METHODOLOGIE

COMMENTAIRE DE DOCUMENTS

SANGO MATHIAS AMOS

LE COMMENTAIRE DE DOCUMENTS EN GEOGRAPHIE

INTRODUCTION

Comme l’explication de texte, le commentaire de documents est un exercice proposé aux

élèves du second cycle de l’enseignement secondaire général au titre de deuxième sujet en

géographie. Contrairement à ce que de nombreux candidats pensent, cet exercice n’est pas

plus facile que la dissertation et requiert de réelles connaissances sur le sujet proposé :

sinon, vous risquez de faire une simple paraphrase1, sans éclairage personnel.

I- DEUX TYPES DE COMMENTAIRE DE DOCUMENTS

Selon l’inspection générale de pédagogie en charge des sciences humaines, on distingue deux

types de commentaire de documents : le commentaire suivi ou ordonné et le commentaire

composé.

Le commentaire suivi ou ordonné. C’est celui qui s’appuie sur les questions de guidage. Ces

questions orientent la réflexion et le commentaire. Il ne s’agit pas de donner à celles-ci des

réponses brèves et numérotées comme sur l’épreuve, mais de bâtir un exposé cohérent autour

des idées forces que vous suggèrent ces questions. Souvent, il vous est proposé 5

questions.La 1ère, en général, porte sur la présentation des documents ;elle aide à rédiger

l’introduction. Les 2ème, 3ème et 4ième questions donnent les idées forces à développer aux

1ères, 2ème et 3ème parties du commentaire. La dernière question donne des orientations en vue

de la rédaction de la conclusion.Il est impératif de mettre les questions en rapport avec le

ou les documents pour rechercher les éléments de réponse et du commentaire qui seront

complétés avec les connaissances personnelles.

Le commentaire suivi. C’est le type qui exige que le candidat recherche et identifie lui-même

les idées forces contenues dans les documents, les classe selon l’ordre qu’il trouve logique et

les commente en deux ou trois parties dans son développement. Les questions peuvent l’aider

à trouver ces idées forces mais il n’a pas l’obligation de suivre leur ordre.

C’est le plan du commentaire, annoncé à l’introduction, qui orientera le correcteur sur

le type de commentaire choisi par l’élève.

II- QUE SIGNIFIE « COMMENTER UN DOCUMENT GEOGRAPHIQUE » ?

Commenter un document géographique, c’est relever les détails contenus dans ce document

pour les expliquer ; c’est décrire la situation évoquée dans le document, en chercher la cause

et la conséquence.

1Développement explicatif d'un texte Exemple : faire la paraphrase d'un poème

METHODOLOGIE

COMMENTAIRE DE DOCUMENTS

SANGO MATHIAS AMOS

III- LA STRUCTURATION D’UN SUJET DE COMMENTAIRE DE DOCUMENTS

En géographie, le commentaire de documents comporte en premier lieu un titre qui sert de fil

conducteur entre les différents documents proposés. Exemple : « les manifestations des

éruptions volcaniques » ; « la puissance économique du Japon ».

Suivent une série de trois à cinq documents de natures variées : Texte, caricature, schéma2,

graphique3, données statistiques, cartes, photos, etc.

Ces documents sont suivis de cinq questions guides, précédées de la mention : « En vous

inspirant des questions-guides et de vos propres connaissances, vous ferez le commentaire des

documents proposés. »

IV- LA DEMARCHE DU COMMENTAIRE DE DOCUMENTS

A- Les préliminaires

1°) Prendre connaissance du sujet et du dossier

Lisez attentivement le titre de l’ensemble documentaire. Il permet de cadrer le

commentaire.

Prenez connaissance des documents dans leur ensemble : texte, données statistiques,

graphiques, cartes, documents iconographiques…

2°) Analyser les documents

Il s’agit de « décortiquer » chaque document :

Pour les textes : lisez-les, relevez les articulations, les arguments. Il faut se poser les

questions essentielles : Quelles sont les idées principales de l’auteur ? Dans quel ordre

sont-elles présentées ? L’auteur défend-il un point de vue particulier ? S oui, lequel ?

Pour les tableaux statistiques :

Identifiez le type de tableau statistique(A simple entrée ? À double entrée ?)

Exemple 1:tableau statistique à simple entrée

Taux d’activité des femmes de 25 à 49 ans dans 6 pays de l’UE en 1992

Pays Taux

d’activité en

%

2 1. Dessin simplifié offrant une représentation du fonctionnement ou de la configuration (d'une chose concrète)

Exemple : tracer un schéma

2. représentation figurée et simplifiée (d'une chose abstraite ou d'un processus) un schéma explicatif 3Représentation du rapport de deux variables par une courbe. Diagramme qui illustre une relation entre des

données qualitatives, ordonnées ou quantitatives. Les graphiques présentent une information numérique sur un

schéma qui permet de donner une idée générale ou de dégager des tendances.

