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PRINTEMPS 2013 TRIMESTRIEL n° 245 L’ŒUVRE DES CAMPAGNES FONDÉE EN 1857 AIDE AU CLERGÉ RURAL

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PRINTEMPS2013

TRIMESTRIEL n° 245

L’ŒUVREDES CAMPAGNES

FONDÉE EN 1857

AIDE AU CLERGÉ RURAL

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L’ŒUVRE des CAMPAGNESFONDÉE EN 1857

2, rue de La Planche - 75007 PARISTél. : 01 45 48 25 83

e-mail : [email protected]

AIDE FINANCIÈRE AUX PRÊTRES RURAUX pour :– acheter ou réparer une voiture ou une moto ;– sortir de difficultés exceptionnelles ;– améliorer leurs conditions de vie (chauffage du presbytère) ;– améliorer les salles de réunion (catéchisme...) ;– maintenir les établissements privés d’enseignementcatholique ;

– disposer d’ornements liturgiques convenables ;– organiser des missions dans nos campagnes.

[Toute demande d’aide doit être apostillée soit par le Conseiller ecclésiastique, soitpar le (ou la) Délégué(e) diocésain(e).]

HONORAIRES DE MESSES pour les prêtres rurauxqui en manquent.

Tout prêtre demandant des Messes doit y être autorisé par son Ordinaire.

DANS VOTRE DIOCÈSE VOUS POUVEZ VOUS ADRESSER AU (A LA)DÉLÉGUÉ(E) DONT LE NOM FIGURE SUR LA LISTEPUBLIEE A LA FIN DU N° 242.

Dans les diocèses qui en sont dépourvus, acceptez de devenirDÉLÉGUÉ ou DÉLÉGUÉE de l’Œuvre pour– faire connaître et recruter des Associés,– recueillir les cotisations et les dons et les transmettre au siègeà Paris,

– faire connaître au siège les besoins des prêtres de campagne.

LA TACHE EST URGENTE ET IMMENSE

LE SEIGNEUR LUI-MÊME VOUS APPELLEA AIDER SES PRÊTRES

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Le mot du Président

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Le 12 février.

Depuis plusieurs mois, le Conseil de l’Œuvre avait entrepris unedémarche pour se rapprocher davantage de la Conférence des Évêquesde France. En effet, si des liens existent dans chacun des diocèses entreles délégués de l’Œuvre et les conseillers ecclésiastiques désignés par lesévêques, il n’en était pas de même au niveau de notre Conseil Central etde la Conférence.

Ceci est maintenant acté et la veille épiscopale sur l’Œuvre des Cam-pagnes est désormais assurée par la Commission Épiscopale pour lesMinistres Ordonnés et les Laïcs en Mission Ecclésiale, présidée parMgr Bouilleret, évêque d'Amiens. Au sein de la CEMOLEME,Mgr Turini, évêque de Cahors, a accepté de suivre spécialement l’Œuvredes Campagnes.

Mgr Bouilleret vient donc de signer la nomination du Chanoine Esti-vin, Recteur de la Basilique Saint Martin de Tours, comme conseillerecclésiastique national de l’Œuvre en succession du Révérend PèreGuillocheau sj que je veux remercier ici très chaleureusement de l’aidequ’il nous a apportée tout au long de ces années passées à nos côtés ausein du Conseil Central.

Je me réjouis de cette avancée qui s’inscrit dans la démarche initiale denotre fondateur, l’Abbé Vandel, qui souhaitait que son action fut en par-faite communion avec les évêques.

Au moment où j’écris ces lignes, nous apprenons la nouvelle de larenonciation de Benoît XVI et j’invite tous les amis de l’Œuvre desCampagnes à prier pour l’avenir personnel du Saint Père et pour quel’Esprit Saint éclaire le Conclave qui sera appelé à élire le prochain suc-cesseur de Pierre.

Enfin, je vous donne rendez-vous au 11 avril prochain pour notre Jour-née d’entraide et d’amitié où j’espère vous rencontrer très nombreux.

Louis d’Astorg

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Que croient vraiment les catholiques ? Les prêtres aujourd’hui sont parfoistentés de ne pas y regarder de trop près, de peur de s’arracher les cheveux !

« Monsieur le curé, vous avez dit Vérité ? »Il ne faut surtout pas dire ni faire sentir à nos paroissiens proches ou lointains

que « nous avons la vérité » : nous voyons alors nos interlocuteurs prendre leursdistances : « Pourquoi la religion chrétienne serait-elle détentrice de la vérité ?Toutes les religions disent cela ! La vérité est au-delà des religions, et c’est enlaissant aux enfants le choix de leur religion que l’on aura la bonne attitude. »On s’en sort alors par des formules du type : « Ce n’est pas nous qui possédonsla vérité, c’est la vérité qui nous possède », ou « La vérité n’est pas une idée maisune Personne », ou encore cette phrase surexploitée de la petite Bernadette :« Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire »…Le pluralisme des religions semble une valeur indépassable et nous n’avons qu’àcorrespondre à la prestation religieuse demandée en quelque sorte, sans tropvouloir approfondir ce sujet impossible de « la vraie religion ».Lorsque l’on cite en homélie l’Évangile selon saint Jean 14,6, « Je suis le Che-

min, la Vérité et la Vie », et qu’on le commente un peu, on ne laisse pas indiffé-rents nos auditeurs. Ce jour-là, je leur disais que la présence réelle de Jésus, là,dans le tabernacle, n’était pas « relative » à ce que nous en pensons, mais bienréelle, que ce soit pour les chrétiens, les athées, les bouddhistes, les juifs, lesmusulmans : qu’ils y croient ou non, Jésus est bien là. « Oui ou non? », ai-jeinterpellé, en laissant volontairement les bons paroissiens quelques instantsdevant cette question… À la sortie de la messe (des deux messes, ce matin-là),j’ai eu deux types de réaction : plusieurs, plutôt jeunes d’ailleurs, m’ont chaleu-reusement remercié pour cet « éclairage », cette « mise au point », cette « confir-mation » apportée à leur foi. Je me souviens aussi de cette personne, plus âgée :« Mon père, vous m’avez troublée !… Mais alors les moines tibétains n’ont-ils pasune spiritualité authentique? – Je ne saurais en juger, ai-je répondu, mais ce queje sais, c’est que la réalité de la Présence de Jésus dans l’Eucharistie les concerneaussi, et aussi la Vérité de son Évangile, et qu’il faut faire la différence entre laVérité et ce qui n’en est que le reflet. Cela ne dépend pas de notre lieu de nais-sance. » Elle s’était faite à l’idée, depuis des années, et comme pratiquante régu-lière, que Jésus ne concernait que les personnes culturellement formées à Leconnaître, et qu’il était conforme à toutes les valeurs de respect et de tolérancede laisser les autres cultures faire de même dans leur sphère d’influence. Elle estrepartie fort perplexe… et moi de même : comment traitons-nous le Christ Jésus,nous, ses disciples ? « Seigneur, augmente en nous la foi ! ».

Laurent Larroque, prêtreExtrait avec autorisation de Sub signo Martini

n° 29 Décembre 2010 de la Communauté Saint-Martin

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Dans l’espérance

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De nos jours, il faut être beau, jeune, riche et intelligent. Tout ce qui necorrespond pas à ces qualités est mis en marge de notre société, particu-lièrement les personnes âgées. Pour leur plus grand bien et celui de leursproches, elles ont été regroupées dans des maisons de retraite. Combiende notre temps leur consacrons-nous? Deux heures par semaine..., parmois? Et nous passons, sans nous en rendre compte, à côté d’un trésorexceptionnel.

