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Le Brassens d’ Escoudé

Sortie nationale le 4 avril 2011 1CD Universal Classics & Jazz / Ref. 276 5500

Nous fêterons cette année les 30 ans de la mort de George Brassens. « Au bois de mon coeur » pourrait apparaître comme un projet inattendu de la part de Christian Escoudé, lui qui, en tant que compositeur ou participant, a une cinquantaine d’albums à son actif et collaboré avec nombre d’artistes de la trempe de Stan Getz, Bill Evans, Richard Galliano, Michel Portal, Didier Lockwood, Richard Galliano, Eddy Louiss… Si l’on se rappelle que George Brassens était un grand amateur de jazz (on pense à ses disques avec Lionel Hampton, Henri Salvador…), un véritable fan de Django Reinhardt (il possédait l’intégrale de ses enregistrements) et qu’il achetait ses guitares chez le même luthier que nombre de gitans ou manouches, on peut s’interroger : l’hommage le plus légitime, le plus original, le plus pertinent n’est sans doute pas celui qu’on croit.

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Car Brassens est un poète - on le sait - mais c’est aussi un mélodiste inventif et singulier. Il est aisé de se laisser charmer par la précision et la clarté d’une écriture qui fait sonner chacune de ses chansons comme une évidence. A l’instar de ses textes, sa musique est limpide. Limpide mais pas simpliste. Demandez-donc à tous les guitaristes du dimanche qui s’essayent à reproduire ses chansons… Il faut en somme tout le talent et le savoir-faire de Christian Escoudé pour sublimer la beauté, la subtilité des compositions de George Brassens et en faire l’écrin, non pas de textes ciselés mais d’improvisations inspirées. A ce titre les jeunes Fiona Monbet (violon), Swan Berger (guitare) ou la légende du jazz manouche Biréli Lagrène, tous invités pour l’occasion, participent à mettre en valeur ces mélodies de Brassens. Il en résulte bien plus qu’un simple hommage/prétexte mais un véritable disque de jazz, rendant justice à un compositeur à part entière, comme on le ferait pour Ellington, Porter ou Jobim… Les versions de « La non demande en mariage », du « vieux Léon » ou d’« Au bois de mon coeur » convaincront sans doute les plus sceptiques… Ainsi retrouve-t-on tout au long de l’album un goût de liberté indéfectible, une sensibilité virile et une exigence qui sont probablement les liens les plus évidents entre Brassens le sètois et Escoudé le gitan. Christian Escoudé joue Brassens « Au bois de mon coeur » 1. Au bois de mon coeur 2. Le petit cheval 3. La non demande en mariage 4. Cupidon s’en fout 5. Les passantes (feat. Biréli Lagrène) 6. Il n’y a pas d’amour heureux 7. Je me suis fait tout petit 8. Dans l’eau de la claire fontaine (feat. Swan Berger) 9. La princesse et le croque note 10. Le vieux Léon 11. Les amours d’antan 12. Les copains d’abord 13. L’orage (bonus track) Christian Escoudé (guitare acoustique et électrique), Fiona Monbet (violon), André Villeger (clarinette), Jean-Baptiste Laya (guitare électrique), Pierre Boussaguet (contrebasse), Anne Paceo(batterie) Enregistré en juin 2010 au studio La Fonderie / Sextan (Malakoff)

21 mai 2011

Au bois de mon coeur Christian Escoudé

Expo, rééditions, documentaires... c'est l'année Georges Brassens. Les

jazzmen devaient y aller aussi de leur hommage. Christian Escoudé,

manouche qui ne se réduit pas à cette musique, s'est rappelé les douze mélodies

de l'Ancêtre qu'il aimait le mieux et les a arrangées à sa façon. Nous, il se trouve

que c'est avec Il n'y a pas d'amour heureux (paroles d'Aragon) et Je me suis fait

tout petit que nous avons commencé à aimer. Alors, quand Escoudé joue la

première seul à la guitare avec émotion et la seconde itou en trio avec le solide

Pierre Boussaguet à la contrebasse et la jeune Anne Paceo à la batterie, nous

vivons notre ancien bonheur comme Escoudé caresse sa guitare à la Django

sans même s'en apercevoir, simplement parce qu'il est épris de musique qui

parle au coeur autant qu'à la mémoire.

| 1 CD Emarcy/Universal Music France.

