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4 la luftwaffe sur les îles britanniques : le « blitz » (2 e partie : du 1 er avril au 22 juin 1941) la luftwaffe sur les îles britanniques : le « blitz » (2 e partie : du 1 er avril au 22 juin 1941) Jean-Louis Roba Avril 1941 Le 1 er avril, les bombardiers allemands ne vont pas attaquer de nuit mais on note plusieurs ‘Seeräubeangriff’ sur tout le sud de l’Angleterre. Mal leur en prend car la riposte sera efficace : -le Ju 88 V4+BS de la 8./KG 1 parti vers Birmingham percute une colline à Brown Cloe Hill dans une tempête de neige et tue son équipage ; -un He 111 de la 3./KG 4 est endommagé par la DCA de l’aérodrome de Leeming puis par des attaques du N° 41 Sq. mais finira malgré tout par revenir à Soesterberg ; -le He 111 1G+HL de la 3./KG 27 est attaqué en mer au large de St David’s Head par le N° 79 Sq. Deux aviateurs repêchés entreront en captivité ; -le He 111 1G+FL de la 3./KG 27 est victime d’un ennui moteur sur le canal de Bristol. Son pilote tente de le poser sur l’île de Lundy mais le bimoteur percute une montagne. Deux aviateurs sont tués, les trois autres étant capturés ; -le 1G+LH de la 1./KG 27, victime du N° 316 Sq., sera posé en Irlande neutre où l’équipage sera interné. Ces trois missions de la 27 e relevaient plus des opérations maritimes que des assauts visant directement les îles britanniques. Enfin, le 3Z+LN, un Ju 88 de la 5./KG 77, est victime de Hurricane du N° 242 Sq. Avant le ‘crash’, deux aviateurs peuvent sauter avant d’être capturés. Lors d’une patrouille sur la côte septentrionale des Cornouailles, deux Whirlwind du N° 263 Sq. repèrent un Ju 88. Le tir rapide et précis d’un mitrailleur envoie un des chasseurs et son pilote s’écraser en mer. L’intrus prend alors la fuite. La nuit sera tranquille. Le 2 avril, les combats auront lieu principalement de jour. -un Ju 88 codé M7+DL de la 3./K.Gr. 806 est victime avec son équipage de la DCA ; -un Ju 88 de la 3.(F)/121 revient à Dinard très endommagé après une interception du N° 79 Sq. sur Linney Head. Un Hurricane du 79 e étant sérieusement endommagé par le tir défensif ; Le Westland Whirlwind P6984/HE+H du N° 263 Sq. en 1941. (Air Ministry) Embarquement de nuit d’un équipage de Ju 88. Page suivante en haut : l’épave du He 111 1G+LH de la 1./KG 27 est examinée par des militaires irlandais.

le « blitz - Avions-Bateaux.com · -le He 111 1G+HL de la 3./KG 27 est attaqué en mer au large de St David’s Head par le N° 79 Sq. Deux aviateurs repêchés entreront en captivité

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  • 4 la luftwaffe sur les îles britanniques : le « blitz » (2e partie : du 1er avril au 22 juin 1941)

    la luftwaffe sur les îles britanniques :

    le « blitz »(2e partie : du 1er avril au 22 juin 1941)

    Jean-Louis Roba

    Avril 1941

    Le 1er avril, les bombardiers allemands ne vont pas attaquer de nuit mais on note plusieurs ‘Seeräubeangriff’ sur tout le sud de l’Angleterre. Mal leur en prend car la riposte sera efficace :-le Ju 88 V4+BS de la 8./KG 1 parti vers Birmingham percute une colline à Brown Cloe Hill dans une tempête de neige et tue son équipage ;-un He 111 de la 3./KG 4 est endommagé par la DCA de l’aérodrome de Leeming puis par des attaques du N° 41 Sq. mais finira malgré tout par revenir à Soesterberg ;-le He 111 1G+HL de la 3./KG 27 est attaqué en mer au large de St David’s Head par le N° 79 Sq. Deux aviateurs repêchés entreront en captivité ;

    -le He 111 1G+FL de la 3./KG 27 est victime d’un ennui moteur sur le canal de Bristol. Son pilote tente de le poser sur l’île de Lundy mais le bimoteur percute une montagne. Deux aviateurs sont tués, les trois autres étant capturés ;-le 1G+LH de la 1./KG 27, victime du N° 316 Sq., sera posé en Irlande neutre où l’équipage sera interné.Ces trois missions de la 27e relevaient plus des opérations maritimes que des assauts visant directement les îles britanniques.Enfin, le 3Z+LN, un Ju 88 de la 5./KG 77, est victime de Hurricane du N° 242 Sq. Avant le ‘crash’, deux aviateurs peuvent sauter avant d’être capturés.Lors d’une patrouille sur la côte septentrionale des Cornouailles, deux Whirlwind du N° 263 Sq. repèrent un Ju 88. Le tir rapide et précis d’un mitrailleur envoie un des chasseurs et son pilote s’écraser en mer. L’intrus prend alors la fuite.La nuit sera tranquille.