Toutefois, n’oublions pas ceux, qui visitent tous les jours un père, unemère, un mari ou une épouse ; ils peuvent parler mieux que moi de labeauté de ces moments partagés. Mais c’est aussi pour les plus jeunesque ces personnes âgées sont importantes. En effet, elles ont amassé uneriche expérience de la vie. L’âge venant, elles se sont débarrassé dusuperflu pour ne garder que l’essentiel. Aussi, nous rappellent-elles cequi est essentiel dans nos vies et ce qui ne l’est pas.

Depuis deux années, le père Abbé m’a confié la mission de visiter lamaison de retraite de la Charité de Saint-Vigor-le-Grand, près deBayeux. J’ai succédé dans ce ministère à frère Ismaël, au moment où ilpartait pour notre prieuré de Tarbes. Ici je désire vous faire partagerdeux années d’expérience spirituelle et humaine.

Serez-vous étonné si je vous dis que j’ai trouvé là de nombreux modèlesde sainteté ? Comment puis-je vous expliquer quelle joie m’est donnéependant ces quelques heures hebdomadaires passées dans cette maison?

Il me faut vous parler de ce que la vieillesse a de prophétique. Lavieillesse manifeste, déjà aujourd’hui, la victoire du Christ sur la mort.Finalement, passer un peu de temps avec nos aînés permet de constaterqu’une vie donnée est une vie réussie, qui porte des fruits au centuple.Afin de respecter chacun des résidents de la Charité de Saint-Vigor, jene citerai aucun nom, et volontairement je ne décrirai personne en par-ticulier.

La vieillesse est le temps de la pauvreté et de l’abandon

Après avoir mené chacun sa vie à sa guise, comme l’annonce Jésus àPierre : « Quand tu étais jeune tu mettais toi-même ta ceinture et tu allaisoù tu voulais (Jn 21, 18) », arrive le moment où l’on dépend d’autruipour les besoins les plus élémentaires : « quand tu auras vieilli, tu éten-dras les mains et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pasaller (Jn 21,18) ». C’est toujours un temps humiliant et coûteux, mais

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prophétique, car, alors se vit véritablement le renoncement à soi quedemande Jésus : « Qui perd sa vie, la sauvera ».

Notre vie n’est qu’un dépôt reçu à notre naissance. Un moment viendraoù il faudra en rendre compte devant Dieu. Sommes-nous prêts pourcela ? Avons-nous conscience que nous sommes seulement les dépositaireset non pas les propriétaires de notre vie ? La mort n’est pas autre choseque la remise à Dieu de ce dépôt provisoire. La vieillesse est un tempslong qui nous est donné pour nous aider à nous détacher petit à petit de lavie. La vieillesse n’est pas autre chose qu’une préparation à la mort.

Toutefois, ce détachement progressif de la vie n’est pas triste pour ceuxqui croient que Jésus-Christ est mort pour eux. Dans cette maison deretraite, j’ai rencontré l’espérance. Il paraît étonnant que là où la vies’achève, là où les corps s’affaissent, là où les esprits s’absentent, les per-sonnes soient rayonnantes d’amour. La souffrance est domptée parl’amour et l’espoir de la vie éternelle. Et moi qui, dans un tel lieu, ne suisqu’un étranger de passage, envoyé là par ma communauté, pour faire unpeu de bien, c’est à moi que l’on fait du bien. Je suis accueilli avec dessourires. Jamais ceux qui souffrent n’oublient de s’enquérir de moi, demes réussites et de mes échecs. Toutes ces personnes n’ont rien, le tempsles a dépouillées de tout, en particulier de la santé, et elles peuventencore donner infiniment : elles donnent l’amour. En cela, les habitantsde la Charité sont véritablement des prophètes. Ils annoncent la réalisa-tion des promesses du Christ sur terre. Déjà ils manifestent que l’amourtriomphe de la mort. Ils rappellent à tous, et aux plus jeunes en particu-lier, que le plus important dans la vie, c’est l’amour !

Le Christ, source de l’espérance

Jésus affirme : « Celui qui a recevra encore, mais celui qui n’a rien onlui enlèvera même ce qu’il a (Mt 25, 29) ». Ceux qui ont grandi dans la foiet la générosité ne sont pas pris au dépourvu lorsque survient la pau-vreté physique ou mentale. Il leur reste toujours le ministère de la prière.Je rencontre quelques dames, qui inlassablement passent leurs longuesnuits d’insomnie à prier pour tous leurs proches, et bien d’autres. Jamaisje n’hésite à confier à leur prière une personne en difficulté. Leur proxi-mité avec Dieu est telle, que jamais Il ne refuse de leur accorder cequ’elles demandent. Parce que ces personnes sont riches d’amour etd’attention envers les autres, elles suscitent l’amour et l’attention.L’amour engendre l’amour. Ce sont des personnes que leurs familles,leurs amis, et même des étrangers aiment venir visiter.

Au contraire, pour celles que la vie a moins préparées au détachementde la vieillesse, la souffrance peut être un vrai piège, qui les enferme en4

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elles-mêmes, sans qu’elles puissent encore profiter de ces derniers tempsavec leurs proches. La vie devient pour elles et leur famille un enfer. Cespersonnes-là vivent aussi quelque chose du mystère de la Résurrection.Nous voyons à travers elles ce qu’est l’éloignement de Dieu, et l’absencede bonheur qui en résulte. Je tente alors de les ramener à l’espérance parla prière. Mais il est difficile à un grand âge d’acquérir cette habitude dela prière qui permet de traverser les plus grandes épreuves dans la paix.C’est alors à moi de les porter dans l’oraison, afin que le Seigneur lessoulage du mal et les ouvre aux joies de la vie.La vie, même diminuée reste précieuse et source de joie. A l’exemple

du Christ, une personne âgée ne vit plus pour elle, mais pour les autres.Elle est heureuse pour ses enfants, ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants. C’est pour sa joie, et parce qu’ils l’aiment qu’elle supporte cou-rageusement maladie et invalidité. On peut se demander en quoi, unedame de plus de 95 ans peut être encore importante pour quelqu’un.Assurément, elle l’est, car même pour un fils ou une fille de 75 ans, unemère reste une mère. Nous désirons tous que vivent ceux que nousaimons, et leur disparition est toujours une perte terrible. Ainsi, même àun très grand âge, le patriarche demeure un ciment, un point de ren-contre et d’ancrage pour toute sa famille, même quand tous sont disper-sés à travers le monde.On peut considérer la vieillesse comme une décadence, mais je crois

plutôt qu’il s’agit d’un tamis, où enfin surgit l’essentiel : l’amour. Celuiqui a passé sa vie, centré sur lui-même, sera singulièrement dépourvu del’amour nécessaire pour surmonter les épreuves du grand âge. Il estcomme les vierges folles (Mt 25, 1-13) qui allèrent à la rencontre del’époux sans faire une provision suffisante d’huile pour leurs lampes.Lorsque survient l’époux au cœur de la nuit (la nuit symbolise lessouffrances), prises au dépourvu, elles ne peuvent l’accueillir. Ellesdemeurent alors à l’extérieur du palais royal (hors du Royaume deDieu). Ceux et celles qui espèrent dans le Christ ressemblent aux mar-tyrs qui ont endurés les pires supplices par amour pour le Christ. Lessouffrances ne semblent pas avoir de prise sur eux car ils s’en remettententièrement à Lui, et Il prend sur Lui leurs souffrances pour qu’ils netombent ni ne faiblissent. Le Christ est leur consolation aux jours de dif-ficulté. En Lui, ils trouvent la force de vivre et un exemple à suivre.Celui qui a la foi traverse la vieillesse comme une épreuve qui appro-

fondit sa foi. Ce n’est qu’un temps qui s’achèvera heureusement, par larencontre avec Celui qu’il attend depuis toujours. Pour les autres, la souf-france est une fin, rien n’existe en dehors d’elle. La mort est inenvisa-geable, elle est une abstraction qui signifie juste la fin de la souffrance.Pour ces personnes, la mort est une angoisse. Pour celles qui vivent dans

