Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

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  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

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    Jean GuilaineLucien Rigaud

    Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte

    régional de la fin du Néolithique et du ChalcolithiqueIn: Bulletin de la Société préhistorique française. 1968, tome 65, N. 3. pp. 669-698.

    Résumé

    Les auteurs présentent un milieu-clos de la culture « Aude-Roussillon » ou groupe de Véraza, du Néolithique récent et du

    Chalcolithique. Il s'agit d'une fosse de petites dimensions qui recelait les restes de trois vases dont l'un de forme insolite,

    cylindrique, haut de 0,69 m et muni de 54 boutons disposés sur 6 rangées verticales. Après analyse du mobilier, ils décrivent le

    groupe culturel auquel se rattache ce foyer et tentent d'en définir la chronologie. Enfin ils en ébauchent la répartition

    géographique. Il s'ensuit que ce groupe, centré autour du bassin de l'Aude, des Corbières et du Roussillon, a pu s'étendre vers

    l'Est jusque sur les rives du fleuve Hérault, à l'Ouest jusqu'à la Garonne supérieure et moyenne, au Sud sur le versant méridional

    des Pyrénées.

    Citer ce document / Cite this document :

    Guilaine Jean, Rigaud Lucien. Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional de la fin du Néolithique et du

    Chalcolithique. In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1968, tome 65, N. 3. pp. 669-698.

    doi : 10.3406/bspf.1968.4176

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1968_hos_65_3_4176

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_bspf_933http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_bspf_1388http://dx.doi.org/10.3406/bspf.1968.4176http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1968_hos_65_3_4176http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1968_hos_65_3_4176http://dx.doi.org/10.3406/bspf.1968.4176http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_bspf_1388http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_bspf_933

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    TOME

    LXV

    1 968

    FASC.

    3

    BULLETIN

    de la

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE

    FR NÇ ISE

    ÉTUDES

    ET TRAVAUX

    S. P. F.

    16, RUE SAINT-MARTIN - PARIS-IVe

    PUBLIÉ AVEC LE

    CONCOURS

    DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE

    SCIENTIFIQUE

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    Bulletin

    de la

    Société

    Préhistorique

    Française, tome LXV,

    1968.

    Le Foyer de

    Pérairol Cavanac,

    Aude)

    dans

    son

    contexte

    régional de la

    fin

    du Néolithique et du Chalcol ithique

    PAR

    Jean GUILAINE et Lucien RIGAUD

    RESUME

    Les

    auteurs

    présentent

    un milieu-clos

    de la culture

    « Aude-Roussillon »

    ou

    groupe

    de Véraza,

    du

    Néolithique

    récent

    et

    du

    Chalcolithique.

    Il

    s'agit

    d'une

    fosse

    de petites

    dimensions qui recelait les restes

    de

    trois vases

    dont

    l'un de

    forme

    insolite, cylindrique, haut de

    0,69

    m et

    muni de 54 boutons

    disposés

    sur 6

    rangées

    verticales.

    Après

    analyse

    du

    mobilier,

    ils

    décrivent

    le

    groupe

    culturel

    auquel

    se

    rattache ce

    foyer et

    tentent

    d'en

    définir

    la

    chronologie.

    Enfin ils en

    ébauchent

    la répartition géographique.

    Il s'ensuit

    que

    ce

    groupe,

    centré autour du

    bassin

    de

    l'Aude, des Corbières

    et

    du

    Roussillon,

    a pu s'étendre vers

    l'Est jusque

    sur les

    rives du

    fleuve

    Hérault,

    à l'Ouest jusqu'à

    la Garonne

    supérieure

    et moyenne,

    au Sud sur le versant

    méridional

    des Pyrénées.

    Le territoire

    de

    la

    commune de

    Cavanac

    (Aude) livre

    depuis

    de

    nombreuses années un nombre

    élevé

    de vestiges de

    la

    période néo-

    chalcolithique.

    Plusieurs gisements d importance certaine

    ont été

    repérés

    sur

    divers

    tenements

    de cette

    localité

    :

    la Castanière,

    le

    Pont

    des

    Salles,

    les

    Aurioles,

    Maran, Pébril, la

    Gravette, Pérairol,

    etc.

    Le premier chercheur

    à souligner

    l intérêt présenté par ce ter

    roir

    a été Antoine Fages

    qui,

    au

    cours

    de ses

    nombreuses

    commun

    ications

    à

    la

    Société

    d Etudes

    Scientifiques de

    l Aude,

    a fait

    connaître

    quelques découvertes

    qu il

    avait réalisées

    dans ce

    secteur

    du

    Carcasses. Un

    gisement

    même, celui des Aurioles, a fait l objet

    dès 1906

    d une

    étude

    détaillée dont

    bien des points

    seraient aujour

    d hui

    reprendre

    (Fages,

    1906).

    Nous présenterons prochainement un travail d ensemble des

    divers gisements

    que

    nous prospectons, depuis des années,

    sur

    le

    territoire

    de cette

    commune.

    En

    guise

    de

    préambule,

    nous

    tenons

    à

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    672

    SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE

    Graveiïe

    Fig. 1. — F oyer

    de

    Pérairol, Cavanac (Aude). Localisation de la

    découverte

    sur'extrait du plan

    cadastral.

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    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE 673

    faire connaître dès

    aujourd hui

    les

    résultats obtenus sur

    un fond

    de

    cabane

    dont nous avons opéré le sauvetage voici une dizaine

    d années et

    demeuré depuis, inédit (*).

    Situation

    et conditions

    de

    la découverte.

    Ce

    foyer

    est situé

    au lieu-dit

    « Le Pérairol »

    (parcelle

    n° 116,

    Section D)

    dans

    un

    champ

    appartenant à M. Denis Pascual (fig. 1).

    Le

    sol

    est composé d une

    terre très

    fine

    à

    caractère loessique.

    Cette

    terre

    blanche,

    perméable, de

    teneur calcaire, est appelée par

    les

    aborigènes terro douço

    et

    présente

    pour les

    agriculteurs l avan

    tage être

    facile

    à

    travailler.

    En

    1960 un labour profond, opéré

    dans

    le champ précité, révéla

    l existence

    de

    plusieurs

    foyers

    dont

    nous nous

    empressâmes

    de

    noter l emplacement exact par procédé de triangulation. Le temps

    en

    effet nous manquait pour entreprendre leur

    fouille

    systématique

    et

    nous savions que, au bout de quelques jours,

    la

    moindre

    trace

    de leur présence n apparaîtrait plus.

    Aussi

    avons-nous limité nos

    travaux au sauvetage d un

    unique

    fond de

    cabane qui

    avait attiré

    tout particulièrement

    notre attention.

    Après

    le labour,

    ce

    foyer

    se présentait comme une

    tache plus

    ou

    moins

    oblongue

    que les cendres

    coloraient

    en

    un

    gris caractérisé.

    Cette teinte

    contrastait nettement avec la

    terre

    blanche

    environ

    nante. armi

    ces cendres,

    nous

    pûmes recueillir en

    surface

    la moitié

    d une meule dormante

    et plusieurs

    tessons de poterie à

    cassure

    récente.

    Nous

    entreprîmes alors

    le

    dégagement du

    foyer.

    Celui-ci

    révéla une forme

    elliptique, à

    grand axe

    orienté Nord-Est

    -

    Sud-

    Ouest, de dimensions 2 m X l>20 m. Le sol était constitué par une

    couche d argile (apportée ?), de teinte marron-beige. Au contact

    avec ce sol,

    la

    terre

    du

    foyer était nettement plus foncée

    que la

    terre

    cendreuse

    rencontrée en surface.

    Elle

    comprenait très

    souvent

    des

    mottes noirâtres, pétries

    de

    fragments charbonneux mais

    sans

    ves

    tige

    de

    faune.

    Dans

    l angle

    sud-ouest

    gisaient les

    restes

    d une

    grosse

    jarre

    cylindrique.

    Vers

    le Nord,

    une

    marmite large, assez peu

    endommag

    ée

    dhérait encore étroitement, dans sa

    partie

    inférieure, à

    la

    glaise durcie qui

    en épousait la

    forme concave. Vers le centre

    du

    foyer

    étaient

    plusieurs

    fragments

    d une coupelle

    à carène

    basse

    mêlés aux mottes cendreuses. Enfin

    la

    meule

    dormante, citée

    plus

    haut, avait été abandonnée sur le côté est (fig. 2).

    (*)

    Nous

    adressons

    l'expression

    de notre vive gratitude à Monsieur Max Escalon

    de Fonton,

    Directeur

    Régional des Antiquités

    Préhistorinues, à qui

    nous avons

    fait

    part de nos découvertes sur le territoire de la commune de

    Cavanac

    et

    qui

    est venu

    sur place contrôler nos

    recherches

    ; à Monsieur Pierre

    Ponsich,

    qui a reconstitué

    avec

    soins les

    céramiques du site de Pérairol

    ; à

    Monsieur Dominique Sacchi,

    à qui

    nous devons

    les

    photographies présentées dans cette

    étude.

    Enfin

    nous

    ne saurions

    oublier Monsieur

    Denis

    Pascual, le propriétaire du

    champ dans

    lequel est situé notre

    gisement

    :

    c'est

    grâce

    à sa parfaite compréhension que cet

    intéressant

    sauvetage

    a

    pu

    être

    réalisé.

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    6/30

    674 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE

    0 1m

    Fig. 2. —

    Foyer

    de Pérairol,

    Cavanac

    (Aude). Plan

    général

    du « fond de cabane »

    avec

    position des objets. Au centre se trouvait

    l'écuelle carénée

    brisée ; au

    Sud-Est

    la

    moitié

    d'une meule dormante.

    Inventaire

    du

    matériel recueilli.

    Quatre

    pièces

    seulement

    (trois

    vases et

    une

    meule)

    ont

    donc

    été recueillies

    dans ce

    foyer.

