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Le commentaire iconographique Objectifs : reconnaître et décrire l'image avec le bon vocabulaire Mettre en perspective, c'est-à-dire inscrire le document dans un contexte historique précis, justifiant ainsi l'intérêt du document. Montrer la spécificité du document, sa particularité en décrivant ses principales caractéristiques Donner la portée du document : tenter de montrer l'impact du document, son utilité et son efficacité. Éventuellement, si le document s'y prête, on peut tenter une critique objective. L'image est un message visuel, qui est perçu globalement et très rapidement. C'est un message synchrone. Comme elle semble reproduire le réel, elle donne une impression de vérité => Elle est polysémique. Elle constitue un ensemble de signes qu'il s'agit de décoder. Le travail d'analyse s'effectue en deux temps, l’observation, l’interprétation. Il s’agit donc bien d’un travail double : Vous devez dans un premier temps identifier le document qui vous est proposé et décrire ce que vous voyez. Puis, dans un deuxième temps, développer les idées que ce document vous inspire. Cette simple exposition de la consigne permet déjà de comprendre que l’exposé sera composé de deux parties, d'une introduction et d'une conclusion : introduction : identification du document première partie : description détaillée deuxième partie : interprétation conclusion : rappel des éléments énoncés et ouverture Une « bonne » réponse est une réponse ou l’interprétation est à peu près deux fois plus longue que la description. Nous allons voir en détail comment chaque partie énoncée ici se construit. Nous les aborderons d'abord d'un point de vue théorique, qui vous donnera la philosophie générale de l'épreuve, car ce document a pour but de vous aider sur du long terme, vous donner un objectif, un axe à garder à l'esprit y compris lorsque vous devrez faire vous même vos propres commentaires de documents. Puis dans un second temps nous verrons de façon très concrète de quoi ces parties sont constituées, les types de phrases/raisonnements à privilégier etc... de manière à ce que ce document soit utilisable, dès maintenant. Au fil du devoir nous verrons comment chaque étape de construction du  devoir 

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  • Le commentaire iconographique

    Objectifs :– reconnaître et décrire l'image avec le bon vocabulaire– Mettre en perspective, c'estàdire inscrire le document dans un contexte historique précis, justifiant  

    ainsi l'intérêt du document.– Montrer la spécificité du document, sa particularité en décrivant ses principales caractéristiques– Donner la portée du document : tenter de montrer l'impact du document, son utilité et son efficacité.  

    Éventuellement, si le document s'y prête, on peut tenter une critique objective.

    L'image est un message visuel, qui est perçu globalement et très rapidement. C'est un message synchrone. Comme elle semble reproduire le réel, elle donne une impression de vérité => Elle est polysémique.

    Elle constitue un ensemble de signes qu'il s'agit de décoder. Le travail d'analyse s'effectue en deux temps, l’observation, l’interprétation.

    Il s’agit donc bien d’un travail double :

    Vous devez dans un premier temps  identifier  le  document qui  vous est proposé et décrire ce que vous voyez. Puis, dans un deuxième temps, développer les idées que ce document vous inspire.

    Cette simple exposition de la consigne permet déjà de comprendre que l’exposé sera composé de deux parties, d'une introduction et d'une conclusion :  

    • introduction : identification du document • première partie : description détaillée• deuxième partie : interprétation

    • conclusion : rappel des éléments énoncés et ouverture

    Une « bonne » réponse est une réponse ou l’interprétation est à peu près deux fois plus longue que la description.

    Nous allons voir en détail comment chaque partie énoncée ici se construit. Nous les aborderons   d'abord   d'un   point  de   vue   théorique,   qui   vous   donnera   la  philosophie générale de l'épreuve, car ce document a pour but de vous aider sur du long terme, vous donner un objectif, un axe à garder à l'esprit y compris lorsque vous devrez faire vous même vos propres commentaires de documents.

    Puis dans un second temps nous verrons de façon très concrète de quoi ces parties sont constituées, les types de phrases/raisonnements à privilégier etc... de manière à ce que ce document soit utilisable, dès maintenant.

    Au   fil   du  devoir  nous   verrons   comment   chaque  étape  de   construction  du     devoir 

  • implique en amont une méthode de travail précise. Bien connaître l'épreuve c'est aussi travailler efficacement. Ces apartés vous seront signalées en rouge. Elles sont valables également dans le cas d'une dissertation.

