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LE LANGAGE ET LES CHOSES DANS L’ONTOLOGIE CLASSIQUE MEJAME EJEDE CHARLEY L’UNIVOCITE DES MOTS REND L’INTERCOMPRÉHENSION POSSIBLE L’Analyse du rapport entre le langage et les choses a une valeur determinante dans la definition de l’ontologie en tant que discours sur l’étant. D’après Pierre Aubenque 1 , toute théorie véritable du langage part de la double constatation; a) que, dans le langage, nous nous servons des noms à la place des choses; b) qu’il n’ya pas de resemblance complète entre les noms et les choses.Le premier de ces principes traduit la sponntanéíté du langage tandis que le second nous évite de tomber dans l’erreur des sophistes qui en étaient restes a l’identité apparente de la chose et du mot. Autrement dit, les noms représentent les choses, mais, comme disent les linguistes, le rapport entre les mots (les noms) et les choses est immotive. A l’intérieur de chaque langage, l’intercomprehension n’est possible que parce que le rapport de chaque mot a la chose qu’il signifie a été fixé collectivement et que le locuteur individuel ne peut pas le changer arbitrairement. C’est également ce 1 Aubenque 1992, p. 118 1

Le Langage Et Les Chose

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Page 1: Le Langage Et Les Chose

LE LANGAGE ET LES CHOSES DANS L’ONTOLOGIE CLASSIQUE

MEJAME EJEDE CHARLEY

L’UNIVOCITE DES MOTS REND L’INTERCOMPRÉHENSION POSSIBLE

L’Analyse du rapport entre le langage et les choses a une valeur determinante dans la

definition de l’ontologie en tant que discours sur l’étant. D’après Pierre Aubenque1,

toute théorie véritable du langage part de la double constatation; a) que, dans le langage,

nous nous servons des noms à la place des choses; b) qu’il n’ya pas de resemblance

complète entre les noms et les choses.Le premier de ces principes traduit la sponntanéíté

du langage tandis que le second nous évite de tomber dans l’erreur des sophistes qui en

étaient restes a l’identité apparente de la chose et du mot. Autrement dit, les noms

représentent les choses, mais, comme disent les linguistes, le rapport entre les mots (les

noms) et les choses est immotive. A l’intérieur de chaque langage, l’intercomprehension

n’est possible que parce que le rapport de chaque mot a la chose qu’il signifie a été fixé

collectivement et que le locuteur individuel ne peut pas le changer arbitrairement. C’est

également ce caractère immotive de la langue par rapport aux choses qu’elles expriment

qui fait qu’il existe une multiplicité des langues et donc une multiplicité des mots

différents pour désigner les choses. Ainsi, la réalite qui, dans certaines langues africaines

on appelle <<muntu”, s’appelle en grec, s’appelle Mensch en allemand,

“homme ou personne humaine” en francais etc. Si le lengage des vaches partout au

monde est le même (elles utilisent les mêmes Signes pour désigner les mêmes choses),

c’est parce qu’elles n’ont pas la liberté créatrice que possède l’homme. C’est la liberté

créatrice de l’esprit humain qui le permet de Créer des langages specialisés pour exprimer

les choses, les états de choses et les idées. Et c’est le Caractère conventionnel du rapport

entre les mots et les choses établi par chaque group humain qui fait qu’il y a tant de

langues que de groupes humains vivant dans des communautés relativement isolés.

1 Aubenque 1992, p. 118

1

Page 2: Le Langage Et Les Chose

Le problème est de savoir Comment, en dépit de cette grande diversité des

langues humaines, l’intercompréhension, moyennant la traduction ou l’interprétation, est

possible. Comment se fait -il que le mot muntu signifie-t-il la même chose que le mot

anthropos et les mots Mensch et homme? La réponse d’Aristote serait c’est parce que

ces noms bien qu’appartenant à des langues différentes, designe une realité qui a la même

définition chez les différent peuples qui les utilisent dans leurs langues. Tous ces noms

expriments quelque chose qui est conçue par tous ces peuples comme un animal bipède

raisonnable. Or, la définition exprime la nature ou l’essence des chose.Comme le

remarque Aubenque2 : “Dire que le mot homme signifie quelque chose, c’est-à-dire une

seule chose, c’est dire que dans tout homme, ce qui fait qu’il est homme et que nous