    Le 2 avril, les combats auront lieu principalement de jour.-un Ju 88 codé M7+DL de la 3./K.Gr. 806 est victime avec son équipage de la DCA ;-un Ju 88 de la 3.(F)/121 revient à Dinard très endommagé après une interception du N° 79 Sq. sur Linney Head. Un Hurricane du 79e étant sérieusement endommagé par le tir défensif ;

    Le Westland Whirlwind P6984/HE+H du N° 263 Sq. en 1941. (Air Ministry)

    Embarquement de nuit d’un équipage de Ju 88.

    Page suivante en haut : l’épave du He 111 1G+LH de la 1./KG 27 est

    examinée par des militaires irlandais.

  • 5

    Attaque de navires par le I./KG 26 près de la côte

    écossaise.

    Une attaque de convoi dans le nord

    Selon l’ex-Lt Roderick Cescotti (I./KG 26) : « Ma première opération dirigée contre des objectifs maritimes en 1941 eut lieu le 3 avril. Un important convoi de navires britanniques avait été signalé faisant route au large d’Aberdeen. Nous pouvions l’attaquer de jour au départ de Stavanger pour autant que nous le puissions le repérer. Nous avons décollé à 14 h 45, avec cap 240° pour mener un vol de cinq cents kilomètres sur la mer. Nous disposions d’une vue de trois kilomètres, la mer était houleuse et le plafond de nuages était à deux cents mètres. Mais nous avons bénéficié de la chance des ‘fonceurs’. A vingt-cinq kilomètres au nord de Montrose, nous avons aperçu les bâtiments. Nous avons choisi un cargo et, au ras des vagues, avons lancé notre attaque à 16 h 32. Le Fw Grimm, mon observateur, largua quatre bombes SC 250 avec intervalle pour chacune de vingt mètres. Je crois que nous avons surpris l’équipage. Tout alla très vite. Un projectile frappa le flanc du cargo, un autre tomba juste sur le pont en soulevant des gerbe de flammes et le navire de quatre mille tonnes coula alors à pic. Pas de tirs défensifs, pas de canots de sauvetage… Il disparut comme s’il n’avait jamais existé… Je virai sans attendre et me dirigeai vers un autre cargo plus imposant, lui destinant la bombe de cinq cents kilos que nous avions encore dans notre soute. J’avais l’œil rivé dans le viseur quand des tirs de mitrailleuses débutèrent peu avant que je donne l’ordre de largage. Le nez vitré du Heinkel se fendilla et un projectile me frappa à la gauche…. Le choc fut tel que je m’effondrai sur mon siège. Grimm réagit comme un chien de chasse, s’empressa de me désangler, me poussa hors du siège et s’empara des commandes. ‘Tout va bien, Herr Leutnant, j’ai la machine en main’ me dit-il. Je pus lui répliquer : ‘Ne nous fiche pas à l’eau’ avant de m’évanouir. Quand je repris mes sens, je n’avais plus mal. Grimm était toujours aux commandes et mon radio l’assistait. J’avais saigné comme un porc. La moitié gauche de mon visage, mon serre-tête et ma combinaison de vol étaient couverts de sang. Après inspection,

    il apparut que j’avais surtout été éraflé par la balle qui n’avait pas pénétré dans la chair. Je récupérai quelques forces et pus reprendre les commandes pour nous reposer à Stavanger-Sola. Mes camarades m’expliquèrent que la SC 500 avait été bien larguée. Elle avait frappé la proue du cargo et l’avait tellement endommagée que le sort du navire avait dû être scellé même si, dans le tohu-bohu qui avait suivi ma blessure, mon équipage n’avait pu confirmer sa destruction. Les services des la marine signalèrent qu’à cet endroit le cargo belge Émile Franqui avait envoyé un message radio signalant des avaries. Notre équipage fut donc crédité d’un cargo tandis que l’ Émile Franqui fut signalé ‘très endommagé’. Il y eut deux suites à cet épisode. Dans les années ’70, alors que je participais à un stage OTAN, je décrivis ce vol à un officier belge de mes amis qui me déclara que l’attaque d’un navire belge dans un convoi britannique était ‘intolérable’. En 2012, en effectuant des recherches, je découvris que je n’avais pu couler l’Émile Franqui puisque ce navire fut envoyé par le fond par un U-Boot le 16 décembre 1942. Ma victime avait été le charbonnier britannique Garnie avec équipage de sept hommes. La marine dut confondre les messages ».