    Elles présentent toutefois

    un intérêt

    indiscutable

    pour

    l étude

    du Néolithique

    régional.

    Ce sont :

    — Une marmite à fond rond, de couleur beige-clair, portant par endroits des coups

    de

    feu.

    La hauteur de cette poterie

    est

    de

    16

    cm

    ;

    le diamètre de la

    bouche

    un peu

    irrégulier — varie entre 24 et 25 cm suivant

    les

    axes.

    Une carène douce,

    située

    à

    6 cm

    du

    rebord, amorce la sphéricité

    du fond. Le

    système de

    préhension consiste en deux

    mamelons

    superposés

    sur quatre

    points

    du vase, diamétralement opposés deux à deux.

    La

    pâte est

    bien

    cuite,

    avec dégraissant très

    fin

    d'origine

    sableuse ; la

    cassure

    est

    rougeâtre. Epaisseur des parois du vase variant entre 0,5

    et

    0,8 cm (fig. 4, nos 2

    et

    7).

    — Un

    curieux vase

    cylindrique de

    0,69

    m de hauteur pour

    un diamètre

    moyen de

    30 cm. Ce vase

    est également à

    fond rond

    ; il

    présente

    à

    la bouche, ainsi que vers la

    moitié

    de

    sa

    hauteur, un

    léger

    étranglement

    que

    révèlent bien

    les dimensions

    de

    ses

    diverses

    circonférences

    :

    à

    la bouche

    :

    95

    cm

    ;

    renflement supérieur :

    104 cm

    ;

    — étranglement central

    :

    102

    cm

    ;

    — renflement

    inférieur

    : 105 cm.

    Le diamètre est donc plus important vers la base, ce qui semble voulu pour donner

    à

    ce

    récipient,

    de

    forme insolite,

    une

    assise plus stable. Le

    décor

    consiste en 6

    rangées

    verticales de

    9

    mamelons superposés de

    forme légèrement

    allongée. Nous

    avons

    donc

    54 oreilles qui ornent cet

    étonnant

    vestige. La couleur du vase est beige clair. Des coups

    de feu

    peuvent être

    notés

    par endroits. La cassure est beige

    dans

    les

    parties

    supérieures,

    noire vers le

    fond.

    La pâte est

    bien

    cuite. Elle confère à cette pièce, ainsi que sa

    forme

    générale,

    une « sonorité » toute particulière

    sur laquelle

    nous

    aurons

    l'occasion de

    revenir. Epaisseur des parois du vase variant entre 12

    et

    16

    mm

    (fig. 3

    et

    5).

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    7/30

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 675

    с.

    1

    1

    '■■■

    1 с:.

    о

    сэ ?

    7

    10cmig.

    3.

    Foyer

    de

    Pérairol,

    Cavanac

    (Aude).

    Céramique

    :

    le

    grand

    vase

    cylindroïdeartant

    6

    rangées verticales

    de

    9

    mamelons

    superposés.

    ig.

    4.

    Foyer

    de

    Pérairol,

    Cavanac

    (Aude).

    Céramique

    t

    la

    marmite

    à

    mamelons

    superposés.

    L'écuelle

    à

    carène

    basse

    Un

    fragment d'écuelle à carène basse, à fond

    très

    légèrement

    arrondi.

    Dimensions

    après reconstitution

    :

    — diamètre à

    la

    bouche : 16,6

    cm

    ;

    diamètre à

    la

    carène :

    14,8 cm

    ;

    — hauteur totale : 4,2

    cm

    ;

    la

    carène est située à

    3,7 cm

    du rebord

    de l'assiette.

    La

    couleur

    se

    rapproche

    de celle

    des

    deux pièces précédentes

    :

    beige,

    plus noire

    vers

    le fond. La teinte de la cassure suit

    également

    le même principe. La pâte

    est

    très

    fine, à

    dégraissant

    sableux.

    Epaisseur

    des

    parois

    du

    vase

    variant

    entre 3

    et

    5

    mm

    (fig.

    4,

    1

    et

    fig.

    6).

    une

    meule dormante

    partagée

    en deux

    fragments.

    Elle est

    de

    type

    classique,

    en

    roche granitique.

    Interprétation et chronologie.

    Pour

    peu

    nombreux qu ils soient, ces vestiges bien homogènes

    n en demeurent pas

    moins

    originaux.

    Le vase cylindrique tout

    d abord

    est de haut intérêt. Nous

    ne

    lui connaissons pas

    de

    réplique

    régionale.

    Les vases

    de

    la station

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    8/30

    676

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    de Saint- Jean-de-Cas, à Mailhac

    (Aude),

    plus ovoïdes

    que

    cylin-

    droïdes, sont

    encore ceux

    qui se rapprochent

    le plus de

    notre

    réci

    pient

    sans être réellement superposables. La

    destination

    même

    de

    cette

    poterie

    peut

    être

    discutée.

    Vase

    à provisions ?

    Ceci n est

    pas

    certain

    :

    sa

    taille

    trop

    élevée

    par rapport

    à

    son diamètre

    ne

    plaide

    guère pour une telle utilisation et

    on

    ne peut le rapprocher des

    gros

    vases

    à cordons des régions

    caussenardes,

    à

    panse

    très large,

    bap

    tisés

    « vases-silos » par les

    uns,

    « vases-à-eau » par les autres.

    Par

    ailleurs que représentent

    exactement les

    cinquante-quatre

    mamel

    ons

    ue

    porte

    cette pièce

    :

    un simple amusement

    ornemental ou

    un

    système

    de préhension

    réellement fonctionnel

    ?

    Fig.

    5.

    Foyer

    de

    Pérairol,

    Cavanac

    (Aude).

    Le grand

    vase

    cylindroïde.

    Nous

    avons

    été

    frappés par la résonance toute

    particulière

    que

    peut émettre un

    tel récipient. Certains collègues nous

    ont

    même

    suggéré

    que ce vestige pouvait avoir une

    fonction uniquement

    sonore

    et l ont comparé

    à

    certains « tam-tams »

    africains ;

    selon

    eux

    les

    mamelons

    ne seraient que

    des languettes

    servant

    à

    tendre

    une peau

    fixée à l embouchure

    du

    vase.

    Sans suivre

    nos amis sur

    la

    voie toujours périlleuse des

    hypothèses,

    contentons-nous de r

    emarquer

    que

    le

    problème

    de

    la destination d une

    telle pièce

    demeure

    largement

    ouvert.

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    9/30

    SOCIETE

    PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    677

    La

    marmite

    large à oreilles

    superposées est,

    par

    contre,

    un

    élément

    bien connu

    dans

    le Néolithique récent

    et

    le

    Chalcolithique

    du bassin

    de

    l Aude.

    Nous nous

    contenterons

    de

    la

    comparer à des

    spécimens de

    la même époque

    provenant de

    la grotte

    des Chambres

    d Alaric à

    Моих,

    de

    la Petite

    Grotte

    de

    Bize,

    de

    la station

    de

    la

    Métairie-Grande à Laure, de

    la

    station de

    Rossignol

    à Mailhac,

    etc.

    Fig. 6, Foyer de Pérairol,

    Cavanac

    (Aude). L'écuelle à carène basse.

    Fig. 7. — Foyer de Pérairol, Cavanac (Aude). La marmite à

    mamelons

    superposés.

    Si

    l écuelle

    à carène basse est assez fréquente au Néolithique

    récent ou au Ghalcolithique

    en Languedoc

    occidental, la jatte à

    rupture de

    pente

    très

    basse

    donnant un

    fond

    presque

    plat, tel le

    récipient 3 du Pérairol, n est pas

    très

    courante. Mais cette consta

    tation n est peut-être

    que

    provisoire.

    Sur

    le plan culturel, le milieu clos

    du

    Pérairol appartient indu

    bitablement

    au

    groupe

    dit

    «

    de

    l Aude-Roussillon

    »,

    civilisation

    secondaire

    du

    Néolithique

    récent

    qui

    apparaît

    dans

    ces

    contrées

    vers

    la

    fin

    du

    cycle chasséen,

    probablement

    aux environs

    de

    2 500

    et qui perdurera au Chalcolithique. Une présentation générale

    de

    ce

    groupe aidera à mieux

    replacer

    la découverte

    de

    Pérairol dans son

    contexte archéologique

    régional.

    Historique et définition.

    L un de nous (J. G.) a été certainement l un des premiers à

    noter, voici

    quelques douze

    ans,

    l existence d un Néolithique récent

    ou

    Chalcolithique ancien dans la région

    de

    l Aude, distinct, d une

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    10/30

    678

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE

    part

    du Néolithique moyen (Chasséen), d autre

    part

    du

    Chalcoli-

    tique

    à

    campaniforme.

    Vers 1955 était couramment

    mis en

    avant

    le

    rôle frontière joué

    par le fleuve Orb

    dans

    l étalement des cultures chalcolithiques

    régionales

    :

    à

    l Est

    de

    ce

    fleuve

    régnaient

    en

    maîtres les

    «

    Pasteurs

    des Plateaux » de M.

    Louis qui

    furent rapidement subdivisés en

    groupe de Fontbouisse

    et

    groupe de Ferrières ; les Campaniformes

    paraissaient

    ne s être infiltrés

    que timidement

    sur leur territoire.

    Au Sud

    de

    l Orb par contre les Campaniformes pyrénéens

    semblaient

    tenir solidement

    le terrain

    et paraissaient

    surtout constituer

    la

    seule culture chalcolithique présente (1).

