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Lart de Guérir

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L'art de Guérir

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ÉLOGES POUR L’ART DE GUÉRIR

« Derrière le monde visible du corps se trouve un domaine invisible etinconscient qui peut être une puissante force de guérison. Pionnier en lamatière, Dr Bernie Siegel enseigne à des gens à prendre conscience de cefacteur. Cela leur apporte non seulement une guérison physique, maiségalement un sentiment de paix, d’accomplissement et de joie de vivre. Quandnous combinons l’art de guérir avec la science médicale, la médecine modernedevient alors entière. Merci, Bernie, de nous montrer la voie. »

— Larry Dossey, M.D., auteur de One Mind

« Bernie Siegel était déjà un chirurgien reconnu quand il a découvert les formessubtiles de communication que possède l’esprit humain. Il a commencé àexplorer l’inconscient, les travaux de Carl Jung et le pouvoir de guérison innéchez toutes les créa-tures vivantes. Il a entrepris une démarche qui a aidébeaucoup de ses patients à se sentir mieux. Sa carrière a alors pris une autredirection et il a commencé à écrire des livres sur ce qu’il avait découvert. Dansce dernier livre, il imprègne les connaissances scientifiques de compassion enutilisant son regard professionnel pour examiner de manière chaleureuse etpersonnelle comment la perception, l’intention et la communication nonverbale (psychique) influencent la guérison et le bien-être. Ce nouveau livrepositif offre différentes méthodes pour que [les lecteurs] puissent apprendre àaccéder plus facilement à ce pouvoir et à l’utiliser. »

— Anna Jedrziewski, critique littéraire pour Retailing InsightÉLOGES POUR 101 EXERCICES POUR L’ÂME

« Un autre livre agréable, sage, pratique et transformateur du Dr Bernie. Ceguide d’exercices étape par étape s’adresse à la partie de vous qui a des ailes. »

— Rachel Naomi Remen, M.D.,auteure de Sagesse au coin du feu

« Ce livre simple possède toute la sagesse dont vous avez besoin pour vivre endevenant le meilleur de vous-même. Bernie a le don de simplifier et de rendreaccessibles des idées complexes. Suivez son plan d’entraînement et vousconnaîtrez une vie encore plus merveilleuse que ce que vous auriez puimaginer. »

— Joan Borysenko, Ph. D., auteure de Brûlé : l’épuisement professionnel et lareconquête de la vie

« Offert par un des plus grands guérisseurs des États-Unis, ce guide pratiqueenseigne étape par étape à vivre de manière plus saine et accomplie. Siegel a ledon d’inspirer les gens à aller au-delà d’eux-mêmes et à atteindre ce qu’ilscroyaient inaccessible. »

— Larry Dossey, M.D., auteur de Ces mots qui guérissent

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« Un livre magnifique et sincère écrit par un médecin légendaire qui vous aideà nourrir votre esprit, votre corps et votre âme. »

— Judith Orloff, M.D., auteure de Liberté émotionnelle et Accéder à son énergiesacrée

« J’ai toujours admiré Dr Bernie Siegel comme étant un des esprits les plusremarquables de notre temps. Il combine un esprit analytique et scientifique àune profonde connaissance de la spiritualité. Son livre 101 exercices pour l’âmevous aidera à comprendre cette partie de vous-même qui est le génie ultime etsuprême et qui reflète la sagesse de l’univers. »

— Deepak Chopra, auteur de Le livre des secrets

« Les exercices inspirants de Dr Siegel pour atteindre l’illumination dans la viequotidienne réunissent la sagesse ancestrale dans un livre clair, précis et facileà lire. C’est un précieux ajout à la bibliothèque de tout voyageur spirituel. »

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L’ART DE GUÉRIR

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Le matériel contenu dans ce livre est à titre éducatif. L’auteur et l’éditeur ne formulent aucune garantie explicite ou implicite et n’endossentaucune responsabilité quant aux effets des recommandations offertes dans ce livre. Certains noms ont été changés pour protéger la vieprivée des individus. Copyright © 2013 Bernie S. Siegel, MDTitre original anglais : The Art of HealingCopyright © 2014 Éditions AdA Inc. pour la traduction françaiseCette publication est publiée en accord avec New World LibraryTous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur,sauf dans le cas d’une critique littéraire. Éditeur : François DoucetTraduction : Jo-Ann DussaultRévision linguistique : Féminin plurielCorrection d’épreuves : Nancy Coulombe, Katherine LacombeConception de la couverture : Matthieu FortinPhoto de la couverture : © ThinkstockMise en pages : Sébastien MichaudISBN papier 978-2-89733-949-4ISBN PDF numérique 978-2-89733-950-0ISBN ePub 978-2-89733-951-7Première impression : 2014Dépôt légal : 2014Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque Nationale du Canada Éditions AdA Inc.1385, boul. Lionel-BouletVarennes, Québec, Canada, J3X 1P7Téléphone : 450-929-0296Télécopieur : [email protected] DiffusionCanada : Éditions AdA Inc.France : D.G. DiffusionZ.I. des Bogues

31750 Escalquens — FranceTéléphone : 05.61.00.09.99

Suisse : Transat — 23.42.77.40

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Participation de la SODEC.Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activitésd’édition.

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC. Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Siegel, Bernie S. [Art of Healing. Français]L’art de guérir : découvrez votre sagesse intérieure et votre potentiel d’auto-guérisonTraduction de : The art of Healing.ISBN 978-2-89733-949-41. Guérison par l’esprit. 2. Esprit et corps. 3. Autothérapie. I. Titre. II. Titre : Art of Healing. Français.

RZ400.S5314 2014 615.8’528 C2014-941038-7

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www.laburbain.com

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— Allen et Linda Anderson, auteurs de Angel Dogs et Horses with a Mission

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RemerciementsJe tiens à remercier Cindy Hurn et Georgia Hughes, ainsi quemon agente Andrea Hurst, pour l’aide qu’elles m’ont apportéedans la création de ce livre.

Je remercie également ceux qui ont été mes guides de vie et mesenseignants : mon épouse, Bobbie ; nos enfants, Jonathan, Jeffrey,Stephen, Carolyn et Keith ainsi que leurs familles ; et tous mesamis à quatre pattes qui sont trop nombreux pour que je lesnomme.

DR BERNIE SIEGEL

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IntroductionLES GRANDES QUESTIONS

Si vous voulez guérir le corps et l’esprit, vous devez d’abord guérir l’âme.— PLATON

Hier, je suis allé renouveler mon permis de conduire. Jem’attendais à ce qu’il y ait une longue file d’attente et à devoirpatienter avec les autres tout en souhaitant être ailleurs. Je n’avaisdonc pas vraiment envie d’y aller. Mais peu de temps après monarrivée, une femme derrière le comptoir a annoncé mon numéro.Étonné, j’ai regardé autour de moi. Beaucoup de personnesattendaient depuis beaucoup plus longtemps que moi ; c’étaitsûrement le tour de quelqu’un d’autre. Mais elle a répété monnuméro, alors je me suis levé.

Dès que je suis arrivé au comptoir, elle m’a souri, comme si elleme reconnaissait. Il s’avère que j’avais opéré sa mère il y a denombreuses années. Nous avons bavardé gentiment et elle m’araconté combien sa mère allait bien. Quand je suis parti, elle m’aencore remercié d’avoir aidé sa mère à guérir. Elle ne faisait pasréférence à l’opération chirurgicale ni à la chimiothérapie. Elleparlait de la vie de sa mère. Vous vous en rendez compte ? Elle neparlait pas de son corps physique ou de sa maladie, mais de ce quidonnait un sens à la vie de sa mère. Je me sentais tellement bien enquittant ces lieux. Notre rencontre n’avait pas été accidentelle nifortuite. C’était un cadeau. Il n’y a pas de coïncidences.

Ce que je m’apprête à partager avec vous — ce qui m’a procuréune nouvelle compréhension de la nature de la vie — ne vient pasde mes croyances, mais de mon expérience personnelle et de montravail auprès de mes patients et de leurs familles. Ma capacité àgarder l’esprit ouvert m’a permis de tirer beaucoup plus de chosesde mes expériences et de devenir un meilleur guérisseur que ceuxdans ma profession qui disent qu’ils ne peuvent pas accepter cequ’ils ne comprennent pas ou ne peuvent pas expliquer. Si nousne cherchons pas à repousser les limites du savoir, nous

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n’apprenons rien ; nous nous privons de l’occasion de vivre notrevie de manière créative. Voilà pourquoi je ne cesse jamais de poserles questions importantes. Qu’est-ce que j’entends par « questionsimportantes » ?

Les questions que nous devons poser sont : comment l’invisibledevient-il visible ? Quelle partie de notre être continue de voirquand nous quittons notre corps lors d’une expérience de mortimminente ? Comment savons-nous intuitivement ce que notreinconscient planifie ? Comment les voyants et les médiumscommuniquent-ils avec les individus et les animaux, peu importes’ils sont loin ou morts ? Comment la communauté des cellules ducorps communique-t-elle ses besoins et son état de santé à l’espritconscient ? Et quel est le langage de la création et de l’âme ?

L’invisible dont je parle est ce qui se trouve dans notre corpsphysique, mental, émotionnel et psychique. La plupart d’entrenous prennent conscience de leur équilibre ou déséquilibreintérieur selon leur humeur, leurs sentiments et leurs symptômes,et nous nous fions aux examens médicaux et aux tests delaboratoire pour savoir ce qui se passe dans notre corps. Maisimaginez si nous étions capables de le savoir avant qu’unesouffrance physique ou une dépression se manifeste. Nous serionstellement en meilleure santé et nos vies seraient beaucoup plusremplies. En raison de la formation limitée des médecins, nousavons rarement l’occasion d’apprendre la cause réelle d’unemaladie. Et pourtant, il est possible de prévenir la maladie et ladépression.

Si nous soulevons le couvercle de notre inconscient, nouspouvons être guidés par un savoir plus profond. Les pratiques etles techniques utilisées pour plonger en nous-mêmes nouspermettent de communiquer avec l’intelligence supérieure et àapprendre d’elle, que nous choisissions de le faire au moyen dudessin spontané, des rêves, de la méditation, des techniques derespiration ou de toute autre pratique qui nous donne accès aupouvoir de guérison de notre sagesse intérieure.

Il est non seulement possible de communiquer avec l’intelligence

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supérieure, mais cela se produit constamment, que nous ensoyons conscients ou pas et que nous cherchions à le faire ou pas.La même intelligence qui permet aux cellules de communiquer àl’intérieur du corps humain est inhérente à toutes les formes devie. Elle est caractérisée par sa fluidité et elle circule à la fois avecintention et abandon, en traversant toutes les barrières de lamatière, du temps et de l’espace. Elle se manifeste d’une manièrequi ressemble souvent à une coïncidence. Des événements, desguérisons et du secours inexpliqués ou des messages réconfortantssurviennent au moment où vous en avez besoin, comme cela m’estarrivé hier, quand j’ai pu renouveler plus rapidement mon permisde conduire et que j’ai reçu un cadeau de gratitude.

Pour être réceptif à cette communication, qu’elle vous soittransmise sous forme de symboles ou de mots, vous devez calmervotre esprit, comme un étang tranquille dont les reflets ne sonttroublés par aucune turbulence. Ce que j’ai vécu aujourd’hui enest un bon exemple. Je prends soin de mon épouse, Bobbie, quisouffre de la sclérose en plaques depuis des décennies. Il y a desjours où je suis dépassé par tous ces soins que je dois donner etpar mes autres responsabilités. C’est parfois un défi d’aimer mondestin et d’apprendre la leçon de la compassion. J’ai consacré lamajeure partie de ma vie à guérir les gens et je les ai encouragés àprendre soin d’eux-mêmes aussi bien qu’ils prennent soin desautres. Mais il est parfois difficile de joindre le geste à la parolequand vous prenez soin d’une personne que vous aimez durantdes années. C’est facile d’oublier que vous avez vous aussi desbesoins.

Ce matin, je suis allé promener mes chiens à un de mes endroitspréférés. Le cimetière près de notre maison date de plusieurscentaines d’années. Il est situé en banlieue et il est rare que j’ycroise des gens, sauf si c’est l’anniversaire du décès de quelqu’unou s’il y a des funérailles. Parce que le cimetière est si paisible, jepeux laisser mes chiens courir librement. Pour moi, c’est comme sije méditais en marchant et pour eux, c’est une aventure. Les chienssont passés maîtres dans l’art de vivre dans le moment présent.

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Aujourd’hui, mes chiens ont trouvé un objet sur le sol, près duchemin, à plusieurs mètres du chemin. Je me suis approché et jel’ai pris. C’était un petit ours en peluche blanc. Sur sa poitrine, ilétait écrit « Aime-moi ». L’ours était propre et en très bon état,comme s’il venait de tomber de la tablette d’une boutique. J’airegardé autour de moi dans le cimetière. Il n’y avait personne. J’airelu les mots à voix haute : « Aime-moi ». C’était comme siquelqu’un l’avait déposé là en sachant que c’était le message dontj’avais besoin. C’était un si beau cadeau. J’ai glissé l’ours dans mapoche et je l’ai apporté à la maison.

Des coïncidences apparentes de ce genre se produisentexactement quand vous en avez le plus besoin. Quand vous vousaccordez des moments de tranquillité, vous augmentez les chancesde recevoir des messages d’amour et de soutien. Le petit ours estmaintenant assis sur le comptoir de la cuisine en compagnied’autres ours en peluche que j’ai trouvés. J’ai dressé des petitsespaces sacrés dans notre maison, qui me procurent la thérapiedont j’ai besoin durant toute la journée.

Le langage de la création et de l’âme s’exprime de nombreusesfaçons. Il prend parfois la forme d’un murmure subtil ou il estparfois si clair qu’il est difficile d’en douter ou de l’ignorer. Avant,j’étais sceptique par pure ignorance. Je n’avais pas été formé àavoir une autre vision des choses. Mais avec le temps, j’ai appris àouvrir mon esprit aux autres sortes de communication et depossibilités. J’ai consulté un médium, qui a repéré notre chat égaréau Connecticut, alors qu’elle se trouvait en Californie. J’ai vécuune expérience de mort imminente qui m’a permis d’apprendreque nous sommes davantage que notre corps. J’ai vécu desexpériences de vies antérieures et j’ai des patients qui m’onttransmis des messages par l’entremise de médiums. J’ai mêmeentendu des voix me parler de l’Au-delà. Je n’ai pas cherché àvivre ces expériences, mais elles se sont produites. Au lieu de nierleur réalité parce que je ne les comprenais pas, j’ai cherché, commeles astronomes et les physiciens, à accepter ce que j’avais vécu, àexplorer l’invisible et à communiquer avec lui.

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Le psychothérapeute Ernest Rossi a observé que « lesexpériences, les sensations, les pensées, les images, les émotions etle comportement que nous avons chaque jour et à chaque heurepeuvent moduler l’expression génétique et la neurogenèse demanière à changer la structure physique et le fonctionnement denotre cerveau1 ». Ce qu’il voulait dire est que notre esprit estcomme une télécommande avec un nombre infini de canaux (laconscience supérieure) et que notre corps est comme l’écran detélévision qui affiche le canal que vous choisissez. Si vous vouslimitez aux canaux acceptés par vos pairs, votre vie consistera àdemeurer dans les limites de leur discipline et votre idée de laréussite sera basée sur la quantité de reconnaissance que vousavez obtenue. En d’autres mots, si vous prêtez attention au canalde l’argent plutôt qu’au canal spirituel, votre vie ne sera quematérialiste et vous baserez votre réussite sur ce que vous avezaccumulé. Mais si vous prêtez attention au canal spirituel, votrevie consistera alors à améliorer le monde et vous baserez votreréussite sur ce que vous avez fait pour améliorer la vie. Vousn’êtes plus gouverné par les règles sociales, politiques etreligieuses. Votre vie, qui est un cadeau de Dieu, devient uncadeau que vous offrez à Dieu par vos actions.

La conscience peut être ressentie comme un champ universel quinous touche tous, et des physiciens quantiques l’ont démontrédans leurs études. Des livres tels que The Psychobiology of GeneExpression, d’Ernest Rossi, donnent un aperçu de la façon dontl’esprit universel fonctionne. Rossi fait référence à une formed’intelligence qui communique au moyen des changements dansnos gènes. Il écrit : « Cette catégorie particulière de gènes (lesgènes précoces immédiats) peut réagir en quelques minutes d’unemanière adaptative aux signaux psychosociaux et aux événementsmarquants dans la vie. Les gènes précoces immédiats ont étédécrits comme étant les médiateurs, nouvellement découverts,entre l’inné et l’acquis : ils reçoivent des signaux del’environnement pour activer les gènes qui codifient la formationdes protéines qui actionnent ensuite les fonctions adaptatives des

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cellules en santé et malades. Les gènes précoces immédiatsintègrent le corps et l’esprit ; ce sont des joueurs clés en médecinepsychosomatique, en guérison du corps et de l’esprit et dans lesarts thérapeutiques2. »

Si vous avez de la difficulté à croire que les gènes peuventcommuniquer des messages qui initient des réactions immédiatesde survie, pensez à la façon dont les bactéries apprennent à résisteraux antibiotiques, à celle dont les virus résistent aux antivirus, àcelle dont les blessures des êtres vivants guérissent, à celle dont lesêtres vivants résistent aux parasites, etc. Tous ces processusexigent une forme d’intelligence qui comprend la situation etdemande au reste des cellules du corps de réagir d’une manièredésirée. Et cela doit s’effectuer à l’échelle des gènes pour que cesavoir soit transmis aux générations futures.

Nos connaissances et nos souvenirs sont non seulementemmagasinés dans notre cerveau, mais aussi dans les cellules denotre corps. Cela devient plus apparent quand une personne quireçoit une transplantation d’organe se réveille après l’opération enayant de nouveaux souvenirs uniques et des préférencesappartenant à son donneur. Peu de temps après avoir reçu unetransplantation cardio-pulmonaire à l’hôpital Yale-New Haven, ona demandé à Claire Sylvia ce qu’elle désirait plus que tout et elle arépondu :

— En fait, je meurs d’envie d’une bière3.Elle s’est demandé pourquoi elle avait dit cela. Elle ne buvait

jamais de bière ; elle n’aimait même pas la bière. Il s’avère que soncœur venait d’un adolescent qui adorait la bière et qui roulait enmotocyclette. Il lui est plus tard apparu dans un rêve et lui a ditson nom. Elle a fini par retracer sa famille grâce à la noticenécrologique de leur garçon ; elle les a rencontrés et en a apprisdavantage sur ce dernier. Claire, dont je parle plus loin dans lechapitre 4, m’a demandé d’aller la voir parce qu’elle savait que jel’écouterais, même si tout le monde croyait qu’elle était folle. Elle araconté son expérience dans un livre, Mon cœur est un autre.

Une autre forme d’intelligence invisible et de communication à

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l’extérieur du corps est décrite dans le livre de Lynne McTaggart,Le champ de la cohérence universelle. Elle écrit : « Les physiciensspécialisés en physique quantique avaient découvert dans lemonde subatomique une propriété étrange appelée « non-localité». Par cette propriété, une entité quantique, comme un électronisolé, peut avoir un effet instantané et à distance sur une autreparticule quantique, même en l’absence d’échange de force ou d’énergieentre elles. Ce phénomène laissait donc entendre qu’une fois lesparticules quantiques en contact, elles maintiennent entre elles unlien même si elles sont séparées4. »

La preuve qu’il existe une communication invisible entre desparticules plus petites que des atomes a été faite depuislongtemps. Par exemple, les mutations biologiques qui seproduisent chez une variété de plantes dans une partie du mondeont également été observées dans d’autres parties du monde chezla même variété de plantes. Le savoir est également transmis,comme lorsqu’une espèce animale apprend à utiliser un bâtonpour accomplir une tâche particulière et que cette habileté estapprise au même moment, dans d’autres parties du monde, par lamême espèce, même si aucun moyen de communication visible oude lien physique n’est présent.

En Angleterre, après des années de livraison du lait à domicile,les oiseaux ont soudainement appris à ouvrir les bouteilles de laitavec leur bec. Durant la Deuxième Guerre mondiale, les livraisonsde lait ont cessé. Puis, quand elles ont repris après la guerre, lesoiseaux ont aussitôt commencé à ouvrir les bouteilles. Étant donnéles années qui s’étaient écoulées, peu d’oiseaux du premier groupeétaient encore en vie quand les livraisons ont cessé. Comment lesplus jeunes oiseaux ont-ils compris aussi rapidement commentprocéder ?

Après que les physiciens eurent identifié la non-localité (lapropriété subatomique des particules quantiques qui influencentd’autres particules sans qu’il y ait un échange physique de forceou d’énergie), des observateurs ont reconnu que cela expliquaitcertains phénomènes, comme le fait que des animaux possédaient

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des habiletés qui ne leur avaient jamais été enseignées. Ce quivoyageait à travers le monde et d’une génération à l’autre n’étaitpas de la matière, mais de l’intelligence.

Dans la médecine occidentale, quand les médecins entendent unechose qui ne faisait pas partie de leur éducation ou de leurformation, ils disent souvent :

— Je ne peux pas accepter cela.Ce qu’ils veulent dire, c’est :— Je ne peux pas l’expliquer.Alors, ils la rejettent. Dans son livre The Energy Cure: Unraveling

the Mystery of Hands-On Healing, William Bengston, Ph. D., a écrità propos de sa recherche expérimentale sur des souris à qui ilavait inoculé un cancer virulent qui devait arriver en phaseterminale au bout de quelques semaines. Bengston a formé sesétudiants chercheurs à utiliser une technique de guérison appelée« défilé d’images ». Les chercheurs n’avaient jamais pratiqué laguérison, pas plus qu’ils ne s’y intéressaient ou avaient foi en elle.Dans la majorité des cas, les souris ont été entièrement guéries. Etles chercheurs ont obtenu ce résultat à de nombreuses reprisesdurant les expériences avec groupe témoin, dans les laboratoiresscientifiques de plusieurs institutions très respectées. Même lespairs de Bengston qui ont assisté à ces expériences, qui ont vu lescontrôles et ont été témoins des résultats renversants ont refusé decroire que la médecine traditionnelle prendrait un jour son travailau sérieux5.

Les expériences de mort imminente nous révèlent que noussommes davantage qu’un simple corps physique. Jung disaitsouvent que la psyché et la matière sont des aspectscomplémentaires de la même chose. Je crois que ces deux aspectscommuniquent entre eux au moyen d’images, du langage de lacréation et de l’intention. Avec les images qui apparaissent dansnos rêves et le dessin spontané, nous pouvons accéder à notresagesse intérieure et voir la personne authentique que noussommes vraiment destinés à être. Nous pouvons chasser lesmessages négatifs qui ont été implantés dans notre esprit et

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transformer nos pensées en utilisant la visualisation créative et desaffirmations positives pour adopter une attitude qui valorise lavie. Nous pouvons apprendre à vivre dans le moment présent et àutiliser le pouvoir de guérison de différentes pratiquesquotidiennes telles que le rire, la méditation et la tenue d’unjournal. Aimer et guérir notre vie ne consiste pas seulement àanéantir la maladie ; cela consiste aussi à être en santé, en paix etcomblé.

Dans L’art de guérir, je parle de tous ces sujets ainsi que desavantages de travailler avec les animaux, les médiums et lespersonnes intuitives, et d’apprendre d’eux. En partageant leshistoires de certains de mes patients, j’espère illustrer de manièrepratique comment d’autres personnes ont obtenu des résultatspositifs en adoptant ces pratiques créatives. Je suggère aussi desexercices (que j’appelle « l’ordonnance du médecin ») pour vousaider à explorer votre propre sagesse intérieure.

Depuis que j’ai abandonné la chirurgie pour aider mes patients àguérir d’une autre façon, je me suis donné le nom de « chirurgienjungien ». Pour aider mes patients, j’utilise maintenant d’autresoutils que les instruments chirurgicaux. Ces outils comprennententre autres une boîte de crayons de cire, un pistolet à eau, unecrécelle et un marqueur. Dans ce livre, vous allez lire à propos dugroupe de thérapie pour les patients cancéreux exceptionnels(Exceptional Cancer Patients — ECaP) que mon épouse Bobbie etmoi avons créé. Le groupe continue de se voir régulièrement et il aaidé des centaines de patients à guérir leur vie ainsi que leurcorps. Les gens possèdent en eux le potentiel de s’autoguérir. J’aivu à de nombreuses reprises mes patients obtenir des résultatspositifs en adoptant certaines des techniques et des attitudesdécrites dans ce livre.

Sur mon site Web, au www.berniesiegelmd.com, j’offre deslivres et des CD de méditation, ainsi que des conseils individuelsdans la section « Ask Bernie a Question ». Dans les nombreuxarticles et entrevues affichés sur le site, je recommande des outilscréatifs qui guident les gens dans leur processus de décision, que

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ce soit dans leur vie quotidienne ou lorsqu’ils rencontrentdifférentes difficultés. L’art de guérir a pour but de leur fournirdavantage d’outils et d’aider les gens à vivre (ou à mourir) avecun sentiment d’harmonie, de plénitude et de paix.

Je veux partager ma méthode de chirurgie jungienne avec lemonde entier, en particulier avec les professionnels de la santé, lespatients et leur famille afin qu’ils comprennent combien lesaspects somatiques de la santé et de la maladie sont inséparablesde l’intégration naturelle de l’esprit, du corps et de l’âme. Nousdépensons beaucoup de temps et d’argent à explorer l’espace,mais notre espace intérieur offre les mêmes merveilles et le mêmemystère, et il devrait faire partie de notre formation médicaleprofessionnelle.

Quand nous ouvrons notre esprit et que nous sommes à l’écoutede notre sagesse intérieure et de la conscience supérieure, nousentreprenons alors un voyage enrichissant et parfois miraculeuxvers la santé et l’autoguérison. Quand nous acceptons d’effectuerce voyage, nous devenons des artistes et notre vie devient la toile.Je vous invite maintenant à avoir la curiosité et l’ouverture d’unenfant. Prenez ma main et avancez avec moi à travers ces pages.Vous allez bientôt découvrir, tandis que nous cheminonsensemble, que vous avez créé, pratiqué et fait l’expérience de l’artde guérir. Quand nous laissons l’artiste vivre en nous, nousdevenons des êtres stimulants et créatifs qui profitent à tout notreentourage. Alors, lisez ce livre, saisissez votre pinceau et votrepalette et commencez à vivre votre vie authentique.

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Chapitre 1L’ÉVEIL DU MÉDECIN

Bien enfouie dans notre inconscient, tapie au fin fond de notre mémoire, se trouve laconnaissance de tout ce que nous devons savoir sur la vie.

— RABBIN NOAH WEINBERG

Imaginez ce que vous ressentez quand vous regardez unepersonne dans les yeux et que vous lui dites :

— Vous avez un cancer de stade 4.Sa vie entière vient de basculer. Vous voyez l’expression dans

son regard et dans celui des proches qui l’ont accompagné.Imaginez ce que vous ressentez quand la patiente est seule, sanspersonne pour la soutenir quand elle apprend la nouvelle. Dansun cas comme dans l’autre, vous êtes sa bouée de sauvetage et sasource d’espoir. Vous êtes son guide de vie sur le chemin de lasurvie et vous pouvez l’aider à atteindre son plein potentiel aumoyen de l’autoguérison.

Je suis devenu médecin parce que j’aime les gens et que jevoulais les aider à aller mieux quand ils étaient malades. Maisaprès des années de pratique en tant que pédiatre et chirurgien, etaprès avoir effectué de nombreuses opérations, je me suis un joursenti anéanti quand j’ai pris conscience que je ne pouvais pasguérir tous mes patients. Je souffrais beaucoup et je n’avaispersonne à qui en parler. J’étais également fâché que ma formationde médecin ne m’ait pas préparé à composer avec la vie des gens ;elle ne m’avait enseigné que la mécanique de la médecine et de lachirurgie. J’ai même écrit aux doyens de la faculté de médecine oùj’avais étudié pour leur dire qu’ils avaient fait de moi unmerveilleux technicien, mais qu’ils ne m’avaient pas appriscomment prendre soin de moi ou de mes patients.

Un médecin à la retraite qui est allé à l’école religieuse et estdevenu aumônier à la faculté de médecine de Yale a effectué uneétude au cours de laquelle il a demandé à des chirurgienscomment ils se sentaient en tant que chirurgiens. À chaque

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répondant, il a dû répéter de trois à cinq fois la question avant quela personne cesse de commencer sa phrase par « Je crois… ».Quand ces chirurgiens ont finalement utilisé les mots « Je mesens… », la plupart ont dit que c’était pénible et ils ont admisqu’ils ne voulaient pas connaître leurs patients.

Beaucoup d’autres études ont révélé que le taux de dépression,d’épuisement professionnel et d’idées suicidaires est plus élevéchez les chirurgiens que dans la population en général, et quelorsqu’une erreur chirurgicale est commise ou qu’une opérationchirurgicale ne parvient pas à guérir un patient, les chirurgienssouffrent encore davantage. Parmi les professions soumises à desniveaux élevés de stress (comme la police, les travailleurs sociaux,les enseignants et les infirmières), ils sont également ceux qui sontles moins susceptibles d’aller chercher de l’aide psychologique ouautre.

Parce qu’ils essaient d’éviter toute souffrance émotionnelle, leschirurgiens se distancient souvent de leurs patients et fontréférence à eux en nommant plutôt leur diagnostic ou leurmaladie, le numéro de leur chambre d’hôpital ou leur traitement.J’ai entendu des médecins discuter de leurs patients avec descollègues en faisant référence à eux comme étant « la doublemastectomie » ou « le glioblastome », même quand le patientpouvait les entendre. Quelle image vous vient à l’esprit quand jedis « double mastectomie » ? Voyez-vous le visage d’une femmequi a une famille, un mari et des enfants qui l’aiment ? Non. Vousne voyez que l’ablation de ses seins et les cicatrices sur son corps.

Je crois qu’un médecin qui voit ses patients sans savoir commentles écouter et communiquer avec eux est comme un prêtre qui nesait pas comment s’adresser à Dieu. Quand un patient sent queson chirurgien ne le voit pas comme un être humain, sa maladie etson traitement deviennent alors une source de grande frayeur ; lepatient peut se sentir isolé et impuissant, ce qui atteint sa capacitéde survie.

Plus j’ai pratiqué en tant que chirurgien, plus il m’est devenudifficile de ne pas avoir l’impression de décevoir mes patients et

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moi-même. Je ne comprenais pas pourquoi Dieu avait créé unmonde aussi imparfait. En 1977, j’ai entendu parler d’un atelierappelé « Les facteurs psychologiques, le stress et le cancer », animépar Carl Simonton, un radio-oncologue.

Durant les premières années de sa carrière, il a observé quelorsque des patients atteints d’un cancer similaire recevaient lamême dose de radiation, les résultats de leurs traitementsvariaient considérablement. Il a relevé les variables entre lespatients et a constaté que la seule différence statistiquementsignificative semblait être leur attitude et leur volonté de vivre. Ilen est venu à la conclusion que les gens qui ont une attitude pluspositive vivent habituellement plus longtemps et souffrent moinsdes effets indésirables de la radiothérapie.

Simonton a ajouté à ses techniques thérapeutiques des conseilsen matière d’habitudes de vie, qui comprenaient la méditation etl’imagerie mentale, et il a aidé à rompre le modèle rigide despratiques médicales établies de l’époque. Les résultats de sarecherche indiquaient que lorsque des conseils en matièred’habitudes de vie étaient intégrés au traitement médical despatients atteints d’un cancer à un stade avancé, leur période desurvie doublait et leur qualité de vie était améliorée. Simonton apublié les résultats de ses études dans des journaux médicaux etdans Guérir envers et contre tout, un livre qu’il a coécrit avec sonépouse, Stephanie Matthews-Simonton (une psychologue) etJames Creighton1.

J’avais hâte d’assister au séminaire de Simonton et d’apprendredes habiletés qui m’aideraient moi et mes patients. J’avaisprésumé que l’atelier avait été conçu pour des médecins etd’autres personnes du milieu médical ; j’ai donc été surpris de voirque j’étais le seul médecin dans la salle. À l’exception de deuxpsychologues, toutes les autres personnes étaient des patientsatteints du cancer.

Dans le cadre de mon travail de chirurgien, il m’arrivait souventde visualiser en détail la procédure chirurgicale, la veille del’opération, afin de me préparer aux structures anatomiques sur

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lesquelles j’opérerais et de prédire quels obstacles pourraient seprésenter durant l’opération, mais je n’avais aucune expérience enmatière d’imagerie mentale guidée. J’étais donc plutôt sceptiquequand Carl Simonton a fait jouer une musique douce et ademandé aux personnes dans la salle de fermer les yeux. J’étaisassis à côté d’un de mes patients, dans la première rangée, etquand Carl m’a regardé, je n’ai pas voulu qu’il croie que jerefusais de participer, alors j’ai fermé les yeux. Quand Carl a dit :

— Vous allez voir votre guide intérieur s’approcher de vous…J’ai pensé : « C’est complètement insensé ; je ne suis pas venu ici

pour ce genre de chose ».Je suis un artiste — un peintre —, ce qui signifie que je suis une

personne visuelle. Malgré mon scepticisme, j’ai fermé les yeux etj’ai écouté la voix de Carl, et j’ai vite commencé à avancer dansl’imagerie guidée, en visualisant les choses avec clarté et beaucoupde détails. J’ai vécu une expérience incroyable. Soudain, laquestion n’était plus « Qu’est-ce que je crois ? » mais « Qu’est-ceque je viens de vivre ? ».

Durant chaque exercice auquel nous avons participé, mon esprits’est ouvert à des choses qui ne m’avaient jamais été présentéesdurant ma formation professionnelle. Ma perception des choses acommencé à changer. J’ai regardé avec fascination les participants,qui étaient visiblement détendus et qui avaient une expression dejoie, d’espoir et de sérénité sur leur visage. Plutôt que de se sentirvictimes de leur maladie, les patients en sont venus à comprendrequ’ils possédaient en eux de puissantes ressources pour guérir etrésoudre des problèmes.

En 1979, je suis retourné à mon bureau trois jours après avoirassisté à un autre séminaire, donné cette fois-ci par ElisabethKübler-Ross. À la fin de la journée, un de mes partenaires,Dr Richard Selzer, m’a dit :

— Tu vas partir.— Que veux-tu dire ? lui ai-je demandé.— Tu es une personne complètement différente. Tu vas

abandonner la chirurgie.

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Il pouvait sentir le changement qui s’était produit dans maconscience et il voyait intuitivement ce que je ne voyais pas. Ilavait raison. Moins de 10 ans plus tard, j’ai abandonné la chirurgiepour m’adresser aux gens et les aider à guérir d’une autremanière. Comment avait-il su quel était mon avenir ? Quelleintuition l’avait traversé et d’où était-elle venue ?

Quand j’ai assisté au séminaire d’Elisabeth Kübler-Ross, letravail que nous avons effectué avec le dessin spontané m’apermis de découvrir, en quelques heures, des révélationsincroyables et de l’information à propos de ma vie. En raison dema formation de chirurgien et de mes connaissances del’anatomie, je voyais également des choses dans les dessins desautres qu’un psychothérapeute ne verrait pas normalement, enparticulier la structure des différentes maladies et les traitementsqui étaient inconsciemment révélés dans ces dessins. L’inconscients’exprimait dans des objets normaux, comme les arbres, les nuageset les gens, en illustrant le véritable état physique, émotionnel etspirituel du patient. Les images sont devenues les symboles de lavérité intérieure et extérieure de chaque personne. Durant ceséminaire, j’ai appris que Carl Jung était fasciné par lesconnaissances qu’avait l’inconscient d’un individu à propos deson corps et de sa psyché, comme le révélaient les dessins de sespatients.

Je suis alors devenu un croyant et la boîte de crayons de cire estdevenue un de mes outils thérapeutiques. J’ai commencé àdemander à mes patients et à leur famille de me faire des dessins.Cela nous aiderait à prendre des décisions thérapeutiques baséesnon seulement sur notre intellect, mais aussi sur un savoirintérieur ; et cela nous aiderait à comprendre les relationsfamiliales et les problèmes psychologiques. J’étais fâché que lasignification des dessins et des rêves, en lien avec des facteursphysiques et psychologiques, ne fût pas systématiquementenseignée dans les facultés de médecine. Je n’ai pas encorerencontré un étudiant en médecine ou un médecin qui se soit faitdire durant sa formation que Carl Jung a pu diagnostiquer une

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tumeur au cerveau à partir du rêve d’un patient2.Quand j’ai pris conscience de toutes les connaissances que je ne

possédais pas, malgré les nombreuses années passées à la facultéde médecine, j’ai communiqué avec des thérapeutes jungiens pourexplorer leur travail et leur sagesse. Gregg Furth, psychanalystejungien et auteur de The Secret World of Drawings3, m’a guidé, ainsiqu’une autre psychanalyste jungienne, Susan Bach, auteure de LifePaints Its Own Span. Son livre est basé sur ses études de dessinsréalisés par des enfants atteints de la leucémie. Elle avait elle aussipris conscience des aspects psychologiques et physiques quiétaient révélés dans les dessins des enfants. Les indices somatiqueset organiques aidaient à poser un diagnostic, à traiter l’enfant et àfaire un pronostic ; les dessins sont devenus un important outil decommunication pour le médecin, le patient et sa famille4.

Je n’oublierai jamais la note que j’ai reçue de Susan Bach aprèslui avoir écrit pour lui dire ce que j’avais découvert dans lesdessins de mes patients. Elle m’a répondu : « Calmez-vous ; noussavons tout cela. » Cela fait longtemps que les psychologues ontobservé un changement dans la santé physique des gens quandces derniers retrouvaient une vie équilibrée. Dans mon excitation,j’ai également écrit aux rédacteurs en chef de journaux américainsen psychologie et j’ai eu pour réponse que cette information était «pertinente, mais pas intéressante », tandis que les rédacteurs enchef de journaux en médecine m’ont dit qu’elle était « intéressante,mais pas pertinente » pour leurs publica-tions. La réaction de cesrédacteurs en chef, ainsi que celle de Susan Bach, m’a confirméque ce que les professionnels de la santé mentale du monde entiersavaient à ce sujet et acceptaient était cohérent.

Avant d’assister à des ateliers, quand je voyais mes patients, jevoyais leur cancer. Je me concentrais sur les aspects physiques deleur maladie et je me disais que j’étais responsable de les guérir.Après les ateliers, j’ai commencé à voir mes patients comme desêtres humains qui ont la capacité et le potentiel de guérir. Je leur aiconsacré plus de temps pour les écouter et leur poser davantagede questions comme : « Pouvez-vous me décrire ce que vous

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ressentez et ce que vous vivez ? » Des mots comme « confusion »,« échec » et « épuisant » sortaient de leur bouche. Si un patient medisait :

— Je ressens comme une pression dans le dos et sur mes épaules.Je lui demandais alors :— Que se passe-t-il dans votre vie qui pourrait être décrit comme

de la pression et qui crée une tension chez vous ?Le patient parlait inévitablement d’une situation actuelle ou

récente dans sa vie qu’il avait associée avec le sentiment de porterun poids sur ses épaules ou de ployer sous le poids desresponsabilités. En faisant un lien mental entre son émotion et sonétat physique, il pouvait alors mieux explorer des façonsd’apporter des changements dans sa vie pour atténuer ce poids etdonner une meilleure chance à son corps de guérir. Certainspatients ont commencé à guérir quand ils ont vu leur maladiecomme une bénédiction, une sonnette d’alarme ou un nouveaucommencement.

UNE APPROCHE DIFFÉRENTE

Maintenant que je me concentrais sur les aspects positifs de mespatients et sur les buts que nous voulions atteindre, je ne mesentais plus isolé et accablé par mes responsabilités. Une de mespatientes m’avait dit à l’atelier de Simonton :

— Bernie, je me sens mieux quand je suis dans ton bureau, avectoi, mais je ne peux pas t’emmener chez moi. Je dois apprendrecomment vivre entre mes visites à ton bureau.

En entendant cela, je me suis dit : « Eh bien, je n’ai pas àéprouver un sentiment d’échec. Même si je ne peux pas guérir leurmaladie, j’ai tout de même accompli quelque chose pour eux enles aidant à vivre. » J’ai donc envoyé une lettre à une centaine depatients atteints d’un cancer pour leur dire que s’ils voulaientvivre et jouir d’une vie plus longue et meilleure, ils n’avaient qu’àvenir assister à une rencontre.

Je n’avais aucune idée du nombre de personnes qui répondraientà la lettre. À ce moment-là, je pensais : « Si j’avais le cancer et quemon médecin m’envoyait une lettre me proposant d’essayer

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quelque chose de nouveau, ne dirais-je pas à tous ceux que jesavais atteints du cancer de venir à la rencontre ? »

Quelques heures avant le début de l’atelier, j’ai paniqué.J’imaginais que plusieurs centaines de personnes étaient venues etqu’elles formaient une longue file à l’extérieur de l’immeuble. Oùallais-je faire asseoir tous ces gens ? Mon épouse Bobbie, quim’aidait à organiser l’atelier, m’a rappelé que toutes les nouvellesaventures doivent commencer quelque part et que peu importe cequi arriverait, nous avancions au moins dans une directionpositive. Elle m’a lancé quelques-unes de ses plaisanteries et nosrires m’ont aidé à me détendre.

À l’heure où l’atelier devait commencer, moins d’une douzainede femmes étaient présentes. J’étais stupéfait. J’ai compris qu’il mefaudrait accepter le fait que j’ignorais quelle était la volonté devivre de mes patients ou leurs motivations et désirs réels. Mafemme m’a dit que comme la majorité de mes patients atteintsd’un cancer avaient reçu l’invitation, mais qu’ils n’avaient passaisi l’occasion d’assister gratuitement à une rencontre quipourrait les aider, ceux qui étaient venus devaient être des patientsexceptionnels ; elle a donc appelé notre nouveau groupe lesExceptional Cancer Patients ou ECaP (patients cancéreuxexceptionnels).

Mes patients sont devenus mes enseignants. Une des choses lesplus importantes qu’ils m’ont enseignée est que nous sommestous capables d’avoir un comportement exceptionnel et que quandnous apprenons à le mettre en pratique, nous prenons consciencede notre propre potentiel de guérison. Les rencontres ont procuréaux membres de notre groupe tellement de bienfaits physiques,spirituels et psychologiques que beaucoup d’entre eux ont acquisauprès de mes collègues de l’hôpital la réputation d’être « un despatients fous de Bernie ». On pouvait entendre les médecins dire :

— Ce groupe de Bernie… Ils semblent un peu cinglés, mais ils necessent d’aller mieux.

La description « un des patients fous de Bernie » est doncdevenue un compliment.

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Le groupe des ECaP existe encore. C’est la combinaison d’unethérapie individuelle et d’une thérapie de groupe qui utilise laméditation, la visualisation créative, le dessin spontané, les rêves,l’humour et l’exploration des sentiments. Il est basé sur une douceconfrontation : une confrontation sûre, aimante et thérapeutiquequi facilite les changements apportés au mode de vie, larevendication du pouvoir personnel et la guérison de la vie del’individu.

Je suis heureux de dire que plus de 30 ans après la création dugroupe des ECaP, les centres du cancer des quatre coins du paysfont de la thérapie de groupe faisant appel à plusieurs méthodes.Le besoin d’encourager davantage une approche esprit-corps-âmedans la médecine traditionnelle demeure grand, surtout dans laformation des professionnels de la santé. Mais les étudesscientifiques et les attitudes changent lentement et la directionqu’a prise ce changement a souvent été positive.

Dans ce livre, j’espère offrir non seulement de l’information,mais aussi de l’inspiration. Dans chaque chapitre, je fournis deséléments théoriques appuyés par des histoires concernant mespatients, et je recommande des exercices qui vous donnentl’occasion d’essayer chacun de ces outils de guérisoncomplémentaires.

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Chapitre 2LA SOURCE, LA SIGNIFICATION ET LA VALIDITÉ DES

SYMBOLES

Quand l’âme veut faire l’expérience de quelque chose, elle projette une image devantelle et plonge dedans.

— MAÎTRE ECKHART

Je suis souvent émerveillé par l’intelligence qui se trouve dans lesgraines et je me demande quelle image de la vie elles renfermentdans leurs cellules. Comment une graine sait-elle ce qu’elle doitdevenir et comment favoriser sa croissance ? Ce quim’impressionne encore davantage est de voir une pousse s’éleverà travers la chaussée. Comment les graines savent-elles par où sefrayer un passage quand la lumière et la chaleur sont bloquées ? Etpourquoi n’abandonnent-elles pas quand elles constatent qu’il y ade l’asphalte au-dessus d’elles et qu’elles vont se buter à un murde pierre ? J’ai utilisé des exemples du comportement des plantespour inspirer ma famille et mes patients. Les plantes possèdentune source de sagesse dans leurs gènes ainsi qu’un sens de lagravité. Elles ne cèdent pas face à l’adversité quand elles se butentà des obstacles ; elles se fraient un chemin ou trouvent denouvelles façons d’atteindre la lumière. Alors, qu’est-ce qui inciteles plantes à progresser et à ne pas céder face aux obstacles ?

La clé pour toutes les formes de vie est la communication. Celacomprend la capacité de communiquer entre eux que possèdenttous les organismes unicellulaires, de même que les organismesplus complexes tels que les êtres humains. Cela fait égalementréférence à l’échange d’information entre les systèmes, les organeset les cellules à l’intérieur de chaque corps et avec la consciencesupérieure qui englobe toute la création.

La communication entre les cellules a évolué quand lesorganismes unicellulaires ont découvert comment transmettre del’information vitale en modifiant la chimie de leur environnement.En présence d’un danger, elles sécrétaient des substances qui leur

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permettaient de former des boules de cellules qui pouvaientsurvivre dans des conditions de vie difficiles, comme lors dessécheresses ou des fluctuations de la température. Il est égalementpossible d’observer ce genre de regroupement chez des créaturesbeaucoup plus complexes, comme les troupeaux d’animaux ; c’estle cas, par exemple, des éléphants et même des baleines grises,quand elles encerclent les membres plus vulnérables de leurcommunauté pour les protéger des prédateurs.

Les organismes en évolution ont compris la différence entre uncomportement qui assure leur survie et un comportementautodestructeur, autant consciemment qu’inconsciemment ; ainsi,l’intelligence de leurs prédécesseurs a pu être transmise auxindividus vivants de chaque espèce. L’espèce humaine estconfrontée à des difficultés quand nous ne prêtons pas attentionaux messages de danger parce que notre « état de conscience »nous distrait. Notez que je n’ai pas dit notre « intelligence ».

Si nous grandissons en recevant des messages aimants etencourageants des figures d’autorité dans notre vie, nousréagissons face au danger et nous protégeons notre santé et notrevie parce que nous avons une bonne estime de nous. Nous nouscomportons intelligemment et nous prêtons attention aux signauxinconscients que nous transmettons à notre corps et à ceux qu’ilnous envoie. Mais si nous grandissons en étant rejetés, nosréactions et nos choix deviennent autodestructeurs plutôt quesains. Quand nous réagissons de manière appropriée aux signauxde notre corps, la communication intracellulaire vise à améliorer laqualité de notre vie, mais quand nous les ignorons, que nous lesnions ou que nous vivons dans la peur, ils peuvent entraîner desmaladies.

Pensez à l’homme qui, à la demande de son patron, accepte toutle temps de faire des heures supplémentaires, sans écouter lessignaux qui disent que son corps est épuisé en raison du stress liéà la surcharge de travail. Quand l’homme ignore les signes defatigue et qu’il ne prend pas soin de lui, son corps pourrait réagiren tombant malade parce que la maladie lui permet de cesser de

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travailler. Il pourrait souffrir du syndrome du lundi matin —nommé ainsi parce que c’est la journée où les crises cardiaques, lessuicides, les accidents vasculaires cérébraux et les maladies sontles plus nombreux. Par contre, s’il se réveille en appréhendant lajournée, qu’il sent sa pression artérielle augmenter et qu’il est àl’écoute de son corps, il va prendre conscience qu’il doit se trouverun autre emploi moins stressant, un emploi qu’il aime, ou changerson attitude envers son travail et son patron. Une fois qu’il aurachangé ses messages intérieurs, son corps va réagir en retrouvantla santé.

L’imagerie est un mécanisme de communication. Avant qu’uneinformation soit transmise, elle doit prendre la forme d’un schémaou d’un code. Ce schéma peut tracer une figure, comme un patronde couture le fait. Le code peut formuler une pensée, comme uneabeille qui danse pour montrer à ses pairs où se trouve le nectar,ou il peut prédire une action, comme lorsque le feu de circulationdevient vert. Une fois qu’une intention existe, une image est née etla communication commence. La communication peut être unmessage simple, comme lorsqu’un commutateur dit « Allumer »ou « Éteindre », ou le message peut être composé d’une sériecomplexe d’images qui ont mené à la construction d’unecathédrale, telle que celle illustrée par l’histoire de mon ami.

Près de la ville de Wells, en Angleterre, il y a un cottage enpierres qui se trouve au bord d’un ancien bosquet. Quand Harry aacheté la propriété, il a découvert derrière celle-ci les restes d’unecarrière abandonnée qui avait fourni les pierres utilisées pourconstruire la cathédrale de Wells, en 1175. J’ai été fascinéd’apprendre de Harry qu’une partie de sa maison avait appartenuà un des ouvriers d’origine de la carrière, ce qui en faisait unehabitation presque millénaire.

— Sous les racines des arbres et la mousse, m’a-t-il raconté, j’aitrouvé de gros blocs de pierre avec des marques de ciseau encorevisibles. Plus tard, quand je me suis retrouvé sous les magnifiquesarches de la cathédrale, j’ai été frappé par l’ampleur du travail.Grâce à l’imagination d’un homme, à son désir et à son intention,

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d’immenses pierres avaient été extraites de la terre, transportées àhuit kilomètres en bas de la colline et sculptées pour créer despiliers, des murs et le toit voûté complexe de la nef. J’ai eul’impression d’être en présence de la main de Dieu et de voir cemiracle de création illustré par la vision initiale d’une personne.Sans l’habileté des hommes à visualiser et à communiquer desidées complexes, aucune cathédrale n’aurait pu être construite.

À un certain degré, toutes les espèces réagissent aux images. Cequi rend notre espèce unique est notre habileté à raisonner ; c’estainsi que nous utilisons les images. Même les personnes aveuglesde naissance peuvent réagir à des images et à des symboles et lesinterpréter. Par exemple, pour lire le braille, il faut avoir lacapacité de percevoir et de reconnaître des formes et des schémasparticuliers qui ont une signification.

Quand nous avons évolué pour devenir des êtres humains, nosinteractions avec le monde extérieur sont devenues pluscomplexes. Nous avons développé le langage et avons créé desœuvres d’art. Mais dans notre conscience supérieure dépourvuede mots, nous avons cherché à obtenir de l’information d’uneintelligence universelle qui ne pouvait être conçue qu’au moyend’images visuelles, auditives et tactiles, et nous avons exprimé ceque nous avons appris avec des histoires et des symboles. Parexemple, les dessins préhistoriques sur les parois des cavernes etsur les pierres des déserts illustrent les visions que les êtreshumains recherchaient auprès d’une source invisible durant lespériodes de sécheresse. À d’autres endroits, les illustrations deschamans offraient aux chasseurs de l’information sur la direction àsuivre et sur la distance à parcourir pour trouver des proies etassurer leur survie.

Les symboles sont une forme de langage qui est compris sansqu’un mot soit prononcé et qui sert de raccourci mental. Ilspeuvent représenter un objet, une situation, une croyance, ungroupe de gens et de nombreuses autres choses. Un symbole, telque le panneau de signalisation rouge et octogonal, peut n’avoirqu’une seule signification ou, tel qu’un mythe ou une parabole, il

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peut avoir plusieurs niveaux et profondeurs. De tels mythes etparaboles sont des histoires symboliques qui enseignent quelquechose et forment la structure et les croyances des cultures et desreligions. Ces histoires finissent par faire partie non seulement dela culture, mais aussi de la psyché des gens.

Les couleurs possèdent souvent une symbolique universelle.Pour les gens, la couleur rouge prend une connotation émotive(comme face à du sang), la couleur jaune correspond à une énergiequi réveille (le soleil), tandis que la couleur verte correspond à unindicateur positif (la croissance). La signification symbolique de lacouleur influe non seulement sur la façon dont nous allons agir,mais elle communique également avec notre corps, notre esprit etnos émotions de manière inconsciente.

Dans The Secret World of Drawings, Gregg Furth écrit : « Lesymbole libère une énergie psychique inconsciente et il lui permetde circuler à un niveau naturel qui donne lieu à unetransformation. L’individu qui est face à une difficulté a alors lapossibilité de prendre conscience d’éléments inconscients, decomposer avec eux et ainsi de transcender le problème. Leproblème externe peut encore être présent, mais il est maintenantcompris différemment1. » Cette nouvelle compréhension est la clémenant à la croissance et à la survie.

Quand les mots, les sons et les images deviennent desmétaphores, ils ont une plus grande signification dans une simplereprésentation, comme le tintement d’une cloche, et ils sontcapables de favoriser une guérison du cœur et de l’esprit. Cessymboles communiquent avec le corps sous la forme desentiments, d’humeurs et de réactions physiques automatiques.Les images symboliques et les sentiments qui y sont associéspeuvent changer notre chimie intérieure.

Par exemple, les adeptes du bouddhisme apprennent à prendreconscience du calme qui se trouve dans le tintement d’une cloche,dans leur appel à la prière et dans la méditation. J’enseignesouvent aux gens à utiliser la sonnerie du téléphone comme uneoccasion de pratiquer la pleine conscience. Une femme perturbée

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qui avait adopté cette pratique a été sauvée par le signal auditif.Elle avait sombré dans une profonde dépression et était sur lepoint de se suicider quand son téléphone a sonné. Le son lui arappelé de plonger en elle et de retrouver ce calme inté-rieur. Ellea alors compris qu’elle n’avait pas besoin de se suicider. Elle avaitbesoin d’apprendre à vivre.

Dans les années 1960, l’approche analytique de Carl Jung parrapport à la psychologie a transformé la compréhension etl’attitude des psychologues et des sociologues européens etaméricains. Il avait étudié la psyché à travers les rêves, les arts, lamythologie, la religion et la philosophie. Même s’il étaitpsychologue clinicien, il a consacré la majeure partie de son travailà explorer d’autres champs de connaissance, y compris laphilosophie orientale et occidentale, l’alchimie, l’astrologie et lasociologie, de même que la littérature et les arts. Sa théorie del’inconscient collectif tel qu’exprimé par les symboles et lesarchétypes a mené à ce qui est maintenant appelé la psychologiejungienne.

Selon la définition de Jung, un archétype est un caractèresymbolique qui est compris collectivement par des groupes entiersde gens à différentes époques. Ces caractères archétypes sont lessymboles des figures d’autorité et des personnes clés dans notrevie. Les symboles en soi ont une grande influence sur nossentiments, nos pensées et notre comportement2.

Jung reconnaissait que notre futur est formé inconsciemment. Il aégalement observé que nous agissons comme si des dieux avaientune emprise sur notre vie et que lorsque nous découvrons lesaspects cachés en nous, nous constatons alors que nous sommesinfluencés et changés par de nombreux facteurs invisibles. Pour ensavoir davantage sur le sujet, je vous recommande de lire le livrede Joseph Campbell, The Hero’s Journey, et la retranscription de sesentretiens avec Bill Moyers dans Puissance du mythe3.

Le Livre des transformations, aussi appelé Yi King, contient lasagesse des anciens sages chinois, qui ont divisé leursobservations de la nature en 60 scénarios ou objets visuels. En

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lançant des bâtonnets ou des pièces de monnaie, nous obtenons unschéma composé de 6 lignes droites ou brisées et le symbole qui enrésulte, appelé un hexagramme, représente une des 60 images. Lapersonne qui consulte cet oracle utilise les interprétations et lescommentaires que les sages ont écrits à propos de cet hexagrammepour en savoir davantage à propos d’un problème ou d’unesituation. C’est fou ce que cet oracle m’a permis de découvrirdurant des périodes de questionnement. Lors d’une récentepériode de changement, il m’a rappelé que j’avais des limites etque je devais en tenir compte, et il m’a aidé à me souvenir que jene peux pas tout réparer et que j’ai moi aussi des besoins.

Quand on a demandé à Carl Jung d’écrire la préface de latroisième traduction anglaise du Yi King, il a hésité. Il savait qu’ilserait critiqué par ses pairs en présentant un système dedivination pouvant être utilisé pour appliquer à un problèmemoderne des interprétations d’un livre ancien en lançant desbâtonnets ou des pièces de monnaie.

Ayant pris en considération comment cela pourrait perturber sabonne réputation, Jung a écrit : « J’ai toujours essayé de demeurercurieux et non biaisé. Pourquoi ne pas essayer d’établir unecommunication avec un livre ancien qui prétend être animé ? » Il adécidé de lancer les pièces de monnaie et il a demandé au livre cequ’il pensait du fait qu’il avait « l’intention de le présenter àl’esprit occidental ». Il a obtenu l’hexagramme nommé « lechaudron », qui représentait « un récipient rituel qui contient de lanourriture cuite. Ici, la nourriture doit être interprétée commeétant de la nourriture spirituelle4. »

De nombreux symboles dans le Yi King n’auraient pas pus’appliquer à la question de Jung. En fait, la plupart n’auraient paseu de lien avec celle-ci et l’interprétation aurait paru insensée.Mais l’interprétation des sages à propos du chaudron s’appliquaittellement bien à la question de Jung que cela l’a encouragé à allerde l’avant. Il a écrit la préface en se servant de sa propreexpérience avec les pièces de monnaie comme d’un exemple fiablede la possibilité d’accéder à la sagesse universelle en utilisant une

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ancienne méthode chinoise basée sur des symboles.John Greenleaf Whittier, un ardent défenseur de l’abolition de

l’esclavage et un des « poètes au coin du feu » américains a écrit : «La nature s’exprime au moyen de symboles et de signes5. »Combien de fois avez-vous réfléchi à une question et avez-voustrouvé la réponse en regardant le coucher du soleil ou des oiseauxen train de se nourrir dans la nature ? Beaucoup plus qu’unesimple métaphore ou une histoire, les symboles peuvent susciterdes réactions émotionnelles, entraîner une guérison et donner desleçons qui transforment.

J’ai connu une femme qui luttait contre la dépression après avoirdéménagé sur la côte ouest. Malgré la beauté qui l’entourait, elle aeu des pensées suicidaires un jour qu’elle marchait sur une plagedéserte.

Je désirais vivre à cet endroit depuis des années, maismaintenant que j’y étais, je me sentais terriblement seule.J’avais beau regarder au loin, je ne voyais aucun autre êtrehumain à des kilomètres de distance. J’étais tellement dépriméeque même si quelqu’un avait surgi, je l’aurais évité. Cesentiment d’isolement m’a presque fait perdre la tête. J’aiessayé très fort de ne pas paniquer tout en disant « merci » àvoix haute dans l’espoir que la gratitude chasserait mespensées sombres.

C’est alors qu’une pierre dans le sable a attiré mon regard.Elle était lisse et plate, et elle avait la forme d’une empreinte depied. Je l’ai prise dans ma main. Malgré l’eau froide et le cielnuageux, elle renfermait la chaleur du soleil et sa chaleur acommencé à m’envelopper. Je savais que l’empreinte du piedétait un message qui m’était destiné et je ne me suis plus sentieseule. J’ai également pris conscience que mon sentimentd’isolement résultait de mes propres choix.