METHODOLOGIE

COMMENTAIRE DE DOCUMENTS

SANGO MATHIAS AMOS

Danemark 88,6

France 76,2

Royaume-Uni 73,9

Allemagne 73,7

Italie 56,1

Espagne 53,1

Ensemble de l’Union européenne 68

Eurostat, Enquête Force de travail, 1992.

Exemple 2 : tableau statistique à double entrée

Consommation des ménages : coefficients budgétaires

Postes de consommation 1970 1994

Alimentation, boisson, tabac 26 18,3

Habillement (y compris chaussures) 9,6 5,7

Logement, chauffage, éclairage 15,3 21,2

Equipement et entretien du logement 10,2 7,5

Services médicaux et de santé 7,1 10,2

Transports et communication 13,4 16,4

Loisirs, culture 6,9 7,4

Autres biens et services 11,5 13,2

Consommation totale 100 100

Tableaux de l’économie française 1995-1996, INSEE

Lisez le tableau suivant l’ordre ci-après :

- lire le titre (thème traité, période étudiée…) ;

- prendre connaissance de la source (organisme qui a produit les statistiques,

date de l’enquête, etc.) ;

- repérez l’unité dans laquelle les données sont exprimées (effectif en valeur

absolue, part relative, taux de variation, unités monétaires, à prix courant, à

prix constant…) ;

- Identifiez la population4 étudiée, ses caractères5, ses modalités6.

Exemple : lecture du tableau 1 ci-dessus : En 1992, 88,6% des femmes de 25 à 49 ans étaient

actives au Danemark.Ce tableau étudie un seul caractère (pays). Il s’agit d’un caractère

qualitatif.Pour chaque modalité de ce caractère, (Danemark, France, etc.) on dispose de

l’effectif correspondant (ici le taux d’activité).

4 En statistique, on appelle « population » l’ensemble des éléments qui font l’objet d’une étude. Exemple : la

population du Cameroun au 1er janvier 2005 ; l’ensemble des véhicules du parc automobile français… 5 La population est étudiée selon un ou plusieurs caractères statistiques. Il existe deux types de caractères :

- les caractères qualitatifs (ex : le sexe, la profession, la nationalité…)

- les caractères quantitatifs (ex : l’âge, le revenu, le montant du patrimoine, le taux d’activité, etc.) 6 On appelle modalités les différents états ou les différentes valeurs que peut prendre un caractère. Par exemple,

le caractère « sexe » peut prendre deux modalités (masculin et féminin). Dans certains cas, le nombre de

modalités varie en fonction du type d’étude que l’on souhaite conduire. Par exemple, si l’on étudie la population

résidant en France, le caractère « nationalité » peut prendre deux modalités (« Français », « Italiens »), ou un

nombre plus grand de modalités (« Français », « Italiens », « Portugais », « Algériens », « Marocains », etc.)

Tout élément de la population étudiée doit pouvoir être classé dans une modalité et une seule.

METHODOLOGIE

COMMENTAIRE DE DOCUMENTS

SANGO MATHIAS AMOS

Lecture du tableau 2 : EN 1970, les ménages français consacrent 26% de leur consommation

totale à l’alimentation (y compris boisson et tabac) ; en 1994, ils n’y consacraient plus que

18,3%, soit une baisse de 7,7 points. Ce tableau étudie deux caractères : le caractère « postes

de consommation », qui comporte huit modalités, et le caractère « date » qui comporte ici

deux modalités.

Retraitez les données

Il est souvent utile pour analyser un tableau de retraiter des données,c’est-à-dire d’effectuer

des calculs pour disposer d’informations supplémentaires ou plus faciles à interpréter. Par

exemple, mesurer l’évolution en calculant le taux de variation7, la propension moyenne ou

les indices.Calculer le taux de variation revient à mesurer l’évolution en valeur relative d’une

grandeur entre deux moments donnés (notés t0 et t1).

Taux de variation= valeur en t1 – valeur en t0 100

Valeur en t0

La propension moyenne est le rapport entre une variable (la consommation, l’épargne,

l’investissement, etc.) et le revenu d’un agent économique à un moment donné. Ce rapport

peut également se calculer au niveau macroéconomique. Exemple : soit Y le revenu ; C la

consommation ; E l’épargne. Un ménage a un revenu annuel de 120 000 frs. Il en consomme

90 000 et en épargne 30 000. La propension moyenne à consommer de ce ménage sera C : Y ;

soit 90 000 : 120 000 = 0,75. Sa propension moyenne à épargner sera : E : Y ; soit 30 000 :

120 000 = 0,25.

Interpréter le tableau

Pour interpréter correctement un tableau, il faut suivre les conseils ci-dessus, mais aussi avoir

une connaissance précise du vocabulaire.

Dans l’exemple 1, il faut connaitre la définition du taux d’activité, dans l’exemple 2 celle du

coefficient budgétaire. Il faut aussi connaitre le vocabulaire courant.

Pour interpréter un tableau, il faut souvent accorder une importance particulière aux

« marges » (dernière ligne et /ou dernière colonne du tableau).

