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LABOUR ( harz ) niverenn 4 — numéro 4 dibunadeg ar 26 a viz gwengolo 2015 da souten ar re a glask repu manif ’ du 26/09/2015 en soutien à ceux qui cherchent refuge ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// NOUVELLE VICTOIRE POUR LES HABITANTS DE LA ZAD ! Si Ouest France et Presse Océan communiquent depuis cet été sur la volonté du gouvernement d’expulser la ZAD de Notre Dame Des Landes pour y construire un aéroport, nous notons qu’ils sont plus discrets à propos de la signification de ce qui s’est passé ce 22 mardi septembre. La venue du juge des expropriations était annoncée sur la ZAD, faisant suite aux menaces du sous-préfet. Celui-ci annonçait vouloir reprendre les procédures contres les locataires en vue d’une possible expulsion et du démarrage des chantiers. Le mouvement anti-aéroport a été très réactif. Malgré la pluie, de nombreuses personnes des comités de soutien et des paysans de la région étaient présentes dès 7h du matin au carrefour principal de la ZAD, avant de se répartir sur les différents points de blocage. Les infos étaient rediffusées partout sur la Zone A Défendre, par Radio Klaxon, la radio pirate émise sur les ondes d’ordinaire occupées par Vinci Autoroute. A 9h du matin, peu après l’arrivée du juge en compagnie de plusieurs 4x4 et voitures de gendarmerie à une centaine de mètres de l’une des barricades et face à 200 personnes déterminées, tout ce petit monde devait rentrer précipitamment dans les véhicules officiels et rebrousser chemin … La réaction des zadistes et de leurs soutiens est un message adressé au gouvernement. Avec une telle mobilisation, par un matin pluvieux de semaine, uniquement pour empêcher la venue d’un juge, nous constatons qu’il sera très compliqué pour l’Etat d’expulser et de détruire la zone. Après cette nouvelle victoire, les zadistes appellent à rester vigilants, et à densifier la mobilisation dans les semaines qui viennent. Dans le même temps, ils continuent à renforcer les cultures et habitats sur la ZAD, ainsi que les liens à l’intérieur du mouvement et partout en Bretagne pour construire un avenir sans aéroport. Ah ! Et n’oubliez pas, un an après la mort de Rémi Fraisse, nous nous donnons rendez-vous LE 25 OCTOBRE 2015 à PONT-DE-BUIS (29) DEVANT L’USINE D’ARMEMENT DE NOBELSPORT. Ce rassemblement se situera dans le cadre d’un week end d’actions contre l’armement de la police. Plus d’infomations sur desarmonslapolice.noblogs.org. Il n’y a pas un an que la rue a viré le « président » Blaise Compaoré au Burkina Faso. Le même Compaoré qui gouvernait l’un des pays les plus pauvres de la planète en coopération avec l’État Français et de nombreuses multinationales comme Monsanto depuis 1987, lorsqu’il avait renversé le révolutionnaire Thomas Sankara. Depuis l’insurrection populaire d’octobre 2014, un espoir semblait s’être levé. Si la «transition démocratique» pouvait signifier un retour à un certain ordre institutionnel, les mobilisations avaient pourtant continué, et les ennemis de la souveraineté alimentaire avaient vu leur marge de manœuvre réduite. Le Burkina Faso aurait pu devenir le premier pays à dégager Monsanto de son territoire. C’en était donc trop. N’attendant pas les élections annoncée pour l’automne pour tenter de prendre le pouvoir, le lieutenant Dienderé, à la tête du RSP, un corps d’armé suréquipé, a pris les commandes du pays. Des manifestations de protestation ont alors eu lieu et les militaire du RSP ont tiré dans le tas tuant et blessant de nombreuses personnes. C’est que Dienderé n’est pas un tendre. Bras droit de Compaoré, il est connu notamment pour avoir participé à l’assaut où Thomas Sankara avait trouvé la mort. Mais sous la pression de la rue et l’investissement des casernes par la population, les putschistes n’ont pas eu d’autre choix que de retourner chez eux la queue entre les jambes. L’affaire est à suivre, mais le peuple burkinabè a montré à tous qu’il ne laissera rien passer. Que l’Occident en prenne de la graine, et que les multi- nationales pilleuses en prennent bonne note. Dans ce numéro : - Coup d’État et résistance au Burkina Faso -Analyse des discours sur les «migrants» -Victoire des Zadistes Et autres choses