l’appelons ainsi, c’est toujours une seule et même essence. La permanence de l’essence

est ainsi presupposée comme le fondement de l’unité de sens: c’est parce que les choses

ont une essence que les mots ont un sens.”Si l’intercompréhension entre les humains

parlant diverses langues est possible, c’est parce que: a) d’une part les lois

fondamentales du fonctionnement de l’esprit humain sont les memes partout et que donc

le principe de non-contradiction est valable partout:) b) et que d’autre part, l’objet de la

pensée ou l’étant est fondamentalement perçu de la même façon. Le Corrolaire de ces

principes est la possibilité de l’existence d’une ontologie fondamentale qui s’exprimerait

avec des nuances différentes dans les diverses langues humaines. Le principe de

contradiction (“il n’est pas possible que la même chose soit et ne soit pas en un seul et

même temps) n’est donc pas seulement valable sur le plan du languge mais l’est aussi sur

le plan de l’ontologie: c’est également un principe ontologique, et son étude relève de la

“Science de l’ètre en tant qu’ètre. Ainsi analyse des fondements du langage3 revèle à

Aristote que le plan de la dénomination renvoie au plan de l’être, puisque seule l’identité

de l’être autorise l’unité de la dénomination. Dès lors l’exigence linguistique>> d’unité

dans la signification et principe ontologique d’identite se confondent, puisque la premiere

n’a de sens que par le second: << signifier l’essence d’une chose, c’est signifier que

d’autre n’est quiddité de Cette chose4>>. Le principe de non-contradiction ou principe

d’identité étant un principe premier ou un axiome ou le principe de toute demonstration, 2 Aubenque 1992, p.1283 Aubenque remarque à ce propos que, les sophists refusaient cette analyse du langage parce qu,ils considéraient le langage que lui-même comme un être qui n,avait pas d,autre fondement que lui-même.4 Aubenque 1992,p 126, renvoie à Mét.14,1007 a 26.

2

J. M. kotze, 01/03/-1,
Page 3: Le Langage Et Les Chose

ne peut pas être directement demontré, mais il est suppose par le langage>> comme ce

qui est en deça de tout langage, puisqu'il en est le fondement “c’est un principe non

seulement logique mais egalement ontologique et il est la condition de possibilite de la

pensee et du langage humains. Son analyse amène Aristote a préciser les rapports du

langage, de la pensée et de l’être:<< la condition de possibilité de ce discours intérieur

qu’est la pensée et de se discours profère qu’est le langage, c’est que les mots aient un

sens défini, et ce qui rend possible que les mots aient un sens défini, c’est que les choses

aient une essence.

Par ailleurs, pense Aubenque5, c’est l’expérience de la distance entre le langage et la

pensée ou entre le langage et l’être (qui rend possible la contradiction et l’erreur),

eprouvée pour la première fois dans la polémique contre les sophistes, qui est le véritable

point de depart de la philosophie aristotélicienne du langage.Le langage n’est que

l’instrument imparfait et toujours revocable de la pensée6’’.Avec Aristote,l’étonnant n’est

plus que l’on puisse mentir ou se tromper,mais bien qu’un langage qui repose sur des

conventions humaines puisse signifier l’être.Mais,ajouteAubenque,l’expérience

fondamentale de la distance est alors corrigée par le fait,non moins incontestable,de la

communication”.Pour Aristote, en effet,si dans une langue donnée,un nom ne signifie pas

une chose unique,c’est qu’il ne signifierait rien du tout et si les noms ne signifiaient

rien,non seulement toute pensée serait impossible,mais même tout échange de pensées

entre les hommes, donc tout discours serait impossible.

Mais si on ne posait pas de limites et qu’on prétendait qu’il y a une infinité de

significations(il est manifeste qu’il n’y aurait aucun

raisonnement(ón effet,ne pas signifier une chose

unique(óc'est ne rien signifier du

tout(ùέέίet si les noms ne signifieraient rien(ή

όέẂòάon suprimerait tout échange de pensée entre les

hommes( θάet, en vérité,aussi avec soi-

même;car on ne peut penser si on ne pense pas une chose

unique(oύάέέĩήũέ et, si on le peut ,un seul nom

pourra être assigné à cette chose(ίάόύŵ

5 Aubenque 1192, p. 1316 Mé.14, 1006 b5-11.

3

Page 4: Le Langage Et Les Chose

άέutrement dit l’equivocité et une polysémie inflationnelle

constitue,dans n'importe quelle langue, une barrière à la compréhension et à la

communication car elles sont des sources de non-sens et d'obscurité dans le discours. La

diversité des langues(qui sont les créations libres des peuples ,est comme telle,déjà une

grande limitation à la capacité de communication entre les humains.Si, au niveau de

chaque idiome,elle était dédoublée de l'arbitraire sur le plan sémantique,ce serait une

situation catastrophique pour l’humanité.

