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L’ADOPTEUR Gérard Hutinet

L’Adopteur L’ADOPTEUR - multimedia.fnac.commultimedia.fnac.com/multimedia/editorial/pdf/9782332608147.pdf · Chapitre I – Merci Monsieur ... il y eut une rencontre. Un homme,

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L’ADOPTEUR

Gérard Hutinet

12.08 516402

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 144.00 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 12.08 ----------------------------------------------------------------------------

L’Adopteur

Gérard Hutinet

Gér

ard

Hut

inet

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Sommaire

Introduction … – Si j’ose dire ............................... 5

Chapitre I – Merci Monsieur Lellouche ................ 7

Chapitre II – Ou : Les bourses pleines (sic) .......... 13

Chapitre III – La F.I.V ........................................... 17

Chapitre IV – Ou Comment annihiler

toute forme de personnalité. .................................. 27

Chapitre V – Mareva ............................................. 41

Chapitre VI – Ou l’hallucinant voyage ................. 47

Chapitre VII – 40° à l’ombre ................................. 57

Chapitre VIII – L’après marché ! .......................... 73

Chapitre IX – A coups de machettes ..................... 81

Chapitre X – Marchands d’esclaves ! .................... 85

Chapitre XI – La secrétaire se fait les ongles. ....... 95

Chapitre XII – L’espoir venu d’ailleurs. ............... 101

Chapitre XIII – (Chapitre de la chance)

La délivrance (Si j’ose dire … pour le coup). ....... 107

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Chapitre XIV – L’oubli ! ....................................... 117

Chapitre XV – Le retour. ....................................... 127

Chapitre XVI – L’« Adopteur »… suite ................ 131

Chapitre XVII – En guise de conclusion ! ............. 139

Chapitre XVIII – Réflexion ! ................................. 141

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Introduction

… Si j’ose dire

Madame, Monsieur, bonjour !

Non, ce n’est pas le début du journal télévisé, juste

celui d’une histoire vraie, la mienne, ou plutôt celle

du couple que nous formons, Joëlle et moi.

Joëlle est la femme que j’ai épousée, pour le

meilleur et pour le pire… Le pire étant passé, le

meilleur reste à venir à n’en pas douter !

Madame Monsieur (toujours pas le début du JT),

savez vous la différence qu’il y a entre la plupart

d’entre vous, et nous, surtout vous, messieurs ! Et

bien, quand vous désirerez un enfant, il vous suffira

de baisser le pantalon. Moi je devrai prendre l’avion.

Ce que j’ai fait, ou plutôt ce que nous avons fait, elle

et moi, main dans la main.

Le geste ne suffisait pas malheureusement, pour

obtenir le « produit » tant convoité de la fécondation,

mais c’était un bon début. Et ce fut une sacrée

aventure.

Allez, je vous la raconte. En route pour Tahiti !

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Chapitre I

Merci Monsieur Lellouche

Bien sûr, au début de l’aventure, il y eut une

rencontre. Un homme, une femme, chabadabada….…

C’est la moindre des choses. Une passion née de la

différence, une passion complémentaire, qui nous

jetait l’un sur l’autre, nous plaquait contre les murs,

nous faisait boire la tasse dans la baignoire, démontait

la table de cuisine de mon studio, sans parler du lit

qui, heureusement, n’avait pas de pieds, sinon nous

nous serions sans doute retrouvés aux urgences plus

souvent qu’à notre tour.

Elle avait trente ans, elle était mariée, j’avais 30

ans, je n’étais pas marié. Elle était enchaînée à une

vie imbécile, trop tôt mise en place, un peu pour faire

comme tout le monde, vous savez, ces jeunes filles

qui, finalement ont tellement peur de faire tapisserie

toute leur vie, qu’elles se jettent sur le premier « porte

manteau » venu. Moi, j’étais « trop libre », bouffé par

un célibat débauché, me rendant à présent compte de

l’inutilité des paillettes d’une liberté sans fin, et…

sans avenir.

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Elle était sage-femme, et préparait l’école des

cadres de Dijon.

Je n’étais pas un homme sage et étais antiquaire en

renom à Dijon.

Et c’est dans ma boutique qu’elle eut la bonne idée

un jour de casser un bibelot hors de prix.

La bienheureuse casse eut pour effet de déclencher

une passion torride, qui allait durer toute une année,

jusqu’à ce qu’approche ce qui aurait du être

logiquement le dénouement de l’aventure. Joëlle avait

présenté son mémoire, était désormais cadre sage-

femme, et allait retrouver, à Grenoble son banquier de

mari.

Le « Prince des villes » allait de nouveau se

retrouver seul, dépouillé de l’être qui, déjà, comptait

plus que tout à ses yeux.

L’être n’aurait jamais osé le lui demander, l’être

n’aurait jamais osé y croire, s’il ne le lui avait

suggéré.

– Et si nous passions le reste de notre vie ensemble ?