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NOUveLLe victOiRe pOUR Les hABitANts de LA ZAd !Si Ouest France et Presse Océan communiquent depuis cet été sur la volonté du gouvernement d’expulser la ZAD de Notre Dame Des Landes pour y construire un aéroport, nous notons qu’ils sont plus discrets à propos de la signification de ce qui s’est passé ce 22 mardi septembre.

La venue du juge des expropriations était annoncée sur la ZAD, faisant suite aux menaces du sous-préfet. Celui-ci annonçait vouloir reprendre les procédures contres les locataires en vue d’une possible expulsion et du démarrage des chantiers. Le mouvement anti-aéroport a été très réactif.

Malgré la pluie, de nombreuses personnes des comités de soutien et des paysans de la région étaient présentes dès 7h du matin au carrefour principal de la ZAD, avant de se répartir sur les différents points de blocage. Les infos étaient rediffusées partout sur la Zone A Défendre, par Radio Klaxon, la radio pirate émise sur les ondes d’ordinaire occupées par Vinci Autoroute.

A 9h du matin, peu après l’arrivée du juge en compagnie de plusieurs 4x4 et voitures de gendarmerie à une centaine de mètres de l’une des barricades et face à 200 personnes déterminées, tout ce petit monde devait rentrer précipitamment dans les véhicules officiels et rebrousser chemin …

La réaction des zadistes et de leurs soutiens est un message adressé au gouvernement. Avec une telle mobilisation, par un matin pluvieux de semaine, uniquement pour empêcher la venue d’un juge, nous constatons qu’il sera très compliqué pour l’Etat d’expulser et de détruire la zone.

Après cette nouvelle victoire, les zadistes appellent à rester vigilants, et à densifier la mobilisation dans les semaines qui viennent. Dans le même temps, ils continuent à renforcer les cultures et habitats sur la ZAD, ainsi que les liens à l’intérieur du mouvement et partout en Bretagne pour construire un avenir sans aéroport.

Ah ! Et n’oubliez pas, un an après la mort de Rémi Fraisse, nous nous donnons rendez-vous

Le 25 OctOBRe 2015à pONt-de-BUis (29)devANt L’UsiNe d’ARmemeNt de NOBeLspORt.Ce rassemblement se situera dans le cadre d’un week end d’actions contre l’armement de la police. Plus d’infomations sur desarmonslapolice.noblogs.org.

Il n’y a pas un an que la rue a viré le « président » Blaise Compaoré au Burkina Faso. Le même Compaoré qui gouvernait l’un des pays les plus pauvres de la planète en coopération avec l’État Français et de nombreuses multinationales comme Monsanto depuis 1987, lorsqu’il avait renversé le révolutionnaire Thomas Sankara. Depuis l’insurrection populaire d’octobre 2014, un espoir semblait s’être levé. Si la «transition démocratique» pouvait signifier un retour à un certain ordre institutionnel, les mobilisations avaient pourtant continué, et les ennemis de la souveraineté alimentaire avaient vu leur marge de manœuvre réduite. Le Burkina Faso aurait pu devenir le premier pays à dégager Monsanto de son territoire. C’en était donc trop. N’attendant pas les élections annoncée pour l’automne pour tenter de prendre le pouvoir, le lieutenant Dienderé, à la tête du RSP, un corps d’armé suréquipé, a pris les commandes du pays. Des manifestations de protestation ont alors eu lieu et les militaire du RSP ont tiré dans le tas tuant et blessant de nombreuses personnes. C’est que Dienderé n’est pas un tendre. Bras droit de Compaoré, il est connu notamment pour avoir participé à l’assaut où Thomas Sankara avait trouvé la mort.

