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I World Population Year LA POPULATION DU BRÉSIL

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IWorld Population Year

LA POPULATIONDU

BRÉSIL

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Monographie pour l'Année Mondiale de la Population

LA POPULATION DU BRESIL

CICRED 1975

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SOMMAIRE

Pages

PREFACE 5

CHAPITRE I - ACCROISSEMENT DE LA POPULATION

Maria Luiza Marcilio — Evolution historique de la Populationbrésilienne jusqu'en 1872 7

Mima Ayres Issa Gonçalves - ¿a Population brésilienne de 1872à 1970 25

CHAPITRE II - COMPOSANTES DE L'ACCROISSEMENT

Elza S. Berquó - Fécondité 31

Joao Yunes — Mortalité 46

Maria Stella Ferreira Levy — Les Migrations internationales et laPopulation brésilienne de 1872 à 1972 65

Mirna Ayres Issa Gonçalves - Age et Sexe 71

CHAPITRE III - COMPOSITION DE LA POPULATION

Candido Procópio F. de Camargo — Religion 89

Bolivar Lamounier — Education 96

Bolivar Lamounier — Couleur 100

Candido Procópio F. de Camargo — Type de mariage 108

Joao Carlos Duarte — Revenu 114

CHAPITRE IV - AMENAGEMENT DU PEUPLEMENT AU BRESILSUIVANT LES REGIONS ET ENTRE ZONES RU-RALES ET URBAINES

Juarez Rubens Brandao Lopes et Neide Lopes Patarra 119

CHAPITRE V - L A POPULATION ACTIVE AU BRESIL DE 1940 A1970

Felicia Madeira 153

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CHAPITRE VI - PROJECTION DEMOGRAPHIQUE AU BRESIL:1970-2000

Jair L.F. Santos 173

CHAPITRE VII - IMPLICATIONS ECONOMIQUES ET SOCIALESDE L'EVOLUTION DE LA POPULATION BRESI-LIENNE ET DE LA POLITIQUE DEMOGRA-PHIQUE

Paul Israel Singer 188

CHAPITRE VIII - POLITIQUE DEMOGRAPHIQUE

Candido Procópio F. de Camargo 204

BIBLIOGRAPHIE 210

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PRÉFACE

Cette publication est le fruit des efforts réalisés par une équipe dechercheurs afin d'évaluer et d'interpréter les transformations qu'a subies lapopulation brésilienne au cours de ces dernières décennies.

Deux institutions ont assumé la responsabilité de ce travail : le Centred'Etudes de Dynamique de la Population de l'Université de Säo Paulo, et leCentre brésilien d'Analyse et de Planification de Sâo Paulo, qui ont réparti latâche entre des chercheurs appartenant à leurs cadres et des conseillersspécialisés. Ce travail a permis de réunir, de systématiser et d'analyser pour lapremière fois les données dont on dispose sur la population brésilienne, enoffrant un tableau général des connaissances que l'on possède sur la dyna-mique de la population du pays.

Comme l'a dit Mortara, la plupart des idées que nous avions sur lapopulation brésilienne et sa dynamique ont été acquises grâce à un travaild'analyse patient et courageux qui a porté sur les deux recensementsdémographiques de 1940 et de 1950, dont on peut dire que, par leur extrêmeprécision, ils ont restauré sur la scène mondiale le prestige amoindri desstatistiques brésiliennes.

Le recensement de 1960 a peu contribué à l'étude des tendances quefait apparaître le mouvement de la population, étant donné que la plupart deses résultats, qu'ils soient globaux ou partiels, n'ont pas encore été renduspublics. A ce fait s'ajoute le caractère encore précaire des statistiques de l'étatcivil, de sorte que nous en sommes réduits à de simples conjectures, queviennent modifier de temps à autre des résultats auxquels ont abouti desrecherches ad hoc.

C'est ce qui explique l'importance qu'a prise, pour les Brésiliens, lerecensement de 1970, aussi bien pour sa haute qualité que pour la richesse desinformations publiées ou mises à la disposition des chercheurs.

Cela nous a permis de nous acquitter de l'honorable tâche qui nous a étéconfiée par le Comité international de Coordination des Recherches nationalesen Démographie (C.I.C.R.E.D.), de préparer une étude monographique sur lapopulation du Brésil. Grâce aux pages qui suivent, celle-ci participe à l'Annéemondiale de la population.

Elza S. BERQUO Candido Procopio F. de CAMARGOCentre Brésilien Centre d'Etudes de Dynamiqued'Analyse et de Planification de la Population

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LISTE DES AUTEURS

Bolivar LAMOUNIER - Sociologue dy CEBRAP. Docteur de l'Université deYale - USA.

Candido Procopio F. de CAMARGO - Sociologue du CEDIP. Etudes detroisième cycle à l'Université de Paris et à l'Universit-e de Columbia -USA.

Elza S. BERQUÓ - Statisticien du CEBRAP. "Master" en Statistique del'Université de Columbia — USA. Enseignant libre diplômé de l'Uni-versité de Säo Paulo. Etudes de troisième cycle aux Universités duMichigan et de Californie — USA. Professeur titulaire de l'Université deSâo Paulo.

Felicia R. MADEIRA - Sociologue. Poursuit des études de troisième cycle àl'Université de Sâo Paulo qui portent particulièrement sur la démo-graphie.

Jair Licio F. SANTOS - Démographe du CEDIP. Etudes de troisième cycle àl'Université de Chicago — USA, et Docteur en Démographie de l'Uni-versité de Sao Paulo.

Joâo Carlos DUARTE - Ingénieur agronome du CEBRAP. "Mestre" enEconomie de l'Université de Sâo Paulo.

Joâo YUNES - Médecin du Service de Santé et Administrateur des Hôpitaux.Etudes de troisième cycle de Démographie me'dicale à l'Université duMichigan - USA, et Docteur en Médecine de l'Université de Sao Paulo.

Juarez Rubens B. LOPES - Sociologue du CEBRAP. Etudes de troisièmecycle à l'Université de Chicago et Professeur titulaire de l'Université deSäo Paulo.

Maria Luiza MARCILIO - Historienne diplômée de la Faculté de Philosophied'Assis — SP. Docteur de l'Université de Paris ayant fait des études detroisième cycle en Démographie historique.

Maria Stella F. LEVY - Anthropologue du CEDIP. "Master" de l'Universitéde Wisconsin — USA.

Mima AYRES ISSA GONCALVES - Economiste du CEBRAP. Etudes detroisième cycle à l'Université de Sâo Paulo portant surtout sur ladémographie, et à l'Université d'Etat de Campinas — SP, sur la planifi-cation économique.

Neide Lopes PATARRA - Sociologue du CEDIP. Etudes de démographie detroisième cycle à l'Université de Chicago — USA, et Docteur del'Université de Sâo Paulo.

Paul Israel SINGER - Economiste du CEBRAP. Etudes de démographie detroisième cycle à l'Université de Princeton — USA, et enseignant libre endémographie diplômé de l'Université de Säo Paulo.

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CHAPITRE I

ACCROISSEMENT DE LA POPULATION

EVOLUTION HISTORIQUE DE LA POPULATION BRESILIENNEJUSQU'EN 1872

Introduction. Le problème le plus grave auquel se heurte l'historien de lapopulation brésilienne est avant tout celui qui concerne les

données de base. Si, pour une grande partie de notre histoire coloniale, nousdisposons seulement de quelques rares estimations globales et grossières,relatives à l'importance de notre population, la situation est pratiquementinversée pour la fin du 18e siècle et pour tout le 19e. Cependant, cette réaliténouvelle — le souci de la métropole d'établir des statistiques plus élaborées surson empire colonial, qui se manifeste surtout à partir du gouvernement duMarquis de Pombal (1750-1776) et qui demeure, même après notre indépen-dance, de façon intermittente et moins rigoureuse, à l'époque impériale, c'estvrai - , si elle apporte plus de satisfactions à l'analyste, soulève, d'autre part,une nouvelle série de questions. Il existe tout d'abord le problème de laconservation des documents élaborés par les diverses autorités administratives :beaucoup d'entre eux, bien qu'ils soient cités et qu'ils aient par conséquentété réalisés à différentes dates, ont été détruits ou perdus. D'autre part, nousnous heurtons au problème non moins grave de la dispersion des sources. Lesrésultats des divers types de recensements effectués au Brésil pour chacune deses unités administratives — Capitaineries, puis provinces — peuvent être con-servés dans des archives et des bibliothèques publiques de la nation, des Etats,des communes, des universités ; dans diverses archives et bibliothèques pu-bliques du Portugal et même dans des archives privées, ecclésiastiques ou dansdes collections particulières. Pour réunir la documentation qui s'est conservéejusqu'à nos jours, le chercheur doit entreprendre une véritable pérégrination,dans un pays aux dimensions d'un territoire, et effectuer, de plus, un séjourprolongé au Portugal.

Le problème se pose alors de savoir comment traiter des données aussidisparates en ce qui concerne leur valeur, leur intégralité (de la population etdu territoire concernés), leur universalité, les dates, les formules de présenta-tion, etc. Il s'agit donc de réaliser un effort initial immense afin de savoir

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comment choisir les données auxquelles on peut le plus se fier, et les classersuivant des critères universels et démographiques, avant toute tentative d'ana-lyse.

En somme, la tâche la plus importante du chercheur qui s'occupe del'histoire de la population brésilienne se limite aux deux phases initiales de sontravail : 1) la recherche des données ; 2) la préparation de ces données defaçon à ce qu'il soit possible de les traiter de manière satisfaisante sur le plandémographique.

En ce qui concerne l'existence et la nature des données de base relativesà la démographie brésilienne, nous avons proposé de distinguer trois grandespériodes dans l'ensemble de l'histoire du Brésil (1) :

1) Période pré-statistique

du début de la colonisation jusqu'à la moitié du 19e siècle. C'est une époquependant laquelle aucun dénombrement direct de la population brésilienne n'aété effectué. Il n'existe que quelques rares estimations générales et qui sontnormalement acceptées.

2) Période proto-statistique

qui commence au cours de la seconde moitié du 19e siècle et se termine avecle premier recensement général du Brésil, en 1872. C'est une période pendantlaquelle les données de base — recensements divers et séries de statistiqueslocales de l'état civil (registres des paroisses) — sont relativement abondantes,mais dont la valeur et la qualité sont inégales (2). Il est difficile d'obtenir lerecensement général de la population à une même date et sur toute l'étenduedu territoire national.

3) Ere de la statistique

qui s'est ouverte en 1872 avec notre premier recensement général. Dès lors,une série de recensements effectués au Brésil est publiée systématiquement parl'organisme spécialisé (IBGE). L'enregistrement des statistiques de l'état civil aété définitivement officialisé en 1916 (loi n° 3071) avec le Code civil, etcelles-ci sont publiées par les organismes responsables.

En essayant ainsi de faire une synthèse de l'histoire de la populationbrésilienne, nous sommes amenés à nous limiter aux données les plus

(1) D'après M. Luiza Marcflio et Luis Lisanti, "Problèmes de l'histoire quantitativedu Brésil : Métrologie et Démographie". Actes du Ier Colloque international d'Histoirequantitative du Brésil, Paris, 1971 (sous presse).

(2) Un premier inventaire concernant les statistiques des recensements et de l'étatcivil qui existent pour cette période et jusqu'à l'indépendance du Brésil a été dressé parnos soins dans : Catálogos dos dados bibliográfico-documentais de natureza demográficaexistentes nos arquivos brasileiros, qui doivent être publiés par le CELADE, Chili.

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cohérentes et les plus dignes de foi qui sont fournies par les recensements etaux informations qui portent sur l'ensemble du territoire national ou, dumoins, sur sa plus grande partie. Nous ne laissons cependant pas de côté lesévaluations démographiques qui ont été faites au cours de la période pré-statistique et même de la période suivante. Elles représentent des ordres degrandeur qui sont utiles pour comprendre le phénomène dans toute sadimension historique.

Pour les raisons déjà indiquées ci-dessus, il est évident que nos tableauxet nos analyses portent essentiellement sur la période proto-statistique. Il s'agitsimplement ici de présenter les résultats globaux des recensements et lesévaluations existantes, pour lesquels les données les plus dignes de foi, seréférant à certaines dates, existent pour l'ensemble du territoire brésilien et

-pour chacune de ses unités administratives.

En nous efforçant de déterminer un critère particulier de classement,nous avons adopté, chaque fois que c'était possible, la division physio-graphique des cinq régions brésiliennes proposée par l'IBGE. Dans la mesureoù, historiquement et à partir de la fin du 18e siècle, les limites territorialesdes unités administratives brésiliennes n'ont pas subi de modifications impor-tantes, nous avons pu choisir ce critère (3).

En considérant toujours la répartition de la population nationale dans lescinq régions physiographiques, nous calculons certains de ses éléments : sexe,condition sociale, âge (partiel) à des dates données.

Période pré-statistique. Le peuplement européen des terres brésiliennes inté-ressa, comme on le sait, presque exclusivement le

littoral. Au 16esiècle, mise à part la ville de Sao Paulo de Piratininga fondéeplus à l'intérieur des terres, toutes les agglomérations, villes et cités étaientconstruites en bordure de mer. Sur ce littoral, deux centres principaux attirentle peuplement - Recife-Olinda et Salvador da Bahia. Deux autres centressecondaires regroupent aussi la population : Rio de Janeiro et Sao Vicente. Ontrouve en outre quelques autres agglomérations.

Au 17e siècle, siècle de la canne à sucre par excellence, le peuplementréalisé par les colonisateurs s'étend considérablement et pénètre faiblementdans l'intérieur des terres, grâce surtout aux fermes d'élevage qui sontsecondaires par rapport au littoral producteur de sucre et exportateur. C'estprincipalement pendant ce siècle-là que la canne à sucre attire et fixe le colon

(3) A la fin de la période coloniale, les capitaineries brésiliennes correspondaient,grosso modo, aux Etats brésiliens actuels, si nous considérons les capitaineries générales etleurs annexes (Ex. : Capitainerie de Pernambuco — annexes : Sergipe, Rio grande doNorte, Ceará, Paraíba et Alagoas). L'actuel Paraná ne formait qu'une seule unité avec SaoPaulo, dont il se sépara en 1853.

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portugais, mais aussi que celui-ci développe la traite des Noirs d'Afrique, main-d'oeuvre nécessaire à la réussite de cette culture, qui semble avoir étéintroduite pour la première fois en 1549.

Selon Simonsen, le nombre des esclaves africains au Brésil aurait étéévalué 'Vers l'an 1600 à près de 20 000" (4), ce qui représenterait déjà 20%de l'ensemble de la population brésilienne d'origine européenne.

Compte tenu des diverses et des seules estimations connues de lapopulation brésilienne réalisées à cette époque pré-statistique, nous avons leschiffres suivants, à l'exclusion des populations indigènes tribales :

Cette faible population, comprenant des blancs, des indiens civilisés, desnoirs et des métis, était répartie de façon inégale sur le territoire qui étaitalors défriché. Sans aucun doute, pendant toute la période considérée, près de70 % des habitants se groupaient de préférence dans les Capitaineries de Bahia,de Pernambuco et dans les Capitaineries voisines, et, même dans celles-ci,c'était le litoral qui attirait le plus les colonisateurs.

TABLEAU 1. - ESTIMATIONS EXISTANTES DE LA POPULATIONBRESILIENNE PENDANT LA PERIODE PRE-STATISTIQUE

Année

15501583158516001660

Estimations

15 00057 00057 000

100000184000

Auteurs

Contieira RodriguesCalógerasVaranhagenContieira RodriguesContreira Rodrigues

Ce n'est qu'à partir du début du 18e siècle que la répartition de lapopulation dans l'espace se modifie et que l'occupation des terres del'intérieur se concrétise définitivement. Ce changement est dû essentiellement àl'or ; tout d'abord, celui de Minas Gérais, puis de Goias et aussi de MatoGrosso. En un siècle (1660-1760), la population du Brésil augmente de plus detreize fois ! La grande course vers l'or attire des colons portugais en grandnombre et, d'après les estimations de Simonsen, quelque 600 00 esclaves noirssont importés.

Mais, dans le territoire déjà peuplé, la population se déplace égalementvers les mines.

Vers 1770, le sud du pays, y compris Rio de Janeiro et Minas Gérais,rassemblait déjà plus de 50 % de la population de la colonie. Pour serapprocher des nouveaux centres de peuplement, la capitale fut transférée deBahia à Rio de Janeiro.

(4) Cf. Simonsen, Roberto C. - Historia económica do Brasil. 6e éd. Sào Paulo,Nacional, 1969, p. 132.

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Période proto-statistique — 1750-1872. Pour cette période, lorsque les don-nées des recensements existent en

nombre suffisant et permettent ainsi des études plus approfondies, nous noussommes surtout préoccupés de réunir les informations essentielles qui sontdisponibles pour les différentes unités régionales administratives (Capitaineries,puis Provinces) et qui, à une même date ou pour une même période,intéressent l'ensemble du territoire national.. Dans cette perspective, nousavons alors choisi les dates ou les périodes pour lesquelles les donnéesdémographiques sont les plus cohérentes, les plus vraisemblables ou couvrentun territoire plus étendu.

Pour diverses raisons, le recensement des populations a toujours été faitavec plus de soin dans certaines unités administratives du Brésil à l'époquecoloniale ou impériale, et la fréquence du dénombrement des habitants y a étéplus systématique. C'est le cas, par exemple, de la Capitainerie de SàoPaulo, de Goias, de Mato Grosso, du Maranhao et du Para. D'autres, parcontre, ont été plus négligées dans ce secteur (Rio grande do Sul, SantaCatarina, Sergipe, Rio de Janeiro — celle-ci à l'époque coloniale).

Les Tableaux 2 à 8 suivants font apparaître l'ensemble des donnéesexistantes fournies par les recensements suivant les unités administratives, lesrégions physiographiques, la composition par sexe et la condition sociale de lapopulation.

En faisant la synthèse des différents tableaux, nous avons établi larépartition par régions de la population nationale au cours du 19e siècle(tableau 9).

Ainsi donc, la répartition de la population par régions est pratiquementstable pendant toute la période considérée, et elle fait seulement apparaîtreune légère diminution dans le Nord-Est au profit de l'Est et du Sud.

Ces pourcentages subiront des modifications avec l'émigration euro-péenne du 19e siècle vers le Sud - S a o Paulo et Rio de Janeiro en premierlieu — et avec les mouvements migratoires internes du 20e siècle.

Nous avons jugé qu'il était également utile de reproduire les chiffresd'ensemble de la population du Brésil à différentes dates qui sont fréquem-ment cités par les spécialistes :(voir tableau 9 bis page 19)

A partir des données les plus complètes et les plus dignes de foi quiaient été relevées - 1808, 1830, et les recensements de 1872 et de 1920- ,Mortara a calculé la population totale du Brésil en moyenne, année par année,de 1770 à 1920.

Comme nous avons pu le constater, il a choisi comme hypothèse etcomme critère pour faire ses calculs, un accroissement moyen stable de l'ordrede 13,5 % par décennie pour la période antérieure à 1830, et, à partir de cettedate, une augmentation un peu plus marquée de près de 16,4 % tous les dix

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TABLEAU 2. - POPULATION BRESILIENNE ENTRE 1774 ET 1786

Régions etunités

administratives

NORD

Rio Negro (AM)1785Para - 1785

NORD-EST

Maranhâb - 1774Piaui - 1774Ceará - 1782Rio grande doNorte - 1782Paraíba - 1782Pernambuco -1782Alagoas

EST

SergipeBahia - 1775Minas Gérais -1786Espíritu SantoRio de Janeiro

CENTRE-OUEST

Mato Grosso -1783Goiás - 1783

SUD

S. Paulo etParaná - 1782S. CatarinaRio grande doSul

Population

Hommes

5 84331133

29 791

1208528 057

114 737

210 457

10 23740814

57 307

Femmes

6 21526533

31575

1172724 411

114 975

152 390

12 73518 300

62 651

Libres

1166142 582

28 37813 477

188712

(10154)20174

-

Esclaves

39715 084

16 4557 098

174135

(12 818)38 940

-

Total

12 05857 666

44 83320 57561366

23 81252 468

229 712

245 000

362 847*

22972**59114

119 958

Sources

A-lA-2

A-3A-4A-5

B-1B-2

B-3

B-4

B-5

C-1C-2

C-3

(*) Minas Gérais. On doit y ajouter 30 851 individus dont on ne connaît ni lesexe ni la situation, ce qui fait un total de 363 698.

(•*) Matopar extrapolation,

Grosso. La populationsur la base des données

libre et celle des esclaves ont étéde 1780.

évaluée:

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TABLEAU 3. - POPULATION BRESILIENNE EN 1808

13

Régions et unitésadministratives

NORD

Amazonas et Para

Total

NORD-EST

MaianhâoPiauiCearáRio grande do NoitePaiaibaPeinambucoAlagoas

ToUl

EST

SergipeB ahiaMinas GéraisEspirito SantoRio de Janeiro

Total

SUD

Sâo Paulo et ParanáSanta CatarinaRio grande do Sul

Total

CENTRE-OUTEST

Mato GrossoGoiás

Total

Total BRESILMORTARA

Population

96000

96 000

12000070000

150 8785000095182

244 277166000

846337

91997335 961350 00070219

235 079

1083256

200 47838 68787167

326332

25 00055 422

80422

Sources

C-4

C-4C-4C-4B-4C-4CAC-4

B4C-4C-4C-4C-4

B-4C-4C-4

C-4

24323474051000

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14

TABLEAU 4. - POPULATION BRESILIENNE EN 1819

Régions et unitésadministratives

NORD

AmazonasPara

Total

NORD-EST

MaranhâoPiauiCe araRio grande do NorteParaíbaPernambucoAlagoasTotal

EST

SergipeBahiaMinas GéraisEspíritu SantoRio de JaneiroTotal

SUD

Sào PauloParanáSanta CatarinaRio grande do SulTotal

CENTRE-OUEST

Mato GrossoGoiás

Total BRESILMORTARA

Population

Personneslibres

1331090 901

104211

66 66848 821

145 7316181279 725

270 83242 879

716468

88 783330 649463 34252 573

363 9401299287

160 65649 75134 85963 927

309193

23 21636 368

2488 743

Esclaves

6 04033 000

39040

133 33212 40555 439

91091672397 63369 094

393 735

26 213147 26316854320 272

146060508351

77 667101919172

28 253125 283

1418026 800

1107389

Total

19 350123 901

143251

200 00061226

2011707092196 448

368 465111973

1110203

114996477912631 885

72 845510000

1807638

238 32359 94244 03192180

434476

37 39663168

3596132(V4599132

Sources

B4 e C-5

B-4 e C-5

B t e C-5

B-4 e C-5

B^ e C-5

(*) Au chiffre total de la population, on doit ajouter 800 000 "individus errants",ce qui donne finalemen 4 396132.

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TABLEAU 5. - POPULATION BRESILIENNE EN 1823

15

Régions et provinces

NORD

AmazonasPara

Total

NORD-EST

MaranhaoPiauiCearáRio grande do NorteParaíbaPernambucoAlagoasTotal

EST

SergipeBahíaMinas GéraisEspíritu SantoRio de Janeiro — Cour impérialeTotal

SUD

Sao PauloParanáRio Grande do SulTotal

CENTRE-OUEST

Mato GrossoGoiásTotal

Total BRESILMORTARA

Population

Personneslibres

88 000

88000

67 70480000

18000056 677

102 40733000090000

906 788

88 000434 464425 00060000

301 0991308563

259 00047 500

142 500449 000

2400037 00061000

2813351

Esclaves

40000

40000

97 132100002000014 37620 000

15000040 000

351 508

32 000237 458215 00060 000

150 549695007

210002 5007 500

31000

60002400030000

1147515

total

12000

12000

164 83690000

200 00071053

122 407480 000130 000

1258296

120 000671922640000120 000451648

2003570

280 00050000

150000480000

30 0006100091000

3 9608664 899000

Sources

B4

B-4

B-4

B4

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16

TABLEAU 6. - POPULATION BRESILIENNE EN 1830 ET 1854

Régions et Provinces

NORD

AmazonasPara

Total

NORD-EST

MaranhàoPiauiCaraRio Grande do NorteParaíbaPernambucoAlagoasTotal

EST

SergipeBahiaMinas GéraisEspíritu SantoRio de JaneiroTotal

SUD

Slo PauloParanáSanta CatarinaRio grande do SulTotal

CENTRE-OUEST

Mato GrossoGoiás

Total

Total BRESILMORTARA

Population

1830

190 000190000

1854

42 600207 400250000

183000 36000046 000 150 000

273 000 385 30069 000 190 000

246000 209 300602 000 950000257 000 204 200

1676 000 2449200

267 000 183 600560000 1100000930 000 1300 000

74 000 51300591000 1200000

2422000 3834 900

500 000600000 72 40050000 105 000

170 000 201300820000 878 700

82 000 85 000150000 180 000232000 265000

5340000 76778005 354 000 7 711000

Sources

BA

B4

B4

B-4

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TABLEAU 7. - POPULATION BRESILIENNE EN 1867

17

Régions et Provinces

NORD

AmazonasPara

Total

NORD-EST

MaianhâoPiauiCearàRio grande do NoiteParaibaPernambucoAlagoas

Total

EST

SergipeBahiaMinas GéraisEspíritu SantoRio de Janeiro Cour impériale

Total

SUD

Sâo PauloParanáSanta CararinaRio grande do Sul

Total

CENTRE-OUEST

Mato-GrossoGoiis

Total

Total BRESIL

MORTARA

Population

Personneslibres

95 000325000

420000

450000230000520000235 000260 000970000250000

2915000

285 00011700001440000

900001550000

4535 000

825 000110000190000550000

- 1675000

95 000240000

335000

9880000

Esclaves

5 00025 000

30000

50 0002000030 0005 000

40 000250 00050000

445000

35 00028000016000010 000

300 000

785000

75 000100001000030 000

125000

5 00010000

15000

1400000

Total

100 000350 000

450 000

500000250000550000240000300 000

1 220 Ö00300000

3360000

32000014500001600000

1000001850 000

5320000

900 000120000200 000580000

1800000

100000250000

350000

11280000(+50000011780000

9 396000

Sources

B-4

B-4

B-4

B-4

B-4

Indiens

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18

TABLEAU 8. - POPULATION BRESILIENNE D'APRES LE RECENSEMENT DE 1872

Régions et Provinces

NORD

AmazonasPara

Total

NORD-EST

MaranhàoPiauiCearáRio grande do NorteParaibaPernambucoAlagoas

Total

EST

SergipeBahiaMinas GéraisEspíritu SantoRio de JaneiroCour impériale

Total

SUD

Sâo PauloParanaSanta CatarinaRio grande do Sul

Total

CENTRE-OUEST

Mato GrossoGoiás

Total

Total BRESIL

Population

Hommes

31470142497

173967

179 623107 116365 847119 292190114428 588173497

1564077

113932719447

1079 06441466

446 600158 766

2559275

436 34464 81081 157

232 958

815269

3162380 340

111963

5 224551

Femmes

26140132 740

158880

181017104 706355 839114687186112412951174512

1529824

120711660169

1023 62540 671

373004116206

2334386

401 01061 91278 645

214 004

755571

28 79480055

108849

4887510

Libres

56631247 779

304410

285 368186898689 773220 959254 700752511312 268

2802477

20452412117921 720 796

59 478513179226 033

3935802

680 742116 162144 818377 277

1318 999

53 750149 743

203493

8565181

Esclaves

97927 458

28437

75 27223 9243191313020215268901835 741

291424

30119167 82438189322 659

30642548 939

957859

156 61210 56014 98469 685

251841

6 66710 652

17319

1546880

Total

57 610275 237

332847

360 640721686721686233979376 226841539348009

3093901

234 64313796162102 689

82137819 604274 972

4893944

837 354126 722159 802446 962

1570840

60417160 395

220812

10112061

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19

TABLEAU 9. - POPULATION DU BRESIL SUIVANT LES REGIONSPHYSIOGRAPHIQUES 1808-1872

Régions

NordNord-EstEstSudCentre-OuestTotal

1808

3,934,844,813.5

3,3100,0

1819

4,030,950,212,12,8

100,0

1823

3,231,850,612.12,3

100,0

1830

3,531,445,415,44,3

100,0

1854

3a32,050,011.4

3,4100.0

1867

4,030,047,015.9

3,1100,0

1872

3,330,648,415,52,2

100,0

TABLEAU 9 bis. - POPULATION DU BRESILA DIFFERENTES DATES SUIVANT LES SPECIALISTES

Années

17761808

Population

1 900 0004000000

1810 4 0000001815 28605251817 3 300 0001819 4 3961321825 5 000 0001827 3 758 0001829 2 617 0001830 5 340 0001834 3 8000001850 80000001856 7 677 8001867 117800001868 110300001869 10 415 000

Auteurs

Abbé Correa da SerraD. Rodrigo de Souza CoutinhoAlexandre de HumboldtConseiller Velloso de OliveiraHenry HillConseiller Velloso de OliveiraCasado GiraldesRugendasAdriano BalbiMalte-BrunSénateur José SaturninoSénateur Candido BaptistaBaron do Bom Retiro"L'Empire à l'Exposition de Paris"Candido MendesSénateur T. Pompeu S. Brazil (5)

(S) CF. B-4, p. 167.

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20

ans. Si nous acceptons ces calculs de Mortara, la population du Brésil, pendantles cent années qui ont précédé le premier recensement général, atteignait enmoyenne les chiffres indiqués au Tableau 10.

TABLEAU 10. - CROISSANCE DECENNALE DE LA POPULATIONBRESILIENNE, D'APRES LES ESTIMATIONS DE MORTARA (•)

Année

17721782179218021812182218321842185218621872

Population

256600029140003 307 0003 7540004 2620004 838 0005 5190006425 0007 4800008 703000

10145 000

(*) Mortaia Giorgio - "Estudos sobre a

Taux de croissance

100113128146166188215250291339395

utilizaçao do censo demográficopara a reconstituiçâo das estatisticas do movimento da populaçâb do Brasil". Revistabrasileira de Estatistica. IBGE, v. III (5), Janvier-mars 1941, p. 43.

Composantes d'ensemble de la structure Si nous essayons de considérer lade la population brésilienne population du Brésil comme un

pendant la période proto-statistique. tout, les seules analyses prélimi-naires que nous pouvons faire con-

cernant sa structure portent sur la composition par sexe, par condition socialeet par groupes d'âge de certaines unités administratives.

Nous nous bornerons donc à présenter ici quelques simples chiffres queles données dont nous disposons nous ont permis d'établir (Tableau 11).

Tandis que le recensement de 1872 fait apparaître un équilibre relatifentre les sexes, à une époque où les caractéristiques du peuplement et del'occupation du sol brésilien sont déjà mieux définies, ce qui attire l'attentionau 18e siècle, c'est tout d'abord le déséquilibre en faveur du sexe masculindans les régions où l'activité minière prédomine encore - Minas Gérais, Goiáset Mato Grosso. Bien que ce déséquilibre apparaisse de façon évidente dans lapopulation libre, il est plus marqué chez les esclaves, pour des raisons qui nesont pas difficiles à comprendre. En vérité, c'est l'esclavage, qui existe dansune plus forte population dans les mines, qui est la cause d'une différenceaussi grande ; pour 100 femmes, nous y trouvons 164 hommes au MatoGrosso et à Goiás et 138 à Minas Gérais.

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21

TABLEAU 11. - RAPPORTS DE MASCULINITE DE LAPOPULATION BRESILIENNE PAR REGIONS

Régions

NordNord-estEstSudCentre-Ouest

1774-1786

113(101)(138)(91)164

Nota : Les chiffres entre parenthèses concernent seulement certainesnistratives des régions correspondantes.

1872

109102109108103

unités admi-

D'autre part, dans les zones où prédominait la petite agriculture desubsistance, la tendance de l'élément masculin à émigrer vers des régionséconomiquement plus attrayantes a provoqué un déséquilibre entre les sexes,cette fois en faveur des femmes. C'est le cas typique de toute la Capitaineriede Sâo Paulo avant la concentration de la propriété et l'essor de la culture ducafé qui rétablissent l'équilibre (6).

Pendant toute la période considérée, la population brésilienne compre-nait deux parties distinctes, chacune ayant une formation, une structure et uneévolution démographiques propres dont le régime et. le rythme étaientdifférents, sans parler des influences extérieures — d'ordre alimentaire, écono-mique, social et même culturel — qui agissaient aussi différemment surchacune de ces composantes : les hommes libres et les esclaves.

Dans cette première vue d'ensemble, nous nous sommes efforcés dedéterminer, à différentes dates, les pourcentages que représente chacun de cessecteurs de la population par rapport à son chiffre total, en conservanttoujours la division par régions physiographiques définie par l'IBGE

Enfin, nous donnons quelques résultats concernant la structure pargroupes d'âge de la population dans certaines Capitaineries à la fin du18e siècle (Tableaux 13, 14 et 15). Ceux-ci nous permettent de prendreconnaissance d'une réalité démographique qui ne nous surprend pas outremesure : la population libre comprend plus de 40 % d'éléments âgés de moinsde 20 ans ; c'est donc une population jeune où les taux de natalité sontnécessairement élevés (7).

(5) Cf. B-4, p. 167.

(6) Le rapport de masculinité de la Capitainerie de S2o Paulo était de : 1797 -94,95 ; 1803 - 96,53 ; 1816 - 98,02 ; 1872 - 108,80. Cf. MarcUio Maria Luiza - Laville de Sao Paulo: peuplement et population (1750-1850) (d'après les registres parois-siaux et les recensements anciens) Rouen, 1968, p. 129.

(7) En nous fondant sur la série de statistiques anciennes de l'état civil fourniespar les registres paroissiaux, nous avons pu établir, pour la ville de Sâo Paulo, le taux brutde natalité pour la période de 1798 à 1822, qui est de 47,8 % ; ainsi que le taux brut demortalité pour la première moitié du 19e siècle, qui est de 46 %. In Marcilio Maria Luiza,op. cit. p. 187.

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22

TABLEAU 12. - PROPORTION DE PERSONNES LIBRES ETD'ESCLAVES DANS LA POPULATION BRESILIENNE DU

1 8 è m e SIECLE A 1872

Régions/ Années

NORD

1785181918671872

NORD-EST

1774-1781181918671872

EST

1786181918671872

SUD

1798181918671872

CENTRE-OUEST

1793181918671872

BRESIL

181918671872

Personnes libres%

77,872,793,391,5

(64,0)64,586,890,6

(52,0)71,985,280,4

(76,2)71,293/)84,0

36,959,295,792,2

69,287,684,7

Esclaves%

22,227,36,78,5

(36.0)35,513,59,4

(48,0)28,114,819,8

(23.8X*)28,87,0

16,0

63,140,84,37.8

30,812,415,3

(*) Les calculs concernent la Capitainerie de Sao Paulo et sont basés sur lesdonnées que nous avons élaborées au cours de notre travail de recherche, qui est envoie de réalisation, sur la Population et la Société de la Capitainerie de Sâo Paulo.

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23

TABLEAU 13. - REPARTITION PAR GROUPES D'AGE DE LAPOPULATION DE LA PROVINCE DE MATO GROSSO EN 1880 (•)

Groupes d'âge

0-19 (jeunes)20-59 (adultes)60 et plus (vieillards)

Total

Personneslibres%

49,044,6M

100,0

Esclaves%

33,062,34,7

100,0

Total%

41,652,7

5.7

700,0

(*) Source : Carte de la Population de la Capitainerie de Mato Grosso en1800, in A.H.U. Mato Grosso - Boîte 29.

TABLEAU 14. - REPARTITION PAR GROUPES D'AGE DE LAPOPULATION DE LA CAPITAINERIE DE SAO PAULO EN 1798 (*)

Groupes d'âge

0-1920-5960 et plus

Total

Personneslibres

%

52,442,0

5,6

100.0

Esclaves%

45,649,54,9

100,0

Total%

50,943,55,4

700,0

(*) Données de base établies grâce à notre travail de recherche en cours deréalisation, et fondées sur le relevé direct des listes nominatives des habitants dechacune des 33 villes et de la capitale de la Capitainerie pauliste.

TABLEAU 15. - REPARTITION PAR GROUPES D'AGE DE LAPOPULATION DE LA CAPITAINERIE DU MARANHAO EN 1798

Groupes d'âge

0-1920-5960 et plus

Total

Personneslibres%

40,050,79.3

700,0

Esclaves%

38,657,53,9

100,0

Total%

39,453,8

6.8

700,0

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24

En élaborant presque uniquement un répertoire de données, fournies parles recensements, que nous avons sélectionnées et analysées succinctement sousl'angle démographique, et qui portent sur l'évolution historique de la popula-tion brésilienne, nous souhaitons que les résultats que nous avons présentés icipuissent faire comprendre dans ses grandes lignes la croissance démographiqueet historique du Brésil. Toutefois, nous y insistons : l'étude de la populationbrésilienne des siècles derniers doit être réalisée sur des bases plus solides, etseul un travail sectoriel, monographique, allant de pair avec le traitement desdonnées, longuement élaboré par la Démographie et la Démographie histo-rique, aboutira à des résultats plus scientifiques.

ABREVIATIONS UTILISEES

A.H.U. — Archives historiques d'Outre-mer de LisbonneABNRJ — Annales de la Bibliothèque nationale de Rio de JaneiroBNRJ - Bibliothèque nationale de Rio de Janeiro - section des manuscritsD.I. — Documents intéressants pour l'histoire et les coutumes de Säo Paulo.

Collection publiée par les Archives publiques de l'Etat de Säo Paulo.R.I.H.G.B. — Revista do Instituto histórico e geográfico do BrasilR.A.P.M. — Revista do Arquivo publico mineiroR.T.I.H.G.E.B. — Revista trimensal do Instituto histórico, geográfico e ethno-

grafico do Brasil

REFERENCES DES SOURCES DE DONNEESSigles adoptes

A-l - A.H.U. - Para, liasse 30A-2 - A.H.U. - Para, liasse 30A-3 - A.H.U. - Para, caisse 35A-4 - A.H.U. - Para, caisse 35A-5 - R.I.H.G.B. - pag. 110-111

ABNRJ vol. XL.B-I - R.I.H.G.B. - pag. 110-111B-2 - R.I.H.G.B. -pag . 110-111B-3 -R.I.H.G.B. - pag. 110-111B-4-Joaquim Norberto de Souza e Silva. "Investigaçôes sobre os recen-

seamentos da populacáo geral do Imperio et de cada Provincia de per si,tentadas desde os tempos coloniaes até hoje". Annexe au Relatorio doMinisterio dos Negocios do Imperio (1870) apresentado à Assembléiageral na segunda sessáo da décima quarta legislatura pelo Ministro eSecretario de Estado dos Negocios do Imperio, Paulino José Soares deSouza. Rio de Janeiro, Typographie nationale, 1870.

B-5 - R.A.P.M. - n° IV, 1899, p. 294C-l - A.H.U. - Mato Grosso - Caisse 19

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\\

\ • 2 5

C-2 - A.H.U. - Goiás - liasse 33C-3-D.I. - n ° 31,pag. 106C-4 — "Memoria estatfstica do Imperio do Brasil" (auteur anonyme) 1829

R.I.H.G.B. - vol. LVIH (I) - 1895, pag. 91-99C-5 — Conseiller Antonio Rodrigues Velloso de Oliveira — A Igreja do Brasil.

R.T.I.H.G.E.B., tome XXIX, le'repartie, 1866, pag. 159-199 et annexes.D-l - Malte Brun - 'Tableau Statistique du Brésil" - estimation pour 1830,

in Géographie universelle. Selon B-4, pag. 164 et recopié dans : "Resumohistórico dos Inqueritos censitarios realizados no Brazil". Recenseamentodo Brasil, 1920, vol. I, Introduction, pag. 407.

D-2 — "Inquerito da populaçao do Brasil de 1854", Relatório a-presentado àAssembléia legislativa na quarta sessâo da nona legislatura pelo Ministroe Secretario do Estado dos Negocios do Imperio, Luiz Pedreira doCoutto Ferraz,.Rio de Janeiro, Typographie nationale, 1856, pag. 93.

D-3 —Données publiées en 1867, dans l'opuscule imprimé pour l'Expositionuniverselle de 1867 à Paris. Selon B-4, pag. 165.

LA POPULATION BRESILIENNE DE 1872 A 1970

Introduction. Cette étude tend à montrer l'évolution de la populationbrésilienne dans son ensemble et ses caractéristiques, pendant

une période relativement longue qui débute avec le premier recensementofficiel, en 1872, et se termine avec le huitième, en 1970.

Nous tenterons de faire apparaître les modifications qui sont intervenuesdans la composition de la population au cours de cette période, en utilisant àcet effet des données assez simples comme par exemple les pyramides desâges.

Il faut aussi attirer l'attention sur le fait que même les donnéesprovenant des recensements peuvent n'être pas pleinement dignes de foi, cardes erreurs dues à l'insuffisance de la collecte des données aussi bien que deleur vérification risquent de se produire, et ne permettent pas de lesinterpréter de façon plus précise.

Pour obtenir des résultats que l'on puisse comparer, il a été nécessairedans certains cas d'ajuster la population du recensement suivant la techniquedes multiplicateurs de Sprague, lorsqu'on a obtenu des groupes d'âge de 5 ansen 5 ans.

Il n'a pas été possible d'avoir, pour 1890, les données démographiquessuivant l'âge et le sexe. C'est pourquoi les données de ce recensement n'ontpas été utilisées pour l'élaboration des pyramides.

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Le recensement de 1970 concerne la population résidante. Ceux de1960, 1950 et 1940 portent sur la population présente. Dans les volumesrelatifs aux recensements de 1872 à 1920, il n'est pas fait mention expresse dela classification de la population dont les chiffres sont publiés. Cependant,certains éléments contenus dans les instruments de collecte permettentd'admettre que les données se réfèrent à la population résidante.

Pour mener à bien les calculs, il n'a pas été tenu compte des personnesdont l'âge était inconnu, car elles ne représentent qu'une infime fraction de lapopulation totale. De fait, les pourcentages des personnes qui appartiennent àcette catégorie sont les suivants :

1872

0,11 %

1900

0,75 %

1920

0,21 %

1940

0,08 %

1950

0,22 %

1960

0,23%

1970

0,19 %

Evolution de la population

Une population augmente suivant ses taux de mortalité et de natalité etl'importance de sa balance migratoire

Dans le passé, la population brésilienne a dû dans une large mesure sacroissance à l'arrivée massive d'immigrants européens que l'on encourageaitparce qu'elle était une solution de rechange au problème de la main-d'oeuvredont avait besoin une économie fondée sur la culture du café.

Le Tableau 16 fait apparaître les migrations internationales qui ont eulieu entre les recensements.

Le Tableau 16 montre l'importance démographique des migrations inter-nationales pour le Brésil, notamment pendant les dix dernières années du19e siècle et les premières décennies du 20e.

Si l'on analyse les chiffres de la population totale de 1872 à 1970,indiqués dans le Tableau 17, on voit que la croissance globale a été de l'ordrede 44,34% pour la période 1872-1890, de 21,66% de 1890 à 1900, de75,68% de 1900 à 1920, et ainsi de suite jusqu'à la période 1960-1970 pourlaquelle la croissance globale a été de l'ordre de 33,12%. Comme ces périodesne sont pas égales, on a calculé les taux géométriques de croissance annuellequi permettent de comparer l'augmentation de la population au cours de cespériodes, aussi bien que la fraction de la croissance qui est due à l'accroisse-ment naturel (excédent du nombre des naissances sur celui des décès) et cellequi provient des migrations (excèdent du nombre des immigrants sur celui desemigrants).

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TABLEAU 16. - MIGRATIONS INTERNATIONALES DE 1872 A 1950

Période

ler/8/1872 a 31/12/1890ler/l/1891 a 31/12/1900ler/l/1901 a 31/08/1920Ie'79/1920 a 31/08/1940ler/9/1940 a 30/06/1950

Nombred'immigrants

7128321129 3171446 0811146 081

119 532(2)

Nombre¿'emigrants

(1)

142 566225 863506128286 614

12 298

Augmentation de lapopulation grâce à

l'excédent des immi-grations sur les

émigrations

Absolu

570 266903454939953859 842107 234(3)

En pourcentagepar rapport au

chiffre total(rectifié)

13,523,410,16,31.0

Source : I.B.G.E., Laboratoire de Statistique, 1960.

Nota : Les chiffres de la population des recensements de 1900 et 1920 ont été rec-tifiés.

(1) Correspondant par hypothèse à 20 % du nombre des immigrants pendantla première et la deuxième période, à 35 % pendant la troisième, et à 40 % pendant laquatrième.

(2) Immigrants arrivés de 1941 à 1949, plus un tiers de ceux qui sont arrivésen 1940 (de septembre â décembre), plus la moitié de ceux qui sont arrivés en 1950(de juillet à décembre).

(3) Correspondant à 1 % de l'augmentation totale (rectifiée) de la populationau cours de cette période, l'excédent des naissances par rapport aux décès représen-tant 99 % de cette augmentation, comme on le voit dans "A variacâo da populacao ur-bana, suburbana e rural do Brasil entre 1940 et 1950" - Giorgio Mortara, Pesquisasobre as populacoes urbanas e rurais do Brasil, Estatîstica demográfica n" 17, Labora-torio de Estatistica, IBGE, Rio de Janeiro, 1954.

Le Tableau 17 montre aussi que le pourcentage correspondant à l'ac-croissement naturel va en augmentant, tandis que celui qui concerne lesmigrations s'est accru de 1890 à 1900 puis a rapidement baissé. Cependant, lapart de la balance migratoire dans l'augmentation globale de la population estimportante entre 1872 et 1940.

Par suite de la disparition des facteurs économiques qui ont provoqué lesmigrations et du déclin rapide des taux de mortalité (favorisé par l'importationde techniques dans le secteur de la santé et de la salubrité) alors que les tauxde natalité restaient constants, il se trouve que la tendance de la croissance dela population brésilienne repose de plus en plus sur l'accroissement du soldenaturel au détriment de la balance migratoire.

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En l'absence d'information sur la balance migratoire, c'est ce qui permetde supposer que les migrations importantes sont inexistantes pendant lespériodes 1950-1960 et 1960-1970. Par suite, on a admis l'hypothèse selonlaquelle l'accroissement de la population à partir de 1950 est due uniquementà l'augmentation naturelle.

Dans ce cas, la baisse des taux géométriques de croissance annuelle pourla période 1960-1970 doit être attribuée à l'une des composantes de l'accrois-sement naturel, le nombre des naissances ou celui des décès. En effet, desétudes qui ont été faites sur la fécondité montrent que les taux de natalité ontbaissé notablement entre 1960 et 1970, ce qui confirme la tendance que nousavons observée.

Population rurale et population urbaine. L'augmentation importante de lapopulation a évidemment favorisé

l'occupation d'une partie plus étendue du territoire national. La densitédémographique évaluée en 1970 était environ 9 fois plus élevée que celle quiavait été observée en 1872, c'est-à-dire : 11,18 et 1,17 respectivement (8).

Cependant, cette occupation s'est faite de façon différente suivant lesrégions. Ainsi, à côté de zones fortement peuplées, on peut trouver descontrées où il reste encore d'immenses espaces vides.

La population brésilienne a tendance à se concentrer dans les zonesurbaines. Le Tableau 18 permet d'observer ce phénomène, car il fait apparaîtreune augmentation progressive du pourcentage de la population urbaine parrapport à la population totale depuis 1940.

TABLEAU 18 - POURCENTAGE DE LA POPULATION RURALE ET URBAINEPAR RAPPORT A LA POPULATION TOTALE DU BRESIL 1940-1970

^ ^ s . AnnéesPopulation „

UrbaineRurale

1940

31,2468,76

1950

36,1663,84

1960

45,0854,92

1970

55,9844,02

Source : Annuaire statistique de l'I.B.G.E., 1972.

D'autre part, les zones rurales perdent peu à peu leur population, àmesure que se développe le processus de forte urbanisation qui est en cours auBrésil et qui a été provoqué par l'expansion industrielle dont les débuts sesituent aux environs de l'année 1930.

(8) Source : Annuaire statistique de l'I.B.G.E., 1972.

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L'intensité des courants migratoires de la campagne vers la ville sembleexpliquer le rythme élevé de l'accroissement annuel de la population urbaine(Tableau 19), par opposition aux taux décroissants qui ont été enregistrés pourla population rurale entre les dates de recensement.

TABLEAU 19. - TAUX GEOMETRIQUES DE CROISSANCE :POPULATION URBAINE, POPULATION RURALE, POPULATION

TOTALE, BRESIL 1940-1970

Population •*« >>>

UrbaineRurale

Totale

1940-1950

3,841,58

2,34

1950-1960

5,471,63

3,17

1960-1970

5,150,65

2,91

Source : Annuaire statistique de l'I.B.G.E., 1972.

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CHAPITRE II

COMPOSANTES DE L'ACROISSEMENT

FECONDITE

Introduction. PLusieurs auteurs ont déjà souligné la difficulté à laquelle seheurtent ceux qui tentent d'analyser la tendance que révèle la

fécondité, et même la natalité, dans un pays comme le Brésil où lesstatistiques de l'état civil sont extrêmement incertaines.

Le délai légal pour faire enregistrer une naissance est réglementé auBrésil par le décret n° 4857 du 9/11/1939, et il est de 15 jours aprèsl'événement si l'enregistrement est fait par le père, et de 60 jours s'il est faitpar la mère. Ce délai est porté à 3 mois lorsque la naissance a lieu à unendroit distant d'au moins 30 kms des centres d'enregistrement (*).

Malgré la législation en vigueur, Mortara(l) avait déjà indiqué qu'en1950 près de 70% des naissances qui ont lieu en un an n'ont pas étéenregistrées au cours de l'année correspondante et, pour cette raison, nefigurent pas dans les statistiques officielles de cette année-là. L'enregistrementdes naissances a été estimé en 1960 par l'I.B.G.E. (2) à 50,9 % seulementpour le Brésil dans son ensemble. Madeira (3) cite plusieurs exemples récentsconcernant différents Etats de la Fédération, ce qui montre que la situation nes'est pas beaucoup modifiée avec le temps, bien qu'elle varie évidemment d'unEtat à l'autre. Même pour le district de Sao Paulo, Milanesi & Silva (4), grâce

(*) Les modalités d'application du décret-loi n° 1000 du 21 octobre 1969 relatif àcette question n'ont pas encore été précisées. Il maintient les mêmes dispositions que cellesqui sont indiquées ci-dessus.

(1) Mortara, G. — The brazilian birth rate, its economic and social factors : cultureand human fertility. New York, Greenwood Press, 1958.

(2) Instituto Brasileiro De Geografía E Estatistica, Conseil national de la Statis-tique - Conjecturas sobre o nivel da natalidade no Brasil e ñas unidades da Federaçao em1960. Rio de Janeiro, 1964. (Recherches démographiques, 6).

(3) Madeira, J.L. - "O IBGE e os estudos da fecundidade no Brasil : histórico eperspectivas da fecundidade". Ciencia e cultura vol. 24(10, oct. 1972.

(4) Milanesi, M.L. & Silva, E.P.C. - "Sub-registro de nascimentos no Distrito deSâo Paulo". Revista sáude pública, vol. 2 (I) : 23-28, Juin 1968.

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à l'étude d'un échantillon de naissances survenues en 1965 à Sao Paulo, ontévalué que le taux d'absence d'enregistrement, lorsqu'on tient compte dudélai de 15 jours pour l'inscription, allait de 2,4 % à 6,6 %, et que ces chiffresétaient dignes de foi à 95 %. En ce qui concerne le délai de 60 jours pourl'inscription, l'intervalle était de 1,2% à 5,1%, avec le même degré defiabilité.