  • 12 la luftwaffe sur les îles britanniques : le « blitz » (2e partie : du 1er avril au 22 juin 1941)

    Le Heinkel He 111 P WNr. 2808 codé G1+LS de la 8./KG 55 photographié en vol sur la Manche ; il sera abattu dans la nuit du 8 au 9 avril 1941 par un Defiant du N° 151 Squadron et son équipage fait prisonnier.

    Des Bf 110 de l’Erprobungsgruppe 210 sur Cambrai en avril 1941.

    Heinkel He 111 P-4 (WNr. 2808) G1+LS de la 8./KG 55, avril 1941. On remarque le montage double de l’armement au poste supérieur dorsal.

  • 13

    De nuit, Birmingham et Tyneside sont bombardés. Bristol, Ipswich et d’autres lieux reçoivent également des visites (plus clairsemées) des bombardiers.Les pertes de la Luftwaffe seront de nouveau conséquentes :-le He 111 6N+BK du K.Gr. 100 tombe sous les coups du N° 604 Sq. (il sera revendiqué par deux équipages dont celui de J. Cunningham). Le chasseur s’approcha en venant d’un peu plus bas et d’une rafale de trois secondes (soit cinquante-sept obus) fit exploser le Heinkel sur Cranborne. Selon un témoin, T. Maskell : « Je vis l’appareil descendre. Il semble que le pilote tenta de le maintenir pour se poser sur le ventre avant que le chargement de bombes n’explose. Mais le feu se développa et le pilote sauta. Un autre, le Gefr Oskar Kohl, tenta de faire de même mais son parachute ne s’ouvrit pas – probablement parce qu’il évacua sa machine trop bas. Je me souviens d’avoir vu trois corps, deux calcinés dans l’avion et celui de Kohl, désarticulé après avoir percuté violemment le sol. Les deux ailes étaient à terre intactes tandis que la queue, soufflée par l’explosion, termina sa course dans un bois proche ». Le seul survivant fut le pilote, l’Ofw Waldemar Lorenzen. Soigné dans un hôpital proche, il aurait été très apprécié par la population locale suite à ses efforts pour s’exprimer dans un anglais « basique » ;-le Ju 88 V4+JV du II./KG 1 est abattu en combat à Preston Hill, le vainqueur étant un Havoc du N° 85 Sq. (première victoire de l’unité sur ce type d’appareil). Il n’y aura qu’un survivant de l’équipage (cf. encadré) ;-le He 111 V4+DU de ce même II./KG 1 tombe dans la Manche avec son équipage dans des circonstances inconnues.-le He 111 1G+KM de la 4./JG 27 est endommagé par un Defiant du N° 151 Sq. Il percute alors un câble de ballon et s’écrase sur des maisons à Smethwick. Deux aviateurs ayant pu sauter sont capturés ;-le He 111 P G1+DN de la 5./KG 55 est de même pris à partie par un Defiant (ici du N° 264 Sq.) et s’écrase à Shepards Hanger. Il n’y aura qu’un survivant ;-le Ju 88 A-5 3Z+AL de la 3./KG 77, victime de même d’un Defiant du N° 151 Sq., percute le sol près de l’aérodrome militaire de Bramcote. Trois aviateurs sont capturés ;

    -le He 111 V4+DU du I./KG 1 doit tomber dans la Manche avec son équipage ainsi que le He 111 1G+OA du Stab/KG 27;Pas moins de cinq victoires sont revendiquées sur l’Angleterre cette nuit-là par les I. et 4./NJG 2:-un Wellington du N° 221 Sq. sur l’aérodrome de Marham. L’appareil, basé à Langham, avait décollé de cet aérodrome satellite pour un vol d’entraînement. Surpris par le Ju 88, son équipage

    L’équipage entier fut tué dans ce ‘crash’ (Coll Courouble).

