au suivi de 6 mois. Ceci se traduit par
une diminution statistiquement significative des scores à des mesures auto-rapportées
d’anxiété sociale, d’estime de soi, d’habiletés sociales, de fonctionnement général et
social. Ces résultats sont toutefois limités puisque les auteurs n’ont inclus ni tâche
expérimentale, ni questionnaire destiné aux parents, ni mesure des phénomènes
importants couramment associés à la phobie sociale, soit l’anxiété générale et l’humeur
dépressive.
En somme, bien que l’adolescence représente le moment typique d’apparition de la
phobie sociale, trouble chronique aux conséquences psychosociales importantes, les
études de traitement auprès de cette population sont peu nombreuses et donnent pour la
plupart des résultats mitigés. Jusqu’ici, la TAPSG et la version espagnole de l’EES-A ont
fourni les indices les plus probants quant à leur efficacité à moyen terme chez les
adolescents, comparativement à l’absence d’intervention. La signification clinique de ces
résultats n’a toutefois jamais été systématiquement évaluée. De plus, l’efficacité de la
version originale de ce dernier programme, conçu pour les enfants et les adolescents, n’a
jamais été évaluée. Cette version originale a pourtant démontré son efficacité chez les
enfants dans l’étude la plus rigoureuse sur le traitement de la phobie sociale chez les
mineurs qui ait été publiée jusqu’ici, comparativement à un placebo psychologique
crédible (Beidel, Turner, & Morris, 2000). La présente étude vise donc à effectuer un essai
clinique auprès des adolescents afin d’évaluer préliminairement l’efficacité de la version
originale de I'EES-E/A. En plus d’analyses statistiques, l’accent sera mis sur l’utilisation
systématique d’indices de signification clinique des résultats.
Efficacité d’un traitement comportemental 25
Méthodologie
Participants
Trente-cinq adolescents âgés de 14 à 18 ans sont recrutés à l’aide d’annonces
publiées dans les médias écrits et de lettres envoyées aux psychologues scolaires et
départements de pédopsychiatrie de la région de Québec. Une entrevue diagnostique de
sélection est réalisée par Marie-Eve Monfette, M.Ps., à l’aide de la version francophone du
Anxiety Disorders Interview Schedule pour enfants et parents (Silverman & Albano, 1995).
Dans le cas des participants mineurs, un consentement écrit est obtenu auprès de
l’adolescent et au moins l'un des deux parents.
Parmi les adolescents interviewés, 13 (37 %) ne répondent pas aux critères
d’inclusion à l’étude, soit parce qu’ils n’ont pas un diagnostic principal de phobie sociale,
ou encore parce que leurs craintes sont sous-cliniques. Quatre adolescents (12 %)
admissibles refusent de poursuivre la participation à la suite de l’évaluation initiale et deux
autres (6 %) n’ont pas reçu le traitement. La première est refusée par suite d’une révision
du diagnostic lors de l’évaluation pré-traitement et la seconde est hospitalisée pour un
trouble alimentaire au moment de commencer la thérapie. Au total, 17 participants, soit 47
% de ceux qui ont été interviewés, reçoivent le traitement. Les entrevues de cinq des
participants (23 % de !’échantillon) sont codifiées de manière indépendante par une autre
psychologue. Le taux d’accord inter-juges pour la gravité du diagnostic de phobie sociale
est de 80 %, l’une des participantes étant évaluée comme légèrement atteinte avec
cependant un point d’intervalle entre les deux évaluatrices sur l’échelle en 9 points.
Seize participants présentent le sous-type généralisé de la phobie sociale. L’une
des participantes éprouve davantage de craintes en situation de performance, mais elle
craint également plusieurs situations interpersonnelles. De plus, 71 % des participants ont
au moins un diagnostic comorbide, dont le trouble d’anxiété généralisée (n = 8), le trouble
d’anxiété de séparation (n = 2), la phobie spécifique (n = 1), le trouble panique avec
agoraphobie (n = 1), l’agoraphobie sans trouble panique (n = 1), le trouble obsessionnel-
compulsif (n = 1), la dysthymie (n = 6) et le trouble dépressif majeur (n = 2). En tout, 65%
des participants présentent un trouble d’anxiété et 47 % un trouble de l’humeur.
Des dix-sept participants (m = 15,29 ans, ÉT = 1,45) qui reçoivent le traitement, 15
sont de sexe féminin. Quatorze consultent en réponse à l’apparition de publicités dans les
médias écrits de la région de Québec et 3 sont référés par un intervenant du réseau de la
santé. Tous les participants ont le français pour langue maternelle et aucun d’entre eux n’a
interrompu le traitement prématurément. Toutefois, le nombre de rencontres est inégal
entre les participants, à cause de rencontres manquées ou encore par suite d’une
diminution de l’anxiété suffisante pour annuler certaines séances de traitement.
Protocole
Les participants sont répartis en trois groupes selon l’ordre chronologique d’entrée
dans l’étude. Les deux premiers groupes comptent six participants et le dernier groupe en
compte cinq. Chaque groupe reçoit le traitement à trois mois d’intervalle, selon un
protocole-avec liste d’attente. Le plan comprend quatre temps de mesure, soit le début de
la liste d'attente, le pré-traitement, le post-traitement et le Suivi de 8 mois.
Pour des raisons logistiques, les participants du premier groupe reçoivent le
traitement sans période d’attente. Les participants des deuxième et troisième groupes
sont inclus dans leur liste d'attente respective à mesure qu’il est déterminé qu'ils
répondent aux critères de participation à l'étude. L'attente varie entre 1,5 mois et 3 mois.
L’une des participantes du troisième groupe n’a pas été incluse dans la liste d’attente, à
cause de contraintes de recrutement. En conséquence, les données de liste d’attente sont
disponibles pour 10 des 17 participants.
Efficacité d'un traitement comportemental 26
Instruments
Efficacité d’un traitement comportemental 27
Entrevue diagnostique
L'Anxiety Disorders Interview Schedule for Children/Parents (ADIS-C/P; Silverman
& Albano, 1995) est une entrevue structurée qui permet d’évaluer la présence de troubles
mentaux sur l’Axe I du DSM-IV. Les deux versions sont administrées successivement à
l’adolescent et au parent. Des règles permettent de combiner !’information recueillie de
part et d’autre (Silverman, 1991). Selon la grille de correction, le score d’intensité pour un
diagnostic varie de zéro (absence de symptômes) à huit (symptômes sévères). Un score
de quatre ou plus est considéré comme cliniquement significatif.
Questionnaires d’auto-évaluation
Le Social Phobia and Anxiety Inventory (SPAI; Turner, Beidel, Dancu, & Stanley,
1989a) mesure les comportements, cognitions et réactions physiques associés à la phobie
sociale. Il comprend 32 items auxquels le participant doit répondre sur une échelle de 1
(jamais) à 7 (toujours) en détaillant ses réponses en fonction des caractéristiques de
l’interlocuteur (p.ex., sexe opposé, figure d’autorité). Ses qualités psychométriques sont
bien connues. Il possède une bonne fidélité temporelle et concomitante ainsi qu’une
bonne validité discriminante (Beidel, Borden, Turner, & Jacob, 1989a; Beidel, Turner,
Stanley, & Dancu, 1989c; Turner et al., 1989a; Turner, Stanley, Beidel, & Bond, 1989b).
De plus, il constitue le seul questionnaire d’évaluation de la phobie sociale dont la capacité
de refléter un changement cliniquement significatif est établie (Beidel, Turner, & Cooley,
1993) et dont !’utilisation auprès des adolescents est validée (Clark, Turner, Beidel,
Donovan, & et al., 1994).
Le Fear of Negative Evaluation Scale (FNE), élaboré par Watson & Friend en
(1969), semble constituer le meilleur prédicteur de la réponse au traitement chez les
adultes (Butler, 1985; Mattick & Peters, 1988; Mattick, Peters, & Clarke, 1989). Aux fins de
la présente étude, la forme abrégée développée par Leary (1983) est utilisée. Celle-ci
comprend 12 items et utilise une échelle de 1 (ne me décrit pas du tout) à 5 (me décrit
Efficacité d’un traitement comportemental 28
extrêmement bien). Selon Leary (1983), l’échelle abrégée est fortement corrélée à
l’échelle originale (r= 0,96) et possède une bonne fidélité test-retest à un mois d’intervalle
(r= 0,75). Plusieurs études de traitement de la phobie sociale indiquent qu’elle est
sensible au changement thérapeutique (e.g., Heimberg, Dodge, Hope, Kennedy, & et al.,
1990). Kéroack, Boisvert et Prévost (1987) ont traduit l’échelle. Monfette, Grimard, Blais,
!vers, et Boisvert (sous presse) ont élaboré des normes et étudié les qualités
psychométriques de la version française auprès de 578 adolescents. La cohérence
interne est satisfaisante, avec un alpha de 0,88 et des corrélations item-total variant de
0,41 à 0,70.
Le Beck Depression Inventory (BDI) est conçu pour mesurer l’humeur dépressive.
Il a été initialement développé par Beck, Rush, Shaw et Emery (1979), puis traduit en
français et validé auprès d’un échantillon d’adultes de la population générale par Gauthier,
Thériault, Morin et Lawson (1982). Ses 21 items sont constitués de quatre énoncés
représentant des niveaux croissants de gravité des symptômes dépressifs. La version
francophone présente de bons coefficients de cohérence interne (alpha = 0,82) et de
fidélité test-retest après trois mois (r= 0,75).
Une analyse de lisibilité effectuée par Ter¡ (1982) suggère que la compréhension
des items demande un niveau de lecture de cinquième année du primaire, ce qui est
suffisant pour être compréhensible par un adolescent moyen. Deux études mettent en
lumière une structure factorielle chez les adolescents similaire à celle des adultes (Byrne,
Baron, & Campbell, 1994; Ter¡, 1982). Chez les adolescents, les coefficients de
cohérence interne varient selon les études entre 0,70 et 0,87 (Kashani & Orvaschel, 1990;
Roberts, Lewinsohn, & Seeley, 1995; Strober, Green, & Carlson, 1981; Teri, 1982). Les
coefficients de fidélité test-retest varient entre 0,67 pour un intervalle d’un mois chez les
adolescents normaux (intervalle d’une semaine à un mois; Roberts et al., 1995) et 0,83
pour un intervalle d’une semaine chez des adolescents admis en clinique externe de
Efficacité d’un traitement comportemental 29
psychiatrie (Kutcher & Marton, 1989). Strober et al. (1981) rapportent un coefficient de
fidélité test-retest de 0,69 après cinq jours auprès d’un échantillon d’adolescents
hospitalisés et Ambrosini et al. (1991) un coefficient de 0,87 après deux semaines auprès
de 27 adolescents avec une dépression majeure.
La version française du Penn State Worry Questionnaire for Children (PSWQ-C),
développée et validée chez auprès de 614 adolescents par Gosselin et al. (2002),
comprend 14 items provenant de l’échelle originale (Chorpita, Tracey, Brown, Collica, &
Barlow, 1997). Ce questionnaire évalue la tendance à s’inquiéter chez les enfants et les
adolescents. La cotation se fait sur une échelle de type Likert en cinq points (pas du tout
correspondant à extrêmement correspondant). La version francophone possède un
coefficient de cohérence interne de 0,88 et une stabilité temporelle après cinq semaines
adéquate (/0,67 =־). Les travaux de Gosselin et al. (2002) appuient également la validité
convergente et discriminante de l’instrument. La version anglophone distingue les enfants
souffrant du trouble d’anxiété généralisée des enfants normaux ou atteints d’autres
troubles anxieux (Chorpita et al., 1997).
Questionnaire parental
Les parents des participants complètent la sous-échelle des troubles intériorisés de
la version française du Child Behavior Checklist (CBCL; Achenbach, 1991). Le CBCL
permet d'obtenir le point de vue des parents à propos des difficultés psychologiques de
leur enfant, et notamment des symptômes d'anxiété. La fidélité et la validité de cette
échelle sont supportées par une abondante documentation (voir Quay, 1986).
Tests comportementaux
Les participants ont complété deux tests comportementaux destinés à mesurer
l’anxiété sociale. Un membre de l’équipe de recherche administre ces tâches avec l’aide
de deux complices d’âge similaire au participant. Suite à chacune des deux tâches, les
participants estiment leur niveau d’anxiété à l’aide de l’échelle de 0 (pas du tout anxieux) à
Efficacité d’un traitement comportemental 30
8 (le plus anxieux que tu aies jamais été) incluse dans \’ADIS-C/P. L’ordre de présentation
des tâches est déterminé au hasard lors de la première évaluation et contre-balancé par la
suite entre les temps de mesure. La moyenne du niveau d’anxiété rapporté pour les deux
tests comportementaux est compilée pour analyse statistique. Les tâches ont été
sélectionnées afin de représenter les deux sous-types de situations sociales le plus
fréquemment anxiogènes, soient a) les situations formelles où l’individu peut être observé
par autrui et b) les situations informelles d’interaction sociale.
Tâche de lecture en public. Cette tâche est dérivée de l’exposé improvisé in vivo
utilisé dans l’évaluation de la phobie sociale chez l’adulte (Beidel, Turner, Jacob, &
Cooley, 1989b). Il s’agit pour le participant de lire à voix haute un texte de littérature pour
adolescents pour une durée de dix minutes.
Jeux de rôles. Les participants complètent cinq jeux de rôles. Les scènes
suivantes sont utilisées : commencer une conversation avec un jeune peu familier, offrir de
l’aide, faire un compliment, recevoir un compliment et s’affirmer face à un jeune qui se
comporte de manière inappropriée. Un premier complice décrit d’abord brièvement le
contexte de la situation sociale. Par la suite, le second complice a pour directive de donner
deux répliques pré-établies auxquelles le participant doit réagir selon la consigne
habituelle des jeux de rôles, soit répondre comme si le scénario se produisait réellement.
Ce second complice est entraîné à donner la réplique de manière amicale, mais neutre. Le
membre de l’équipe de recherche donne les directives et s’assure du bon déroulement
des jeux de rôles.
Traitement
L’Entraînement à l’Efficacité Sociale pour enfants et adolescents (EES-E/A; Beidel
et al., 1996) est un traitement comportemental multi-modal adapté d’un programme de
traitement de la phobie sociale chez l’adulte (Turner et al., 1994). La version pour adultes
est l’un des deux protocoles de traitement validés empiriquement pour le traitement de la
Efficacité d’un traitement comportemental 31
phobie sociale chez l’adulte selon les critères de la Division 12 (Psychologie clinique) de
]’Association américaine de psychologie. L’EES-E/A vise la réduction de l’anxiété sociale,
l’amélioration des habiletés sociales et du fonctionnement interpersonnel ainsi que
!’augmentation de la participation à des activités sociales. Le protocole comprend quatre
composantes, soit a) la psychoéducation, b) l’entraînement aux habiletés sociales, c) la
généralisation programmée et d) l’exposition. Les trois dernières composantes sont
administrées simultanément. Les séances de généralisation programmée constituent un
ajout au protocole de traitement original pour adultes. L’entraînement aux habiletés
sociales est administré en groupe de quatre à six jeunes durant une heure. Les séances
de généralisation programmée suivent immédiatement les séances d’entraînement aux
habiletés sociales et durent approximativement 90 minutes. Les séances d’exposition sont
administrées individuellement et durent en moyenne une heure. Deux séances de
traitement par semaine ont lieu, soit une séance de groupe et une séance individuelle,
durant 12 semaines. Le traitement est administré par Marie-Eve Monfette, M.Ps., assistée
d’un psychologue ayant une expertise dans le traitement des troubles d’anxiété chez les
adolescents.
Rencontre éducative. En premier lieu, une rencontre conjointe avec les adolescents et
leurs parents est effectuée afin de discuter de la nature de la phobie sociale, des
composantes et du déroulement du traitement.
Entraînement aux habiletés sociales. Les enfants et adolescents atteints
de phobie sociale présentent des déficits d’habiletés sodales substantiels (Beidel, Turner,
& Morris, 1999; Spence, Donovan, & Brechman Toussaint, 1999). En conséquence,
l’entraînement aux habiletés sociales est une composante essentielle du protocole de
traitement. Les séances portent sur les salutations, l’initiation et le maintien de
conversations, les habiletés d’écoute et de rétention de l’information, les habiletés
nécessaires pour se joindre à un groupe, les invitations et la manière de se faire des amis,
Efficacité d’un traitement comportemental 32
l’affirmation de soi et les conversations téléphoniques. Une habileté est enseignée chaque
semaine en utilisant les directives, le modelage, la pratique en groupe et la rétroaction
correctrice. Chaque semaine, les participants reçoivent la consigne d’exécuter un devoir
sur le thème abordé.
Séance de généralisation auprès des pairs. Les études antérieures portant sur les
effets de l’entraînement aux habiletés sociales sur les enfants isolés socialement indiquent
que la généralisation des bénéfices en milieu naturel ne se fait pas spontanément (pour
une revue de la littérature, voir Beidel & Turner, 1998). En conséquence, une composante
spécifique de généralisation auprès des pairs a été ajoutée au programme.
Immédiatement après la séance d’entraînement aux habiletés sociales, des pairs non
anxieux se joignent aux participants pour une activité sociale de groupe d’environ 90
minutes. Par exemple, il peut s’agir de jouer aux quilles ou au billard ou de se rendre
manger dans un établissement de restauration rapide. Les activités varient d’une semaine
à l’autre. Ces séances donnent aux participants l’occasion de pratiquer les habiletés
sociales enseignées en milieu naturel avec des pairs qui ne sont pas atteints de phobie
sociale. Les activités se déroulent de manière non structurée, de manière à imiter les
activités sociales typiques des adolescents. Les participants sont jumelés à plusieurs pairs
sociables au cours du traitement afin d’avoir l’occasion d’interagir avec des jeunes
différents. Lors des rencontres, il y a un nombre identique de participants et de pairs
aidants.
Les pairs sont recrutés sur une base volontaire dans le cadre des programmes de
pastorale et des programmes d’éducation internationale au secondaire, et dans les
programmes de sciences sociales des CEGEPS et de l’Université Laval. Une entrevue
téléphonique structurée adaptée de \’ADIS-C/P, d’une durée de 30 minutes, est effectuée
auprès des candidats et de leurs parents afin de s’assurer qu’ils ne présentent pas de
trouble d’anxiété, de trouble de l’humeur, de trouble oppositionnel ou des conduites et
Efficacité d’un traitement comportemental 33
d’abus ou de dépendance à une substance. Les candidats doivent également obtenir un
score faible au SPAI (Turner et al., 1989a) et ne pas démontrer de problèmes relationnels
avec les pairs selon le Questionnaire sur la victimisation par les pairs (Olweus, 1989). Les
entrevues téléphoniques sont effectuées par Marie-Eve Monfette, M.Ps. et par une
étudiante de baccalauréat ayant reçu un entraînement préalable à !'administration de
l’entrevue.