Moins d’une semaine après, je me suis impliquée dans macommunauté en faisant du bénévolat ; j’ai aussi commencé àassister aux rencontres d’un groupe de soutien et à me faire desamies parmi les femmes du programme en 12 étapes. Il

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m’arrivait encore de me sentir seule, mais quand cela arrivait,j’allais aider quelqu’un d’autre et j’allais me promener encompagnie d’un autre être humain. La pierre en formed’empreinte de pied repose sur mon bureau au moment oùj’écris ces lignes ; elle me rappelle combien je suis aimée et queje ne suis pas seule.

Pour cette femme, la pierre représentait une histoire à proposd’empreintes de pied dans le sable. Cette histoire est devenue unemétaphore de la présence de Dieu. Le symbole a transformé sonschéma de pensée ; il l’a réconforté et lui a rappelé qu’elle devaitavancer et agir pour donner un sens à sa vie.

Je cherche moi aussi des signes un peu partout et quand jetrouve un sou noir, j’ai toujours l’impression que je suis sur labonne voie. Les mots « In God We Trust » sont gravés sur chaquepièce d’un sou, ce qui me rappelle qu’il faut avoir la foi, et le mot «Liberty », que je dois être mon moi authentique. Abraham Lincolnme rappelle que je suis mortel et que je dois prendre les choses unpeu plus à la légère.

Il y a une communication cellulaire lorsque des signauxchimiques et électriques déterminent le comportement descellules, mais j’ignore complètement comment la molécule d’uneprotéine sait ce qu’elle doit faire. La création est un miracle et elleest au-delà de notre compréhension. Il est renversant de penserqu’une cellule — un ovule — puisse se développer et devenir unêtre humain composé de tous ces éléments différents qui lui sontpropres et qui savent quel est leur rôle et dans quelle partie ducorps ils doivent se développer pour accomplir leur tâche.Imaginez le nombre infini de signaux intercellulaires qui doiventêtre transmis à chaque élément du corps durant le processus decréation d’un être humain viable — un bébé. Et songez auxsignaux que ce corps reçoit après avoir été formé et durant toutesa vie.

Qu’est-ce qu’une caresse ou une étreinte dit à ce corps à proposde la vie ? Qu’est-ce que les sentiments de peur, de désespoir et dedépression non exprimés disent sur le désir de vivre ? Chaque

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cellule de notre corps est consciente de notre volonté de vivre,ainsi que de nos désirs et de nos intentions. L’aspect émotionnel etl’aspect physique ne font qu’un. L’esprit et la matière ne sont pasdes entités distinctes. Comme Jung l’a dit, la psyché et le somasont simplement des aspects différents de l’être unique que noussommes.

Tout comme les organismes unicellulaires réagissent à leurenvironnement, les cellules de notre corps réagissent auxenvironnements physique, mental et émotionnel, autant internesqu’externes. Une image que nous percevons comme étant négativepeut nous éloigner de notre parcours de vie, mais quand nous latransformons en une image positive, nous pouvons revenir sur labonne voie et poursuivre notre parcours de vie, plus forts et plussages.

Les êtres humains ont une vision dualiste de la vie : là où il y ade la lumière, il y a aussi de l’ombre. Cependant, l’ombrecorrespond simplement à l’absence de lumière. Quand vous faitesface au soleil, vous ne voyez pas les ombres. Et notre perceptiondes choses influe sur notre santé. Et cette perception est souventune question de choix. La maladie correspond à la perte de lasanté et non pas à une punition. Il faut chercher à retrouver lasanté perdue, tout comme vous chercheriez les clés de votrevoiture que vous avez égarées, plutôt que de présumer que Dieuvoulait que vous rentriez à pied à la maison.

LES SYMBOLES DE LA GUÉRISON

Vous connaissez sûrement le symbole du serpent qui s’enrouleautour d’un bâton. À l’origine, il représentait Asclépios, le dieugrec de la guérison et de la médecine. Le bâton d’Asclépios, qui estdevenu le logo de différents organismes médicaux du mondeentier (par exemple de l’American Academy of FamilyPhysicians), illustre cette dualité avec un symbolisme intrigant. Levenin du serpent est un poison mortel. Mais dans la Chine etl’Inde antiques, il était utilisé pour soigner divers problèmes desanté, allant de la dépendance à l’opium aux cancers de la peau etaux troubles du foie. De nos jours, on l’utilise pour soigner les

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maladies touchant le système immunitaire, comme la sclérose enplaques et le sida. D’après des études expérimentales sur le venindu cobra, celui-ci ralentirait le taux de croissance de certainscancers.

Une autre caractéristique intéressante du serpent est sa capacitéde muer. À la fin de sa mue, il semble venir d’éclore de son œuf,tout comme une personne malade qui se rétablit d’une maladie enressort rajeunie. Quand nous changeons notre perception deschoses et que nous faisons face au soleil plutôt qu’aux ombres,c’est comme si nous étions des nouveau-nés : notre corps ressentnotre amour renouvelé pour la vie et il peut en résulter une formed’autoguérison.

Historiquement, le bâton sur lequel s’appuyait le médecin pouraller visiter ses patients était peut-être réconfortant aux yeux desgens ou il a peut-être représenté la douleur et la mort, selon l’étatdu patient et l’expertise du médecin. Le serpent et le bâton réunisen un seul symbole rappellent clairement au médecin et au patientles aspects positifs et négatifs du traitement médical.

En tant que médecin-guérisseur, je préfère me concentrer sur lessymboles qui reflètent le pouvoir de l’amour. Tout en nous aimantles uns les autres, nous devons nous rappeler que la noirceur, lefroid et la mort spirituelle n’existent que là où il n’y a pas delumière, de chaleur ou d’amour. La première image symbolisantla guérison qui me vient à l’esprit est celle du cœur sur une paumeouverte. Ce symbole vient d’une secte de Shakers qui s’est établiedans le nord-est des États-Unis et dont la discipline spirituelleprônait le dur labeur et la simplicité, ainsi qu’une vie consacrée àDieu. La main représente la charité et le cœur, la compassion.Combinés ensemble, ils représentent un accueil aimant et uneacceptation non moralisatrice ; la main accomplit le geste que lecœur désire.

L’effet thérapeutique de la compassion est incommensurable. Lessoins sincères qu’un médecin apporte à ses patients favorisent laguérison et peuvent même éliminer la nécessité d’un traitementmédical ou d’une chirurgie. Quand une personne reçoit une

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attention aimante, un message vivant pénètre dans son corps àl’échelle des cellules. Un jeune homme qui mourait du sida m’adéjà dit qu’il croyait que « ce qui est mal, ce n’est pas la maladie,mais c’est de ne pas éprouver de la compassion pour la personnequi souffre de la maladie ».

La compassion ne doit pas nécessairement venir de sourcesextérieures. Il est également possible de la trouver en nous-mêmes.Un des exercices de visualisation que j’utilise avec mon groupedes ECaP consiste à transformer une peur ou une douleur en unemétaphore visuelle et à travailler avec cette image. Si vous êtesaux prises avec une peur ou une douleur, essayez l’exercicesuivant. Imaginez que votre peur ou votre douleur est symboliséepar un bébé qui pleure. Assoyez-vous confortablement, fermez lesyeux et imaginez que vous marchez dans votre maison, guidé parles pleurs déchirants de cet enfant. En pénétrant dans une pièce,vous trouvez l’enfant étendu dans son berceau. Prenez-letendrement dans vos bras et bercez-le tout en l’apaisant jusqu’à cequ’il soit réconforté et qu’il cesse de pleurer. Puis, éloignezdoucement le bébé de votre corps. Soyez conscient que ce n’est pasvous, mais que vous pouvez l’étreindre et apprendre quelquechose de lui. Quelle leçon ce bébé a-t-il à vous enseigner ?

Cette métaphore du bébé qui pleure vous enseigne que votrepeur et votre douleur sont une occasion de marcher dans vos partsd’ombre, d’en prendre soin, de les tenir dans vos bras et de lesapaiser. Il ne faut pas les ignorer ou les nier, mais plutôt lesétreindre et les aimer. Vous pouvez effectuer le même exercicequand vous rêvez. Au lieu de fuir le démon qui surgit, affrontez-ledans votre rêve ; demandez-lui la raison de sa présence et ce qu’ilattend de vous.

Ce n’est pas par accident qu’un symbole apparaît dans descultures, des régions et des pays différents en ayant à peu près lamême signification malgré l’écart physique ou chronologique. Parexemple, dans la science moderne, un triangle (qui est égalementle symbole grec appelé « delta ») symbolise « un changement ».Les météorologues placent un triangle devant la lettre T pour

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signifier un change-ment de température ; une infirmière inscriraun triangle devant les lettres PA, dans le dossier médical d’unpatient, pour noter un changement dans la pression artérielle.

Le logo des Alcooliques Anonymes est un triangle à l’intérieurd’un cercle qui signifie que, pour demeurer sobres et jouir d’uneguérison à long terme, ils doivent changer leur comportement etleur attitude. Les pyramides, construites par des sociétésanciennes dans les deux hémisphères, représentent latransformation, ou le changement, de la vie à la mort, de ce mondeà l’autre monde. Les Amérindiens utilisent des triangles sur leurspoteries, leurs objets tissés et leurs bijoux pour symboliser leportail à travers lequel l’âme entre dans le nouveau-né ou retourneà ses ancêtres.

Les chiffres sont également des symboles. Par exemple, toutes lesreligions et les cultures ont une semaine de sept jours, et le chiffresept représente un cycle de vie. Le chiffre huit représente unnouveau commencement. Le chiffre quatre représente unachèvement ou une totalité, tout comme la Terre a quatre saisonset quatre points cardinaux.

Une autre sorte de symbole est composée de plusieurs imagesqui forment une métaphore, une parabole ou une histoire. Elleillustre une leçon ou une notion que les gens peuvent facilementsaisir et vivre. J’ai commencé à raconter des histoires pour deuxraisons. La première a été magnifiquement illustrée par l’auteureIsabel Allende lors d’une conférence qu’elle a donnée il y aquelques années et à laquelle j’ai assisté. Quand elle a cité unproverbe juif, la leçon qu’il contenait m’a aussitôt frappé et je nel’ai jamais oubliée. Le proverbe posait la question suivante : «Qu’y a-t-il de plus vrai que la vérité ? » Et la réponse est : unehistoire.

Durant les séances scientifiques, j’ai souvent essayé deconvaincre les autres médecins de l’hôpital Yale-New Haven quemes patients voyaient vraiment leur santé s’amé-liorer après s’êtrejoints au groupe de soutien des ECaP. Je leur expliquais quequand les gens guérissent leur vie, leur maladie guérit également.

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Je leur citais différents journaux et articles, mais les références queje faisais à des données scientifiques ne faisaient qu’ouvrir la porteà davantage de débats. Les médecins me disaient :

— Je ne peux pas accepter cela.Certains se mettaient même à me crier :— La méthode expérimentale utilisée lors de cette expérience

n’était pas bonne.Ou chaque fois que je citais une référence, ils répliquaient :— Ce n’est pas un bon journal.J’ai même constaté que lorsque j’essayais d’effectuer une

recherche, les gens me disaient :— Ce que vous dites n’a pas de sens, alors nous n’allons pas

subventionner votre recherche.D’autres personnes me répliquaient :— Vous n’avez effectué aucune recherche, alors pourquoi

devrions-nous vous croire ?J’étais incapable de donner une réponse acceptable dans un cas

comme dans l’autre. Les gens se sont fâchés contre moi et ils ontfinalement effectué des recherches pour prouver que j’avais tort.Quand les résultats ont plutôt révélé que ce que je disais était vrai,des membres de la profession médicale ont commencé à s’ouvrir àde nouvelles possibilités.

Un étudiant de Yale qui rédigeait sa thèse de maîtrise a effectuéune étude auprès de femmes atteintes du cancer du sein et quifaisaient partie de notre groupe de soutien. Il a obtenu desstatistiques qui indiquaient un meilleur taux de survie parmi lespatientes qui avaient adopté une approche esprit-corps-âme dansun groupe qui se concentrait non pas sur la maladie, mais sur lacapacité de vivre et d’assumer la responsabilité de son proprerétablissement. C’était impressionnant. Quand son professeur a vuces statistiques tirées de données scientifiquement recueillies, il adit :

— Ça ne peut pas être vrai. Tu vas devoir changer le groupetémoin.

Vous voyez, l’étudiant a bel et bien effectué la recherche et il a

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obtenu des résultats que les gens refusaient d’accepter. Sonprofesseur lui a dit que cela ne pouvait pas être vrai, alors il devaitcorriger ses données. J’ai expliqué à l’étudiant que les gensn’étaient pas obligés de faire partie de mon groupe pour être dessurvivants, qu’il y a des patients exceptionnels partout dans lemonde. Pour apaiser son professeur, l’élève a trouvé un nombresuffisant d’individus dont la santé s’est aussi bien améliorée quecelle des patients de mon groupe de soutien ; ces nouvellesdonnées n’ont montré aucune différence significative entre lespatients qui adoptaient l’approche esprit-corps-âme durant leurtraitement et ceux qui ne l’adoptaient pas. Encore une fois, lesmédecins m’ont accusé de mentir parce que « la recherche n’avaitrien prouvé ».

J’ai constaté que quand j’allais devant le même groupe demédecins et que je leur racontais une histoire à propos d’unpatient, personne ne quittait la pièce en colère, étant donné que jene faisais que raconter une histoire. Je ne menaçais pas leursystème de croyances. C’était une anecdote, une observation. Maisl’histoire pouvait avoir un effet significatif. Elle pouvait ouvrir uneporte. Par exemple, si, un mois plus tard, ils avaient un patient «fou » dans leur bureau, ils avaient tendance à me dire :

— Hé ! Siegel, tu vas aimer cette histoire.Et nous commencions alors à parler et ils commençaient à ouvrir

leur esprit. Ces histoires sont devenues des symboles du potentielhumain de l’autoguérison.

Au lieu de refuser catégoriquement de croire à une chose quevous ne pouvez pas voir, entendre ou ressentir, ouvrez au moinsvotre esprit et soyez prêt à prendre en considération de nouvellesidées. Soyez comme Jung et les grands philosophes. Soyez commeles enfants et laissez-vous guider par votre curiosité dans lesmerveilles de la vie. Prêtez attention aux symboles et auxarchétypes, et laissez-les être vos enseignants.

Dans les prochains chapitres, nous allons examiner des rêves etdes dessins, et nous allons apprendre comment les symboles qu’ilscontiennent donnent accès à notre sagesse intérieure. L’esprit est

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un outil incroyablement puissant qui peut permettre à unepersonne de survivre ou de mourir, selon ses croyances. Ce quevous croyez est communiqué à votre corps et cela influe sur lafaçon dont les traitements et leurs effets indésirables agissent envous.

L’ORDONNANCE DU MÉDECIN

Parcourez un magazine pour trouver des archétypes et dessymboles. Vous trouverez peut-être un médecin, un juge, unechandelle, un billet d’un dollar ou une rose rouge. Demandez-vous si sa signification est personnelle, universelle ou les deux à lafois. Prenez conscience des émo-tions que le symbole suscite envous. Durant la journée, dressez une liste des symboles aveclesquels vous interagissez consciemment et inconsciemment.Notez le rôle qu’ils jouent dans vos pensées, vos émotions, votrecomportement et vos choix. Est-ce qu’un des archétypes ou dessymboles apparaît fréquemment dans vos rêves ? Si c’est le cas,que croyez-vous qu’il vous communique ?

Découpez un symbole qui vous rappelle un sentiment agréableet collez-le sur votre miroir ou sur votre réfrigérateur ; il s’agitd’une lettre d’amour à vous-même. Fabriquez des templesd’amour partout dans votre maison, comme je l’ai fait chez nous.

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Chapitre 3LE POUVOIR DE LA VISUALISATION

Chaque patient porte en lui-même son propre médecin.— ALBERT SCHWEITZER

Je n’étais pas un chirurgien typique parce que j’essayais toujoursd’aider mes patients de manières non traditionnelles. Même si denombreux médecins trouvaient mes méthodes complètementfolles, personne n’était contre ce qui fonctionne, alors quandj’obtenais des résultats positifs auprès de mes patients, l’hôpitaldécidait d’adopter mes méthodes. Cependant, je n’ai jamais réussià convaincre les administrateurs d’utiliser les téléviseurs dans leschambres des patients pour les préparer en vue d’une opérationau moyen de l’imagerie guidée.

L’imagerie mentale est différente de l’acte qui consiste àsimplement penser à une chose. La pensée analytique a lieusurtout dans les régions de l’hémisphère gauche du cerveau, là oùle langage, la planification, le jugement et les chiffres règnent. Lavisualisation créative, ou l’imagerie mentale, est un processus quifait surtout appel à l’hémisphère droit, ainsi qu’à d’autres régionsdu cerveau, étant donné qu’elle nécessite l’utilisation de la vue, del’ouïe et de l’odorat, ainsi que de la mémoire, de l’humeur, desémotions, etc. Le côté créatif du cerveau peut être utilisé pourpréparer ou entraîner le corps et l’esprit en vue d’une expérience,qu’il s’agisse d’apprendre une tâche, de stabiliser l’humeur,d’améliorer une performance athlétique ou de guérir un troublemédical.

Par exemple, si vous songez à inscrire des citrons sur votre listed’épicerie, l’hémisphère gauche de votre cerveau s’active quandvous pensez « j’ai besoin d’acheter des citrons » et que vousremarquez qu’ils coûtent 4,39 $ le kilogramme. En guised’exemple d’un exercice de visualisation, imaginez que vous tenezun citron frais dans votre main. Sentez sa peau cirée contre vosdoigts et sentez sa douce odeur citronnée. Maintenant, imaginez

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que vous prenez un couteau bien aiguisé et que vous tranchez lecitron en quartiers. Du jus coule et l’odeur citronnée s’amplifie.Prenez un des quartiers entre votre pouce et vos doigts et pressez-le doucement. Observez les gouttes de jus qui éclatent et quicoulent de la chair pulpeuse du fruit. Portez le citron à votrebouche et laissez le jus couler jusqu’au fond de votre langue.

Vous devriez maintenant percevoir le citron d’une façonentièrement différente. Tout votre cerveau participe au processus.Vos glandes ont commencé à saliver et vous avez peut-être fait lagrimace en imaginant le goût amer du citron. Votre corps réagitcomme si vous aviez goûté un vrai citron. Le processus devisualisation a convaincu votre cerveau que c’était un vrai citron.

Si vous songez à la réaction immédiate que votre corps a euedurant cette expérience avec le citron, imaginez ce que vouspourriez accomplir en visualisant que vous vous faites opérer ouque vous recevez des traitements de chimiothérapie ou deradiothérapie, puis que vous guérissez sans aucun effet secondairenégatif. J’ai été témoin de ce phénomène et j’ai entendu deshistoires renversantes de centaines de patients qui ont utilisé cemerveilleux outil mental pour transformer leur peur du traitementen une puissante et agréable expérience de guérison.

L’imagerie mentale est une technique utilisée depuis trèslongtemps dans le monde du sport. Les athlètes ont appris àvisualiser qu’ils réussissent leur mouvement, comme le tir duballon au basketball ou un élan au golf, avant même qu’ils nel’effectuent ; ils obtiennent ainsi de meilleurs résultats. Mon ami,un golfeur professionnel, m’a dit :

— Si je visualise clairement la balle en train d’atterrir là où je ledésire, mon corps sait exactement quoi faire pour obtenir cet effet.Je n’ai pas à penser aux détails concernant ma prise du bâton, maposition et mon élan. J’imagine seulement le résultat final et jelaisse le reste du travail à mon bâton et à mon élan.

Ce n’est que depuis quelques années que l’imagerie cérébralepeut mesurer et illustrer l’activité du cerveau avec une grandeprécision grâce à des outils technologiques tels que l’imagerie par

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résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) et la tomographie parémission de positons (TEP). Ces outils sont devenus d’usagecourant et ils permettent aux scientifiques d’observer en tempsréel ce qui se passe dans le cerveau. À la fin des années 1990,Alvaro Pascual-Leone, de la faculté de médecine de Harvard, amené des expériences auprès de volontaires qui apprenaient unexercice de piano à cinq doigts1. Sa recherche lui a notammentpermis d’observer le même élargissement de l’aire motricecorticale chez les volontaires qui s’imaginaient en train d’effectuerl’exercice répétitif que chez les personnes qui effectuaientréellement l’exercice. Les volontaires qui avaient fait de lavisualisation mentale avaient fait croire à leur cerveau qu’ilseffectuaient bel et bien l’exercice.

J’ai eu l’occasion d’être témoin d’un phénomène semblable. Unjour, avant d’effectuer une opération mineure dans mon bureau,j’ai eu une discussion fort intense et intéressante avec mon patient.Pendant que nous parlions, j’ai pris le scalpel et j’ai effectué uneincision. J’ai remarqué que mon infirmière agitait frénétiquementla main pour attirer mon attention. Puis, elle a pointé la seringuequi contenait l’anesthésique local, que je n’avais pas injecté. J’aidemandé au patient comment il se sentait et il m’a répondu qu’ilallait bien, alors j’ai poursuivi l’opération. Par la suite, je lui aiexpliqué que nous avions tous les deux été hypnotisés par notrediscussion et que je n’avais pas utilisé d’anesthésique local pourrendre insensible la zone opérée. Il a été vraiment surpris. Ilcroyait qu’il avait été anesthésié et il n’a ressenti aucune douleur.De grandes opérations ont également été pratiquées alors que lepatient était sous hypnose et j’ai également recouru aux servicesd’hypnothérapeutes dans la salle d’opération.

Mon expérience m’a également montré que lorsque les genscroyaient recevoir des traitements de radiothérapie, ils avaient deseffets indésirables et leur tumeur diminuait même s’il n’y avaitpas de matière radioactive dans l’appareil en raison d’une erreurde réparation. On pourrait dire que leur croyance était devenueune forme d’auto-hypnose ou qu’ils avaient visualisé de manière

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créative que la matière radioactive avait accompli sa tâche. Peuimporte la façon dont vous décrivez le processus, leur cerveauavait imaginé que le traitement avait eu lieu et leur corps avaitréagi en conséquence.

Une femme m’a écrit pour me raconter son expérience avec latechnique de visualisation créative qu’elle avait utilisée aprèsavoir reçu un diagnostic de cancer du poumon, à l’âge de 32 ans.

Le garçon de ma voisine était en phase terminale d’un cancerdes os après avoir été en rémission durant sept années. Quandelle a su que j’avais le cancer, cette femme attentionnée a pris letemps de me parler de votre premier livre, L’amour, la médecineet les miracles, même si elle devait composer avec la maladie deson propre garçon. Elle m’a expliqué que, dans votre livre,vous parliez de manger le cancer en visualisant le jeu Pac-Man.J’ai pratiqué cette visualisation tous les jours et je me suisimaginée en train de courir un marathon avec des poumonsroses et en santé. Dieu merci, quand je suis retournée pour fairedes radiographies, mon cancer avait disparu, tout simplementdisparu. Mon médecin ne me l’a appris qu’une demi-heureaprès le traitement, parce qu’il avait fait le tour de son bureaupour annoncer la bonne nouvelle à tout le monde !

En aidant mes patients à visualiser leur corps en train d’éliminerla maladie, j’ai appris à éviter les connotations négatives telles que« manger » ou « tuer » le cancer. Pour certains patients, l’approcheagressive ne fonctionne pas. Au lieu de leur demander devisualiser Pac-Man ou des animaux qui mangent leur cancercomme un morceau de viande, je les aide à se débarrasser de leurmaladie d’une manière aimante, par exemple en visualisant que lalumière de Dieu fait fondre la tumeur qui a la forme d’un bloc deglace.

Parfois, mes patients me demandent pourquoi les oncologuesrecommandent la chimiothérapie quand ils savent qu’elle peuttuer le patient. Je leur explique que la chimiothérapie peut sauverdes vies et qu’elle y parvient effectivement. La réalité est que toutle monde meurt, mais que si vous choisissez la voie de la

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guérison, l’élément clé à prendre en considération est jusqu’à quelpoint vous êtes prêt à souffrir pour renaître et rendre la douleuracceptable.

Quand une personne se concentre sur les aspects négatifs dutraitement, elle doit se réapproprier son pouvoir et avoir l’occasionde prendre sa propre décision à propos de ce qui est bon pour elleet pas seulement essayer d’éviter de mourir. Les patients nedevraient pas se concentrer uniquement sur la maladie ; celadonne du pouvoir à l’ennemi. Voilà pourquoi j’insiste tant sur lepuissant partenariat qu’il doit y avoir entre le patient et lemédecin. Dans ce partenariat, le patient a l’avantage de connaîtreles différents traitements qui s’offrent à lui de la bouche d’unmédecin spécialisé et le médecin a l’avantage de l’aider à prendreune décision avec laquelle il est à l’aise. Par exemple, je rencontrebeaucoup de gens qui préfèrent la chimiothérapie à un régimealimentaire particulier parce que le régime constitue davantage unproblème pour eux que le traitement médical.

L’esprit est puissant. Si vous voyez le traitement comme uncadeau de guérison, vous n’aurez pas tous les effets indésirablesqui l’accompagnent. Je demande aux gens de se dessiner avant derecevoir un traitement ; à partir de ce dessin, nous pouvons dire sile patient perçoit négativement le traitement. Par exemple, j’ai déjàeu un patient qui avait dessiné la chimiothérapie comme étant unpoison qui lui était administré ; j’ai alors su qu’il y avait unproblème. Dans pareil cas, nous pouvons utiliser les techniques devisualisation pour aider l’inconscient du patient à transformer lapensée négative à propos de la chimiothérapie en une expériencepositive de guérison. Quand un patient est incapable de renversersa croyance, je lui recommande de ne pas choisir ce traitement.

J’insiste encore pour dire que lorsque vous êtes confronté à unemaladie potentiellement mortelle comme le cancer, il est essentielque vous trouviez un oncologue avec qui vous pouvezcommuniquer ouvertement et honnêtement, et sans aucune gêne.La plupart des oncologues n’ont jamais reçu de chimiothérapie etils ne peuvent pas comprendre par expérience ce que les patients

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vivent. Le patient doit être traité avec compassion et ses choixdoivent être respectés. Quand nous gardons notre pouvoir en tantque patients, le choix du médecin et du type de traitement nousrevient. Comme je l’ai mentionné, certaines personnes détestentmanger des légumes et préfèrent la chimiothérapie plutôt qued’adopter seulement une approche nutritionnelle en guise detraitement. D’autres veulent laisser Dieu les guérir et il n’y a riende mal à cela. Il est important que tous les patients soient à l’aiseavec leurs choix et qu’ils ne soient pas fâchés contre eux-mêmes siles choses ne se déroulent pas comme ils l’avaient souhaité.

Pour trouver un « bon » médecin pour soigner votre cancer,essayez de trouver un médecin « d’expérience » (c’est-à-dire qui adéjà eu un cancer) ou dont un proche a souffert de la maladie.Choisissez aussi un médecin qui accepte les critiques des patients,des infirmières et des familles. C’est le genre de médecin qui voitles critiques comme des enseignements et qui apprend de seserreurs. Il ne trouve pas d’excuses et ne blâme pas ses patients. Sivous connaissez quelqu’un qui a été soigné pour un cancer,demandez-lui comment était son médecin et s’il le recommande.Demandez à une infirmière quel oncologue elle consulterait si elleavait le cancer.

Le potentiel d’autoguérison est inné en nous ; une entaille dansun doigt qui guérit d’elle-même en est un exemple. Quand vouspratiquez l’imagerie guidée, vous reprogrammez votre corps.L’imagerie guidée peut vous aider à accomplir n’importe quoi,alors utilisez-la pour devenir la personne que vous voulez être etaccomplir les choses que vous voulez faire. C’est une manièrepuissante de donner à votre corps ce dont il a besoin pour êtrebien. Les études ont démontré que la chimie corporelle d’un acteurchange selon qu’il joue une comédie ou une tragédie. Alors,répétez mentalement et pratiquez la visualisation jusqu’à ce quevous deveniez la personne que vous voulez être.

Un jour, Bobbie et moi étions en Floride et nous sommes allésvisiter un ami neurologue. À notre arrivée, il était avec un patient,alors nous nous sommes assis dans la salle d’attente. Quelques

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minutes plus tard, une infirmière est venue nous dire :— J’emmène une femme dans la salle voisine. Elle va bientôt être

hospitalisée. Je vous le dis pour que vous ne fassiez pas de bruit,parce qu’elle a beaucoup mal. Elle souffre d’une migraine depuisune semaine.

Quand l’infirmière a quitté la salle, je me suis dit : « Qu’ai-je àperdre ? Je pourrais peut-être aider cette femme avec l’imagerieguidée ou quelque chose du genre. » Je suis donc allé dans la sallevoisine et j’ai demandé à la femme :

— À quoi ressemble votre douleur ?— On dirait de la pression, a-t-elle répondu.Si elle avait été ma patiente, je lui aurais ensuite demandé :— Quelle pression ressentez-vous dans votre vie ?Mais je lui ai plutôt dit :— Concentrons-nous sur la pression dans votre tête et dans votre

vie afin de la soulager.J’ai effectué avec elle un petit exercice d’imagerie guidée pour

soulager la pression, puis je l’ai quittée et je suis retourném’asseoir.

Quelques minutes plus tard, l’infirmière est revenue dans la salled’attente, l’air déconcerté.

— Elle a dit que la douleur avait complètement disparu et ellem’a demandé de vous dire que la pression était associée à sonmariage. Puis, elle est partie.

Nos mots créent des images tout comme nos souvenirs. Cesimages et ces souvenirs sont emmagasinés dans notre corps etquand ils sont nuisibles, ils finissent par causer des dommages. Ilest donc essentiel de nourrir notre esprit avec des images saines etpositives. Le message de nombreux maîtres spirituels est que nouschoisissons de nous voir non pas en tant que personnes malades ethandicapées, mais entières et pleines de potentiel.

L’ORDONNANCE DU MÉDECIN

Si ces images intolérables nous rendent malades, nous guérissons grâce àl’imagination.

— JAMES HILLMAN

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Trouvez une position confortable. Levez les yeux vers le plafond,puis laissez vos paupières se fermer lentement tandis que vousvous concentrez sur votre respiration, en expirant les chosesnégatives et en inspirant de l’inspiration. Laissez une vague depaix envahir votre corps pendant que vous inspirez la vie. Quandvous vous sentez prêt, faites une longue promenade mentale dansvotre corps. Trouvez les blessures du passé. Aimez ces parties devotre corps ; voyez-les guérir et redevenir saines et normales.Imaginez que votre corps effectue ce que vous voulez qu’ilaccomplisse. Continuez de marcher mentalement jusqu’à ce quevous ayez visité l’ensemble de votre corps. Prenez le tempsd’apprécier la promenade.

Quand vous avez fini, pensez aux endroits dans votre corps oùvous ressentez ou avez ressenti un malaise ou d’autressymptômes. Demandez-vous quels mots vous utiliseriez pourdécrire votre expérience du malaise ou des symptômes.Maintenant, pensez aux relations dans votre vie que vous décririezavec les mêmes mots. Si une relation ou une situation nuit à votresanté, abandonnez cette relation ou sortez de la situation. Pensez àquelque chose d’autre dans votre vie que vous pourriez décrire dela même manière. Quand vous l’aurez trouvé, éliminez-le de votrevie et vous serez également soulagé de vos symptômes.

En guérissant votre vie, votre chimie intérieure change et votrecorps en bénéficie. Trouvez l’harmonie et le rythme authentiquespour vous, au lieu d’accepter ceux que les autres vous imposent.N’ayez pas peur d’imaginer votre moi idéal. Votre corps a lepotentiel de créer tout ce que vous visualisez. Et quand votre santén’est pas en cause, voyez comment l’amour peut guérir votre vieet votre maladie.

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Chapitre 4LES RÊVES : L’ATELIER CRÉATIF DU CERVEAU

Le rêve est […] nullement une chose morte qui produit le bruissement d’un papierfroissé. C’est une situation vivante ; c’est comme un animal muni d’antennes ou de

nombreux cordons ombilicaux.— CARL GUSTAV JUNG

Dans notre passé lointain, le sommeil était une entreprisedangereuse. Vous vous étendiez dans votre caverne ou votre abriet un prédateur pouvait venir avant que de nombreuses heures sesoient écoulées. Beaucoup de créatures ne dorment pas, ou ellesdorment debout, ce qui leur permet de se réveiller et de réagirinstantanément au danger.

Adrian Morrison décrit ce paradoxe dans son article « The Brainon Night Shift » : « Bien que nos ondes céré-brales soient activesdurant le sommeil paradoxal, nous sommes physiquementparalysés […], sans mentionner que nous sommes inconscients dece qui nous entoure […]. Nous […] sommes en apparence sansdéfense, ce qui soulève des questions surprenantes sur le rôle dusommeil paradoxal du point de vue de l’évolution1. »

Si nous sommes si vulnérables durant notre sommeil, alorspourquoi dormons-nous ? En quoi le risque en vaut-il la peine ?Les rêves donnent l’occasion aux êtres vivants de s’entraîner àadopter un comportement de survie sur un écran mental. Dans unrêve, nous pouvons croiser un monstre ou un ennemi, alors quedans la réalité, ce ne serait pas pratique ni sûr. Nous pouvonsavoir le courage de l’affronter et d’apprendre de ce qui nousmenace. À notre réveil, nous pouvons appliquer cette sagessedans notre vie consciente.

Quand les animaux dorment, des parties de leur cerveau quiactivent leur vue et d’autres sens demeurent éveillées durant leursrêves, même si leur corps est au repos. Combien de fois avez-vousvu un chien endormi qui agite ses pattes comme s’il chassait deslapins dans son sommeil ? Des athlètes racontent qu’ils pratiquent

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leur sport dans leurs rêves, comme si c’était une course d’essai,alors que des écrivains ont vu des scènes du livre qu’ils étaient entrain d’écrire se dérouler sur la page des rêves. J’ai effectué desopérations dans mes rêves et j’ai appris de cette expérience autantsur le plan pratique qu’émotionnel.

J’ai fait un rêve la nuit de la fête des Pères. J’avais gagné à laloterie et, à mon réveil, j’ai pris conscience que c’était un messageà propos de la vie qui est comme une loterie et combien nos cinqenfants et leurs familles me donnaient le sentiment d’être ungagnant. Comme dans ce cas, les rêves peuvent aussi confirmerdes choses dans notre vie qui sont des sources de force et qui sontlà pour nous aider.

Je crois que la raison pour laquelle nous dormons n’est passeulement de reposer notre corps, mais aussi de laisser uneconscience supérieure nous parler dans nos rêves au moyen desymboles et d’histoires. J’ai eu de nombreux rêves et desexpériences qui sont devenus des guides person-nels et qui m’ontfait réfléchir à ma vie et à mes actes, ainsi qu’à la création quiforme un tout. J’en suis venu à accepter qu’il existe une conscienceet que cette conscience est liée à Dieu… et que la conscience estDieu parce que Dieu s’exprime au moyen des rêves et des images— le langage universel.

Les rêves et les dessins contiennent de l’information sur votrepassé, votre présent et votre futur, que vous créezinconsciemment. J’ai demandé à des patients de faire des dessinsen y intégrant des lieux et des événements, et il s’est avéré qu’ilsétaient liés à leur futur. Un dessin indiquait où un patient allaitmourir d’un accident, tandis qu’une autre patiente avait dessinéen détail sa salle d’opération (voir la figure 22 dans l’encart),même si ces patients n’étaient jamais allés à ces endroits avant.

Dans le chapitre 3, nous avons parlé de la visualisation créative.Tout en écoutant un exemple d’imagerie guidée sur un CD oucelle donnée par un animateur dans un atelier, nous laissonsderrière nous nos inquiétudes et nos responsabilités. La voix duguide nous encourage à suivre un parcours dirigé par notre

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intuition et notre imagination. En laissant notre esprit conscientbasé sur notre ego lâcher prise, nous pénétrons dans unedimension détendue, sûre et créatrice, où le corps et la psychéfusionnent. Dans le monde de la visualisation guidée, noussommes capables de créer des ponts avec l’énergie aimante etpaisible qui réside en chacun de nous et qui nourrit, guérit et veilleà notre bien-être.

Quand nous rêvons, nous vivons un processus semblable, maisau lieu d’écouter la voix d’une autre personne, nous devenonsnotre propre guide. Le rêve est notre lien avec notre inconscient,notre âme, notre moi supérieur.

Le langage des rêves est en majeure partie formé d’images,souvent de symboles, qui utilisent tous nos sens et toutes nosémotions. Plus les images sont étranges, plus notre inconscientveut attirer notre attention. Les images dans les rêves sont toutesdes aspects de différentes parties du rêveur. Souvent, quand vousdécrivez ce qui était dans votre rêve, vous prenez conscience de ceque cela représente dans votre vie ou par rapport à votre corps.

Par exemple, si vous ressentez beaucoup de stress en raison desdéfis incessants auxquels vous avez été confronté durant lajournée, vous pourriez rêver que vous êtes poursuivi par unefoule en colère. Avec vos pieds trop lourds pour courir, vousagitez frénétiquement vos bras jusqu’à ce que votre corps s’élèvemiraculeusement au-dessus de cette foule, hors de la portée deleurs griffes. Voler vous semble tout à fait naturel. Vous vousenvolez plus haut jusqu’à ce que vous soyez au-dessus des nuageset, avec un grand soulagement, vous vous sentez de nouveaucomme un enfant qui joue dans le ciel.

Un rêve de ce genre nous enseigne que nous sommes capables denous élever au-dessus de nos peurs et de nos inquiétudes. Cefaisant, il nous libère et nous permet d’être nous-mêmes et desavoir que nous pouvons vivre dans la joie du moment présent.Cette expérience d’avoir l’impression d’être un enfant qui jouepourrait également être un message thérapeutique de notre guideintérieur qui nous dit de prendre une journée de congé, d’aller

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marcher sur la plage ou de commencer à pratiquer la méditationou le yoga, et de calmer notre étang intérieur agité jusqu’à ce quenotre reflet soit visible.

Nos rêves nous avertissent aussi des dangers dont nous nesommes pas conscients, telle une maladie qui se développe dansnotre corps. Comme je l’ai souligné précédemment, Carl Jung ainterprété le rêve d’un de ses patients et il a correctementdiagnostiqué une tumeur au cerveau. J’ai vécu des expériencessemblables avec mes patients en utilisant leurs rêves pourdiagnostiquer des états physiques. Par exemple, une patientepourrait venir me voir et me dire :

— Ma mammographie était normale, mais dans mon rêve, ellene l’était pas.

Je lui répondrais :— D’accord. Nous allons faire une biopsie.Au fil des ans, j’ai constaté que chaque fois que les rêves de mes

patients et de mes patientes leur révélaient quelque chose de cegenre, la biopsie pratiquée par la suite menait toujours à undiagnostic de cancer. J’ai appris à respecter la sagesse intérieuredes patients parce qu’elle a toujours raison. Je connais des patientsqui ont dû consulter jusqu’à cinq médecins avant qu’un accepteenfin de faire une biopsie, permettant ainsi de trouver un cancer.Je connais aussi des patients qui sont morts parce qu’ils n’ont passuivi l’avertissement de leur rêve ou parce que les médecins ne lesont pas écoutés et qu’ils n’ont pas insisté pour avoir une biopsie.

Susan Hoffman a partagé son histoire dans ma dernièrecollection, A Book of Miracles. Dans son rêve, une Asiatique aucorps frêle avec des doigts minces a touché le haut de son seindroit en lui disant :

— Le cancer est ici.À son réveil, Susan a senti une bosse exactement à l’endroit que

lui avait indiqué la femme dans son rêve ; elle est donc alléeconsulter son médecin qui a pris un rendez-vous pour une biopsie.Quelques jours plus tard, elle est allée au centre médical del’Université de Californie à Los Angeles pour se faire faire une

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biopsie. Voici ce qu’elle m’a écrit : « On m’a emmenée dans unesalle où des médecins sont venus palper mon sein à l’endroit où setrouvait la tumeur. Quand ils sont partis et que j’ai commencé àme rhabiller, une femme médecin — une Asiatique — est arrivéed’un pas pressé en disant qu’elle devait se rendre de toute urgenceà la salle d’opération ; elle a palpé mon sein et elle a dit ‘‘Ah oui, ilest ici, le cancer est ici’’. » Susan a aussitôt reconnu que c’était lamain du médecin qu’elle avait vue dans son rêve2.

Il y a plusieurs années, j’ai trouvé du sang dans mon urine etmes collègues ont voulu que j’aille immédiatement me faireexaminer. J’étais très occupé et je ne me suis pas soucié de leurspréoccupations ; et je n’ai pas pris de rendez-vous. Ce soir-là, j’airêvé que j’étais assis avec notre groupe de soutien pour lespatients cancéreux et que nous nous présentions. Quand mon tourest arrivé, avant même que j’ouvre la bouche, tout le monde s’esttourné vers moi et a dit :

— Mais vous n’avez pas le cancer.J’ai alors su que j’allais bien et c’était effectivement le cas. J’ai

consulté un urologue qui a soigné mon infection, mais cela s’estfait sans stress ni peur parce que je faisais confiance à mon rêve.

Un patient a raconté à son médecin un rêve dans lequel unbarrage de castors bloquait constamment l’écoulement de l’eaud’une rivière. Cela le bouleversait tellement qu’il s’est réveillé etn’a pas pu chasser ce rêve de son esprit. Il l’a même raconté à sonmédecin lors d’un examen de routine. Son médecin a fait le liensymbolique entre les rivières et les artères, et il a immédiatementordonné que des tests soient effectués. Ces derniers ont révélé quel’homme avait une artère coronaire obstruée et que s’il n’était pastraité, il risquait de mourir.

Certains rêves nous préparent à de mauvaises nouvelles. AndreaHurst se sentait prisonnière dans son mariage malheureux avec unpartenaire qui la maltraitait ; elle se sentait déprimée, impuissanteet sans aucun recours. Une nuit, elle a rêvé qu’elle marchait avecune foule de gens qui portaient des affiches et qui manifestaientpour une cause très importante. Elle a soudainement eu peur de la

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foule déferlante et elle s’est déplacée sur le côté, tout en sachantqu’elle devait choisir entre manifester avec eux ou abandonner.Elle était consciente que les enjeux étaient importants. Elle arassemblé son courage, puis elle a décidé de se battre et elle arejoint les manifestants.

Peu de temps après ce rêve troublant, Andrea a appris qu’elleavait un cancer du sein. Au début, elle a été tentée de capituler,mais elle s’est rappelé le rêve et elle a décidé de ne pasabandonner. Andrea a accepté de se faire opérer. Elle s’est procurémes livres et mes cassettes, et elle a entretenu une conversationquotidienne avec Dieu.

— Dès que j’ai pris conscience que mon sentiment d’êtreprisonnière n’était pas ma réalité, mais ma perception des choses,j’ai retrouvé mon pouvoir et ma vision a changé, m’a-t-elle racontéplus tard. Je ne me sens plus victime des circonstances. Le rêveillustrait que je pouvais faire ce qui était bon pour moi et il m’adonné le courage de mettre fin à mon mariage. Après avoir quittémon mari, je me suis créé un environnement paisible et aimant quisoutenait les effets positifs de ma chirurgie et de mes traitements.

Une autre femme était ambivalente à propos de la thérapie queson médecin et elle avaient choisie. Quand elle a rêvé à un chatblanc qui lui a dit qu’il s’appelait Miracle et lui a révélé queltraitement était préférable pour elle, elle l’a noté et elle a convaincuson médecin de suivre le conseil de Miracle. Elle a écouté sa voixintérieure, la sagesse de son rêve, et des années plus tard, elle étaitencore en vie et en bonne santé.

Je rencontre souvent des patients qui ont vu des structuresanatomiques dans leurs rêves, même s’ils ignorent à quoiressemblent ces structures dans le corps. Une femme a refuséqu’on lui retire son thymus pour traiter une myasthénie grave.Après de nombreuses semaines pendant lesquelles elle a vu sasanté se détériorer, elle a rêvé à un objet gris avec des extensionssemblables à des doigts qui poussait dans son corps. Elle ademandé à son médecin à quoi ressemblait un thymus normal etquand il le lui a décrit, elle a vu que le sien n’était pas normal,

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alors elle a accepté de se faire opérer. Quand elle s’est réveilléeaprès l’opération, elle a demandé à son médecin à quoi sonthymus malade ressemblait. Il a levé sa main et il a retourné sapaume vers le plafond, les doigts repliés, en disant :

— Il ressemblait à cela, avec des extensions semblables à desdoigts.

Son thymus avait une tumeur maligne et son rêve l’avaitparfaitement illustré.

Tout comme l’artiste n’a plus conscience du monde quand ilpeint sa toile, notre conscience analytique est temporairementendormie quand nous rêvons, ce qui empêche notre egod’intervenir. Au lieu d’interrompre notre rêve avec une penséecritique telle que « c’est ridicule ; ne prête pas attention à cela »,nous demeurons à l’écart et observons le film qui se déroule àl’écran. Plongés dans le monde des rêves, nous avons dessensations, des désirs et des connaissances précises qui nous sontprocurés par les lieux où le rêve se déroule, les actions qui s’ypassent et les sensations sonores, visuelles, olfactives et mêmegustatives.

Cathy Thayer enseignait à 28 enfants ayant des besoinsparticuliers. Elle adorait son travail et elle était entièrement dédiéeà ses élèves, mais comme son travail était très exigeant sur le planmental, physique et émotionnel, sa santé en souffrait gravement.À la fin de sa première année d’enseignement, Cathy a apprisqu’elle avait le cancer du sein. Elle a refusé d’abandonner sesélèves et elle a continué d’enseigner tout en faisant de lachimiothérapie et en recevant par la suite des traitements durantcinq ans.

Un matin, Cathy s’est réveillée en se sentant épuisée etprofondément troublée. Elle avait rêvé que des centaines depersonnes faisaient du camping sur le gazon devant sa maison.Elle avait beau les supplier de la laisser en paix et tranquille, lescampeurs avaient fait des feux de joie avec ses meubles de jardin,ils avaient laissé traîner des déchets, ils avaient pris son gazonpour des toilettes et ils avaient fait beaucoup de bruit.

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— Les campeurs avaient franchi toutes mes limites et ilsn’avaient aucun respect pour ma personne, m’a raconté Cathy. Ilsagissaient comme si j’étais à leur service. J’étais en train de ruinerma vie en répondant à leurs besoins.

Après avoir refait le même rêve à plusieurs reprises, ce quil’avertissait qu’elle n’avait pas résolu le problème, Cathy acompris que son inconscient essayait de lui montrer ce que lestress de son travail lui faisait.

— Je n’écoutais pas mon corps, alors mon inconscient a décidé deme prendre par les épaules et de me secouer en disant : « Réveille-toi ! Ton travail te tue ! » C’est à ce moment-là que j’ai décidé decesser d’enseigner à temps plein. Depuis, ma santé s’est améliorée; je n’ai plus le cancer et je n’ai plus refait ce rêve.

Il y a de nombreuses années, une de mes patientes devaitprendre une décision à propos de son traitement. Elle m’a racontéun rêve dans lequel elle devait choisir entre prendre l’ascenseur oul’escalier. Elle a choisi l’escalier. Après en avoir discuté avec moi,elle a pris conscience que son rêve lui avait indiqué qu’elle étaitdéterminée à compter sur ses propres moyens plutôt que d’utiliserdes méthodes mécaniques pour aller mieux. Même si elle savaitque l’escalier était une façon plus pénible de monter les étages, elles’est sentie mieux d’avoir choisi des méthodes qui dérivaient de sasagesse intérieure et de sa force.

Parfois, les rêves sauvent des vies quand les médecins passent àcôté de renseignements vitaux. Ruth prenait des médicamentspour soigner une douleur dans le bas du ventre. Une nuit, elle afait quatre fois le même rêve en se réveillant et en se rendormantaprès chaque épisode. Dans son rêve, un homme très gentil tenaitun couteau de manière non menaçante du côté gauche du bas deson ventre. Quand elle a enfin compris que le rêve lui disait qu’elleavait besoin d’être opérée, elle a réussi à bien dormir. Lelendemain, elle a pris un rendez-vous chez son gynécologue. Elle ademandé au chirurgien de lui enlever son ovaire et sa trompe deFallope gauches, ainsi que son utérus. Après l’opération, lerapport de pathologie a révélé qu’elle avait une tumeur

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envahissante du côté gauche de son utérus.Les rêves peuvent aussi nous transmettre des messages d’amour,

de réconfort et d’approbation ; des messages qui traversent lesbarrières physiques de notre conscient, de notre intellect et denotre ego. Les rêves reconnaissent souvent que nous sommes surla bonne voie ou ils peuvent nous montrer une source de force etainsi nous soutenir et nous encourager. Quand votre intuition saitplus profondément quelle voie vous devez suivre, elle collaboreavec votre conscience et la direction de votre vie devient claire.

Peu de temps après avoir créé notre groupe de soutien pour lespatients cancéreux, je me suis demandé si je l’avais fait pour desraisons malsaines liées à ma peur du cancer et à la mort. Un soir,j’ai rêvé que j’étais le passager dans une voiture qui dévalait unecolline ; tout le monde criait, mais j’étais calme avec l’idée demourir. Je me suis réveillé en sachant que la peur n’était pas enjeu. Tout comme je suis devenu chirurgien pour réparer les choseset non pas parce que j’aime couper la chair des gens, mon rêvem’a confirmé que je dirigeais le groupe pour des raisonssalutaires.

Après sa sortie d’un hôpital psychiatrique à la suite d’unetentative de suicide presque réussie, Kelly s’est jointe à unprogramme en 12 étapes pour soigner sa dépendance à la drogueet à l’alcool. Dans la lettre qu’elle m’a envoyée, elle m’a décrit unrêve qui illustrait la force et la sagesse avec des symboles quiétaient significatifs pour elle.

Au début de mon rétablissement, j’ai été submergée par unevague d’émotions et de peur qui ne semblait jamais me quitter.Mais une nuit, après six mois de sobriété, j’ai fait un rêve quim’a donné une nouvelle perspective.

Je me suis vue en train de fixer un lion dans les yeux ; unetelle lumière émanait d’eux qu’on aurait dit qu’ils avaient avaléle soleil. Le lion était entouré d’une eau bleu foncé et agitée et,sous la surface, sa patte avant droite était reliée par une chaîneà un lionceau, tout mignon et innocent. J’ai ressenti le puissantdésir de le protéger. Malgré ma peur, j’étais impressionnée par

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la force et le pouvoir sauvage du lion. J’étais terrifiée et jetremblais, mais j’ai réussi à libérer le lionceau tout en essayantle plus possible de garder mes distances du lion adulte.

Une fois le lionceau libéré, je me suis retournée pour regarderla magnifique bête de lumière et d’or, et cela m’a rappelécombien j’avais failli tout perdre — combien j’avais failli meperdre. J’avais tellement eu honte de n’avoir rien accompli dansma vie et d’avoir essayé de m’enlever la vie. Mais maintenant,j’affrontais mes peurs et mes émotions sans consommer desubstances. J’avançais dans la vie avec de l’acceptation, de lavolonté et de la foi. Le fait d’avoir sauvé le lionceau m’a prouvéque j’avais du courage et a renforcé mon engagement à ne plusconsommer. Le rêve m’a fait voir tout ce que j’avais accomplien six mois. Maintenant, je n’ai pas à avoir honte de quoi que cesoit et j’ai tout à aimer de moi-même.

Le processus visant à reconstruire votre vie, à devenir unepersonne authentique, exige que vous vous voyiez comme étantdynamique, en perpétuel changement et en devenir. J’aimetoujours me rappeler que les remises de diplôme sont descommencements et que la Bible se termine par une révélation etnon une conclusion. Nos rêves, comme le lion de Kelly, illustrentcet aspect et ils nous encouragent à continuer d’avancer. C’est leprocessus de vivre qui est important, celui avec lequel nousluttons tous, et non pas le produit final ou le résultat. La vie estune aventure. Plutôt que de chercher le sens de la vie, nousdonnons un sens à notre vie par la façon dont nous nous aimons etdont nous aimons le monde.

Parfois, les rêves nous aident à nous libérer de choses de notrepassé qui ne sont plus utiles. Quand Jean était enfant, sa mère estmorte d’un cancer du sein dont les métastases s’étaient étenduesjusque dans ses os. Jean n’a reçu aucune aide psychologique ou desoutien de la part des adultes dans sa vie et on l’a découragéed’exprimer son chagrin après la mort de sa mère. Une foisdevenue adulte, Jean a souffert de crises de panique chroniquesqui la laissaient paralysée de peur et incapable de conduire une

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voiture. Comme elle était la seule personne de sa famille à pouvoirconduire, c’était un problème qui concernait tous les membres desa famille.

Jean a décidé de participer à une retraite spirituelle qui avait lieudans un endroit où elle n’était jamais allée. Une semaine avantl’événement, elle a rêvé qu’elle allait dans un grand hôtel devantlequel s’étendait un magnifique jardin. Dans le hall, un grandescalier menait aux chambres et les cours étaient donnés dans dessalles situées au rez-de-chaussée. Une infirmière a descendul’escalier et a demandé à Jean si elle voulait voir sa mère, quihabitait en secret dans cet hôtel depuis toutes ces années.Ressentant à la fois de l’espoir, de la peur et de la stupéfaction,Jean est allée dans le jardin, ne sachant trop si elle souhaitait revoirsa mère. La perte de sa mère avait été trop douloureuse. Elle afinalement accepté de la revoir. L’infirmière est donc allée cherchersa mère. Mais elle est revenue seule et elle lui a annoncé que samère venait de mourir. Elles ne se reverraient pas. Jean s’estréveillée en versant toutes les larmes qu’elle avait retenues depuisson enfance.

Une semaine plus tard, quand Jean est arrivée à la retraitespirituelle, elle a constaté que l’hôtel était le même que celui dansson rêve. Au début, elle a voulu fuir, mais sa curiosité l’aconvaincue de rester. Le troisième jour de la retraite, Jean est alléedans le jardin durant une pause. Une voix qui semblait venir denulle part lui a dit que, durant toutes ces années, elle s’étaitaccrochée à son deuil parce que c’était la dernière chose qui lareliait à sa mère. Jean craignait que si elle se permettait de vivreson deuil, elle ne ressentirait qu’un immense vide.

— C’est bien de lâcher prise, lui a dit la voix. Tu n’as pas à avoirpeur. Tu ne seras jamais seule, car je suis avec toi.

Jean n’a raconté à personne l’expérience qu’elle venait de vivre.Plus tard, ce jour-là, l’animateur de la retraite lui a donné un boutde papier sur lequel était imprimé le passage biblique suivant : «Ne crains rien, car je suis avec toi. » Depuis, Jean n’a plus eu decrises de panique. Son rêve est devenu son lien avec l’esprit

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supérieur qui l’a aimée et guérie de l’intérieur.Si vous entendez une voix, cela ne veut pas dire que vous êtes

fou. J’ai entendu des voix à de nombreuses reprises et elles m’onttoujours aidé à guérir ma vie et mes émotions.

Claire Sylvia, la patiente exceptionnelle dont j’ai parlé dansl’introduction, a fait des rêves frappants après sa transplantationcardio-pulmonaire. Grâce à eux, elle a commencé à connaître ledonateur et à se fier à ce qu’elle savait être une vraiecommunication avec l’âme de ce dernier. Même si ce phénomènen’a pas été rapporté par la majorité des receveurs d’un dond’organe, beaucoup ont affirmé avoir eu des souvenirspostopératoires ou de nouvelles préférences qui appartenaient àleur donateur. Claire a été surprise quand elle a soudainementvoulu boire de la bière, manger des pépites de poulet et conduireune motocyclette. Tout comme Claire, certains receveurs ontégalement dit avoir fait des rêves concernant le donneur.

Claire a décrit un « rêve extraordinairement frappant » dans sonlivre, Mon cœur est un autre. Dans son rêve, elle était dans un vasteespace en plein air avec un jeune homme mince, et ils passaient dubon temps ensemble. Quand elle a dû le quitter, ils se sontembrassés. « Nous nous embrassons — et ce faisant, je l’inhale enmoi. C’est l’inspiration la plus profonde que j’aie jamais prise. Etje sais qu’à compter de cet instant, Tim et moi serons ensemblepour toujours. »

Le jeune homme est apparu dans beaucoup d’autres rêves deClaire et, au fil des ans, il lui a montré des choses qui l’ont aidée àtrouver la famille du donateur et à confirmer que les impressionsvisuelles et les souvenirs de son visiteur appartenaient vraimentau jeune homme, dont le cœur et les poumons lui avaient permisde vivre.

Notre esprit et notre corps communiquent constamment entreeux et cela se produit surtout de façon inconsciente. Voilàpourquoi je conseille souvent à mes patients de noter leurs rêves.Le corps ne peut communiquer qu’au moyen de symboles et sil’imagerie symbolique des rêves peut être difficile à comprendre

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au début, nous pouvons apprendre à interpréter nos rêves avec dela pratique et des connaissances. En utilisant l’imagerie et ennotant nos rêves, nous ouvrons le coffre aux trésors de notreinconscient.

Dans son livre Dreaming Insights, Dr Gillian Holloway offre unplan simple en cinq étapes pour noter et interpréter les rêves.Chaque jour, avant de se coucher, la personne doit inscrire la datedans son journal, rédiger une brève description des événements dela journée et poser une question à laquelle elle aimerait que sonrêve réponde. Holloway recommande aussi qu’à son réveil, lapersonne note son rêve au temps présent afin de pouvoir sereplonger plus facilement dans celui-ci4.

Une lectrice qui a essayé cette méthode m’a écrit pour me direque, pour la première fois de sa vie, elle a été capable de sesouvenir non pas d’un seul rêve, mais de trois. Elle a obtenu deprécieuses révélations en notant et en analysant la progression destrois rêves à son réveil.

Avant d’aller me coucher, j’étais préoccupée par une rupturenon désirée et j’ai demandé à mes rêves de m’aider àcomprendre ce que je devais en tirer. En dormant, je croyaisque j’étais éveillée et j’ai senti une présence près de moi quiobservait les rêves. Après chacun d’entre eux, je me suisréveillée et j’ai griffonné avec difficulté quelques mots, étantdonné que j’étais à moitié endormie. À mon réveil lelendemain, je me rappelais clairement les trois rêves et j’ai punoter de manière cohérente ce que j’avais vu et comment jem’étais sentie dans chaque rêve.

En analysant les objets symboliques et les actions qui s’étaientdéroulées dans mes rêves, des phrases ont surgi dans ma tête,alors je les ai également notées. Dans une scène, j’avançais surun chemin et je suis arrivée à un endroit où il se divisait endeux. À droite, j’ai vu un sapin géant ; ses branches étaientrecouvertes de milliers de nouvelles aiguilles vertes. Il était sibeau que j’ai décidé d’emprunter ce chemin. Un verset d’unpoème de Robert Frost a surgi dans ma tête, à propos de deux

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routes qui divergeaient dans un bois jaune, ainsi que lasignification des aiguilles vertes, qui étaient une promessed’abondance et de vie si j’empruntais cette voie.

Quand j’ai fini de tout noter, je me suis sentie comme si lespièces d’un casse-tête avaient été réunies et j’ai pu voir etcomprendre l’ensemble du portrait. J’ai pris conscience de ceque je devais apprendre des événements récents qui m’avaientbouleversée et je me suis sentie en paix avec les nouvellescirconstances. Tout se passe comme il se doit pour notre plusgrand bien. J’ai maintenant hâte d’utiliser mon journal desrêves comme un outil de croissance créatif et divertissant.