    Au cours

    de

    deux notes, parues en 1957, certes fort sommaires,

    et

    qui

    sont

    aujourd hui

    en majeure partie

    à

    reprendre

    à

    la lumière

    des documents

    accumulés

    pendant

    la dernière décade, nous faisions

    connaître

    l existence

    probable d un groupe

    régional

    appartenant

    à

    la famille des « Pasteurs des Plateaux » et

    occupant,

    au Sud du

    Bitterois

    et

    principalement

    dans

    l Aude,

    la

    place

    tenue

    en

    Provence

    par le Couronnien, en Languedoc oriental par les

    cultures

    de

    Font

    bouisse et

    de Ferrières. Nous

    baptisâmes

    provisoirement

    ce

    groupe

    « Pasteurs

    de

    l Aude

    », expression

    seulement

    à vocable

    géogra

    phique et dont le premier terme visait simplement à démontrer

    qu il ne s agissait là

    que

    d un groupe appartenant au grand en

    semble des Pasteurs

    de

    M. Louis (et même si

    le genre de vie

    pastoral

    devait écologiquement

    être

    contesté)

    (Guilaine,

    1957,

    a

    et b).

    Nos remarques s appuyaient

    sur un

    certain nombre

    de

    stations

    étudiées par

    certains de nos confrères (O.

    et

    J.

    Taffanel

    notam

    ment)

    ou

    par nous-mêmes.

    Nous donnions

    comme

    caractéristiques

    de

    ce

    groupe la

    céramique

    à

    pâte grossière

    (par

    opposition à

    la

    belle

    poterie campaniforme de

    l Aude), les

    grosses jarres à

    cordons lisses

    en relief,

    l industrie à

    base

    d éclats

    du pseuďo-campignien

    langue

    docien.

    Nous

    émettions

    l hypothèse de

    la construction des « allées-

    couvertes » (2) audoises par ces « indigènes »

    dont la

    chronologie

    nous

    paraissait chevaucher

    la

    fin du

    Néolithique et

    les débuts

    du

    Ghalcolithique. Pour

    si

    brèves

    qu elles

    soient, ces notes, qui ten

    taient de faire

    place

    à un

    nouveau

    groupe, ne furent pas sans

    étonner

    quelques-uns

    de nos collègues dont notre excellent confrère

    G. Bailloud (3).

    Nos « Pasteurs

    de

    l Aude

    »

    devaient

    encore demeurer ignorés

    quelques années. Ils n apparaissent pas encore en 1960 dans la

    synthèse

    de

    J.

    Arnal,

    G.

    Bailloud,

    R.

    Riquet

    sur

    «

    Les

    styles

    céra

    miques

    du

    Néolithique français »,

    où la céramique

    à

    cordons des

    (1)

    G.

    Bailloud

    et P.

    Mieg

    de

    Boofzheim :

    Les

    civilisations néolithiques

    de

    la.

    France, Picard, Paris, 1955, pp.

    164-166.

    (2)

    Nous avons

    eu depuis l'occasion

    de

    critiquer

    cette

    terminologie

    mégalithique

    qui ne

    nous

    paraît pas conforme

    avec

    la définition classique de

    l'allée-couverte

    :

    « monument aux parois latérales rectilignes et parallèles supportant

    une

    couverture

    de

    dalles à

    une

    hauteur constante sur toute

    la

    lonffueur du monument » (P.-R. Giot-

    J.

    L'Helgouagh)

    (3)

    G.

    Bailloud

    : « Vous opposez au début de votre article des Pasteurs dont

    personne n'a

    encore parlé dans l'Aude,

    à d'autres civilisations

    assez

    bien

    connues...

    »

    (in

    litteris, 2

    mars

    1957).

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    11/30

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    679

    sites

    de

    l Aude est assimilée

    à

    la

    poterie

    caussenarde du

    type des

    Treilles (4). Dans sa thèse, parue en 1962, J. Audibert ne

    semble

    pas faire

    la

    distinction entre, d une

    part

    le groupe

    en

    question,

    d autre

    part

    les

    Campaniformes,

    qu il englobe

    dans

    une culture

    unique. Il

    note

    néanmoins

    l intérêt

    du

    mamelon

    superposé

    qu il

    considère comme l une des caractéristiques

    du

    Chalcolithique de

    notre région.

    Nous

    retrouvons la trace

    de

    cette

    ethnie

    en 1963 dans la thèse

    de J.

    Arnal

    sous l expression

    « d Inconnus des Corbières » en une

    brève mention dans laquelle sont indiquées

    nos

    recherches en

    cours.

    Peu

    après,

    en 1964, une note

    sur l Age

    du

    Bronze des Pyrénées-

    Orientales

    nous permet

    de reconnaître

    la

    présence de

    ces peuplades

    en

    Roussillon à

    la grotte

    des

    Bruixes

    de

    Tautavel (Guilaine et

    Abelanet,

    1964).

    Aussi avons-nous

    adopté l expression

    «

    Groupe

    de

    l Aude-Roussillon

    »

    pour désigner ce

    Néolithique

    qui

    complète,

    sur la

    façade méditerranéenne française,

    les autres groupes contem

    porains autrefois

    unifiés

    dans l expression

    doublement

    contestable

    de «

    Pasteurs

    des Plateaux » mais dont

    la

    commodité a longtemps

    assuré

    le succès.

    En 1965

    et

    1966, J. Arnal, J. Grimal

    et H. Prades

    ont précisé

    la structure

    de

    cet ensemble en faisant connaître quelques stations

    de

    la

    basse plaine

    de

    l Hérault : le

    Pla-Méjo

    à Nizas, le Pierras

    de

    l Hermitage à

    Servian,

    les Carreiroux à Saint-Apolis

    de Fontenille,

    Florensac.

    Ce

    faisant ils

    ont

    démontré

    que

    : 1)

    cette

    culture s était

    étendue vers l Est au

    moins

    jusqu en

    terre

    agathoise ; 2)

    que

    la

    densité des sites

    de

    ce secteur était, comme dans l Aude,

    relativ

    ementlevée si

    l on

    en

    juge par

    le

    nombre

    de

    gisements évoqués

    dans leurs notes.

    Ce

    préambule

    posé,

    nous

    allons

    tâcher,

    sur

    l invitation

    de

    quel

    ques-uns

    de nos collègues, de

    donner une

    définition générale de

    cet

    ensemble, en nous

    fondant surtout sur des

    sites inédits

    ou peu

    connus.

    L équipement

    :

    L industrie

    lithique :

    Les

    flèches

    tranchantes,

    épaisses, à

    retouche

    envahissante, de

    tradition

    chasséenne,

    sont connues

    sur des habitats de plein air

    (stations

    I

    et

    II

    de

    l Escapat

    à

    Laure,

    Aude). Les

    flèches

    perçantes,

    épaisses, à pédoncule mais

    sans

    barbelures sont également

    fr

    équentes.

    Les

    flèches foliacées sont les plus courantes.

    Les lames fines,

    de

    technique chasséenne, existent mais les

    lames plus grossières, épaisses, sont plus

    typiques.

    Quelques-unes

    évoquent

    les « barres

    de

    chocolat » du Couronnien. Les longs cou

    teaux, lames allongées, parfois arqués,

    de

    section triangulaire ou

    (4)

    Toutefois

    lors

    de la fouille déjà ancienne

    du dolmen

    de Boun-Marcou, H.

    Mar-

    tin-Granel

    avait

    déjà observé un niveau inférieur

    avec

    mobilier

    appartenant

    à la

    culture

    ici envisagée. Il

    devait

    donner

    la

    publication intégrale

    de

    ses recherches

    in

    Gallia-Préhistoire, II,

    1959,

    pp.

    39-56

    (cf.

    notamment

    тар.

    48-49

    et

    p.

    56,

    Conclusions).

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    12/30

    680 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    trapézoïdale,

    apparaissent

    aussi (station du Peyrou

    à Sigean)

    et se

    perpétueront

    largement en milieu campaniforme

    ou Bronze

    ancien.

    Quelques-uns sont

    retouchés latéralement ou

    en

    grattoir

    en

    bout.

    Parmi

    les poignards

    ou

    pointes de

    lance

    existent

    de

    grosses

    pièces

    bifaces

    (station

    de

    Sous-Roque

    à

    Roquefort-des-Corbières)

    qui ne

    dépareraient pas des ensembles ferrériens ou

    fontbuxiens.

    Les

    poignards

    ou faucilles

    sur

    silex en plaquette sont connus

    (grotte

    II

    de

    Véraza) et,

    à ce sujet, une étude sur

    la

    provenance exacte de

    ce silex pourrait présenter

    un

    intérêt

    soutenu

    (fig. 8).

    Fig.

    8.

    Grotte

    II

    de

    Véraza

    (Aude). Poignard

    taillé dans

    un

    silex

    en

    plaquette.

    Il existe des

    perçoirs épais,

    bien

    dégagés, obtenus

    sur

    éclats

    (stations

    de

    Laure).

    La majorité des pièces enfin, tirées

    d éclats,

    se rattachent au

    Pseudo-campignien

    de

    M. Louis : les grattoirs épais, souvent

    caré

    nés,

    y sont fréquents ; d autres sont par contre obtenus en retou

    chant marginalement des éclats minces

    dont

    le plat demeure

    réservé.

    Les

    nuclei sont divers

    :

    les plus courants sont épais

    et

    globuleux.

    Des

    outils de fortune sur silex ou quartzite sont égal

    ement connus.

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    13/30

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE 681

    II convient

    de

    noter l abondance des

    percuteurs

    et des molettes.

    Ils peuvent être

    en

    roche primaire et quelquefois même en silex

    (grotte de

    Gazel

    à

    Sallèles, grotte du Gaougnas

    à

    Gabrespine, station

    de

    Sélicate

    à

    Ouveillan).

    Pilons et meules

    à va-et-vient évoquent

    une

    économie agricole.

    Les

    seules haches connues sont en roches dures (stations d Ou-

    veillan

    ou

    de

    Ladern).

    L industrie

    osseuse :

    II existe toute

    la

    gamme de poinçons, ciseaux, tranchets. Nous

    y ajouteront les côtes

    fendues

    longitudinalement

    et

    utilisées en

    lissoirs ; les gaines en

    bois

    de

    cerf

    (grotte

    du

    Gaougnas à Gabres

    pine) les aiguilles à

    chas.