S’il faut chercher l’unite de l’esprit humain c'est donc sur le plan de l’identité et de

l’universalité du contenu que les divers peoples donnent aux mots qu’il faut la

chercher.C’est au niveau de la signification ,du(signifier)qu’il faut la

chercher.Mais d’autre part, la diversité des langues ou la diversité des expressions,tout en

étant au premier abord, en frein à la communication universelle immédiate,constitue en

même temps la marque de la liberté de la nature humaine et de sa spiritualité (à cause du

caractère essentiellement immotivé de la langue)et représente également la richesse

patrimoine intellectuel humain.Pour que la communication entre les hommes soit

possible,il faut que leurs discours ne contiennent ni des non-sens(le discours doit avoir

un contenu significatif),ni des contradictions(exigence de cohérence)ni des équivoques7

(exigence de claret)ni des mensonges(exigence de véridicité),et il faut qu’elles

contiennent le moins d’erreurs possible(exigence de véracité,de correctude et

d’objectivité).Cela veut dire que les interlocuteurs doivent constamment s’efforcer de

dire le réel tel qu’il est, sans essayer de le déformer.C’est ainsi qu’Aristote assigne à la

philosophie la mission d’étudier ce qu’il appelle les axiomes ou les principes premiers

de lêtre(de l’oùplus exactement :lesάώAinsi , grâce

à l’expérience la distance qui sépare le langage (le de l’etant n’est plus un

obstacle à tout projet d’une ontologie. L’être (όìl’essence(ηva

fournir le fondement de l’entente entre les homes,le lieu où leurs intentions se

rencontrent:”si les hommes communiquent,ils communiquent dans l’être.Quelles que

soient sa nature profonde,son essence(si la question de l’essence de l’être peut avoir un

sens),l’être est d’abord supposé par la philosophie comme l’horizon objectif de la 7 Aubenque(131 formule comme suit le problème de l’equivocité:comment des mots en nombre limité peuvent-ils signifier des choses infinies en nombre?Et pourtant il faut bien que l’univocité des mots soit la règle et l’equivocité l’exception,car sans cela tout dialogue serait impossible.Or le dialogue est possible entre les hommes,puisqu,il existe;c’est donc que les mots ont un sens,c’est-à-dire un seu sens.

4

Page 5: Le Langage Et Les Chose

communication.En ce sens,tout langage,non moins en tant que tel,mais dans la mesure où

il est compris par l'autre,est déjà une ontologie:non pas un discours immediate sur

lêtre,comme le voulait Antisthène, encore moins un être lui-même, comme le croyait

Giorgias,mais un discours qui ne peut être compris que si l’être est supposé comme le

fondement même de sa compréhension. De ce point de vue, l’être n’est autre que l’unité

de ces intentions humaines qui se repondent dans le dialogue:terrain toujours pésupposé

et qui n’est jamais explicite,sans quoi le discours serait achevé et le dialogue

inutile.L’Ontologie comme discours total sur l’être se confond donc avec le discours en

général:elle est une tâche par essence infinie8, puisqu’elle n’aurait d’autre fin que la fin

du dialogues entre les hommes.Mais une ontologie comme science peut se fixer d'abord

une tâche plus modeste et réalisable dans son principe:établir l’ensemble des conditions

a priori qui permettent aux hommes de communiquer par le langage”. De même que

chaque science s’appuie sur des axiomes,qui délimitent les conditions de son extension

et de sa validité”ainsi le discours en général presuppose des axioms communs tels que le

principe de contradiction,dont l'ontologie serait le système,devenant en quelque sorte,une

axiomatique de la communication.Aubenque en conclut que:”la théorie aristotélicienne

du langage présuppose donc une ontologie. Mais inversement l’ontologie ne peut faire

abstraction du langage, et cela non seulement pour cette raison générale que toute science

a besoin de mots pour s’exprimer, mais pour une raison qui lui est propre: ici langage

n’est pas seulement nécessaire à l’expression de l’objet, mais aussi à sa constitution”.