    Avant d'aller plus loin, je tiens à préciser que ce document est destiné à vous aider. Il  ne constitue en  AUCUN CAS  une réponse à un examen précis. Il présente  une MÉTHODE  exhaustive (mais il en existe d'autres tout aussi valables) qui doit être APPLIQUÉE AVEC DISCERNEMENT et non pas recrachée !

    IL'introduction

    L'introduction est une partie extrêmement importante. Elle est nécessaire à chaque fois. 

    C'est elle qui prédispose bien ou mal le lecteur à votre égard. La qualité d'un devoir est perceptible dès l'introduction : à vous de la soigner en conséquence, tant dans la forme que dans le contenu.

    AEn théorieLes   but   principaux   sont   l'identification   rapide   de   l'oeuvre,   et   le   choix   de   la problématique et donc l'annonce de votre plan. D'où son importance : elle signale au correcteur si vous connaissez l'oeuvre, et si vous allez traiter correctement le sujet.

    Globalement elle doit donc être constituée de 3 parties :

    – une phrase d'introduction, pour passer du général au particulier.

    – La désignation du sujet.

    – La problématique et le plan qui en découle.

    Par rapport à l'oeuvre elle doit permettre de répondre aux questions : Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Qui ?

    En clair :  quels sont les éléments qui permettent de désigner, de qualifier un objet ?

    – Sa dénomination (nom officiel, nom d'usage, numéros de conservation )

    – Sa nature (tombe, vase, fresque..etc...)

    – Sa localisation géographique (par rapport à la mappemonde, puis par rapport au 

  • site ou l'oeuvre a été inventée. )

    – Son auteur/commanditaire (si cela apporte quelque chose à la compréhension de l'oeuvre)

    – Ses dimensions, même approximatives : pour donner une idée. 

    – La matière : bois, pierre etc.. pour les sculptures, le support pour les peintures.

    – Son lieu de conservation (si ça aide à différencier deux oeuvres aux noms proches)

    Bref tout ce qui est extérieur à l'oeuvre.

    La problématique est un problème   plus sérieux...  dans l'absolu elle est issue d'un problème philosophique lie à l'oeuvre étudiée.... peut être 1 problème d'interprétation, ou   l'explication   de   phénomène   historique   etc...   dans   tous   les   cas   il   s'agit   d'un phénomène   d'ampleur   capitale...   ce   que   dans   vos   cours   de   français   prébaccalauréat on a du appeler « axe de lecture »

    Nous verrons dans la pratique que nous ne pouvons procéder ainsi. L'axe de lecture à privilégier n'est pas fonction de l'absolu mais bel et bien des connaissances que vous êtes capable de fournir a l'instant T de l'examen !!

    Souvent si vous analysez bien vos cours, elles servent souvent le fil conducteur aux professeurs sur tout le semestre.

    BConcrètement

    Il est particulièrement difficile d'écrire les premières lignes d'un devoir, souvent on y perd de précieuses minutes. Il existe de nombreuses manières de faire, et l'ordre des éléments dont nous avons parlé n'est pas important pourvu qu'ils soient présents et si possible de façon organisée.

    Pour vous aider gardez à l'esprit que la forme globale d'une introduction est celle de l'entonnoir.

    – S'il   est   bon   de   commencer   par   une   phrase   d'introduction   à   l'introduction   (qui permet justement ce passage du général au particulier), Il convient d'éviter à tout prix les phrases trop générales du type : 

    « de tout temps les hommes ont construit des tombes.... » 

    ce  sont  des banalités sans   intérêt,  et   l'on  vous  demande de   la  pertinence   !  Ne perdez pas un temps que vous n'avez pas !

    – Une piste toujours intéressante pour entrer en matière est l'historiographie mais elle nécessite parfois un travail personnel, en effet selon les objectifs du cours ces détails ne vous sont pas fournis. (un étudiant avisé verra tout de suite l'intérêt de la chose : moyennant quelques petits efforts votre copie ne ressemblera pas a ses 

  • 599 petites soeurs à corriger en une session !)

    On peut écrire par ex :

    « En   1967,   Spiridon   Marinatos,   cherchant   une   explication   à   la   disparition   des palais   mycéniens   décida   d'entreprendre   une   série   de   prospection   sur   l'île   de Théra... etc... »

    Ce qui vous permet ainsi d'enchaîner de manière élégante sur la localisation de l'oeuvre, et le reste de sa description en n'omettant aucun des termes que nos avons mentionné plus haut. 