C’était dans un restaurant du vieux Dijon, dans le

quartier des antiquaires, un petit resto où j’avais mes

habitudes, le « Duché ». Le petit salon du premier

étage, intime, chaleureux et réservé, que nous

octroyait mon ami le chef Bastide, avait souvent servi

de décor à des assauts torrides, ou à de plus intimes et

pernicieuses caresses. Ce jour là, l’heure était grave.

Je savais que les paroles que j’allais prononcer,

engageraient ma vie entière. J’en avais les tripes

tordues de trouille. Une force irréelle m’arracha les

mots des lèvres. Je bénis, encore aujourd’hui, la

phrase qui sortit de ma bouche.

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Elle en avait rêvé de cette phrase, elle me l’a dit

plus tard, mais sur le coup, il y eut, comme quelque

chose qui clochait. Depuis quelques temps, à

l’approche de l’échéance qui nous attendait tous deux,

une forme d’angoisse nous gagnait, qui plombait

quelque peu nos élans. La tristesse marquait de jours

en jours ses traits sublimes, et la réussite de son

diplôme de cadre ne suffisait pas à la rendre heureuse.

J’en connaissais, oh ! combien, la raison. La phrase

libératrice, que j’avais prononcée pour elle, aurait dû

chasser les nuages… Pour en avoir dissipés quelques

uns, elle avait pourtant, d’un coup, charrié un énorme

cumulo-nimbus qui avait trouvé moyen de pénétrer

jusque dans le petit salon magique du « Duché ».

Elle ne m’a pas dit oui, elle ne m’a pas dit non, elle

m’a dit, les larmes aux yeux :

– J’espère que je pourrai te faire un enfant !

Un enfant ! Ça veut dire quoi ? Attendez, j’étais

déjà mort de frayeur, à la pensée d’accepter l’idée

d’une vie commune, ce n’était pas pour m’imaginer en

train de faire faire du cheval à bascule à un têtard. Bon,

un enfant, je savais que ça existait, j’en avais déjà vus

des enfants, et même sans nul doute été un, autrefois,

mais la fibre paternelle et moi… Et puis on avait

certainement autre chose à vivre que de s’encombrer

avec un bout de chair humaine insomniaque et

braillard, et de surcroit en permanence, affamé.

C’est pourquoi, honteusement, j’ose le dire, j’ai

sur le champ, intérieurement rendu grâce à ma chérie,

pour avoir émis un doute sur la question..

Et là, j’ai simulé… Salaud ! Avec la tête de

circonstance, en rapport avec le cumulo-nimbus de

tout à l’heure.

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– Oh, mais pourquoi me dis-tu cela ? Tu as l’air si

triste tout d’un coup. Tu as des soucis de ce côté… si

c’étais le cas… moi, c’est toi que je veux, le reste, tu

sais, ce’est pas trop mon truc, je m’en passerai sans

problème.

Et là j’ai compris, qu’il ne s’agissait pas de mon

problème effectivement, mais bel et bien du sien, et

qu’elle se trouvait dans une situation, qui datait déjà,

qu’elle ne supportait plus, et traînait avec elle, comme

un fardeau.

Et j’en appris davantage. C’était la toute première

fois que nous nous écartions du jeu de la passion

dévorante, pour nous livrer l’un à l’autre intimement,

et en arriver aux confidences, qui allaient être

provoquées maintenant, par la force d’un amour

naissant, qui n’allait que croître, pour ne jamais

connaître son apogée, encore aujourd’hui, alors même

que j’écris ces lignes.

Voilà : son mariage n’était pas une réussite… pas

une galère non plus. Son « banquier » était un gentil

égocentrique, qui n’avait jamais coupé le cordon avec

maman, et qui ne s’était jamais posé la question de

savoir si, inconsciemment, il n’avait pas épousé sa

mère, sous une autre forme. Joëlle, elle, avait d’autres

ambitions aujourd’hui, que de popoter, torchonner,

lave-machiner, pour le confort de « Petit Homme ».

C’est ce qui l’avait poussée, entre autres, à s’éloigner

de lui, et le prétexte s’était présenté, sous la forme

d’une ambition de carrière, qui allait la conduire dans

notre bonne ville de Dijon, et surtout dans la boutique

d’un certain antiquaire.

Bien sûr, elle avait pensé, que la venue d’un enfant

allègerait cette existence. Elle avait attendu

l’évènement, que l’on dit heureux, tout au long des dix

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ans de ce premier mariage, mais cela ne s’était pas

produit. Pourquoi ? Elle était bien placée pour

envisager toutes les possibilités cliniques, qui auraient

pu lui interdire de procréer ; elle avait fait les examens

et les démarches nécessaires, rien ne s’opposait à une

grossesse. Restait à savoir si lui « Petit homme »