Par ailleurs, le concept d’une ontologie rationnelle qui serait le cadre le mieux

approprié dans lequel le dialogue entre les différentes cultures humaines est possible,

n’est pas différente de la philosophie comme telle. En effet, Aristote, dans le livre Г de

la Métaphysique, Comme dans beaucoup d’autres passages de son oeuvre, affirme

clairement que le domaine propre de la philosophie c’est l’étude de l’étant en tant

qu’étant. Ainsi, le domaine propre de la recherche philosophique c’est l’ontologie: “il

existe une science qui spécule sur l’étant en tant qu’étant et sur ses

8 Aubenque commente cela dans une note(1)en bas de la page 132 en disant que c’est une tâche indéfinie(de s’enquérir de toutes les raisons qui rendent les refutations apparentees à n’importe qui et non pas seulement à l’homme competent dans tel genre particulier de l’être et renvoie au refutations sophistiques,9,170 b7 et 170 a23(infinite de demonstrations possibles),ainsi qu’à170 à 30(infinite correlative des refutations possibles).

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Page 6: Le Langage Et Les Chose

propriétés”:έήĩό

Mét.Γ 1, 1003 a 21-22). Cette science qui étudie l’étant en tant qu’étant

est distincte de toute autre science qui s’occupe seulement d’une partie de l’étant.

Cependant, dit-il, l’étant se dit de plusieur acceptions, mais c’est toujours relativement à

une chose et à une nature unique et non pas d’une façon homonyme

(άάόφ

Mét.Γ 2, 1003 a,33-340. Ceci veut dire qu’il existe plusieurs modes

d’être et que l’étant est pensé et exprimé selon plusieurs termes et dans des langages

différents, mais c’est chaque fois un aspect ou une seule chose nature de l’étant qui est

exprimé.

Si nous disons que l’ontologie est l’espace de la communication entre les cultures,

cela veut dire qu’aucune culture ne peut revendiquer cette ontologie pour elle seule. En

réalité, cette ontologie que recherché Aristote est un objectif qui n’est jamais totalement.

Bien qu’ Aristote assignait a la philosophie l’étude du de l’étant en tant

qu’étant qui est l’universel par excellence ou le il pensait que cette

science serait unique pour toute l’humanité. Mais si nous avons vu avec Aubenque qu’il

a dû aussi faire l’expérience de la distance entre le langage et la pensée vivante et

créatrice, c’est qu’il admettait facilement l’inadéquation entre les ontologies possibles

exprimables dans les différents langages humains et l’ontologie pure qui exprimerait

adéquatement la pensée dans toute sa capacité. Ainsi, sans vouloir diminuer le mérite de

toutes les ontologies qui se sont exprimées dans le grec et dans beaucoup d’autres langues

du monde depuis des temps immémoriaux, nous disons que l’ontologie générale dont

nous parlons ici en tant qu’espace idéal de communication entre les differentes cultures,

reste encore un objectif à atteindre et que d’autres cultures autres que celles qui l’ont fait

jusqu’ici peuvent encore contribuer à son developpement. Concernant la question de

dans quelle mesure la tradition philosophique occidentale s’est rapprochée de l’objectif

sacré d’une ontologie qui serait ce discours don’t la cohérence et l’élevation serait en

train de réaliser l’accord de l’intersubjecticité humaine.

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Page 7: Le Langage Et Les Chose

L’ONTOLOGIE CLASSIQUE ET SA VALDITE UNIVERSELLE

Nous disons ici que l’ontologie est l’espace de communication entres les cultures, cela veut

dire qu’aucune culture ne peut revendiquer cette ontology pour elle seule.En réalité, cette

ontology que recherché Aristote est un objectif qui n’est jamais totalement attaint car aucune

langue ne peut à seule l’atteindre totalement.Bien qu’Aristote assignait à la philosophie l’études

du τò òν η òν de l’étant en tant qu’étant qui est l’universel par excellence ou le τò καθολου

άπλως il pensait que cette science serait unique pour toute l’humanité.Mais si nous avons vu avec

