32

L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité
Page 2: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité
Page 3: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

3

L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité (métallurgie, fabrication de produits métalliques, automobile) qui ont été durement touchés par la crise survenue en 2008. Elle a de ce fait perdu de nombreux emplois et ces réductions d’effectifs ont fortement pesé sur l’économie régionale. Pour autant, l’industrie manufacturière n’est pas plus spécialisée en Lorraine que dans la moyenne des autres régions françaises et ses domaines de spécialisation, pris globalement, lui ont même permis de contenir la baisse de l’emploi. Les difficultés rencontrées semblent moins tenir à un positionnement structurel qu’à une perte d’attractivité, principalement localisée dans des territoires vosgiens. Les investissements, notamment étrangers, que draine la région ne profitent sans doute pas suffisamment au Sud de la Lorraine. Le pôle de compétitivité Fibres, axé sur les secteurs du bois, du papier et du textile, activités traditionnelles de ces territoires, devrait corriger ces déséquilibres.

UN RECUL DES EFFECTIFS INDUSTRIELS QUI AFFECTE FORTEMENT L’EMPLOI SALARIE EN LORRAINE En 2012, l’industrie manufacturière en Lorraine comptait un peu moins de 108 700 emplois salariés. Elle en a perdu environ 18 500 depuis 2008, soit une baisse de 14,6 % en quatre ans qui la place parmi les régions les plus affectées (cf. carte 1). La Lorraine est passée du 10e au 11e rang pour ses effectifs industriels qui représentent 3,9 % de l’emploi manufacturier en France en 2012 au lieu de 4,2 % en 2008. Elle demeure en revanche au 11e rang pour le poids du secteur manufacturier dans l’emploi salarié, qui atteignait 20,4 % en 2012.

Page 4: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

4

Ce recul dans l’industrie manufacturière a eu un fort impact sur l’économie régionale. Il a contribué directement pour 3,3 points à la baisse de 5,3 % de l’emploi salarié en Lorraine, la plus forte de toutes les régions françaises, alors que l’impact direct sur l’emploi salarié régional est en moyenne de - 1,9 point en province et de - 1,6 point en France métropolitaine.

En fait, l’impact est même plus important, car la baisse de l’emploi industriel a des effets d’entraînement sur d’autres secteurs.

Page 5: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

5

Par ailleurs, la crise a davantage touché l’industrie manufacturière des zones d’emploi de Thionville et des Vosges1 que celle, aux effectifs plus nombreux, des zones de Metz et de Nancy. La plus épargnée est toutefois celle de Forbach.

1 La baisse des effectifs fut la plus forte dans les zones d’emploi de Lunéville et de Longwy mais l’industrie manufacturière y est de taille très modeste.

Page 6: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

6

UNE INDUSTRIE DONT LES PRINCIPAUX SECTEURS SONT DUREMENT TOUCHES PAR LA CRISE

En Lorraine, l’industrie manufacturière est dominée par les secteurs de l’automobile, de l’agro-alimentaire et de la fabrication de produits métalliques (sauf les machines). Si l’on ajoute à ce secteur, la métallurgie, les matériaux métalliques sont le premier secteur d’activité en termes d’emplois (près de 23 000, soit 21,1 %). L’ensemble de ces secteurs emploient près de la moitié des salariés de l’industrie manufacturière en Lorraine et contribuent presque pour moitié à la baisse de leurs effectifs (- 7 points sur - 14,6).

Graphique 1 - source ACOSS Emploi salarié dans l’industrie manufacturière de Lorraine en 2012

Cette structure sectorielle explique-t-elle que la Lorraine soit la région où la baisse de l’emploi salarié industriel est la plus forte ? En d’autres termes, ces secteurs dominants en Lorraine sont-ils parmi les plus touchés par la crise au niveau national ? En France métropolitaine, les réductions d’emplois de 2008 à 2012 dans l’automobile, la fabrication de produits métalliques et la métallurgie dépassent d’au moins 3 points celle observée dans l’ensemble des branches manufacturières. Dans les deux premiers secteurs, le recul de l’emploi reflète celui de la valeur ajoutée tandis que le déclin de l’emploi dans la métallurgie résulte d’importants gains de productivité dans un contexte de forte croissance du secteur2.

2 Les données de valeur ajoutée en volume et d’emplois équivalents temps-plein, salariés ou non, nécessaires au calcul de la productivité proviennent des comptes nationaux. Durant la période 2008-2011 (l’année 2012 est encore indisponible), les gains de productivité sont de 11,4% dans la métallurgie alors que la productivité diminue dans la fabrication de produits métalliques (-0,9 %) et dans l’industrie automobile (-1,5 %). L’évolution de la valeur ajoutée en volume dans ces trois secteurs est respectivement de 5,3 %, -3,3 % et -7,0 %.

