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Article original La présence frauduleuse de lait de vache dans les fromages de chèvre et de brebis présente un risque pour les sujets allergiques au lait de vache. Évaluation préliminaire Risk assessment of cow’s milk in adulterated goat and sheep cheeses for cow’s milk allergic children. A preliminary study D.-A. Moneret-Vautrin a, * ,b,c , J.-M. Renaudin b,c , P. Sergeant b,d , M. Morisset b,e , L. Parisot b , E. Beaudouin b,c a Faculté de médecine, université Nancy-I, 29, avenue De-Lattre-de-Tassigny, 54035 Nancy cedex, France b Réseau d’allergo-vigilance, 15, rue du Bois-de-la-Champelle, 54500 Vandœuvre-Les-Nancy, France c Service d’allergologie, centre hospitalier, maison médicale St-Jean, 31, rue Thiers, BP 590, 88021 Épinal, France d Service diététique, CHU de Nancy, 29, avenue de Lattre-de-Tassigny, 54000 Nancy, France e Service de médecine interne et allergologie, centre hospitalier de Luxembourg, Luxembourg Reçu le 20 septembre 2011 ; accepté le 2 octobre 2011 Disponible sur Internet le 29 novembre 2011 Résumé But de l’e ´tude. Évaluer le risque de l’adultération frauduleuse des fromages de chèvre et brebis par le lait de vache pour les enfants allergiques au lait de vache. Me ´thode. Évaluation fondée sur les paramètres d’un modèle d’évaluation probabilistique du risque allergique, proposé par un panel international sous l’égide d’Europreval. Les seuils réactogènes au lait de vache sont déterminés par test de provocation orale en simple ou double insu au lait Enfamil O’Lac chez 111 enfants. Les sujets à risque sont les allergies IgE dépendantes au lait. Re ´sultats. La consommation des fromages de chèvre et brebis concerne 80 % de la population française. La fréquence d’adultération en France est inconnue. En tenant compte de 0,5 % de protéines de lait présentes, la quantité correspondant à une portion de fromage de chèvre est calculée selon le type de fromage : de 7 mg à 42,7 mg. Au total, 13,5 % des protéines de lait de vache (APLV) enregistrées ont une allergie IgE dépendante, 7,2 % ont un seuil réactogène inférieur à 56,6 mg. Les estimations finales restent hypothétiques et fixent le nombre d’enfants à risque de réactions à 1022 à 11 930 et à risque d’anaphylaxie sévère à 184 à 1610 enfants par an. Les auteurs discutent des raisons d’une sous-évaluation probable. Conclusion. La réalité du risque de lait frauduleux dans les fromages de chèvre doit être prise en considération par les organismes de contrôle et de répression des fraudes. La consommation de ces fromages ne peut être autorisée en cas d’anaphylaxie sévère au lait de vache. En l’absence de sensibilisation croisée, la consommation pourrait être autorisée sous réserve d’une appellation AOC ou AOP. # 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Allergie lait de vache ; Fromage chèvre ; Adultération ; Évaluation du risque Abstract Aim of the study. To evaluate the risk of illegal adulteration of goat and ewe cheese with cow’s milk in children allergic to cow’s milk (CMA). Method. Evaluation based on a probabilistic evaluation model of risk allergy proposed by an international panel of experts under the aegis of the Europreval project. Reactive thresholds to cow’s milk were determined by single and double-blind oral provocation tests to lactose-free milk in 111 children. High-risk subjects are those with IgE-mediated CMA. Results. Eighty percent (80%) of the French population eat goat and ewe cheese. The rate of adulteration is not known. Taking into account 0.5% of cow’s milk proteins present, the amount corresponding to a portion of goat cheese is calculated depending on the type of cheese: 7 mg to 42.7 mg. CMA IgE-mediated occurs in 13.5% of CMA children. 7.2% have reactive thresholds below 56.6 mg. In France, the number of children at Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Revue française d’allergologie 52 (2012) 8185 * Auteur correspondant. Adresses e-mail: [email protected], [email protected] (D.A. Moneret-Vautrin), [email protected] (J.M. Renaudin). 1877-0320/$ see front matter # 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.reval.2011.10.002

