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EHESS Le Choix de Dieu by Jean-Marie LUSTIGER; Jean-Louis Missika; Dominique Wolton Review by: Jacques Gutwirth Archives de sciences sociales des religions, 34e Année, No. 67.2 (avril-juin 1989), pp. 302-303 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41623334 . Accessed: 12/06/2014 12:28 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.44.78.143 on Thu, 12 Jun 2014 12:28:53 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Le Choix de Dieuby Jean-Marie LUSTIGER; Jean-Louis Missika; Dominique Wolton

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Le Choix de Dieu by Jean-Marie LUSTIGER; Jean-Louis Missika; Dominique WoltonReview by: Jacques GutwirthArchives de sciences sociales des religions, 34e Année, No. 67.2 (avril-juin 1989), pp. 302-303Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/41623334 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

mennonites ayant abandonné leur Église pour d'autres, ou pour aucune, ou qui vivent calmement l'indifférence dans une pratique sans reproche ?

Ce livre ne prétendait pas répondre aux questions que nous lui posons. Il sera utile - parmi d'autres témoignages - pour qui voudra étudier la catégorie des intellectuels mennonites (spécialement ceux de la Menno- nite Brethren Church). Mais à le lire on ne peut s'empêcher de penser que les non-intel- lectuels y sont beaucoup trop peu représentés (ce qui est de toute façon un euphémisme).

Jean Séguy.

67. 398 LUSTIGER (Jean-Marie). Le Choix de Dieu. Paris, de Fallois, 1987, 474 p. (Entretiens avec Jean-Louis Missika et Dominique Wolton). Voici un livre passionnant; avec un fil

conducteur autobiographique - mais il ne s'agit pas véritablement d'une autobiogra- phie - . On nous offre, grâce à un dialogue avec des interlocuteurs éclairés et peu complai- sants, l'itinéraire 4'un cardinal hors du com- mun ; s'ajoutent à cela bien d'autres richesses : sa vision, et aussi en partie son expérience de l'Église de France des cinquante dernières années, des points de vue théologiques, histo- riques et politiques originaux, sans compter bien d'autres analyses et opinions y compris sur l'art contemporain (jugé désastreux, sinon diabolique !).

Mon itinéraire scientifique et personnel me porte à examiner seulement certains thèmes, d'ailleurs capitaux, à mon avis.

On savait par quelques déclarations incisi- ves, notamment lors de sa désignation comme archevêque de Paris, que J.-M. Lustiger, reven- diquait sans complexes sa judéité. Mais ici, dans une première partie du livre, justement intitulée « les racines », il traite sous divers aspects de ce thème dans quatre chapitres (I. L'enfance (1926-39); II. La guerre et la conversion (1939-45) ; III. Judaïsme et chris- tianisme ; VI. Le génocide). Il y a là 120 pages essentielles qui marquent le tournant pris désormais par l'Église catholique contempo- raine face à son enracinement juif, pourtant épuré, occulté, défiguré ou sous-estimé depuis un millénaire.

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Aron Lustiger né en 1926 à Paris, montre bien son origine familiale, juive et polonaise, dans un milieu non religieux, de tendance « bundiste », c'est-à-dire politiquement de gauche mais culturellement juif, donc non assimilant Dès ses onze ans (en 1937 !), envoyé en Allemagne pour un séjour linguistique, il « a le sentiment d'une menace mortelle, d'une menace permanente sur les Juifs. Cette "diffé- rence", ü fallait la supporter avec courage » (p. 42). En 1940, évacué à Orléans, sans subir un quelconque prosélytisme, il découvre la croyance chrétienne. Dès sa première lecture du Nouveau Testament (traduit par des pro- testants), il y a pour lui continuité évidente avec l'Ancien Testament D'ailleurs avec la conversion « ...il n'était pas un instant question de renier mon identité juive » (p. 51). Sans livrer tous les éléments (mystiques?) de sa conversion, Aron, désormais devenu Jean- Marie, nous indique son parcours, les influen- ces reçues, les péripéties d'une vie dangereuse sous l'occupation, ses réactions personnelles et son analyse du génocide nazi qui le frappe très directement avec la déportation et la dis- parition de sa mère.

Insistant sur la continuité entre judaïsme et christianisme, il observe que si Jésus, reconnu « Rói des Juifs » et Envoyé de Dieu l'Unique, est né à Bethléem (et non à Rome ou à Lutèce), cela n'est évidemment pas par hasard. Si un certain nombre de chrétiens ou de générations chrétiennes ont oublié cet enracinement dans le Peuple élu, c'est « ...le signe d'un oubli, d'une lacune de la pensée, voire d'un péché » (p. 75).

Ce que dit ici Lustiger est assez caractéris- tique du raisonnement d'un Juif converti. Moins banal, celui qui s'exprime est cardinal- archevêque de Paris. Cela me paraît la mani- festation incontestable (certes, non la seule) d'un changement considérable dans l'attitude de l'Église face aux Juifs et au judaïsme. Ces quatre chapitres sont sur ce plan de grande importance.