Aubenque qu’il a dû aussi faire l’expérience de la distance entre le langage et la pensée vivante et

créatrice, c’est qu’il admettait facilement l’inadéquatiion entre les ontologies possibles

exprimables dans les différentes lagages humains et l’ontologie pure qui exprimerait

adéquatement la pensée dans toute sa capacité.Ainsi, sans vouloir diminuer le mérite de

beaucoup d’autres langues du monde depuis des temps immémoriaux,nous disons que l’ontologie

générale don’t nous parlons ici en tant qu’espace ideal de communication entre les différentes

cultures,reste encore un objectif à atteindre et que d’autres cultures autre que celles qui l’ont fait

jusqu’ici peuvent encore contribuer à son developpement.Nous consacrons ici notre réflexion sur

la question de savoir dans quelle mesure la tradition philosophique occidentale s’est rapprochée

de l’objectif sacré d’une ontology qui serait ce discourse don’t la coherence et l’élevation seraient

certain de réaliser l’accord de l’intersubjectivité humaine.

Commençons par Aristote lui-même. Dans quelle mesure son ontologie peut – elle

avoir une validité universelle? Nous venons de voir qu’il assigne à la philosophie le

domaine de l’étant en tant qu’étant, mais qu’en même temps il affirme que l’étant se dit

sous plusieurs aspects différents qu’il appelle les propriétés de l’étant en tant qu’étant

(

En énumérant (en grec) ces propriétés de l’étant en tant qu’étant, il les appelles aussi

les attributes généraux de l’étant, c’est – à – dire, les fameuses’ catégories.

Or Emile Bienveniste, tout en reconnaissant le lien profond qui existe entre la pensée et la

langue, celle-ci étant la manifestation de celle-là, fait cependant une distinction entre les

catégories de la langue et les catégories de la pensée. Les catégories de langue

appartiennent à un groupe humain ou à une culture donnée alors que les catégories de la

pensée toute universelles et ceci constitue, d’après lui, le fondement de la supériorité de

la pensée sur la langue. Les catégories sont définies chez lui comme chez Kant comme

étant les concepts a priori qui organisent l’expérience. Aristote les définissent Comme

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Page 8: Le Langage Et Les Chose

les prédicats généraux de l’étant,mais pour les énumerer, il s’est servi des mots ou des

termes que la langue grec, mettait à sa disposition, les soumettant du même Coup aux

limites que tout langage particulier impose à la richesse de la pensée Le fait que pour

quelqu’un qui pense beaucoup au-delà du niveau provient de la culture à laquelle il

appartient, le caractère limitative d’une langue peut être vite senti, il peut se voir même

au niveau d’Aristote qui ne connaissait probalement que le grec, et recourt souvent à des

périphrases pour exprimer ses nouveau concepts philosophiques: (‘expression

Est elle-même un veritable Makros logos (une périphrase) qui peut nous sufffire comme

exemple, et son corpus contient des périphrases de ce type. Aristote a donc lui-méme

senti cruellement la distance entre le langage qu’il utilisait et la pensée qu’il voulait

exprimer. Cependant, en enoncant ces categories, il est possible qu’il croyait qu’elles

avait une validité universelle (pour toutes les langues) et ne se doutait pas que leur

nombre au moins devrait varier en fonction des possibilities structurelles de différentes

langues humaines et que ses “categories ontologiques’ étaient d’abord des catégories de

la grammaire grecque même si certaines d’entre elles peuvent se retrouver dans toutes les

langues. Ce qu’il ne faut pas ignorer c’est que la philosophie grecque même si certaines

d’entre elles peuvent se retrouver dans toutes les langues. Ce qu’il ne faut donc pas

ignorer c’est que la philosophie grecque a exploité les possibilités que lui a offertes par la

langue grecque mais s’il ya des dimites à cette philosophie elles sont également dues, ou

en partie, aux limites mêmes de cette langue. Autrement dit, la philosohie grecque n’a pu

exprimer que les aspects de l’être que la langue grecque permet d’exprimer et n’a pas pu

exprimer ceux que cette langue ne permet pas d’exprimer.