La présence frauduleuse de lait de vache dans les fromages de chèvre et de brebis présente un risque pour les sujets allergiques au lait de vache. Évaluation préliminaire

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    www.sciencedirect.com

    Revue franaise dallergologie 52 (2012) 8185Article original

    La prsence frauduleuse de lait de vache dans les fromages de chvre et debrebis prsente un risque pour les sujets allergiques au lait de vache.

    valuation prliminaire

    Risk assessment of cows milk in adulterated goat and sheep cheeses for cows milk allergicchildren. A preliminary study

    D.-A. Moneret-Vautrin a,*,b,c, J.-M. Renaudin b,c, P. Sergeant b,d, M. Morisset b,e,L. Parisot b, E. Beaudouin b,c

    aFacult de mdecine, universit Nancy-I, 29, avenue De-Lattre-de-Tassigny, 54035 Nancy cedex, FrancebRseau dallergo-vigilance, 15, rue du Bois-de-la-Champelle, 54500 Vanduvre-Les-Nancy, France

    c Service dallergologie, centre hospitalier, maison mdicale St-Jean, 31, rue Thiers, BP 590, 88021 pinal, Franced Service dittique, CHU de Nancy, 29, avenue de Lattre-de-Tassigny, 54000 Nancy, Francee Service de mdecine interne et allergologie, centre hospitalier de Luxembourg, Luxembourg

    Reu le 20 septembre 2011 ; accept le 2 octobre 2011Disponible sur Internet le 29 novembre 2011

    Rsum

    But de letude. valuer le risque de ladultration frauduleuse des fromages de chvre et brebis par le lait de vache pour les enfants allergiquesau lait de vache.Methode. valuation fonde sur les paramtres dun modle dvaluation probabilistique du risque allergique, propos par un panelinternational sous lgide dEuropreval. Les seuils ractognes au lait de vache sont dtermins par test de provocation orale en simple oudouble insu au lait Enfamil OLac chez 111 enfants. Les sujets risque sont les allergies IgE dpendantes au lait.Resultats. La consommation des fromages de chvre et brebis concerne 80 % de la population franaise. La frquence dadultration en Franceest inconnue. En tenant compte de 0,5 % de protines de lait prsentes, la quantit correspondant une portion de fromage de chvre est calculeselon le type de fromage : de 7 mg 42,7 mg. Au total, 13,5 % des protines de lait de vache (APLV) enregistres ont une allergie IgE dpendante,7,2 % ont un seuil ractogne infrieur 56,6 mg. Les estimations finales restent hypothtiques et fixent le nombre denfants risque de ractions 1022 11 930 et risque danaphylaxie svre 184 1610 enfants par an. Les auteurs discutent des raisons dune sous-valuation probable.Conclusion. La ralit du risque de lait frauduleux dans les fromages de chvre doit tre prise en considration par les organismes de contrle etde rpression des fraudes. La consommation de ces fromages ne peut tre autorise en cas danaphylaxie svre au lait de vache. En labsence desensibilisation croise, la consommation pourrait tre autorise sous rserve dune appellation AOC ou AOP.# 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.

    Mots cls : Allergie lait de vache ; Fromage chvre ; Adultration ; valuation du risque

    Abstract

    Aim of the study. To evaluate the risk of illegal adulteration of goat and ewe cheese with cows milk in children allergic to cows milk (CMA).Method. Evaluation based on a probabilistic evaluation model of risk allergy proposed by an international panel of experts under the aegis of theEuropreval project. Reactive thresholds to cows milk were determined by single and double-blind oral provocation tests to lactose-free milk in 111children. High-risk subjects are those with IgE-mediated CMA.Results. Eighty percent (80%) of the French population eat goat and ewe cheese. The rate of adulteration is not known. Taking into account 0.5%of cows milk proteins present, the amount corresponding to a portion of goat cheese is calculated depending on the type of cheese: 7 mg to42.7 mg. CMA IgE-mediated occurs in 13.5% of CMA children. 7.2% have reactive thresholds below 56.6 mg. In France, the number of children at

    * Auteur correspondant.Adresses e-mail: [email protected], [email protected] (D.A. Moneret-Vautrin), [email protected] (J.M. Renaudin).