Mais Lustiger a des interlocuteurs coriaces qui ne se contentent pas des bonnes intentions actuelles. A propos du passé, J.-M.L. convient que les pères de l'Église, Saint Augustin, Saint Jean Chrysostome, « ...déploient des propos d'une hostilité aux Juifs intolérable » (p. 79). « Mais la polémique avec la Synagogue était une dispute d'héritiers... » (ibid.). Rien à voir avec la haine et l'antisémitisme des nazis qui derrière les Juifs et le judaïsme veulent s'en prendre, en définitive, au christianisme. En

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BULLETIN DES OUVRAGES

fait, selon Lustiger, l'antisémitisme moderne est radical, antithéiste. Ses sources, ce sont... Voltaire et Diderot. « Et je crois que l'anti- sémitisme de Hitler relève de l'antisémitisme des Lumières et non d'un antisémitisme chré- tien » (p. 82).

L'histoire ne se modèle pas aussi facilement dans cette vision manichéenne et plutôt in- congrue, qui rejette ainsi les responsabilités du plus abominable totalitarisme sur d'autres que soi. D'une part, nombre de faits historiques attestent que 1'« antijudaïsme » chrétien a conduit aux pires persécutions et exactions ; n'en citons qu'une, majeure : l'Inquisition. D'autre part, voir ainsi les Lumières par le bout de la lorgnette, c'est faire bon marché de tout l'héritage des Droits de l'Homme que nous célébrons cette année. A ma connais- sance, les nazis ont rarement invoqué Voltaire ou Diderot pour justifier leurs théories, mais ils ont largement puisé dans l'arsenal des théories racistes que leur fournissaient très volontiers des catholiques plus ou moins émi- nents, tel par exemple le père Schmidt, ethno- logue, théoricien de la supériorité germani- que : voir à ce sujet l'étude éloquente ďÉdouard Conte, « Le confesseur du dernier Habsbourg et les "nouveaux païens" allemands. A propos de Wilhelm Schmidt », Ethnologie française, 1988, 2. Rappelons la collusion de l'épiscopat polonais avec l'antisémitisme nationaliste de ce pays entre les deux guerres, les discrimina- tions dans le très catholique empire austro- hongrois, les silences, ou au moins la passivité du Vatican et de Pie XII (aveuglés par l'anti- communisme) pendant la IIe Guerre mon- diale, alors qu'ils n'ignoraient évidemment rien de ce qui se passait à Auschwitz et ailleurs.

Il est regrettable qu'une réhabilitation op- portune du judaïsme soit ainsi, bon gré mal gré, associée à une attitude polémique envers une pensée « laïque » qui, si elle n'est pas plus « inerrante » que la pensée chrétienne, n'en est pas moins largement l'inspiratrice de la démocratie moderne dans le monde, issue de la Révolution française et de ses inspirateurs des Lumières.

Lustiger traitant du génocide, affirme à rai- son que bien des catholiques français ont aidé les Juifs. Cependant traitant de « la collusion de l'Église de France avec le pétainisme » (p. 103), il répond prudemment que la relation de l'Église à Vichy « ...est homogène, me semble-t-il, à l'attitude globale de la population française par rapport à Vichy, à la Résistance et aux Allemands » (p. 104). On aurait pu

s'attendre à un peu plus de critiques, lorsque les premières autorités spirituelles du pays (et de sa propre foi) montrent des attitudes « ho- mogènes » avec celles du vulgum pecus ! A quoi bon un ministère spirituel, inspiré du Christ, pour manquer ainsi d'une lucidité minimale ?

Lustiger traite aussi des « sciences humai- nes ». Il réhabilite Durkheim qui a bien décrit le fait religieux, mais il comprend que les « prétentions totalitaires » des diverses disci- plines scientifiques, aient rendu au départ l'Église méfiante. Après 1945, elle se serait cependant tournée vers la sociologie pour tenter de saisir la désaffection qui la touche. Mais suffit-il de citer le sous-titre d'un ouvrage de De Lubac, Catholicisme. Les aspects sociaux du dogme ; pour démontrer qu'il y eut un véri- table intérêt de l'épiscopat pour « l'entreprise sociologique » (p. 179) ?

Il est impossible de rendre compte de la richesse des interventions du cardinal face à des interlocuteurs qui ne font point de ca- deaux. Toute une époque, celle du catholicisme de l'après-guerre, avec quelques-unes de ses personnalités (notamment Mgr. Veuillot), ap- paraît à travers des anecdotes, des points de vue fouillés, des analyses. L'ambiance intel- lectuelle catholique et sa rencontre avec la pensée de l'époque apparaît également.

Même si bien des lecteurs, y compris catho- liques, s'irriteront des affirmations péremp- toires de J.-M. Lustiger, cet ouvrage sérieux et non pédant, représente un document de pre- mier ordre pour comprendre l'évolution de l'Église de France, et même de toute l'Église catholique. De plus, l'itinéraire de Lustiger est fascinant ; son curriculum peu banal illustre quasiment de manière exemplaire que l'Église, bon gré ou mal gré, a été saisie par la moder- nité.

Jacques Gutwirth.

67. 399 McLELLAN (David). Marxism and Religion. A Description and Assessment of the Marxist Critique of Christianity. New York, Harper and Row Publishers, 1987, 209 p.

D. McL. est à la fois un catholique prati- quant et un des plus éminents spécialistes de l'œuvre de Marx dans le monde universitaire anglo-saxon. Cet ouvrage vise moins à « réfu-

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