L’ORDONNANCE DU MÉDECIN

Un rêve non interprété est comme une lettre non lue.— LE TALMUD

Déposez un calepin et un stylo près de votre lit. À votre réveil,notez vos rêves avec le plus de détails possible. Notez tout ce dontvous vous souvenez, même si cela ne semble pas important. Nevous souciez pas de la qualité de vos phrases ; notez simplementle rêve sur papier. Écrivez aussi ce que vous avez ressenti durantle rêve et à votre réveil. Après avoir tout noté, prenez consciencedes thèmes récurrents, des schémas, des images symboliques etdes signes. Prenez des notes dans les marges et soulignez leséléments qui ressortent. Faites cet exercice durant une semaine.Vous pourriez vouloir discuter de ce que vous avez noté avec unpartenaire qui effectue le même exercice ou avec un conseiller. Est-ce qu’une chose dont vous n’étiez pas conscient est devenue clairepour vous ? Est-ce que votre partenaire a saisi des choses que vousn’aviez pas remarquées ?

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Chapitre 5LES DESSINS : QUAND LE CONSCIENT ETL’INCONSCIENT NE S’ENTENDENT PAS

L’art est lorsque vous entendez votre âme frapper… et que vous répondez.— TERRI GUILLEMETS

Quand nous prenons conscience que les images et les symbolesdans les rêves sont un dialogue entre notre intelligence psychiqueou somatique et notre conscient, il est alors facile de voir que lesdessins constituent aussi une forme de communication entre laconscience collective et notre moi supérieur. J’ai découvert ledessin spontané lors d’un atelier animé par Elisabeth Kübler-Ross,à la fin des années 1970. Kübler-Ross, psychiatre jungienne etauteure de Sur le chagrin et le deuil, a consacré sa vie à enseigneraux professionnels de la santé que la mort est un processus decroissance qui nécessite cinq étapes d’adaptation (le déni, la colère,le marchandage, la dépression et l’acceptation), et elle agrandement participé à l’amélioration des soins palliatifs1.

Un des outils thérapeutiques de Kübler-Ross pour ouvrir lacommunication entre le patient mourant et les personnes qui enprenaient soin était le dessin spontané. Les dessins aidaient àrévéler les problèmes émotionnels dont les patients et les membresde leur famille n’avaient pas été à l’aise de discuter. Ces dessinsoffraient une autre façon de déterminer les questions non résoluesavant la mort du patient.

Ayant appris la signification des rêves et ayant été témoin deseffets positifs de la visualisation guidée, j’avais hâte d’assister àl’atelier d’Elisabeth Kübler-Ross, de la rencontrer et d’acquérir unnouvel outil chirurgical jungien pour le partager avec mespatients.

Durant la semaine, des patients et des professionnels de la santéont eu l’occasion de partager leurs émotions et leurs expériencesde vie, ainsi que de créer des dessins. Ces ateliers étaient suivis deséances au cours desquelles Elisabeth expliquait et appliquait les

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techniques d’interprétation qu’elle utilisait.J’ai été surpris des choses qu’Elisabeth a révélées à partir de mes

dessins et de leur authenticité — des choses dont je n’étais pasconscient et qu’elle m’a permis de comprendre avec ses questionset ses observations. Par exemple, j’ai choisi de dessiner une scèneextérieure décrivant une montagne au sommet enneigé, au pied delaquelle se trouvait un étang avec un poisson qui sautait hors del’eau.

Quand Elisabeth a examiné mon dessin, sa première question aété :

— Que cachez-vous ?— Que voulez-vous dire ? lui ai-je demandé.Je croyais que mon dessin révélait combien j’apprécie la paix et la

beauté de la nature. Elle a alors pointé la neige.— Vous avez utilisé un crayon blanc sur une feuille blanche. Ce

n’était pas nécessaire de mettre du blanc sur du blanc. Vous avezajouté une couche qui suggère que vous couvrez quelque chose.Vous avez aussi dessiné un poisson — un symbole spirituel —,mais il est hors de l’eau.

Un an avant l’atelier, j’avais décidé de raser ma tête. Beaucoupde gens ont cru que je l’avais fait par sympathie envers mespatients cancéreux, mais c’était seulement un désir auquel je nepouvais pas résister. J’ai soudainement compris que j’avaismaintenu un couvercle sur mes sentiments, ainsi que sur maspiritualité, pour me protéger de la peine de ne pas pouvoir guérirtous mes patients. Raser ma tête avait été une tentativesymbolique de retirer le couvercle, mais j’avais besoin dedécouvrir davantage que de la peau.

Le sommet enneigé et le poisson hors de l’eau illustraient monsentiment d’être séparé de mon moi spirituel et aimant, toutcomme mon crâne rasé ne visait pas à révéler ma peau ; c’étaitplutôt un geste symbolique, tout comme celui du moine qui serase la tête comme s’il dévoilait symboliquement sa spiritualité.Une fois que j’ai compris cela, j’ai trouvé en moi la paix intérieureet Elisabeth est devenue ma guide et ma professeure.

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Les révélations qui m’ont été faites durant l’atelier ont confirméque mon conscient et mon inconscient communiquaient pendantque je dessinais. Cependant, ce qui m’a excité en tant que médecinest ce que j’ai observé dans les dessins des personnes quiassistaient à l’atelier. Il y avait non seulement des aspectspsychologiques de leur vie qui étaient reflétés dans leurs dessins,mais aussi des aspects anatomiques de leur corps et des maladiesqu’ils avaient dessinés inconsciemment. Étant chirurgien, j’aireconnu les structures anatomiques que les patients et lespsychologues connaissent peu ou pas du tout. En raison desaspects physiques et psychologiques des dessins, j’étais convaincuque la pratique de cet art pourrait être un précieux moyen decommunication entre les patients, les médecins et les autrespersonnes concernées par les soins des patients. Je suis retourné àmon bureau et à l’hôpital équipé d’une boîte de crayons de cire —mes nouveaux outils de chirurgien.

Beaucoup de médecins ont refusé de croire ce que je leur disais ;personne ne leur avait soumis ce genre de chose durant leurformation. Comment enseigner à vos patients à s’autoguérir n’estpas un sujet qui est enseigné dans les facultés de médecine. Alors,les médecins ont refusé d’accepter ce phénomène tant qu’ils n’ontpas fait l’expérience de ce que j’avais observé chez les autres etdans mes dessins.

Le dessin spontané est une excellente ressource pour laprévention, le diagnostic, le pronostic et le traitement d’unemaladie. Plutôt que de remplacer les interventions médicales, lesdessins deviennent une ressource additionnelle et ils améliorentl’expertise du médecin. En accédant à la sagesse de l’inconscientdu patient, le médecin et le patient peuvent prendre de meilleuresdécisions concernant la thérapie. Les gens croyaient que j’étais fouquand je demandais à mes patients de dessiner avant que je fassedes recommandations ou que je prenne des décisions concernantleur traitement, mais chaque fois que mes patients surmontaientleur peur de ne pas être des artistes et qu’ils dessinaientsimplement, leurs dessins s’avéraient de puissants guides que

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nous ne pouvions pas nous permettre d’ignorer.Les médecins n’apprennent pas à communiquer avec les gens,

alors quand ils disent « nous allons vous donner de lachimiothérapie et les effets indésirables sont… », ils ne précèdentpas leur phrase de : « Cela va vous guérir ou prolonger votre vie.»

C’est comme les publicités à la télévision : après vous avoir ditqu’une pilule est bonne pour vous, elles mentionnent tous lesrisques associés à la prise du médicament, comme la crisecardiaque, l’insuffisance hépatique, la stérilité, la perte descheveux ou la mort subite. Aussi effrayantes que soient les fins despublicités, elles commencent au moins par les effets bénéfiques dumédicament avant de mentionner les effets indésirables possibles.Ce que les patients entendent de la bouche des médecins à proposdes effets indésirables a pour but d’éviter que l’hôpital et lemédecin soient poursuivis. L’hôpital et le médecin ne pensent pasà l’effet que les paroles d’une figure d’autorité a sur les sentimentset le processus décisionnel d’un patient. Voilà pourquoi jecommence toujours par dire :

— Cela peut vous aider à aller mieux et vous faire vivre encoredes années.

Ou encore :— Cela peut vous guérir. Il y a quelques effets indésirables, mais

ce n’est pas tout le monde qui en souffre.J’appelle cela « leurrer » les gens pour qu’ils se concentrent sur

leur santé. Je biaise un peu l’information pour leur bien, enmettant l’accent sur ce qui est positif parce que les gens peuventêtre influencés à se concentrer sur la santé ou la maladie.

Un homme qui était venu me consulter a insisté pour ne pasrecevoir de chimiothérapie, même si c’était le traitementrecommandé pour son cancer. Il était incapable d’expliquer ce quile préoccupait, mais j’étais certain de savoir quel était le problème.Il avait peur des effets indésirables en raison de ce que sonmédecin lui avait dit. J’ai demandé à cet homme de dessiner letraitement recommandé (fig. 18). Il a dessiné la chimiothérapie

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comme étant un liquide jaune qui coulait en lui à un endroit précisde son corps et qui le rendait malade, mais qui allait directementvers le cancer. Il venait de l’est et il avait l’air d’un rayon de soleil— un signe positif d’énergie. À gauche de la feuille, un de sesglobules blancs chevauchait un cheval et perçait le cancer avec unelance. Je lui ai expliqué que son intuition lui disait que lachimiothérapie était le bon traitement pour lui et qu’elle allaitfonctionner.

Quand vous accédez à la sagesse intérieure d’un patient, celui-cireconnaît que cela ne vient pas du médecin, mais de lui-même, etune lumière s’allume alors dans son esprit ; ce momentd’illumination se produit et vous pouvez le voir sur son visage. Àce moment-là, je lui ai dit :

— Allez vous faire donner des traitements de chimiothérapie ;c’est la bonne chose pour vous.

Son attitude a changé et il a pu accepter le traitementrecommandé. Il a envisagé sa chimiothérapie avec espoir etconfiance et elle s’est avérée être le bon choix.

Un autre patient a dessiné sa cuisine avec toute sa famillereprésentée à l’envers, comme s’ils se tenaient sur leur tête. Je luiai demandé de m’expliquer ce que cela représentait et il m’a ditqu’il avait choisi de traiter son cancer avec un régimemacrobiotique plutôt qu’avec la chimiothérapie.

— Les enfants ne mangent plus avec moi. Mon épouse détestepréparer ce genre de repas et je n’aime pas les manger. Je crois queje préfèrerais la chimiothérapie.

Avant que ce dessin révèle qu’il était de plus en plus triste queson régime perturbe ses relations avec les membres de sa famille etl’empêche de partager ses repas avec eux, il avait été incapabled’exprimer sa tristesse à propos de sa décision de ne pas avoir dechimiothérapie.

— Vous n’êtes pas obligé de traiter votre cancer avec deslégumes, lui ai-je dit. Vous pouvez encore choisir lachimiothérapie et traiter votre cancer de cette façon.

Son regard s’est allumé et il a semblé heureux pour la première

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fois depuis son arrivée dans mon bureau. Le fait de voir sessentiments réels illustrés sur une feuille de papier l’a motivé àchoisir ce qui, selon son instinct, était bon pour lui, et il a reçu destraitements de chimiothérapie.

Quand l’inconscient et le conscient — les deux sources de sagessed’un patient — ne s’entendent pas à propos d’un traitement, lepatient va inévitablement souffrir de davantage de problèmes etd’effets indésirables. Vous pourriez avoir deux patients qui ont lemême cancer et le même traitement. Mais si un des deux patientsdessine la salle d’opération en ne dessinant que lui-même, étendusur la table, il va avoir plus de problèmes liés à la douleur et auxeffets indésirables postopératoires (fig. 57). Si l’autre patientedessine un chirurgien qui ne porte pas de masque et qui lasoutient avec de la musique, de l’amour, Dieu et des arcs-en-ciel,elle va se réveiller après l’opération en étant un peu endolorie,mais sans ressentir une grande douleur ou des effets indésirables,et elle va se rétablir plus rapidement (fig. 58).

Il est souvent possible de relever dans leurs dessins la peurqu’éprouvent les patients par rapport à leur traitement. Quandune patiente dessine une image négative, comme une seringueemplie d’un liquide noir (fig. 52), je lui demande de visualiser lamême chimiothérapie avec un résultat positif, c’est-à-dire sanseffets indésirables. J’ai créé un CD appelé Getting Ready, qui aideles patients à adopter des pensées positives et de belles images parrapport à leur traitement. Elles deviennent une formed’autohypnose et elles aident les patients à prendre la bonnedécision et à préparer leur corps à s’attendre à un résultat positif,peu importe le traitement. Au bout d’environ une semaine, ledessin du patient sera différent de la première version et il vaconfirmer que le conflit entre l’intellect et l’intuition a été résolu aubénéfice de ce patient. Il peut alors recevoir son traitement avecpeu ou pas d’effets indésirables et obtenir de meilleurs résultats.Quand un patient est incapable de visualiser un résultat positif,j’essaie de l’aider à préciser la différence entre essayer de ne pasmourir et choisir ce qui est bon pour lui.

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Dans les chapitres précédents, nous avons discuté du pouvoir dela visualisation créative pour stimuler la réaction du systèmeimmunitaire face à la chimiothérapie et au cancer. Quand unpatient dessine son traitement en illustrant des globules blancs quiéliminent le cancer (fig. 59) ou qu’une patiente dessine des rayonsdorés qui traversent son corps (fig. 58), ils utilisent des outilsdivins pour s’autoguérir. Tout ce que nous imaginons et sur quoinous fixons notre attention envoie un message à notre corps, alorsquand nous dessinons des images de guérison, notre corps réagiten ce sens. Après une visualisation guidée, quand les dessinsd’une patiente comprennent des symboles et des images positives(fig. 64), je n’ai aucune inquiétude à propos du résultat de sontraitement. Ce genre de personnes obtient un taux de guérisonremarquable et je sais que cette patiente va bien aller.

La maladie frappe souvent là où le corps a emmagasiné dessouvenirs douloureux du passé. La sagesse intérieure d’un patientreconnaît que ces souvenirs doivent être identifiés pour êtreguéris. La psychologue et auteure Alice Miller dit que « la véritéde notre enfance est inscrite dans notre corps. […] Mais un jour oul’autre, il nous présente l’addition : car notre corps […] ne cesse denous tourmenter qu’à partir du moment où nous ne fuyons plus lavérité. » Dans Abattre le mur du silence, elle écrit : « Les sentimentsque vous ressentez vraiment ne vous tueront jamais ; ils vont vousaider à aller dans la bonne direction. Seuls les émotions et lesbesoins qui ne sont pas ressentis, mais qui sont puissants, ceuxque vous craignez et que vous vous interdisez de ressentir,peuvent vous tuer […]. Les thérapeutes ont été surpris deconstater que lorsque les patients pouvaient […] prendre ausérieux les émotions qu’ils ne voulaient pas ressentir et qu’ilsparvenaient à les exprimer en utilisant des mots clairs et sains, ilspouvaient alors se rétablir complètement. »

La douleur nous aide à nous identifier et à nous définir ; quandnous en prenons conscience et que nous travaillons avec elle, elledevient une douleur d’enfantement ou de croissance. Quand latechnique du dessin spontané fait remonter à la surface de vieilles

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blessures du passé, il est alors possible de composer avec lesblessures psychologiques qui ont le potentiel de devenir unemaladie physique. Et cela vaut le coup de ressentir la douleur del’enfantement quand nous donnons naissance à notre vrai moi.

Dre Caroline Thomas, qui est professeure et psychiatre à lafaculté de médecine de l’Université Johns Hopkins, a demandé àdes étudiants en médecine de dresser le profil de leur personnalitéet de faire un dessin d’eux-mêmes dans le cadre d’une étude àlong terme qui continue de recueillir des données même après lafin de leurs études. Après quelques années, Dre Thomas aexaminé les dossiers médicaux des étudiants et a constaté que desaspects particuliers de leur personnalité et du dessin qu’ils avaientréalisé avaient un lien direct avec les maladies dont les étudiantsont souffert après leurs études en médecine, ainsi qu’avec lesparties du corps qui ont été touchées. Cela l’a encouragée àapprofondir sa recherche sur la possibilité de prédire avec unecertaine précision de quelles maladies les gens sont susceptibles desouffrir durant leur vie et dans quelle partie du corps, en se basantsur le profil de leur personnalité. Un des facteurs pour prédire lecancer s’est avéré être lié à un profil où la personne disait ne pasêtre proche de ses parents4.

Les enfants en particulier ne sont pas préparés à composer avecles traumatismes physiques ou émotionnels, et ils sont vulnérablesà ce que leurs figures d’autorité adultes leur imposent dans cesmoments-là. Si des adultes aimants ne les aident pas à composeravec le traumatisme, les enfants vont adopter une stratégied’adaptation qui fait en sorte qu’ils emmagasinent leurs émotionset leurs souvenirs des événements dans leur inconscient et dansleur corps, quitte à composer avec eux plus tard ou à ne jamais lesrésoudre. Les graines de l’anxiété, du deuil, de la peur, del’abandon ou de toute autre émotion s’enracinent dans des partiesdu corps et demeurent latentes jusqu’à ce que, des années plustard, le système immunitaire soit attaqué par le stress d’un deuilou d’un autre traumatisme. C’est alors que ces graines peuventprendre la forme d’un cancer, d’une crise cardiaque, de troubles

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respiratoires ou digestifs, d’allergies, etc. Ces maladies potentiellessont souvent révélées dans les dessins des patients — et ce ne sontpas seulement des maladies potentielles pour eux, mais aussi pourles membres de leur famille.

Je serais préoccupé par le dessin qu’une mère a fait de sa familleet dans lequel son garçon porte un objet ovale vide qui ressembleau trou dans le tronc d’un arbre qui se dresse à côté d’eux — unsymbole de la situation familiale à propos du cancer de la mère(fig. 61). Dans son dessin, son garçon se trouve au bout de larangée et il n’a aucun contact avec les autres membres de safamille. La vie du garçon ressemble à l’objet vide qu’il tient sousson bras. L’analyse d’un dessin semblable permet aux parents dene pas se sentir critiqués, mais de voir la solitude et le chagrin queleur garçon n’exprime pas, même quand ces émotions sontreflétées intuitivement dans le dessin de la mère. Le père doit êtresolidaire de la mère, tout comme les membres de la famille entreeux. Ensemble, ils peuvent faire tout ce qui est nécessaire pouraider le garçon à se sentir aimé et soutenu durant cette épreuve.

Les liens entre les souvenirs significatifs ou traumatisants etl’état de santé actuel d’une personne sont souvent révélés dans lesdessins. Une fois qu’ils sont identifiés, la personne peut accordertoute l’attention nécessaire à sa souffrance du passé et à son âme.Il n’est jamais question de blâmer le patient, mais de savoircomment nos émotions créent notre chimie interne et influent surnos gènes et notre santé.

Un bon exemple de cela est une journaliste sceptique qui avaitdemandé à m’interviewer. J’ai tout de suite vu que cette personnetrès intellectuelle vivait en ne se fiant qu’à sa tête et non à soncœur. Constatant que ce ne serait pas une entrevue agréable, je mesuis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose dès le début pourchanger sa vision des choses. Je lui ai dit :

— Pendant que je m’occupe de mes deux derniers patients, jevous invite à faire un dessin de vous-même.

Elle a accepté et quand elle m’a tendu son dessin, j’ai vu unesilhouette avec une grosse tête ; j’avais donc très bien identifié son

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attitude (fig. 45). Il y avait également dans son dessin une horlogeavec une aiguille qui pointait le nombre 12.

La question la moins compromettante à lui poser aurait été :— Pourquoi le nombre 12 est-il important pour vous ?Et elle aurait peut-être répondu :— Ma maison a été détruite par le feu il y a 12 mois.Mais je voulais vraiment la secouer, alors j’ai couru le risque et

j’ai pointé l’horloge en lui demandant :— Qu’est-il arrivé quand vous aviez 12 ans ?— Cela signifie que je n’aime pas les délais.— Mais l’horloge n’a qu’une seule aiguille. Qu’est-il arrivé

quand vous aviez 12 ans ?Elle a éclaté en larmes et m’a raconté qu’elle avait été agressée

sexuellement à l’âge de 12 ans. Cela m’impressionne toujours : lesnombres dans les dessins ne sont jamais accidentels. À partir de cemoment, l’entrevue s’est déroulée différemment. La journaliste acompris que sa sagesse intérieure lui disait de prêter attention auxsentiments de son enfant intérieure, de cesser de se cacher de cesouvenir en étant rationnelle et d’aller consulter un psychologue.

Les dessins relient non seulement des aspects de l’esprit et ducorps, mais ils intègrent aussi la vie des patients en dehors del’arène médicale avec des aspects somatiques de leur maladie. Unmédecin m’a envoyé un dessin d’une patiente qui souffrait deproblèmes pelviens. Malgré les différents traitements qu’il luiavait donnés, aucun n’était parvenu à la soulager de sessymptômes. Dans son dessin, il y avait un cœur, comme un cœurde la Saint-Valentin, avec une immense fissure et 20 gouttes desang qui s’écoulaient de lui. J’ai dit au médecin de lui demander cequi lui était arrivé quand elle avait 20 ans. Sa réponse a permis dedéterminer que la source de son problème était qu’elle avait étéagressée sexuellement à l’âge de 20 ans. Les nombres ne sont pastoujours liés à l’âge d’une personne. Elle aurait pu répondre quequelque chose s’était produit 20 mois plus tôt. Quand elle a reçudes soins psychologiques pour son traumatisme, elle a vu sessymptômes disparaître.

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D’autres dessins ont permis de trouver les causes dessymptômes. Une mère était bouleversée parce qu’elle croyait queles ganglions lymphatiques enflés de sa fille étaient un signequ’elle souffrait d’un lymphome, une maladie qui était répanduedans sa famille. Quand cette femme a emmené sa fille pour qu’ellesoit examinée, elle a également apporté deux dessins qu’elle avaitfaits. Dans un des dessins, la fille s’était dessinée avec le cou et levisage enflés, tandis que dans l’autre, elle avait dessiné un chatavec de grosses pattes avant. J’ai dit à la mère de ne pass’inquiéter, que sa fille souffrait de la maladie des griffes du chat.Les examens et une biopsie ont révélé que mon diagnostic étaitbon.

Quand nous dévoilons l’inconscient et révélons la véritéintérieure, les conflits entre les individus, les familles et lesprofessionnels de la santé cessent. L’intellect et l’intuition ne sontplus en conflit et une véritable guérison peut se produire. Certainsmédecins pourraient se demander qui a du temps à consacrer àcela.

Ma réponse est que vous gagnez du temps en utilisant lesdessins. Quand une enfant atteinte du cancer me dit que sa famillene lui accorde pas assez de temps, je peux parler à six membres desa famille et essayer de clarifier le problème ou je peux luidemander de faire un dessin de sa famille.

Une enfant atteinte du cancer a dessiné les membres de sa familleassis sur un canapé. Au bout du canapé, elle a laissé une placevide et elle s’est dessinée assise sur une chaise, à l’écart d’eux. Lesbras de ses parents entouraient soit ses frères et sœurs ou eux-mêmes et ils étaient physiquement distants de leur fille malade(fig. 62).

Je n’ai pas eu besoin de passer une heure à expliquer aux parentsque leur fille se sentait abandonnée : le dessin disait tout. Une foisqu’ils ont compris comment leur fille se sentait, ils ont puexprimer qu’ils s’étaient détachés émotionnellement parce qu’ilsavaient peur de la perdre ; c’était leur stratégie d’adaptation pourpouvoir être forts pour leurs autres enfants. Le fait que la fille

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malade se soit dessinée en violet, une couleur spirituelle, m’aégalement indiqué qu’elle savait qu’elle allait mourir du cancer.

Le dessin a joué un rôle déterminant pour changer lecomportement des parents. Ils ont commencé à se parlerdavantage de leurs émotions et ils ont accordé à leur fillel’attention et le soutien aimant dont elle avait besoin. Cela a nonseulement aidé l’enfant à traverser son épreuve, mais cela apermis à toute la famille de se rapprocher avant sa mort. Quandnous laissons l’âme et les symboles être au service de la vie, nouspouvons être des guides de vie uniques pour ceux que nousaimons et dont nous prenons soin. Et nous pouvons nouspermettre de poursuivre notre vie sans nous sentir coupables,comme les parents de cette enfant ont réussi à le faire.

LA MÉTHODE ET LA THÉORIE

Pour créer vos propres dessins ou pour faciliter le travail d’autrespersonnes, vous n’avez pas besoin d’être un artiste ou unthérapeute. Vous n’avez besoin que de feuilles blanches ordinaireset d’une boîte de crayons de cire ou de crayons à colorier. Vousdevez avoir toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, plus un crayonnoir, un crayon blanc et un crayon brun, étant donné que chaquecouleur a une signification.

J’évite de dire aux gens quoi dessiner parce que je veux que leurinconscient, leur sagesse intérieure, soit libre de créer un dessinqui révèle des questions non posées et des désirs non exprimés.Mais en présence d’un cancer ou d’une autre maladie, je demandeà la personne de se dessiner avec sa maladie et son traitement,avec ses globules blancs qui éliminent la maladie. J’évite d’utiliserdes mots qui font référence à tuer ou à combattre parce que jeveux aider les gens à guérir leur vie et leur corps, et non pas à seconcentrer sur leur ennemi. Il m’arrive aussi de demander à unepersonne de faire son autoportrait ou de dessiner une scèneextérieure ou sa maison et sa famille.

Vous pouvez faire un dessin qui est lié à une décision que vousdevez prendre, par exemple, par rapport à un emploi, à lapersonne que vous allez épouser ou à une opération que vous

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devez subir. J’encourage les gens à intégrer les images, les objets etles symboles qui leur viennent à l’esprit pendant qu’ils dessinent.Les enfants n’ont pas tendance à se critiquer quand ils dessinent,tandis que les adultes ont besoin de se faire dire qu’il n’y a pas demauvaise façon de faire un dessin. C’est nécessaire pour chasserleur peur d’être jugés comme étant incapables de bien dessiner.

La première étape de l’évaluateur est de noter ses premièresimpressions et d’identifier tout sentiment évoqué par le dessin,comme l’isolement, la colère, la tristesse ou la joie. La prochaineétape consiste à voir ce qu’il y a dans le dessin (des personnes, desobjets, du mouvement et la direction du mouvement, la taille descorps, etc.). Remarquez ce qui manque (comme les mains ou lespieds) et ce qui est étrange, ainsi que les accidents ou les erreurs(comme des lignes qui traversent une personne). L’évaluateurdevrait prêter attention aux couleurs utilisées, à leur intensité et àleur nuance, ainsi qu’aux couleurs qui étaient disponibles et quin’ont pas été utilisées, et à tout choix de couleur étrange (commeun soleil violet). Il devrait aussi prêter attention aux nombres etcompter les objets récurrents. Dans un dessin qui comporteplusieurs thèmes et éléments, l’évaluateur peut noter dans quelquadrant de la feuille chaque symbole ou image se trouve. Ildevrait observer si le dessin couvre toute la feuille et vérifier si lapersonne a également dessiné au dos de celle-ci.

Avant que l’analyse commence, l’artiste devrait être disponiblepour discuter du dessin avec l’évaluateur et répondre à sesquestions. Pour interpréter correctement le dessin, nous devonssavoir pourquoi la personne a ainsi fait son dessin. Par exemple,un enfant m’a déjà tendu un dessin qu’il avait fait entièrement aucrayon noir et j’ai été inquiet pour lui jusqu’à ce qu’il me dise :

— J’ai deux frères plus âgés que moi. C’est le seul crayon auquelj’ai droit.

L’évaluateur doit comprendre qu’il représente une figured’autorité. S’il ne base son interprétation du dessin que sur sapropre compréhension et ses croyances, il pourrait mall’interpréter ou avoir l’air de le critiquer, et cela peut être nuisible

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dans les deux cas. Le dessin ne doit pas être interprété comme unhoroscope ; il devrait plutôt être utilisé comme un outilthérapeutique qui donne lieu à une discussion avec l’artiste afinque les bonnes interprétations et les bons choix puissent être faits.

Voici un exemple d’une évaluation qui a besoin d’être clarifiée.Dans le dessin qu’un patient a fait de son traitement, il y a un chatnoir qui marche sur le plancher. Pour l’évaluateur, le chat noirpourrait suggérer quelque chose de négatif, une menace, alorsqu’en réalité, le patient a un chat noir et son inconscient laisseentendre que la présence du chat durant le traitement serait unechose positive, une source de réconfort et d’amour. Au lieu derévéler un problème émotionnel ou une menace, le chat noirreprésente un aspect important de ce dont le patient a besoin pourguérir.

Le violet, une couleur spirituelle, pourrait révéler une transitionà venir où l’âme quitte le corps physique, au moyen d’un symboleapproprié tel qu’un papillon violet qui s’envole dans le ciel. Maisun patient qui se dessine vêtu de violet ne prédit pasnécessairement sa propre mort. Pour lui, le violet pourraitreprésenter sa nature spirituelle. Ou il pourrait être la couleur deson équipe de basketball préférée ; il signifierait donc une victoiresur la maladie grâce à laquelle il pourra assister à de nombreusesautres parties. Il est donc essentiel que la personne qui guidel’artiste dans l’interprétation de son dessin ait l’esprit ouvert et neporte aucun jugement durant leur discussion, car c’est l’artiste quiest l’expert pour analyser la signification de ce qu’il a dessiné. Lethérapeute n’est là que pour aider à trouver la signification cachée,comme une personne le ferait avec le rêve de quelqu’un d’autre.

Le passé, le présent et le futur peuvent être tous représentés dansle dessin d’une personne. D’une certaine façon, nous sommesconscients de notre futur parce que, comme Jung l’a dit, nouscréons d’avance notre futur de manière inconsciente. Cetteconscience s’étend aux changements et aux événementsimportants dans notre vie, ainsi qu’à notre mort prochaine, causéepar un accident ou par une maladie.

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Dans un dessin réalisé par une femme atteinte d’un cancer, sonmari faisait voler un cerf-volant violet. J’ai compris qu’elle disaitqu’elle était prête à mourir, mais qu’il était incapable de la laisserpartir parce qu’elle prenait soin de tout. Quand je lui ai fait part demon interprétation, elle est allée dire à son mari :

— Je vais te montrer à te débrouiller seul.Six mois plus tard, il lui a dit qu’il avait coupé la corde et elle lui

a répondu :— Je vais mourir jeudi quand les enfants arriveront ici de la

Californie.Et c’est ce qui est arrivé.J’ai demandé à une femme de faire un dessin et elle a dessiné une

pierre tombale devant laquelle trois arbustes verts étaient plantés.À gauche, il y avait un petit tas de terre à côté d’une tombe vide.Le vert est la couleur de la vie, alors son dessin semblait suggérerque face à la mort, elle avait choisi de vivre. Combien de tempscroyez-vous qu’elle a vécu ? Elle a été enterrée dans la tombepresque trois années jour pour jour après avoir fait ce dessin(fig. 24).

Les dessins peuvent être simplement liés à ce qui se passeprésentement dans la vie de l’artiste, mais ceux qui contiennent denombreux objets ou dont le contenu est complexe peuvent souventêtre divisés en quadrants où le passé, le présent et le futur sontrévélés comme dans un quadrillage.

Le milieu du dessin représente ce qui est central et significatifpour l’artiste, comme dans le dessin d’une femme qui a illustréson cancer du sein avec les deux voiles d’un bateau (fig. 12). Lequadrant supérieur droit d’un dessin représente le présent, ou le «moment présent ». Dans la figure 19, l’artiste, atteinte d’un cancer,a représenté ses enfants par des oiseaux, qu’elle a dessinés dans lecoin supérieur droit. Les ailes qui pointent vers le bas révèlent lechagrin qu’ils ressentent à propos de la situation et leur incapacitéà aider leur père. Le quadrant inférieur droit représente soit leproche avenir ou le passé récent ; le quadrant inférieur gauchereprésente le passé lointain, tandis que le quadrant supérieur

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gauche représente le futur lointain ou le concept de la mort. Parexemple, si une personne dessinait sur une feuille de papier lesdifférents endroits où elle songe à déménager, l’endroit qui setrouverait dans le coin supérieur gauche serait celui où elledéménagerait.

La figure 21 est un parfait exemple de la théorie des quadrants.Une de mes voisines était venue me voir et elle m’avait dit qu’elleétait déprimée ; je lui ai donc demandé de me faire un dessin.Dans le quadrant supérieur droit (le présent), elle descendait unecolline avec quatre rayons de soleil derrière elle.

— Je suis triste à propos de mon divorce et les quatre rayonsreprésentent mes enfants. Ils sont mes rayons de soleil, m’a-t-elleexpliqué.

Dans le quadrant inférieur droit (le proche avenir ou le passérécent), il y avait huit bonshommes allumettes rouges (uneémotion forte), mais elle ne savait pas ce qu’ils signifiaient. Dans lequadrant inférieur gauche (le passé lointain), il y avait des vaguesde la mer et elle m’a dit qu’elle avait grandi dans une maisonsituée au bord de la plage. Dans le quadrant supérieur gauche (lefutur lointain), elle avait dessiné des nuages sombres. Elle croyaitqu’ils faisaient référence à son divorce imminent.

Des semaines plus tard, après avoir dit à ses enfants d’allerprendre l’autobus scolaire, elle a avalé des somnifères pour sesuicider. Fait étonnant, ses enfants ont refusé de monter à bord del’autobus quand il est arrivé. Quelque chose leur a dit qu’ilsdevaient revenir à la maison et c’est ce qu’ils ont fait. Ils ont trouvéleur mère et ils lui ont sauvé la vie. Elle s’est réveillée à l’unité dessoins intensifs où huit membres de sa famille en colère se tenaientà son chevet (les bonhommes allumettes rouges).

Susan Bach signale que le mouvement et la direction sontégalement importants dans les dessins. Un autobus qui circulevers le bas du côté gauche de la feuille dénoterait une spiraledescendante de l’état physique ou émotionnel, tandis qu’unautobus qui remonte du côté droit peut indiquer une améliorationou une sortie des sombres profondeurs5.

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Je tiens à mentionner un autre aspect avec lequel il faut êtreprudent : la disposition d’objets dans des quadrants ne devraitservir que de guide, car il n’y a pas de règles absolues quand ils’agit de composer avec le langage inconscient des gens. Ladivision en quadrants n’est pas une science, mais une théoriebasée sur les traits communs observés dans des centaines dedessins ; elle pourrait donc ne pas toujours s’appliquer.

Les nombres jouent un rôle significatif et ils devraient êtreexaminés avec soin parce qu’ils représentent une façon dont nousemmagasinons nos souvenirs. Tout comme les archétypesreprésentent une idée plus large, les nombres peuvent être dessymboles significatifs et complexes. Jung a dit : « J’ai le sentimentbien net que le nombre est une clef de l’énigme, car il est toutautant découvert qu’inventé. Il est autant quantité que sens6. » Lesnombres peuvent apparaître dans les dessins sous la forme designes numériques, comme le chiffre 7 sur la voile d’un bateau(fig. 65), ou de quantités, comme le nombre d’arbustes verts(fig. 24) ou de hublots sur un avion (fig. 70).

Les couleurs renferment des significations universelles. Le jaunereprésente l’énergie. Le vert représente la croissance et la forcevitale. Le noir symbolise la tristesse ou le désespoir, etc.Cependant, la prudence est encore une fois de mise parce que lescouleurs pourraient avoir des significations personnelles ouculturelles. Une couleur en soi ne devrait jamais être considéréecomme étant bonne ou mauvaise. Par exemple, en Chine, le rougesignifie la chance et la prospérité, tandis qu’aux États-Unis, ilreprésente sou-vent la colère ou l’amour. Un médecin ou unthérapeute sage demandera toujours à son patient ce que la cou-leur signifie pour lui. L’interprétation des dessins devient alorsbeaucoup plus utile au patient et aux personnes qui prennent soinde lui. Rappelez-vous que la personne pourrait réellementposséder une maison grise avec un toit noir (fig. 63). Voilàpourquoi nous devons connaître les faits.

En général, le noir représente le chagrin et le désespoir. Le rougereprésente les émotions fortes, allant de la douleur ou de la colère

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à l’amour et à la passion. L’orange symbolise un changement, quipeut être une bonne chose si c’est la couleur de votre traitement.Le jaune symbolise l’énergie et vous voulez voir cette couleur dansvotre traitement et non dans votre maladie. Le vert, le bleu et lebrun sont tous des couleurs naturelles et saines qui encouragent lavie, mais quand elles sont pâles, ou surtout quand elles pâlissentsur les différents dessins réalisés au fil du temps, elles peuventsignifier que la force vitale diminue. Le blanc signifie qu’une choseest recouverte étant donné que la feuille est déjà blanche, toutcomme le rose ou le gris peuvent repré-senter le rouge ou le noirqui sont émotionnellement recouverts. Le violet symbolise unepropriété qui guérit, une croissance spirituelle ou unetransformation, comme celle d’une personne vivante qui devientun esprit.

Pour plus d’information, je vous recommande chaudement deuxlivres que j’ai déjà mentionnés et dont les auteurs m’ont aidé dansle passé : Life Paints Its Own Span, de Susan Bach, et The SecretWorld of Drawings, de Gregg Furth7. Ils sont entièrement consacrésaux dessins.

Les dessins peuvent révéler des problèmes dont les patients neparlent pas à leurs médecins, souvent parce qu’ils n’en sont pasconscients. Mais leur inconscient est conscient et l’art offre unlangage visuel permettant de trouver le problème. Je trouveparticulièrement utile de montrer aux parents les dessins de leursenfants afin qu’ils voient les messages qu’ils souhaitenttransmettre sans qu’ils aient l’impression que je les critique.Quand un garçon s’est représenté comme un insecte noir sur unetable d’opération (fig. 44), cela a révélé son manque d’estime desoi. Ses parents ont vu qu’il avait besoin de bien plus que d’unechirurgie plastique ; il avait besoin de leur amour.

Dans les dessins représentant une famille, il est important deprêter attention aux expressions des visages, aux corps qui setouchent et à l’espace entre les gens. Les personnes ou les partiesdu corps qui manquent, la position des gens et toutes lesétrangetés ou les erreurs révèlent également d’importants

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éléments conflictuels. Freud a souligné que lorsque le conscientd’une personne est en désaccord avec son inconscient, l’élémentconflictuel que le patient ne peut pas exprimer est toujours révélésous la forme d’une erreur ou d’une omission dans ses paroles, sesécrits ou ses dessins. Il croyait qu’il n’y a pas d’erreurs, quel’inconscient demande toujours notre attention.

Quand une religieuse atteinte d’un cancer m’a remis le dessinqu’elle avait fait des membres de sa famille (fig. 68), j’ai constatéque la position de leurs corps indiquait qu’ils n’étaient pas ouvertsles uns envers les autres. J’ai dit à la religieuse qu’elle allait devoirleur dire qu’elle avait besoin de leur soutien ou obtenir de l’aidede quelqu’un d’autre, parce que sa famille n’était tout simplementpas là pour l’aider.

Il n’est pas nécessaire d’être malade pour tirer avantage desdessins. Vous pouvez les utiliser pour mieux vous comprendre etcomprendre les autres et les aider à mieux se connaître également.Avec les adultes et les personnes âgées, la comparaison entre lesdessins qui les représentent aujourd’hui et ceux qui lesreprésentent 25 ans plus tôt est un exercice révélateur qui confirmeleur degré d’acceptation de soi et leur identité. Les sentiments demécontentement vont être révélés dans le dessin « d’aujourd’hui »quand la personne se dessine comme étant grosse, chauve etmalheureuse par rapport à il y a 25 ans, alors qu’elle s’est dessinéecomme étant mince, heureuse et dotée d’une chevelure abondante.Cela permet à la personne d’examiner ses sentiments d’unemanière bénéfique.

Chez les personnes âgées, les dessins leur permettent souventd’exprimer qui elles étaient, qui elles sont maintenant et qui ellespeuvent être. Par exemple, un homme n’a fait qu’un seul dessin,puis il m’a dit :

— C’est moi alors et c’est moi maintenant.Il n’avait jamais cessé de donner de l’amour ou de prendre soin

des autres ; il y a maintenant une plaque commémorative à sonnom dans la bibliothèque de la maison de retraite où il habitait etoù il est mort. Quand la plus jeune génération qui prend soin des

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résidents des maisons de retraite en apprend davantage sur sesclients grâce à de tels dessins, elle cesse de les voir simplementcomme des vieux. Chaque résident devient un individu, un êtrehumain qui a une histoire.

Il est également possible d’utiliser les dessins pour prendre desdécisions importantes dans la vie. Un étudiant en médecine quiétait venu me demander des conseils en est un bel exemple. Sonpère, un médecin et un ami, était mort du cancer. Son fils n’étaitplus certain s’il voulait vraiment être médecin ; il avait peur que lapression et les émotions que ressentent les médecins fussent enpartie responsables de la maladie de son père. Je lui ai dit :

— Fais-moi un dessin de toutes les professions auxquelles tusonges.

Il est revenu me voir avec trois dessins en main. Dans le premier(fig. 13), il était politicien. Il était la seule personne dans le dessinqui avait une oreille ; il n’avait ni mains ni pieds, et personned’autre n’en avait. Il n’y avait pas beaucoup de couleurs et ledessin était encadré d’un trait noir, alors je lui ai dit :

— Non, ne deviens pas politicien.En me tendant le deuxième dessin (fig. 14), il a dit :— Je pourrais être enseignant.Je lui ai conseillé de ne pas choisir cette profession non plus.

Toutes les belles couleurs étaient à l’extérieur de la fenêtre. Àl’intérieur de la pièce, il y avait des pupitres rouges, une couleurémotionnelle, et personne n’avait d’oreilles ou de pieds, y comprislui. Je lui ai donc dit qu’il se sentirait prisonnier s’il allait dansl’enseignement. Puis, nous avons examiné son troisième dessin(fig. 15), où il s’était représenté en médecin. Il lui manquait encoreune oreille, mais j’ai cru que c’était lié à ses craintes concernant sonpère, comme s’il pensait : « Que vais-je entendre qui va constituerun problème pour moi sur le plan émotionnel ? » Mais la pièceétait d’une couleur saine, avec un plancher vert et des plantes,ainsi qu’un bureau bleu. Il tendait les bras vers le patient. Et il yavait une porte dans la pièce. Si les choses devenaient difficiles, ilpourrait sortir et prendre des vacances. Son pantalon violet était

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d’une couleur spirituelle. Cela indiquait que son lien avec les gensétait basé sur sa conscience de la vie sur le plan physique, mentalet spirituel. Il est éventuellement devenu psychiatre et il estheureux dans son travail.

L’ORDONNANCE DU MÉDECIN

Prenez une situation, un sujet, un problème ou une décision quevous envisagez. Dessinez vos choix et observez les détails lelendemain, quand vous pouvez les voir de manière rationnelle —comme si quelqu’un d’autre les avait faits — et que vous n’êtesplus aveuglé consciemment par le symbolisme illustré sur ceux-ci.Montrez vos dessins à quelqu’un en qui vous avez confiance.Demandez-lui de vous dire ce qu’il voit dans les dessins et ce qu’ilressent. Les commentaires de cette personne, combinés à votrepropre interprétation, vont vous en révéler davantage sur votreproblème et vous aider à effectuer un choix authentique qui estdans le meilleur de vos intérêts. Rappelez-vous ceci : vous êtes laseule personne qui connaît la vérité qui se cache derrièrel’imagerie symbolique, alors ne laissez pas les autres vousimposer leur interprétation de votre sagesse intérieure et de laconnaissance que vous avez de vous-même.

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Chapitre 6L’INTERPRÉTATION DES DESSINS

J’ai découvert qu’à l’aide de couleurs et de formes, je pouvais dire des choses que jene pouvais pas exprimer autrement — des choses pour lesquelles je n’avais pas de

mots.— GEORGIA O’KEEFE

Les dessins suivants proviennent de ma collection, que j’assembledepuis 30 ans. Ces dessins ont été réalisés par des amis, desmembres de ma famille, des collègues, mes patients et les patientsd’autres médecins. Mes commentaires à propos de ces dessinsvont aider les lecteurs à comprendre comment chacun a étéinterprété. Dans certains cas, quand c’était approprié etsignificatif, j’ai mentionné ce qu’il était advenu du patient. Le butde ces commentaires n’est pas de raconter des histoirespersonnelles, mais de faire connaître aux lecteurs le langage del’inconscient à travers les dessins et d’illustrer comment chaquedessin devient une précieuse ressource, même quand ce ne sontque quelques lignes griffonnées sur une feuille. Les étudesrécentes révèlent comment l’imagerie peut accélérer la guérison etréduire la douleur après une opération. Les dessins révèlentquelles images doivent être créées pour que cela se produise danstous les aspects de la vie.

LES COULEURS : CE QU’ELLES PEUVENT RÉVÉLERFIGURE 1

L’enfant artiste a dessiné une balle de couleurs qui est assez bienformée, mais dont les couleurs ne sont pas en ordre, comme ellesle seraient dans un arc-en-ciel. La section noire suggère quequelque chose dans la vie de l’enfant la dérange. L’image montrequ’il y a beaucoup d’émotions (les rouges) et toutes sortes dechoses qui se passent dans sa vie : les violets correspondent auxaspects spirituels ; les jaunes correspondent à l’énergie. Mais il y atout de même un problème qui est enfoui et qui doit être exprimé.Ce n’est pas un problème grave, mais c’est quelque chose qui la

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dévore de l’intérieur. C’est comme si sa vie était en désordre et nonpas qu’elle souffre d’un problème physique. Si l’enfant s’étaitdessinée et qu’elle avait mis du noir dans cette image, j’auraisalors dit que cela pouvait représenter une maladie physique, maiscela signifie plus clairement un problème émotionnel.FIGURE 2

Quand le garçon qui a fait ce dessin est heureux et que tout vabien dans sa vie, il y a un arc-en-ciel ; toutes ses émotions sont biengérées. Mais ici, l’arc-en-ciel se trouve entre deux nuages noirs.Quand il vit dans l’arc-en-ciel, il se sent bien. Alors même quand ily a des problèmes dans sa vie, il continue de maîtriser sesémotions. Le dessin contient beaucoup de bleu et de vert : descouleurs saines et naturelles. Sa vie est comblée ; cela est indiquépar le fait qu’il a pris le temps de colorier toute la feuille. Mais il ya tout de même des choses qui limitent son arc-en-ciel. Je luidemanderais quels problèmes le dérangent — ce qui nuit à sonbon-heur — et j’examinerais avec lui tout problème qu’ilmentionnerait.FIGURE 3

Les couleurs de cette montgolfière ressemblent à un arc-en-ciel,mais elles ont été disposées autrement : le rouge et l’orange setrouvent à l’intérieur. Cela pourrait signifier que l’artiste cache ougarde enfouies en lui les émotions qu’elles représentent, plutôtque de les exprimer. Le soleil est présent, mais il y a des rayonsrouges devant lui. Cela suppose qu’il doit composer avec unproblème émotionnel ; ce n’est pas un problème grave parce qu’ily a beaucoup de couleurs saines et naturelles dans le dessin, et il ya un nuage bleu et jaune et non pas un nuage noir. Helen Keller adit que si on reste face au soleil, on ne voit jamais les ombres, maisil est difficile pour ce garçon de demeurer face au soleil parce que,dans son dessin, le nuage (son problème émotionnel) l’enempêche.

Étant donné les couleurs qu’il a choisies, je ne crois pas que sonproblème serait difficile à résoudre. Je lui demanderais pourquoi

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sa montgolfière est attachée au sol avec trois cordes. Pourquoin’est-il pas dans la montgolfière en train de faire une belle envolée? Je lui demanderais ce qui le retient, qui le limite et qui crée unetension émotionnelle.

La montgolfière ressemble aussi à une ampoule, qui pourrait êtresa voix intérieure qui lui dit :

— Je dois éclairer la situation et la résoudre.Je lui demanderais également de compter les petites plantes

vertes et de voir si le nombre est significatif pour lui.FIGURE 4

Comparez ce dessin avec la figure 2 et notez ce que vousressentez. Vous demandez-vous : « Mais qu’est-ce qui se passedans la vie de cet enfant ? » Il est désordonné et il y a du noir. Ilpourrait illustrer un problème parental ou familial, une maladieou toutes sortes d’autres choses. L’enfant a besoin d’aide pourtrouver de l’ordre dans sa vie. Les lettres sont violettes, ce quiindique que l’enfant a un côté spirituel et qu’il n’est pas malade aupoint de mourir. Toutes les émotions sont représentées, mais ellesdoivent être exprimées d’une manière saine afin que le problèmepuisse être résolu et que la confusion disparaisse.FIGURE 5

On dirait de la laine ou des fils de fer entremêlés. C’est leproblème central. Le dessin n’est formé que de traits minces quis’entremêlent avec beaucoup d’énergie et dans une confusiontotale. Quelque chose a créé cet enchevêtrement et a causé leproblème. S’il n’y avait pas de noir, je dirais qu’il s’agit d’undésordre, mais le noir laisse entendre qu’il y a un problèmeémotionnel significatif qui doit être résolu. L’enfant doit exprimerses émotions et recevoir de l’aide pour démêler sa vie. Cela vanécessiter beaucoup plus de travail que pour l’enfant qui a dessinéla figure 4.

L’ANATOMIE : LE SAVOIR INTÉRIEUR DES STRUCTURES ET DESMALADIES

FIGURE 6

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Après une appendicectomie, le ventre d’un jeune garçon étaitballonné, ce qui signifiait que ses intestins étaient emplis de gazparce qu’ils n’avaient pas recommencé à fonctionner. J’ai aussitôtcraint qu’il y ait une obstruction, ce qui nécessiterait une autreopération pour l’éliminer. Je lui ai demandé de faire un dessin delui-même. Il a dessiné une radiographie sur le mur, même s’il n’yavait pas d’écran radiologique dans sa chambre, alors j’ai examinéavec soin la radiographie. Sur celle-ci, la grande région blanche estson estomac et les tubes enroulés en dessous représentent sesintestins. Quand vous avez une obstruction intestinale, l’intestingrêle s’emplit de gaz et de liquide parce qu’il est incapable de sevider, mais dans ce cas-ci, il est bien replié et il n’est pas ballonné.De plus, le garçon a choisi le brun et le bleu, des couleurs saines,plutôt que le rouge et le noir, ce qui aurait laissé croire qu’il yavait un problème.

Ces détails m’ont mené à croire que ses intestins se remettaientsimplement de l’infection originelle et de l’anesthésie, et qu’il n’yavait pas d’obstruction intestinale. Ayant appris avec l’expérienceà me fier aux dessins de mes patients, j’ai continué de l’observer etde le traiter symptomatiquement. Au bout de quelques jours, sesintestins fonctionnaient de nouveau et il a commencé à dégagerdes gaz. Son corps avait simplement eu besoin de davantage detemps que d’habitude pour se rétablir et aucune autre opérationn’a été nécessaire.FIGURE 7

Un patient masculin qui présentait les symptômes d’uneappendicite a fait ce dessin, puis il l’a jeté à la poubelle. Je l’ai priset je l’ai examiné. Un appendice ressemble au doigt d’un gantattaché à l’intestin, tout comme les bras et les jambes dans cedessin. Quand il devient obstrué par des matières fécales ou autrechose, il s’engorge et devient enflammé. Observez la petite balle àl’extrémité du bras de cette personne. On dirait un blocage. Notezégalement les extrémités gonflées, sans mains ni pieds, et lesespaces vides. La couleur est orange, ce qui fait référence à unchangement ; après une opération, le patient serait différent. Ce

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dessin, combiné à ses symptômes, m’a mené à croire qu’il souffraiteffectivement d’une appendicite et qu’une opération étaitnécessaire. Nous l’avons opéré et le diagnostic a été confirmé.FIGURES 8 ET 9

Quand ce garçon a été transporté en fauteuil roulant dans la salled’opération, il m’a remis deux dessins, même si je ne lui avais pasdemandé de dessiner quoi que ce soit. En me tendant la figure 8, ila dit :

— C’est comme avant l’opération.Puis, il m’a tendu la figure 9 en disant :— Et ça, c’est après l’opération.Prenons le temps d’examiner ces deux dessins. Voilà un bon

exemple de la façon dont l’inconscient utilise le langage visuel.D’après vous, quelle opération a subie ce garçon ? Il a dessiné desavions, mais vous pouvez identifier quelle partie de son anatomieils représentent. En anglais, un autre mot pour pénis est « cock » etdans le dessin, le pilote est assis dans un cockpit. Dans la figure 8,le prépuce recouvre le pénis, tandis que dans la figure 9, leprépuce a été enlevé et le pénis est exposé.

Dans le premier dessin, le cockpit est ouvert et la tête du piloteressort à l’extérieur, mais dans le deuxième dessin, l’artiste a ferméle cockpit et le pilote se trouve à l’intérieur. Cela m’indique qu’ilva protéger son pénis durant le reste de sa vie et qu’il ne laisserapas une pareille chose lui arriver de nouveau. Il est intéressant queles balles tirées par la mitraillette fixée à l’aile de l’avion passent desim-ples gouttelettes, dans le premier dessin, à des lignes droitesdans le deuxième. Je dirais que les lignes droites semblent pluspuissantes, plus percutantes. Il sait que son pénis va pouvoirfonctionner de nouveau et remplir ses fonctions. Et le bleu est unecouleur saine. Le patient ne ressent donc pas de douleur nid’angoisse quant à l’opération. Ces dessins me disent que lacirconcision est une bonne chose pour lui.FIGURES 10 ET 11

Ces deux dessins ont été faits par des frères. Timothy a dessiné sa

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maison (fig. 10) et elle ressemble à un symbole phallique en rouge,un signe émotionnel, qui est lié à son opération (une circoncision).Et il a dessiné 14 pommes dans son arbre, ce qui pourrait être lié àdes membres de sa famille, à une date ou à une quantitéquelconque. Il a utilisé des couleurs saines pour le soleil (jaune =énergie), pour l’arbre (vert = vie) et pour les balançoires (bleu =santé). Les balançoires sont une source d’amusement : le rouge lereprésente et le bleu représente son frère. Le drapeau de la boîteaux lettres est levé et sa présence, en plus de sa couleur (brun =terre nourricière), laisse croire qu’il n’a aucune difficulté àcommuniquer ses sentiments. La cheminée sur la maison lui offreun exutoire pour se soulager de la pression et de l’inquiétude. Cedessin laisse entendre qu’il va bien aller.

Thomas a également dessiné une maison de forme phallique(fig. 11), de couleur violette et avec neuf fenêtres sur un côté et uneseule fenêtre à l’extrémité du grenier. Dans son arbre, il a dessinéneuf pommes proches les unes des autres et une autre pommeplacée à l’extrémité gauche de l’arbre. Les nombres neuf et un sontsignificatifs parce qu’il répète ce schéma. S’il avait été mon patient,je lui aurais demandé si ces nombres avaient une significationpour lui. Ses couleurs sont saines, mais le cadre qu’il a ajouté auxbords de la feuille me fait croire qu’il se sent limité ou confiné ; et iln’a pas dessiné de cheminée pour libérer la pression oul’inquiétude.FIGURE 12

Examinez ces voiles. Il est facile de voir que cette femme a uncancer du sein. Les oiseaux sont les personnes dans sa vie qui ontde la difficulté à composer avec son cancer ; ils sont donc noirs. Lesoleil a sept rayons, mais il n’est pas dessiné au complet sur lafeuille. Le bateau représente la femme et son problème actuel, etses contours sont tracés en noir et en rouge (chagrin, douleur,inquiétude) ; il navigue sur une mer agitée. Il n’y a personne àbord du bateau ; il semble être secoué par les vagues ; seul le ventdirige les voiles, ce qui révèle ce que cette femme vit.LE FUTUR, LA MORT ET L’INTUITION :LE SAVOIR CONSCIENT ET

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INCONSCIENT

FIGURES 13, 14 ET 15

Dans le chapitre précédent, j’ai fait référence à un étudiant enmédecine qui était venu me demander conseil à propos de sonchoix de carrière après que son père, un médecin, soit mort d’uncancer. Il craignait que les exigences sur le plan physique etémotionnel auxquelles un médecin est soumis aient contribué à lamaladie de son père. Je lui ai demandé de se dessiner dans lesprofessions qu’il envisageait. Dans la figure 13, il est politicien.Dans la figure 14, il est enseignant. Aucun de ces dessins ne m’aparu concluant. Son dessin de médecin (fig. 15) était la scène laplus agréable, avec ses couleurs saines, ses images et ses actions. Jelui ai recommandé de poursuivre ses études en médecine et c’estce qu’il a fait. Il est devenu psychiatre, ce qui s’est avéré la bonneprofession pour lui.FIGURES 16 ET 17

J’ai demandé à des étudiants en médecine de se dessiner en tantque médecins et les figures 16 et 17 représentent deux extrêmes decette classe. Presque tous les étudiants, hommes ou femmes, ontdessiné un médecin assis derrière un bureau, avec un diplômeaccroché au mur, mais sans aucun patient ou individu dans lamême pièce. La figure 16 m’a complètement renversé. Il y a unvisage flou dans le coin inférieur droit, mais il est difficile de dires’il représente le médecin ou le patient. Il semble signifierl’intellect et non pas un être humain, parce que seule la tête estdessinée. Et qu’y a-t-il d’autre dans le dessin de ce médecin ? Deslivres, un ordinateur, un nom, des légumes, des médicaments —aucun être humain. Ce dessin ne fait pas référence au fait deprendre soin des gens, mais de traiter une maladie. La personnequi l’a réalisé aurait tendance à qualifier ses patients ainsi : « Voussouffrez d’une migraine ou vous avez un cancer ; prenez ceci. »Ou encore ainsi : « Si vous êtes déprimé, prenez ceci. » Je ne peuxpas voir cette artiste être médecin sauf si elle se lance plutôt dansla recherche et qu’elle travaille uniquement dans un laboratoire

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plutôt qu’auprès de patients.À l’autre extrême, il y a un merveilleux dessin réalisé par un

étudiant de la même classe (fig. 17). Voilà ce que signifie êtremédecin. L’artiste s’est dessiné avec un genou posé par terre afind’être à la hauteur de sa patiente. Regardez son bras — ce médecinne fait qu’un avec elle. Il la regarde dans les yeux, il lui sourit et illui tend un mouchoir de papier. Son corps dit qu’il y a de l’espoir.Il a un stéthoscope, mais ce n’est pas ce qu’il utilise pour toucher àsa patiente. Quand les étudiants se dessinent en train de toucher àun patient, ils le font habituellement avec leur stéthoscope ou unautre instrument, pas avec leurs mains.