    Les restes du Blenheim du N° 23 Sq. abattu à

    Petite Ennetières (Coll Courouble).

    Il sera inhumé avec les honneurs militaires (Coll Courouble).

  • 22 la luftwaffe sur les îles britanniques : le « blitz » (2e partie : du 1er avril au 22 juin 1941)

    De nuit, Londres est la cible principale de la Luftwaffe qui perd de nouveaux appareils :-le Ju 88 V4+MU de la 4./KG 1 est abattu par un Beaufighter du N° 219 Sq. piloté par le W/C Thomas Pike. L’appareil s’écrase à Cranleigh avec l’équipage du Staka, l’Oblt Erich ‘Zack-Zack’ Schlecht, un ancien de la Legion Condor ayant combattu en Espagne ;-le He 111 H-5 1T+EK de la 2./KG 28 est également victime du W/C Pike et se désintègre en l’air sur Romley. Il n’y aura qu’un survivant de cet équipage ; -le Ju 88 A-5 F1+DL de la 3./KG 76 est de même victime du 219e.et s’écrase dans le jardin d’une habitation de Wimbledon. Les quatre aviateurs sautent mais l’un d’eux est tué ; -le Ju 88 3Z+GL de la 3./KG 77 volant très bas,

    Un membre de la défense civile de Londres note les dégâts occasionnés par les bombardements de la nuit précédente.

    Même s’il aligne des bimoteurs Douglas Havoc, le N° 85 Squadron met encore en œuvre des Hawker Hurricane pour la chasse de nuit, tel celui-ci, photographié à Debden.

  • 23

    probablement pour échapper à toute détection, percute la cime d’un arbre à Sheldwich (on cite également une victoire de la DCA défendant Londres). Ses quatre occupants sont tués ;-le Ju 88 A-5 3Z+BS de la 8./KG 77 est atteint par de la DCA sur Kensington. L’équipage saute et est capturé. L’appareil percute dans sa chute le toit d’une maison avant de se désintégrer ;-le Ju 88 3Z+BL du I./KG 77 serait tombé en mer avec son équipage, probable victime du N° 85 Sq. De plus, quelques appareils reviennent se ‘crasher’ sur le continent. La 3./NJG 2 revendique deux victoires au-dessus des aérodromes de Finningley (un ‘Hereford’) et de Waddington (un Hampden). Il se serait agi respectivement (et probablement !) d’un Wellington du N° 3 PRU et d’un Hampden du N° 144 Sq., ce dernier revenant d’une mission de ‘Gardening’ (mouillage de mines).

    Le matin du 17 avril, le pilote FFL René Mouchotte écrira : « Londres vient de subir la nuit dernière le plus effroyable bombardement de la guerre. Dès 20 h 30, ce n’est pas par unités mais par lourdes escadrilles que l’aviation ennemie venait déverser ses chargements sur la capitale et dans les environs. Nous n’avons pas été épargnés à Kenley. (…) Ce matin, une épaisse masse de fumée sur Londres reflétait une sinistre lueur rouge qui s’étendait sur plusieurs miles. Londres en feu… Quel contraste avec le splendide ciel bleu vers le sud ! Des dizaines de milliers de personnes seraient sans abri, des centaines auraient trouvé la mort. Des quartiers entiers ne seraient plus que ruines fumantes. Et pourtant, à notre prochain retour dans cette ville si courageuse, je suis certain de la retrouver aussi animée qu’avant, les gens aussi insouciants, l’esprit du peuple aussi déterminé et sûr de la victoire ».

    Un He 111 de la KG 26 s’apprête à quitter son terrain de nuit. Il

    emporte une bombe d’une tonne sous le

    fuselage.

    Hawker Hurricane Mk.IIa ou b codé VY-X et servant au N° 85 Squadron, Debden, avril 1941.

  • 32 la luftwaffe sur les îles britanniques : le « blitz » (2e partie : du 1er avril au 22 juin 1941)