Un autre problème qui a eu des conséquences graves pour l’ontologie

Aristotélicienne et pour toutes les ontologies qui l’ont suivi d’une façon non critique

consiste dans le fait qu’Aristote, encore une limite dans les possibilités terminologiques

de sa propre langue, identifie le la quiddité, l’essence) avec

l’le en tant qu’il

signifie l’d’un coté, et que, de l’autre côté, il identifie avec le terme est

Utilisé pour désigner l’acte d’exister, le fait d’exister ou l’existence. Ainsi dans la langue

grecque don’t on a vanté la richesse n’a qu’un seul mot pour désigner des concepts aussi

8

Page 9: Le Langage Et Les Chose

différents que l’existence, l’essence et la substance! Ceux qui utilisent les langues

occidentales qui ont déjà forgé des mots différents pour désigner ces trois concepts ne se

rendent pas compte du problème en question alors qu’il s’agit del’un des héritages les

plus encombrants que nous ait laissé Aristote. Le problème ne se trouve pas tant dans la

polysémie du mot que dans le fait de lui faire signifier des concepts dont les

dénotations sont aussi opposées que celle de l’existence ou de l’essence

qui sont des universaux, ou des et l’ Substance qui désigne un être

individuel

Aussi incroyable que cela puisse paraître, nous heurtons donc à une grave contradiction

au sein du système aristotélicien provenant, comme nous allons le voir, du fait

qu’Aristote n’a pas été capable de se défaire intégralement du platonisme et qu’il a gardé

dans son système un certain “platonisme résiduel”. En tous cas, par cette contradiction,

Aristote enfreint lui-même à sa règle d’or de son idéal ontologique tel que nous l’avons

défini plus haut. Comme nous l’avons vu, cette règle de l’ontologie peut s’énoncer de la

façon suivante: pour que la communication entre les hommes soit possible, il faut que

leurs discours ne contiennent ni des non-sens, ni des contradictions, ni des équivoques,

ni des mensonges et le moins d’erreurs possible. Cela veut dire que les interlocuteurs

doivent s’éfforcer de ne dire que ce qui est, tel qu’il est, et cela le plus fidèlement

possible. Comment donc Aristote qui assigne à la philosophie la mission d’étudier, les

axiomes ou principes premiers de la pensée dont le premier est précisément le principe de

non-contradiction, peut-il l’enfreindre lui-même presqu’aussitôt après l’avoir énoncé?

La réponse à cette question se trouve précisément dans la façon même dont Aristote

conçoit l’ontologie ou la philosophie première que la tradition philosophique à identifier

Ultérièurement avec la “métaphysique” laquelle identification est devenue la source des

problèmes les plus difficiles à resoudre dans l’ontologie occidentale.

LE PROBLEME SEMANTIQUE POSE PAR L’USAGE PHILOSOPHIQUE DU

VERBE EINAI ET SES DERIVES

Aristote a donc établi le système des catégories à partir de la langue grecque mais en

croyant que ce système avait valeur universelle. Au cours de l’histoire de la

9

J. M. kotze, 01/03/-1,
Page 10: Le Langage Et Les Chose

philosophie, le fait que kant, par exemple, ait senti le besoin d’élaborer un autre système

de catégories montre que la liste ou les listes de catégories établies par Aristôte est

insuffisante. La critique moderne a montré clairement (Benveniste) que le système des

catégories d’Aristote est en réalité calqué sur les structures grammaticales grecques.

prenons, à titre d’exemple, la catégorie qu’Aristote appelle ousia qui, en réalité, signifie

“essence” mais que la tradition philosophique traduite par substance en passant par le mot

latin substantia qui lui–même correspond au mot grec hypokeimenon qu’utilise Aristote

pour définie l’ousia en tant que sujet (subjectum) d’une phrase prédicative. Ousia n’est

rien d’autre que le substantif verbal du verbe einai (être). Ousia signifie: 1) biens,

fortune; 2) existence, réalité; 3) nature, essence: 4) être, substance. Ousia est l’être

concret qu’on peut toucher ou montrer ou qu’on n’atteint que par la pensée, mais c’est

aussi le concept, l’idée ou la notion, c’est–à–dire, l’être abstrait. Cela veut dire que la

catégorie fondamentale de la philosophie grecque est en réalité la notion d’“existence”

elle–même. Ici déjà il faut faire attention car le mot “existence” n’est pas non plus grec, il

est français même si le français lui-même le tire du latin. Mais cela ne veut pas dire que

les grecs n’avaient pas la notion de l’ “existence”. C’est justement le mot Ousia qui

signifie également “existence” pour eux. De la même façon, le mot “étre” du Français

désigne à la fois ce que le grec exprime par le participe présent (to on) du même verbe

einai.