Exposition in vivo. Lors de rencontres individuelles hebdomadaires, les participants
réalisent une séance prolongée d’exposition in vivo. Les études de traitement effectuées
auprès de la population adulte indiquent que l’exposition est une composante de
traitement essentielle pour traiter la phobie sociale. Les séances sont planifiées en
fonction d’une hiérarchie élaborée conjointement par le participant et le thérapeute et le
scénario vise à reproduire les situations anxiogènes spécifiques. Les situations
reproduites incluent par exemple faire un exposé oral, faire des appels téléphoniques,
manger en public, demander des renseignements à des étrangers, initier des
conversations, se joindre à un groupe. La durée de la séance est déterminée par le
processus d’habituation et varie généralement entre 30 et 90 minutes. Les séances sont
typiquement plus longues en début de traitement. Au total, environ 31 heures de
traitement sont donc administrées sur une période de trois mois.
Contrôles méthodologiques de l’implantation du traitement. Plusieurs mesures ont
été prévues afin d’assurer l’implantation optimale du traitement. La version traduite et
adaptée au contexte québécois du manuel de l’EES-E/A (Beidel et al., 1996) est utilisée
pour encadrer étroitement la mise en place de !’intervention. Immédiatement après
chacune des rencontres, les thérapeutes remplissent individuellement un questionnaire
d’évaluation de l’adhésion au traitement élaboré à partir du contenu du manuel. Enfin, les
thérapeutes sont supervisés hebdomadairement par Jean-Marie Boisvert, Ph .D..
Résultats
Efficacité d'un traitement comportemental 34
L’étude a pour objectif de documenter l’efficacité du programme ö'EES-E/Α et de
vérifier si l’effet du traitement est significativement supérieur à l’absence d’intervention.
Étant donné que seule une partie des participants est incluse dans une liste d’attente et
que la durée de la période d’attente est variable, des analyses préliminaires sont
effectuées afin de vérifier l’intégrité de la condition contrôle. Premièrement, une analyse
de variance permet de s’assurer que les groupes ne sont pas différents en pré-traitement
(T2) au plan de la gravité de la phobie sociale et du nombre de diagnostics comorbides.
Deuxièmement, des analyses de régression multiple visent à s’assurer que les variations
dans la durée d’attente (T 1 -12) ne présentent pas d’association systématique avec les
variables dépendantes aux quatre temps de mesure.
La signification statistique des changements obtenus aux variables dépendantes
est évaluée à l’aide d’analyses de variance. La grandeur des effets obtenus est calculée
d’après la formule de Cohen (1988). Les différences significatives sont analysées à l’aide
de contrastes a posteriori.
Des indices statistiques sont rapportés afin d’illustrer la signification clinique des
résultats obtenus. Premièrement, des analyses de variance non paramétriques sont
effectuées sur des critères comportementaux externes de fonctionnement social, soit le
nombre d’amis et la fréquence des activités sociales. Ces variables ont été retenues
puisque a) les adolescents atteints de phobie sociale ont en moyenne moins d’amis que
les adolescents normaux, et b) l’expérience clinique de la candidate indique qu’il s’agit
d’une source de détresse majeure. Ensuite, un indice de niveau de fonctionnement est
calculé en fonction de trois critères. Le pourcentage de participants est rapporté en
fonction du niveau de fonctionnement et de l’atteinte des critères individuels, au post-test
et au suivi. Les trois critères utilisés sont (a) l’absence de diagnostic de phobie sociale, (b)
un score au SPAI plus près de la moyenne d’un échantillon normal que de celle d’un
échantillon clinique, et (c) un score au BDI plus près de la moyenne d’un échantillon
Efficacité d’un traitement comportemental 35
normal que de celle d’un échantillon clinique. Ces critères ont été choisis pour les raisons
suivantes. Premièrement, un score de trois ou moins à \’ADIS-C/P représente un niveau
d’anxiété sous-clinique, c’est-à-dire que la détresse et l’interférence des symptômes sur le
fonctionnement quotidien sont minimales (DiNardo, Brown, & Barlow, 1994).
Deuxièmement, un changement cliniquement significatif peut être conceptualisé comme le
retour à un fonctionnement normal (Jacobson & Truax, 1991). Un niveau de
fonctionnement qui se rapproche davantage de la moyenne d’une population fonctionnelle
que de celle d’une population dysfonctionnelle est la définition la moins arbitraire, étant
basée sur la probabilité relative qu’un score particulier provienne de $a distribution des
scores d’une population fonctionnelle ou dysfonctionnelle en tenant compte de la moyenne
et de l’étendue des scores de chacune d’entre elles. Troisièmement, tes scores aux
questionnaires mesurant des aspects plus généraux de la psychopathologie devraient
également rencontrer ce critère afin de ne pas seulement s’assurer de l’absence de
phobie sociale, mais également d'un fonctionnement général adéquat Enfin, l’impact du
traitement sur les diagnostics secondaires est évalué à l’aide d’une analyse de variance
non paramétrique. La prise de médication et la présence d’interventions psychologiques
durant le suivi sont également abordées.
Puisque l’une des participantes n’est pas disponible pour la cueillette des données
au suivi, les analyses comprennent 10 participants lors de l’évaluation en début de période
d’attente, 17 lors du pré et du post-traitement, et 16 participants au suivi de 8 mois. Afin de
demeurer prudents dans l’estimation de l’impact du traitement, le calcul des pourcentages
au suivi est effectué à partir de 17 participants et non 16, bien que la participante en
question ne répond plus aux critères de la phobie sociale au post-test
Analyses préliminaires
Une analyse de variance est réalisée afin de vérifier que les groupes ne sont pas
différents en pré-traitement au plan de la gravité de la phobie sociale et du nombre de
Efficacité d’un traitement comportemental 36
diagnostics secondaires. Les résultats indiquent que les groupes ne sont pas
significativement différents, avec des probabilités alpha de 0,5 et 0,74, respectivement.
Quatre analyses de régression multiple de type standard sont ensuite effectuées pour
vérifier si les variations dans le délai d’attente sont associées aux résultats obtenus aux
quatre temps de mesure. Les résultats indiquent que le délai d’attente ne permet pas de
prédire le score à la combinaison linéaire des variables à l’étude, avec des seuils alpha
variant entre 0,24 et 0,96 selon le temps de mesure.
Analyses de variance sur les mesures de psychopathologie
L’hypothèse voulant que le traitement amènera une amélioration significative des
variables dépendantes est testée à l’aide d’analyses de variance. Plus spécifiquement,
des différences significatives sont attendues entre les mesures prises au pré-test (T2)
d’une part, et celles prises au post-test (T3) et au suivi (T4) d’autre part. Un modèle mixte
(voir Brown & Prescott, 1999) est utilisé, avec le groupe comme facteur fixe inter-sujets et
le temps comme facteur aléatoire intra-sujets. L’utilisation d’un modèle mixte permet de
tenir compte de !’interdépendance des observations et d’estimer de manière plus exacte
l’effet du traitement en présence de données manquantes. La correction de Dunn-
Bonferroni est appliquée à l’intérieur des familles de tests afin d’éviter l’inflation de l’erreur
de type I, pour un alpha critique de 0,017. La probabilité d’erreur alpha est ainsi conservée
à 5 % pour les mesures reliées à la phobie sociale et 5 % pour les instruments mesurant
d’autres aspects psychopathologiques. Lorsque l’effet du temps de mesure est significatif
après la correction, des contrastes a posteriori permettent de vérifier la présence de
différences significatives entre les temps de mesure. Les moyennes et écarts-types ainsi
que les résultats des analyses de variance et des comparaisons multiples a posteriori sont
présentés au Tableau 1.
Insérer le Tableau 1 ici
Efficacité d’un traitement comportemental 37
Les résultats indiquent qu'après !’application de la correction de Dunn-Bonferroni,
le traitement est associé à une amélioration statistiquement significative des symptômes
de phobie sociale, avec des grandeurs d’effet importantes. De même, on note une
amélioration statistiquement significative des scores aux questionnaires mesurant les
troubles internalisés et la tendance à s’inquiéter. L’effet du traitement sur les scores au
BDI n’est pas significatif après !’application de la correction de Dunn-Bonferroni (p =
0,036).
Pour les mesures liées à la phobie sociale, les scores au post-traitement et au
suivi, d’une part, sont significativement supérieurs aux scores obtenus au début de la
période d’attente et au pré-traitement, d’autre part (ps < 0,01). Ce patron est également
observé en ce qui a trait au CBCL (p < 0,01). Les scores en post-traitement PSWQ-C sont
quant à eux significativement supérieurs aux scores en pré-traitement (p < 0,01), mais pas
les scores obtenus au suivi. L’effet du traitement sur les scores au BDI n’est pas
statistiquement significatif.
L’examen des grandeurs d’effet indique que pour la majorité des variables, l’effet
du traitement est important au post-traitement et au suivi de 8 mois, tant pour le SPAI (cfs
= 1,98 et 1,69), l’anxiété moyenne aux tests comportementaux (c/s = 2,34 et 1,24), le FNE
(cfs = 0,85 et 1,05), et le CBCL (cfs = 1,53 et 0,97) que le PSWQ-C (cfs = 2,12 et 0,98).
Seul l’effet sur les scores au BDI fait exception, avec une grandeur d’effet importante au
post-traitement (d= 1,2) mais modérée au suivi (cf = 0,58).
Analyses de variance sur les indices externes de fonctionnement social
L’hypothèse veut que le traitement amènera une amélioration significative aux indices
externes de fonctionnement social. Plus spécifiquement, les participants auront un nombre
d’amis et une fréquence d’activités sociales mensuelles supérieurs au post-traitement et
au suivi par rapport au pré-traitement
Efficacité d'un traitement comportemental 38
Puisque ces variables ne se distribuent pas normalement, des tests de rangs de
Wilcoxon pour échantillons pairés sont effectués pour tester ces hypothèses. La correction
de Dunn-Bonferroni est appliquée afin d’éviter l’inflation de l’erreur de type I. Un seuil
critique de signification statistique de 0,025 est donc adopté, conservant la probabilité
d’erreur alpha globale à 5 %. Les moyennes et écarts-types pour les deux variables sont
présentés au Tableau 2.
Insérer le Tableau 2 ici
Les résultats montrent que le traitement est associé à une augmentation
statistiquement significative du nombre d’amis au post-traitement (z = -3,19, p < 0, 001) et
au suivi (z = -2,5, p < 0,02). Il s’agit d'effets de taille importante tant au post-traitement (d =
1,35) qu’au suivi (d = 1,07). D’autre part, les résultats du test de Wilcoxon indiquent que le
nombre d’activités sociales mensuelles n’a pas significativement augmenté à la suite du
traitement. L’effet semble modéré au post-traitement (d = 0,71) et faible au suivi (d = 0,25).
Indice composite de niveau de fonctionnement
Afin de déterminer le niveau de fonctionnement (endstate functioning), un score
composite a été dérivé des mesures principales. Un niveau de fonctionnement élevé a été
défini de manière prudente comme suit : a) un score de gravité de la phobie sociale selon
YADIS-C/P inférieur à quatre (sous-clinique), b) un score au SPAI se rapprochant
davantage de la moyenne des adolescents normaux plutôt qu’atteints de phobie sociale,
et c) un score au BDI se rapprochant davantage de la moyenne des adolescents normaux
par rapport à ceux provenant d’un échantillon clinique. Un niveau de fonctionnement
modéré est représenté par l’atteinte de deux des trois critères, et l’atteinte de moins de
deux critères représente un niveau de fonctionnement faible.
Efficacité d’un traitement comportemental 39
Le Tableau 3 présente le pourcentage de participants qui se situent aux différents
niveaux de fonctionnement, de même que le pourcentage de participants qui répondent à
chacun des critères de signification clinique, en pré-traitement, au post-traitement et au
suivi. Il est à noter que l’une des participantes qui était en rémission au post-traitement n’a
pu être rejointe pour l’évaluation au suivi de 8 mois. En pré-traitement, tous les
participants ont un faible niveau de fonctionnement. En comparaison, le taux de
participants qui ont un niveau de fonctionnement modéré ou élevé s’élève à 47 % au post-
test et 71 % au suivi.
Insérer le Tableau 3 ici
Diagnostic de phobie sociale. Une psychologue possédant une expérience
préalable dans !’administration de Y Anxiety Disorder Interview Schedule pour adultes et
ayant reçu un entraînement à !’administration de YADIS-C/P a effectué les évaluations
diagnostiques au post-test et au suivi. Bien qu’elle était au courant des objectifs de l’étude,
l’accent a été mis sur une stricte adhésion au protocole standardisé d’évaluation afin
d’éviter les biais subjectifs potentiels. De plus, l’évaluatrice n’a eu accès à aucune
information concernant la progression clinique des participants en cours de traitement.
Selon les critères du DSM-iV, l’absence de phobie sociale au post-traitement sera
considérée comme une rémission partielle, soit l’absence de symptômes durant moins de
deux mois. Le maintien de cette absence de diagnostic au suivi sera considéré comme
une rémission totale (absence de symptômes durant plus de deux mois). Les participants
qui atteindront ce critère au suivi seulement seront considérés en rémission partielle
seulement, bien qu'il soit possible que les symptômes aient été absents pour une période
de plus de deux mois.
À la suite du traitement, onze participants (65 %) ne répondent plus aux critères
diagnostiques de la phobie sociale et sont donc considérés en rémission partielle. Au
suivi, dix participants (59 %) ne présentent plus de phobie sociale. La différence de
pourcentage est uniquement attribuable à la non-disponibilité des données de suivi de l’un
des participants, qui était en rémission partielle au post-traitement Parmi les participants
en rémission, sept (41 %) présentent des craintes d’intensité sous-clinique au post-test et
cinq (29 %) au suivi. Trois participants qui répondaient toujours aux critères diagnostics de
la phobie sociale n’y répondent plus au suivi de 8 mois, alors que l’inverse s’est produit
pour deux autres participants. Au suivi, on compte donc deux participants qui ont rechuté,
sept participants en rémission totale et trois en rémission partielle.
Proximité d’un échantillon non clinique. Ce critère consiste à vérifier si le score
obtenu par le participant se rapproche davantage de la moyenne d’un échantillon normatif
composé de personnes atteintes du trouble, ou encore de la moyenne d’un échantillon
composé de personnes qui n’en sont pas atteintes, à l’aide d’un score de coupure qui tient
compte des distributions des scores des deux groupes. Le calcul du score de coupure est
effectué à l’aide de la formule de Jacobson et Truax (1991). Pour le SPAI, les données
compilées par Clark et al. (1994) auprès de 39 adolescents atteints de phobie sociale et
90 adolescents ne présentant aucun trouble psychiatrique sont utilisées. Pour le BDI, les
normes compilées parler¡ (1982) auprès de 568 adolescents normaux et par Rohde,
Clarke, Lewinsohn, Seeley et Kaufman (2001) auprès de 151 adolescents atteints d’un
trouble dépressif majeur ou d’une dysthymie sont utilisées.
En ce qui concerne le SPAI, environ la moitié des participants se situent plus près
Efficacité d’un traitement comportemental 40
de la moyenne d’un échantillon d’adolescents normaux tant au post-traitement qu’au suivi,
alors qu’aucun d’entre eux ne répondait à ce critère en pré-traitement. L’un des
participants qui répondait à ce critère au post-traitement a significativement régressé vers
Efficacité d’un traitement comportemental 41
la moyenne des adolescents atteints de phobie sociale au suivi. Toutefois, deux nouveaux
participants ont atteint ce critère durant la même période.
En pré-traitement, les scores au BDI de onze participants représentant 65 % de
!'échantillon se situaient déjà plus près de la moyenne des adolescents normaux que de la
moyenne d'un échantillon d’adolescents atteints d’un trouble de l’humeur. Au post-
traitement comme au suivi, un seul des participants ne répond pas à ce critère, pour une
augmentation de 29 % et 23 % respectivement. La différence de pourcentage est
uniquement attribuable à la non-disponibilité des données de suivi de l'un des participants
qui répondait au critère au post-traitement. Du post-traitement au suivi, un participant s'est
significativement rapproché de la moyenne de !’échantillon non clinique alors qu’un autre
s’en est éloigné.
Évolution des diagnostics comorbides
Des 12 participants qui présentaient un diagnostic comorbide en pré-traitement,
trois sont toujours atteints d’un autre trouble que la phobie sociale au post-traitement et
quatre au suivi. Un test de Wilcoxon pour échantillons pairés indique que cette diminution
est statistiquement significative tant au post-traitement (z = -3,13, p = 0,002) qu’au suivi (z
= -2,71, p = 0,007). Le Tableau 4 présente l'évolution détaillée des diagnostics comorbides
par suite du traitement.
Insérer le Tableau 4 ici
Interventions pharmacologiques et psychologiques concomitantes
Aucun des participants n’a reçu d’autre intervention psychologique pendant l’étude.
Deux participants en rémission totale ont cessé la consommation d’anti-dépresseurs
durant la période précédant l’évaluation de suivi. La consommation d’antidépresseurs est
demeurée stable pour une troisième participante durant toute la durée de l’étude. Enfin,
Efficacité d’un traitement comportemental 42
par suite d’une rémission partielle au post-test, l’une des participantes a diminué sa
consommation d’antidépresseurs, qui a été augmentée à nouveau en conséquence d’une
rechute.
Discussion
La présente recherche s’inscrit dans l’émergence des études sur l’efficacité des
traitements psychologiques de la phobie sociale chez les adolescents. Il s’agit de la
première tentative de documenter l’efficacité, chez les adolescents, de la version originale
de l’Entraînement à l’Efficacité Sociale pour enfants et adolescents (Beidel et al., 1996).
Ce programme comportemental combine l’exposition, l’entraînement aux habiletés
sociales et des expériences de généralisation auprès des pairs. Il est à noter que le
protocole utilisé ne permet pas d'attribuer hors de tout doute l’amélioration thérapeutique
au programme. Cependant, !’administration du traitement est associée à une amélioration
significative dans différents domaines de fonctionnement. Cet effet semble supérieur à
celui du simple passage du temps puisqu’on n’observe aucune amélioration significative
durant la période d’attente précédant le traitement.
Plus spécifiquement, une amélioration statistiquement significative est obtenue
dans l’intensité de l’anxiété sociale auto-rapportée et in vivo, la peur du jugement négatif
d’autrui, le nombre d’amis, la tendance à s’inquiéter et les symptômes de troubles
intériorisés. Une amélioration cliniquement significative est également obtenue à une
mesure d’humeur dépressive. Les grandeurs d’effet sont élevées pour la quasi-totalité des
variables étudiées, tant au post-test qu’au suivi, ce qui indique que le traitement a eu un
impact important tant sur les symptômes de phobie sociale que sur le fonctionnement
général des participants. Le nombre de diagnostics secondaires connaît également une
diminution statistiquement significative. Par suite du traitement, les adolescents sont donc
moins anxieux et évitants en situation sociale, ont moins peur du jugement d’autrui, ont
une vie sociale plus remplie, vivent moins de symptômes d’anxiété généralisée et de
Efficacité d’un traitement comportemental 43
troubles internalisés. Ces gains thérapeutiques sont perceptibles non seulement par les
adolescents eux-mêmes, mais également par leurs parents et par la clinicienne
indépendante qui a évalué leur statut clinique à la suite du traitement.