Parmi les dessins de mes patients, les plus encourageantsmontrent des individus dans leur chambre — la salle d’opérationou la chambre d’hôpital où ils sont censés être isolés et en train derecevoir une greffe de moelle osseuse — et le médecin est avec euxet il les touche. Quand des patients visualisent leur médecin sansla tenue habituelle (bonnet, masque et blouse) qu’il porterait dansl’environnement stérile d’une vraie salle d’opération, lasymbolique est magnifique. Elle sous-entend qu’il y a une relationpersonnelle et que le résultat sera positif.FIGURE 18

L’homme qui a réalisé ce dessin avait peur de la chimiothérapie etil refusait le traitement. Mais l’énergie jaune qui pénètre dans soncancer révélait que son intuition savait que ce serait une bonnechose pour lui. L’intellect et l’intuition ne s’entendent pas toujours.Que vous décidiez de recevoir ou non un traitement, vous nevoulez pas douter de votre décision. Après avoir compris ce quesa voix intérieure lui disait, il a décidé d’aller de l’avant et sadécision s’est avérée la bonne.FIGURES 19 ET 20

Ces deux images ont été dessinées par un médecin victime d’uncancer. Dans la figure 19, les trois oiseaux sont ses enfants. Lesailes qui pointent vers le bas signifient qu’ils ont de la difficulté àcomposer avec la maladie de leur père. Le poisson (un symbole

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spirituel) est hors de l’eau et il est face à l’ouest, là où le soleil secouche, ce qui révèle comment cet homme se sent face à samaladie. Il s’éloigne aussi du soleil et de ses enfants. Son épouse etlui sont à bord du bateau, unis dans cette aventure, et ils sont decouleur orange (ce qui indique un changement). J’espère que lavoile jaune et le bateau violet font référence à la foi, à la croissancespirituelle et à la transformation du couple, et non pas au fait qu’ils’attend à mourir. Il est assis et les lignes traçant les contours dubateau sont derrière ses jambes et ses pieds ; il n’est donc pasattaché ; il peut quitter le bateau. Par contre, les lignes passent par-dessus les jambes de sa femme et la retiennent dans le bateau. Iltient la voile et la barre du gouvernail, alors même si elle est aveclui pour le voyage, il ne la laisse pas l’aider. Ce n’est pas uncomportement de survie. C’est comme s’il essayait de protéger safamille en ne lui disant pas ce qu’il ressent (il a une main derrièrele dos). C’est lui qui tire les ficelles et quand il ne les laisse pasl’aider, ils se sentent encore plus mal.

Après une petite thérapie, le médecin a dessiné la figure 20.Remarquez les couleurs éclatantes qu’il a utilisées pour dessinerses enfants (les oiseaux) et les ailes qui pointent vers le haut. Ilnavigue maintenant en direction du soleil (l’avenir lointain) et desrayons d’énergie en émanent. Comptez les rayons : il a encorebeaucoup d’années devant lui. Le poisson s’est retourné et ilsemble plus puissant, avec une meilleure couleur. Il est face à l’est,là où le soleil se lève — et quand vous restez face au soleil, vous nevoyez pas les ombres. Les quatre vagues représentent unachèvement. Le vent gonfle sa voile ; il n’a pas besoin de la tenirou de la diriger, et sa femme et lui se tiennent par la main. Ilssourient. Ils vivent ensemble cette aventure et ils ne sont plusséparés. Ils ont des yeux et un nez. Dieu a insufflé la vie à Adampar ses narines. Si vous n’avez pas de nez, comment pouvez-vousrespirer la vie ? Il a une oreille afin que sa femme puisse lui parleret il l’écoute.FIGURE 21

La femme qui a fait ce dessin n’était pas consciente que son dessin

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prédisait sa tentative de suicide, mais aussi que ses enfants,symbolisés par les quatre rayons de soleil, la sauveraient et quehuit membres de sa famille seraient à son chevet quand elle seréveillerait à l’hôpital. J’ai plié le dessin en quadrants pourmontrer comment le présent, le passé et le futur étaient tousreprésentés.FIGURES 22 ET 23

La couleur orange signifie un changement et quand Monica, unefillette de sept ans, a écrit son nom avec des traits noirs sur duorange (fig. 22), cela indiquait qu’elle n’était pas contente de sefaire opérer. Dans la salle où Monica allait être opérée, un systèmed’éclairage jaune, qu’on peut ajuster pour bien diriger les deuxlumières sur le bloc opératoire, était suspendu au-dessus de latable d’opération (fig. 23). Les deux lampes étaient fixées à desbras articulés qu’on peut manœuvrer pour diriger la lumière etmaintenir en place en serrant la poignée noire située au coude dechacun. Ce qui est vraiment intéressant est que Monica n’étaitjamais allée dans une salle d’opération. Elle a tout de mêmedessiné une salle en forme de boîte, et aux deux extrémités, elle amis deux lumières jaunes avec deux poignées noires. Durant uneopération, le patient est étendu sur un drap blanc, puis il estrecouvert d’un drap bleu stérile qui a une ouverture vis-à-vis lazone devant être opérée. Ici, Monica a dessiné les draps blanc etbleu, et elle est la silhouette rose au centre. Elle a égalementdessiné quatre lignes au-dessus de sa tête. Dans la salled’opération, il y a une instrumentiste (une infirmière vêtue d’uneblouse stérile), un anesthésiste et moi-même, ainsi qu’uneinfirmière en service externe — qui ne porte pas de blouse stérileet qui peut quitter la salle pour aller chercher le matériel dont lechirurgien pourrait avoir besoin. Dans le dessin, l’infirmière enservice externe est représentée par une ligne qui traverse en partiela bordure de la boîte qui représente la salle. Monica savaitintuitivement que c’est une personne qui peut aller et venir, et quine resterait pas tout le temps dans la salle avec elle.

C’est ce dessin qui a changé la façon de penser des gens à

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l’hôpital. Beaucoup croyaient que j’étais cinglé de recueillir del’information à partir des dessins, mais nous avions ici une enfantqui avait dessiné des éléments clés d’une salle d’opération mêmesi elle n’en avait jamais vu une. Alors d’où lui est venu ce dessin ?Après avoir été impressionné par le dessin de Monica, lepersonnel a été converti et les dessins de mes patients sontdevenus beaucoup plus intéressants que les radiographies ou lesimageries par résonance magnétique.FIGURE 24

Dans le dessin de cette femme, les trois arbustes prédisaientcombien de temps elle vivrait : elle a été enterrée presque trois ansjour pour jour après les avoir dessinés.FIGURES 25 ET 26

Avant que notre fille se marie, j’ai demandé au futur couple :— Pourquoi ne faites-vous pas chacun deux dessins : un où vous

êtes seuls et un en couple ?Notre fille a dessiné sur les deux côtés de la feuille, ce qui est

significatif parce qu’on peut tenir le dessin face à la lumière et quel’autoportrait est alors superposé sur le couple au dos de la feuille.(Si la personne ou des membres de la famille sont disposés demanière à être sur vous, cela signifie que votre famille vous causeun problème.) Quand j’ai tenu son dessin face à la lumière, j’ai vuque sa main levée reposait sur la tête de son fiancé, tandis que sonautre main reposait sur son propre cœur. Je lui ai dit :

— Si sa vie est dictée par sa tête et toi par ton cœur, vous allezavoir un problème.

Dans son dessin du couple (fig. 25), elle tire son fiancé par le braspour qu’il aille dans sa direction, mais il ne la regarde même pas.Ils ont des oreilles, mais les siennes sont noires parce que ce qu’illui dit lui cause du désespoir. Dans son autoportrait (fig. 26), elleporte des chaussures orange, alors qu’en couple, elle porte deschaussures noires. Elle a de plus gros pieds dans son autoportrait,elle a donc une meilleure emprise sur les choses quand elle n’estpas avec lui. Je lui ai dit :

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— Entre sa tête et ton cœur, vous devez trouver une façon decommuniquer ensemble et de résoudre les choses si vous voulezque votre relation survive.

Mais ils n’y sont jamais parvenus. Un de leurs garçons est néavec un grave problème métabolique génétique. Cela a aggravé lasituation et ils ont fini par divorcer.FIGURE 27

Ce dessin a été réalisé par un médecin atteint d’un cancer et dontles enfants étaient adultes. Il se demandait comment ses enfantsallaient. Je lui ai dit :

— Dessinez-moi un dessin de votre famille.— Ils sont dispersés ici et là dans le pays. Qu’est-ce que le dessin

va bien pouvoir me dire ?Je lui ai répondu qu’il savait intuitivement ce qui se passait. Il

m’a donc apporté ce dessin. La première chose que je lui ai dite estde cesser de qualifier ses enfants. Il avait écrit sous chacun : « Yale», « architecte », « avocat », etc. Ils étaient tous des professionnels.Je lui ai donc demandé :

— Si vous aviez un toxicomane, un décrocheur et un meurtrier,auriez-vous ajouté ces détails ?

Il a éclaté de rire en secouant la tête.— Ne qualifiez pas vos enfants, lui ai-je répété.En examinant le dessin, j’ai vite constaté à quel enfant il avait

besoin de parler. Je dis toujours qu’être avocat est une maladiegrave. Un avocat m’a déjà dit :

— À force d’apprendre à penser, j’ai presque oublié de ressentirles choses.

Et c’est ce qui était arrivé à l’enfant avocat de ce médecin : il estvêtu de noir, il ne touche à aucun membre de la famille et, si je mefie à ce dessin, je suis certain que c’est un être purement rationnel.Il avait besoin d’être en contact avec sa famille et d’être encouragéà exprimer ses sentiments. Son père a réussi à communiquer aveclui et il l’a aidé en ce sens.

LA NATURE : UN MIROIR DE NOTRE ENVIRONNEMENTINTÉRIEUR

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FIGURE 28

Nous percevons les arbres comme des symboles qui représententles êtres humains : nos familles, nos vies et nos corps. Quand vousdessinez un arbre, la partie qui se trouve dans le sol — les racines— symbolise habituellement votre inconscient. Elle peutégalement faire référence aux racines de votre famille. Le troncreprésente votre corps et ce qui se passe dans votre vie. Lesbranches supérieures de l’arbre peuvent représenter le futur ainsique votre croissance et votre conscience.

Dans la figure 28, les racines de l’arbre ne constituent pas lapartie la plus importante ; l’artiste a peut-être coupé ses liens avecsa famille. Le trou dans le tronc laisse croire que quelque chosegruge un trou en elle ou dans sa vie. Je ne crois pas que la créaturedessinée dans le trou représente une maladie, mais plutôt unepersonne qui la dévore. Regardez la confusion qu’il y a dans lesbranches. Il y a de la vie, mais dans quelle direction va-t-elle ?C’est la pagaille. Cette artiste a besoin de régler un problèmerelationnel avec sa famille. Je lui demanderais donc :

— Qui est-ce qui vous gruge ?Il est possible que la chose dans le tronc soit la patiente elle-

même — elle est représentée par un enfant dans l’utérus del’arbre. Elle a besoin de créer sa propre vie authentique ; elle nedoit pas vivre la vie que les autres lui imposent. Elle a besoin derenaître pour être son vrai moi.FIGURE 29

Ce dessin illustre ce que nous sommes tous venus faire sur laTerre. La vie est une occasion de grandir et de nous épanouir demanière saine. C’est tellement un beau dessin, avec son énergiejaune en arrière-plan, la fleur qui baigne dans les rayons du soleilet sa tige et ses feuilles vertes, un signe de vie. Quand des enfantsont le cancer et qu’ils ne vont pas bien, les couleurs deviennentplus pâles. Mais ce dessin révèle une personne qui s’épanouit etqui tend les bras vers tout ce qui est bon dans la vie.FIGURE 30

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Quand les bras des gens sont levés dans les airs, cela peutreprésenter différentes émotions. Mais regardez cet arbre : il a desbranches minces et entremêlées, aux couleurs émotionnelles. Lesdeux personnages sont debout, ce qui signifie que leurs piedsreposent sur quelque chose de solide. Les gens se dessinentsouvent en train de flotter dans les airs, sans aucun support. Lespieds de ces deux personnages pointent dans des directionsopposées, ce qui indique qu’ils doivent vraiment se faire une idée,décider dans quelle direction aller. Il est difficile de trouverquelque chose qui ressemble à un tronc sur cet arbre ; il n’y aqu’un trait mince. Leur vie ensemble doit être solidifiée ; ilsdoivent remettre de l’ordre dans leur vie. Aucun des personnagesn’a de nez, ce qui indique que leur vie n’est pas inspirante. Ils ontbesoin de se créer une vie plus dynamique et non pas de vivre surune île.FIGURE 31

Les oiseaux représentent presque toujours des personnes dansvotre vie. Dans ce dessin, il y a trois oiseaux regroupés devant lalune et un oiseau seul. Les oiseaux en noir peuvent représenter despersonnes qui créent en vous du chagrin et du désespoir ou qui enfont elles-mêmes l’expérience. Il y a un peu de couleur parmi lenoir de ce ciel de nuit, mais il n’a pas un aspect agréable. Le bateaua été dessiné avec deux couleurs émotionnelles, le noir pour lechagrin ou le désespoir, et le rouge qui pourrait représenterl’amour, mais qui, dans la plupart des cas, représente une douleurou un conflit. Quand le parcours de vie du patient (le bateau) estnoir et rouge, je n’ai pas un bon pressentiment à propos de sonétat. Et qui dirige le bateau ? Dans quelle direction va-t-il ? Un destraits traverse la voile de part et d’autre ; elle semble prise —presque comme dans un tourbillon —, comme si elle était fixée àl’horizon. L’eau violette pourrait signifier une sorte de voyagespirituel, mais le bateau a besoin d’aide, c’est-à-dire qu’il a besoinque quelqu’un le dirige et compose avec les émotionsdouloureuses que cette personne ressent. Les petits oiseauxpourraient être des personnes dans la vie de l’artiste, mais elles

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n’ont pas l’air de pouvoir être très utiles. Cette personne doit doncdemander de l’aide. Quand vous avez besoin d’aide, demandez-la; c’est un comportement de survie.FIGURE 32

La neige sur les trois montagnes n’a pas été dessinée avec uncrayon blanc, mais elle recouvre tout de même quelque chose. Jedemanderais donc à l’artiste :

— Y a-t-il trois personnes ou trois choses dans votre vie qui vousposent problème et réprimez-vous ce que vous ressentez enverselles ?

Le soleil est dans le quadrant du futur, ce qui donne unsentiment d’espoir, mais il n’y a pas de rayons (de joie) dans cedessin. Le chemin parcouru va du passé récent (le quadrantinférieur droit) au futur lointain (le quadrant supérieur gauche) etil devient étroit ; il sera donc difficile de demeurer sur ce chemin.

Tout comme il y a trois montagnes, il y a également trois grosarbres. Un des arbres a l’air vivant ; les deux autres ont l’air mortsou en dormance. S’ils représentent des individus, personne ne lesnourrit et, tout comme le chemin, ils commencent à s’éteindre.C’est comme s’ils perdaient leur force vitale. Même les sapins ontun tronc noir, ce qui pourrait symboliser leurs problèmes. Lesmontagnes violettes sont des symboles spirituels et un arbre dugenre « sapin de Noël » peut également être un symbole spirituel,mais quelque chose a vidé de leur vie les deux arbres à feuillescaduques, qui pourraient représenter un parent et un enfant. Jedemanderais également à l’artiste :

— Est-ce que le chiffre 5 signifie quelque chose pour vous ?La clôture, avec cinq poteaux, se trouve dans le quadrant du

dessin qui représente le passé. De l’herbe verte et en santé pousseà la base de chaque poteau. Il y a également encore quelquesarbres dans le passé. Mais comme tous les conifères ont un troncnoir, il y a un conflit même s’ils semblent en santé. Je crois quequelque chose du passé de l’artiste qui a besoin d’évoluer estretenu par cette clôture et que l’artiste a besoin de faire unethérapie pour le faire remonter à la surface.

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FIGURE 33

Ce dessin illustre une autre sorte d’arc-en-ciel, avec du rouge, dujaune, de l’orange, du violet et du vert ; il est plein de vie. Même siles couleurs ne sont pas dans l’ordre habituel d’un arc-en-ciel, il ya de l’ordre dans le dessin — un équilibre — et il est magnifique.Le pot repose sur une table brune, une puissante couleur terrestre ;il est donc soutenu. La poignée suggère que vous pouvez leprendre et l’emporter avec vous. Vous pouvez l’emplir d’eau pourmaintenir les fleurs en vie. Ce dessin me donne une bonneimpression à propos de la vie de la personne. Je demanderais àl’artiste :

— Pourquoi y a-t-il quatre fleurs jaunes, deux violettes, etc. ?Ou encore :— Pourquoi y a-t-il huit fleurs ?Si le chiffre huit ne signifie rien de précis pour l’artiste, il peut

signifier un nouveau commencement en cours ou à venir.FIGURE 34

Mon épouse, Bobbie, a dessiné cette scène extérieure avec cinqarbres dans le haut de la feuille. Nous avons cinq enfants et aumoment où elle a fait ce dessin, un de nos enfants nous causait desdifficultés. C’est celui qui se trouve sous les quatre autres.J’essayais alors de le convaincre d’aller au collège plutôt que detraîner à la maison en se plaignant tout le temps. C’est un enfantbrillant qui a beaucoup d’énergie, mais il trouvait l’écoleennuyante. Quand il était plus jeune et que mon épouse et moiétions partis en vacances, il se cachait dans le placard pour lire deslivres toute la journée plutôt que d’aller à l’école. J’essayais doncde le convaincre d’aller étudier dans un domaine qui l’intéressait.

Quand Bobbie a fait ce dessin, deux de nos enfants vivaientailleurs et trois vivaient avec nous. Mais regardez bien dans le basdu dessin, là où il y a sept fleurs (qui représentent notre famille).Dans le coin inférieur gauche, il y a nos jumeaux, mon épouse etmoi. La troisième fleur se trouve à droite des quenouilles, ce quim’a indiqué qu’il allait quitter la maison ; cela a entièrement

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éliminé la pression. Il y a six quenouilles. Six semaines après laréalisation de ce dessin, notre garçon a pris le volant de sa voitureet il s’est rendu à Denver rejoindre son frère pour aller étudier là-bas. Ce dessin m’impressionne encore et nous le gardons accrochéau mur dans notre maison.

L’IMAGE DE SOI : VOIR COMMENT NOTRE VALEURPERSONNELLE INFLUE SUR NOTRE CORPS

FIGURE 35

Cette jeune femme avait été admise à l’hôpital parce qu’elle selaissait mourir de faim. Tout le personnel de l’hôpital était fâchécontre elle et exigeait de savoir pourquoi elle agissait ainsi. Et ilsétaient impolis avec elle. Je suis donc allé la voir et je lui aidemandé :

— Ma chère, fais-moi un dessin.Et voici ce qu’elle a dessiné. Je suis allé montrer le dessin au

personnel de l’hôpital et je leur ai dit :— Regardez. C’est un dessin d’elle-même. Comprenez-vous

maintenant quel est son problème ? Son image d’elle-même estcelle d’une femme obèse qui a l’air enceinte.

Quand ils ont pris conscience de la façon dont elle se voyait, ils sesont calmés et ils ont commencé à la traiter différemment.

Ce que j’aime de ce dessin est que les deux pieds pointent versl’est. Je savais qu’avec la thérapie, elle allait dans la bonnedirection et que comme ses pieds ne pointaient pas dans des sensopposés, elle n’était pas confuse ou déchirée intérieurement. Elleavait besoin de plus gros doigts pour pouvoir prendre les chosesen main. Les quatre boutons signifiaient peut-être quelque chosepour elle. Elle commençait à se trouver, ce qui était symbolisé parsa façon d’étirer un peu le cou. N’ayant illustré son nez que pardeux points, cela me laissait croire qu’elle devait trouver quelquechose qui l’inspirerait et que si elle le trouvait, elle deviendrait unepersonne entière. Cela serait démontré par l’utilisation de couleursplutôt que de traits noirs. Sans amour de vous-même, vous nepouvez pas voir votre vrai moi dans le miroir et vous accepter

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comme une personne qui mérite d’être aimée. Vous ne voyez queles défauts.FIGURE 36

Ce qui est intéressant à propos du dessin de cette fille, ce sont sesbras : elle a des mains, mais elles sont retenues contre la robe parles deux traits qu’elle a tracés par-dessus ses bras. Elle a dessinétoutes les parties, y compris les yeux, le nez et la bouche et elle acouvert toute la feuille, ce qui indique quelque chose de positif àpropos de son estime d’elle-même, comparé au petit autoportraitdessiné par la femme anorexique. Mais je voudrais lui demander :

— Qu’est-ce qui vous maintient les mains liées ? Qu’avez-vousbesoin d’atteindre ?

Ses bras sont bruns et son visage est blanc ; le fait d’avoir coloriéses bras d’une couleur foncée révèle peut-être sa difficulté à faireappel aux autres et à accomplir ce qu’elle doit accomplir. C’est unepersonne blanche avec des bras bruns. C’est comme si elle avaitpeur d’être jugée. Ses pieds ne pointent pas dans la mêmedirection, ce qui indique un peu d’indécision. Elle a peut-être étécritiquée par les autres, qui lui ont dit quoi ne pas faire.FIGURE 37

Vous donnez des crayons de cire à une personne, puis vousregardez ce qu’elle en fait. À part les yeux et la bouche rouges, lereste de la femme est dessinée en noir. Elle a des yeux, un nez etune bouche, mais pas d’oreilles, de mains ou de pieds. Celareprésente sa dépression. Au moins, elle n’a pas dessiné unsourire sur son visage et nié ainsi ses sentiments — la plupart desgens qui sont profondément déprimés se dessinent tout de mêmeavec un gros sourire. De même, le trait est plus épais à la hauteurdes épaules ; elle porte donc un poids sur celles-ci. Je luidemanderais :

— Qu’est-ce qui se passe ?Elle s’est dessinée comme n’ayant rien pour remédier à la

situation. Elle se sent impuissante. Elle a besoin d’aide pourapprendre à faire appel aux autres, à faire pousser des pieds, à se

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déplacer et à accomplir ce qui doit être accompli. Sa ceinture estpresque trop serrée, comme si elle signalait que quelque chosedans sa vie l’étouffe. Elle doit apprendre à être à l’écoute de sessentiments de la même façon que nous réagissons à la faim enallant chercher de la nourriture.FIGURES 38 ET 39

La figure 38 a été dessinée sur les deux rabats d’une feuille, ce quifait que la personne que vous voyez s’ouvre comme un livre. Lescouleurs de l’image extérieure sont saines et pleines d’énergie,mais les mains de la personne sont presque cachées (l’artiste nepeut pas composer avec ce à quoi elle est confrontée) et ses piedssont pointés dans des directions opposées (elle est indécise). Lesépaules sont larges, comme si elle portait un poids. L’imagecouvre la feuille ; cette femme a donc une bonne estime d’elle-même. Quand je lui ai demandé pourquoi elle avait plié la feuille,elle l’a ouverte. Voyez ce qu’il y a à l’intérieur : dans la figure 39,son corps est dépersonnalisé. L’artiste s’est dessinée en train derecevoir une chimiothérapie, qui est jaune (ce qui représente del’énergie) et qui pénètre directement dans la tumeur, ce qui est unebonne chose (moins d’effets indésirables). Mais regardez-la : ellen’a pas de tête ; elle n’a même pas de mains, ses pieds pointentdans des directions opposées et son corps est rouge. Je dirais doncqu’elle se sent complètement impuissante et qu’elle ne sait pasquoi faire. Quelqu’un d’autre a prescrit le traitement et elle croitqu’elle est obligée de s’y soumettre.

Son traitement devrait relever de sa propre décision et non paslui être prescrit par le médecin. Malgré cela, elle a caché sonappréhension sous les rabats de la feuille. J’ai recommandé que lapatiente cesse le traitement ou qu’elle change son attitude enverscelui-ci. Si vous vivez l’enfer, dites-le ; ne le cachez pas aux gens.Prenez soin de vous et demandez aux autres de vous soutenir.Cette femme a besoin de revendiquer son pouvoir et de nerecevoir le traitement que parce que c’est son choix et non celui dequelqu’un d’autre. Elle aurait ainsi beaucoup moins de problèmes.À raison de 10 fois par jour, elle devrait se visualiser pendant trois

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ou quatre minutes en train de recevoir le traitement, d’obtenir unrésultat positif sans effets indésirables et de retourner chez ellerégénérée et en santé. Quand vous vous sentez impuissant ou quevous avez l’impression d’être empoisonné par votre traitement,vous créez le pire des résultats.

J’ai écouté une émission sur une chaîne publique dans laquelleun psychologue parlait d’un projet de recherche où l’activitécérébrale de différents volontaires a été observée en temps réel aumoyen de la technique d’imagerie par résonance magnétiquefonctionnelle (IMRf). À chaque essai, les chercheurs plaçaient unemain devant la personne et observaient sur le moniteur quelleszones du cerveau étaient activées. Quand ils retiraient la main,l’activité cessait dans ces zones. Le psychologue a noté que si onretirait la main et qu’on disait à la personne de fermer les yeux etd’imaginer une main, le cerveau sur le moniteur s’activait dans lesmêmes zones qu’avant ; l’activité cérébrale était donc la même quesi la personne regardait réellement une main. Alors quand vousvous visualisez en train de recevoir un traitement et que tout sepasse bien, c’est comme si vous le receviez vraiment. Cela fait uneénorme différence.FIGURE 40

C’est moi. Voyez comme mes épaules sont larges. Je me metsbeaucoup de pression dessus, si vous voyez ce que je veux dire.Mais j’ai couvert toute la feuille, ce qui signifie que j’ai une bonneestime de moi. Les couleurs sont des couleurs naturelles. J’aitoutes les parties nécessaires : un nez, une bouche, des yeux et desoreilles. Je souris sincèrement ; ce n’est pas un faux sourire. Mon t-shirt a quatre boutons ; pour moi, ce nombre pourrait symboliserune forme de complétude. Mes pieds reposent bien à plat sur leplancher. Même quand vous savez ce que vous dessinez, c’estétonnant de voir tous les petits détails qui se glissent. Si vous avezl’air d’avoir plus de muscles que dans la réalité, cela signifie quevous essayez d’être fort face aux autres et que vous ne prenez pasaussi bien soin de vous-même que des autres. Je ne devrais pas enfaire autant ; je dois prendre soin de moi et ralentir. Ensuite, si je

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faisais un autre dessin, je serais peut-être moins musclé etdavantage en santé.FIGURE 41

Par contraste avec le dessin précédent, examinez cette imagedessinée par le garçon de notre voisin, qui était déprimé. Le corpsdu garçon ne couvre pas la feuille ; il n’est qu’une petite tache et ils’est dessiné tout en noir : le gardien de but d’une équipe dehockey. Que doit-il affronter ? Un gardien de but doit affrontertous les objets durs et noirs que tout le monde lui lance. Lasymbolique de cette image est tellement claire, avec la noirceur dela dépression et la petitesse de l’image de soi. Et la façon dont iltient son bâton laisse croire qu’il s’attend à faire face à d’autresproblèmes. Cet enfant a vraiment besoin d’aide.FIGURES 42 ET 43

Ce garçon est venu dans mon bureau et il a fait un dessin de lui-même qui couvrait toute la feuille. En raison du violet, j’ai vu qu’ilétait un être spirituel, mais dans son dessin, il n’a pas de jambes(fig. 42). Je n’avais pas remarqué qu’il avait écrit le mot « verso ».Je lui ai donc demandé :

— Qu’est-ce qui se passe ? Tu n’as pas de jambes. Te sens-tucoincé ou prisonnier ?

— Tournez la feuille de l’autre côté, m’a-t-il dit.De l’autre côté, il a les pieds qui reposent à plat sur le plancher

(fig. 43). Quand je me dessine, je couvre un côté de la feuille, maisce garçon a besoin des deux côtés. Il a donc une très bonne estimede lui. S’il a besoin des deux côtés de la feuille et qu’il a dusoutien, il va s’en sortir. Ce dessin me dit que les choses vont bienaller pour lui.FIGURE 44

Ce garçon m’a dit :— Dr Siegel, les enfants se moquent de moi dans le vestiaire de

l’école et je veux que vous me circoncisiez afin qu’ils cessent.Je lui ai tendu une boîte de crayons de cire contenant du noir, du

blanc, du brun et toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et je lui ai dit :

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— Fais-moi un dessin de toi dans la salle d’opération.Il a pris un crayon noir et il a écrit « Moi » en noir, puis il a

dessiné un insecte noir sur la table d’opération. Il a ensuite écritau-dessus : « La raison pour laquelle j’ai fait ce dessin est que jesuis fatigué. » Je savais que ce n’était pas pour cette raison ; c’étaitce qu’il ressentait à propos de lui-même. S’il avait eu l’impressionqu’il était un bel enfant et qu’il était aimé, il se serait dessiné enbeau jeune homme qui voulait ou ne voulait pas être circoncis. Jelui ai dit :

— D’accord, tu ne veux pas que les enfants se moquent de toi ?Nous pouvons faire la circoncision.

Mais j’ai montré le dessin à ses parents et je leur ai dit :— Je vais faire la circoncision pour l’aider, mais il pourrait passer

sa vie à consulter des chirurgiens plastiques sans jamais se trouverbeau quand il se regarde dans le miroir. Ce dont il a le plus besoin,c’est de votre amour.

Lors d’un congrès, j’ai observé la même chose parmi desentraîneurs personnels. Je leur ai demandé :

— Que pourrais-je suspendre dans le hall de tous les édificespublics pour transmettre le message « Voyez comme la vie estbelle et significative » ?

Ils ont crié des choses comme « des papillons ! », « des arcs-en-ciel ! », « des photos de bébés ! », jusqu’à ce que je dise :

— Non, il faut suspendre un miroir.Quand la première pensée qui vous vient est un miroir, cela

signifie que vous vous acceptez entièrement et que vous vousaimez. Quand nous nous acceptons en tant que créatures de Dieu,que nous voyons de la beauté et du sens dans ce que noussommes, tels que nous sommes, nous acceptons également lesautres en tant que créatures de Dieu. Les enfants prennentconscience de leur valeur personnelle à travers l’amour etl’acceptation de leurs parents. Une fois qu’ils en sont conscients, ilsn’ont pas à se soucier de leur apparence, de ce que leurs amisdisent et de ce que les voisins pensent. S’ils ne reçoivent que del’indifférence et du rejet de leurs parents, cela peut être désastreux.

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FIGURE 45

Ce dessin a été réalisé par une journaliste qui était venuem’interviewer. Quand elle a dessiné une horloge avec une seuleaiguille qui pointait le 12, j’ai compris que son inconscient luidemandait qu’elle prête attention à une expérience traumatisantede son passé ; elle avait besoin d’une aide thérapeutique pourguérir.FIGURE 46

Je montre souvent ce dessin lors de mes conférences et je demandeaux gens :

— Selon vous, qui rédigerait ainsi des instructions détaillées surla façon de faire un dessin alors que je lui ai simplement demandéde dessiner quelque chose ?

Quand je réponds que c’est un ingénieur, tout le monde éclate derire. Il a écrit en haut de la feuille : « J’ai de la difficulté à dessiner.» Que craignait-il ? Ce n’était pas un cours de dessin ; il n’allaitpas être noté. Il n’a pas seulement ajouté quelques mots pourqualifier des choses, comme certaines personnes le font ; il a plutôtrédigé une page d’instructions. Il essayait de tout régenter dans savie en se servant de sa tête. Ce qui est intéressant est que cetévénement a tout de même eu un énorme effet sur lui parce que jelui ai dit :

— Vous laissez votre tête dicter votre comportement et non pasvos sentiments. L’ingénieur en vous a de la difficulté avec lesrelations interpersonnelles et, tout comme les avocats, vousrationalisez et vous calculez ; vous n’écoutez pas votre cœur.

Cela l’a vraiment ébranlé.Environ 15 ans plus tard, j’ai montré ce dessin lors d’une

conférence à l’université Yale. À la fin de celle-ci, un homme estvenu me voir et il m’a dit :

— C’est l’écriture de mon père. Quand vous lui avez dit qu’ilagissait seulement de manière rationnelle et qu’il ne ressentait passes émotions, cela l’a changé. Cela a eu un profond impact sur luiet l’a aidé à survivre à son cancer.

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J’ai donc fait une copie du dessin et je l’ai donnée à son garçon.Certaines personnes ont si peur de dessiner qu’elles font faire le

dessin par leur enfant. Je leur dis alors :— Vous luttez contre un cancer et vous avez peur de dessiner ?Un garçon de 10 ans a dessiné sa mère avec une grosse tête et un

faux sourire. Il comprenait bien la situation : elle agissait demanière rationnelle et elle ne ressentait pas ses émotions.

LE TRAITEMENT : NOTRE PERCEPTION DES CHOSES MODIFIENOTRE EXPÉRIENCE

FIGURE 47

Cette artiste a un sens de l’humour qui l’a aidée à sur-vivre. Ici,elle s’est dessinée en train de recevoir une chimiothérapie avec leproduit qui circule dans toutes les parties de son corps ; elle sepréparait donc inconsciemment à avoir beaucoup d’effetsindésirables. Elle est reliée à l’appareil qui injecte la thérapieintraveineuse durant toute une journée et une soirée ; c’est une desdifférentes séances auxquelles elle devra se soumettre durantplusieurs mois. Elle m’a dit :

— J’en ai assez de traîner cette chose avec moi.Elle était vraiment prête à abandonner et à mourir. Je l’ai donc

regardée dans les yeux et je lui ai dit :— Vous savez, vous êtes Lady Dragon1.Elle a éclaté de rire. Durant ses séances de visualisation, les

dragons sont devenus les symboles qui représentaient ses globulesblancs et elle s’est sentie mieux à partir de ce moment-là. Elle abien supporté le traitement et tout le reste parce qu’elle étaitdevenue Lady Dragon.

Les médecins auraient avantage à apprendre des techniquespsychologiques pour soigner les gens, comme le jeu de mots quej’ai utilisé pour amuser et donner de l’énergie à « Lady Dragon ».J’utilise également une technique appelée le paradoxe, durantlaquelle je fais le contraire de ce qu’un patient s’attend à ce que jefasse. Par exemple, quand quelqu’un vient me voir et me dit :

— Ils m’ont dit qu’il me restait une semaine à vivre.Je lui réponds :

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— J’ai plutôt l’impression qu’il ne vous reste que quelques jours.Le patient me regarde habituellement, l’air secoué, puis il saisit ;

ce n’est qu’une blague. Ce que j’ai dit est tellement horrible que lepatient éclate de rire. Puis, nous commençons à parler et la tensiondisparaît. Le paradoxe aide le patient à voir les choses de manièreplus positive, ce qui en retour a un effet sur la façon dont il vit letraitement. Cela a pour résultat une meilleure espérance de vie,alors je leurre souvent les gens pour qu’ils se concentrent sur leursanté.

Les dessins suivants montrent les réactions émotionnelles dedeux patients envers leur traitement. Ils illustrent clairementpourquoi une attitude positive peut jouer un rôle important dansla guérison.FIGURE 48

Voici une personne qui reçoit une greffe de moelle osseuse et ondirait que cela se produit dans une prison. Aucun rayon de soleilne pénètre par la fenêtre et il n’y a rien d’agréable à l’extérieur. Lesinfirmières sont des bonshommes allumettes sans mains et elles netouchent pas la patiente. La patiente n’a qu’un bras ; elle n’a pasd’yeux, pas d’oreilles et pas de nez ; elle ne peut donc pass’exprimer. Elle est simplement étendue sur une table avec uneénorme aiguille pointée vers elle. On dirait un cauchemar et nonune thérapie visant à la guérir. Une personne qui fait un tel dessina besoin d’aller chez elle et de visualiser le traitement d’unemanière différente, comme une chose thérapeutique, jusqu’à cequ’elle puisse le voir comme étant bénéfique. J’ai un CD quis’appelle Getting Ready et qui aide les gens à se « reprogrammer »à l’aide d’une visualisation guidée. Je l’aurais recommandé à cettepatiente parce que cela aurait complètement changé sa façon deréagir à son traitement de même que le résultat obtenu.Maintenant, comparons le dessin suivant, la figure 49, à celui-ci.FIGURE 49

Il s’agit de la scène d’une greffe de moelle osseuse et la main deDieu soutient la patiente. L’intraveineuse est en place ; le médecin

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est dans la salle. Il porterait normalement un bonnet, un masque etune blouse, mais dans ce dessin, il n’en porte pas et touche lapatiente non pas avec un stéthoscope, mais avec sa main — unemain humaine —, et il sourit. Même si le dessin a pâli avec letemps, on peut encore voir l’arc-en-ciel de vie qui est dans la salleavec elle et qui est symbolisé par les couleurs de la chaise. Ondirait qu’elle est en croisière et non pas qu’elle subit uneintervention médicale difficile à l’hôpital. De la lumière brille surelle. La porte est rouge : une couleur émotionnelle ; c’est sa ported’entrée vers la vie. On aperçoit par une fenêtre l’arbre de vie, unarbre qui a l’air en santé. Par l’autre fenêtre, on peut voir sa famillequi l’attend. Dans la salle, il y a le lecteur de CD pour faire savisualisation et tout ce dont elle a besoin. Je ne suis pas inquietpour ce genre de patiente. Les études révèlent que les personnesqui font ce genre de dessin et qui ont cette optique psychologiqueont un taux de survie plus élevé que les personnes qui font desdessins négatifs.FIGURE 50

Cette femme a écrit « À l’aide » sur son ventre après avoir suivi leconseil que je donne aux patients qui doivent être hospitalisés. Jeleur dis toujours d’apporter une trousse Siegel. Elle contient unmarqueur, une crécelle et un pistolet à eau. Le marqueur sert àécrire « Coupez ici » et « Pas celui-là, imbécile ». Une femme a écritjuste au-dessus de son pubis : « Ne tondez pas le gazon. » Avec cegenre d’humour, tout le monde dans la salle d’opération rit etdevient une famille. La crécelle peut sauver des vies. Une femmeétait en train de s’étouffer avec de la nourriture de l’hôpital etpersonne n’est venu quand elle a appuyé sur le bouton d’appel.Elle m’a plus tard raconté :

— Si je n’avais pas eu de compagnon de chambre, je seraismorte.

Le pistolet à eau sert à arroser ceux qui vous dérangent dansvotre intimité sans aucune bonne raison.FIGURE 51

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Le violet est une couleur spirituelle et bien que son utilisationpuisse suggérer que la personne va mourir, je ne crois pas que lacouleur de la chimiothérapie de cette patiente indique qu’elle croitque cela va la tuer. Je crois qu’elle voit que cela peut la guérir. Lespoints rouges sur son corps — une couleur émotionnelle —représentent le cancer. Les quelques points blancs parmi eux, quisont presque invisibles, sont ses globules blancs. La perceptionque cette patiente a d’elle-même en se dessinant en bonhommeallumette illustre son sentiment d’impuissance. Elle s’est dessinéeen noir et elle est suffisamment honnête pour montrer qu’elle n’estpas heureuse. Mais parce qu’il n’y a personne sur le dessin qui luiadministre la chimiothérapie et qu’elle a dessiné le liquide enviolet, elle semble croire que le traitement est davantage uncadeau de Dieu. Ses pieds pointent vers le traitement, ce quiindique que son intuition lui dit qu’il va lui être bénéfique.

En ce qui concerne le traitement, je lui dirais :— Oui, essayez-le. C’est ce qu’indiquent la façon dont vous vous

êtes dessinée, la couleur du traitement et la direction de vos pieds.Je lui soulignerais également que le cancer semble s’être répandu

à différents endroits dans son corps et qu’il est rouge, ce quiindique qu’il cause un problème émotionnel dans sa vie. La façondont les gens se visualisent compte beaucoup : s’ils dessinent unmillier de cellules cancéreuses et quelques globules blancs, celacorrespond à ce qui se passe dans leur corps. Je recommanderais àcette patiente de changer son image d’elle et ce qu’elle pensed’elle-même.FIGURE 52

La chimiothérapie de cette femme est administrée avec uneseringue noire et elle ne laisse pas le produit pénétrer dans soncorps. Ses yeux et sa bouche sont noirs et les points représentantles cellules cancéreuses sont violets ; dans ce cas-ci, le violet semblereprésenter la mort. Son message semble être : « Cela va me tuer.Ma maladie va me transformer en esprit. » Elle n’a pas de nezpour inspirer ; elle ne peut donc pas inspirer la vie, ce qui laisseentendre qu’elle ne croit pas que son traitement puisse l’aider à

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survivre. Un de ses pieds pointe vers sa droite — l’ouest, la placede la noirceur — et ses chaussures sont noires.

Elle semble aussi devenir de plus en plus pâle : le haut de soncorps est rose pâle (une émotion ou une douleur cachée) et ellemontre les cicatrices de sa mastectomie. Susan Bach note qu’ilarrive que les enfants malades dessinent initialement des scènesextérieures avec des couleurs éclatantes comme le vert, puisqu’avec le temps, les cou-leurs dans leurs dessins successifsdeviennent de plus en plus pâles, soit parce qu’ils appuient moinsfort sur la feuille, soit parce qu’ils choisissent des tons plus pâles.Quand cela se produit, cela indique que la lumière de la vie pâlit,qu’elle quitte ces enfants. De façon similaire, le dessin que cettefemme a fait n’annonce rien de bon quant à son avenir.FIGURE 53

Ce dessin dramatique est très coloré. Comme la patiente n’a pasdessiné ses pieds, je dirais qu’elle se sentait coincée au moment oùelle a fait ce dessin. Et elle l’était effectivement parce qu’elle avaitenviron 16 ans et que ses parents lui avaient enlevé son pouvoir.Ils l’avaient obligée à recevoir une chimiothérapie contre savolonté, jusqu’à ce qu’elle refuse finalement de continuer. Quandils l’ont emmenée à mon bureau, je lui ai demandé de me faire undessin. Quand j’ai vu les mots « Je vous hais », je lui ai demandé sicela voulait dire qu’elle haïssait le cancer. Elle m’a répondu :

— Non, je ne hais pas le cancer ; le cancer traverse le même enferque moi. Il pleure et il dit : « Aidez-moi. »

Quelle déclaration. Elle était triste pour le cancer ! Alors, quivoulait-elle transpercer d’un coup de lance ?

— Je veux la planter dans mon médecin, m’a-t-elle dit. À causede lui, je suis chauve, je suis laide et mon genou est affreux.

Sa colère visait donc les médecins. Je ne sais pas ce qui lui estarrivé, mais au moins, ses parents ont pu mieux comprendre cequ’elle ressentait. Je leur ai suggéré de redonner à leur fille sonpouvoir et de la laisser décider quoi faire.

Le mot patient est dérivé d’un mot qui signifie « personnesouffrante soumise ». Cela suppose que si vous êtes un « bon »

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patient, vous allez endurer la souffrance, la chirurgie et ladéformation de votre corps, ainsi que toute complication quisurvient, sans exprimer de colère. Et vous allez peut-être mourir àun moment qui plaît à tout le monde ou mourir à la suite dedécisions médicales faites par des professionnels qui ne vousconnaissent pas personnellement et qui vous donnent le mauvaistraitement.

Je dis aux gens de ne pas être de bons patients, mais plutôt despartiponsables. Qu’est-ce qu’un partiponsable ? Un « participantresponsable ». Vous assumez la responsabilité de votre traitement.Le médecin pourrait prescrire une chose, mais c’est vous quidécidez de la faire ou pas. Et quand vous prenez les décisions,vous ne vous considérez pas comme un perdant si vous n’obtenezpas le résultat souhaité. Voici comment je vois les choses : essayez-vous de ne pas mourir ou de faire ce qui est bon pour vous ?

La plupart des gens se soumettent à des procédures difficilesdans l’espoir de ne pas mourir ou de vivre plus longtemps, maiscertains se préoccupent davantage de leur qualité de vie etchoisissent un traitement avec lequel ils peuvent composer, mêmesi cela signifie qu’ils ne vivront pas aussi longtemps. Unpartiponsable décide ce qui est bon pour lui et si cela ne fonctionnepas, il ne se fâche pas contre lui en se disant qu’il a échoué. Quandles gens disent qu’ils ne veulent pas mourir, je leur réponds :

— Alors, faites tout ce que votre médecin recommande. Si cela nefonctionne pas, au moins, vous ne vous sentirez pas coupable dene pas avoir essayé.FIGURE 54

Dans ce dessin, l’adolescent est étendu sur son lit d’hôpital et ilreçoit une chimiothérapie. Je crois qu’il pense que c’est bon pourlui parce qu’il l’a dessinée en orange, la couleur du changement.Mais il ne laisse pas le produit circuler dans son corps ; il s’arrête àson poignet. Sous son lit, il y a un bac au cas où il vomirait enraison des effets indésirables qu’il anticipe. Le porte-perfusion estnoir et il a tracé sa silhouette en noir ; son cancer lui cause doncbeaucoup de chagrin. La fenêtre est également noire, mais il y a

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des nuages bleus (l’énergie de la vie), et c’est un bon signe. Sesvêtements sont également bleus, bien que cela puisse simplementêtre la couleur de la chemise d’hôpital ; dans ce cas, cela n’aaucune signification. Le jaune du matelas sur lequel il est étenduest une couleur positive si elle est liée à son traitement.

La chose qui me trouble est la porte à droite du dessin : ce garçona besoin de compagnie. Sa famille a décidé qu’il devrait recevoirune chimiothérapie et il est allé à l’hôpital pour recevoir letraitement. Mais où est sa famille ? Elle n’est pas là pour lesoutenir. Il est seul dans sa chambre et il souffre des conséquencesde leur décision sans recevoir leur soutien et leur amour.

Faites l’expérience suivante : plongez votre main dans un seauempli de glace, tout en étant assis seul dans la salle de bain.Observez le temps qui s’écoule. Notez par écrit combien de tempss’est écoulé avant que cela devienne trop douloureux et que voussoyez obligé de retirer votre main de l’eau glacée. Puis, apportez leseau dans le salon et demandez à toute votre famille et à vosanimaux de compagnie de s’asseoir autour de vous. Plongez denouveau votre main dans le seau et observez combien vouspouvez tolérer plus longtemps l’eau glacée quand vous êtesentouré des gens qui vous aiment. Cela illustre parfaitementcombien les personnes qui luttent pour se rétablir ont besoind’amour et de compagnie.FIGURES 55 ET 56

Cette femme s’est dessinée dans une boîte munie d’une courroiepour empêcher sa tête de bouger pendant que les rayons sontdirigés sur sa tumeur (fig. 55). La ligne traçant un côté du lit passepar-dessus son pied afin qu’elle ne puisse pas se lever et partir.D’un point de vue symbolique, elle est enfermée et le fait qu’ellen’a pas dessiné de doigts laisse croire qu’elle n’a pas d’emprisesur les choses. Elle n’a pas de nez, ce qui suppose son manqued’inspiration à propos du traitement. Les techniciens qu’elle adessinés sans nez et de l’autre côté de la fenêtre, c’est-à-direcomplètement séparés d’elle, illustrent également un manqued’attention et de soutien émotionnel.

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Dans la figure 56, les rayons de la radiothérapie sont rouges etnoirs, deux puissantes couleurs émotionnelles ; elle va doncbeaucoup réagir au traitement. Notez que les rayons sont nonseulement dirigés vers la tumeur, qui est illustrée par une grossetache noire sur sa mâchoire, mais aussi vers ses épaules, son cou etson visage. Heureusement, les cellules noires de la tumeur sontentourées de son système immunitaire, qui possède une couleurterrestre nourrissante. Cette zone brune semble être constituée debriques ou de billes de verre qui bloquent la tumeur et la confinentdans cette partie de son corps. Il s’agit d’une approche utile, maisje crois néanmoins qu’elle va souffrir de beaucoup d’effetsindésirables là où les flèchent pointent en raison de son attitudeenvers son traitement.FIGURE 57

Ici, le patient est étendu sur la table d’opération. Soncardiogramme est accroché au mur et il a deux lignesintraveineuses fixées à son corps. Le drap vert qui le recouvre estune couleur saine, mais il n’y a personne pour prendre soin de lui.On dirait qu’il est mort et que quelqu’un a recouvert son corps. Cepatient a sans doute peur d’aller dans la salle d’opération, parcequ’il a dessiné son cardiogramme et qu’il est noir. Lecardiogramme pourrait suggérer qu’il a l’impression quepersonne ne veille sur lui, ce qui fait que son cœur pourraits’arrêter ; il est donc mort de peur.FIGURE 58

Dans ce dessin, on voit le contraire de la peur. Quelle différence.Parce qu’elle sent que Dieu et l’amour sont présents dans la salled’opération, cette femme ne va rencontrer aucune difficulté. Latable est jaune soleil et cette femme est entourée des rayons d’uneénergie vivifiante. Le chirurgien ne porte pas de masque, deblouse ou de gants — il est là en tant que personne, il la touche etil la traite comme un être humain. Il y a un arc-en-ciel au-dessusde la tête du chirurgien et la patiente imagine une fleur ; ces deuxobjets sont reliés à la personne par quatre bulles. Quatre est le

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chiffre de la complétude ou de la plénitude ; il peut égalementsignifier quelque chose de personnel pour l’artiste. Trois cœurs ettrois notes de musique violettes dansent dans les airs. Le troispourrait faire référence à la Trinité. Il y a 12 fleurs, ce qui pourraitsignifier une période de temps, des personnes ou quelque chosede personnel. Ce dessin est tout simplement magnifique. Il n’estque paix et guérison. Je ne m’inquiéterais pas du tout à propos decette patiente.FIGURE 59

Cet homme cache ses mains et il n’a pas de pieds. Il est coupé dumonde. Comment peut-il demander de l’aide pour accomplir cequ’il doit accomplir ? C’est bien que ses épaules soient arrondies,parce que les problèmes vont glisser dessus sans problème.L’homme a dessiné deux grosses cicatrices sur sa poitrine tout encroyant que sa maladie est à l’extérieur de son corps, comme s’ilne pouvait rien faire. Il a des yeux, un nez, une oreille et unebouche, mais quand vous dessinez votre maladie à l’extérieur devotre corps, cela indique que vous n’avez pas accepté la réalité oula responsabilité de composer avec elle, alors comment pourriez-vous avoir un effet sur elle ?

Sa sagesse intuitive nous révèle ce qui se passe dans son corps.Ici, les cellules noires sont les cellules cancéreuses ; le traitementest rouge et ses globules blancs ressemblent aux personnagesjaunes du jeu Pac-Man. Une cellule cancéreuse dans le bas n’estpas touchée par le traitement ; je dirais donc que 80 % de soncancer est attaqué par le traitement et son système immunitaire.

En utilisant la même métaphore qu’il a choisie pour son dessin,je lui dirais :

— Sortez vos mains, bougez vos pieds et acceptez que la maladiesoit dans votre corps.

Accepter ne veut pas dire faire face à une issue négative ; c’estprendre conscience que « c’est arrivé et je dois m’impliquer et nonpas simplement rester là à ne rien faire ». Nous devons aider cethomme à améliorer l’imagerie qu’il utilise durant ses séances devisualisation et à voir que l’ensemble de son cancer est traité.

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FIGURE 60

Cet homme a utilisé des chevaux pour représenter ses globulesblancs. Je lui dirais :

— Ne vous limitez pas à sept chevaux ; utilisez-en une centaineou même davantage.

(Une femme a utilisé du maïs soufflé, une très bonne image. Lesgrains de maïs possèdent beaucoup d’énergie et semblent enquantité infinie ; et en éclatant, ils peuvent étouffer les cellulescancéreuses.) Dans ce dessin, la substance chimique du traitementn’atteint pas toutes les cellules cancéreuses de l’homme. Je luidemanderais de visualiser que toutes les cellules sont attaquées etje lui suggérerais de visualiser que cela se produit dans son corps.

LA FAMILLE : LE PREMIER RÉSEAU DE SOUTIENFIGURE 61

Un arbre symbolise la famille ou une personne. Le troncreprésente le corps ; la partie supérieure d’un arbre signifie laconscience et les racines sont ce qui se trouve sous la surface : lepassé et l’inconscient. Ici, nous ne voyons que la partie de l’arbrecorrespondant au corps et il y a un trou au milieu. Le dessin a étéfait au crayon, sans aucune cou-leur ; les émotions et la vie n’ysont donc pas représentées. Quand les membres d’une famille necommuniquent pas, il n’y a pas de vie dans celle-ci. Le père a lesmains dans les poches. La fille tend son bras vers sa mère, mais lamère ne fait pas de même et personne ne touche au garçon. Ils ontbesoin de communiquer, de se soutenir et d’exprimer leurssentiments.FIGURE 62

Regardez le canapé. Même s’il y a une place vide, cette enfant estassise seule. Elle s’est dessinée en violet, alors je savais qu’elle medisait :

— Je vais mourir de ma maladie. Je vais devenir un esprit.J’ai montré ce dessin à ses parents et il a eu un profond impact

sur toute la famille. Environ un an après la mort de leur fille, ilsm’ont appelé pour me dire :

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— Merci de nous avoir aidés avec ce dessin. Cela nous a incités àconsacrer davantage de temps à notre fille. Nous avons eu unemagnifique relation avec elle et nous avons fait la paix avec nosvies avant sa mort.

Le processus de sa mort n’a donc pas seulement été associé à uneperte ou à un échec ; il leur a plutôt procuré un sentimentd’accomplissement et il était très important pour eux que leur fillepuisse mourir en se sentant profondément aimée.FIGURE 63

Le toit noir de cette maison pourrait être sa couleur réelle ou ilpourrait représenter les problèmes émotionnels de l’artiste. Avantd’interpréter un dessin de ce genre, il est important de demander :

— Quelle est la couleur du toit de votre maison ?J’ai déjà eu une patiente qui a dessiné un toit rouge et une

voiture noire. Il s’est avéré que ces deux couleurs émotionnellesreprésentaient son mari. C’était un alcoolique qui fumait dans lamaison et qui conduisait en état d’ébriété ; il était donc dangereuxpour elle d’être dans la maison ou dans la voiture avec lui. Ici,deux personnes sont assises devant la maison et il est évident qu’ily a de la place pour toutes les deux à l’intérieur. Il y a aussi unchien et des fleurs, et le dessin couvre toute la feuille. Quand lesgens couvrent toute la feuille, cela indique que leur vie est emplie.Les cheminées permettent à l’air chaud de s’échapper facilementde cette maison. Quand ces deux personnes ont un problème, ellesle résolvent. Il ne va pas créer de tension et détruire leur vie.FIGURE 64

Le papillon est un symbole de transformation, alors la vie des gensdessinés ici est en train de changer. Ce papillon est violet, mais ilne vole pas dans le coin supérieur gauche, là où le concept de lamort est représenté. Et le dessin n’est pas tragique ; je ne considèredonc pas qu’il prédit une mort. Comme le papillon occupe lemilieu de la partie droite (le présent), je le vois comme un symbolede transformation spirituelle et de changement ; il est lié à ce quise produit présentement dans la famille. Au-dessus d’eux, il y a

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un arc-en-ciel avec les couleurs dans le bon ordre ; il reflète doncqu’il existe de l’ordre dans la vie de cette famille et qu’elle connaîtun sentiment de plénitude. Ils se touchent et il y a de la couleurpartout ; ce dessin est empli de vie. Les quatre fleurs pourraientreprésenter les membres de la famille. Il y a trois fleursrapprochées et une plus à l’écart, comme le petit garçon, mais il sedégage de ce dessin de l’énergie, de la croissance et des relationssaines ; voilà pourquoi il est agréable à regarder.FIGURE 65

Le chiffre sept apparaît au milieu du dessin ; il pourrait doncreprésenter l’âge de la personne qui l’a dessiné. Il y a beaucoup derayons de soleil dans le quadrant supérieur droit, qui représente leprésent, le moment présent, et qui pourrait être lié à la vie del’artiste en général, aux personnes dans sa vie, etc. Elle a dessinéquatre nuages, mais ils sont bleus — une couleur saine et positive— et non pas noirs. Il y a également trois vagues. Il serait bon dediscuter avec elle à propos de ces chiffres. Ce qui estparticulièrement intéressant est que nous obtenons le chiffre septquand nous additionnons les quatre nuages et les trois vagues ; jelui demanderais donc également ce que cela signifie. Le chiffresept, qui correspond aussi au nombre de jours dans une semaine,pourrait être lié à la situation que l’artiste vit présentement et à ceque le changement crée. Ce dessin a été fait par une enfantadoptée, et je soulignerais ceci à la famille :

— Elle montre que vous êtes dans le même bateau, mais auxextrémités opposées de celui-ci. Les bras de chaque personne sonttendus, mais ils ne touchent pas l’autre personne et elle a besoinque vous soyez plus près d’elle.FIGURES 66 ET 67

Ces dessins ont été réalisés par une amie médecin qui a été victimed’un accident d’automobile ; par chance, elle a survécu. Sa voitureavait quitté la route et, heureusement, quelqu’un l’a remarquée ; ila trouvé mon amie et l’a sauvée. Elle est cependant devenueparaplégique. Dans la figure 66, où elle est seule, vous la voyez

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sur un chemin qui suit une pente descendante. Il y a encore dusoleil dans sa vie, mais il y a aussi des nuages contenant desémotions — elle a ajouté un peu de rouge à l’intérieur d’eux.Cependant, ce ne sont pas des nuages noirs et elle sourit ; c’est unsourire sincère. Mais il y a un gros trou noir dans son cœur : c’estsa blessure, sa paralysie. Imaginez, elle allait devenir médecin etvoyez ce qui lui est arrivé pendant ses études en médecine. Elle aeu de la difficulté à être de nouveau admise à la faculté en raisonde sa paraplégie.

Dans le dessin qu’elle a fait d’elle-même et de son petit ami(fig. 67), elle est entière. Comme je l’ai déjà mentionné, quandvous êtes entouré de vos êtres chers, la souffrance et les problèmesde toutes sortes s’atténuent. Son chemin ne suit plus une pentedescendante et il est maintenant vert. Quand quelqu’un vousaime, votre chemin dans la vie devient un chemin de guérison ;tout change quand vous êtes ensemble. Elle semble de nouveauentière : elle se tient debout. Ils se regardent et se tiennent par lamain. Les quatre fleurs pourraient représenter d’autres personnesou le temps, peut-être le nombre d’années qu’il lui reste pourterminer sa formation médicale.FIGURE 68

Ce dessin a été réalisé par une religieuse. Elle se trouvecomplètement à gauche et souffre d’un cancer. Elle m’a dit :

— J’ai besoin de davantage d’aide de ma famille.Puis, elle m’a tendu ce dessin. Je lui ai souligné que les membres

de sa famille ont un défaut génétique : leurs bras et leurs mainssont collés contre leur corps. Les lignes de la robe bleue de lafemme dessinée au centre passent par-dessus ses mains ; cesdernières sont donc liées et elle ne peut pas les utiliser. Les mainsdes autres sont enfoncées dans leurs poches ou collées sur les côtésde leur corps. Personne ne se touche vraiment, même si les frèressont davantage rapprochés. Le troisième frère à partir de la droiteécrase les orteils de son autre frère. Des détails de ce genre seglissent souvent dans les dessins et ils ne sont pas accidentels. Il sepasse quelque chose entre ces deux hommes, étant donné la

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symbolique liée au fait qu’un marche sur les orteils de l’autre et laposition de leur corps. Ils révèlent qu’ils ne sont pas ouverts l’unenvers l’autre.

Dans le bas, l’artiste a écrit « Ma famille » en rouge, bien que lestraits soient parfois pâles, ce qui indique qu’il n’y a pas de passionet d’affection dans cette famille. J’ai dit à ma patiente qu’elle allaitdevoir demander de l’aide. C’est un comportement de survie. Ellese fait du mal en étant trop gentille et en n’osant pas demander àsa famille de l’aider. Elle doit obtenir leur aide ou aller en chercherailleurs.FIGURE 69

Je suis certain que ce dessin appartient à un de nos enfants. Il m’adessiné avec un bras plus long, celui avec lequel je portais monporte-documents. J’étais toujours parti à l’hôpital et, dans sondessin, il exprime ce qu’il ressentait. Bobbie porte des vêtementsnoirs, mais cela ne représente pas une maladie ; c’est ce qu’elleportait quand elle a posé pour ce dessin. Stephen a finalementétudié en droit, mais il avait d’abord étudié la mécaniqueautomobile et il reconstruisait constamment des véhicules ; voilàpourquoi il tient dans ses mains un outil de mécanicien. Lesmembres de la famille se touchent. Keith (à droite) a de très longsbras ; cela pourrait signifier qu’il a davantage besoin des autres ouqu’il cherche à saisir des choses. Mais voyez comme ses épaulessont larges, un signe qu’il en prend trop sur ses épaules. Carolyn(vêtue d’un chandail bleu) et Keith sont jumeaux ; à l’arrière, il y aJohn (avec des lunettes) et Jeffrey. Les arbres dans le fond ont l’airen santé.