    1877-0320/$ see front matter # 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits rservs.doi:10.1016/j.reval.2011.10.002

  • risk of adverse reactions might be set at between 1022 and 11,930, with a risk of severe anaphylaxis for 184 to 1610 children per year. The authorsdiscuss the reasons for a likely under-estimation.

    ese with cows milk must be taken into consideration by fraud prevention if the child has presented severe anaphylaxis to cows milk. In the absenceave received suitable certification (AOC1 or AOP2).

    dAPLV se situerait entre 236 800 et 828 800 patients dans lapopulation franaise [1], eu gard aux statistiques INSEE2010 indiquant que la population de moins de 15 ans reprsente18,5 % de 64 millions dhabitants.

    3. Donnes existantes sur la consommation des

    D.-A. Moneret-Vautrin et al. / Revue franaise dallergologie 52 (2012) 818582ayant une APLV, qui consommeraient des fromages de brebisou de chvre adultrs par du lait de vache.

    2. Prvalence de lAPLV

    Selon les chiffres de prvalence retenus par le comit denutrition de la Socit franaise de pdiatrie, le nombre

    Fig. 1. Modle dvaluation probabilistique du risque des aliments allergni-ques.Daprs Madsen [5].

    1 Nomenclature of controlled origin.2 Nomenclature of protected origin.Conclusion. The real risk of illegal adulteration of goat and ewe cheauthorities. Consumption of goat and ewe cheese should not be allowedof any cross-sensitization, these cheeses could be eaten only if they h# 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

    Keywords: Cows milk allergy; Goat cheese; Adulteration; Risk assessment

    1. Introduction

    La prvalence de lallergie aux protines de lait de vache(APLV) se situe entre 2 % et 7 % selon le comit de nutrition de laSocit franaise de pdiatrie [1,2]. Toutefois, la revue de lalittrature fait apparatre que le chiffre maximum courant est de3,5 %. La svrit des manifestations cliniques est extrmementdisparate puisque le nombre de cas dAPLVest diagnostiqu surle vu de troubles fonctionnels digestifs ou bien de dermatiteatopique du nourrisson [3]. La banque de donnes du cercledinvestigations cliniques et biologiques des allergies alimen-taires (CICBAA) sur 111 cas dAPLV enregistrs, confirme que13,5 % des cas correspondent une manifestation immdiatedangioedme ou durticaire ou dasthme ou de choc anaphy-lactique (trois cas). Cette sous-population dAPLV prsente unrisque particulier de raction des quantits faibles de lait devache prsentes dans diffrents produits alimentaires. Il convientdonc de sintresser au risque particulier de fromages de chvreet de brebis en raison de la possibilit de fraude. Ces fromagespeuvent tre volontairement additionns de lait de vache. Cettefraude est but conomique car le prix du lait de chvre est 60 %plus cher que celui du lait de vache.

    Ds lors quil y a un risque de consommation courante de laitde vache dans ces types de fromages, la question se pose delvaluation du risque de raction allergique dans unepopulation gnrale. Les organismes rglementaires se dirigentactuellement vers des modles dvaluation qui prennent encompte diffrents paramtres. Sous lgide dEuropreval, unworkshop associant des instances en charge de la scuritalimentaire et des allergologues a propos un modle prenanten compte la prvalence de lallergie alimentaire considre, lafrquence de consommation des produits contenant lallergneconsidr, les donnes connues sur les seuils ractognes, enfinla quantit de lallergne contaminant ingr quand elle peuttre connue par des tests de dtection (Fig. 1) [49]. Ce travailprliminaire se fonde sur ce modle pour valuer le risque deraction clinique par allergie au lait de vache chez des enfantsfromages de chvre et de brebis

    La consommation de fromages de chvre et de brebis est enconstante progression en France. Elle est le quatrime paysproducteur aprs la Grce, lItalie et lEspagne. La productionde fromages de brebis atteint 21 000 tonnes par an et celle defromages de chvre, 43 000 tonnes par an [10]. Au total, 80 %des mnages franais en consomment [11]. La quantitannuelle de ces fromages consomms par un mnage estvalue 2 kg par an.