Ces quelques remarques montrent immédiatement qu'il est nécessaired'utiliser d'autres moyens pour évaluer les taux bruts de natalité au Brésil. Lesrecensements ont constitué une source qui a été suffisamment exploitée à cetégard, grâce à l'emploi de techniques avancées permettant l'évaluation deparamètres démographiques à partir de données incomplètes. Etant donné queces techniques, qui sont très nombreuses, utilisent généralement des ensemblesdifférents de variables disponibles et avancent presque toujours des hypothèsesdiverses sur le comportement des variables, on comprend que les estimationsqui ont été faites de plusieurs côtés concernant la natalité et la fécondité dansles pays dont les statistiques de l'état civil sont insuffisantes, puissent êtredifférentes et doivent être seulement envisagées comme de simples estimations.Ainsi, Mortara(5) évalue le taux brut de natalité au Brésil en 1950 à 43,5pour 1000 habitants, alors que les Nations Unies (6) l'estiment à 44,1.Merrick(7) montre que, de 1940 à 1950, le taux de natalité a pu varier entre43,2 et 44,8 pour 1 000 habitants, suivant que le nombre d'enfants de 0 à4 ans a été sous-évalué dans, une proportion de 0 à 10%, avec un coefficientde mortalité infantile de l'ordre de 174 pour 1 000 enfants nés vivants.

De 1900 à 1920, selon Collver(8), on peut penser que le Brésil a eu lesmêmes taux de natalité que ceux qui ont été enregistrés en Colombie, étantdonné que, au cours de cette période, dans les deux pays, le taux decroissance démographique, la répartition de la population par groupes d'âge etl'espérance de vie ont été très semblables pendant les années qui se sontécoulées entre les deux recensements. On pourrait ainsi adopter pour le Brésilun taux de 43 pour mille de 1900 à 1905, et de 44,2 pour mille pour presquetoute la période qui va de 1905 à 1920, ce qui montre, selon l'auteur, que letaux brut de natalité au Brésil n'a pas subi de modifications pendant lapremière Guerre mondiale.

(5) Mortara, G. - "A natalidade e a fecundidade feminina no Brasil Estudos deestatística teórica e aplicada". Estatistica demográfica, vol. 30, chap. V.

(6) Nations Unies - Methods of estimating basic demographic measures fromincomplete data. New-York, ONU, 1967. (Manual IV, ST/SOA/Series A/42).

(7) Merrick, T.W. - Interregional differences in fertility in Brazil : 1950 to 1970 :1973. (polycopié)

(8) Collver, A.O. - 1965 - Birth rates in Latin America. New estimates ofhistorical trends and fluctuations. Berkeley, University of California, s.d. (ResearchSeries,7).

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Les taux bruts de natalité au Brésil de 1920 à 1970 ont été évalués defaçon suivante :

19201940195019601960/701970

464 (5)entre 42 et 44 (i)434 (5)44 (5)37,7 (3)35 (9)

ce qui montre une baisse de la natalité de 1920 à 1940, qui est peut-être uneréaction à la dépression de 1930 dont ont souffert avec plus ou moinsd'intensité presque tous les pays d'Amérique latine. Le taux de natalité estresté aux environs de 44 pour mille habitants de 1940 à 1960, puis a baissé àpartir de 1960 pour atteindre le chiffre de 35 pour mille habitants en 1970.

Quant au taux de fécondité par rapport aux groupes d'âge des femmes,le graphique I montre son évolution au cours de la même période. Si l'on tientcompte de toutes les réserves auxquelles sont soumises les données de 1960,on voit que, pour les femmes très jeunes (15 à 19 ans), le taux est restépratiquement constant pendant la période 1920-1960, puis a baissé en 1970.Cette baisse apparaît d'ailleurs pour les femmes de tous les groupes d'âge, etelle est plus marquée pendant la période de plus grande fécondité de lafemme, c'est-à-dire de 20 à 34 ans.

£nfant« né« vivant«pour 1.000 femmes

15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49Aga de« femmes ea année« completes

Graphique I - Taux de fécondité par groupes d'âge - Brésil 1920 à 1970.

Nous allons nous efforcer d'étudier de façon plus détaillée l'évolutiondes taux de fécondité par groupes d'âge en 1970 dans les différents Etats de laFédération et dans d'éventuels groupes de communes brésiliennes afin de

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comprendre et de tenter d'expliquer, bien que d'un point de vue très large, lafécondité que nous y aurons trouvée. Toutefois, jusqu'à présent, les recense-ments démographiques dans les Etats de la Fédération ne sont pas complets etne portent que sur quelques Etats. C'est pourquoi nous avons choisi, pournotre travail, les dix régions définies par l'I.B.G.E. dans la brochure donnantles premiers résultats du recensement ("Tabulaçoes avançadas do Censodemográfico".)

Etude de la fécondité par régions. Les unités administratives de la Fédérationont été réunies pour former les Régions

suivantes (9) :(voir carte ci-après).

Région I — Rondônia, Acre, Amazonas, Roraima, Para et AmapáRégion II - Maranháo et PiauiRégion III — Ceará, Rio Grande do Norte, Paraíba, Pernambuco,

Alagoas et Fernando NoronhaRégion IV - Sergipe et BahiaRégion V — Minas Gérais et Espíritu SantoRégion VI — Rio de Janeiro et GuanabaraRégion VII - Sâo PauloRégion VIII — ParanáRégion IX — Santa Catarina et Rio Grande do SulRégion X — Mato Grosso, Goiás et District fédéral

(9) IBGE — Tabulaçoes avançadas do censo demográfico. VIII Recenseamentogérai - 1970. Rio de Janeiro, IBGE, 1971.

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Dans l'étude qui suit, ces régions seront appelées dorénavant R j , R2, R3,R4 , R5, R6, R7, R8, R9, R J Q , et l'on supposera qu'il existe une homogénéitéinter-régionale. Pour chaque région, nous avons calculé les taux de féconditépour les quatre groupes d'âge 15 à 19, 20 à 29, 30 à 39 et 40 à 49. Ces tauxont été obtenus pour chaque région en adoptant les méthodes suivantes :

1., en considérant la population de 0 à 5 ans de la région dont le chiffrea été fourni par le recensement de 1970 ;

2. en corrigeant ce chiffre avec le coefficient de sous-estimation del'ordre de 2,5 % ;

3. en calculant la population de 0 à 1 an de la région à partir de lapopulation de 0 à 5 ans corrigée, grâce aux multiplicateurs de Sprague ;

4. en corrigeant le chiffre de la population de 0 à 1 an ainsi obtenu parle facteur lo/Lo pour cette région (10) afin d'obtenir le nombre des enfantsnés vivants dans la région ;

5. en redistribuant, pour chaque région, le total corrigé des enfants nésvivants, conformément à la répartition en pourcentage observée pour lesenfants nés vivants pendant l'année qui a précédé le recensement, par groupesd'âge, dans la région ;

6. en calculant, pour chaque région, les taux de fécondité par groupesd'âge, (quotients entre le nombre corrigé d'enfants nés vivants et le nombre defemmes appartenant à ce groupe d'âge).

Ces taux de fécondité sont indiqués au Tableau 20.

TABLEAU 20. - TAUX DE FECONDITE POUR 1000 FEMMES,PAR GROUPES D'AGE, SUIVANT LES REGIONS DU BRESIL. 1970

Régions

R lR 2R 3R 4R SR 6R 7Rg

R9R 1 0

15 à 19

67,373,251,953,137.836,739,181,744,371,4

Age

20 à 29

259,7245,3

30 à 39

246,5238,3

246,1 246,1248,1 254,1212.1 188.7155,5 100;5175,5 111,6245,9 179,3183,6 144,4275,4 206,3

40 à 49

92,876,778,471,1fi0,726,025,965,547,266,5

(10) Merrick, T.W. - 1972 - Trends and interregional differences in the birth ratein Brazil: 1930-1970. Belo Horizonte, Centre de Développement et de Planificationrégionale, s.d.

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Crsiime on le voit, dans le groupe des femmes très jeunes, de 15 à19 3ns, la fécondité la plus grande est celle de la Région VIII, c'est-à-dire leParaná, 81,7 pour 1 000 femmes de 15 à 19 ans, tandis que la fécondité laplus faible, 36,7, correspond à la Région VI, Rio de Janeiro et Guanabara.Pour la fécondité des femmes de 15 à 19 ans, les régions sont groupées de lafaçon suivante :

Lorsque l'on considère les femmes de 20 à 29 ans, qui mettent au mondepratiquement 50 % des enfants nés vivants en un an, la situation change et lesrégions sont ainsi groupées :

En résumé, si nous attribuons des places aux régions en fonction de leurfécondité, en allant de 1 à 10 à mesure que celle-ci décroît, et si nousadditionnons, pour chaque région, les quatre places qui lui reviennent, nousavons les chiffres suivants :

Rj, R2, R3, R4, R s , R6, R7 , R8, R9, R1 0

9, 15, 15, 13,29,39,36, 19,31, 14

c'est-à-dire que l'ordre des régions, en allant de la fécondité la plus faible à laplus forte serait le suivant :

ce qui montre qu'aux extrêmes on trouve, d'un côté, Rio de Janeiro etGuanabara, suivis de Sao Paulo, et, de l'autre, la région amazonienne.

Nous essayons ensuite d'analyser la fécondité en fonction de certainsindicateurs démographiques et socio-économiques de ces régions. Le choix dequelques-uns de ces indicateurs est fondé sur les travaux de Blanch (11),Coale(12), Àdelman (13), Drakatos (14), et sur l'expérience que nous avons

(11) Blanch, J.M. - Fatores estruturales y ecológicos en la fecundidad de CentroAmérica y Panama. Mexico, 1970. (Travail présenté à la Conférence régionale latino-américaine de la Population).

(12) Coale, A.J. - "Age patterns of marriage". Population Studies v. 25(2) juil.1971.

(13) Adelmann, I. — "An econometric analysis of population growth" TheAmerican Economic Review, 53, juin 1963.

(14) Drakatos, C.G. - "The determinants of birth rate in developing countries : aneconometric study of Greece". Economic Development and Cultural Change, v. 17(4),juil. 1969.

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acquise avec le Projet latino-américain du Modèle mondial — Domainedémographique (15)

Les variables démographiques que nous avons choisies sont :

1) Rapport de masculinité (RMG)

défini comme étant le quotient résultant de la division du nombre d'hommesde 15 ans et plus par le nombre de femmes de 15 à 49 ans. On s'attend, enprincipe, que cette variable influe sur la proportion de femmes mariées en âgede procréer et, par conséquent, sur la fécondité. En plus du rapport demasculinité général, on a aussi calculé un rapport de masculinité pour chacundes quatre groupes d'âge des femmes, c'est-à-dire,

nombre d'hommes de 20 à 29 ansnombre de femmes de 15 à 19 ans

nombre d'hommes de 30 à 39 ansnombre de femmes de 20 à 29 ans

nombre d'hommes de 40 à 49 ansnombre de femmes de 30 à 39 ans

nombre d'hommes de 50 ans et plusnombre de femmes de 40 à 49 ans

en partant de l'hypothèse selon laquelle, en général, les femmes d'une classed'âge se marient avec des hommes appartenant au groupe d'âge immédia-tement supérieur. Ces rapports de masculinité spécifiques de chaque âge serontdésormais représentés par le sigle RMAS.

2) Population féminine mariée

définie comme étant le quotient résultant de la division du nombre de femmesd'un âge donné, mariées, par le chiffre total de la population féminine dumême âge. Cette variable a été calculée pour les quatre groupes d'âgeconsidérés, c'est-à-dire, 15 à 19, 20 à 29, 30 à 39 et 40 à 49, et elle seradésormais représentée par le sigle MCAS.

3) Balance migratoire (MIG)

défini comme étant la différence entre le nombre de personnes qui à la datedu recensement, vivent dans une certaine région mais sont nées dans uneautre, et le nombre de personnes nées dans cette région mais qui, à la date durecensement, vivent dans d'autres régions, cette différence étant divisée par lapopulation de la région.

(15) Singer, P., Berquó, E. & Santos, J.L.F. - Projeto latino-americano do modelomundial: área demográfica. 1973. (polycopié).

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38

On sait que cet indicateur peut avoir une incidence directe ou indirectesur la fécondité en changeant le rapport de masculinité, celui-ci modifiant lanuptialité qui, à son tour, influe sur la fécondité. Cet effet direct résulte de laplus grande fécondité de l'immigrant à son arrivée, de sorte que même lesnouveaux arrivants peuvent contribuer à modifier les taux de fécondité d'unerégion. Quant à l'effet indirect, il se confond avec l'action des autresindicateurs démographiques dont nous avons parlé, c'est-à-dire le rapport demasculinité et la proportion de femmes mariées qui peuvent refléter les effetsde la migration qui a eu lieu quelques années avant la date du recensement.

En ce qui concerne les variables d'ordre social, nous avons choisi lascolarité, définie comme étant la proportion d'hommes de 15 ans et plus quine savent ni lire ni écrire, cette variable étant représentée par le sigle INST.

Dans le domaine économique, nous avons choisi deux variables

7) Revenu par habitant

défini comme étant le quotient résultant de la division du produit brut de larégion par le chiffre total de la population de cette région, et représenté par lesigle REND. L'influence de cette variable a été très discutée, et, bien qu'elle necompte pas parmi les plus importantes dans le Projet latino-américain duModèle mondial, nous avons décidé de ne pas l'éliminer a priori de notreétude.

2) Population féminine urbaine économiquement active

Nous commençons par considérer la proportion de femmes de 10 ans etplus dans la population active urbaine par rapport au nombre total de femmesdes zones urbaines. Nous étudions cette variable car nous pensons que laparticipation plus importante de la femme à des activités rémunérées dans leszones urbaines entraîne une diminution de la fécondité, sans parler du fait quec'est là une des variables qui sont les plus liées à la fécondité dans le Modèlemondial (16) déjà cité.

Cependant, nous ne retenons pas cette variable car, en calculant savaleur numérique pour les dix régions, nous y voyons qu'elle a très peu variéet qu'elle s'est maintenue à un niveau très voisin de celui qu'elle atteint pourle Brésil dans son ensemble, c'est-à-dire 24,34 %, à la seule exception de laRégion I pour laquelle elle est de 18,50 %. Nous pensons cependant utiliser laproportion des femmes mariées dans la population active urbaine par rapportau nombre total de femmes dans cette population active urbaine. La valeur decette variable a seulement pu être calculée pour les Etats qui disposaient déjà desrésultats du recensement démographique de 1970, ce qui a permis d'évaluer cetteproportion pour sept régions, à l'exception des 5 e , 6e et 8 e . Même ainsi, celle-civarie très peu et se situe de nouveau aux environs de 25 %.

(16) Singer, P.I., Berquo, E.S. & Santos, J.L.F., op. cit.

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40

Enfin, nous avons cherché à utiliser la proportion des femmes mariéesdans la population active urbaine par rapport au nombre total de femmesmariées des zones urbaines. Cette proportion calculée seulement pour les septrégions indiquées s'écarte très peu de 15%. Elle n'a pu être retenue commevariable.

Le Tableau 21 donne les valeurs des diverses variables retenues.

Le modèle. L'analyse de la fécondité a été faite en utilisant un modèle danslequel une variable dépendante — la fécondité - est liée linéaire-

ment à des variables démographiques, sociales et économiques. On a considéréquatre groupes d'âge : 15 à 19 ans, 20 à 29 ans, 30 à 39 ans et 40 à 49 ans. Pourchacun d'eux on a fait une analyse de régression linéaire multiple de la féconditéparticulière à ce groupe d'âge en fonction des six variables indépendantessuivantes

Xj = proportion de femmes mariées

spécifique de chaque groupe d'âge = MCAS

Xj = rapport de masculinité = RMG

X3 = rapport de masculinité

spécifique de chaque groupe d'âge = RMAS

X4 = solde migratoire = MIG

Xs = proportion d'hommes de 15 ans etplus qui ne savent ni lire ni écrire = INST

X6 = revenu par habitant = REND

Le procédé utilisé permet de détecter une variable ou un groupe devariables qui, une fois introduites dans le modèle, apportent une réductionsignificative de la variation résiduelle encore existante. L'ordre d'entrée de cesvariables dans le modèle est le même que l'ordre des réductions de lavariation résiduelle.

Résultats. Le Tableau 22 contient les corrélations d'ordre zéro entre lafécondité et les six variables déjà indiquées pour les quatre groupes

d'âge. Quant à leurs effets bruts, on peut les classer nettement suivantl'influence exercée sur la fécondité pour les différents groupes d'âge. Pour legroupe de 15 à 19 ans :

'YX, > rYX6 > rYX2 > rYX4 > rYX5 > T^

la valeur de TYXI étant assez élevée, c'est-à-dire que la corrélation entre laproportion de femmes mariées et la fécondité est de 0,92180. Cette córrela-

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41TABLEAU 22 - MATRICE DE CORRELATIONS D'ORDRE ZERO

Variables

Variables^.

15 à 19

ans

20 à 29ans

30 à 39

ans

40 à 49

ans

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RMG

MCAS

RMAS

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MCAS

RMAS

FEC

MCAS

RMAS

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MCAS

RMAS

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REND

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1,00000

MIG

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-0,45527

1,00000

RMG

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- 0,31455

0,64830

1,00000

MCAS

-

RMAS

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0,59083 -0,56433 0,72509 0,56612 - 1,00000

-0,69335 0.42706 0,44182 0,58658 0,92180 -0,00371

-0,30295 -0,03790 0,66582 0,87857 1,00000 0,40867

0,64451 -0,85715 0,76553 0,63824 - 1,00000

-0,88635 0,68608 0,01255 0,33459 0,43602 -0,43765

0,09073 -0,49810 0.62886 0,82385 1,00000 0,63796

0,57669 -0,86707 0,60407 0,62603 - 1,00000

-0,91851 0,88393 -0,41900 -0,11785 -0,34940 -0,59658

0,18419 -0,54163 0,51060 0,69688 1.00000 -0,00099

-0,76653 0,53148 -0,02962 0,48520 - 1,00000

-0,92296 0,76417 -0,30616 0,06478 -0,21648 0,71295

REND = Revenu par habitant - INST = Scolarité - MIG - Balance migratoireRMG = Rapport de masculinité — MCAS = Population féminine mariéeRMAS = Rapport de masculinité par âge.

TABLEAU 23. - CORRELATIONS PARTIELLES DE 1 e r ORDREENTRE LA FECONDITE ET LE REVENU PAR HABITANT,

POUR LES GROUPES D'AGE

Variablesfixées

Xi

x2*3

x4XS

Groupes d'âge en années

20 à 29

- 0,8795- 0,9153- 0,8825- 0,9221- 0,7808

30 à 39

- 0,9504- 0,9373- 0,8762- 0,9227- 0.7093

40 à 49

- 0,9203- 0,9227- 0,8360-0,9172-0,8025

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42

tion reste encore assez élevée lorsque nous fixons les autres variables, une àune, c'est-à-dire que les coefficients de corrélation partielle de 1e r ordre entrela fécondité et la proportion de femmes mariées sont élevés, les autresvariables étant fixées. De fait

' Y X I . X S = 0,9167

'YX,. x 3 = 0,9603 r V X l . X 6 = 0,9000

rYXj. x 4 = 0,9056

Pour le groupe de 20 à 29 ans,

c'est-à-dire que les variables qui influent le plus sur la fécondité sont X6 etX s , l'une économique et l'autre sociale, suivies des variables démographiques.La corrélation négative élevée entre le revenu et la fécondité, —0,88635, semaintient lorsque nous considérons les corrélations partielles de 1er ordreentre Y et X6, telles qu'elles figurent au Tableau 23.

Pour les groupes de 30 à 39 et de 40 à 49 ans, l'ordre des corrélationsest le même, c'est-à-dire,

rYX6 >rYX5 >rYX3

> rYX4 > rYXl > rYX2

de nouveau les variables économico-sociales sont suivies des variables démogra-phiques. Il est intéressant de noter que la valeur de ryx6 augmente encore plusdans le groupe des femmes de 40 à 49 ans, étant de -0,92296.

Il convient d'observer, au Tableau 23, que les corrélations partielles quise modifient le plus, pour les trois groupes d'âge, sont celles qui concernentX5 fixée, c'est-à-dire la scolarité. En d'autres termes, lorsque la scolarité estfixée, la corrélation entre la fécondité et le revenu par habitant diminue, bienqu'elle se maintienne encore à des niveaux assez élevés, ce que l'on peutexpliquer par la haute corrélation qui existe entre le revenu par habitant et lascolarité, r X s x6 -0,82963.

Les résultats de l'analyse de la régression linéaire multiple sont présentésau Tableau 24.

Pour les femmes du groupe d'âge de 15 à 19 ans, la variable la plusimportante, qui explique à elle seule 84,97 % de la variation totale de lafécondité, est d'ordre démographique, c'est-à-dire la proportion de femmesmariées dans ce groupe d'âge. Après Xj vient la variable X3, à savoir lerapport de masculinité dans ce groupe d'âge. L'ensemble des variables X , X3

explique par conséquent 92,22 % de la variation résiduelle. Les quatre

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44

variables restantes, conforme'ment au critère énoncé au début, forment unensemble dont on peut ne pas tenir compte, étant donné qu'elles neparviennent pas à réduire de façon importante la variation résiduelle. Ellespourraient cependant être prises en compte si l'on avait pour objectif deprévoir le taux de fécondité avec la plus grande précision possible, car l'étudedes six variables permet d'expliquer la fécondité dans une proportion del'ordre de 96 %. C'est pourquoi on a fait figurer au Tableau 24 les régressionsajustées Y' en tenant compte des ensembles de variables importantes et enconsidérant également toutes les variables.

Nos résultats, pour ce groupe d'âge, coïncident avec ceux que nousavons obtenus pour le Modèle mondial (17), dans lequel Xx était aussi lavariable la plus importante, pour un ensemble de 44 pays dont le niveau dedéveloppement social, économique et culturel était différent. Il semble doncque, dans cette phase du cycle reproductif, ce qui différencie les taux defécondité, c'est la proportion plus élevée ou plus faible de femmes mariées. Defait, lorsque l'on passe d'une proprotion de 20,97 % de femmes mariées dansla Région VIII (Paraná) à 8,52% dans la Région VI (Rio de Janeiro,Guanabara), les taux de fécondité baissent de 81,7 à 36,7 pour mille femmes.Cette situation change lorsqu'on considère les groupes d'âge de femmes plusâgées, car les différences concernant la proportion de femmes mariées s'atté-nuent, étant donné que, à la fin du cycle reproductif, la plupart sont mariées.

Pour le groupe de 20 à 29 ans. la variable la plus importante est lerevenu par habitant qui explique 78,56 % de la fécondité, formant à elle seuleun premier ensemble. Puis viennent X2, X t , X4 et X3, avec un coefficient dedétermination de 98,22 %. Après ces deux ensembles, Xs n'apporte aucunecontribution importante. Nous pourrions donc dire que, après avoir fait entrerdans le modèle le revenu par habitant, ou bien nous n'introduisons plusaucune variable, ou, si nous le faisons, nous devrons aller jusqu'à la variableX3 du second ensemble. Il est intéressant d'observer que X s , qui était ladeuxième variable en ce qui concerne les effets bruts sur la fécondité, devientpresque toujours la dernière variable en régression. Cela s'explique par la hautecorrélation qui existe entre le revenu par habitant et la scolarité.

Pour le groupe de femmes de 30 à 39 ans, la variable la plus importanteest aussi le revenu par habitant qui explique 84,36 % de la fécondité. Sonintroduction a été significative en même temps que celle de Xj (proportion defemmes mariées), qui explique 91,50% de la fécondité. Après X6 et X¡ lameilleure variable qui ait été introduite est X3, mais elle n'a pas eu unecontribution aussi importante que X5. Cependant, l'introduction des troisvariables X3, X5 et X2 réduit dans une grande mesure la variation résiduelle,avec un coefficient de détermination de 98,99%. Après les deux premiersensembles, la variable X6 n'a pas eu une grande influence.

(17) Singer, P.I., Berquo, E.S. & Santos, J.L.F., op. cit.

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45

Enfin, pour les femmes de 40 à 49 ans, X6 est aussi la première variableen régression qui explique 85,18% de la fécondité, et constitue le seulensemble qui réduise la variation résiduelle de façon importante. Même si l'onconsidère toutes les variables de régression, le coefficient de détermination nedépasse pas 87,02 % et demeure le plus faible de ceux que nous avons trouvés,lorsqu'on inclut toutes les variables.

En résumé, nous pouvons dire que l'étude de la fécondité présentée parles dix régions brésiliennes en fonction de certaines variables démographiqueset socio-économiques, montre que le modèle proposé s'adapte de façon trèssatisfaisante aux données observées, comme on le voit dans le graphique2. L'indicateur le plus sensible aux variations de la fécondité, à partir de l'âgede 20 ans, dans les régions étudiées, est le revenu par habitant, c'est-à-direqu'il est d'ordre économique et social, étant donné sa haute corrélation avec lascolarité. Quant à l'indicateur démographique —la balance migratoire consi-dérée dans son effet direct — il n'a joué aucun rôle important tout au long del'analyse.

Enfants nés vivants pour 1.000 femmes3S0

250

100

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20 à 29 ANS

15 à 19 ANS

Al I l I 1 1 1 i

' 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 I 2 3 4 S 6 7 8 9 I 0

Graphique 2 — Taux de fécondité pour 1000 femmes observés et prévus par la régression

II faut voir dans ces résultats l'aboutissement d'une première approchedu problème, que nous nous efforçons d'élargir en augmentant le nombre desunités à analyser, si nous passons des 10 régions aux 26 Etats brésiliens.Cependant, la façon satisfaisante dont on a expliqué, dans cette étude, lavariation d'ensemble de la fécondité donne à penser qu'il est utile d'incorporerles résultats déjà obtenus aux projections démographiques, en tenant compteçexplicitement des indicateurs les plus importants.

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46

MORTALITE

Introduction. L'évolution de la mortalité représente un élément important sil'on veut analyser et comprendre la croissance démographique.

Les principales études qui ont été faites dans ce secteur pour la populationbrésilienne l'ont été surtout par Giorgio Mortara.

De 1870 à 1940, Mortara (18) a étudié la mortalité générale au Brésilgrâce aux recensements démographiques effectués tous les cinq ans jusqu'en1920, comme le montre le Tableau 25.

TABLEAU 25. - EVOLUTION DU TAUX BRUT DEMORTALITE AU BRESIL : 1870-1940

Année

1870-18751875-18801880-18851885 -18901890-18951895-19001900 -19051905 -19101910-19151915-19201920-1940

Source : IBGE - n° 6 - 1941

Taux brut de mortalité(poui 1 000 habitants)

31,1230,1929,1028,0026,8425,7124,6123,6122,6921,8724,94

Le même auteur (19) a évalué la mortalité générale au Brésil pour 1950d'après la table de survie calculée à partir de la mortalité observée dans l'Etatde Sào Paulo pendant la période 1939-1941.

Mortara (20) a calculé approximativement la mortalité infantile pour leBrésil pour la décennie qui a précédé le recensement de 1950, en utilisant lestables de survie calculées pour la ville de Sâo Paulo (mortalité la plus faible) et

(18) Mortara, G. - "Estudos sobre a utilizaçlo do censo demográfico para areconstruçâo das estatísticas do movimento da populaçâo do Brasil". VI Sinopse dadinámica da populaçâo do Brasil nos últimos cem anos. Revista Brasileira deEstastistica,Ano II, avril-juin 1941, p. 267-276.

(19) Mortara, G. - "Estimativa do número de óbitos e da taxa de mortalidadegeral para o Brasil (1950) : pesquisa sobre a mortalidade no Brasil". 2e série {Estatisticademográfica, 20) IBGE, 1956, p. 56-57.

(20) Mortara, G. - Ligeiras considerares sobre a mortalidade infantil no Brasil:contribuçlo para o estudo da demografía do Brasil. IBGE, 1961, p. 113-116.

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pour celle de Recife (mortalité la plus élevée) de 1939 à 1941. Il est arrivé autaux de 171 décès d'enfants de moins d'un an pour 1 000 enfants nés vivants,et, 160/1 000 anfants nés vivants pour 1952.

Etant donné qu'à partir de 1940 nous ne disposons pratiquement pasd'estimations concernant ces coefficients qui sont fondés sur des sérieshistoriques établies grâce à des calculs annuels, nous pensons qu'il est essentield'apprécier l'évolution de ces indicateurs de santé pour le Brésil dans sonensemble à partir des données fournies par les capitales des Etats.

Bien que ce type d'analyse ne permette pas une connaissance complètede la situation sanitaire du Brésil, nous estimons que cette méthode est valableet qu'elle peut fournir une évaluation globale de l'état sanitaire. Donc, chaquefois que l'on présente des tableaux et des graphiques portant la mention"Brésil" et "Régions physiographiques" il s'agit des capitales des Etats.

Comme l'absence de déclaration est bien moindre pour les décès quepour les naissances, on analysera également la mortalité proportionnelle desenfants de moins d'un an, qui constitue un indicateur important lorsque lecoefficient de mortalité infantile est calculé d'après des données auxquelles onne peut guère se fier.

Objectifs. 1. Etudier l'évolution de la mortalité générale, infantile et propor-tionnelle au Brésil et la comparer à celle de ses régions physiogra-

phiques de 1950 à 1970.

2. Comparer l'évolution de la mortalité générale, infantile et proportion-nelle du Brésil à celle d'une région plus développée, l'Etat et la ville de SaoPaulo, pour lesquels l'étude sera faite à partir de 1918.

3. Etudier les facteurs qui conditionnent la situation actuelle pour ladécennie 1960-1970.

Matériel et méthode. L'évolution des taux de mortalité a été déterminée àpartir de données secondaires provenant de diverses

sources :

— Annuaires statistiques du Brésil, données brutes de l'IBGE et duDépartement de Statistique de l'Etat de Säo Paulo. L'une des graves difficultésque nous avons rencontrées pour composer les régions ou étudier le Brésildans son ensemble, est que, pour certaines années, plusieurs capitales n'ont paspublié leurs données.

La composition des Régions physiographiques du Brésil d'après lacapitale des Etats est la suivante :

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48

NORD : Rio Branco, Porto Velho, Manaus, Boa Vista, Bélém etAmapá.En ce qui concerne cette Région, on ne dispose de donnéesque pour Belém et Manaus.

NORD-EST : Sao Luis, Terezina, Fortaleza, Natal, Joâo Pessoa, Recife,Maceió, Aracaju et Salvador.

CENTRE-OUEST : Cuiabá, Goiânia et Brasilia.

SUD-EST : Niterói, Belo Horizonte, Vitoria, Säo Paulo, Rio deJaneiro.

SUD : Curitiba, Florianópolis et Porto Alegre.

Pour calculer le taux de mortalité générale du Brésil et des Régionsphysiographiques, on a établi le rapport suivant :

Taux demortalitégénéraleau Brésil

Taux demortalitégénéralepar régionphysiographique

Nombre total de décès dans les capitales des Etats

Population des capitales des Etats

Nombre total de décès dans les capitales quicomposent la régionPopulation des Capitales qui composent la région

1000

1000

Les chiffres de la population des capitales, pour les années qui se sontécoulées entre les recensements, ont été évalués en supposant qu'ils ontprogressé de façon géométrique.

Lorsque, pour une Région, on ne dispose pas de données relatives à unecapitale déterminée qui permettraient de calculer le taux de mortalité au coursd'une année précise, on a exclu cette capitale de la composition de la Région.On a également adopté ce critère pour le calcul des taux de mortalité infantileet de mortalité proportionnelle.

Pour évaluer l'évolution de la mortalité générale, on a exclu, par manquede données, Brasilia de 1960 à 1962, Rio de Janeiro en 1963, Rio de Janeiroet Porto Alegre en 1964, Rio de Janeiro et Florianópolis de 1968 à 1969, etRio de Janeiro, Sâo Paulo, Goiânia et Florianópolis en 1970.

On a calculé la mortalité infantile pour le Brésil et les Régionsphysiographiques selon le rapport suivant :

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Taux de Nombre de décès d'enfants de moins d'un an dans lesmortalité capitales des Etats

infantile Nombre d'enfants nés vivants dans les capitales desau Brésil Etats

x 1000

Taux demortalitéinfantilepar Régionphysiographique

Nombre de décès d'enfants de moins d'un an dansles capitales qui composent les régions

Nombre d'enfants nés vivants dans les capitales quicomposent la région

1000

En ce qui concerne le calcul du taux de mortalité infantile, aucune dessources que nous avons consultées n'a pu nous fournir le nombre d'enfants nésvivants dans chaque capitale. Ces renseignements ont pourtant été connus à unmoment donné, puisque des taux de mortalité infantile ont été publiés parcapitale. On a dû se résoudre à évaluer les naissances de chaque capitale endivisant les taux de mortalité infantile par le nombre des décès de moins d'un an.

Pour évaluer l'évolution de la mortalité infantile, on a exclu, par manquede données Brasilia et Florianópolis de 1960 à 1962, Brasilia et Rio deJaneiro en 1963, Rio de Janeiro et Porto Allègre de 1964 à 1967, Rio deJaneiro et Florianópolis de 1968 à 1969, et Rio de Janeiro, Säo Paulo,Florianópolis et Goiâna en 1970.

On a calculé la mortalité proportionnelle pour le Brésil et pour les régionsphysiographiques selon le rapport suivant :

Mortalité Nombre de décès d'enfants de moins d'un an dansproportionnelle les capitales des Etatspour le Brésil Nombre total de décès dans les capitales des Etats

Mortalité Nombre de décès d'enfants de moins d'un an dans lesproportionnelle capitales qui composent la région

par Région Nombre total de décès dans les capitales quiphysiographique composent la région

x 1000

x 1000

Pour évaluer l'évolution de la mortalité proportionnelle, on a exclu, parmanque de données, Brasilia de 1960 à 1962, Rio de Janeiro en 1963, Rio deJaneiro et Porto Alegre de 1964 à 1966, Rio de Janeiro, Porto Alegre etCuritiba en 1967, Florianópolis de 1968 à 1969, et Rio de Janeiro, Säo Paulo,Florianópolis et Goiânia en 1970.

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50

Résultats et discussion

Evolution de la mortalité générale

Lorsqu'on étudie l'évolution de la mortalité générale au Brésil à partirdes données fournies par les capitales, comme le montre le Tableau 26, onobserve qu'elle a tendance à diminuer, le taux passant de 19,25 décès en 1941à 10,12 décès pour 1000 en 1970, c'est-à-dire qu'il a baissé de 47,5% en30 ans.

Au cours de la même période (1941-1970), si l'on étudie l'évolution dela mortalité générale par Région physiographique d'après les tableaux 27 à 31,on remarque que le taux est passé pour la Région Nord de 22,45 à 7,81/1000habitants ; pour la Région Nord-Est, de 26,53 à 11,41/1000 habitants ; pour laRégion Centre-Ouest, de 27,97 à 7.94/1000 habitants ; pour la RégionSud-Est, de 16,65 à 10,67/1000 habitants ; et pour la Région Sud, de 19,81 à8,10/1000 habitants.

Si l'on compare la mortalité générale du Brésil à celle des Régions, onobserve, comme le montre le graphique 3, que la tendance à la baisse a étéplus ou moins homogène, et qu'il y a eu des fluctuations plus importantes,notamment dans les Régions Nord et Nord-est, qui peuvent être attribuées, dumoins en partie, à la qualité des données. La courbe de la mortalité généraleau Brésil suit dans ses grandes lignes celle de la Région Sud. La courbe de laRégion Sud-est est inférieure à celle du Brésil et présente les taux les plusfaibles ; cependant, au cours de la dernière décennie, ces taux ont remonté, etcette Région se trouve dans la même situation que les autres. Les courbes dela Région Centre-Ouest, pour quelques années, et des Régions Nord et Nord-est, pour toutes les années, se situent au-dessus de celle du Brésil, ce qui révèleune situation sanitaire plus précaire que celle du Brésil dans son ensemble, et,notamment, de la Région Sud-Est.

D'autre part, si l'on compare les données du Brésil à celles de la zone laplus développée de la Région Sud-Est et même du pays, à savoir l'Etat et laville de Sâo Paulo, on observe, d'après le graphique 4, que le taux de mortalitégénérale est plus élevé pour le Brésil que pour l'Etat de Sâo Paulo, et plusencore que pour la ville de Säo Paulo, ce qui implique donc une situationsanitaire plus précaire.

Etant donné que, pour Sâo Paulo, on dispose de données à partir de1918, on a analysé la tendance de la mortalité générale depuis cette datejusqu'en 1970. On remarque, dans le Tableau 32, que le taux de mortalitégénérale de la ville de Sâo Paulo est passé de 27,4 décès pour 1000 habitantsen 1918 à 9,3 en 1969. Dans l'Etat de Sào Paulo, il était en 1930 (on nedispose de données qu'à partir de cette date) de 16,9 décès pour 1000 habi-tants , et il est tombé à 7,9 en 1970. La mortalité a donc tendance à baisser,aussi bien dans l'Etat que dans la ville de Sâo Paulo, (graphique 4).

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51

Pour 1. 000 habitants3S

1940 1945 1950 I9SS I960

Graphique 3 - Evolution du taux brut de mortalité au Brésil et par régions physiographiques •1941-1970 Capitales d'Etats

Pour

30

20

10

t|1

1.000 habitants

/

^ — -

Etat

ville

1 1 •

1920 1930 1940 1970

Graphique 4 - Evolution du taux brut de mortalité au Brésil et à Säo Paulo, état et ville -1918-1970 Capitales d'Etats

Le taux de mortalité ge'nérale de la ville de Sâo Paulo a pratiquementtoujours été inférieur à celui de l'Etat, sauf à partir de 1963, ce que l'on peutexpliquer par l'augmentation importante de la mortalité infantile qui a étéenregistrée dans cette ville au cours de la dernière décennie, ce dont ondiscutera plus loin.

La baisse de la mortalité générale pour l'ensemble du Brésil pendant ladernière décennie a été plus lente, son taux étant d'environ 10 décès pour1000 habitants.

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TABLEAU 26. - EVOLUTION DU TAUX BRUT DE MORTALITE, DU TAUXDE MORTALITE INFANTILE ET DE LA "MORTALITE PROPORTIONNELLE"

BRESIL (*) : 1941-1970

Année

194119421943194419451946194719481949195019511952195319541955195619571958195919601961196219631964196519661967196819691970

x 100.

Taux brut de mortalité(pour 1 000 habitants)

19,2518,9618,5419,2918,4618,1518,1417,3617,0214,4515,2113,9214,1414,6013,2614,4214,7914,2012,3611,3610,9610,7811,1610,4810,239,879,529,449,18

10,12

(*) Capitales d'Etats.

Taux de mortalité infantile(pour 1 000 enfants

nés vivants

202,33190,21185,25188,55170,20162,71142,90145,42149,59136,64151,48137,19139,99124,88144,05142,59131,33139,95118,65105,23102,6494,61

109,42102,41101,0798,03

105,8889,6291,21

108,68

(**) Nombre de décès d'enfants de moins d'un an :

Sources : DEE - Département de Statistique de l'Etat, SabIBGE - Annuaires statistiques, 1950/1952.

"Mortalité proportion-nelle" (**)

27,8024,1223,5623,7122,9823,7724,5425,5026,6726,6728,9228,3630,5531,9932,1131,7731,5032,7030,2629,2029,3626,5931,0430,6430,4120,1828,8024,6726,4432,32

nombre total de décès

Paulo.

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53

TABLEAU 27. - EVOLUTION DU TAUX BRUT DE MORTALITE, DU TAUX DEMORTALITE INFANTILE ET DE LA "MORTALITE PROPORTIONNELLE"

NORD DU BRESIL (*) : 1941-1970

Année

194119421943194419451946194719481949195019511952195319541955195619571958195919601961196219631964196519661967196819691970

(

(x 100.

Sources

Taux brut de mortalité(pour 1 000 habitants)

22,4523,2422,6723,7421,0519,2118,1817,0618,5314,5915,6614,4315,4017,8815,7714,9614,1613,9212,0211,7311,8610,8510,6210,849,248,147,467,827,877,81

•) Capitales d'Etats.

Taux de mortalité infantile(pour 1000 enfants

nés vivants)

213,93

Mortalité proportion-nelle (**)

18,57213,98 19,10177,21 20,14183,72 21,09143,13 20,95139,37 21,57123,00 24,36113,54 24,80165,18 25,56171,60 26,81151,11 29,46136,52 28,22132,43 31,19126,34 28,48173,34 30,22153,41 30,96109,69 30,75136,16 32,98132,11 30,71122,04 29,15127,03 31,84110,37 30,13132,47 30,50137,84 30,02134,32 28,16100,90 28,7168,30 24,9692,19 27,3155,57 25,7567,05 27.73

**) Nombre de décès d'enfants de moins d'un an : nombre total de décès

: DEE - Département de Statistique de l'Etat, Sao Paulo.IBGE - Anuarios Estatisticos, 1950/1972.

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TABLEAU 28. - EVOLUTION DU TAUX BRUT DE MORTALITE, DU TAUX DEMORTALITE INFANTILE ET DE LA "MORTALITE PROPORTIONNELLE"

NORD-EST DU BRESIL (*) : 1941-1970

Année

194119421943194419451946194719481949195019511952195319541955195619571958195919601961196219631964196519661967196819691970

(

(x 100.

Sources

Taux brut de mortalité(pour 1 000 habitants)

26,5327,0228,0326,4227,0027,5431,3924,6526,1421,8825,3221,5721,8722,1920,8621,9123,1222,5117,8015,9115,3814,7414,1113,4412,9012,3911,8611,8211,3011,41

*) Capitales d'Etats.

Taux de mortalité infantile(pour 1 OOOenfants

nés vivants)

264,19301,24

Mortalité proportion-nelle (**)

42,2831,46

322,41 30,21346,54 31,46326,57 32,58356,23 33,52255,12 35,17257,85 35,64264,44 37,15206,85 36,38270,30 40,49260,73 39,58260,33 41,14262,99 42,15266,99 44,21249,31 42,22220,96 43,44282,96 44,99193,83 42,55183,59 43,46174,60 42,13176,83 39,61162,26 38,14154,90 36,19142,05 36,29148,53 33,96146,26 34,48167,51 33,64155,22 36,28149,27 36,37

•*) Nombre de décès d'enfants de moins d'un an : nombre total de décès

: DEE - Département de Statistique de l'Etat, Sao Paulo.IBGE - Anuarios Estatîsticos, 1950/1972.

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TABLEAU 29. - EVOLUTION DU TAUX BRUT DE MORTALITE, DU TAUX DEMORTALITE INFANTILE ET DE LA "MORTALITE PROPORTIONNELLE"

CENTRE-OUEST DU BRESIL (*) : 1941-1970

Année

194119421943194419451946194719481949195019511952195319541955195619571958195919601961196219631964196519661967196819691970

(

(x 100.

Sources

Taux brut de mortalité(pour 1 000 habitants)

27,9729,8021,3022,0522,2224,8624,2126,4022,3615,3619,9120,8320,5120,9322,3423,0323,2924,7011,0911,579,99

10,0610,878,44

10,177,837,636,838,237,94

*) Capitales d'Etats.

Taux de. mortalité infantile

(pour 1 000 enfants nésvivants)

279,86340,95

Mortalité proportion-nelle (**)

30,8430,52

154,53 23,25118,90 20,88116,88 21,2096,37 21,3493,65 21,47

130,21 18,43155,09 29,31126,77 25,13133,79 29,08124,05 26,34113,45 26,35131,30 34,43157,39 31,93118,55 29,51161,21 31,37119,02 31,9295,55 31,28

104,11 26,7578,50 28,4385,50 33,83

107,76 35,6092,51 40,4889,00 32,9770,57 33,0770,61 33,1262,01 35,4091,85 41,3572,04 42,19

**) Nombre de décès d'enfants de moins d'un an : nombre total de décès

: DEE - Département de Statistique de l'Etat, Sao Paulo.IBGE - Anuarios Estatísticos, 1950/1970.

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56

TABLEAU 30. - EVOLUTION DU TAUX BRUT DE MORTALITE, DU TAUX DEMORTALITE INFANTILE ET DE LA "MORTALITE PROPORTIONNELLE"

SUD-EST DU BRESIL (*) : 1941-1970

Armee

194119421943194419451946194719481949195019511952195319541955195619571958195919601961196219631964196519661967196819691970

(

Taux brut de mortalité(pour 1 000 habitants)

16,65

Taux de mortalité infantile

15,8015,2416,4015,3114,7214,1514,5513,7311,9812,1011,1911,3711,6810,7111,7711,8011,1210,319,699,579,569,668,958.838,888,649,078,74

10,67

*) Capitales d'Etats.

(**) Nombre de décès d'enfantsx 100.

Sources

(pour 1 000 enfantsnés vivants)

159,93

Mortalité proportion-

140,69135,37139,84115,33105,4897,45

102,61102,0499,86

100,9589,3695,2479,6397,74

100,7289,0484,7579,9767,6668,1360,0077,1772,4575,4278,4081,6369,6374,9794,66

nelle (**)

21,1120,4920,0420,1317,7218,3718,4919,7820,7421,4021,8921,7424,7326,2325,8425,7323,9124,6323,0621,3721,7518,7125,7225,4325,8024,1524,3820,0521,6728,30

de moins d'un an : nombre total de décès

: DEE - Département de Statistique de l'Etat, Sâb Paulo.IBGE - Anuarios Esta ris ticos, 1950/1970.

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57

TABLEAU 31. - EVOLUTION DU TAUX BRUT DE MORTALITE, DU TAUX DEMORTALITE INFANTILE ET DE LA "MORTALITE PROPORTIONNELLE"

SUD DU BRESIL (*) : 1941-1970

Année

194119421943194419451946194719481949195019511952195319541955195619571958195919601961196219631964196519661967196819691970

(

(x 100.

Sources

Taux brut de mortalité(pour 1 000 habitants)

19,8118,90

Taux de mortalité infantile(pour 1 000 enfants

nés vivants)

203,39191,60

16,83 166,8818,82 135,2117,74 142,4518,84 119,4918,62 110,1618,44 126,1617,66 118,0214,02 130,6414,36 134,9114,29 124,7113,29 108,9313,71 114,3412,29 114,8214,70 122,5715,45 128,8514,20 139,6312,92 132,4511,34 107,7210,84 104,8010,27 96,8310,60 101,2010,15 79,5910,10 90,969,61 53,899,48 58,128,20 68,188,02 63,338,10 64,59

*) Capitales d'Etats.

Mortalité proportion-nelle (**)

23,5523,1122,2519,5420,2719,9119,2023,6922,1822.2325,3824,7124,7125,5725,3428,9929.3728,0625,1025,8829,4424,2526,5626,8627,5422,6728,5421,5020,4922,28

**) Nombre de décès d'enfants de moins d'un an : nombre total de décès

: DEE - Département de Statistique de l'Etat, Sao Paulo.IBGE - Anuarios Estatístkos, 1950/1970.

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TABLEAU 32. - EVOLUTION DU TAUX BRUT DE MORTALITE.DU TAUXDE MORTALITE INFANTILE ET DE LA "MORTALITE PROPORTIONNELLE"

ETAT ET VILLE DE SÄO PAULO. 1918-1970

Années

1918191919201921192219231924192519261927192819291930193119321933193419351936193719381939194019411942194319441945194619471948194919501951195219531954195519561957

Etat

Mortalitégénérale

(pour 1000habitants)

. • •

. . .

. . .

. . .

. . .

. . .

. . .

. • -

. . .

. . .

. . .

16,916,615,717,916,817,118,616,816,716,919,217,815,615,416,515,012,912,613,212,512,812,811,611,210,510.710,410,2

Mortalitéinfantile

(pour 1 000enfants

nés vivant*)

. . .

. . .187,6174,8165,6175,9168,2162,6168,3171,9166,9167,9168,3163,8184,0177,7174,9188,5171,5166,5170,8187,5182,4149,1147,7155,0138,5115,8112,1123,6119,1122,4119,7114,0111,2102,2107,4103,896,4

Mortalitépropor-

tionnelle(*)

• * •

32,032,632,532,333,233,734,333,934,033,733,331,531.732,932,633,032,133,232,931,930,630,631.130,528,329,229,231,131,432,031,733,333,233,234,032,932,2

Ville

Mortalitégénérale

(pour 1 000habitants)

27,4 •17,918,418,818,418,919,419,519,118,418,417,615,615,013,514,812,914,015,427,417,918,418,818,418,919.419,519,118,418,417,615.615,013,514,812,914,015,413,714,1 •

Mortalitéinfantile

(pour 1 000enfants

nés vivants)

222,7180,4176,3176,4179,3163,7168,0176,4174,3166,8160,2156,3152,6160,5140,8169,2141,3141,8157,8222,7108,4176,3176,4179,3163,7168,0176,0174,3166,8160,2156,3152,6160,5140,8169,2141,3147,8157,8134,4138,2

Mortalitépropor-

tionnelle(*)

26,830,632,931,834,031,029,630,732,232,830,530,831,230,427,728,428,028,127,426,830,632,931,834,031,029,630,732,232,830,530,831,230,427,728,428,028,127.424,925,2

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59

1958195919601961196219631964196519661967196819691970

9,79,59,19,19,09,18,08,18,11$7,87,97,9

95,188,482,583,281,082,371,873,976,878,972,484,181,4

32,730,929,229,028,229,127,828,626,826,225,227,327,0

(*) Nombre de décès d'enfants de moins d'un annombre total de décès x 100.

Sources : DEE -EBGE

Département de

9,79,38,38.18,79,08.78,68,88,78.19.3

Statistique de l'Etat, Sao- Anuarios Estatisticos, 1950-1972.

69,265,862,960,264,469,967,769,473,874,475,183,8

Paulo.

25,824,524,023,223,725,124,925,424,223,822,924,9

Si l'on compare ce taux à celui d'autres pays (21) tels que les Etats-Unis(9,4/1000 habitants en 1970), le Canada (7,3/1000 habitants en 1969),l'URSS (8,2/1000 habitants en 1970), le Japon (6,9/1000 habitants en 1969)et le Chili (9/1000 habitants en 1969), il peut paraître élevé, surtout parceque notre population est relativement jeune, 41,79% de ses habitants ayantmoins de 14 ans (22), ce qui montre donc que l'état sanitaire de la populationbrésilienne est encore précaire.

Puisque les données qui ont été analysées concernent les Capitales desEtats où la situation apparaît comme peu satisfaisante, on en déduit que l'étatsanitaire du Brésil dans son ensemble est bien pire, étant donné que lesressources sont concentrées dans les grandes villes.

Evolution de la mortalité infantile

Bien que le taux de mortalité infantile soit l'un des meilleurs indicateurs,non seulement de l'état sanitaire, mais aussi du développement social etéconomique, son importance pour notre étude sera plus limitée, car, suivant larégion considérée, l'absence de déclaration de décès et de naissances est encoreassez répandue. Cependant, l'analyse de ce taux de mortalité, avec lesrestrictions qui s'imposent, sera significative, notamment si l'on veut définir satendance.

La mortalité infantile au Brésil, à partir des données fournies par lesCapitales des Etats, telle qu'elle apparaît dans le Tableau 26, varie de 202,33pour 1000 enfants nés vivants en 1941 à 108,68 en 1970. De 1941 à 1970, la

1971.(21) "Demographic Yearbook, 1970". Population Trends, 22 issue. New-York,

(22) Yunes J. - "The population of Brazil". Revista Saude Pública, 6 : 393-404,1972.

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mortalité infantile par Région physiographique a varié, comme le montrent lesTableaux 27 à 31, de 213,93 à 67,05 pour 1000 enfants nés vivants dans laRégion Nord ; de 264,19 à 149,27/1000 enfants nés vivants dans la RégionNord-Est ; de 279,86 à 72,04/1000 enfants nés vivants dans la RégionCentre-Ouest; de 159,93 à 94,66/1000 enfants nés vivants dans la RégionSud-Est et de 203,39 à 64,59/1000 enfants nés vivants dans la Région Sud.