Dans l’exemple 1, la marge nous indique la valeur moyenne du taux d’activité des femmes de

25 à 45 ans pour l’Union européenne (68%). Il sera donc possible de classer les pays selon

qu’ils ont un taux d’activité féminin inférieur, supérieur ou égal à la moyenne européenne.

7L’intérêt du taux de variation : dans le cas où l’on veut comparer l’évolution de deux phénomènes dont l’unité

de mesure diffère, le recours au calcul d’un taux de variation s’impose.

METHODOLOGIE

COMMENTAIRE DE DOCUMENTS

SANGO MATHIAS AMOS

Dans l’exemple 2, la marge est égale à 100 pour chacune des deux années, ce qui confirme

que les coefficients budgétaires sont des pourcentages de répartition.

Pour les graphiques8, lisez-les

La des graphiques est fonction du type de graphique en présence. Ainsi, distingue-t-on les

graphiques en courbe, le diagramme en barres, le diagramme circulaire, les histogrammes…

Pour les graphiques en courbe :

- Il faut commencer par analyser attentivement la nature des phénomènes représentés

- repérez les unités utilisées (valeurs absolues, pourcentages, indices…)

- lisez l’échelle pour chaque courbe et soyez attentif à la valeur de la variable à l’origine des

axes

- lisez le titre, la légende, la source du document, la date de sa publication

- cerner l’objectif du document. En effet, l’étude du graphique a généralement pour objectif

de répondre à une question.

- dégager les tendances générales

- cherchez à quantifier les évolutions, c’est-à-dire repérez les périodes de croissance forte ou

faible, d’accélération, de ralentissement, de baisse, etc.

8 Le graphique est une représentation visuelle des données statistiques. Ce sont donc des données statistiques qui

sont transformées en graphique.

020406080

100120140

Tau

x e

n %

Pays ou ensembles

Natalité et mortalité infantiles (en %)

Série1

Série2

METHODOLOGIE

COMMENTAIRE DE DOCUMENTS

SANGO MATHIAS AMOS

- comparez les évolutions s’il y a plusieurs courbes.

Pour les diagrammes en bâtons9

- analysez la ou les valeurs les plus importantes

- effectuez un classement croissant ou décroissant des valeurs de la variable étudiée

- des calculs seront nécessaires pour compléter votre analyse

Pour les diagrammes circulaires

9 La hauteur des bâtons est proportionnelle à l’importance de la grandeur représentée.

0102030405060708090

100

En %

Pays

Taux d'activité des femmes de 25 à 49 ans dans quelques pays de

l'UE en 1992

0

10

20

30

40

50

60

70

80

9088,6

76,2 73,9 73,7

56,1 53,1

68

METHODOLOGIE

COMMENTAIRE DE DOCUMENTS

SANGO MATHIAS AMOS

Pour les cartes,observez-les, comprenez bien le titre, identifiez les données

représentées (lecture de la légende), se poser les questions telles que : Que trouve-t-on

à tel endroit ? Où trouve-t-on tel phénomène ?

Pour chaque document, cherchez quel aspect fondamental du sujet chaque document

illustre.

3°) Analyser le questionnaire

Lisez attentivement chaque question et assurez-vous que vous en comprenez bien

chaque terme.

Cherchez dans les documents les éléments de réponse.

Sélectionnez-les : vous ne pourrez pas utiliser toutes les données, mais il faut

absolument citer les principales.

Répartissez ce que vous allez dire entre les questions pour ne pas vous répéter.

4°) Mobilisez vos connaissances personnelles : ne vous contentez pas de paraphraser les

documents.

Pour chaque information fournie par les documents, cherchez les causes et les conséquences

qu’il faudra mettre en valeur dans le commentaire.

B- La rédaction

Le commentaire de documents se présente sous forme de dissertation, c’est-à-dire qu’il

comporte une introduction, un développement et une conclusion.

1°) L’introduction

Peugeot19%

Citroen12%

Renault30%

Etrangers39%

Structure des immatriculations de voitures particulières en France

en 1994

METHODOLOGIE

COMMENTAIRE DE DOCUMENTS

SANGO MATHIAS AMOS

C’est la première question qui procure les éléments de rédaction de l’introduction.La

première question demande toujours de présenter le texte : nature, source idée générale.

Après cette présentation des documents, annoncez le plan en s’inspirant des questions 2, 3 et

4.

2°) Le développement

Cette partie du devoir doit être rédigée en paragraphes en fonction des questions posées ou

des idées forces conçues par le candidat. Utilisez avec précision les éléments fournis par les

documents : donnez des exemples précis, des chiffres exacts et complets, des citations entières

et entre guillemets. Eclairez les constats posés, les expliquer.L’élève doit marquer une

transition lors du passage d’une partie à l’autre.

3°) La conclusion

Faites le bilan. Répondez à la question posée. Ouvrez le débat.

BIBLIOGRAPHIE

- Julie Noesser et al. Histoire-Géographie L. ES.S. Annales 2010. Sujets corrigés, Ed.

Nathan, pages 20-21.

- - Beitone (A.) et al., Sciences économiques et sociales 2nde, Hachette Education,

Paris,1996, pp 286-287.