1: L’on sait que le verbe einai remplit d’abord la fonction de copule dans la syntaxe

grecque et que donc il exprime l’identité entre le prédicat et le sujet dans la phrase

attributive du type: “Socrate est un philosophe grec”. À la fonction de copule sont

aussi assimilés d’autres functions du verbe einai utilisé avec un mot se trouvant au

génitif par exemple dans l’expression: einai agathôn progónôn (êre ou descendre

d’une bonne famille) ou heautou einai (être son propre maître) au datif ou en liaison

avec des adverbs, des prépositions etc. En dehors de cet usage en tant que copule,

le verbe einai est employé d’une manière autonome et a plusieurs significations:

a) Etre là, être disponible, exister, avoir de la réalité, vivre, consister en, durer,

contineur à être. C’est ainsi qu’on dit theoi aien eóntes (les dieux étant eternels).

b) Avoir lieu, être le cas, advenir, arriver: estin hôste (c’est le cas que……….

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Page 11: Le Langage Et Les Chose

c) se trouver, habiter, vivre, demeurer; estin en tois nomôn (il ya dans les

lois……….).

d) se conduire, se comporter, se tenir, aller, être possible: allêi ouk estin (autrement il

n’est pas possible……….).

e) esti + infinitif signifie: il est possible, il est permi, on peut, il est valable: touto ouk

estin hênas poiein (il ne nous est pas permis de faire cela). f) être vrai, être réel,

être valable, valoir, signifier: ho ôn (celui qui est vrai, le vrai); to on (ce qui est, ce

qui existe, L’étant, l’existant, étre, le vrai, la réalité, le réel, la vérité); tôi onti (en

vérité, en réalité); ta onta (le choses qui existent, les êtres, les existants, les étants,

l’univers); ta esomena (les choses qui existeront, le monde à venir, le futur); hoi

esomenoi (ceux qui sont à venir, le générations futures). g) Le fait d’exister, l’être,

l’existence, l’essence, la réalité, la vérité, la substance, la matière, la possession, la

richesse, la propriété = hê ousia alors que le pluriel (hai ousiai) signifie: les jours

de la vie, le temps de vivre que constituent le lot de chacun.

Comme pour d’autres verbes, le grec utilise les prépositions pour étendre le champs

sémantique de son verbe einai, ce qui nous donne, dans l’ordre alphabétique, les

verbes et les substantives suivants:

2) Apeinai qui exprime l’éloignement ou l’absence.

3) Eneinai (être dans, être là, être parmi, se trouver dans, consister en, être contenu

dans, vivre, habiter, étre disponible, avoir lieu, advenir, être possible, appartenir à,

être immanent à). Ainsi avons-nous les expressions: hoi enóntes qui signifie: ceux

qui sont à l’intérieur (d’un bateau), ta enónta, qui signifie: les choses qui sont (le

contenu), esti eni(il est possible, il est permis, on peut) et ek tôn enontôn (ce qui est

possible, le possible,a la possibilité et enfin enon qui signifie: il est possible, il est

vrai ……….

4) Exeinai, exprime l’origine de quelque chose ou la possibilité et la liberté de faire

quelque chose: exesti (il est possible, permis, libre de ………. et exon (étant donné

qu’il est permis de…) A partir de là nous avons le substantif verbal exousia qui

exprime l’absence de limite pour une action quelconque, le pouvoir, la capacité, la

justification, le droit, la permission, la disposition, l’occasion, la liberté, l’arbitraire,

11

Page 12: Le Langage Et Les Chose

la violence, la domination, l’autorité, la puissance, les moyens, le surplus, la fortune

etc.

5) Epeinai qui signifie: être là être lié à, appartenir à, être disponible, se trouver

quelquepart, avoir lieu, être au–dessus de, s’ajouter, suivre, être posthume à, être

futur, être imminent. Ainsi essóménoos designe-t-il ce qui est futur, l’enfant

posthume.

6) Meteinai exprime l’idée d’association ou de participation: être parmi, être entre,

tre-là, avoir lieu, avoir droit à, appartenir à, participer à, tandis que le substantif

metousia signifie: communauté, part, copropriété……….