Pour 1.000 nés vivants400

1950 I960 1965

Graphique 5 - Evolution de la mortalité infantile au Brésil et par régions physiographiques •1941-1970 Capitales d'Etats

300

200

100

n

r 1

1w.

000 nés

• > \ ^

vivants

y *•

BRES L

/ Etat

/ 1 viUe

1 ^ f

1920 I960

Graphique 6 — Evolution de la mortalité infantile au Brésil et à Sâo Paulo - Etat et ville1918-1970 Capitales d'Etats

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Si l'on compare la mortalité infantile au Brésil à celle des Régions qui lecomposent, on observe, d'après le graphique 5, qu'elle a tendance à diminuer.Au-dessus de la courbe du Brésil, on trouve la courbe du Nord-Est avec deschiffres assez élevés. Au-dessous, se situent la courbe de la Région Sud-Estavec des chiffres inférieurs pour toutes les années, et celle de la Région Sudqui ne dépasse les chiffres moyens du Brésil que pour certaines années. Quantaux autres Régions, leurs courbes suivent de façon générale celle du Brésil. Onremarque cependant que, au cours de la dernière décennie, les chiffrescorrespondant au Brésil dans son ensemble et à la Région Nord-Est, parexemple, restent élevés de façon plus ou moins constante, et que, pour cesdernières années, le taux a tendance à augmenter étrangement pour la Régionconsidérée comme la plus développée (Sud-Est), ce qui indique une dégrada-tion de la situation sanitaire.

Le Brésil contrastant avec les zones les plus développées du Pays, l'Etatet la ville de Sâo Paulo, on voit d'après le graphique 6 que la courbe du Brésilse situe pour toutes les années au-dessus de celles de l'Etat et de la ville deSâo Paulo, ce qui révèle un état sanitaire moins satisfaisant.

Avec les données dont on dispose pour Sâo Paulo et qui figurent dans leTableau 32, on observe que le taux de mortalité infantile est passé de 22,7pour 1000 enfants nés vivants en 1918 à 83,8 en 1969 pour la ville de SaoPaulo, et de 187,6 pour 1000 enfants nés vivants en 1921 à 81,4 en 1970dans l'Etat du même nom.

Le graphique 6 est assez révélateur, car il montre que, pour la Région laplus développée du pays, la mortalité infantile commence à augmenter dans laville de Sao Paulo en 1961, et dans l'Etat en 1964, ce qui indique donc unedégradation de la situation sanitaire.

Au cours de la dernière décennie, la mortalité infantile, d'après lesdonnées relatives aux Capitales des Etats, est encore élevée, avec un tauxapproximatif de 105 décès pour 1000 enfants nés vivants, ce qui permet doncde supposer que son taux doit être bien supérieur pour l'ensemble du Brésil.Si on le compare à celui d'autres pays, la différence est sensible ; c'est ainsique les taux concernant les pays les plus développés (23) sont les suivants :

URSS - 24,4/1000 enfants nés vivants (1970)E.U. . - 19,8/1000 enfants nés vivants (1970)Canada - 19,3/1000 enfants nés vivants (1969)Japon - 15,3/1000 enfants nés vivants (1969).

Il est également intéressant de le comparer à celui du Chili qui est unpays d'Amérique latine dont les statistiques de l'état civil sont satisfaisantes, etoù le taux de mortalité infantile était de 91,6/1000 enfants nés vivants en1968.

(23) Demographic Yearbook, op. cit.

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Evolution de la mortalité proportionnelle

Comme il a été dit précédemment, même si le taux de mortalitéinfantile est l'un des indicateurs auxquels on a le plus recours pour évaluerl'état sanitaire de la population et mesurer le degré de développement social etéconomique, son utilisation, en ce qui nous concerne, est très limitée, carl'absence de déclaration, principalement des naissances, est encore assezfréquente dans certaines régions du Brésil. Pour supprimer cet inconvénient,nous utiliserons le taux de mortalité proportionnelle, que l'on calcule seule-ment à partir du nombre de décès que l'on omet moins souvent de déclarer.

1940 1955 I960 1970

Graphique 7 — Evolution de la mortalité proportionnelle au Brésil et par régionsphysiographiques - 1941-1970 Capitales d'Etats

1920 1950 I960 1970

Graphique 8 - Evolution de la mortalité proportionnelle au Brésil et à Sâo Paulo -Etat et ville - 1918-1970 Capitales d'Etats

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63

Si l'on évalue la mortalité proportionnelle (pourcentage de décès d'en-fants de moins d'un an) pour le Brésil, on observe, d'après le Tableau 26, quece taux est passé de 27,80 % en 1941 à 32,32 % en 1970.

En analysant ces chiffres année par année, comme le montre legraphique 7, on remarque qu'ils ont tendance à augmenter, ce qui révèle unedégradation de la situation sanitaire et/ou une amélioration de l'enregistrementdes données.

Pendant la même période (1941-1970), la mortalité proportionnelle parRégions physiographiques (Tableaux 27 à 31) est passée de 18,57 % à 27,73 %pour la Région Nord, de 42,28% à 36,37% pour la Région Nord-Est, de30,84 % à 42,19 % pour la Région Centre-Ouest, de 21,11 à 28,30 % pour laRégion Sud-Est, et de 23,55 % à 22,28 % pour la Région Sud.

Si l'on compare la mortalité proportionnelle du Brésil à celle desRégions physiographiques qui le composent, d'après le graphique 7, on remar-que que les chiffres relatifs au Nord-Est sont, pour toutes les années, biensupérieurs à ceux du Brésil, et qu'il en est de même pour la RégionCentre-Ouest à partir de 1962. Quant aux centres Régions, leurs taux sontinférieurs à ceux du Brésil pour presque toutes les années, ceux de la RégionSud-Est étant les plus faibles.

Au cours de la dernière décennie, on observe une augmentation de cetaux, surtout dans les Régions Sud-Est et Centre-Ouest. Ce fait renforcel'hypothèse selon laquelle l'état sanitaire de la population a empiré, étantdonné que les registres sont considérés comme étant plus exacts dans ceszones que dans d'autres, puisque ce sont des régions plus développées.

En comparant le taux de mortalité proportionnelle de Säo Paulo à celuidu Brésil, on observe que la courbe du Brésil se situe entre celles de la ville etde l'Etat de 1941 à 1962, et, qu'à partir de cette date, elle enregistre desvariations. Le taux de mortalité proportionnelle du Brésil étant inférieur àcelui de l'Etat de Säo Paulo pendant la période considérée, on peut penser quel'absence de déclaration de décès, dont nous avons déjà parlé, a joué un rôle.

Si l'on étudie l'évolution de ce taux pour Säo Paulo, on constate,d'après le Tableau 32, que la mortalité proportionnelle est passée de 26,8 % en1918 à 24,9% en 1969 pour la ville de Säo Paulo, et de 32,% en 1921 à27% en 1970 pour l'Etat. D'après le graphique 8, pour les 52 dernièresannées, on observe donc que la proportion de décès d'enfants de moins d'unan par rapport au nombre total de décès a varié et tend légèrement àdiminuer.

Facteurs qui ont contribué à créer la situation actuelle

L'importance de ces facteurs sera évaluée par rapport au rôle desindicateurs de l'état sanitaire auxquels nous nous sommes référés dans notre

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étude, notamment au cours des dix dernières années pour lesquelles on disposed'un plus grand nombre d'informations.

Parmi les facteurs sectoriels les plus déterminants, il faut noter ceux quisont d'ordre économique. On sait qu'au Brésil le PIB a atteint 232 256millions de cruzeiros en 1972, c'est à dire 38 709 millions de dollars, ce quicorrespond à un revenu par habitant de 403 dollars, chiffre qui, tout en ayantaugmenté pendant la dernière décennie, est encore considéré comme insuffi-sant.

Quant à la répartition des revenus, elle s'est modifiée entre 1960 et1970, et nous l'analyserons au Chapitre 3.

Pour la ville de Säo Paulo, comme nous l'avons dit précédemment, lesdonnées statistiques relatives à l'état sanitaire de la population sont plus dignesde foi, et l'on y a observé une augmentation de la mortalité infantile à partirde 1961. Dans une étude intéressante, Leser (24) montre que le pouvoird'achat de la population est un facteur important dont on doit tenir comptelorsqu'on analyse l'augmentation de la mortalité infantile, et il en conclut que,de 1960 à 1970, le salaire minimum réel a fortement diminué, comme lemontre le graphique 9. D'après cet auteur, "il est compréhensible que ladiminution du pouvoir d'achat, surtout dans les classes les plus défavorisées,nuise au régime alimentaire de la population sous l'aspect quantitatif, maissurtout qualitatif. D'autre part, il est prouvé que la dénutrition, tout enpouvant provoquer directement la mort, prédispose aux maladies infectieuseset les aggrave, ce qui augmente de façon importante les taux de morbidité etd'issue fatale".

Parmi les autres facteurs extra-sectoriels qui jouent un rôle sur l'étatsanitaire du Brésil, nous pouvons citer : "L'analphabétisme, de l'ordre de32 %, et la sous-alimentation (disponibilité moyenne de calories par jour :2 690, et de protéines : 66,3 g. par jour)".

On remarque aussi que le Brésil manque des installations essentielles àl'assainissement, car, sur les 3 950 communes qui existaient en 1969, 43,3 %n'avaient pas de canalisations d'eau et 59,3 % étaient dépourvues d'égouts.Bien que ce soit surtout les zones rurales qui aient à souffrir de cetteinsuffisance, la situation est encore assez précaire en zone urbaine, puisque45 % des logements ne sont pas desservis par le réseau de distribution d'eau etque 70,2 % n'ont pas d'installations sanitaires rattachées au réseaud'égouts (25).

(24) Leser, W. — "Relacionamento de certas características populacionais com amortalidade infantil no Municipio de Sâo Paulo de 1950 a 1970". Problemas brasileiros(Revista mensal de Cultura) année X (109), sept. 1972 : 17-30.

(25) Brésil, Ministère de la santé - Diretrizes gérais para a política de saûdematerno-infantil - (Documento preliminar) Guanabara, 1973, p. 1-20.

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65Salaire minimum réel^indice)

Taux de mortalité(pour 1.000 tie's vivants)

I I I ! I I I I I I I I I I I I I-55

1952 54 Si 58 I960 62 64 66 68 1970

Source : Relacionamento de certas características populacionais com a mortalidade infantilno municipio de Sao Paulo de 1950 a 1970. Problemas brasileiros -10-30 Sept.1972.

Graphique 9 — Mortalité infantile (taux pour 1000 enfants nés vivants) et salaire minimum réel.Ville de Sâo Paulo

"En plus des facteurs qui ont été indiqués, on peut encore citer le manqued'intégration du secteur de la Santé à la politique nationale de développementéconomique et sociale" (26).

LES MIGRATIONS INTERNATIONALES ET LA POPULATIONBRESILIENNE DE 1872 A 1972

Introduction. L'arrivée au Brésil de contingents d'immigrants étrangers d'ori-gine européenne et asiatique a atteint son plus haut niveau au

cours des deux dernières décennies du 19e siècle, puis a diminué de façonirrégulière, pour ne plus représenter qu'un phénomène presque insignifiant àpartir de 1964. Cependant, dans ce qui était alors les Provinces do EspiritoSanto et de Rio de Janeiro, en 1812 et 1819 respectivement, il y eut déjà destentatives pour mettre ces régions en valeur grâce à l'immigration. C'est verscelles-ci qu'on dirigea les premiers groupes d'étrangers, Suisses, Allemands etAutrichiens (27).

A l'époque impériale, on décide d'appliquer une politique d'immigrationqui tend à recruter de la main-d'œuvre pour la culture du café, ce quiaugmente considérablement le nombre d'immigrants dans ces régions.

(26) Brésil, Ministère de la Santé, op. cit.

(27) Selon Nogueira, O. - O desenvolvimento de Sao Paulo : imigraçao estran-geira e nacional e índices demográficos, sanitarios e educacionais. Sâo Paulo, Commissioninter-Etats du Bassin Paraná-Uruguay, 1964, chap. I.

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66

De 1872 à 1972, 5 350 889 immigrants au.moins entrèrent au Brésil,(28) parmi lesquels 31,06 étaient portugais, 30,32 % italiens, 13,38 % espagnols,4,63 % japonais, 4,18 % allemands, et 16,42 % avaient d'autres nationalités quine sont pas spécifiées (d'après le graphique 10).

1672 80 90 1900 10 20 30 40 SO 6 0 I 9 7 0

120.000

80.000

20.000

i i i i i i rEntrées annuelles d'étrangers

au Brésil (1872-1972) -

+++ PORTUGAIS

ITALIENS

ESPAGNOLS

ALLEMANDS

JAPONAIS

AUTRES

Entrées annuelles d'étrangers au Brésil

suivant les principales nationalités

1872 1930 1950 1970 72

Graphique 10 - Entrées annuelles d'étrangers au Brésil (1872-1972)

Estimations concernant la contribution Le Tableau 33 montre, pour chaquede l'immigration étrangère recensement, le nombre total dliabi-

à la croissance démographique. tants résidant dans le pays, la frac-tion qui représente les résidants

étrangers et le nombre absolu d'immigrants qui sont entrés dans le payspendant la période qui sépare deux recensements. On remarque que la

(28) Selon- diverses sources : Boletim commemorativo da exposicäo nacional de1908, Rio de Janeiro, Typographia de Estatistica, 1912 ; Anuarios estatísticos brasileirosde différentes dates, et données de la Division nationale de l'Immigration, Départementnational de la Main-d'oeuvre, Ministère du Travail et de la Prévoyance sociale, jusqu'au31 août 1972.

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TABLEAU 33. - EVOLUTION DE LA POPULATION TOTALE ET DE LAPOPULATION ETRANGERE AU BRESIL DE 1872 A 1970

Dates duRecensement

18721890190019201940195019601970

Populationtotale

10.112.06114.333.91517.438.43430.635.60541.169.32151.783.74470.992.34393.341.556

Population étrangère

chiffreabsolu

388.459351.545

1.074.5111.565.9611.406.3421.213.974

% de lapopulation

totale

3,842,456,165,113,422,34

Entrée d'étrangersdans les périodesinter censitaires

668.7581.163.8201.453.4781.154.119

122.608585.575180.778

Source : Données des recensements pour l'ensemble des populations.

Pour les entrées d'étrangers dans le pays :

(1) de 1872 à 1883, les données proviennent du tableau :Movimento immigratorio no Brasil de 1820 á 1907, p. 82 a 85 du Boletim

Commemorativo da Exposiçao nacional de 1908, Typographia de Estatistica, Rio, 1912.Ces données viennent de diverses sources, comme il est indiqué dans le tableau enquestion.

(2) de 1884 à 1953, on a utilisé les données du tableau :Imigrantes entrados no pais, segundo as principáis nacionalidades - 1884/1933 ;

p. 49 de Y Anuario Estatistico do Brasil de 1954.

(3) Les données de 1954 à 1967 proviennent de divers annuaires statistiquesdu Brésil dans les tableaux : Migrantes entrados no pais por nacionalidade.

(4) Les données de 1968 au 31 août 1972 ont été copiées directement à la Divi-sion nationale de Migration, Département national de la Main d'oeuvre, du Ministèredu Travail et de la Prévoyance sociale, au 1e r semestre de 1973.

Note : A la date des recensements on n'a compté que la moitié des entrées de l'annéeconcernée.

TABLEAU 34. - INDICE DE FIXATION DES IMMIGRANTS,PAR PERIODES INTERCENSITAIRES

Périodes

1872-18901890-19001900-19201920 -19401940-19501950 -1970

Indice de fixationpar période

0,260,820,78

- 0 , 1 1- 1.34

0,04

Note : Ce tableau correspond au

Indice de fixationaccumulé

0,260,610.690,480,430,37

tableau D de l'ouvragedéfinition de l'indice, voir l'annexe III de cet ouvrage page 89.

Indice annuelde fixation

0,010,080,04

- 0 , 0 1- 0 , 1 3

0,002

original Pour une

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68

proportion d'étrangers par rapport à la population totale atteint un maximumen 1900 (6,16%), et, en chiffres absolus, la période où les entrées sont lesplus nombreuses s'étend de 1890 à 1900 (1 163 820 entrées d'étrangers).

Si nous tentons d'évaluer la contribution de l'immigration à la croissancedémographique du Brésil, nous nous heurtons à deux sortes de problèmes :tout d'abord, le manque de données relatives à la migration de retour, et, ensecond lieu, l'absence d'information sur la structure par âge de ces popula-tions (29), dans les recensements de 1872, 1890 et 1900, période qui coïncideavec le grand courant d'immigration au Brésil. Malgré ces limitations, certainsspécialistes ont tenté d'évaluer l'importance de la participation de la popula-tion étrangère à la croissance démographique du Brésil.

Mortara (30), en utilisant les tables de mortalité de Bulhôes de Carvalhoadaptées aux capitales, évalue la structure par âge de la population autochtonepour les recensements de 1872, 1890 et 1900, puis il calcule la populationétrangère par âge. En se fondant sur l'ajustement d'un polynôme de troisièmedegré, il évalue le nombre des décès et les taux de mortalité pour les deuxpopulations pour la période de 1870 à 1920(31). 11 obtient aisni le chiffreexprimant l'accroissement total de la population pendant cette période (39,4millions), puis calcule l'accroissement naturel qui représente 92%, et labalance migratoire qui représente 8 %. Dans un autre article, Mortara (32)évalue la contribution de l'immigration internationale à la croissance démo-graphique pour la période 1890-1940 en rectifiant les données de cesrecensements et en utilisant les chiffres relatifs à l'immigration qu'il considère

(29) En ce qui concerne la migration de retour, il n'existe que des informationséparses, des données partielles fournies par des établissements d'assistance, ou desrenseignements d'ordre qualitatif recueillis dans des récits d'immigrants ou dans desétudes sociologiques, anthropologiques et historiques, et provenant généralement desimmigrants eux-mêmes et de leurs descendants, et parfois de données historiques. Lesinformations d'ordre quantitatif sont fournies d'ordinaire par les registres d'entrées et desorties des ports de mer ; toutefois, l'établissement de ses registres a commencé à desdates différentes dans les divers ports du Brésil, et il n'est pas rare de trouver un décalageentre le moment où on a commencé à dresser les registres pour les entrées et pour lessorties. Le mouvement de la population qui avait lieu par l'intérieur des terres n'a jamaisété enregistré dans ces données, sauf dans le cas d'immigrants qui arrivaient à Sâo Paulopar la E.F. centrale du Brésil (chemin de fer central), venant directement du port dedébarquement, bien que certains de ces mouvements aient pu être relevés grâce auxrecensements.

(30) Mortara, G. — "Estudos sobre a utilizaçSo do censo demográfico para areconstruçâo das estatísticas do movimento da populacho no Brasil". Revista brasileira deestatistica, 2(5), Janv. mars 1941 : 39-89.

(31) Mortara, G., op. cit., p. 267-276.

(32) Mortara, G. - "O crescimento da populacho do Brasil entre 1872 et 1940",Estudos brasüeiros de demografía, I (mon.3) : 81-100. Rio de Janeiro, Fondation GetulioVargas, 1947.

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surestimés. Il calcule alors que, pour une augmentation de 26 919 029habitants au cours de cette période, 10,04 % correspondent à la balancemigratoire, 5,26 % à la croissance naturelle due à l'immigration, et les 84,70 %restants à l'accroissement naturel indépendant de l'immigration.

A partir des estimations du nombre de décès d'étrangers et des taux demortalité faites par Mortara (33), et afín d'étudier de façon plus approfondieun aspect qu'il est difficile d'évaluer, à savoir la proportion d'immigrants quiretournent dans leur pays d'origine, nous avons calculé les taux de fixation dela population étrangère pour les différentes périodes intercensitaires. Ilsfigurent dans le Tableau 34 (34).

Ce taux, qui établit un rapport entre le nombre d'étrangers entrés auBrésil chaque année depuis 1872 et la population étrangère qui est dénombréeà chaque recensement, tient compte de la mortalité survenue dans les périodesintercensitaires. On observe que, pour les périodes correspondant au grandcourant d'immigration, c'est-à-dire les 2°, 3° et 4°, le taux de fixation le plusélevé concerne la période de 1890 à 1900, puisqu'il est deux fois supérieur àcelui de la période suivante. De fait, des données concordantes montrent quele début du siècle est une époque où les immigrants rentrent en grand nombredans leurs pays (35). La période où le taux de fixation est moindre necorrespond pas à celles où le courant d'immigration est le plus important, etelle s'étend de 1940 à 1950. Ceci est dû en partie au petit nombred'immigrants qui sont entrés au Brésil à cette époque, en comparaison desdéparts continuels de ceux qui étaient arrivés antérieurement (36). De 1950 à1970, il semble que les entrées et les sorties tendent à s'équilibrer.

(33) Pour la période de 1920-1940, on a utilisé le taux de 24,8% d'aprèsMortara, G. - 1947, op. cit.; pour 1950, ce taux est de 20,60%, également d'aprèsMoitara, G. — "A mortalidade da populaçâo natural do Brasil (ensaio de determinaçaopela compaïaçâo entre os céneos de 40 e 50)", Revista brasüeira estatistica, 15(56),oct./déc. 1953 : 313-23. Pour la période de 1950-70, le taux est de 11,32%, et nousl'avons calculé à partir des taux de 50-60 et 60-70 (13,4% et 9,43% respectivement),publiés d'après "Dados preliminares do censo de 1970", IBGE, in O Estado de Sao Paulo,2.9.1971.

(34) Ce taux a été déñni dans l'étude "O papel das migiaçôcs internacionais einternas como fator de redistribuçâo da populacho brasileira - Partes I e III", présentée àla XXV Réunion annuelle de la Société brésilienne pour le Progrès de la Science (SBPC)par Levy, M.S., Ratarra, N.L. & Lopes, J.R.B., Guanabara, juil. 1973.

(35) Ce retour a été particulièrement important pendant la crise du café, auxenvirons de 1900. Voir entre autres : Simonsen, R., Nogueira, A., Camargo, J.F., Willems,E. dans Levy, Patarra & Lopes, op. cit.

(36) Selon la publication : International Migration 1945-1957, Bureau inter-national du Travail, Genève 1959, pour la période de 1945 à 1957, on a évalué que 400 à420 000 émigrés sont rentrés dans leurs pays, en se fondant sur les données desmigrations des pays européens d'origine.

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11 est enfin un dernier aspect intéressant, lorsqu'on étudie le rôle qu'ontjoué les migrations internationales dans l'accroissement de la populationbrésilienne, ce sont les conséquences d'une fécondité qui diffère suivantl'origine des immigrants. De nouveau, Mortara, comparant les taux de natalitéet de fécondité des femmes des pays d'émigration et des pays d'immigrationaux environs de 1900, en utilisant des "types de fécondité, arrive à laconclusion que l'effet de l'immigration sur les taux de natalité, par suite desmodifications qui se sont produites dans la composition de la population parâge et par sexe, est insignifiante. Il fait toutefois ressortir que cet effet dépenddes "types" de fécondité des pays d'origine (37). En se fondant sur lerecensement de 1940(38), il conclut que, parmi les étrangères, ce sont lesfemmes d'origine italienne qui ont la fécondité la plus élevée et les allemandesla plus faible.

De ce que nous avons exposé, nous pouvons retenir que :

1. D'une façon générale, la contribution de l'immigration étrangère à lacroissance de la population a varié suivant les périodes et les nationalités. Al'époque de plus forte immigration (1890 à 1920), on a évalué qu'elleatteignait 11 % de la croissance démographique, en considérant pour ce calculque la mortalité des étrangers, au début, était inférieure à celle des autoch-tones. A cette époque, étant donné le chiffre de la population brésilienne,l'importance relative de l'immigration pour la croissance démographique étaitsupérieure à ce qu'elle a été à d'autres périodes, pendant lesquelles un nombrenon négligeable d'immigrants arriva au Brésil.

2. Compte tenu de ce que l'on peut affirmer au sujet du retour dansleurs pays des étrangers qui étaient venus ici, il se trouve que c'est de 1890 à1900 - période la plus proche du début des grands courants d'immigration —que les immigrants quittèrent le Brésil en moins grand nombre. A partir de là,les retours ont eu tendance à augmenter progressivement.

3. Bien que les modifications dues à l'immigration qui sont intervenuesdans la composition par âge et par sexe de la population n'aient pas eud'influence notable sur le taux de natalité, elles ont eu une incidence sensiblesur le taux de mortalité et ont contribué à le réduire. Par suite, elles ontaugmenté le taux de croissance démographique (39), En termes quantitatifs,l'effet direct qu'a eu l'immigration sur la croissance totale de la population, de1890 à 1940, a été évalué à 10,04%, et l'effet indirect à 5,26%. L'immi-gration doit avoir exercé une influence indirecte sur l'accroissement de la

(37) Mortara, G. - "Contribuçâo ao estudo da influencia da imigraçao sobre ataxa de natalidade", Revista Brasileña de Estatistica, 3(12), oct.-déc. 1942 : 575-84.

(38) Mortara, G. - "A prolificidade das mulheres naturais do exterior conforme ocenso demográfico de Ie de setembro de 1940", Revista Brasüeira de Estatistica, 9(35),juil.-sept. 1948 : 475-81.

(39) Mortara, G. - 1947, op. cit.

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population brésilienne par la fécondité des femmes étrangères. La fécondité laplus élevée étant celle des femmes d'origine italienne, et la plus faible celle desallemandes, on peut supposer que cette influence a agi différemment suivantles régions où étaient rassemblés en plus grand nombre les immigrants dechaque nationalité.

AGE ET SEXE

Age. Lorsqu'une nation se développe, dans la mesure où cela représente uneamélioration des modes de vie de la population, ce développement doit

se refléter dans la forme même de la pyramide des âges, car celle-ci permet depercevoir quelle est la tendance démographique dans les régions considérées,où la composition de la population par âge et par sexe est modifiée dans unecertaine mesure par les taux de mortalité et de natalité existants.

Si l'on analyse les pyramides d'âge pour le Brésil, on remarque que, de1872 à 1900 (graphiques 11 et 12), la base de la pyramide est plus large. Ilest possible qu'en 1872 la mortalité infantile ait été extrêmement élevée,notamment chez les esclaves qui représentaient à cette époque environ 15 %de l'ensemble de la population. Cependant, on ne dispose pas de donnéesrelatives à l'âge et au sexe des esclaves pour pouvoir vérifier cette hypothèse.

En 1920 (graphique 13), la base se rétrécit, mais, à partir de cette date,elle reste pratiquement la même, avec quelques légères modifications.

4 2 0 0 2 4Proportion de la population

Graphique 11

10 12 14 16 18

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72

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1900

SEXE MASCULIN

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6 4 2 0 0 2 4 6Proportion de la population

10 12 14 16

4 2 0 0 2Proportion de la population

Graphiques 12, 13 et 14.

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73

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SEXE MASCULIN

Proportion de la population

I I I I 1 II960

SEXE MASCULIN

12 14 16

Graphiques 15, 16 et 17. .

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Comme on le sait, les taux de natalité influent davantage sur la structurepar âge de la population que les taux de mortalité. Cependant, on peutprobablement expliquer l'augmentation importante de la population de 0 à4 ans en 1900 par des lacunes dans la collecte des données, et peut-être aussidans une certaine mesure par l'arrivée de forts contingents d'immigrants en âgede procréer.

Les taux élevés de natalité que l'on a relevés entre 1895 et 1900 sereflètent dans l'allongement du groupe de 20-25 ans de la pyramide de 1920,aussi bien pour le sexe masculin que pour le sexe féminin, qui était cependantdéjà assez diminué par les taux de mortalité.

En ce qui concerne encore l'année 1920, on remarque que la tranched'âge de 5 à 10 ans semble moins importante qu'on aurait pu l'espérer. Ce faits'explique par l'augmentation de la natalité au cours des 5 années immédiate-ment antérieures.

La forme des pyramides montre que le Brésil est encore un pays dont lapopulation est assez jeune, étant donné les taux élevés de natalité.

L'étude de la fécondité brésilienne va montrer que les taux de natalitéaux environs de 1940 sont relativement bas, ce que fait apparaître égalementle graphique 14. Cette baisse est illustrée par le resserrement de la pyramide de1950 (graphique 15) pour les tranches de 5 à 10 ans et de 10 à 15 ans.

L'aspect général des pyramides ne s'est pas modifié sensiblement depuis1920, si ce n'est pour les âges les plus élevés, surtout à partir de 65 ans, pourlesquels on voit les côtés de la pyramide s'éloigner du centre, ce qui permet deconclure que la mortalité a diminué dans ce groupe d'âge par suite d'une lutteplus efficace contre les maladies dégénératives. Ce phénomène apparaît avecencore plus d'ampleur en 1960 et 1970 (graphiques 16 et 17).

L'élargissement du sommet de la pyramide de 1872 ne peut s'expliquerque par l'insuffisance des données, que ce soit dans leur collecte ou dansl'interprétation des résultats du recensement.

Les parties centrales et supérieures des pyramides sont en général plusétroites par suite des taux élevés de mortalité générale et infantile qui étaientfréquents autrefois.

Il faut aussi remarquer que les modifications peu importantes qui sontintervenues dans la structure par âge de la population depuis 1920 montrentque, d'une façon générale, peu de chose a été fait pour diminuer la mortalité,notamment dans le domaine des maladies infectieuses et contagieuses, tandisque les taux de fécondité ne subissaient pas de grands changements jusqu'en1960.

Enfin, il semble y avoir eu une baisse importante des taux de natalité àpartir de 1965, qui apparaît maintenant dans la pyramide de 1970 pour latranche de 0 à 5 ans.

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Sexe. Si l'on examine maintenant les données qui figurent dans le Tableau 35,on constate qu'il existe à partir de 1920 un certain équilibre entre les

deux sexes dans la population. Bien qu'il y ait une légère prédominancemasculine jusqu'à cette date, la tendance se renverse lorsque les femmes enviennent à représenter une part de plus en plus importante de la population.

Les groupes d'âge ont également subi ce renversement de tendance,notamment ceux de 15 à 49 ans. Ainsi, tandis qu'en 1920 on a 24,22%d'hommes et 24,20% de femmes, le recensement de 1970 dénombre près de23,22 % d'hommes et 24,13 % de femmes.

Toutefois, étant donné que l'on n'a pas étudié les différentes années derecensement, mais seulement les années extrêmes 1872 et 1970, on remar-quera que, pendant ces 100 ans, la population masculine qui était supérieurede 6,3 % à la population féminine, devient inférieure à celle-ci de 3,9 %.

En ce qui concerne les tranches d'âge de 0 à 14 ans, l'on sait que, à lanaissance, le nombre des hommes est supérieur de 5 à 6 % à celui des femmes,ce qui explique que le contingent masculin soit plus élevé pour ces âges.

TABLEAU

^ ^ Sexe

Age ^ " " - - ^

0 - 45 - 9

10 - 1415 - 1920 - 2425 - 2930 - 3435 - 3940 - 4445 - 4950 - 5455 - 5960 - 6465 - 6970- 7475- 7980 et +Inconnu

Total général

Source : IBGE -

36 - POPULATION PAR

Masculin

610613531293519 855540172595949493129372 563281 242246 648209 837174 862143 33011318985 0046023444 70295 200

6047

5 123 869

- Recensement de 1872.

AGE ET PAR SEXE - 1/8/1872

Féminin

541919516063523517536 678546119479515335 546251100230 299198114157 624126 590102 65477 98054 31039 41884 2614 902

4 806609

Total

1152 5321047 3561 043 3721076 8501142 068

972 644708 109532 342477 947407 951332 486269 920215 843162984114 54484120

179 46110 949

9 930 478

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77

TABLEAU 37. - POPULATION PAR AGE ET PAR SEXE - 31/12/1900

^ ^ " " " • v ^ ^ Sexe

Age ^ " " " " ^ ^ ^

0- 45 - 9

10-1415-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970-7475-7980 et +Inconnu

Total general

Sources : IBGE - 1

Masculin

16764481 338 3951104429

944153828 091735 979602 416499250415 427332 52625146718146212066775 53246 0562671332 23978 030

9 289 280

Recensement de 1900

Féminin

15609051283 7841 092 545

956199857 923735 742578146458 621374511293 943

'219 572157 596107 13069 05944 26828 33235 41557 029

8910720

Total

3 237 3532 62217921969741 900 352168601414717211180 562

957 871789 938626 469471039339 058227 797144 59190 32455 04567 654

135 059

18 200000

TABLEAU 38. - POPULATION PAR AGE ET PAR SEXE - ler/9/1920

^ ^ - - ^ ^ Sexe

Age ^ ^ - > ^ ^

0- 45- 9

10-1415-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970-7475-7980 et +Inconnu

Total général

Masculin

20811282 088 0431 785 2071 429 8251 323 3481 104 865

909 888748100627 795506108385 804290 390217101149 34388 50044 25048 39834 657

Féminin

204190620187641723 3681523 2611432 0561127132

869 852667 022563566458 748353 930272 254206913145 6569120553 09063 98024 547

Total

4123 0344 106 8073 508 5752 953 0862 755 4042 2319971779 7401415 1221191361

964 856739 734562 644424 014294999179 70597 340

112 37859 204

13 862 750 13 637 250 27 500 000

Sources : IBGE - Recensement de 1920.

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TABLEAU 39. - POPULATION PAR AGE ET PAR SEXE - lel/9/1940

^ * ^ > ^ ^ Sexe

Age ^ ^ ^

0- 45- 9

10-1415-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970-7475-7980 et +Inconnu

Total general

Source : IBGE -

Masculin

3 250 85129235232 687 9722162 8671828 5071 638 847129316411617211 001 610

784900640 060412 090337 03918607012718464 80667 22914 741

20 583190

Féminin

3179 3902 833 6652 648 2312 2849901 970 3691700 2381276 5841150584

943 668740 095603 661384164350 246198 099155 00878149

103 29417 664

20 582 099

Recensement de 1940.

Total

6430 2415 7571975 336 2034 447 8573798 8763 339 0852569 7482 312 3051 945 2781 488 9951243 721

796 254687 285384169282192142 955170523

32405

41165 289

TABLEAU 40. - POPULATION PAR AGE ET PAR SEXE - ler/7/1950

^ " " • " ^ ^ ^ Sexe

Age 'v>v>i^^

0- 45- 9

10-1415-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970-7475-7980 et +Inconnu

Total général

Source : IBGE -

Masculin

4 235 8763 560 85031647042 644 5312 3844602 030 3121 62173915239761 227 5521018 555

810 892549 688473 409255 393164 77382 9828143253 877

25 885 001

Féminin

4135 0043454 6773143 8632 857 7842 606 67921019591 623 3071517 0301161114

958138773 782515 952462 763259 903195 617101798127 27162 755

26059 396

Recensement de 1950.

Total

8 370 8807015 5276 308 5675 502 31549911394132 2713245 04630410062 388 6661976 6931584 6741065 640

936172515 296360 390184 780208 703116632

51944 397

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79

TABLEAU 41. - POPULATION PAR AGE ET PAR SEXE - ler/9/1960

S . Sexe

Age ^ v .

0- 45 - 9

10-1415-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970et +Inconnu

Total général

Masculin

5 712 3955158 8644 287 2203445 7152963 6882 5216892 246 2591963 5741 669 21213832721098 069

853 385650 810473 446509 596

73523

Féminin

54839185 002 4274 286 6573 6967283197 0542 687 0532 3313901963 8611608 5981298 7761032 501

802 43960916345190857162184 260

Total

111963131016129185738777142 4436160 7425 208 7424577 6493 927 4353277 8102 682 04821305701 655 8241259 973

925 3541081217

157783

35 010 717 35108 354 70119 071

Source : IBGE - Recensement de 1960.

TABLEAU 42. - POPULATION PAR AGE ET PAR SEXE - ler/9/1970

^ Sexe

Age ^ ^ ^ ^

0- 45 - 9

10-1415-1920-2425-2930-3435 -3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970 et +Inconnu

Total général

Masculin

7 019 7296730 0545 849 63149338914063 0503 2023052 837 0902480 2212 201 489188610215165411186480

898 215651393788 946

85 492

Féminin

6878 89365713735 8160935 269 6014 3591173 344486295124125134862172 662183414014935041158213

87499264254390454988 857

Total

13 898 62213 30142711665 72410 203 4928 4221676 546 7915 788 3314993 70743741513 720 2423 010 0452 344 6931773 2071293 9361693495

174 349

46 330 629 46 873750 93 204 379

Source : IBGE - Recensement de 1970.

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80

TABLEAU 43. - STRUCTURE DE LA POPULATION PAR AGE ET PAR SEXE - le78/1872

^""•""»^^^ Sexe

0- 45 - 9

10-1415-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970-7475-7980 et +

Total

Nombrede cas

Source : IBGE

Obs. : Pour les

Masculin

11,9310,3810,1610,5511,649,647,285,504,824,103,422,802,211,661,180,871,86

100,00

5117 822

- Recensement de 1872.

calculs de ces tableaux on

Féminin

11,2910,7510.9011,1811,379,996,995,234,804,123,282,642,141,621,130,821,75

100,00

4 801707

a exclu "Age inconnu".

Total

11,6210,5610.5210,8611,519,817,145,374,814,113,352,722,181.641.150,851,80

100,00

9919529

TABLEAU 44. - STRUCTURE DE LA POPULATION PAR AGE ET PAR SEXE - 31/12/1900

^ > " - - - « ^ ^ Sexe

Age ^ * " " - ^ ^ ^

0- 45 - 9

10-1415-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970-7475-7980 et +

Total

Nombrede cas

Masculin

18,2014,5311,9910.258,997,996,545,424,513,612,731,971,310,820,500,290,35

100,00

9 289 280

Source : IBGE - Recensement de 1900

Féminin

17,6314,5012,3410,809.698,316,535,184,233,322,481,781,210,780,500.320,40

100,00

8910720

Total

17,9214,5212,1710,529,338,146.545,314,373,472,611,871.260,800,500,300,37

100,00

18 200 000

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81

TABLEAU 45. - STRUCTURE DE LA POPULATION PAR AGE ET PAR SEXE - lCT/9/1920

0- 45- 9

10-1415-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-64 '65-6970-7475-7980 et +

Total

Nombrede cas

Source : IBGE -

Masculin

11,0515,1012,9110,349,577,996,585,414.543,662.792,101,571,080,640,320,35

100,00

13 862 750

Recensement de 1920

Féminin

15,0014.8312,6611,1910,528,286,394,904,143.372,602,001,521,070,670,390,47

100,00

13 637 250

Total

15,0314,9612,7810,7610,048,146.495,164,343,522,702,051,541,080.650,350,41

100,00

27 500000

TABLEAU 46. - STRUCTURE DE LA POPULATION PAR AGE ET PAR SEXE - lCT/9/1940

S . Sexe

0- 45- 9

10-1415-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970-7475-7980 et +

Total

Nombrede cas

Source : IBGE -

Masculin

15,8114,2113,0710,528,887,966,295,654,873,823,11

" 2,001,640,900,620,320,33

100,00

20 568 449

Recensement de 1940

Féminin

15,4613,7812,8811.119,588,276,215,604493,422,941,871,700,960,750,380,50

100,00

20564 435

Total

15,6314,0012,9710,829,258,126,245,624,733,623,021,931,670.930,690,350,41

100,00

41132 884

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82

TABLEAU 47. - STRUCTURE DE LA POPULATION PAR AGE ET PAR SEXE - ler/7/1950

0- 45- 9

10-1415-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970-7475-7980 et +

Total

Nombrede cas

Source : IBGE -

Masculin

16,4013,7912,2510,249,237,866,285,904,753,943,142,131,830,990,640,320,31

100,00

25 831124

Recensement de 1950

Féminin

15,9113,2912,0910,9810,038,096,245,844,473.692,981,981,781,000,750,390,49

100,00

25 996 641

Total

16,1513,5412,1610,629,637,976,265,874,613,813,062,061,810,990,700,360,40

100,00

51827 765

TABLEAU 48. - STRUCTURE DE LA POPULATION PAR AGE ET PAR SEXE - lCT/9/1960

^*""~-^^ Sexe

0- 45- 9

10-1415-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970 et +

Total

Nombrede cas

Masculin

16,3514,7712,279,868,487,226,435,624,783,963,142,441,861,361,46

100,00

Féminin

15,6614,2812,2410,559,137,676,665,614,593,712,952,291,741,291,63

100,00

Total

16,0014,5212,2610,218,817,456,545,614,683,833,052,371,801,321,55

100,00

34937194 35 024 094 69 961288

Source : IBGE - Recensement de 1960

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83

TABLEAU 49. - STRUCTURE DE LA POPULATION PAR AGE ET PAR SEXE - ler/9/1970

^ ^ v ^ ^ ^ Sexe

A g e ^ * S > » > N V N < ^

0- 45- 9

10-1415-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970 et +

Total

Nombrede cas

Source : IBGE -

Masculin

15.1814,5512,6510,678,796,926,135,364,764,083,282,571,941,411,71

100,00

46 245 137

Recensement de 1970

Féminin

14,7014,0512,4311,279,327,156,315,374,643,923,192,481,871,371,93

100,00

46784 893

Total

14,9314.3012,5410,979,057,046,225,374,704,003,242,521.911,391,82

100,00

93 030030

II y a eu en réalité une légère diminution de cette tranche d'âge, qui estdue à la baisse de la proportion du groupe de 0 à 4 ans, pour les deux sexes,étant donné qu'elle a tendance à décroître en général. Elle était de 17,92 % en1900 et de 14,93% en 1970, tandis que les groupes de 5 à 9 ans et de 10 à14 ans sont restés pratiquement au même niveau, comme le montrent lesTableaux 36 à 49.

Il y a eu aussi un rajeunissement de la population entre 1872 et 1900qui s'est maintenu depuis lors, tandis que les personnes d'âges les plus avancéssemblent avoir une plus grande longévité, ce qui est très net pour lapopulation féminine, surtout de 1900 à 1970, car elle passe de 3,66 % à5,45 % de la population totale. Pour les hommes, ce pourcentage passe de4,06 % à 5,42 % pour les mêmes années.

Les Tableaux 36 à 49 font apparaître les chiffres absolus de lapopulation brésilienne, par âge et par sexe, de 1872 à 1970.

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84

La population en âge de procréer Si l'on observe maintenant les rapports deet les rapports de masculinité, masculinité qui figurent au Tableau 50, on

remarque que le nombre d'hommes de 15 à49 ans pour 1000 femmes passe de 1063 en 1872 à 963 en 1970, et que lesfemmes sont déjà plus nombreuses que les hommes dans ce groupe d'âge àpartir de 1940.

TABLEAU 50. - RAPPORT DE MASCULINITE PAR GROUPES D'AGESDANS LES RECENSEMENTS BRESILIENS

^"^^s^ Année durecensement

Age \ ^

0- 45-14

15-4950 et plus

Total

1872

1127101110631 115

1066

1900

1074102810241112

1040

1920

1019103510011031

1016

1940

10221024

984980

1000

1950

10241019

971992

994

1960

10421017

9651034

998

1970

10201016

963994

988

L'existence d'un tel contingent de femmes en âge de procréer constitueune donnée importante qui doit être mise en relief si l'on veut caractériser ladémographie du Brésil.

Cependant, la proportion de la population féminine en âge de procréerpar rapport à la population totale tend légèrement à diminuer, comme on peutle voir dans le Tableau 51. Alors qu'elle était de 53,67 % en 1972, elle passe à48,78 % en 1940 et, enfin, à 47,97 % en 1970.

TABLEAU 51. - PROPORTION DE LA POPULATION FEMININE EN AGE DEPROCREER DANS LES RECENSEMENTS BRESIUENS

^ s ^ Année derecensement

Age N .

15-1920-2425-2930-3435-3940-4445-49

Total de femmesen âge de procréer

1872

11,1811,379,986,995,234,804,12

53,67

1900

10,809,698,316,535,184,233,32

48,06

1920

11,1910,528,286,394.904,143,37

48,79

1940

11,119,588,276,215,604,593,42

48,78

1950

10,9910,038,096,245,844,473,69

49,35

1960

10.559,137,676,665,614,593,71

47,92

1970

11,269,327,156,315,374,643,92

47,97

Bien que le taux de croissance de la population féminine en âge deprocréer continue d'être relativement élevé, comme le montre le Tableau 52,

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85

surtout de 1940 à 50, de 1950 à 60 et de 1960 à 70, cette légère diminutionfavorise le groupe de femmes d'âges avancé dont la proportion augmente avecle temps.

TABLEAU 52. - TAUX ANNUEL DE CROISSANCE <%) DE LAPOPULATION FEMININE EN AGE DE PROCREER DANS

LES PERIODES INTERCENSITAIRES

Années/Recensements

1872-19001900 -19201920-19401940-19501950 -19601960-1970

Population féminineen âge de procréer

1,653,021,532,492,732,95

Dans une population féminine en âge de procréer, les groupes quiinfluent le plus sur le taux de fécondité sont ceux de 20 à 24 ans et de 25 à29 ans. Dans la population brésilienne, la proportion de ces groupes parrapport au nombre total de femmes en âge de procréer est tombée respecti-vement de 11,37% et de 9,98% en 1872 à 9,32% et 7,15% en 1970. (VoirTableau 51).

La population en âge de travailler La population en âge de travailler, c'est-à-et les rapports de dépendance, dire l'ensemble de la population comprise

entre 15 et 64 ans représente respective-ment 55,02%, 55,69%, 54,35% et 55,01 % pour 1940, 1950, 1960 et 1970,conservant ainsi pratiquement le même taux jusqu'à la date du dernierrecensement (Tableau 53).

TABLEAU 53. - PROPORTION DE LA POPULATION EN AGE DE TRAVAILLERET GROUPES D'AGE COMPLEMENTAIRES DANS LES RECENSEMENTS

BRESILIENS

N . Années de^ S . r e censément

Groupes ^ \ ^ ^d'âge ^ ^ ^

0-1415-6465 ou plus

1872

32,7061.855,45

1900

44,6053,42

1,98

1920

42,7854,73

2,49

1940

42,6055,02

2,38

1950

41,8655,69

2,45

1960

42,7854,35

2,87

1970

41,7855,01

3,21

Le premier recensement brésilien montre qu'une proportion inattenduede la population est en âge de travailler. Comme l'immigration des esclaves asensiblement diminué depuis la moitié du XIXe siècle, et que l'immigration

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86

des Européens sur une grande échelle n'avait pas commencé à la date durecensement, tout porte à croire que les pourcentages indiqués montrent quedes erreurs ont été commises dans la collecte des données. La stabilité desrésultats obtenus dans les recensements ultérieurs semble confirmer cetteinterprétation.

Les Tableaux 54 et 55 font apparaître la proportion des différentsgroupes d'âge par rapport à l'ensemble de la population en âge de travailler,pour les hommes et les femmes respectivement.

TABLEAU 54. - PROPORTION DE LA POPULATION MASCULINE EN AGEDE TRAVAILLER DANS LES RECENSEMENTS BRESILIENS

N . Années derecensement

Age v ^

15-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-64

Total de la populationen âge de travailler

1972

10,5511.649.647,285,504,824,103,422,802,21

61,96

1900

10.258,997,996,545,424,513,612,731,971,31

53,32

1920

10,349,567,996,585,414,543,662,792,101.57

54,54

1940

10,528,897,976,295,654.873,823,112,001,64

54,76

1950

10,249.237,866.285,904,753,943.142,131,83

55,30

1960

9,868,487,226.435,624,783,963.142,441,86

53,79

1970

10,678,796,926,135,364,764,083,282,571,94

54,50

TABLEAU 55. - PROPORTION DE LA POPULATION FEMININE EN AGEDE TRAVAILLER DANS LES RECENSEMENTS BRESILIENS

\ ^ Années derecensement

Age ^ * ^ ^

15-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-64

Total de la populationen âge de travailler

1872

11,1811,379,986,995,234,804,123,282,642,14

61,73

1900

10,809,698,316,535,184,233,322,481,781,21

53,53

1920

11,1910,528,286,394,904,143,372,602,001,52

54,91

1940

11,119,588,276,215,604,593,422,941,871,70

55,29

1950

10,9910,038,096,245,844,473,692,981,981,78

56,09

1960

10,559,137,676,665,614,593,712,952,291.74

54,90

1970

11,269,327,156,315,374,643,923,192,481,87

55,51

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Le rapport de dépendance exprime la relation qui existe entre le chiffrede la population potentiellement active (15-64 ans) et celui de la populationconsidérée comme dépendante, c'est-à-dire celle qui est comprise entre 0 et 14ans et qui est âgée de 65 ans et plus.

Les rapports élevés de dépendance pour le pays dans son ensemble (voirTableau 56), représentent un handicap pour l'économie, puisque la contribu-tion des vieillards et des enfants à l'activité économique est assez réduite.

TABLEAU 56. - RAPPORT DE DEPENDANCE DANS LESRECENSEMENTS BRESILIENS

Années du recensement

1872190019201940195019601970

Rapport de dépendance

0.620,870,830,820,800,870,82

Cependant, pour les pays sous-développés, ce genre de calcul peut n'êtrepas considéré comme un bon indicateur, car, d'un côté, il surestime la chargeque constitue la dépendance du fait qu'il ne tient pas compte de l'entréeprématurée des jeunes dans la population active ni du départ tardif des vieuxtravailleurs dont la mort est généralement responsable. D'autre part, ilsous-estime la charge que représente la dépendance du fait que, dans lespopulations qui ont un taux de natalité élevé, une grande partie des femmesde 15 à 49 ans reste en marge de la vie active par suite des tâches qu'ellesassument et qui découlent de la procréation et du nombre élevé de leursenfants.

La population d'âge scolaire (7-14 ans). La population d'âge scolaire a aug-menté à un rythme relativement

élevé, notamment entre 1950 et 1960 (3,38%) et entre 1960 et 1970 (3%)

TABLEAU 57. - TAUX ANNUEL DE CROISSANCE (%) DE LA POPULATIOND'AGE SCOLAIRE DANS LES PERIODES INTERCENSITAIRES

Années du recensement

1872-19001900 -19201920-19401940-19501950 -19601960 -1970

Population d'âge scolaire

2,723,151,391,813,383,00

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88

(Tableau 57), bien que sa proportion par rapport à l'ensemble de lapopulation soit pratiquement restée la même depuis 1950 (Tableau 58). Cefait pose au secteur de l'éducation le problème des moyens qui doivent êtrecompatibles avec les taux de croissance de la population de 7 à 14 ans.

TABLEAU 58. - PROPORTION DE LAPOPULATION D'AGESCOLAIRE DANS LES RECENSEMENTS BRESILIENS

Années du recensement

1872190019201940195019601970

Obs. : Les deux sexes sont groupés.

Proportion de la populationentre 7 et 14 ans

16,9120,5321,5921,1420,0720,7320,95

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CHAPITRE III

COMPOSITION DE LA POPULATION

INTRODUCTION

Parmi les critères qui ne sont pas strictement d'ordre démographique etdont on se sert pour déterminer la composition de la population, on retientl'éducation, le revenu, la couleur ou l'ethnie, la religion, le travail et lasituation matrimoniale.

Ce classement peut, dans une perspective démographique, expliquercertains aspects importants de l'évolution de la population. La fécondité,comme la mortalité diffèrent selon l'appartenance des individus à des groupesde population distincts. De même, les migrations sont déterminées par descauses sociales et économiques parmi lesquelles on retrouve les critères utiliséspour définir la composition de la population.