Page 7: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

7

Les difficultés plus grandes de ces trois secteurs en termes d’emploi contribuent à la présence d’un effet structurel négatif en Lorraine, même si la baisse modérée de l’emploi du secteur agro-alimentaire en France tempère ce constat. Toutefois, trois sur quatre de ces secteurs dominants en Lorraine accusent une baisse de l’emploi nettement plus forte qu’au niveau national. Par conséquent, il est difficile à ce stade d’imputer la forte baisse de l’emploi industriel dans la région uniquement à la structure sectorielle de la Lorraine. Un effet régional, dit géographique pour tout territoire, accentuerait-il ces évolutions sectorielles ?

Graphique 2 - source ACOSS Taux d’évolution de l’emploi salarié en Lorraine et en France de 2008 à 2012

Page 8: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

8

UN EFFET STRUCTUREL LIMITE, UN EFFET GEOGRAPHIQUE IMPORTANT MAIS LOCALISE

L’évolution de l’emploi manufacturier dans un territoire peut se décomposer en trois effets. Le premier traduit l’évolution nationale de l’industrie résultant des conditions macroéconomiques. Il est donc commun à tous les territoires et tous les secteurs manufacturiers. Le deuxième est structurel. Il détermine dans quelle mesure l’évolution de l’emploi salarié dans le territoire reflète les évolutions sectorielles observées au niveau national. Enfin le troisième est géographique. Il détermine dans quelle mesure les secteurs manufacturiers du territoire se comportent globalement mieux ou moins bien qu’au niveau national. Cet effet d’appartenance locale peut donc les favoriser ou les pénaliser selon le degré d’attractivité du territoire qui influe sur les investissements et les mobilités des salariés. Il peut aussi tenir au pouvoir d’entraînement de secteurs dominants sur d’autres moins prégnants localement, au point que la plupart des secteurs de l’industrie du territoire se démarquent alors des évolutions nationales. Une analyse statistique (cf. encadré et annexe) permet de quantifier simultanément les effets structurel et géographique. Elle révèle que l’évolution de l’emploi salarié industriel pâtit, certes, de la structure sectorielle de la Lorraine comme dans dix autres régions métropolitaines, mais dans d’assez faibles proportions (cf. carte 3). L’effet géographique explique davantage la baisse de l’emploi salarié industriel en Lorraine où il est particulièrement défavorable comme en Champagne-Ardenne et en Picardie (cf. carte 4).

Tableau 1 Décomposition de la baisse de l’emploi salarié de 2008 à 2012

dans l’industrie manufacturière en Lorraine (en %)

EVOLUTION NATIONALE

EFFET STRUCTUREL EN LORRAINE

EFFET GEOGRAPHIQUE EN LORRAINE

EVOLUTION EN LORRAINE

- 9,2 - 1,6 - 3,8 - 14,6

( 1 ) ( 2 ) ( 3 ) (1) + (2) + (3)

Page 9: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

9

Page 10: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

10

A l’inverse, la région Midi-Pyrénées bénéficie d’un effet très favorable. Peut-être l’essor de l’aéronautique, pris en compte dans l’effet structurel3, dynamise-t-il les autres secteurs de cette région et contribue-t-il à créer un tel effet géographique. En Lorraine, les difficultés de certains secteurs manufacturiers ont pu se répercuter sur d’autres et amplifier le recul de l’emploi industriel. Au niveau infrarégional, l’effet géographique se manifeste dans trois des sept zones d’emploi lorraines étudiées4 (cf. carte 6) : Epinal (- 5,8 points sur l’évolution des effectifs salariés de l’industrie manufacturière), Remiremont (- 6,3) et Thionville (- 6,6). Il est là aussi prépondérant sur l’effet structurel qui n’excède pas - 2,5 points. Ce dernier est toutefois présent dans toutes les zones étudiées, sauf dans celle de Forbach (cf. carte 5). La structure sectorielle de l’industrie manufacturière accentue donc la baisse des effectifs sur presque tout le territoire lorrain étudié, mais dans des proportions relativement limitées et similaires. Par conséquent, la plus forte baisse de l’emploi industriel dans ces zones d’emploi tient largement à un effet géographique très localisé.

MESURE DES EFFETS STRUCTUREL ET GEOGRAPHIQUE La méthode utilisée pour mesurer ces effets n’est pas comptable mais économétrique. De ce fait le facteur géographique n’est pas ce que le facteur structurel ne saurait expliquer. Les deux effets sont mesurés selon le même principe. Une variable est associée à chacune des branches industrielles, une autre à chacune des zones d’emploi. Les premières reflètent un effet structurel associé à une branche et commun à tous les territoires, les secondes traduisent un effet géographique associé à une zone d’emploi et transversal à toutes les branches industrielles.