Mais sous la pression de la rue et l’investissement des casernes par la population, les putschistes n’ont pas eu d’autre choix que de retourner chez eux la queue entre les jambes.

L’affaire est à suivre, mais le peuple burkinabè a montré à tous qu’il ne laissera rien passer. Que l’Occident en prenne de la graine, et que les multi-nationales pilleuses en prennent bonne note.

Dans ce numéro :- Coup d’État et résistance au Burkina Faso-Analyse des discours sur les «migrants»-Victoire des ZadistesEt autres choses

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RéfUgiés vs migRANtsNUL Ne meNt pLUs qU’UN hOmme iNdigNéLa photographie d’un enfant mort dans la Méditerranée et retrouvé sur une plage aurait éveillé les consciences, et poussé, en France, le gouvernement comme les mairies socialistes à affirmer qu’ils souhaitaient accueillir plus de réfugiés. La seule vue de cette photo aurait aussi, à l’appel de Raphaël Glucksmann, militant pro-américain et pro-israélien proche du PS, poussé la classe moyenne, humaniste et de gauche, à manifester le 5 septembre pour les Droits de l’Homme et l’accueil des réfugiés.

A l’échelle internationale, ce sont même les clubs européens de football ou encore Google qui ont jugé la cause assez consensuelle pour communiquer sur les dons qu’ils allaient faire aux « associations et institutions de soutien aux réfugiés ».

Il y a bien sûr des ratés dans ces opérations de communication, comme l’ « accueil » de réfugiés en Allemagne dans l’ancien camp d’extermination de Dachau. Il y a aussi des coïncidences qui font apparaître l’hypocrisie d’un gouvernement ou d’une mairie de gauche, comme ce tweet de Nathalie Appéré, maire de Rennes, assurant le 4 septembre de son soutien à l’idée d’accueillir les

réfugiés, alors qu’au même moment se tenait le procès intenté par la mairie aux réfugiés Somaliens qui campent dans le parc des Gayeulles, procès dans lequel la mairie va jusqu’à demander 1500 euros de « frais irrépétibles » aux campeurs sans ressource.

Cependant, se borner à pointer les contradictions dans les discours nous ferait passer à côté de l’essentiel. En effet, le changement que l’on peut constater dans les discours des gouvernements ou des médias dominants à propos des migrations vise à masquer les réformes annoncées par les Etats de l’Union Européenne. Car sous couvert d’un meilleur accueil des réfugiés, les contrôles aux frontières seront renforcés, y compris à l’intérieur de l’espace Schengen, et des « centres de tri » pour migrants seront mis en place.

L’expression « centre de tris » a pu choquer les humanistes, ce qui explique que le terme anglais hotspot est le plus souvent utilisé. Pour autant, nous observons que les polémiques sur l’usage du terme « migrant » visant à distinguer les « migrants économiques » des « réfugiés fuyant la guerre » ont ce même but de tri et de sélection. Si la gauche critiquait il y a quelques années l’ « immigration choisie » prônée par les sinistres Sarkozy et Hortefeux, nous devons affirmer que la volonté d’utiliser les réfugiés syriens pour stigmatiser les « migrants économiques » est tout aussi dégueulasse.

Dans son roman 1984, Orwell décrivait une société dystopique où le gouvernement appauvrissait une langue nouvelle dans le but d’abrutir le peuple, par ailleurs abreuvé de slogans comme «

La guerre, c’est la paix. », « La liberté, c’est

l’esclavage. », ou « L’ignorance,

c’est la force. ». Dans la France

de 2015, la gauche fait

applaudir la police le 11 janvier au nom de la défense de la Liberté, vote une loi permettant la censure d’internet au nom de la Liberté d’Expression, et renforce les contrôles aux frontières au nom de l’Accueil des Réfugiés.