    La céramique :

    a) Les

    formes :

    Les formes les

    plus

    fréquentes sont

    simples

    et primaires. Ainsi

    le

    petit bol à

    fond rond est courant (grottes

    de Véraza, de

    Gazel, du

    Gaougnas) (fig. 9, 4).

    Les

    marmites, soit globuleuses, soit légèrement carénées, soit

    à profil sinueux,

    et

    portant des mamelons superposés, sont l un

    des

    fossiles directeurs

    les plus

    répandus

    (grotte de

    Véraza,

    de

    Gazel,

    de

    Bize, des Chambres d Alaric, etc. ; stations

    de

    Mailhac

    et

    d Ou-

    veillan

    ;

    station

    de

    la Métairie-Grande

    à Laure,

    etc.)

    (fig.

    9,

    6

    ;

    fig.

    10, 1 à 5).

    Le vase à la fois

    cylindrique

    et

    très

    haut du Pérairol est pour

    l instant une exception ; les jarres de

    la

    station de Saint-

    Jean-de-

    Cas à Mailhac ont un fond plus élargi

    ce qui

    devait permettre

    une

    meilleure

    assise

    (fig,

    10, 6).

    Les petites coupelles

    carénées déjà apparues au

    Chasséen sont

    connues

    : la

    carène est basse

    et

    le

    col franchement

    évcrsé vers

    l extérieur (grotte des Chambres d Alaric). L écuelle carénée

    du

    type de

    la

    Lagozza se retrouve ainsi

    que

    des jattes à carène haute

    et

    fond bomboïde dans le style des pots de

    la

    culture de

    Fontbouisse

    (les

    grottes

    de

    Véraza

    ont

    donné

    des

    exemplaires comparables à

    ceux

    de

    la

    grotte

    de

    la

    Rouquette

    à St-Hilaire-de-Brethmas)

    (fig.

    9,

    3).

    Il

    existe aussi des écuelles dont

    l extérieur simule

    plusieurs rup

    tures

    de pente, impression due à l utilisation de cannelures larges

    comme à

    Fontbouisse. Ce

    type est rare

    toutefois

    (stations de Sélicate

    et

    des Courondes à

    Ouveillan).

    Il dénote

    néanmoins

    une perdura-

    tion assez basse de

    ce

    groupe.

    Les

    gros

    « vases-à-eau » munis

    de

    cordons

    lisses

    en

    relief

    cerclant les panses sont très courants

    et

    paraissent communs aux

    diverses cultures chalcolithiques méridionales (grottes de Véraza,

    de

    Gazel, Balmo

    dal Carrât,

    Aude

    ;

    du

    Rec de

    las Balmos

    à Félines,

    Hérault ; des Bruixes à Tautavel,

    Pyrénées-Orientales,

    etc. ;

    sta-

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    14/30

    682

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE

    20

    cm

    Fig.

    9.

    Groupe

    Aude-Roussillon.

    Grottes

    de Véraza.

    Quelques

    formes céramiques.

    Dépôt de

    Fouilles

    de Carcassonne.

    tions

    de

    la Métairie-Grande à Laure,

    du

    Moulin à Mailhac, des Escu-

    dines

    à Montlaur, Aude, etc.)

    (fig.

    9,

    8

    ; fig.

    12,

    5,

    6

    ; fig.

    13,

    6).

    Il

    existe

    également

    des

    vases

    «

    en

    bombe

    »

    à

    col cylindroïde.

    La petite

    grotte

    de Bize a livré un vase à

    col

    cylindrique

    et

    panse

    anguleuse

    assez original. De fines cannelures verticales per

    mettent de

    rattacher

    manifestement ce vase au groupe ici

    étudié.

    Quelques

    écuelles à carène très

    basse se rencontrent

    (au Pérai-

    rol

    par

    exemple).

    Certains récipients

    ont

    une

    paroi verticale

    et

    n amorcent

    la

    rupture de

    pente que

    très

    près

    de

    la base. Enfin

    il existe

    d authen

    tiquesases à fond

    plat.

    Celui

    que

    nous représentons provenant

    de

    la grotte

    Douât

    (Comigne, Aude)

    était

    une

    sorte d écuelle (fig.

    11,

    10).

    Citons

    enfin la

    présence de faisselles

    (fig. 9, 7).

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    15/30

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    683

    Fig. 10.

    Groupe

    Aude-Roussillon. Types de

    marmites

    et de jarres

    à boutons

    et

    oreilles superposés. —

    1.

    Petite grotte de Bize (Aude)

    ; 2. Grotte

    des Chambres

    d'Alaric, Моих

    (Aude)

    ; 3. Station

    de Rossignol,

    Mailhac

    (Aude)

    ; 4. Station de

    la Tuilerie de Grépiac (Haute-Garonne) ;

    5. Grotte

    Gazel, Sallèles-Cabardès (Aude)

    ;

    6. Station

    de Saint-Jean-de-Cas,

    Mailhac

    (Audi1). —

    1.

    Musée de Narbonne

    ;

    2,5.

    Dépôt

    de fouilles

    de

    Carcassonne ; 3,6. Musée

    de

    Mailhac ; 4. D'après L. Méroc.

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    16/30

    684

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    b)

    Pâtes et

    surfaces :

    La céramique présente un éventail

    de

    pâtes

    qui

    empêche de

    donner des définitions trop

    strictes.

    Certains exemplaires

    de petite

    taille ont

    une

    pâte

    bien

    cuite, dure,

    finement pulvérisée, se

    confon

    dant

    isément

    avec

    celle

    d autres

    groupes.

    Par

    contre

    les

    gros réci

    pients aux parois épaisses

    ont

    des pâtes sommaires

    liées à

    des

    surfaces

    rugueuses, avec

    dégraissants grossiers

    de calcaires

    et

    gra

    viers. Les dégraissants sont

    très variables

    et

    fonction de

    la

    géologie

    locale et

    de

    la taille

    des

    vases

    (calcite, calcaire, schiste,

    sable,

    ocre,

    etc.).

    Même réflexion

    en ce

    qui concerne le

    lissage.

    Certaines pièces

    excellement lissées

    peuvent

    rivaliser

    avec

    les meilleures surfaces

    chasséennes

    et, sur des tessons atypiques,

    la

    confusion est

    possible

    (grotte des Chambres d Alaric). Néanmoins en général les surfaces

    sont moins belles que

    celles

    du

    Néolithique moyen.

    Les

    vases ont

    d ailleurs,

    dans

    l ensemble, une taille plus

    forte et

    le fini extérieur

    s en

    ressent.

    Quelques pâtes

    sont

    particulièrement légères

    et

    les surfaces

    sont affectées fréquemment

    de

    vacuoles. Ceci est surtout valable

    pour les

    sites

    de plein air mais sans exclusive.

    Les

    teintes

    enfin sont

    très variables mais avec

    une prédilection

    pour les tons clairs, les rouges, les oranges, les roses, les marrons

    mais

    les bruns reviennent aussi fréquemment.

    c) Eléments

    de préhension

    et décors :

    Le téton

    simple

    ou jumelé, l oreille allongée d allure couron-

    nienne,

    le

    mamelon à

    perforation horizontale

    ou verticale,

    l anse

    bien

    dégagée

    enfin sont les éléments

    de préhension

    les plus cou

    rants.

    Cette liste

    est évidemment extensible.

    Les cordons lisses,

    de

    section

    ronde,

    franchement extérieurs

    à

    la panse des

    vases,

    sont

    courants mais

    il existe aussi des cordons

    peu

    proéminents,

    de

    section triangulaire. Ils se répartissent

    géné

    ralement

    en

    cercles superposés sensiblement

    parallèles. Le

    motif

    « en

    guirlande

    » est

    également connu.

    Les

    mamelons ou oreilles

    superposés

    se groupent

    généralement

    selon quatre

    systèmes diamé

    tralement opposés ou selon six.

    Il

    y a quelquefois alternance :

    jeu

    de

    deux mamelons superposés alternant avec un

    téton simple

    (grotte

    des Bruixes

    à

    Tautavel). Le

    vase de

    Pérairol avec 6 rangées

    verticales de

    9

    mamelons

    est

    une exception

    mais

    des

    rangées

    de

    tétons verticaux en nombre variable, sont

    typiques.

    Il

    existe des boutons rapportés et faisant

    sous

    le rebord le tour

    des vases

    (grottes

    de

    Véraza) (fig. 9, 1). Sont

    également

    connues

    les « pastilles en

    relief

    »

    obtenues

    « au repoussé » ou

    non. J.

    Grimal

    et

    J.

    Arnal

    préfèrent

    considérer ces éléments comme

    distincts

    du

    groupe de

    l Aude-Roussillon et en faire les éléments d un groupe

    autonome. En

    l état

    actuel

    de

    la question

    il

    semble plutôt que ces

    documents,

    comme les

    gros vases à cordons,

    soient une sorte

    de

    dénominateur commun aux diverses cultures chalcolithiques méri

    dionales et soient aussi bien à leur place dans

    l Aude

    qu à Font-

    bouisse ou dans certains gisements

    provençaux de cette époque.

    Ne

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    17/30

    SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    685

    s agit-il

    pas plutôt d un indice chronologique se généralisant en

    milieux

    différents

    à un moment donné

    ?

    Le décor

    est

    assez rare. Les fines

    cannelures peu

    prononcées

    constituent encore

    l un des

    meilleurs

    fossiles. Ces traits,

    que

    l on

    ne

    peut

    distinguer

    qu en

    lumière

    frisante,

    sont tantôt

    horizontaux

    et

    parallèles, tantôt verticaux

    et

    parallèles,

    tantôt

    verticaux

    et

    hori

    zontaux. Le

    parallélisme

    est

    souvent

    sommaire (fig.

    11, 1,

    4,

    6).