    4. Calcul quantitatif du risque de fraude, reposant surla quantit de protines de lait de vache incorpores, etsur la quantit de fromage consomm

    La lutte contre cette fraude ncessite la mise disposition detests de dtection pour les organismes chargs des contrles. Lamthode de rfrence est fixe par les rglements de laCommission Europenne : elle concerne la dtection de lacasine bovine dans les fromages de chvre et de brebis parisolectrofocalisation [12,13]. Les mthodes de dtectiondoivent avoir au moins une sensibilit de 0,5 %.

  • Si de tels fromages ont bnfici de tests de dtection admispar la rglementation, ils ne sauraient contenir que 0,5 % auplus de protines de lait de vache pour tre autoriss.

    Une portion de Camembert (1/8e) est estime 31 g [14].Nous proposons de retenir cette quantit pour la consommationdune portion de fromage de chvre. Selon le type de fromage(frais, pte molle, demi-sec ou sec), la quantit de protinescorrespondantes reprsente respectivement 4,7 %, 11,1 %,18,3 %, 27,6 % soit 1,45 g, 3,44 g, 5,67 g, 8,55 g [15]. Laprsence de protines de lait de vache, au plus de 0,5 %reprsenterait donc respectivement 7 mg, 17,2 mg, 28,3 mg,42,7 mg de protines de lait de vache par portion de 31 g.

    conomique de ladultration. LUnion europenne a statusur la ncessit de contrle laide de mthodes valides parcomparaison avec la mthode de rfrence qui est lisofoca-lisation [12,13]. Nous sommes dans lignorance totale de lafrquence de la fraude dans les fromages franais. Le seulchiffre connu est celui dune tude Roumaine reconnaissant que79 % des fromages de chvre sont adultrs [16].

    Les valuations que nous proposons sont en partiehypothtiques en raison de cette ignorance. Les chiffres

    D.-A. Moneret-Vautrin et al. / Revue fran5. Les seuils ractognes connus de lallergie au lait devache

    Nous disposons de deux sources de donnes : dune part, labanque de donnes du CICBAA, dautre part, les observationsdanaphylaxie svre collectes par le rseau Allergo-Vigilance.

    La banque de donnes du CICBAA a enregistr 111 casdAPLV documents pas un test dintroduction raliste (TPO),ralis en double ou simple insu (service de mdecine interneimmunologie clinique et allergologie, CHU de Nancy). Leproduit choisi est sans lactose : Enfamil O Lac1 contenant10,9 g de protines par 100 g de poudre. Aprs reconstitution,1 mL de lait contient 15,6 mg de protines de lait. Le TPO estralis en double ou simple insu : 7,2 % ont un seuil ractogneinfrieur 4 mL, correspondant 62,4 mg de protines, soit5,4 % ragissant 1 mL : 15,6 mg de protines et 1,8 %ragissant 2 3 mL : 31,2 mg 46,8 mg (Fig. 2).

    Le rseau Allergo-Vigilance, en date de juin 2011, fait tatde 44 cas danaphylaxie svre au lait de vache. La quantitractogne estime linterrogatoire nest cependant prcisableque dans 15 cas : trois sur 15 (20 %) ont trait une quantitinfrieure ou gale 60 mg de protines.

    6. Quel est le risque rapport la populationfranaise ?

    La population de sujets APLV haut risque se fonde doncsur les seuils ractognes : au moins 7,2 % des enfants ayantsubi un TPO ont un seuil ractogne infrieur 47 mg deprotines. Les valuations sont faites avec trois chiffres de

    05

    101520253035

    1ml=

    15,6m

    g

    2ml=3

    1,2mg

    3 ml=

    46,8

    mg

    4-10 m

    l

    11-20

    ml

    21-40

    ml

    41-60

    ml

    61-70

    ml

    > 70 m

    l

    %

    Fig. 2. Seuils ractognes au lait OLac chez 111 enfants avec APLV (donnes

    du CICBAA).prvalence diffrents de lAPLV : 2 %, 3,5 %, 7 % (Tableau 1).La fourchette destimation est de 12 787 59 673. Cependant,le chiffre de 7 % dAPLV en population pdiatrique ne paratpas raliste en France, les calculs suivants se limiteront doncaux valuations de 2 % et 3,5 % soit 12 787 29 836 enfants.

