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La publicité télévisée dans le cours d’Histoire-‐Géographie 1/4
www.rhenanes.com, N°2 / Hiver 2011
L’utilité des publicités télévisées dans les cours d’Histoire-‐Géographie
Curieux sujet que l’utilisation de publicités pour construire des cours d’histoire-‐géographie : a priori tous les opposent ! En effet, la publicité est un média dont l’objectif premier est de capter l’attention du spectateur afin de provoquer l’achat d’un produit, l’élection d’un personnage, l’adoption d’une attitude particulière. Les publicités ont un aspect démagogique et jouent sur la sensibilité des spectateurs. Elles semblent donc être l’antithèse d’un cours jetant un regard objectif sur une période ou un
territoire… Pourtant, nos programmes ont pour ambition de travailler sur l’ensemble des médias et l’image a encore pris de la valeur avec l’épreuve d’histoire de l’art au brevet. Force est de reconnaître que les publicités audiovisuelles ont envahi le quotidien de chacun, sur tous les supports numériques existant : télévision, ordinateur, téléphone…
Les publicités audiovisuelles ont même trouvé un second souffle sur Internet et elles sont omniprésentes dans les discours publics : leur impact sur les représentations spatiales et historiques des citoyens en font des objets de travail incontournables pour l’historien-‐géographe. Mais quelle est la pertinence d’un tel document ?
La publicité audio-‐visuelle est une source importante (voir figuré ci-‐dessous)
Daniel Zupan enseigne au collège Suzanne Germain de Cronenbourg. Il intervient également dans le cadre de la formation initiale et continue dans l’Académie de Strasbourg.
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Publicités et élèves en difficultés Utiliser une publicité audiovisuelle peut se révéler particulièrement efficace auprès d’élèves en proie à des difficultés importantes liées à l’écrit. C’est le cas notamment des élèves dyslexiques. Comme ils ont des difficultés à manipuler l'écrit, un travail d’approche épuré de textes les soulage. Cela leur permet d'avoir une plus grande réserve d’énergie pour se concentrer et mener une réflexion écrite. Une explication médicale assez simple permet de comprendre ce phénomène : -‐ C’est l'hémisphère gauche du cerveau qui
traite à la fois le langage oral et écrit. Et c'est malheureusement ce qui pose problème aux personnes dyslexiques.
-‐ L'hémisphère droit traite les informations visuelles, globales, synthétiques. Chez une personne dyslexique, l’hémisphère droit est donc beaucoup plus sollicité afin de compenser la « faiblesse » du gauche.
Travailler à partir de documents audiovisuels
sollicite donc la partie du cerveau la plus efficace des dyslexiques et permet de compenser leurs difficultés. Les économies d’énergies pourront ensuite servir pour un travail écrit plus efficace !
Dans le même sens, faire une analyse filmique simple (travail sur la bande-‐image et la bande-‐son), sous forme de tableau, soulage les élèves dyslexiques : ils n'ont pas à se poser plus de questions du type : « Comment dois-‐je m'organiser pour répondre à la question ? Par quoi dois-‐je commencer ? Etc... »
L’analyse filmique se base sur des capacités de classement (d’éléments sonores et visuels) qu’ils exercent seuls depuis longtemps face à leurs difficultés à l’écrit. Un exemple rapide d’utilisation en classe : la publicité EDF 2001. Pourquoi avoir utilisé cette publicité ? (Voir figuré ci-‐dessous)
“ Utiliser une publicité audiovisuelle peut se
révéler particulièrement
efficace auprès d’élèves en proie à des
difficultés importantes liées à l’écrit. ”
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Le travail qui suit a été réalisé par une élève de 6e ayant intégré une classe « dyslexie ». Un tiers de la classe souffre du même handicap : les cours doivent donc être adaptés à leurs difficultés face à la lecture et aux travaux rédigés. Afin de leur faire acquérir un vocabulaire de base, il faut le réemployer le plus souvent possible dans des contextes différents. Associer le mot-‐clé à une image est le moyen le plus efficace pour l’ancrer dans les mémoires. La fiche qui suit est une évaluation formative menée avec des élèves dyslexiques. En effet, le cours sur « Habiter la ville » est déjà commencé mais il faut vérifier qu’ils sachent faire la différence entre espace rural et espace urbain avant de poursuivre le cours. L’analyse de la publicité a donc trois objectifs : réviser les bases du croquis de géographie, vérifier l’assimilation du vocabulaire, faire rédiger une phrase par croquis puis deux phrases de synthèse dans le tableau (soit un total de huit phrases, ce qui représente un volume très important pour un élève dyslexique). Après avoir lu la fiche et compris les consignes de travail, les élèves visionnent une première fois la publicité, sans noter de réponses. Ils ont ensuite cinq minutes pour commencer leur travail. La publicité est regardée une seconde fois et les élèves achèvent la fiche. (Voir figuré ci-‐dessous).
L’exercice faisant appel à des capacités graphiques, l’élève s’est sentie en réussite : sa fiche est entièrement complétée, elle a envie d’expliquer ce qu’elle a compris. Sa production écrite, même si elle reflète des hésitations et des difficultés d’ordre grammatical et orthographique, n’en est pas moins importante pour un exercice n’excédant pas quinze minutes d’autonomie. Le vocabulaire acquis lors des cours précédents est réemployé efficacement : la transformation d’un espace rural vers un espace urbain est montrée. Le montage extrêmement rapide est perçu comme un danger pour la ville que l’élève définit comme une métropole. Il est évident qu’un autre support de travail aurait pu convenir pour cette évaluation. Mais la publicité audiovisuelle présente l’avantage d’avoir plongé l’élève dyslexique dans une ambiance sonore et visuelle motivante. La vidéo offre l’opportunité de voir un paysage en évolution (même s’il est artificiel) filmé de manière subjective : le réalisateur a un message à transmettre. Grâce à la vidéo, les élèves comprennent que le document est une construction et vont l’analyser avec leurs propres connaissances, exerçant de façon simple leur esprit critique.
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Pour conclure et inciter les enseignants à utiliser la publicité audiovisuelle dans leur cours, une citation ancienne mais pertinente du Bulletin Officiel n°4 du 28 janvier 1999 met en lumière les différents aspects évoqués plus haut : « Il faut s'efforcer de mettre les élèves dans des situations où la compréhension des médias passe par l'observation fine de ce qui se passe dans l'image, les sons et le langage. Les comparaisons entre médias, les modes d'accès à l'information sont autant d'activités qui les aideront à faire le lien entre le vécu, le réel et le représenté et à exercer leur pensée critique. Cette démarche pourra utilement se développer dans le champ de la culture scientifique et technique. Il s'agit d'encourager les expériences, de refuser la simple consommation des médias, d'utiliser les capacités de maîtrise des langages pour former le jugement et faciliter la confrontation des connaissances ».
D. Z.