    Il

    existe aussi

    le motif

    en

    faisceau rayonnant (grottes

    de

    Véraza)

    (fig. 11, 2). Notons

    également

    des

    cannelures plus nettes

    et même

    franches

    ;

    quelquefois enfin sont des

    sillons incisés.

    Depuis

    une

    dizaine

    d années l un

    de

    nous a,

    à

    diverses reprises, rapproché ces

    motifs

    des poteries fontbuxiennes (5).

    Les vases à cannelures très

    9

    10

    Fig. 11. Groupe

    Aude-Roussillon.

    Quelques

    thèmes

    décoratifs. — 1,2,4,6. Grottes de

    Véraza (Aude)

    ; 3,5,7,8,9.

    Station de la

    Métairie-Grande,

    Laure (Aude)

    ; 10. Grotte

    Douât ou du Figuier, Comigne (Aude). — Tous ces

    documents :

    Dépôt de

    Fouilles

    de Carcassonne.

    (5)

    Cahiers

    Ligures de Préhistoire

    et

    d'Archéologie, T. IX,

    1960, pp.

    145-146 ;

    Actes

    du

    Congrès

    de la. Fédération

    des Sociétés

    Savantes du Languedoc

    méditerranéen

    et

    du Roussillon, Limoux, 1964 (Montpellier),

    p.

    9.

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    18/30

    686

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    larges de

    la station

    de Sélicate à

    Ouveillan apportent

    un

    argument

    complémentaire à cette

    comparaison.

    Il existe aussi des incisions ou des impressions peu originales

    (fig.

    11,

    7). Un tesson de

    la

    station de

    la

    Métairie-Grande porte des

    cordons verticaux

    jumelés avec

    un cordon horizontal

    (motif

    ortho

    gonal ?) (fig. 11, 8).

    Les parures :

    Notre documentation provenant essentiellement de petites sta

    tions de plein air, voire de cabanes isolées

    et

    de sites d habitats

    en

    grottes,

    l on

    comprendra

    que

    les parures typiques

    de

    ce groupe

    soient

    difficiles

    à isoler. Une station

    d Ouveillan

    a livré une amul

    ette

    rectangulaire

    en

    os. Les divers types

    de

    perles ou

    de

    pende

    loques

    en

    os, en roches ou minéraux divers (calcaire, calcite,

    lignite,

    jayet, coquillages divers) utilisés à partir du Chasséen se

    main

    tiennent

    au Chalcolithique

    en

    s enrichissant

    de

    formes

    et

    de

    mat

    ières

    nouvelles.

    Il

    y

    a

    donc

    tout

    lieu

    de

    croire

    que

    les nombreux

    ossuaires qui

    ont été utilisés dès

    la

    fin

    du

    Néolithique (et souvent

    sans discontinuer jusqu au Bronze moyen) comportent au moins un

    certain nombre de menus

    bijoux qui

    appartiennent

    en

    propre au

    groupe

    envisagé.

    Nous reviendrons

    sur cette

    question.

    Quelques stratigraphies

    et

    sites

    d habitats.

    Il

    nous paraît

    utile

    de faire un rapide tour d horizon des habi

    tats

    les plus

    représentatifs

    de cet ensemble.

    Au

    cœur

    des Corbières

    occidentales,

    le

    village

    de

    Véraza,

    dans

    l Aude, possède un ensemble

    de

    cavités, les

    grottes de

    La Valette,

    largement

    utilisées

    par les

    peuplades qui

    nous concernent ici. De

    plus, deux au moins

    de

    ces cavités (grottes II et

    III)

    présentent des

    stratigraphies où nous voyons ces tribus succéder aux Chasséens

    récents

    pour abandonner par la suite les lieux au profit d un groupe

    du

    Bronze

    ancien. La position

    chronologique de cet

    horizon sur

    le

    Chasséen

    et

    sous les ensembles

    du

    Bronze ancien-moyen est cer

    taine,

    observation confirmée

    par

    la stratigraphie

    de

    la grotte

    de

    Gazel à Sallèles-Gabardès.

    De par leur position centrale, au cœur du bassin

    de

    l Aude,

    de

    par la représentativité

    de leur

    matériel, enfin

    de

    par l intérêt

    pré

    senté

    par

    leur

    stratification,

    nous

    croyons

    utile

    de

    prendre

    ces

    sites

    de

    Véraza comme gisements

    de

    référence. Aussi emploierons-nous

    fréquemment

    l expression

    «

    groupe de

    Véraza » comme synonyme

    de

    l expression «

    groupe de

    l Aude-Roussillon » ou

    de

    celle

    des

    « Inconnus des Corbières » dont

    le caractère

    provisoire ne saurait

    être masqué,

    au moins

    en ce qui concerne son premier

    terme.

    En

    d autres

    sites les peuplades

    de Véraza

    paraissent

    occuper

    la base

    des niveaux à céramique,

    signe

    peut-être

    d une

    poussée

    démographique

    supérieure à

    celle

    des Chasséens.

    Ainsi en est-il en

    l état

    de nos connaissances :

    — dans

    la

    grotte

    du Gaougnas

    à Cabrespine (Aude) où elles sont

    scellées par

    une

    occupation

    du

    Bronze ancien-moyen ;

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    19/30

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE 687

    20cm

    Fig.

    12.

    — Groupe Aude-Roussillon. —

    1. Grotte

    de la Hache, Narbonne (Aude) ;

    .

    Station de la

    Métairie-Grande,

    Laure (Aude) ; 3,4. Petite grotte de Bize (Aude) ;

    5.

    Station

    du Moulin,

    Mailhac

    (Aude) ; 6.

    Grotte

    de

    Buff

    en, Caunes (Aude). —

    1. Musée

    de Narbonne ;

    2.

    Dépôt de

    Fouilles

    de

    Carcassonne

    ; 3,4.

    Béserves

    collection

    Héléna ;

    5. Musée

    de

    Mailhac ; 6.

    Collection de la

    Société

    d'Etudes

    Scientifiques de l'Aude,

    Carcassonne.

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    20/30

    688

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    dans la grotte

    des Chambres

    d Alaric

    à

    Моих (Aude),

    la

    situation

    est sensiblement identique ;

    — dans la grotte

    des

    Bruixes

    à

    Tautavel (Pyrénées-Orientales) où,

    également,

    un

    niveau du

    Bronze

    moyen se superpose

    à

    elles.

    Citons

    également le

    cas

    d une grotte

    de

    la région

    de Saint-Pons,

    fouillée

    par M. Rodriguez.

    Ici,

    selon les

    indications obligeamment

    fournies par

    notre confrère, le

    groupe

    de

    l Aude-Roussillon

    succé

    derait

    à un

    Néolithique local assez particularisé et serait surmonté

    par

    un niveau de l Age

    du Bronze.

    Les

    grottes

    présentent

    donc

    l avantage

    de nous fournir des

    stratigraphies

    et,

    de plus, un matériel bien

    conservé.

    Ainsi

    dans la

    grotte des Chambres d Alaric à Моих (Aude) nous avons retrouvé,

    au cours

    d un

    sondage effectué

    voici

    plus

    de

    dix

    ans,

    des témoi

    gnages

    de

    ce groupe. La technique remarquable

    de

    la

    céramique

    nous

    avait alors

    fait prendre les

    documents

    pour un faciès chasséen

    bien

    que

    nous

    n ayons

    pas

    retrouvé

    les

    principaux

    fossiles

    direc

    teurs

    de cette

    culture.

    Il

    y

    avait

    là la marmite à boutons super

    posés, les écuelles

    à

    fond rond, les récipients cylindroïdes

    à

    col

    droit

    et

    carène

    basse, les coupelles

    carénées

    à ouverture évasée. Ce

    site a par ailleurs livré des restes de

    céramiques

    à cordons lisses

    ou à cannelures. A propos de ces derniers thèmes

    décoratifs

    nous

    avions parlé

    de style de

    Fontbouisse. Bien qu une assimilation

    pure

    et

    simple

    paraisse

    discutable,

    contentons-nous

    de

    souligner

    la pa

    renté

    de

    certains styles ou techniques décoratives propres aux

    cultures « pastorales »

    de

    la façade

    méditerranéenne.

    Toutes

    ces

    formes

    céramiques

    se

    retrouveront également

    dans

    la grotte

    voisine de

    la

    Caouno à Моих.

    Dans

    la grotte du Gaougnas

    à Cabrespine

    (Aude), le

    groupe de

    l Aude-Roussillon

    se présente sous forme d un

    faciès

    peut-être an

    cien, sans récipients carénés

    :

    écuelles, marmites y conservent des

    formes simples

    avec

    fonds ronds.

    La

    poterie y est généralement bien

    lustrée,

    brillante. Les décors

    se limitent aux cordons en relief

    et

    aux boutons disposés de

    place

    en

    place

    sous le bord externe des

    récipients. Les

    éléments de préhension connaissent le bouton simple,

    l anse

    à

    faible développement et évidemment les

    oreilles superpos

    ées.

    es broyons sont présents. L outillage en

    os,

    riche

    comparati

    vementux

    autres

    gisements,

    connaît entre

    autres

    les gaines en

    bois de

    cerf.

    En Roussillon

    le

    matériel

    céramique

    de

    la

    grotte

    des

    Bruixes

    (ou

    des Sorcières), à Tautavel (fig. 13), est

    en

    partie

    superposable

    à celui de

    la grotte du

    Gaougnas. Il y a

    les restes de grands vases

    à parois épaisses, à fonds toujours ronds.

    Les

    formes

    en

    sont

    simples : bords droits

    et

    flancs légèrement

    pansus

    vers

    le

    bas. Le

    décor comprend les variantes suivantes

    :

    un

    seul

    rang

    de

    téton ;

    les

    mamelons superposés

    ;

    — le

    cordon unique sous le

    bord ;

    le

    double cordon

    lisse

    : l'un horizontal, l'autre en

    guirlande

    à partir des

    mamelons de préhension

    ;

    — plusieurs

    rangées de

    cordons

    lisses

    ceinturant

    la

    panse.