La présente étude se démarque par l’examen systématique de critères de
signification clinique. Les résultats obtenus sont significatifs aussi bien cliniquement que
statistiquement. L’impact clinique significatif du traitement est illustré par !’augmentation
significative du nombre d’amis, mesure écologiquement valide du fonctionnement social.
Cette augmentation du nombre d’amis ne semble toutefois pas avoir entraîné
d’augmentation significative de la fréquence des activités sociales à moyen terme, soit huit
mois après la fin du traitement. Deuxièmement, le niveau de fonctionnement est de
modéré à élevé pour 47 % des participants en post-traitement et 70 % au suivi de 8 mois,
comparativement à 0 % en pré-traitement. Soixante-cinq pour cent des participants ne
répondent plus aux critères diagnostiques de la phobie sociale au post-traitement, contre
59 % au suivi. Enfin, le pourcentage des participants qui se situent plus près de la
moyenne d’un échantillon d’adolescents normaux que d’un échantillon clinique passe
respectivement de 0 % à 47 % pour le SPAI et de 65 % à 94 % pour le BDI.
L’ampleur de l’amélioration thérapeutique comme suite à !’administration de l’EES-
E/A est comparable aux résultats obtenus auprès d’adultes (e.g., Turner et al., 1994) et
d’enfants (Beidel et al., 2000) à l’aide de ce programme de traitement. Toutefois, ces
auteurs ont observé un maintien ou une amélioration des gains au suivi par rapport au
post-traitement. Dans le cas de la présente étude, les indices sont partagés. D’une part, le
nombre de participants dont le fonctionnement est de niveau modéré à élevé augmente
entre le post-traitement et le suivi. Le nombre d’entre eux qui ne répondent plus aux
critères diagnostiques de la phobie sociale est à peu près stable. Cependant, les
grandeurs d’effet montrent une stagnation ou une diminution au suivi pour presque toutes
les variables.
Efficacité d’un traitement comportemental 44
Ce phénomène survient dans plusieurs études de traitement pour le programme de
TCCG-A (Garcia-Lopez et al., 2002; Hayward et al., 2000 ; Olivares et al., 2002), alors que
les gains thérapeutiques continuent d'augmenter entre le post-test et le suivi que dans le
cas du programma HSSS (Fisher et al., 2004), de la TAPSG (Garcia-Lopez et al., 2002;
Olivares et al., 2002; Olivares et al., 2004) et de la version espagnole de l’EES-A (Garcia-
Lopez et al., 2002; Olivares et al., 2002). Il se pourrait que l’amélioration des gains
thérapeutiques au suivi soit liée à la présence de mesures augmentant la généralisation
des gains au milieu naturel. Parmi les mesures possibles, les trois programmes
mentionnés ont été implantés en milieu scolaire. Les pairs prosociaux proviennent donc
des mêmes écoles que les participants et les activités sociales programmées sont
choisies par les participants pour être représentatives des activités appréciées localement
par les participants. Au contraire, puisque la présente étude a été implantée en clinique
universitaire, les participants tout comme les pairs aidants proviennent d’écoles différentes
et les activités sociales sont choisies par les thérapeutes. De plus, au contraire de la
TCCG-A et de VEES-E/A, la TAPSG et la version espagnole de l’EES-A comprennent un
nombre appréciable de séances individuelles qui visent dans le premier cas à approfondir
des aspects de la thérapie selon les besoins individuels des participants, et dans le
deuxième cas à promouvoir !’application autonome des stratégies thérapeutiques par les
participants. Dans la présente étude, les séances individuelles ont plutôt servi à implanter
l’exposition in vivo.
Les procédures spécifiques visant à augmenter l’autonomie des adolescents dans
!’application des stratégies thérapeutiques après la fin du traitement semblent d’autant
plus importantes qu’ils ne semblent pas bénéficier autant que les enfants anxieux de
!’implication des parents dans le traitement. Les quatre études qui ont analysé l’effet de
l’âge sur les résultats des programmes de type « Coping Cat » indiquent une relation
négative de l’âge avec l’efficacité du traitement (Barrett et al., 1996; Cobham, 1998;
Efficacité d’un traitement comportemental 45
Silverman et al., 1999a; Southam-Gerow et al., 2001). Dans la présente étude, tout
comme dans celle de Beidel et al. (2000), les parents étaient invités à élaborer et mettre
en place un programme de renforcement positif des pratiques hebdomadaires, en
collaboration avec leur adolescent. Il semble que les adolescents plus âgés, ainsi que
leurs parents, étaient réticents à implanter un tel programme de renforcement, celui-ci
étant perçu comme une forme d’ingérence parentale. Il est également apparu que la
plupart des adolescents n’avaient pas la maturité suffisante pour planifier eux-mêmes les
exercices hebdomadaires, ni pour mettre en place un programme d’auto-renforcement
Ceci pourrait les avoir amenés à diminuer la mise en pratique des stratégies
thérapeutiques une fois le traitement terminé, entraînant ainsi une stagnation ou une
régression des gains thérapeutiques à moyen terme.
Les critères d’inclusion de la présente étude sont relativement libéraux comparés à
d’autres études qui excluent par exemple les diagnostics actuels de trouble de ]'humeur
(Hayward et al., 2000) ou les diagnostics actuels et passés de trouble d’abus de
substances (Garcia-Lopez et al., 2002; Olivares et al., 2002; Olivares et al., 2004). Ceci
augmente la capacité de généralisation des résultats puisque la majorité des adolescents
atteints de phobie sociale présentent un trouble associé, tant en clinique (e.g., Essau et
al., 1999) que dans la population générale (e.g., Strauss & Last, 1993). À ce sujet, il est
intéressant de constater que le nombre de troubles secondaires a montré une diminution
statistiquement significative à la suite du traitement. Il semble donc que YEES-E/A exerce
un effet positif sur les diagnostics secondaires de troubles de l’humeur et de troubles
anxieux, notamment le trouble d’anxiété généralisée. Ceci est reflété par l’amélioration
statistiquement significative des scores au PSWQ-C, de même que l’amélioration
cliniquement significative des scores au BDI. L’effet positif sur le trouble d’anxiété
généralisée pourrait être expliqué par !’utilisation de stratégies thérapeutiques telles que
l’exposition et l’entraînement aux habiletés sociales qui amènent les participants à
Efficacité d’un traitement comportemental 46
affronter leurs craintes et ajoute à leur répertoire comportemental des moyens concrets de
résoudre certains problèmes sociaux. D’autre part, puisque cette thérapie demande une
forte mobilisation de la part du participant, elle pourrait exercer un effet bénéfique sur
l’humeur en agissant comme une forme d’activation comportementale. L’amélioration des
symptômes de phobie sociale et du fonctionnement interpersonnel pourrait également
exercer un impact positif sur l’humeur des participants. Il faut toutefois souligner que l’effet
du traitement sur le BDI et le PSWQ-C n’est plus significatif au suivi. Dans le cas du BDI,
l’importante grandeur d’effet a diminué de moitié pour devenir modérée huit mois après la
fin du traitement. L’EES-E/A n’étant pas un programme de traitement de la dépression ni
du trouble d’anxiété généralisée, il est plausible que certains facteurs de maintien de ces
troubles n’aient pas été touchés. Il est à noter que l’effet du traitement sur la fréquence
moyenne des activités sociales n’a pas persisté à moyen terme, ce qui laisse penser que
l’effet d’activation comportementale du programme a été transitoire. L’augmentation
significative du nombre d’amis laisse toutefois croire que la fréquence des activités
sociales peut augmenter dans l’avenir, révélant un effet du traitement à plus long terme.
Ainsi, Hayward et al. (2000) observent que le traitement de la phobie sociale diminue
significativement le risque de rechute après un an chez les adolescentes avec une histoire
d’épisodes dépressifs majeurs.
La condition contrôle de la présente étude est constituée d’une période d’attente
pré-traitement, durant laquelle on n’observe aucune amélioration significative. Cette
condition contrôle en partie pour les effets du passage du temps et les effets de mesure
tels que la régression statistique. Toutefois, de tels effets demeurent possibles
puisqu’aucune comparaison avec un groupe contrôle n’est effectuée. De plus, les
changements observés pourraient être dus à un effet non spécifique du traitement comme
le contact avec un thérapeute ou la participation à un groupe. Dans un premier temps, il
est donc nécessaire de mieux documenter l’efficacité des programmes prometteurs, tels
Efficacité d’un traitement comportemental 47
que YEES-E/A, à l’aide d’une comparaison avec un groupe contrôle recevant un placebo
psychologique crédible. Par exemple, Beidel et al. (2000) ont utilisé le programme de
réduction de l’anxiété aux examens « Testbusters », alors que Silverman et al. (1999b) ont
employé un programme de support psychoéducationnel. Toutes ces études devraient
inclure des indices de signification clinique pertinents et évaluer le maintien des gains
thérapeutiques à moyen et long terme.
D’autre part, la taille de !’échantillon est faible et celui-ci est composé presque
uniquement d’adolescentes, ce qui restreint la capacité de généralisation des résultats de
même que la puissance des tests statistiques. Par exemple, une taille d’effet importante
au post-traitement et modérée au suivi est obtenue pour le BDI, sans que ceci ne se
traduise par une amélioration statistiquement significative. De plus, la plupart des
participants ont été recrutés dans la communauté, ce qui limite la capacité de
généralisation des résultats à une population clinique. Troisièmement, l’évaluatrice qui a
réalisé les entrevues diagnostiques après le traitement connaissait les objectifs de l’étude
et savait que tous les participants avaient reçu un traitement, ce qui a pu influencer son
évaluation dans le sens d’une plus grande amélioration. Enfin, l'absence d’instrument
d’évaluation spécifique à l’anxiété sociale qui soit validé auprès des parents et des
enseignants constitue également une limite méthodologique. Puisque le construit mesuré
par le CBCL n’est qu’indirectement relié à la phobie sociale, il est difficile de conclure sur
la perception des parents quant à l’effet du traitement sur les symptômes spécifiques de la
phobie sociale.
Le programme d’EES-E/A demande un engagement et des ressources importants
de la part des adolescents, des parents et des thérapeutes. Comparé aux autres
programmes, il comporte peu d’ingrédients thérapeutiques puisqu’il n’inclut pas
d’entraînement à la restructuration cognitive ni à la résolution de problèmes. Il consacre
cependant davantage de temps aux séances d’exposition in vivo et aux activités
Efficacité d’un traitement comportemental 48
programmées de généralisation des acquis. Il est intéressant de constater que dans les
études effectuées auprès d’adultes atteints de phobie sociale, il y a peu de différences
entre l’efficacité des thérapies qui utilisent une seule stratégie thérapeutique, telle que
l’entraînement aux habiletés sociales, l’exposition ou la restructuration cognitive, et celle
des interventions qui combinent ces stratégies (Juster & Heimberg, 1995; Mersch, 1995).
Des études de démantèlement seraient indiquées pour comparer directement les
composantes thérapeutiques des programmes et déterminer quelles doses et quels
agencements sont optimaux. Ce type d’étude permettrait non seulement de mieux
connaître l’efficacité des traitements, mais également d’en améliorer l’efficience et d’en
réduire le coût d’implantation. Étant donné la variété des présentations cliniques et des
caractéristiques développementales des adolescents atteints de phobie sociale, l’étude
des modérateurs de la réponse à différentes stratégies thérapeutiques (p.ex., le niveau
d’habiletés sociales ou la capacité d’abstraction) permettrait de mieux adapter les
thérapies aux profils individuels des adolescents atteints de phobie sociale. L’identification
de médiateurs de la réponse au traitement permettrait également de mieux articuler les
interventions en fonction d’objectifs précis. La diffusion et l’implantation de traitements
accessibles aux adolescents seront facilitées par la disponibilité d’interventions
psychologiques efficaces et adaptées aux contextes hospitaliers, privés et scolaires, de
même qu’aux besoins particuliers des adolescents atteints de phobie sociale.
Efficacité d’un traitement comportemental 49
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Tableau 1
Moyennes, écart-types, analyse de variance selon les temps de mesure et contrastes a posteriori pour les variables dépendantes
Attente
(n = 10)
M (É.-T.)
Pré-traitement
(a =17)
M (É.-T.)
Post-traitement
■(n = 17)
M (É.-T.)
Suivi
01= 16)
M (É.-T.)
F
(dln; dld)a
95,83 a 97,39 a 58,91b 60,21b 9,26**
(23,56) (25,23) (26,26) (32,18) (3; 56)
3,95 a 3,84a 1,41b 2,04 b 9,28**
(2,10) (1,57) (1,26) (1,59) (3; 52)
45,50 g 46,49 a 39,94 b 36,25 b 6,83**
(6,92) (8,49) (9,88) (12,41) (3; 54,7)
29,88 a 29,93 a 18,87 b 21,73 b 8,21**
(6,58) (8,53) (9,46) (8,40) (3; 53)
10,54 11,88 4,06 6,44 3,05
(5,04) (9,46) (5,06) (10,80) (3; 54,8)
Variable
Phobie sociale
Social Phobia and Anxiety Inventory
Anxiété moyenne in vivo
Fear of Negative Evaluation scale
Autres aspects psychopathologiques
Child Behavior Checklist - Internalisation
Beck Depression Inventory
Effic
acité
d’u
n tra
item
ent c
ompo
rtem
enta
l 59
>-
Penn-State Worry Questionnaire - Children 42,00 a 45,59 a 33,06 b 36,62 a,b 4,46* **
(13,12) (10,57) (11,02) (13,89) (3:54,8)
Note. Les moyennes d'une même rangée qui comportent des lettres différentes sont significativement différentes selon les contrastes a
posteriori.
a dln = degrés de liberté au numérateur, dln = degrés de liberté au dénominateur. Le modèle mixte d'ANOVA procède à un ajustement des
degrés de liberté en fonction des données manquantes, ce qui peut donner lieu à des degrés de liberté comprenant des décimales.
**p <0,01.
Effi
caci
té d
’un
traite
men
t com
porte
men
tal 60
Moyennes, écart-types, analyse de variance selon les temps de mesure et contrastes a posteriori pour les critères externes de signification
clinique
Tableau 2
Variable Attente Pré-traitement Post-traitement Suivi
(n = 10) (n = 17) (ü = 17) (ü = 16)
M (É.-T.) M (É.-T.) M (É.-T.) M (É.-T.)
Nombre d'amis 3,5 a 3,24 a 6,65 b 7,47b
(2,27) (3,75) (5,42) (7,77)
Fréquence des activités sociales par semaine 0,9 0,62 1,48 0,77
(1,04) (0,89) (1,85) (0,81)
Note. Les moyennes d'une même rangée qui comportent des lettres différentes sont significativement différentes selon les contrastes a
posteriori.
Effi
caci
té d
’un
traite
men
t com
porte
men
tal 61
Tableau 3
Répartition des participants qui rencontrent les critères d’un niveau de fonctionnement élevé au post-traitement et au suivi
Critère de signification clinique Pré-traitement Post-traitement Suivi
n(%) n(%) n(%)
Deux tiers des critères 0(0) 3(18) 6(35)
Ensemble des critères 0(0) 5(29) 6(35)
Proximité de la moyenne non clinique à l'Inventaire d'anxiété sociale 0(0) 8(47) 9(53)
Proximité de la moyenne non clinique à l’Inventaire de dépression de Beck 11(65) 17(100) 15(88)
Niveau de sévérité de la phobie sociale inférieur à 4 9(0) 11 (65) 10(59)Effi
caci
té d
'un
traite
men
t com
porte
men
tal 62
Nombre de diagnostics comorbides en pré-traitement, au post-traitement et au suivi
Tableau 4
Diagnostic Pré-traitement Post-traitement Suivi
Troubles d’anxiété
Trouble d'anxiété généralisée 8 1 3
Phobie spécifique 1 1 1
Trouble d’anxiété de séparation 2 0 0
Trouble panique avec agoraphobie 1 0 0
Agoraphobie sans trouble panique 1 0 0
Trouble obsessionnel-compulsif 1 0 0
Au moins un Trouble d’anxiété 11 2 2
Troubles de l’humeur
Dysthymie 6 1 1
Trouble dépressif majeur 2 0 1
Au moins un Trouble de l’humeur 8 1 2
Au moins un trouble comorbide 12 3 4
Effic
acité
d’u
n tra
item
ent c
ompo
rtem
enta
l 63
Phobie sociale à l’adolescence 64
CHAPITRE 3
PHOBIE SOCIALE À L’ADOLESCENCE : UNE RECENSION DES ÉCRITS
Phobie sociale à l’adolescence 65
Titre courant: PHOBIE SOCIALE À L’ADOLESCENCE: UNE RECENSION DES ÉCRITS
Phobie sociale à l’adolescence: une recension des écrits
Marie-Eve Monfette et Jean-Marie Boisvert
Université Laval
Québec, Québec, Canada
Note des auteurs
Marie-Eve Monfette, École de psychologie, Université Laval; Jean-Marie Boisvert, École
de psychologie, Université Laval.
Cette étude a été appuyée par des bourses d’études doctorales du Conseil de
Recherches en Sciences Humaines du Canada (CRSH) et du Fonds pour la Recherche
en Santé du Québec (FRSQ) attribuée à la première auteure, ainsi que par une
subvention du Fonds pour l’Aide aux chercheurs et à la Recherche (FCAR) attribuée au
second auteur (subvention d’équipe).
La correspondance au sujet de cet article doit être adressée à Marie-Eve Monfette,
M.Ps., Université Laval, École de Psychologie, pavillon Félix-Antoine-Savard, Sainte-Foy,
Québec, Canada, G1K 7P4. FAX : 418.656.3646, Courriel : [email protected].
Phobie sociale à !,adolescence 66
Résumé
La parution du DSM-IV (APA, 1994) a permis l’essor des travaux sur la phobie sociale
chez les adolescents. Le présent article a pour objectif de faire la synthèse historique et
critique des connaissances actuelles sur la phobie sociale chez les adolescents, en
mettant l’accent sur l’évaluation et le traitement. Il permet d’identifier plusieurs lacunes
dans les connaissances sur cette problématique et de dégager des voies d’intégration des
travaux dans une perspective développementale. Une meilleure connaissance des
facteurs étiologiques et de maintien de la phobie sociale chez les adolescents, notamment
au plan familial et cognitif, de même que des études de démantèlement des programmes
de traitement, sont nécessaires afin d’améliorer l’efficacité des traitements et d’en
favoriser la diffusion.