    Dautre part, deux correctifs doivent tre appliqus ceschiffres, tenant compte de la frquence de consommation desfromages de chvre et de brebis (80 % de la populationfranaise), et de la frquence dadultration de ces fromages.

    La frquence des adultrations est inconnue en France. Leschiffres de ltude Roumaine fixent un taux de contaminationde 67 % pour les fromages de brebis et 79 % pour lesfromages de chvre. . . [16]. Cest pourquoi, les calculsproposs sont fonds sur trois taux thoriques de frquence decontamination de 10 %, 25 %, 50 %. Le risque de raction aulait de vache frauduleux concernerait probablement de1022 11 930 enfants. . . (Tableau 2).

    7. Combien de ces patients seraient risque de ractionsvre ?

    Il nexiste pas dlments prdictifs certains de ractionsvre. On peut estimer que sont risque de raction svre, lesenfants APLV ayant antrieurement prsent une ractionsvre au lait de vache.

    La banque de donnes du CICBAA indique que, sur les111 cas enregistrs, 13,5 % avaient prsent une ractionimmdiate : angioedme laryng (six cas), choc anaphylactique(trois cas), urticaire gnralise (six cas). Rapports aux chiffrescorrigs prcdents, ce taux de 13,5 % permet davancer unefourchette de risque danaphylaxie svre au lait de vachefrauduleux. Ce risque pourrait concerner (en retenant le chiffrede 7,2 % denfants haut risque) 184 1610 enfants par an.(Tableau 3).

    8. Discussion

    La tentation dune fraude sexplique par le bnfice

    Tableau 1Estimation du nombre denfants APLV risque allergique, li la prvalence delAPLV et aux seuils ractognes infrieurs 100 mg de protines de lait.

    % de risque Si APLV2%

    Si APLV3,5%

    Si APLV7%

    5,4 % (TPO + 15,6 mg) 12,787 22,377 44,7557,2 % (TPO + 3146,8 mg) 17,049 29,836 59,673

    aise dallergologie 52 (2012) 8185 83avancs sous-valuent trs probablement et de faon importante

  • s fro

    Tau25

    Si

    255340

    vac

    sup

    LV

    ranla ralit, pour plusieurs raisons. En effet, la banque de donnesdu CICBAA, sur 111 cas dAPLV, ne reconnat que 13,5 % decas risque dallergie de type immdiat. Or la proportionrelative dallergie IgE dpendantes et dallergie par hypersen-sibilit retarde pourrait tre de 50 % [17].

    En second lieu, un panel de dix allergologues internationauxavaient valu des seuils minimaux ractognes variant de0,6 mg 150 mg. Le seuil de 0,6 mg reprsentait 21 % de100 TPO raliss chez des nourrissons Australiens par Hill [18].Nous avions antrieurement publi une srie de 59 TPO dont uncas ragissait 0,1 mL (1,56 mg de protine) [19]. Laproportion de 7,2 % de sujets haut risque dans notre sriede 111 enfants APLV pourrait tre minimale. . .

    Enfin, lvaluation des seuils ractognes est fonde sur desTPO en situation basale. Les quantits ractognes pourraienttre infrieures dans la vie courante. 20 % des casdanaphylaxies svres dclars au rseau dAllergo-Vigilancecorrespondent 60 mg au plus de protines de lait. La quantitpourrait tre trs infrieure 1 mg dans des cas exceptionnelsdenfants ragissant aux contaminants protiques du lactose