Encourager vos enfants à faire des dessins est une excellentefaçon de lancer une discussion sur les sujets dont ils sont mal àl’aise de parler. Quand ces choses figurent dans les dessins, lesenfants peuvent alors en discuter. Les jours des visites des parentsà l’école, les enseignants de mes enfants étaient souvent étonnésque je puisse regarder les dessins des autres élèves et leur parlerde la famille de ces derniers. Par exemple, je pouvais voir si unefamille était confrontée à un divorce, à une maladie ou à autre

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chose en particulier. Les enseignants me demandaient :— Comment savez-vous cela ?Et je répondais :— C’est dans le dessin.Nos enfants ont appris à utiliser les dessins comme des outils de

vie. Ils étaient conscients que je m’y connaissais beaucoup enmatière de dessins, alors quand ils devaient prendre une décisionà propos de quelque chose et qu’ils faisaient un dessin à ce sujet etque je pénétrais dans leur chambre au même moment, ilsn’avaient aucune difficulté à me demander de les aider. Mais s’ilsétaient en train de dessiner à propos d’une chose personnelle etque je pénétrais dans leur chambre, ils recouvraient alors le dessinavec un objet ou ils se penchaient au-dessus pour le cacher. Ils nevoulaient pas que j’interprète ces dessins et que je m’inquiète poureux ou que je me mêle de leur vie privée.FIGURE 70

La femme qui a fait ce dessin se demandait si elle devait demeurerlà où elle vivait ou déménager pour se rapprocher de sa famille.D’après vous, quelle a été sa décision ?

L’ORDONNANCE DU MÉDECIN POUR LES PARENTS ET LESAUTRES MEMBRES DE LA FAMILLE

Prenez des feuilles blanches et une boîte de crayons de cire etdemandez à vos enfants de faire un autoportrait, puis un dessinde la famille que vous allez coller sur le réfrigérateur. Ne leur ditespas que vous souhaitez les analyser. Vous serez étonné de ce quevos enfants expriment dans leurs dessins. Utilisez-les comme uneautre façon de vous rapprocher d’un membre de la famille et deguérir des blessures familiales par l’entremise de ces nouvellesrévélations. Quand des membres de votre famille doivent prendreune décision, vous pouvez leur suggérer de dessiner les différentschoix qui s’offrent à eux afin de voir, d’après leurs dessins, quelest le meilleur choix pour eux, que la décision consiste àdéterminer quel est le meilleur traitement, où aller étudier, quiépouser, où aller vivre, etc.

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1. N.d.T.: En anglais, la patiente dit : « I’m tired of dragging this thing around. » Et le Dr Siegel fait un jeu de mots en l’appelant la «Draggin’ Lady » en référence à la Dragon Lady. D’où le nom de Lady Dragon en français.

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Chapitre 7LES ANIMAUX, LES MÉDIUMS ET LES PERSONNES

INTUITIVES

Il n’y a pas de conclusion à l’infinité. Il n’y a que de l’inclusion […]. Nous arrivonsau même endroit où nous ne pouvons pas arriver puisque nous ne l’avons jamais

quitté.— GLORIA WENDROFF

Je crois que nous sommes ici pour contribuer à la planète chacunà notre façon. Et même si notre contribution humaine à l’amour estessentielle, les êtres humains ne sont pas la seule source d’amourde la planète. Quand une personne qui vit seule me dit qu’ellesouffre en raison d’une maladie, d’un deuil ou d’une dépression,je lui conseille de développer une relation. Quand vous donnezainsi un sens à votre vie, cela change votre vie et la façon dontvous et votre corps vous sentez. Mon ordonnance pour ceux quisouffrent est de s’entourer d’autres créatures vivantes, d’autresêtres qui dépendent d’eux et auxquels ils se sentent liés, commeun chien ou un chat. Quand les gens le font, ils ont l’impressionqu’ils ne doivent pas mourir et briser le cœur de l’animal. Enouvrant votre cœur à l’amour d’un animal, vous donnez à votrecorps une raison de vivre.

Les études ont fait état des effets bénéfiques sur la survie de laprésence d’un chien, d’un chat ou d’un poisson chez vous ou dansles centres de soins de longue durée — et même des plantes, parexemple quand les résidents des centres ont la responsabilité d’enprendre soin. D’autres études ont révélé que 12 mois après avoirfait une crise cardiaque, le taux de mortalité chez les patients quiavaient un chien à la maison était beaucoup plus bas que celui despatients qui n’en avaient pas. Dans une autre étude, des courtiersen valeurs mobilières qui souffraient d’hypertension ont reçu untraitement, mais la moitié d’entre eux ont également reçu un chienà apporter à la maison et au travail. Ceux qui avaient un chien ontmaintenu une pression artérielle plus basse.

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Une de mes patientes atteinte d’un cancer possédait 12 chats et safamille était préoccupée par la salubrité de sa maison. Ils avaientmême cessé d’aller la voir en raison de l’odeur. Ils craignaientaussi que ce soit trop exigeant pour elle de prendre soin de sesanimaux durant les semaines où elle recevrait son traitement et ilsm’ont dit qu’ils avaient convaincu ma patiente de donner seschats. J’ai dit à la famille :

— Si vous lui enlevez ses chats, elle va mourir. Dites-lui quevous n’avez pas réussi à leur trouver un foyer ; et allez nettoyer samaison.

Ils lui ont laissé ses chats. Et ces derniers sont devenus sathérapie et elle a pu se rétablir.

Notre environnement intérieur change quand les émotionsdéclenchent des réactions électriques et chimiques. Quand unepersonne caresse un animal, son organisme libère de l’ocytocinedans son sang. Il s’agit de la même hormone qui circule dans lecorps d’une femme qui vient de donner naissance à un enfant etqui l’aide à s’attacher à ce dernier. Quand le père et les autresmembres de la famille tiennent le bébé, ils sécrètent la mêmesubstance chimique. Les hormones et les neurotransmetteurs quinous aident à entrer en relation avec les gens et les autres créaturesvivantes envoient des messages positifs dans notre corps. End’autres mots, l’attachement et l’affection sont bons pour votresanté.

Vous avez non seulement des récepteurs dans votre cerveau,mais vous en avez aussi dans votre estomac, dans les extrémitésde vos doigts et dans d’autres parties de votre corps. Pourquoi lesgens disent-ils qu’ils « sont envahis d’une sensation de bien-être »ou qu’ils sentent quelque chose « dans leurs tripes » ou qu’ils ont« le cœur brisé » ? Quand les substances chimiques stimulent desrécepteurs, tout votre corps en bénéficie ou en souffre, selon leshormones qui sont secrétées. Je parle de votre moelle osseuse, dela paroi de vos vaisseaux sanguins, de chaque organe et de chaquecellule de votre corps.

L’adage voulant que les animaux volent la vedette est basé sur le

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fait qu’ils ont le merveilleux don de nous faire rire. Qui peut êtretriste quand son chien court après sa queue ou que son chatonbondit de peur en passant devant un miroir et en voyant son reflet? La science a prouvé que la composition des hormones et desneuropeptides qui circulent dans le sang d’un individu qui ritplusieurs fois par jour est différente de celle d’une personnedépressive, en colère ou effrayée ; la personne qui rit a égalementde meilleures chances de survivre.

Je ne peux compter le nombre de fois que j’ai vu l’effet bénéfiquede l’amour d’un animal sur la volonté de vivre d’un patient et sacapacité de se rétablir. Le message que nous devons retenir desanimaux est le suivant : prenez en exemple les animaux. Allezdehors et faites de l’exercice. Jouez aussi souvent que vous lepouvez. Créez des liens et des amitiés en étant à l’écoute desautres et en ne les jugeant pas, et faites preuve d’empathie. Prenezsoin de vous aussi bien que vous prenez soin de vos animaux. Degrâce, ne faites pas ce qu’une amoureuse des chats a fait. Son mariet elle ont cessé de fumer dans la maison, mais ils ont continué dele faire dans la cour arrière pour ne pas tuer leurs chats avec lafumée secondaire. Si vous voulez vivre et être là pour vosanimaux, aimez-vous autant que vous les aimez et mettez fin àvos dépendances malsaines.

L’ORDONNANCE DU MÉDECIN

Allez promener un chien. Remarquez comment vous vous sentezen marchant avec votre compagnon canin par rapport à quandvous marchez seul. Les gens autour de vous se comportent-ilsdifféremment ? Par exemple, s’arrêtent-ils pour bavarder avecvous ? (Un gros pourcentage de femmes interviewées dans uneville ont dit qu’elles avaient rencontré leur futur époux alors qu’ilspromenaient tous les deux leur chien.) Après la promenade, prêtezattention à votre humeur. Est-elle la même qu’avant votrepromenade avec votre chien ? Si vous ne pouvez pas marcher,demandez à quelqu’un de vous emmener dans un refuge pouranimaux. Prenez un chat, un petit chien ou un lapin sur vosgenoux et caressez-le durant un moment. Remarquez comment

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vous vous sentez avant, pendant et après votre visite. Exprimezvotre volonté d’y retourner.

UNE PRÉSENCE BÉNÉFIQUE

Les animaux peuvent servir de catalyseurs en ayant des effetsbénéfiques dans notre vie quand nous sommes confrontés à descirconstances difficiles. Dans A Book of Miracles, Mary RoseAnderson raconte la fois où elle a rapporté chez elle un chat errantqui a sauvé la vie de sa fille. Frances avait été diagnostiquéecomme souffrant du trouble oppositionnel avec provocation et dusyndrome de la Tourette, et elle avait d’importants troublesd’apprentissage. Mary Rose comparait les crises quotidiennes desa fille et son comportement provocateur à la jeune Helen Kelleravant qu’Annie Sullivan entre dans sa vie. Mary Rose croyait quepersonne ne serait capable de créer un lien avec sa fille, malgrétoutes les personnes dévouées qui essayaient de l’aider.

— Quand Harry, le chat qui souffle à l’oreille des enfants, estarrivé dans notre maison, dit Mary Rose, j’ai vu ma fillecommencer à changer, à mon grand étonnement1.

Harry s’est désigné le rôle de compagnon fidèle de Frances et ilronronnait tout son amour dénué de jugement en observantchacun de ses gestes. Avant l’adoption de Harry, Frances avaitfréquemment des crises émotionnelles et elle refusait de seconcentrer durant ses séances de tutorat ou elle s’enfermait dansun silence méfiant. Mais avec ce chat qui était assis à côté d’elle etqui agitait sa queue, Frances est devenue plus concentrée sur latâche à accomplir. Elle discutait avec Harry de tout ce qu’ellefaisait et le faisait participer à ses cours. Chaque soir, peu importece qui était arrivé durant la journée, Harry bondissait sur le lit deFrances et il l’aidait à s’endormir avec tout son amour. Grâce àl’influence apaisante du chat rescapé, Frances est passée d’uneenfant qui avait peu d’espoir de progresser à une jeune femmeheureuse et productive qui aime écrire de la poésie. Voici unextrait d’un de ses poèmes :

Et si j’étais mon chat ?

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Qu’est-ce que ce serait de toujours me réveiller à 7 h enmordillant mes orteils ? Est-ce que mes orteils ont bon goût ?

Qu’est-ce que ce serait de placer mon visage félin à deuxcentimètres de ma PATIENTE ET TENDRE propriétaire…

et de miauler.Est-ce que j’aimerais entendre le son de ma propre voix ?

Les chevaux jouent également un rôle thérapeutique importantpour les gens qui souffrent de troubles physiques, mentaux,émotionnels ou du développement. Les personnes qui font del’équithérapie (thérapie avec des chevaux) attendent toute lasemaine cette journée, peu importe s’ils ont souffert d’un AVC,s’ils se sont fait amputer un membre ou s’ils sont atteintsd’autisme, de trisomie 21, de paralysie cérébrale, du syndrome destress post-traumatique ou de tout autre état qui rend la vieexceptionnellement difficile.

Gail Corell, présidente et coordonnatrice des bénévoles duprogramme d’équitation thérapeutique Equestrian Crossings,croit que les améliorations physiques et psychologiques qu’elle aobservées chez leurs cavaliers frôlent le miracle.

— Un cheval touche le cœur des gens comme aucun ballonthérapeutique ne peut le faire, explique Gail.

Elle m’a raconté une histoire à propos de Kirbey, leur cheval dethérapie de race percheronne qui avait à l’origine été rescapé d’uncirque et qui, plus tard, a été rescapé d’entre les mains d’unpropriétaire négligent par un instructeur du programme.

— La semaine dernière, nous avons apporté Kirbey au SouthWhidbey Island Children’s Festival. Pendant qu’il attendait dansnotre section du terrain d’exposition, Kirbey a dirigé son attentionsur quelque chose qui se trouvait à l’autre extrémité du terrain.Son comportement et son langage corporel ont indiqué à MiriamBurk, notre entraîneuse de voltige et d’équitation certifiée, qu’ilsouhaitait aller dans cette direction. Se demandant ce qui avaitattiré son attention avec autant d’intensité, elle est montée sur lecheval et elle l’a laissé tenir les rênes (au sens figuré). Kirby s’esttracé un chemin parmi la foule, en passant devant des centaines

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d’enfants et de parents. Il adore les enfants et ce n’est pas sonhabitude de ne pas s’arrêter devant les mains tendues. À l’autreextrémité du terrain, une fille était assise dans un fauteuil roulantet elle était seule. Kirbey s’est dirigé tout droit vers elle, il s’estarrêté, puis il a baissé la tête pour qu’elle puisse le caresser tandisqu’ils se regardaient les yeux dans les yeux en laissant leurs âmeséchanger. Dès que ce cheval a posé son regard sur la fille, Kirbey asu exactement ce dont elle avait besoin et il le lui a offert3.

Emily Brink, physiothérapeute et instructrice en équithérapie auEquestrian Crossings, a vu des élèves cloués à un fauteuil roulantqui étaient incapables de se tenir droits sans l’aide de quelqu’uns’améliorer à un tel degré qu’en seulement huit mois, ilspouvaient s’asseoir droit et maîtriser les mouvements de leur tête.

— Au service de consultation externe de l’hôpital, raconte Emily,j’ai de la chance si je réussis à ce qu’un patient bouge son bassinentre 30 et 60 fois par séance. Mais quand une personne est assisesur un cheval, les mouvements de ce dernier obligent le corps decette personne à reproduire ceux de la marche ; ainsi, son bassinpeut répéter les mouvements jusqu’à des milliers de fois. Celastimule le cerveau et envoie de merveilleux signaux aux musclesabdominaux. Cela améliore la posture et l’équilibre, développe lacoordination et améliore la maîtrise de la tête et du cou. Laconfiance en soi et l’humeur générale du cavalier en sontgrandement améliorées. Cela favorise la croissance et ledéveloppement à de multiples niveaux et change sa vie demanière positive4.

Les animaux communiquent par la conscience plutôt qu’avec desmots et ils peuvent nous enseigner beaucoup de choses sur l’artd’être complets. Dans No Buddy Left Behind: Bringing U.S. Troops’Dogs and Cats Safely Home from the Combat Zone, Terri Crispraconte l’histoire qu’elle a vécue durant les huit premiers mois del’opération Baghdad Pups. Les animaux errants qui avaientadopté les soldats américains dans la zone de guerre étaientdevenus familiers aux troupes et quand leurs amis soldats étaientredéployés, il fallait un miracle pour que les animaux puissent

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quitter l’Irak. Un soldat des forces spéciales est rentré chez luiaprès des années de déploiements, incapable de parler àquiconque et souffrant gravement du syndrome de stress post-traumatique. Sa mère craignait d’avoir perdu son fils. Quand ellea entendu parler du chien qu’il avait dû abandonner, elle acommuniqué avec l’organisme de Terri et les a suppliés de l’aider.Grâce à leur intervention, le compagnon de guerre de son fils afinalement été rescapé et transporté aux États-Unis. Quand cettemère a regardé par la fenêtre et a vu son garçon parler au chien,avec un bras passé autour des épaules de l’animal, tandis que cedernier l’écoutait attentivement, elle a versé des larmes desoulagement. Elle a dit :

— La guerre m’avait enlevé mon garçon, mais ce chien lui asauvé la vie et m’a ramené mon enfant5.

Terri Crisp raconte aussi l’histoire d’une officière de la U.S. AirForce qui travaillait pour une équipe des soins de santé mentale àBaghdad et qui a sauvé un chiot qui errait dans les rues. Lessoldats étaient réticents à aller au centre pour recevoir les soinspsychologiques dont ils avaient grandement besoin, mais quand lechiot s’est joint à l’équipe, ils sont venus et ont demandé à le voir.

— Tout en tenant le chien dans leurs bras, ils s’ouvraientsoudainement et nous pouvions établir une relation d’aide,explique l’officière. C’était le meilleur technicien en santé del’équipe !

Après avoir été sauvé par l’opération Baghdad Pups, le chiot,nommé Patton, a été transporté aux États-Unis, où il vit avecl’officière retraitée. Des mois après son retour, elle a découvertqu’elle avait un cancer du sein.

— Patton est devenu ma thérapie et mon entraîneur. Je ne saispas ce que j’aurais fait sans lui. Il m’a fait rire et il m’a donné del’espoir. Maintenant, je vais bien et je m’entraîne pour courir unmarathon6.

Les animaux d’assistance ont joué un rôle précieux en aidant lesgens à s’adapter et à accomplir des choses que la plupart d’entrenous tiennent pour acquises. Quand Jacquei m’a raconté son

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histoire, j’ai été fasciné d’apprendre qu’elle était une des premièresmécaniciennes à travailler sur les avions de chasse de la U.S.Navy. Elle se spécialisait dans les sièges éjectables, les systèmesd’oxygène, les extincteurs et d’autres systèmes de sauvetage, etdurant les cinq années qu’elle a passées avec les Blue Angels, elle afait le tour des États-Unis et du Canada. Le vendredi était sajournée préférée : les Blue Angels donnaient alors des spectaclesaux enfants associés à la fondation Fais-Un-Vœu ou ils visitaientles écoles.

— J’adorais cela parce que les enfants sont curieux et vraimentintéressés, a-t-elle dit. Et ils posent de bonnes questions, commepourquoi les pilotes ne tombent pas de l’avion quand ils volent latête en bas.

Jacquei possédait une expérience concrète qui l’aidait à répondreà cette question. Elle a été réengagée par un officier de la marinelorsqu’elle a volé, assise à l’arrière d’un F/A-18 Hornet, àseulement 60 mètres au-dessus de l’eau — à l’envers.

Jacquei a été contrainte de quitter la U.S. Navy pour des raisonsmédicales. Ce qui la handicapait le plus n’était pas les blessuresphysiques qu’elle avait subies durant son travail, mais le gravesyndrome de stress post-traumatique qui hantait sa viequotidienne.

— C’est comme une lumière qui s’allume soudainement et quevous ne pouvez pas éteindre, m’a expliqué Jacquei. Il suffit d’unbruit ou d’un mouvement inattendu pour que j’entre en étatd’alerte exagérée, puis que cela déclenche en moi de la panique, dela peur, de la colère ou de la rage.

Jacquei souffre des symptômes typiques : des troubles dusommeil tels que les cauchemars et le somnambulisme, ainsi quedes pertes de mémoire, des réactions de sursaut et deschangements d’humeur monumentaux. Les médicaments n’ontpas réussi à enrayer tous ses symptômes.

— C’est ici que Sampson entre en jeu, m’a-t-elle expliqué encaressant son chien d’assistance, un petit chihuahua de1,8 kilogramme. Il sait avant moi que quelque chose ne va pas. Il

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grimpe alors sur mes genoux, il pose ses pattes sur mes épaules etil lèche mon visage jusqu’à ce que je lui prête attention et que jecesse de me préoccuper de ce qui me rend agitée. Le simple fait dele regarder et de sentir sa caresse calme la panique avant qu’ellene s’empare de moi. Certaines personnes se moquent quand je disque ce mini chihuahua est un chien d’assistance, mais Sampson aune âme de rottweiler et il me protège partout où je vais. Sonprofond sens du devoir fait que je peux sortir dans le monde etmener une vie relativement normale. Je dis aux sceptiques queSampson est peut-être petit, mais qu’il prouve chaque jour que cen’est pas la taille qui compte.

Les animaux sont des créatures de Dieu qui sont complètes,tandis que les humains ne sont pas complets. Si vous souffrez,adoptez un animal. Aimez-le et prenez-en soin. Vous allezdécouvrir que l’amour donné devient de l’amour reçu et quedonner de l’amour procure du bien-être.

LA COMMUNICATION PSYCHIQUE

Je crois que la création vient d’une énergie aimante, consciente etintelligente et que quand nous quittons notre corps lors d’uneexpérience de mort imminente, nous redevenons « non vivants » etnous retournons dans cet état de perfection d’où nous venons. Jecrois que l’intelligence qui perdure quand nous avons uneexpérience de mort imminente ou que nous nous retrouvons àflotter au-dessus de notre corps est la même force quicommunique avec nous par l’entremise de nos rêves, qui s’adresseà notre intuition au moyen de symboles et qui guide notre savoirintérieur. Cette conscience universelle et collective est la source detoute la création et elle communique avec notre conscience.

La conscience est non locale, ce qui signifie qu’elle ne dépend pasdes corps physiques. Elle parcourt de vastes distances en uninstant tout en franchissant les limites du langage, des espèces, del’espace et du temps. Alors qu’elle était assise chez elle à LosAngeles, Amelia Kinkade, qui est auteure et médium et quicommunique avec les animaux, m’a dit où retrouver notre chat,Boo Boo, qui avait disparu de la maison de notre fils dans le

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Connecticut. Tout en « voyant » avec les yeux du chat, elle a décriten détail la maison et la cour, et elle a trouvé où le chat était caché.Je suis sorti et j’ai trouvé Boo Boo exactement à l’endroitqu’Amelia avait vu, à presque 480 kilomètres de distance.

Amelia m’a également enseigné à calmer mon esprit afin depouvoir communiquer avec mes animaux de compagnie. Un demes plus gros problèmes est que je panique quand un de nosanimaux a disparu ou qu’il se comporte bizarrement. Sousl’emprise de la peur ou de la colère, j’essaie de l’obliger à m’obéiren beuglant son nom tout en le cherchant ou j’essaie de deviner ceque l’animal pense. Ni l’un ni l’autre ne fonctionne.

Quand Amelia a fait référence à la communication avec lesanimaux, elle ne parlait pas de sons verbaux ou de caressesphysiques, mais plutôt de mettre ma conscience sur la mêmefréquence que celle que l’intelligence des animaux comprend.Nous sommes tous capables d’établir ce lien, mais pour quel’intelligence non locale puisse communiquer avec nous, nousdevons calmer notre esprit. Nous ne pouvons pas l’entendrequand nous sommes agités parce qu’un esprit agité ne peut pasatteindre le calme qui reflète les images miroirs.

Il m’est souvent arrivé d’entendre une voix et cela s’esthabituellement produit quand je marchais ou que je faisais del’exercice et que mon esprit était calme. Un tel événement m’estarrivé juste après la publication d’un livre nommé Buddy’s Candle.C’est l’histoire de l’amour qu’un petit garçon éprouve envers sonchien, Buddy, et comment le chien lui a enseigné à apprécier la vieet à composer avec la mort7. J’avais écrit cette histoire pour aiderles personnes de tous âges à composer avec la perte d’un être cherde n’importe quelle espèce.

Un samedi matin, après que les premiers exemplaires de Buddy’sCandle aient été livrés à ma porte, je suis allé promener notre chienFurphy. Dans le calme, j’ai entendu une voix me dire :

— Va au refuge pour animaux.J’ai appris avec l’expérience à écouter cette voix et je sens qu’elle

vient de Dieu ou, comme le dit mon épouse Bobbie, de « Dieu sait

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où ».J’ai décidé d’apporter quelques exemplaires de mon livre et

quand je suis arrivé au refuge avec Furphy, j’ai vu une bénévolequi était assise à côté de la porte, avec un chien dans ses bras. Onaurait dit que la voix parlait à travers moi quand j’ai demandé :

— Comment s’appelle-t-il ?— Buddy, a-t-elle répondu. Une femme l’a rapporté moins de

15 minutes après l’avoir adopté parce qu’elle n’aime pas la façondont il se comporte.

J’ai été frappé par la coïncidence de son nom et son commentaireà propos de sa propriétaire m’a rappelé le seul chien que j’ai eudurant mon enfance. Ma mère, qui ne voulait pas d’un animaldans la maison, le tenait par sa laisse et elle le passait par la fenêtrepour qu’il urine à l’extérieur, puis elle le remontait. Au bout deseulement une semaine, je suis revenu de l’école et elle m’a dit quele chien était malade et qu’ils avaient dû le retourner.

Comment pouvais-je ne pas adopter cet animal ? Je savais que laconscience collective avait pris la décision pour moi. Il avait despoils de la même couleur que Furphy et il n’avait pas de queue.Celle de Furphy avait été amputée, alors ils étaient pareils. Detoute évidence, il faisait partie de la famille. Du moins dans ce cas,je peux choisir qui fait partie de ma famille. J’ai donné unexemplaire de Buddy’s Candle à chacun des employés du refuge etj’ai rapporté Buddy à la maison.

Les synchronicités liées à des événements, à des circonstances, àdes noms, à des nombres, etc. sont des signes qu’une intelligencesupérieure guide la façon dont ces événements se produisent.Rappelez-vous qu’il n’y a pas de coïncidences et que notreconscience crée toujours notre futur.

Des mois après, je suis de nouveau allé au refuge et ils m’ont ditqu’un chien, nommé Simon — le nom de mon père — avait besoind’être opéré pour qu’on lui retire une grosse tumeur. En raison demon expérience de chirurgien oncologue, j’étais conscient del’urgence de la situation ; j’ai donc aidé à payer les frais médicauxet je l’ai apporté à la maison. Après qu’il se soit pleinement rétabli,

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nous lui avons trouvé une famille qui lui a donné beaucoupd’amour et qui nous donnait régulièrement de ses nouvelles. Nousavons maintenant un chat qui s’appelle Simon et je ne révèle plusle nom des membres de ma famille au personnel du refuge.

Dans son livre The Language of Miracles8, Amelia explique quenous possédons tous le don de communiquer avec les animaux.Les pensées et les émotions sont des ondes électromagnétiques quivoyagent sur des fréquences particulières, tout comme les ondesradio. Si vous êtes complètement immobile quand un animalenvoie une pensée ou un sentiment, vous pouvez apprendre àvous mettre sur la même fréquence de l’animal et à vibrer sur lamême longueur d’onde que lui. Les animaux pensent en images ;ils vivent une vaste gamme d’émotions et ils possèdent uneimmense capacité à aimer, à donner et à avoir des relationssignificatives. Quand ils constatent que nous avons entendu etcompris leurs sentiments et leurs pensées, ils sont reconnaissantset ils nous récompensent en étant en meilleure santé et dévoués.

Mes animaux savent aussi quel jour j’ai l’intention de les fairetondre et ils font tout pour que je ne les trouve pas. Deux de noschats qui vont à l’extérieur sont demeurés invisibles durant unesemaine après que j’aie pris rendez-vous chez le vétérinaire. Jel’avais pris tôt le matin en me disant que je pourrais les attraper etles amener chez le vétérinaire quand ils se pointeraient pour lepetit déjeuner. J’ai dû annuler le rendez-vous et le lendemain, ilssont arrivés tout joyeux pour le petit déjeuner.

Maintenant que je crois qu’il est possible de communiquer avecles animaux, quand je suis confronté à un problème animalier, jeme pose toujours la question QQAF : qu’est-ce qu’Amelia ferait ?Notre lapine adorée, Smudge Eliza-Bunny, commençait toujourssa journée en sortant par la chatière et en allant passer la journéeavec nos autres animaux dans notre cour avant clôturée. J’aitoujours voulu savoir pourquoi, le soir, elle laissait mon épouse laprendre sans difficulté et la transporter dans la maison alors quequand j’essayais de le faire, elle courait dans tous les sens durant10 à 15 minutes avant de se laisser attraper. La plupart des soirs,

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c’était moi qui devais l’apporter à l’intérieur, alors cela m’agaçaitque Smudge me rende la tâche si difficile.

Après qu’Amelia m’ait parlé de la communication avec lesanimaux, ma première réponse à QQAF a été d’aller dans la courle lendemain soir et de demander dans ma tête à notre lapine : «Smudge, pourquoi ne me laisses-tu pas te prendre et t’amener àl’intérieur comme tu laisses Bobbie le faire ? »

Quand j’obtiens une réponse inattendue dans ma tête, cela meconfirme qu’elle vient de l’animal et non de mon imagination.Dans ce cas-ci, la réponse était : « Tu ne traites pas les chats decette façon. » Quand je lui ai demandé ce qu’elle voulait dire,Smudge a communiqué que je ne faisais pas entrer les chats à uneheure précise. Je leur accordais plutôt la liberté d’aller et de venirjusqu’à ce que j’aille me coucher. J’ai expliqué à Smudge que leschats pourraient se défendre si jamais un prédateur pénétrait dansla cour, mais que j’étais inquiet qu’elle soit à l’extérieur à latombée de la nuit.

Après notre échange, Smudge a bondi vers moi et m’a laissé laprendre, et a continué de le faire chaque soir par la suite. Je doisadmettre qu’il lui arrivait de me sourire et de me rappeler cettepériode durant une ou deux minutes, mais je pouvais voir quec’était seulement en raison de son sens de l’humour. Et quandj’avais des rendez-vous, j’allais dans la cour et je lui disais que jedevais quitter la maison et que je me sentirais mieux si elle était àl’intérieur. Elle bondissait alors toujours devant moi quand ellesavait que j’avais un horaire à respecter.

Quand Smudge est morte, Amelia a dit :— Elle va être avec Rose qui l’adore.Amelia ignorait que ma mère s’appelait Rose ou qu’elle mourrait

peu de temps après la mort de Smudge. Maintenant, je saisqu’elles sont ensemble et qu’elles se racontent des histoires àpropos de moi.

L’année passée, je suis allé faire des courses avec nos deuxchiens, Furphy et Buddy. Je possédais alors une nouvellefourgonnette munie d’un système de déverrouillage à distance.

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Après mes courses, je suis retourné à la fourgonnette et j’ai étéhorrifié de voir que la porte latérale était grande ouverte parce quej’avais accidentellement appuyé sur le bouton. Buddy, celui dontje m’inquiétais le plus parce qu’il avait toujours été terrifié demonter à bord du véhicule, était assis paisiblement à l’intérieur,mais Furphy avait disparu. Ma première réaction a été depaniquer et j’ai commencé à courir dans le stationnement en criantson nom. Puis, je me suis rappelé que je ne faisais pas cequ’Amelia m’avait enseigné et je me suis demandé : QQAF ?

Je me suis calmé et je me suis mis dans la tête de Furphy poursavoir ce qu’il pensait. J’ai aussitôt compris qu’il me cherchait etqu’il était sans doute au comptoir du service à la clientèle dusupermarché, avec une personne qui demandait dans le haut-parleur :

— À qui est ce chien ?Je me suis dit cela parce que quand j’ai assisté à l’atelier

d’Amelia à l’Omega Institute, Furphy n’a pas été admis dans lasalle à manger, alors, durant la pause du midi, je l’ai laissé près dela porte arrière et je lui ai dit d’attendre que je sorte, ce qu’il faithabituellement. Mais cette fois-là, il ne l’a pas fait. Peu de tempsaprès, un homme est entré dans la salle avec Furphy dans ses braset il a demandé à qui ce chien appartenait, et nous nous sommesretrouvés. Furphy avait apparemment couru jusqu’à la porteavant et il était entré dans le hall pour partir à ma recherche. Ilavait conquis le cœur de tout le monde et ils avaient accepté qu’ilreste avec moi.

Cette fois-ci, tandis que j’approchais de l’entrée du supermarché,j’ai vu un garde de sécurité assis dans sa voiture. Il a baissé safenêtre et il m’a demandé :

— Cherchez-vous un chien ?J’ai répondu oui et il a dit :— Il est ici sur le siège avant, avec de l’eau, des gâteries et de l’air

conditionné.Le garde m’a ensuite raconté qu’il avait vu Furphy se diriger

vers le supermarché et qu’il ne voulait pas qu’il se fasse heurter

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par un véhicule, alors il l’avait pris et l’avait gardé en sécurité.Après avoir remercié l’homme, je suis retourné à ma fourgonnette,suivi de Furphy, et nous n’avons jamais plus eu ce problème.

Maintenant, laissez-moi vous expliquer pourquoi j’étais sisurpris que Buddy soit resté dans la fourgonnette et que Furphysoit parti : après avoir adopté Buddy dans un refuge pouranimaux, j’avais toujours de la difficulté à le faire monter à bordd’un véhicule. Il bondissait même hors de ce dernier quand jem’arrêtais pour mettre de l’essence. À la maison, s’il n’était pas enlaisse, je perdais un temps fou à essayer de le faire monter à bord.Puis, un jour, je me suis finalement demandé : QQAF ?

Je me suis ensuite calmé et j’ai demandé à Buddy pourquoi il nevoulait pas monter à bord du véhicule. J’ai été stupéfait de saréponse. Il m’a dit que son ancienne propriétaire était gentille,mais que quand son mari rentrait du travail, elle lui demandaittoujours d’aller promener le chien. Buddy m’a dit : « Il me faisaitmonter à bord de sa voiture, puis il allait dans un bar et me laissaitdans la voiture. Quand il revenait, il me maltraitait parce qu’ilétait ivre et me ramenait à la maison sans m’avoir laissé mepromener à l’extérieur. Alors, quand je monte à bord d’unvéhicule, cela me rappelle les mauvais traitements que j’ai subis etj’ai peur. »

À partir de ce jour-là, Buddy a cessé de causer des difficultés.Nous nous comprenions désormais. Buddy aime maintenant alleren fourgonnette, parce qu’il sait que nous allons passer la journéeensemble. Il adore chasser tout ce qui bouge dans le boisé situéprès de chez nous et je ne suis jamais inquiet qu’il ne revienne pasà la maison. Chaque fois que j’ouvre la porte latérale de lafourgonnette, il est déjà assis sur le siège avant, prêt à partir, avantmême que je dise :

— Allez, saute !Dans les groupes de soutien, Furphy et Buddy sont mes

cothérapeutes chaque fois qu’ils sont autorisés à entrer dans lasalle. Le seul problème est que maintenant qu’ils savent que nouspouvons communiquer, Furphy ne cesse jamais de me dire quoi

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faire et il interrompt toujours les groupes de thérapie sauf s’ilreçoit une gâterie, ce qui est ma façon de lui signaler que nousallons commencer la séance de thérapie.

L’autre jour, j’ai conduit la fourgonnette en pensant qu’ils étaienttous les deux à bord, mais au bout de presque un kilomètre, j’aipris conscience que personne ne me disait où aller ou quoi faire. Jeme suis donc retourné et je n’ai vu que Buddy à l’arrière duvéhicule. Je suis entré en communication avec Furphy et je lui aidit que j’étais désolé et que je revenais à la maison. J’ai donc faitdemi-tour en sachant que Furphy serait assis dans l’entrée et qu’ilme jetterait ce regard voulant dire « Non mais, quel imbécile » queles créatures complètes de Dieu nous jettent à nous, les êtreshumains incomplets. C’est également le genre de regard que leschats me jettent quand je les oublie accidentellement à l’extérieurdurant la nuit. Maintenant, avant d’aller me coucher, je prendssoin de m’assurer, physiquement et intuitivement, que tous nosenfants sont dans la maison avant de verrouiller la porte. Je leurfais savoir que je veux qu’ils soient à l’intérieur pour leurprotection et pas seulement parce que j’ai envie de leurcompagnie, et c’est à ce moment-là qu’ils se précipitent à la porte.

J’ai une amie qui a intuitivement établi un lien avec son chienpendant qu’elle assistait à un atelier sur la guérison des animauxet que son chien était à la maison. Voici ce que Cindy m’a écrit :

Durant notre séance de méditation, je suis restée estomaquéequand, de manière inattendue, je me suis vue en train deregarder quelqu’un qui avait l’air d’être un géant. Je metrouvais à la hauteur de ses genoux. J’ai soudainement prisconscience que c’était moi le géant et que je n’étais plus dansmon corps ! Étant de petite taille, je ne m’étais jamaisconsidérée comme une personne géante. C’est alors que j’aicompris que je ne regardais pas avec mes propres yeux, maisavec ceux de mon chien. Je pouvais comprendre les pensées dePickles et ressentir ses émotions. L’amour qu’il avait pour moiétait tellement absolu que j’ai eu l’impression qu’une vagued’amour déferlait sur moi. Je n’avais jamais ressenti un amour

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aussi pur et profond. C’était davantage qu’un cœur et unsentiment ; c’était son âme qui rayonnait pour moi et j’en aipresque eu les larmes aux yeux.

Pickles n’utilisait plus sa patte arrière depuis qu’il avait subideux opérations au genou. Durant son rétablissement après lapremière chirurgie, il avait réussi à retirer son collierélisabéthain, à enlever ses points de suture et avait léché sapatte ; cela a causé une telle infection qu’il a dû subir unedeuxième opération. Des semaines après que la plaie eût guéri,il ne marchait pas sur cette patte ; il la laissait pendre tout ens’appuyant sur les trois autres. Le jour de l’atelier sur laguérison des animaux, les pensées et les émotions transmisespar Pickles m’ont fait comprendre qu’il croyait qu’il avait faitquelque chose de mal et que c’était pour cette raison que sapatte avait été blessée. Il était vraiment désolé et il faisait de sonmieux pour bien agir, alors il avait cessé d’utiliser sa patte.

Je me suis sentie tellement mal quand j’ai pris conscience qu’ilavait pris pour une punition la douleur occasionnée par ladeuxième opération. Je l’ai rassuré dans mon esprit qu’iln’avait rien fait de mal, qu’il était toujours un bon garçon et quenous l’aimions tendrement. Quand je suis revenue à la maisonaprès l’atelier de trois jours, la première chose que j’ai faite a étéde passer du temps avec lui et d’envoyer de l’énergie à sajambe et à son corps, tout en lui laissant savoir combien il étaitaimé. J’ai refait chaque jour cet exercice qui consiste à luienvoyer de l’énergie et de l’amour.

Pickles a immédiatement recommencé à utiliser sa patte. Aubout de deux semaines, il a même commencé à courir dessus.Et au bout de quatre semaines, quand j’ai testé la capacitéd’extension de sa patte, elle était passée de 20 % à 80 % de lacapacité d’extension normale. Ce qui m’a renversée était qu’ilavait non seulement cessé d’avoir peur d’utiliser sa patte, maisqu’il était également guéri d’une autre manière. Depuis quenous l’avions, Pickles faisait des crises d’épilepsie et levétérinaire voulait lui faire prendre un médicament pour

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réduire leur fréquence. Sauf que le médicament causait de lasomnolence. Quel genre de vie aurait-il vécue s’il n’avait vouluque dormir ? Nous ne lui avons donc pas donné le médicament.Après les séances de guérison de son genou, Pickles n’a plusjamais fait de crise d’épilepsie. Sa maladie avait disparu.

Je pourrais vous raconter de nombreuses autres histoires sur lathérapie énergétique. Quand le vétérinaire a recommandé quenous fassions euthanasier un de nos chiens parce qu’il n’avaitjamais vu un chien aussi malade se rétablir, mes enfants ont refuséque je donne mon accord. Grâce à de l’amour et à des caresses, j’aivu cet animal se rétablir complètement d’un cancer terminal. J’aimoi-même fait l’expérience de la thérapie énergétique après uneblessure. Pour en savoir davantage sur le sujet, lisez The EnergyCure, de William Bengston ; j’ai trouvé ce livre fascinant.

UNE ÉNERGIE CONSCIENTE DE GUÉRISON

Même si j’ai toujours essayé de garder l’esprit ouvert, rien dansma formation médicale ne m’a enseigné à comprendre que toutesles formes de vie émettent une image miroir de l’énergieconsciente invisible à l’échelle quantique et subatomique, ni quecette énergie peut être communiquée par les individus au moyende méthodes psychiques ou intuitives. On ne m’a pas dit non plusque les gens peuvent faciliter la guérison spontanée de problèmesphysiques dans le corps en utilisant l’énergie consciente.

Un jour, Bobbie et moi assistions à une réunion de l’AmericanHolistic Medical Association et la conférencière était Olga Worrall,une auteure et clairvoyante renommée qui communiquait avec lesesprits et effectuait des guérisons spirituelles9. Olga a dit quequand elle travaillait, elle établissait une relation harmonieuseentre son champ énergétique personnelle et le champ énergétiqueuniversel, devenant ainsi un canal entre ce champ d’énergie et lepatient. Elle a expliqué que des émanations entourent chaqueindividu et que ces émanations sont causées par les courantsélectriques qui circulent dans le corps physique. Elle a parlé desondes sonores qui proviennent des organes physiques, des ondesdes pensées qui proviennent de l’esprit et des vibrations qui

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proviennent du corps spirituel (ou de l’aura).L’habileté d’Olga à canaliser l’énergie a été testée par de

nombreux scientifiques reconnus lors de dizaines d’essaiscontrôlés. Les expériences avaient souvent lieu dans des endroitstrès éloignés ; ce n’était donc pas une question de croyances, maisde recherche. J’ai été impressionné par sa présentation, maiscomme ce qu’elle décrivait était difficilement possible pour moi enraison de ma formation médicale et de mon expérience, je suisdemeuré sceptique.

Après la conférence d’Olga, mon épouse m’a dit que je devraisaller lui demander de guérir la blessure à la cuisse que j’avaissubie quand je m’entraînais pour courir un marathon. J’ai dit àBobbie qu’il m’était difficile de croire à ce qu’Olga prétendaitpouvoir accomplir. Bobbie est donc allée demander à Olga dem’aider et elle est venue me voir. Je suis demeuré assis sur unechaise pendant qu’Olga s’est assise en face de moi et qu’elle aapposé ses mains sur la région blessée. Ses mains étaient aussichaudes qu’un fer à repasser à travers ma salopette. J’ai mis mesmains sur ma cuisse, mais je n’ai senti aucune chaleur. Au bout decinq minutes, elle avait terminé. Je me suis levé et je suis parti ; jene ressentais plus aucune douleur ou tension dans ma jambe. Cegenre de phénomène m’a appris à accepter comme étant valablel’expérience que je vis et à ne pas me laisser limiter par mescroyances, ma formation et mon besoin de tout expliquer.

Après cela, Olga et moi sommes devenus de bons amis. Desannées auparavant, j’avais rencontré George, mon guide intérieur,durant une méditation. Dans ma vision, il por-tait une barbe, unekippa et une tunique blanche. Il semblait réel, mais j’avais de ladifficulté à croire qu’il était autre chose que l’objet de mapuissante imagination. Je croyais que j’avais extrait sonpersonnage de mon inconscient.

Un jour où j’ai prononcé une oraison funèbre à des funéraillesauxquelles Olga assistait, elle est venue vers moi et m’a dit quedurant tout le temps où j’avais parlé, un homme se tenait à mescôtés. Elle l’a décrit, ainsi que sa tenue, et il avait exactement l’air

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de l’homme que j’avais vu durant ma méditation et que j’appelaisGeorge. Elle m’a dit qu’il était un rabbin, ce qui expliquait sesvêtements et sa kippa, et elle m’a fait comprendre qu’il était làpour m’encourager, me soutenir et m’aider à guérir dans cettedimension physique.

Une autre fois, alors que je donnais une conférence, j’ai constatéque les mots que je prononçais n’étaient pas les miens. Quelqu’und’autre décidait ce qui était dit et utilisait ma voix pour letransmettre. Après la présentation, une femme que je n’avaisjamais rencontrée est venue me voir et m’a dit :

— Un homme se tenait devant vous durant toute la conférence ;je l’ai dessiné pour vous.

Elle m’a tendu son dessin et c’était encore une fois George. Cesoir-là, quelqu’un d’autre m’a dit :

— Je vous avais déjà entendu parler avant, mais ce soir, c’étaitmieux que d’habitude.

Maintenant, je laisse la parole à George.LA VIE SUIT LA VIE

Quand le corps physique meurt, l’esprit individuel rejoint laconscience supérieure tout en conservant sa propre iden-tité. Jecrois que cela explique également ce que nous appelons uneexpérience de vie antérieure, un terme qui décrit une chose quim’est arrivée. En décrivant cela, je pense à une femme enceinte quiporte en elle son enfant, qui possède une âme différente, mais quivient de son ADN à elle. Durant mon expérience de vie antérieure,j’ai eu l’impression d’être devenu « enceint » de la conscienced’une autre personne et de la vie qu’elle avait vécue avant lamienne.

J’ai également vécu de nombreuses expériences où des patientsqui étaient morts pouvaient encore communiquer avec moi ouavec leurs proches. Par exemple, un collègue médecin, nomméFrank, avait toujours été sceptique à propos de tout ce qui nerelevait pas de la science physique et il ne croyait pas que l’âmevivait après la mort du corps. Quelques mois après la mort deFrank, un patient clairvoyant m’a dit :

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— J’ai un message pour vous d’une personne qui s’appelleFrank. Il dit ceci : « Si j’avais su que c’était aussi facile, j’auraisgobé cela il y a longtemps et je n’aurais pas résisté autant. »

Plus tard, j’ai appelé la veuve de Frank et je lui ai communiquéle message que le clairvoyant m’avait transmis.

— Oh mon Dieu ! C’était Frank ! s’est-elle exclamée en riant et enpleurant en même temps. Chaque fois que quelqu’un soulevait lesujet de la vie après la mort, lors de vos réunions de groupe, il medisait toujours par la suite : « Je suis incapable de gober cela. »C’était ses termes exacts.

Alors, gardez l’esprit ouvert à la possibilité qu’il y ait une formede communication entre les espèces, le temps et la distance.Envisagez d’ajouter la thérapie énergétique à votre thérapie ou àvotre traitement traditionnel. Des praticiens certifiés pour donnerdes traitements tels que le reiki, la massothérapie ou l’acupunctureaccélèrent souvent le processus de guérison et procurent desbienfaits au corps. Apprenez à calmer votre esprit agité et prêtezattention à votre voix intérieure. Laissez le miracle de l’amourpénétrer et guérir votre vie. Quand nous aimons notre vie, notrecorps reçoit le message et décide de vivre et de guérir.

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Chapitre 8RIEZ À GORGE DÉPLOYÉE

LE BONHEUR

Je ne vais pas céder mon pouvoir.C’est mon bonheur, il m’appartient.C’est moi qui le crée, pas vous ; je décide d’être, pas vous.Vous pouvez pénétrer dans mon bonheur,mais vous ne pouvez pas le créer ou le détruire.Vous ne pouvez que l’accroître.

— BERNIE SIEGEL

L’amour et le rire sont les éléments dont nous avons besoin pourconstruire notre vie et tenir bon. L’amour constitue les briques quenous utilisons pour la construire, mais qu’est-ce qui fait tenir lesbriques ensemble ? Pour cela, nous avons besoin de mortier et lemortier de la vie est l’humour. Je parle d’un humour enfantin quin’est pas insultant et qui ne blesse personne. L’effet que l’humoura eu sur ma famille et mon couple m’a démontré qu’il s’agit d’uneforce vitale qui nous permet de créer des relations saines avec lesautres créatures vivantes.

Vous vous demandez peut-être : qu’est-ce que l’humour a à voiravec l’art de guérir ? Le rire est peut-être un des arts de guérir lesplus purs. En effet, le rire est une des meilleures activitésthérapeutiques que mère Nature nous offre et il ne coûte rien. Lerire sincère est une explosion ou une expression du souffle quiimplique les cordes vocales et qui vient du creux du ventre. Il estprovoqué par un besoin irrésistible d’exprimer la surprise,l’hilarité, la joie et le bonheur. Le rire stimule la sécrétiond’endorphines, des hormones du cerveau dont j’ai parlé dans unchapitre précédent. Ces hormones chimiques circulent dans lecorps en procurant une sensation de bien-être qui atteint chaquecellule et qui lui transmettent un message disant : la vie vaut lapeine d’être vécue, alors fais tout ce que tu peux pour survivre.

Contrairement au moment où je recevais ma formation médicale,

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il existe maintenant des études qui démontrent que les patientscancéreux qui riaient ou pratiquaient la rigolothérapie plusieursfois par jour vivaient plus longtemps que le groupe témoin qui nele faisait pas. Malgré cela, les facultés de médecine n’enseignenttoujours pas la valeur du rire en tant que thérapie. Je ne l’aicertainement pas appris à la faculté de médecine. Ce sont mespatients qui me l’ont enseigné. Ils le savaient par expérience. Etmoi, le novice, j’en ai été témoin.

Je me rappelle un jour où je me dirigeais vers la chambre d’unepatiente, une femme charmante que j’aimais bien et qui luttaitcontre une maladie grave et plusieurs complications liées à celle-ci.En approchant de sa chambre, je me suis demandé commentj’allais l’aider et je m’inquiétais à propos de son traitement. Quandje suis entré dans sa chambre, elle m’a demandé :

— Qu’est-ce qui ne va pas ?— Pourquoi me demandez-vous cela ? ai-je répondu.— Votre visage et votre front sont plissés.— Je me demande comment je vais vous aider.— Alors, pensez-y dans le corridor. J’ai besoin de vous voir

sourire quand vous venez ici.Elle avait raison. Je devais changer mon attitude pour être un

meilleur médecin pour elle et je l’ai fait avec bonheur. Lesmeilleurs médecins tirent des leçons des critiques et desenseignements offerts par leurs patients, les infirmières et lesfamilles des patients. Ces gens m’ont tous appris que quand je medétendais, que j’encourageais les rires chez les autres et que je riaismoi-même, tout le monde en bénéficiait.

Voici un bon exemple de la capacité du rire pour alléger unesituation tendue. Une femme était nerveuse et elle avait peur desubir une opération. J’avais passé presque une heure à essayer dela calmer dans le corridor adjacent à la salle d’opération jusqu’à ceque je comprenne que rien de ce que je pouvais dire ne l’aiderait.Nous l’avons donc transportée dans la salle d’opération et, dans sapanique, elle s’est exclamée :

— Dieu merci, toutes ces merveilleuses personnes vont prendre

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soin de moi.Je savais que cela n’aiderait pas si j’abondais dans le même sens

qu’elle. J’ai donc dit très fort pour que tout le monde entende :— Je connais ces personnes. Je travaille avec elles depuis des

années et elles ne sont pas merveilleuses.Pendant quelques secondes, il y a eu des regards étonnés, puis la

femme et tout le monde dans la salle ont éclaté de rire ; noussommes devenus une famille et tout s’est bien passé pour elle.

Une autre expérience qui m’a convaincu de la valeur del’humour a eu lieu quand mon épouse et moi étions allés donnerune conférence. Durant la présentation, Bobbie avait l’habitude defaire un monologue comique. C’était une sorte d’entracte quipermettait aux gens de faire une pause entre les deux parties de laconférence. Au lieu d’entendre mes histoires à propos ducomportement des patients exceptionnels, ils avaient la chance defaire l’expérience de certaines de nos méthodes de thérapie degroupe.

Quand je présentais Bobbie, je disais :— Voici mon épouse, Bobbie ; c’est une sorte de Henny

Youngman et nous avons vécu 38 merveilleuses années demariage.

Les femmes me souriaient jusqu’à ce que j’ajoute :— Et 38 années sur 56, ce n’est pas si mal.Leur expression changeait alors, mais un rire finissait toujours

par éclater au bout d’un moment.Habituellement, quand Bobbie faisait son petit numéro, j’allais

m’asseoir dans la salle, dans son siège, et je l’écoutais. Une fois,cependant, il y avait un siège pour moi à l’arrière de la scène ; j’aidonc pu observer le public. J’ai été frappé par le changementphysique qui s’effectuait en eux après avoir ri pendant 15 à20 minutes et cela m’a convaincu des bienfaits de l’humour. Ilsavaient tellement l’air d’être plus en santé ! Leurs yeux brillaient etils avaient une posture ouverte et détendue. Bobbie finissaitsouvent son numéro avec l’affirmation « Celui qui rit vit pluslongtemps ». Et son dernier conseil était :

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— Le rire est contagieux, alors transmettez-le.Après avoir été témoin du changement remarquable qui s’était

produit chez ce public, je me suis toujours fait un devoir dediscuter des bienfaits du rire avant que Bobbie ne fasse sonnuméro, afin que les gens soient conscients du changementphysique que leur procurerait cette expérience. Et vous savez quoi? Bobbie recevait toujours davantage de remerciements que moi àla fin de la soirée.

Je vous recommande de rire spontanément et de conserver unsens de l’humour enfantin durant la journée. Quand je parled’humour enfantin, je parle de voir le monde à travers les yeuxd’un enfant. Par exemple, si vous voyez une affiche sur laquelle ilest écrit « Plancher mouillé », allez-y et glissez dessus. Quand lesinstructions à la réception disent « Signez à votre arrivée », signezle registre en écrivant : « À votre arrivée. » Cela pourrait causerune file d’attente, mais c’est drôle. Quand un formulaire indique «Signez en lettres majuscules », écrivez « EN LETTRESMAJUSCULES ». Quand une affiche indique « PERSONNE N’ESTADMIS », pénétrez dans la pièce et quand les gens à l’intérieurvous disent de sortir, dites-leur :

— Je ne suis pas personne. Je peux donc entrer.La plupart du temps, les gardiens vous laissent entrer en se

disant que si vous êtes aussi stupide, vous ne représentez pas undanger. Une fois, quand j’ai agi ainsi, un gardien s’est placédevant moi et m’a dit :

— Je vous considère comme une personne. Vous devez partirmaintenant.

L’enfant intérieur de ce gardien s’était exprimé ; je l’ai donc serrédans mes bras.

Quand une animatrice à la radio m’a demandé comment jeparvenais à être heureux en ces temps difficiles, je lui ai répondu :

— J’ai appris qu’il faut toujours terminer ce qu’on a commencé.Alors, avant de quitter la maison, le matin, la première chose queje fais, c’est de vider toutes les bouteilles de vin rouge et blancentamées, ainsi que celles de kahlua, de Prozac et de Valium.

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Lorsque je franchis la porte, je me sens très heureux.Quelques secondes se sont écoulées avant qu’elle pouffe de rire.

Elle avait compris : une des meilleures façons d’être heureux,surtout quand tout s’écroule autour de vous, est simplement derire.

Dans Anatomy of an Illness as Perceived by the Patient, NormanCousins raconte son histoire fascinante sur la façon dont il asurmonté une maladie arthritique, la spondylarthrite ankylosante,grâce à la thérapie par le rire. Quand son médecin lui a dit qu’ilavait une chance sur cinq de se rétablir, Cousins a réservé unechambre d’hôtel, il a regardé des cassettes de Candid Camera et il ari durant des jours1. Choisir l’humour pour se soigner, plutôt quede réagir par la peur et ne rien faire, voilà le signe d’une personneoptimiste, d’un survivant.

Le contraire de l’optimisme (un signe de bonheur) est lanégativité (le manque d’espoir et l’ignorance de ce qui estpossible). La négativité est une attitude qui vient de la peur :

— Oh non ! Ceci ou cela va arriver.Comment pouvez-vous être heureux quand vous avez peur,

quand la première pensée qui vous vient à l’esprit est le pire desscénarios ?

La peur est censée vous aider à sauver votre vie. Si vous marchezdans la forêt et que vous voyez un serpent qui pourrait êtrevenimeux, la peur est alors une réac-tion appropriée. Vous allezvous éloigner instinctive-ment. Cela m’est arrivé l’autre jour alorsque je roulais à vélo dans la forêt. J’ai cru apercevoir un coyote ouun loup et j’ai fait un écart sans même réfléchir. Puis, j’ai constatéque ce n’était qu’une branche et son ombre, mais elle avait l’aird’un animal prêt à attaquer. Ce qui m’a étonné est que j’avais déjàchangé de direction avant même que mon cerveau ait le temps deme dire : « C’est beau, ce n’est qu’une ombre. »

La peur est appropriée quand un chien qui aboie fonce sur vousen montrant ses crocs. Votre rythme cardiaque s’accélère et, avecla montée d’adrénaline, vous trouvez la force de grimper à unarbre sur lequel vous n’auriez pas pu grimper avant. Mais si vous

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vivez constamment dans la peur, c’est comme si vous marchiezdans la forêt en étant toujours entouré d’un serpent venimeux oud’un chien enragé. Votre corps sécrète constamment dessubstances chimiques du stress qui vous épuisent. Il ne peut passe rétablir quand il applique toute cette énergie à la réaction defuite ou de lutte, la réaction de l’instinct de survie. Quand vousvivez dans la peur constante ou chronique, votre systèmeimmunitaire s’affaiblit à mesure que le niveau des hormones dustress augmente, ce qui entraîne un taux élevé de sucre dans lesang et de l’inflammation dans le système circulatoire.

Les patients révèlent parfois des peurs insoupçonnées dans leursdessins représentant leur famille, leur maladie ou leur traitement.Comme ils n’exprimeront pas ces peurs à leur médecin, ce dernierne peut rien faire pour les aider à les surmonter. Si vous réussissezà faire en sorte qu’un patient parle de ses peurs à travers sondessin et que vous renversez la situation de manière à ce qu’il voiele côté humoristique et en rie, le rire influera positivement sur sontraitement et son rétablissement. (Voir mon commentaire sur lafigure 47, dans le chapitre 6.)

Si vous vivez avec des pensées d’amour et que vous riezquotidiennement, le contraire de ce que vous craigniez se produit.Il est presque impossible de vivre dans la peur quand vous riez, etquand vous riez quotidiennement, votre vision des choses change.Comment est-ce possible ? Vous finissez par prendre conscienceque vous maîtrisez deux choses : vos pensées et votrecomportement. Le bonheur n’est pas un lieu où vous parvenez ouune récompense que vous recevez ; c’est quelque chose que vousmettez en pratique et, à force de le faire, vous devenez heureux enraison de votre attitude, de vos pensées et de votre comportement.

Voyez-vous comme un acteur. Répétez jusqu’à ce que voussoyez heureux de votre performance. Même quand il joue, lachimie corporelle d’un acteur est modifiée par les émotions liées àson rôle, qu’il s’agisse d’une comédie ou d’une tragédie.

Ingrid Bergman a raconté une drôle d’histoire à propos de sontravail avec Alfred Hitchcock. Elle était censée jouer une scène

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émotive dans le film et chaque fois qu’elle essayait, elle neparvenait pas à ressentir son personnage. S’étant confessée àHitchcock qu’elle ne croyait pas qu’elle pourrait exprimer ce genred’émotion, le réalisateur au visage imperturbable a regardél’actrice et lui a dit :

— Ingrid, fais semblant2.Cela ne veut pas dire que vous devriez prétendre que vous

n’êtes pas triste quand votre chien meurt. Il est normal de ressentirdes émotions négatives face aux difficultés de la vie, mais ellesdeviennent destructrices quand vous les utilisez pour vous donnerla permission de vous accrocher à la peur ou de ruminer despensées tristes et sombres. Il est normal d’être triste après la mortd’un chien ou de pleurer quand vous vous éraflez le genou aprèsavoir fait une chute en vélo, mais une fois que les larmes se sonttaries, voyez ce qu’il y a de comique à propos de la situation etriez-en. Embrassez-la ; aimez-la ; laissez les larmes de rire chasserles émotions négatives et le processus de guérison s’enclencher.