Phobie sociale à l’adolescence 67
La quatrième édition du Diagnostic and Statistical Manual for Mental Disorder
(DSM-IV) publiée par !’American Psychiatrie Association (APA, 1994) définit la phobie
sociale (PS) comme une peur intense et persistante d’une ou plusieurs situations sociales
où l’individu est exposé à des personnes peu familières ou à !’observation d’autrui. Ce
diagnostic n’est posé que si l’anxiété nuit d’une façon importante au fonctionnement ou
entraîne une souffrance considérable. La PS est qualifiée de généralisée lorsque la
plupart des situations sociales provoquent l’anxiété, par opposition à la PS non
généralisée (moins de la plupart des situations sont anxiogènes) et spécifique (une seule
situation anxiogène). Contrairement aux premières conceptions de ce trouble, la phobie
sociale spécifique à une situation apparaît comme !’exception plutôt que la règle (Holt,
Heimberg, Hope, & Liebowitz, 1992).
Les chercheurs des domaines de la psychologie, clinique et développementale
étudient depuis longtemps des construits plus ou moins apparentés à la PS tels que la
timidité, le retrait social et l’anxiété sociale chez les enfants et les adolescents (p. ex.,
Hymel, Franke, & Freigang, 1985; Ishiyama, 1984). Cependant, le développement de la
recherche sur la PS à proprement parler est étroitement lié à l’évolution de la
nomenclature psychiatrique présentée dans le DSM. C’est en 1980, dans la troisième
édition (APA, 1980), qu’on retrouve pour la première fois cette entité diagnostique définie
par la crainte d’être observé dans une situation spécifique telle que parler, manger ou
écrire en public. On estime alors que la phobie sociale est peu fréquente et rarement
invalidante. Apparaît également pour la première fois le trouble évitant de l’enfance et
l’adolescence, défini comme un évitement persistant et excessif des étrangers interférant
avec le fonctionnement social. Chez les moins de 18 ans, ce diagnostic a priorité sur
celui de phobie sociale, excluant de fait ce dernier diagnostic dans la majorité des cas.
En pratique, les mineurs aux prises avec des peurs concernant le jugement négatif
Phobie sociale à l’adolescence 68
d’autrui qui n’entraient pas dans la définition du trouble évitant de l’enfance et
l’adolescence sont alors susceptibles de recevoir un diagnostic de trouble d’hyperanxiété.
L’évolution des connaissances sur la PS et les changements majeurs apportés à la
quatrième édition du DSM (APA, 1994) permettent l’essor de la recherche sur la PS chez
les mineurs. Le peu de différences empiriques observées entre la PS et le trouble évitant
de l’enfance et l’adolescence amène le retrait de cette entité diagnostique. Afin de
recevoir un diagnostic de PS, il est spécifié que le jeune doit être en mesure d’établir des
relations sociales appropriées avec des personnes familières et que l’anxiété doit être
présente avec les pairs. Les mineurs ne reconnaîtraient pas toujours le caractère
excessif de leur anxiété et seraient plus susceptibles d’endurer les situations avec un
degré de détresse élevé plutôt que de les éviter, étant donné le faible degré de contrôle
qu’ils exercent sur leur environnement. La détresse peut se manifester par des pleurs,
des crises de colère, de l’opposition et des plaintes somatiques.
Bien que les critères diagnostiques du DSM-IV se veulent opérationnels et
dichotomiques, l’anxiété sociale est généralement représentée sur un continuum (Rapee &
Heimberg, 1997). La limite entre le normal et le pathologique est particulièrement
ambiguë à l’adolescence, reconnue comme une période de demandes sociales nouvelles
(Amies, Gelder, & Shaw, 1983) et de préoccupations accrues concernant !’acceptation par
les pairs et l’image corporelle (Petersen & Leffert, 1995). La variété des tableaux
cliniques de la PS selon le nombre et le type de situations évitées, l’importance de
l’évitement et le degré de handicap représentent un défi pour !’identification de la PS chez
l’adolescent.
Jusqu’ici, la majorité des études sur la PS a porté sur des échantillons d’adultes.
De nombreuses études ont également été effectuées à propos de construits plus ou moins
proches de la PS chez les mineurs, tels que le retrait social ou la timidité. Cependant, les
données récentes sur la prévalence, l’apparition précoce et les conséquences de la PS
Phobie sociale à l’adolescence 69
mettent en lumière l’importance de dresser un portrait spécifique de cette problématique
chez les adolescents. Le présent article vise à regrouper les connaissances les plus
récentes sur la PS chez les adolescents, avec un accent particulier sur son évaluation et
son traitement psychologique. Les résultats de certaines études portant sur des
échantillons d’adultes ou d’enfants atteints de PS, ou encore de personnes socialement
anxieuses, seront décrits en appui au propos principal. Ce portrait permettra de dégager
des pistes pour la poursuite des recherches sur la PS chez les adolescents.
Caractéristiques descriptives
Prévalence
Les estimations de la prévalence de la PS ont varié considérablement suivant la
définition du trouble au moment des études, l’instrument et les critères de signification
clinique employés. Les premières enquêtes chez les adolescents font varier la fréquence
et la prévalence sur 12 mois autour de 1 % (e.g., McGee, Feehan, Williams, Partridge, &
et al., 1990), alors que les peurs sociales les plus courantes (p.ex., parler en public ou à
des étrangers) sont exclues des enquêtes. Selon les études effectuées d’après les
critères du DSM-IV, 1,6 % à 8,2 % des adolescents ont été affectés par la PS au cours de
leur vie. La majorité des études épidémiologiques situent son âge d’apparition moyen
entre 14 et 16 ans (e.g., Davidson, Hughes, George, & Blazer, 1993; Schneier, Johnson,
Hornig, Liebowitz, & al., 1992).
Comme chez les adultes, la répartition entre les sexes est d’environ deux filles
pour un garçon (Essau, Conradt, & Petermann, 1999; West, Sweeting, Der, Barton, &
Lucas, 2003; Wittchen, Stein, & Kessler, 1999). Malgré des résultats équivoques
initialement obtenus à l’aide d’un faible échantillon (Hofmann et al., 1999), l’hypothèse
voulant que les peurs sociales des adolescents tendent à être plus généralisées que
celles des adultes n’est pas supportée par la littérature. En effet, des données
Phobie sociale à l’adolescence 70
épidémiologiques suggèrent que 23 % des 14-17 ans craignent trois situations sociales ou
plus (Wittchen et al., 1999), contre 65,9 % des adultes (Stein, Torgrud, & Walker, 2000).
Évolution et conséquences
La PS semble être un trouble chronique, particulièrement lorsqu’elle est déjà
présente à l’adolescence. Chez les 14-24 ans, seuls 25 % des personnes atteintes ont
connu une rémission, avec ou sans rechute subséquente (Wittchen et al., 1999). Ce
chiffre grimpe à seulement 50% chez les 15-64 ans (DeWit, Ogborne, Offord, &
MacDonald, 1999b), pour une durée médiane du trouble de 25 ans et une probabilité
maximale de rémission après 30 à 35 années de maladie. Ceci explique qu’elle soit le
trouble d’anxiété le plus répandu et le troisième trouble mental le plus fréquent chez les
adultes (Kessler et al., 1994). Un âge précoce d’apparition constitue le prédicteur le plus
important de la chronicisation (DeWit et al., 1999b).
Le taux de comorbidité augmente significativement de 14 àt 24 ans chez les
personnes atteintes de PS généralisée (Wittchen et al., 1999). Chez les adolescents, la
PS est associée à une augmentation du risque ultérieur d’abus de substances (DeWit,
MacDonald, & Offord, 1999a; Kessler et al., 1994; Nelson et al., 2000) et d’épisodes de
dépression majeure (Last, Perrin, Hersen, & Kazdin, 1992; Stein et al., 2001). Selon des
études épidémiologiques et des recensements dans les écoles, 14,3 à 28,5 % des
adolescents atteints de PS présentent un trouble de l’humeur, 8,5 % à 9% présentent un
trouble d’abus de substances, et 50 à 70 % un autre trouble anxieux (Essau et al., 1999;
Fisher, Masia-Warner, & Klein, 2004; Olivares et al., 2002; Olivares, Rosa Alcazar, &
Piqueras Rodriguez, 2004). Le trouble d’anxiété généralisée est le plus fréquent avec des
taux de 30 à 40 % (Fisher et al., 2004; Olivares et al., 2002; Olivares et al., 2004). Les
taux de comorbidité avec les troubles anxieux, les troubles de l’humeur et les troubles
d’abus de substance sont similaires dans les échantillons cliniques, bien qu’aucune étude
n’ait évalué les pourcentages séparément pour les enfants et les adolescents (Albano,
Phobie sociale à l’adolescence 71
Chorpita, & Barlow, 1996; Last, Strauss, & Francis, 1987; Strauss & Last, 1993). La PS
précède généralement l’apparition des autres troubles. Par exemple, elle précède 85,2%
des troubles d’abus de substances, 81,6% des troubles dépressifs majeurs, et 64,6% des
autres troubles anxieux, à l’exception des phobies spécifiques (DeWit et al., 1999a). Les
tentatives de suicide sont 1,75 à 2,6 fois plus fréquentes chez les adolescents atteints de
PS que dans la population générale des adolescents; ce risque augmente de 7 à 22,5 fois
lors que la PS est accompagnée d’un épisode dépressif majeur (Nelson et al., 2000; Stein
et al., 2001). Ceci est inquiétant compte tenu de la forte comorbidité entre ces
problématiques.
Mis à part une augmentation du risque de psychopathologies associées, la PS exerce
un impact significatif sur le fonctionnement et le développement des adolescents. Ainsi,
18 à 50 % des 14-24 ans rapportent un impact négatif de la PS sur leurs contacts sociaux
et environ 22 à 25 % une diminution de la qualité de leurs activités récréatives (Essau,
Conradt, & Petermann, 2000; Wittchen et al., 1999). Soixante pour cent de !’échantillon
clinique d’adolescents de Monfette et al. (2004) rapportent avoir moins de deux amis. Les
adolescents socialement anxieux, et particulièrement les filles, ont en moyenne un réseau
social plus restreint, se sentent moins acceptés par leurs pairs et moins attirants pour le
sexe opposé (La Greca & Lopez, 1998). Ceci semble se répercuter à l’âge adulte sur la
vie amoureuse, puisque les données épidémiologiques indiquent que les personnes
atteintes de PS sont moins susceptibles d’être mariées que les personnes atteintes d’un
autre trouble anxieux (e.g., Schneier et al., 1992).
Enfin, certaines études laissent croire que la PS constitue le trouble d’anxiété le plus
dommageable au plan académique. Ainsi, 40 % à 66,7 % des adolescents et jeunes
adultes de la communauté atteints de PS rapportent un impact négatif sur leur
performance à l’école ou au travail (Essau et al., 2000; Wittchen et al., 1999). Ce trouble
est associé à l’incapacité à compléter l’école secondaire chez les filles et les études
Phobie sociale à l’adolescence 72
collégiales chez les deux sexes (Kessler, Foster, Saunders, & Stang, 1995), nuisant ainsi
à !'épanouissement professionnel.
Étiologie
Vulnérabilité génétique et tempérament
Quelques études laissent penser qu’il existe un facteur de vulnérabilité génétique
au développement de la PS. Des chercheurs ont observé un taux de concordance de la
PS de 24,4 % chez les jumeaux monozygotes de sexe féminin, comparé à 15,3 % chez
les jumeaux dizygotes (Kendler, Neale, Kessler, Heath, & et al., 1992). D’autres études
ont rapporté une probabilité plus élevée d’être atteint de PS chez les parents de premier
degré de personnes atteintes (e.g., Perugi, Simonin¡, Savino, Mengali, & et al., 1990; Stein
et al., 1998). L’augmentation du risque semble plus marquée dans le cas de la PS
généralisée (Mannuzza, Schneier, Chapman, Liebowitz, & et al., 1995), allant jusqu’à 26,4
% de probabilité d’être atteint de PS généralisée chez les personnes dont l’un des parents
de premier degré est atteint de ce sous-type (Stein et al., 1998).
Bien que le mécanisme d’influence des facteurs biologiques sur l’apparition de la
PS demeure nébuleux, de plus en plus de données appuient l’existence d’un lien entre le
tempérament inhibé et l’anxiété sociale. Une étude a documenté rétrospectivement cette
association à l’aide de questionnaires chez les adultes atteints d’une PS (Van Ameringen,
Mancini, & Oakman, 1998). Une autre étude indique que les adolescents qui rapportent
un degré élevé d’inhibition comportementale dans l’enfance sont 4 à 5 fois plus
susceptibles d’être atteints de PS (Hayward, Killen, Kraemer, & Taylor, 1998).
Inversement, les adolescents et les jeunes adultes atteints de PS non généralisée et
généralisée ont 3 et 24 fois plus de chances, respectivement, d’obtenir un score élevé à
une mesure auto-rapportée d’inhibition comportementale à l’enfance (Wittchen et al.,
1999).
Phobie sociale à l’adolescence 73
Malheureusement, !’utilisation de données rétrospectives ne permet pas d’écarter
la possibilité que la présence d’une PS actuelle ait biaisé les résultats. Parmi les études
qui ont permis d’établir un lien de manière transversale ou prospective entre l’inhibition
comportementale et les troubles d’anxiété chez des échantillons pédiatriques (e.g.,
Biederman, Rosenbaum, Hirshfeld, Faraone, & et al., 1990; Rosenbaum, Biederman,
Gersten, Hirshfeld, & et al., 1988), aucune n’a évalué le lien spécifique avec la PS.
Toutefois, Biederman et al. (1990) rapportent que les enfants inhibés sont
significativement plus susceptibles de présenter une phobie de parler en public (56 %), de
se faire poser une question en classe (33 %), des étrangers (44 %) et des foules (33 %).
Schwartz, Snidman, & Kagan (1999) ont quant à eux fait un suivi auprès de 79
adolescents classés comme inhibés ou non à l’âge de deux ans, à l’aide d’une entrevue et
d’observations directes. À13 ans, 34 % des adolescents inhibés rapportent un degré
d’anxiété sociale qui nuit à leur fonctionnement, comparé à seulement 9 % des
adolescents non inhibés. Il est à noter que l’inhibition ne montre pas de lien avec les
peurs spécifiques, l’anxiété de séparation ou de performance.
Influences environnementales
Dans les écrits scientifiques, les facteurs étiologiques environnementaux les plus
fréquemment évoqués comprennent un environnement familial problématique, des
expériences négatives avec les pairs et un conditionnement suite à des symptômes
anxieux en situation d’évaluation par autrui. Chacun de ces facteurs peut mettre en branle
une boucle de rétroaction avec l’anxiété sociale, l’évitement et les déficits d’habiletés
sociales.
Interactions familiales. Certaines hypothèses veulent que les parents puissent
contribuer au développement de la PS par le biais d’un environnement familial rejetant,
distant et surprotecteur, par le modelage de croyances négatives à propos de l’opinion, ou
Phobie sociale à l’adolescence 74
encore de modes inadéquats d’interaction sociale (Chorpita, Albano, & Barlow, 1996;
Masía & Morris, 1998).
D’après les premières études rétrospectives, les adultes atteints de PS perçoivent
davantage de rejet et de contrôle parental que les agoraphobes et les personnes sans
trouble anxieux (e.g., Arrindell, Kwee, Methorst, Van der Ende, & et al., 1989; Bruch,
Heimberg, Berger, & Collins, 1989). D’autres données indiquent que comparés aux
personnes sans trouble anxieux et à ceux dont la PS n’est pas généralisée, les individus
atteints de PS généralisée rapportent que leurs parents ont davantage encouragé
l’isolement et ont moins socialisé avec d’autres familles. Enfin, des études indiquent que
les personnes atteintes de PS perçoivent que leurs parents accordaient une plus grande
importance à l’opinion d’autrui et utilisaient davantage la honte comme moyen disciplinaire
(Bruch & Heimberg, 1994; Bruch et al., 1989).
Étant donné les biais associés aux études rétrospectives, il est étonnant qu’aucune
recherche ne se soit encore penchée sur la perception actuelle d’enfants et d’adolescents
atteints de PS concernant leur environnement familial. Une étude (Messer & Beidel, 1994)
indique que l’anxiété auto-rapportée est significativement reliée au degré de contrôle et de
conflit familial, tant chez les enfants atteints d’un trouble d’anxiété que chez ceux qui n’en
sont pas atteints. Parmi les 2708 adolescents interrogés par Caster, Inderbitzen et Hope
(1999), ceux dont l’anxiété sociale est plus élevée perçoivent leurs parents comme
encourageant davantage leur isolement, comme étant moins actifs, trop préoccupés par
l’opinion d’autrui et plus embarrassés par la timidité et les pauvres performances de leurs
enfants, comparativement à ceux dont l’anxiété sociale est faible. L’étude de Bogels,
VanOosten, Mûris & Smulders (2001) indique également la présence d’un lien entre
l’anxiété sociale des adolescents d’une pari, et la surprotection et la sociabilité des
parents d’autre part. Une fois la variancse associée à ces variables retirée, l’anxiété
sociale maternelle prédit toutefois significativement l’anxiété sociale de l’adolescent. Dans
Phobie sociale à l’adolescence 75
l’ensemble, ces résultats vont dans le sens des études rétrospectives effectuées chez les
adultes atteints de PS, mais elles demeurent sujettes aux mêmes biais de perception et ne
permettent pas davantage d’interprétation causale. La plus grande fréquence de
comportements contrôlants a cependant été observée lors d’études obsersvationnelles
chez des échantillons de parents d’enfants atteints de troubles anxieux, dont certains
souffraient de PS (Hudson & Rapee, 2001; Hudson & Rapee, 2002; Siqueland, Kendall, &
Steinberg, 1996). Il n’en demeure pas moins possible que les comportements protecteurs
soient influencés par les caractéristiques de l’enfant tout autant que celles des parents.
Une étude récente de Bogels et vanMelick (2004) indique d’ailleurs que les
comportements parentaux de surprotection entretiennent une relation d’importance
similaire avec l’anxiété parentale et l’anxiété de l’enfant.
Pour éviter les biais reliés aux mesures auto-rapportées et jeter un meilleur
éclairage sur le mécanisme causal impliqué lors des interactions familiales, un groupe de
recherche australien a utilisé une tâche où enfants et parents doivent coopérer pour
résoudre des situations sociales ambiguës. Comparés aux parents d’enfants normaux et
présentant un trouble oppositionnel, les parents d’enfants anxieux sont plus susceptibles
d’encourager l’évitement. En effet, les enfants sont plus susceptibles de choisir des
réponses d’évitement après avoir eu une discussion avec leurs parents qu’avant (Barrett,
Rapee, Dadds, & Ryan, 1996b; Dadds, Barrett, & Rapee, 1996). Chorpita, Albano et
Barlow (1996) ont aussi observé que les changements d’interprétations et de plans
d’action des enfants par suite de la discussion sont corrélés à la proportion de
verbalisations anxieuses des parents. Les travaux d’une équipe de recherche de
l’Université de Maastricht (Hollande) laissent croire qu’au contraire des enfants atteints
d’un trouble d’anxiété, ceux qui n’en sont pas atteints voient leur interprétation de menace
diminuer suite à une discussion avec leurs parents, bien que cette perception demeure
statistiquement associée à la perception de menace des parents (Bogels, vanDongen &
Phobie sociale à l’adolescence 76
Mûris, 2003). Des différences méthodologiques entre la tâche utilisée par les équipes
australienne et hollandaise peuvent toutefois expliquer ces différences. Enfin, en dehors
des facteurs génétiques, le mécanisme d’influence de l’anxiété parentale sur l’anxiété des
adolescents atteints de PS a été très peu étudié expérimentalement. La seule étude
répertoriée porte sur un échantillon de 23 adolescents atteints de PS (Logsdon-Conradsen
et al., 2000) et montre que même si le niveau d’anxiété est plus élevé chez les parents
d’adolescents qui choisissent des stratégies d’évitement, les stratégies choisies par ces
derniers ne changent pas significativement à la suite de la discussion.