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la foi, elle est une délivrance accueillie avec gratitude. Dans ce cas, lesfamilles peuvent vivre un deuil apaisé. La mort est perçue commel’heureux achèvement d’une longue vie, et d’une agonie pénible.L’exemple de joie et d’espérance donné par leurs parents les encourageà affronter la vie avec générosité, sans peur ni angoisse. C’est le dernierbeau cadeau que laissent nos anciens à ceux qui les aiment : une espé-rance pour la vie au-delà de la mort.A la maison de retraite de la Charité de Saint-Vigor, j’ai découvert ce

que signifiaient le sacrifice, l’humilité, l’amour, et la vie dans la foi auChrist chaque jour de notre pèlerinage terrestre. Cette maison est uneécole où l’essence même de la vie devient visible et tangible. C’est uneécole d’amour.

Frère Julien

Extrait avec autorisation du Courrier de Mondaye n° 238 - octobre 2012Abbaye Saint-Martin de Mondaye 14250 Juaye Mondaye

http//www.mondaye.com

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Ce que jamaisBernadette Soubirousn’aurait pu inventer

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Malgré sa vigilance, tout au long des siècles, l’Église dut faire face àtoutes sortes d’illuminés, de faux visionnaires. Thérèse d’Avila en avertis-sait elle-même ses Sœurs carmélites : « Il se trouve des personnes – etj’en ai connu – dont la tête et l’imagination sont si faibles, qu’ellescroient voir tout ce qu’elles pensent. Cet état est bien dangereux ! »(Château de l’âme, liv. 4, ch. 3). En tenant compte de ces égarementsobservables à toute époque, il est logique, au moins à un moment donné,de se demander si la jeune Bernadette Soubirous n’aurait pas elle-mêmeété victime d’une telle illusion, d’autant qu’elle vécut les phénomènes deLourdes dans un état de santé plutôt précaire (sous-nutrition, retard decroissance, asthme). Eh bien ! force est d’admettre qu’un certain nombrede faits résistent à la critique. Ce sont eux que nous allons évoquer à pré-sent, sans du reste prétendre les avoir tous repérés.

– Peut-être que le coup de vent qui précéda la Pentecôte au cénacle(Ac 2, 2) aurait pu donner l’idée à Bernadette d’en mentionner un dumême genre peu avant la première apparition du 11 février 1858. Elleremarque, pourtant, que l’air était calme ce jour-là, puisque les peupliersau bord du Gave restaient immobiles. Néanmoins, elle entend nettementun bruit de coup de vent, suivi bientôt d’un deuxième semblant provenird’une niche de la grotte de Massabielle (Histoire de N.-D. de Lourdes,L.-M. Cros, éd. Beauchesne, 1925, t. 1, p. 75). Entendre le vent et ne voirbouger aucune feuille, voilà qui paraît contradictoire, et Bernadette avaittrop de bon sens pour inventer un tel phénomène contre nature.

– Si Bernadette avait été impressionnée par les statues mariales deséglises de Lourdes et de Bartrès, la Dame de son apparition aurait dûleur ressembler, or ce n’est pas le cas. Non seulement l’apparition se tientdifféremment, est vêtue d’une autre façon, mais, chose encore plusétrange, elle semble presque aussi petite et aussi jeune que Bernadetteelle-même (la taille de la voyante une fois adulte ne sera que de 1,40 m.).

– En revenant de Massabielle vers le logement familial, toujours le11 février 1858, Bernadette confie à sa compagne Jeanne Abadie : « Tupeux le croire : je n’ai jamais pu faire le signe de la Croix, jusqu’à ce quecette Dame l’a fait. Alors quelque chose m’a fait lever la main. » (Cros,

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op. cit., t. 1, p. 99). Ce signe de Croix impossible à faire avant l’apparitionelle-même, qui aurait pu inventer un détail pareil ?

– Si Bernadette avait fantasmé sa première apparition du 11 février,sans nul doute, elle aurait prêté à sa Dame quelques paroles édifiantes.Ici, bien au contraire, sa mystérieuse visiteuse reste totalement silen-cieuse. Et il en sera étonnamment de même lors de la deuxième appari-tion du 14 février.

– Quand enfin la Dame lui parle, le 18 février, elle le fait de bienétrange manière s’agissant d’une simple bergère. Elle lui parle certesdans son patois, mais en la vouvoyant, elle que tout le monde jusqu’icitutoyait : « Boulet aoué era gracie de bié aci penden quinze dies ? – Vou-lez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours ? » (cité parR. Laurentin, Sens de Lourdes, éd. Lethielleux, 1958, p. 121).

– Cette Dame, dont Bernadette ignore encore l’identité, semble prier lechapelet avec elle, puisqu’elle passe aussi les grains entre ses doigts, maiselle le fait sans prononcer une parole. Et voici le détail incroyable queBernadette n’aurait pu inventer : les lèvres de la Dame ne remuent qu’aumoment de la récitation des Gloria Patri et c’est aussi le seul momentoù elle s’incline respectueusement, apparemment devant la voyante,mais en réalité devant l’adorable Présence de la Sainte Trinité (cité parJ.-B. Estrade, Souvenirs intimes d’un témoin, Imp. de la Grotte, 1974, p. 43).

– Bernadette aurait peut-être pu imaginer la découverte d’une sourceà Massabielle, mais pas dans les conditions où cela s’est historiquementpassé. Le 25 février, l’apparition lui demande de façon paradoxale :« Allez boire à la fontaine et vous y laver. » Tout naturellement, Berna-dette se lève pour rejoindre le Gave. Mais alors l’apparition lui désignedu doigt un endroit dans la grotte elle-même. C’est là que Bernadettedoit gratter et faire jaillir l’eau promise. La voyante ne s’y attendait doncvraiment pas.

– Ces jours-là, une personne de Lourdes prêta son beau chapelet àBernadette, lui demandant de bien vouloir l’utiliser durant la prochaineapparition. Elle y consentit, mit le chapelet dans sa poche avec le sien,puis n’y pensa plus. Au début de l’apparition du 1er mars, elle sortit lechapelet prêté et voulut se signer avec, mais sa main fut mystérieuse-ment arrêtée. La Dame lui expliqua alors : « Vous vous trompez, ce cha-pelet n’est pas le vôtre. » (J.-B. Estrade, op. cit., p. 126). Aussitôt Berna-dette le remit dans sa poche, sortit le sien et le tendit à bout de bras versl’apparition. Celle-ci fit un signe de tête affirmatif et ce n’est qu’à partirde cet instant que la voyante put commencer à le prier. Gageons que sielle avait été une fausse mystique, c’est le beau chapelet qui serait restéentre ses mains !8

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– À la fin février, le curé Peyramal prévint Bernadette : « Tu répon-dras à la Dame qui t’a envoyée que le curé de Lourdes n’a pas l’habitudede traiter avec les gens qu’il ne connaît pas. Avant toute chose, il exigequ’elle fasse connaître son nom et, de plus, qu’elle prouve que ce nom luiappartient. » (Estrade, op. cit., p. 121). L’apparition répondit à cettedouble exigence le 25 mars, jour même de l’Annonciation. La Dame sedésigna d’une façon tellement inhabituelle et tellement peu compréhen-sible pour Bernadette, qu’elle ne cessa de répéter ce nom tout au long duchemin vers la cure, de peur de l’oublier : « Que soy era ImmaculadeCouncepciou. – Je suis l’Immaculée Conception. ». Comment l’humbleadolescente inculte aurait-elle pu inventer une pareille appellation quiexprime au plus près le mystère de la nouvelle Ève?