    – Vous pouvez aussi opter pour une entrée en matière plus rapide avec la datation par exemple : 

    « L'oeuvre Y, présentée ici, appartient à la civilisation X, qui se développa à tel endroit, du X siècle au X siècle »

    Vous n'êtes pas limité dans les façons de faire, ces quelques phrases sont ici à titre d'exemple, il en existe beaucoup d'autre tout aussi efficaces. 

    Mais  il  est bon d'y réfléchir un peu à  l'avance pour ne pas être surpris le  jour de l'examen. 

    – Annonce du plan et la problématique fonctionnent de paire, l'une est directement dictée par l'autre. 

    Nous  avons  vu plus  haut  que   la  problématique est  normalement   le   reflet  d'un problème d'importance  dans   l'absolu.  Or plusieurs  axes   sont  valables  pour interroger une oeuvre ! (certains plus intéressants que d'autres évidemment) et en pratique celui que vous choisirez dépend de vos connaissances ! Vous ne pouvez pas annoncer que 

    « vous   allez   montrer   comment   cette   oeuvre   prouve   par   son   programme iconographique  les  contacts  précoces entre   la  civilisations X et   la  civilisation Y malgré l'historiographie en vous basant sur des exemples précis »

    si nous n'en avez pas la plus petite idée, même si c'est un enjeu majeur autour de l'oeuvre en question !! 

    Vous êtes évidement sensé connaître les axes de lecture principaux lié à l'oeuvre mais en cas d'« absence » faites preuve d'intelligence il y a toujours   un moyen de tirer son épingle du jeu ! Un examen de fac teste aussi bien vos connaissances que votre capacité à vous adapter intelligemment!! : 

    Choisissez toujours un  angle qui met votre savoir en valeur  :  vous avez travailler sur les reliefs et la perspectives à travers les âges : montrer que vous connaissez   l'oeuvre   donnée   à   l'examen   en   mettant   en   lumière   ces   aspects particuliers; vous avez travaillé sur les méthodes de fouilles, débrouillez vous pour en parler. 

    C'est à définir cela que sert l'étape de travail des premières minutes de l'épreuve ou 

  • vous mettez rapidement sur votre brouillon tous les items qui vous reviennent en mémoire sur le sujet.

    – Surtout éviter les problématiques bidons avec des interrogations très générales du type « pourquoi un jour les hommes ont construit des pyramides etc... » ou encore « en quoi l'architecture religieuse reflète les croyances des peuple anciens etc.... »

    – une annonce de plan et de problématique type pourrait être une phrase du genre :

    « après avoir dit un mot de la technique employée, nous décrirons l'oeuvre X, puis nous verrons comment, à travers les éléments qu'a choisis de représenter l'artiste, elle nous renseigne sur : le régime politique / le culte de la personnalité du chef/la vie dans la cité etc... »

    IIPremière partie : Description ou étude de la dénotation de l'image

    Cette phase conduit à décrire ce que le support iconographique montre concrètement, à mettre en évidence le message littéral.

    AEn théorie

    Ici encore les maîtres mots sont clarté et organisation :  ils sont la preuve de votre rigueur !

    Dans cette première partie, on vous demande de décrire ce que vous voyez, en utilisant le  Vocabulaire Adapté   .     Ce point est une partie très importante de ce qu'on vous demande. Ne le sous estimez pas. 

    Une partie fondamentale du travail de l'historien en général et de l'archéologue en particulier,   est   de   nommer   des   éléments,   leur   donnant   ainsi   une   famille,   de   les caractériser, les rattachant à une civilisation, un ensemble de valeur. 

    Ce vocabulaire spécifique est partagé par tous. Vous devez l'avoir acquis, et en faire la preuve. 

    Il n'y a pas de bidules et de machins, mais un pilastre, une colonne, des triglyphes et des métopes, des contreforts et des arcs outrepassés etc...

    Il est à noter que cette étape ne demande PAS DE REVISION ! Si votre méthode de travail est bonne, que vous avez fait les recherches qu'il fallait pendant le semestre, vous n'avez rien a savoir par coeur : vous avez sous les yeux la photo de l'oeuvre dont vous avez à faire le commentaire. 