Interactions avec les pairs. Les jeunes atteints de PS ne semblent pas profiter des
mêmes expériences d’apprentissage social que les autres. Dans des échantillons
cliniques, 75 % des enfants et 27 % des adolescents rapportent qu’ils n’ont aucun ami
(Beidel, Turner, & Morris, 1999; Monfette et al., 2004). Albano et al. (1995a) rapportent
que beaucoup de jeunes atteints de PS développent des intérêts solitaires et inhabituels,
ce qui rend plus difficile la discussion avec les autres jeunes. Ils font l’hypothèse que ces
intérêts se développent en conséquence à l’absence d'exposition aux mêmes stimuli que
leurs pairs et de renforcements appropriés de leur part
Les études qui documentent !’association entre l’anxiété sociale et la négligence ou
le rejet par les pairs (e.g., Inderbitzen, Walters, & Bukowski, 1997; Strauss, Lahey, Frick,
Frame, & et al., 1988) vont dans ce sens. Par exemple, plusieurs études de La Greca et
ses collègues (e.g., La Greca & Lopez, 1998; La Greca & Stone, 1993) laissent supposer
que !’acceptation par les pairs est inversement refiée à l’anxiété sociale chez les jeunes.
Les enfants atteints d'un trouble d’anxiété sont plus susceptibles d’être négligés par leurs
pairs que les enfants normaux ou avec des problèmes de comportement (Strauss et al.,
1988). Dans la même veine, Inderbitzen, Walters et Bukowski (1997) ont observé les
niveaux d’anxiété sociale les plus élevés parmi les enfants négligés ou rejetés par leurs
pairs. Une étude longitudinale récente (Gazelle & Ladd, 2003) laisse croire que les jeunes
Phobie sociale à l’adolescence 77
qui sont à la fois anxieux et retirés socialement sont de plus en plus exclus par leurs pairs
au cours des années. Cette exclusion est à son tour associée à une augmentation de
l’anxiété. Dans une autre étude prospective, Vemberg et al. (1992) observent que les
adolescents socialement anxieux qui changent d’école ont plus de difficulté à se faire de
nouveaux amis que les adolescents non anxieux. Il est à noter que les expériences de
rejet en début d’année sont prédites par l’anxiété sociale en présence de pairs familiers, et
non par l’anxiété en présence d’inconnus et dans les nouvelles situations. Lors
d’observations réalisées en milieu naturel, Spence et al. (1999) ont par ailleurs observé
que les enfants atteints de PS recevaient un pourcentage moins élevé de réponses
positives de la part de leurs pairs que les enfants normaux. L’ensemble de ces données
laisse penser que les jeunes atteints de phobie sociale ont des interaction sociales moins
fréquentes et de qualité inférieure à la population générale.
Conditionnement classique. D’après Barlow (1988), le conditionnement classique
contribue à l’apparition et au maintien de la PS lorsqu’une réponse d’alarme
inconditionnelle est pairée à une situation sociale. La situation sociale acquiert alors la
capacité de générer une réponse anxieuse conditionnée. L’alarme est réaliste s’il y a
traumatisme social réel, mais dans la plupart des cas, il s’agirait d’une fausse alarme
déclenchée par une situation sociale bénigne. Par la suite, l’appréhension anxieuse
augmenterait la probabilité d’autres réactions d’alarme en situation sociale, créant un
cercle vicieux. D’après l’auteur, cette conceptualisation permet d’expliquer que la plupart
des cas de PS apparaissent à l’adolescence, période marquée par de nouvelles attentes
collectives concernant la participation à différentes situations sociales.
Selon des études rétrospectives, une proportion supérieure de personnes atteintes
de PS rapporte qu’un événement social traumatique est directement à l’origine de leur PS
(Öst, Jerremalm, & Johansson, 1981), par rapport aux personnes sans trouble anxieux
(44% vs 20%; Townsley, 1992, cité dans Mineka & Zinbarg, 1995). Chez les jeunes, la
Phobie sociale à l’adolescence 78
victimisation par les pairs auto-rapportée est associée avec l’anxiété et l’évitement social
(e.g., Slee, 1994) de même qu’avec la PS (Grimard, Monfette, Boisvert, & Lavoie, 2002).
Toutefois, une proportion importante d’individus soumis à des expériences sociales
aversives ne développe pas de PS. De plus, il se pourrait que les personnes atteintes de
PS soient plus susceptibles de percevoir les événements sociaux comme traumatiques ou
aversifs et de présenter un biais de rappel pour de tels événements. Certains auteurs
pensent que le plus faible seuil de réactivité physiologique des enfants au tempérament
inhibé facilite le conditionnement aversif aux stimuli anxiogènes (e.g., Mineka & Zinbarg,
1995). D’autre part, puisque l’exposition non aversive à un stimulus précédant le pairage
à un stimulus aversif retarde le conditionnement aversif (Mackintosh, 1974; cité dans
Menzies & Clarke, 1995), certaines familles pourraient induire une vulnérabilité
psychologique à la PS en offrant moins d’opportunités de socialisation à leur enfant.
Enfin, l’expérience du contrôle procure une sorte d’immunisation psychologique aux
expériences aversives en diminuant l’appréhension anxieuse (Albano et al., 1996). Il est
donc possible que les facteurs qui nuisent à la perception de contrôle en situation sociale,
tel qu’un style parental contrôlant, induisent une vulnérabilité au conditionnement aversif
des situations sociales .
Facteurs individuels
Habiletés sociales. Des habiletés sociales déficientes peuvent augmenter l’anxiété
et les comportements d’évitement face aux situation sociales, de même que la probabilité
de réponses aversives de la part d’autrui. Une controverse entoure la présence de déficits
d’habiletés sociales chez les adultes atteints de PS. Des chercheurs ont observé que les
personnes socialement anxieuses étaient moins habiles socialement que les personnes
non anxieuses, (Pilkonis, 1977a; Twentyman & McFall, 1975), alors que d’autres n’ont
trouvé aucune différence (e.g., Glasgow & Arkowitz, 1975; Rapee & Lim, 1992). Les
différences semblent significatives sur le plan de mesures globales d’habiletés, par
opposition aux indices spécifiques (p.ex., le contact visuel) (Arkowitz, Lichtenstein,
McGovern, & Hines, 1975; Beidel, Turner, & Dancu, 1985; Borkovec, Stone, O'Brien, &
Kaloupek, 1974), ce qui laisse penser que les déficits sont d’une subtilité telle qu’il est
difficile de les identifier à l’aide des systèmes de codification actuels. Bien qu’il existe peu
de recherches au sujet des habiletés sociales d’enfants atteints de PS, les résultats sont
plus univoques. En effet, les deux études qui ont comparé les habiletés sociales d’enfants
normaux et atteints de PS indiquent que ces derniers sont jugés moins habiles lors de
tâches d’interactions sociales, tant sur le plan des mesures globales que sur celui des
mesures spécifiques (Beidel et al., 1999; Spence et al., 1999). Aucune des études
publiées sur le sujet ne permet cependant de savoir s’il y a effectivement déficit d’habiletés
ou bien si les habiletés sont présentes dans le répertoire comportemental, mais inhibées
par l’anxiété.
Évitement. L’évitement d’une situation anxiogène est négativement renforcé
lorsqu’il amène un soulagement de l’anxiété. Bien que les enfants et les adolescents aient
moins d’occasions que les adultes de se soustraire aux situations sociales, des enfants
atteints de PS ont rapporté, à l’aide de formules d’auto-enregistrement, feindre la maladie,
pleurer, faire semblant de ne pas entendre, adopter un comportement d’opposition, rester
à la maison, et se cacher les yeux pour éviter des situations sociales (Beidel et al., 1999).
Le parent peut également collaborer à l’évitement afin de réduire sa propre anxiété
(Vasey, Ollendick, & King, 2001). D’autre part, l’évitement réduit les occasions de maîtrise
certaines tâches développementales telles que la maîtrise d’habiletés sociales et
!’établissement d’amitiés (Vernberg et al., 1992). Enfin, les expériences sociales
négatives qui sont susceptibles d’être favorisées par ce processus peuvent à leur tour
alimenter les croyances dysfonctionnelles concernant la peur du jugement négatif d’autrui
(Rapee & Heimberg, 1997).
Phobie sociale à l’adolescence 79
Phobie sociale à l’adolescence 80
Facteurs cognitifs. D’après les modèles cognitifs de la PS (e.g., Rapee &
Heimberg, 1997), l’aspect essentiel de la PS réside dans un fort désir de faire bornie
impression sur autrui, associé à une incapacité perçue d’y arriver. Activées par fes
situations sociales, ces croyances amènent des auto-verbalisations négatives, qui
déclenchent les symptômes comportementaux et physiologiques de l’anxiété. Les
symptômes physiques sont interprétés comme un signe de mauvaise performance et
augmentent à leur tour l’anxiété. Une part excessive des ressources attentionneies sont
dirigées vers les indices internes d’évaluation négative, ce qui interfère avec un
fonctionnement social adéquat.
Malgré !’utilisation fréquente de traitements cognitivo-comportementaux chez les
jeunes atteints de troubles anxieux, l’état de la recherche ne permet pas de documenter
clairement les manifestations cognitives de l’anxiété chez cette population (Alfana, Beidel,
& Turner, 2002). Les chercheurs ont bien documenté !’augmentation de la peur du
jugement négatif d’autrui entre la fin de l’enfance et le début de l’adolescence (King,
1993). Cette augmentation va de pair avec le développement de la capacité de s’auto-
observer, de se percevoir à travers les yeux d’autrui et de comprendre les compfexités des
interactions sociales.
La première recherche sur les cognitions des enfanta atteints de PS n’a pas permis
de mettre en lumière de différences avec les enfants normaux au plan du nombre de
cognitions négatives durant une tâche expérimentale; leur nombre était par ailleurs bas
dans les deux groupes (Beidel, 1991). Spence et al. (1999) ont obtenu plus de succès en
utilisant un enregistrement vidéo pour aider les enfants à se souvenir de leus cognitions
durant la tâche, puisque les enfants atteints de PS ont alors rapporté davantage de
cognitions négatives que les enfants normaux. De plus, ils se sont montrés moins
susceptibles d’entretenir des attentes positives face aux situations sociales et face à leur
Phobie sociale à l’adolescence 81
performance à un exposé oral, bien que cette performance n’ait pas été jugée inférieure
par des évaluateurs externes.
Mûris, Merckelbach et Damsma (2000) ont montré l’existence d’un lien, chez les
enfants de la population générale, entre le niveau d’anxiété sociale d’une part, et d’autre
part la fréquence et le nombre d’interprétations menaçantes face à des scénarios
ambigus, la rapidité du jugement de menace et les cognitions négatives. Bogels, Snieder
et Kindt (2003) ont pour leur part observé que les enfants qui obtiennent un score élevé
d’anxiété sociale, de séparation ou généralisée à un questionnaire, se sentent davantage
menacés et moins capables de faire face aux situations ambiguës que les enfants
normaux. Il est à noter que la plus grande fréquence d’interprétations menaçantes
apparaît toutefois uniquement lorsque les enfants répondent à des questions fermées,
mais pas aux questions ouvertes, ce qui va dans le sens d’une plus grande difficulté des
enfants d’identifier spontanément ce type de cognitions négatives. Enfin, la spécificité du
lien entre les interprétations menaçantes et le type d’anxiété n’est que partiellement
appuyée, tant par les études réalisées auprès d’échantillons normaux que cliniques
(Muris, Kindt, Bogels, Merckelbach, Gadet, & Moulaert, 2000; Bogels & Zingterman,
2000). Ces études ont cependant utilisé des stimuli contenant des éléments anxiogènes
pour plus d’un trouble anxieux, compromettant ainsi leur valeur méthodologique.
Au plan des processus cognitifs, Merel, Bogels et Morren (2003) ont tenté de
montrer la présence d’un biais attentionné! envers les informations menaçantes chez un
échantillon clinique d’enfants atteints de phobie sociale, d’un trouble d’anxiété généralisée
ou d’un trouble d’anxiété de séparation. Ni les enfants du groupe contrôle, ni les enfants
anxieux n’ont démontré de biais attentionné! envers les mots reliés à leur peur dans une
tâche de Stroop. Ce phénomène a pourtant été observé de manière très régulière chez
les adultes. Ceci illustre bien l’importance de réaliser des études dans une perspective
développementale. Enfin, Bradley et al. (1999) ont documenté le changement de focus
Phobie sociale à l’adolescence 82
attentionné! en situation anxiogène, prédit par les modèles cognitifs. Comparés à des
adolescents sans trouble anxieux, ceux qui sont atteints de PS présentent non seulement
moins de pensées positives avant et pendant les tâches expérimentales d’interaction
sociale, mais également moins de pensées centrées sur leur partenaire au moment de
!’interaction.
Évaluation
Entrevues diagnostiques
Plusieurs entrevues structurées ont été utilisées pour mesurer les troubles
d’anxiété chez les jeunes, mais peu ont démontré à la fois leur utilité clinique et leurs
qualités psychométriques. Pour une revue plus détaillée des entrevues diagnostiques, le
lecteur est invité à lire Beidel et Turner (1998) ainsi que Saavedra et Silverman (2002).
Actuellement, I 'Anxiety Disorders Interview Schedule for children and adolescents
(Silverman & Albano, 1995) constitue la seule entrevue structurée qui permette d’obtenir
des informations cliniquement utiles, tout en présentant des qualités psychométriques
adéquates. Elle évalue principalement la présence des troubles d’anxiété, mais
également des troubles d’humeur et externalisés, de même que des problèmes d’abus de
substances. Deux versions sont administrées à l’adolescent et au parent, pour un temps
d’administration total d’environ deux heures. Des règles permettent de combiner
!’information recueillie de part et d’autre (Silverman, 1991). Elle comprend des questions
sur la socialisation, ce qui est particulièrement pertinent dans l’évaluation de la PS.
L’ADIS-C/P possède le plus haut coefficient d’entente inter-juges rapporté dans la
littérature pour la PS (kappa = 0,92, Silverman, Saavedra, & Pina, 2001).
Échelles complétées par le clinicien
L’utilisation d’une échelle complétée par le clinicien permet à celui-ci d’obtenir des
informations plus détaillées, tout en ayant la possibilité de répéter !’administration durant la
phase de traitement. Masia-Warner, Klein et Liebowitz (2003) ont adapté une telle échelle
Phobie sociale à l’adolescence 83
pour la PS chez les adolescents, le Liebowitz Social Anxiety Rating Scale for adolescents.
La moitié de ses 24 items portent sur les interactions sociales et l’autre, sur les situations
de performance. L’évaluateur demande à l’adolescent d’estimer son degré d’anxiété et
d’évitement sur une échelle de 0 à 3, mais peut demander des précisions et ajuster le
score en conséquence. Les auteurs obtiennent une cohérence interne et une fidélité test-
tetest après 7 jours supérieures à 0,80. L’instrument présente une bonne validité
convergente et divergente et permet de différencier la phobie sociale des autres troubles
anxieux, avec des taux de sensibilité supérieurs à 90 %. Le taux de spécificité est de 100
% dans le cas des jeunes non anxieux, et de 64,2 % pour ceux qui sont atteints d’un autre
trouble d’anxiété. Ces résultats sont remarquables étant donné que l’anxiété sociale
d’intensité sous-clinique est répandue chez les adolescents et à plus forte raison chez
ceux qui sont atteints d’un trouble d’anxiété. Les données d’une étude de traitement
suggèrent une sensibilité au changement thérapeutique modérée (Fisher et al., 2004).
Questionnaires conçus pour les adultes
Deux principaux questionnaires conçus pour les adultes sont toujours utilisés dans
les recherches contemporaines sur la PS chez les adolescents. Le Fear of Negative
Evaluation Scale (FNE; Watson & Friend, 1969), qui compte originalement 30 items,
mesure les aspects cognitifs de l’anxiété sociale. Il est plus souvent utilisé dans sa forme
abrégée de 12 items, qui présente une corrélation de 0,96 avec la forme originale et une
fidélité test-retest de 0,75 après un mois (Leary, 1983). Les items du questionnaire
original se présentent sous forme de « vrai » ou « faux », alors que la version abrégée est
complétée sur une échelle de 1 à 5 en fonction de la correspondance de l’item avec
l’expérience du répondant. Cette échelle constitue le meilleur prédicteur de la réponse au
traitement chez les adultes (Butler, 1985; Mattick & Peters, 1988; Mattick, Peters, &
Clarke, 1989). Elle est sensible au changement thérapeutique chez les adultes (e.g.,
Heimberg, Dodge, Hope, Kennedy, & et al., 1990) et les adolescents (Monfette et al.,
Phobie sociale à l’adolescence 84
2004). Sa cohérence interne et sa validité convergente sont satisfaisantes chez les
adolescents québécois (Monfette, Grimard, !vers, Blais, Lavoie, & Boisvert, sous presse).
Le Social Phobia and Anxiety Inventory (SPAI; Turner, Beidel, Dancu, & Stanley,
1989a) est conçu pour évaluer les symptômes cognitifs, physiologiques et
comportementaux de la PS. Il comprend 45 items auxquels le participant répond sur une
échelle de 1 (jamais) à 7 (toujours) en détaillant ses réponses en fonction de l’interlocuteur
(p.ex.., sexe opposé, figure d’autorité). Il possède une bonne fidélité temporelle et
concomitante ainsi qu’une bonne validité discriminante (Beidel, Borden, Turner, & Jacob,
1989a; Beidel, Turner, Stanley, & Dancu, 1989b; Turner et al., 1989a; Turner, Stanley,
Beidel, & Bond, 1989b). Sa capacité de refléter un changement cliniquement significatif
est établie (Beidel, Turner, & Cooley, 1993) et son utilisation auprès des adolescents est
validée (Clark, Turner, Beidel, Donovan, & étal., 1994). Garcia-Lopez, Olivares, Hidalgo,
Turner et Beidel (2004) ont développé et validé une version abrégée du SPAI auprès de
1981 adolescents. L’instrument montre une structure factorielle similaire à la version
originale et une cohérence interne élevée (alpha = 0,92). D’autres recherches sont
nécessaires pour documenter sa validité et sa fidélité test-retest.