– Bernadette fait état de trois secrets que lui aurait confiés la ViergeMarie et elle précise à Jean-Baptiste Estrade qu’ils lui furent transmisnon pas en paroles audibles comme tout le reste, mais directement enson cœur (Estrade, op. cit., p. 289). Dans la mesure où, de toute façon, lesautres paroles n’étaient perçues que d’elle, quelle raison aurait-elle eud’imaginer un mode encore plus discret de transmission? On n’inventepas de tels détails !

– Lors de la 18e et dernière apparition, le 16 juillet 1858, on aurait pus’attendre à un discours d’adieu livrant d’ultimes conseils pour elle et lesfutures foules de pèlerins. Au lieu de quoi, ce ne fut qu’un délicieuxmoment d’échange de sourires dans un silencieux cœur à cœur. En cedébut de soirée, vers 20 heures, Bernadette se trouvait assez éloignée dela grotte et au-delà du Gave. Normalement, elle aurait dû n’apercevoirqu’à grand-peine sa céleste visiteuse. Or, voici ce qu’elle confia à sacompagne Antoinette qui se trouvait alors à ses côtés : « Il me semblaitque j’étais à la grotte sans plus de distance que les autres fois. Jene voyais que la sainte Vierge ! » (cité dans Bernadette vous parle,R. Laurentin, éd. Lethielleux, 1972, t. 1, p. 162). Une toute jeune filleinculte aurait-elle pu inventer une telle expérience de rapprochementvisuel qui contredisait de façon flagrante les lois élémentaires de la phy-sique et de l’observation courante ?

Si l’on veut bien prendre en compte tous ces faits les uns après lesautres, force est de reconnaître que la toute jeune Bernadette n’aurait pules inventer. À leur humble place, eux aussi témoignent de la réalité sur-naturelle des événements. Le préfet de l’époque formula des menaces àl’encontre de la voyante et des pèlerins, mais Bernadette ne s’en inquiétanullement, car, déclara-t-elle : « Je ne crains rien, parce que j’ai toujoursdit la vérité ! » (R. Laurentin, op. cit., t. 1, p. 153).

Bernard-Marie, ofs9

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Témoignage

Le sens à donner pour moi, à notre méditation sur le Salut est lesuivant :

Dans notre vie quotidienne, chaque minute nous rapproche du termede notre vie terrestre. Le plus difficile à accepter est plutôt la mort dansnotre existence. Dans ce qui la constitue et qui lui donne un sens.

C’est-à-dire dans nos actions inspirées par l’amour.

Amour des autres, amour de soi.

C’est ce qui est le grand « scandale » de l’agonie et de la mort duChrist. Ce qui a sans doute provoqué chez lui la sueur de sang du Montdes Oliviers.

Je pense que le Christ aurait pu accepter sa mort physique comme lefont tous les héros d’une cause qu’ils considèrent comme essentielle : parexemple les « kamikazes » musulmans aujourd’hui et bien d’autresmartyrs de fois diverses dans le présent et dans le passé.

Le plus difficile à dépasser est la mort de l’idée-même de la pérennitéd’un destin d’homme, du souvenir et de la mémoire.

Mort de ses projets, de ses illusions, de ses utopies.

Le Christ nous livre par sa passion son expérience de ces agonies.

Mais surtout le sens primordial de sa résurrection nous donne la forcede continuer à avancer à travers ces morts quotidiennes (trahison desamitiés et des amours, trahisons des idéaux qui conduisent nos actions).

Le sens livré est la Foi obstinée dans la victoire de la Bonne volontéimmuable dans le dépassement que Dieu promet à travers le sacrificeultime que nous devons faire de la confiance en sa promesse d’agir à tra-vers même l’échec et la mort.

Nous sommes poussière et même nos actions les plus sublimes le sontet sont destinées à disparaître sauf… si nous les plaçons dans ce fleuvede vie qu’est Son Amour et son projet sur la Vie.

Continuons avec confiance dans ce sillon tracé par le Christd’acceptation de la mort quotidienne de nos actions dans l’Espérance deleur Résurrection par la purification d’une transmutation de leur impu-reté et dans une réapparition que nous ne pouvons pas imaginer car ellenous dépasse.

P. C.10

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DONS A L’ŒUVRE DES CAMPAGNES

Les dons à l’Œuvre des Campagnes ouvrent droit à une réduction d’impôtégale à 66 % du montant du don (dans la limite de 20 % du revenu impo-sable).

Les entreprises peuvent prétendre à une déduction, de leur bénéfice impo-sable, du montant de leurs versements, dans la limite de 0,5 % de leur chiffred’affaires.

Vous pouvez, si vous le désirez, joindre le formulaire ci-après à votre envoià votre délégué ou au siège de l’Œuvre à Paris, 2, rue de la Planche,75007 Paris. E-mail : œ[email protected]

Nous regrettons de ne pouvoir tenir compte de dates précises pour la célé-bration des messes.

Nous prions nos associés d’établir tous leurs envois d’argent : mandats,chèques postaux, chèques bancaires, au nom impersonnel de l’Œuvre desCampagnes.

J’envoie à l’Œuvre des Campagnes un don de ............ €Je règle ma cotisation annuelle (3 € minimum) ............ €Je règle mon abonnement annuel (5 €) ............ €Je règle mon abonnement de soutien (8 € voire davantage) ............ €Je demande la célébration de messes

Messe : 16 €

Neuvaine : 175 € ............ €Trentain : 580 €

Total ............ €

Date : .........................................................................................................

Nom : .........................................................................................................

Prénom : .........................................................................................................

Adresse : .........................................................................................................

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Adresse e-mail :...............................................................................................

Moyen de paiement : chèque bancaire □ chèque postal □

Pour obtenir un reçu à usage fiscal pour le don, cochez ici □

NB : Les offrandes de messes n’ouvrent pas droit à la réduction d’impôt.

}

11-12 Dons et Legs:- 27/02/13 6:46 Page 11

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www.oeuvredescampagnes.fr

L’Œuvre des Campagnes se modernise. Vous pouvez désormais accéder àtoutes les informations concernant l’Œuvre sur notre site internet et dontl’adresse figure ci-dessus.

Vous pourrez ainsi consulter les derniers bulletins, vous inscrire ou inscrire enligne un de vos proches en utilisant le formulaire d’inscription.

Enfin, vous pourrez désormais faire vos dons en ligne. Pour cela, il suffit decliquer sur le bouton :

qui se trouve sur chacune des pages du site. Ce moyen de paiement est entière-ment sécurisé : il n’y a aucun risque de détournement de votre don ni de vosinformations personnelles et bancaires.

Si vous souhaitez nous apporter vos commentaires et vos remarques, merci denous les adresser par mail à : [email protected]

Nous en profitons pour vous signaler que notre ancienne [email protected] n’est plus valide.

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« Certaines personnes ou Associations de laïcs s’appliquent aussi à aider lesprêtres isolés et pauvres, comme l’Œuvre des Campagnes.C’est très louable. »

Jean-Paul IIArs, le 6 octobre 1986

PAR DES DONS ET DES LEGS, AIDEZ L’ŒUVRE DES CAMPAGNESA SECOURIR LES PRÊTRES DÉMUNIS.