En outre, puisque ceux qui soutiennent le gouvernement et le travail de la Police Aux Frontières sont convaincus qu’ils agissent au nom du bien de l’Humanité, la culpabilité est reportée sur la figure du passeur. (Et tant pis pour ceux qui se rappellent que les passeurs sont symboles d’héroïsme lorsqu’on parle de la seconde guerre mondiale et des génocides commis à cette époque.)

Ainsi, lorsqu’à l’occasion de la rentrée du Petit journal de Canal plus, un journaliste demande en Turquie à un vendeur de gilets de sauvetages, puis à un adolescent se faisant payer pour aider les réfugiés à traverser la Méditerranée s’ils ne se sentent pas coupables à propos des centaines de personnes mortes au cour de leurs périples, nous ne pouvons nous empêcher de mettre en parallèle ces questions indécentes avec le ton servile utilisé sur la même chaîne vis-à-vis des flics ou des membres du gouvernement.

Si le choc éprouvé face à ces drames est parfaitement légitime, nous affirmons qu’il faut refuser de voir ses affects gérés par les médias de masse, sous peine de devoir se plaindre plusieurs fois par an, à chaque nouvelle loi anti–terroriste ou à chaque renforcement des contrôles aux frontières d’avoir été « instrumentalisé ». « Nul ne ment plus que l’homme indigné », constatait déjà Nietzsche, car pour justifier son inaction, l’indigné feint de ne pas être impliqué dans ce dont il s’émeut. C’est ce qui explique

qu’une certaine gauche morale aime les réfugiés, fantasmés comme passifs et nécessitant son secours, mais fustige le « commun-autarisme » lorsque ceux qui sont confrontés au racisme ou à la violence de la police décident de s’organiser. C’est ce qui explique aussi qu’après avoir refusé de s’impliquer, le citoyen transforme souvent son indignation en sentiment de supériorité morale, avant de retourner à son cynisme. Si les masses en colère peuvent faire une révolution, nous ne savons pas très bien ce que peuvent faire des citoyens indignés ou des membres de la classe moyenne en qui fourmille un désagréable sentiment de supériorité ...

Bien plus que l’indignation passive, la notion de complicité, qui permet d’être actif, nous paraît bien plus à même de créer des solidarités

dignes de ce nom. En étant complices de tous les migrants plutôt qu’indignés par le sort des réfugiés, nous les considérerons comme des sujets actifs, en plus de les voir comme partis prenantes de notre rapport à la ville. Être complices face au pouvoir d’Etat, c’est considérer les contrôles, le racisme, la précarité, le mal logement et la répression policière comme partis prenantes d’un rapport à la ville dans lequel nous sommes impliqués, et comme des dispositifs d’une métropole contre laquelle il s’agit de lutter. Être complices face au pouvoir d’Etat, c’est ce que firent par exemple cet été les « migrants de la Chapelle* » et ceux de leurs soutiens qui

respectaient l’autonomie de leur organisation, ou encore les étudiants qui firent annuler un meeting de Nathalie Appéré lors de la dernière campagne municipale pour exiger et obtenir la régu-larisation de leur camarade sans papiers.

« L’hOspitALité c’est LA séLectiON »

« L’AccUeiL c’est Le cONtRôLe AUx fRONtièRes »

« Le R

efUg

e c’es

t L’expULsiON »

* Cet été la police a évacué le camp de fortune de migrants placé sous un métro aérien dans le quartier de la Chapelle à Paris. Chaque fois que les déplacé·e·s se regroupaient à un endroit les pandores intervenaient pour les déloger.Pendant que la mairie se gargarisait sur les solutions temporaires et précaires qu’elle proposait, des migrants s’organisaient pour revendiquer des solutions pérennes.