La méthode économétrique permet de mesurer l’impact de chacune de ces variables sur le taux d’évolution de l’emploi salarié de chacune des branches manufacturières dans chacune des 120 zones d’emploi retenues (celles ayant au moins 8 000 salariés dans l’industrie manufacturière en 2008). Elle repose donc sur 2880 observations (120 zones X 24 branches).

Outre l’estimation de ces impacts, la méthode permet de tester de leur pertinence statistique, c’est-à-dire de la probabilité forte ou non que ces impacts ne soient pas nuls. Ces tests portent sur les effets géographiques et structurels dans l’ensemble des zones mais aussi dans chacune d’elles.

On peut ainsi apprécier la pertinence ou non de cette dissociation effet structurel / effet géographique de façon générale ou localement.

3 Le secteur « Autre matériel de transport » de la nomenclature NA88 proposée par l’INSEE a été éclaté à dessein en trois branches : aéronautique, construction navale, autres (essentiellement le matériel ferroviaire). 4 L’analyse statistique porte sur les 120 zones d’emploi les plus importantes en termes d’effectifs salariés dans l’industrie manufacturière, c’est-à-dire celles comptant au moins 8000 salariés dans ce secteur en 2008. En Lorraine, elles sont au nombre de sept : Thionville, Metz, Forbach, Sarreguemines, Nancy, Epinal, Remiremont.

Page 11: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

11

Page 12: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

12

DES SECTEURS DOMINANTS AUX EFFETS D’ENTRAINEMENT NEGATIFS OU UNE PERTE D’ATTRACTIVITE DE CERTAINS TERRITOIRES ? Quels sont dans chacune des zones de Thionville, d’Epinal et de Remiremont les secteurs dominants en difficultés susceptibles d’expliquer un tel effet ? On a retenu ceux qui ont à la fois contribué pour plus de 1 point chacun à la baisse de l’emploi salarié industriel et qui ont enregistré un recul de leurs effectifs salariés plus marqué qu’au niveau national.

Dans la zone de Thionville, deux des trois secteurs identifiés (cf. graphique 3) sont la métallurgie et la fabrication de produits métalliques, dont les activités sont a priori étroitement liées et qui emploient la moitié des salariés de l’industrie manufacturière locale. Leur contribution au recul de ces emplois (- 12,7 points des - 17,5 % de 2008 à 2012) explique pour l’essentiel cet effet géographique.

Les deux zones d’emploi vosgiennes se distinguent de celle de Thionville par une industrie plus diversifiée, donc par des secteurs dominants moins prégnants et plus nombreux (cf. graphiques 4 et 5). Chacun d’eux a un impact nettement plus limité sur l’emploi industriel. A Epinal, ce sont les industries alimentaires qui contribuent le plus, mais de - 3,1 points, à la baisse de - 16,8 % des effectifs manufacturiers de 2008 à 2012 ; à Remiremont, c’est la fabrication de produits métalliques qui a l’impact le plus prononcé, de - 3,5 points, sur le recul de l’emploi manufacturier de - 17,9 %. Dans ces deux cas, l’effet géographique ne se résume probablement pas à un seul secteur qui entraînerait le reste de l’industrie locale dans une forte réduction de ses effectifs.

Graphique 3 - source ACOSS Taux d’évolution de l’emploi salarié de 2008 à 2012 dans la zone d’emploi de THIONVILLE

Page 13: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

13

Graphique 4 - source ACOSS Taux d’évolution de l’emploi salarié de 2008 à 2012

dans la zone d’emploi d’EPINAL

Graphique 5 - source ACOSS Taux d’évolution de l’emploi salarié de 2008 à 2012

dans la zone d’emploi de REMIREMONT

Page 14: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

14

Lorsque les secteurs dominants en difficulté sont nombreux ou que leurs liens économiques avec le reste de l’industrie locale sont ténus, l’effet géographique revêt une autre signification. Il révèle les gains ou pertes d’attractivité industrielle d’une région ou d’une zone d’emploi, qui induiraient des investissements accrus ou réduits sur son territoire et de ce fait, de meilleures ou de moindres performances de ces secteurs en termes d’emplois. Il est difficile de conclure pour les zones vosgiennes, faute de statistiques à cet échelon territorial. Les investissements étrangers en revanche sont connus au niveau régional et permettent d’apporter un éclairage sur l’attractivité de la Lorraine.