Questionnaires conçus pour les adolescents
Plusieurs instruments de mesure de l’anxiété générale ont été utilisés pour évaluer
l’anxiété sociale chez les jeunes, tels que le Fear Survey Schedule for Children-Revised
(Ollendick, 1983) et le Revised Children Manifest Anxiety Scale (Reynolds & Richmond,
1978). Toutefois, ces instruments discriminent mal les enfants anxieux de ceux qui
souffrent d’un autre trouble psychiatrique (Beidel, Turner, & Morris, 1995). Plus
récemment, d’autres instruments ont été développés en fonction des catégories
diagnostiques du DSM-IV. Par exemple, le Multidimensional Anxiety Scale for Children
(March, Parker, Sullivan, Stallings, & et al., 1997), le Screen for Child Anxiety Related
Emotional Disorders (Birmaher et al., 1997) et le Spence Children’s Anxiety Scale
Phobie sociale à l’adolescence 85
(Spence, 1998) contiennent tous quelques items relatifs à l’anxiété sociale, mais leur utilité
demeure limitée dans l’évaluation spécifique de la PS. Deux instruments de mesure
originalement conçus pour les adultes ont été récemment adaptés pour évaluer
spécifiquement l’anxiété sociale et la PS chez les adolescents. Il s’agit du Social Anxiety
Scale for Adolescents (SAS-A; La Greca & Lopez, 1998) et du Social Phobia and Anxiety
Inventory for Children (SPAI-C; Beidel et al., 1995).
Le plus ancien instrument de mesure de l’anxiété sociale développé
spécifiquement pour les enfants est le Social Anxiety Scale for Children (SASC; La Greca,
Dandes, Wick, Shaw, & et al., 1988), conçu selon le modèle du FNE et du Social
Avoidance and Distress scale de Watson et Friend (1969). Par la suite, il a été révisé afin
de mieux représenter les dimensions identifiées par des analyses factorielles (La Greca &
Stone, 1993). Le SASC-Revlsed comprend 22 items complétés sur une échelle de 1 à 5
selon le degré de correspondance avec l’expérience du répondant. Il évalue (a) la peur du
jugement négatif d’autrui, (b) l’évitement et la détresse face aux situations et aux
personnes nouvelles, et (c) l’évitement et la détresse face à la compagnie des autres en
général. Enfin, La Greca et Lopez (1998) ont développé une version du SASC-Revised
pour les adolescents, le Social Anxiety Scale for Adolescents (SAS-A). Plusieurs analyses
factorielles ont révélé une structure identique à la version pour enfants (e.g., La Greca &
Lopez, 1998; Storch, Masía Warner, Dent, Robert¡, & Fisher, 2004), une bonne cohérence
interne et une validité concomitante adéquate (Myers, Stein, & Aarons, 2002; Storch et al.,
2004). La fidélité test-retest est de 0,86 après 10 jours (Garcia-Lopez, Olivares, Hidalgo,
Beidel, & Turner, 2001) et de 0,60 après 12 mois (Storch et al., 2004). Le SAS-A permet
de d’identifier 43,6% des adolescents atteints de PS par rapport à des adolescents
normaux, avec une spécificité de 82,7v% (Inderbitzen, Davies, & McKeon, 2004).
Le SPAI-C (Beidel et al., 1995) est conçu d’après le même modèle que sa
contrepartie pour adultes. Il comprend 26 items choisis empiriquement pour mesurer
Phobie sociale à l’adolescence 86
l’anxiété dans une variété de situations sociales pertinentes pour les jeunes de 8 à 13 ans
Le SPAI-C possède une bonne cohérence interne et une fidélité test-retest de 0,63 à dix
mois d’intervalle (Beidel et al., 1995). La variance des items semble pouvoir être
expliquée par une structure à 3 ou 5 facteurs (Beidel, 1996; Beidel et al., 1995). Le SPAI-
C permet de discriminer avec succès les enfants atteints de PS de ceux qui présentent un
trouble externalisé et des enfants normaux (Beidel, 1996; Beidel et al., 1995). Il est
également sensible au changement thérapeutique (Beidel et al., 1999).
L’utilisation du SPAI pour adultes est suggérée par ses auteurs pour les
adolescents de plus de 13 ans. Toutefois, les items du SPAI-C concernent des situations
fréquemment anxiogènes pour les adolescents (Hofmann et al., 1999), alors que certains
items du SPAI sont moins pertinents. Son niveau de langage et sa durée d’administration
semblent plus adaptés par rapport au SPAI. Storch et al. (2004) ont produit des normes
et évalué les qualités psychométriques de cet instrument chez 1147 adolescents. Les
résultats indiquent que la cohérence interne et la validité convergente sont adéquates. La
fidélité test-retest après 12 mois est de 0,47. La sensibilité du SPAI-C à un diagnostic de
PS chez les adolescents est de 61,5% et sa spécificité de 82,7 % (Inderbitzen et al.,
2004).
Il est à noter que le SAS-A est le seul à évaluer la peur du jugement négatif
d’autrui, alors que le SPAI-C est le seul à évaluer les symptômes physiologiques de la PS.
Si l’on en juge par le taux de sensibilité, le SPAI-C est une meilleure mesure de la PS.
Toutefois, les deux instruments ont un degré de spécificité équivalent. L’utilité de ces
deux questionnaires dans la planification du traitement et leur sensibilité au changement
thérapeutique chez les adolescents reste à évaluer.
Questionnaires destinés aux parents
Les parents et les enseignants sont généralement responsables de la demande de
traitement des jeunes anxieux, peuvent fournir un point de vue unique sur les difficultés
Phobie sociale à l’adolescence 87
rencontrées par l’adolescent et observer ses progrès. Pourtant, la plupart des instruments
qui leur sont destinés mesurent l’ajustement des jeunes dans une très grande variété de
domaines et comprennent peu d’items relatifs à l’anxiété (pour une revue, voir Strauss,
1993). Une étude de traitement récente mentionne l’existence d’une version pour parents
du SAS-A (La Greca, 1998, cité dans Fisher et al., 2004). Malheureusement, hormis
l’appui de cette étude à sa sensibilité au changement thérapeutique, aucune information
n’est disponible dans la littérature concernant ses qualités psychométriques. De même,
Beidel et al. mentionnent l’existence d’une version pour parents du SPAI-C. Aucune
autre information n’est toutefois fournie, hormis le coefficient de corrélation avec la version
pour enfants, qui est modéré (r= 0,31).
Deux questionnaires ont été développés et validés dans le but de recueillir la
perception des parents concernant les symptômes d’anxiété de leur enfant, selon la
classification du DSM-IV, soit le Screen for Child Anxiety Related Emotional Disorders
(SCARED; Birmaher et al., 1997) et le Spence Children’s Anxiety Scale (SCAS; Spence,
1998). Ces instruments comprennent également une version pour les
enfants/adolescents, mais puisque des instruments plus spécifiques à la PS existent pour
cette population, seules les qualités psychométriques des versions pour parents seront
discutées.
Le SCAS a été développé pour servir d’instrument de dépistage dans la population
générale, alors que le SCARED a été développé à partir d’une population clinique. Ces
échelles mesurent des aspects légèrement différents de la PS : le SCARED mesure
surtout la crainte de rencontrer des personnes qui ne sont pas familières, alors que les
items du SCAS sont calquées de plus près sur les critères du DSM-IV pour la PS, soit la
crainte des situations sociales ou de performance et la peur de l’évaluation négative par
autrui (Essau, Mûris, & Ederer, 2002). Ceci pourrait expliquer que la corrélation entre les
sous-échelle de PS de ces deux instruments est relativement faible (0,37 à 0,59; Essau et
Phobie sociale à l’adolescence 88
al., 2002; Mûris, Merckelbach, Ollendick, King, & Bogie, 2002; Mûris, Merckelbach,
Schmidt, & Mayer, 1999). Le SCAS possède 38 items cotés sur échelle en quatre points
de « jamais » à « toujours » et le SCARED comprend 41 items cotés sur une échelle en
trois points de « presque jamais » à « souvent ».
Au plan psychométrique, davantage de données sont disponibles à propos du
SCARED que du SCAS. Les premières données psychométriques sur le SCARED ont été
obtenues auprès des 300 parents d’enfants et adolescents qui fréquentaient une clinique
spécialisée, dont 27 présentent une PS. Les résultats de cette étude (Birmaher et al.,
1997) indiquent une structure à 5 facteurs cohérente avec les catégories du DSM-IV, avec
un coefficient alpha et de fidélité test-retest de 0,90, répliqué lors d’une recherche
ultérieure (Birmaher et al., 1999). Il semble que le SCARED permet de différencier les
enfants atteints d’un trouble d’anxiété des enfants du groupe sans trouble mental ou
atteints d’un trouble externalisé. Bien que la sous-échelle de PS est significativement plus
élevée chez les enfants atteints de PS que chez ceux qui sont atteints d’un autre trouble
d’anxiété, ce n’est pas le cas dans l’étude de réplication de Birmaher et al. (1999). La
capacité du SCARED de différencier les enfants atteints d’un trouble d’anxiété pur de ceux
qui sont atteints d’un trouble de l'humeur est plus incertaine, une première étude ayant
donnée des résultats négatifs (Birmaher et al., 1997) alors que l’autre donne des résultats
positifs (Monga et al., 2000), sans que cela ne puisse être expliqué par des différences
dans la nature ou la taille des échantillons. Enfin, l’étude de Monga et al. (2000) appuie sa
validité convergente et divergente. La sensibilité au changement thérapeutique de cet
instrument est inconnue.
Une seule étude a été publiée sur les propriétés psychométriques de la version
pour parents du SCAS (Nauta et al., 2004). Ces auteurs ont recruté 484 parents de jeunes
de 6 à 18 ans atteints d’un trouble d’anxiété (20% de PS) dans une clinique universitaire,
et 261 parents de jeunes sans trouble mental dans milieux scolaires et la communauté.
Phobie sociale à l’adolescence 89
Les résultats de l’analyse factorielle appuient la correspondance de la structure factorielle
avec les intentions des auteurs. Le coefficient de cohérence interne est de 0,92 pour la
sous-échelle de PS et la validité convergente et divergente est adéquate. Soixante
pourcent des jeunes atteints de PS sont correctement identifiés comme tels à l’aide du
SCAS. Bien que moins de recherches aient été effectuées à propos de cet instrument,
l’étude Nauta et al. (2004) possède un échantillon important qui permet de généraliser les
résultats à la fois la population clinique des adolescents atteints d’un trouble anxieux et à
celle des adolescents de la communauté.
Traitement
Thérapie pharmacologique
Très peu de recherches ont étudié l’efficacité des traitements pharmacologiques de
la PS chez les mineurs. Quelques données positives sont disponibles sur l’efficacité des
anxiolytiques dans le traitement de la PS chez les jeunes (e.g., Simeon, Ferguson, Knott,
Roberts, & et al., 1992; Zwier & Rao, 1994). Considérant l’ensemble des données sur les
traitements pharmacologiques de la PS, IInternational Consensus Group on Depression
and Anxiety recommande !’utilisation prioritaire des inhibiteurs de la recapture de la
sérotonine (ISRS) chez les adultes (Ballenger et al., 1998), surtout en raison de ses effets
secondaires relativement bien tolérés. Cette recommandation a vraisemblablement
poussé la communauté scientifique à s’intéresser à l’efficacité des ISRS chez les enfants
et les adolescents atteints de PS.
Plusieurs études non contrôlées ont rapporté des résultats prometteurs à propos
de la fluoxétine chez des enfants et adolescents atteints de troubles d’anxiété (e.g.,
Birmaher, Waterman, Ryan, Cully, & et al., 1994; Fairbanks et al., 1997), sans examiner
les résultats séparément selon le diagnostic. Van Ameringen, Mancini, Oakman et
Farvolden (1999) ont récemment publié une série d’études de cas de sept patients, dont
cinq adolescents, atteints de PS généralisée. D’après les observations des auteurs, ces
Phobie sociale à l’adolescence 90
patients ont été traités avec succès à l’aide de l’une ou l’autre de trois ISRS (paroxétine,
sertraline ou nefazodone). De même, Compton et al. (2001) ont étudié l’efficacité de la
sertraline dans le traitement de la PS chez sept jeunes de 10 à 17 ans. Après 8
semaines, les patients obtiennent des scores dans l’étendue d’un échantillon normal
d’après un questionnaire d’auto-évaluation et un test comportemental. D’après une
échelle d’amélioration complétée par le clinicien, la plupart des participants sont
considérés comme répondants (36 %) ou partiellement répondants (29 %) au traitement.
La réponse au traitement surviendrait généralement après six semaines.
Black et Uhde (1994) ont mené une étude contrôlée sur l’efficacité de la fluoxétine
chez 15 enfants atteints de PS et de mutisme sélectif. Une dose de 20mg/jour durant 8
semaines permet d’obtenir un résultat significativement supérieur à un placebo.
Récemment, deux études contrôlées de grande envergure appuient l’efficacité des ISRS
dans le traitement de la PS chez les mineurs (Birmaher et al., 2003; Isaacs, 2001). Dans
la première, 128 participants anxieux âgés de 6 à 17, dont 84 (66 %) sont atteints de PS et
94 (74 %) ont plus de 12 ans, reçoivent une dose de fluvoxamine uniforme en fonction de
l’âge. Après 8 semaines, 75 % des participants du groupe traité montrent une
amélioration totale ou partielle, contre 29 % des participants du groupe placebo . Les
changements évalués par le clinicien sont significatifs à la quatrième semaine de
traitement. Étrangement, les auteurs ont utilisé des mesures complétées par les
participants et leurs parents, mais n’en rapportent pas les résultats. Une analyse
ultérieure de leurs données indique que les participants atteints de PS sont
significativement moins susceptibles de s’améliorer que ceux qui présentent un autre
trouble anxieux (Isaacs, 2001).
Birmaher et al. (2003) ont évalué quant à eux l’efficacité de la fluoxétine chez 74
jeunes de 7 à 17 ans, dont 41 (54 %) sont atteints de PS et 43 (58 %) ont plus de 12 ans.
Les résultats d’une MAN OVA indiquent un effet significativement supérieur de la fluoxétine
Phobie sociale à l’adolescence 91
sur le score composé des mesures complétées par les cliniciens, les parents et les
participants. Le taux de réponse au traitement des participants atteints de PS (76 %) est
significativement supérieur à celui des participants atteints de trouble d’anxiété
généralisée (67 %) et de trouble d’anxiété de séparation (54 %). Il est également
supérieur au taux de réponse des participants atteints de PS ayant reçu un placebo (21
%).
Ces études indiquent que les ISRS permettent la plupart du temps d’obtenir un
effet cliniquement significatif chez mineurs atteints de PS, avec des effets secondaires
minimaux. La généralisabilité de ces résultats est toutefois diminuée par le fait que les
deux études contrôlées ont exclu les participants qui présentaient un trouble dépressif
majeur actuel ou un trouble d’abus de substance actuel ou passé, qui sont fréquents chez
cette population. L’une des inconnues majeures concerne le taux de rechute des mineurs
atteints de PS après l’arrêt du traitement pharmacologique. Chez les adultes qui ont
répondu un traitement aux ISRS et ont commencé à recevoir un placebo après 11
semaines, ce taux peut atteindre 63 % (Stein, Chartier, Hazen, Kroft, & et al., 1996). Ce
type de résultats a amené certains chercheurs à recommander une thérapie
pharmacologique à long terme pour les adultes atteints de PS (e.g., Davidson, 2000).
Toutefois, les lacunes dans les connaissances sur les effets à long terme des ISRS sur les
individus en développement, empêchent de faire de telles recommandations pour les
mineurs. L’utilisation d’un traitement pharmacologique des troubles d’anxiété chez les
mineurs, sans thérapie psychologique concomitante, n’est pas recommandée par
ΓAmerican Academy of Child and Adolescent Psychiatry (Bernstein & Kinlan, 1997) et
!’utilisation des ISRS chez les personnes de moins de 18 ans n’est pas recommandée par
Santé Canada (2004).
Pour l’instant, les méthodologies de recherche employées ne permettent pas de
comparer directement l’efficacité des interventions psychologiques et pharmacologiques
Phobie sociale à l’adolescence 92
dans le traitement de la PS chez les adolescents. Une étude du National Institute of
Mental Health est en cours afin de comparer l’efficacité de la sertraline, de la thérapie
cognitivo-comportementale, des deux traitements combinés, et d’un placebo dans le
traitement des troubles anxieux chez les enfants et les adolescents (Birmaher et al.,
2003).
Interventions psychologiques non spécifiques
Un grand nombre d’études ont été publiées qui appuient l’efficacité de programmes
cognitivo-comportementaux non spécifiques dans le traitement des troubles d’anxiété chez
les enfants et adolescents (e.g., Barrett, Dadds, & Rapee, 1996a; Flannery-Schroeder &
Kendall, 2000; Kendall, 1994; Kendall & Southam Gerow, 1996). En dépit des variations,
ce programme contient toujours les quatre composantes suivantes, soit (a) la
psychoéducation, (b) l’exposition, (c) !’utilisation d’habiletés spécifiques, et (d) les devoirs.
Les habiletés spécifiques varient d’une étude à l’autre et incluent l’entraînement à la
relaxation, la restructuration cognitive, les habiletés sociales et de résolution de
problèmes. Le format d’exposition varie en termes de rapidité de la progression dans la
hiérarchie des situations anxiogènes et selon le type de stimulus, soit imaginaire, simulé
lors des rencontres ou in vivo.
Plusieurs facteurs empêchent de tirer des conclusions à propos de l’efficacité de ce
type de programme dans le traitement de la phobie sociale chez les adolescents.
Premièrement, la plupart des études ne rapportent pas les résultats séparément selon le
diagnostic et seules deux d’entre elles (Silverman et al., 1999a; Silverman et al., 1999b)
rapportent la proportion de participants atteints de phobie sociale qui sont affectés à la
condition traitement. Par contre, les résultats de la seule recherche ayant analysé la
réponse au traitement en fonction du diagnostic principal suggèrent une efficacité similaire
pour la phobie sociale, le trouble d’hyperanxiété et le trouble d’anxiété de séparation, tant
au post-test qu’au suivi d’un an (61,5% et 76,9%, respectivement; Barrett et al., 1996a) et
Phobie sociale à l’adolescence 93
six ans après la fin du traitement (90%; Barrett, Duffy, Dadds, & Rapee, 2001).
Deuxièmement, la seule étude comprenant un index de fonctionnement social (anxiété
sociale, amitiés, solitude et activités sociales) ne rapporte pas d’effet du traitement sur
cette variable comparativement à la liste d’attente (Flannery-Schroeder & Kendall, 2000),
ce qui suggère que les sphères de fonctionnement particulièrement altérées par la phobie
sociale n’ont pas été améliorées. Troisièmement, les quatre études qui ont analysé l’effet
de l’âge sur les résultats indiquent une relation négative avec l’efficacité du traitement
(Barrett et al., 1996a; Cobham, 1998; Silverman et al., 1999a; Southam-Gerow, Kendall, &
Weersing, 2001). Enfin, aucune de ces nombreuses études n’a comparé les effets du
traitement à ceux d'un placebo psychologique crédible. Il est donc difficile d’affirmer que
les ingrédients spécifiques du programme sont responsables de l’amélioration observée.