LEGS ET DONATIONSL’Œuvre des Campagnes est autorisée à recevoir legs et donations en exonération

de droits.Pour le testateur, le plus simple est d’inscrire dans son testament une formule du

genre :« Je lègue à l’Œuvre des Campagnes, 2, rue de La Planche, à Paris 7e, une somme de

................... € (en toutes lettres puis en chiffres) pour venir en aide à des prêtres dansle besoin. »Rappelons qu’un testament dit olographe est rédigé sur papier libre ; il doit être

entièrement écrit, daté et signé de la main du testateur qui peut le conserver en lieusûr ou, ce qui est préférable, le remettre à un notaire.Le dépôt et la conservation par le notaire sont gratuits.

Faire un don

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Nouvelles des diocèsesLYON : Madame de Perthuis, notre déléguée, souhaite être remplacée.

E

Nos amis défuntsBAYONNE : Mademoiselle Marie-Louise Dassange, le 30 décembre

2012.ROUEN : Mademoiselle Armelle Drouet, le 15 novembre 2012.

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Ombre et Lumière

Ils étaient presque tous assis, là, par terre, autour du Maître, devant lelac de Tibériade. Simon ruminait en lui-même depuis un moment…

– Qu’est-ce que tu marmonnes lui dit Jésus ? Je te trouve biensoucieux !

– Il y en a qui disent : « Moi, je ne fais jamais de péchés ! »

– Simon je vais te dire une chose… Est-ce que tu as remarqué,lorsque tu te promènes par une belle journée d’été ensoleillée, que tonombre te précède ou te suis suivant, précisément, ta position par rapportau soleil ?

– Oui et alors ?

– Et alors, comme tu dis : Voici qu’un nuage arrive et… il n’y a plusd’ombre ! Eh bien, ces gars dont tu me parles, ils ont éliminé de leurhorizon la Lumière de Dieu ! Tu as compris ? L’ombre n’apparaît que s’ily a le soleil ! L’éclipse de Dieu comme le dira Benoît XVI dans deuxmille ans comporte nécessairement l’éclipse du péché ! Est-ce que tu ascompris ? Et tu sais qu’il y en a qui pèchent sept fois par jour ?

– Autrement dit ceux-là ils sont toujours avec Dieu?

– Je te laisse le soin de conclure !

P. Roger Vergé (Miettes d’Évangile)

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Les livresPar Marie-Annick de la Genardière

Veuillez noter que, désormais, nous ne prendrons plus en charge vos demandes delivres. Merci de passer vos commandes :• soit à votre libraire local ;• soit à LA PROCURE (ventes par correspondance) : 1, route de Creil

60552 Chantilly CedexTél. : 03 44 67 38 00.

LE DONJON ET LE CLOCHERÉric Mension-RigauPerrin. Collection Tempus640 pages - 12 €

Cet ouvrage paru en 2003 etréédité en livre de poche vientd’obtenir le prix Renaissance 2013.

Cette récompense méritée vientcouronner une étude qui nous estparticulièrement chère car elleretrace l’histoire de l’Œuvre desCampagnes depuis sa fondation en1857 par un prêtre savoyard, leP. Jean-Marie Vandel avec le sou-tien d’une aristocrate légitimiste aunom glorieux, la comtesse Augustede La Rochejaquelein et d’unedomestique de cette dernière quin’a pas hésité à y placer toutes seséconomies, et la suit jusqu’à nosjours...

De ces débuts, l’Œuvre porte tou-jours l’empreinte, recrutant encoremaintenant essentiellement dans labonne société aisée, aristocrates ou

notables avec quelques famillesplus simples de souche campa-gnarde. L’idée de départ du fonda-teur était de rechristianiser lescampagnes qui portaient encore audébut du XIXe siècle les stigmatesde la révolution française et de sapersécution organisée de la religioncatholique restée fidèle à Rome, ens’appuyant sur les châtelains alliésaux curés locaux. L’Œuvre, érigéeen archiconfrérie en 1892, traversabien des vicissitudes dont troisguerres sur le territoire national(1870, 1914 et 1939-45) et dut livrerbataille contre les « ennemis del’intérieur » que furent les gouver-nements anticléricaux de laIIIe république avec leurs lois « scé-lérates » qui culminèrent avec lafameuse « loi de séparation del’Église et de l’état » de 1905.

Les objectifs poursuivis à l’aubedu XXIe siècle n’ont pas beaucoupchangé, bien que le combat poli-tique proprement dit ait été aban-

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donné ainsi que les « missions », ilssont d’ordre spirituel et surtoutmatériel : offrandes pour desmesses, motorisation des prêtresruraux, dons aux prêtres nouvelle-ment ordonnés et aux jubilaires,soutien aux écoles libres de cam-pagne, restaurations d’églises ou depresbytères... Un bulletin trimes-triel rend compte du fonctionne-ment de l’Œuvre, entre autres, del’attribution des dons, et proposedes extraits d’articles de spiritualitéet une sélection de livres...L’Œuvre, malgré son libellé, a son

siège à Paris, rue de la Planchedans le VIIe arrondissement ausein de l’ancien Faubourg Saint-Germain qui a fourni tant de dis-tinguées présidentes dont desprincesses de la Maison de France...Professeur à la Sorbonne et spé-

cialiste des milieux aristocratiques,Éric Mension-Rigau qui a publiéun certain nombre d’ouvrages surce sujet, a fait là une étude extrê-mement précise et documentée(200 p. de notes !...) qui fourmillede noms connus pour le plus grandplaisir du lecteur... Nous ne sau-rions trop en recommander la lec-ture aux amis de l’Œuvre.

LE PÈREMARIE-DOMINIQUE PHILIPPEBenoît-Emmanuel Peltereau-VilleneuveEntretiens avec Ariane SchwizgebelParole et Silence216 pages - 20 €

Ce livre d’entretiens écrit par unfrère de la Communauté St Jean,

présent dès ses débuts, veut nouslivrer une biographie vivante deson célèbre fondateur...

Issu d’une famille nombreuse duNord de la France, le Père Marie-Do, comme il se faisait appeler, estle huitième de 12 enfants. Élevédans un milieu très croyant (safamille donnera à l’Église 3 domi-nicains et 4 moniales contempla-tives !...), il devient très tôt ledisciple d’un oncle dominicain, leP. Duhau qui aura une profondeinfluence sur lui. Le Père ne quit-tera d’ailleurs jamais l’Ordre desPrêcheurs tout en fondant une nou-velle congrégation...

C’est alors qu’il enseigne la phi-losophie à l’université de Fribourgsur le conseil de Jean-Paul II qui adécelé chez ce professeur thomisteun « maître » spirituel, qu’un petitgroupe d’étudiants vient se confierà lui pour mener une vie selon lesconseils évangéliques… Bien quedépourvu de moyens matériels,encouragé par Marthe Robin avecqui il entretient une amitié sansfaille, il est amené à fonder la Com-munauté St Jean, inspirée commeson nom l’indique par la spiritualitémystique de l’apôtre Jean, le « dis-ciple bien aimé »... D’abord ratta-chée aux bénédictins de Lérins, lapetite communauté nouvelle s’ins-talle à Rimont en Saône et Loire etcommence à voler de ses propresailes avec le succès que l’on sait,succès qui ne se démentira pas etsuscitera de nombreuses jalousiesdans l’Église.