Au cours des années 2008-2012, la Lorraine a bénéficié d’investissements étrangers qui ont créé ou maintenu près de 6 100 emplois, en forte proportion dans l’industrie manufacturière5. Rapportés aux effectifs salariés moyens durant la période, ils positionnent la Lorraine au quatrième rang des régions de France métropolitaine (cf. graphique 6). La Lorraine a attiré d’autant plus de capitaux étrangers qu’ils sont déjà fortement présents dans la région.

Graphique 6 - sources : AFII, ACOSS Poids des emplois créés ou maintenus de 2008 à 2012

par les investissements étrangers dans les effectifs salariés (en %)

5 En 2012, 64% des 25 908 emplois créés ou sauvegardés en France par les investissements étrangers se trouvent dans l’industrie manufacturière (source : AFII, rapport annuel 2012).

Page 15: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

15

L’Agence Française pour les Investissements Internationaux (AFII) souligne en effet que « la concentration d’entreprises de même nationalité dans une zone géographique accroît l’attractivité de cette zone pour les nouveaux investisseurs »6. Or en 2010, 38 % des emplois industriels en Lorraine se trouvent dans des entreprises sous contrôle étranger. La proportion n’est supérieure qu’en Alsace (46 %) et limitée à 24 % à l’échelle nationale. Si la Lorraine souffre d’une moindre attractivité, elle semble donc se manifester bien plus auprès des investisseurs français qu’étrangers. Pour conserver ou renforcer cette attractivité, la Lorraine doit consolider et accroître ses secteurs, industriels ou tertiaires, qui sont intensifs en technologie et à forte valeur ajoutée car ce sont ceux que privilégient de plus en plus les investisseurs étrangers selon l’AFII. Or la part des secteurs industriels d’un niveau de technologie plutôt élevé7 dans l’emploi manufacturier est de 30,7 % dans la région en 2012 quand elle atteint 37,9 % en France métropolitaine et 35,2 % en province. La Lorraine est de surcroît marquée par des déséquilibres géographiques importants. Quatre zones d’emploi mosellanes (Metz, Thionville, Forbach, Sarreguemines) concentrent 2/3 des emplois de ces secteurs. Leur poids dans les effectifs de l’industrie manufacturière y est supérieur à la moyenne nationale, atteignant même 54,9 % dans la zone de Metz quand il ne dépasse pas 19,7 % dans la zone de Nancy. Il est encore plus faible au sud de la Lorraine, dans les zones d’emploi vosgiennes de Saint-Dié-des-Vosges, Remiremont et Neufchâteau. Dans les zones d’Epinal et de la Meuse, la proportion est d’un niveau intermédiaire, compris entre 23 et 30 %.

6 AFII, rapport annuel 2012, p. 38. 7 Dans la classification établie par l’OCDE et reprise par Eurostat, les secteurs de haute technologie sont l’industrie pharmaceutique, la fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques, la construction aéronautique et spatiale ; les secteurs de moyenne-haute technologie sont l’industrie chimique, la fabrication d’armes et de munitions, la fabrication d’équipements électriques, la fabrication de machines et équipements, l’industrie automobile, la construction de matériel ferroviaire, la fabrication d’instruments et de fournitures à usage médical et dentaire.

Page 16: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

16

La concentration de ces emplois en Moselle reflète pour une très large part la localisation de l’industrie automobile8 qui, en Lorraine, est le premier secteur manufacturier à niveau de technologie plutôt élevé. « Il a été marqué par l’implantation du groupe Mercedes Benz et de l’assemblage de la Smart. A contretemps d’un contexte national difficile, le secteur de la sous-traitance automobile lorrain a pu partiellement bénéficier de son intégration à la filière allemande plus résistante. Les extensions d’entreprises représentent toujours plus de la moitié des créations d’emplois nouveaux et l’Allemagne reste le premier pays partenaire.»9

8 En Lorraine, 85,3% des emplois salariés de l’industrie automobile sont situés dans les zones d’emploi de Metz, Thionville, Forbach et Sarreguemines.

9 Source : Région Lorraine, citée dans AFII, rapport annuel 2012, p.20.

Page 17: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

17

Mais les autres secteurs industriels prépondérants dans la région ne figurent pas parmi les plus intensifs en recherche et haute technologie. Toutefois, les pôles de compétitivité situés le long du Sillon Lorrain sont de nature à attirer les capitaux étrangers vers d’autres secteurs que l’industrie automobile, dans d’autres territoires que les zones d’emploi mosellanes. Comme le rappelle l’AFII, « les politiques d’attractivité fondées sur la valorisation ciblée des atouts des territoires, et sur une forme de spécialisation des activités, notamment par le biais des pôles de compétitivité, ont un impact positif pour attirer les investissements des nouvelles multinationales ».10

10 AFII, rapport annuel 2012, p.38.

Page 18: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

18

LES SOUS-SECTEURS DE SPECIALISATION DE L’INDUSTRIE LORRAINE RESISTENT MIEUX EN MOYENNE A LA CRISE Quelle est la spécialisation industrielle de la Lorraine susceptible de constituer des atouts pour ses territoires ?