    Donc pas de révisions MAIS UN TRAVAIL EN AMONT.

    D'un point de vu méthodologique il faut que vous restiez le plus objectif possible car décrire  c'est  déjà  interpréter   !  Or   l'interprétation  doit   faire   l'objet  de   la  deuxième partie ! Et il vous faut à tout pris éviter les redites.

  • Pensez   aussi   qu'il   y   a   des   tas   de   façons   de   décrire   une   oeuvre   mais   que   cette description doit être au service de l'interprétation : idéalement chaque point que vous mettrez en valeur  ici   sera repris  et  analysé dans   la  seconde partie  dans  le  même ordre ! Vos parties doivent donc être organisée de façon symétrique.

    BConcrètement

    Nous l'avons dit : il faut rester le plus neutre possible dans cette partie et   réservez l'interprétation à la partie suivante. Pour vous aider et savoir ce qui est important : pensez qu'il vous faut décrire les images « comme à un nonvoyant ».

    Pour  être  le plus objectif  possible et   faire un relevé  exhaustif  et organisé  des éléments constitutifs du message utilisez toujours la même méthode :

    = > notez les indices du premier au dernier plan et de gauche à droite.

    Et   si   possible   soyez   varié  !   Notre   langue   est   riche   !   Vous   devez  structurer   votre description avec les indications spatiales comme : 

    « au premier plan, au second plan, à l’arrièreplan ; au fond de l’image, à droite, à gauche, dans le coin inférieur/supérieur, au centre, dans le registre du bas, du haut, du milieu ; Au nord de, au sud de...etc... »

    => Utilisez impérativement les indications d'échelles et les points cardinaux ils font partie intégrante du commentaire.

    Varier aussi les constructions verbales : 

    « nous voyons, on peut voir/observer, se tient, il y a, on remarque... »

    (Pour vous exercer à décrire en détail une image, vous pouvez jouer à ce petit jeu : une personne prépare une description d’image sans la montrer aux autres. Il présente son   image   et   les   auditeurs   doivent   essayer   de   dessiner   schématiquement   l’image décrite. Les résultats sont souvent surprenants !)

    IIIDeuxième partie : interprétation ou étude de la connotation de l'image.

    La  deuxième   partie  de   cet   exercice  est   la   plus   importante      :   Elle   consiste   à interpréter ce que le message suggère. Il s'agit d'appréhender la portée symbolique de l'image, tant sur le plan historique que culturel ou bien encore technique.

  • AEn théorie

    Quelle qu'elle soit, l'image à du sens, elle communique, elle n'est pas juste esthétique. Elle ne reproduit pas le réel sur un mode analogique : l'image est le produit de toute une série de mise en forme et de choix par rapport au réel qu'elle dépeint. Et c'est précisément dans l'écart qui les distingues que ce situe le travail de l'analyse et de l'interprétation. 

    L'image est le fruit d'une succession de choix à de multiples niveaux : 

    – Tout d'abord le thème qui est mis en avant (représentation de la guerre, du sport ...etc...) et son cortège de questions posées aux spectateurs : pourquoi souhaiteton présenter   au   monde   (d'ailleurs   lequel   ?)   cette   émanation   de   sa   culture   ?   Et comment s'y prendton pour le faire ?

    – Puis ensuite le sujet retenu à l'intérieur de ce thème ? S'il est question de sport représenteton le départ de la course ? La remise des prix au vainqueur ? S'il est question de  guerre  représenteton  le  départ  aux combat ?  Le champs après  la bataille ? Le repos du guerrier ? Etc.... 

    et évidement comment et pourquoi ?

    Aucune de ces étapes n'est triviale !

    Ensuite d'autre questions se posent :

    – Qui opère ces choix ? L'artiste ?, le commanditaire ?

    – Quelles sont les contraintes, artistiques ou culturelles, liées au support 

    – Comment s'élabore un style ? Les images ne sont jamais isolées et forment des séries ! Pour les interpréter bien entendu il faut les considérer  dans leur ensemble.

    – Comment se transmettent ces images ?

    – Quel   changement   observeton   dans   ce   répertoire   ?   Peut   on   le   lier   à   des changement sociaux/historiques ?

    Et tant d'autres pistes encore ! 