Interventions psychologiques spécifiques
Thérapie cognitivo-comportementale (TCC; Monfette & Boisvert, 2000). Ce
programme comprend deux rencontres individuelles d’une heure et dix rencontres de
groupe hebdomadaires de deux heures. Les rencontres individuelles servent à présenter
la restructuration cognitive et l’entraînement à la résolution de problèmes. Quatre
activités sont réalisées en groupe, selon les besoins des participants, soit a) la
restructuration cognitive, b) la résolution de problèmes, c) l’entraînement aux habiletés
sociales, et d) l’exposition simulée. La généralisation des gains est encouragée lors des
pauses-goûter et par le biais de tâches à effectuer entre les rencontres.
Thérapie de groupe cognitivo-comportementale pour adolescents (TCCG-A;
Albano, Marten, Holt, Heimberg, & et al., 1995b). Ce programme est adapté de la version
pour adultes, validée empiriquement selon les critères de la Division de psychologie
clinique de l’American Psychological Association (Heimberg, 1991). Il comprend 16
rencontres de 90 minutes comprenant une pause-goûter, dont quatre durant les deux
premières semaines, une par semaine durant les 8 semaines suivantes, suivies de quatre
Phobie sociale à l’adolescence 94
rencontres étalées sur 2 mois. Les deux premières sont consacrées à la
psychoéducation. Les rencontres 3 à 7 servent à travailler les habiletés sociales, de
résolution de problèmes, d’affirmation de soi et de restructuration cognitive. Les
rencontres 9 à 15 mettent l’accent sur l’exposition simulée et in vivo. Lors des expositions
simulées, les membres sont utilisés comme complices dans la reproduction de situations
sociales anxiogènes. Chaque scénario dure environ 10 minutes, durant lesquelles les
participants sont encouragés à appliquer les stratégies apprises lors des rencontres 3 à 7.
Des exercices d’exposition in vivo sont prescrits entre les rencontres. La dernière
rencontre aborde la prévention de la rechute.
Programme d’habiletés pour le succès scolaire et social (HSAS; Masia, Klein, Storch,
& Corda, 2001 ). Ce programme est conçu pour être implanté dans les écoles. Réparti
sur 3 mois, il comprend 12 rencontres de groupe (40 minutes), deux brèves rencontres
individuelles (15 minutes), et deux rencontres de relance en groupe. Quatre activités
sociales de 90 minutes incluant des pairs prosociaux fournissent des occasions de
s’exposer et de généraliser les acquis. Les rencontres de groupe portent sur les aspects
psychoéducatifs (1 rencontre), la restructuration cognitive (1 rencontre), l’entraînement
aux habiletés sociales (4 rencontres) et l’exposition (5 rencontres); une dernière rencontre
aborde la prévention de la rechute. Les séances d’exposition ont régulièrement lieu à
l’école, avec l’aide de pairs complices ou du personnel. Les deux rencontres individuelles
servent à identifier des objectifs individuels et résoudre différents obstacles. Deux
rencontres de suivi ont lieu 4 et 8 semaines après la fin du traitement. Les parents
participent à deux rencontres de 45 minutes sur l’anxiété sociale et les moyens de
composer avec l’anxiété de leur enfant. Les professeurs participent également à deux
rencontres de psychoéducation de 30 minutes.
Entraînement à l’efficacité sociale (EES; Beidel, Turner, & Morris, 1996). Ce
programme est adapté de la version pour adultes, validée empiriquement selon les
Phobie sociale à l’adolescence 95
critères de la Division de psychologie clinique de ΓAmerican Psychological Association
(Turner, Beidel, Cooley, & Woody, 1994). L’adaptation originale (EES-E/A) s’adresse aux
enfants et aux adolescents. Elle inclut une rencontre de psychoéducation, suivie de trois
heures de traitement hebdomadaires durant 12 semaines, également réparties entre
l’exposition in vivo individuelle, l’entraînement aux habiletés sociales en groupe et des
activités avec des pairs prosociaux Des exercices hebdomadaires sont planifiés afin
d’augmenter la généralisation des gains. Olivares et ses collaborateurs (1998) ont modifié
ce programme (EES-A) en remplaçant les activités sociales par quatre rencontres
individuelles d’une heure qui visent à augmenter l’autonomie des participants et
promouvoir !’utilisation continue des stratégies thérapeutiques. Les quatre dernières
rencontres d’entraînement aux habiletés sociales portent sur les habiletés de
communication en public, un aspect qui n’est pas abordé dans les autres versions.
Thérapie pour les adolescents atteints de phobie sociale généralisée (TAPSG;
Olivares & Garcia Lopez, 2001). Les 12 séances hebdomadaires de ce programme se
déroulent à l’école. Ces rencontres de groupe de 90 minutes sont l’occasion pour les
participants de recevoir un entraînement aux habiletés sociales et à la restructuration
cognitive. De courtes séances d’exposition de 5 à 10 minutes, effectuées à l’aide des
autres membres et de complices, sont enregistrées sur caméra vidéo. Les
enregistrements servent à alimenter la discussion entre les membres sur la performance
du participant. Les participants sont encouragés à s’exposer en imagination ou in vivo et à
pratiquer leurs habiletés entre les rencontres. La dernière rencontre porte sur la
prévention de la rechute. Les participants ont également accès à deux heures de thérapie
individuelle optionnelle. Ces séances peuvent être utilisées pour une variété d’objectifs
selon les désirs des participants.
Résultats des études. Monfette et Boisvert (2000) ont réalisé un protocole à cas
uniques auprès de six adolescents afin de connaître l’efficacité d’une TOC standard. À la
Phobie sociale à l’adolescence 96
suite du traitement, deux participants (33 %) ne répondent plus aux critères diagnostiques
de la phobie sociale et aucune différence significative n’apparaît aux questionnaires
d’auto-évaluation.
Une étude-pilote réalisée par Albano, et al. (1995b) laissait présager l’efficacité de
la TCCG-A. En effet, sur cinq adolescents qui ont reçu le traitement, quatre ne répondent
plus aux critères diagnostiques de la phobie sociale au suivi d’un an. Cependant, la
majorité des participants rapporte toujours des craintes d’intensité sous-clinique.
Hayward, Varady, Albano, Thienemann, Henderson, et al. (2000) ont réalisé une
étude randomisée sur l’efficacité de cette intervention comparée à l’absence de traitement,
auprès de 35 adolescentes. Au post-traitement, 45 % des adolescentes traitées ne
répondent plus aux critères diagnostiques de la phobie sociale, contre 5 % de celles du
groupe contrôle. Tout comme Albano et al. (1995b), les auteurs rapportent toutefois la
présence de symptômes résiduels considérables. De plus, la proportion de participantes
en rémission et le score moyen à un inventaire d’anxiété sociale ne sont pas
significativement différents entre les groupes au suivi d’un an. Une autre étude
randomisée a été réalisée par Tracey, Patterson, Mattis, Chorpita, Albano et al. (1999,
cité dans Albano, 2000). Les 27 participants reçoivent la TCCG-A, avec ou sans
!’implication ponctuelle des parents. Les résultats préliminaires indiquent des
changements statistiquement significatifs aux mesures auto-rapportées d’anxiété sociale,
avec 70 % des participants qui ne répondent plus aux critères de la phobie sociale au suivi
de 6 mois, sans différence significative entre les deux groupes. Ces informations
partielles permettent difficilement de tirer des conclusions éclairées puisque l’étude n’a
jamais été publiée.
Masia et ses collaborateurs (2001) ont réalisé une étude pilote sur l’efficacité du
programme d'HSSS auprès de 6 adolescents. Par suite du traitement, seulement trois
des participants ne répondent plus aux critères de la phobie sociale et le niveau moyen
Phobie sociale à l’adolescence 97
d’anxiété sociale auto-rapporté n’a pas significativement diminué. Les auteurs ont ensuite
amélioré le programme en ajoutant deux activités sociales supplémentaires pour un total
de quatre, en invitant les parents à deux rencontres psychoéducatives. Les résultats d’un
protocole expérimental avec liste d’attente, réalisé auprès de 42 adolescents, sont
également mitigés (Fisher et al., 2004). En effet, le taux de participants traités qui
répondent plus aux critères de la phobie sociale est de 67 % au post-test et 72 % neuf
mois après la fin du traitement, comparativement à 6 % dans le groupe contrôle.
Toutefois, les changements significatifs ne sont observés qu’aux mesures remplies par le
clinicien ainsi qu’aux questionnaires d’anxiété sociale. L’effet du traitement n’est pas
significatif et les grandeurs d’effet sont faibles pour les mesures de peur du jugement
négatif d’autrui, d’anxiété générale, d’humeur dépressive et de sentiment de solitude. Le
traitement semble donc exercer un effet bénéfique sur les symptômes de phobie sociale,
mais pas sur les variables associées à ce trouble.
Olivares et Garcia-Lopez (2001) ont initialement testé l’efficacité de la TAPSG chez
11 adolescents espagnols à l’aide d’un protocole pré-test post-test sans groupe-contrôle.
Les améliorations statistiquement significatives et les grandeurs d’effet importantes
obtenues aux mesures d’anxiété sociale ont mené à la mise sur pied d’une étude de plus
grande envergure (Garcia-Lopez et al., 2002; Olivares et al., 2002) où les auteurs
comparent la TCCG-A, la TAPSG et la version espagnole de l'Entraînement à l’Efficacité
Sociale pour enfants et adolescents (EES-C /A ; Beidel et al., 1996). Les trois
programmes sont comparés avec un groupe contrôle qui ne désire pas recevoir
d’intervention, sans répartition aléatoire. La taille de !’échantillon, composé de 59
adolescents, ne permet par de comparer statistiquement les interventions entre elles. Au
post-test, les trois interventions donnent des résultats supérieurs à l’absence de traitement
au plan des mesures auto-rapportées d’anxiété sociale, d’estime de soi et de
fonctionnement général, avec des grandeurs d’effet presque uniformément élevées.
Phobie sociale à l’adolescence 98
Cependant, la TCCG-A représente la seule intervention qui n’améliore pas
significativement le fonctionnement général des participants. De plus, l’amélioration
associée à la TCCG-A n’est plus statistiquement significative au suivi d’un an. En effet,
53,33 % des participants ne répondent plus aux critères de la phobie sociale au post-test,
contre 26,67 % au suivi. La tendance inverse est observée pour les deux autres
traitements : le pourcentage de participants qui ne répondent plus aux critères de la
phobie sociale au post-traitement et au suivi passe de 33,33 % à 46,67 % pour la TAPSG
et de 35,71 % à 57,14 % pour l’EES-A. Seuls 13,33 % des participants du groupe contrôle
ne répondent plus aux critères de la phobie sociale au post-test et 6,67 % au suivi. Dans
cette étude, l’EES-A est associé aux grandeurs d’effet les plus importantes.
L’efficacité du programme TAPSG est appuyée par une autre étude effectuée
auprès de 34 adolescents par la même équipe de recherche (Olivares et al., 2004), à
l’aide d’un protocole expérimental avec liste d’attente. Au post-test, 58,82 % des
participants traités ne répondent plus aux critères de la phobie sociale, contre aucun des
participants de la liste d’attente. Le taux d’efficacité grimpe à 70 % au suivi de 6 mois.
Ceci se traduit par une diminution statistiquement significative des scores à des mesures
auto-rapportées d’anxiété sociale, d’estime de soi, d’habiletés sociales, de fonctionnement
général et social. Ces résultats sont toutefois limités puisque les auteurs n’ont Inclus ni
tâche expérimentale, ni questionnaire destiné aux parents, ni mesure des phénomènes
importants couramment associés à la phobie sociale, soit l’anxiété générale et l’humeur
dépressive.
Monfette et al. (2004) ont également étudié l’efficacité de l’EES-EZA, dans sa
version originale, auprès de 17 participants. Cette étude est réalisée à l’aide d’un
protocole avec liste d’attente, sans répartition aléatoire entre les groupes. Elle se
distingue par des critères d’inclusion larges, et l’examen systématique de critères de
signification clinique. A la suite du traitement, une amélioration statistiquement
Phobie sociale à l’adolescence 99
significative est obtenue aux mesures d’anxiété sociale tant auto-rapportées qu’in vivo,
ainsi qu’à des mesures de la perception des parents, et du fonctionnement général et
social. Le niveau de fonctionnement terminal est modéré à élevé pour 47% des
participants en post-traitement et 70 % au suivi de huit mois, comparativement à 0 % en
pré-traitement. Soixante-cinq pour cent des participants ne répondent plus aux critères
diagnostiques de la phobie sociale au post-traitement, contre 59 % au suivi. L’effet du
traitement semble supérieur à celui du simple passage du temps puisqu’on n’observe
aucun changement significatif des scores durant la période d’attente. Toutefois les
grandeurs d’effet, pour la plupart élevées, tendent à stagner ou régresser au suivi. Ce
patron d’évolution contraste avec les résultats obtenus pour le programme d’HSSS (Fisher
et al., 2004), pour la version espagnole de l’EES-A et pour la TAPSG (Olivares et al.,
2002; Olivares et al., 2004). Ceci pourrait signifier que les participants ont eu de la
difficulté à poursuivre !’application des stratégies thérapeutiques en milieu naturel après la
fin du traitement.
L’état de la recherche permet de tirer un certain nombre de conclusions à propos
du traitement de la PS chez les adolescents. Premièrement, l’inclusion de procédures qui
visent à généraliser les résultats au milieu naturel semble essentielle au maintien des
gains thérapeutiques. Par exemple, le programme d'HSAS (Fisher et al., 2004), la version
espagnole de l’EES-A et la TAPSG (Olivares et al., 2002; Olivares et al., 2004) ont tous
été appliqués en milieu scolaire. De plus, l’EES-A comprend quatre séances destinées à
augmenter l’autonomie des participants dans !’application des stratégies thérapeutiques et
la TAPSG inclut des séances individuelles optionnelles dont les objectifs peuvent être
adaptés aux besoins particuliers des participants. Au contraire, l’EES-EZA a été appliqué
en clinique universitaire. Il ne comprend pas de séances visant à augmenter l’autonomie
et les séances individuelles servent à l’implantation de l’exposition in vivo.
Phobie sociale à l’adolescence-! 00
Deuxièmement, les traitements qui réduisent significativement !’attention portée à
ces composantes pour faire une part congrue à la restructuration cognitive obtiennent de
moins bons résultats, contrairement à ce qui se passe chez les adultes (e.g., Gould,
Buckminster, Pollack, Otto, & Yap, 1997). Troisièmement, les programmes qui ont le
mieux démontré leur efficacité induent tous des séances individuelles régulières. Ceci est
cohérent avec les résultats de Manassis et al. (2002), qui ont montré que parmi les
enfants atteints d’un trouble d’anxiété qui reçoivent un traitement de type « Coping cat »,
ceux qui présentent un degré d’anxiété sociale élevé rapportent de meilleurs résultats
thérapeutiques lorsqu’ils sont traités individuellement plutôt qu’en groupe. De même,
Stangier (2003) obtient des résultats supérieurs auprès d’adultes atteints de PS lorsqu’il
applique un traitement purement cognitif en individuel plutôt qu’en groupe. Compte tenu
de la difficulté des enfants à rapporter spontanément leurs pensées anxiogènes (Beidel,
1991), il apparaît que !’utilisation de la restructuration cognitive en groupe auprès des
adolescents demande des adaptations telles que celles apportées par Olivares (2001).
Actuellement, le programme ä’HSAS, YEES et la TAPSG constituent les
traitements dont l’efficacité est la mieux démontrée. Il est à noter que seule l’efficacité de
I'EES-E/A est appuyée par deux études réalisées par des chercheurs qui n’ont pas
participé à l’élaboration initiale du programme. De plus, l’effet du programme original
dΈΕ-Ε/Α sur le fonctionnement général et social des adolescents traités est le mieux
documenté de tous les programmes. Toutefois, aucune étude expérimentale avec groupe
contrôle n’est disponible concernant son efficacité. La TAPSG et le programme d'HSAS
ont pour leur part été comparés avec succès à l’absence d’intervention dans une étude
contrôlée avec liste d’attente. Il serait approprié qu’une équipe de chercheurs
indépendants compare l’efficacité de ces deux interventions directement, à l’aide d’un
protocole expérimental, en prenant soin d’indure des mesures représentatives du
fonctionnement général et social des adolescents atteints.
Phobie sociale à I’adolescence101
Discussion
Dix ans après l’inclusion de la PS dans la nomenclature psychiatrique, Heimberg
(1989) déclarait que la PS avait enfin perdu le statut de « trouble anxieux négligé »
attribué par Liebowitz et ses collaborateurs quelques années plus tôt (Liebowitz, Gorman,
Fyer, & Klein, 1985). De même, il y a une décennie, la publication du DSM-IV (APA,
1994) a permis l’essor de la recherche sur cette problématique chez les mineurs. Des
données ont été accumulées concernant la prévalence, les manifestations, l’évolution et
les conséquences de la PS chez les adolescents. Celles-ci laissent peu de place à
l’équivoque : la PS apparaît le plus souvent à l’adolescence et constitue le trouble
d’anxiété le plus répandu et le troisième trouble mental le plus fréquent chez les adultes
(Kessler et al., 1994). Ses conséquences et son caractère chronique sont à ce jour
suffisamment documentés pour souligner le besoin de recherches sur son étiologie, son
évaluation et son traitement.
Malheureusement, les modèles étiologiques de la PS ont été essentiellement
développés et testés auprès d’une population adulte. Les études de jumeaux et les
études familiales appuient l’idée d’une vulnérabilité génétique à la PS, particulièrement
sous sa forme généralisée. Cette vulnérabilité peut s’exprimer par la présence d’un
tempérament inhibé à la naissance. Plusieurs études ont établi un lien, chez les
adolescents et les adultes, entre l’anxiété sociale et l’inhibition comportementale évaluée
rétrospectivement à l’aide de questionnaires. La correspondance entre les mesures
comportementales de l’inhibition, employées chez les enfants, et les mesures auto-
rapportées, employées chez les adolescente et les adultes, n’est toutefois pas établie. À
défaut d’employer des mesures similaires de l’inhibition comportementale tout au long du
développement, une meilleure connaissance du degré de concordance entre les modalités
d’évaluation permettrait d’éclaircir la portée des études effectuées auprès d’échantillons
adultes.