Les scientifiques ont étudié les effets du rire sur le corps et ils ontrelevé un certain nombre de bienfaits physiologiques. Le rireaugmente l’activité du système immunitaire en donnant entreautres aux « bonnes » cellules tueuses une meilleure capacité decibler les virus ainsi que certaines tumeurs et cellules cancéreuses.Les études qui ont mesuré des composantes du systèmeimmunitaire indiquent que le rire procure un effet bénéfique quidure jusqu’au lendemain. Le rire semble lutter contre l’infection etl’abrasion ou les agressions chimiques dans la partie supérieuredu système respiratoire. Le rire est un relaxant musculaire naturel.En même temps, il constitue un bon exercice pour le cœur et lediaphragme, en favorisant une meilleure absorption de l’oxygène.Cela en fait une activité idéale pour ceux dont la capacité de fairede l’exercice est limitée. Le rire améliore également l’humeur etdiminue la perception ou la sensation de la douleur chez lespatients. Comme dans le cas d’un exercice approprié, il n’y a pasd’effets indésirables négatifs au rire.

Il y a de nombreuses années, je suis tombé de notre toit quand le

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dernier barreau de l’échelle à laquelle je grimpais s’est brisé.Quand j’ai raconté cette histoire lors d’une conférence, j’ai dit :

— J’ai sûrement un ange gardien parce que j’ai atterri sur mespieds. Et considérant l’angle de l’échelle, c’était presqueimpossible.

À la fin de ma présentation, un homme est venu me voir et m’adit :

— Vous avez effectivement un ange gardien et je sais comment ils’appelle.

— Comment pouvez-vous le savoir ? lui ai-je demandé.— Qu’avez-vous dit quand le barreau s’est brisé ?— Merde !— C’est ainsi que s’appelle votre ange.J’ai éclaté de rire sans prendre conscience du cadeau qu’il venait

de m’offrir. Maintenant, chaque fois que je suis confronté à unesituation difficile, je crie :

— Merde !Et je commence à rire parce que je sais que je vais avoir de l’aide.

Sentez-vous libre de recourir à mon ange gardien chaque fois quevous en avez besoin. Cet homme parmi l’assistance m’a aidé àtraverser de nombreuses choses, y compris la fois où j’ai roulé àvélo sur une plaque de glace et que j’ai fait un vol plané en criant :

— Merde !Quand je suis tombé par terre en riant, j’étais complètement

détendu et je ne me suis donc pas blessé.Le yoga du rire est une forme d’exercice qui intègre la respiration

et le rire sans l’utilisation de blagues ou de comédies. Il est basésur l’idée que le corps ne fait pas la différence entre le rirespontané et le rire forcé, et que les effets bénéfiques sont lesmêmes. Pour obtenir les meilleurs résultats physiologiques, il estrecommandé de rire pendant au moins 15 minutes à gorgedéployée. Le rire naturel dure habituellement quelques secondes,mais les exercices de yoga du rire maintiennent le rire aussilongtemps que la personne le désire.

Le yoga du rire est semblable à la pratique du rire forcé dans le

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bouddhisme zen. Certains participants pourraient trouver celabizarre au début, mais le rire feint devient vite sincère et la phrase« faites semblant jusqu’à ce que ce soit réel » pourrait facilements’appliquer au yoga du rire. J’ai effectué ces exercices et j’ai eu dela difficulté à cesser de rire même quand il n’y avait aucune raisonde rire.

L’ORDONNANCE DU MÉDECIN

Essayez ceci devant un miroir ou face à un ami : levez vos sourcils,prenez une profonde inspiration et chantez le mantra aum duranttrois secondes. Puis, détendez vos sourcils et poussez autant desons « hi, hi, hi » que vous pouvez jusqu’à ce que vous ayez expirétout l’air de vos poumons. Tout en faisant semblant de rire,assurez-vous d’avoir un gros sourire, même si vous avezdavantage l’impression de faire une grimace. Prenez une autreprofonde inspiration, levez vos sourcils et chantez aum duranttrois secondes. Puis, détendez vos sourcils, souriez et chantez « ha,ha, ha » jusqu’à ce que vous ayez expiré tout l’air de vospoumons.

Répétez l’exercice à quelques reprises, en alternant les sons et enlaissant tout rire naturel remonter et remplacer le rire forcé. Mêmesi aucun rire naturel ne remonte, effectuez l’exercice durant15 minutes. Remarquez comment vous vous sentez à la fin.

Les centres pour personnes âgées et les maisons de retraite quioffrent des cours sur le rire ont rapporté que les résidents aimaientassister à ces séances et qu’ils en demandaient davantage. Ilsoublient leurs douleurs et disent se sentir de meilleure humeurdurant et après les séances, et même jusqu’à 24 heures aprèscelles-ci.

LE DERNIER RIRE

Lorsque vous vous sentirez prêt à mourir, je recommande quevotre famille soit à votre chevet et raconte des histoires sur votrevie. Mon père est pratiquement mort de rire quand ma mère araconté de merveilleuses histoires à propos du début de leurrelation. Papa n’en pouvait plus d’être dans son corps et il avait

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dit à maman :— Il faut que je parte d’ici.Elle a été capable de le laisser aller et elle savait qu’il allait

mourir ce jour-là. Elle nous a appelés pour que nous allions à sonchevet. Avant de quitter la maison, je suis allé faire de l’exercice etj’ai entendu une voix demander :

— Comment tes parents se sont-ils rencontrés ?J’ai répondu que je l’ignorais et la voix a dit :— Alors, demande-le à ta mère quand tu arriveras à l’hôpital.Plusieurs heures plus tard, quand nous sommes entrés dans la

chambre d’hôpital de papa, la voix intérieure m’a rappelé de poserla question. J’ai donc dit :

— Comment vous êtes-vous rencontrés ?Maman a décrit qu’elle était en vacances et qu’elle était assise sur

la plage avec des filles qu’elle ne connaissait pas et, comme elle l’aplus tard appris, qui avaient une mauvaise réputation. Desgarçons sont venus sur la plage et ils ont tiré à pile ou face poursavoir quel garçon aurait quelle fille. Puis, ma mère a commenté :

— Votre père a perdu et il m’a eue.À leur deuxième rendez-vous, il l’a emmenée faire du bateau à

rames et, au moment où il l’aidait à monter à bord del’embarcation, le propriétaire de celle-ci a crié : « Hé ! Vous devezpayer avant de monter à bord. »

— Votre père a cessé de me retenir, de même que le bateau et jesuis tombée à l’eau, a dit ma mère. Les choses se sont mêmeaggravées par la suite…

Tout le monde dans la chambre riait. Papa était alors dans lecoma, mais je savais qu’il pouvait encore nous entendre et qu’ilriait avec nous à un certain degré. Il avait l’air tellement bien quej’ai cru qu’il allait remettre sa mort à plus tard, mais dès que sondernier petit-enfant est arrivé, il a quitté son corps en nous laissanttous avec un sentiment de plénitude et non avec la peur de lamort.

Je demande souvent aux personnes âgées de me dire commentelles peuvent mourir en riant. Leurs réponses sont souvent

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associées à deux accomplissements. Un est d’avoir accompli ceque nous sommes tous venus faire sur la Terre, c’est-à-dire servirle monde d’une manière qui nous est propre plutôt que d’unemanière déterminée par les autres. Quand les gens passent leurvie à faire ce qu’ils aiment, il leur est beaucoup plus facile de rire àla fin de celle-ci. Le deuxième accomplissement est la séried’histoires qu’elles ont accumulées à propos des moments de leurvie qui ont été sur le coup difficiles, exaspérants ou embarrassants,mais qui maintenant les font rire. Parfois, ces histoires sontrapportées par leurs enfants adultes. Par exemple :

— Papa, j’étais tellement embarrassé quand tu as fait cela ; j’aiessayé de prétendre que tu étais le père de quel-qu’un d’autre.

Et toute la famille éclate de rire en repensant à ce moment.Rappelez-vous ceci : n’ayez pas peur d’embarrasser les membres

de votre famille et donnez-leur du matériel à utiliser quand vousserez prêt à mourir — et mourez en riant en entendant leurshistoires. Comme la fois où nous ne trouvions pas un de nosanimaux exotiques que nous avions sauvés. J’ai décidé d’appelerla police pour lui dire que nous ne trouvions pas notre kinkajou :

— Votre quoi ?— Oui, mon kinkajou. Il a disparu.Quand les enfants m’ont entendu appeler la police la première

fois, ils ont trouvé cela embarrassant, mais quand je l’ai rappeléepar la suite, ils m’ont entendu dire que j’avais retrouvé monkinkajou sous les combles de la maison en me promenant là-hautavec une banane jusqu’à ce qu’il sorte sa tête.

Appelez votre chien Sexe et vos chats Espoir et Miracle, commeje l’ai fait. Et voyez ce qui arrive quand vous courez dans la courderrière Sexe et que vous criez à votre femme que vous n’avez pasMiracle et que vous n’arrivez pas à saisir votre Sexe, mais qu’aumoins vous avez Espoir. Vous allez embarrasser vos enfants avecvotre humour enfantin, mais plus tard, ils vont l’apprécier.

Il arrive que nos enfants viennent à la maison et me disent :— Merci, papa.Quand je leur demande pourquoi ils me remercient, ils

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répondent qu’ils ont fait quelque chose de complètement fou autravail ou à l’université. Et au lieu de se plaindre ou de critiquer,les gens se disent entre eux :

— Eh bien, vous savez qui est son père.Collectionnez les événements comiques et transformez-les en

souvenirs inoubliables en les partageant et en les notant par écrit.Je commande souvent des mets chinois quand je vais me chercherun repas pour emporter chez Ernie’s Pizzeria. Pat, le propriétaire,me connaît et adore mon grain de folie, mais les nouvellesserveuses ne savent pas quoi faire et elles m’expliquent que je mesuis trompé de restaurant. Un soir, j’y suis allé et j’ai commandédes mets chinois, et la serveuse a sorti trois contenants de metschi-nois ; tout le monde dans le restaurant a éclaté de rire. Demême, nos cinq enfants refusaient d’aller au restaurant avec moien raison de mon comportement, ce qui m’a permis d’économiserbeaucoup d’argent.

Terry Bruce m’a écrit pour me raconter quelques histoirescomiques à propos de ses enfants, qui ont aidé à guérir la relationdifficile qu’elle entretenait avec sa mère.

Parfois, ma mère me rend folle et j’ai tendance à lui crier après.Après, je me sens toujours mal parce que nous ne nous voyonsque tous les deux ans. Un jour, j’étais déjà fatiguée quand elle aappelé et je savais que c’était une mauvaise journée pourbavarder. Mais ma mère a commencé à me rappeler les chosescomiques que mes enfants avaient faites lors de sa dernièrevisite ici, alors je me suis assise pour l’écouter.

Elle m’a rappelé le jour où nous étions tous allés cueillir desmûres. En revenant à la maison, j’avais versé toutes les mûresdans un bol. Ma fille de trois ans en avait pris deux et les avaitmises dans sa bouche.

— Izzy, je ne veux pas que tu en manges davantage, lui avais-je dit, ou il n’y en aura pas assez pour le dessert.

Avec un regard innocent, Izzy avait répondu :— Je ne voulais pas les manger, maman. Je voulais seulement

les rincer.

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Puis, elle avait pris les mûres dans sa bouche et les avaitremises dans le bol.

Ma mère et moi avons ri et cette histoire m’a rappelé deschoses que mes autres enfants, Farley, Raffy et Jesse avaientfaites. C’était en grande partie des moments précieux dont mamère n’avait pas été témoin, mais nous avons encore ri quandje les ai décrits en détail. Au moment où nous avons raccroché,je me suis senti très proche d’elle, comme si elle était ici. Et aulieu de nous rendre folles, nous avions vraiment aimé notreconversation. Ce puissant sentiment de former une famille m’adonné de l’énergie pour le reste de la journée. Tout ce qui mestressait avant me semblait soudainement insignifiant.

Le monde est empli de douleur. Le monde est aussi empli decomédie humaine si nous choisissons de le voir ainsi. C’est parfoisune comédie tragique, mais vous pouvez toujours être unguérisseur et répandre de la joie grâce à l’humour et au rire.Pourquoi est-il encore aussi agréable d’assister aux comédies deShakespeare plus de 400 ans après leur création ? C’est parce queles gens aiment rire. Quelque chose au plus profond de notre êtresait que c’est bon pour nous. Lors de funérailles, allez à la veilléemortuaire et voyez comment les gens se mettent vite à partagerdes histoires drôles. Quelque chose en eux leur dit qu’il est tempsde guérir un peu. Alors, riez ; guérissez les blessures du deuil etn’éteignez pas avec vos larmes la chandelle céleste de votre êtrecher.

Mon amie Diane assistait à une réunion familiale avec sa sœur etses deux frères, et ils n’ont pas pu s’empêcher de rire aux éclatsquand ils se sont raconté des histoires à propos de l’avarice de leurbelle-mère.

— Je n’en croyais pas mes yeux la fois où je suis allée visitermaman et papa, leur a raconté Diane. Quand je me suis levée pouraller à la toilette, maman a dit : « N’utilise pas le beau papier detoilette, ma chère. Je le garde pour les invités. »

Son frère Bruce a ajouté :— Ouais, et après la mort de papa, elle nous a annoncé qu’elle

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avait quelque chose à nous donner. J’espérais que c’était uneenveloppe contenant un chèque ou quelque chose qui lui avaitappartenu, comme ses médailles de guerre. Je suis presque tombéà la renverse quand elle a sorti de son sac à main quatre sacs decongélation emplis de cendres. « C’est votre père » a-t-elle dit ennous le rendant.

— Tu te rappelles ce que tu as fait ? a demandé Diane. Tu as tenuton sac dans ta main et tu as demandé à maman : « Quelle partiede papa ai-je obtenu ? »

Le rire qui s’en est suivi a resserré leurs liens familiaux et les aaidés à se débarrasser des vieilles rancœurs. Il est difficile degarder une dent contre quelqu’un quand la personne est àl’origine d’histoires colorées de la sorte qui font autant rire.

SOYEZ CONTAGIEUX

Il y a plusieurs années, mon épouse est revenue du supermarchéet elle est allée dans la salle de bain. Je suis allé chercher les sacsd’épicerie dans la voiture et j’ai rangé la nourriture. Quand elle estrevenue dans la cuisine, je m’attendais à ce qu’elle me dise un grosmerci et qu’elle me félicite pour ce que j’avais fait. Au lieu de cela,elle a dit :

— On ne met pas les tomates au réfrigérateur.Cela m’a blessé. Aucun merci, juste des reproches. J’ai donc

rédigé un poème intitulé « Divorce ».

On ne met pas les tomates au réfrigérateur.Je me suis encore trompé.Ma femme ne pourra jamais me pardonner.Notre mariage bat de l’aile.Je ronfle, je mets les tomates au réfrigérateuret je marche et je mange trop vite.L’avocat spécialisé dans les divorcesne sait pas comment nous aiderà parvenir à une entente acceptablepour ma cruauté.Il suggère que nous essayions de résoudre les choses,

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que nous donnions une chance à l’amouret que nous ne mettions pas les tomates au réfrigérateur.Je lis cette entente à ma femme ;elle rit.J’adore quand elle ritet qu’elle oublie les moments difficiles.Nous virons l’avocatet nous sortons les tomates du réfrigérateur3.

Quand j’ai lu cela à Bobbie, elle a éclaté de rire et, comme le poèmele dit, j’adore quand elle rit. J’aimerais également partager avecvous quelques situations potentiellement comiques auxquellesBobbie recommande aux gens d’être à l’affût. Elle les appelle « Lessignes précurseurs de Bobbie ».

• Vous appelez votre femme pour lui dire que vous aimeriezmanger à l’extérieur et elle laisse un sandwich sur le palier de laporte.

• Vous enfilez votre soutien-gorge à l’envers et il vous va mieuxainsi.

• Vous appelez au centre de prévention du suicide et ils vousmettent en attente.

• Vous appelez au bureau des personnes disparues et ils vousenvoient promener.

• La diseuse de bonne aventure offre de vous rembourser.• Vous revenez du salon de beauté et votre chien se met à

grogner et vous empêche d’entrer dans la maison.• Vous ouvrez un biscuit chinois et vous trouvez une citation à

comparaître.• L’oiseau assis sur le rebord de votre fenêtre est un vautour.

Et voici quelques judicieux conseils sur le mariage offerts par monépouse :

• N’allez jamais vous coucher en étant fâchés l’un contre l’autre.Restez debout et disputez-vous.

• Ne contredisez jamais une femme quand elle est fatiguée ou

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reposée.• La prochaine fois que votre mari sera fâché, dites-lui : « Tu es

tellement beau quand tu es fâché. »Si je l’aime ? C’est sûr que je l’aime.

Le rire est facile pour certaines personnes ; pour d’autres, il fautde l’entraînement, souvent parce que le rire n’a pas été encouragédurant leur enfance. Les artistes doivent pratiquer pour pouvoirexplorer, apprendre et maîtriser leur art, qu’ils peignent, écriventou utilisent une autre forme d’expression créative. Le mot clé est «expression ». Je recommande donc que vous vous entraîniez àglousser et à rire à gorge déployée ; devenez un artiste etemplissez votre palette de rires. Rappelez-vous que ce n’est pasbon pour la santé d’être sérieux et normal. Seules les personnesqui ne se sentent pas à la hauteur essaient d’être normales. Alors,soyez contagieux. Répandez de la joie et de la guérison etmaintenez vivant l’artiste en vous.

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Chapitre 9FAITES SEMBLANT JUSQU’À CE QUE CE SOIT RÉEL

Restez face au soleil et vous ne verrez jamais les ombres.— HELEN KELLER

Quand nous envisageons la relation entre l’éducation des enfantset la santé, nous le faisons souvent seulement par rapport à lasanté des enfants et nous oublions l’importance de la santé desparents. Mais la santé parentale et l’amour parental — envers soiet envers ses enfants — sont les facteurs de santé publique les plussignificatifs sur la planète.

En tant que père de cinq enfants, dont des jumeaux, qui sont néssur une période de sept ans, je sais le rôle que l’épuisement a jouésur la santé de ma femme et sur la mienne. Quand nos enfantsétaient jeunes, nous ne dormions que quelques heures chaque nuitparce que nous devions prendre soin des enfants, préparer lesbiberons, laver les couches, jouer avec eux et veiller sur eux. Nousagissions par amour, mais la fatigue avait son effet sur notresystème immunitaire et le niveau de nos hormones de stress.Résultat, je me suis retrouvé à l’hôpital, souffrant d’une graveinfection à staphylocoques, et ma femme a contracté la sclérose enplaques.

Une des choses que tous les parents devraient faire est des’accorder du temps sans les enfants pour refaire le pleind’énergie. Inutile de vous sentir coupable de faire garder vosenfants à l’occasion et de prendre soin de vous, de vous donnerl’occasion de mener une vie authentique plutôt que de jouer unrôle. Après avoir compris combien il était important que nousprenions soin de nous, Bobbie prenait le calendrier au début del’année et elle calculait combien de jours nous pourrions être desparents attentionnés avant que cela ait un effet sur notre santé.Puis, elle réservait quelques jours tous les deux ou trois mois afinque nous puissions partir tous les deux pendant que des amis oudes membres de la famille prenaient notre place et offraient leur

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temps et leur affection à nos enfants.Cette séparation était bénéfique à tout le monde. Que ce soit chez

nos voisins, nos amis et mes patients, nos enfants trouvaient denouveaux parents et grands-parents expérimentés qui étaient prêtà les écouter et à les aimer, tandis que mon épouse et moi avions lachance de refaire le plein d’énergie et de nous occuper d’autreschoses que des couches, des horaires et des repas. Cela donnaitaussi l’occasion à nos enfants de jouer à des jeux avec des adultesqui ne connaissaient pas les techniques sournoises qu’ilsutilisaient pour jouer aux plus fins avec les parents.

J’ai de nombreux patients qui ont développé une dépendance àla nourriture, à la drogue et à l’alcool ou qui ont d’autres formesde dépendance, et j’ai compris que c’était en réaction à leurenfance, durant laquelle ils ont connu de l’indifférence, du rejet oude la maltraitance de la part de leurs parents, plutôt que del’amour. Ils cherchaient à se récompenser pour mieux se sentir,mais ces choix étaient autodestructeurs, car ils ne les soulageaientque temporairement. Les gens qui choisissent la voie del’autodestruction n’agissent pas ainsi par manque d’information.Ce qui leur manque, c’est de l’inspiration et le sentiment de valoirquelque chose.

Une étude menée auprès d’un groupe d’étudiants de l’UniversitéHarvard a révélé que parmi les étudiants qui ne s’étaient passentis aimés par leurs parents, presque la totalité avait souffertd’une maladie grave dans la quarantaine. En comparaison, parmiceux qui s’étaient sentis aimés, seulement 25 % ont contracté unemaladie grave durant la même période.

En grandissant, les enfants ont besoin, à des périodes précises, derecevoir certains messages d’un ou des deux parents, qui leurpermettront de se sentir aimés et en sécurité. La plupart des gensne sont sans doute pas conscients que jusqu’à l’âge de six ans, lesondes cérébrales d’un enfant sont semblables à celles d’unepersonne sous hypnose. Au moment où les enfants deviennentcapables d’évaluer les paroles de leurs parents, ils doivent fairedes efforts considérables pour se libérer des messages négatifs que

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la plupart des parents transmettent. Quand ces messages sontdestructeurs, il est vraiment difficile d’échapper à leur emprise.

Pour citer une de mes patientes : « Les paroles de ma mère megrugeaient de l’intérieur et elles m’ont peut-être même donné lecancer. » La mère de cette femme minimisait toutes ses réalisationset elle ne l’habillait qu’avec des couleurs foncées pour quepersonne ne la remarque. Il a fallu qu’elle attrape une maladiepotentiellement mortelle pour qu’elle ose aller s’acheter une roberouge, commencer une nouvelle vie et devenir son moiauthentique.

Quand les parents imposent les schémas de comportement, leschoix de carrière, etc., ils privent leur enfant de sa propre vie. Lagentille jumelle identique qui cherche à plaire à maman, à papa età toute la famille, mais qui intérieurement ressent de la colère, estbeaucoup plus susceptible de développer un cancer du sein plustard dans sa vie que sa petite peste de sœur qui en fait toujours àsa tête.

Les problèmes associés aux parents peuvent être révélés dans lesdessins réalisés par les enfants. Par exemple, une enfant pourraitdessiner une famille et donner à sa mère une expression qui donnel’impression qu’elle est fâchée et qu’elle prononce des parolesdures ; elle pourrait aussi dessiner son père avec les mains dansles poches et qui tourne le dos à la mère, illustrant qu’il se repliesur lui-même. Elle pourrait se dessiner avec le visage triste oueffrayé. Quand on montre ce dessin aux parents, ils sont plusfacilement motivés à aller chercher de l’aide. Plutôt que d’entendrel’interprétation du thérapeute, qui leur fait sentir qu’ils sont demauvais parents, ils voient ce que leur enfant exprime avec desimages, ce qu’elle vit ; le dessin leur dit ce qu’ils ont besoind’entendre.

La consultation familiale, les cours sur le rôle parental et sur lagestion de la colère, ainsi que les ateliers sur les habiletés decommunication sont souvent la clé pour aider la famille àfonctionner en tant qu’unité. En plus d’atténuer la détressepsychologique de l’enfant, cela jouera un grand rôle pour guérir la

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maladie physique de l’enfant et lui permettre d’avoir un esprit etun corps en meilleure santé pour le reste de sa vie.

Nous devons reconnaître l’importance de nous écouter les unsles autres et de verbaliser notre amour. Assurez-vous de donnerde l’amour à vos enfants même quand vous n’aimez pas ce qu’ilsfont. Ne les attaquez pas avec des paroles comme :

— Il y a quelque chose qui ne va pas chez toi.Utilisez plutôt des paroles qui disent :— Je t’aime, mais ce que tu fais est dangereux et malsain, alors je

te prie de cesser.Faites-leur savoir que vous n’appréciez pas leur comportement

tout en les rassurant que vous les aimez. L’adolescence peut être lapériode la plus difficile pour les jeunes, surtout si leurs parentsn’ont pas développé avec eux une forme de communicationouverte et aimante. Quand les jeunes ont besoin de conseils et desoutien, ils n’ont pas l’impression qu’ils peuvent aller raconterleurs problèmes à leurs parents et demander leur aide. Selon uneétude, 70 % des élèves du secondaire ont dit qu’ils avaient songéau suicide. Ces jeunes ignorent comment éliminer ce qui les tue,alors ils envisagent de se tuer.

Rappelez-vous que le contraire de l’amour n’est pas la haine,mais l’indifférence, le rejet ou la maltraitance. Pourquoi est-ce queje crois que des enfants deviennent des intimidateurs ? Quand ilsreçoivent des motifs de mourir de la part des figures d’autoritédans leur vie et qu’ils sont témoins de comportements négatifsdans un environnement privé d’amour, ils vont agir de manièredestructrice pour eux et pour les autres, en faisant del’intimidation et en étant agressifs et violents. Ces enfants nevoient pas l’agression de la même manière que nous parce que lesenfants qui ont grandi dans un environnement violent etdépourvu d’amour ont un système nerveux qui est beaucoupmoins sensible à l’agression physique, au bruit et à d’autresstimuli sensoriels. Des parties de leur cerveau sont éteintes. Lesétudes ont démontré que la négligence, les traumatismes et lamaltraitance durant l’enfance ont un impact physique sur le

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système nerveux central — le cerveau, la moelle épinière et lesnerfs —, ce qui fait que certaines structures et voies neurales ducerveau ne se développent pas, tandis que d’autres structures etvoies sont surdéveloppées1.

Les enfants pourraient délibérément mal se comporter. Lefauteur de trouble reçoit de l’attention ; et même si c’est del’attention négative, c’est mieux que le rejet. L’envie d’agresser estun sentiment normal, mais pour attirer l’attention et parfois pourse venger, l’enfant mal aimé et rejeté va transformer une saineagression en de la violence et de la destruction plutôt que des’investir dans des sports, un travail ou des loisirs.

Tout comme le feu peut chauffer ou détruire votre maison,l’énergie à l’intérieur des enfants peut être dirigée de manièresaine. Les enfants peuvent se rebeller de manière saine et non pasen intimidant. Quand ils dirigent leur énergie vers quelque chosede positif, comme les arts, les sports, les loisirs ou le bénévolat, lemonde devient un endroit meilleur où il fait bon vivre et personnen’est menacé par cette énergie. Nous devons offrir aux enfants detels exutoires et les aider à trouver ce qui répond à leurs besoinsd’une manière saine.

Un jour, quand j’étais petit, je suis devenu jaloux du jouet d’unvoisin ; j’ai agi comme un intimidateur et je l’ai brisé. Quand monpère est rentré à la maison et qu’il a appris ce que j’avais fait, il n’arien dit ; mais le lendemain, il est revenu avec le même jouet. Il nem’a pas dit ce que je devais en faire. Il me l’a simplement tendu etil s’est éloigné. Le geste de mon père m’a beaucoup plus parlé quetoute réprimande qu’il aurait pu me faire. Il a agi en adulteresponsable en remplaçant le jouet brisé, mais il m’a laissé choisirentre le garder ou aller le donner à mon voisin. Son geste m’adémontré qu’il m’aimait, qu’il me faisait confiance et qu’il voulaitque j’agisse de manière appropriée. Que je le fasse ou pas, c’étaitma décision. Mon père savait que ce qu’il me faisait endurer étaitpire qu’une punition physique. Et je suis effectivement allé donnerle jouet à mon voisin.

Nous devons transmettre aux enfants la notion de respect envers

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la vie. Nous pouvons le faire en leur enseignant à êtreresponsables de la vie et du bien-être de certaines créaturesvivantes, qu’il s’agisse d’une plante, d’un animal ou d’un autreêtre humain, et leur donner l’occasion de le faire en les supervisantde manière appropriée. Quand vous aimez et prenez soin de ceavec quoi vous vivez, vous respectez le monde et ses habitants.

Mon épouse et moi avons empli notre maison et notre courd’animaux rescapés. Nous avons enfreint toutes les règles dezonage, mais personne, y compris la police, ne nous a jamaisdénoncés parce qu’ils savaient que nous aimions toutes cescréatures. Nos enfants ont même apporté des insectes dans lamaison parce qu’ils les respectaient en tant que créatures vivantes.Quand nos enfants ont atteint l’âge de la rébellion, au lieu dediriger leur énergie contre les gens, ils ont plutôt cherché àaméliorer le statu quo et à créer un monde meilleur. Quand ilsavaient besoin d’amour et d’attention, ils le demandaient ou ilscommettaient des actes insensés, mais ils n’ont jamais agi demanière destructrice envers quoi ou qui que ce soit.

Par exemple, il arrivait qu’un de mes garçons me dise que sesgrands-parents avaient appelé et qu’ils voulaient qu’il leur rendevisite. Je lui achetais donc un billet d’autobus pour qu’il aille lesvoir. À l’âge adulte, il m’a confessé qu’ils n’avaient jamais appelé ;il avait simplement besoin de partir de la maison et de recevoirleur amour. Quand Bobbie et moi étions à l’extérieur de la ville,c’est lui qui avait convaincu ses frères et sa sœur de dire au couplequi les gardait qu’il partait plus tôt le matin pour aller à l’école.Mais il n’allait pas à l’école. Il s’assoyait toute la journée dans leplacard en cèdre pour lire des livres. Il savait comment recevoir del’attention et aussi comment prendre soin de lui sans blesserpersonne.

La colère doit être exprimée de manière appropriée et non pasréprimée. Quand les enfants sont fâchés, demandez-leur pourquoi.Écoutez-les et aidez-les à trouver une manière sûre de composeravec la cause de leur colère, et à communiquer et à extérioriserleurs sentiments. Quand les membres du personnel de l’hôpital

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faisaient irruption dans sa chambre pour aucune raisonparticulière, un adolescent mourant avait l’habitude de les arroseravec son pistolet à eau pour leur signifier qu’il voulait être seul. Sacolère ne faisait de mal à personne et elle a enseigné à denombreux médecins et infirmières à respecter ses besoins en tantqu’être humain confronté à des circonstances difficiles, plutôt quede le considérer comme un simple patient soumis à un horaire desoins déterminé. Après sa mort, son pistolet est devenu un cadeauqui était remis aux autres enfants malades. En tant que parent, quepouvez-vous faire si votre enfant hospitalisé est traité comme unemaladie plutôt que comme une personne ? Donnez-lui la trousseSiegel, comme je l’ai mentionné dans le chapitre 6 (voir lespages 136-137).

Et que pouvez-vous faire si votre enfant se fait intimider à l’écoleou dans le voisinage ? Il est approprié que votre enfant soit fâchéde ne pas être traité avec respect, mais répondre à la violence parde la violence ne fait qu’aggraver la situation. J’informerais lesautorités scolaires ou communautaires de ce qui se passe, mais jetuerais aussi avec gentillesse et je tourmenterais avec tendresse.Soyez créatif dans votre approche. J’ai vu l’amour résoudre unemauvaise situation même quand la vie d’une personne étaitmenacée.

Dites à votre enfant d’inviter l’intimidateur à venir jouer chezvous. Ou allez quelque part ensemble, comme à un parcd’attractions, et partagez un bon repas. Appelez les parents del’intimidateur et discutez ensemble du comportement de leurenfant. Si jamais vous appreniez que la mère de l’intimidateur estatteinte d’un cancer ou que ses parents sont alcooliques, il vousserait alors plus facile de comprendre et de pardonner àl’intimidateur et votre enfant apprendrait encore mieux commentêtre un ami sincère. Si vous essayez et que cela ne fonctionne pas,alors mettez fin à la relation.

Un jour, je suis allé faire une présentation dans une classe situéedans un quartier dangereux. Tout juste avant que je commence àparler, quatre garçons sont entrés dans la classe et sont venus

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s’asseoir dans la première rangée. Cela m’a paru étrange étantdonné que les élèves choisissent rarement de s’asseoir devantl’enseignant. J’ai plus tard appris que ces quatre garçons étaient lechef d’une bande de l’école et ses gardes du corps, et qu’ilsoccupaient toujours ces mêmes sièges dans chaque classe. J’ai poséune question et le chef de la bande a levé sa main pour répondre.Quand il a eu fini, je lui ai dit qu’il n’avait pas la bonne réponse etje lui ai expliqué pourquoi. Le directeur m’a révélé par la suite quece garçon n’avait pas parlé en classe depuis quatre ans. Il étaitpréoccupé : maintenant que j’avais dit au chef de la bande qu’ils’était trompé : comment allait-il réagir ? J’ai dit au directeur de nepas s’inquiéter. Le garçon savait que j’étais là seulement parce queje me souciais de lui et des autres élèves et il avait passé un bonmoment. Il n’y a pas eu de problèmes par la suite. En parlant avecrespect et honnêteté à ces jeunes, et en partageant un peu desagesse et beaucoup de rires, j’avais semé en eux une grained’amour.

Même quand nous n’apprécions pas ce que les intimidateursfont, nous pouvons, grâce à un amour persistant, les rééduquer etles aider à se rebeller contre les choses dans notre société quidoivent changer. Quand nous agissons ainsi, les intimidateursfinissent par prendre conscience qu’ils méritent d’être aimés et ilscommencent à se soucier des autres et d’eux-mêmes. Je l’aiobservé chez des enfants, des patients et d’autres personnes aveclesquelles j’ai établi des relations dans le cadre de mon travail.

J’adore réunir des personnes âgées et des élèves parce que tout lemonde a besoin d’un grand-parent aimant qui a acquis la sagessede toute une vie. Quand vous le faites, vous établissez une formede guidance. Chaque résident d’une maison de retraite devient unprécieux enseignant quand il se retrouve parmi des élèves. Lespersonnes âgées enseignent souvent aux jeunes que les difficultéspeuvent être des occasions de prendre une nouvelle direction pourquelque chose de mieux.

Si je devais résumer comment bien élever un enfant, je voussuggérerais de vous procurer un chiot, d’aller consulter un

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vétérinaire et de lui demander comment élever votre chiot. Puis,allez à la maison et faites de même avec votre enfant. Pour citercertains vétérinaires que je connais : « Il faut de la constance, durespect, de l’affection, de la discipline, de l’amour et de l’exercice. »

Pour plus de détails sur le sujet, lisez mon livre Love, Magic &Mudpies sur la façon d’élever des enfants qui se sentent aimés, quifont preuve de gentillesse et qui apportent une contributionpositive dans le monde. Les enfants grandissent trop souvent sansune telle aide et, une fois adultes, ils doivent composer avec lesconséquences physiques, émotionnelles et mentales de ne pasavoir eu de bons parents.

LA RÉÉDUCATION

Si, durant votre jeunesse, il se passait quelque chose dans votrefamille, quelque chose qui vous a empêché de recevoir desmessages aimants et positifs des adultes qui étaient importantspour vous, vous devez alors vous rééduquer. Vous vous faites dutort quand vous écoutez les voix de votre passé qui vous disentque vous ne valez pas grand-chose. La façon de sortir de cettetranse négative et de changer votre image de vous est de laisserintentionnellement derrière vous ces vieux messages et cesexpériences malheureuses. Une fois adulte, il est inutile de blâmervos parents. Vous devez revendiquer votre pouvoir et effectuervos propres choix.

Je vous recommande de commencer en apprenant à vousconnaître en tant qu’enfant. Dans votre esprit, séparez la personneque vous êtes aujourd’hui de l’enfant que vous étiez, et soyez prêtà aimer cet enfant divin comme s’il était ici, maintenant, parce quecet enfant existe vraiment… en vous. Même si vous trouvez celacomplètement fou, essayez tout de même. Faites semblant jusqu’àce que ce soit réel.

Utilisez cette méthode : trouvez des photographies de vous-même quand vous étiez enfant et placez-les là où vous passez lajournée afin de les voir quotidiennement. Je les appelle des espacessacrés. Tombez amoureux de cet enfant. Parlez-lui. Dites-lui qu’ilest en sécurité, qu’il est aimé et qu’il va devenir fort. Dites-lui

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combien c’est merveilleux qu’il soit né, qu’il est précieux et qu’il aune raison d’être dans votre vie.

Gardez l’image de cet enfant dans votre tête et dans votre cœurdurant toute la journée et, chaque fois que vous vous senteztroublé, anxieux ou effrayé, imaginez que c’est l’enfant quiéprouve ces sentiments. Demandez-vous ce que vous pourriezfaire pour réconforter cet enfant. Puis faites-le pour vous-même.Tout comme la faim vous pousse à aller chercher de la nourriture,utilisez ces sentiments pour vous inciter à nourrir votre vie commeelle en a besoin.

Chaque jour, après avoir rééduqué l’enfant en vous, donnezégalement cet amour à votre moi adulte. Si vous aviez une fille ouun garçon qui était intimidé quotidiennement par une enseignantedont les commentaires détruisent son estime d’elle-même, n’iriez-vous pas voir cette enseignante et n’insisteriez-vous pas pourqu’elle traite votre enfant avec gentillesse et respect ? Et sil’enseignante ne changeait pas son comportement, ne feriez-vouspas transférer votre enfant dans une autre classe où l’enseignanteencourage les enfants et fait de l’apprentissage une expérienceagréable ? S’il n’y avait pas d’autre classe disponible, ne retireriez-vous pas votre enfant de cette école ?

Faites de même pour vous-même maintenant. Parlez à votredirecteur injuste au travail ou à la personne qui vous traite mal.Dites-lui que vous l’aimez, mais que vous n’aimez pas la façondont il vous traite et que vous vous attendez à être traité avecrespect et gentillesse. S’il ne change pas son comportement, vouspouvez toujours quitter cet emploi ou cette relation. Placez-vousdans des situations où vous ne serez pas perturbé par lescomportements toxiques des autres. Parfois, vous ne pouvez paschanger votre vie, mais vous pouvez changer votre attitude.Quand votre santé est menacée, il est préférable de changer votrevie en quittant la situation, mais si c’est impossible, adopter uneattitude positive peut faire des merveilles. Quand vous choisissezle bonheur, cela influe sur tous les gens autour de vous.

Pendant que vous y êtes, parlez à la voix qui vous critique dans

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votre tête. Quand vous commettez une erreur, la voix dans votretête vous accuse-t-elle d’être stupide, sans valeur ou pas à lahauteur ? Si vous voyiez un enfant commettre une erreur, j’espèreque vous lui diriez :

— C’est beau ; tout le monde commet des erreurs. Les erreursfont partie de l’apprentissage.

Je connais une instructrice de golf qui dit à ses élèves de ne pasjuger leur élan avec le commentaire « Wow, c’était super ! » ou «Oh non ! C’était affreux ! ». Elle leur dit plutôt de s’entraîner à dire« C’est intéressant ». Cela donne à l’esprit la permissiond’apprendre de chaque élan sans avoir d’attentes ou d’exigences,d’une part, et sans avoir un sentiment d’échec, d’autre part. Cesdeux états d’esprit nuisent aux mécanismes d’apprentissage ducerveau.

Alors quand vous commettez une erreur, cessez de vous crieraprès. Soyez aussi tendre et gentil avec vous-même que vous leseriez avec un enfant. Utilisez les erreurs comme un outil et noncomme l’exemple humiliant d’un échec. Quand nous apprenonscomment ne pas accomplir une chose, nous pouvons la fairedifféremment la prochaine fois. Riez de vous-même, pardonnez-vous et passez à autre chose. Vous en avez le potentiel.

LES PROGRAMMES EN 12 ÉTAPES

Les gens n’ont pas été conçus pour vivre seuls. Nous sommes denature tribale et nous formons des communautés pour notresurvie biologique et psychosociale. Les gens qui se joignent à desgroupes d’individus qui sont confrontés à des défis semblablesaux leurs parviennent souvent à changer leur vie, surtout quandils se rencon-trent dans une ambiance où ils ne se sentent pas jugéset où ils sont anonymes. Quand des personnes qui ont vécu lamême expérience se réunissent, elles peuvent vraiment s’entraider.Celles qui n’ont pas vécu la même expérience ne comprennent paset elles vont faire des suggestions et des commentaires ouproposer des choses qui ne sont d’aucune aide.

En partageant notre expérience, nous pouvons nous entraiderpour surmonter les difficultés de la vie. Nous devenons des

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enseignants potentiels dès que nous nous retrouvons face à unemontagne. Dans les groupes des ECaP que j’anime, les liensformés entre mes patients durent des années et les gens ontl’impression de former une famille. Les familles que les gensadoptent sont souvent plus saines et elles jugent moins que cellesdans lesquelles nous sommes nés.

Les Alcooliques Anonymes ont été le premier programme en12 étapes et il a été créé par deux hommes qui ne réussissaient pasà cesser de boire malgré tous leurs efforts. De ses humbles originesen 1935 jusqu’à aujourd’hui, les AA sont passés à plus de deuxmillions de membres actifs en rétablissement aux quatre coins dela planète2. D’autres groupes en 12 étapes ont évolué à partir dugroupe d’origine : les Al-Anon et les Alateen s’adressent auxfamilles d’alcooliques, les ACA, aux enfants adultes d’alcooliques,les OA, aux outremangeurs anonymes, les GA, aux gamblersanonymes, etc. On trouve dans Wikipédia plus de 30 programmessemblables qui sont basés sur les 12 étapes et les 12 traditions desAlcooliques Anonymes d’origine.

Si vous semblez répéter dans votre vie les mêmes schémasnégatifs et que vous en avez perdu la maîtrise, trouvez unprogramme en 12 étapes dans votre région. Allez à une rencontreet écoutez. Vous serez étonné d’y trouver des gens qui ont unehistoire semblable à la vôtre et vous vous sentirez soulagé dedécouvrir qu’il existe un endroit où vous avez un sentimentd’appartenance.

Il y a des années, j’ai dit à des patients cancéreux qui n’avaientpas de groupes de soutien dans leur région d’aller à une rencontredes AA et de mentir à propos de la raison de leur présence.Certains membres des AA ont cru que ma démarche n’était pas labonne, mais les principes et les pratiques des AA sont reconnus etces personnes avaient besoin d’aide. Quand un thème est repris àde multiples reprises pour aider les gens à se rétablir, soyezcertain qu’il doit fonctionner — ou vous ne le retrouveriez pasdans la Bible, dans les enseignements de Bouddha ou à unerencontre d’un groupe de soutien.

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VIVEZ DANS LE MOMENT PRÉSENT

Ralentissez et ressentez vos émotions. Vivre dans la pleineconscience et dans le moment présent exige que vous soyezconscient de vos émotions et que vous les acceptiez comme étantvotre propre création. Ne fuyez pas vos émotions en vous tenanttoujours occupé, en vous distrayant ou en prenant des substancespour vous engourdir. Nous ne pouvons pas guérir ce que nous neressentons pas.

Après que j’eus exprimé ma colère à propos de problèmesfamiliaux que je ne pouvais pas résoudre et de toutes les maladiesque je ne pouvais pas guérir, ma grande amie Elisabeth Kübler-Ross m’a doucement dit lors d’un de ses ateliers :

— Tu as toi aussi des besoins.Je n’ai jamais oublié ces paroles et je les partage avec vous

maintenant pour que vous n’oubliiez jamais cette véritéimportante.

Nous emmagasinons nos émotions dans notre cœur. Même lescœurs transplantés retiennent des émotions et des messages de lavie du donneur. Quand vous évaluez différentes options et deschoix ou que vous prenez des décisions, laissez votre cœur vousservir de compas. Une femme m’a répété le conseil que son pèrelui avait donné. Avant de mourir, Fred Crocker a conseillé à safille de « suivre son cœur et d’utiliser son esprit pour emprunter lavoie que son cœur choisit ».

Laissez vos sentiments vous guider vers ce qui vous inspire.Laissez-les non seulement emplir vos poumons d’inspiration,mais aussi emplir de vie chacune de vos activités et vous procurerla joie d’avoir fait des choix créatifs. Acceptez que ce que vousressentiez à propos d’une chose dans le passé pourrait êtredifférent de ce que vous ressentez maintenant. Apprenez àconnaître et à honorer la personne que vous êtes aujourd’hui et nevous accrochez pas à ce qui ne vous sert plus. Vous devenez ainsile cocréateur de votre vie. J’aime me rappeler ce que ma mèredisait toujours quand je devais prendre une décision :

— Fais ce qui te rend heureux.

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Quand les choses ne se déroulaient pas comme je m’y attendais,elle me rappelait :

— Dieu t’envoie dans une autre direction. Il va en résulterquelque chose de bon.

Efforcez-vous de prêter attention au moment présent plutôtqu’au passé ou à l’avenir. Concentrez-vous sur votre respiration.Le simple fait de respirer est déjà positif en soi. Ne tenez pascompte des pensées des autres ; leurs pensées et leur attitude nevous concernent pas, pas même ce qu’ils pensent de vous. Votretâche est d’être le meilleur que vous pouvez être en ce momentprécis, de composer avec la situation présente, une petite étape à lafois. Et quand vous avez besoin d’aide, demandez-la. Comme ledit une de mes chansons préférées de Tom Hunter : « Tonight I’dlike you to rock me to sleep (Ce soir, j’aimerais que tu me bercesdans tes bras)3. »

Quand vous vivez dans le moment présent, vous commencez àprendre conscience qu’un monde parfait serait dénué de sens, carvous n’auriez aucun choix ou aucune possibilité d’évoluer.

HONOREZ QUI VOUS ÊTES

Vivez de manière authentique et ne jouez pas de rôle. Ne soyezpas le « pourvoyeur » ou la « maman » parce que si vous croyezque ce rôle correspond à qui vous êtes, votre vie n’a plus de sensquand vous ne pouvez plus travailler ou que vos enfantsgrandissent et quittent la maison. Il y a une histoire à propos d’unhomme qui était aux portes du paradis et qui demandait à entrer.

— Dis-moi qui tu es, lui a demandé Dieu.L’homme a pensé à sa femme et à sa famille, et à toutes les

personnes à qui il s’était efforcé de plaire. Il a pensé à son emploiimportant, à sa grosse maison et à sa voiture de luxe. Il a penséaux factures qui s’empilaient sur son bureau et à la croisière quesa femme et lui avaient planifié de faire. Toutes ces penséesl’entouraient et il avait beau s’efforcer, il ne pouvait se rappelerque les rôles qu’il avait joués. Il a fini par admettre :

— Je ne sais pas qui je suis.— Alors, tu n’es pas prêt à entrer, lui a répliqué Dieu en

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retournant l’homme dans son corps.Quand l’homme s’est remis de sa crise cardiaque, il a fait le vœu

de trouver son moi authentique.Au cours des années suivantes, il a appris que le cœur murmure,

ce qui signifie qu’il a appris à ralentir au moins une fois par jour, àdemeurer calme et immobile et à écouter. Il a cessé d’essayerd’impressionner les autres et il s’est plutôt intéressé aux chosesqu’il aimait faire. Il a pris le temps d’écouter les gens sans lesinterrompre ou les presser, et il a accordé de l’importance àl’amélioration de ses relations. Plus il se concentrait sur le momentprésent, plus il semblait accomplir de choses. Il a réussi à être auservice des gens de nombreuses petites façons, et quand toutes cespetites choses s’additionnaient, elles avaient un impact positifdans son entourage.

Avec le temps, il a constaté qu’il se sentait bien à propos de lui-même et les nouveaux comportements qu’il s’était efforcéd’adopter étaient maintenant devenus des habitudes. La vie et lamort ne l’effrayaient plus ; elles étaient plutôt le reflet de l’amouret de l’intégrité. Plusieurs autres années ont passé avant qu’il seretrouve de nouveau devant les portes du paradis.

— Dis-moi qui tu es, lui a demandé Dieu.— Je suis la plénitude. Je suis ton enfant divin. Je suis toi, a

répondu l’homme.— Bienvenue à la maison, mon enfant, lui a répondu Dieu.Et l’homme a été étreint par une lumière encore plus brillante

que le soleil.J’ai connu un adolescent qui m’a dit sur son lit de mort :

— Dites à Dieu que son remplaçant est ici.Il a été admis immédiatement.Cela me rappelle une de mes patientes qui souffrait

d’agoraphobie. Quand cette femme, qui avait été incapable dequitter sa maison pendant des années, a appris qu’il ne lui restaitque deux mois à vivre, elle a vu la lumière et elle s’est demandé : «À quoi ça me sert d’avoir peur ? » Elle est passée d’une personnequi vivait paralysée par la peur au point de ne pas pouvoir sortir

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sous la pluie à une femme qui s’est mise à faire du rafting ! Sesenfants étaient morts de peur, mais cela lui a également permis desurvivre à son cancer. Et une autre femme qui avait le mêmepronostic m’a envoyé une lettre qui se termine ainsi : « Et je nesuis pas morte ; et maintenant, je me tue à accomplir toutes sortesde choses. »

Vous pouvez maîtriser vos pensées et vos actions, alors prenez cepouvoir — c’est votre droit. Entraînez-vous à être la personne quevous voulez être et agissez chaque jour comme si vous étiez déjàcette personne. Si vous avez peur, imaginez que des bras aimantsvous étreignent avant que vous vous endormiez afin que lorsquevous vous réveillerez, vous pensiez immédiatement à cetteétreinte chaleureuse et réconfortante et vous chasserez votre peur.Ou si vous avez besoin d’un modèle quand vous doutez,demandez-vous : « Qu’est-ce que Lassie ferait (QQLF) ? »

TENEZ UN JOURNAL

Dans une étude menée auprès d’un groupe de personnes souffrantd’asthme, on a demandé à des individus de tenir, pendant unmois, un journal de leurs sentiments à propos de leursexpériences, tandis que ceux du groupe témoin devaientsimplement énumérer ce qu’ils faisaient chaque jour. Au boutd’un mois, ceux qui avaient noté leurs sentiments et leursexpériences se sont avérés être en meilleure santé et faisaientmoins de crises d’asthme que ceux qui n’avaient écrit que ce qu’ilsfaisaient chaque jour.

L’autre jour, alors que je fouillais parmi mes documents pourtrouver quelque chose, je suis tombé sur mes journaux datant d’ily a 25 à 35 ans. En tant que médecin, j’avais commencé à prendredes notes durant le jour à propos de ce qui me perturbait, puisquand je rentrais à la maison, le soir, je les retranscrivais dans monjournal. Peu de temps après avoir pris cette habitude, j’ai constatéque quand j’essayais d’écrire à propos de ce qui était arrivé durantla journée, j’étais incapable de me rappeler à quoi ces notesfaisaient référence. Je pouvais écrire « Enfant dans la salled’urgence » et, 12 heures plus tard, me demander : « De quoi est-il

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question, au juste ? » J’ai alors pris conscience que peu importe cequ’était la douleur, elle était en moi et je ne pouvais pas composeravec elle ; je l’enterrais donc dans mon corps. J’ai commencé à êtrehanté par les mots « un jour, mon corps va me le faire payer » etj’ai commencé à écrire des paragraphes entiers dans mes notes afinde pouvoir me rappeler ce qui me perturbait et de le noter dansmon journal.

Une fois que j’avais oublié de cacher mon journal, mon épousel’a trouvé et elle l’a lu.

— Bernie, il n’y a rien de drôle là-dedans, m’a dit Bobbie.— Qu’est-ce que tu veux dire ? Ma vie n’est pas drôle.Elle m’a alors rappelé des choses insensées qui étaient arrivées à

l’hôpital et qui avaient fait rire toute la famille quand je les avaisracontées. Je n’avais jamais noté ces histoires dans mon journal. Lecommentaire de Bobbie m’a encouragé à voir également les belleschoses qui se produisaient : tu reçois une étreinte ; tu reçois un peud’amour ; tu fais rire quelqu’un.

— Note également cela dans ton journal, m’a-t-elle dit.Et c’est ce que j’ai fait.Lorsque vous tenez un journal, vous demeurez conscient des

choses et votre inconscient sait alors que vous êtes prêt à composeravec ce qui vous tourmente. Nous avons tous besoin d’êtreentendus par quelqu’un d’attentionné. Pour que notre voixintérieure puisse nous parler, nous devons trouver une façon del’écouter. L’écriture nous donne un moyen de l’écouter. J’aisouvent fait référence à la remarque d’Helen Keller, qui a dit que «la surdité est un malheur beaucoup plus grand [que la cécité] ». Lecomportement de survie exige que vous sachiez ce qu’il y a dansvotre cœur, que vous révéliez ce qu’il y a dans votre inconscient etque vous ressentiez vos émotions. Notez-les sur papier — c’estainsi que vous allez apprendre à vous connaître.

L’ÉCOUTE BIENVEILLANTE

Quand vous faites de l’écoute bienveillante, vous utilisez votrelangage corporel pour montrer que vous prêtez attention. Quandvous regardez la personne droit dans les yeux et que vous ne

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l’interrompez pas, et que vous penchez légèrement votre corpsvers elle et que vous hochez ou penchez la tête en guise de réponseappropriée, vous assurez à la personne qui parle que vousl’écoutez et que vous entendez ce qu’elle dit. L’écoute est unebonne habitude à adopter. Quand vous écoutez les autres, ilsfinissent par se connaître et vous en êtes redevable, même si toutce que vous avez fait, c’est écouter.

Des gens m’ont remercié de leur avoir été utile alors que jen’avais rien dit. Par exemple, au début, quand nos enfantsvenaient me voir et me disaient :

— Papa, j’ai un problème.Je répondais en donnant un conseil tel que :— D’accord, lis ce livre ou va voir cette personne ou prends ce

médicament.Et ils répondaient toujours :— Tu ne m’aides pas.Mais par la suite, quand ils venaient me voir et me disaient :— Papa, j’ai un problème.Je leur demandais :— Raconte-moi.Puis, je demeurais assis et je les écoutais durant 20 à 30 minutes

et quand ils avaient fini, ils disaient :— Merci, papa. Tu m’as beaucoup aidé.Et qu’avais-je dit durant tout ce temps ? Rien d’autre que « hum

hum » d’un ton empathique ou compréhensif. Pourquoi celafonctionnait-il ? Parce que quelqu’un les avait écoutés.

Une femme est venue me raconter son problème et je n’ai rien ditpendant 90 minutes. Quand elle a eu fini, elle m’a dit :

— C’est une des conversations les plus significatives que j’aieues dans ma vie.

Elle s’était parlé à elle-même et c’était significatif.Alors, tenez un journal. Écoutez. Prêtez attention à vos

sentiments. Soyez authentique.

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Chapitre 10LES MOTS PEUVENT TUER OU GUÉRIR

Nous apprenons que les mondes sont faits de mots et pas seulement de marteaux etde fils électriques.— JAMES HILLMAN

Il y a de nombreuses années, on m’a demandé de voir une jeunefemme qui, selon tout le monde, souffrait d’une appendicite. Jen’étais pas d’accord avec le diagnostic et après l’avoir observée,j’ai compris que son problème était une rupture d’un kysteovarien, ce qui ne nécessitait aucune opération. Quelques annéesplus tard, la jeune sœur de cette femme, une musicienne douée, atrébuché dans la maison et est tombée dans le foyer, se brûlantgravement les mains, les bras, la poitrine et le cou. Quand elle aété transportée à la salle d’urgence de l’hôpital Yale-New Haven,ses parents ont demandé à ce que je prenne soin d’elle.

Ses mains étaient très abîmées et elle était profondémentdéprimée de savoir que cela mettrait fin à sa carrière musicale. Jel’ai admise à l’unité des grands brûlés de l’hôpital et, chaquematin, je débridais ses plaies et elle me criait :

— Je vous hais.Ses paroles m’ont vraiment fait remettre en question la raison

pour laquelle j’étais devenu médecin. Je me suis demandé si jevoulais continuer, si c’était la réaction que les patients avaientenvers moi quand j’essayais de les aider à guérir. (Des années plustard, sa mère m’a dit qu’un matin, j’avais dit à sa fille : « Madeline,peut-être qu’un jour, tu vas m’aimer. » Je ne me souviens pas dece moment, mais sachant comment j’agis, j’ai sans doute dit celapour atténuer mon propre chagrin et ma frustration.)

Une journée d’été, alors qu’il faisait plus de 32 °C, Madeline estvenue dans mon bureau pour sa visite de routine. Elle portait unmaillot à col roulé avec de longues manches. Je lui ai demandépourquoi elle était vêtue ainsi par une journée aussi chaude et ellea répondu :

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— Parce que je suis laide.Elle m’a également dit qu’elle se cherchait un emploi d’été. Je lui

ai dit :— Oh ! Je connais une maison de retraite qui a besoin de

quelques préposés. Si je peux te trouver un emploi, est-ce que celat’intéresse ?

Elle a accepté, alors j’ai entrepris des démarches et je l’ai rappeléequelques jours plus tard pour lui transmettre l’information. Jesavais qu’elle devrait porter un uniforme qui révélerait toutes sescicatrices aux personnes âgées dont elle prendrait soin.

À la fin de l’été, Madeline est venue me voir pour sa visite et jelui ai demandé comment cela s’était passé au travail. Elle m’arépondu :

— J’adore mon travail. Et personne n’a remarqué mes cicatrices.— Quand tu donnes de l’amour, tu es magnifique, lui ai-je dit.Elle m’a regardé et son regard s’est éclairé : elle venait de

comprendre.Madeline a suivi une formation d’infirmière et, peu de temps

après avoir obtenu son diplôme, elle m’a appelé.— Docteur Siegel, je vais me marier, mais mon père est décédé il

y a deux ans. Voudriez-vous jouer le rôle de mon père à monmariage ?

Je peux encore sentir les larmes que j’ai versées quand elle me l’ademandé. Après m’avoir crié qu’elle me haïssait quand ellesouffrait, elle me disait maintenant des paroles d’amour. Bienentendu, j’ai accepté et le plus beau cadeau que j’ai reçu estlorsque nous avons dansé après la cérémonie sur l’air de lachanson de Kenny Rogers « Through the Years ». C’était la façonde Madeline de me dire qu’au fil des années, et surtout quand ellesouffrait en raison de son état, je ne l’avais jamais laissée tomber etje l’avais aidée à reprendre sa vie en main. Cela m’a aidé à guérirtoute une vie de blessures accumulées dans mes fonctions.

Un homme a suggéré à son amie qu’elle pourrait changer leschoses négatives dans sa vie en changeant simplement ses paroles.Il lui a dit :

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— Au lieu de dire « je dois payer les factures ou je dois allertravailler », essaie de dire « je vais payer les factures ou je vais allertravailler ».

Son amie a essayé et elle a constaté que sa vision des choses avaitchangé ; au lieu de ressentir du ressentiment et de l’inquiétude,elle ressentait de la gratitude et se sentait bénie. Elle a prisconscience que tous les aspects de sa vie, des petites tâchesennuyeuses aux grandes difficultés, étaient des cadeaux. Le simplefait de changer un mot a changé sa vie. Un mot : c’est puissantn’est-ce pas ?

Il y a de nombreuses années, un de nos enfants a rapporté à lamaison une toile qu’il avait peinte dans son cours d’art. Il avaitcouvert toute la toile avec un mot : « mots ». En tant quechirurgien, je sais qu’il est possible de tuer ou de guérir avec unelame ou un scalpel. Mais ce qui m’a immédiatement frappé envoyant l’image sur la toile est qu’il est possible de tuer ou deguérir avec des mots quand les mots deviennent une arme.