    Tous ces dispositifs mis en jeu  conditionnent la relation spectateur/image : choix   du   thème,   puis   à   l'intérieur   du   sujet,   et   enfin   d'éléments   qui   permettent l'identification de la scène. 

    On peu considérer techniquement, dans l'absolu, que ces éléments diagnostiques (c'est à dire les éléments qu'il faut chercher) d'une scène pour l'interprétation d'une image correspondent à trois catégories : 

    1. Des codes logiques et des codes sociaux. Ils appartiennent à 3 domaines    :

  • A la reconnaissance de l'identité    : 

    a) code onomastique, (quand on en trouve : noms, titres)b) code vestimentaire (richesses ou spécificité des parures, péplos, armures )

    B la reconnaissance des lieux : 

    a) intérieur (vie quotidienne)b) extérieur (paysage, pays exotique, évocation d'autres peuples...)c) public (officiel, sacré...)d) privé 

    C la communication  entre individus :    

    a) position des personnages par rapport aux autresb) expressivité, mimique (sourire)c) gestuelle (tendre la main, main ouverte en position d'orant)

    Dles relations sociales :    a) codes   hiérarchiques   (positions   sur   l'oeuvre,   insignes   du 

    pouvoir, dénominations, titres)b) codes religieux (vêtements, objet, rites, processions)c) codes professionnels (vêtements, outils)d) codes  des  manifestations  collectives   (partage  de  nourriture, 

    boissons, rassemblement => sacrifices)

    Par rapport à la spécificité de nos disciplines, il faut réaliser que la recherche de ces points et donc l'interprétation du document ne peut se faire qu'à l'intérieur du monde qui l'a produit. La valeur d'un symbole diffère selon le temps ou le lieu  :  imaginer  la valeur d'un péplos sur un vitrail art déco ou bien sur une athénienne du Vème siècle. Dans les deux cas serait – elle identique ? Et pourquoi le feraiton, quel effet cela produiraitil ? 

    La   plupart   de   ces   codes,   qui   entrent   dans   l'interprétation   d'un   document iconographique ancien sont  inaccessibles pour nous de manière directe.  Ils sont à reconstruire :  Il faut donc se concentrer sur la recherche d'un faisceau  d'indices convergents.  Indices qui mis en commun, finiront par avoir une signification qui à une chance d'être le reflet d'une certaine réalité. 

    Mais il nous faut également garder à l'esprit deux autres catégories qui interviennent nécessairement dans la relation spectateur/image : 

    2. des codes de l'inconscient collectif   

  • Le   lecteur   de   l'image   est   influencé   par   les   archétypes   de   l'inconscient   collectif, émotions   communes  à   toute   l'humanité  d'après  le   psychanalyste  Jung.  Ainsi,   des symboles essentiels sont ressentis par tous comme tels : chacun des quatre éléments, par exemple (eau : la mère, le liquide nourricier, la naissance, mais aussi le baptême, la purification ; le feu, énergie vitale, virilité...) 

    3. des codes personnels   

    L'inconscient   de   chacun,   avec   ses   émotions,   ses   sentiments,   son   jeu   de   pulsions contradictoires,   ses   refoulements,   ses   obsessions   nées  de   toute   son   histoire,   joue forcément dans l'interprétation du document iconographique.

    Ces deux derniers points font part de théories que nous ne pouvons ignorer. Il  est facile de projeter des significations issues de ses codes personnels sur des images, c'est bien souvent très tentant. 

    De même on pourrait en appeler à l'inconscient collectif de l'humanité pour expliquer facilement toute image. Pourtant cette identité de symbolisme n'est pas prouvée pour des sociétés loin de nous, dans le temps et l'espace et qui parfois n'ont pas partagé la même humanité que  nous   !   (c'est   le   cas  pour   l'époque Paléolithique  par  exemple). L'ensemble des théories liées à l'inconscient collectif concernent notre civilisation et des civilisations qui nous sont contemporaines (c.à.d. sur lesquelles on a testé leur validité). 

    Nous ne sommes pas familiers des symboles qui ont présidés à la création des images que nous étudions. Il faut donc se garder d'une interprétation issue de conventions qui sont les nôtres.

    Mais   il   existe   une   autre   conséquence   à   ces   deux   derniers   points,   une   difficulté supplémentaire :  s'ils posent tant de problème c'est que d'une part ils ne sont pas applicable aux images issue de sociétés qui ne sont pas les nôtres ; mais que d'autre part  nous   ne   pouvons   nous   dispenser  d'y   faire   référence,   de   les  utiliser inconsciemment. 