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    21/30

    SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    689

    0

    20

    cm

    Fig. 13. — Groupe

    Aude-RoussiLlon.

    Grotte des Bruixes, Tautavel (Pyrénées-Orient

    ales).

    uelques

    formes céramiques. Dépôt de

    Fouilles du

    Palais

    des

    Rois de

    Majorque,

    Perpignan.

    Les

    petits vases sont également de formes simples.

    Il

    se dis

    tinguent

    de

    certains

    sites

    du

    groupe

    de

    l Aude-Roussillon par le

    fait qu il n y a pas

    de

    vases carénés (comme à Bédeilhac, couche

    IV).

    Il

    faut voir là soit un indice chronologique (phase ancienne ?) soit

    l indication possible d un faciès. Les fonds sont toujours ronds. Les

    surfaces sont bien lissées ; la

    pâte

    est bien cuite. Les

    décors

    sont

    à peu

    près inexistants sauf

    quelques

    cordons horizontaux simples

    ou

    doubles

    avec des

    mamelons

    parfois forés. Parmi les éléments

    de

    préhension

    figurent le

    téton simple,

    le

    téton foré horizontalement

    ou verticalement, l anse en ruban, les boutons

    disposés sur

    une ou

    deux rangées (parfois deux tétons liés l un à l autre).

    Sur

    un

    unique

    exemplaire deux

    tétons

    superposés alternent avec un téton simple.

    En

    dehors

    de

    la poterie, l outillage se limite à une hache en

    roche

    dure

    et à quelques lamelles et éclats

    de

    silex.

    Les

    grottes

    ne constituent

    pas

    notre unique

    source d informat

    ion.es

    petits

    villages ou campements

    de

    plein air sont

    également

    très nombreux et donnent un cachet

    très

    particulier

    à cet

    ensemble.

    Les fonds

    de

    cabanes sont le

    plus

    souvent

    de

    petites

    surfaces

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    22/30

    690

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    rondes, ovales ou

    rectangulaires, de faible étendue.

    L emploi

    de

    pisé est certain (station

    de

    Mournégré à

    Ladern).

    Les grands vi

    llages

    construits

    en pierre

    sèche

    dans

    le

    style de ceux de

    la

    culture

    de

    Fontbouisse

    ne sont pas connus pour l instant. Néanmoins l exi

    stence d ouvrages

    défensifs est

    possible (Pierras

    de

    l Hermitage).

    Fait

    curieux

    les stations livrent fréquemment

    de

    grandes quant

    ités

    de

    poteries et assez peu

    de

    silex.

    Ainsi

    à Mailhac le gisement

    de

    Rossignol a

    donné

    les restes d au

    moins

    300 vases. La jarre

    basse

    à

    fond rond avec les

    mamelons

    superposés en

    quatre

    points

    diamétralement opposés en constitue l élément dominant.

    Il

    y

    a

    aussi des bols hémisphériques

    et

    des écuelles carénées. De rares

    anses

    sont connues ainsi

    que

    des fonds plats.

    Sur

    le

    tenement

    de Saint-Jean-de-Cas, O.

    et

    J.

    Taffanel

    ont

    fouillé

    une fosse comparable par sa structure à celle

    du

    Pérairol.

    De forme

    elliptique,

    avec des parois verticales

    et

    un

    fond

    concave,

    elle mesurait

    1,60

    X

    l>40

    m.

    Parmi

    la

    céramique

    7

    jarres

    cylin-

    droïdes et à fond rond,

    mesurant

    en moyenne

    de

    0,30 à 0,45 m

    de

    hauteur.

    Elles portent des rangées

    de

    mamelons superposés du type

    du Pérairol.

    A peu de distance (parcelle n 940) une autre

    fosse

    elliptique,

    ayant des dimensions

    de

    3

    X

    2,80 m et une profondeur

    de 0,40 m, a

    pu être

    dégagée par les mêmes chercheurs. Parmi

    le

    matériel archéologique

    qu elle

    recelait figuraient

    de

    rares silex et

    surtout les restes d une cinquantaine de vases dont des écuelles, une

    jarre à

    cordons

    superposés

    et

    de

    grandes

    jarres

    à

    oreilles

    de

    pré

    hension.

    Citons

    la

    présence de

    mamelons percés horizontalement

    ou verticalement comme à Véraza.

    A

    Ouveillan

    les stations

    ont également

    livré d abondants ves

    tiges

    céramiques.

    Celle

    de

    Sélicate a

    donné un bon échantillonnage

    où se reconnaissent

    de grosses

    jarres

    munies de cordons

    étages ou

    d oreilles superposées. Y figurent aussi l écuelle, à carène haute,

    déjà

    notée à Véraza, un tesson orné

    de

    cannelures

    légères,

    des

    tétons forés, un fragment

    de

    poterie

    portant

    une

    petite

    anse déga

    gée, etc. Des polissoirs, des molettes, des mortiers, des galets

    de

    rivière

    et des restes

    de meules

    sont

    le

    signe

    d activités

    agricoles ou,

    pour les premiers, des

    instruments

    pour le lissage des pots.

    Il

    y

    avait

    aussi, outre quelques éclats

    de

    silex, une palette enduite

    d ocre

    rouge.

    La station

    voisine

    des Courondes a

    révélé la

    présence

    de

    plu

    sieurs « fonds

    de

    cabanes »

    qui

    ont fourni

    d importantes séries

    céramiques.

    Une étude

    détaillée

    sera

    consacrée

    à

    ces

    divers

    sites

    d Ouveillan.

    En Narbonnais d autres gisements

    de

    plein air

    ont

    livré

    des

    vestiges du même horizon. C est le

    cas

    de

    la station d Aussières

    qui

    a fourni,

    au milieu

    de

    pièces

    plus

    anciennes (Tardenoisien ?,

    Chas-

    séen),

    des pièces

    lithiques

    épaisses,

    à

    retouches bifaciales et

    des

    fragments de

    céramiques

    à

    vacuoles, parfois munis

    de

    la double

    oreille

    superposée.

    Faisons une mention spéciale, parmi les stations «

    pseudo-

    campigniennes »

    prospectées

    par

    Helena

    dans la région narbon-

    naise, à celles de Roquefort-des-Corbières. Parmi l outillage

    sont

    de

    nombreuses pièces

    épaisses et bifaces,

    absolument comparables à

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    23/30

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE 691

    des outils du groupe

    de

    Ferrières. Nul doute

    que

    d importants

    ate

    liers

    de

    taille n aient

    alors

    fonctionné comme cela a

    été

    le

    cas

    en

    Languedoc

    oriental ou en Catalogne méridionale. D ailleurs, en

    Cabardès

    et

    Minervois, notamment entre Limousis

    et

    Caunes-Miner-

    vois,

    et

    plus particulièrement

    dans

    la région

    de

    Laure

    et

    de

    Ville

    neuve, de nombreuses

    stations

    de

    surface, riches en outils et en

    pièces de débitage,

    signent

    bien

    la

    présence d ateliers (stations

    d Es-

    capat

    I

    et II,

    de Pratmajou).

    Dans ces cas

    particuliers

    la matière

    première

    utilisée

    était

    tout simplement le silex

    local du Thanétien.

    L appartenance

    de

    ces

    stations au groupe de

    Véraza est

    certaine

    puisque plusieurs d entre

    elles,

    et

    notamment

    la station

    de

    la

    M é

    tairie Grande à

    Laure-Minervois,

    ont

    livré

    de

    la céramique

    typique

    avec

    :

    l oreille allongée,

    les

    mamelons

    étages, les fines

    cannelures,

    les pastilles en relief, etc.

    Sur

    les pentes

    méridionales du Mont

    Alaric, au lieu-dit «

    Les

    Escudines », à Montlaur

    (Aude),

    une station de plein air a

    pu être

    repérée

    à

    la

    suite

    d un

    défonçage.

    L étude

    des

    vestiges ayant pu

    être sauvés est en cours.

    Sur

    la commune

    de

    Ladern (Aude),

    à

    Mournégré,

    un

    important

    gisement a

    été

    révélé lui aussi à la suite d un labour profond. Ici

    le

    site

    a, semble-t-il,

    été

    occupé successivement par les Chasséens

    puis par le groupe

    de

    Véraza.

    Les vestiges laissés par les préhisto

    riquesont surtout céramiques : ils

    font

    actuellement l objet d une

    étude en préparation.

    L on pourrait ainsi multiplier les exemples.

    Nous

    pensons que

    cette période

    se traduit en

    fait par

    une forte poussée démogra

    phique

    ue trahit une

    densité de

    villages

    de plein

    air

    ou

    d habitats

    en grotte

    particulièrement

    élevée.

    Les sépultures.

    Il

    est difficile d attribuer au groupe de Véraza des sépultures

    propres. Peuvent ainsi dater

    de cette

    période certaines cistes où

    apparaissent les types

    de

    flèches tardifs

    dans

    le Néolithique comme

    des

    trapèzes sur

    lames à

    retouches

    abruptes (tombe V

    de

    la nécro

    pole

    de

    la Serre

    à

    Mouthoumet, Aude

    ;

    Cf.

    également le niveau

    inférieur

    de

    la grotte sépulcrale René-Carrié à Termes, Aude).

    A cette

    même époque

    se

    place en

    effet l utilisation de

    tom

    beaux

    collectifs fréquentés par divers groupes

    culturels, ce qui

    constitue une gêne

    énorme

    quant

    à

    l attribution

    d un

    type

    d objet

    à

    tel horizon ou

    à

    tel autre. Aussi le

    problème

    demeure-t-il

    souvent

    en suspens lorsque les

    mobiliers

    funéraires,

    riches

    en objets

    de

    parure « chalcolithiques » ne

    présentent

    pas de vestiges céra

    miques typiques.