    Le 2 mai ne semble voir aucune intrusion notoire de jour. Le Ju 88 S4+FH de la 1./506 ne revient pas d’un vol sur la côte orientale de l’Angleterre, probablement abattu avec son équipage par la DCA..De nuit, les bombardiers repartent sur Liverpool perdant quatre des leurs :-le Ju 88 4D+BH de la 1./KG 30 est victime d’un Defiant du N° 151 Sq. Son pilote peut le poser sur le ventre sur la plage de Weybourne où il sera récupéré quasiment intact. Parmi l’équipage capturé, on trouve un officier d’un grade élevé. Le Major Walter Seeburg, vu son âge (il était né en 1888 !), devait avoir pris part à ce raid probablement pour gagner quelque expérience en combat moderne ;-le III./KG 40, spécialisé dans les attaques de navires, semble avoir été engagé de nuit sur le canal de Bristol et perd le He 111 V4+JL tombé en mer avec son équipage pour une cause inconnue au large de St Agnes Head ;-la 8./KG 77 est amputée du Ju 88 A-6 3Z+DS abattu par un Beaufighter du N° 604 Sq. à Little Oaks. Un aviateur est tué. Ses trois camarades sont capturés ;

    -un autre Ju 88, cette fois le 3Z+AT de la 9./KG 77, est abattu par la DCA à Fairmile Common. Les quatre aviateurs qui ont pu sauter à temps entreront en captivité.Un Ju 88 du Küstenfliegergruppe 106 revient de justesse avec 80% de dommages à Noordwijck mais son équipage est indemne.Le Kommandeur du II./KG 30 accompagné de l’équipage du Fw Stahl vient larguer des mines dans la Humber puis les deux Ju 88 attaquent des navires. Les deux bimoteurs reviendront sans mal à Gilze-Rijen.À Vitry, le I./KG 53 reçoit la visite d’un Blenheim du N° 23 Sq. dont l’équipage affirmera avoir détruit un He 111 au sol. On trouve un He 111 de la 4./JG 53 détruit à 60% au sol à Vendeville probablement par cet ‘intruder’.Près de Church Fenton, un équipage de la 2./NJG 2 revendique un ‘Hereford’, en fait un Whitley du N° 77 Sq. revenant probablement de Hambourg et qui ne fut qu’endommagé.La journée du 3 mai semble aussi calme que la veille. Mais, de nuit, la population de Liverpool subit un troisième assaut d’importance car, cette fois-ci, la Luftwaffe désire détruire totalement ses

    Un Ju 88 A-5 du I./KG 3 qui vient d’être entièrement rééquipé avec ce type d’appareil en ce début mai 1941.

    Un Ju 88 A-4 du Küstenfliegergruppe 106 qui allait devenir le Kampfgruppe 106. L’avion est codé M2+AK et bien qu’ayant reçu une peinture noire sur ses surfaces inférieures (d’ailleurs partie sur les nacelles des moteurs), son code est toujours bien visible.

  • 33

    Le N° 600 Sq. était équipé depuis peu de

    Beaufighter.

    Au petit matin, à Beauvais, une sentinelle veille sur un Ju 88 dont l’habitacle a été protégé par une bâche. L’avion

    appartient probablement à la KG 77.

    Bristol Beaufighter 1F T4628/BQ-Z du N° 600 « City of London » Squadron, basé à Colerne en mai 1941.Cet avion était piloté par le F/Lt A.D. McN’Boyd.

    Junkers Ju 88 A-4 M2+AK de la 2./ Kampfgruppe 106, mai 1941. Le KGr. 106 fut formé à partir du Küstenfliegergruppe 106 en mai 1941.

  • 64 la luftwaffe sur les îles britanniques : le « blitz » (2e partie : du 1er avril au 22 juin 1941)

    Le Bf 110 S9+BL de la 1./SKG 210 vient larguer deux bombes sur Lowestoft avant d’être atteint par la DCA. Le bimoteur s’abîme en mer au large de Corton et seul le pilote pourra être sauvé et capturé.Tard dans la soirée, le P/O Badger du N° 87 Sq. patrouillant sur les Scillies intercepte un Ar 196 de la 3./196 et l’abat en mer avec son équipage.De nuit, dans le cadre des attaques maritimes, la Luftwaffe perd le Ju 88 A-5 V4+GR du III./KG 1 tombé en mer au large de Brackenbury Fort lors d’une attaque du démineur ‘Princess Elizabeth’. L’équipage est tué.