Phobie sociale à l’adolescence!02
L’essor de la recherche sur les troubles anxieux pédiatriques a permis d'introduire
!’utilisation de tâches expérimentales dans l’étude des conduites parentales, ce qui
représente une amélioration comparativement aux études de questionnaires effectuées
auprès des adultes. Ce type d’études ne permet cependant pas d’obtenir un portrait
dynamique des influences bidirectionnelles entre le comportement de l’enfant et celui du
parent. Des études prospectives et longitudinales auprès d’enfants et d’adolescents
atteints de PS ou à risque élevé d’en développer une sont nécessaires pour identifia־ plus
précisément le rôle des facteurs familiaux dans l'étiologie de la PS. À tout le moins, 8
serait essentiel d’effectuer des études spécifiquement auprès des adolescents anxieux,
puisque la nature des interactions familiales est sujette à des changements importants à
cette période du développement. Ainsi, les données de Logsdon-Conradsen (2000)
laissent penser que l’influence parentale sur le choix des stratégies utilisées en situation
anxiogène se manifeste différemment chez les adolescents atteints de PS
comparativement aux enfants atteints d’un trouble d’anxiété. Dans la mesure où
!’implication parentale dans la TCCG-A ne semble pas améliorer l’efficacité du programme
(Tracey et al., 1999, cité dans Albano, 2000), de telles recherches sont impératives pour
impliquer les parents de manière constructive dans le traitement de la PS chez les
adolescents. Il est à noter qu’il serait temps que les chercheurs s’attardent à étudier
l’influence des deux parents et non seulement des mères dans le développement de la PS
(Masia & Morris, 1998).
La recherche sur les facteurs de maintien de la phobie sociale chez les
adolescents est très fragmentaire. Comparativement à la population adulte, les déficits
d’habiletés sociales semblent plus clairement identifiés chez les enfants atteints de phobie
sociale. Ces déficits sont apparents tant aux mesures spécifiques que globales. On peut
d’ailleurs remarquer que les programmes de traitement destinés aux adultes reflètent
l’allégeance théorique des auteurs par la présence (e.g., Turner et al., 1994) ou l’absence
Phobie sociale à l’adolescencel 03
(Heimberg, 1991) d’entraînement aux habiletés sociales, alors que tous les programmes
destinés aux enfants et aux adolescents lui font une part. Cependant, il n’existe aucune
étude publiée sur les habiletés sociales des adolescents atteints de phobie sociale. La
disponibilité actuelle de tâches expérimentales utilisables à tout âge permettrait pourtant
d’étudier ce phénomène dans une perspective développementale. Il est possible de
postuler que certains enfants socialement anxieux présentent un retard initial dans
!’acquisition d’habiletés sociales spécifiques. Une fois ce retard comblé, ces habiletés
continueraient toutefois d’être inhibées par l’anxiété, ce qui se manifesterait par des
différences uniquement aux mesures globales de performance.
L’étude de la cognition chez les enfants et les adolescents atteints de PS est
étonamment embryonnaire, étant donné que la majorité des programmes de traitement
destinés à cette population comprend une composante cognitive. L’étude des cognitions
chez les enfants et les adolescents atteints de PS demande des adaptations
méthodologiques qui facilitent leur rappel (Spence et al., 1999). Ces adaptations
méthodologiques ont été appliquées afin d’améliorer l’efficacité des traitements à
composante cognitive chez les adolescents, comme en témoigne l’efficacité de la TAPSG,
qui utilise la rétroaction vidéo (Olivares & Garcia Lopez, 2001), comparativement à la
TCCG-A (Albano et al., 1995b) dont le format de restructuration cognitive est identique à
la version pour adultes du programme (Heimberg, 1991).
L’établissement de liens entre la recherche sur la PS à l’enfance, l’adolescence et
l’âge adulte est également facilité par l’existence de mesures cohérentes entre ces
groupes d’âge. En effet, le fait que le SAS-A soit à la fois similaire au SASC-R et au FNE
constitue une force importante puisqu’il serait possible d’évaluer l’anxiété sociale à travers
les différents groupes d’âge de manière comparable. De même, la continuité entre le
SPAI-C et le SPAI pourrait aider à mieux connaître les variations développementales dans
les manifestations de la PS. L’absence de questionnaires spécifiques destinés aux
Phobie sociale à l’adolescence! 04
parents et aux enseignants constitue cependant une lacune importante. En effet, des
indices laissent penser qu’en début d’évaluation, les adolescents atteints de PS sous-
rapportent leur degré d’évitement comparativement à leurs parents (Choudhury, Pimentel,
& Kendall, 2003; DiBartolo, Albano, Barlow, & Heimberg, 1998). Le degré d’évitement
rapporté par les adolescents atteints de PS est corrélé à leur score à une échelle de
désirabilité sociale (DiBartolo et al., 1998). Il est donc crucial d’obtenir !’information de là
part des parents puisque le degré d’évitement du jeune représente un aspect critique dans
l’évaluation de ses difficultés. Enfin, l’auto-enregistrement est une autre forme
d’évaluation qui permettrait la comparaison entre les différents groupes d’âge. La
faisabilité de cette méthode a été démontrée auprès d’enfants atteints de PS à deux
reprises (Beidel, 1991; Beidel et al., 1999) mais n’a encore jamais été utilisée auprès
d’adolescents.
Des programmes efficaces dans le traitement de la PS chez les adolescents sont
actuellement disponibles. Il semble toutefois que seulement 4,6 % des jeunes allemands
de 14 à 24 ans présentant une PS pure ont déjà consulté un professionnel de la santé
mentale (Wittchen et al., 1999). Aux États-Unis, le taux de consultation des adultes
atteints de PS de 5 % s’avère même légèrement inférieur au taux de consultation des
adultes sans trouble psychiatrique (Schneier et al., 1992). Les taux de comorbidité
similaires obtenus chez les adolescents d’échantillons cliniques ou provenant de la
population générale laissent penser que d’autres facteurs que la gravité des difficultés
permettent d’expliquer qu’une minorité de jeunes reçoivent un traitement. Les travaux de
Chavira (2003) indiquent que les parents sont généralement plus favorables à !’utilisation
d’un traitement psychologique que pharmacologique pour l’anxiété sociale pédiatrique.
Cependant, !’acceptabilité des services psychologiques est davantage reliée à !’utilisation
passée de services de santé mentale par les parents qu’à l’intensité de l’anxiété sociale de
Phobie sociale à l’adolescence05 !׳
l’enfant. Ceci laisse penser qu’il existe une grande méconnaissance dans la population au
sujet de l’existence, l’évolution et l’impact de la phobie sociale.
Dans ce contexte, deux enjeux cruciaux se dessinent concernant l’accessibilité des
traitements psychologiques pour les adolescents atteints de PS. Premièrement,
!’information issue des recherches sur la PS chez les jeunes devrait être plus largement
diffusée auprès du public. Deuxièmement, il s’avère impératif de rendre les interventions
disponibles à l’école, d’autant plus que les deux programmes les mieux appuyés ont
démontré leur applicabilité en milieu scolaire. Cependant, étant donné l’importance des
ressources nécessaires à !’application de ces programmes, des études de démantèlement
sont nécessaires pour identifier les doses et les combinaisons appropriées de
composantes nécessaires et suffisantes au traitement de la PS chez les adolescents.
L’étude des modérateurs de la réponse à différentes stratégies thérapeutiques (p.ex., le
niveau d’habiletés sociales ou la capacité d’abstraction) et des médiateurs de cette
réponse au traitement s’avère cruciale pour mieux adapter les thérapies aux profils
individuels des adolescents atteints de phobie sociale. De telles recherches effectuées
chez les adultes ont permis d’identifier des profils de réponse au traitement en fonction de
la prépondérance de symptômes comportementaux (habiletés sociales), cognitifs et
physiologiques (Heimberg & Juster, 1995). Les recherches effectuées chez les
adolescents devront tenir compte, en plus de la variété des symptômes de la PS, des
variations du niveau de développement physique, social et cognitif des adolescents. Il est
enfin à espérer que les travaux sur l’étiologie et les facteurs de maintien de la PS chez les
mineurs, notamment sur les aspects cognitifs et familiaux, ainsi que leur intégration dans
une perspective développementale, permettront de mieux adapter les traitements offerts à
cette population.
Phobie sociale à I’adolescence106
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127
CHAPITRE 4
CONCLUSION GÉNÉRALE
128
L’objectif principal de la présente thèse était d’étudier la phobie sociale chez les adolescents. Les deux articles qui le composent nous renseignent sur (a) l’efficacité d'un
traitement comportemental diez tes adolescents, et (b) l’état de la connaissance sur la phobie sociale chez cette population.
Bien que l’adolescence représente le moment typique d’apparition de la phobie sociale, trouble chronique aux conséquences psychosociales importantes, les études de
traitement auprès de cette population sont peu nombreuses et donnent pour la plupart des résultats mitigés. De plus, aucune des études répertoriées n’a systématiquement évalué la
signification clinique des résultats obtenus. Le programme d’Entraînement à ¡’efficacité
sociale est le seul traitement dont l’efficacité a été démontrée de manière rigoureuse tant
auprès des adultes que des enfants. Toutefois, l’efficacité de la version originale adaptée pour les jeunes, soit \'Entraînemsnt à l’efficacité sociale pour enfants et adolescents
(Beidel, Turner, & Morris, 1996), n’avait jamais été évaluée chez les adolescents jusqu’à présent.
Le premier article rapports donc les résultats d’un essai clinique avec liste d’attente auprès d’un échantillon de 17 adolescents atteints de phobie sociale. Ce programme
combine l’exposition in vivo, l’entraînement aux habiletés sociales et des expériences de généralisation auprès des pairs. L’ampleur de l’amélioration thérapeutique à la suite de
!’administration du programme est comparable aux résultats obtenus auprès d’adultes
(e.g., Turner, Beidel, Cooley, & Woody, 1994) et d’enfants (Beidel, Turner, & Morris, 2000)
à l’aide de ce programme de traitement. A la suite du traitement, les adolescents sont
significativement moins anxieux et évitants en situation sociale, ont moins peur du
jugement d’autrui, ont une vie sociale plus remplie, vivent moins de symptômes de
dépression, d’anxiété généralisée et de troubles internalisés. Ces gains thérapeutiques
sont significatifs tant au plan statistique que clinique. Ils sont de plus perceptibles non seulement par les adolescents eux-mêmes, mais également par les parents et par
l’évaluatrice indépendante qui a évalué leur statut clinique par suite du traitement. L’effet du traitement semble supérieur à celui du simple passage du temps puisqu’on n’observe
aucune amélioration statistiquement significative entre les scores des participants durant
la période d’attente pré-traitement. On observe au surplus une diminution statistiquement
significative du nombre de diagnostics secondaires. Il semble donc que le programme
exerce un effet positif sur les diagnostics secondaires de troubles de l’humeur et de
troubles anxieux, notamment le trouble d’anxiété généralisée.
129
La présente étude se démarque sous plusieurs aspects. Premièrement, l’examen systématique de critères de signification clinique permet de mieux se prononcer sur
l’impact réel du traitement dans le fonctionnement quotidien des adolescents.
Deuxièmement, l’un des instruments employés permet d’obtenir le point de vue des
parents sur les difficultés des participants. Ceci est essentiel puisque les parents sont fréquemment à l’origine de la demande de consultation, peuvent fournir un point de vue
important sur les difficultés de leur enfant et observer ses progrès. Troisièmement, les critères d’inclusion de la présente étude sont relativement libéraux comparés à d’autres
études qui excluent par exemple les diagnostics actuels de trouble de l’humeur (Hayward et al., 2000) ou les diagnostics actuels et passés de trouble d’abus de substances
(Garcia-Lopez et al., 2002; Olivares et al., 2002; Olivares, Rosa Alcazar, & Piqueras
Rodriguez, 2004). Ceci augmente la capacité de généralisation des résultats puisque la majorité des adolescents atteints de phobie sociale présentent un trouble associé, tant en
clinique générale (e.g., Essau, Conradt, & Petermann, 1999) que dans la population
générale (e.g., Strauss & Last, 1993). Enfin, l’examen des gains thérapeutiques huit mois
après la fin du traitement permet d’obtenir des indices de l’efficacité du traitement à moyen
terme.
En plus de faire avancer les connaissances, cette étude a permis de valider un
outil standardisé pour le traitement de la phobie sociale chez les adolescents québécois.
Éventuellement, la dissémination de ce programme de traitement auprès des
professionnels de la santé mentale leur permettra de traiter ce trouble tôt après son
apparition, avant qu’il ne limite le développement des adolescents et n'entraîne davantage
de coûts personnels et sociaux. Ceci représente une contribution importante puisque
parmi la faible minorité d’adolescents atteints de phobie sociale qui ont consulté un
professionnel de la santé mentale, soit 4,6 % (Wittchen, Stein, & Kessler, 1999), le
pourcentage qui reçoit un traitement approprié est inconnu.
Cette étude comporte cependant plusieurs limites. Premièrement, la condition
contrôle est constituée d’une période d’attente pré-traitement, durant laquelle on n’observe
aucune amélioration significative. Bien que cette condition contrôle en partie pour les
effets du passage du temps et les effets de mesure tels que la régression statistique, il demeure possible que les changements observés soient dus à un effet non spécifique du
traitement tel que le contact avec un thérapeute ou la participation à un groupe.
130
D’autre part, la taille de l’échantillon est faible et celui-ci est composé presque
uniquement d’adolescentes, ce qui restreint la capacité de généralisation des résultats de
même que la puissance des tests statistiques. Par exemple, une taille d’effet modérée au
suivi est obtenue pour le Beck Depression Inventory, sans que ceci ne se traduise par une amélioration statistiquement significative, ce qui aurait été évité par l’inclusion d’un plus
grand échantillon. De plus, la plupart des participants ont été recrutés dans la
communauté, ce qui limite la capacité de généralisation des résultats à une population
clinique. Troisièmement, l’évaluatrice qui a réalisé les entrevues diagnostiques après le
traitement connaissait les objectifs de l’étude et savait que tous les participants avaient reçu un traitement, ce qui a pu influencer son évaluation dans le sens d’une amélioration
plus importante. Il est également à noter que l’instrument d’évaluation utilisé auprès des parents mesure un construit beaucoup plus général que la phobie sociale et n’a pas été validé auprès de la population à l’étude.
Les conclusions du second article mettent en lumière le besoin de mieux connaître les facteurs d’apparition et de maintien de la phobie sociale chez les adolescents. Pour ce
faire, les recherches doivent utiliser davantage d’échantillons d’enfants et d’adolescents et
de devis transversaux ou longitudinaux. Il y a également nécessité d’un plus grand souci d’intégration des connaissances existantes dans une perspective développementale. Par
exemple, l’intégration des résultats de recherches sur le rôle du tempérament dans l’étiologie de la phobie sociale est limitée par le manque de connaissances sur la
correspondance entre les mesures comportementales de l’inhibition employées chez les
enfants, et les mesures auto-rapportées employées chez les adolescents et les adultes.
La recherche sur l’influence des interactions familiales sur le développement de la
phobie sociale en est encore à ses balbutiements. Le corpus de littérature est
essentiellement composé d’études rétrospectives effectuées chez les adultes à l’aide de
questionnaires. L’introduction, au cours des dernières années, de tâches expérimentales
permettant !’observation des interactions familiales donne des résultats prometteurs chez les enfants atteints de troubles d’anxiété. L’étude de ces processus dans les familles
d’adolescents atteints de phobie sociale est toutefois pratiquement inexistante. Dans la
mesure où !’implication parentale dans le traitement de la phobie sociale chez les
adolescents ne semble pas en améliorer l’efficacité (Tracey et al., 1999, cité dans Albano,
2000), de telles recherches sont impératives pour impliquer les parents de manière
constructive dans les traitements. Il serait également important d’étudier l’influence des
deux parents et non seulement des mères dans le développement de la phobie sociale.
131
Dans le contexte où tous les programmes de traitement de la phobie sociale chez les adolescents comprennent un entraînement aux habiletés sociales et où la majorité
d’entre eux comprennent un entraînement à la restructuration cognitive, le manque de
connaissances sur ces facteurs de maintien de la phobie sociale chez les adolescents est
surprenant. Il n’existe en effet aucune étude publiée sur les habiletés sociales et
seulement quelques études sur les processus et produits cognitifs des adolescents
atteints de phobie sociale. La disponibilité actuelle de tâches expérimentales utilisables à tout âge permettrait pourtant d’étudier ces phénomènes dans une perspective développementale.
Au cours des prochaines années, les recherches pourraient tirer parti de
l’existence de questionnaires présentant une cohérence théorique et empirique pour
mesurer divers aspects de la phobie sociale de l’enfance à l’âge adulte. Toutefois,
l’absence de questionnaires spécifiques destinés aux parents et aux enseignants constitue
une lacune importante. L’auto-enregistrement est une autre forme d’évaluation qui a déjà
été utilisée avec succès chez les enfants et les adultes, qui permettrait la comparaison entre les différents groupes d’âge.
Il existe actuellement des programmes de traitement de la phobie sociale chez les adolescents dont l’efficacité est appuyée empiriquement, soit (a) le programme d’Habiletés
pour le succès académique et social, (b) la Thérapie pour les adolescents atteints de phobie sociale généralisée (Olivares & Garcia Lopez, 2001), et (c) l’Entraînement à
l’efficacité sociale (versions originale et espagnole; Beidel et al., 1996; Olivares, Garcia-
Lopez, Beidel, & Turner, 1998). Dans un premier temps, il est nécessaire de mieux documenter l’efficacité de ces programmes à l’aide d’une comparaison avec un groupe
contrôle recevant un placebo psychologique crédible, tel que le programme de réduction
de l’anxiété aux examens « Testbusters » employé par Beidel et al. (2000) ou encore un
programme de support psycho-éducationnel tel qu’employé par Silverman et al. (1999).
Idéalement, certaines de ces recherches devraient être menées par d’autres chercheurs
que ceux qui ont procédé au développement des programmes. De plus, les échantillons
devraient inclure les adolescents qui présentent un diagnostic comorbide de trouble de
l’humeur ou de trouble d’abus de substance afin d’être plus représentatifs de la population
des adolescents atteints de phobie sociale. Actuellement, seul ΓEntraînement à l’efficacité
sociale pour enfants et adolescents (Beidel et al., 1996) a été testé dans des études qui
répondent à ces deux critères. Il va sans dire que ces études devraient inclure des indices
132
de signification clinique pertinents et évaluer l’évolution des gains thérapeutiques à moyen et long terme.
Par la suite, étant donné l’importance des ressources nécessaires à !’application de ces programmes, des études de démantèlement seraient indiquées pour comparer
directement les composantes thérapeutiques et déterminer quelles doses et quels
agencements sont optimaux. Ce type d’étude est nécessaire non seulement pour mieux
connaître l’efficacité des traitements, mais également afin d’en améliorer l’efficience et d’en réduire le coût d’implantation. L’étude des modérateurs de la réponse à différentes
stratégies thérapeutiques (p.ex., le niveau d’habiletés sociales ou la capacité
d’abstraction) et des médiateurs de cette réponse au traitement s’avère cruciale pour
mieux adapter les thérapies aux profils individuels des adolescents atteints de phobie
sociale.
133
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