Michel Contat

Jeudi 12 Mai 2011

N’en déplaise à ses détracteurs, et dieu sait s’il y en eut, ce n’est pas seulement pour ses textes magnifiques que Georges Brassens est devenu le fleuron de la chanson française que l’on sait. Ses musiques y sont aussi pour beaucoup. Si la mélodie semble d’une apparente facilité, les suites harmoniques sont des merveilles de précision et de complexité (les guitaristes de «feu de camp» comprendront...). Il aimait le jazz et cet amour était réciproque. On se souvient des interprétations très inspirées de «La Cane de Jeanne», du «Fossoyeur» et de «Brave Margot» par Sidney Bechet, la star du Jazz des années 50. En 1979, pour «Giants Of Jazz Play Brassens» il se joint même à quelques très grosses pointures américaines (Cat Anderson, Eddie Davis, Harry «Sweet» Edison). Aujourd’hui, trente ans après la mort de «tonton» Georges, c’est le guitariste Christian Escoudé, l’un des plus authentiques «disciples de Django...adeptes de Crolla» qui ravive la flamme du souvenir. A la fois respectueux et inventifs, Christian Escoudé, Fiora Monbet (violon), Jean Baptiste Laya (guitare) Pierre Boussaguet (contrebasse), Anne Paceo (batterie), et pour quelques titres André Villéger (clarinette) et Biréli Lagrène (guitare) font merveille dans cet hommage. Brassens aurait adoré, sans en tirer aucune gloire... Maintenant il le peut.

Daniel Chauvet

26/04/2011

Brassens version jazz ??? Tiens, tiens, ça me rappelle vaguement quelque chose. En effet de nombreux artistes jazz se sont frottés au répertoire du grand Georges. Parfois avec brio comme notamment l'album Giant Jazz Plays Brassens, parfois sans grand intérêt. Avec Au Bois De Mon Cœur, autant vous dire que Christian Escoudé fait partie de la première catégorie.

Né en 1947 d'un père manouche et guitariste, Christian Escoudé s'initie très tôt à la guitare. En effet son père voue

une passion sans limites à la musique de Django Reinhardt et il transmet à son fils l'amour de la six cordes. Dès l'âge de 15 ans il décide de suivre une carrière de musicien. Et grand bien lui en a pris car en faisant partie de cette petite famille de guitaristes manouches, Christian Escoudé va collaborer avec les plus grands jazzmen au quatre coins du monde. Avec plus d'une cinquantaine d'albums à son actif et des collaborations avec des artistes aussi prestigieux que Stan Getz, Bill Evans, Richard Galliano, Michel Portal ou Didier Lockwood, Monsieur Escoudé s'est forgé un style guitaristique influencé par le jazz bop et le swing manouche, rendant ainsi son jeu si caractéristique. Ses lignes mélodiques sont innées, son phrasé est chaleureux et il possède un son de guitare identifiable entre mille notamment par une utilisation parfois peu académiques des arpèges.

Un hommage jazz à Georges Brassens pourrait apparaître comme un projet qui coule de source de la part de Christian Escoudé. Car il était de notoriété publique que Brassens était un grand amateur de jazz et un véritable fan de Django Reinhardt. Alors, quoi de plus naturel pour un guitariste manouche de lui rendre hommage. Naturel peut être mais pas forcement facile. Car Brassens était un poète des mots mais aussi un créateur de mélodie aussi inventif qu'original. Sa musique parait simple mais elle ne l'est pas. Or Christian Escoudé ne tombe pas dans l'écueil que font bon nombre d'artistes quand il décide de faire un album hommage, c'est à dire sombrer dans la pale copie voire le plagiat. Or tout au long de ces 12 standards de Brassens, Christian Escoudé développe son style et ses idées harmoniques et rythmiques pour offrir aux morceaux de Brassens un véritable écrin de velours.

Il suffit d'écouter Au Bois De Mon Cœur avec sa petite ligne mélodique simple mais efficace, Le Petit Cheval avec ses réarrangements rythmiques bien syncopés et des arpèges d'Escoudé de toute beauté, La Non Demande En Mariage avec ses percussions orientales, la mélodie rehaussée par le violon et une grosse ligne de basse ou encore Les Amours d'Antan avec sa contrebasse jouée à l'archet et des solos d'Escoudé génialissime, pour comprendre que Christian Escoudé ne fait pas que jouer la musique de Brassens, il la ressent. Une mention spéciale pour le morceau Il n'y a Pas d'Amour Heureux où le jeu minimaliste d'Escoudé sert à merveille la mélodie. Le morceau est minimaliste certes mais quel bonheur d'entendre le bruit des doigts sur les cordes et les frets, ça vous donne la chair de poule.

Bref vous l'aurez compris, Escoudé réussit, pour moi, un coup de maitre en offrant un vibrant hommage à l'un des plus grands poètes et mélodistes français. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, Mr Escoudé clôture son album avec THE standard de Brassens Les Copains d'Abord où la guitare, le violon, la contrebasse et tutti quanti reprennent à l'unisson cette petite mélodie que tout le monde à au moins fredonner une fois dans sa vie. Encore merci Mr Escoudé.