    Les 20 et 21 mai ne voient aucun engagement aérien d’importance sur l’Angleterre que ce soit de jour ou de nuit (même si, le 21, un sérieux combat aérien eut lieu sur la Manche lors du Circus N° 18). On peut tout au plus citer la perte d’un He 111 et

    de son équipage du II./KG 40 après avoir percuté une falaise en Islande. Mais cet événement relève de la guerre maritime et non des attaques visant le Royaume Uni.Le 22 mai, un Ju 88 du K.Gr. 806 revient se ‘crasher’ à Carpiquet après avoir probablement été la cible de la DCA. Il est détruit à 80% mais son équipage est indemne.Selon le Fw Stahl, c’est ce jour-là que le II./KG 30 quitte Gilze-Rijen pour Aalborg. Le lendemain, le Gruppe se déplace à Stavanger, aérodrome plus proche du nord des îles britanniques. Il y remplace le I./KG 26 qui, toujours selon Stahl, aurait perdu treize équipages et était totalement exsangue.En soirée, le He 111 H-8 1G+ZM du II./KG 27, un appareil muni d’un appareillage destiné à couper les câbles et engagé sur Yeovil, percute une colline dans la brume près de Chaldon Herring. Affolés, deux aviateurs sautent lorsque l’appareil

    Ballons et contre-mesures

    Après les accords de Munich de 1938, la RAF (comme toutes les autres branches de l’armée britannique) allait obtenir en urgence des crédits pour moderniser et renforcer ses équipements.

    Dont les unités de ballons captifs formant des barrages permettant de protéger les objectifs les plus sensibles, soit les cibles prioritaires pour un ennemi potentiel. La seconde semaine d’août 1939 vit la RAF effectuer son plus grand exercice aérien en Grande-Bretagne en engageant 1.300 appareils, 53.000 hommes, 110 canons, 700 projecteurs et pas moins de 100 barrages de ballon.Lors de la Bataille d’Angleterre, ces ballons empêchèrent les bombardiers allemands d’attaquer à trop basse altitude. Contraints de lâcher leurs projectiles bien trop haut, les équipages manquèrent souvent de précision. Il n’était donc pas rare de voir des Bf 109 ou 110 ‘descendre’ ces ‘gêneurs’ et, à l’occasion, les mitrailleurs de bombardiers lâchaient des rafales vers les ballons passant à leur portée.

    Une photo à l’ambiance toute britannique qui illustre parfaitement ce que l’on désigne couramment comme le flegme d’outre-Manche. Sur ce cliché, nous remarquerons plutôt le ballon captif à l’arrière-plan.

    Un He 111 de la KG 54 revenu fin 1940 avec une aile endommagée par le câble d’un ballon sur l’Angleterre.

  • 65

    Lors du Blitz, les ballons allaient gêner les deux camps – et paradoxalement, plus les équipages de la RAF puisque le survol de l’Angleterre par les Heinkel, Junkers et Dornier ayant mis fin à la splendid isolation, l’occultation avait été largement renforcée. Villes mais également aérodromes furent moins éclairés. Or, si les bombardiers allemands pouvaient se permettre de voler haut et d’éviter peu ou prou ces barrages, les bombardiers britanniques revenant du continent pour se poser, s’égaraient régulièrement. Pour retrouver leur base, ils étaient contraints de voler à basse altitude, soit à hauteur des câbles des barrages. Plus d’un appareil de la RAF en fut ainsi victime.Les ballons constituant une nuisance pour les équipages allemands chargés d’attaquer à basse altitude des objectifs ponctuels fort bien défendus (comme des ports ou des usines), des appareillages coupe câbles furent testés. On dit que la célèbre aviatrice Hannah Reitsch en testa les prototypes. Le Heinkel 111 H-8 se voyait ainsi muni d’une ‘grande lame’ devant sectionner le câble retenant le ballon au sol. Cet appareillage pesant quelque cinq cents kilos déséquilibrait naturellement l’appareil qui devait alors être lesté à l’arrière du fuselage avec une masse correspondante. Ce surplus de charge entraînait comme il se doit une diminution de l’emport de bombes et, dans la mesure du possible, l’équipage était amputé d’un de ses membres pour l’alléger. Peu de He 111 H-8 et de son homologue, le Ju 88 A-6, furent mis en service. Chaque Gruppe engagé sur le front aurait dû en principe en recevoir un exemplaire mais il est douteux que tel fut bien le cas. Et lorsque la Luftwaffe fut largement engagée à l’est, plusieurs « coupeurs de câbles » repassèrent dans les usines pour être reconfigurés en bombardiers normaux.

    Un équipage de Heinkel 111 P (WNr. 2953 ou 2983 ?). Sur la gouverne de direction, l’appareil porte

    l’insigne de l’unité, les trois poissons de la 8./KG 55. Son code devrait normalement être G1+CS, ce qui ne

    semble pas être le cas si l’on regarde la photo.

    L’appareillage d’un He 111 H-8 vu de face.

    Un Ju 88 A-6.