    L utilisation

    des cavités sépulcrales

    est

    néan

    moins certaine : la marmite

    à

    double oreille superposée se

    retrouve

    dans

    la grotte

    de

    la Hache

    ou

    dans l ossuaire du

    Trou

    du

    Viviès à

    Narbonne.

    Pour ce qui

    est des mégalithes, les

    jarres

    à cordons

    lisses en

    relief ou les bols simples ont été reconnus parmi

    le

    mobilier de

    plusieurs d entre

    eux tels

    les

    dolmens de

    Jappeloup (Trausse, Aude)

    ou de Saint-Eugène

    (Laure, Aude).

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    24/30

    692

    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE

    Si

    quelques-uns

    de ces récipients peuvent

    signer

    des

    perdura-

    tions tardives en milieu campaniforme pyrénéen, tous ne sont

    certainement pas propres

    à

    ce dernier groupe.

    Nous

    renvoyons

    à

    cet effet

    aux

    observations de

    H.

    Martin-Granel à

    Boun-Marcou,

    quant

    à

    la présence

    de

    ces

    pots

    dans

    un

    niveau

    inférieur

    parmi les

    maigres vestiges d un mobilier appartenant certainement aux

    «

    mégalitheurs

    ».

    Dans les

    tombes

    mégalithiques

    de

    la Clape

    à

    Laroque-de-Fa

    (Aude), nous nous trouvons

    devant des

    formes

    simples

    :

    petits

    bols

    à

    fond rond,

    bol à

    fond cupule,

    restes de gros

    récipients munis

    de cordons

    en relief. Par

    contre

    nous

    n y voyons

    ni

    mamelons

    superposés, ni fines cannelures, ni pastillages

    et

    nous serions tentés

    de rapprocher

    ce matériel

    de celui de

    la grotte

    des Bruixes à

    Tau-

    tavel (Pyrénées-Orientales)

    ou

    encore

    des formes

    simples

    de

    la

    grotte du

    Calvari d Amposta

    (Espagne).

    Comme dans ce dernier

    gisement

    d ailleurs

    le

    Campaniforme

    international

    est

    présent

    dans

    les tombes

    de

    la nécropole

    de

    La

    Clape.

    Les

    cordons

    lisses en

    relief se

    retrouvent

    enfin dans les

    Cor-

    bières dans

    le

    dolmen

    III

    de

    Salza.

    Les

    frontières

    du

    groupe

    Aude-Rous

    illon (Cf.

    fig. 14).

    Sur les marges orientales de l ensemble ici étudié,

    la

    basse

    plaine

    de

    l Hérault

    a

    fourni

    une

    bonne

    série

    de

    stations dont

    quel

    ques-unes

    ont été

    publiées. Nous renvoyons aux travaux

    de

    nos

    confrères

    (Grimal,

    1966

    ;

    Prades

    et

    Arnal,

    1965

    ;

    Grimal

    et

    Arnal,

    1966).

    Il

    est probable qu au-delà les

    influences

    véraziennes s e

    stompent devant

    la

    personnalité des groupes de Ferrières

    et

    de

    Font-

    bouïsse. L on peut donc considérer la région agathoise comme une

    zone de

    transition possible.

    Vers l Est la

    barrière opposée par

    les

    groupes fort dynami

    ques u

    Languedoc

    oriental n empêche pas parfois quelques

    troublantes similitudes entre l équipement

    de

    stations

    provençales

    et les

    nôtres. Nous

    nous contenterons

    de

    mettre en parallèle le

    matériel languedocien

    occidental avec celui provenant de

    la station

    du

    Pilon-du-Roy à Allauch (Bouches-du-Rhône)

    (Courtin et Puech,

    1960). S il y a peu à dire sur le

    lithique

    de

    ce site,

    où dominent

    les

    flèches

    foliacées

    bifaces,

    la

    céramique

    est

    plus

    intéressante.

    Nous

    y

    retrouvons les récipients

    de

    forme

    simple

    en

    calotte,

    quelquefois

    avec bord

    légèrement évasé

    comme

    aux Bruixes de Tautavel.

    L écuelle à carène

    basse

    est également

    présente,

    ainsi

    que les

    vases

    en

    bombe.

    Les

    meilleurs liens entre

    le Pilon-du-Roy et les

    Véraziens

    sont constitués par la

    présence sur

    le premier

    site de

    plusieurs

    vases

    à oreilles

    superposées. Quant

    au

    décor,

    sillons légers, incisions

    verticales, bourrelets

    de

    faible

    relief

    ne dépareraient pas

    le

    mobilier

    d une station audoise. Par

    contre

    le

    décor

    en cupule

    paraît

    être

    pour l instant

    une originalité locale, spécifiquement provençale.

    Sans

    donc évoquer

    la

    présence

    du

    groupe de

    l Aude-Roussillon

    en Provence,

    il

    faut remarquer qu à un moment donné plusieurs

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    25/30

    SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    693

    cultures

    ont eu en commun des styles

    céramiques

    proches, phéno

    mène

    à leur proximité géographique

    relative et

    à des

    modes

    ornementales à

    répartition

    assez

    large.

    Ce fait est d autant plus

    verifiable lorsqu il s agit, comme c est le

    cas

    ici,

    de

    formes

    simples

    ou

    primaires.

    Fig.

    14.

    — Groupe Aude-Roussillon (ou de Véraza). Répartition géographique des

    gisements.

    En

    médaillon, traits

    obliques :

    la

    région intéressée ; points : gis

    ements sud-pyrénéens et site

    apparenté provençal.

    Revenons

    en Languedoc

    à présent

    pour

    constater

    qu en

    Lodè-

    vois les influences audoises demeurent faibles. Si nous

    compulsons

    en

    effet

    l important

    travail

    qui

    vient d être consacré aux grottes de

    cette région nous ne voyons

    guère

    de

    céramiques

    typiques (celles

    par

    exemple

    à mamelons

    superposés)

    dans

    leurs

    importantes séries.

    Par contre ou bien nous retombons dans les séries

    spécifiquement

    « Ferrières » et

    plus

    rarement « Fontbouïsse

    »,

    ou nous

    demeurons

    dans les formes

    simples

    ou peu

    originales

    (jarres à cordons)

    pro

    pres à tous les

    groupes

    « pastoraux » des

    Alpes

    aux Pyrénées

    (Martin,

    Nourrit, Durand-Tullou, Arnal,

    1964).

    Si

    nous nous

    replions maintenant

    dans la partie supérieure

    du

    bassin

    de

    l Orb, la

    présence

    du

    groupe de

    Véraza

    apparaît par

    contre

    comme indiscutable et

    vérifiée

    sur plusieurs

    sites. Nous

    ne

    mentionnerons

    ici

    que la grotte

    de

    la

    Trayolle à Courniou

    (Hérault)

    où nous retrouvons

    la

    jatte à carène

    haute,

    des

    bols

    ou écuelles

    hémisphériques, de gros vases cylindroïdes

    et

    globulaires. Toute

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    26/30

    694

    SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    cette

    céramique est

    à

    fond

    rond,

    sauf

    quelques rares

    pièces

    à

    fond

    plat.

    Parmi les

    décors :

    pastilles en relief,

    courtes

    stries verticales,

    traits

    incisés,

    larges

    cannelures comme

    sur

    les sites d Ouveillan ou

    de Fontbouïsse,

    et

    surtout décor

    plastique

    : cordons

    en relief,

    oreilles, languettes

    étirées,

    tétons

    accolés,

    mamelons superposés.

    Il

    existe

    aussi de

    petites anses assez dégagées (Lautier, 1963).

    Au Nord la frontière avec les

    groupes

    chalcolithiques des

    Causses, est pour

    l instant

    difficile

    à saisir

    et les recherches dans

    le département

    du

    Tarn pourraient

    nous

    aider à

    combler cette

    lacune.

    Vers l Ouest

    nos

    tribus

    ont

    au

    moins

    atteint la Garonne supé

    rieure. L.

    Méroc a

    en

    effet fait

    connaître,

    provenant de

    son

    gis

    ement de

    la Tuilerie

    de

    Grépiac (Haute-Garonne),

    un gros

    récipient

    qui

    s apparente étroitement aux

    jarres du

    groupe de Véraza. Il

    porte

    des

    tétons

    de préhension superposés par deux

    et

    diamétralement

    opposés

    sur

    quatre

    points du

    vase.

    Nul

    doute

    que

    nous n ayons

    un

    vestige

    attribuable au groupe

    qui

    nous

    occupe.

    D autres ves

    tiges de cette

    culture doivent exister dans la vallée

    de

    la Garonne

    et

    il

    serait

    intéressant de

    savoir si, comme les

    Chasséens,

    les Véra-

    ziens ont, entre autres, utilisé une industrie de quartzite

    et quels

    types

    d outils

    les

    deux groupes ont

    pu

    avoir

    en

    commun.

    En

    Ariège, il est difficile,

    en

    raison des recherches déjà ancien

    nesour la plupart, d avoir une vue correcte du

    Néolithique

    et

    du

    Ghalcolithique. Nous

    ferons néanmoins

    quelques

    remarques

    sur

    les

    résultats obtenus

    dans la grotte

    de

    Bédeilhac

    et vulgarisés dans

    de

    nombreuses publications par les fouilleurs.

    La

    couche

    inférieure,

    ou

    couche

    VI,

    peut

    à

    notre

    avis

    appar

    tenir

    à un Néolithique récent,

    voire

    à un Chalcolithique ancien de

    type

    indigène. Nous y remarquons surtout

    plusieurs vases en calotte

    ou de type bol

    et

    les restes

    d un

    gros vase muni

    d un

    cordon

    en

    relief. Si les pâtes, relativement bien soignées

    et épurées, peuvent

    évoquer les céramiques des

    groupes dits

    « occidentaux

    », il

    con

    vient de remarquer

    d abord que nous n avons

    ici

    aucun fossile

    directeur

    du Chasséen (vases

    à

    épaulement,

    décor

    gravé, cordons

    multiforés, flûtes de

    Pan,

    etc.) sur

    le territoire duquel ce gisement

    se

    trouve, bien

    qu en position

    géographique un peu marginale.