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Très tôt, notre dominicain a res-senti la nécessité de promouvoirconjointement les « Trois Sagesses »que sont la sagesse philosophique,la sagesse théologique et la sagessemystique pour une rechercheapprofondie de la Vérité, qui fut lebut de toute sa vie. S’appuyant surune profonde dévotion mariale, lePère était un grand « amoureux »de la Miséricorde telle que déve-loppée par la petite Thérèse et parSœur Faustine et la mettait en pra-tique dans ses rapports avec ses fils ;tous ses visiteurs étaient frappés etparfois convertis par sa bontérayonnante malgré les souffrancesprofondes dues aux critiques etcontradictions de toutes sortes quin’ont pas manqué sur son chemin....

Un livre lumineux comme celuidont il parle, rendu particulière-ment vivant par le procédé desquestions-réponses, très facile d’ac-cès en dépit du sujet traité et quiréjouira tout croyant qui en ressor-tira avec une plus grande intelli-gence de la Foi...

ÉVA BRAUNHeike B. GörtemakerÉditions du Seuil et France Loisirs416 pages - 18,95 €

Ce document très documenté etillustré de photos inédites a étéécrit par une Allemande sur cellequi fut la compagne de Hitlerpendant 15 ans. Il nous fait une foisde plus revivre la période desannées 30 et 40 de la première moi-tié du XXe siècle qui virent la mon-

tée du National-Socialisme enAlle-magne, les victoires éclair de sesarmées en Pologne et en France,consacrant l’apogée du culte du« Führer », apogée qui précéda depeu le début de l’écroulement pro-voqué par la funeste campagne deRussie jusqu’à la fin sordide du sui-cide collectif dans le bunker deBerlin...

L’auteur se penche en fait à tra-vers la personne un peu faloted’Eva Braun sur la vie menée parHitler dans son cercle intime, saconception de la femme et de sonrôle dans l’univers national-socia-liste, nous découvrant ce-faisant unHitler à la fois humain et idéalistepresque sympathique, aimant lescauseries au coin du feu dans sonrefuge bavarois, se faisant photo-graphier avec les petites filles d’uneamie de sa maîtresse qui rêvait del’épouser et d’en faire un bon pèrede famille... C’est peut-être lemérite de cet énième ouvrage surl’Allemagne nazie de nous montrerque les pires fauves peuvent avoirpour leurs proches un visagehumain et que ce visage, habile-ment mis en avant par une toute-puissante propagande peutparvenir à tromper tout un peupleet à l’entraîner au fond du gouffre...

Une extraordinaire leçon d’hu-manité qu’on aurait souhaitée pluscourte et moins prolixe, qui intéres-sera tous ceux qui s’interrogentencore sur le destin messianique etfatal de celui à qui ses compatriotesrendaient un culte sous le nom deFührer...

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L’ENFANCE DE JÉSUSJoseph Ratzinger. Benoît XVIFlammarion188 pages - 15 €Ce livre se veut selon Benoît XVI

lui-même, une introduction à sesdeux précédents ouvrages consa-crés à Jésus de Nazareth… Est-ceparce qu’il traite de l’enfance deJésus ? il est d’un abord beaucoupplus facile que ses deux prédéces-seurs. Surprise agréable pour le lec-teur français, il est au moins aussisouvent fait référence à nos grandsthéologiens nationaux, Daniélou,Laurentin... qu’aux inévitables exé-gètes allemands aux noms impro-nonçables.Laissant de côté les « Évangiles

apocryphes » qui ont nourri notreimaginaire sur l’enfance du Christpar leurs anecdotes merveilleuses,Benoît XVI cantonne rigoureuse-ment sa recherche aux textes cano-niques sur l’origine et l’enfance deJésus ; ceux-ci peu nombreux setrouvent essentiellement dans lesévangiles de Matthieu et de Lucqui commencent tous deux parnous livrer des généalogies deJésus qui diffèrent un tant soit peuentre elles, chacun mesurant lesgénérations à l’aide de chiffreschoisis pour leur valeur symbo-lique... Nous enchaînons ensuitesur les deux annonces de naissance,celle du Baptiste et celle de Jésuset suivons celui-ci jusqu’à sonrecouvrement au Temple à l’âge de12 ans...

C’est le grand dilemme mis enlumière par notre pape : qu’est-ce

qui prédomine dans ces récits :l’historicité des évangiles ou lesconstructions théologiques posté-rieures échafaudées par les pre-mières communautés chrétiennes ?Benoît XVI ne prend pas partimais nous livre cas par cas saconviction personnelle, s’exprimantainsi plus en tant que Joseph Rat-zinger, professeur de théologiequ’en tant que pape, chef de lachrétienté, comme nous le rappelled’ailleurs la signature de l’ouvrage.

Dans tous ces faits rapportés parles évangélistes sur l’enfance deJésus, Benoît XVI voit une fois deplus la démonstration de la doublenature, si difficile à admettre pourles esprits cartésiens, de Jésus vraiDieu et vrai homme.

Un ouvrage incontournable pourtout Chrétien et d’un abord facileet séduisant pour toute personne« en recherche »...

LA SAGA DESWINDSORJean des CarsPerrin420 pages - 21,90 €Le talentueux narrateur qu’est

Jean des Cars nous livre ici une his-toire passionnante comme unroman de cette dynastie créée en1917 en référence au célèbrechâteau, pour faire oublier le nomtrop germanique des souverainsSaxe-Cobourg-Gotha alors que leRoyaume-Uni se bat contre l’Em-pire allemand... C’est donc de 1917à nos jours que nous suivons lespéripéties parfois rocambolesques

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des membres du clan Windsor. Del’atmosphère encore très victo-rienne qui baigne ses débuts, lasaga se voit rapidement entachéede scandales dont vont se régalerles « tabloïds » à leurs débuts...

Le premier coup de tonnerre etle plus connu est la folle passion duroi Édouard VIII pour une améri-caine divorcée au passé sulfureux,la belle et énigmatique WallisSimpson, passion qui entraîne l’ab-dication du roi en 1936 au profit deson frère cadet, le futur George VI.Le couple maudit par toute l’An-gleterre mais fâcheusement bien vud’Hitler, accumulera les gaffes etles provocations auxquelles seulesla vieillesse et la mort des deuxpartenaires viendront mettre unterme. Jean des Cars n’est pastendre pour celui qu’il nomme « leroi félon » et décrypte pour le lec-teur ce qui se cache sous cette soi-disant « longue histoire d’amour » :trahison, ambition, argent et sexe.On est plus dans Dallas que dansTristan et Yseut !...

Nous applaudissons par contreavec lui le courage tout simple duroi George VI (le héros du film« Discours d’un roi ») et de sonépouse Mary pendant le « blitz »qui leur valut l’estime du peupleanglais tout entier. Le roi, épuisépar les années de guerre s’éteinttrop tôt en 1953, laissant leroyaume à la jeune princesse Élisa-beth, mariée à son cousin PhilippeMountbatten. La suite, nous laconnaissons, la place difficile àtenir de Philippe au côté d’Élisa-

beth II, les amours contrariées et ledivorce de Margaret, le premiermais non le dernier de la famille...L’ « annus horribilis » de 1992 quivoit la séparation des Galles, ledivorce d’Andrew et la mort ducher oncle Mountbatten dans unattentat de l’IRA sera un momenttrès dur pour la Reine. Le sort nel’épargnera pas un peu plus tardavec le décès accidentel et trèsmédiatisé de sa belle-fille Diana. Ilsemble que l’avenir se présentesous des couleurs plus gaies avec lemariage de Charles et Camilla,celui d’Edward et surtout les splen-dides noces de William et Kateauxquelles nous venons d’assister...

Un document essentiel donc, àmi-chemin entre la petite et lagrande Histoire qui ne peut quesusciter l’intérêt de nos contempo-rains des deux sexes...