D'autre part, si l'on veut comprendre la répartition de la population enl'observant dans le temps, on doit considérer qu'elle découle d'un longprocessus historique qui est responsable de la formation des classes sociales et,par conséquent, des choix qui sont déterminés par les facilités d'accès à desstatuts différents. En reflétant donc les différences de classes, la succession desmodèles qui expriment la composition de la population, telle qu'elle ressortdes divers recensements nationaux, fait apparaître des processus qui modifientles rapports de classe au Brésil et montre la forme que prennent ces rapportsdans les différentes régions du pays.

L'analyse de la composition de la population, répartie suivant les grandesdivisions régionales, peut encore indiquer, en partant des interprétationsfondées sur des enquêtes menées sur le terrain, que les situations de prestigetendent à être cumulatives, en s'assemblant de façon cohérente, en face desfacilités ou des difficultés d'accès aux positions sociales les plus recherchées.

RELIGION

Analyser la composition de la population brésilienne d'après son appar-tenance à une religion est une entreprise extrêmement complexe, par suite del'insuffisance quantitative et qualitative des données fournies par les recense-

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90

ments, et aussi de la distortion provoquée par l'idéologie catholique dominantequi tend à minimiser l'adhésion à d'autres croyances religieuses dans le pays.

Le premier recensement brésilien (Tableau 59) montre que la populationétait presque uniquement catholique, à l'exception d'un petit nombre de "noncatholiques", comprenant surtout des immigrants allemands, de confessionluthérienne, qui étaient établis dans les régions sud et sud-est. Un petit groupede commerçants, probablement étrangers, Israelites ou adeptes de religionsréformées, était réparti dans toutes les régions du pays.

TABLEAU 59. - REPARTITION DE LA POPULATION BRESILIENNESUIVANT LA RELIGION ET PAR GRANDES REGIONS 1872

Chiffre total de la popu-lation

Région Nord(AM/PA)

Région Nord-Est(MA/PI/CE/RN/PB/

PE/AL/SE/BA)

Région Sud-Est(MG/ES/RJ/GB/SP)

Région Sud(PR/SC/RS)

Région Centre-Ouest(MT/GO/DF)

Catholiques

Nombre

9902712

332546

4 637 874

4 007 647

703 860

220 785

%

99,72

99,91

99,99

99,77

97,58

99,99

Non catholiques

Nombre

27 766

301

686

9 275

17 477

27

%

0,28

0,90

0,10

0,23

2,42

0,10

Total

Nombre

9 930 478

%

100,00

332 847 100,00

4 638 560 100,00

4 016 922 100,00

721 337 100,00

220 812 100,00

II faut remarquer, d'autre part, que la population indigène comptait, àcette époque, plusieurs centaines de milliers de personnes qui adhéraient à desconceptions religieuses relevant de leurs cultures d'origine. Bien qu'il soitdifficile d'évaluer le nombre d'indigènes dans la population brésilienne, lesestimations les plus autorisées sont citées par Angel Rosemblat(l) qui retient,pour 1820 et 1822, les calculs faits par Saint-Hilaire et Veloso de Oliveiraévaluant ce nombre à 800 000 individus. De même, beaucoup d'esclaves,rangés dans la catégorie de catholiques conformément à la politique de l'Egliseet de l'Empire, conservaient leurs croyances originaires d'Afrique. Aprèsl'abolition de l'esclavage, on verra éclore ces religions qui prendront la forme

(1) Rosemblat, Angel — La población indígena y el mestizaje en América I.Buenos Abes, Nova 1934.

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91

d'un syncrétisme avec le Catholicisme, et, plus tard, avec le Spiritisme.Certaines de leurs branches, comme celle qui est constituée par l'Umbanda, sesont développées au 20e siècle, notamment dans les zones urbaines, et l'oncroit savoir que le nombre de leurs adeptes continue d'augmenter. Cependant,obéissant de toute évidence à des préjugés de classe et exprimant l'idéologiereligieuse dominante, les recensements brésiliens n'ont jamais compté commereligions celles auxquelles appartiennent les deux groupes de la population quisont considérés comme inférieurs dans la société nationale.

L'organisation ecclésiastique et l'Inquisition elle-même — celle-ci auxpremiers siècles de la, colonisation — ont veillé à ce que les syncrétismes avecles religions indigènes ne se multiplient pas et qu'on ne voie pas les nouveauxchrétiens tentés de revenir à la foi et aux coutumes de leurs ancêtres.

Effectivement, le recensement de 1872 marque le début de la disparitiondu monopole religieux, conséquence des transformations sociales, économiqueset culturelles qui étaient déjà latentes dans le processus de l'Indépendance. Parsuite, surtout, des mutations qui ont eu lieu dans le pays lorsqu'il a pris saplace dans la division internationale du commerce, et aussi à cause du rôleéconomique et politique important joué par l'Angleterre, l'intolérance àl'encontre du pluralisme religieux s'atténue en grande partie ; on voitapparaître dans les recensements, bien qu'en nombre limité, ceux qui déclarentappartenir à des religions réformées.

Le Tableau 60 montre le développement de la conolie germanique,notamment dans la région sud, ce qui augmente, à l'aube du 20e siècle, laproportion de protestants dans le pays.

Le Tableau 61, relatif au recensement de 1940, fait apparaître unetendance qui ne s'est pas démentie jusqu'à nos jours, à savoir la lentediminution de la proportion de catholiques dans la population brésilienne.L'immigration japonaise explique l'apparition, dans le recensement, d'adeptesdu Bouddhisme et du Shintoïsme. Ce même recensement révèle cependant unenouvelle configuration de la structure religieuse de la population par suite dela conversion de Brésiliens à d'autres religions que le Catholicisme. Lesconfessions réformées se développent considérablement et les doctrines spiritessont déjà mentionnées, intéressant plus de 1 % de l'ensemble de la population.De même, ceux qui déclarent être "sans religion", bien qu'en petit nombre,montrent l'existence d'une nouvelle attitude à l'égard de la vie religieuse, quiest légitimée par le recensement.

L'augmentation, dans les recensements, du nombre de ceux qui appar-tiennent aux catégories "spirite" et "protestant" révèle que la société brési-lienne a subi des transformations importantes en ce qui concerne la viereligieuse. Le développement du Spiritisme, qui comprend en partie un secteurrattaché à Umbanda et au Pentecôtisme de plus en plus développé chez les

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protestants, semble indiquer que les classes sociales les plus pauvres trouventdans ces religions une solution spirituelle en même temps qu'une aidepsychologique et sociale. En rejetant la religion dominante, les convertisacceptent de redéfinir leur vie spirituelle, ce qui, sans mettre en danger l'ordreet les idéologies établis, témoigne toutefois d'une relative indépendance quantau choix à effectuer. La conversion au Spiritisme-Umbanda et aux sectesrelevant du Pentecôtisme est surtout le fait d'émigrants qui ont échappé à ladomination plus stricte du monde rural et qui viennent en zone urbaine.

Les mêmes tendances relatives à la répartition de la population selon lareligion, qui s'étaient déjà manifestées à partir de 1940, apparaissent encoredans le recensement de 1950 (Tableau 62). L'augmentation notable des spiriteset des protestants, de 1940 à 1950, confirme le maintien d'une plus grandetolérance et la persistance d'une recherche de nouvelles solutions d'ordrereligieux. Le nombre de ceux qui déclarent être "sans religion" s'accroîtégalement.

Les résultats du recensement effectué en 1970 (Tableau 63) montrent,une fois de plus, pour les deux décennies antérieures à cette date, que lestendances fondamentales concernant la composition religieuse de la populationsont les mêmes que celles qui se dessinaient déjà dans le recensement de 1940.

Les données du dernier recensement englobent dans la catégorie "autres"l'adhésion à une religion professée par des groupes minoritaires. L'absence demigrations internationales donne à penser que les minorités qui conservent unetradition ethnico-culturelle telles que les bouddhistes, les israëlites, les ortho-doxes, pour ne citer que les plus importantes, ont un développement modéré,simplement dû à leur accroissement naturel. On constate aussi parfois l'aban-don des croyances qui se rattachent à la tradition religieuse des immigrants, dufait d'une assimilation culturelle.

Des recherches ont montré que l'augmentation importante du nombre deprotestants est due presque exclusivement au développement des sectesrelevant du Pentecôtisme qui doivent représenter actuellement plus de 60%du Protestantisme au Brésil.

Quant au Spiritisme, il a été l'objet d'une certaine désaffection particu-lièrement significative, compte tenu de la croissance qui avait caractérisé cegroupe religieux lors du recensement de 1950. Il convient cependant de noterqu'une double appartenance religieuse n'est pas impossible, et que des spiritesont pu déclarer être catholiques à l'occasion du recensement. D'autre part, desrecherches ont montré que, surtout dans les zones urbaines du Brésil, lespersonnes se réclamant de la doctrine spirite avaient une large influence, etque la population qui se considère comme catholique utilisait énormément sesmoyens thérapeutiques.

Les Tableaux 64 et 65 montrent le résultat des sondages effectués en1971 dans la ville de Salvador, qui illustre la façon dont l'appartenance au

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catholicisme se combine aux croyances spirites, et celles-ci à la traditionreligieuse afro-brésilienne.

L'analyse de la répartition de la population brésilienne suivant la religionpose le problème essentiel de savoir quel est la signification du choix ducatholicisme qui apparaît dans les recensements. L'éventuelle portée sociale,démographique et culturelle de l'appartenance à l'Eglise catholique romainedépend évidemment du degré d'adhésion des fidèles à la doctrine et de lamesure dans laquelle leur comportement est conforme au rituel prescrit et auxmodèles éthiques qui sont considérés comme souhaitables. Les études relativesau degré d'appartenance religieuse, en utilisant des catégories génériques etsubjectives d'auto-estimation, fournissent des renseignements peu précis sur letype de religiosité de ceux qui se déclarent catholiques.

TABLEAU 64. - REPARTITION DE LA POPULATION DESALVADOR SUIVANT LA RELIGION ET LE DEGRE DE

RELIGIOSITE

Sans religion

Catholiques pratiquants

Catholiques de formationou par principe

Protestants

Pentecôtistes

Spirites

Candomblé

Autres religions

Sans réponse

Nombre

61

397

568

21

9

23

4

30

-

%

5435,7

51,0

1,9

0,8

2,1

0,4

2,7

-

TABLEAU 65. - REPARTITION DE LA POPULATION DE SALVADORSUIVANT LA CROYANCE AU SPIRITISME ET AU CANDOMBLE

Sans

Plus ou moins

Non'

Ne savent pas

Sans réponse

Croyance auspiritisme

Nombre

426

191

493

3

%

38,8

17,2

44,3

0,3

Croyance aucandomblé

Nombre

432

87

572

18

4

%

38,8

7,8

51,4

1,6

0,4

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TABLEAU 66. - FEMMES NON CELIBATAIRES DE 15 A 49 ANS DUDISTRICT DE SAO PAULO CLASSEES SUIVANT LEUR RELIGION

ET LEUR DEGRE DE RELIGIOSITE

Religion et degréde religiosité

Catholiques pratiquantes

Catholiques non pratiquantes

Non catholiques pratiquantes

Non catholiques non pratiquantes

Autres religions

TotalNombre de femmes

Pourcentagede femmes

35,20

52,10

7,84

4,20

0,66

100,002 857

Source : BERQUO, E.S. & CAMARGO, C.P.F. de Diferenciáis de Fertilidade. SàoPaulo, CEBRAP, 1971 (Caderno CEBRAP I).

Le Tableau 66, qui reproduit un échantillon de femmes non ce'libatairesde 15 à 49 ans provenant de l'Enquête sur la Reproduction humaine dans leDistrict de Säo Paulo (1965), fournit des résultats voisins de ceux qui ont étéobtenus grâce à l'enquête citée plus haut et relative à la population deSalvador. D'autre part, on possède des données sur les modèles de fréquen-tation de la messe dominicale dans différents diocèses du Brésil, qui tendent àétablir un rapport inverse entre l'assistance à la messe et le nombre d'habitantsdes centres urbains considérés.

A la difficulté d'évaluer le degré de religiosité de la population quidéclare être catholique lors des recensements, s'ajoutent les diverses possibilitésd'orientation du Catholicisme en matière de doctrine qui apparaissent commelégitimes à la population brésilienne. L'adhésion à ces différentes orientationspeut avoir des conséquences extrêmement diverses sur le plan démographique,culturel et politique. Bien qu'on ait fait des études sociologiques qui tendent àdéfinir les types de religion catholique au Brésil, il n'existe pas d'indicateursqui permettent de mesurer l'adhésion des fidèles aux différents types decatholicisme qui persistent ou qui se développent dans le pays.

EDUCATION

Pour l'élite européanisée qui présidait aux destinées du pays au début dusiècle, l'éducation, et plus précisément la généralisation de l'instructionprimaire, était synonyme de "civilisation". On attribuait à l'éducation uneforce miraculeuse dans la mise en œuvre du développement national : popula-

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tion urbanisée, aryenne, vivant sous l"'empire de la loi" et —conditionindispensable — éduquée, tel était essentiellement l'idéal de l'époque.

Cette perspective était certes raisonnable, car, comme le montre leTableau 67, la majeure partie de la population en 1900, dans toutes les régionsdu pays, était analphabète. Toutefois, ce même tableau donne à penser que lavictoire définitive sur l'analphabétisme est sans doute encore aujourd'hui assezéloignée: en 1970, pas moins de 3 3 % des individus de 15 ans et plus sedéclarent incapables de lire et d'écrire. On observe en outre que le nombreabsolu d'analphabètes dans la tranche d'âge indiquée a augmenté de plus dedeux millions de 1960 à 1970.

TABLEAU 67. - POURCENTAGE D'ANALPHABETES AU BRESIL(POPULATION DE 15 ANS OU PLUS)

1900 A 1970, PAR REGION

Année

1900

1920

1940

1950

1960(

1970(

*)

*)

Nord

69,2

71,4

59,8

60,1

-

44,2

Nord-Est

79,7

83,7

76,3

76,2

66,0

60,9

Source : Recensements démographiques

(*) Echantillonnage probabiliste.

Est

72,7

75,8

62,8

58,0

47,5

38,2

et annuaires

Sud

73,0

68,0

44,5

43,8

32,2

25,0

Centre-Ouest

-

80,2

70,9

64,5

-

41,2

statistiques.

Total

74,5(12989 753)

65,0(11401715)

56,0(13 269 381)

50,5(15 272 632)

39,5(15 815 903)

33,0(17 936 887)

Ce que l'on peut constater dans la diminution du pourcentage d'anal-phabètes que l'on relve dans toutes les régions du pays, c'est moins le résultatd'un effort vigoureux et soigneusement planifié pour supprimer l'analphabé-tisme, que la conséquence des transformations socio-économiques qui ont eulieu pendant ces 70 dernières années. La conception la plus répandueconcernant l'éducation et sa place dans l'ensemble de facteurs qui déterminentle processus de développement s'est également modifiée de façon fonda-mentale au cours de cette période. L'ingénuité dont ont fait preuve si souventles fondateurs de la République a cédé la place à une vision plus sobre, et sans

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doute plus correcte, selon laquelle l'éducation primaire, même lorsqu'elle estgénéralisée, ne représente qu'un des nombreux facteurs du développement, etil est peut-être même plus judicieux de la considérer comme un "effet". Il estévident qu'on ne prétend pas affirmer ici que l'éducation "n'a rien à voir", entant que facteur déterminant, avec l'augmentation de la productivité dansl'économie : une discussion plus approfondie à ce sujet dépasserait les limitesde cette étude. Ce qu'il faut souligner, c'est que, étant donné le modèle dedéveloppement actuel, il semble nécessaire d'inverser les données du problèmeet de considérer aussi l'éducation primaire comme un droit de la population,c'est-à-dire, en rappelant T.H.Marshal, comme la qualification minimumindispensable à la "citoyenneté" dans une communauté nationale moderne.

De ce point de vue, le Tableau 67 montre clairement l'énorme disparitéd'une région à l'autre qui est apparue à mesure que l'analphabétisme disparais-sait dans les régions économiquement les plus prospères du pays. Tandis qu'en1900 la différence entre les régions atteignait à peine 10% (Nord-Nord-Est),en 1970 elle est de 35 % entre les régions Sud et Nord-Est.

Le Tableau 68 permet d'évaluer de telles disparités en 1970 en compa-rant certains Etats. Les six Etats choisis font sans doute apparaître desdifférences extrêmes en ce qui concerne le taux d'analphabétisme. On constateque, malgré l'immigration qui forme une bonne partie de ce qu'on appelle les"populations marginales" dans le Centre-Sud industrialisé, l'analphabétisme desadultes dans cette région ne dépasse pas 20 %, tandis que, dans le Pernambucoet le Piaui, il affecte encore la plupart des adultes.

TABLEAU 68. - ANALPHABETES, POPULATION DE 15 ANS OU PLUSET POURCENTAGE D'ANALPHABETES DANS CERTAINS

ETATS BRESILIENS (1970)

Etats

GuanabaiaSâo PauloRio Grande do SulSanta CatarinaPernambucoPiaui

Source : Recensement

Population de15 ans ou plus

2967 94911254 9214065 33515960122 901149

880 447

Ne savent nilire ni écrire

3167262148 021

802 886321 104

1459 089535 058

démographique, 1970.

Pourcentaged'analphabètes

10,719,119,720,150,360,8

Dans cette comparaison, il faut souligner l'énorme disparité des condi-tions de vie, car, même lorsque les pouvoirs publics suppléent à l'éducationprimaire de façon méthodique et rationnelle, les couches les plus pauvres de lapopulation ne peuvent en bénéficier, comme c'est le cas dans les régionsrurales de l'intérieur et dans le Nord-Est notamment.

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Certes, la planification de l'éducation doit équilibrer les coûts et lesprofits des investissements effectués pour l'alphabétisation de la tranche d'âgeconsidérée jusqu'ici, et ceux de la scolarité primaire proprement dite. En cequi concerne cette dernière, il est indéniable, comme l'affirment Kowarick etRocha, que "la course entre l'accroissement des effectifs et l'augmentation dela population qui désire recevoir une éducation primaire a été gagnéebrillamment par le premier" (2). Cependant, même sous cet aspect, lesrésultats du recensement de 1970 ne permettent pas d'être optimiste, surtoutlorsque l'on tient compte des grandes différences qui existent entre les Etats(Tableau 69).

TABLEAU 69. - NOMBRE D'ELEVES DANS L'ENSEIGNEMENT DE BASE,POPULATION DE 5 A 14 ANS, PAR ETAT

Etats

Guanabaia

District fédéral

Rio Grande do Sul

Rio de Janeiro

Sào Paulo

Espíritu Santo

Santa Catarina

Para

Minas Gerais

Paraná

Rondônia, Roraima etAmapá

Goias

Pernambuco

Sergipe

Rio Grande do Norte

Amazonas

Paralba

Bahía

Alagoas

Maranhâb

Ceaiá

Acre

Populationde S à 14 ans

880034

137 314

1 744105

1271137

4 342667

471705

851673

618 291

3 268 573

2002 756

30 809

849 856

1426 900

261 635

435 952

286 719

665 685

2139 302

450 633

863 927

1239 984

66057

Elèves de5 à 14 ans

719858

97 325

1216318

885 180

2 869650

295911

531046

357 952

1 865 952

1054159

15914

436412

718353

127 074

207 058

133924

282 536

907 762

178 597

338 781

468 792

21703

Pourcentaged'inscrits

81,8

70,9

69,7

69,6

66,1

62,7

62,35

57,9

57,1

52,6

51,65

51.35

50,3

48,6

47,5

46,7

42,4

42,4

39,6

39,2

37,8

32,85

(2) Kowarick L., & Rocha R. — "Consideraçoes sobre o incremento demográfico eeducaçao", in Simposio sobre Planejamento e Educaçao. (FCC - SBPC, 1972).

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100

On remarque que, dans neuf Etats (Sergipe, Rio Grande do Nörte,Amazonas, Paraíba, Bahia, Alagoas, Maranhao, Ceará, Acre), moins de 50 % dela population de la tranche d'âge considérée est scolarisée. Ce n'est que dansl'Etat de Guanabara que plus de 80 % des enfants de 5 à 14 ans reçoivent unenseignement.

Nous n'avons pas ici à évaluer dans quelle mesure cette situation est dueà l'insuffisance du réseau d'établissements d'enseignement ou aux conditionssocio-économiques dans lesquelles vit la population. Ce doit être certainement,surtout dans les zones rurales, une combinaison des deux facteurs. Comme lemontre le Tableau 70, établi d'après les données de l'enquête sur "l'emploi, lamain-d'œuvre et la participation sociale à Salvador" entreprise par le CEBRAPen 1971, la carence en matière d'éducation et l'insuffisance des revenus sontliés de façon si inexorable que le premier de ces problèmes ne pourra êtrecomplètement résolu, à ce qu'il semble, par les plans actuels. Que l'onconsidère l'éducation primaire comme la condition préalable à toute civilisa-tion ainsi qu'on le faisait il y a 70 ans, ou qu'on la regarde comme un droitou comme un avantage qui découle du développement dans le Brésil d'aujour-d'hui, il ne semble pas qu'elle soit près d'être dispensée à tous.

COULEUR

Seize ans avant l'abolition de l'esclavage, le premier recensement a révéléqu'il existait au Brésil 1954 261 personnes de race noire et 4 188 928individus "à la peau foncée", représentant respectivement 19,7 % et 42,2 % dela population totale qui, à cette époque, comprenait 9 930 478 individus.Déjà, en 1890, deux ans après l'abolition de l'esclavage, la situation avaitchangé de façon significative. L'augmentation de près de 5 millions del'ensemble de la population entre 1872 et 1890 ne s'est pratiquement pasrépercutée sur la population noire dont la proportion est tombée de 19,7% à14,6 %.

Pendant cette même période, comme le montre le Tableau 71, ladiminution du pourcentage des individus "à la peau foncée" est presqueinsignifiante, tandis que celui de la population blanche passe de 38,1 % à44%.

De 1890 à 1950, bien que la population noire ait presque triplé enchiffres absolus, sa proportion par rapport à la population totale a continué debaisser, pour n'atteindre que 11 % en 1950. La situation est similaire, dansune certaine mesure, pour les individus "à la peau foncée" dont le pourcen-tage est tombé de 41,4% en 1890 à 21,2% en 1940, pour remonter denouveau à 26,5 % en 1950.

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103

Nous n'avons pas ici à évaluer dans quelle mesure ces variationstraduisent de simples modifications dans les de'fïnitions et dans les méthodesd'enregistrement des données, d'un recensement à l'autre, ou s'ils exprimentdes changements effectifs dans la composition de la population. Le fait estque, au Brésil, la possession d'informations relatives aux personnes de racenoire semble être liée d'une certaine façon à leur situation sociale.

En effet, les recensements effectués en 1900 et 1920, comme en 1970,ne se sont pas intéressés à la question de la couleur de la population. Celui de1960 a fourni des renseignements à ce sujet, mais les données n'ont pas ététraitées. Pour les deux premiers recensements, on a justifié cette suppressionen ces termes :

"cela s'explique du fait que les réponses cachent en grande partie lavérité, notamment en ce qui concerne les métis qui sont très nombreuxdans presque tous les Etats du Brésil et se montrent généralement lesplus réfractaires à déclarer la couleur qui est la leur. . . car les individusne sont pas toujours en mesure de faire connaître leur ascendance, dufait que le croisement s'est produit à l'époque de l'esclavage ou lorsquela mère du métis se trouvait dans un état de dégradation sociale. Deplus, la tonalité de la couleur de la peau ne peut guère être retenuecomme critère de discrimination, car c'est un élément incertain..."

Pour le recensement de 1940, on a décidé que les réponses concernant lacouleur se limiteraient à déterminer la population "blanche", "noire" et"jaune" (cette dernière atteignant déjà plus de 1 % dans la région Sud-Est dupays par suite de l'immigration), et que l'on réunirait sous la désignation de"peau foncée" ceux qui déclareraient appartenir à un autre groupe depopulation (indien, métis, "moreno", mulâtre, etc.) ou qui ne traceraientqu'un tiret (—) à l'emplacement de la réponse. En 1950, on s'est efforcé dedonner plus de précision aux résultats, en décidant de n'inclure dans lacatégorie "peau foncée" que les mulâtres, les métis, les enfants de mulâtres etde noirs, et les indiens, et en laissent le soin de les décrire à la personnechargée de l'entrevue.

L'insuffisance de renseignements disponibles a rendu extrêmement diffi-cile l'étude de la place que les Noirs et les individus à la peau foncée occupentdans la société brésilienne. Certes, nous pouvons utiliser aujourd'hui lesrésultats importants (bien qu'en nombre limité) de recherches sociologiques, àpartir desquels nous avons la possibilité de remettre fortement en question lesstéréotypes idéologiques les plus répandus. Amené au Brésil parce qu'il étaitindispensable au fonctionnement de l'économie coloniale basée sur l'exporta-tion, le Noir a eu tendance à occuper, à toutes les époques et dans toutes lesrégions du pays (Tableau 72), la position inférieure dans l'échelle sociale. Cetteaffirmation se trouve confirmée, soit que l'on considère ses possibilités d'accèsau système éducatif, soit que l'on se réfère aux occupations qui sontessentiellement les siennes.

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104

Certes, l'abolition de l'esclavage, l'avènement d'un régime politiquevraiment démocratique, et, surtout, le rapide processus d'urbanisation et detransformation de la structure économique du pays depuis 1920, ont eu uneinfluence favorable sur différents aspects de la situation de la population decouleur. Associés à un assouplissement indiscutable des critères sociauxd'identification, ces mutations se sont matérialisées avec une vigueur idéolo-gique extraordinaire dans l'image d'une "démocratie raciale" que l'on suppo-sait représentée dans sa plénitude.

Selon une interprétation plus nuancée, et sans doute plus proche de laréalité, l'ensemble des transformations auxquelles nous avons fait allusionaurait eu pour effet de redéfinir la situation du Noir en le faisant devenircitoyen d'une société de classes. Telle est la façon dont nous avons pujusqu'alors envisager le problème, notamment grâce aux efforts de

TABLEAU 73. - REPARTITION DE LA POPULATION DE 10 ANS OU PLUS,SUIVANT LE GENRE DE TRAVAIL POUR CHAQUE CATEGORIE DE

COULEUR, BRESIL 1950

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Genre de travail ^ ^ ^

Intellectuel

D'exécution

Non manuel, niveausupérieur

Non manuel, niveauinférieur

Manuel qualifié

Manuel semi-qualifiéet sans qualification

Inactifs, genre detravail non déclaré

Total

Blanche

71277(0,35)

456 336(2,01)

508 228(2,24)

1 038 222(4,58)

1 831 688(8,08)

6 597180(29,13)

12141245(53,61)

22 644176(100,00)

Noire

1396(0,06)

18081(0,43)

40184(0,97)

66 980(1,62)

326 584(7,90)

1615 624(39,12)

2 060 255(49,89)

4129104(100,00)

Peau foncée

5 259(0,32)

73154(0,77)

92 680(0,97)

199534(2,10)

543 464(5,73)

3418899(36,09)

5 139 607(54,25)

9472597(100,00)

Total

77932

547 571

641092

1304 736

2 701736

11631703

19 341107

36 245 877

Source : Recensement général du Brésil, 1950, tableau élaboré et cité par SOUZA,Amaury de - "Racial inequalities in Brazil, 1940-1950" (à publier).

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F. Fernandes, Costa, Pinto, F.H. Cardoso et Octavio Ianni. Si elle permet decaractériser correctement dans son ensemble le système prédominant de forcessociales, elle ne doit cependant pas nous amener à la conclusion que lesfacteurs déterminants de la situation socio-économique du Noir sont lesmêmes que pour le Blanc des classes inférieures, car les recherches montrent queces facteurs s'ajoutent les uns aux autres (Tableaux 73 et 74).

Dans une étude récente qui compare les rapports inter-raciaux auxEtats-Unis et au Brésil, Carl N. Degler fait la remarque suivante :

" . . Je groupe social qui ressemble le plus aux Noirs, ce ne sont pas lesJuifs, mais les femmes, comme Gunnar Myrdal l'a noté il y a un quartde siècle. Ni la grande force de l'attirance sexuelle, ni les besoins de lafamille n'ont fait ignorer aux hommes le fait que les femmes semblentdifférentes, et, par conséquent, en tant que groupe social, peuventêtre . . . traitées différemment des hommes . . . Comme les Noirs, on aexclu les femmes de certains emplois, on leur a refusé l'éducation sous leprétexte qu'elles n'en avaient pas besoin ou qu'elles ne pouvaient pas entirer profit, on les a éloignées des responsabilités politiques, on leur arefusé le droit de vote et assigné un rôle particulier pour lequel, commeles Noirs, elles étaient appréciées — aussi longtemps qu'elles n'y ont pasrenoncé" (3).

TABLEAU 74. - REPARTITION DE LA POPULATION DE 10 ANS OU PLUS,SUIVANT L'ALPHABETISATION, POUR CHAQUE CATEGORIE DE COULEUR,

BRESIL 1950

Couleur

Blanche

Noire

Jaune

Peau foncée

Non déclarée

Total

Alphabétisés

13 413 905(59,2)

1103 898(26,7)

184 549(82,4)

2938 565(31,0)

34 587

17 675 504(48,3)

Analphabètes

9192138(40,6)

3 025 022(73,1)

38 759(17,3)

6518 759(68,8)

37 741

18812419(51,4)

Sans déclaration

37133(0.2)

10 084(0,2)

532(0,3)

15 863(0,2)

6455

70067(0,3)

Total

22643176(100,0)

3139 004(100,0)

223 840(100,0)

9473187(100,0)

78 783

36 557 990(100,0)

Source : Recensement général du Brésil, 1950, tableau élaboré et cité par SOUZA,Amaury de — "Racial inequalities in Brazil, 1940-1950" (à publier).

p. 288.(3) Degler, Cari N. - Neither black nor white. New-Yorl, Mac-Millan, 1971,

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L'enquête sur l'Emploi, la Main-d'œuvre et la Participation sociale àSalvador, dont nous avons déjà parlé au paragraphe 3.4., non seulementpermet de constater la situation désavantageuse dans laquelle se trouvent lesNoirs par rapport aux Blancs en ce qui concerne l'éducation, mais elle faitaussi apparaître l'influence particulière qu'ont les transformations sociales surles hommes et les femmes des deux races (Tableau 75).

TABLEAU 75. - POURCENTAGE D'ANALPHABETES CHEZ LES BLANCSET LES NOIRS PAR SEXE ET DANS TROIS GROUPES D'AGE

Age

18 à 24

25 à 34

35 ou +

Hommes

Blancs

7,4

5,4

6,3

Noirs

7,3

9,1

23,5

Femmes

Blanches

5,2

3,8

13,9

Noires

15,7

23,8

40,7

Source : Enquête sur l'Emploi, la Main-d'oeuvre et la Participation sociale à Salvador,réalisée par le Centre brésilien d'Analyse et de Planification (CEBRAP)en 1971.

II apparaît évident que, bien que la proportion d'analphabètes soit lamême chez les Blancs et chez les Noirs du sexe masculin les plus jeunes(moins de 24 ans), il existe une différence de 10,5 % entre les jeunes du mêmegroupe d'âge. Le tableau montre aussi que, dans les deux groupes les plus âgés,les Noirs, même ceux du sexe masculin, sont défavorisés, et que la différenceest assez considérable (17 %) pour le groupe de 35 ans ou plus.

Chez les femmes, on constate également un écart toujours défavorableaux Noirs. Bien que celui-ci soit moins marqué que dans les groupes plus âgés,il existe cependant une nette différence au détriment des femmes noires,même les plus jeunes.

Certes, on peut concevoir que cette inégalité dans l'accès à l'éducationait disparu ou soit sur le point de disparaître complètement (en ce quiconcerne l'alphabétisation pure et simple) dans la génération la plus jeune(moins de 18 ans). Nous ne disposons pas actuellement d'informations quinous permettent de rechercher s'il existe une telle possibilité. Il faut cepen-dant remarquer que les inégalités dans l'accès à l'éducation que nous avonsétudiées ici, réapparaissent maintenant, même pour le groupe de 18 à 24 ans,dans les premières années de l'école primaire. C'est ce que fait apparaître leTableau 76 qui a été établi à partir des données fournies par la même enquête(Salvador, 1971).

Celles-ci montrent, sans doute possible, que les Noirs, aussi bien du sexemasculin que du sexe féminin, sont encore défavorisés en ce qui concerne la

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scolarité (4). Nous n'avons pas à rechercher ici dans quelle mesure cet état dechoses est dû à un retard dans l'entrée à l'école, aux redoublements ou à ladésertion scolaire. Sans aucun doute, tous ces facteurs (liés de toute évidence àla situation socio-économique des Noirs) jouent un rôle dans les résultats quifigurent dans le Tableau 76.

Nous n'avons pas non plus à rechercher maintenant dans quelle mesureles inégalités que nous venons de constater sont dues à des attitudes sociales,comme le suggère Degler, ou si elles traduisent seulement l'inertie d'unestratification sociale passée. Ce qui est certain, c'est qu'elles demeurent.

TYPE DE MARIAGE

Au cours du peuplement colonial du Brésil, et avec les formes d'organi-sation sociale et juridique qui se sont succédé tout au long de l'histoire pourlégitimer juridiquement le mariage, les normes de la société nationale tendentà accepter diverses modalités d'approbation sociale qui légitiment cetteinstitution.

Ces modalités impliquent ce qu'on pourrait appeler un degré de légi-timation, à savoir que les unions moins formelles, bien qu'acceptées, sontconsidérées comme moins légitimes. Certes, ces divers modèles de mariagerejoignent de façon cohérente la structure des classes sociales et les diversitésrégionales, et ils représentent les principaux types d'union matrimoniale. Nousn'examinons pas, dans cette étude, ce qu'on appelle parfois le concubinage devisite ("visiting relationship") dont l'existence, relevée par les chercheurs ensciences sociales, notamment dans la région humide du nord-est, ne peut êtreattestée par les données des recensements.

Il convient tout d'abord de considérer que les relations stables du couple,désignées communément comme étant de type consensuel n'impliquent aucunacte de régularisation juridique ou canonique. Accepté dans une certainemesure par les communautés des classes les plus pauvres du pays, cette formed'union correspond au degré inférieur de légitimation.

Pendant l'époque coloniale et impériale, surtout chez les classes socialesprivilégiées, l'union que l'on considérait comme légitime était celle que scellaitle sacrement de l'Eglise catholique. A l'avènement de la République (1889), laséparation de l'Eglise et de l'Etat fut prononcée, et le mariage civil devint (àpartir de 1891) la seule forme légalement valide de légitimation. Cependant,

(4) Les données du tableau 75 paraissent cohérentes avec les résultats des travauxd'Amaury de Souza qui a calculé le degré de discrimination raciale des Etats brésiliens, aumoyen d'un "indice de concentration éducative, pour la population noixe", pour chaqueEtat de la Fédération. Bahia figure parmi les états où la discrimination est la plus forte.Voir de Souza, Amaury de, op. cit.

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une opposition à la sécularisation et à d'autres transformations socialesresultant de la proclamation de la République se manifesta, de sorte que, dansles régions les plus éloignées des centres urbains et dans des secteurs sociauxrétrogrades, la pratique du mariage exclusivement religieux fut maintenue.Certes, les formes laïque et religieuse du mariage apparurent comme dessolutions divergentes, quoique légitimes, découlant des normes en vigueur dansles différents secteurs de la société. Toutefois, avec le temps, comme lemontrent les Tableaux 78 et 79, les deux modèles juridiques, celui de l'Etat etcelui de l'Eglise, furent l'un et l'autre acceptés. Cette double règle delégitimation eut pour conséquence directe de donner la possibilité à despersonnes déjà mariées selon le rituel catholique de contracter un nouveaumariage, avec un conjoint différent, sous l'égide de la législation civile. Lesfortes migrations internes, qui se produisirent surtout à partir de 1930 et quiconsistèrent dans le transfert de populations, surtout masculines, du Nord-Estet de Minas Gérais dans l'Etat de Sâo Paulo et dans les régions frontières,rendirent ce double mariage plus facile, malgré l'inexistence de statutsjuridiques nationaux réglementant le divorce. En réalité, par suite de lamigration de l'un des deux conjoints, les éventuelles sanctions sociales decaractère communautaire qui auraient pu contribuer à la stabilité du mariage

TABLEAU 77. - POURCENTAGE DE PERSONNESCELIBATAIRES ET MARIEES DANS LA

POPULATION POUR LES ANNEES INDIQUEES

Année

1872189019001920194019501970(1)

Source

Célibataires

56%48 %44%46%40%38%36%

: Revista Biasileirade estatistica (59), 1954.

1) Censo demográfico Brasil, volume I, 1970.

(*) Mariage civil et religieuxMariage uniquement civilMariage uniquement religieuxMariage consensuel

(**) Mariage civil et religieuxMariage civilMariage uniquement religieuxSéparés

***) Mariage civil et religieuxMariage uniquement religieux

Mariés

36%44%47 %44%51 %(***)54 % (**)

55 % (*)

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110

consacré par l'Eglise catholique ne jouent plus. Au cours des dernièresdécennies, l'Eglise elle-même a reconnu que le mariage civil obligatoire devaitaller de pair avec l'union religieuse.

Si l'on considère le faible pourcentage de ceux qui déclarent être sansreligion dans le recensement de 1970 (0,75 %), on peut penser que le nombrerelativement élevé de ménages qui n'ont été mariés que civilement, dans cemême recensement, est dû au fait qu'il s'agit de secondes noces, après larupture d'un premier lien matrimonial établi antérieurement selon le rituelcatholique.

Finalement, la légitimation résultant du mariage civil et religieux consti-tue la modalité la plus largement acceptée et répandue dans le pays.

L'analyse comparative des données fournies par les recensements, bienqu'elle confirme l'existence de différents types de mariage dont les propor-tions varient, est rendue difficile du fait de la diversité des critères adoptéspour définir les formes de mariage dans les recensements brésiliens.

Grâce au travail de Mortara (5), on constate pour la première fois, dansle recensement de 1950, une distinction entre mariages civils et religieux d'unepart, et mariages uniquement religieux d'autre part. En ce sens, le recensementde 1970 tient compte de formes d'union plus nombreuses : mariage civil etreligieux, uniquement civil, uniquement religieux et consensuel.

De toute façon, bien que les critères servant à définir le mariage soientrestrictifs, les taux de nuptialité ont tendance à croître depuis 1872 jusqu'en1970, comme on peut l'observer dans le Tableau 77.

La constitution de différents types de mariage dans le pays, aussi bienque la dynamique de leur légitimation semblent d'autre part jouer un rôleconsidérable dans l'augmentation du taux de nuptialité telle qu'elle ressort desdonnées fournies par les recensements.

La comparaison des Tableaux 78 et 79 montre dans quelle mesure lesdifférents types de mariage, dans les recensements de 1950 et 1970, seretrouvent dans les diverses régions géo-économiques du Brésil. Bien que lesindividus aient généralement tendance à légitimer davantage leur union, ce quiindique que le pays se dote de plus en plus d'institutions, les taux denuptialité les plus faibles apparaissent dans les régions les moins favorisées parle développement économique, où les formes d'union moins légitimes seretrouvent dans une plus grande proportion.

La législation civile établie au Brésil depuis la proclamation de laRépublique a réglé la légitimation de l'union matrimoniale d'une façon idéaleet exclusive, et elle a fixé les nonnes relatives aux conséquences du mariagesur le plan du patrimoine. Pour de larges couches de la population qui vivent

(5) Revista Brasileira de estatistica (59), juil./sept. 1954.

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11:

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Source : Recensements démographiques -

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Nombre

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1970.

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Nord-Est

Nombre

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1382 5561374 879

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V

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dans une économie de subsistance ou qui entrent à peine dans une éonomie demarché, les aspects du mariage qui concernaient le patrimoine ne comportaientaucune conséquence pratique, et le contrat civil de mariage était en réalitésuperflu. La persistance, dans les régions les plus pauvres du pays, d'unnombre assez élevé de mariages consensuels et de mariages uniquementreligieux reflète l'indigence et le caractère marginal de populations qui sontexclues du mariage civil et, par conséquent, du régime de transmission debiens et du système de sécurité sociale institués dans le pays. Au cours desdeux dernières décennies, grâce au développement économique, la juris-prudence a tendu progressivement à reconnaître à la concubine certains droitsrelatifs au patrimoine et à la sécurité sociale, en réorganisant timidement, parvoie judiciaire et administrative, les formes esentielles d'union.

REVENU

Les résultats d'études récentes montrent, sans aucun doute possible, quela concentration du revenu s'est accentuée au Brésil entre 1960 et 1970.

Hoffmann et Duarte (6), en étudiant la répartition du revenu dans lapopulation, active ou non, qui a déclaré certaines ressources, sont arrivés à laconclusion que l'indice de Gini est passé de 0,49 à 0,57 pendant cette période.

Fishlow (7) note une variation du même indice, qui était de 0,59 en1960, et de 0,63 en 1970, après avoir étudié toute la population économique-ment active (PEA), y compris celle qui ne déclare aucun revenu.

Langoni (8), considérant la PEA dont il a exclu les personnes sansrevenu, est arrivé à des taux de 0,50 pour 1960 et 0,57 pour 1970.

Dans les tableaux 80 et 81 figurent les estimations de Langoni, et cellesde Hoffmann et Duarte respectivement, concernant la répartition du revenu. Ilfaut remarquer qu'elles ne sont pas directement comparables, car elles seréfèrent à une population différente, comme on l'a déjà indiqué.

En dépit des différences de méthodes, et malgré le fait que lesestimations qui figurent dans le Tableau 81 concerne la population inactive

(6) Hoffmann, Rodolfo & Duarte, Joâo Carlos — "A distribuçao de renda noBrasim". Revista de Administraçao de empresas, V.12(2).

(7) Fishlow, Albert — "Brazilian size distribution of income". American EconomieReview, LXII (2), mai 1972.

(8) Langoni, Carlos Geraldo — "Distribuçâo da renda e desenvolvimentomino do Brasil". Estudos económicos, v.2(5), IPE-USP, Sao Paulo.

En utilisant des méthodes différentes, tous ces auteurs ont eu recours aux mêmessources fondamentales : les résultats préliminaires des recensements démographiques de1960 et 1970.

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115

rémunérée, il est évident que la croissance économique a profité à 10%environ de la population qui, possédant des revenus supérieurs, sont arrivés àdétenir près de 48% du revenu total et ont augmenté en moyenne leursrevenus réels de près de 65 %, tandis que 90 % de la population nebénéficiaient que d'une petite fraction du revenu.

TABLEAU 80. - COMPARAISON DE LA REPARTITION DU REVENU1960/1970

Population classée parrevenu croissant

(% de lapopulation)

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5+

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1960

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1970

1,112,05 ,2,973,884,905,917,379,57

14,4547,7934,86

Pourcentage d'augmentationdu revenu moyende 1960 à 1970

28,0020,818,314,69,56,37,7

20,934,866,975,4

Source : Langoni, 1972.

TABLEAU 81. - COMPARAISON DE LA REPARTITION DU REVENU1960/1970

Population classée parrevenu croissant

(% de lapopulation)

50"10101010105+

% du revenu

1960

17,697.499,03

11,3115,6138,8727,35

1970

13,746,257,209,63

14,8348,3536,25 .

Pourcentage d'augmentationdu revenu moyende 1960 à 1970

183

10236172

Source : Hoffmann et Duarte, 1972.

Evidemment, les modifications qui sont intervenues dans le modèlegénéral de répartition correspondent à certaines caractéristiques de la crois-sance de l'économie, et se produisent à un rythme et selon des modalitésdifférentes suivant les secteurs et les régions. C'est ainsi que la concentration

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116

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du revenu s'est davantage accentuée dans les zones urbaines (son taux estpassé de 0,460 à 0,568) que dans le secteur primaire (de 0,436 à 0,497), etdans la région Sud plus industrialisée (de 0,396 à 0,542) que dans le Nord-Est(de 0,550 à 0,554) (9).

Les taux de croissance de la production dans le secteur primaire ont éténettement inférieurs à ceux du secteur urbain, et cette croissance s'estproduite sans modification importante des formes d'accumulation du capital,des techniques et du régime de propriété de la terre. Si l'on ajoute à cela uneforte migration, probablement sélective, de la main-d'œuvre rurale vers la ville,il n'est pas difficile de percevoir la cause de la stabilité qui caractérise larépartition du revenu en milieu rural. D'autre part, la dynamique de lacroissance du pôle le plus capitaliste de l'économie tend essentiellement à laconcentration, et son action augmente les déséquilibres régionaux et sectoriels.

La politique salariale et le contrôle de l'activité syndicale, en mêmetemps que l'expansion et l'homogénéisation progressive des monopoles, ontrenforcé le processus qui aboutira au modèle de répartition du revenu de1970. C'est ainsi que le salaire minimum réel au Guanabara est tombé enmoyenne de 101 en 1960 à 83,2 en 1970 (en Cr$ des années 65 à 67). Enmême temps, la croissance et l'accumulation du capital qui s'accéléraient dansles entreprises ont permis d'ouvrir l'échelle des salaires pour y intégrer lepersonnel technique en le rétribuant à des taux de plus en plus élevés, et il ena été de même pour le personnel administratif des Etats. Il se trouve que larépartition des salaires est devenue elle-même plus inégale. Pour les employésde l'industrie, l'indice de Gini de concentration du revenu est passé de 0,370en avril 1967 à 0,410 en avril 1971. Pendant la même période, il est passé de0,400 à 0,467 pour les employés du commerce et des services.

Evidemment, si l'on embauche à un rythme rapide la main-d'œuvre nonqualifiée provenant en grande partie du secteur rural, et si l'on ouvre l'échelledes salaires pour y intégrer le personnel technique et administratif, unéquilibre s'établit entre l'augmentation de la concentration du revenu etl'accroissement des facilités permettant de recevoir une éducation, ou, plusexactement, l'élévation du niveau de scolarité de la population active.

Dans l'étude citée plus haut, Langoni a tenté de vérifier dans quellemesure les facteurs qui modifient la composition de la population économi-quement active, tels que l'éducation, le sexe et l'âge, pourraient "expliquer" ladétérioration du modèle de la répartition du revenu. Le Tableau 82 fait lasynthèse de quelques résultats qui ont été obtenus en ce qui concernel'éducation.

En incluant les variables qui dépendent encore de la région, du secteurd'activité, de l'âge et du sexe, le modèle a "expliqué" 51 % des disparités de

(9) Hoffmann & Duaite, op. cit.

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118

revenu observées en 1960, et 59% en 1970. "De tous les résultats auxquelsnous avons abouti, le plus intéressant est sans aucun doute l'augmentationsensible de l'importance que prennent les différences de niveau éducatif dansla part du revenu que nous pouvons expliquer, puisqu'elle passe de 31 % enI960 à 41 % en 1970... Il est logique que cette importance accrue reflète lesprofondes transformations qui se sont produites dans la composition et lerevenu relatif des divers groupes ayant un niveau d'éducation diffé-rent.. ."(10).

Nous pourrions dire simplement qu'il existe une plus grande corrélationentre le niveau de scolarité et la richesse. L'auteur reconnaît que la variableéducation est " . . .ail-inclusive". C'est-à-dire que le rôle qu'elle joue dans lesdisparités de revenu que l'on a observées, en maintenant ue situation socialeou une qualification constantes, est important, mais, sans aucun doute,l'éducation contribue dans une large mesure à transmettre ces dernières" (11).

D'autre part, le rapport plus étroit qui existe entre le revenu etl'éducation résulte également d'un mouvement inverse, c'est-à-dire que lespersonnes qui possèdent de hauts revenus cherchent dans l'éducation scolairele moyen de sanctionner la situation sociale élevée à laquelle elles sontparvenues.

(10) Langoni, op. cit., p. 39.

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CHAPITRE IV

AMENAGEMENT DU PEUPLEMENT AU BRESILSUIVANT LES RÉGIONS

ET ENTRE ZONES URBAINES ET RURALES

INTRODUCTION

L'importance de la population et sa répartition dans l'espace reflètentdans une large mesure la structure économique et les transformations qu'elle asubies. Aussi, avant de traiter de l'aménagement du peuplement, il estnécessaire d'évoquer à grands traits le développement économique en indi-quant particulièrement les régions qu'il a favorisées.

Prenons comme point de départ le Brésil de l'époque coloniale au débutdu 19e siècle. A la fin des divers cycles d'exportation qui faisaient partie dusystème commercial portugais — notamment celui de la canne à sucre dans labande côtière humide du Nord-est (de la baie de Bahia à Paraîba) et celui del'or dans le centre du Brésil (principalement Minas Gérais, mais aussi Goiás etl'arrière-pays inculte de Bahia) —, l'économie de cette époque stagnait et avaitrégressé en partie, même dans ces régions exportatrices, jusqu'à n'être plusqu'une économie de subsistance. La répartition de la population, libre etesclave, reflétait alors l'importance des cycles économiques de la périodeantérieure.

A partir de la deuxième décennie du siècle, la culture d'un nouveauproduit d'exportation, le café, se dévelopa avec vigueur dans une autre région,le Centre-Sud (Rio de Janeiro, zone de la "Mata" de Minas Gérais (*) et SâoPaulo). Le pays, devenu indépendant, entra alors, en tant que fournisseur dece produit agricole, dans le nouveau système international de division dutravail qui était en voie de formation sous l'égide du capitalisme industriel.Pendant longtemps encore, la production resta fondée su; le travail desesclaves (jusqu'en 1888), mais, à partir du milieu du siècle, l'arrêt de la traitedes Noirs imposé par l'Angleterre mit en échec ce système de travail. Toutd'abord, on tenta d'exploiter les terres avec l'aide des immigrants européensdans les Etats du Sud (Rio Grande do Sul et Santa Catarina) et dans quelques

(*) Zone sud-est où l'on cultive le café.

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autres points du territoire. Cette immigration fut fondamentalement différentede celle qui lui succéda dès 1880 dans la nouvelle zone de plantation du café,celle du plateau de Säo Paulo, lorsque la crise de la main-d'œuvre dans laculture du grand produit d'exportation était déjà inévitable : à partir de cetteépoque jusqu'à la fin de la première guerre, un peu plus de 3 millionsd'Européens entrèrent au Brésil, et la plupart se dirigèrent vers la zone deplantation du café (1). Comme nous le verrons plus loin, pendant cettepériode de transition qui allait aboutir au salariat, des individus libres,originaires surtout de Minas Gérais, émigrèrent spontanément à Sïo Paulo.Cependant, puisqu'il y avait encore des terres disponibles, ceux-ci se dirigèrentvers des régions qui n'étaient pas utilisées pour la culture du café, etréalisèrent ainsi l'expansion dans l'espace d'une classe paysanne, au lieu deconstituer une main-d'œuvre libre ("libre" de terres) qui aurait pu être utiliséepour développer le capitalisme agraire. C'est pourquoi on eut recours àl'immigration étrangère (2).

La période des exportations agricoles dura jusqu'en 1930. Cependant,elle coïncida, pendant la première République (1889-1930), avec le début d'unprocessus discontinu d'industrialisation. Le développement industriel dut enpartie son essor à l'expansion des exportations agricoles (industrialisationinduite par les exportations), et cette impulsion fut renforcée à certainsmoments par une situation économique, sociale et politique favorable à uneindustrialisation tendant à remplacer les importations. Celle-ci apparut dans lesprincipales villes existantes, c'est-à-dire dans tous les endroits où s'était créépendant la période précédente, un marché pour les produits manufacturésimportés. La croissance industrielle stimula à son tour l'urbanisation. C'estainsi que se développèrent les centres urbains du Centre-Sud qui reposaientfinalement sur la culture du café (Säo Paulo, Rio de Janeiro, villes de la valléedu Paraîba et de la zone de la "Mata" de Minas Gérais) (*) ; ceux du Sud(Proto Alegre, Rio Grande, villes de la vallée de l'Itajaï, de Santa Catarina)fondés sur l'existence d'un marché intérieur (viande salée et séchée de lacampagne "gaucha", céréales des zones de culture) où se ravitaillaient lespopulations urbaines de la région et du Centre-Sud ; ceux du Nord-Est(Salvador, Recife) et du Nord (Manaus, Belém) fondés respectivement surl'exportation de la canne à sucre et du caoutchouc. L'industrie qui sedéveloppa à cette époque pour approvisionner des marchés régionaux presquestagnants fut celle des biens de consommation courante, tels que les boissons,les produits alimentaires, les textiles (la principale branche jusqu'à la seconde

(1) Voir chapitre II, paragraphe 2.3 de cette étude.