La Lorraine ne présente pas de forte spécialisation industrielle. Elle se situe dans la moyenne des régions métropolitaines11. Sur 92 sous-secteurs de l’industrie manufacturière (la classification est plus détaillée que celle utilisée précédemment pour apprécier plus finement la spécialisation), 32 sont de taille relativement conséquente en Lorraine au point de représenter chacun plus de 1 000 emplois salariés en 2012. Parmi ces sous-secteurs, 19 ont un poids en Lorraine supérieur de 50 % à celui observé à l’échelle nationale (l’indice de spécialisation qui rapporte ces deux proportions est alors supérieur à 1,5). Ils représentent la moitié des effectifs salariés de l’industrie manufacturière lorraine.

Tableau 12 Les sous-secteurs de spécialisation de l’industrie manufacturière lorraine

2012 EFFECTIFS

SALARIES

POIDS DE LA LORRAINE DANS L’EMPLOI SALARIE

DU SOUS-SECTEUR

INDICE DE SPECIALISATION

Traitement à froid de l’acier 1 025 17,9 % 5,8 Sidérurgie 4 512 16,6 % 5,4 Pâte à papier, papier et carton 2 197 12,8 % 4,2 Fonderie 2 990 11,1 % 3,6 Produits abrasifs 1 040 10,3 % 3,4 Verre et articles en verre 2 995 8,0 % 2,6 Construction d’automobiles 9 106 7,3 % 2,4 Outillage, quincaillerie 1 969 6,9 % 2,3 Produits laitiers 2 667 6,8 % 2,2 Equipements automobiles 4 546 6,4 % 2,1 Forge 2 284 5,9 % 1,9 Boissons 1 699 5,9 % 1,9 Articles en bois 2 626 5,6 % 1,8 Autres ouvrages en métaux 2 690 5,5 % 1,8 Autres textiles 1 648 5,5 % 1,8 Machines d’usage général 3 071 5,1 % 1,7 Articles en papier ou carton 2 232 4,8 % 1,6 Moteurs 2 303 4,8 % 1,6 Installation de machines 3 863 4,6 % 1,5

11 Le degré de spécialisation industrielle est mesuré par l’indice de Krugman pour chacune des régions métropolitaines à partir de la nomenclature de l’INSEE NA272 qui comprend 92 sous-secteurs manufacturiers. Tandis que l’indice figurant dans le tableau 2 est un indicateur spécifique à un sous-secteur, l’indice de Krugman offre une mesure synthétique concernant l’ensemble de l’industrie manufacturière.

Page 19: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

19

La spécialisation permet à une partie de l’industrie lorraine de conserver son influence. Proportionnellement elle perd à peine plus d’emplois salariés que la même industrie en France. Le poids de la Lorraine est de fait inchangé. L’absence de spécialisation conduit en revanche à une baisse des effectifs deux fois plus forte en Lorraine (cf. graphique 7).

Graphique 7 - source ACOSS Taux d’évolution de l’emploi salarié de 2008 à 2012

* Les sous-secteurs de non-spécialisation ont un indice inférieur à 1,5. Ils ne sont pas surreprésentés en Lorraine.

Page 20: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

20

Pour autant, la spécialisation qui devrait être un atout pour les sous-secteurs concernés ne leur confère pas d’avantage en termes d’évolution de l’emploi, sans doute parce qu’ils sont majoritairement en difficulté. Pour 12 d’entre eux, le chiffre d’affaires au plan national diminue alors qu’il augmente de 1,6 % de 2008 à 2012 dans l’ensemble de l’industrie manufacturière française (cf. graphique 8). La chute est même comprise entre - 10 % et - 15 % pour 3 des 5 sous-secteurs de Lorraine les plus spécialisés, qui représentent chacun plus de 10 % de l’emploi salarié national dans leur domaine. Ces trois sous-secteurs (le traitement à froid de l’acier12, la sidérurgie et la fonderie) se rapportent à la métallurgie et concernent 8 500 salariés.

Graphique 8 sources : ACOSS pour les salariés, INSEE Alisse pour le chiffre d’affaires

Evolution du chiffre d’affaires de 2008 à 2012 à l’échelon national et poids de la Lorraine en 2012 dans les effectifs salariés nationaux

12 L’intitulé dans la nomenclature de l’Insee est : « Fabrication d’autres produits de première transformation de l’acier ».