possédait la précieuse matière, base même du projet en

cours. Et bien non, il n’était, malheureusement, pas en

possession de la source vitale en question. Les

examens le révélèrent : cela s’appelait, et s’appelle

toujours d’ailleurs ; azoospermie : absence totale de

spermatozoïdes dans l’éjaculat masculin, (si, si, il y en

a de féminins, je vous promets, a voir dans « la

Madine » du même auteur). Donc, en fait, les bourses

du banquier étaient vides ; c’était quand même un

comble ! Mais en même temps, on n’est pas là pour se

marrer, d’autant que ça n’avait fait rire ni l’un ni

l’autre des protagonistes, et aujourd’hui, ma belle

nourrissait toujours l’espoir, elle qui ne cessait de

mettre des enfants au monde, de tenir dans ses bras le

fruit de ses entrailles. (Amen) Cela faisait partie de ce

qui lui serait indispensable, un rêve à réaliser, la

recherche d’un Graal, avec en prime, un tendre

penchant, pour celui qui donnerait le départ à la

fameuse course de spermatozoïdes, pour gagner la

délicieuse timbale de chair vive.

C’est drôle comme c’est curieux et fragile un

homme, surtout quand il est amoureux comme je

l’étais. Au fur et à mesure que Joëlle me révélait ses

tourments, je me liquéfiais littéralement. La tristesse

de ses propos, la nostalgie qui se lisait à présent dans

ses yeux, étaient en train de me foutre « enceint…e ».

Quelques instants auparavant, j’étais une sorte de

macho, qui ne pensait qu’au bonheur de partager une

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vie de liesse, avec une des plus belles femmes qu’il

ait rencontrées, et j’échafaudais les plans d’une douce

existence, sans problématique particulière, remplie

d’insouciance, et de confort.

Et là, j’étais bouleversé, retourné comme une

crêpe, par les larmes qui perlaient de deux yeux

d’ébène, les faisant luire davantage encore. En un

instant j’avais compris qu’il lui faudrait, qu’il nous

faudrait cet enfant, et d’un coup, d’un seul, j’en eu

brusquement l’envie.

Restait une question que je souhaitais poser.

– Et vous n’avez jamais songé à adopter ?

– Mon mari n’a jamais voulu en entendre parler.

– Et bien écoute, moi, ce n’aurait pas été un

problème, je n’ai pas forcément besoin de

« contresigner » ma virilité.

Je ne croyais pas si bien dire !

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Chapitre II

Ou :

Les bourses pleines (sic)

Après ce jour là, les choses allèrent très vite. Joëlle

annonça à son banquier de mari qu’elle souhaitait

divorcer. Il tomba de haut, comme tous ces hommes

qui oublient de se poser des questions sur ceux qui les

entourent. Il fut très malheureux c’est certain, mais

raisonnable, et s’il n’y avait pas vraiment eu de

dialogue entre Joëlle et lui durant leur vie commune,

curieusement, il s’en installa un pour mener à bien

leur séparation. « Petit Homme » était pugnace, mais

eut l’intelligence de comprendre que la partie était

perdue. Lui resta, l’élégance d’un divorce à l’amiable,

et une amitié durable avec son ex-femme. Mais après

tout, avaient ils été autre chose que des « copains »

durant les dix années de leur mariage ? Et, c’est peut

être de cela qu’ils se sont rendus compte, en guise de

conclusion.

Quelques années plus tard il quittait ce monde,

emporté par un méchant cancer. Joëlle en fut très

attristée, et je crois que, moi aussi. Bien que ne le

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connaissant pas, je lui avais été reconnaissant, pour

l’attitude chevaleresque dont il avait fait preuve,

quand je lui avais « piqué » sa femme, car finalement,

il n’y a pas d’autres mots.

A l’issue de sa promotion, deux possibilités

s’offraient à Joëlle :

La direction d’une maternité à Papeete, Pacifique

sud, ou la direction de la maternité de l’hôpital de

Neufchateau, Vosges 88, « trou du cul du monde ».

Bien… En ce qui me concernait, J’avais un métier

que j’adorais, et qui financièrement me comblait,

qu’aurais je bien pu faire en Polynésie, de mes dix

doigts et de mon savoir ? Le soleil allait risquer de

carboniser ma matière grise, ce qui la rendrait noire,

et avec de la matière noire, j’allais faire quoi ?

Vivre sous la clim, une caisse de bière à portée de

main, quand j’en aurais eu marre de sortir à tour de

bras des poissons du pacifique, ou de m’égratigner le

bide sur le corail, en faisant de la plongée !

Alors elle, Joëlle a choisi Neufchateau (88) « trou

du chose » du monde. »

Dans un premier temps, comme ce n’était pas très

loin de Dijon, nous nous voyions chaque fin de

semaine, et puis, la décision fut prise de nous

rapprocher.

Je pouvais pratiquer mon métier autrement qu’en

boutique, en faisant des salons, et en ayant un dépôt

pour travailler avec les nombreux marchands

étrangers : allemands, belges, hollandais,

luxembourgeois et autres, qui transitaient par

Neufchateau, dans leurs tournées de chine. J’eus

bientôt une notoriété, et mes affaires allaient bon

train. Nous achetâmes une vieille et grande maison,