(2) Sur ce point, voir Balan, J. - "Migraçôes e desenvolvimento capitalista noBrasil : ensaio de interpretaçao histórico-comparativa". Sâo Paulo, CEBRAP, juil.-sept.1973, p. 11-27 (Etudes CEBRAP, S).

(*) Zone sud-est de Minas Gérais où l'on cultive le café.

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guerre), les vêtements, etc. Malgré l'industrialisation, l'économie resta, jusqu'en1930, essentiellement exportatrice de produits agricoles et spécialisée selon lesrégions (café dans le Centre-Sud, cacao et canne à sucre dans le Nord-Est,caoutchouc dans le Nord), ce qui permit aux Etats de la Républiqueoligarchique de jouir d'une réelle autonomie politico-administrative et finan-cière qui ne sera remise en question qu'après 1930 (les barrières douanièresqui existaient alors entre les Etats en sont, pour ce qui concerne notre étude,l'exemple le plus probant).

La Révolution de 1930 et ses conséquences sociales et politiques sontessentielles si l'on veut comprendre l'histoire de l'économie. C'est alors quesont apparues les conditions économiques et politiques qui ont permisl'expansion de l'industrie et qui en ont fait le moteur essentiel de l'économie,en remplacement de l'ancien secteur agricole et commercial ébranlé par la crisedu café. L'unification de l'espace économique (des marchés du capital et dutravail) se produisit alors en même temps que le développement industriel qui,au départ, fut surtout intense dans la région du pays où le marché était le plusvaste, c'est-à-dire le Centre-Sud. L'unification des marchés, qui se réalisa aumême rythme que l'intégration sociale et politique, étendit le processusd'urbanisation à l'ensemble du Brésil, tout en concentrant dans l'espace ledéveloppement économique. De fait, aussi bien l'industrie que l'agriculture lesplus avancées techniquement et économiquement eurent tendance à se concen-trer dans la région Centre-Sud, et, dans la mesure où le marché national étaitunifié, elles contribuèrent à affaiblir la position de ces mêmes activités dans lesautres régions (Nord-Est, Extrême-Sud et Nord). Il convient de souligner toutparticulièrement, étant donné le rôle qu'elle a joué dans le déracinement despopulations, la disparition d'une grande partie de l'artisanat dans les zonesrurales et les petites villes et villages, ainsi que celle des petites fabriqueslocales qui avaient déjà été amenées, à cause de la concurrence, à approvision-ner les zones rurales en produits de qualité inférieure, par suite de lapénétration dans toutes les régions des produits manufacturés du Centre-Sud (3).

Dans l'après-guerre, surtout à partir de 1955-1960, l'économie subit deprofondes transformations liées à la fabrication industrielle de produitsintermédiaires et de biens de consommation durable (industrie automobile,pétrochime, métallurgie, secteur de l'électro-ménager), ayant le caractère demonopole et réalisée par des sociétés internationales ou par des entreprisesnationales associées à celles-ci. La concentration dans l'espace qu'exige cette"nouvelle industrialisation" est sans aucun doute plus marquée qu'auparavant.Cependant, sous l'influence d'une politique délibérée, ces usines, tout ens'établissant à proximité des anciennes zones industrielles (notamment dans la

(3) Voir à ce sujet Lopes, J.R.B. - Desenvolvimento e mudança social, Säo Paulo,Cia. Editora nacional, 1968, 1 e r partie.

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région du grand Sao Paulo), se sont développées, toujours en se concentrant,dans de nouveaux centres du Nord-Est (près de Salvador, à Recife et àFortaleza), où l'attrait des privilèges fiscaux a incité les grandes entreprises duCentre-Sud à fonder des filiales, dans un véritable processus d'uniformisationdu pays par les monopoles (4). En même temps, le nouveau "modèle" dedéveloppement qui était en vigueur au cours de ces 20 dernières années, amontré encore plus nettement le lien qui existe entre le capitalisme industrieldes monopoles, dans sa forme dépendante, et l'extension de l'agricultureprimitive de subsistance (qui, sous une forme ou sous une autre, va de pairavec la grande propriété rurale), favorisée par la politique des routes et destransports, de sorte qu'il a encouragé l'utilisation des terres par ce typed'agriculture dans le Centre-Ouest, le Moyen-Nord et les régions les plusproches de l'Amazonie. L'importance que continue à avoir cette agricultureprimitive dans l'économie brésilienne (qui est essentielle si l'on veut com-prendre les migrations et l'aménagement du peuplement) n'empêche pasnaturellement l'apparition certaine de l'agriculture capitaliste dans quelqueszones, surtout dans la région de Sâo Paulo. Enfin, pour la période la plusrécente, un dernier point mérite d'être mentionné si l'on veut analyserl'aménagement du peuplement : la longue stagnation de l'industrie de 1962 à1967(5).

TABLEAU D'ENSEMBLE DE L'AMENAGEMENT DU PEUPLEMENTAU BRESIL SUIVANT LES REGIONS, 1808-1970

Pour déterminer l'aménagement du peuplement sur le territoire brésilienau cours de la longue période du développement du pays, nous devonsdisposer d'une division par régions qui soit satisfaisante et tienne compte durôle que celles-ci ont joué dans cette transformation. Nous nous référeronsainsi aux groupes d'Etats et de territoires suivants : a) Zone d'un début depénétration économique correspondant grosso modo à l'Amazonie (le Nord),b) Anciennes zones exportatrices de produits primaires, du Piaui à l'EspiritoSanto, y compris Minas Gérais (le Nord-Est et l'Est) ; c) le pôle industriel,comprenant Rio de Janeiro, Guanabará et Säo Paulo (le Centre-Sud) ; d) La

(4) Voir Oliveira, F. de & Reichstul, H.P. - "Mudanças na divisâo inter-regionaldo trabalho no Brasil", Sao Paulo, CEBRAP, avril-juin 1973, (Etudes CEBRAP 4),notamment p. 154.

(5) Les causes de cette stagnation ne sont évidemment pas du domaine de notreétude. A ce sujet, voir Oliveira, F. de - "A economía brasileira : crítica à razâo dualista".Säo Paulo, CEBRAP, octobre 1972 (Etudes CEBRAP, 2), et Tavares, M. C. - Dasubstituiçâo de importaçôes ao capitalismo financeiro. Rio de Janeiro, 1972, chapitre sur"Além de estagnaçao".

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Frontière d'expansion agricole, y compris Maranhao, Goiás, Mato Grosso et leParaná (le Front pionnier) ; e) Anciennes zones de colonisation étrangère :Santa Catarina et Rio Grande do Sul (le Sud) (6). (Voir carte).

I Nord: Zone d'un début de pénétration économiqueII Nord-Est et Elt Anciennes zones exportatrices

de produits primaires

III Centre-Sud: Pole industriel(ancienne zone de culture du café)

IV Front pionnier: Frontière d'expansion agricole

V Sud: Anciennes zones de colonisation étrangère

(6) 11 est évident que cette division régionale ne sert nos objectifs que de façonapproximative. Nous sommes obligés d'ajouter les données concernant les Etats, etdiverses parties de ceux-ci ont ou ont eu souvent des rôles différents dans la structureglobale de l'économie (ainsi, la zone forestière des mines a participé à l'essor de la culturedu café, tandis que, à la même époque, le reste de l'Etat était en décadence après larégression de l'extraction minière). D'autre part, il se trouve parfois qu'une zone donnéen'ait pas toujours joué le même rôle dans le développement.

Les noms géographiques entre parenthèses ne sont utilisés que pour faciliter lesréférences, et ne désignent pas, si ce n'est de façon approximative, les grandes régionsgénéralement utilisées dans la géographie brésilienne.

Pour illustrer les raisons qui nous ont permis de caractériser sur le plan démogra-phique et économique les régions du Nord et du Front pionnier, il suffit de faireconnaître les données suivantes : la lere région comprend près de 40 % de la superficie dupays et moins de 4 % de sa population (1970 ; densité : 1,1 hab/km2) ; l'occupationrécente de la deuxième région est prouvée par l'augmentation de sa densité qui passe de2,1 hab/km2 en 1950 à 5,8 en 1970. La densité du reste du pays était en 1970 de30,2 hab/km2.

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TABLEAU 83. - REPARTITION EN POURCENTAGE

Régions

(1)

Population(en milliers)

NordAcreAmazonasPara

Nord-Est et EstPiaulCe araRio Grande do NorteParaíbaPernambucoAlagoasSergipeBahiaEspirito SantoMinas Gerais

Centre-SudRio de JaneiroGuanabaraSâb Paulo

Front pionnierMaranhaoMato GrossoD.F. (Brasilia)GoiásParaná

SudSantan CatarinaRio Grande do Sul

1808

2419,4

4,0-—4,0

64,72,96,62,13,9

10,14,83,1

13,92,9

14,5

18,09,7—8,3(2)

8,15,01,0—

2,1- (2)

5,21,63,6

DE LA PC

Phase d'exportationde produit

1823

3 960,9

3,2-—3,2

66,82,35,01,83,1

12,13,33,0

17,03,0

16,2

18,511,4

—7,1(2)

6,54,20,8—1,5- (2)

5,01,33,8

s primaires

1872

9 930,5

1890

14 333.S

3,4 3,3- -0,6 1,02,8 2,3

64,4 62,12,0 1,97,3 5,62,4 1,93,8 3,28,5 7,23,5 3,61,8 2,2

13,9 13,40,8 0,9

20,5 22,2

19,1 19,47,9 6,12,8 3,78,4 9,7

7,1 7,03,6 3,00,6 0,7— —1,6 1,61,3 1,7

6,0 8,21,6 2,04,4 6,3

Source : Resumo histórico des Inquéritos censuarios realizados no Bras

(1) Les populations des Territoires de Roraima, Amapá et Ronderespectivement. L'Etat de Guanabara coïncide pratiquement avec la vill

(2) La populatior

(3) Le total de lados Aimorés.

i du Paraná

population

en 1808 et 1823 est incluse dans ce

du Nord-Est-Est comprend celle du

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TION DU BRESIL PAR ETATS

1900

' 438,4

4,0-1,42,6

'7,61,94,91,62,86,83,72,02,21,2

:0,6

'••3,15,34,73,1

6,92,90,7_1,51,9

8,41,86,6

Phase de formationdu marché interne

1920

30 635,6

1940

41 236,3

4,7 3.50,3 0,21,2 1,13,2 2,3

54,5 50.2(3)2,0 2,04,3 5,11,8 1,93,1 3,57,0 6,53,2 2,31,6 1,3

10,9 9,51,5 1,8

19,2 16,3

23,9 26,25,1 4,53,8 4,3

15,0 17,4

7.6 9,02,9 3,00,8 1,1_ _1,7 2,02,2 3,0

9,3 10,92,2 2,97,1 8,1

ET PAR REGIONS 1808-1970

1950

51 944,4

3.50,21,12,2

48,4(3)2,05,21,93,36,52,11,29,31,7

14,9

26,64,44,6

17,6

10,53,11,1_2,34,1

11,03,08,0

, 1951 et Recensements démographiques.

ont incluses dans celles des Etats.io de Janeiro.

Sâo Paulo.

i'Amazonas,

Phase d'internalisa-tion du

1960

70992,3

3.60,21,12,3

44,1 (3)1,84,71,62,85,81,81,18,41,7

13,8

27,74,84,7

18,3

13,93,51,40,22,76,1

10,73,07,7

marché

1970

94 508,6

3,70,21,12,4

41,30)1,24,81,72,65,61,71,08,01,7

12,3

28,55,14,6

19,0

16,23,21,80,63,27,4

10,23,17,1

Para et Mato Grosso

oiré de Fernando Noronha et celle du territoire en litige de la Serra

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Le Tableau 83 nous permet de constater la répartition totalementnouvelle de la population qui s'est produite depuis la fin de l'époque colonialependant plus d'un siècle et demi. Les donne'es relatives aux années 1808 et1823, malgré leur imprécision, montrent, à titre indicatif, la répartitiondémographique antérieure à l'essor de l'exportation du café. Il est plus facilede suivre les transformations qui se sont produites si l'on divise toute cettepériode en trois phases : a) de 1808-1823 à 1890 : la phase d'exportation desproduits primaires ; b) de 1890 à 1950 : la phase de formation du marchéintérieur (industrialisation pour remplacer les importations) ; c) de 1950 à1970 : la phase d'internationalisation du marché et d'accentuation du carac-tère de monopole de l'économie. Chacune de ces phases est marquée par desprocessus différents d'aménagement du peuplement.

La première phase a été caractérisée par la croissance d'une certainepartie de la population résidant dans les Etats qui pratiquaient la culture ducafé, notamment à Sao Paulo et Minas Gérais, ainsi que par la diminution dela fraction de la population vivant dans le Nord-Est et l'Est (sauf MinasGérais). Alors que cette dernière région comprenait près de 50 % des habitantsau début de la période, elle en avait moins de 40% en 1890. D'autre part, lapopulation des Etats du Sud - vers lesquels se dirigeaient à cette époque leplus grand nombre des immigrants étrangers, mais également un courant demigration intérieure encore plus fort — qui était de près de 5 % de lapopulation totale, passa à 8 %.

Les données qui figurent au Tableau 84 renforcent ces conclusions,lorsqu'on examine le taux géométrique de croissance démographique dans lesrégions en question. Celui-ci a augmenté de 1,8 à 2,1 % dans le Nord-Est etl'Est, et de 2 à 2,3 % dans le Centre-Sud ; en ce qui concerne ces régions,toutefois, ce fut dans les Etats où l'on cultivait le café que la croissance fut laplus forte, puisqu'elle était de 2,4 à 2,7 % pour Minas Gérais, et de 2,4 %pour Sao Paulo, taux bien supérieur à la moyenne du pays dans son ensemblequi était de 1,9 à 2,2 % pendant cette période.

De 1890 à 1950, lorsque l'essor de l'industrialisation vint s'ajouter audéveloppement qui résultait de la culture du café, le pourcentage de lapopulation de cette région augmenta plus fortement à cause, surtout, de lacroissance de Sao Paulo (qui représentait 9,7 % de la population du Brésil en1890, et 17,6 % à la fin de la période), tandis que celui de la presque totalitédes Etats du Nord-Est de l'Est (y compris maintenant Minas Gérais) diminuaitdans une certaine mesure. De fait, tandis que le taux géométrique decroissance de Sao Paulo était, pendant cette période, de 3,2 % par an, celuides Etats de la région du Nord-Est et Est était de 1,8 %, la moyenne nationalese situant à 2,2%.

D'autre part, pendant cette phase, ce fut le début de l'occupation desEtats pionniers par suite, surtout, de l'expansion de l'économie agricole de Sao

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TABLEAU 84. - TAUX GEOMETRIQUE ANNUEL DE CROISSANCEDE LA POPULATION (EN %), REGIONS DU BRESIL, 1808-1970

Régions(l)

Nord

Nord-Est et Est(y compris Minas)

(Minas)

Centre-Sud(Y compris SâbPaulo

(Sao Paulo)

Front pionnier

Sud

Brésil

1808/1890e

1823/1890(2)

2,0

1,8 à 2,1

(2,4 à 2,7)

2,0 à 2,3

(2,4)

2,0 à 2,1

2,7 à 2,8(4)

1,9 à 2,2

1890/1950

2,3 (3)

1,8

(1,5)

2,7

(3,2)

2,9

2,7

2,2

Sources : Resumo histórico, op. cit., et recensements.

(1) Voir le texte pour la composition des régions.

1950/1970

3,4

2,2

(2,1)

3,4

(3,4)

. 5,3

2,7

3,0

(2) A partir des enquêtes censitaires de 1808 et 1823 (peu précises) jusqu'en1890, nous avons calculé deux séries de taux géométriques qui, toutefois, ne différentpas beaucoup.

(3) Le taux de croissance est de 3,8% de 1890 à 1920, età 1950.

(4) Pour la période de 1872 à 1890, croissance de 3,9 %.

de 0,8% de 1920

Paulo, de sorte que le pourcentage de leur population s'éleva (taux decroissance géométrique un peu supérieur à la moyenne nationale : 2,9 %). Ilfaut aussi indiquer quelle était la situation dans le Nord du pays, lié au boomdu caoutchouc : sa population augmenta relativement jusqu'en 1920 aurythme de 3,9 % par an, puis resta presque la même jusqu'en 1950.

La 3 e phase, celle des 20 dernières années, montre que le déclin relatifdu Nord-Est et de l'Est s'est poursuivi, tandis que le Centre-Sud continuait àse développer, mais à un rythme plus lent (il faut rappeler la stagnation del'industrie de 1960 à 1965) (7). Cependant, l'accroissement relatif du pour-

(7) La croissance géométrique des Etats du Nord-Est et de l'Est a été supérieure àceUe de la période précédente (1,8% par an de 1890 à 1950, et 2,2% de 1950 à 1970),de même que celle de l'Etat de Säo Paulo (3,2 % et 3,4 % par an respectivement pour lesdeux périodes). Toutefois, la différence relative entre les rythmes de croissance des deuxrégions a diminué.

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centage de la population des Etats pionniers s'accéléra, ce qui révèle uneexpansion agricole qui, comme nous le verrons plus loin, avait un caractèrehétérogène ; de toute façon, cette région eut le taux de croissance le plus élevé(5,3 % par an pour les Etats du Front pionnier), bien supérieur à la moyennenationale (3 %). D'autre part, ce ne fut plus alors seulement les Etats duNord-Est et de l'Est qui subirent les conséquences de la diminution del'expansion de l'économie du Centre-Sud ; ceux du Sud virent aussi leurpourcentage s'abaisser. Le Nord, quant à lui, vit son taux augmenter, ce quiindique la pénétration du Front pionnier dans l'est du Para.

L'aménagement du peuplement qui accompagne le développement éco-nomique se fait certes à l'échelon régional, mais aussi au niveau des zonesurbaines et rurales. Il nous faut maintenant considérer cet aspect du problême.

L'AMENAGEMENT DU PEUPLEMENTENTRE ZONES URBAINES ET RURALES

Voyons de quelle façon l'urbanisation va de pair avec les transformationsde l'économie brésilienne et l'aménagement du peuplement qui en découle.Cette analyse est limitée par les données des recensements que nous possé-dons, car ceux-ci n'établissent une distinction entre zones urbaines et zonesrurales que depuis 1940. Nous pouvons cependant connaître de façonapproximative les tendances à la concentration urbaine pendant une pluslongue période, en nous fondant sur la croissance des capitales des diversEtats, puisque tous les recensements nous fournissent des données sur lechiffre total de la population de ces communes.

Le Tableau 85 qui suit montre l'importance de la population descapitales dans les différents recensements, en même temps que leur tauxrespectif de croissance, les données ayant été regroupées suivant les 5 régionsque nous avons définies dans ce chapitre. Nous observons tout d'abord que lestaux géométriques de croissance pour l'ensemble des capitales du pays, quiavaient tendance à augmenter (à l'exception de la période intercensitaire de1890 à 1900), atteignent leur chiffre maximum dans les années 1950, ce quicoïncide avec le moment où l'industrialisation entre dans une nouvelle phasede capitalisation, comme nous l'avons vu précédemment. La première périodeintercensitaire (1872-1890) avait été marquée par une faible urbanisation :taux de croissance de 1,5% par an, faisant la synthèse de mouvementscontraires, avec une diminution de la population urbaine dans un grandnombre de villes. (Il est intéressant d'observer que, à l'exception de Cuiabádans le Mato Grosso, tous les autres Etats dont les capitales ont perdu unepartie de leurs habitants avaient un pourcentage de population en baissependant cette période. Voir Tableau 83).

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Déjà, dans la période intercensitaire suivante (1890-1900), le tauxmoyen de croissance pour le pays fut pratiquement trois fois supérieur à cequ'il était précédemment, grâce, surtout, à la ville de Sâo Paulo (tauxgéométrique de croissance égal à 14 %), dont l'Etat recevait alors son plus fortcontingent d'immigrants étrangers, comme nous l'avons déjà dit, et dont leslimites d'influence dépassaient le secteur rural pour se faire également sentirdans le tissu urbain. En outre, à l'exception de 2 capitales (Victoria etGoiânia), toutes les autres avaient un taux positif, bien que, dans certains cas,le rythme de croissance soit très faible, comme à Recife (8).

Pendant la 3 e période intercensitaire (1900-1920), le rythme de crois-sance urbaine est déjà moins rapide, et le développement de Säo, Paulo, bienmoindre, est similaire à celui d'autres capitales, comme Belém et Porto Alegre.

La période postérieure à 1940, que nous étudierons ultérieurement defaçon plus détaillée, région par région, a été caractérisée par une relativehomogénéisation des diverses régions en ce qui concerne le rythme decroissance de leur capitale, par le développement soutenu des capitales desEtats où l'agriculture était en expansion (Goiânia, puis Cuiabá), et par ladiminution du rôle joué par celles de la région Centre-Sud (le pôle industriel)quand on les compare aux autres. Si l'on présente les données différemment, ilapparaît clairement que l'urbanisation a tendance à devenir homogène danstout le pays. C'est ce qui ressort lorsque l'on compare, comme au Tableau 86,les rythmes de croissance urbaine pendant les deux grandes périodes, de 1872à 1920, et de 1940 à 1970, c'est-à-dire la phase initiale et l'époque la plusrécente de l'industrialisation, pour les capitales de la région Centre-Sud (lepôle industriel) et pour celles des régions périphériques les plus importantes, leNord-Est-Est et le Sud. Tandis qu'au début les capitales du Centre-Suds'étaient développées beaucoup plus rapidement que celles des 2 autres régionsau cours des 30 dernières années, bien que le progrès industriel du Centre-Sudn'ait pas cessé (mais se soit au contraire accéléré), le rythme de sonurbanisation (évalué d'après la croissance de ses capitales) a été légèrementinférieur à celui des capitales des régions périphériques. Ceci montre lagénéralisation, à l'échelle nationale, du déracinement des populations des zonesrurales et des petites villes. Bien qu'elle soit nettement liée au développementindustriel du pays dans son ensemble, l'urbanisation se produit maintenant,dans de nombreuses régions, sans dépendre vraiment de l'industrialisationlocale et régionale.

(8) Cette intense urbanisation des années 1890, ainsi que le faible taux decroissance urbaine pendant la période précédente, peuvent en partie résulter d'erreursdues aux chiffres insuffisants du recensement de 1890. On ne doit cependant pas oublierque cette période suit immédiatement l'abolition de l'esclavage, et que beaucoupd'anciens esclaves se dirigèrent vers les centres urbains pour échapper aux conditions detravail qui étaient les leurs dans les exploitations agricoles.

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Centre-Sud

NiteróiRio de JaneiroSîb Paulo

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Sud

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1872

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-

408 455

216924245820 39224 714

11667127 7039 559

129109-

16 157

351 815

47 548274 972

31385

99401

316041265135 98719159

-

69 707

25 70943 998

1020 709

1890

88 784

38 720-

50 064--

-

455 484

3152340 9021372518 645

1115563149816336

174412—

16887

621 854

34 269522 651

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88 857

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-

88108

30 68752421

1338087

1900

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50 300-

96560--

-

540334

45 31648 36916 05628 793

113 1063642721 132

205 8131347211850

1104 696

53433811443239 820

134 421

36 79849 75534 39313475

-

105 903

32 22973 674

2032214

Source : Recensements démographiques.

(1) Capitales de Territoires.

(2) Nousseule population

avons omis

1920

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-

931022

57 500785363069652 990

238 84374 16637 440

283 42255 56321 866

1823144

86 2381 157873

579033

186 816

52 9297898633 67821223

-

220 601

41338179 263

3 473 689

1940

236 472

66 854-

164 673-

4 945-

/ 261 306

34 6951409015147971 158

32317780 04550 306

290 443177 00442098

2901999

124 5071 5190101258482

191979

58735994101886114943

-

284 260

25 014259 246

4876016

dans ce tableau la période 1920-1940, caíurbaine des capitales, et, pour 'époque la

1950

349117

896125 132

225 2181003693719 748

1397538

51418205 052

94 81289 517

512 37099 08867 539

38942233858549 735

4490 956

170 8682 303 0632017025

281 525

79731138 178

23 74539 871

-

423313

48 264

375049

7 442 449

il était impc

plus ancienne, a la pop

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3155972

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228 8263 307 1633164 804

643 766

123519344 56043112

132577-

691 952

74 323617 629

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10175911 126 368

121978

9 854 698

297 72043157465 241 804

; 402254

171406497 626

85 598370619277 005

1007625

120 281887 338

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1,01,0

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3,13,32,3

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6,83,8

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5,4

5,6

1960/70

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11.0 6,86,7

5.2 4.6

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4,1 3,9

3,0 2,73.7 2,74,6 5,2

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4,5 3,39.6 3,76,1 7,1

12,8 10,8-

5,0 3,8

4,4 4,95,1 3,7

4,7 4,5

pour l'époque la plus récente, à la

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132

TABLEAU 86. - TAUX GEOMETRIQUE ANNUEL DE CROISSANCEDE LA POPULATION DES CAPITALES DU CENTRE-SUD, NORD-

EST-EST ET SUD (EN %) 1872/1920 ET 1940/1970 (*)

Période

1872/1920

1940/1970

Centre-Sud

3,5%

4,2%

Source : Recensements démographiques.

(*) Nous avons omis dans ce tableavsible de comparer des données se référantpopulation urbaine des capitales, et, pourtotale de leurs communes.

Nord-Est-Est

1,7%

4,7 %

Sud

2,4 %

4,5 %

i la période 1920-1940, car il étaitimpos-, pour l'époque la plus récente, à la seule'époque la plus ancienne, à la population

La distinction entre la partie urbaine et rurale des communes, dans lerecensement de 1940 et jusqu'à aujourd'hui, nous permet d'étudier cettepériode plus en détail. Si l'on considère comme urbains les centres (cités etvilles) dont la population est supérieure à 2 000 habitants, et le reste commerural (9), nous pouvons analyser, grâce au Tableau 87, l'évolution différentedes zones urbaines et rurales dans les diverses régions.

Au cours de cette période, le Brésil passe d'une économie et d'unesociété essentiellement rurales (près des 3/4 de la population étaient desruraux en 1940) à une situation dans laquelle la plus grande partie de lapopulation est maintenant urbaine (52 % de la population vivaient en 1970dans des centres de plus de 2000 habitants). Dans toutes les régions, de 1940 à1970, la population urbaine croît beaucoup plus vite que la population rurale.Au total, tandis que la population urbaine quintuple presque (373 % d'aug-mentation en 30 ans), la population rurale n'arrive pas à croître de 50 %.Cette transformation démographique est, il faut le souligner, la conséquencenormale d'une économie qui s'industrialise rapidement (10).

Cependant, il faut noter les variations régionales de la croissance urbaineet rurale : d'un côté, nous avons Sâo Paulo, Guanabara et Rio de Janeiro, oùla population rurale a diminué pendant ces trente dernières années de 12 %environ ; de l'autre, les Etats du Front pionnier, où la population rurale a plusque triplé (et où la croissance urbaine est également impressionnante). Il fautaussi signaler le développement rural modeste (32 %) des Etats du Nord-Est et

(9) II est apparu dans une première analyse que la population des centressemi-ruraux, définis par l'administration du recensement comme étant urbains, mais quiavaient moins de 2 000 habitants, se comportait comme celle des zones rurales.

(10) D'après les données globales, du moins, il n'y a pas de raison de parler de"sururbanisation". Si l'on veut une critique pertinente de la thèse de la sururbanisationdes pays qui sont aujourd'hui en train de s'industrialiser,voir Sovani, N.V. — Urbanizationand urban India. Londres, Asia Publishing House, 1966.

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133

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de l'Est (y compris Minas Gérais), et celui des Etats du Sud d'environ 50 %,pourcentage proche de la moyenne nationale. On peut avancer l'hypothèseselon laquelle la croissance rurale relativement faible des Etats du Nord-Estd'une part, et la diminution considérable de la population rurale du Centre-Sud (aussi bien de Sâo Paulo que de Rio de Janeiro) de l'autre, pandant ces30 dernières années, sont des phénomènes essentiellement différents : tandisque, dans le 1e r cas, il s'agissait dans l'ensemble d'une stagnation, dans le casdu Centre-Sud, c'était le résultat d'une mutation technologique commencéedepuis longtemps, et qui faisait partie de la dynamique de l'économie agricolede caractère nettement capitaliste (11). La croissance extrêmement rapide dela population rurale des Etats pionniers est probablement un phénomènemixte ; tandis qu'au Paraná et dans le sud du Mato Grosso et de Goiás elle estdue à l'extension, sur de nouvelles terres, de l'économie rurale capitaliste deSäo Paulo, dans le Maranhao et le nord de Goiás (et aussi dans certainesrégions du Para), elle résulte de l'expansion vers de nouvelles zones del'économie agricole de subsistance du Nord-Est (12). Il est plus difficiled'interpréter la croissance modeste de la population rurale de la région sud où,à côté de la pénétration des techniques agricoles modernes (notamment dansle Rio Grande do Sul, le nombre de tracteurs est aujourd'hui élevé pour leBrésil), il doit y avoir des zones de stagnation ; il se peut que ces deux aspectsexpliquent aussi la situation de Minas Gérais (qui fut le seul Etat, mis à partceux du Centre-Sud où, dans les années 1960, la population rurale diminua enchiffres absolus), sans parler de l'élevage qui a joué un rôle dans l'expulsion dela main-d'œuvre.

En ce qui concerne les populations urbaines, le fait le plus marquant estleur forte croissance dans toutes les régions et dans des proportions semblables(elle a plus que quadruplé) : aussi bien dans le Centre-Sud que dans leNord-Est-Est, le Nord et le Sud. La seule exception à ce développementuniforme dont nous venons de parler est l'énorme augmentation de lapopulation urbaine dans les Etats du Front pionnier. La croissance urbaine deces Etats, qui était partie d'un taux assez faible, n'a pas eu partout uncaractère homogène. Elle a été particulièrement marquée dans le sud de Goiás,zone qui est essentiellement le prolongement de l'économie pauliste et que, àcause de la distance (à la différence du Paraná), un réseau urbain devaitdévelopper pour la rattacher à celle-ci.

(11) Voir l'article de Paul Singer qui distingue deux sortes de facteurs qui ontcontribué à l'expulsion de la population rurale, les facteurs de stagnation et ceux demutation, "Migraçôes internas : consideraçôes teóricas para o seu estudo", publié dansMigraciones internas, CLACSO, 1972.

(12) Voir notamment à ce sujet l'article de Paul Singer "A agricultura na bariaParaná-Uruguai", Revista brasileira de Ciencias sociais, vol. Ill, n° 2, 1963 et Lopes,J.R.B. — "Desenvolvimento e migraçoes: urna abordagem historico-estrutural". SaoPaulo, CEBRAP, oct.-de'c. 1973, p. 125-142 (Etudes CEBRAP, 6).

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135

II faut également souligner la signification différente de la croissanceurbaine de même intensité, lorsqu'elle se produit dans un centre économiqueou dans sa périphérie, notamment dans le Nord-Est, dont l'économie aprofondément souffert, du moins pendant la plus grande partie de cettepériode, de la régression provoquée par le développement industriel et agricolede la région pauliste. La croissance urbaine dans des régions peu développées,dans un "espace" de plus en plus intégré socialement et économiquement, faitpartie d'une suite de facteurs dont il faut tenir compte si l'on veutcomprendre les migrations et l'aménagement du peuplement. Signalons ici,entre parenthèses, que c'est dans ce contexte que l'on devrait poser, en termesdifférents suivant les régions, le problème de l'offre excédentaire de main-d'œuvre urbaine, et peut-être celui de la population urbaine marginale, quirésultent de processus d'ensemble.

Enfin, en examinant de nouveau les données du Tableau 87, on peutconstater les différences qui se sont manifestées dans l'aménagement dupeuplement au cours des trois décennies que comprend la période que nousétudions et pendant laquelle, comme on l'a déjà fait remarquer, la forme dedéveloppement économique et socio-politique du pays s'est passablementmodifiée. En premier lieu, notons que le rythme de l'urbanisation s'estaccéléré des années 1940 aux années 1950, avec une légère baisse après 1960 :la croissance de la population urbaine pour chaque décennie a été de l'ordrede 54,79 % et 72 % respectivement. Cette tendance fut générale dans toutesles régions du pays, à l'exception de celles du pôle industriel (Centre-Sud), oùmême pendant la dernière décennie, l'augmentation du pourcentage de lapopulation urbaine a été supérieure à celle des années antérieures (56,68 % et70% respectivement). On remarque aussi que le rythme de croissance desEtats du Front pionnier a dépassé de loin, dans toutes les périodes, celui desEtats du pôle industriel ; en outre, de 1950 à 1960, toutes les régions dontnous avons parlé ici ont eu un taux de croissance urbaine plus élevé que celuide ces derniers Etats, tandis que, au cours de la décennie suivante, seuls lesEtats du Nord et du Front pionnier ont dépassé en ce domaine ceux du pôleindustriel.

En ce qui concerne les populations rurales, l'examen des variationsrelatives au cours de chaque décennie, fait apparaître certaines caractéristiquesde l'évolution rurale régionale qui méritent d'être soulignées. On observe toutd'abord que l'augmentation de la population rurale du Centre-Sud est presquetoujours, à n'importe quelle époque, plus faible que dans toutes les autresrégions, ce qui prouve peut-être que la modernisation de son agriculture datede plusieurs décennies. Il est un fait plus important encore : la diminution enchiffres absolus que nous avions remarquée en considérant la période de cestrente années, semble se produire maintenant uniquement dans la décennie1960-70 (avec une baisse surprenante de la population rurale de près d'unquart à cette époque), ce qui montre la rapidité avec laquelle la technique et

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136

l'organisation se transforment aujourd'hui dans cette région (principalement àSao Paulo).

Notons encore que la croissance de la population rurale est plus lentedans toutes les régions de 1960 à 1970 montrant par là que les forces quitendent à expulser cette population se sont accrues, qu'elles proviennent d'unestagnation ou de transformations technologiques (voir plus haut la discussionsur la combinaison de ces facteurs suivant les diverses régions). Une dernièreobservation concernant la population rurale des Etats du Front pionnier : sacroissance a été respectivement, pour les trois décennies, de 42,65 et 34 %. Enréalité, ces pourcentages sont le résultat de tendances divergentes manifestéespar les différents Etats rentrant dans cette catégorie. Ils reflètent la croissancede l'Etat du Paraná (et, à un degré moindre, celui du Maranhao), oùl'augmentation de la population a été particulièrement importante de 1950 à1960, puis a faibli relativement de 1960 à 1970. Les Etats du Centre-Ouest,au contraire, font apparaître un accroissement relatif de plus en plus marqué.Les balances migratoires de ces Etats qui ont été calculées dans une étuderécente de Graham et Buarque de Hollanda Filho, bien qu'elles ne distinguentpas population rurale et urbaine, concordent avec ces conclusions (13).

Il est évident que l'aménagement du peuplement suivant les régions etentre zones urbaines et rurales est le résultat de processus de croissancenaturelle et migratoire qui sont interdépendants et qui agissent de façoncomplexe, entre eux et de concert avec les transformations socio-économiques.Dans la mesure où les données le permettent, nous commenterons dans lesparagraphes suivants le rôle de ces processus dans l'aménagement du peuple-ment.

BREF APERCU SUR LE ROLE DES TAUX DE CROISSANCE NATURELLE

II ne semble pas y avoir de doute sur le fait que la cause principale del'aménagement du peuplement brésilien suivant les régions et entre zonesurbaines et rurales au cours des 160 dernières années est le mouvement despopulations, tout d'abord —à l'échelle internationale (importation d'esclavesafricains, puis immigration européenne), ensuite, pendant les 3 ou 4 dernièresdécennies, à l'intérieur même du pays. D'autre part, il est également certainque les différences de croissance naturelle entre les régions et entre zonesurbaines et rurales jouent un rôle dans l'aménagement du peuplement. Il estcependant difficile de l'évaluer, étant donné l'absence de données précises sur

(13) Voir Graham, Douglas H. & Buarque de Hollanda Filho, S. - Migration,regional and urban growth and development in Brazil, a selective analysis of the historicalrecord, 1872-1970. Sao Paulo, IPE, 1971, p. 98. Consulter le tableau 88 de ce chapitre,qui a été tiré de cet ouvrage.

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137

ses composantes, surtout parce qu'il faudrait disposer de celles-ci pour desdates différentes. Des études récentes (14) qui tentent de fixer les taux brutsde natalité par régions (1940/50 et 1960/70), ainsi que les conclusionsprésentées au chapitre 2 sur les taux de mortalité générale (1941 à 1970),donnent quelques ordres de grandeur et révèlent des tendances qui nouspermettent de résoudre un peu mieux la question. Les indications fourniessont les suivantes : a) d'une façon générale, les taux de natalité au cours des 2périodes, et ceux de mortalité au début de celles-ci, sont différents au nord etau sud, les plus élevés étant enregistrés dans les régions Nord, Nord-Est etCentre-Ouest, et les plus faibles dans le Sud-Est et le Sud ; b) jusqu'à uncertain point, mais pas complètement, les différences des taux de natalité etde mortalité tendent à s'équilibrer, bien que la croissance naturelle demeureplus importante dans les régions du Nord ; c) pour les régions "Nord" et"Sud", les taux de natalité ont eu tendance à augmenter, et ceux de mortalitéà diminuer au cours des 30 dernières années, de sorte que les taux decroissance naturelle augmentent.

Il nous semble que ces indications nous permettent de conclure :

1. que, peut-être, dans les périodes les plus lointaines, le rôle de lacroissance naturelle était bien moindre que dans les dernières décennies ;

2. que, en nous limitant maintenant au principal mouvement de popula-tion, c'est-à-dire Yabandon du Nord-Est-Est (dont la croissance naturelle estélevée) au profit du Centre-Sud (à faible croissance naturelle), nous pouvonsdire que le taux de croissance a eu tendance à aller dans un sens contraire àl'aménagement du peuplement qui s'est produit, et que les mouvements depopulation (toujours évalués, comme nous le verrons au paragraphe suivant, enpartant de l'hypothèse selon laquelle il n'y a pas de croissance naturelle)seraient plutôt sous-estimés dans les périodes récentes. Suivant le mêmeraisonnement, les calculs relatifs aux migrations dont nous parlerons auparagraphe suivant, donnent une importance exagérée aux mouvements d'en-trée dans les régions du Nord et du Front pionnier (zones où la croissancenaturelle est supérieure à la moyenne) et aux sorties de la régions du Sud dansles dernières décennies (zone où la croissance naturelle est inférieure à lamoyenne) ;

3. que, bien qu'il soit difficile d'apprécier dans quelle mesure l'aménage-ment du peuplement entre zones urbaines et rurales dépend du taux decroissance naturelle, il nous semble légitime de supposer qu'en général lacroissance naturelle des zones urbaines est plus faible que celle des zonesrurales, et que cette tendance a agi dans un sens contraire à celle del'aménagement du peuplement (et à l'urbanisation de l'économie), et ce sontsurtout les migrations qui se sont opposées à cette action.

(14) Merrick, Thomas W. - "Interregional differences in fertility in Brazil, 1950to 1970". Sao Paulo, CEBRAP, 1974 Cahiers CEBRAP, 16.

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138

LES MIGRATIONS INTERNATIONALESET LES MIGRATIONS INTERIEURES EN TANT QUE FACTEURS

DE L'AMENAGEMENT DU PEUPLEMENT, 1872-1970

L'analyse du rôle des mouvements migratoires internes et externes quisont devenus le facteur démographique prépondérant de l'aménagement dupeuplement au cours de cette période, peut se fonder en grande partie sur untravail récent de Graham et Buarque de Hollanda Filho, qui présente lesbalances migratoires dans les périodes intercensitaires, pour tous les Etatsbrésiliens, et que l'on trouvera dans les Tableaux 88 et 89(15). Ces donnéesnous permettent d'évaluer l'importance et la direction de ces déplacements depopulation, ainsi que le taux de participation des autochtones et des étrangerspour chacune des trois phases du développement économique du pays quenous avons déterminées :

Phase d'exportation de produits primaires. Au cours de la période pendantlaquelle se déroule cette phase, les

tendances, les caractéristiques et l'intensité des mouvements migratoires ontété assez différentes, et nous ne ferons que les mentionner brièvement danscette étude. Ces migrations commencent avec les premières tentatives decolonisation étrangère et vont jusqu'au début des arrivées massives d'étrangersqui atteindront leur maximum à la fin du siècle ; d'autre part, cette phasecomprend aussi des mouvements intérieurs d'importance diverse, depuis lespetits déplacements de population blanche et, ultérieurement, d'anciens es-claves, jusqu'aux courants internes d'une certaine ampleur dirigés vers les Etatsdu Centre-Sud dont l'importance sera réduite, surtout dans la période suivante,par l'entrée au Brésil d'une multitude d'étrangers. Nous allons commenter cesmigrations.

Depuis le début du siècle dernier, on s'est efforcé pour la première foisd'attirer et d'absorber les immigrants étrangers en essayant de former desnoyaux de colonisation dans divers Etats (16). Toutefois, pendant la première

(15) Graham, Douglas H. & Buarque de Hollanda Filho, S., op. cit. Les auteursont utilisé, pour évaluer les balances migratoires, aussi bien les taux globaux de survie(pour l'ensemble du pays) appliqués à chaque Etat (Tableau 88), qu'une autre méthodedans laquelle on projette, d'un recensement à un autre, par groupes d'âge et par sexe lapopulation de chaque Etat, en se servant d'une même série de taux de mortalité par âge(tableau 89). Les estimations obtenues par les deux méthodes sont différentes ; cepen-dant, ces différences ne sont pas de nature à invalider les conclusions qu'on peut en tirer.Dans les deux cas, les estimations des migrations nettes ne comprennent pas les migrantsnés pendant les périodes intercensitaires.

(16) Voir chapitre 2 de cette étude, ainsi que Hugon, Paul - Demografíabrasileira. Säo Paulo, Editora Atlas SA., 1973.

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139

moitié du 19e siècle, ces tentatives n'ont porté que sur un nombre limitéd'immigrants, qui n'a pas dépassé au total le chiffre de 12 000 personnes,Allemands, Suisses et Hollandais pour la plupart.

C'est à partir de la moitié du siècle et, surtout, à partir de 1880 qu'acommencé l'immigration la plus importante, due essentiellement à l'initiativeprivée, qui a relégué au second plan la colonisation de caractère éminemmentpublic. Dès lors, la politique d'immigration s'est confondue avec les intérêtsdes planteurs de café, et cette immigration a eu un caractère particulier, étantdonné qu'il s'agissait de se procurer une main-d'œuvre salariée, nécessaire à lapoursuite de l'expansion économique qui, à son tour, devint l'une desconditions préalables du développement industriel ultérieur.

Quoique, comme nous l'avons dit précédemment, l'immigration étrangèreait atteint son apogée pendant la dernière décennie du 19e siècle, déjà dans lapériode comprise entre les recensements de 1872 et de 1890, le chiffre netd'immigrants étrangers dans les Etats du Centre-Sud a été considérable, commeon peut l'observer dans le Tableau 89 ; dans le cas de Sao Paulo notamment,le nombre d'étrangers arrivés pendant cette période (50 978) a dépassé celuides immigrants de l'intérieur (45 847).

Toutefois, cette première période intercensitaire a été essentiellementcaractérisée, plus encore que par l'immigration, par d'importants mouvementsmigratoires d'autochtones, même lorsqu'on les compare à ceux des périodessuivantes (17). Ces courants ont eu une direction bien définie : ils consistaienten un départ massif des Etats qui s'étendent du Maranhao à Bahia, y comprisnotamment ceux du Nord-Est où ils ont entraîné une augmentation très fortedu taux d'expulsion (par exemple : 19% de la population du Ceará et 14%de celle du Rio Grande do Norte). Il semble que la grande sécheresse de1877/80 qui, pour la première fois, poussa les habitants du Nord-Est àabandonner leur région, ait contribué dans une large mesure à cette migration.Ce courant s'est surtout dirigé vers le Sud, au sens large, depuis Minas Géraisjusqu'au Rio Grande do Sul. Après avoir discuté de façon exhaustive de lanature de ce mouvement de migration interne, les auteurs auxquels nous nousréférons arrivent à la conclusion que, pendant cette période qui marque la findu système esclavagiste, bien qu'il y ait eu certains transferts d'esclaves desanciennes zones exportatrices du Nord-Est et de l'Est en décadence vers larégion de culture du café, le Sud, cet élément humain n'a pas été prépondé-rant dans le courant migratoire ; au contraire, ce sont des hommes libres quiont émigré. C'étaient des métis (habitants de l'arrière-pays désertique, mineursaussi, ultérieurement) qui, cependant, ne se dirigèrent pas vers les plantations

(17) II faut noter combien il est difficile de compare: les taux de migration pourdes périodes intercensitaires de durée différente (parfois 10, parfois 18 ou 20 ans). Nousne pouvons le faire que de façon approximative. Voir les observations de Graham etBuarque de Hollanda Filho, op. cit., p. 15-16.

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140

TABLEAU 88. - BALANCES MIGRATOIRES PENDANT LES PERIOD!TAUX DE MIGRATION DES BRESILIENS D'OI

Totaux en milliers

Régions

Nord

AcreAmazonasPara

Nord-Est-Est

PiauiCearáRio G. do NorteParaîbaPernambucoAlagoasSergipeBahiaEspirito SantoMinas Gerais

Centre-Sud

Rio de JaneiroGuanabaraSâb Paulo

Front Pionnier

MaranhâoMato GrossoGoiásParaná

Sud

Santa CatarinaRio G. do Sul

Brésil

l è r e Phase

1872-1890

C) + 3,7„

35,5-31 ,8

- 202,5

-24 ,3-135,7-32 ,7-44 ,7-74 ,3+ 11,5- 2 , 2- 7 , 2+ 8,3

+ 98,8

+ 71,8

-64 ,3+ 63,5+ 72,6

-4,2

-36 ,7+ 5,9+ 1,7

+ 24,9

+ 131,1

+ 31,0+ 100,1

+ 453,8-453,8

Source : Graham & Buarque de

2 è m e Phase

1890-1900

+ 113,4

57,755,7

-83,4

+ 15,8-72 ,1-23 ,3-29 ,1

+ 0,1+ 51,9+ 22,7+ 40,6

+ 3,2-93 ,2

+ 55,3

-97 ,3+ 81,6+ 71,0

-6,2

+ 3,6+ 3,4+ 4,9

-18 ,2

-78,9

-33,7-45 ,2

+ 412,3+ 412,2

1900-1920

+ 109,8

_

17,991,9

-393,2

- 2 , 9-71 ,2+ 33,3+ 44,6+ 68,9-71 ,6-52 ,1

-153,8+ 41,6

-230,1

+ 69,6

+ 3,3+ 47,4+ 18,9

+ 102,9

+ 26,3+ 15,9+ 25,3+ 35,4

+ 110,6

+ 40,6+ 70,0

+ 581,3+ 581,6

; Hollanda Filho, op. cit

1920-1940

-191,2

-18 ,8-22 ,5

- 150,0

- 929,8

-20 ,0+ 89,5+ 23,7+ 45,8-74 ,6

-168,8-39 ,5

-233,1+ 55,8

-608,5

+ 589,5

-112,3+ 268,9+ 432,9

+ 261,3

+ 42,1+ 47,0+ 50,4

+ 121,8

+ 270,4

+ 88,8+ 181,6

1940-19

-48,t

6,"-23 . Í-3 i , : -

-1095,.

-25 ,1-36.E-16,C+ 81,1-14,:--98 ,1-40 ,1

- 135,;- 46,i

-601.Í

+ 688,5

-19 ,1+ 345,4+ 362,3

+ 436,9

+ 5,1- 2 , 3

+ 91,8+ 342,3

+ 17,6

+ 4,1+ 13,5

+ 1448,2 + 1 170,8- 1 448,1 -

., p. 98-102.

-1171,8

(*) Les différences entre les parties et les totaux partiels et totaux, po

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141

ZRCENSITAIRES (METHODE DES TAUX DE SURVIE GLOBALE) ET;, PAR ETATS ET PAR REGIONS, 1872-1970

Taux de migration

: 0-1960

+ 7,1

- 2 , 81,38,6

587,8

157,7330,7133,7256,4372,6182,6

-99 ,1506,2

+ 44,6593,4

281,4

195,8372,8712,7

516,3

212,2131,9259,3912,9

226,0

- 6 3 , 4162,5

2 861,1•861,2

'Phase

1960-1970

+ 67,7

- 3 , 7- 1 8 , 0

89,4

-2532,8

- 1 8 , 9- 8 2 , 9+ 26,2

- 204,4-203 ,2

- 9 2 , 9- 8 8 , 3

-366 ,8-227 ,8

- 1 273,7

+ ; 566,9

+ 201,3+ 372,2

993,4

+ / 287,2

-220 ,5+ 268,5+ 449,1+ 790,2

-389,1

- 4 9 , 2-339 ,9

+ 3 190,3-3190 ,3

Phase

1872-1890

-

_

f65,7-11,8

-

-11,5-18,9-14,1-11,9- 9 , 0+ 3,4- 1 , 0- 0 , 5

-10,6+ 4,8

-

- 8 , 9+• 33,5+ 9,0

-

-10,3H0.1+ 1,0

f20,2

-

1-21,6f24,8

+ 4,7

2 ê m e Phase

1890-1900

-

_

+ 40,0+ 17,4

-

+ 5,9- 9 , 0- 8 , 7- 6 , 4+ 0,01

+ 10,3+ 7,5+ 2,2+ 2,4- 3 , 0

-

-11 ,4+ 22,3+ 5,4

-

+ 0,8+ 3,8+ 2,2- 7 , 5

-

-12 ,2- 5 , 2

+ 3,0

1900-1920

-

_

+ 7,6+ 21,7

-

- 0 , 9- 8 , 7

+ 12,7+ 9,5+ 6,2

- 1 1 , 5- 1 5 , 3- 7,6

+ 25,2- 7 , 0

-

+ 0,4+ 9,8+ 1,1

-

+ 5,7+ 15,6+ 10,3+ 13,4

-

+ 15,1+ 7,4

+ 3,8

1920-1940

-

+ 21,2- 6 , 5

- 1 5 , 6

-

- 3 , 3+ 6,8+ 4,4+ 4,8- 3 , 5

- 1 7 , 3- 8 , 3- 7 , 0

+ 12,8-10 ,5

-

- 7 , 5+ 29,5+ 11,5

-

+ 4,8+ 21,3

+ 9,9+ 19,6

-

+ 14,0+ 9,0

+ 5,0

1940-1950

-

+ 8,1- 5 , 6- 3 , 4

-

- 3 , 1- 1 , 8- 2 , 1- 5 , 7- 0 , 5

- 1 0 , 3- 7 , 4- 3 , 5- 5 , 9- 9 , 0

-

- 1 , 1+ 22,6

+ 5,7

-

+ 0,4- 0 , 5

+ 11,2+ 29,3

-

+ 0,4+ 0,4

+ 2,9

,ème

1950-1960

-

- 2 , 4+ 0,2+ 0,7

-

-15 ,1- 1 2 , 3- 1 3 , 8- 1 5 , 0- 1 1 , 0-16 ,7- 1 5 , 4- 1 0 , 5

+ 4,7- 7 , 6

-

+ 8,5+ 15,7

+ 7,8

-

+ 13,4+ 23,6+ 21,3+ 43,6

-

- 4 , 1- 3 , 9

+ 5,5

•hase

1960-1970

-

- 2 , 3- 2 , 4+ 5,5

-

- 1 , 5- 2 , 5+ 2,3

-10,1- 4 , 9- 7 , 3

-11 ,6- 6 , 1

-16,1- 1 2 , 8

-

+ 5,9+ 11,3+ 7,7

-

- 8 , 9+ 27,4+ 21,4+ 18,4

-

- 2 , 3- 6 , 2

+ 4,5

emble du tableau, sont dues au fait que les chiffres ont été arrondis.