Page 21: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

21

La fonderie en Lorraine, dominée par la multinationale Saint-Gobain PAM, se distingue cependant des deux autres sous-secteurs métallurgiques par un recul de l’emploi salarié moins prononcé qu’à l’échelle nationale (cf. graphique 9). Le poids de la région dans les effectifs salariés de la fonderie s’en est trouvé majoré de 1,4 point en quatre ans. A l’inverse, il diminue de 1,9 point dans la sidérurgie et de 1,3 point dans le traitement à froid de l’acier. Ce sont les deux baisses les plus marquées. La fabrication de pâte à papier, de papier et de carton enregistre également un fléchissement significatif de 0,8 point13. Les difficultés de ces trois sous-secteurs, les plus spécialisés de Lorraine, ne furent pas compensées entièrement par le renforcement d’autres activités industrielles, en particulier la fonderie ou le verre. Elles contribuent presque pour moitié au recul de la région durant les quatre années de crise, laquelle ne représente plus que 3,9 % des effectifs salariés de l’industrie manufacturière française en 2012 au lieu de 4,2 % en 2008. L’importance économique de ces trois sous-secteurs pour la Lorraine a conduit, il y a dix ans, à la constitution des pôles de compétitivité Materalia et Fibres, centrés sur leurs activités. La sidérurgie et la fabrication de pâte à papier, de papier et de carton étant les sous-secteurs de spécialisation les plus capitalistiques14 de l’industrie lorraine, ces deux pôles doivent contribuer à attirer les investissements nécessaires au renouvellement et à la modernisation de l’appareil productif et à consolider ainsi le poids de la Lorraine dans ces domaines d’activité. Leur dimension stratégique pour le développement économique de la région fut de nouveau rappelée dans le récent Pacte Lorraine qui en a fait des priorités pour les actions et les financements programmés.

13 Le sous-secteur de la « forge, emboutissage, estampage ; métallurgie des poudres » voit également le poids des emplois salariés lorrains diminuer de 0,8 point de 2008 à 2012. 14 En France, le ratio immobilisations corporelles / effectifs salariés est 3,5 fois plus élevé dans la sidérurgie et 3,3 fois plus élevé dans la fabrication de pâte à papier, de papier et de carton qu’il ne l’est en moyenne dans l’industrie manufacturière.

Page 22: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

22

Graphique 9 sources : ACOSS pour les salariés, INSEE Alisse pour le chiffre d’affaires

Evolution du chiffre d’affaires de 2008 à 2012 à l’échelon national et Variation du poids de la Lorraine dans les effectifs salariés nationaux

Ces sous-secteurs de spécialisation sont pour certains d’entre eux concentrés dans une zone d’emploi (cf. tableau 3).

Page 23: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

23

Tableau 3 Localisation des sous-secteurs de spécialisation dans les zones d’emploi lorraines

SOUS-SECTEUR DE SPECIALISATION

EFFECTIFS SALARIES EN 2012

LORRAINE ZONES D’EMPLOI

Produits laitiers 2 667 Verdun (772), Remiremont (663), Saint-Dié (467)

Boissons 1 699 Neufchâteau (1 401)

Autres textiles 1 648 Remiremont (630), Forbach (465), Epinal (375)

Articles en bois 2 626 Epinal (525), Metz (440), Remiremont (440)

Pâte à papier, papier, carton 2 197 Epinal (1 166), Saint-Dié (798)

Articles en papier ou carton 2 232 Nancy (977), Epinal (375), Sarrebourg (323)

Verre et articles en verre 2 995 Saint-Dié (742), Forbach (623), Sarrebourg (426), Sarreguemines (385), Neufchâteau (328), Nancy (291)

Produits abrasifs 1 040 Nancy (704), Metz (283)

Sidérurgie 4 512 Thionville (3163), Metz (973)

Traitement à froid de l’acier 1 025 Bar-le-Duc (679)

Fonderie 2 990 Nancy (1 814)

Forge 2 284 Metz (541), Forbach (520), Longwy (396), Nancy (316)

Outillage, quincaillerie 1 969 Sarrebourg (924), Saint-Dié (487)

Autres ouvrages en métaux 2 690 Epinal (588), Nancy (486), Saint-Dié (364), Bar-le-Duc (350)

Moteurs 2 303 Metz (726), Nancy (524), Forbach (457), Sarreguemines (358)

Machines d’usage général 3 071 Forbach (980), Epinal (713), Thionville (676)

Construction d’automobiles 9 106 Metz (7 731), Sarreguemines (918)

Equipements automobiles 4 546 Thionville (1 159), Sarreguemines (947), Remiremont (663), Forbach (634), Metz (626)

Installation de machines 3 863 Nancy (1 464), Forbach (798), Metz (730)

Toutefois, en Lorraine, la spécialisation de l’industrie n’induit pas une spécialisation des territoires. Les 15 zones d’emploi de la région présentent en général une relative diversité d’activités industrielles, qui complète les sous-secteurs caractéristiques de l’économie locale. Seulement 4 zones d’emploi se révèlent moins diversifiées que la moyenne nationale15 : Sarrebourg et Thionville en Moselle, Bar-le-Duc et Commercy dans la Meuse.