LA CHALEUR DU CŒUREMPÊCHE NOS CORPSDE ROUILLERVieillir sans être vieuxMarie de HennezelRobert Laffont240 pages - 19 €

Ce titre original et poétique estextrait d’une chanson populaire del’île japonaise d’Okinawa, appeléeaussi « île des Centenaires » en rai-son de la longévité inhabituelle deses habitants.... L’auteur de « LaMort intime », confrontée cette foisà son propre vieillissement de« baby-boomer », nous fait parta-ger son angoisse face à la vieillesse

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toute proche et sa réflexion sur lesmoyens de rendre cette dernièreétape plus sereine...

La spécialiste des soins palliatifsqu’elle a été a pu constater « devisu » combien un accompagne-ment humanisé des vieillards, parti-culièrement des grabataires, peutfaire toute la différence entre un« mouroir » où règne le désespoirdevant la diminution de l’auto-nomie et la souffrance, celles-cis’accompagnant souvent d’unedemande d’euthanasie, et des mai-sons de retraite attrayantes quisoient des lieux de vie où nosanciens puissent passer leurs der-nières années dans la sérénité, etpourquoi pas la joie et le rayonne-ment de celui qui n’a plus autrechose à faire que d’aimer... Àl’appui de sa démonstration, ellenous raconte ses rencontres avecces « vieillards magnifiques » quefurent Sœur Emmanuelle ou Sté-phane Hessel, l’une portée par safoi, l’autre, ancien grand résistant,par ses valeurs humanistes... et,chemin faisant, nous découvronsavec elle que la vieillesse peut êtreun temps gratifiant si on choisit cequ’elle appelle le « lâcher prise »plutôt que de se crisper sur leregret d’une jeunesse définitive-ment enfuie.

Un livre-guide pour tous ceux etcelles qui ont franchi l’étape fati-dique des 60 ans et de la « cartevermeille » et qui s’interrogentavec une anxiété justifiée sur cettedernière partie du parcours qui lesattend...

JUSQU’AU BOUTMgr Georges Casmoussa,archevêque de Mossoul, Irakentretiens avec J.Alichoranet Luc BalbontNouvelle cité190 pages - 20 €En 1948, le jeune irakien

Georges Casmoussa, âgé de 10 ans,se rend avec un groupe au monas-tère voisin de Mar Benham. Là, audétour d’un couloir, il aperçoit unenfant de son âge par la porteentrebâillée d’une cellule. Tel Jésusdans le Temple, il est au centre d’ungroupe d’adultes qui l’écoutentreligieusement. Cette rencontre vaêtre à l’origine de la vocation deGeorges qui entre dès l’année sui-vante au petit séminaire du monas-tère. C’est le début d’un parcourshors norme pour le jeune garçon...D’une intelligence brillante,devenu polyglotte, directeur dejournal et fondateur d’une commu-nauté de prêtres, il partage ses acti-vités entre le Liban et l’Irak quandil est nommé archevêque de Mos-soul, au nord de l’Irak, en 1999.Pendant ce temps, il a été le témoinprivilégié de tous les évènementsliés à l’histoire de son pays : fin dela monarchie, arrivée au pouvoir duparti Baath et de Saddam Hussein,guerre Iran-Irak, première etseconde guerre du Golfe, occupa-tion américaine et retrait destroupes laissant un pays en proie àla violence où le sort des chrétiensest particulièrement précaire...

L’archevêque dresse un constataccablant pour les Occidentaux.

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Leur interventionnisme mal sup-porté, leurs bavures innombrablesont largement contribué à fragiliserle sort des chrétiens d’Irak et duMoyen-Orient en général, ceux-ciétant assimilés aux envahisseurs dufait de leur religion...

Il garde cependant l’Espéranceque Chrétiens et Musulmans deson pays puissent s’entendre, pré-conisant non un dialogue théolo-gique voué à l’échec mais ce qu’ilappelle un « dialogue de vie », un« vivre ensemble » au quotidien quiaille au-delà des communauta-rismes et des intérêts claniques. Il alui-même été enlevé, a frôlé la mortpuis été relâché par des extrémistesliés au banditisme qui se drapentdans la religion pour extorquer desrançons...

Un document irremplaçable surcet Irak qui continue de faire laune des journaux et sur la vie descourageux chrétiens restés au paysmalgré la menace du martyre.

RIEN NE S’OPPOSE À LA NUITDelphine de ViganJ.C. Lattès438 pages - 19 €J’avoue avoir entamé la lecture

de ce trop célèbre livre, qui a fait laune des médias avec une certaineréticence. Les échos entendus çà etlà étaient très partagés... Le titrelui-même n’est pas très engageantmême si le texte mis en exergueparle d’une certaine « lumière » dunoir. Ce récit, est-ce vraiment unroman? est en effet bien noir et

bien dans le goût du monde actuelpar sa complaisance pour l’auto-destruction et la désespérance.

La narratrice, confrontée au sui-cide de sa mère après des annéesde maladie mentale part à larecherche de l’enfance de celle-cipour essayer de comprendre... Celanous vaut heureusement quelquesbelles pages sur une famille nom-breuse hors du commun, cellede ses grands-parents, Liane etGeorges qui auront 9 enfants dontun petit dernier trisomique etadopteront un ancien « enfant mar-tyr » sans réussir à le sauver...Lucile, la mère de la narratrice estla deuxième de cette fratrie, véri-table petite beauté blonde, ellecontribue à l’équilibre budgétairefamilial en posant pour des maga-zines et est la « chouchoute » deson père en extase devant cettepetite merveille. Cela ne l’aiderapas à se construire et elle montretrès vite des signes inquiétants dedéséquilibre dont le décès acciden-tel d’un jeune frère très aimé vaêtre le révélateur. À partir de cemalheur imprévu, la vie en appa-rence idyllique de la tribu vasombrer, entraînant suicides etmaladies mentales. Quelquesrémissions dans la folie de Lucileévitent au récit d’être trop sinistremais les amours désordonnés desprotagonistes et leur manqued’équilibre sont vraiment par troppesants... Seuls les personnageslumineux de Liane, la grand-mère,et de Tom, le jeune trisomiquedevenu à force de ténacité cham-

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pion de ski nautique, éclairent lesténèbres de cette saga familiale.

Un livre à réserver aux seulsadultes détenteurs d’un optimismeà tous crins, et qui veulent essayerde comprendre la dérive suicidairede notre société...

CANDIDEAU PAYS D’ALLAHClotilde ClovisÉditions Qabel236 pages - 16 €Sous le pseudonyme de Clotilde

Clovis se cache une mère françaisede souche de deux enfants, docteuret ingénieur des mines et profes-seur de sciences... Elle nous livre icison témoignage d’un amour vécudans un don total de soi avec unépoux musulman, amour qui va luifaire découvrir de l’intérieur lesréalités de la société islamique et lavie d’une femme mariée en Tunisie,pays de son mari.

Folle amoureuse de son« Charme » rencontré à Paris pen-dant ses études, (sans doute unetraduction d’un prénom arabe) quiporte bien son nom car il endéborde, notre jeune fille l’épousecontre le gré de sa famille... Elle estalors « sans religion » et ne peutsoupçonner l’impact que va avoircelle de son mari sur leur viefuture, celui-ci, qui poursuit sesétudes en France depuis plusieursannées, se disant « indifférent ».Las, la jeune épousée, rapidementmère de deux enfants va com-mettre l’erreur d’aller rejoindreson époux dont elle est sans nou-

velles au « bled ». Elle découvrealors un nouveau Charme, récu-péré par une famille tentaculaire etenvahissante, pleine de méfiancevis-à-vis de cette belle-fille fran-çaise dont ils ignoraient l’existence.