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142

TABLEAU 89. - BALANCES MIGRATOIRES DES BRESILIINTERCENSITAIRES, PAR ETATS E

Régions

Nord

AcreAmazonasPara

Nord-Est-Est

PiauíCearáRio G. do NorteParaíbaPernambucoAlagoasSergipeBahiaEspirito SantoMinas Gérais

Centre-SudRio de JaneiroGuanabaraSâb Paulo

Front PionnierMaranhâbMato GrossoGoiásParaná

SudSanta CatarinaRio G. do Sul

Brésil

jêre,

1872-

MigrationInterne deBrésiliensd'origine

-19,0(1)

+ 37,5-56 ,5

-180,4

-19 ,3-198,2

- 3 3 , 9- 7 9 , 3

-104,3-20 ,5+ 36,5- 4 8 , 7

+ 6,8+ 287,4

+ 83,4- 1 9 , 9+ 57,5+ 45,8

-40,0-56 ,0

+ 4,2- 7 , 6

+ 19,4

+ 149,2+ 16,8

+ 132,4

0

'hase

1890

Migration

desEtrangers

+ 1,7

—+ 1,7- 0 , 0

+ 18,2

- 0 , 4- 0 , 4- 0 , 4- 0 , 3- 5 , 2- 1 , 6- 0 , 9

+ 11,5+ 0,4

+ 15,9

+ 86,8-39 ,0+ 74,9+ 51,0

-0,3-2 ,5- 0 , 0- 0 , 2+ 2,6

+ 4,3- 3 , 5+ 7,9

+ 111,3

Source : Graham & Buarque de Hollanda

1890-1900

MigrationInterne deBrésiliensd'origine

+ 109,3

+ 55,9+ 53,4

+ 79,7

+ 12 A- 8 3 , 1-24,5-31,5- 2 , 0

+ 53,6+ 26,8+ 54,6

+ 2,4-88,5

+ 71,6-84 ,3+ 85,5+ 70,3

-7,9+ 3,9+ 4,3+ 5,2

-21 ,2

-93,2-34 ,8-58 ,5

0

Migration

desEtrangers

-0,3

- 0 , 0-0 ,2

+ 76,7

+ 0,0+ 0,5+ 0,0+ 0,2+ 2,5+ 0,5+ 0,1- 6 , 6

+ 18,6+ 60,6

+ 521,5+ 38,9+ 70,3

+ 412,3

45,6+ 0,5

+ 10,1+ 0,6

+ 34,9

+ 133,4+ 24,6

+ 108,8

+ 776,9

If

MigratiInterneBrésilied'origi

+ 111,

+ 18,+ 93,

- 351,

- 4 ,- 7 6 ,+ 34,+ 43,+ 71,- 7 2 ,- 4 5 ,

- 1 1 9 ,+ 37,

- 2 2 1 , .

+ 41,+ 6,

+ 55,- 1 9 ,

+ 105,.+ 31,+ 16,+ 28,,+ 29,

+ 92,.+ 38,:+ 53,:

0

Filho, op. cit., p. 106-107.

(1) Les différences entre les parties et les totaux partiels et totaux

(2) Les données de 1950/60 ne sont disponibles que pour les Etat

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143

D'ORIGINE ET DES ETRANGERS PENDANT LESR REGIONS 1872-1960 (EN MILLIERS)

jème

920

Migration

desitrangers

+ 33,4

_+ 15,5+ 17,9

+ 35,7

+ 0,3+ 0,3+ 0,2+ 0,3+ 7,1+ 0,1+ 0,2+ 3,5+ 4,5

+ 19,3

+ 477,3+ 14,5+ 88,6

+ 374,3

+ 39,6+ 0,9

+ 11,5+ 1,4

+ 25,9

+ 53,0+ 10,4+ 42,6

+ 639,0

Phase

1920-1940

MigrationInterne deBrésiliensd'origine

- 186,8

-18 ,1-22 ,6

-146,1

-879,0

-21 ,0+ 98,4+ 30,4+ 51,9-55 ,5

-160,8-29 ,8

-197,7+ 35,4

-630,3

+ 529,9-103,1+ 277,4+ 355,6

+ 260,9+ 53,3+ 46,8+ 51,6

+ 109,2

+ 249,2+ 83,3

+ 166,0

0

Migration

desEtrangers

-3,7

- 0 , 9- 2 , 1- 0 , 8

+ 12,0

+ 0,6+ 0,9+ 0,2+ 0,3- 0 , 0+ 0,1+ 0,0+ 2,0+ 3,2+ 5,2

+ 451,1+ 13,7+ 95,7

+ 341,7

39,2+ 0,5

. + 5,7+ 1,5

+ 31,5

+ 46,1+ 13,2+ 32,9

+ 544,8

1940-1950

MigrationInterne deBrésiliensd'origine

-48,1

+ 6,6-25 ,7-29,0

-1079,9

-26 ,9-35 ,9- 9 , 0

- 7 4 4+ 1,5

-91 ,8-33 ,3

- 106,4-78 ,4

-624,6

+ 648,4- 1 4 ^

+ 362,0+ 300,9

+ 428,5+ 10,7- 4 , 3

+ 88,6+ 333,5

+ 7,4- 3 , 4

+ 10,8

0

Migration

desEtrangers

-0,3

+ 0,0- 0 , 5+ 0,1

+ 2,1

+ 0,0+ 0,0+ 0,0- 0 , 0+ 0,0- 0 , 0- 0 , 0+ 1,6- 0 , 5+ 0,9

+ 115,1+ 9,4

+ 30,4+ 75,3

+ 28,7+ 0,0+ 1,5+ 1,5

+ 25,7

-2,1+ 0,1- 2 , 2

+ 143,5

PERIODES

,ème Phase

1950-1960(2)

MigrationInterne deBrésiliensd'origine

-23,2

- 5 , 4- 1 1 , 2

- 6 , 5

-

- 149,0—------

- 3 4 , 3-

—-

+ 297,7-

_+ 188,7

---

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a l'ensemble du tableau, sont dues au fait que les chiffres ont été arrondis.

n lesquels le Recensement de 1960 a été publié.

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144

de café, mais allèrent constituer une agriculture de petits paysans dans le Sud,dans des régions qui n'avaient pas encore été touchées par la culture du café(et peut-être aussi se rendirent-ils dans les centres urbains en plein dévelop-pement du Centre-Sud (18)

Enfin, le mouvement migratoire brésilien comprend aussi un transfert depopulation, bien que peu important, en direction de l'Amazonie, qui marquele début des migrations qui se produiront jusqu'en 1920 environ, en fonctiondu ramassage du caoutchouc, et de celles, peu nombreuses, qui s'effectuerontvers le Centre-Ouest (Goiás et Mato Grosso).

Phase de formation du marché intérieur. Cette phase peut être caractérisée,dans sa première moitié, par la

moindre importance des courants migratoires internes, ce qui coïncide avec lepoint culminant de l'immigration étrangère qui a tendance à se fixer essentiel-lement, comme nous l'avons déjà dit, dans les Etats du Centre-Sud et lesrégions voisines qui faisaient partie de la zone de culture du café. D'après lesdonnées du Tableau 89, on peut constater que le nombre d'étrangers qui sontentrés dans ces Etats pendant les périodes 1890-1900 et 1900-1920 dépasse debeaucoup celui des migrants brésiliens qui s'y sont fixés : de fait, l'immigra-tion internationale vers le Centre-Sud fut, pendant ces trente années, biensupérieure à la migration interne ; elle représente presque un million depersonnes, contre 125 000 migrants brésiliens (si l'on considère le Brésil dansson ensemble pendant la dernière décennie du 19e siècle, au moment oùl'immigration a été la plus forte, le nombre des immigrants étrangers a presqueété le double de celui des Brésiliens qui ont changé d'Etat) (19).

Des spécialistes ont discuté la possibilité, dans la phase de transition oùle travail des esclaves est devenu un travail libre, d'un encouragement autransfert de main-d'œuvre étrangère qui aurait conduit à ne pas avoir eurecours à celle qui existait au Brésil pour développer la culture du café.Graham, par exemple, note que des facteurs d'ordre international et intérieur

(18) Graham & Buarque de Hollanda Filho, op. cit., p. 30-33.

(19) On a posé le problème de la sous-évaluation du nombre des étrangers dans lerecensement de 1890. Graham, en tenant compte de ce fait, s'interroge sur une possibleexagération du rôle du chiffre net des migrants brésiliens pendant la le r e période(1872-1890) et de son éventuelle diminution dans la période suivante (1890-1900) ; grâceà des estimations encadrantes, en essayant de réduire l'effet de cette sous-évaluation,l'auteur conclut que, malgré la modification des chiffres, la tendance et l'ordre degrandeur des données ne changent pas, de sorte que les conclusions relatives auxdifférentes caractéristiques des mouvements migratoires pendant les 2 périodes peuventêtre maintenues. (Cf. Graham, D.H., Internal and foreign migration and the question oflabour supply in the early economic growth of Brazil, IPE, Vanderbilt University, 1973,p. 25 à 27.

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se sont conjugués pour accentuer et concentrer l'immigration étrangèrependant cette période, en lui donnant ses caractéristiques propres, tandis quele potentiel de main-d'œuvre autochtone ne jouait qu'un rôle secondaire ;parmi cet ensemble de facteurs, on peut citer les intérêts des planteurs de caféet leurs préjugés contre le travailleur ancien esclave et métis qui différait del'étranger habitué à travailler, à épargner et à progresser ; les causes du départdes emigrants de leur pays d'origine, notamment la situation intérieure del'Italie après son unification et la décadence de l'agriculture du Sud ; lasituation des pays qui étaient les rivaux du Brésil pour l'importation de main-d'œuvre — les Etats-Unis et l'Argentine — qui avaient commencé à recevoir desimmigrants à une époque antérieure et traversaient alors des crises écono-miques qui les rendaient moins attrayants pour les étrangers ; la différencerelativement faible du coût du transport, si l'on considère les difficultés de lanavigation à cette époque pour aller des Etats du Nord-Est à ceux du Sud ; lapossibilité d'aller à la recherche du caoutchouc dans le Nord du Brésil ;l'opposition de groupes économiques et politiques locaux au transfert detravailleurs d'une région à l'autre (20).

Sans nier le rôle de ces facteurs, Balan, dans son étude rétrospective à lafois historique et économique des migrations, souligne l'importance du proces-sus de transformation des rapports dans le travail qui marquait alors l'écono-mie brésilienne, et grâce auquel la consolidation des formes capitalistes deproduction à la campagne (dans le Centre-Sud) stimule la demande de main-d'œuvre libre et la mobilité géographique. Le fait essentiel, alors, comme nousl'avons déjà souligné dans l'introduction, c'est que la population brésiliennecherchait à cette époque à échapper à l'héritage encore vivant de l'esclavage et,étant donné le grand nombre de terres disponibles, à ne pas se séparer de sonmilieu fondamental de production, la terre ; il se constitua dans ces zones uneéconomie paysanne de subsistance, et un prolétariat rural fut ainsi organisé etfinancé par la bourgeoisie des planteurs de café, par suite de l'immigrationétrangère (21).

De 1900 à 1920, celle-ci se poursuivit, mais elle fut un peu moinsimportante que pendant la décennie antérieure, bien qu'encore supérieure auxchiffres des migrants brésiliens, et elle fut caractérisée par un courant endirection des villes du Centre-Sud, alors en expansion ; de ce fait, cecontingent de population commença à jouer un rôle nouveau dans le processusde développement de l'économie brésilienne, en devenant à la fois main-d'œuvre et marché pour l'industrie en pleine croissance (22).

(20) Idem, ibidem, p. 29.

(21) Balan, op. cit.

(22) Voir les commentaires de Graham et Buarque de Hollanda Filho, op. cit..p. 55 à 63.

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Le Tableau 90, tiré du livre de Graham et Buarque de Hollanda Filho,fait clairement apparaître l'importance des immigrants, en 1920, dans l'indus-trie, le commerce et les activités bancaires des villes de Rio de Janeiro et deSao Paulo et des autres cités de l'Etat de Sâo Paulo.

TABLEAU 90. - PARTICIPATION D'ETRANGERS AUX ACTIVITESECONOMIQUES DES VILLES DU CENTRE-SUD, 1920

Ville deRio de Janeiro

Ville deSâb Paulo

Etat deSao Paulo

Brésil

Source : Graham

Nombred'employésétrangers

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100 821

421 703

867 067

% d'Etrangersdans le

commerce etla Banque

54,3

62,5

52,4

29,6

& Buarque de Hollanda Filho, op.

% d'Etrangerstravaillant

dansl'industrie

35,4

51,5

39,8

16,6

cit., p. 58.

% d'Etrangersdans la

populationurbaine

20,7

35,4

18,1

5,2

On peut dire que les caractéristiques qui ont marqué les mouvements depopulation au début du siècle ont persisté jusqu'en 1930, ce qui n'est pasévident puisqu'il n'y a pas eu de recensement en 1930 (à cause de laRévolution qui a éclaté cette année-là) et qu'il faut utiliser les données de lapériode intercensitaire de 20 ans (1920-1940), rendant ainsi plus incertaine larelative modification de tendance. Nous savons cependant que, déjà à partirdes années 1930, la proportion des immigrants étrangers dans la population etdans l'aménagement du peuplement du Brésil avait diminué considérablement,car les premières mesures limitant l'entrée des étrangers, avec le régime descontingents annuels, datent de ces années-là. L'immigration des dernièresdécennies fut également différente de celles des périodes précédentes en ce quiconcerne les nationalités (les Japonais arrivèrent en grand nombre) et lesintentions des personnes intéressées ; il s'agit désormais, dans une proportionbeaucoup plus forte, d'étrangers qui ont quitté leur pays pour des motifspolitiques et religieux, sans parler de l'immigration dirigée, du transfert detravailleurs spécialisés, etc. (23), qui, tout en représentant des élémentsnécessaires et importants dans le processus d'industrialisation et d'urbanisation,ont cessé de constituer une force quantitative et d'être un facteur prépon-dérant dans l'aménagement du peuplement et la concentration de la popula-tion, ce rôle étant désormais nettement réservé aux migrations intérieures :dans les années 1940, tandis que les mouvements des Brésiliens d'origine, d'un

(23) Voir plus haut Chapitre 2.

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Etat à l'autre, concernaient plus d'un million de personnes, le chiffre net desimmigrants étrangers n'atteignait pas le chiffre de 150 000.

Examinons maintenant de façon plus détaillée les mouvements internesde nationaux pendant toute cette longue période de formation d'un marchéintérieur (1890-1950). Tout d'abord, il faut remarquer, qu'au cours de ladernière décennie du 19e siècle, les courants migratoires entre Etats peuventrefléter en partie la désorganisation du travail, le mouvement des affranchisqui suivirent l'abolition. En vérité, pendant cette période, lorsque les migra-tions vers le Centre-Sud s'amplifièrent, les mouvements de la populationnationale furent assez limités. Ils ne devinrent plus importants, notammentavec les sorties des Etats du Nord-Est et de l'Est, comme nous l'avons déjàsouligné, qu'après 1930, lorsque l'immigration étrangère faiblit. Ce n'estqu'alors que les migrations en direction du pôle de développement duCentre-Sud s'intensifièrent (à cette époque, son industrialisation commençaitdéjà à prendre son essor). On remarque aussi nettement, d'après les données,qu'au début, parmi les Etats de la région Nord-Est-Est, ce furent ceux quiétaient situés le plus au Sud qui virent une partie de leur population se dirigervers le Sud (Minas Gérais et Bahía). Ce n'est que dans la décennie 1940-1950,lorsque, l'économie des anciennes zones exportatrices était déjà affaiblie, etselon le degré d'intégration de cette économie dans l'espace économiquenational, que le mouvement d'exode s'étendit à tous les Etats du Nord-Est(voir les observations que nous avons faites dans l'introduction concernant ladésorganisation de l'économie des zones périphériques due au développementagricole et industriel du Centre-Sud).

La constitution d'un Front pionnier, surtout au Paraná, mais aussi deplus en plus à Goiás, semble au cours de cette phase, résulter de la croissancede l'économie agricole de Sao Paulo (qui s'étend vers le nord du Paraná et lesud de Goiás et Mato Grosso). La grande expansion vers l'Ouest auraréellement lieu dans la phase suivante.

Enfin, la migration vers l'Amazonie a été assez importante pour ré-pondre aux besoins de la récolte de caoutchouc. Elle a surtout profité au Para,notamment à Belém, et, après 1920, avec la baisse de cette production, elle anettement régressé : alors que le chiffre net des immigrants, de 1890 à 1920,avait été de 223 000 personnes (représentant 24 et 17% de la population dela région pendant les deux périodes intercensitaires correspondantes), plus de190 000 d'entre elles quittèrent la région au cours des 20 années suivantes(près de 14 % de diminution de la population de l'Amazonie).

Phase d'internationalisation du marché. Avec l'intégration économique etsocio-politique du pays, alors que le

développement industriel atteignait un nouveau palier, (et que, dans lesdernières années de cette période, les entreprises du Centre-Sud créaient leurs

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filiales dans certaines des villes du Nord-Est), les mouvements de population sesont intensifiés, en chiffres absolus comme en chiffres relatifs, (pour cettephase, il nous suffit d'analyser la migration interne, la seule, comme nousl'avons déjà vu, qui soit importante du point de vue numérique). La principalerégion d'où sortirent les migrants continua à être le Nord-Est et l'Est, cellesdes anciennes zones exportatrices en décadence. Il faut y ajouter à cetteépoque, par suite de la dépression économique, la région du Sud, où les colonsétrangers s'étaient principalement établis au siècle dernier. Plus de 5 millionsde personnes ont quitté la lae région dans les 20 dernières années (d'après lesbalances migratoires calculées par Graham et Buarque de Hollada Filho) ; etplus de 600 000 ont abandonné la seconde. En ce qui concerne les régionsNord-Est et Est, l'exode le plus important eut lieu de 1950 à 1960 (lorsque, ilfaut le remarquer, survint la sécheresse en 1953 et 1958) ; pendant la décennie1960-70, il y eut une certaine diminution de l'émigration des Etats duNord-Est, du Piaui jusqu'à Ballia, aussi bien en chiffres absolus qu'en ce quiconcerne les pourcentages. Au contraire, le nombre des sorties a augmentédans les 2 Etats de l'Est : Espirito Santo et Minas Gérais (cet Etat, à lui seul,a fourni la moitié des emigrants de la région de 1960 à 1970).

Mis à part le pôle industriel du Centre-Sud, ces emigrants se sont dirigésdès lors vers la région du Front pionnier qui, au cours des 20 dernières années,a reçu autant de personnes que la première, soit environ 2 800 000. De plusen plus, la région d'accueil la plus importante semble être le Centre-Ouest, àl'inverse du Paraná. D'autre part, si l'on examine les données relatives auxEtats du Nord, on constate déjà la formation d'une nouvelle zone pionnièredans le Para. Si nous distinguons, comme nous l'avons déjà fait, deux types dezone pionnière, la première étant constituée par l'expansion de l'économieagricole capitaliste de Säo Paulo (dans un large éventail comprenant le Norddu Paraná et le Sud du Mato Grosso, de Goiâs et le triangle de Minas Gérais),et la seconde représentant essentiellement la croissance de l'économiepaysanne primitive, suivie de près par la reconstitution de la grande propriétérurale, il semble que ces chiffres révèlent l'importance croissante de cettenouvelle tendance, dans l'expansion actuelle des zones pionnières, qui survientau cours de la phase de développement de l'économie industrielle du pays sousforme de monopole.

CONCENTRATION ET DECONCENTRATIONDE LA POPULATION BRESILIENNE

FORMATION DE METROPOLES

En guise d'introduction, faisons le bilan du processus global de concen-tration et de déconcentration de la population brésilienne pendant les 30

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149

dernières années, époque des plus grandes mutations qui aient jamais trans-formé l'économie et la société brésiliennes. Grâce au Tableau 91, nouspouvons comprendre que la population a augmenté en pourcentage danscertaines parties du territoire, urbaines et rurales, durant toute la période et aucours de ses différentes décennies. Pour mieux suivre le processus, nous avonsdivisé la population rurale par régions et la population urbaine suivantl'importance de l'agglomération.

La population brésilienne qui, au début, était de 41 millions d'habitants,a augmenté de 53 millions de 1940 à 1970. Cet accroissement est dû, pourprès des 3/4, au développement des centres urbains. C'est là le processusfondamental de concentration de la population. Si l'on examine la part quirevient, dans l'accroissement de la population rurale, à la fois aux diversesrégions et aux villes, on constate un double mouvement de concentration dansles villes et d'expansion rurale avec le Front pionnier : sur les 53 millionsd'augmentation pendant la période de transformation industrielle du pays, les6/7 représentent, soit la croissance urbaine, soit la croissance rurale des Etatspionniers (qui constituent une large bande située immédiatement derrière lazone traditionnellement consacrée à l'économie agricole). C'est en ceci qu'aconsisté le processus fondamental de concentration (urbaine) et de déconcen-tration (rurale) de la population brésilienne, reflétant essentiellement ledéveloppement inégal et combiné qui a caractérisé le pays, surtout dans lesdernières décennies, et qui a été exposé dans l'introduction.

Mais examinons plus à loisir ce processus démographique sous sondouble aspect et dans les zones où il s'est manifesté, décennie par décennie.En ce qui concerne les zones rurales, l'augmentation de la population du Brésila eu tendance à faiblir dans certaines régions (le Centre-Sud a même vu sapopulation rurale diminuer en chiffres absolus, fait que nous avons déjàcommenté). Cependant, c'est justement dans les Etats du Front pionnier quecette tendance a été la moins marquée. Si nous considérons seulementl'accroissement de la population rurale (lCTe colonne de pourcentages pourchaque période), nous voyons clairement que celui-ci est de plus en plus fortdans les régions neuves (le Nord et le Front pionnier), tandis qu'il est enrégression dans les zones de colonisation étrangère (Sud) et dans celles quisont exportatrices de produits primaires (Nord-Est-Est) (24).

En ce qui concerne la population urbaine, elle a eu surtout tendance àaugmenter de plus en plus dans les villes de 100 000 à 500 000 habitants ; cesont ces villes qui, dans les années 1960, ont représenté plus d'un tiers del'accroissement de la population urbaine (alors qu'en 1960 elles ne compre-

(24) Ce fait apparaît encore plus clairement si l'on calcule les pourcentages pour ladécennie 1960-70 en excluant du total la diminution de la population rurale duCentre-Sud : en effet, sur une augmentation de 4 563 623 habitants dans les autres zonesruraleSjle Front pionnier représente plus de 57 %, le Nord-Est-Est 26 %, le Nord 8 % et leSud 9 %.

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151

naient que 15 % de cette population). De même, les villes les plus importantes(de 500 000 habitants et plus) ont moins contribué à l'augmentation totale dela population urbaine au cours de chaque décennie, et, dans les années 1960,elles représentaient un pourcentage de croissance démographique urbaineinférieur à ce qu'il était en 1960 (28 % de l'augmentation pendant ladécennie, et 32 % en 1960).

Pour terminer, il faut mentionner la question de la formation desmétropoles que le dernier point évoqué, celui du développement des villesmoyennes, nous permet d'éclairer. Le Tableau 92 fait apparaître le chiffre dela population et la croissance des agglomérations urbaines suivant leurimportance au cours de la dernière décennie.

TABLEAU 92. - POPULATION URBAINE ET TAUX DE CROISSANCESUIVANT L'IMPORTANCE DES VILLES 1960-1970

Importance

Jusqu'à 50.000

Plus de 50 à 100.000

Plus de 100 à 500.000

Plus de 500.000

Population(milliers)

1960

12437

2951

4 241

9 068

1970

18412

4 745

11366

14 761

Croissance(%)

48,1

60,8

168,0

62,7

Source : Recensements démographiques.

La croissance des villes de plus de 50 000 habitants a été, dans toutes lescatégories, plus forte que celle des agglomérations plus petites, et, commenous l'avons déjà vu, ce sont les villes de 100 000 à 500 000 habitants qui sesont le plus développées (168 %), davantage même que les grandes métropoles(63 %). Toutefois, à la différence des centres urbains isolés, nous considéronsles villes les plus importantes comme formant des zones métropolitaines,c'est-à-dire comprenant des villes satellites et d'autres centres qui leur sontrattachés. On compte d'ordinaire 9 zones métropolitaines dans le pays : SaoPaulo, Rio de Janeiro, Belo Horizonte, Recife, Salvador, Porto Alegre, Belém,Fortaleza et Curitiba ; toutes, à l'exception de la dernière, appartiennent audernier groupe du tableau ci-dessus. Si l'on englobe la population de nom-breux centres urbains, d'importance variée, dans les zones métropolitaines, lespourcentages de croissance sont alors de 63 %, 121 % et 71 % respectivement,pour les villes de plus de 50 000 habitants. La modification des taux decroissance, notamment l'augmentation de celui des plus grandes cités (71 % aulieu de 63 %) et la forte diminution de celui des villes de 100 000 à 500 000habitants (de 168% à 121 %), montre que ce sont les centres urbains situés àla périphérie des métropoles, à l'intérieur des principales zones métropolitaines

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du pays, qui se sont le plus développe'es au cours des dernières anne'es (25). Cephénomène fait essentiellement partie du' processus de concentration et dedéconcentration urbaine qui consiste en une croissance relative et continue deszones périphériques, suivie de celle des villes isolées de moyenne importance(de 100 000 à 500 000 habitants).

(25) Ces données, tirées d'une étude récente de l'IPEA, ne comprennent que lessièges des communes ("cités" selon le recensement), â l'exclusion des "villes" (sièges dedistricts), que nous avons englobées dans notre étude lorsqu'elles avaient plus de 2 000habitants. Pour les centres urbains de plus de 50 000 habitants, cette distinction n'est pasde nature à modifier les conclusions auxquelles nous sommes parvenus.

Voir Mata, Milton da, Carvalho, Eduardo Werneck R. de & Castro e Silva, MariaThereza I.I. de - Migraçoes internas no Brasil : aspectos económicos e demográficos. Rio,IPEA/INPES, 1973, p. 3940.

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CHAPITRE V

LA POPULATION ACTIVE AU BRESILDE 1940 A 1970

INTRODUCTION

La population active est constituée par la partie de la population qui estprête à participer au processus de production. Afin de connaître comment lepotentiel productif de la population brésilienne s'est concrétisé pendant lapériode qui va de 1940 à 1970, on a recueilli deux sortes d'informations :

- Les rapports entre la population active et l'emploi

- Les rapports entre la population active et la population

Tout d'abord, on a analysé l'emploi au Brésil. En étudiant la structurede l'emploi, on peut déterminer dans quelle mesure les différents secteurs deproduction absorbent la population active, et l'on connaît ainsi l'évolution dela division sociale du travail. On a d'abord analysé l'évolution de la structurede l'emploi, car le pourcentage de la population qui est disponible pourparticiper à la production de biens et services, son degré d'utilisation, ainsi quesa composition par âge et par sexe, dépendent dans une large mesure de ladivision sociale du travail.

Ainsi, la participation à la population active de groupes d'âge marginauxest étroitement liée à l'organisation économique de la société. Dans les paysoù la proportion de la population qui fait partie du secteur primaire estencore élevée, on utilise pour une grande part la main-d'œuvre enfantine(moins de 15 ans) et les personnes âgées (plus de 65 ans). A mesure qu'onavance dans le processus de modernisation, cette main-d'œuvre disparaîtprogressivement. Le prolongement de la scolarité, l'établissement d'une législa-tion du travail et de systèmes de sécurité sociale plus satisfaisants vont de pairavec l'urbanisation.

D'autre part, le volume de main-d'œuvre féminine disponible dépendégalement de facteurs structurels. "D'une façon générale, dans un pays dedéveloppement, on s'attend que l'évolution du niveau de participation de lafemme à la population active passe par trois phases. Dans un premier temps,au début de l'industrialisation, lorsque le nombre de personnes employées dans

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l'agriculture est encore élevé, et que le nombre d'entreprises industrielles etcommerciales limitées à la sphère familiale est assez important, la femme estlargement intégrée à la population active. Dans un second temps, lorsque ledéveloppement incite un grand nombre de personnes à abandonner le petitcommerce et la fabrication artisanale, et, qu'en même temps, une partie de lapopulation émigré des zones rurales vers les zones urbaines, le taux departicipation de la femme aux activités de production tend à décroître. Engénéral, aux mécanismes dont nous venons de parler s'ajoute une augmenta-tion continue du nombre de femmes employées dans le secteur des services.Tant que celui-ci ne sera pas assez développé pour absorber les femmes quiabandonnent les autres secteurs, le taux de participation féminine à lapopulation active continuera à diminuer. Ce taux augmentera de nouveau, aucours de l'étape ultérieure du développement, justement par suite de lacroissance de l'emploi dans le secteur des services" (1). En vérité, le niveau departicipation de la femme à la population active est étroitement lié à lapossibilité pour celle-ci de concilier tâches domestiques et travail productif.Dans la première phase, la participation féminine est importante parce qu'unegrande partie de la production s'effectue dans le cadre de la vie familiale ;dans la seconde, parce que le développement des forces productives a déjàatteint un niveau qui permet de libérer la femme des travaux domestiques.

Commencer cette analyse par la structure de l'emploi présente untroisième avantage. L'importance de la population active ne permet pas, à elleseule, d'évaluer exactement la main-d'œuvre disponible, parce qu'il n'est pastenu compte de la productivité. Dans une économie sous-développée, unegrande partie de l'emploi du secteur tertiaire peut être improductif ou d'unefaible productivité, ce qui constitue en réalité un faux emploi, puisqu'il necontribue nullement à accroître le produit national. L'analyse de l'emploipermet d'évaluer la proportion que représente ce type d'emploi, ainsi que lestendances qui le caractérisent.

STRUCTURE DE L'EMPLOI

Sources. Afin de rattacher l'analyse de la structure de l'emploi à la popula-tion active, on a procédé d'une manière différente de celles qui sont

généralement adoptées. La méthode utilisée vise à mieux saisir les changementsde structure qui modifient l'économie du pays.

Tout d'abord, on a réuni les données provenant de deux sources : lesrecensements démographiques et les recensements agricoles. On a pris ladécision de combiner ces deux genres d'informations pour tenter de pallier en

(1) Singer, Paul et Madeira, Felicia - Estrutura do Emprego e Trabalho femeninono Brasil : 1920-1970 (polycopié).

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partie un inconvénient du recensement démographique, qui consiste à sous-estimer le nombre des membres non rémunérés de la famille, c'est-à-dire lesfemmes et les enfants.

Le critère retenu pour le recensement démographique, notamment en cequi concerne les instructions données à ceux qui appliquent ce critère insistesur la possibilité qu'ont ceux-ci de tomber dans l'erreur en classant lespersonnes qui ont une double activité, et crée les conditions qui permettent desous-évaluer les membres non rémunérés de la famille, c'est-à-dire les femmeset les enfants. Le recensement agricole n'a pas cet inconvénient, car ildénombre tous les membres de la famille qui "aident" aux travaux agricoles.Pour donner seulement une idée de la façon dont nous avons utilisé lesdonnées de ce recensement, on peut dire que, en se référant uniquement àcelles-ci, on constate qu'en 1970 plus de la moitié de la population brésiliennetravaillait dans l'agriculture, et la plus grande partie cultivait de petitespropriétés, probablement en économie de subsistance, et c'est ce que lerecensement démographique a omis de relever et qu'il est indispensable deprendre en compte. Il faut cependant ajouter que, même en utilisant lesdonnées du recensement agricole, nous sous-estimons en réalité le nombre depersonnes qui travaillent dans l'agriculture, et, bien davantage encore, lenombre de femmes et d'enfants. Ceci provient du fait que ce recensementporte uniquement sur l'exploitation agricole, qui ne comprend pas toute lapopulation active, car la technique utilisée pour collecter les données fait queles exploitations très petites, ne figurant généralement pas au cadastre, ne sontpas recensées.

Il faut ajouter que ce n'est pas seulement dans le secteur agricole qu'unepartie de la population active échappe au recensement. Un certain nombre depersonnes qui ont une activité non agricole, généralement dans les zonesurbaines, ne sont pas inclues dans la population active, et ce sont probable-ment celles pour qui la situation de l'emploi est ambiguë, mal définie et, pourcette raison, n'est pas décelée par le recensement démographique. Cependant,on n'a pu vérifier cette affirmation de façon empirique pour 1970 qu'encomparant ce recensement et l'Enquête nationale par Echantillon de Domiciles(PNAD). La comparaison entre ces deux types de données montre que lesdisparités qui apparaissent dans l'évaluation de la population active masculineeffectuée de deux façons différentes, concernent essentiellement le secteur dela prestation de services individuels, et révèlent ainsi qu'il existe un nombrebien plus élevé d'hommes qui sont obligés de recourir à des services nonproductifs (domestiques) ou de faible productivité (commerce ambulant) queles résultats du recensement démographique ne le laissent supposer. Lasous-estimation de la population active féminine, que l'on relève dans lesecteur de la consommation individuelle concerne aussi le secteur secondaire,car le recensement omet de dénombrer les femmes qui travaillent dans depetites industries ou dans des fabriques de caractère encore artisanal.

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Ainsi, en ne tenant pas compte de certains emplois urbains, il dissimuletotalement des aspects structurels essentiels. Le secteur de prestation deservices individuels s'étend sous la pression d'une offre excédentaire demain-d'œuvre, et crée ce qu'il est convenu d'appeler le "gonflement" dutertiaire, en ce sens qu'une grande part de l'augmentation du nombred'emplois concerne des activités non productives ou faiblement productivespour la société. D'autre part, si les femmes qui travaillent encore dans desentreprises artisanales ne sont pas dénombrées, on ne peut savoir dans quellemesure ce type d'industrie persiste, puisque, dans le processus de dévelop-pement, il doit être inévitablement remplacé par l'industrie manufacturière.

Afin de mieux évaluer les effets du développement sur la populationéconomiquement active, sur sa composition par âge et par sexe et sur laproportion dans laquelle elle est utilisée, on a suivi une méthode différente decelle qui est généralement adoptée. On a divisé les activités économiques defaçon plus détaillée qu'on ne le fait traditionnellement en parlant de secteursprimaire, secondaire et tertiaire (2).

Le secteur secondaire, qui comprend la transformation des matièrespremières en produits semi-finis, puis en produits finis, a été divisé en deuxsous-secteurs :

— Secteur secondaire I, groupant les activités qui fabriquent des pro-duits nouveaux : industries de transformation, industries de la construction,industries de l'énergie (gaz et électricité), assainissement et services urbains(eau, égouts, etc.) ;

— Secteur secondaire II, réunissant les activités de manutention et deréparation des produits fabriqués par le secteur secondaire I : services deréparation des machines et véhicules, des habitations et des locaux profession-nels, ainsi que des articles d'usage personnel.

Les services de réparation sont généralement inclus dans le secteurtertiaire. Cependant, il est normal de les assimiler au secteur secondaire, encréant un sous-secteur secondaire II, parce que aussi bien par leur natrue quepar le type de main-d'œuvre qualifiée qu'ils exigent, les services de réparationsont proches de l'activité artisanale qui fait partie du secondaire I.

En outre, il est judicieux d'isoler ce sous-secteur pour deux raisons. Toutd'abord, cela permet de vérifier comment s'effectue le remplacement del'artisanat par l'industrie manufacturière, puisque, compte tenu des informa-tions recueillies par le recensement, il est impossible d'établir une distinctionentre artisanat et production manufacturière, le premier jouant cependant,comme on l'a déjà dit, un rôle important dans la composition de la populationactive, étant donné qu'il absorbe un grand nombre de femmes. D'autre part,

(2) Méthodologie suggérée par Paul Singer dans "Força de trabalho e emprego noBrasil". Sao Paulo, CEBRAP, 1971 (Cahier 3).

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cela permet d'observer la tendance manifestée par les services de réparationdont la nature varie au cours du processus d'industrialisation, et qui influentaussi sur la composition par sexe de la population active.

Il n'y a donc pas de raison de distinguer entre industrie de transforma-tion et réparation, lorsque pratiquement toute la production est réaliséesuivant des méthodes encore artisanales. Ce sont les mêmes unités qui exercentles deux types d'activités. Dans la mesure où la production s'effectue de plusen plus selon des méthodes ou des techniques industrielles, la quantité detravail exigée par chaque unité diminue progressivement, à tel point qu'ilarrive un moment où cela coûte moins cher de remplacer un objet détérioréque de le réparer. Ce genre d'activité consacrée aux réparations figure dans lerecensement dans la catégorie des Services de réparation d'objets d'usagepersonnel et il absorbe un grand nombre de femmes. La distinction entreindustrie de transformation et services de réparation, etc. n'a un sens quelorsque la première est totalement manufacturière et que les seconds selimitent aux objets qui ont le plus de valeur : appareils domestiques etélectroniques, automobiles, etc. Ces activités de réparation sont classées dansla catégorie des services de réparation d'objets d'usage domestique et devéhicules et utilisent surtout une main-d'œuvre masculine.

Le secteur tertiaire, qui comprend les services de tous genres, a étédivisé en trois sous-secteurs :

— Services de production, constitués par les branches qui serventdirectement ou indirectement les activités productives : commerce de marchan-dises, commerce de biens mobiliers et immobiliers, etc., transports, magasinageet communications ;

— Services de consommation collective, qui répondent aux besoins de lacollectivité : Gouvernement, Défense, Education, Santé, Prévoyance sociale ;

— Services de consommation individuelle, qui satisfont principalementles besoins des individus : services personnels, activités domestiques rémunéréeset professions libérales.

L'avantage que présente la division du tertiaire en sous-secteurs est depermettre de différencier des services qui ont une importance économique trèsdiverse. Il est assez probable qu'une grande partie du "chômage déguisé"concerne les services de consommation individuelle dont font partie lesemployées de maison. D'autre part, l'industrialisation tend à développer lesservices de production dans la mesure où elle élargit la division sociale dutravail, en séparant les activités de production et celles de distribution. Il estvrai aussi que les services de production, notamment le commerce de détail,représentent une grande part de l'emploi très faiblement productif qui pourraitêtre constitué dans une large mesure par le "chômage déguisé". Les services deconsommation collective comprennent le service gouvernemental, qui doit sacroissance aux fonctions de plus en plus étendues que l'Etat assume dans les

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domaines économique et social, et les activités sociales, notamment les servicesd'Education et de Santé, dont la demande croît en fonction de la population,mais aussi et surtout, avec l'augmentation de son revenu.

Résultats. Considéré dans son ensemble, le Tableau 93 montre clairement quele processus de développement du Brésil, pendant les 30 années

qui se sont écoulées de 1940 à 1970, a modifié continuellement la structurede l'emploi.

De 1940 à 1950, la part du secteur primaire dans l'économie passe de70,7 % à 64,9 %, enregistrant ainsi une diminution de 5,8 %. Dans la décenniequi suit, la baisse du pourcentage est pratiquement la même (5,1), puisqu'ilpasse de 64,9 % à 59,8 %. Dans la période la plus récente, la diminution a étéun peu plus importante — 7,2 % - , le pourcentage passant de 59,8 % à52,6 %. Bien que, comme le montrent les données, l'agriculture perde de sonimportance dans l'ensemble de l'économie, elle était encore de loin, en 1970,le secteur qui absorbait le plus de main-d'œuvre. En réalité, l'emploi dans lesecteur primaire augmente continuellement en chiffres absolus, puisqu'il passede 11,9 millions en 1940 à 18,3 millions en 1970. 40,7 % des personnes qui, autotal, sont entrées dans la population active, ont trouvé un emploi dans cesecteur.

Le fait que l'emploi continue à augmenter, en chiffres absolus, dans lesecteur agricole, est étroitement lié à l'évolution du régime de la propriétéfoncière. 11 existe au Brésil deux types d'agriculture : les grandes propriétés,qui tendent de plus en plus à s'intégrer à l'économie capitaliste en setransformant sur le plan de la technologie et en augmentant ainsi laproductivité, et les petites propriétés, qui vivent encore surtout en économiede subsistance et dont la technologie ne change pratiquement pas. Ce qu'ilfaut retenir aux fins de cette étude, c'est que ces deux types de propriété ontdes effets contraires en ce qui concerne la fixation de la population à lacampagne, et sa composition par âge et par sexe. Les grandes propriétés ontprovoqué une diminution croissante du nombre total des emplois, bien quecelle-ci affecte essentiellement l'emploi féminin ; au contraire, dans les petitespropriétés, l'emploi se maintient à un niveau élevé par suite, surtout, del'utilisation des femmes et des enfants.

Il se trouve qu'au Brésil ces deux types d'agriculture se développentparallèlement ou s'articulent d'une certaine façon l'un à l'autre. Les transfor-mations qui s'opèrent dans les grandes propriétés peuvent aller de pair avec lamultiplication rapide des petites et moyennes propriétés. Cette situation estdue aux taux élevés de croissance naturelle de la population rurale, à ladiminution de l'emploi dans les grandes propriétés et à l'existence de terres deculture encore disponibles. 11 en résulte un volume croissant de main-d'œuvre

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agricole en quête d'emploi qui n'est que partiellement limité par l'exode rural.Cette main-d'œuvre disponible, d'une part, oblige la population à diviser lesterres à la suite des héritages, car la baisse de la mortalité augmente le nombredes héritiers ; de l'autre, elle fait naître des courants migratoires vers des zonesencore inoccupées où les propriétaires créent de nouvelles exploitations depetites dimensions.

Pour revenir au Tableau 93, si l'on analyse la tendance qui se manifesteentre 1940 et 1950, on constate que, pour les deux sexes, il y a eu unediminution du pourcentage de participation au secteur primaire, qui estsurtout due à la réduction de l'emploi féminin. Tandis que la populationactive de l'agriculture a augmenté de 14% (1.169.800) pour la main-d'œuvremasculine, elle a diminué de 10,3 % (360 000) pour la main-d'œuvre féminine,de sorte que la proportion des femmes dans l'ensemble de la population activeagricole est passée de 29,3 % en 1940 à 24,8% en 1950. Ces chiffres reflètentsans aucun doute la concentration foncière qui existait à cette époque. Plus de90 % de l'augmentation de la surface occupée pendant cette période ont étéintégrés aux grandes propriétés. Dans les petites exploitations (de moins de10 hectares), le nombre des femmes est resté le même ; dans les exploitationsmoyennes (de 10 à 100 hectares), il a diminué de 5,1 %, et, dans les grandespropriétés, il s'est fortement réduit (23 %). Cependant, dans celles-ci, la main-d'œuvre masculine a augmenté de 18%. Les données montrent donc qu'entre1940 et 1950 le travail féminin a été remplacé, dans ces grandes exploitations,par le travail masculin. Comme nous l'avons expliqué précédemment, laproportion de femmes dans la population active est élevée lorsqu'il est possiblede concilier travail productif et tâches domestiques. Dans l'agriculture, laparticipation féminine aux activités de production se rencontre essentiellementdans l'économie de subsistance. Elle est réduite dans les grandes propriétés, oùla production tend à être spécialisée et dirigée vers la commercialisation.

Dans la période suivante, la situation est bien différente. Le nombre defemmes travaillant dans le secteur primaire augmente fortement (44,9 %),tandis que la croissance de la main-d'œuvre masculine est bien moindre(17 %). Le taux de participation des femmes à l'ensemble de la populationactive augmente de 4 points, et passe de 24,8 % à 28,9 %.

Le volume important de main-d'œuvre qu'a absorbé l'agriculture pen-dant cette période — 46 % du total de la main-d'œuvre qui s'est formée aucours de la décennie, soit 1 600 000 hommes et 1 400 000 femmes — s'expli-que aussi par les transformations qui se sont produites dans la structure de lapropriété foncière. Les petites et moyennes exploitations se sont multipliées. Lenombre des petites propriétés (lOhect.) a plus que doublé, de même que lenombre de personnes qu'elles occupent. Celui des propriétés moyennes (de 10à lOOhect.) a augmenté de 42%, entraînant un accroissement de 40% de lamain-d'œuvre masculine et de 37% de la main-d'œuvre féminine qu'elles

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occupent. L'augmentation du nombre des grandes propriétés a été très légère,de près de 17%, et la population qui y travaille s'est également accrue dansune faible proportion, mais le pourcentage des femmes a diminué. Contraire-ment à ce qui s'est produit pendant la décennie précédente, on a enregistréune diminution de l'emploi dans son ensemble, et pas seulement féminin, dansles grandes exploitations ; tout porte à croire que cette tendance est liée à lamécanisation des activités agricoles.

Il est difficile d'analyser la dernière décennie, car on ne dispose pasencore de tous les résultats du recensement agricole de 1971. Toutefois, lesdonnées que l'on possède concernant le nombre des propriétés, qui fontapparaître une augmentation de 1 595 600, et le nombre des employés, quis'est accru de 16,7%, montrent que la même tendance à la prolifération despetites propriétés, qui s'était manifestée au cours de la décennie précédente,s'est maintenue, bien qu'avec une moindre intensité.

En ce qui concerne le secteur secondaire, on peut observer que l'emploitend à s'y développer de plus en plus, même si cette remarque n'est pas valablepour toute la période considérée.

Entre 1940 et 1950, la part relative que représente le secteur secondairedans la population active passe de 12,8% à 16%. Cet accroissement a portépresque uniquement sur le secteur secondaire II, puisque le volume de main-d'œuvre a augmenté dans le secteur secondaire I juste pour le maintenir à unniveau constant. Si l'on analyse la population active par sexe, on voitclairement que l'industrialisation qui s'est produite pendant cette période n'afavorisé que l'emploi masculin. L'emploi féminin a diminué de 7 %, tandis quel'emploi masculin a augmenté de 67 %. Pour mieux comprendre ces données,il faut analyser séparément chacun des sous-secteurs considérés.

Le secteur secondaire I a créé de l'emploi pour les deux sexes, mais dansune proportion beaucoup plus importante pour les hommes. L'augmentationde 32 % de l'emploi féminin s'explique surtout par le genre d'industrialisationqui a été réalisé à cette époque, puisqu'il s'agit essentiellement de laproduction de biens de consommation dont la croissance a été principalementmarquée dans les branches des filatures et des tissages, des produits alimen-taires, des boissons, etc., qui emploient traditionnellement des femmes.

La tendance qui s'est manifestée dans le secteur secondaire II a eu uneffet différent sur l'emploi de chacun des deux sexes. Pour les hommes,celui-cia augmenté de 81,5%, bien que ce chiffre soit à peine suffisant pourmaintenir la part que représente ce sous-secteur dans la population active auxenvirons de 2 %. Pour les femmes, la perte d'emplois a été de -37,5 %, ce quia entraîné une baisse relative de 2 %. Ces données sont conformes à ce quepermettait d'espérer le progrès de l'industrialisation. Les services de réparationqui utilisent de la main-d'œuvre masculine s'occupent des appareils électriques,des machines et des véhicules, qui seraient naturellement plus nombreux dans

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une phase ultérieure de l'industrialisation. Les femmes réparent surtout desarticles d'usage personnel, généralement dans des ateliers artisanaux qui sontobligatoirement remplacés par des usines.

Pendant la décennie 1950-60, on ne dispose de données que pour lesecteur secondaire I. Pendant cette période, le secteur industriel a absorbé trèspeu de main-d'œuvre, à peine 8% du nombre total de personnes qui sontalors entrées dans la population active. Cette décennie a été caractérisée par laforte concentration du capital industriel, de sorte que l'expansion de l'indus-trie manufacturière doit avoir éliminé une grande partie de la productionartisanale, d'où une forte augmentation de la productivité et une faibleprogression de l'emploi. Au cours de ce processus, comme il fallait s'yattendre, l'emploi féminin a été davantage touché que l'emploi masculin. Enplus de la diminution du nombre des unités artisanales, la crise de l'industrietextile a dû aussi contribuer à cette situation.

Déjà, dans la dernière décennie, l'emploi dans l'industrie a enregistré uneaugmentation importante de 115,1%. La part qu'il représente dans lapopulation active passe de 11,3 % à 15,1 %. Il est possible que l'industrialisa-tion de ces dernières années ait provoqué une progression plus forte del'emploi, car elle a beaucoup plus porté sur la production croissante denouveaux matériels —matériel de transport, matériel électrique et électroni-que, chimie — que sur la modernisation de produits plus anciens, comme celaavait été le cas au cours de la décennie précédente. Etant donné que cesbranches ne sont pas de celles qui absorbent le plus de main-d'œuvreféminine, celle-ci n'a augmenté que de 27 %. Il faut cependant ne pas oublierque les branches de l'industrie qui se sont le plus développées pendant lesdeux dernières décennies sont aussi celles où le plus grand nombre depersonnes employées n'est pas lié directement à la production. C'est justementdans des emplois non bureaucratiques, comme on le verra plus loin, que lafemme trouve maintenant de plus en plus de possibilités de travail.

Il reste à analyser le secteur tertiaire. D'après le Tableau 93, on voitclairement que ce secteur a pris peu à peu une certaine importance tout aulong de la période considérée. Bien que les données permettent de conclureque le secteur tertiaire s'est développé de façon continue, sa croissance n'acependant pas été aussi forte dans toutes les périodes intercensitaires et ellen'est pas due non plus à des augmentations proportionnelles à chacun dessous-secteurs considérés. On en déduit donc que, pendant ces trente années, leprocessus de développement a provoqué des changements structurels continusqui ont modifié, non seulement le rôle du secteur tertiaire dans l'absorptionde la main-d'œuvre, mais aussi la structure interne de ce secteur. Etant donnéque chacun des sous-secteurs a une importance économique différente, voiremême contradictoire sous certains aspects, nous allons tenter de montrerclairement quels ont été ces changements structurels.

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Entre 1940 et 1950, la part du secteur tertiaire dans la population activeest passée de 16,5% à 19,2%. Ce secteur a essentiellement progressé dans lesservices de production (de 7,6 % à 9,1 %), puis dans les services de consom-mation collective (de 3,5 % à 4,5 %), tandis que la croissance des services deconsommation individuelle, qui a été de 17%, fut à peine suffisante pour lesmaintenir à un niveau pratiquement stable, autour de 5,5 %. Les données quiconcernent l'emploi dans son ensemble permettent donc de conclure quel'industrialisation de cette décennie a entraîné une création d'emploi productifcapable d'absorber toute l'augmentation de main-d'œuvre.