15 De même que pour les régions, le degré de spécialisation industrielle est mesuré par l’indice de Krugman pour chacune des zones d’emploi de France métropolitaine. Il offre une mesure globale de la diversité des activités sans déterminer pour autant les sous-secteurs de spécialisation. Ils ont été identifiés précédemment au niveau régional, d’une échelle plus vaste et donc plus appropriée à la comparaison avec le niveau national.

Page 24: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

24

UNE FORTE CONCENTRATION DE L’INDUSTRIE MANUFACTURIERE LORRAINE Quoiqu’assez peu spécialisés en moyenne, certains territoires lorrains présentent néanmoins une forte concentration de l’emploi industriel en quelques grands établissements. Dans 8 zones d’emploi sur 15, environ la moitié des salariés de l’industrie manufacturière travaillent dans des établissements d’au moins 200 personnes : un peu plus de 50 % dans les zones de Thionville, Metz, Sarreguemines et Bar-le-Duc, un peu moins dans les zones de Sarrebourg, Neufchâteau, Epinal et Saint-Dié-des-Vosges (cf. carte 8). Au niveau régional, la proportion est de 43,7 % et atteste d’une plus forte concentration qu’au niveau national (38,7 % en France métropolitaine).

Une telle concentration peut comporter des avantages. De par leur appartenance à des groupes industriels aux réseaux mondiaux et aux moyens financiers importants, les grands établissements témoignent en général de plus fortes capacités de recherche et d’exportations. Mais s’ils appartiennent à un même secteur d’activité comme dans plusieurs zones d’emploi lorraines, cet atout peut se révéler une fragilité.

Page 25: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

25

L’économie locale est alors en effet très dépendante d’un seul secteur16, sans l’être toutefois d’un seul établissement. Dans la zone de Neufchâteau, 3 grands établissements des industries agro-alimentaires et de boissons emploient 42,8 % des salariés de l’industrie manufacturière du territoire en 2011. La proportion est de 38,6 % pour 4 grands établissements de l’industrie automobile dans la zone de Metz et de 35,6 % pour 2 grands établissements de la métallurgie et de la fabrication de produits métalliques (hors machines) dans la zone de Thionville.

A l’inverse, les zones d’emploi de Sarreguemines, d’Epinal, de Saint-Dié-des-Vosges, de Sarrebourg et de Bar-le-Duc se caractérisent par une industrie, certes concentrée, mais plus diversifiée. Le poids des grands établissements d’un secteur n’excède pas 25 % des effectifs salariés de l’industrie manufacturière locale.

Enfin, malgré son poids économique, la zone d’emploi de Nancy se singularise par une industrie manufacturière peu concentrée et diversifiée. Seulement 31 % de ses salariés travaillent dans les 13 grands établissements industriels du territoire, dont 12,3 % dans les 4 grands établissements de la métallurgie et de la fabrication de produits métalliques (hors machines).

16 Les effectifs salariés par taille d’établissement pour l’année 2011 sont disponibles dans la nomenclature NA38 de l’Insee, qui subdivise l’industrie manufacturière en 13 secteurs seulement.

Page 26: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

26

Page 27: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

27

ANNEXE

Analyse structurelle – géographique

Méthode de l’analyse de la variance à deux facteurs

PRINCIPES Méthode : estimation d’une relation économétrique où l’évolution de l’emploi d’un secteur dans un territoire durant une période donnée dépend de variables binaires d’appartenance à chacun des territoires et à chacun des secteurs (ou variables indicatrices) de manière à mesurer leurs effets spécifiques respectifs. Exemple : 120 variables binaires d’appartenance à chacune des 120 zones d’emploi ayant plus de 8 000 salariés dans l’industrie manufacturière en 2008. 24 secteurs de l’industrie manufacturière. Une observation est le taux d’évolution des effectifs salariés d’un secteur dans une zone d’emploi. Estimation des 145 coefficients (120 coefficients territoriaux, 24 coefficients sectoriels et la constante) réalisée avec 2 880 observations (120 zones X 24 secteurs). AVANTAGES L’effet géographique ou territorial n’est pas obtenu par solde (tout ce qui n’est pas expliqué par l’effet structurel ou sectoriel) mais mesuré. Un test statistique mesure si le facteur géographique et le facteur structurel obtenus sur l’ensemble des observations sont significatifs, en d’autres termes si la probabilité est très forte que les effets des régions ou des secteurs ne soient pas nuls. Les effets géographique et sectoriel sont calculés pour chaque territoire et testés : La probabilité est-elle très forte que ces effets ne soient pas nuls ?