    Tableau 2Nombre denfants APLV risque de raction au contaminant lait de vache de

    Enfants APLV risque pourles faibles doses

    Taux suppos de contamination :10 %

    Si APLV 2 % Si APLV 3,5 %

    5,4 % 1022 1790 7,2 % 1363 2386

    Tableau 3Nombre denfants APLV risque danaphylaxie svre au contaminant lait de

    Enfants risque Taux suppos de contamination : 10 % Taux

    Si APLV 2 % Si APLV 3,5 % Si AP

    5,4 % 138 241 345 7,2 % 184 322 460

    D.-A. Moneret-Vautrin et al. / Revue f84[20].Les fromages de chvre et de brebis sont classiquement

    dconseills en cas dAPLV, en raison de lhomologie desquences suprieure 90 % entre les casines de ces troisespces et en raison de la frquence dallergie croise constatepar diffrents auteurs [2123]. Cette contre-indication estindique sur le rgime dviction du lait de vache disponible surle site www.cicbaa.org. Cependant, la consultation de forumssur Internet montre que la substitution au lait de vache de lait dechvre nest pas exceptionnelle. . .

    Lorsque lAPLV est diagnostique chez un nourrisson ayantune symptomatologie modre (allergie digestive isole enparticulier), il nest pas certain que la recommandation oraledviter les fromages de chvre et brebis soit systmatiquementfaite la famille. Le diagnostic dAPLV devrait comportersystmatiquement des prick-tests aux laits de brebis et chvreafin didentifier un risque dallergie croise. Mais, mme si cesprick-tests sont ngatifs, ou si la consommation titre dessaide lait de chvre a paru inoffensive, cette tude montre quilconviendrait dviter les fromages de brebis et de chvre silaccident au lait de vache a t svre ou si le seuil ractogneau lait de vache est bas.

    Les chiffres avancs doivent attirer lattention de laDGCCRF, en ce qui concerne la ncessit des contrlesdadultration de ces produits. Il faut observer que la limite desensibilit des tests retenus pour dtecter une fraude nest passuffisante pour viter le risque allergique. Il est galementimportant de sensibiliser les professions de transformation deslaits de brebis et chvre au risque allergique que comporteladultration par le lait de vache.

    Les consommateurs doivent donc tre trs vigilants. Mmesi les allergiques au lait de vache sont autoriss consommerdes fromages de chvre, la lecture des tiquettes est imprativecar 5 10 % des fromages de chvre sont des mi-chvre avec une quantit consquente de lait de vache [11]. Ils peuventprobablement consommer 14 fromages de chvre et troisfromages de brebis qui bnficient dune appellation doriginecontrle (AOC lgislation franaise) ou dappellationdorigine protge (AOP lgislation europenne) [24]. Ces

    mages de chvre et brebis (en France).

    x suppos de contamination :%

    Taux suppos de contamination :50 %

    APLV 2 % Si APLV 3,5 % Si APLV 2 % Si APLV 3,5 %

    5 4475 5110 89507 5965 6815 11 930

    he de fromages de chvre et brebis.

    pos de contamination : 25 % Taux suppos de contamination : 50 %

    2 % Si APLV 3,5 % Si APLV 2 % Si APLV 3,5 %

    604 689 1208805 920 1610

    aise dallergologie 52 (2012) 8185fromages font lobjet de contrles officiels partags entrelINAO (Institut national des appellations dorigine) et laDGCCRF. Les producteurs doivent respecter un cahier descharges homologu et sexposent des contrles rguliers de lapart de ces deux organismes avec des sanctions en cas de non-respect. On peut considrer que ces fromages de chvre et debrebis constituent une scurit pour les patients allergiques aulait de vache chez lesquels ces types de fromage auraient tautoriss.

    Dclaration dintrts

    Les auteurs dclarent ne pas avoir de conflits dintrts enrelation avec cet article.

    Remerciements

    Les auteurs remercient Monsieur Philippe Lemerdy,administrateur de la banque de donnes du CICBAA.

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    La prsence frauduleuse de lait de vache dans les fromages de chvre et de brebis prsente un risque pour les sujets allergiques au lait de vache. valuation prliminaireIntroductionPrvalence de lAPLVDonnes existantes sur la consommation des fromages de chvre et de brebisCalcul quantitatif du risque de fraude, reposant sur la quantit de protines de lait de vache incorpores, et sur la quantit de fromage consommLes seuils ractognes connus de lallergie au lait de vacheQuel est le risque rapport la population franaise ?Combien de ces patients seraient risque de raction svre ?DiscussionDclaration dintrtsRemerciementsRfrences