Cependant, si l'on analyse la population active par sexe, on constate quecette conclusion est encore plus valable en ce qui concerne les hommes ; ellene s'applique absolument pas à l'emploi féminin. Comme nous l'avons vulorsque nous avons étudié le secteur primaire, un grand nombre de femmesont quitté ce secteur (— 10,3 %) pendant cette période, ce qui a dû provoquerune augmentation de l'offre de main-d'œuvre dans les villes. Toutefois, l'étudedu secteur secondaire a montré, qu'en ville, les possibilités de travail pour lesfemmes étaient moins nombreuses par suite de la disparition de certainesentreprises artisanales (— 7 %). Il en est résulté une offre importante de main-d'œuvre féminine. Une petite partie seulement de celle-ci a trouvé un emploidans les services de production (6,8 %), bien que ce secteur ait accepté des'ouvrir aux femmes (il a enregistré une augmentation de 102,8% de la main-d'œuvre féminine). Le secteur qui a absorbé le plus grand nombre de femmes,bien que la progression ait été seulement de 18%, est celui des servicesindividuels. S'il ne s'est pas développé davantage, ce n'est pas parce qu'ilmanquait de main-d'œuvre, mais parce que la demande pour ces services étaitinsuffisante. Les services de consommation collective ont également absorbéun nombre important de femmes (42 %), et sont apparus comme étant unsecteur ouvert au travail féminin (il a enregistré une augmentation de 102,4 %de femmes) ; cependant, étant donné le niveau de qualification qui est exigépour occuper ces emplois (professeurs, infirmières, etc.), il est fort peuprobable qu'ils aient absorbé une main-d'œuvre fournie par l'exode rural.Cette main-d'œuvre féminine a sans doute été recrutée en zone urbaine, parmides femmes qui possédaient une instruction, et pour lesquelles il n'existait pasencore d'activités économiques en 1940. En réalité, pendant cette période, lapopulation active féminine a diminué de 2 %, ce qui donne tout son sens à laconclusion selon laquelle le processus de développement a obligé un grandnombre de femmes à rester chez elles, à l'écart de toute activité productive.

Entre 1950 et 1960, l'emploi dans le tertiaire a progressé encoredavantage (6,5 %), en même temps que ce secteur modifiait ses structures. Lesservices de production et ceux de consommation collective ont continué à sedévelopper, surtout ces demiers ; toutefois, les services de consommationindividuelle se sont étendus encore davantage. Cela est vrai pour les deuxsexes. Cependant, pour mieux comprendre les conséquences du développement

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de ce secteur, il faut rappeler, qu'à partir de 1960, les données disponibles nepermettent plus de distinguer les services de consommation individuelle de laprestation de services qui comprend aussi les services de réparation (secteursecondaire II). D'autre part, les professions libérales sont classées dans uneautre catégorie. Ces différences de critères concernant la classificationfaussent l'idée que l'on peut se faire des tendances qui marquent chacun dessexes. Tout d'abord, parce qu'il y a beaucoup plus d'hommes que de femmesqui exercent les professions libérales. Ensuite, comme on l'a déjà expliqué, legenre de services de réparation auquel se consacrent les hommes se développeavec l'industrialisation, tandis que celui qui incombe aux femmes devient deplus en plus restreint. Ces observations étant faites, il semble que l'on puissejustifier l'hypothèse selon laquelle une grande partie de l'augmentation de lamain-d'œuvre masculine est due à la croissance des services de réparation,tandis que, pour les femmes, c'est le secteur des employées de maison qui alargement prédominé.

Pendant la dernière décennie, on enregistre une nouvelle augmentationde la part que représente le tertiaire dans la population active, qui passe de25,7 % à 28 %, mais qui est cependant moindre que pendant la périodeprécédente. Les pourcentages des augmentations par sous-secteurs se répartis-sent aussi d'une autre façon que pendant la période précédente. Les servicesindividuels ne s'accroissent qu'en chiffres absolus, tandis que les services deconsommation collective (2,2 %) et les services de production (1,2 %) augmen-tent même en chiffres relatifs.

Si l'on analyse maintenant la population active de ce secteur par sexe,on remarque que l'emploi masculin dans les services de consommationindividuelle arrive même à décroître pendant cette période, tandis que letravail domestique rémunéré continue à progresser au même rythme quependant la décennie précédente (59,9 %).

D'après les résultats des recensements, le développement économique decette période a réussi non seulement, à absorber la main-d'œuvre masculinequi est venue s'ajouter à la population active, mais aussi à réduire, même enchiffres absolus, une partie du "chômage déguisé" masculin qui s'était formépendant la décennie 1950/60.

Ainsi, on peut dire que tous les emplois improductifs qui se sont crééspendant la période considérée l'ont été dans les services domestiques rémuné-rés qui ont absorbé une large part de la main-d'œuvre féminine. Pour donnerune idée de l'importance que représente ce genre d'emploi pour les femmes,on peut préciser que 46,6 % de l'accroissement de cet emploi entre 1950 et1960, et 41,6% entre 1960 et 1960 ont été absorbés par les services deconsommation individuelle. L'augmentation de la demande de ces servicespendant les deux dernières décennies est due sans doute à la prospéritécroissante d'une classe moyenne urbaine en rapide expansion, et non à l'offrede main-d'œuvre comme on le dit fréquemment.

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D'ailleurs, le secteur tertiaire est destiné à absorber la population activeféminine. La proportion de femmes employées dans ce secteur est passée de16,8% en 1940 à 36,9% en 1970. Comme nous l'avons vu,une grande partiede ces emplois concerne les services domestiques qui, puisqu'ils représententun faux emploi, ne donnent pas réellement à la femme la possibilité departiciper au processus de production. Les données montrent cependant que leniveau qualitatif de l'emploi féminin s'élève peu à peu, grâce au dévelop-pement des services de consommation collective (infirmières, professeurs, etc.)et aux services de production (commerçantes, employées de banque, etc.).

LES TAUX

Sources. Une fois que l'on connaît les tendances des différents secteursd'activité économique, il faut voir comment le potentiel productif

de la population brésilienne a varié suivant le degré d'utilisation de la main-d'œuvre et sa répartition par âge et par sexe.

Afin de connaître le degré d'utilisation de la population active potentiel-le, on a divisé le taux de participation, c'est-à-dire la proportion de ceux quitravaillent effectivement, en deux éléments :

— Taux d'occupation — proportion de ceux qui exercent effectivementune activité professionnelle ;

— Taux de chômage — proportion de ceux qui sont disposés à travailler,mais qui ne trouvent pas la possibilité de s'insérer dans une branche d'activitééconomique (3).

On a calculé le taux de chômage afin de remédier à une autreinsuffisance du recensement. Celui-ci tend à sous-estimer le nombre deschômeurs. Malheureusement, le critère utilisé pour effectuer le recensement nepermet pas d'évaluer dans quelle mesure a été sous-estimée la partie de lapopulation qui est la plus concernée par cette insuffisante, à savoir la main-d'œuvre féminine inoccupée. C'est pourquoi, afin de mieux comprendre lesdonnées figurant au Tableau 94 qui suit, nous avons jugé qu'il était nécessairede faire quelques remarques à ce sujet.

Les personnes qui ne sont pas prêtes à participer à une activitéprofessionnelle sont classées dans la catégorie des inactifs. Elles sont de deuxsortes :

(3) La méthodologie utilisée pour calculer les taux de chômage a été présentée defaçon assez explicite dans l'ouvrage de Singer, P. "Força de trabalho e emprego noBrasil". Sao Paulo, CEBRAP, 1971.

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— Celles qui sont dans l'incapacité de travailler pour diverses raisons,telles que : l'âge — enfants et vieillards ; la santé — malades et invalides ; desmotifs sociaux — personnes incarcérées ; et enfin, celles qui sont prises par desactivités individuelles — étudiants et maîtresses de maison ;

— Les personnes qui, bien qu'elles disposent de temps libre, ne travail-lent pas. C'est le cas de celles qui bénéficient de revenus qui ne sont pas tirésdu travail, et des femmes que leur famille entretient.

TABLEAU 94. - TAUX D'OCCUPATION, DE CHOMAGE ET DE PARTICIPATIONECONOMIQUE POUR LE BRESIL, PAR AGE ET PAR SEXE,

EN 1940, 1950, 1960 ET 1970

Sexe

Hommes

Femmes

Age

10-1415-1920-2425-3435-4445-5455-6465et +

10et +

10-1410et +

Taux d'activité

1940

64,167,694,695,596,695,591,376,1

92,3

44,334,0

Sources : RecensementsRecensements

(1) PNAD

(2) Recensement

économique

1950

43,380,693,496,796,794,788,170,8

82,4

26,026,3

1960

45,972,4

1969(1)

_68,2

92,3 89,397,2 96,096,9 95,894,0 92,583,0 81,559,1 51,4

77,7 73,8(2)

28,7 -29,9 31,9

agricoles, 1940, 195(

Taux

1940

18,219,93,12,72,33,37,0

20,0

9,0

22,310,9

), 1960

de chômage

1950

23,86,63,22,22,43,99,0

22,1

8,1

14,44,5

, 1971.démographiques, 1940, 1950, 1960

ie 1970.

1969

_7,85,83,43,86,7

16,143,2

_

-

, 1971.

Faux departicipation

1940

87,987,597,798,298,998,898,296,1

90,6

66,644,9

1950

65,487,296,698,999,198,697,192,9

90,5

40,430,8

1969

_76,095,199,499,699,297,694,6

_

_

-

L'inconvénient de cette division, c'est qu'elle inclut parmi les inactifsceux qui ont la capacité et le désir de travailler. En ce qui concerne lesfemmes, le recensement démographique transforme en réalité une activité quiest considérée comme étant de leur seul ressort, en une occupation principalepour la femme qui ne travaille pas. 11 ne fait pas de doute qu'il doit y avoirun grand nombre de femmes auxquelles les tâches domestiques ne laissent pasla possibilité d'exercer une activité productive. Cependant, il existe auss- detrès nombreuses femmes qui ont réellement les capacités pour s'intégrer à lapopulation active, et, comme les emplois manquent, elles se voient contraintes

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de se consacrer aux travaux domestiques. Nous voulons parler essentiellementdes femmes célibataires.

La combinaison du recensement agricole et du recensement démogra-phique a fait qu'il a été impossible d'avoir des taux homogènes par groupesd'âge pour les deux sexes. Les recensements agricoles ne fournissent desdonnées que pour les groupes de 10-14 ans et de 10 ans et plus. Comme, pourle sexe masculin, la sous-estimation porte essentiellement sur le groupe de10-14 ans, on a pu combiner les deux types de données. Pour les femmes, il aété impossible de faire une distinction autre que celle qui a été adoptée par lerecensement agricole.

L'analyse de l'évolution de la structure de l'emploi a fait clairementapparaître que la population active féminine variait surtout en fonction duvolume de la main-d'œuvre agricole. Compte tenu de ce fait, on a égalementcalculé les taux de participation des femmes aux activités agricoles et nonagricoles. Ces taux comportent une certaine marge d'erreur, dans la mesure oùtoutes les femmes qui habitent en ville n'exercent pas forcément une activitéurbaine, et où celles qui vivent en zone rurale peuvent avoir une occupationtypiquement urbaine. Comme ces erreurs se compensent en partie, nous nepensons pas que les résultats soient très éloignés de la réalité.

Les résultats. En ce qui concerne la population masculine, les taux onttendance à baisser pendant toute la période considérée.

Entre 1940 et 1950, les taux d'occupation au Brésil ont peu diminué.Ce sont essentiellement les groupes d'âge extrêmes — 10 à 14 ans, 55 à 64 anset 65 ans et plus — qui les ont fait décroître. Pour les autres groupes, ilsrestent assez élevés. En général, on considère que la réduction des taux pourles groupes marginaux est une conséquence du processus de modernisation.Dans le cas présent, tout porte à croire que ce processus n'a pas été le seul àagir. En effet, si l'on observe les tendances qui apparaissent dans les taux dechômage pour les groupes extrêmes, on onstate que ce sont ceux-ci qui ont leplus augmenté pendant la période considérée. Etant donné que 90 % de lapopulation de 10-14 ans qui travaille est employée dans l'agriculture, on peuten conclure sans hésitation que la diminution du taux d'occupation, aussi bienque l'augmentation du taux de chômage sont liées au processus de concentra-tion de la propriété foncière qui a eu lieu au cours de cette période. Il estpossible que celui-ci ait également agi sur la tendance que manifestent les tauxd'occupation et du chômage des hommes âgés. Dans une économie desubsistance où la productivité est assez faible, le travail de l'enfant, mais ausside tous les membres de la famille est indispensable. Les données montrentcependant, qu'une fois libérés du travail dans les petites propriétés, lespersonnes âgées et les enfants ont assez de difficulté à trouver un emploi.

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Malgré les grandes variations qui affectent ces groupes d'âge, les tauxconcernant l'ensemble de la population masculine n'ont presque pas évoluépendant cette période. Ceci est dû au fait que la tendance du groupe de10-14 ans a été pratiquement compensée par la tendance contraire du groupede 15-19 ans. Pour ce dernier, le taux de participation est resté presque lemême entre 1940 et 1950, et le taux d'occupation est passé de 67,5 % à80,6 %.

Pour 1960, nous n'avons pas la possibilité de calculer le taux dechômage et, par conséquent, de participation. Entre 1950 et 1960, le tauxd'occupation du groupe de 10-14 ans recommence à augmenter, par suite,cette fois, de la multiplication des petites et moyennes propriétés. Cependant,le taux d'occupation du groupe de 15-19 ans s'abaisse de 80,6% à 72,4%,tandis que celui des groupes les plus âgés continue à diminuer ; pour le groupede 55-64 ans, il passe de 83,2 % à 81,5 %, et pour le groupe de 65 ans et plus,il décroît plus nettement en passant de 70,8 % à 59,1 %. Comme on nedispose pas des taux de chômage, il n'est pas possible de savoir si ces chiffressont dûs au progrès de la scolarité et à l'extension de la sécurité sociale, ous'ils correspondent à la diminution de l'offre d'emploi.

Le recensement de 1970 permet seulement de calculer le taux pourl'ensemble de la population active masculine qui diminue de 4,1 %, en passantde 77,7% à 73,8%.

Si l'on utilise les données de la PNAD pour 1969, on constate que lesmêmes tendances apparaissent pour les groupes d'âge dont nous venons deparler : baisse des taux d'occupation et hausse des taux de chômage (sauf pourle groupe de 10-14 ans dont les taux n'ont pas été calculés par la PNAD quiévaluait la population active). Il existe cependant une différence : pour lesgroupes les plus âgés de 55-64 ans et de 65 ans et plus la baisse des tauxd'occupation est compensée par la hausse des taux de chômage, de sorte queles taux de participation restent pratiquement au même niveau ; en ce quiconcerne le groupe le plus jeune, de 15 à 19 ans, la diminution du tauxd'occupation n'est plus compensée par l'augmentation du taux de chômage, desorte que le taux de participation tombe de 87,2 % en 1950 à 76 % en 1969.Il faut supposer qu'il en a été de même pour le groupe de 10 à 14 ans.

Les taux de participation féminine, qui dépendent des modifications de lastructure économique, ont varié pendant toute cette période.

Au cours de la décennie 1940-50, les taux de participation de la femmeà la population active ont passablement diminué pour les deux groupes d'âgeconsidérés.

Pour le groupe de 10 à Í4 ans, les taux d'occupation se sont abaissés de44,3% à 26%, et pour celui de 10 ans et plus, de 34% à 26,3%. Cettediminution est due essentiellement au remplacement de la main-d'œuvre

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féminine par la main-d'œuvre masculine dans l'agriculture, bien que deuxautres facteurs y aient aussi contribué : la réduction de l'importance del'industrie artisanale et la plus grande rigidité du recensement de 1950, qui aaccentué la sous-estimation du nombre de femmes ayant deux types d'activi-tés.

Comme on le voit au Tableau 95, les taux de participation dansl'agriculture tombent de 35,3 % à 26,4 %, et, dans les zones urbaines, ilspassent de 31,2% à 23,1 %. Pour celles-ci, l'augmentation de la populationurbaine à la suite de l'exode rural a dû jouer un rôle, auquel s'ajoute celui desfacteurs déjà indiqués.

TABLEAU 95. - TAUX DE PARTICIPATION ECONOMIQUE DE LAPOPULATION FEMININE DANS LES ZONES URBAINES ET RURALES

DU BRESIL EN 1940, 1950, 1960 ET 1970

Zone

Urbaine

Rurale

1940

31,2

35,3

1950

23,1

26,4

1960

23,6

37,0

Sources : Recensements agricoles, 1940, 1950, 1960, 1971.Recensements démographiques, 1940, 1950, 1960, 197

1970

24,3

43,4

La baisse du taux d'occupation n'a pas été compensée par le chômage.En réalité, il y a même eu une diminution des taux de chômage.

Pour le groupe de 10 ans et plus, cette diminution s'explique en partiepar la phase de développement qui marquait cette période. L'une de sescaractéristiques a été de séparer dans l'espace, à la ville comme à la campagne,les activités domestiques des tâches productives, en rendant les femmes moinsdisponibles et en diminuant ainsi leur potentiel de production. Toutefois, cesfacteurs furent sans aucun doute moins décisifs que le critère qui a inspiré lesopérations de recensement et selon lequel le désir des femmes de participer àdes activités productives, si elles en avaient la possibilité, ne peut être admisni, par conséquent, évalué. Cette insuffisance est surtout évidente pour legroupe de 10-14 ans, car on peut admettre que peu de jeunes filles doiventêtre indispensables au travail domestique. Quoique le taux de chômage de cegroupe d'âge (14,4 %) soit bien supérieur à celui du groupe précédent (4,5 %),il est bien plus faible que le taux masculin pour le même groupe d'âge(23,3 %). On ne voit pas comment on peut expliquer, si ce n'est parl'insuffisance du recensement, le fait que le chômage ait augmenté chez leshommes et diminué chez les femmes de ce même groupe d'âge, surtout si l'ontient compte de ce que, en 1940, le chômage des femmes de ce groupe étaitdéjà supérieur à celui des hommes. Il s'agit donc en réalité de femmes sansemploi qui n'apparaissent pas comme telles.

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Au cours de la décennie suivante, le taux de participation féminineremonte un peu pour les deux groupes d'âge considérés. Comme on l'a déjàexpliqué, ceci est dû à la multiplication du nombre des petites et moyennespropriétés où la main-d'œuvre féminine est la plus utilisée. D'ailleurs, commele montrent les taux de participation aux activités agricoles et non agricoles,c'est là la seule cause de l'augmentation, car la hausse du taux de participationaux activités non agricoles a été très faible, presque nulle, et elle a à peineréussi à suivre l'évolution de l'offre potentielle.

Cette tendance continue à se manifester pendant la décennie suivante,puisque l'emploi urbain progresse très peu, tandis que l'emploi agricole atteintun niveau qui est même supérieur à celui de 1940.

CONCLUSIONS

Au cours des trente années que nous avons considérées, le processus dedéveloppement a entraîné au Brésil de profondes modifications de la structureéconomique qui ont fait que la population active a été utilisée sous d'autresformes et dans d'autres proportions, et qui ont changé sa composition par âgeet par sexe.

On a constaté une diminution progressive des taux de participation desgroupes les plus jeunes. Le taux d'occupation du groupe de 10-14 ans, ainsique le taux de chômage ont beaucoup varié en fonction de la structure de lapropriété foncière. La baisse de plus en plus marquée du taux d'occupationdonne à penser que la scolarité a absorbé un nombre croissant des jeunes de10 à 19 ans, mais le taux de chômage montre qu'une grande partie de ceuxqui sont capables de s'intégrer à la population active reste inoccupée.

Pour les groupes de 20 à 54 ans, les taux d'occupation se sontmaintenus, pendant toute la période, à des niveaux très élevés. A ces âges, leshommes du Brésil font partie dans une très grande proportion de lapopulation active, et trouvent généralement un emploi. Les données montrenttoutefois que, si le développement a permis de créer, entre 1940 et 1950, desemplois productifs pour la population active masculine qui est venue s'ajouterà celle qui existait déjà, dans la décennie 1950-1960, le niveau de l'emploin'est resté élevé que grâce à la multiplication de la petite propriété agricole(par la division des grandes exploitations et la possession de nouvelles terres)en zone rurale, et au "chômage déguisé" en zone urbaine. Dans la période laplus récente, la même tendance a persisté dans les campagnes, tandis que, dansles villes, le développement a permis de réduire en partie le "chômage déguisé"qui était apparu pendant la période précédente.

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On constate une diminution continue du taux d'utilisation de lapopulation active masculine la plus âgée, qui est compensée par l'augmentationdu taux de chômage, de sorte que le taux de participation reste élevé etidentique à celui du groupe de 20 à 54 ans. Les données montrent toutefoisque les hommes âgés ont de plus en plus de difficulté à trouver un emploi.

En ce qui concerne l'emploi féminin, s'il n'y avait l'augmentationparallèle du nombre des petites et des grandes propriétés agricoles, l'évolutiondes taux de participation pendant la période considérée serait assez voisine decelle qui caractérise les pays sous-développés et que nous avons brièvementdécrite dans les remarques préliminaires. De fait, le taux d'occupation est élevéau début de la période, puis baisse dès que le processus de modernisations'accélère. Au Brésil, ce taux ne continue pas à décroître, mais il remonte aucontraire immédiatement, seulement lorsqu'il comprend le travail agricole.

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CHAPITRE VI

PROJECTION DEMOGRAPHIQUE AU BRESIL1970 - 2000

INTRODUCTION

Ce chapitre a pour objectif de prévoir le chiffre de la populationbrésilienne par la méthode des composantes, pour une période de trente ans, àpartir de 1970. •

En ce qui concerne la fécondité future, on a d'abord pensé envisagertrois hypothèses. Cependant, comme on le verra plus loin, deux d'entre ellesmènent pratiquement au même résultat. Quant à la mortalité, on n'a considéréqu'une seule tendance à partir des données de 1970.

L'étude de la structure par âge, de la mortalité et de la fécondité quicaractérisent la population en 1970 précède la projection démographiqueproprement dite et sera présentée en détail au cours de ce chapitre.

MATERIAUX

Les données fondamentales à partir desquelles on a caractérisé lapopulation brésilienne en 1970 et qui ont permis d'établir ultérieurement laprojection démographique sont les suivantes :

1. Population selon l'âge et le sexe en 1970.

On a utilisé les données publiées par la Fondation IBGE(l) en lesadaptant ensuite aux besoins de cette étude.

2. Répartition des enfants nés vivants au cours de l'année qui a précédéle recensement, suivant l'âge de la mère.

(1) Ministère brésilien de la Planification et de la Coordination générale -Recensement démographique, série nationale, vol. I, Rio de Janeiro, Fondation IBGE,1973.

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On a également utilisé les informations fournies par le Recensementdémographique (2), en les corrigeant et en les adaptant comme on vient de ledire.

3. Tables de survie pour le Brésil, 1960-1970.

Des tables de survie abrégées, propres à chaque sexe, ont été utilisées encorrigeant et en adaptant les données.

Parmi celles qui sont disponibles pour cette période, on s'est référé auxtables publiées par Irwin & Madeira (3).

4. Tables types de mortalité (réseau Ouest) de Coale et Demeny.

Pour les coefficients de survie futurs, on a utilisé les éléments n L x destables types (4), interpolés comme il convient.

5. Taux de fécondité par âge pour l'Etat de Sâo Paulo, 1970. Cesdonnées, qui sont utilisées pour formuler des hypothèses concernant lesprojections que nous tentons d'établir, font partie d'un travail non encorepublié (5), c'est pourquoi nous les présentons dans le Tableau 96.

TABLEAU 96. - TAUX DE FECONDITE SUIVANT L'AGEDE LA MERE, ETAT DE SAO PAULO - 1970

Groupes d'âge

15 - 2020 - 2525 - 303 0 - 3535 - 4 040 - 4545 - 50

15 - 50

Fécondité totale

Taux(pour 1 000 femmes)

41,83169,13188,20140,2295,3940,9212,00

104,89

3,44

Source : Santos, J.L.F., op. cit.

Nota : Date de référence : 10/3/1970.

(2) Ministère brésilien la Planification et de la Coordination générale - Recense-ment démographique, série nationale, vol. I, Rio de Janeiro, Fondation IBGE, 1973.

(3) Irwin, R. & Madeira, J.L. - Deduçâo de urna Tábua de Vida através de anâlisedemográfica, Brasil- 1960-1970. Rio de Janeiro,Fondation IBGE, 1972 (présenté à la2e Conférence nationale de Statistique, Géographie et Cartographie).

(4) Coale, A.J. & Demeny, P. - Regional model life tables and Stable populations.Princeton, N.J., Princeton University Press, 1966.

(5) Santos, J.L.F. - A fecundidade no Estado de Sao Paulo, 1970. en préparation.

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6. Taux de fécondité par âge pour le Brésil en 1965.

En plus des taux de fécondité de la population brésilienne en 1970, on aégalement utilisé des données portant sur des périodes voisines, afin de tenircompte de plusieurs tendances possibles. Ces données, calculées par R.R.Cassinelli et publiées par Joâo Lyra Madeira (6), correspondent en réalité à ladécennie 1960-1970. Cependant, on a préféré les considérer comme serapportant à une date précise et l'on a choisi 1965. Grâce à ces coefficients,on a calculé l'indice synthétique de fécondité. On a obtenu le chiffre de 5,35enfants par femme.

HYPOTHESES AU DEPART

Les projections seront faites à partir des hypothèses suivantes :

1. Le rapport de masculinité à la naissance est de 1 033 ;

2. La sous-évaluation du groupe d'âge de 0 à 4 ans, dans le recensementde 1970, est de l'ordre de 2,5 % pour les deux sexes ;

3. La population d'âge inconnu a la même structure par âge que lapopulation d'âge connu.

HYPOTHESES ENVISAGEES POUR LA PROJECTION

Fécondité. On a d'abord pensé partir de trois hypothèses pour calculer lafécondité. La première se baserait sur la tendance observée entre

1965 et 1970 pour déterminer celle de la période 1970-2000. La seconde et latroisième tiendraient compte du fait que la fécondité de la populationbrésilienne dépend de facteurs qui ont agi depuis longtemps sur certainssecteurs de cette population. On a imaginé par exemple que le niveaud'industrialisation et d'urbanisation que l'on observe aujourd'hui dans l'ensem-ble du Brésil, correspond à celui qui existait à une certaine date dans des Etatscomme Sâo Paulo ou Guanabara. Mieux encore, en supposant que ce processussoit continu, et en admettant que les facteurs agissent selon des mécanismesdéterministes, on pourrait penser que, dans le futur, la fécondité du Brésilserait semblable à celle qui a été observée récemment dans ces secteurs.Pour ces deux hypothèses on a pris comme référence l'Etat de Sao Paulo.Selon la seconde hypothèse, la fécondité au Brésil en 1900 suivrait le mêmemodèle que celui qui a été observé à Sâo Paulo en 1970.

(6) Madeira, J.L. - O IBGE e os estudos da feeundidade no Brasil (Histórico eperspectivas de feeundidade). (polycopié).

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Dans la troisième hypothèse, identique à la seconde, on prendrait l'an2000 comme date de référence.

Toutefois, après avoir effectué les premiers calculs, on a remarqué que lapremière et la troisième hypothèses conduisaient à des résultats très voisins.

Le tableau 97 montre l'évolution de l'indice synthétique de féconditédans les trois hypothèses.

TABLEAU 97. - INDICE SYNTHETIQUE DE FECONDITE FUTURESELON LES TROIS HYPOTHESES INITIALES

^ ^ * Hypothèse

Date ^ ^ > ^ ^

197519801985199019952000

ITendance1965-1970

4,464,093,743,423,122,85

IISao Paulo

1990

4,484,103,753,443,142,88

IIISao Paulo

2000

4,614,354,103,873,653,44

Comme on le voit, les différences entre les hypothèses 1 et 3 sontminimes. On a donc décidé de ne considérer que deux hypothèses. Au coursde cette étude, nous désignerons par :

Hypothèse I : La fécondité du Brésil, sera en 1990 égale à celle qu'on aobservée à Sâo Paulo en 1970.

Hypothèse II : Identique à l'hypothèse I, en portant à l'an 2000 la dateà laquelle la fécondité du Brésil sera égale à celle de Säo Paulo en 1970.

Mortalité. On a adopté pour la mortalité les hypothèses suivantes:

TABLEAU 98. - PROJECTION DE L'ESPERANCE DE VIE A LANAISSANCE SUIVANT LE SEXE : 1970-2000

" ^ ^ ^ Sexe

Période ^VN>_^de 5 ans ^""""^^^^^

1970-19751975-19801980-19851985-19901990-19951995-2000

Masculin

62,1264,6366,8068,6670,2171,46

Féminin

65,8568,4870,6772,5174,0275,26

Source : SPIELMAN, E., op. cit.

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a) La mortalité du Brésil évoluera dans le réseau Ouest des tables demortalité de Coale et Demeny(7).

b) L'espérance de vie à la naissance suivra la ligne de régression obtenuepar Spielman (8). Pour chaque période de cinq ans, entre 1970 et 2000,l'espérance de vie à la naissance atteindra les chiffres qui figurent dans leTableau 98.

METHODES

Projection par composantes. La population d'âge x à x + n à la date t, np'Vest projetée n années plus tard, en utilisant la

formulei

(r) '_ (

-npx

Pour les enfants N nés entre t et t + n, la formule devient :

{t+n) = N ^

n.lo

Et pour le dernier groupe d'âge (dans notre cas, 70 ans ou plus), laformule s'écrit :

T70

Projection des enfants nés vivants. Si l'on dispose du chiffre de la populationféminine prévue pour deux dates t et r + n,

et des taux de fécondité par âge à ces dates, („^^et n^xt+"^' o n P e u t c a l c u l e r

les taux moyens de fécondité par âge de la période :

F(O _• + F ( Î + W ) . PU+n)

t , t+n„Px +nPX

(7) Coale, A.J. & Demeny - Regional model life tables and Stable populations.Princeton, N.J., Princeton University Press, 1966.

(8) Spielman, E. - Projeçâo da vida media - Brésil : 1970-2000. Boletimdemográfico CBED, 3 : (3), 13-22, 1973.

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En supposant que la population moyenne d'âge compris entre x et x + nsoit, pendant la période considérée,

°-5\nPx + nPX \ = n P X '

le nombre total de naissances serait pour ces femmes, pendant cette période :

N =n. p . Fn x nr x n x

et le nombre total de naissances pour tous les âges, pendant la période serait :

N = " 2 S^'> nP« + A " " ' „Pi""' (4)

Grâce au rapport de masculinité adopté, on obtient le nombre de naissancessuivant le sexe qui ont eu lieu pendant la période.

Projection de fécondité par âge. Comme on l'a vu à la section I (paragraphe6.4), la fécondité dont on s'est servi pour

formuler les hypothèses a été évaluée d'après l'indice synthétique de fécondité,

Pour prévoir les taux de fécondité par âge, qui sont ceux que l'on utilisedans les projections, on a procédé de la façon suivante : on a calculé, pour1970, la distribution des taux de fécondité par âge

¿(70) _ " *n x vi

Fx n x

pour Säo Paulo et pour le Brésil dans son ensemble.

Pour les deux hypothèses, on a calculé les variations quinquennales, D5,des distributions, qui sont nécessaires pour atteindre en 1990 et en 2000 lafécondité prévue pour ces années-là:

nkx (S. Paulo) - „*, (Brésil)(D5)x = pour l'hypothèse I

_*_ (S. Paulo) - _¿fc_ (Brésil)( D 5 ) _ pour l'hypothèse II

Les distributions pour les dates futures sont obtenues par la formule suivante :

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A 7 " (Brésil) + X(D5),

On obtient enfin les taux de fécondité par âge compatibles avec les indicessynthétiques de fécondité proposés par la formule suivante :

„F<<> = (F«> . „ * « ) (5)

Projection des taux de survie. Les taux de survie, pour n années, définiscomme :

ont été calculés pour chaque période de 5 ans suivant l'hypothèse énoncéedans la section 2 (paragraphe 6.4).

A cet effet, on a déterminé par interpolation arithmétique les niveaux desTables types du réseau Ouest, correspondant aux espérances de vie du Tableau 98.Une fois ces niveaux connus, on a calculé, de nouveau par interpolation arithmé-tique, les valeurs de nLx correspondantes et, enfin, les valeurs de nSx.

Périodes de projection, date de référence. La population prévue est calculéetous les dix ans. Mais on utilise les

taux de survie par groupe de cinq ans comme l'indique la formule suivante :

„t+10 _ t Q çsPx+10 - sPX • S^x • 5 JC+5 •

Les femmes en âge de procréer sont calculées tous les cinq ans afin de mieuxévaluer les conséquences des hypothèses adoptées pour le mouvement de lafécondité.

Les dates de référence pour les projections seront toujours le 1er septembrede chaque année considérée.

RESULTATS

Population par âge et par sexe en 1970

Grâce aux hypothèses énoncées dans les sections 2 et 3 du paragraphe6.3, on a reconstitué la population au Ier septembre 1970 et l'on a obtenu lesrésultats qui figurent dans le Tableau 99.

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TABLEAU 99. - POPULATION SUIVANT L'AGE ET LE SEXEBRESIL - 1970

Groupesd'âge

moins d'un an1 - 45 - 910 - 1415 - 1920 - 2425 - 2930 - 3435 - 3940 - 4445 -4950 -5455 - 5960 - 6465 - 6970 et plus

Total

Hommes

1452 4555 710 5546 813 6205 946 0995 005 4584 045 2383 179 6542 806 2782 5071452 292 8531798 6341489 3481162483905 066605 964789 570

46510419

Femmes

1423 7905 6071996 672 5335 936 4935 2681124 256 9523 337 2852 869 8732 592 23822517191755 0731456 8301130423889 607612954922 380

46 983 461

Total

2 876 24511317753134861531188259210 273 5708 302190651693956761515 099 3834 544 5723 553 7072 9461782 2929061794 67312189181711950

93 493 890

Fécondité en 1970

II y a de fortes probabilités pour que le nombre des enfants nés vivantsau cours de l'année antérieure au recensement soit sous-évalué.

La population de 0 à 1 an est, suivant le Tableau 99, de :

Po = 2.876.245

et les enfants nés pendant l'année antérieure au recensement sont, d'après lesdonnées des Résultats préliminaires (9) :

2 897 326

On a donc décidé de renoncer aux données du recensement sur lesenfants nés vivants. Remarquons que ces données sont, dès le début, sous-évaluées, si ce n'est pour d'autres raisons, du moins par le fait qu'elles netiennent pas compte des naissances des enfants dont les mères sont décédéesavant le 1e r septembre 1970.

On a alors procédé de la façon suivante :

(9) Ministère brésilien de la Planification et de la Coordination générale -Recense-ment démographique, Série nationale, vol. I, Rio de Janeiro, Fondation IBGE, 1973.

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Pour chaque sexe séparément, on a ajusté par une méthode osculatriceles valeurs de nLx qui figurent dans la table de mortalité du Brésil, pour lapériode 1960-70 (10), et l'on a obtenu LQ.

On peut ainsi calculer le nombre d'enfants nés vivants pendant l'annéeprécédant le recensement, N :

et l'on obtient N = 3 152 983.

On a réparti ce total suivant le nombre d'enfants nés vivants au cours del'année précédant le recensement, dont les mères avaient de 15 à 50 ans.

On a ajusté de nouveau selon la méthode de Sprague (II) toutes lesvaleurs de nLx nécessaires à la projection de la population féminine au1er septembre 1969. Pour chaque groupe d'âge, la moyenne arithmétique entreles chiffres de la population au 1er septembre 1969 et au 1er septembre 1970a fourni l'évaluation de la population moyenne l'année antérieure au recense-ment. On peut alors calculer le taux de fécondité par âge qui figurent dans leTableau 100.

TABLEAU 100. - FEMMES AGEES DE 15 A 49 ANS LE ler/3/7O,ENFANTS NES VIVANTS ENTRE LE ler/9/69 ET LE ler/9/70,

ET TAUX DE FECONDITE PAR AGE - BRESIL

Groupes

d'âge

15 - 1920 - 2425 - 2930 - 3435 - 3940 - 4 445 - 4 9

15 - 4 9

Fécondité totale

Femmes

ler/3/70

5 1841604160 0773 232 8722 844 0782 569 3042 2110061 723 646

21925143

Enfantsnés vivants

1/9/69 à 1/9/70

267 632863 239803 880599011404 840172 87941502

3152983

Taux defécondité(x 1000)

51,62207,51248,66210,62157,5778,1924,08

143,81

4,89enfants

p/femme

(10) Irwin, R. & Madeira, J.L. - Deduçâo de uma Tâbua de Vida através deanàlise demográfica, Brasil - 1960-1970. Rio de Janeiro, Fondation IBGE, 1972.(Présenté à la 2e Conférence nationale de Statistique, Géographie et Cartographie).

(11) In Jaffe, A.J. - Handbook of statistical methods for Demographers.Washington, D.C. : U.S. government Printing Office, 1951.

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Bien que les taux ainsi obtenus portent sur la période d'un an dont lamoyenne se situe le 1er mars 1970, on peut supposer qu'ils s'appliquent au1er septembre, étant donné que ces deux dates sont suffisamment rapprochées.

Projection des composantes

Mortalité

Comme on l'a dit dans la section 4 du paragraphe 6.5, les rapports desurvie ont été calculés à partir des valeurs de nLx correspondant aux niveauxinterpolés des tables type. Les taux obtenus figurent dans le Tableau 101.

TABLEAU 101. - TAUX DE MORTALITE SUIVANT LE SEXE,POUR PLUSIEURS PERIODES DE 5 ANS, CORRESPONDANT AUX

TABLES - TYPES DE MORTALITE, RESEAU OUEST-BRESIL

"—-^_ Sexe

Période de 5 ans ""—--«^^^^

1970-19751975-19801980-19851985-19901990-19951995-2000

Masculin

19,37020,41621,30722,04022,26823,100

Féminin

19,34020,39221,26822,00422,60823,104

Fécondité

Les taux de fécondité par âge calculés selon la méthode exposée dans lasection 3 du paragraphe 6.5, figurent dans le Tableau 102.

TABLEAU 102. - PROJECTION DES TAUX DE FECONDITE PAR AGE(POUR 1 000 FEMMES) A DIFFERENTES DATES,

SELON LES DEUX HYPOTHESES

^ * ^ ^ ^ Hypothèses

Groupes^^^Datesd'âge S .

15 - 1920 - 2425 - 2930 - 3435 - 3940 - 4445 - 49

Indice synthétiquede fécondité

! . - (

1975

49,10197,66232,15190,31139,3367,0220,43

4.48

S. Paulo -

1980

46,58187,86216,48171,79122,9257,1517,22

4.10

1990)

1985

44,10178,20201,68154,95108,2348,4514,40

3.75

I L - (

1975

49,88200,72237,42196,75145,1270,5321,57

4.61

S. Paulo -

1980

48,20194,27226,90184,01133,7263,6019,31

4.35

2000)

1985

46,49187,70216,56171,87123,0057,1517,22

4.10

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183

TABLEAU 102. - PROJECTION DES TAUX DE FECONDITE PAR AGE(POUR 1 000 FEMMES) A DIFFERENTES DATES,

SELON LES DEUX HYPOTHESES

^ Dates

Groupes,.d'âge N .

15 - 1920 - 2425 - 2930 - 3435 - 3940 - 4445 - 4 9

Indice synthéti-que de fécondité

1990

41,83169,13188,20140,2295,3940,9212,00

3.44

1995

39,44159,89175,02126,1083,5934,16

9,80

3.14

2000

37,32151,55163,35113,9973,4428,407,95

2.88

1990

44,89181,50206,97160,76113,2451,3215,33

3.87

1995

43,29175,27197,61150,23104,1045,9213,58

3.65

2000

41,83169,13188,20140,2295,3940,9212,00

3.44

Projection des enfants nés vivants

Une fois calculée la population féminine prévue par périodes quinquen-nales, on a évalué, en utilisant la méthode exposée dans la section 2 duparagraphe 6.5, formule 4, le nombre des enfants nés vivants pendant lesdifférentes périodes quinquennales, suivant les deux hypothèses (Tableau 103).

TABLEAU 103. - NOMBRE D'ENFANTS NES VIVANTS PAR PERIODES DE5 ANS SELON LES DEUX HYPOTHESES - BRESIL

^ s . Hypothèse

PériodeN^Sexede 5 ans ^ s ^

1970-19751975-19801980-19851985-19901990-19951995-2000

I - (Sâo Paulo - 1990)

Total

16875 2951845384819 836 31520769 37421141 08521532 363

Garçons

85476079376695

1007914910553 25310 74212510940940

Filles

8 300 68890771539 757 166

1021612110 398 96010591423

II - (Sab Paulo - 2000)

Total

171067881921175021237 6032289014024 245 77825 636 298

Garçons

8 692 2339 761798

10 79116611630 84812 319 67013 026 215

Filles

8414 5559 449 952

10446 43711259 2921192610812610083

Projection de la population. Les résultats des projections figurent dans lesTableaux 104 et 105.

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184

WOíta

60

X

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XW

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186

CONCLUSIONS : CARACTERISTIQUES DE LAPOPULATION PREVUE

Pour les différentes dates de projection, on a calculé certaines caractéris-tiques de la population prévue. Ces résultats figurent dans le Tableau 106, enmême temps que les données pour 1970.

Comme on le voit, les hypothèses envisagées pour les projectionsn'aboutissent pas à des chiffres aberrants.

- TABLEAU 106. - CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION PREVUES SELONLES DEUX HYPOTHESES - BRESIL

Hypothèse I

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Rapportde

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Taux decroissance(% a.a.)

2,90(2)2,632,432,02

Taux deféconditégénérale(x 1000)

143,8126,8107,287,3

Tauxbrut denatalité(x 1000)

34,0(1)31,727,323,2

Pourcentage de femmesen âge de procréer

par rapport au nombretotal de femmes

46,7• 49,8

50,853,0

N. Caractéris-N-tiques

Dates ^ v

1970198019902000

Rapportde

Hypothèse II

masculinité

(1) Donnéela population à la

(2) Chiffre

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Taux decroissance

2,90(2)2,712,642,33

Taux deféconditégénérale(x 1000)

143,8133,8119,8103,8

approximative. Le chiffre originalfin de la

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Tauxbrut denatalité(x 1000)

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calculé àde : 33,7.

corrigées.

Pourcentage de femmesen âge de procréer

par rapport au nombretotal de femmes

46,749,449,550,8

partir du chiffre de

L'augmentation du rapport de masculinité peut être attribuée à deuxcauses. Il est possible que le taux du rapport de masculinité à la naissance fixéà 1 033 soit élevé pour la population brésilienne.

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La seconde raison, qui n'exclut absolument par la première, peutentraîner des gains plus importants pour le sexe masculin dans les rapports desurvie qui ont été utilisés. Le fait que l'augmentation du rapport demasculinité soit plus forte dans l'hypothèse II, où les taux de fécondité restentplus élevés, vient renforcer la première explication.

La diminution relativement faible du taux de croissance (le taux décroîtd'environ 30% entre 1970 et 2000 selon l'hypothèse I, et le taux defécondité générale de 39 % pendant la même période) s'explique par la baissede la mortalité qu'implique l'hypothèse de l'augmentation de l'espérance devie à la naissance.

De la même façon, la diminution relative du taux brut de natalité estmoins importante que celle qu'on observe pour le taux de fécondité générale.L'augmentation du pourcentage des femmes en âge de procréer peut expliquercette différence.

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CHAPITRE VII

IMPLICATIONS ÉCONOMIQUESET SOCIALES DE L'ÉVOLUTION

DE LA POPULATION BRÉSILIENNEET DE LA POLITIQUE DÉMOGRAPHIQUE

ECONOMIE ET POPULATION

II est courant, dans l'analyse économique, de considérer l'évolution de lapopulation comme un facteur exogène, qui influe sur le développement del'économie plus qu'il n'est influencé par elle. Ce n'est certainement pasl'optique qui convient pour comprendre le rapport existant entre l'économieet la population dans le cas de pays comme le Brésil. C'est que l'évolution denotre économie est loin d'avoir été autonome. Depuis la découverte et lacolonisation jusqu'à la grande crise et la dépression des années 1930, elle a étésoumise, pour l'essentiel, à des forces extérieures. A l'époque coloniale, cettecaractéristique de l'histoire brésilienne était évidente et explicite. Aprèsl'Indépendance, qui fut proclamée au moins dans la forme en 1822, notreévolution a continué à répondre à une incitation extérieure : la demandeétrangère a donné naissance au nouveau cycle du sucre, au cycle du café, àceux du coton, du cacao et du caoutchouc. Sous l'influence de cette demandeexterne, et grâce à des ressources et des techniques provenant, en partie dumoins, de l'extérieur, de nouveaux territoires ont été occupés, des villes, desports, des voies ferrées ont été construites, des lignes de navigation ont étécréées, des esclaves ont été amenés d'Afrique et, plus tard, des immigrantssont venus d'Europe. L'évolution de la population brésilienne a découlé, dansune grande mesure, de cette transformation de l'économie qui était suscitée del'extérieur. C'est pourquoi il serait vain de rechercher les implications écono-miques de cette évolution, puisqu'une grande partie des mouvements depopulation ont été "provoqués" en vue de réaliser des objectifs explicites.

Avant tout, il faut comprendre que le Brésil a été une colonie de"peuplement", à la différence de la plupart des autres pays d'Amérique latine.Bien que le territoire de ce qui allait être plus tard le Brésil ne fût pasdépeuplé lorsque les Européens y débarquèrent pour la première fois, l'escla-vage, la contagion et les massacres finirent par exterminer presque complète-

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ment les indigènes, de sorte que le colonisateur put s'emparer des ressourcesnaturelles, pour l'exploitation desquelles il dut, lui, cependant fournir lamain-d'œuvre. C'est pourquoi il devenait inévitable que le projet colonialrende nécessaire, non seulement une politique économique, mais aussi unepolitique démographique. Si le colonisateur voulait produire au Brésil desmarchandises, comme le sucre ou l'or, il devait avant tout "créer" de la main-d'œuvre pour les plantations de canne et les mines. La technique de lacolonisation consistait essentiellement en ceci : peupler le territoire avec unepopulation qui serait obligée d'exécuter les desseins du colonisateur. Lasolution du problème, comme chacun sait, fut l'esclavage, tout d'abord, del'indigène, puis de l'Africain. Mais l'esclavage, comme toute forme de travailforcé, exige en contre-partie la présence d'une population libre qui assure lemaintien de la captivité face à la rebellion toujours possible des captifs. Lapuissance colonisatrice fut obligée de mettre en œuvre un programme d'immi-gration libre en même temps que l'importation d'esclaves. La seconde dépen-dait de la première, dans la mesure où l'augmentation du nombre des captifsexigeait un accroissement correspondant du nombre d'hommes libres, de sorteque la proportion entre les deux populations ne change pas au point de mettreen danger la stabilité du système. C'est pourquoi, dans n'importe quelleprovince brésilienne, la population des esclaves était rarement supérieure àcelle des hommes libres, comme on peut le voir dans le Chapitre I (V. Ta-bleau 12).

On pourrait penser que le problème du peuplement n'a dominé l'évolu-tion de la population brésilienne que tant que l'immigration en provenance del'extérieur a joué un rôle important dans la croissance de la population duBrésil, c'est-à-dire jusqu'à 1930 environ. Il se trouve cependant que, mêmeaprès cette date, le développement de l'économie a continué à se ressentir dela pénurie de main-d'œuvre dans les régions où se sont concentrées les activitéséconomiques. Pour pallier cet inconvénient, il a fallu que la croissancenaturelle de la population s'accélère et que celle-ci soit continuellementrépartie dans l'espace. Il n'est pas exagéré de dire que les migrationsinternationales ont été "remplacées" par les migrations internes à partir de1930 : si l'immigrant européen a constitué la main-d'œuvre qui a permisl'instauration d'une économie basée sur la culture du café à Säo Paulo, ainsique la première vague d'industrialisation du pays (1890-1920), le migrant duNord-Est et surtout de l'Est (Minas Gérais et Bahia) a défriché le nord duParaná où a été transférée une grande partie de la culture du café, et a rendupossibles les étapes ultérieures de l'industrialisation.

Entre la migration interne et la croissance naturelle, il existe un rapportqui ne peut être méconnu. C'est un fait que la population n'a diminué dansaucun Etat d'émigration, ce qui montre que les mouvements migratoiresn'absorbent qu'une partie de la croissance naturelle de la population. On peutvoir dans l'augmentation démographique, même dans les régions de plus fort

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développement économique, la preuve d'une mobilité insuffisante de lapopulation, si l'on vise une production maximum. Toutefois, étant donné lastructure actuelle de la société, on peut douter que les courants de migrationinterne auraient été les mêmes si la croissance naturelle de la population nes'était pas accélérée probablement après 1930. Si, par supposition, la mortalitén'avait pas baissé après 1930, ou si la fécondité avait également diminué, desorte que la croissance naturelle reste lente, les courants migratoires auraienteu pour effet de vider la population de vastes régions du pays, de Minas Géraisau Maranhao, en détruisant leur économie. On peut facilement se rendrecompte que cette conséquence économique des migrations internes n'aurait puêtre supportée politiquement. En d'autres termes, la politique d'industrialisa-tion par le remplacement des importations, appliquée après 1930, n'aurait pasété viable si elle avait impliqué la destruction (et non la stagnation, qu'elleentraîna de fait) des économies régionales de l'Est et du Nord-Est. Pour avoirune idée de l'importance de ces migrations, il suffit de noter qu'en 1970 lerecensement faisait apparaître que 19,7% des mineurs, 11,6% des habitantsde Bahia et 11,5 % de ceux du Ceará, etc. se trouvaient en dehors de l'Etat oùils étaient nés.

Pour comprendre combien la croissance naturelle était indispensablepour nourrir le courant migratoire entre Etats, il convient d'examiner ce quiserait arrivé si la population des Etats d'émigration n'avait pas bénéficié decette croissance, disons à partir de 1940. Minas Gérais, par exemple, avaitalors 7,7 millions d'habitants. S'il y avait eu une émigration, comme il y en aeu effectivement, pendant les trente années suivantes, 2,8 millions de mineursou 36,4 % de l'ensemble de la population vivraient en dehors de leur Etat en1970. Selon le même raisonnement, la population résidant au Ceará auraitdiminué de 27 %, celle de Bahia de 25,1 % et celle de Pernambuco de 23,9 %entre 1940 et 1970. Cette hypothèse est tout à fait invraisemblable, et soninvraisemblance prouve que le volume des courants de migration interne, quiont permis le développement économique du pays dans les 50 dernièresannées, a dépendu, dans une large mesure, de la croissance naturelle de lapopulation, du moins dans les Etats d'émigration. Il est également évident que,si la population n'avait pas augmenté dans les Etats d'immigration, surtout SaoPaulo, Paraná et Guanabara, il aurait fallu que les courants de migrationinterne soient encore plus importants.

Comme on l'a vu au Chapitre 2 (Tableau 25), Mortara a noté une baissecontinue de la mortalité au Brésil, de 1870 à 1920. Toutefois, celle-ci a étélente : le taux brut de mortalité a diminué de moins d'un tiers en 50 ans, et,pendant la période 1920-1940, il a remonté au niveau qui était celui de1900-1905. Pour la période postérieure à 1940, les données concernant lescapitales des Etats font apparaître une diminution beaucoup plus rapide de lamortalité qui atteint 50 % en un quart de siècle : le taux brut de mortalité(TBM) est tombé de 19,25 pour mille en 1941 à 9,87 pour mille en 1965

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(Tableau 26). Tout porte à croire que ce fut l'introduction des antibiotiquesdans la décennie 1940-1950 qui a accéléré de fait la baisse de la mortalité auBrésil.