    Il   faut être vigilant  !  Et  seule une méthode scientifique permet de  maintenir un degré d'objectivité satisfaisant en sachant toutefois que nous n'échappons jamais totalement à ces deux derniers types de codes.

    (par exemple la couleur noire n'a pas de connotations négative en Égypte ancienne, c'est même tout le contraire ! La terre noire est la terre riche et nourricière amenée par le Nil, le noir c'est la vie ...) 

    Il est intéressant pour vous de savoir comment se construit la recherche, comment on interprète une image, pour avoir un but : à long terme c'est ce type de réflexion qui est attendue de vous. 

    C'est également ce qui fait du commentaire de document iconographique un exercice délicat,   de  par   la   complexité  de   l'image.   J'espère  que   ce   chapitre   vous   l'aura   fait toucher du doigt.

  • BConcrètement :

    Il  y  a   ici  un certain nombre de difficultés :   il   faut  absolument structurer cette partie de l’exposé : choisir une ou deux idées et en développer quelques aspects que vous avez annoncé dans l'introduction et se tenir à ce schéma, sans "retours en arrière" et répétitions. 

    Idéalement   l'organisation  de   cette  partie   est   la  même que   celle  de   la  précédente, puisque ces deux parties sont sensées dialoguer entre elles : cette partie doit être la déduction logique de la première.

    Il   est  délicat  de   fournir  une  méthode   concrète  qui  marche  pour   tout.  Nous  avons souvent affaire à des types de documents très différent, hétéroclites, qui nécessitent des structures particulières, au cas par cas. 

    Il convient mieux, plutôt que de se fixer sur des manières de faire trop rigides qui vont être handicapantes, de garder en tête quelques principes simples. 

    De toutes façons les grandes orientations, les axes de lecture des oeuvres vous sont en général fournis dans les cours : ce qui doit se traduire dans votre méthode de travail ! 

    Blablabla : methode

    Et vous devez arriver à l'examen avec votre problématique en poche !

    – Nous l'avons dit, nous ne possédons pas les codes des société anciennes, nous ne connaissons pas ceux qui ont présidé à la création de ces images. Il faut donc se garder d'une interprétation brute. Vous devez vous servir de vos observations faites en première partie comme des arguments, et montrer le cheminement de votre pensée :

    =>éviter les phrases du genre : 

    « l'homme avec le casque décrit plus haut, est le roi ... » 

    Elle ne présente aucun raisonnement ! Dites plutôt : « en quoi sa position le met en  valeur dans  la   composition générale,  que ses  vêtements   le  différencient  des autres, qu'il porte les attributs du guerrier (casque, lance), comment le guerrier dans   la   société  en  question  est  généralement  vu   comme  l'idéal  de   l'homme,  et comment cet ensemble d'indices vous porte à penser qu'il est un personnage très important : le chef/le roi etc... »

  • – Pour une mise en perspective plus aisée gardez à l'esprit également que ces images ne sont pas le reflet direct d'une réalité  quotidienne. L'artiste, le commanditaire, voire la société entière se mettent en scène, se donnent à voir, sous un certain jour. 

    Ce qu'il est important d'expliquer ici c'est comment s'effectue cette mise en scène non plus dans la forme (comme dans la première partie) mais dans le fond et quel peut être  le décalage avec ce que vous savez des événements historiques qui entoure la création d'une oeuvre (adéquation ou bien au contraire divergence) 

    => évitez donc de dire : 

    « le régime politique de Théra était une thalassocratie »

    mais dites plutôt

    « Nous  avons  vu que   l'homme mis  en  valeur  par   la   composition  présente   tous   les attributs d'un chef or ici il est présenté sur un navire, qui plus est un navire dont la taille et la décoration semblent le désigner comme le navire amiral de la flotte. Cette fresque, difficile d'interprétation, présente divers aspect de la vie dans son rapport à l'eau et spécialement à la mer. Ces indices, associés à ce que l'on sais par ailleurs (à développer),  plaident en faveur d'une thalassocratie Thérane. »

    Il   est   important   de   se   rappeler   que   vous  pouvez  répondre   à   la   question   du COMMENT mais probablement pas à la question du POURQUOI et ça n'est pas le but de  l'exercice.  Vous pouvez (et devez)  seulement citer  les explications  les plus communément admises par l'ensemble de la communauté scientifique, de manière à prouver que vous en avez connaissance.