Mais plus que sa belle-famille,c’est Allah lui-même qui va venirs’interposer entre les deuxconjoints. Clotilde va tout fairepour reconquérir le cœur de sonbien-aimé. Elle commence par serenseigner sur son rival en lisant lestextes fondateurs de l’Islam dontelle aperçoit bien vite les lacunes etla violence, seuls les mystiques sou-fis ont grâce à ses yeux. Bien quefaisant l’objet d’une forte pressionpour réciter la fameuse « chahada »qui ferait d’elle une musulmane,Clotilde résiste et discute point parpoint la religion qu’on veut lui faireadopter. Sa recherche l’amène àlire attentivement la bible que desévangélistes lui ont offerte... et là,elle a le coup de foudre pour lapersonne du Christ et son messaged’amour et découvre le Dieu desChrétiens. Pour éviter que ses deuxenfants ne deviennent de parfaitspetits musulmans et pour pouvoirvivre sa nouvelle foi, Clotildedécide après un bref séjour seule àParis, de faire sortir secrètementses enfants de Tunisie pour lesemmener en France... Évasionréussie... qui voit la petite famillebaptisée en bonne et due formedans l’Église catholique et, choseencore plus étonnante, quelquesannées plus tard, le mariage àl’église de Clotilde et de Charme

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qui l’a rejointe en France. Ce der-nier n’a pas encore embrassé lareligion de sa femme et de sesenfants mais Clotilde ne désespèrepas et prie ardemment pour sonépoux.

Cette conclusion étonnante etpleine d’espérance fait toute l’ori-ginalité de ce récit qui, contraire-ment à beaucoup d’autres – l’Islamest d’actualité – ne « stigmatise »pas le mari musulman. Ne nousleurrons pas cependant sur lecaractère exceptionnel de cette his-toire, toutes les unions « mixtes »ne finissent pas aussi bien ets’avèrent souvent dangereuses etsans avenir... Peut-être vaut-ilmieux ne pas faire lire ce livre, audemeurant très prenant, à denaïves jeunes filles...

LE SERMON SUR LA CHUTEDE ROMEJérôme FerrariActes Sud202 pages - 19 €Ce prix Goncourt 2012 dont on a

tant parlé ne tient pas les pro-messes de son titre... Le lecteur adu mal à voir le lien entre le ser-mon fameux du grand évêquethéologien d’Hippone et cette his-toire un peu sordide d’exploitationd’un café dans un petit villagecorse. Il paraît que l’auteur a vouluillustrer l’idée augustinienne quetout ce qui naît de main d’hommeest destiné à disparaître... En l’oc-currence, le café que reprennentdeux étudiants en philosophie dans

un petit village proche de Corteconnaît d’abord un succès, inespérévu les précédents catastrophiques,pour sombrer finalement dansl’ivrognerie et la violence et devoirune fois de plus fermer ses portes.

L’histoire que n’épargnent pastoujours les anecdotes graveleusesavec les deux péripatéticiennesembauchées comme serveuses etles péripéties amoureuses des deuxgarçons avec leurs « petites amies »est bien dans l’air du temps. Seulsquelques retours en arrière sur lesdeux guerres mondiales vécues parles ascendants villageois des héroset un certain pittoresque « couleurlocale » dû en grande partie auxnoms propres de personnages oude lieux « sauvent » le récit... Il fautaussi reconnaître que l’auteur nousraconte ces faits bien prosaïques etsouvent vulgaires dans une languesomptueuse qui évoque son illustreprédécesseur au Goncourt que futMarcel Proust. On se prend à pen-ser « quel gâchis de talent ! » et àespérer un prochain ouvrage sur unsujet qui soit cette fois « à la hau-teur »...

Ma seule consolation est que ceparrainage bizarre d’une hauteautorité spirituelle pour un récitqui ne vole pas bien haut aura per-mis à un tas d’indifférents igno-rants d’entrer en contact avec lapersonnalité géniale et la penséeinspirée du grand Saint Augustin...Une lecture, en tout cas, à réserverexclusivement aux adultes qui veu-lent se faire une idée de ce qui plaîtà nos contemporains...

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Notre ami Louis-Marie Boivineaunous a fait parvenir son dernierlivre :MARIE, TÉMOIN DE DIEULouis-Marie BoivineauLethielleux150 pages - 11 €Laïc lié au renouveau charisma-

tique, le vendéen Louis-Marie Boi-vineau est animateur de groupes deprière et d’adoration eucharistique.Il délaisse cette fois son sujet favoriqu’est l’adoration pour nous livrerun ouvrage consacré exclusivementà Marie. Ce sont 78 prières enforme de poèmes dont 62 qu’il alui-même composées ainsi quedeux textes en prose sur la Vierge

que nous propose ce compatriotede St Louis-Marie Grignion deMontfort dans ce petit livre. Avecdes accents qui rappellent parfoisCharles Péguy, reprenant desthèmes de la tradition orthodoxe,en particulier du superbe « Hymneacathiste », il nous fait entrer danssa profonde spiritualité et dévotionmariales révélées à la suite d’unpèlerinage à Medjugorje en 1995.

Ces écrits tantôt liturgiques, tan-tôt poétiques selon sa propreexpression, plairont à un public decroyants, vendéens ou non, et lesaideront à formuler leur amourfilial pour la Mère de Dieu qui estaussi la Mère des hommes...

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En 2012

NOUS AVONS

• Envoyé des offrandes de messes à 170 Prêtres,

• envoyé une aide à 39 Prêtres (secours personnel, ornementset vases sacrés),

• aidé 78 Prêtres à changer de voiture, la réparer oul’entretenir,

• attribué 250 € à 67 Ordinands pour faciliter leur installation,

• envoyé 80 € à 531 Prêtres Jubilaires à l’occasion de leurs 50,60, voire 70 ans de Sacerdoce,

• et aidé 8 écoles et 1 séminaire pour des travaux de réparationou d’extension.

Au total, grâce à tous vos dons et à 4 legs, l’Œuvre a apportécette année un soutien à plus de 885 Prêtres.

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TABLE des MATIÈRES

1. Le Mot du Président ............................................................................. Page 1

2. « Monsieur le curé, vous avez dit Vérité ? »(Père Laurent Larroque) ................................................................... Page 2

3. Dans l’espérance (Frère Julien) ................................................... Pages 3-6

4. Ce que jamais Bernadette Soubirous n’aurait puinventer (Bernard-Marie, ofs) ....................................................... Pages 7-9

5. Témoignage (P. C.) ................................................................................. Page 10

6. Dons à l’Œuvre des Campagnes, legs et donations .. Pages 11-12

7. Nouvelles des diocèses – Nos amis défunts ..................... Page 13

8. Ombre et Lumière(Père Roger Vergé - Miettes d’Évangile) ............................... Page 14

9. Les livres (Marie-Annick de la Genardière) .............. Pages 15-24

10. En 2012, nous avons …......................................................................... 3e de couv.

Pensez à votre cotisation, Merci !Cotisation annuelle minimale : 3 € par anAbonnement : 5 € par an.Abonnement de soutien : 8 € voire davantagepar an.

L’Œuvre des Campagnes2, rue de La Planche, 75007 ParisTél./Fax : 01 45 48 25 83E-mail : [email protected]

Photographie de Couverture :Photo de Robert Brucknerwww.neuestadt.com

Imprimerie de Montligeon - 61400 St Hilaire le ChâtelDépôt légal : Mars 2013 - N° 25965 - Gérant : M. Louis d’Astorg

N° Enreg. Comm. Parit. 1217 G 82530 - ISSN 1272-9604

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