Si, en 1941, le taux brut de mortalité était de 19,25 pour mille dans lescapitales, il devait être bien plus élevé dans l'intérieur, de sorte qu'on peutpenser que, pour le pays dans son ensemble, il devait être proche du chiffrequ'il atteignait au début du siècle (c'est-à-dire près de 24 pour mille). Donc,l'hypothèse la plus probable est que la mortalité au Brésil a commencé àdiminuer rapidement et sans solution de continuité à partir de 1930 ou 1940.Jusqu'en 1930, l'influence de l'immigration étrangère, qu'elle soit directe, surla croissance de la population, ou indirecte, sur la natalité (sans doutepossible, étant donné que la plupart des immigrants étaient venus au Brésil àun âge où ñs pouvaient procréer), doit avoir été plus importante quel'augmentation de la croissance naturelle résultant de la baisse de la mortalité.On peut considérer l'année 1930 comme une date limite qui sépare deuxépoques, si l'on considère l'évolution de la population brésilienne : la premièrea été marquée par l'immigration étrangère, et la seconde par la croissancenaturelle et par les migrations internes. Il semble qu'une troisième époque seprofile, qui est caractérisée par la baisse des taux de croissance naturelle due àla diminution de la fécondité, plus rapide que celle de la mortalité.

Au cours de la période antérieure à 1930, une grande partie de lapopulation vivait en économie de subsistance, en dehors de l'économie demarché, et rattachée seulement à celle-ci par des liens très lâches. Cettepopulation augmentait à la fois grâce à la croissance naturelle et à l'immigra-tion. Un grand nombre d'immigrants européens, par exemple, qui, pendant le19e siècle et au début du 20e , formèrent des "colonies" dans les trois Etatsdu Sud — Paraná, Santa Catarina et Rio Grande do Sul —, se sont insérés dèsle début dans l'économie de subsistance. Une partie des esclaves affranchis afait de même. D'autre part, les activités qui étaient destinées à mettre desproduits sur le marché, avaient besoin d'un volume de main-d'œuvre importantà court terme et en des points déterminés du territoire. Jusqu'en 1850,l'importation d'esclaves africains répondit en grande partie à ces besoins. De1850 à 1888, période pendant laquelle la traite des Noirs cessa mais l'esclavagefut maintenu, le commerce interne des esclaves joua le même rôle. Ainsi, parexemple, le transfert massif d'esclaves du Nord-Est vers le Centre-Sud permit àla culture du café de se développer rapidement dans les provinces de Rio deJaneiro, Sao Paulo et Minas Gérais. A partir de la décennie 1880-90,l'épuisement des réserves d'esclaves (qui tendaient à diminuer parce quebeaucoup d'entre eux s'affranchissaient et aussi, probablement, parce que lesconditions de captivité provoquaient une mortalité plus élevée que la fécondi-té) amena les planteurs de café à organiser l'immigration subsidiaire detravailleurs européens pour cultiver les plantations. Après l'abolition del'esclavage, l'immigration européenne devint la principale source de main-

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d'oeuvre pour la culture du café.

On voit donc que, bien que la population vivant en économie desubsistance augmentât, elle ne représentait pas une "offre illimitée de main-d'œuvre" pour les activités tournées vers l'économie de marché. En réalité, lapopulation qui vivait en économie de subsistance répondait de façon positiveaux sollicitations du marché, surtout lorsqu'elle pouvait le faire sans quitter lelieu où elle habitait. L'"envie de coton", qui apparut au moment de la Guerrede Sécession nord-américaine, amena les paysans des régions sauvages duNord-Est à cultiver la fibre, ce qui donna naissance à un "cycle du coton" quidura près d'une.décennie. Toutefois, étant donné l'absence d'un marché dutravail à l'échelle nationale, la population vivant en économie de subsistancen'émigrait généralement pas avant 1930 pour répondre aux besoins del'économie de marché. Il est vrai que le cycle du caoutchouc provoqua, entre1870 et 1920, un courant migratoire du Nord-Est vers l'Amazonie, mais il fautrappeler que l'Amazonie se trouvait sur le chemin de la lente expansion dupeuplement qui, partant du littoral de Bahia et de Pernambuco, s'étendit,depuis l'époque coloniale, vers ce qu'on a appelé le Moyen-Nord : Piaui,Maranhâo et la zone de Bragança (Etat du Para). De plus, les sécheressesextrêmement graves de la décennie 1870-80 désorganisèrent l'économie del'arrière-pays du Nord-Est et déclenchèrent le mouvement migratoire versl'Amazonie. De la même façon, il y eut dans les dernières décennies du19e siècle des courants migratoires du Nord-Est vers le sud de Bahia, où sedéveloppait la culture du cacao, provoqués également par les sécheresses.Cependant, le volume de la population ainsi déplacée fut insuffisant pourtoucher ce qui, à l'époque, était de loin l'activité économique la plusimportante : la culture du café. On a de bonnes raisons de penser que lapopulation vivant en économie de subsistance était trop peu nombreuse pourreprésenter une offre suffisante de main-d'œuvre pour l'économie de marché.En 1890, la région Sud-Est, composée des Etats où l'on cultivait le café, avait6,1 millions d'habitants, c'est-à-dire 42,6 % de la population du pays, tandisque le Nord-Est, la zone la plus importante d'économie de subsistance, enavait 6 millions, c'est-à-dire 41,9% de la population brésilienne. Le dévelop-pement de la culture du café et une certaine industrialisation ont fait que lapopulation du Sud-Est a plus que doublé au cours des 30 années suivantes,avec 13,7 millions d'habitants en 1920 (44,6 % de la population totale), alorsque la population du Nord-Est atteignait 11,2 millions pendant la mêmepériode. Si l'on considère que, au cours de ces années-là, l'agro-industrie dusucre a stagné dans le Nord-Est, mais que la culture du coton ainsi que lesfilatures et les tissages se sont développés dans la région, on peut affirmer que,de toute évidence, le Nord-Est ne disposait pas, à cette période, d'un excédentde population qui soit capable d'alimenter des courants migratoires assezimportants pour répondre aux besoins en main-d'œuvre de la culture du café,à Sâo Paulo et dans les provinces voisines.

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La situation va se modifier considérablement après 1930. La populationvivant en économie de subsistance est déjà infiniment plus nombreuse, parsuite de l'augmentation de la croissance naturelle, de l'immigration antérieure,mais surtout de l'intégration à ce type d'économie de populations quiparticipaient auparavant à l'économie de marché. 11 suffit de rappeler denouveau la stagnation de l'agro-industrie du sucre dans le Nord-Est après 1900,et la fin du cycle du caoutchouc après 1912, qui amenèrent le déclin, nonseulement de ces activités, mais aussi d'autres —agriculture tournée versl'approvisionnement urbain, transports, magasinage, commerce, banques — dé-pendant de la demande qui découlait des premières. A ceci il faut ajouter larépercussion de la crise des années 1930 sur les secteurs qui étaient liés aucommerce extérieur — surtout la culture du café — qui entraîna l'abandon denombreuses exploitations et obligea leurs occupants à se reconvertir à l'écono-mie de subsistance.

Lorsque, après 1935, l'industrie et, sous son impulsion, d'autres activitéstournées vers l'économie de marché recommencent à se développer, un cyclede migrations internes va s'ouvrir et, pendant une longue période, celles-ci"résoudront" le problème de la main-d'œuvre dans les régions où s'estconcentrée l'expansion économique. Si ces mouvements migratoires ont étéprovoqués au début par l'"accumulation" de la population vivant en économiede subsistance, il ne fait pas de doute (comme on l'a vu plus haut) que cesdéplacements n'ont pu se produire pendant plus de trois décennies que parceque la croissance naturelle de la population a augmenté considérablement.

Cette façon d'envisager les rapports qui existent entre l'économie et lapopulation peut surprendre, à première vue, étant donné l'image stéréotypéed'"excédent chronique" de main-d'œuvre qui semble caractériser tous les paysen voie de développement. Mais cet "excédent" est surtout constitué par lapopulation qui vit en économie de subsistance et à laquelle on attribue uneproductivité extrêmement faible. Il est certain que sa productivité physique estlimitée, car elle travaille généralement selon des méthodes primitives etanachroniques. Toutefois, il faut ajouter que l'argent qu'elle reçoit pour lesaliments qu'elle produit en supplément et qu'elle vend dans une économie demarché correspond à des prix également très bas, car les coûts de remplace-ment de la main-d'œuvre sont très faibles. Le travailleur qui vit dans uneéconomie de subsistance produit directement la majeure partie de ce dont il abesoin pour vivre. Il ne vend l'excédent de sa production que pour pouvoiracheter quelques articles "urbains", tels que kérosène, allumettes, tabac etquelques vêtements. Son niveau de vie est incroyablement bas, ce qui luipermet de satisfaire à ses besoins avec peu d'argent. En réalité, la faibleproductivité de celui qui vit dans l'économie de subsistance est la conséquencede sa pauvreté : il produit peu et vend son excédent à bas prix, ce quicorrespond à ses exigences fort modestes.

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Du point de vue de l'économie capitaliste, dont l'expansion engendre ledéveloppement, la faible productivité de l'agriculture de subsistance ne repré-sente pas un inconvénient, du moins dans la mesure où celle-ci approvisionnele marché urbain à bas prix. Jusqu'à une époque très récente, les produitsalimentaires essentiels consommés dans les villes - le riz, les haricots, la farinede manioc, le maïs, une grande partie de la viande — provenaient del'agriculture de subsistance. Leur prix modique permettait de maintenir lessalaires urbains à un faible niveau, ce qui doit avoir augmenté les profits et— en certaines circonstances — a peut-être contribué à l'accumulation decapital.

L'évolution de la population qui caractérise le Brésil après 1930 — fortecroissance naturelle et importantes migrations internes — permet donc un typede développement qui s'organise autour d'un marché urbain relativementlimité, et qui s'appuie sur de vastes ressources naturelles et sur l'extrêmepauvreté de la population rurale. Si l'évolution de la population avait étédifférente, le pays se serait trouvé devant une alternative fondamentale : oubien il se serait industrialisé en même temps que se modernisait son agriculture(comme cela a été le cas des Etats-Unis dès le début de ce siècle), ou bien ilaurait vu l'impulsion donnée au développement neutralisée, soit par manquede main-d'œuvre dans les villes, soit par suite de l'impossibilité d'assurer leurravitaillement. 11 serait vain de discuter pour savoir quelle aurait été l'éventua-lité la plus probable. Ce qui nous intéresse, c'est que l'évolution de lapopulation ait permis (1) au pays de suivre une voie plus "facile", étantdonné, du moins, la structure sociale actuelle, qui puisse s'adapter auprocessus de développement avec le moins de heurts possible.

11 ne fait pas de doute non plus que le type de développement quirepose sur T'offre illimitée de main-d'œuvre" résultant de l'économie desubsistance touche à sa fin. La population rurale brésilienne, qui vit encore engrande partie en économie de subsistance, a augmenté de 1,63 % par an entre1950 et 1960, mais seulement de 0,65% par an entre 1960 et 1970. Elle nereprésentait en 1970 que 44% de la population totale (Chapitre I, Tableaux18 et 19, p. 31). La réserve de main-d'œuvre que constituait l'économie desubsistance est près d'être épuisée pour trois raisons : a) l'excédent de produitsalimentaires que fournit l'économie de subsistance ne suffit plus maintenant àcouvrir les besoins de la consommation urbaine ; l'agriculture de type capi-taliste s'est intéressée au début à certaines branches secondaires, telles quel'aviculture, l'horticulture et la culture des fruits, dont les produits étaientconsommés par les classes sociales qui disposaient du pouvoir d'achat le plus

(1) II est bon de souligner que l'évolution de la population a rendu possible cetype de développement, mais n'a pas été le facteur qui l'a provoqué. Pour découvrir lescauses qui ont été déterminantes, il faudrait examiner l'histoire socio-politique du pays etson intégration à l'économie mondiale.

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élevé et n'étaient pas fournis par l'agriculture de subsistance, ce qui permettaitde les vendre à des prix rémunérateurs ; la forte croissance de la demande deproduits essentiels (viande, riz, haricots, manioc) permet au capitalisme des'intéresser aussi à ces branches, ce qui signifie que la "modernisation" del'agriculture brésilienne, quoique tardive, est en voie de réalisation, et qu'elleva intégrer à l'économie de marché une grande partie de la population quivivait encore en économie de subsistance ; b) la croissance naturelle de lapopulation qui vit en économie de subsistance diminue, par suite de la baissede la fécondité qui tend maintenant à s'accélérer. On ne dispose pas dedonnées précises qui permettent de renforcer cette interprétation, maisThomas Merrick ("Interregional Differences in Fertility in Brazil, 1950-1970",Cahier 16, CEBRAP, Sâo Paulo, 1973) a constaté que le taux brut de natalitéentre 1940/50 et 1960/70 a baissé de 7,7% au Brésil, et que des diminutionsimportantes ont été également enregistrées dans des régions où une populationnombreuse vit en économie de subsistance, telles que Minas-Espirito Santo'(-10,7 %), Santa Catarina et Rio Grande do Sul ( - 12,7 %), et même lesEtats du Nord-Est (— 4,8 %) ; c) les grands mouvements migratoires d'unerégion à l'autre perdent de leur intensité. D'après T. Merrick (op. cit.), lepourcentage d'émigrants par rapport à la population de base entre 1950/60 et1960/70 est tombé de 12,9 % à 4,8 % dans le Nord-Est et de 11,1 % à 6,8 %à Bahia et Sergipe, et il n'a augmenté qu'à Minas et Espirito Santo, passant de6,3 % à 13,3 %. On a de bonnes raisons de penser que les courants migratoiresdes campagnes vers les villes n'ont pas diminué, mais qu'ils se maintiennent etse renforcent à l'intérieur de chaque région, étant donné la rapide croissancedes villes dans les régions les moins développées du pays.

Il se trouve que l'accumulation de capital, au Brésil, suppose encore uneoffre "souple" de main-d'œuvre. Elle est liée aux gains importans qu'espèrentréaliser les investisseurs et qui résultent à la fois d'une haute productivité et debas salaires. L'introduction de la technique industrielle moderne a permis dedonner une formation à la plus grande partie de la main-d'œuvre qui, bienqu'abondante, restait bon marché (en l'absence d'une législation du travail etd'une organisation syndicale suffisantes). On se dispute ardemment le petitnombre de travailleurs qualifiés, en leur donnant ainsi le droit d'exiger dessalaires beaucoup plus élevés que ceux de la plupart des ouvriers semi-qualifiés.Dans cette situation, l'accumulation de capital est limitée par les besoinscroissants de biens de consommation du petit nombre de privilégiés quis'approprie l'excédent, et non par ceux de la majorité de la population. End'autres termes, le problème de l'accumulation de capital consiste surtout àorganiser un système d'encouragement à l'épargne qui incite les détenteurs dehauts revenus à thésauriser une plus large part de ceux-ci. L'imposition parl'Etat de formes d'épargne forcée, et l'importation massive de capital étrangertendent à élargir un peu ces limites.

Les transformations qui affectent déjà l'évolution de la population

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brésilienne vont empêcher à moyen terme ce type de développement de sepoursuivre. Certains signes annonciateurs d'une pénurie de main-d'œuvre àtous les niveaux de qualification sont apparus pour la première fois dans tousles secteurs. Bien qu'ils dépendent de la conjoncture, on peut cependantprévoir qu'ils réapparaîtront de plus en plus fréquemment à l'avenir par suitedes changements de structure dont nous avons parlé plus haut. La projectiondémographique au Brésil (Chapitre 6) montre que le taux de croissanceannuelle de la population pourra tomber de 2,9% en 1970 à 9% en l'an2000. Le taux d'occupation des hommes au Brésil est tombé de 92,3 % en1940 à 73,8% en 1970, et cette baisse n'a pas été compensée par l'augmen-tation de celui des femmes qui, après être tombé de 34 % en 1940 à 26,3 %en 1950, est remonté à 31,9% seulement en 1970. Bien que l'on puisseprévoir que le taux d'occupation des femmes continuera à s'élever, il estimprobable qu'il arrive à compenser dans l'avenir la baisse du taux d'occupa-tion des hommes, car la période pendant laquelle ceux-ci feront partie de lapopulation active devra continuer à diminuer (Chapitre 5). Il faut en conclureque l'offre de main-d'œuvre augmentera à un taux encore inférieur au taux decroissance de la population dans son ensemble. Il est vrai que la baisse de lafécondité modifiera la structure par âge de cette dernière, en augmentant laproportion de ceux qui sont en âge de travailler. On a prévu, d'aprèsl'hypothèse 1 (Chapitre 6), que le nombre des personnes de 15 à 64 ans, quireprésentait 55% de la population en 1970, constituera 6 3 % de celle-ci enl'an 2000. Il est possible que cette augmentation compense un peu la baisseprévisible du taux d'occupation masculine, mais, même s'il en est ainsi, lapopulation active du Brésil augmentera, dans les prochaines décennies, à untaux nettement inférieur à celui de ces dernières années.

Du point de vue de l'économie capitaliste, dont la dynamique entretientl'actuel processus de développement du pays, la disponibilité de la' main-d'œuvre sera limitée par les deux transformations structurelles auxquelles nousavons fait allusion plus haut : par l'épuisement rapide de l'excédent depopulation provenant de l'économie de subsistance, et par la restitution deplus en plus large (2) de la main-d'œuvre qui s'y trouve déjà intégrée. Même si,avec le temps, la qualification de cette main-d'œuvre est de mieux en mieuxadaptée (par suite du développement de la scolarisation, etc.) aux besoins del'économie capitaliste, la diminution de son rythme de croissance globalecréera de nouvelles difficultés pour l'accumulation du capital. Il est possibleque les transformations du marché du travail qui favoriseront l'offre entraî-nent une augmentation de la valeur de la main-d'œuvre, ce qui pourra faire duproblème de la répartition du revenu entre capital et travail l'élément essentielqui conditionnera le rythme d'accumulation de capital.

(2) Restitution de plus en plus large signifie que, sous l'action de facteursdémographiques et sociaux, la croissance naturelle de cette main-d'œuvre sera de plus enplus faible.

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SOCIETE ET POPULATION

L'évolution de la population est intimement liée à la constitution et à latransformation de la structure sociale. Dans le cas du Brésil, la façon dontcelle-ci est organisée est inséparable du mode d'occupation et de peuplementdu territoire voulu par le colonisateur. La structure sociale qui en est résultéeest apparemment simple : une classe dominante de grands propriétairesterriens, de patrons de sucreries et de directeurs de mines, qui exploitait le tra-vail des esclaves ; entre les maîtres et les esclaves, une classe d'hommes "libres"— petits propriétaires, métayers, artisans, commerçants, marchands de bétail —qui donnait une certaine stabilité à la structure sociale en garantissant lasoumission des esclaves. En réalité, cette structure sociale était plus complexe,car, à son sommet, on trouvait aussi des représentants directs de la métropole— commerçants, gouvernants, commandants militaires, juges, collecteurs d'im-pôts — qui détenaient une partie du pouvoir et s'opposaient souvent auxgrands propriétaires. Ce conflit devint plus aigu avec le temps et aboutit à lacrise de l'Indépendance qui fut résolue par un compromis : le prince héritierportugais reçut la couronne impériale, et maintint un équilibre précaire entrel'élite brésilienne des grands propriétaires et les commerçants portugais. Aprèsla démission du premier empereur et les nombreux heurts qui caractérisèrentla période de la Régence (1831-1840), il se forma peu à peu un groupe quiimposa son hégémonie et qui se composait de représentants de la classedominante esclavagiste et des intérêts "urbains" du commerce, des finances etde l'administration publique civile et militaire (3). Au cours du 19e siècle,cette structure sociale subit encore deux transformations essentielles : d'unepart, l'abolition fit disparaître la classe des esclaves qui furent remplacés pardes travailleurs agricoles, les "colons", à la fois fermiers et salariés, vivant avecles aliments qu'ils produisaient et achetant à crédit des articles manufacturésau magasin de l'exploitation agricole ; ils restaient en général sous la dépen-dance du propriétaire à cause de leurs dettes et parce que des liens de loyautél'attachaient à lui ; d'autre part, la forte immigration européenne, nonseulement fournit une bonne partie du contingent de colons pour la culturedu café, mais elle multiplia le nombre des paysans indépendants dans le suddu pays et celui des salariés des villes qui, à la fin du siècle, commencent àprendre de l'importance par suite d'un début d'industrialisation destinée àremplacer les importations. C'est ainsi que l'abolition de l'esclavage etl'immigration diversifient la structure sociale. Dans les campagnes, plusieurs

(3) Parmi ces intérêts urbains, il faut compter ceux du capital étranger, fortementreprésenté dans le commerce, les banques et chez les concessionnaires de services publics.Les victoires des nationalistes dirigées contre le monopole portugais du commerce n'ont pasempêché que d'autres intérêts étrangers, le capital anglais au début, le capital américainplus tard, occupent une place importante dans les structures du pouvoir. Les représen-tants du capital étranger font partie de la classe dominante brésilienne, et leur influenceaugmente à mesure que l'économie et la société deviennent plus capitalistes.

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catégories de travailleurs coexistent : colons, métayers, fermiers, petits pro-priétaires. Dans les villes, à côté de l'artisan et du fonctionnaire, on commenceà trouver l'ouvrier qui travaille dans l'industrie, souvent immigré, et quiapporte d'Europe des formes caractéristiques d'organisation et de lutte desclasses.

Jusqu'en 1930, ce tableau ne subit guère de modifications essentielles. Ilest vrai que de fortes tensions sociales apparaissent dans les campagnes,provoquées peut-être en partie par une certaine pression démographique sur laterre qu'a certainement aggravée (si elle n'en a pas été la cause directe) lamonopolisation de vastes surfaces par les grands propriétaires. On voit surgirdes groupes qui se situent en dehors de la structure sociale, comme les"cangaceiros", qui vivent du banditisme professionnel, ou des foules quisuivent des chefs religieux et qui se rebellent contre l'ordre établi, enprovoquant de longues luttes où interviennent les forces armées et dont lesexemples les plus remarquables sont la Guerre des "Canudos" et celle du"Contestado". Cependant, à la même époque où, au Mexique, les troupes deZapata et de Pancho Villa ébranlaient le pouvoir oligarchique, au Brésil, lesmouvements de révolte paysanne restaient limités dans l'espace et ne parve-naient pas à modifier la structure du pouvoir.

Après 1930, toutefois, l'organisation sociale commença à se transformer.La Révolution qui éclata cette année-là réduisit considérablement la domina-tion des oligarchies locales, et renforça en même temps le pouvoir dugouvernement central et de ses représentants — contrôleurs, commandantsmilitaires, commissaires de police, juges, etc. - dans les Etats et même dans lescommunes les plus urbanisées. Le droit de vie et de mort que le propriétaireterrien exerçait sur tous ceux qui vivaient sur ses terres fut peu à peu réduit.La décadence économique qui toucha l'oligarchie des planteurs de café à lasuite de la crise mondiale des années 1930, contribua aussi à créer cettenouvelle situation. Au sein de l'alliance de ceux qui exerçaient le pouvoir, lesintérêts de caractère urbain — industriels et commerciaux — commencèrent àl'emporter sur ceux de la grande propriété qui était organisée sous la forme de"plantation" et produisait sur le marché extérieur.

La modification du rapport de force entre les différentes factions de laclasse dominante constitua un facteur important qui permit aux migrationsinternes de s'accélérer après 1930. Le grand propriétaire terrien se montra deplus en plus incapable de retenir la main-d'œuvre, étant donné l'usage limitéde la violence que lui imposait la nouvelle situation. D'autre part, lesmigrations internes, dans la mesure où elles offraient au travailleur des champsplusieurs possibilités, contribuèrent à désagréger le microcosme social queconstituaient chaque clan oligarchique, ses serviteurs, ses métayers, ses pro-tégés, etc. Bien que beaucoup de migrants soient des paysans indépendants etnon des métayers, la brèche ouverte par les migrations dans ce qui était

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auparavant le monde clos de l'agriculture, contribua à accélérer la décadencede l'ancienne structure sociale dans les campagnes, où la grande exploitation"coloniale" fut peu à peu remplacée par l'entreprise agricole capitaliste. Ceprocessus de remplacement est encore en cours, mais il a déjà amené deprofonds changements, dont le plus important est Ja transformation dutravailleur des champs qui, de colon-métayer et petit fermier, est devenu un"pur" salarié.

En 1963, la législation du travail, qui, jusqu'alors, s'appliquait seulementaux villes, a été étendue aux campagnes. Cette mesure est l'aboutissementd'une lutte acharnée dont l'objectif suprême était la réforme agraire. Nevoulant pas accepter la charge qui découlait de la régularisation des rapportsentre employeurs et employés, la plupart des propriétaires terriens expulsèrentles travailleurs des exploitations et les obligèrent à aller habiter dans les villes,bien qu'ils continuent à utiliser leurs services en tant que journaliers. En mêmetemps que d'autres transformations dont nous avons déjà parlé en partie, cechangement des rapports de production marque de façon précise la pénétra-tion du capitalisme dans l'agriculture brésilienne. Il est intéressant d'observerque la progression importante des migrations des campagnes vers les villesentre 1960 et 1970 est due dans une large mesure à cette transformation desrapports de production en zone rurale. Elle n'est pas en contradiction avec ladiminution des migrations d'une région à l'autre que nous avons constatée, carce genre de mouvement migratoire se produit sur de courtes distances, afin dene pas couper immédiatement le migrant du travail agricole.

Entre 1950 et 1970, les recensements démographiques font apparaîtredes changements importants dans la structure de la main-d'œuvre agricole duBrésil : la proportion des salariés tombe de 33,7 % à 25,5 %, tandis que lepourcentage de ceux qui travaillent pour leur propre compte s'élève de 35,7 %à 53,3 %. Cette évolution est apparemment paradoxale, étant donné lapénétration du capitalisme dans les campagnes. Cependant, elle n'a rien desurprenant, car, du point de vue légal et statistique, les journaliers sontconsidérés comme travailleurs "à leur compte". Les données montrent ledéveloppement de ce processus de déracinement du travailleur agricole, qui setrouve de plus en plus dans la situation d'un véritable prolétaire et qui offrechaque jour son travail sur le marché.

L'"urbanisation" d'une partie des travailleurs agricoles a provoquél'unification du marché du travail urbain et rural. Ceux qui arrivent de lacampagne s'établissent à la périphérie des villes, et leurs conditions d'existencesont très précaires, puisqu'ils sont prêts à travailler, à bas prix, pour lesentreprises qui ont investi aussi bien dans l'agriculture que dans les activitésurbaines, comme la construction. Il se constitue ainsi un sous-prolétariat quisubsiste en vendant chaque jour son travail, sans bénéficier des garanties de lalégislation du travail qui font partie du coût de remplacement de la main-

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d'ceuvre "normale" du prolétariat urbain. En réalité, ce sous-prolétariat existedepuis plus longtemps que les migrations rurales "forcées" des années 1960 nele laisseraient supposer. Il y a plus de 40 ans que l'on a noté sa présence dansles principales villes du pays. Ce qui est nouveau, c'est qu'on le trouve aussimaintenant dans un grand nombre de villes de l'intérieur et qu'il conserve unlien congénital avec l'agriculture.

Dans les villes, la structure sociale subit également des transformationsimportantes, qui dépendent d'une façon ou d'une autre de l'évolution de lapopulation. C'est ainsi que l'industrialisation a entraîné la formation d'une"nouvelle" classe moyenne d'administrateurs, de techniciens et de personnesqui travaillent dans des bureaux suivant une certaine hiérarchie. Ceux-cibénéficient d'une situation privilégiée sur le marché du travail, reçoivent destraitements élevés et mènent un riche train de vie, caractéristique de la"société de consommation", qui contraste avec la pauvreté de la plupart desautres travailleurs. L'impossibilité où se trouvent ces derniers de s'organiserefficacement pour défendre leurs intérêts, contribue à accentuer l'inégalité.

Le prolétariat industriel, constitué par les salariés du secteur capitalistede l'économie, a fortement augmenté par suite de l'accélération du rythmed'accumulation du capital et du développement de la main-d'œuvre urbaine,résultant aussi bien des migrations internes que de la croissance naturelle de lapopulation des villes.

Entre 1950 et 1970, la main-d'œuvre participant à des activités nonagricoles a augmenté de 117%, passant de 7,2 à 16,5 millions de personnes,mais, pendant la même période, le nombre de salariés dans ces activités s'estaccru de 172%, passant de 4,8 à 12,9 millions. La proportion des salariésdans la main-d'œuvre non agricole est passée de 66,6 % en 1950 à 78 % en1970.

En même temps, le nombre de ceux qui appartiennent à la catégorie quenous avons appelée sous-prolétariat a également augmenté. Celui-ci ne com-prend pas seulement les journaliers travaillant dans l'agriculture et la construc-tion, mais aussi les domestiques et les travailleurs occasionnels de plus en plusnombreux : vendeurs ambulants, porteurs, laveurs de voitures, couturières, etc.Il est courant d'attribuer la croissance de ce sous-prolétariat à des phénomènesdémographiques, notamment au taux élevé de fécondité des couches pauvresde la population et au développement des migrations de la campagne vers laville. L'explication "démographique" apparaît nettement comme une justifica-tion de la structure sociale actuelle, car elle présente celle-ci comme subissantpassivement les effets de l'"explosion démographique". Il est cependant facilede montrer que la structure sociale "engendre" la croissance du sous-prolétariat : nous avons déjà parlé de l'expulsion des travailleurs agricoles descampagnes comme conséquence du refus évident du patronat d'assumer lesresponsabilités et les charges qui découlent de l'application des lois sur le

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travail, et que l'on tolère ; nous pouvons aussi mentionner la suppression de la"stabilité" de l'emploi après 1964, qui a permis le renvoi des travailleursurbains devenus pour une raison quelconque moins aptes au travail, et quifinissent par être relégués au rang de sous-prolétaires. En général, il n'existepas d'aide sociale efficace pour protéger la veuve, la mère célibataire, lemineur sans famille, l'immigrant récemment arrivé, etc. Toutes ces personnesdépendent, pour vivre, de la solidarité de parents, de voisins, de compatriotes,tous également pauvres. C'est essentiellement la rigidité de la structure sociale,plus que le manque d'emploi considéré dans l'abstrait, qui entretient lapauvreté, à tel point qu'elle fait du sous-prolétariat une "masse marginale"séparée du reste de la société.

Il semble, d'une façon générale, que le sous-prolétariat augmente, nonseulement en chiffres absolus (ce qui est indubitable), mais aussi dans uneproportion relative.

Il est difficile d'évaluer cette croissance d'après les résultats des recense-ments démographiques, étant donné que les changements de critères rendentimpossible toute comparaison. Toutefois, on peut y trouver des indications quiconfirment que le sous-prolétariat se développe plus vite que la main-d'œuvreurbaine dans son ensemble. Ainsi, tandis que celle-ci augmentait de 117%entre 1950 et 1970, comme on l'a vu plus haut, le nombre de personnesemployées dans les services domestiques rémunérés s'accroissait de 160%,passant de 673 600 en 1950 à 1 748 100 en 1970 ; quant au nombre de ceuxqui vivaient du commerce ambulant et qui participaient aux foires, il s'estégalement élevé de 160%, passant de 128 700 en 1950 à 334 400 en 1970.Ces catégories représentaient 11,1 % de la main-d'œuvre non agricole en 1950,et 12,7 % en 1970. Mais c'est le chômage qui a le plus augmenté, étant donnéqu'on peut l'évaluer en partie d'après la proportion d'hommes adulteséconomiquement inactifs. En 1950, 5,4% des hommes de 20 à 59 ans setrouvaient dans cette situation. En 1970, ce pourcentage est passé à 7,8 %.

La question se pose maintenant de savoir quels effets auront sur lastructure sociale la réduction probable de la croissance naturelle de lapopulation, la disparition prochaine de ceux qui vivent en économie desubsistance, et, par conséquent, la diminution de leurs migrations. Si l'on estpartisan de donner une explication "démographique" à l'inégalité sociale, onconsidère que les modifications qui interviennent dans l'évolution de lapopulation et qui ont été prévues ici ne peuvent aboutir qu'à une intégrationcroissante du sous-prolétariat à la classe ouvrière "normale" et à une diminu-tion de l'écart qui sépare celle-ci des autres classes, surtout de la classemoyenne. On prévoit même que le développement de la scolarité supprimerales avantages dont jouit la "nouvelle" classe moyenne sur le marché du travail,puisque l'augmentation rapide de l'offre de main-d'œuvre ayant un niveaud'instruction élevé aura pour conséquence d'abaisser son prix.

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Ces prévisions laissent cependant un peu à désirer. Il faut remarquer toutd'abord que la diminution sensible du salaire minimum réel au cours des neufdernières années, ainsi que la violente répression des mouvements revendicatifsde la classe ouvrière ont réduit la différence qui séparait les gains des membresles moins qualifiés du prolétariat "normal" et ceux du sous-prolétariat. Decette façon, l'intégration attendue du sous-prolétariat à l'économie capitalistepeut, dans certaines circonstances, correspondre à un nivellement par en bas,de sorte que la grande masse des ouvriers semi-qualifiés et non qualifiéscontinue à avoir un niveau de vie proche de celui de l'économie desubsistance. Dans ce cas, les progrès seront insignifiants, même si ce niveau devie comprend (obligatoirement par suite des besoins du capital) une certainescolarité et un minimum d'aide sociale et de conditions d'hygiène. Etantdonné que le coût de remplacement de la main-d'œuvre tend à augmenterdans le capitalisme moderne, il vaut mieux dépenser davantage pour laconserver. Ceci n'a donc pas grand chose à voir avec la participation réelle dela grande masse des travailleurs aux bénéfices résultant du développementéconomique.

L'idée selon laquelle l'élévation du niveau de scolarité doit réduire ladisparité des salaires suscite aussi quelques réserves. 11 est fort possible quel'arrivée sur le marché du travail d'un nombre beaucoup plus important dediplômés de l'Université diminue un peu les traitements de ceux qui viennentde terminer leurs études, ce qui sera une maigre consolation pour lestravailleurs semi-qualifiés qui ne gagneront rien à cela. Ce dont on peutdouter, c'est que les gains des gérants et autres responsables des entreprises,qui, dans les grandes compagnies (sociétés anonymes), fixent pratiquementleurs propres émoluments, soient touchés en quoi que ce soit par l'augmenta-tion de l'offre de main-d'œuvre hautement qualifiée. Il faudrait pour cela quela classe ouvrière puisse s'organiser et agir en force sur le marché du travail.Les augmentations importanes des sommes affectées aux salaires des travail-leurs qui participent à la production obligeraient alors les entreprises à limiterleurs dépenses administratives fixes et, par conséquent, les rémunérations deleur personnel de direction.

D'une façon générale, les modifications qui interviennent dans l'évolu-tion de la population peuvent difficilement provoquer des transformationsimportantes de la structure sociale. La pauvreté de la plupart des travailleursn'est pas due à leur nombre ni à leur taux de croissance, mais au fait que leursintérêts, en tant que classe, pèsent très peu dans les décisions qui orientent lavie sociale et économique du pays. Tant que l'aliénation politique de la grandemasse de la population n'aura pas disparu, les transformations de la structuresociale tendront à maintenir, sous des formes différentes, les mêmes inégalités.Les données concernant la décennie 1960-1970 illustrent très utilement lafaible portée sociale des modifications qui interviennent dans l'évolution de lapopulation. Pendant cette période, le taux de croissance naturelle a baissé, les

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migrations d'une région à l'autre ont diminué, et le nombre des emplois aaugmenté notablement, surtout dans l'industrie. A cet égard, il faut remarquerque les emplois urbains au Brésil, qui occupaient 10,49 millions de personnes(représentant 14,8 % de l'ensemble de la population) en 1960, en absorbaient16,47 millions (c'est-à-dire 17,7% de la population) en 1970. Ainsi donc, endépit de ces modifications "favorables", tant sur le plan démographique quepour le marché du travail, les inégalités se sont accentuées, comme le prouventles données relatives à la répartition du revenu. Les 60 % représentant les pluspauvres de la population, qui détenaient 25,4% du revenu en 1960, n'enavaient plus que 20,8 % en 1970, tandis que les 5 % représentant les plusriches possédaient 27,7 % du revenu en 1960 et 34,9 % en 1970. (Langoni,CG., Distribuçào da Renda e Desehvolvimento económico no Brasil, Ed.Expressaô e Cultura, Rio, 1973).

L'analyse de l'évolution de la répartition du revenu au Brésil entre 1960et 1970 fait réellement apparaître ce que nous avons appelé plus haut un"nivellement par en bas" : au cours de cette décennie, le revenu moyen aaugmenté de 36,9 %, celui des 5 % de la population les plus riches s'est élevéde 75,4 %, tandis que le revenu des 40 % de la population les plus pauvress'accroissait de 18,3 % et celui des 20 % de la population représentant uneclasse intermédiaire augmentait seulement de 7,7%. Il se trouve que ce sontces 20% qui possèdent un revenu moyen voisin du salaire minimum. Cecisignifie que, au Brésil, pendant une période de fort développement écono-mique, les couches de la population qui ont un revenu inférieur au salaireminimum et dont la plupart appartiennent à ce que nous avons appelé lesous-prolétariat, ont vu leur sort un peu plus amélioré que les représentants lesplus mal rémunérés du prolétariat urbain. Ainsi, on a réduit l'inégalité entreles classes pauvres de la campagne et de la ville par un véritable nivellementpar en bas, en même temps que se creusait l'abîme entre celles-ci et laminorité privilégiée.

Compte tenu du fait que la tendance à une diminution du rythme decroissance démographique ne va pas dans le sens d'une plus grande égalitééconomique et sociale, il n'est pas permis de supposer que la réduction de lacroissance de la population, qui va probablement se poursuivre, entraînera àelle seule une modification quelconque des inégalités qui tendent à s'accen-tuer. Toutefois, l'attente du contraire, c'est-à-dire que la baisse de la croissancedémographique aggrave les inégalités, ne saurait non plus se justifier. Enréalité, les changements qui interviennent dans l'évolution de la population nefont que créer les conditions qui permettraient de transformer dans une largemesure la structure sociale. Tout dépend de la façon dont les masseslaborieuses sauront profiter de ces conditions qu'a créées leur relative pauvretépour faire valoir leurs intérêts, non seulement à court terme, mais aussi à pluslongue échéance.

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CHAPITRE VIII

POLITIQUE DÉMOGRAPHIQUE

Bien que la controverse d'inspiration néo-malthusienne constitue le pointcentral de la discipline et du comportement social qu'on a l'habitudeaujourd'hui d'appeler "politique démographique", l'expression se réfère àd'anciens procédés d'ordre politique qui tendent à influencer l'évolution de lapopulation dans un sens favorable aux intérêts des classes supérieures de lasociété.

Dans ce sens, on peut parler d'une politique régionale ou nationale de lasanté, qui vise à augmenter l'espérance de vie ; d'une politique migratoire,soucieuse de répartir la population dans l'espace et suivant le nombred'habitants en âge de travailler, et, enfin, d'une politique de la natalité, quipeut se manifester par le désir d'établir la régulation plus ou moins stricte desnaissances ou de les favoriser.

Au sens le plus étroit du terme, l'Etat brésilien ne s'est pas proposéd'appliquer une politique démographique. Certes, dès le début de l'organisa-tion politique coloniale, la métropole a pris des dispositions pour occuper,explorer et peupler le territoire national. Les lois et les mesures administrativesont cependant cherché à atteindre des objectifs économiques et à structurerl'organisation d'une société destinée à faciliter et à renforcer les différentesformes d'exploitation économique qui se sont succédé au cours de l'histoire.Les conséquences démographiques des mesures prises par l'Etat ont toutefoisété décisives, car elles ont influé sur le chiffre, la composition et la répartitionactuels de la population brésilienne.

Les intérêts des classes sociales supérieures ont déterminé certaines formesde sélection, certains taux démographiques, tandis que les objectifs auxquelstendaient les entreprises entraînaient généralement des discriminations racialesdont les conséquences démographiques ont été parfois dramatiques.

La difficulté d'utilisation de la main-d'œuvre indigène au Brésil et leprocessus continu d'occupation de ses terres ont abouti à l'exterminationpresque totale d'une grande partie de la population autochtone, constammentrepoussée vers des régions plus éloignées. Que ce soit par l'usage systématiquede la violence, ou à la suite de la désorganisation des tribus et de la faiblerésistance à des maladies courantes chez les populations européennes, on

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calcule que, sur les 4 millions d'individus qui peuplaient le territoire national àl'arrivée des colonisateurs, il n'en reste plus actuellement que 100 000 environ.

Les esclaves d'origine africaine ont subi les rigueurs du travail forcé, avecl'usure et la faible espérance de vie qui en découlent normalement. Lecaractère arbitraire de la commercialisation des travailleurs soumis à l'esclavagea entraîné la séparation des membres de leurs familles, de sorte que leurnuptialité et leur fécondité avaient leurs propres caractéristiques. Bien que lesmariages entre individus de race différente aient été fréquents, l'administrationcoloniale s'est efforcée d'attirer au Brésil des femmes de la péninsule ibérique,en adoptant une politique qui allait caractériser jusqu'à nos jours le genre dediscrimination raciale en vigueur dans le pays.

Bien qu'elles soient rares et qu'elles n'aient pas encore été recherchées àleur source originelle, les données relatives à la politique sanitaire du pays sereflètent de façon objective dans les différences qui marquent l'espérance devie des habitants des diverses régions géographiques brésiliennes. Même si lamortalité a généralement diminué au cours des 30 dernières années, les écartsconsidérables que l'on relève entre les différents taux de morbidité et demortalité montrent comment les décisions prises par les classes supérieures etpar les gouvernements ont déterminé une façon de vivre et une espérance devie aussi radicalement dissemblables.

On constate tout d'abord que le mode de nutrition varie énormémentsuivant les classes sociales et les régions du pays, dont le développementéconomique est assez diversifié. Cette différence de régime alimentaire sembleêtre la cause principale des taux élevés — et inégaux, eux aussi — de mortalitéinfantile.

D'autre part, les travaux d'assainissement, qui sont insuffisants mêmedans les centres urbains prospères, sont inégalement répartis entre les grandesrégions et aussi à l'intérieur des zones urbaines, suivant les possibilitésfinancières et l'influence politique des classes sociales qui y habitent.

La formation de ceux que l'on pourrait appeler agents de la santé, aelle-même favorisé la délivrance de diplômes aux médecins dont la répartitiondans l'espace est directement liée au revenu de la population et non auxbesoins des services de santé. Malgré les privilèges établis par la loi, leslimitations d'ordre financier et les traditions culturelles ont amené de largescouches de la population à avoir recours à des "guérisseurs", des "sages-femmes empiriques" et des thérapeutiques religieuses, dont les conséquencespour la santé n'ont pas été étudiées et dont l'incidence sur l'espérance de vien'est pas connue.

Il semble que les ressources de la société aient été surtout utilisées pourformer des médecins spécialistes des méthodes curatives et s'occupant desclasses sociales qui disposent de moyens financiers.

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Au cours des 40 dernières années, on a commencé à vouloir corriger lesimperfections de la politique sanitaire qui était en vigueur dans le pays.Compte tenu de la croissance urbaine et d'un début de développementindustriel, on a pris deux mesures convergentes qui ont contribué à apporterdes solutions plus rationnelles au problème de la santé. D'une part, les"Facultés d'Hygiène et de Santé publique" ont commencé à donner plusd'importance à l'action médicale préventive ; d'autre part, des institutions deprévoyance, rattachées à l'industrie, étaient au service d'un système deproduction d'où n'était pas absent un certain souci du bien-être, de la bonnesanté et de la diminution de la mortalité de la main-d'œuvre. Des servicessociaux de l'industrie et du commerce sont venus ensuite compléter l'actiondes établissements médico-hospitaliers créés par l'Etat, sous forme de pré-voyance sociale. De cette façon, les ressources destinées à la santé sontredistribuées, et la société finance les besoins de la main-d'œuvre travaillantdans le commerce et l'industrie protégés par des barrières douanières. L'exem-ple le plus récent de cette tendance concerne l'organisation de servicesmédicaux particuliers dépendant de la sécurité sociale, qui assurent, sous uneforme sélective, pour les entreprises les plus capables, une surveillancemédicale très satisfaisante de leur main-d'œuvre.

Ainsi, quatre organisations différentes, au moins, se superposent actuelle-ment en matière de santé publique, sans qu'on puisse vraiment parler d'unepolitique démographique cohérente et hiérarchisée de portée nationale. L'ad-ministration publique, au niveau de la Fédération, des Etats et des communes,est chargée de l'assainissement, des campagnes de prévention et de vaccination,et organise un service médical assez précaire. Cette action, de caractère public,dépend des ressources régionales et varie considérablement suivant les Etats etles régions du pays. L'habitude de recevoir des soins médicaux individuelspersiste naturellement et elle est liée aux possibilités financières des clients.L'Etat conserve son système de prévoyance. Enfin, il semble que les diffé-rences qui existent dans le rendement et le coût de la main-d'œuvreentraînent une disparité des services médicaux suivant le dynamisme desentreprises dont la composition du capital et le rendement varient.

En ce qui concerne les migrations, le désir d'ateindre des objectifséconomiques ou, secondairement, militaires, a préoccupé les autorités gouver-nementales depuis l'époque coloniale jusqu'à nos jours. Des mouvementsmigratoires spontanés, provoqués ou non par la construction de routes et parla création de centres de colonisation ont été encouragés et menés à bien parles pouvoirs publics.

Si l'on considère les mesures législatives et administratives qui ont étéprises par l'Etat, on constate que l'influence qu'elles ont eue sur l'évolution desmigrations constitue ce qui se rapproche le plus d'une politique démo-graphique au Brésil. Cependant, cette politique n'a jamais été formulée ni

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appliquée de façon cohérente, suivie ni globale. Ce sont des valeurs n'ayantpas vraiment un caractère démographique qui ont constitué la ratio legisfondamentale, bien que certaines notions, comme celle de densité démo-graphique, n'aient pas été étrangères à l'élaboration de mesures tendant àencourager les migrations.

Le souci des Portugais d'étendre au maximum leur domination enAmérique reflétait, dans le Nouveau Monde, les querelles des deux puissancesibériques. Au début de la colonisation, le domaine de l'Etat et la croissanceurbaine se sont limités à la bande littorale, aussi bien pour des raisonsmilitaires qu'en fonction de l'exploitation économique. Les luttes contre lesenvahisseurs étrangers — Français et Hollandais — se sont localisées dans desrégions relativement proches du littoral. Les indigènes ont été rejetés vers leszones de l'intérieur, et, bien que des incursions importantes aient été réaliséesau centre du Brésil, le mode d'occupation du territoire essentiellement littoralepersiste encore. Les modifications récentes qui se sont produites dans cetterépartition géographique n'ont été possibles qu'après l'unification du marchédes diverses régions littorales, lorsque, en même temps, on s'est rendu comptede la pénurie de terres et de matières premières dont le contrôle était devenunécessaire, et que l'on a exploité de vastes régions de l'intérieur.

Dans toute l'histoire du pays, certaines incursions vers le centre du Brésilont constitué des migrations qui ont fixé des populations, avec un taux dedensité généralement faible. Quoi qu'il en soit, les incursions qui ontcorrespondu aux différents cycles d'exploitation économique ont été impor-tantes pour fixer les limites actuelles du territoire national.

Si l'on veut seulement indiquer les principaux mouvements de popula-tion qui sont partis du littoral peuplé et urbanisé, on peut citer, dès le16e siècle, les expéditions militaires de ceux qu'on a appelés les "ban-deirantes", qui cherchaient à s'emparer des indiens vivant dans les missions desJésuites, car l'on supposait que c'était une main-d'œuvre rendue docile par laferveur disciplinaire des prêtres.

Ce qui fut réellement important du point de vue démographique, ce futl'essor de certaines formes d'exploitation économique, avec l'appui et sous lecontrôle relatif du gouvernement, qui, aux 16e et 18e siècles, a provoqué lamigration interne de ceux qui partaient à la recherche de l'or, des diamants etautres pierres précieuses. Ce développement de l'exploitation des mines aentraîné la formation de centres stables de peuplement et a urbanisé lesrégions de Minas Gérais, Goiás et Mato Grosso. Les produits de l'agriculture etde l'élevage, devenus indispensables, se sont multipliés sur le marché créé parl'extraction minière. Lorsque les mines ont été épuisées, il est resté unepopulation clairsemée, isolée des centres du littoral et survivant grâce à uneéconomie de subsistance. A peu près vers la même période, l'élevage extensifs'est étendu dans les prairies du Nord-Est et a provoqué un courant migratoire

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plus pauvre sur le plan économique et moins dense du point de vuedémographique que celui qui avait été occasionné par la découverte desressources minérales. Dans toutes ces réalisations, qui ont été entreprisesessentiellement à titre privé, la présence des pouvoirs publics s'est manifestéesous la forme d'encouragement, de protection et de contrôle fiscal. Lesforteresses monumentales, qui sont disséminées depuis la haute Amazonejusqu'aux limites du Mato Grosso montrent la surveillance qui était exercéesur la colonie et le désir des autorités de protéger un immense territoire,même si sa population était dispersée.

La décision d'importer des esclaves, bien qu'elle ne constitue pas àproprement parler une politique de peuplement, a été prise et maintenueconstamment par l'administration, même lorsqu'au 19e siècle les accordsinternationaux et la pression de l'Empire britannique ont rendu l'importationd'esclaves africains plus difficile et plus risquée.

Après l'Indépendance, l'Empire a organisé la colonisation européenne defaçon non systématique et sans créer l'infrastructure nécessaire, en cédant desterres, principalement aux colons allemands, polonais et italiens.

Toutefois, les grandes migrations étrangères ont eu lieu au cours desdécennies postérieures à 1880, jusqu'en 1920. L'Etat de Sao Paulo, grandproducteur de café lorsque l'abolition de l'esclavage fut proclamée en 1888,contribua activement à l'immigration de la main-d'œuvre étrangère, quiremplaça les travailleurs agricoles esclaves et commença, dans les villes, àmonter de petits ateliers et des industries peu importantes.

Les migrations internes qui se produisirent du Nord-Est vers le Sud-Est,et, surtout à partir de 1930, en direction du front pionnier et des zonesurbaines, n'obéirent à aucune planification et furent accompagnées de contro-verses politiques portant sur l'opportunité de la croissance des villes et dupeuplement des campagnes.

En ce qui concerne la fécondité, on ne peut pas non plus parler d'unepolitique démographique formulée explicitement. La société brésilienne, fon-dée sur une économie essentiellement agricole jusqu'au milieu du 20e siècle, abénéficié de toutes les forces sociales, culturelles et psychologiques qui ontcontribué à valoriser la famille nombreuse selon la tradition chrétienne. Lalégislation nationale a généralement eu tendance à favoriser la natalité, enattribuant des allocations plus substantielles aux familles nombreuses, enpunissant sévèrement l'avortement provoqué et en interdisant la publicité enfaveur des produits contraceptifs. D'autre part, des cliniques privées deplanning familial fonctionnent librement dans le pays, mais la diminution destaux de fécondité semble être due essentiellement à la situation économiquedes centres les plus développés et à la modification du rôle de la femme,notamment dans les classes sociales supérieures.

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La vive controverse qui s'est élevée récemment au sujet de la croissancedémographique a eu des échos dans la société brésilienne. Certains économistesparmi les plus connus et les plus influents dans les milieux industriels etgouvernementaux conseillent plutôt une diminution du rythme de la crois-sance démographique. D'autres technocrates, y compris des militaires, consi-dèrent que la forte croissance de la population présente des avantages, que cesoit en vue de réaliser la grandeur nationale, ou parce qu'il est nécessaired'occuper de vastes régions tropicales. A partir du moment où la controversesur la régulation des naissances a pris une dimension internationale, le Brésil,par l'intermédiaire de ses représentants officiels, a systématiquement défenduune politique nataliste.

Il y a cependant de fortes chances pour que, comme cela s'est produitpour la mortalité, les transformations économiques et sociales provoquent dansle pays une diminution rapide du taux de fécondité au cours des prochainesdécennies, en posant le problème démographique davantage sous l'angle del'occupation de l'espèce et de la qualité de la vie qu'en fonction du nombred'habitants et de leur âge.

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