    Ajoutons

    par ailleurs

    que

    le

    lissage

    soigné

    ne saurait être

    considéré

    comme

    une

    technique spécifiquement

    chasséenne

    :

    les gens du

    groupe

    de

    l Aude-Roussillon

    ont

    parfois réussi

    dans

    ce

    domaine

    aussi bien

    que

    ceux

    du

    groupe de

    Ghassey. Pour en revenir

    à

    Bédeilhac, des fragments de vase à pâte fruste se retrouvent d ail

    leurs

    dans ce

    niveau. Enfin le doute sur l appartenance de cet

    ensemble au Chasséen, comme on l admet quelquefois, vient de

    la

    présence

    d un

    récipient de

    forte

    taille

    orné

    d un cordon lisse

    en

    relief.

    Bien

    que ce

    genre de pot

    et

    de

    décoration

    puissent

    appar

    aître dans

    des

    groupes

    culturels fort différents, leur

    présence

    dans

    des ensembles chasséens

    n a

    été

    que

    peu signalée à

    ce jour

    tandis

    qu ils

    apparaissent

    en grand nombre dans les

    ensembles

    du

    Néoli

    thique

    récent ou

    du

    Chalcolithique de

    la France

    méridionale. Nous

    dirons donc

    que le

    niveau inférieur de

    Bédeilhac

    peut appartenir

    soit au groupe de Véraza soit à un

    Néolithique

    récent ariègeois dont

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

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    SOCIÉTÉ

    PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE 695

    l extension géographique et les

    fossiles

    directeurs

    demandent à

    être

    précisés

    (6).

    Au Sud des Pyrénées la présence du groupe Aude-Roussillon

    est révélée en quelques points

    isolés.

    Ainsi la région

    de

    Solsona,

    dont

    les liens

    apparaissent

    assez

    suivis

    à

    partir

    du

    Néolithique

    moyen avec

    le

    Languedoc

    occidental (présence de sépultures

    en

    cistes comparables)

    a

    pu constituer un bastion méridional avancé

    du

    groupe de

    Véraza. C est ainsi que la grotte

    de

    Can Mauri

    à

    Berga, fouillée par

    J.

    Serra-Vilaro, bien qu occupée

    à

    diverses

    époques,

    a fourni

    toute une

    série de

    vestiges céramiques

    de

    la

    fin

    du

    Néolithique ou

    du

    Chalcolithique

    figurent : le bol hémisphér

    ique,écuelle

    à carène

    basse, les

    vases épais munis d oreilles

    superposées

    ;

    parmi les éléments

    de préhension

    sont les tétons

    simples,

    l oreille allongée, le bouton

    percé

    horizontalement.

    Ces

    divers documents appartiennent

    manifestement

    au groupe ici

    étudié

    et ne sauraient être revendiqués

    par un autre horizon, celui

    des

    «

    Sépulcros

    de

    fosa

    »

    par

    exemple.

    Ajoutons enfin que

    le mamelon superposé est présent dans

    certaines grottes de l arrière-pays barcelonnais, dans

    la

    Cova

    Gran

    de

    Gollbato

    à

    Montserrat

    notamment (Cf. Colominas, 1925,

    pi.

    XII, 5). Ces deux derniers exemples ne sont-ils pas les premiers

    indices en Catalogne d un Néolithique récent

    venant

    enfin s inter

    caler ntre

    le

    groupe des

    Tombes en

    fosse

    et

    celui des

    Campani-

    formes

    ?

    Nous

    en

    sommes convaincus.

    Evolution

    interne.

    En

    l absence de

    plusieurs

    datations

    G

    14

    en

    relation

    avec

    des

    séries nombreuses

    et

    bien

    décrites,

    nous nous

    contenterons provi

    soirement

    de quelques hypothèses de

    travail.

    L apparition dès

    le Néolithique

    récent est probable et

    paraît

    confirmée

    par

    certaines

    fouilles : Véraza par

    exemple

    où ces «

    indi

    gènes

    »

    supplantent

    directement les Chasséens. Par la suite

    cet

    horizon semble recouvrir

    tout le

    Chalcolithique ancien.

    A

    la

    grotte

    Gazel

    les

    restes

    d un campaniforme

    cordé

    figurent dans

    un

    (6)

    Puisque

    nous

    en

    sommes

    à

    Bédeilhac,

    nous

    ajouterons

    еще

    la

    couche

    IV

    dece

    gisement

    appartient

    pour

    nous

    non

    à

    un

    Chalcolithique mais

    à un

    authentique

    Bronze ancien pyrénéen

    avec

    les

    vases

    en

    calotte de tradition néolithique,

    les vases

    à

    fond plat

    et

    quelques

    fossiles directeurs non négligeables telles que

    les

    anses massives

    dont quelques-unes relevées

    ou

    d'autres cupulées

    que l'on peut

    en gros

    considérer

    comme

    une variante

    des

    anses

    rostriformes du Bronze

    ancien du

    Lot

    ou

    des

    Cha-

    rentes. Des crêtes relevées sont

    d'ailleurs

    connues sur anses bien dégagées dans des

    contextes pyrénéens du

    Bronze

    ancien-moyen

    comme

    par exemple

    la

    grotte de la

    Chance à

    Ria (Pyrénées-Orientales)

    (Guilaine

    et

    Abelanet, 1964).

    Enfin,

    grâce à

    l'amabilité de R.

    Robert

    nous avons pu examiner

    les

    deux

    tessons décorés

    de

    cette

    couche

    IV,

    donnés

    habituellement dans

    les

    inventaires

    comme

    «

    chasséens

    ». En fait

    il s'agit d'un décor

    gravé à

    cuit et

    empli

    de

    matière

    blanche que nous

    attribuons au

    Bronze ancien et sans aucun rapport

    avec

    le

    Chasséen.

    L'un de ces

    tessons

    porte

    des

    chevrons grattés

    après

    cuisson

    :

    ce thème décoratif se

    retrouve

    sur des tessons

    Bronze

    ancien

    de Catalogne, du

    Narbonnais (grotte de

    Montredon) ou du groupe d'Ar-

    tenac.

    Ces faits semblent

    indiquer que

    la datation

    de

    ce niveau doit être

    rajeunie

    et

    ne doit guère

    remonter

    au-delà du Bronze

    ancien.

    Ceci

    pourra inciter à reprendre

    en

    Ariège l'étude

    et

    la recherche de

    l'authentique

    Néolithique

    et

    du Chalcolithique,

    toujours aussi mal connus.

  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    28/30

    696 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE

    niveau de cet

    ensemble. La

    contemporanéité

    avec les

    campanifor-

    mes internationaux

    paraît

    donc certaine,

    soit

    que

    ceux-ci

    se soient

    fondus parmi les

    autochtones, soit

    qu ils

    aient

    constitué

    des

    groupes marginaux sans grande importance

    numérique vis-à-vis

    du

    fond

    local.

    La

    mise

    en place

    des Campaniformes

    pyrénéens,

    variante

    régio

    nale des groupes à poteries

    incisées

    de

    la famille

    caliciforme, qui,

    au

    plein Ghalcolithique, s établissent

    en

    divers secteurs de

    l Europe

    (Meseta, Bohème-Moravie, Provence, Veluwe, etc.) avec souvent des

    habitats et des

    sépultures

    propres,

    a

    pu avoir

    quelques

    conséquences

    sur l évolution

    du

    groupe

    Aude-Roussillon. Des contacts,

    des

    échanges ont

    dû se

    produire

    entre

    Véraziens

    et Campaniformes

    pouvant aboutir même en plusieurs

    lieux à

    une symbiose

    partielle

    des deux

    cultures. Néanmoins on

    demeure surpris de

    constater que

    certains gisements, même

    de

    basse

    époque

    (la station des Cou-

    rondes à

    Ouveillan pour les

    uns,

    celle d Embusco

    à

    Mailhac pour

    les

    autres),

    n ont guère subi

    de

    contamination

    et

    sont

    demeurés

    vierges

    de toute intrusion.

    Si

    l on

    en juge par le С 14 obtenu

    sur

    le

    site

    des Courondes

    (

    1800) le groupe

    Aude-Roussillon

    aurait

    donc duré

    jusqu à

    l aurore

    du

    Bronze ancien, vraisemblablement en pleine période

    « campaniforme pyrénéenne ».

    Sur une

    échelle plus

    régionale, la

    contemporanéité

    avec Font-

    bouïsse paraît également

    assurée par

    des affinités

    typologiques

    dans la céramique et

    par

    d autres

    С

    14

    propres à cette culture

    et

    qui, eux aussi,

    ont mis

    en avant les débuts du IIe

    millénaire

    avant

    J.-C. (Cf. Lébous : — 1920).

    Au

    total

    comme d autres ensembles

    du

    Néolithique secondaire

    (exemple

    : S.O.M.) l on peut

    estimer

    que

    la

    fourchette

    du groupe

    de

    Véraza peut se placer entre 2500 et 1800 avant J.-C. Une

    telle

    durée sous-entend

    une transformation

    insensible de cette civilisa

    tion,vec peut-être une

    série

    de

    séquences

    chronologiques, ch a

    cune

    d elle marquée par une évolution

    de

    l équipement (modifica

    tionrogressive des formes céramiques par

    exemple). Cette

    remar

    que

    eut

    se compliquer

    par

    ailleurs

    de l existence de

    plusieurs

    faciès géographiques

    progressant chacun de

    façon autonome.

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  • 8/17/2019 Le foyer de Pérairol (Cavanac, Aude) dans son contexte régional

    29/30

    SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE

    FRANÇAISE

    697

    Bouisset P.

    (1966).

    — Un

    fond

    de

    cabane

    chalcolithique

    au domaine

    de Sélicate

    près