    Certains étudiants ont beaucoup de mal à passer à la phase d’interprétation, ils disent une ou deux phrases sur « ce à quoi leur fait penser cette image » et c’est tout. 

    Pourtant ce genre d'exercice teste votre capacité à voir tous les aspects d'un problème (et à ne choisir d'exposer que les aspects pertinents ! )

    De   voir   au   delà   de   l'image,   de   l'objet   à   étudier   en   tant   que   tel,   que   vous   avez longuement  décrit   et   analysé. Elle  devient   le   support  d'un  discours   (signification, indice pour la société, problème d'interprétation etc...)

    Et c'est bien souvent ce degré d'abstraction supplémentaire qui vous fait défaut, et qui est pourtant essentiel et qui fait tout l'intérêt de l'exercice!

    Pour vous exercer :

  • Prenez au hasard une publicité/affiche électorale etc.. et tentez en groupe de proposer le plus grand nombre de directions de développement possible.  Imaginez que vous êtes un étranger : Que dit cette image de notre société ? Quel est l'enjeu de la photo ? Quel message implique telle ? Et que peut on en déduire ? Un malaise social ? Un événement particulier va avoir lieu ? etc....

    Il est important d’exercer cette imagination associative : c'est une tournure d'esprit à acquérir,  et  vous pouvez  l'appliquer  partout aujourd'hui,  dans notre  civilisation de l'image ! Publicité, journaux etc...peuvent servir à exercer votre sagacité ! 

    IVLa conclusion

    AEn théorie 

    Elle   est  nécessaire  à  chaque   fois,   elle   finit   votre  devoir   et   c'est   elle   qui   laisse   la dernière impression au correcteur ! Et qui lui prouve que vous aviez organisé votre devoir à l'avance (même si vous n'avez pu mener le développement a son terme par manque de temps).

    Il est vivement conseillé de l'avoir rédigé à l'avance sur le brouillon pour pouvoir la recopier quand même en cas de manque de temps.

    BConcrètement

     Pour vous aider gardez à l'esprit qu'elle a globalement la forme d'un entonnoir à l'envers.

     Pour débuter utilisez des mots du type « ainsi donc... » ;  « nous avons vu que... » ; « pour conclure... »

     puis reprendre brièvement les points que vous avez développé.

    – Ensuite vient une phrase de conclusion générale : la vie à Cnossos, la hiérarchie sociale, l'économie, la politique, la place de la religion ....etc...

    Idéalement elle est la réponse à la problématique. 

    – La dernière partie de la conclusion est traditionnellement une ouverture soit sur le prolongement historique, soit sur les autres civilisations contemporaines. Elle est bien   souvent   artificielle,   et   demande   à   être  réfléchie   à   l'avance  =>   doit   se traduire dans votre façon de travailler. 

    Vous pouvez dire en quoi l'oeuvre témoigne d'une époque, d'une pensée, la replacer dans   un   contexte   politique   ou   culturel   et   dégager   des   changements   ou   des 

  • continuités   par   rapport   à   la   période   suivante/précédente.   Vous   pouvez   la rapprocher d'oeuvres du même style ou du même auteur ou mettre en lumière son influence sur les contemporains et les successeurs. 

    Vous pouvez également conclure avec tout autres réflexions pertinentes issues de vos lectures extrascolaires et permettre ainsi à votre  intellect de s'exprimer au delà du  bachotage  et   surtout  de  permettre  à vos   correcteurs  de  distinguer  vos copies de leurs 599 petites soeurs aux conclusions toutes faites. 

    Un dernier conseil rappelez vous que vos enseignants ont tous derrière eux plus de 8 années de faculté ... minimum... ce qui fait d'eux des étudiants professionnels ... au courant de toutes les ficelles ... et avec une très très bonne mémoire...

    À bons entendeurs ...

    Nathalie Martin

    I-L'introductionA-En théorieB-Concrètement

    II-Première partie : Description ou étude de la dénotation de l'imageA-En théorieB-ConcrètementIII-Deuxième partie : interprétation ou étude de la connotation de l'image.A-En théorieB-Concrètement :

    IV-La conclusionA-En théorie B-Concrètement