1
Flash pratique Le médecin passager à bord d'un avion commercial Richard BRION Hôpital d'instruction des armées Desgenettes, Lyon R. Brion L'équipage commercial est formé pour réaliser un diagnostic cc secourisme m. S'il l'estime nécessaire il fait appel à un passager médecin. Quelles obligations ? La législation appliquée dans un avion est celle de l'état dans lequel l'avion est immatriculé (convention Tokyo 1963). Toutefois, même si le diplôme médical du médecin qui intervient n'est pas reconnu dans le pays d'immatricula- tion de I'avion, l'urgence prime et l'intervention de ce médecin est lici- te. Les médecins français sont tenus par la loi française à répondre à un appel, sinon ils se mettent dans la position de cc non-assistance à per- sonne en danger ,,. II faut bien savoir que la loi est applicable à tout méde- cin français, même s'il vole sur ur avion d'une compagnie étrangère, même en dehors du territoire natio- nal, et même si l'appel concerne un g ressortissant étranger. Les statis- tiques d'Air France sont encoura- 1 geantes : sur vols longs courriers un médecin répond à l'appel dans 89,8 % des cas. Quel statut ? Le médecin requis par le comman- dant de bord devient n préposé Good Samaritain act aux États- 1 actes exercés dans la Communauté européenne, mais cette couverture est en règle générale élargie à tous les contextes d'urgence. Dans les faits, la responsabilité personnelle des médecins intervenus à bord n'a jusqu'alors été qu'exception- nellement mise en cause. Unis, régissent ce type d'interven- tion et le médecin qui intervient pour une compagnie européenne ou américaine est svstématiaue- Quels moyens ? Le médecin dispose de la trousse médicale d'urgence de bord Trousse Docteur ,) qui est ouverte à sa demande après contrô- le d'une carte professionnelle. Sur Air France, chaque médicament est accompagné d'une fiche d'utilisation en français et en anglais. Un défibrillateur semi-automa- ment couvert par les assurances du transporteur. Toutes les compagnies dans le monde n'offrent pas cette garantie. Les assurances personnelles professionnelles médi- cales ne couvrent, dans les conditions habituelles, que les Sur Air France, une aide en vol au diagnostic et au traitement peut 1 être obtenue de n'importe quel point du monde en contactant le réaulateur 6 fois sur 10 par l'équipage quand il n'y a pas de médecin à bord. Un déroutement peut être proposé au commandant de bord pour qu'un patient bénéficie de secours plus rapides. Ces détournements pour raisons sanitaires concernent 1 vol sur 20 000. L'étiologie cardiopulmo- naire est la plus fréquente (60 %). Ces détournements sont apparus 1 utiles dans 35 % des cas, inutiles dans 38 % et d'intérêt intermédiaire dans 27 % des cas. Aucun médecin n'a jamais été inquiété pour avoir conseillé un déroutement inutile, mais les désagréments pour les autres pas- sagers et le surcoût important pour la compagnie font du dérou- tement une option qui doit être bien réfléchie. NO 127 - 25 mars 2004 AMC pd&ju

Le médecin passager à bord d’un avion commercial

  • Upload
    richard

  • View
    218

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Le médecin passager à bord d’un avion commercial

Flash pratique Le médecin passager à bord d'un avion commercial Richard BRION

Hôpital d'instruction des armées Desgenettes, Lyon

R. Brion

L'équipage commercial est formé pour réaliser un diagnostic cc secourisme m. S'il l'estime nécessaire il fait appel à un passager médecin.

Quelles obligations ? La législation appliquée dans un avion est celle de l'état dans lequel l'avion est immatriculé (convention Tokyo 1963). Toutefois, même si le diplôme médical du médecin qui intervient n'est pas reconnu dans le pays d'immatricula- tion de I'avion, l'urgence prime et l'intervention de ce médecin est lici- te. Les médecins français sont tenus par la loi française à répondre à un appel, sinon ils se mettent dans la position de cc non-assistance à per- sonne en danger ,,. II faut bien savoir que la loi est applicable à tout méde- cin français, même s'il vole sur ur avion d'une compagnie étrangère, même en dehors du territoire natio- nal, et même si l'appel concerne un g ressortissant étranger. Les statis- tiques d'Air France sont encoura- 1 geantes : sur vols longs courriers un médecin répond à l'appel dans 89,8 % des cas.

Quel statut ? Le médecin requis par le comman- dant de bord devient n préposé

Good Samaritain act aux États- 1

actes exercés dans la Communauté européenne, mais cette couverture est en règle générale élargie à tous les contextes d'urgence. Dans les faits, la responsabilité personnelle des médecins intervenus à bord n'a jusqu'alors été qu'exception- nellement mise en cause.

Unis, régissent ce type d'interven- tion et le médecin qui intervient pour une compagnie européenne ou américaine est svstématiaue-

Quels moyens ? Le médecin dispose de la trousse médicale d'urgence de

bord Trousse Docteur ,,) qui est ouverte à sa demande après contrô- le d'une carte professionnelle. Sur Air France, chaque médicament est accompagné d'une fiche d'utilisation en français et en anglais. Un défibrillateur semi-automa-

ment couvert par les assurances du transporteur. Toutes les compagnies dans le monde n'offrent pas cette garantie. Les assurances personnelles professionnelles médi- cales ne couvrent, dans les conditions habituelles, que les

Sur Air France, une aide en vol au diagnostic et au traitement peut

1 être obtenue de n'importe quel point du monde en contactant le réaulateur

6 fois sur 10 par l'équipage quand il n'y a pas de médecin à bord. Un déroutement peut être proposé au commandant de bord pour qu'un patient bénéficie de secours plus rapides. Ces détournements pour raisons sanitaires concernent 1 vol sur 20 000. L'étiologie cardiopulmo- naire est la plus fréquente (60 %). Ces détournements sont apparus

1 utiles dans 35 % des cas, inutiles dans 38 % et d'intérêt intermédiaire dans 27 % des cas.

Aucun médecin n'a jamais été inquiété pour avoir conseillé un déroutement inutile, mais les désagréments pour les autres pas- sagers et le surcoût important pour la compagnie font du dérou- tement une option qui doit être bien réfléchie.

NO 127 - 25 mars 2004 AMC pd&ju