On n’enseigne pas aux médecins à communiquer avec lespatients. Parce qu’ils ont peur d’être poursuivis, ils expliquent auxgens tous les effets indésirables de la thérapie et ne mentionnentjamais les bienfaits. Chaque fois que j’entends une publicité à latélévision qui mentionne comment la pilule peut vous tuer, je medemande pour-quoi quelqu’un voudrait l’essayer. De même, pourne pas être poursuivi, un hôpital avait l’habitude d’informer lespatients des risques et des complications possibles d’une chirurgie— juste avant qu’ils entrent dans la salle d’opération. Le tauxd’arrêt cardiaque chez ces patients était plus élevé.

J’ai commencé à prendre conscience que ce qu’un patient croit estbeaucoup plus important que le diagnostic. Une histoire qui m’aété rapportée à propos du psychiatre Milton Erickson résumed’une certaine manière cette idée. Un jour, il rencontrait unepatiente qui avait besoin de recevoir des commentaires positifs.Après avoir écrit quelque chose dans son dossier, il lui a demandéde l’excuser et il est sorti de la pièce durant une minute, en laissantle dossier ouvert sur son bureau. La patiente y a jeté un coup d’œil

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et elle a lu les mots « progresse bien ». C’était tellementthérapeutique. Ces deux mots l’ont aidée à croire en elle et lui ontdonné l’élan dont elle avait besoin pour poursuivre sa thérapie.

En prenant conscience du pouvoir des mots, j’ai commencé àprêter davantage attention à ce que je disais dans la salled’opération et j’ai même changé de petites choses, commepréparer un enfant en vue d’une injection. Plutôt que de lui direque cela allait le piquer comme une abeille, je parlais plutôt de lapiqûre d’un moustique. Quand un anesthésiologiste mentionnaitau patient qu’il « ne sentirait plus rien », je demandais au patient :

— Quand avez-vous eu le nez bouché pour la dernière fois ?Et le patient souriait.Durant une opération, je demandais à mes patients d’éloigner le

sang de la zone opérée et de ne pas saigner pendant l’opération.Avant qu’ils se réveillent, je leur disais :

— À votre réveil, vous vous sentirez bien et vous aurez soif etfaim.

Par la suite, voyant que mes patients avaient tous commencé àprendre du poids, j’ai modifié ma phrase en ajoutant :

— …mais vous ne viderez pas votre assiette.C’est mon expérience en tant que chirurgien pédiatrique qui m’a

vraiment ouvert l’esprit par rapport au pouvoir des mots. Pourrassurer les enfants qu’ils ne ressentiraient pas de douleur durantl’opération, je leur disais dans la salle d’urgence :

— Tu vas t’endormir en entrant dans la salle d’opération.J’ai été renversé de voir des enfants s’endormir pendant qu’on

les transportait dans la salle d’opération. Un garçon s’est mêmeretourné sur le ventre et il s’est endormi au moment où nousavons pénétré dans la salle d’opération. Quand je l’ai retournépour pouvoir pratiquer une appendicectomie, il s’est réveillé et ilm’a dit :

— Vous m’avez dit que j’allais dormir et je dors toujours sur leventre.

Nous avons dû faire un compromis.Puis, avant d’effectuer une prise de sang, j’ai commencé à mentir

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à de plus en plus d’enfants, à des fins thérapeutiques bienentendu, en frottant sur leur bras une éponge imbibée d’alcool eten leur disant :

— Cela va insensibiliser ta peau.Un tiers d’entre eux ne ressentaient absolument rien, tandis que

les autres trouvaient l’expérience moins effrayante oudouloureuse, tout en me disant que cela n’avait pas fonctionné. Jem’excusais alors et j’en rejetais le blâme à l’éponge imbibéed’alcool.

Avec la collaboration des parents, nous avons également réduitles effets indésirables de leur traitement quand nous avons dit queles vitamines étaient en fait des pilules pour faire pousser lescheveux, pour prévenir les nausées ou soulager la douleur, et lesenfants ont réagi en ce sens.

Je connais une femme qui avait des nausées après sachimiothérapie. Elle a demandé à sa fille de lui donner uncomprimé de Compazine, car elle ne portait pas ses lunettes. Safille lui a donné le comprimé et elle n’a plus ressenti de nausées.Quelques heures plus tard, alors qu’elle portait ses lunettes, elle ademandé un autre comprimé. Quand elle l’a vu, elle a dit à safille :

— Ce n’est pas mon Compazine ; c’est mon anticoagulantCoumadin.

— Eh bien, maman, il t’a soulagée la dernière fois que je te l’aidonné, a répondu sa fille.

Elles ont été impressionnées que le pouvoir de suggestion puissesusciter des changements dans le corps, même quand ce n’étaitpas intentionnel.

Je préférerais mentir pour son bien à un patient que lui énumérerles effets indésirables d’un traitement et ainsi les provoquer parceque ce que les gens entendent de la bouche d’une figure d’autoritéa un effet encore plus grand. Quand je devais absolument parlerdes effets indésirables, j’ajoutais que ce n’était pas tout le mondequi les ressentait, tout comme tout le monde n’est pas allergiqueaux arachides.

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Notre corps réagit à ce que nous croyons. On a dit à une femmequ’elle était en phase terminale d’une leucémie et qu’elle perdraitson temps à parcourir des centaines de kilomètres pour venirrecevoir de la chimiothérapie étant donné qu’elle se sentiraitseulement plus mal. Sa cousine, une infirmière auxiliaire, meconnaissait et lui a dit de venir se faire traiter à l’hôpital NewHaven parce que « le docteur Siegel aide toujours les gens à sesentir bien ».

J’ai fait admettre la femme à l’hôpital sans savoir que sa cousineavait fait ce commentaire. Je me suis assis sur le lit de la patiente etje lui ai expliqué que j’allais demander à un collègue oncologue devenir l’examiner, car je ne pouvais pas traiter la leucémie aumoyen de la chirurgie. Puis, je l’ai serrée dans mes bras et je suisallé appeler l’oncologue. Plus tard, il m’a dit qu’il corroborait lediagnostic de son médecin, mais qu’il lui donnerait un traitementpour qu’elle ait l’impression qu’il y avait de l’espoir. Après lesséances de chimiothérapie, il m’a remis des notes qui, au début,portaient le commentaire « progresse bien » et, à la fin, « enrémission complète ». Plus tard, j’ai appris qu’elle avait dit :

— Quand docteur Siegel m’a serrée dans ses bras, j’ai su quej’allais guérir.

En découvrant le pouvoir des mots, j’ai fait de ceux-ci des outilsthérapeutiques. Utilisant l’humour et ma technique du paradoxe,j’ai réussi à rajuster les pensées et les sentiments des gens. Durantde nombreuses années, j’ai été le chirurgien de la police, à NewHaven, au Connecticut, et j’ai eu l’occasion de connaître un grandnombre de policiers dans le cadre de mon travail. Un jour, unpolicier que je connaissais m’a appelé à mon bureau. Quand j’aisaisi le combiné, il m’a dit :

— Docteur Siegel, je vais me suicider.Je lui ai répondu :— Jimmy, si tu te suicides, je ne t’adresserai jamais plus la

parole.Il a raccroché et, 15 minutes plus tard, il était dans mon bureau,

bouillant de colère et hurlant que j’étais insensible et que je me

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fichais de lui alors qu’il avait tenu son fusil dans sa bouche.— Et as-tu remarqué que tu n’es pas mort ? lui ai-je demandé.Il a alors éclaté de rire et nous sommes devenus de bons copains.Vous rappelez-vous quand vous étiez enfant et que quelqu’un

vous a crié des noms ? Vous lui avez sans doute répondu :— La pluie de tes insultes n’atteint pas le parapluie de mon

indifférence.Je peux vous le dire maintenant : ce proverbe est faux. Les mots

peuvent réellement blesser et causer beaucoup de dommages. Lesmots peuvent tuer ou ils peuvent guérir. Les mots, en particulierceux prononcés par les figures d’autorité dans notre vie, ont lepouvoir de nous tourmenter et de modifier notre vie.

La façon dont vous percevez une chose détermine comment elleva fonctionner pour vous et le choix des mots utilisés joue un rôledans votre perception. Imaginez quatre substances utilisées enchimiothérapie dans le cadre d’un protocole nommé à partir de lapremière lettre de chaque médicament : EPOH. Un oncologue anoté qu’en inversant les lettres, il obtenait le mot HOPE (espoir, enanglais). Il a donc changé le nom du protocole pour ses patients etun plus grand nombre de ceux-ci ont bien réagi au traitement.

L’enseignante d’une enfant en première année a critiqué le dessinde celle-ci en disant qu’elle n’allait pas l’afficher avec les autres enraison de la façon dont elle avait utilisé la couleur violet. Endeuxième année, quand un autre enseignant lui a demandé defaire un dessin, l’enfant a laissé la feuille blanche. Il s’est approchéd’elle, il a posé sa main sur sa tête et lui a dit :

— Une tempête de neige. Comme tout est immaculé, blanc etmagnifique !

Ses paroles lui ont donné la permission d’être de nouveaucréative et cette expérience l’a plus tard inspirée à écrire un poèmeintitulé « Violet ». Vous pouvez lire le poème d’Alexis Rotella dansmon livre Love, Magic & Mudpies.

Les perceptions que nous avons par rapport à certains motspeuvent aussi toucher les animaux. Une famille a adopté un vieuxchat rescapé qui avait été tellement traumatisé par ses expériences

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auprès des êtres humains qu’il ne pénétrait jamais dans une piècequand il y avait des gens. Il n’allait manger que lorsque la familleétait couchée. Après avoir essayé en vain pendant des mois degagner sa confiance, ils ont consulté un médium qui communiqueavec les animaux et lui ont dit que le chat s’appelait Spooky(Peureux).

— Changez son nom pour quelque chose de macho, a-t-ellesuggéré. Vous lui avez donné un nom qui reflète que vous vousattendez à ce qu’il ait peur.

Ils ont renommé le chat Rambo. Son comportement a presqueaussitôt commencé à changer. La famille a raconté que Rambocirculait non seulement dans la maison quand ils étaient éveillés,mais qu’il dormait aussi avec eux, dans leurs lits, plutôt que derester au rez-de-chaussée.

Quand Betty Crocker a appris qu’elle souffrait d’un cancer dusein de stade 4, en 1962, son médecin lui a dit qu’elle était en phaseterminale.

— Combien de temps me reste-t-il à vivre ? a-t-elle demandé.— Six mois, lui a-t-il répondu.Imaginez l’impact que ces mots ont eu sur elle. Ses deux petites

filles seraient bientôt privées de leur mère. Betty est rentrée chezelle, résignée à mourir, mais son mari a dit qu’ils devraient obtenirun deuxième diagnostic.

Le mari de Betty est allé au Yale Cancer Center et il a demandéqu’un médecin de l’équipe des oncologues examine sa femme.Durant les examens, Betty a raconté comment son mari et elleétaient tombés amoureux lors d’une soirée animée par un grandorchestre de musique de danse. Elle s’est rappelé combien Fred etelle s’amusaient à leur club de danse préféré et que les gensquittaient le plancher de danse afin de regarder le couple danser.

Betty a conservé une façade joyeuse durant tous les examens et,après, elle a attendu les résultats, mais Fred savait qu’elle étaitterrifiée pour ses deux filles. Elle lui a admis que les paroles dupremier médecin, c’est-à-dire « terminale » et « six mois », luiavaient presque enlevé tout espoir de survivre. J’ai vu des gens

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mourir au bout d’une semaine quand ils avaient perdu espoir.Quand ils se sont assis dans le bureau de l’oncologue du Yale

Cancer Center, le médecin l’a regardée et lui a souri :— Betty, vous n’allez pas mourir dans six mois. Dans six mois,

vous allez de nouveau danser.Les paroles du médecin lui ont redonné de l’espoir. Six mois plus

tard, Betty a enfilé une robe neuve et ses chaussures de danserouges. Ses filles ont regardé, tout excitées, leurs parents sepréparer pour leur grande sortie. Des années plus tard, j’ai eul’occasion de travailler avec une des filles de Betty. Elle m’a dit :

— Je me rappelle encore comment papa était heureux et combienmaman était belle, ce soir-là. Ils étaient comme un couple dejeunes qui allaient à leur premier rendez-vous amoureux. Cemédecin avait donné à maman la permission de vivre. Je suiscertaine que c’est grâce à lui qu’elle est restée parmi nous pendanttrois autres années. Je ne le remercierai jamais assez.

De « terminale » et « six mois » à « danser » et « vous allez vivre» : voilà le pouvoir des mots. Si votre médecin ou votreprofessionnel de la santé ne croit pas que vous allez vous rétablir,virez-le. Trouvez quelqu’un qui croit aux miracles, quelqu’un quicroit en vous.

LES AFFIRMATIONS

Un entraîneur encourage son équipe avec des phrases telles que «vous pouvez le faire » et « allez sur le terrain et soyez à la hauteurde votre plein potentiel » parce qu’il sait que ses paroles vontrésonner dans l’esprit des joueurs quand ils vont affronter leursadversaires. Ses encouragements peuvent favoriser ou détruirel’esprit d’équipe et c’est souvent ce qui détermine s’ils vontfournir ou non leurs meilleurs efforts.

Un bon entraîneur est conscient que la clé consiste à savoir quevous avez fait de votre mieux et que vous n’êtes pas un perdant sivous ne gagnez pas la partie. Les perdants ont peur de courir desrisques, que ce soit face à une maladie ou à un adversaire, et ilsvivent dans la culpabilité, le blâme et la honte. Ne donnez pas dupouvoir à vos ennemis en vous concentrant sur l’idée de les battre,

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mais donnez du pouvoir à votre effort en faisant de votre mieux et encroyant en vous-même.

Les affirmations les plus efficaces sont brèves et positives ;comme les mantras, elles sont faciles à se rappeler et elles laissentcroire qu’une chose s’est déjà produite. Au lieu de « Je vais merétablir de ce cancer », une affirmation plus efficace serait : « Moncorps rayonne de santé. » Cette affirmation vous permet de voirvotre vrai potentiel, votre nature divine, et elle ne se concentre passur ce qui ne va pas, mais sur ce qui est en vous. Quand vousl’imaginez, votre corps réagit comme si la chose se produisait déjà.

Notre Créateur a donné à toutes les créatures vivantes l’habiletéde survivre. Les blessures guérissent, les bactéries résistent auxantibiotiques, les virus résistent aux antiviraux et les arbresrésistent aux parasites parce que nous avons tous l’habileté demodifier nos gènes et de survivre. Pour faire l’effort nécessairepour survivre, votre corps a besoin de savoir que vous l’aimez etque vous aimez votre vie.

Déterminez les affirmations négatives que vous pourriezentretenir dans votre esprit. Pour chacune, écrivez une affirmationpositive qui vous aide à renverser la pensée négative. Si vous vousinquiétez à propos d’une chose ou si vous essayez sans succès demanipuler des gens ou des situations, essayez l’affirmation : « Jelâche prise et je m’en remets à Dieu. » Si vous êtes confronté à unobstacle important, essayez : « Un jour à la fois. » Le simple fait denoter par écrit l’affirmation « Pour aujourd’hui seulement, jevais… » (par exemple « rester sobre » ou « pratiquer l’écoute »)donne de la force à l’intention qui se cache derrière votre décisiond’agir différemment. Si vous souffrez d’un manque d’estime devous, essayez : « Je suis parfait tel que je suis. » Si vous manquezde confiance en vous, écrivez : « Je réussis tout ce qui me tient àcœur. »

Rappelez-vous que le fait de ne pas être à la hauteur de votreaffirmation ne constitue pas un échec. Votre but est de fairesemblant jusqu’à ce que ce soit réel. Agissez et comportez-vouscomme si vous étiez la personne que vous désirez devenir et

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continuez de vous exercer. Trouvez aussi des conseillers de viepour vous aider.

Parfois, un simple mot peint sur le mur ou gravé dans une pierreest une puissante affirmation. Des mots tels que Foi, Paix,Gratitude, Rire et Adoré peuvent vous aider à mieux vous aimer.Affichez-les partout dans votre maison et à votre travail. Notremaison est emplie de maximes que nous appliquons dans notrevie. Un exemple de maxime pour mener une belle vie est unecitation de Lao-tseu : « Sois content de ce que tu as ; réjouis-toi dela réalité telle qu’elle est. Quand tu comprends que rien nemanque, le monde entier t’appartient1. » Vous pouvez aussiafficher la prière de la sérénité et la lire à voix haute. Gardez àportée de la main un jeu de cartes d’affirmations et lisez-enplusieurs fois par jour. Même les paroles d’une chanson peuventapaiser, encourager et inspirer.

Alors, soyez créatif, achetez de la peinture et écrivez un tendremessage pour vous sur le mur devant lequel vous passez le plussouvent. Sur mon mur, j’ai un portrait de mes parents ; ils meregardent donc toujours et je ne veux pas les décevoir. Apposezune affiche « Bienvenue » au-dessus du miroir de votre salle debain et, chaque matin, regardez-vous dans les yeux et souhaitez-vous la bienvenue : « Salut, soleil ! Bienvenue dans cette journée !»

Chaque matin que le jour se lève, vous êtes comme une toilevierge. Tout comme la nature peint l’horizon, vous créez uneœuvre d’art, alors ayez toujours davantage de couleurs sur votrepalette et faites des retouches jusqu’à ce que vous soyez satisfaitdu résultat.

LES AFFIRMATIONS SUBLIMINALES

Un esprit calme a de meilleures chances de réfléchir clairement àune question et de trouver un remède. Si vous avez besoin d’aidepour commencer, vous pouvez utiliser un CD que j’ai créé à cettefin : Finding Your True Self: Audible and Subliminal Affirmations toDevelop Your Personal Sense of Inner Peace and Wisdom. Des étudesdémontrent que les affirmations subliminales et la méditation sont

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une manière facile et efficace de surmonter les freinspsychologiques et de vous procurer une meilleure santé et dubonheur dans votre vie. Choisissez un moment particulier et unendroit où vous ne serez pas dérangé durant votre thérapie. Dansdes situations stressantes, vous pouvez aussitôt faire appel à votrepaix intérieure et mettre fin au stress.

DANSEZ UNE NOUVELLE DANSE

Les paroles et les images négatives emplissent notre esprit à un sijeune âge qu’il faut faire des efforts conscients pour nous endébarrasser plus tard et changer ces croyances. Parfois, nous nousapitoyons sur nous-mêmes et nous croyons que nous ne sommespas assez bons ou que nous ne méritons pas d’être heureux.Quand cela se produit, nous avons besoin de faire jouer unecassette différente, d’apprendre une nouvelle chanson et de danserune nouvelle danse.

Sharon avait été élevée dans une maison où la maladie mentalede sa mère l’empêchait de transmettre à Sharon des messagesd’amour, des messages qui aideraient à définir sa valeurpersonnelle et son estime d’elle-même. Même si Sharon a fini parêtre capable de comprendre sa mère et de lui pardonner, elle étaitincapable de croire en sa propre valeur, de se voir comme unepersonne qui méritait d’être aimée. Quand nous intériorisons nossentiments négatifs et que nous essayons de plaire à tout le mondepour avoir l’impression d’avoir de la valeur, nous perdons notrevie authentique. Je n’ai donc pas été surpris que Sharon contracteun cancer du sein à un jeune âge et qu’elle subisse unemastectomie suivie d’une chimiothérapie, ni qu’elle ait été abattuepar une dépression durant et après son traitement.

En tant que médecin, je peux vous dire que les sentiments qu’elleavait à propos de sa valeur personnelle menaçaient davantage savie que n’importe quel cancer ou traitement de chimiothérapie. Unjour, le thérapeute de Sharon lui a suggéré de noter chaque jourses bénédictions. Chaque fois que quelqu’un se montrait gentilavec elle, elle devrait le noter. Si quelqu’un l’appelait ou luienvoyait une carte, ou même si un étranger lui ouvrait la porte ou

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déposait une pièce de 25 cents dans son parcomètre — peuimporte si le geste de gentillesse était petit ou grand —, elle étaitcensée le noter.

Sharon s’est acheté un journal et elle a commencé à noter leschoses attentionnées et gentilles que les gens lui disaient oufaisaient pour elle. Plus elle a pris conscience des gentillesses, pluselle s’est sentie positive. Et elle a commencé à poser des gestesgentils envers les autres, souvent à leur insu. Les semaines et lesmois ont passé et Sharon a empli les pages de son journal ennotant non seulement les gestes de gentillesse, mais aussi toutesles bénédictions qu’elle recevait dans sa vie. Deux ans après lamastectomie, Sharon a lu ses journaux et elle a pris consciencequ’elle avait non seulement de la chance d’être de nouveau ensanté, mais aussi combien elle se sentait aimée. De plus, elle avaitacquis une meilleure estime d’elle-même. Maintenant, elle sait quequand elle pénètre dans une pièce, les gens sont sincèrementheureux de la voir. Le fait de noter les choses positives plutôt quede focaliser sur les choses négatives a complètement changé sa vie.

Les études démontrent que lorsqu’une personne pose un gestegentil envers une autre personne ou un animal, les deuxéprouvent un doux sentiment d’appartenance causé par lasécrétion d’endorphines et des hormones de l’attachement, cessubstances chimiques du bien-être qui font en sorte que votrecorps souhaite vivre. Non seulement la personne qui pose le gesteet le bénéficiaire en profitent, les témoins de la gentillesseégalement ; ils sécrètent les mêmes hormones. C’est commeapporter une bougie allumée dans une pièce sombre. La bougiebrille à l’intérieur de sa propre aura, mais toute la pièce reçoit unepartie de sa lumière.

ADOPTEZ UNE ATTITUDE DIFFÉRENTE

Chacun d’entre nous est ici sur la Terre pour donner à notre âmeune occasion d’évoluer et pour être au service des gens sur quinotre vie a un impact. Il est donc logique d’adopter une attitude ence sens. Quand vous êtes confronté à des difficultés et que vousvous demandez « Que vais-je apprendre de cette expérience ? »,

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les choses vont changer pour vous. Ces sentiments et cesévénements vont vous aider à évoluer et à enrichir votre vie. Etquand vous aimez votre vie et votre corps, ce dernier va tout fairepour vous maintenir en vie. Quand vous souffrez d’un malaisephysique, d’une douleur ou d’un bouleversement émotionnel, uneautre façon de voir les choses est de vous demander : « Qu’est-cequi doit changer pour que je vive une expérience différente ? »

Parfois, le changement que nous devons accomplir nécessite quenous soyons honnêtes avec nous-mêmes sur le plan émotionnel.Un bon exemple d’une malhonnêteté émotionnelle est lorsqu’onvous demande d’assister à un événement social ou d’assumer unenouvelle responsabilité et que vous vous dites que vous ne voulezpas le faire, mais que votre bouche répond : « Oui, d’accord. » Il ya une différence entre la soumission et la politesse. Vous pourriezavoir des ennuis à force d’essayer de plaire à tout le monde.Rappelez-vous que tout comme il est bénéfique d’exprimer unecolère appropriée, vous avez le droit de refuser de faire ce quevous ne voulez pas faire. J’aime me rappeler ce qu’un professeurd’anglais m’a déjà dit :

— « Non » est une phrase complète.Quand vous apprenez à dire non, vous ressentez le merveilleux

sentiment d’exprimer votre pouvoir. Plutôt que d’assister à unévénement où vous ne souhaitez pas aller, apprenez à dire :

— Merci. Je n’irai pas, mais j’apprécie beaucoup l’invitation.À la personne qui insiste pour que vous vous engagiez à

accomplir une tâche, apprenez à dire :— Merci de me le demander, mais je dois refuser. Je suis déjà

assez occupé.Si les gens vous surprennent dans un moment de faiblesse et que

vous avez de la difficulté à refuser, utilisez une autre stratégie.Dites à la personne que vous devez réfléchir et que vous allez luirépondre plus tard. Puis, trouvez quelqu’un avec qui vous pouvezvous exercer à dire non. Dès que vous vous en sentez capable,appelez la personne ou envoyez-lui un courriel. Ne laissez pas lesautres décider comment vivre votre vie. C’est vous qui décidez ce

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que vous voulez. Soyez à l’écoute de votre cœur.L’ORDONNANCE DU MÉDECIN

Remarquez combien de fois vous dites « je dois » ou « je devrais ».Chaque fois que vous vous entendez utiliser ces mots, répétezl’affirmation, mais changez « je dois » ou « je devrais » par « jevais ». Remarquez à quel point vous vous sentez différent selonl’expression que vous utilisez. Par exemple :

Avec « je dois payer les factures », je me sens anxieux et tendu.Avec « je vais payer les factures », je me sens reconnaissant et

investi de mon pouvoir.Prenez l’habitude de le faire chaque jour durant un mois et

observez ce qui se produit par rapport à votre vision des choses età votre humeur générale. Demeurez conscient du langage quevous utilisez et incorporez des mots positifs dans vos pensées etdans vos conversations quotidiennes pour que les « je ne peux pas» deviennent « je peux ».

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Chapitre 11CHOISISSEZ LA VIE

Quand votre réponse est « la paix dans le monde », vous allez trouver la paixintérieure. Transcendez le niveau personnel et choisissez la vie pour tout le monde.

— BERNIE SIEGEL

Je crois que tout mon respect pour la vie et les êtres vivants mevient de la valeur que mon père accordait aux choses vraimentimportantes : la confiance, la foi, l’espoir et l’amour. Mon pèren’avait que 12 ans quand il a appris combien la vie était précieuseet précaire. Son père est mort de la tuberculose, laissant ma grand-mère et ses six enfants dans une situation désespérée.

La vie n’est pas injuste, mais elle est difficile. Devenir plus fortdans des situations difficiles n’est ni simple ni agréable. Noussommes constamment mis à l’épreuve par les situations et lescirconstances positives et négatives. Et c’est ce processus qui nousmodère et nous rend plus forts si nous adoptons une attitude et uncomportement en faveur de la vie. Souvent, nous ne décidons dechoisir ce qui est le mieux pour notre vie que lorsque noussommes confrontés à un cancer ou à une autre maladie, à undivorce ou à une perte de tout genre.

Quand nous sommes coincés dans un mode de vie uniquementpour nos enfants ou notre conjoint, ou même pour l’entreprise quinous emploie, nous dévions de notre vrai parcours. Nous devonstous vivre notre vie authentique et unique, et non pas remplir unrôle. J’ai connu une mère de neuf enfants qui disait :

— Je ne peux pas mourir avant qu’ils soient tous mariés et qu’ilsaient quitté la maison.

Quand son neuvième enfant a quitté la maison 20 ans plus tard,son cancer a réapparu et elle est morte. Plutôt que de vivre pourvos enfants, vivez pour l’enfant en vous. Puis, quand vos enfantsvont quitter la maison, vous ne mourrez pas en raison d’une viequi n’a plus de sens pour vous.

Un des miracles de la vie est que nous pouvons choisir en tout

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temps de revenir sur le bon chemin pour accomplir notre missionde vie. Vous vous demandez peut-être : « Comment est-ce possible? »

Cela ne veut pas dire que nous devrions abandonner notrefamille et cesser de travailler, mais que nous devrions trouver unéquilibre entre agir pour les autres et agir pour nous-mêmes. Il estplus facile de survivre quand vous trouvez un sens à votre vie etque vous apprenez à dire oui à ce qui vous rend heureux et nonaux choses que vous ne voulez pas faire. Nous sommes alors prêtsà recevoir moins d’argent pour le bon emploi ou à courir un risqueet à accomplir une chose qui nous passionne.

Vous devez commencer par croire en vous-même et être confiantpar rapport à tout ce que vous intégrez dans votre vie, et quandvous êtes malade, par croire à ce que vous choisissez en guise dethérapie. Vous devez être conscient de vos désirs profonds et devotre moi supérieur. C’est comme si vous aviez le bon Dieu et quevous donniez de l’amour à votre façon. Vous vous concentrezalors sur le fait de vivre une vie guérie plutôt que d’éviter la mort.

Karen et son mari avaient des carrières très bien rémunéréesdans le milieu de la finance jusqu’à ce que son mari, alors à peinedans la quarantaine, tombe malade, souffrant apparemment d’uncancer en phase terminale. Ils ont pris leur préretraite, ont venduleur appartement, se sont acheté une terre et ont commencé àcultiver des baies. Ils avaient parlé de le faire à leur retraite, maisaprès le traitement contre le cancer, ils ont décidé que c’étaitmaintenant ou jamais. Quinze ans plus tard, Karen et son mariexploitent avec succès une plantation de baies et ils vendent leursconfitures et leurs marinades aux petits fruits partout dans lemonde. En osant courir un risque et en faisant acte de foi, ils sesont prouvé que quand vous écoutez votre cœur, des miracles seproduisent.

Je me fais souvent rappeler le message biblique qui dit quequand nous nous retrouvons devant la vie (et le bien) et la mort (etle mal), nous devons choisir la vie. Cela ne veut pas dire que nousdevrions simplement essayer d’éviter la mort. Nous devrions

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choisir de vivre une vie significa-tive où nous faisons preuved’amour envers les autres et envers nous-mêmes. Quand nousvivons ainsi, notre corps sait que nous aimons la vie et il fait toutce qu’il peut pour nous maintenir en vie, pour guérir nossouffrances et nos blessures et pour nous garder physiquement etpsychologiquement en santé. Comme je l’ai déjà mentionné, vospensées et vos sentiments créent votre chimie intérieure. Un demes patients, un paysagiste qui était sur le point de prendre saretraite, a refusé après la chirurgie de suivre son traitement pourson cancer parce que c’était le printemps et qu’il voulait rentrerchez lui et embellir le monde avant de mourir. Il a vécu jusqu’à94 ans et il m’a enseigné ce que signifie « choisir la vie » et ne passe concentrer sur ce qui est bon uniquement pour vous.

Les études scientifiques nous révèlent que les émotions et lapersonnalité d’un individu influent sur son taux de survie. Nouscomprenons que des choses simples, comme le rire, améliorent letaux de survie chez les patients cancéreux, et que l’isolement et lasolitude perturbent les gènes du système immunitaire. Je croisaussi qu’il y a d’autres facteurs qui nous aident et ils sont pluspuissants que ce que nous pouvons imaginer. Certains parlent demiracles, de chance, d’heureux hasard ou simplement d’être aubon endroit, au bon moment. Quand tout se passe pour le mieuxet que des coïncidences se produisent au bon moment, cettesynchronicité d’événements laisse croire qu’il y a une intelligenceaimante qui existe au-delà de notre compréhension, mais pas au-delà de notre capacité d’en faire l’expérience. Je connais des gensqui ont remis leurs problèmes entre les mains de Dieu et dont lecancer a guéri.

Vous n’avez pas besoin d’attendre d’être malade et que votre viesoit menacée pour commencer à vivre une vie authentique avecconfiance et foi. Si vous écoutez votre intuition et que vous lasuivez, vous recevrez des cadeaux inattendus dans votre vie.

En 1997, William et Danielle, de Laguna Hills, en Californie, ontappris qu’ils attendaient leur premier enfant. Danielle croyait queles attitudes qu’elle adopterait durant sa grossesse influeraient sur

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l’enfant qu’elle portait ; elle a donc décidé de demeurer positive etde prêter attention à son instinct. Au moment de choisir unobstétricien-gynécologue de Laguna Hills, Danielle a parcouru laliste des médecins disponibles et son doigt s’est arrêté sur leDr Blake Spring (j’ai changé le nom à des fins de confidentialité).

— Je sais que cela peut sembler un peu fou, a-t-elle confessé àWilliam, mais mon instinct me dit que c’est le bon médecin pournous.

William m’a raconté que « quand votre épouse prend une telledécision, surtout quand elle est enceinte, mieux vaut abonder dansle même sens qu’elle ».

Danielle a appelé au bureau du médecin et a pris un rendez-vous. Avant sa première visite chez le Dr Spring, elle a cherchéson dossier médical dans le classeur et est tombée sur l’acte denaissance de William. Elle a été surprise de constater que lemédecin traitant qui l’avait signé en 1974 s’appelait égalementDr Blake Spring, mais qu’il travaillait dans un autre hôpital.

Quand Danielle et William sont allés à leur premièreconsultation au centre médical Saddleback Memorial, ils ont tenduau Dr Spring l’acte de naissance de William et lui ont demandé sic’était sa signature.

— C’est effectivement la mienne, a-t-il répondu en souriant. J’aifait ma résidence à l’hôpital Riverside. Vous êtes un des premiersbébés que j’ai mis au monde.

Danielle a vu un bon présage dans le fait que le médecin quiavait aidé son mari à venir au monde ferait maintenant la mêmechose pour leur premier enfant.

Quelques mois plus tard, Danielle a donné naissance à un enfanten santé et elle n’a connu aucune complication durant sa grossesseou durant l’accouchement. La mère de William est venue et a étéheureuse de revoir le médecin qui l’avait aidée à avoir son garçon.Après, tout le monde a convenu que le temps qui s’était écouléentre le travail et l’accouchement avait semblé être une joyeuseréunion de famille. Dès le début, le couple a eu l’impressionqu’une main supérieure les avait guidés à chaque étape. En

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écoutant l’intuition de Danielle, ils avaient permis à lasynchronicité de jouer son rôle harmonieux dans la naissanceemplie de joie de leur premier enfant.

Danielle était motivée à demeurer positive parce qu’elle le faisaitpour son bébé. Mais nous pouvons aussi le faire pour nous-mêmes. Un jour que j’étais préoccupé en raison de circonstancesdifficiles que je vivais, j’ai appelé une amie et elle m’a demandé :

— Bernie, est-ce que tu t’inquiètes quand tu as faim ?— Non, je vais me chercher quelque chose à manger.Puis elle m’a dit de me demander : « De quelle nourriture ai-je

besoin ? Que puis-je faire de ma vie pour chasser les sentimentsque je n’aime pas à propos de cette situation ou de ce moment ? »Ces questions sont puissantes parce qu’elles vous obligent à vousarrêter et à réfléchir à propos de votre vie : « Que dois-je changerou intégrer dans ma vie ? Comment ce malheur qui me tourmentepeut-il devenir une bénédiction ? » Quand vous prenez chaquemalheur que vous vivez et que vous en tirez une leçon, même siune chose ne peut être guérie, vous pouvez tout de même guérir etdevenir un exemple pour ceux qui font face au même problème.Certaines personnes décrivent leur malheur comme l’instigateurd’un nouveau commencement, une sonnette d’alarme ou unebénédiction déguisée.

Les animaux qui perdent un membre ne vont pas se cacher dansun coin parce qu’ils n’ont pas l’air normal. Mais les gens qui sontdéfigurés ou gravement blessés ressentent souvent de la colère etde la honte, et croient qu’ils ne sont plus beaux ou fonctionnels.Cette façon de penser est fausse, mais les gens peuvent changerleur façon de penser.

Il y a plusieurs années, j’ai rencontré une femme qui était néesans bras parce que sa mère avait pris du thalidomide pour sesnausées durant sa grossesse. Quand j’ai vu cette femme dans unecafétéria qui utilisait ses pieds pour déposer des plats sur sonplateau et que des gens le transportaient pour elle jusqu’à la table,je suis allé m’asseoir avec elle.

— J’aimerais en apprendre davantage à votre sujet. J’aimerais

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que vous m’enseigniez à propos de votre attitude, de la façon dontvous composez avec les difficultés de la vie et plus encore, lui ai-jedemandé.

— Donnez-moi un stylo, m’a-t-elle dit.Puis, elle a écrit ses coordonnées en tenant le stylo entre ses

orteils.Même si je ne pouvais pas la guérir et qu’elle ne pouvait pas se

guérir elle-même, elle était déjà guérie. Elle était un cadeau pourles autres et une enseignante pour moi. Comme Helen Keller, elleest devenue ma guide. Elle ne restait pas à la maison ens’apitoyant sur son sort ou en blâmant ses parents et Dieu pour «ce qu’ils m’ont fait ». Non, elle a choisi la vie et elle a appris cequ’elle pouvait accomplir avec le corps qu’elle avait.

Quand vous faites le choix de vous concentrer sur les solutionsplutôt que sur le problème — peu importe les circonstances —,cela enrichit votre vie et celle des autres. Ce n’est pas un choixégoïste et il vous aide à trouver de quoi nourrir votre âme.

C’est facile de dire aux gens de choisir la vie. Mais quandpouvez-vous savoir si une chose constitue le bon choix ou est lavolonté de Dieu pour vous ? Quand on a demandé à unereligieuse catholique :

— Comment savez-vous quelle est la volonté de Dieu ?Elle a répondu :— Je sais ce qui n’est pas la volonté de Dieu. Quand je me

retrouve à pousser dans une pente un petit pois avec mon nez etque le pois ne cesse de dévaler la pente, ce n’est pas la volonté deDieu.

La réponse de ma mère à cette question était plus directe. Elledisait toujours :

— Fais ce qui te rend heureux.En disant cela, elle m’a enseigné à demeurer à l’écoute de mes

sentiments.Un jour, j’ai demandé à un groupe :— S’il ne vous restait que 15 minutes à vivre, que feriez-vous ?J’ai obtenu toutes sortes de réponses, allant de jouer au golf et

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jardiner à appeler des êtres chers, etc. Quand notre garçon arépondu :

— J’achèterais un litre de crème glacée au chocolat et jel’avalerais.

Je lui ai répondu :— Je n’ai pas à m’inquiéter pour toi. Tu es un être éclairé.Alors quelqu’un a dit :— Attendez. Vous n’avez pas aimé ma réponse, mais et si ce que

j’ai choisi de faire était pour moi l’équivalent de la crème glacée auchocolat ?

« C’est juste », ai-je pensé. Alors, maintenant je dis aux gens :— Trouvez votre crème glacée au chocolat.Trouvez ce qui vous fait perdre la notion du temps. C’est l’état le

plus sain dans lequel vous puissiez être. Je le sais d’expérience.Dans cet état, vous n’êtes plus conscient de votre corps ; vous neressentez aucune douleur, aucune maladie, parce que vous faitesquelque chose de créatif. J’ai découvert que je pouvais demeurerdebout durant des heures dans la salle d’opération, même avecune blessure au dos, et ne pas avoir de problème ; je pouvaispeindre un portrait en demeurant debout devant un chevalet et nepas être conscient de mon dos. Mais quand ces activités étaientfinies, j’étais soit étendu par terre ou sur le canapé parce que touteautre position était trop douloureuse.

Quand vous faites quelque chose que vous aimez, la chimie devotre corps change ; votre corps reçoit le message. J’ai une autrehistoire qui illustre combien cela fonctionne. La ville de Bath, enAngleterre, est non seulement une destination touristiquepopulaire, c’est aussi un important centre pour la recherche surl’arthrite, au Royal National Hospital for Rheumatic Diseases. Il ya un bon nombre d’années, une de mes amies possédait uneboutique de cadeaux près de l’hôpital. Un jour, en revenant d’unvoyage où elle avait effectué des achats, elle a créé un étalage envitrine avec une grande sélection de pièces de verre soufflées à lamain. Voici ce qu’elle a écrit dans une note qu’elle m’a envoyéeplus tard :

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J’ai disposé les bols, les carafes, les assiettes et les vases verts,turquoise et cyan de manière à ce qu’ils emplissent la vitrine.Quand j’ai allumé l’éclairage et que la lumière a traversé leverre coloré, on aurait dit la vague d’un océan tropical, avec lescouleurs plus foncées dans le bas et les plus pâles dans le haut.Après avoir fini l’étalage, j’ai vu une femme s’approcher ens’appuyant sur une canne. Elle s’est arrêtée pour admirer lavitrine. J’étais heureuse qu’elle semble apprécier mon travailcréatif, mais quand j’ai vu qu’elle était toujours là une demi-heure après, j’ai commencé à croire que quelque chose n’allaitpas. Je suis sortie et je lui ai demandé si elle allait bien. Elle m’araconté qu’elle souffrait depuis de nombreuses annéesd’arthrite rhumatoïde, mais que pendant qu’elle regardait lesjolies couleurs vertes et bleues, elle avait perdu la notion dutemps et n’avait plus ressenti de douleur. Elle m’a dit qu’elle nes’était pas sentie aussi bien depuis des années. Je n’oublieraijamais le sentiment de paix qui se dégageait de son visage.

En étant reconnaissante et en nourrissant son âme avec quelquechose de magnifique, cette femme avait donné à son corps ce dontil avait besoin. Le temps n’avait plus de signification. Elle avaitchoisi de vivre sa vie plutôt que de vivre et d’être sa maladie ; etcela lui a permis de soulager sa douleur.

Il y a des décennies, avant que les magnétophones soientautorisés dans la salle d’opération, j’en ai apporté pour faire jouerde la musique parce que cela aidait mes patients à se détendre. J’aichoisi une chose qui m’aidait à me sentir bien également. Audébut, le personnel a dit :

— C’est contraire à la politique de l’hôpital. C’est dangereuxautour des gaz anesthésiques explosifs.

Mais quand tout le monde s’est senti mieux après avoir écoutéde la musique douce, ils ont cessé de se plaindre. Aujourd’hui, desétudes attestent des bienfaits de la musique : elle diminue la duréede la chirurgie, les patients ont besoin de moins d’anesthésie et ilsont moins de douleurs postopératoires.

Mon ordonnance de choisir la vie et de trouver votre vraie voie

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vise à ce que vous vous serviez de l’amour comme source demotivation et d’inspiration. Alors, faites ce que vous aimez faire ettrouvez votre propre façon de distribuer votre amour dans lemonde. Fréquentez ceux qui vous acceptent tel que vous êtes.Acceptez les gens que vous rencontrez tels qu’ils sont. L’amour estaveugle parce qu’il ne voit pas les défauts chez les autres. Il nousaide aussi à guérir les différends du passé et à entretenir desrelations saines. J’aime la prière suivante : « Cher Dieu, enseigne-moi à traiter aujourd’hui les gens comme j’espère qu’ils vont metraiter demain. » L’attitude recherchée dans cette prière nousenseigne un comportement qui améliore la vie.

J’ai déjà entendu un moine franciscain raconter une vieillehistoire à propos de saint François d’Assise et de son élève, frèreLéo. C’était un hiver glacial sur les collines d’Italie et ils avaientparcouru une longue distance à pied. Tout en marchant en silence,ils réfléchissaient à la lecture qu’ils avaient faite le matin, uneméditation sur le secret pour connaître la joie parfaite. Frère Léos’est tourné vers François et lui a demandé :

— Quel est le secret de la joie parfaite ?Après avoir expliqué que les gens croient que les événements

agréables ou édifiants vont les aider à trouver la joie et qu’ilsdécouvrent ensuite que ce n’est pas le cas, saint François a pointéla grande vallée enneigée en disant :

— Imagine que nous allions au monastère de l’autre côté de lavallée et que nous disions au gardien à quel point nous sommesépuisés et que nous avons froid. Puis, imagine qu’il nous traite devagabonds et qu’il nous batte et nous repousse dans la nuithivernale. Alors, si nous réussissons à lui dire avec de l’amourdans notre cœur « Soyez béni au nom de Jésus », ce n’est qu’à cemoment-là que nous aurons trouvé le secret de la joie parfaite.

En n’ayant pas d’attentes et de rancœur, et en acceptant ce quivous arrive comme étant simplement la prochaine étape de votreparcours de vie, vous éviterez la souffrance et la maladie, et vouscheminerez en santé et en paix. Quand vous pourrez aimer ce quin’est pas aimable et pardonner ce qui est impardonnable, vous

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serez alors libre.Parfois, les choix des autres peuvent avoir un effet remarquable

sur nous, surtout quand ces choix ont été effectués avec amour.Une de mes patientes avait l’habitude de vomir après sachimiothérapie ; alors quand son mari et elle montaient à bord deleur automobile pour rentrer à la maison, il lui tendait un sac afinqu’elle puisse vomir pendant qu’il conduisait. Un jour, lors de larencontre de notre groupe de soutien, elle était tout sourire.Quand nous lui avons demandé pourquoi, elle a dit :

— Mon mari m’a tendu le sac et quand je l’ai ouvert, j’ai vu qu’ilavait déposé une douzaine de roses à l’intérieur.

Elle n’a plus jamais eu besoin de vomir après sa chimiothérapie.Choisir la vie est un choix conscient. Ce n’est pas une question de

hasard, mais plutôt la décision consciente de penser et de vouscomporter de manière à ce que votre esprit et votre corps ne soientpas en conflit. Une de mes patientes n’avait pas d’effetsindésirables après sa radiothérapie et le radiothérapeute croyaitque son appareil fonctionnait mal… jusqu’à ce qu’il voie mon nomdans le dossier médical. Il m’a raconté qu’il avait alors prisconscience qu’elle faisait partie « des patients fous de Siegel ».Quand il a demandé à ma patiente pour quelle raison elle n’avaitpas d’effets indésirables, elle lui a dit :

— Je m’efface et je laisse les rayons pénétrer dans ma tumeur.J’ai déjà mentionné que j’avais eu des patients qui avaient remis

leurs problèmes entre les mains de Dieu et qui avaient vu leurcancer disparaître. C’était grâce à l’état de paix, de tranquillité etd’amour qu’ils avaient atteint. On appelle cela de l’autoguérison etce n’est pas une rémission spontanée. Nos traits de personnalité etnotre potentiel de survie sont inséparables. Dans une étude baséesur les profils de personnalité, le psychologue Bruno Klopfer acorrectement prédit 19 fois sur 24 quels patients auraient descancers à évolution rapide et lesquels auraient des cancers àévolution lente1.

J’encourage les professionnels de la santé à en apprendredavantage sur le comportement de survie des patients

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exceptionnels en leur demandant pourquoi ils ne sont pas mortsplutôt que de dire ce que les médecins ont tendance à dire, soit :

— Vous allez mieux. Peu importe ce que vous faites, continuez.Ces médecins n’apprennent rien de ces patients qu’ils pourraient

transmettre à leurs autres patients. Il est vital que lesprofessionnels de la santé enseignent et rappellent aux patientsqu’ils ont le potentiel de survivre.

Je rappelle aussi aux gens que les relations nous maintiennent envie et que nous devons également entretenir une bonne relationavec nous-mêmes afin de ne pas nous sentir seuls quand noussommes seuls. En tant que patients, nous avons la responsabilitéde prendre en main notre corps et nos soins. Cela signifie quenous devons enseigner à nos médecins et à nos professionnels dela santé ce que vivent les patients. Quand votre médecin necomprend pas votre point de vue, dites-le-lui et enseignez-lui. S’ilvous écoute et vous demande pardon, gardez-le comme médecinet aidez-le à tirer leçon de votre expérience. S’il cherche à trouverdes excuses ou s’il vous blâme, trouvez un autre médecin. Voilàun autre exemple de ce que signifie choisir la vie. Être unepersonne souffrante soumise et un « bon » patient n’est pas uncomportement de survie. Vous voulez être considéré comme unepersonne et non comme une maladie ou un numéro de chambred’hôpital.

Notre Créateur a incorporé des mécanismes de survie danstoutes les créatures vivantes afin que nous puissions guérir nosblessures, modifier nos gènes et survivre à diverses maladies. Lesêtres vivants sont conçus pour vivre. Alors, soyez vivant. Aimezvotre vie et votre corps et des choses étonnantes peuvent seproduire.

L’ORDONNANCE DU MÉDECIN

Faites le test de personnalité immunocompétente basé sur uneétude du Dr George Solomon :

1. Est-ce que j’ai le sentiment que mon travail, mes activitésquotidiennes, ma famille et mes relations ont un sens ?

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2. Suis-je capable d’exprimer ma colère de manière appropriéepour me défendre ?

3. Suis-je capable de demander du soutien à mes amis ou auxmembres de ma famille quand je me sens seul ou préoccupé ?

4. Suis-capable de demander des faveurs à mes amis ou auxmembres de ma famille quand j’en ai besoin ?

5. Suis-je capable de dire non à quelqu’un qui me demande unefaveur quand je ne peux pas le faire ou que je n’ai pas envie dele faire ?

6. Par rapport à ma santé, est-ce que j’adopte des comportementsen me basant sur des besoins que j’ai moi-même définis plutôtque sur les ordonnances ou les idées de quelqu’un d’autre ?

7. Est-ce que je m’amuse suffisamment dans ma vie ?8. Est-ce qu’il m’arrive d’être déprimé durant de longues

périodes et d’avoir le sentiment d’être inca-pable de changer lesconditions qui ont causé cette dépression ?

9. Est-ce que je joue consciencieusement un rôle qui m’estprescrit dans ma vie au détriment de mes propres besoins ?

RÉPONSES :

Si vous avez répondu oui aux questions de 1 à 7, et non auxquestions 8 et 9, vous avez une personnalité immunocompétentequi vous aide à rester en santé, à surmonter la maladie et à faireface aux difficultés. Si vous avez répondu non aux sept premièresquestions et oui aux deux der-nières, vous devez prêter attention àvotre comportement et renaître. La plupart des gens qui font cetest constatent qu’il y a au moins un aspect qu’ils doiventaméliorer. Quand cela se produit, essayez d’adopter de nouvellesattitudes et de nouveaux comportements qui vous aident à créerune nouvelle personne et ne vous limitez pas. Je vousrecommande même de choisir un nouveau nom pour ce nouveauvous.

Trois ajouts de Bernie Siegel au test de la personnalitéimmunocompétente :

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1. Je vous invite au restaurant. Où voulez-vous aller ?2. Que montreriez-vous à une assistance pour démontrer la

beauté et le sens de la vie ?3. Comment vous présenteriez-vous à Dieu ?

RÉPONSES :

1. Votre réponse devrait correspondre à ce que vous ressentez etnon pas au prix des plats ou aux préférences alimentaires del’autre personne. Soyez prêt à accepter le cadeau sans répondreen demandant : « Et toi, où veux-tu aller ? »

2. Un miroir.3. En répondant « Je suis toi » ou « Je suis ton enfant ». La

meilleure réponse que Dieu a entendue est celle d’un élève dusecondaire : « Dites à Dieu que son remplaçant est ici. »

Vous pouvez trouver la version en ligne (en anglais) de ce test surmon site Internet à l’adresse :www.berniesiegelmd.com/resources/organizations-websites/immune-competent- personality-test.

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Chapitre 12LES TRANSITIONS ENTRE LA VIE ET LA MORT

Si vous brûlez de voir l’esprit de la mort, ouvrez grand votre cœur dans le corps dela vie. Car la vie et la mort ne font qu’un, comme ne font qu’un la rivière et la mer.

— KHALIL GIBRAN

J ’en suis venu à comprendre que je suis comme l’eau. Toutcomme les courants d’eau trouvent leur chemin autour desobstacles pour rejoindre la mer de la vie, je trouve ma voie dans lavie et je suis le courant ; et quand je vais devenir de la vapeur oude la brume, je vais retourner à la terre sous forme de pluie et jevais renaître. Puis, si j’apprends ce que je suis censé apprendre surla Terre, je vais aider à enseigner aux autres comment devenir desco-créateurs d’un monde empli de foi, d’espoir et d’amour pourtout.

Chaque vie est comme une chandelle et la longueur de lachandelle ne dépend pas de votre âge, mais de ce que vous êtescensé accomplir sur cette planète. Notre tâche est d’illuminer lavoie pour nous et pour les autres — non pas de nous inquiéter decombien de temps il nous reste à vivre, mais d’accomplir ce quenous sommes censés faire. Notre flamme doit brûler, plutôt ques’éteindre avant notre temps. Comme George Bernard Shaw a dit :« Pour moi, la vie n’est pas une chandelle qui jette une brève lueur; c’est une sorte de flambeau splendide que j’ai pour le momententre les mains et je veux qu’il brûle aussi haut et aussi fort quepossible avant de le remettre aux générations futures1. »

Quand une personne contracte une maladie potentiellementmortelle comme le cancer, les membres de sa famille sont affligés,car ils sont rarement préparés à vivre cette expérience. Ils doiventnon seulement composer avec le chagrin lié à la perte de leur êtrecher, mais ils doivent aussi prendre soin de la personne mourantependant son traitement et les besoins de cette personne peuventêtre très exigeants à combler sur de nombreux plans. À moins quela famille ait déjà vécu une perte et appris de celle-ci, elle ne peut

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pas se préparer en vue de cette période de transition, c’est-à-direqu’elle va éprouver différents senti-ments et vivre des expériencesau fur et à mesure et non pas avant.

Durant cette période, les responsabilités financières, leschangements de rôle et l’énergie requise sur le plan physique,mental et émotionnel ont tous le potentiel de devenir accablants.Les gens qui composent avec la maladie dans la familleuniquement sur le plan intellectuel peuvent sembler bien aller,mais le fait d’ignorer leurs propres sentiments et leurs besoinspeut également les faire tomber malades. Les statistiquesdémontrent que les personnes qui prennent soin d’un patient quisouffre d’une maladie chronique ou qui est en phase terminalesuccombent fréquemment à la maladie ou à la mort avant ou peude temps après que le patient meure parce qu’elles ont cessé deprendre soin de leurs propres besoins physiques et émotionnels.

Il faut prendre soin de nous-mêmes et cela peut se faire denombreuses façons. Accepter l’aide des autres, prendre despauses, devenir membre des groupes de soutien, faire partie d’ungroupe de rigolothérapie ou aller voir des comédies, biens’alimenter, demeurer à l’écoute de sa voix intérieure, parler àDieu et laisser Dieu répondre — ce sont toutes des mesures desurvie qui aident les gens à traverser les étapes visant à laisseraller leur proche tout en prenant soin de lui pendant qu’il est envie. La chanson Rock Me to Sleep, composée par Tom Hunter et quej’ai mentionnée dans le chapitre 9, le dit très bien dans le refrain : «Tonight I’d like you to rock me to sleep ; I’d like you to sing me asong ; I’m tired of doing things all by myself, and I’m tired ofbeing so strong2 (Ce soir, j’aimerais que tu me berces dans tes bras; j’aimerais que tu me chantes une chanson ; j’en ai assez de toutfaire seul et j’en ai assez d’être aussi fort). » La capacité de prendresoin de vous vient de l’amour de soi parce que si vous ne vousaccordez pas d’importance, l’expérience va devenirautodestructrice et n’aura pas d’effet positif sur la vie dequiconque.

Les personnes qui prennent soin d’un malade doivent se

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souvenir de demander de l’aide avant qu’un désastre se produise.Vous n’êtes pas obligé de devenir fort alors que vous souffrez.Vous pouvez apprendre à composer avec les difficultés de la vietout comme un arbre apprend à survivre aux changements dessaisons. Quand un patient fait de l’art-thérapie pour composeravec sa maladie, les membres de sa famille peuvent faire de mêmeet en tirer autant de bienfaits en fouillant dans leur propreinconscient à l’aide de l’imagerie, des dessins et d’autres formesd’expression créative, comme jouer de la musique ou tenir unjournal. Cela aide les membres de la famille à déterminer ce quileur fait peur et comment ils se sentent et, ainsi, à pouvoirdemander de l’aide, que ce soit auprès de services de soutien audeuil ou de groupes de soutien. Certaines maisons de retraiteoffrent aussi du soutien aux membres de la famille, y compris desconseils jusqu’à un an après la mort du patient, et de nombreuxorganismes religieux et des églises offrent une aide semblable.

Un patient en phase terminale qui ne trouve plus que son corpsest un endroit agréable à habiter et qui n’a plus la volonté de vivreva souvent dessiner sa mort imminente sans en être conscient.Cela peut prendre la forme d’un papillon violet ou d’un ballon quis’élève dans les airs. Un autre signe pourrait être qu’au fil dutemps, ses dessins deviennent de plus en plus pâles, ce qui devraitalerter la famille qu’il est peut-être temps de parler de sa mort.

Les membres de la famille pourraient être mal à l’aise de parlerau patient de la fin de sa vie et de ce qui va se passer après, maiscela peut être très utile pour tous. Ayez une discussion sur le sujeten demandant au patient « À quoi penses-tu ? » ou « Comment tesens-tu ? ». Il n’y a rien de mal à aborder le sujet. Si le patient neveut pas en parler, il va vous le faire savoir. Vous pouvez aussiutiliser la visualisation créative pour lancer la discussion.Demandez au patient de fermer les yeux et d’imaginer comment ilse sentirait dans une chambre entièrement blanche ; les personnesqui ont besoin de repos ou qui sont prêtes pour une transitionspirituelle réagissent habituellement positivement. Celles qui nesont pas prêtes à mourir trouvent ennuyante l’image d’une

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chambre aux murs blancs et veulent la quitter ou la décorer.Il est également approprié de parler de vos propres besoins et de

vos sentiments par rapport à la transition quand le patient est prêtà écouter. Vous pouvez parler de vos besoins et voir s’il veutparler des siens et, si c’est le cas, vous en venez alors à voussoutenir et à vous aider l’un et l’autre. Quand les membres de lafamille surmontent leur peur de discuter de l’avenir avec unepersonne mourante et que cette personne est prête à en parler, demerveilleuses choses peuvent se produire. C’est dans ces momentsque notre immortalité est créée.

Il y a quelques années, Will habitait dans une maison de santépour les personnes atteintes du sida, à Sacramento, quand lessystèmes de son corps ont commencé à défaillir. Mon amie Jean,une psychologue bénévole spécialiste du deuil, a laissé entendreau frère de Will qu’il était maintenant temps de poser à Will toutesles questions qu’il pouvait avoir, comme « Comment vais-je savoirsi tu vas bien après ta mort ? » et « Comment vais-je savoir que tues avec moi ? ».

Deux semaines plus tard, alors que Jean se préparait à aller auxfunérailles, elle a entendu quelqu’un frapper à sa porte, maisquand elle l’a ouverte, il n’y avait personne. Sur le pas de sa porte,elle a aperçu trois plumes de la queue d’un geai bleu. Elle les aprises et les a glissées dans son sac à main après avoir admiré leurbeauté parfaite. En se rendant à l’église, elle a allumé la radio et aentendu une symphonie qu’elle ne connaissait pas. Elle possédaitune jolie mélodie et une légèreté enjouée qui ont chassé la tristessequ’elle ressentait à propos de la mort de Will. À la fin de la pièce,l’animateur a dit qu’il s’agissait d’une symphonie de OttorinoRespighi qui s’appelait Les oiseaux.

Plus tard, à la fin du service funèbre, le frère de Will s’estapproché d’elle.

— Merci pour votre conseil, lui a-t-il dit. Le jour où vous nousavez parlé, j’ai demandé à mon frère comment je saurais quand ilserait avec moi après sa mort et il m’a répondu qu’il m’enverraitun oiseau, un magnifique oiseau bleu. Il a même ri et a dit qu’il

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ferait en sorte que l’oiseau me parle. Ce matin, quand je me suisdirigé vers ma voiture, un geai bleu a atterri à mes pieds et s’estmis à battre des ailes et à me crier après ; je ne pouvais donc pasl’ignorer. Je me suis soudainement rappelé la promesse que Willm’avait faite de m’envoyer un oiseau, un oiseau qui me parlerait,et au moment où j’ai pris conscience que c’était Will, l’oiseau s’estenvolé. Depuis, je sens sa présence auprès de moi.

Jean a sorti les plumes de son sac à main et les a données au frèrede Will. Puis, elle lui a parlé du bruit qu’elle avait entendu à saporte et de la symphonie à la radio. Pendant qu’ils discutaient, lamère de Will s’est approchée avec un gros bouquet d’iris bleusdans les mains. Les fleurs avaient le même éclat bleu que lesplumes de la queue du geai bleu.

— Je ne sais pas qui les a envoyées, a-t-elle dit. Au moment oùnous nous apprêtions à quitter la maison, la camionnette d’unfleuriste s’est garée et quelqu’un m’a tendu ce bouquet. Ils ontoublié de mettre une carte.