7) Pareinai qui exprime la présence: être, être présent, assister, se trouver, demeurer,

aider être témoin de, être arrivé, être apparu, être disponible, avoir lieu, être actuel:

hoi parentes tini signifie Les Subordonnés, ceux qui sont présents, les témoins

occulaires. To paron signifie: le présent, tandis que son pluriel ta paronta signifie:

la situation actuelle, les circonstances actuelles, l’état des chose, l’ordre regnant, les

choses telles qu’elles sont actuellemnt, le cas présent, ce qui est disponible, l’état

actuel des provisions, les provisions, la fortune, les richesses. En Ceci tôi paronti

ou kata to paron signifie: dans les temps resents, actuellement, en le moment,

maintenant, dans situation actuelle, dans les conditions actuelles, ; tandis que eis

(pros) to paron signifie: selon le cas actuel, conformément au cas present, pour le

moment; paresti para (tini) signifie: il est possible, il est permis à quelqu’un de

……….alors que le participe present paron seul signifie: étant donné qu’il est (il

était) possible de….., en dépit de la possibilité de….. le substantif verbal parousia

très valorisée dans la théologie chrétienne signifie: le fait d’être present, l’actualité,

le present, la presence, l’arrivée, la puissance présente, l’assistance, le soutien,

l’aide, la bonne occasion, le bon moment, le temps favorable tout comme le kairos.

8) Perieinai (entourer, être autour de, être supérieur à, dépasser, gagner: ek periontos

= avec une puissance supérieure, résulter de, être de reste, rester, être sauvé,rester

en vie. De là vient le substantif periousia qui signifie: le fait de rester, le fait

d’être sauvé, epargné, le surplus, le surmesure, la richesse, la gain, la supériorité, la

richesse des moyens, les provisions abondantes.

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9) Proseinai qui signifie: être là, être présent, être disponible, avoir lieu, être lié à, être

collé à, être connecté avec, accompagner, être propriété de, appartenir à, s’ajouter à,

s’acroître, monter (en parlant de l’eau). L’expression ta prosonta tini désigne ce

que quelqu’un a, possède,: sa fortune, ses qualités ou ses défauts.

10) Syneinai qui signifie: être, vivre, ensemble, vivre avec, être uni, lié à, associé à,

ordonné à: assister à, être immanent à, avoir commerce avec, fréquenter, avoir des

relations intimes avec, être disciple de, s’entretenir avec, s’occuper de, être dans un

etat donné aux cotés de, aider, assister quelqu’un. L’expression hoi synontes

désigne les camarades, les amis, les disciples, les adherents, l’entourage, etc. de là

vient le substantif synousia qui désigne la coexistence, la convivialité, la proximité,

le commerce avec, la rencontre, l’entretien, le dialogue, la confrontation, ou le débat

scientifique, l’echange de points de vues, la recherche, l’assemblée, la société,

l’association, la camaraderie, la communauté de table, les relations sexuelles, le

pélerinage, etc. D’après Aristote, c’est précisément de la fréquentation intensive de

la source du savoir que naît la science: ek polês synousias gignetai epistemê.

Nous voyons donc qu’Aristote qui a tout fait pour sortir du monde des hypostases

métaphysique de Platon,n’a pas pu s’en dégager totalement puisque son système en

contient un certain nombre. Cette incapacité d’Aristote à se dégager totalement du

système platonicien l’a obligé à enfreindre lui-même au moins à deux règle d’or de sa

propre méthodologie:celle de ne admettre des contradictions dans le système et celle de

ne pas tomber dans l’erreur de la confusion de genres ou de la

la transition,le saut dans un autre genre).Mais le problème

fondamental se trouve, à notre avis,au-delà du niveau méthodologique comme tel,au

niveau de la weltanschauung qui est à la base du système philosophique aristotélicien: le

refus d’un univers dont l’état primordial aurait eu les formes du chaos,de la nuit,du panta

houmou ou même de l’apeiron,dans lesquelles Aristote voit prédominer l’aspect négatif

(le le néant)ou celui de la dynamis(puissance),l’a conduit à postuler,pour l’entrée

de l’univers dans l’etat d'organisation actuel, l’intervention d’une entité divine qui lui est

externe et que précisément la métaphysique se charge d'intergrer dans la pensée

philosophique a des contradictions dont nous avons parlées.

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JM Kotzé, 01/03/-1,
JM Kotzé, 01/03/-1,
Page 14: Le Langage Et Les Chose

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