Page 28: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

28

CALCULS 17 Le taux d’évolution de l’emploi du secteur j dans le territoire i eij se décompose ainsi :

ai : coefficient associé au territoire Ti : effet spécifique à la région Ti bj : coefficient associé au secteur Sj : effet spécifique au secteur Sj c : constante non associée à un territoire ou à un secteur εij : résidu de l’équation 1 ≤ i ≤ I territoires 1 ≤ j ≤ J secteurs Du fait de la relation linéaire entre la constante et la somme des variables binaires, les coefficients ne sont pas identifiables et ne peuvent être mesurés. Deux contraintes sont nécessaires :

E : emploi tous territoires, tous secteurs, à la date initiale Ei : emploi du territoire i, tous secteurs, à la date initiale Ej : emploi du secteur j, tous territoires, à la date initiale Eij : emploi du secteur j dans le territoire i à la date initiale pij : poids du secteur j du territoire i dans l’emploi total

17 Cette présentation de la méthode s’inspire de celle faite par Carl Gaigné, Virginie Piguet et Bertrand Schmitt (INRA Dijon) dans leur étude « Evolution récente de l’emploi industriel dans les territoires ruraux et urbains : une analyse structurelle-géographique sur données françaises », Revue d’Economie Régionale et Urbaine, 2005, n°1. Je remercie chaleureusement Virginie Piguet pour toutes les précisions apportées concernant cette méthode.

Page 29: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

29

L’introduction de cette pondération assure que le taux d’évolution au niveau national est égal au paramètre c et qu’au niveau du territoire la relation suivante est vérifiée : taux d’évolution de l’emploi du territoire = taux d’évolution de l’emploi national + effet structurel + effet géographique Les deux contraintes stipulent que la somme pondérée des effets spécifiques aux territoires ou aux secteurs est nulle. La mesure de ces effets n’est donc pas absolue mais normée et relative à la couverture géographique et sectorielle qui est retenue. De l’ensemble de ces relations, on déduit une nouvelle équation qui peut être estimée avec la

méthode économétrique des moindres carrés ordinaires. Les coefficients et bj recherchés sont

fonction respectivement des et mesurables et estimés. On teste ensuite si les facteurs géographiques et sectoriels sont significatifs ou non. Test sur la significativité du facteur géographique (test de Fisher) :

Hypothèse nulle (non significativité) : = … = = … = = 0 Test sur la significativité du facteur structurel (test de Fisher) :

Hypothèse nulle (non significativité) : = … = = … = = 0 Enfin, pour un territoire donné (région, aire urbaine, etc.), on calcule les effets géographique et structurel et on teste leur significativité.

Effet géographique :

Effet structurel : La significativité de ces effets est mesurée à partir du test de Student.

Page 30: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

30

DONNEES L’analyse utilise les données annuelles d’emploi salarié de l’Acoss, disponibles de 2008 à 2012 et ventilées dans l’étude selon la nomenclature NA88 de l’INSEE. Dans la nomenclature NA88 de l’INSEE, l’industrie manufacturière compte 24 secteurs. Elle est toutefois légèrement modifiée afin de regrouper certains secteurs et d’en isoler d’autres : • Boissons et tabac sont rassemblés dans une même branche • Habillement, cuir et chaussures sont rassemblés dans une même branche • Fabrication d’autres matériels de transports est subdivisée en :

- Construction navale

- Aérospatiale et aéronautique

- Autres (essentiellement le ferroviaire) RESULTATS Les effets sectoriel et géographique présentés sur les cartes sont significatifs au seuil de 10 % au moins.

Page 31: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

31

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Pascal Taton

REDACTION : John Baude

MISE EN PAGE :

Valérie Dumesnil / Gérard Saccomandi

COORDINATION GENERALE : Priscilla Pierre

Crédit photographie 1ère de couverture :

CA Portes de France - Thionville

Achevé d’imprimer : juin 2014

Page 32: L’INDUSTRIE LORRAINE DURANT LA CRISE · L’industrie manufacturière en Lorraine est relativement concentrée dans de grands établissements et dominée par quelques secteurs d’activité

32