Le frère de Will et Jean ont échangé un regard.— Elles sont de Will, a-t-il dit à sa mère. Il nous dit qu’il va bien.Si vous êtes sceptique, laissez-moi vous raconter mes expériences

personnelles et ce qui a convaincu un scientifique sceptiquecomme moi que la conscience ne cesse pas d’exister même si lecorps d’une personne est mort. Quand je m’adressais à desgroupes de soutien pour les parents qui avaient perdu leur enfant,j’ai entendu de nombreuses histoires qu’ils ne se sentaient pas àl’aise de partager avec la plupart des gens.

Une d’entre elles m’a été racontée par une femme dont le garçonétait mort. L’oiseau préféré de ce dernier était un goéland.

— Une journée d’hiver, je roulais sur la voie rapide quand ungoéland a atterri sur le chemin, devant moi. Je pouvais entendremon garçon me dire : « Maman, ralentis ». Je me suis arrêtée et legoéland s’est envolé. Puis, je me suis remise en marche, lentement,et en arrivant dans une courbe, j’ai constaté qu’il y avait uneplaque de glace et qu’il y avait eu un carambolage. Si je n’avaispas ralenti quand j’ai entendu la voix de mon garçon, j’aurais moi

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aussi foncé dans les automobiles.Un père m’a parlé de son garçon qui était mort et qui adorait les

papillons. L’été après son décès, le père se promenait dans un boisprès de sa maison dans le Connecticut quand un énorme papillons’est mis à le suivre. Il a senti que c’était son garçon qui étaitrevenu pour l’aider à surmonter son chagrin. Quand il estretourné chez lui, il a fouillé dans les livres de son garçon pouridentifier le papillon qui l’avait suivi et il a découvert que cetteespèce ne vivait qu’en Amérique du Sud.

Lors d’une rencontre de notre groupe de soutien pour lespatients cancéreux, une femme a mentionné que sa fille avait étéassassinée. Elle l’a dit parce qu’elle sentait que cela avait un lienavec sa maladie. Puis, elle a expliqué que sa fille aimait les oiseauxet qu’au mariage de sa jeune sœur, qui était célébré à l’extérieur,un oiseau avait atterri dans un arbre et avait interrompu lacérémonie avec son cri perçant. Tout le monde au mariage luiavait dit :

— Ta fille est ici.À la fin de son histoire, un oiseau a pénétré par une fenêtre

ouverte et nous avons bien entendu réagi comme les invités aumariage. Cela faisait des années que nous tenions des rencontresdans cette salle et jamais un oiseau n’avait atterri au bord de lafenêtre, et encore moins pénétré à l’intérieur.

Lors de mes conférences, il est arrivé à plusieurs reprises que desinsectes volent au-dessus de mon crâne rasé pendant que j’étaisdebout sur la scène. Habituellement, j’agite une fois la main pourvoir quelles sont leurs intentions. S’ils demeurent en place, je saisqu’ils sont à la recherche d’un endroit chaud et aimant sur lequelatterrir pour reprendre des forces. Je l’explique aux gens devantmoi afin qu’ils ne soient pas distraits par l’insecte qui s’est déposésur mon crâne pendant que je continue de parler. Quand l’insecteest une guêpe, je sais que je n’ai rien à craindre. J’ai appris àécouter ce qu’elles ont à dire même si elles ne prononcent pas demots. Nous échangeons nos pensées quand je réussis à rendremon esprit aussi calme qu’un étang tranquille dont les reflets ne

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sont troublés par aucune turbulence.Durant mes conférences, je montre des diapositives et sur l’une

d’elles, il y a un papillon qui repose sur l’épaule de mon épouse. Ily a de nombreuses années, une de mes patientes est allée mourirsur l’île de Kauai, à Hawaï, parce que sa mère vivait là-bas etqu’elle voulait guérir sa relation avec elle avant de mourir.Plusieurs années plus tard, j’ai été invité à donner une conférenceainsi qu’à animer un atelier à Kauai.

Durant notre séjour sur l’île, Bobbie et moi sommes allés fairedes achats, et en pénétrant dans une boutique, Bobbie a remarquéun papillon glauque du Canada pris au piège dans un gros lustre.Il semblait désorienté par toutes les lumières. Comme Bobbie avaitun profond respect pour la vie, elle a senti le besoin de le sauver ;elle a donc grimpé sur le comptoir et lui a tendu la main. Il s’estdéposé dans la paume de sa main et elle est descendue ducomptoir. Nous sommes allés à l’extérieur pour le libérer, mais ilne voulait pas partir. Quand nous le chassions d’une des épaulesde Bobbie, il allait se déposer sur l’autre ou sur sa main. Nousavons donc cessé d’essayer de le chasser et nous l’avons laissénous accompagner.

Ce soir-là, j’ai dit :— Bobbie, tu dois laisser partir le papillon. Nous allons l’écraser

si nous le gardons avec nous dans le lit.Elle est sortie sur le porche, puis elle s’est retournée en disant :— Je l’ai chassé de mon épaule.— Chérie, il est maintenant sur ton autre épaule.Nous avons finalement déposé sur le comptoir de la cuisine une

assiette emplie d’eau sucrée et le papillon s’est installé au bord decelle-ci pour passer la nuit.

Le lendemain matin, après le petit déjeuner, il s’est de nouveaudéposé sur l’épaule de Bobbie. Je l’ai glissé dans un sac en papieret je l’ai apporté avec nous à l’atelier que j’animais à l’extérieur,avec l’intention de m’en servir quand je parlerais de latransformation et du fait que la vie était une série decommencements et non de fins. Après avoir parlé du symbolisme

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du papillon qui se libérait du cocon de la chenille, j’ai ouvert le sacet j’ai laissé sortir notre papillon pour en faire la démonstration. Ila passé la journée au-dessus de nos têtes et n’est parti qu’à la finde l’atelier. Ce papillon avait passé 14 heures avec mon épouse,sans compter la durée de l’atelier. Pourquoi ? Qui était-il ? Maréponse est qu’il représentait l’esprit et la conscience de mapatiente et que c’était sa façon de me remercier et de me direadieu.

Une femme m’a écrit pour me demander comment elle pourraitsurmonter le deuil de ses parents. Elle m’a dit qu’elle ne pouvaitpas s’habituer au fait qu’ils n’étaient plus sur la Terre. Elle avaitencore le numéro de sa mère dans le répertoire de son téléphone etn’avait qu’une envie, celle de l’appeler et de lui dire toutes leschoses qu’elle ne lui avait jamais dites.

Je lui ai répondu en lui suggérant de lire mon livre Buddy’sCandle et d’apprendre ce que ses parents souhaitaient pour elle.L’histoire aide les gens à comprendre que la conscience ne meurtpas et que nous pouvons encore parler à nos parents. Vouspourriez les entendre vous répondre ou faire un rêve dans lequelils vous parlent, ou vous pourriez trouver des objets significatifsdans la maison et dans le jardin qui vous font prendre consciencequ’ils sont avec vous. Vos êtres chers ne veulent pas que vousayez du chagrin et que vous perdiez votre joie de vivre. Ils veulentque vous savouriez chaque journée et que vos larmes n’éteignentpas leur chandelle céleste de la vie.

J’ai éprouvé le même sentiment que cette femme et, oui, j’avaisl’habitude de composer le numéro de ma mère pour lui direquelque chose, oubliant qu’elle était décédée. J’ai maintenant unportrait de mes parents dans le hall d’entrée et leur photo me sertd’écran de veille dans mon ordinateur ; ils sont donc toujours avecmoi. Vous pouvez vous aussi créer des espaces sacrés semblablesdans votre maison.

Les enfants et les adolescents qui pleurent la perte d’un parentont besoin d’aide pour composer avec leur deuil. J’ai connu unadolescent qui semblait bien composer avec la perte de son père.

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Sa mère comptait sur lui pour qu’il l’aide à s’occuper des autresenfants et il ne l’avait jamais laissée tomber. Cependant, un anaprès la mort de son père, il a soudainement commencé à mal secomporter et à ne plus aller en classe. Ses notes en ont souffert et ila cessé de participer à ses sports préférés. Suspectant qu’ils’agissait d’une réaction à retardement à la mort de son père, samère l’a inscrit à un groupe de thérapie pour le deuil pouradolescents. Ils écoutaient de la musique, faisaient des dessins etparlaient de leurs sentiments. Le garçon n’a jamais dit grand-chose au sein du groupe, jusqu’à ce que les autres jeunes lui enfassent la remarque. Ils lui ont demandé ce qu’il réprimait en lui,parce qu’il semblait toujours fâché contre eux et qu’il refusait des’ouvrir.

Le garçon leur a finalement dit qu’environ un an après la mortde son père, il était allé chercher le courrier et qu’il y avait undépliant de leur église dans la pile. Au dos de celui-ci, il y avait laliste des membres du conseil de l’église, dont le nom de son père,mais quelqu’un avait rayé le nom de ce dernier avec un crayon-feutre noir.

— Quand j’ai vu ce trait noir sur le nom de mon père, j’ai alorsvraiment pris conscience qu’il était mort, a expliqué l’adolescenten versant des larmes. J’étais tellement fâché. Après tout ce quemon père avait fait pour l’église, quelqu’un avait pris un crayon-feutre et rayé son nom comme si cela n’avait pas d’importance,comme s’il n’avait jamais existé.

Les autres jeunes l’ont écouté en silence et ils n’ont pas tenté de lefaire cesser de pleurer, car ils avaient appris qu’il avait besoin depleurer pour guérir. Par la suite, quand ils s’adressaient à lui, ilsemblait plus détendu et prêt à participer. Il a alors commencé àsuivre les différentes étapes du deuil et sa mère a indiqué que sonattitude s’est améliorée, tout comme ses notes à l’école.

Quand vous perdez quelqu’un, célébrez votre amour pour cettepersonne et le sien pour vous. Continuez de parler de la personnedécédée, surtout avec vos enfants, afin qu’ils n’aient pasl’impression que leur être cher a été oublié ou rayé de leur vie.

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Rappelez aux enfants que la personne est de nouveau parfaite etqu’ils peuvent continuer d’échanger leurs pensées et leurssentiments avec elle. L’esprit de leur être cher va le savoir. Laseule chose dans cette vie qui est immortelle est l’amour etl’amour est à tout jamais votre pont vers cette personne.

Je n’ai aucun malaise à vous raconter que j’ai entendu des voixde mes patients et des membres de ma famille décédés. J’ai aussirencontré des clairvoyants qui m’ont transmis des messages depatients et de membres de ma famille décédés ; en le faisant, ilsutilisaient le nom de ces personnes et affichaient leurs expressionsquand ils parlaient.

Une dernière histoire personnelle : comme je l’ai déjà mentionné,Elisabeth Kübler-Ross était une bonne amie et une de mesenseignantes. Elle m’a encouragé à parler aux esprits et m’a donnéle courage de dire à un patient que j’étais en train d’opérer et dontle cœur s’était arrêté :

— Votre heure n’est pas venue. Revenez.Son cœur s’est remis à battre et il a survécu.Après la mort de mes parents, mon amie clairvoyante, qui ne

connaît pas du tout ma famille, m’a appelé et m’a dit :— Tes parents sont de nouveau ensemble et ils sont très heureux.

Une femme qui aime le chocolat et les cigarettes leur fait visiter leslieux. Sais-tu de qui il s’agit ?

Avant même que je réponde, elle a ajouté :— C’est Elisabeth Kübler-Ross. Elle fait visiter les lieux à tes

parents.Alors, vivez et apprenez de vos expériences et ne laissez pas vos

croyances fermer votre esprit à la vérité au sujet de la vie.L’ORDONNANCE DU MÉDECIN

Ayez une conversation significative avec une personne que vousaimez. Faites-en une expérience non conflictuelle en posant deuxquestions à cette personne : « Quel animal admires-tu le plus ? » et« Quelles sont les caractéristiques de cet animal qui suscitent tonadmiration ? » Écoutez ses réponses ; vous pourriez même lesnoter. Quand votre être cher a terminé, expliquez-lui que l’animal

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n’a pas d’importance, mais que les caractéristiques qu’il a décritesle sont parce qu’elles correspondent aux meilleurs traits depersonnalité de cette personne. Après cette révélation, observez latournure que prend la conversation.

Vous pouvez aussi demander à votre être cher quel animal ilaimerait le plus avoir dans sa maison. Demandez-lui égalementquelles caractéristiques de cet animal suscitent son admiration.Quand la personne a fini de répondre, expliquez-lui qu’elle adécrit son partenaire idéal.

Quand j’ai essayé d’aider une de mes patientes à acquérir del’estime d’elle-même, je lui ai posé ces questions. Elle a répondu :

— Je déteste les animaux et j’ai tué mon canari.J’ai alors compris que la tâche ne serait pas facile.

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Chapitre 13LA SPIRITUALITÉ : NOURRISSEZ VOTRE MOI INVISIBLE

L’humain complet est celui qui a fait face à l’autodestruction en se tenant au bord dece que William James appelait « le bord périlleux »… et qui a eu le courage de se

retourner et de faire face à l’univers.— BERNIE SIEGEL

Il y a plusieurs années, je suis tombé de notre toit, je me suisheurté la tête et j’ai commencé à faire de l’amnésie. J’ai vitecompris quels étaient les avantages de l’amnésie. Cela agrandement amélioré mon mariage et ma vie familiale, car je nepouvais pas me rappeler les choses pour lesquelles j’avaisl’habitude de les critiquer ou celles en raison desquelles j’avaisressenti de la colère ou de la rancœur, ou je m’étais senti blessé.Quand ma mémoire est revenue, j’ai connu des moments difficilesavec mon épouse et mes enfants parce que je me suis alors rappelétous leurs défauts. Une amie thérapeute m’a dit qu’elle pouvaitm’aider et m’épargner des années de thérapie. Je lui ai demandécomment. Elle a écrit quelque chose sur un bout de papier, elle mel’a tendu et m’a dit :

— Va chez toi, lis ceci et mets-le en pratique.Elle m’avait tendu le chapitre aux Corinthiens 1,13. Il décrit ce

qu’est l’amour et il enseigne que, même si vous semblez toutposséder, sans amour, vous n’avez rien.

Quand vous êtes éclairé, vous comprenez le pouvoir de l’amour.Demandez-vous pourquoi nous disons « aimez avec gentillesse,tourmentez avec tendresse, l’amour est aveugle, aimez vosennemis et aimez votre voisin comme vous-même ». C’est là queréside la réponse à la vie et à l’illumination.

Il y a plusieurs années, il y avait une série de conférencesappelées Body and Soul. J’ai toujours pensé que les gens étaientplus susceptibles de mettre leur âme à nue que leur corps, alorsj’ai fait une présentation en exposant des parties de mon corpspour que les gens prennent conscience de ce qu’ils ressentaient à

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propos de leur propre corps. J’ai été triste quand des personnessont venues me voir après et qu’elles m’ont dit que leur corps lesembarrassait ou qu’elles ne se sentaient pas bien dans celui-ci.Pour moi, leur corps me semblait parfait. De nos jours, cependant,je m’intéresse davantage au fait d’entrer en communion avec notreâme et à l’exposer.

Nous devons réagir à ce que ressent notre âme et mener une viespirituellement riche. Je ne peux pas décrire avec des motscomment je définirais ce qu’est l’âme, mais elle renferme notreesprit, nos besoins et nos sentiments les plus profonds concernantnotre vie et la façon dont nous la vivons. Beaucoup d’entre nousne parlent jamais de ces besoins et de ces sentiments jusqu’à cequ’une crise ou un désastre se produise et nous éveille à la vie. Jecrois que nous savons quand nous vivons une vie spirituellementriche par la façon dont notre corps et notre cœur se sentent parrapport à ce que nous faisons, nous pensons et nous ressentons.Joseph Campbell a dit : « Si vous voyez le chemin tout tracédevant vous, vous savez que ce n’est pas votre chemin. Vous créezvotre propre chemin à chaque pas que vous faites. Voilà pourquoic’est votre chemin1. » Il parle de vivre une vie qui permet à l’âmed’évoluer.

J’ai récemment reçu un livre sur les bienfaits du massage, écritpar un massothérapeute qui traitait une personne souffrant de cequ’on appelle communément un trouble de la personnalitémultiple. Jung a suggéré — et je suis convaincu qu’il avait raison— que nous sommes tous des personnalités multiples. Il croyaitque le but de chaque individu est de former une relation avecchacune de ses personnalités, plutôt que d’en supprimer une enfaveur des autres. Il croyait aussi que, durant une psychanalyse, «le médecin doit établir une relation avec les deux moitiés de lapersonnalité de son patient parce que ce n’est qu’à partir de cesdeux moitiés, plutôt qu’en ne se basant que sur une seule audétriment de l’autre, qu’il peut comprendre l’être entier. Ladeuxième option est celle que le patient a adoptée2 ».

Je sais — et ma femme le sait également à partir de mon

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comportement — qu’il m’arrive de faire et de dire des choses quisont au-delà de ma compréhension et dont je ne peux expliquer laprovenance. J’accepte pleinement que de nombreux individusrésident en moi. Quand j’ai lu le livre de ce massothérapeute, jeme suis demandé ceci : quand vous recevez un massage, savez-vous vraiment qui se fait masser ou laquelle des personnalités abesoin d’un massage, mais ne le reçoit pas parce qu’unepersonnalité plus agressive le désire et s’empare du corps ?

Je ne plaisante pas en disant ces choses. Je sais par expérience et àpartir de cas attestés de personnes souffrant d’un troubledissociatif qu’un individu peut souffrir d’allergies, de diabète,d’asthme et d’autres affections qui sont associées à unepersonnalité et ne plus en souffrir quand il change de personnalité.Mais si vous pensez aux rôles et aux situations auxquels nousnous attachons tant, il est possible que nous le fassions tous à uncertain degré dans notre vie. Nous devons tous prêter attentionaux personnalités qui vivent en nous et les harmoniser avec lesdésirs et les besoins de notre âme.

De mon point de vue, le but de la vie est d’atteindre un véritableéquilibre et d’utiliser notre corps et notre lumière intérieure pourque nos actions soient en harmonie avec notre âme. Voyez-vouscomme une chandelle. La flamme s’élève vers le ciel dans l’espoirde s’unir au divin, tandis que la cire et la mèche représentent notrecorps terrestre qui nous maintient connecté et ancré. La flammeconsomme le combustible qu’est la cire et la qualité de cecombustible est reflétée par la pureté de la flamme. La chandelleillumine le monde dans lequel nous choisissons de vivre enpartageant notre lumière et notre amour. Quand nous mourons,cette lumière et cet amour sont transmis aux futures générations.C’est là que réside notre immortalité. La lumière de la chandelledevient le parcours d’apprentissage de la vie, tout comme les motssont des moyens de partager et de comprendre des idées.

Je crée régulièrement de nouveaux mots, surtout de manièreaccidentelle, en tapant sur mon clavier d’ordinateur. Mais commeJung le disait, il n’y a pas de coïncidences, alors laissez-moi vous

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décrire les significations que j’ai trouvées dans certains de cesmots.

Un jour, j’ai écrit un article pour des massothérapeutes et j’ai malépelé « massage » ; j’ai créé le mot « meassage ». Je me suis ditqu’il y avait un message dans le toucher. En d’autres mots, chaquemassage transmet un précieux message. Récemment, j’ai relu TheMeaning of Love, publié par Ashley Montagu en 1953, et j’ai encoreune fois été impressionné par le pouvoir du toucher pourcommuniquer de l’amour. Montagu rapporte que l’absence decaresses entraînait un taux de mortalité infantile de presque 100 %chez les enfants vivant dans des orphelinats : les personnes qui enprenaient soin évitaient de les toucher parce qu’elles craignaientde transmettre les infections d’un bébé à un autre. Un autre desmots que j’ai créés accidentellement est « DEDIEU » et pour moi,cela correspond à faire les choses comme notre créateur voudraitque nous les fassions. Ce qui importe n’est pas de connaître Dieu,mais d’imiter Dieu et c’est ce que nous faisons quand nous faisonsdes choses DEDIEU.

Puis, j’ai créé « vimour »2. Pour moi, c’est la réunion de « vie » etd’« amour ». Ces deux choses ne devraient jamais être distinctes,mais l’être humain a de la difficulté avec cela en raison de samauvaise interprétation de la séparation. Nous ne sommes passéparés, mais des parties différentes d’un grand tout. Laséparation n’est qu’une perception et non une réalité. Le yin nepourrait pas exister sans le yang ; le symbole du yin et du yangmontre deux formes dont les traits sont identiques et qui,lorsqu’elles sont inversées et combinées, créent un cercle, un tout.C’est l’existence de l’une qui révèle l’autre. Sans l’un des deux, legrand tout n’existe plus. Il en est de même avec la vie et l’amour.Rappelez-vous que le but de la vie n’est pas d’être parfait, maisd’être complet. L’âme a pour tâche de faire cet apprentissage etquand vous prendrez conscience que rien n’est séparé, vous serezcomplet ; votre vie consistera alors à vivre et à aimer.

J’essaie d’apprendre des choses de différentes religions afin decomprendre le message et d’agir comme Dieu voudrait que

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j’agisse. L’autre jour, j’ai lu quelque chose qui allait très bien avecl’affirmation de Joseph Campbell que la religion pourrait découlerd’une mauvaise interprétation de la mythologie. En d’autres mots,la religion nous enseigne un message au moyen de mythes et demétaphores, mais qui est souvent perdu quand les écritures nesont interprétées qu’au sens littéral. Ce que j’ai lu disait que le mot« Torah » ne devrait pas être traduit pour signifier « la bible » ou «la loi », mais devrait plutôt signifier « les enseignements oul’instruction ».

Quand j’étudie une religion, je veux apprendre comment vivrema vie de manière à ce qu’elle soit significative et les messagesenseignés par les observations et les pratiques de cette religionaméliorent ma vie et celle des autres. Quand nous interprétons lestextes religieux comme étant la loi, les mots deviennent notre Dieuet nous entrons en conflit les uns avec les autres à propos de lasignification des mots ou de qui obéit à la loi et la façon del’interpréter. Mais quand nous voyons la religion comme unechose qui peut nous guider, nous pouvons alors avoir un dialogueà propos de ce que nous y voyons et ne pas nous battre à savoirqui a raison et qui va aller en enfer.

Trouver les thèmes communs de guidance dans les religions, lesphilosophies ou les écrits de différentes personnes me confirmeque ces thèmes doivent être significatifs et efficaces. Quand j’ai luLe pouvoir du mythe de Joseph Campbell, j’ai reconnu dans sesmots le comportement de survie lié à la renaissance ou à larégénération. Il dit que l’héroïsme est la volonté d’être soi-même ;le héros est celui qui est en quête de lui-même et le « isme » est lemystère que le héros cherche à savoir. En d’autres mots, vousvoulez donner naissance à votre vrai moi. Vous voulez renaître etfaire l’expérience des cycles du changement. Quand vous le faites,votre nature intérieure s’exprime. Votre moi spirituel — votre vraimoi — et son pouvoir émergent. Cela peut sembler irréalisable oupurement philosophique, mais c’est vraiment élémentaire.

Nous créons notre vie à partir de ce que nous décidons, nouspensons et nous faisons chaque jour. Nous créons le scénario du

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mythe qui devient notre vie. Dans ma vie, j’ai fait ce qui mesemblait être bon pour moi et je suis très heureux d’avoir agi ainsiau lieu de m’être soucié de ce qui semblait mieux ou appropriéaux yeux des autres. Je ne crois pas avoir perdu mon temps sur laTerre. Quand je suis en entrevue à la radio, quelqu’un me signaletoujours à la fin :

— C’est bientôt la fin.Cela me motive à vous dire qu’un jour, ce sera bientôt la fin pour

chacun d’entre nous.Développer votre moi spirituel consiste à vivre ; cela concerne les

choses que vous choisissez de faire et avec lesquelles vousnourrissez votre esprit et votre corps. Mais c’est aussi unequestion d’être — non pas de penser ou de faire — maissimplement d’être. Cela me rappelle l’histoire du vieux fermierdans le Somerset, en Angleterre, qui avait l’habitude, chaque soir,de s’asseoir sur une souche et d’admirer les champs. Un jour, ungarçon du village qui passait par là s’est arrêté et a demandé auvieil homme ce qu’il regardait depuis autant de temps. Le fermiera regardé le garçon un long moment. Puis, d’une voix lente et avecson accent du Sud-Ouest, il a dit :

— Parfoué, j’m’assieds et j’pense, et parfoué, j’fais justem’asseoir.

Nous sommes des êtres humains, pas des accomplissementshumains. Alors, ne vous identifiez pas au rôle que vous jouez ;soyez conscient que votre divinité définit qui vous êtes. Rêvasseret regarder devant vous sans penser, surtout quand vous regardezdes scènes naturelles et des paysages, est une autre façon denourrir votre âme. Combien de fois êtes-vous passé devant unbuisson en fleurs bourdonnant d’abeilles et d’autres insectes entrain de se délecter de nectar et de pollen ? La prochaine fois,arrêtez-vous un moment. Observez et écoutez simplement. Nedéterminez pas de quelle sorte de buisson il s’agit ou ne jugez pasla charge que chaque abeille transporte ; laissez le moments’écouler, observez et oubliez que vous existez. Devenez rien etlaissez tout autour de vous simplement être ce qu’il est.

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Quand vous avez un problème, soumettez-le à la nature etdemandez une réponse. Une fois, j’ai demandé comment jepourrais continuer à aider les gens alors que j’en avais assez deparcourir le monde. La réponse que j’ai obtenue a été de répandremes graines comme une fleur le fait. J’ai pris conscience que jen’étais pas obligé de voyager. Mes mots sont devenus lessemences et je n’avais pas besoin de les livrer en personne. Meslivres, mes CD, mon site Web et mes entrevues à la radio et à latélévision sont tous devenus le jardin où les gens pouvaient allerpour obtenir de l’aide. Une autre fois, alors que j’avais unproblème qui me paraissait insurmontable, j’ai aperçu un choupuant qui avait poussé à travers le pavé et qui s’était épanoui ausoleil. Je ne pouvais pas croire qu’une plante puisse être aussi forteet sage pour continuer de pousser jusqu’à ce que le pavé sefissure.

Nos sens de la vue, de l’ouïe, de l’odorat et du toucher ont étéconçus pour nourrir notre corps d’informations qui nous aident àsurvivre. Quand nous les laissons se délecter de beauté et seprélasser dans la nature, nos sens nourrissent aussi notre âme. Ilsnous transportent et nous font savoir que nous sommes liés à lavie. Quand nous reposons notre esprit rationnel et que nouslaissons la nature — la conscience collective — stimuler nos sens,nos pensées deviennent claires, comme l’étang tranquillequ’aucun vent ni aucun courant ne viennent troubler et qui faitparaître plus gros le poisson qui nage sous sa surface tout enreflétant les nuages qui passent au-dessus. C’est dans de pareilsmoments que nous en venons à connaître Dieu.

On m’a souvent demandé de décrire ce qui m’a fait prendreconscience de mon moi spirituel et de Dieu, et des choses qui ontchangé mon point de vue. J’ai partagé beaucoup de cesexpériences dans ce livre et dans d’autres ouvrages, comme la foisoù, alors que j’étais calme et immobile, une voix m’a dit d’aller aurefuge où j’ai trouvé le chien Buddy, après avoir rédigé Buddy’sCandle ; et la fois où mon père m’est apparu dans un rêve après samort et qu’il m’a montré une manière plus saine de composer avec

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mon deuil — une manière qui a aidé de nombreuses autrespersonnes à guérir leur chagrin. Il y a aussi mes expériences avecles clairvoyants et les médiums qui ont reconnu et ont mêmedessiné George, mon guide intérieur, alors qu’il se tenait près demoi sur l’estrade.

La première fois que j’ai pris conscience de mon moi spirituel estsans doute quand j’avais quatre ans et que j’étais alité à la maison,souffrant encore une fois d’une infection à l’oreille. J’ai pris untéléphone jouet et j’ai dévissé le cadran. J’ai mis les pièces dans mabouche, comme j’avais vu des menuisiers le faire avec des clouspour les tenir et les prendre un à la fois. Le problème est que j’aiaspiré les pièces et que j’ai fait une crise de laryngospasme. Jepeux encore sentir mes muscles intercostaux et mon diaphragmese contracter vigoureusement, tandis que j’essayais de fairepénétrer de l’air dans mes poumons, mais en vain, et j’étaisincapable de produire des sons pour demander de l’aide. Jen’avais aucune notion du temps, mais soudainement, j’ai prisconscience que je ne me débattais plus. J’étais maintenant à la têtede mon lit et je me regardais mourir.

J’ai été fasciné de me retrouver en dehors de mon corps et c’étaitpour moi une bénédiction. Je n’ai jamais cessé de penser combienje pouvais encore voir et penser tout en étant à l’extérieur de moncorps. J’étais triste pour ma mère, qui était dans la cuisine et quime trouverait mort, mais j’ai réfléchi et j’ai trouvé que mon nouvelétat était préférable. De manière rationnelle, j’ai choisi la mortplutôt que la vie.

Puis le garçon sur le lit, à l’agonie, a eu une convulsion ; il a vomiet toutes les pièces du jouet ont été expulsées. Il a commencé àrespirer de nouveau et j’ai été très fâché de retourner dans moncorps contre ma volonté. Je me rappelle avoir crié :

— Qui a fait cela ?L’enfant de quatre ans en moi a alors cru qu’il y avait un Dieu

qui avait un calendrier et que je n’étais pas censé mourir à cemoment-là. Un ange avait apparemment pratiqué la manœuvred’Heimlich sur moi. C’est ainsi que je l’expliquerais aujourd’hui.

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Je crois vraiment qu’il y a un calendrier que nous créonsinconsciemment et des expériences que j’ai vécues plus tard dansla vie soutiennent cette idée. Ma voiture a été une perte totale àdeux reprises en raison de conducteurs qui avaient brûlé un feurouge et qui avaient foncé sur moi et, comme je l’ai déjàmentionné, je suis tombé de notre toit quand le dernier barreau del’échelle à laquelle je grimpais s’est brisé. Mon corps n’a subiaucune blessure majeure lors de ces incidents.

Quand je songe à ma vie en tant qu’enfant, mari et père,guérisseur, artiste, auteur et conférencier, et à tous les aspects del’expérience qui m’ont procuré différents points de vue, j’en suisvenu à la conclusion que la vie est inexplicable. Je dois aux visageset aux histoires de mes patients et d’autres gens qui sont devenusmes enseignants un grand nombre de mes changementsd’attitude, de mes compréhensions et de mes transformations.Mais ma connaissance que Dieu est une énergie aimante,intelligente et consciente m’est surtout venue de mes rêves, de mesdessins et d’expériences de vies antérieures et de mort imminente.Je crois que tous ces événements visaient à m’enseigner quelquechose, car je n’en ai recherché aucun et qu’ils se sont produitsmalgré moi.

Il importe peu que vous lisiez mes livres ou ceux d’autresauteurs modernes ou anciens, de philosophes, d’enseignants et deguides. Nous n’avons rien de nouveau à dire sur la vie, l’amour etles questions de l’âme, mais la façon dont chaque personneexprime cette sagesse est différente. Chaque génération dit sapropre vérité et pourtant, chaque personne répète une sagesseancienne. Alors, lisez la sagesse des sages et apprenez de ceux quisont morts avant nous. La voie que vous empruntez importe peu.N’attendez pas qu’un désastre personnel vous procure le cadeaude l’illumination. Vous connaissez peut-être l’adage : « Si vouscherchez l’illumination, cherchez-la comme un homme dont lescheveux sont en feu cherche de l’eau. » Il faut ce genre de désirpour vraiment faire face à la lumière.

L’ORDONNANCE DU MÉDECIN

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Lisez, lisez, lisez. Écoutez des livres audio et des CD, et lisez.Étudiez la vie et les paroles de Jésus, de Bouddha, de Mahomet,d’Épictète, de Lao-tseu et d’autres sages. Plongez dans la poésie etles essais de maîtres tels que Dante, Rumi, Gibran, Emerson etThoreau. Explorez les écrits et les conférences des chefs spirituelsmodernes tels que mère Teresa, le dalaï-lama, Sri Chinmoy, JosephCampbell et Jung. Inspirez-vous en lisant les travaux desphysiciens, des scientifiques et des astronautes dont la quête dusavoir a brisé l’illusion des frontières entre la Terre et le reste del’univers et nous a enseigné que nous sommes dans l’univers.Enthousiasmez-vous en vous attendant à faire des découvertes.Prenez l’habitude de lire chaque jour, ne serait-ce que quelquesminutes. Gardez l’esprit ouvert et lisez avec la curiosité d’unenfant. Et relisez les mêmes livres tous les deux ou trois ans parceque s’ils ne vous éclairent pas davantage, cela signifie que vousn’êtes pas devenu plus éclairé.2. N.d.T.: En anglais, le mot créé par l’auteur est « liove » (contraction de « life » et « love »).

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ÉpilogueVERS DE NOUVEAUX COMMENCEMENTS

Le véritable bonheur n’est possible que si vous apprenez à aimer avec une telleélévation de l’esprit que vous acquérez le pouvoir d’affronter le chagrin […], de

sublimer le vieil amour en éprouvant un nouvel amour encore plus grand.— BENEDETTO CROCE

Au moment où je m’apprête à mettre fin à l’effort créatif investidans la rédaction de ce livre, deux choses me viennent à l’esprit.Chaque fois que mes livres précédents ont été mis sous presse, desévénements se sont produits et des histoires m’ont été racontées, etje les trouvais parfaits pour le livre, mais il était trop tard pour lesinclure. Il en sera de même avec L’art de guérir, car lorsque vouscommencez à penser à un sujet en particulier, votre conscienceattire dans votre vie davantage d’éléments qui s’y rattachent. Ellese relie à la conscience universelle et change les croyances etl’expérience des gens. Ce n’est pas une coïncidence quand cela seproduit ou à qui cela arrive. Jung parlait de synchronicité. Unautre aspect que mes livres ont en commun se résume par l’adage« Il faut tout un village ». Je n’ai encore jamais produit un livreentièrement seul et je serais surpris que quelqu’un soit parvenu àle faire. Tout comme une opération chirurgicale requiert uneéquipe de personnes formées et dévouées, un livre est un travaild’équipe.

Durant les derniers jours de la révision, des événements s’étantproduits illustrent et servent de compléments à ce que j’ai écritdans ces chapitres. Cette fois-ci, ils se sont produits avantl’impression du livre ; je peux donc les partager avec vousmaintenant.

LES COUCHES DE COULEURS

Rita était excitée d’apprendre que mon prochain livre allaitexplorer les approches créatrices qui permettent de plonger plusprofondément dans l’inconscient et de franchir les limites dutemps, de l’espace et de la matière. Elle m’a écrit pour me dire que

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depuis peu de temps, elle trouvait des cœurs dans la nature etqu’elle les photographiait : des pierres en forme de cœur, unmelon d’eau en forme de cœur et même un cœur de viande entrois dimensions collé sur le couvercle d’une boîte de nourriturepour chiens ! Tout comme les pièces d’un cent que je trouvais merappelaient que « in God we trust », pour Rita, les cœurs représen-taient « nous avons foi en l’amour ». Cependant, l’histoire la plusremarquable qu’elle m’a racontée concerne un tableau de sa mère.Je vais laisser Rita vous la raconter dans ses propres mots.

Ma mère avait plus de 70 ans quand elle a assisté à un atelierd’un jour donné par un enseignant qui utilisait la méthode deRudolf Steiner concernant l’aquarelle couche sur couche. Ils’agit d’une forme d’aquarelle dans laquelle on utilisebeaucoup d’eau et on applique couche sur couche des lavis dedifférentes couleurs sur le papier. En séchant, vous attendezpour voir ce qui ressort. Maman m’a appelée après l’atelierpour me dire combien elle était déçue. Tous les autres élèvesavaient vu des arbres et de nombreuses choses merveilleusesressortir de leur peinture, mais la sienne ne comportait que descouches de couleurs, rien d’autre. Elle avait le sentiment d’avoiréchoué, un sentiment qu’elle avait souvent ressenti dans sa vie.

Maman était une remarquable clairvoyante et elle était enavance sur son temps sur le plan spirituel. Son père et, plustard, mon père l’avaient fait beaucoup souffrir, mais c’était unesurvivante parce qu’elle regardait toujours droit devant etqu’elle continuait d’avancer, peu importe les tragédies. Ellerespectait tout ce qui était vivant, tous les êtres, et elle ne faisaitaucune distinction. J’étais triste qu’après toutes les attentesqu’elle avait à propos du cours d’aquarelle couche sur couche,elle n’avait pas obtenu les mêmes résultats que les autresélèves.

Le lendemain matin, elle m’a appelée, toute excitée.— Viens voir ma peinture, m’a-t-elle dit. Vite ! Je ne peux pas

croire ce que je vois.Je me suis rendue chez elle le plus rapidement possible en me

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demandant ce qui pouvait bien être arrivé à sa peinture. J’ai étéstupéfaite de voir quatre petites silhouettes humaines quiressortaient des différents lavis de couleurs. Elles portaient destuniques et n’avaient pas de visage, et elles semblaient setrouver à des profondeurs différentes, avec deux dans le fond etdeux qui semblaient avancer à l’avant de la peinture. Ma mèrem’a juré que la veille, elles n’y étaient pas. Elle a déposé sapeinture dans un coffre-fort avec ses autres documentsimportants et nous l’avons souvent sortie pour la regarderensemble. Il se dégageait des silhouettes une sorte d’énergiebienveillante qui donnait l’impression qu’elles approchaientvraiment vers nous et qu’elles n’étaient pas seulement unmélange de couleurs et d’eau.

Après la mort de ma mère, ma sœur et moi avons eu la tâchede vider sa maison. Une des premières choses que j’ai faites aété d’aller chercher son aquarelle couche sur couche parce queje voulais apporter ces merveilleux êtres chez moi. Commeavant, la peinture était soigneusement glissée entre ses autresdocuments, mais quand je l’ai prise, j’ai constaté que lessilhouettes avaient disparu ! La peinture ressemblaitexactement à ce qu’elle m’avait décrit après l’avoir finie : cen’était que des simples lavis de couleurs, rien d’autre. En plusdes quatre silhouettes, l’énergie bienveillante qui se dégageaitde la peinture avait également disparu. J’ai alors prisconscience que ces êtres étaient des esprits supérieurs ; ilsétaient venus pour protéger et guider ma mère pour laprochaine étape de son parcours de vie. Après sa mort, leurprésence n’avait plus de raison d’être. Ils avaient accompli leurtâche bienveillante.

L’histoire de Rita ne m’a pas surpris. Les silhouettes bienveillantesde sa mère étaient peut-être apparues d’abord pour lui rappelerque sa vie n’était pas un échec et pour lui faire savoir combien elleétait aimée. Mais quand elle est morte, elles sont devenues lesguides qui l’ont accompagnée à la maison.

Au début de ce livre, j’ai parlé de la fois où j’ai eu besoin de faire

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le plein d’énergie et de me sentir régénéré, et que je suis allémarcher dans le cimetière avec mes chiens. J’ai remarqué un objetblanc sur le chemin. Je me suis approché, je l’ai pris et j’ai vu quec’était un ours en peluche avec un cœur sur lequel était écrit «Aime-moi ». Je suis rentré chez moi régénéré. Les guidesapparaissent sous de nombreuses formes, parfois en simple joueten peluche, en paroles d’une chanson ou en prédiction dans unhoroscope. Parfois, une série d’événements se déclenche et lapersonne qui est guidée a l’impression de les voir se déroulercomme si une autre main agissait sur eux.

TRACEZ L’AVENIR

Le 30 décembre 2012, j’ai transféré à Cindy, la coauteure de celivre, une copie de la lecture numérologique que j’avais reçue. Je latrouvais incroyablement précise et elle contenait une prédictionexcitante pour le Nouvel An. Aucune coïncidence. Comme Cindyet moi avons le même nombre pour notre chemin de vie, je savaisqu’elle aimerait lire le texte :

Les numérologues considèrent 2013 comme une année excitantealors que de nouveaux commencements, basés sur uneimpulsion comme des pièces de domino alignées qui tombentles unes après les autres, sont alimentés par une sérieénergétique d’événements. La personne qui possède ce nombrede chemin de vie affiche une grande indépendance et unegrande confiance, et elle a le don d’initier et d’organiser desprojets et de faire en sorte que les choses s’accomplissent. Laprésente période est celle où elle doit (et où elle va) passer àl’action et où elle obtiendra des résultats extrêmement positifs.En allant de l’avant, vous allez créer une meilleure vie pourvous-même. Accrochez-vous à ce qui nourrit votre âme et estcompatible avec vos objectifs de vie, mais laissez aller ce qui nevous sert plus ou vous distrait de votre parcours. Créez unnouveau scénario de ce que vous aimeriez qu’il se produisedans votre vie. Cette année en particulier, les rêves que vousallez décrire sous une forme visuelle sont les événements quevous verrez se dérouler sous vos yeux.

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Cindy vit et travaille aux États-Unis depuis 10 ans. Avant, ellevivait en Angleterre, là où sa fille, son garçon et ses quatre petits-enfants habitent maintenant. Après avoir lu ce rapport denumérologie, Cindy m’a avoué qu’elle se sent souvent déchiréeentre continuer de vivre aux États-Unis ou retourner enAngleterre. Ses petits-enfants grandissent vite et elle regrette de nepas pouvoir être à leurs côtés. En même temps, elle éprouve unprofond amour pour l’endroit où elle réside présentement. Elle s’ysent chez elle de nombreuses façons. Nous venions de finir deréviser le chapitre sur les dessins, alors je lui ai dit :

— Fais un dessin de toi en Angleterre et un autre de toi auxÉtats-Unis.

Quelques jours plus tard, j’ai reçu un courriel avec un seuldessin en pièce jointe (fig. 70). Cindy m’a écrit ceci : « Je n’ai euaucune difficulté à me dessiner en Angleterre, mais je n’ai pasréussi à trouver une scène me représentant ici. La vue de ce dessinme rend heureuse ; j’avais hâte de te le montrer. Je suis à gauche etje suis à moitié en train de courir et à moitié accroupie pour serrermes enfants dans mes bras. Mais je ne suis pas très bonne pour medessiner en train de courir tout en étant accroupie. En fait, je nesuis pas certaine que je puisse courir en étant à moitié accroupie !Ce n’est que lorsque j’ai fini le dessin que j’ai remarqué qu’il n’yavait pas de valises. Je me suis demandé où étaient mes valises,puis j’ai pensé : ‘‘Ah, c’est bien. J’abandonne derrière moi tout cevieux bagage.’’ Et j’ai eu l’impression de vivre un nouveaucommencement. »

Après avoir ouvert le dessin que Cindy avait numérisé, j’aicommencé à écrire en adoptant le style du courant de conscienceoù je laisse mon intuition communiquer en même temps que monesprit analytique. Ma réponse immédiate à son dessin a été celle-ci : « Tes genoux cèdent un peu, mais tu réussis à avancer et leurspieds sont tous tournés vers toi. C’est super ! Il y a huit hublotsidentiques sur l’avion. Chaque religion a une semaine de septjours ; le nombre sept représente donc un nouveaucommencement. Il y a 10 rayons de soleil. Le nombre 10 est

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significatif. Il vient du zéro (le « rien » indifférencié) et du un(Dieu) ; tu possèdes donc la création en toi. (Et c’est aussi le moisde mon anniversaire !) Tous tes vêtements sont comme un arc-en-ciel de couleurs saines. Le mari de ta fille a créé un lien avec toiavec son bras. Toutes les chaussures sont de la même couleur,comme si la famille effectuait le même voyage. Chaque individupossède tous ses sens pour pouvoir communiquer avec les autres.L’aîné de tes petits-enfants tend sa main vers toi, tout comme tafille. Tous les liens sont parfaits : les membres de ta famille ont lespieds pointés vers toi, et les tiens pointent vers eux, et tout lemonde se touche. On dirait que c’est un excellent choix. »

Des portes se sont ouvertes pour Cindy quand elle a eu uneoccasion entièrement inattendue de déménager en Angleterrequelques semaines après avoir fait ce dessin. Sa nouvelle vie vacommencer en octobre — le dixième mois — et Cindy va retrouversa famille.

Quand notre éditrice a entendu cette histoire et qu’elle a vu ledessin, elle a été ravie. Ces événements n’auraient pas pu arriver àun meilleur moment, pas plus que nous n’aurions pas pu avoir unexemple aussi touchant de la façon dont l’utilisation de notreconscience créatrice nous aide à trouver notre vrai moi et l’avenirque nous créons. Ils m’ont montré comment nous pouvons nousfixer des objectifs sains et jouir des miracles qui donnent un sens ànotre vie. J’ai demandé à Cindy si je pouvais intégrer son histoireet son dessin à ce livre.

— J’imagine que je ferais mieux d’appeler mes filles et de leurannoncer que je m’en viens, a-t-elle répondu en riant.

En refermant les pages de L’art de guérir, ne voyez pas celacomme si notre relation était terminée. Voyez plutôt cela comme ledébut de votre nouveau parcours. Vous pouvez toujours revenirau livre et le relire. J’ai appris que si je relisais les mêmes livrestous les deux ou trois ans et que je les trouvais chaque fois encoremeilleurs, cela m’indiquait que je continuais d’évoluer et deprendre conscience de la sagesse que je n’avais pas saisie au débuten raison de mon état de conscience limité à ce moment-là.

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Alors, tirez des connaissances de ce que j’ai partagé avec vousdans ce livre. Placez-les dans votre poche ou dans votre boîte àoutils et continuez d’avancer sur votre propre chemin dedécouvertes. Essayez différents exercices et voyez ce qui arrive.Rééduquez-vous. Recréez-vous. Trouvez votre vraie voie etdevenez l’être que vous étiez toujours censé être.

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NotesINTRODUCTION — LES GRANDES QUESTIONS

Épigraphe : Platon cité dans KNIGHT, M. J., éd. A Selection of Passages FromPlato for English Readers, traduit par B. Jowett, New York, Macmillan, vol. 1,1895, p. 2.

1. ROSSI, E. L. The Psychology of Gene Expression, New York, W. W. Norton,2002, p. 4.

2. Ibid., p. 481.3. SYLVIA, Claire et W. NOVAK. Mon cœur est un autre, Paris, J.-C. Lattès,

1998, p. 113.4. MCTAGGART, L. Le champ de la cohérence universelle, Montréal, Ariane, p. 11.5. BENGSTON, W. et S. FRASER. The Energy Cure: Unraveling the Mystery of

Hands-On Healing, Louisville, Colorado, Sounds True, 2010, 256 p.CHAPITRE 1 — L’ÉVEIL DU MÉDECIN

Épigraphe : WEINBERG Noah, rabbin. « Way #34: Use Your Inner Guide »,inscrit sur le site http://www.aish.com/sp/48w/ 48950651.html le 12 janvier2000 et site consulté le 9 mai 2013.

1. SIMONTON, O. C., S. MATTHEWS-SIMONTON et J. CREIGHTON. Guérirenvers et contre tout, Paris, éditions Desclée de Brouwer, 2007, 335 p.

2. JUNG, C. G. et A. JAFFE. Ma vie : souvenirs, rêves et pensées, Paris, Gallimard,1967, 540 p.

3. FURTH, G. M. The Secret World of Drawings: A Jungian Approach to Healingthrough Art, Boston, Sigo Press, 1988, 150 p.

4. BACH, S. Life Paints Its Own Span: On the Significance of Spontaneous Picturesby Severely Ill Children, Einsiedeln, Suisse, Daimon Verlag, 1990, 264 p.

CHAPITRE 2 — LA SOURCE, LA SIGNIFICATION ET LA VALIDITÉ DES SYMBOLES

Épigraphe : Maître Eckhart cité dans RONNBERG, Ami et Kathleen, MARTIN,éd. et Archive for Research in Archetypal Symbolism (ARAS). The Book ofSymbols: Reflections on Archetypal Images, Köln, Taschen America, 2010, p. 6.

1. FURTH, G. M. The Secret World of Drawings: A Jungian Approach to Healingthrough Art, Boston, Sigo Press, 1988, p. 10.

2. JUNG, C. G. L’âme et le soi, Paris, Albin Michel, 1990, p. 179-189. Et JUNG, C.G. La réalité de l’âme – Manifestations de l’inconscient, Paris, Le Livre de poche,coll. la Pochotèque, 2007, p. 806-814.

3. CAMPBELL, J. et P. COUSINEAU. The Hero’s Journey: Joseph Campbell on HisLife and Work, Novato, Californie, New World Library, 1990. Et CAMPBELL,

Page 238: Lart de Guérir

J. et B. MOYERS. Puissance du mythe, Escalquiens, éditions Oxus, 2009, 286 p.4. BAYNES, C. F. The I Ching, or Book of Changes, traduit par R. Wilhelm et C. F.

Baynes, Princeton, New Jersey, Princeton University Press, 1968, p. xxi-xxv.5. BARTLETT, J. Familiar Quotations, 6e édition, Boston, Little Brown, 1980,

p. 513.CHAPITRE 3 — LE POUVOIR DE LA VISUALISATION

Épigraphe : Albert Schweitzer cité dans HARNER, M. La voie du chamane, Paris,Mama éditions, 2011, p. 203.

1. PASCUAL-LEONE, A. et F. TORRES. « Plasticity of the Sensorimotor CortexRepresentation of the Reading Finger in Braille Readers », Brain, vol. 116,n° 1, février 1993, p. 39-52.

Épigraphe de la page : HILLMAN, James. La fiction qui soigne, Paris, Payot,2005, p. 95.

CHAPITRE 4 — LES RÊVES : L’ATELIER CRÉATIF DU CERVEAU

Épigraphe : JUNG, C. G. Jung on Synchronicity and the Paranormal, Londres,Routledge, 1997, p. 73.

1. MORRISON, A. R. « The Brain on Night Shift », Cerebrum, 1er juillet 2003, surle site de la Dana Foundation,http://www.dana.org/Cerebrum/Default.aspx ?id=39318, consulté le20 septembre 2012.

2. HOFFMAN, S. « The Message », extrait de SIEGEL, B. A Book of Miracles:Inspiring True Stories of Healing, Gratitude and Love, Novato, Californie, NewHorld Library, 2011, p. 56-58.

3. SYLVIA, C. et W. NOVAK. Mon cœur est un autre, Paris, J.-C. Lattès, 1998,p. 15.

4. HOLLOWAY, Gillian. Dreaming Insights: A 5-Step Plan for Discovering theMeaning in Your Dream, Portland, Oregon, Practical Psychology Press, 2002,136 p.CHAPITRE 5 — LES DESSINS : QUAND LE CONSCIENT ET L’INCONSCIENT NE

S’ENTENDENT PAS

Épigraphe : GUILLEMETS, T. The Quote Garden,www.quotegarden.com/art.html, consulté le 24 septembre 2012.

1. KÜBLER-ROSS, E. Sur le chagrin et le deuil, Paris, Pocket, 2011, 288 p.2. MILLER, A. L’enfant sous terreur, Paris, Aubier, 1993, p. 368.3. MILLER, A. Abattre le mur du silence, Paris, Aubier, 1992, 210 p.4. THOMAS, C. « Studies on the Psychological Characteristics of Medical

Students », document de recherche, Johns Hopkins University School ofMedicine, 1964.

Page 239: Lart de Guérir

5. BACH, S. Life Paints Its Own Span: On the Significance of Spontaneous Picturesby Severely Ill Children, Einsiedeln, Suisse, Daimon Verlag, 1990, p. 39.

6. Dunne, C. Carl Gustav Jung : guérisseur de l’âme, Montréal, Éditions del’Homme, 2012, p. 194.

7. FURTH, G. M. The Secret World of Drawings: A Jungian Approach to Healingthrough Art, Boston, Sigo Press, 1988, 150 p.

CHAPITRE 6 — L’INTERPRÉTATION DES DESSINS

Épigraphe : Georgia O’Keeffe, extrait de la brochure de l’exposition AlfredStieglitz Presents, cité dans CHAVE, Anna C., « O’Keeffe and the MasculineGaze », Reading American Art, éditeurs M. Doezema et E. Milroy, New Haven,Connecticut, Yale University Press, 1998, p. 352.CHAPITRE 7 — LES ANIMAUX, LES MÉDIUMS ET LES PERSONNES INTUITIVES

Épigraphe : WENDROFF, G. Heavenletters: Love Letters from God, Fairfield,Iowa, World Library, 2004, p. 144.

1. ANDERSON, M. R. « The Child Whisperer », extrait de SIEGEL, B. A Book ofMiracles: Inspiring True Stories of Healing, Gratitude and Love, Novato,Californie, New World Library, 2011, p. 35-38.

2. ANDERSON, F. Extrait du poème non publié « What If I Were My Cat ? ».Frances a signé son poème comme suit : Frances (Feline-Lover) Anderson.

3. CORELL, G. Equestrian Crossings, 2012, vidéo provenant du sitewww.equestriancrossings.com/video/video.html, consulté le27 septembre 2012.

4. Ibid.5. CRISP, T. et C. J. HURN. No Buddy left Behind: Bringing U.S. Troop’s Dogs and

Cats Safely Home from the Combat Zone, Guilford, Connecticut, Lyons Press,2012, jaquette du livre.

6. Ibid., p. 136 et 244. Les citations sont tirées d’une entrevue enregistrée parCynthia Hurn, 3 décembre 2010.

7. SIEGEL, B. et M. G. STEIN. Buddy’s Candle, Victoria, Colombie-Britannique,Trafford, 2008, 36 p.

8. KINKADE, A. The Language of Miracles: A Celebrated Psychic Teaches You toTalk to Animals, Novato, Californie, New World Library, 2006, 320 p.

9. L’histoire d’Olga est racontée dans CERUTTI, E. Olga Worrall : Mystic with theHealing Hands, New York, Harper and Row, 1975.

CHAPITRE 8 — RIEZ À GORGE DÉPLOYÉE

Épigraphe : SIEGEL, B. Prescriptions for Living: Inspirational Lessons for a Joyful,Loving Life, New York, HarperCollins, 1998, p. 15.

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1. L’histoire de Norman est racontée dans COUSINS, N. Anatomy of an Illness asPerceived by the Patient, New York, W. W. Norton, 2005, 192 p.

2. SPOTO, D. Ingrid Bergman, Paris, Presses de la Cité, 1997, p. 164.3. SIEGEL, B. « Divorce », Prescriptions for Living: Inspirational Lessons for a Joyful,

Loving Life, New York, HarperCollins, 1999, p. 16.CHAPITRE 9 — FAITES SEMBLANT JUSQU’À CE QUE CE SOIT RÉEL

Épigraphe : Helen Keller citée dans FOGG, W. One Thousand Sayings of History:Presented as Pictures in Prose, Boston, Beacon Press, 1929, p. 17.

1. CHILD WELFARE INFORMATION GATEWAY. Under-standing the Effects ofMaltreatment on Brain Development, Washington, D.C., Department of Healthand Human Services, novembre 2009. Site :www.childwelfare.gov/pubs/issue_briefs/brain_development/brain_development.pdf,consulté le 24 septembre 2012.

2. Statistiques sur le nombre de membres tirées de Alcoholics Anonymous,www.aa.org/en_pdfs/smf-53_en.pdf, consulté le 12 février 2013.

3. HUNTER, T. « Rock Me to Sleep », du CD Bits & Pieces, 1977,www.tomhunter.com/store/bits&pieces.htm, consulté le 24 septembre 2012.

CHAPITRE 10 — LES MOTS PEUVENT TUER OU GUÉRIR

Épigraphe : HILLMAN, James. La fiction qui soigne, Paris, Payot, 2005, p. 93.1. Lao-tseu. Tao Te King, traduit par Stephen Mitchell, Paris, Synchroniques

Éditions, 2008, p. 75.CHAPITRE 11 — CHOISISSEZ LA VIE

Épigraphe : SIEGEL, Bernie.1. KLOPFER, B. « Psychological Variables in Human Cancer », Journal of

Projective Techniques, vol. 21, no 4, décembre 1957, p. 331-340.CHAPITRE 12 — LES TRANSITIONS ENTRE LA VIE ET LA MORT

Épigraphe : GIBRAN, Khalil. Le prophète, Paris, Alphée, 2005, p. 109.1. Cité dans HESSELBEIN, F. « A Splendid Torch », Leader to Leader, no. 22,

automne 2001, p. 4-5.2. HUNTER, T. « Rock Me to Sleep », du CD Bits & Pieces, 1977,

www.tomhunter.com/store/bits&pieces.htm, consulté le 24 septembre 2012.CHAPITRE 13 — LA SPIRITUALITÉ : NOURRISSEZ VOTRE MOI INVISIBLE

Épigraphe : SIEGEL, Bernie.1. CAMPBELL, Joseph. Reflections on the Art of Living : A Joseph Campbell

Companion, éd. D. K. Osbon, New York, HarperCollins, 1991, p. 22.2. JUNG, C. G. The Undiscovered Self, traduction de R. F. C. Hull, Londres,

Penguin, 1958, p. 87.

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ÉPILOGUE — VERS DE NOUVEAUX COMMENCEMENTS

Épigraphe : Benedetto Croce cité dans CHANG, L. Wisdom for the Soul,Washington, D.C., Gnosophia, 2006, p. 484.

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À propos du dr Bernie S. SiegelBernie S. Siegel est un défenseur reconnu des approchesintégratives et holistiques qui guérissent non seulement le corps,mais aussi l’esprit et l’âme. Bernie, comme ses amis et ses patientsl’appellent, a fait des études à l’Université Colgate et a étudié lamédecine à la faculté de médecine de l’Université Cornell. Il a reçusa formation de chirurgien à l’hôpital Yale-New Haven, à l’hôpitalWest Haven Veterans et à l’hôpital pour enfants de Pittsburgh. En1978, Bernie a conçu une nouvelle approche en matière de thérapiede groupe et individuelle pour soigner le cancer, basée surl’utilisation des dessins, des rêves et des sentiments des patients.Elle porte le nom de Patients cancéreux exceptionnels (ExceptionalCancer Patients — ECaP). Il a également innové en encourageantses patients à apporter des changements importants dans leurmode de vie et en les intégrant dans leur processus de guérison.

Bernie s’est retiré de la pratique chirurgicale générale etpédiatrique en 1989. Toujours grand défenseur de ses patients, ilse consacre depuis à humaniser l’approche du personnel soignantauprès des patients et à redonner à ces derniers le pouvoir des’autoguérir afin qu’ils atteignent leur plus grand potentiel. Ilcontinue d’animer des groupes de soutien et de donner desconférences partout dans le monde sur les questions relatives auxpatients et au personnel soignant. En tant qu’auteur de nombreuxlivres, dont L’amour, la médecine et les miracles ; Messages de vie ;Vivre sa maladie : trouver ses propres réponses pour l’affronter ;365 Prescriptions for the Soul, Faith, Hope & Healing et A Book ofMiracles, Bernie a été à l’avant-plan des questions éthiquesspirituelles et médicales de notre temps. Il a été nommé l’une des20 personnalités vivantes les plus influentes spirituellement par lemagazine londonien Watkins’ Mind Body Spirit. Bernie et sonépouse Bobbie (qui est parfois sa coauteure) vivent dans labanlieue de New Haven, au Connecticut. Ils ont cinq enfants, huitpetits-enfants, quatre chats, deux chiens et beaucoup d’amour.Vous pouvez visiter leur site à l’adresse :www.berniesiegelmd.com.

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À PROPOS DE CYNTHIA J. HURN

Rédactrice et réviseure à la pige, Cynthia J. Hurn est la coauteuredu livre documentaire No Buddy Left Behind: Bringing U.S. Troops’Dogs and Cats Safely Home from the Combat Zone. En raison de sesétudes en psychologie, en counseling et en création littéraire, ainsique de son travail auprès des animaux et des oiseaux sauvagesrescapés, elle met dans son écriture à la fois de la science, du cœuret de l’âme.

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