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Mardi 16 juin 2015 - 71 e année - N o 21900 - 2,20 € - France métropolitaine - www.lemonde.fr Fondateur : Hubert Beuve-Méry Algérie 180 DA, Allemagne 2,50 €, Andorre 2,40 €, Autriche 2,80 €, Belgique 2,20 €, Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d'Ivoire 1 900 F CFA, Danemark 30 KRD, Espagne 2,50 €, Finlande 4 €, Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 £, Grèce 2,50 €, Guadeloupe-Martinique 2,40 €, Guyane 2,80 €, Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 €, Italie 2,50 €, Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,20 €, Malte 2,50 €, Maroc 13 DH, Pays-Bas 2,50 €, Portugal cont. 2,50 €, La Réunion 2,40 €, Sénégal 1 900 F CFA, Slovénie 2,50 €, Saint-Martin 2,80 €, Suisse 3,50 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT, Turquie 9 TL, Afrique CFA autres 1 900 F CFA L a frontière italienne renoue avec les campe- ments. « Comme du temps des “printemps arabes” ! », fait remarquer Teresa Maffeis. Di- manche 14 juin, la militante niçoise des droits de l’homme a pris le train, direction Vintimille, pour aider les Africains bloqués sur place et empêchés d’entrer en France par la police de l’air et des frontiè- res (PAF). En gare de Nice, d’où elle est partie, sa pre- mière image a été celle d’un groupe de vingt-cinq migrants « attendant d’être réexpédiés vers l’Italie. La montée dans le train pour Paris leur a été inter- dite. Le lot commun depuis jeudi », se désole-t-elle. A Vintimille, la situation lui a paru difficile, avec « trois cents personnes autour et dans la gare, sans rien. Les femmes et les enfants dorment à l’intérieur sur des morceaux de carton. Les hommes dehors ». Plus près de la frontière, un groupe de jeunes hom- mes campe sur les rochers. Eux ont refusé d’obtem- pérer face à la police italienne, qui les a tous repous- sés violemment, samedi soir, vers Vintimille, pour les éloigner de la France. LIRE LA SUITE PAGE 12 Dix mois après son arrivée à la tête de la Comédie-Française, Eric Ruf, comédien devenu ad- ministrateur général, présente la première saison qu’il aura programmée. Il a confié la mise en scène de Père, de Strindberg, au cinéaste Arnaud Desplechin et consacré un spectacle, Comme une pierre qui…, à Bob Dylan. Si les textes présentés sont majoritairement ceux des maîtres, Eric Ruf a fait appel à une nouvelle génération de metteurs en scène. p LIRE PAGE 18 EUROPE MIGRANTS : LA CRISE EUROPÉENNE GAGNE LA FRANCE par maryline baumard et jean-pierre stroobants A la Comédie- Française, Eric Ruf invite Dylan et Desplechin ENTRETIEN LE REGARD DE PLANTU La nouvelle bataille du code du travail « Le Monde » publie la « Déclaration des droits du travail », rédigée par l’ancien ministre Robert Badinter et le professeur de droit du travail Antoine Lyon-Caen Les deux juristes déplo- rent un code du travail obèse et un chômage can- cer de la société française. Ils veulent refonder le droit sur des principes clairs La réforme du code du travail est au cœur du dé- bat. La droite prône simpli- fication et contrat unique. Le gouvernement veut réformer les prud’hommes L’Espagne a réduit les très fortes indemnités de licenciement liées au CDI. En Italie, Matteo Renzi a créé un CDI dont les droits progressent avec le temps L’Allemagne a introduit un salaire minimum après avoir multiplié les « mini- jobs ». Le marché britanni- que est très dérégulé LIRE P. 8-9 ET DÉBATS P. 14 POLITIQUE SARKOZY POSE « LA QUESTION » DU DROIT DU SOL LIRE PAGE 10 INDISPENSABLE JUSTICE INTERNATIONALE LIRE PAGES 4 ET 23 ASTRONOMIE SUR « TCHOURI », LE ROBOT PHILAE A RÉTABLI LE CONTACT LIRE PAGE 7 EUROPE SEMAINE DE TOUS LES DANGERS POUR LA GRÈCE LIRE LE CAHIER ÉCO PAGE 3 Jeb Bush se lance dans la course à la présidentielle américaine Jeb Bush, à Orlando, en Floride, le 2 juin. STEVE NESIUS/REUTERS Après son père et son frère, le troisième du nom s’ajoute à la longue liste des candidats républicains A New York, la démocrate Hillary Clinton axe sa campagne sur la lutte contre les inégalités LIRE PAGES 6 ET 16 SALON DU BOURGET CAHIER ÉCO PAGES 9 À 11

Le Monde Du Mardi 16 Juin 2015

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Le Monde Du Mardi 16 Juin 2015

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  • Mardi 16 juin 2015 71e anne No 21900 2,20 France mtropolitaine www.lemonde.fr Fondateur : Hubert BeuveMry

    Algrie 180 DA, Allemagne 2,50 , Andorre 2,40 , Autriche 2,80 , Belgique 2,20 , Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $, Cte d'Ivoire 1 900 F CFA, Danemark 30 KRD, Espagne 2,50 , Finlande 4 , Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 , Grce 2,50 , Guadeloupe-Martinique 2,40 , Guyane 2,80 , Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 , Italie 2,50 , Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,20 , Malte 2,50 , Maroc 13 DH, Pays-Bas 2,50 , Portugal cont. 2,50 , La Runion 2,40 , Sngal 1 900 F CFA, Slovnie 2,50 , Saint-Martin 2,80 , Suisse 3,50 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT, Turquie 9 TL, Afrique CFA autres 1 900 F CFA

    L a frontire italienne renoue avec les campements. Comme du temps des printempsarabes ! , fait remarquer Teresa Maffeis. Dimanche 14 juin, la militante nioise des droits de lhomme a pris le train, direction Vintimille, pouraider les Africains bloqus sur place et empchs dentrer en France par la police de lair et des frontires (PAF). En gare de Nice, do elle est partie, sa premire image a t celle dun groupe de vingtcinq migrants attendant dtre rexpdis vers lItalie. La monte dans le train pour Paris leur a t inter-

    dite. Le lot commun depuis jeudi , se dsoletelle. AVintimille, la situation lui a paru difficile, avec trois cents personnes autour et dans la gare, sans rien. Les femmes et les enfants dorment lintrieur sur des morceaux de carton. Les hommes dehors .

    Plus prs de la frontire, un groupe de jeunes hommes campe sur les rochers. Eux ont refus dobtemprer face la police italienne, qui les a tous repousss violemment, samedi soir, vers Vintimille, pour les loigner de la France.

    LIRE L A SUITE PAGE 12

    Dix mois aprs son arrive la tte de la ComdieFranaise, Eric Ruf, comdien devenu administrateur gnral, prsente la premire saison quil aura programme. Il a confi la mise en scne de Pre, de Strindberg, au cinaste Arnaud Desplechin et consacr un spectacle, Comme une pierre qui, Bob Dylan. Si les textes prsents sont majoritairement ceux des matres, Eric Ruf a fait appel une nouvelle gnration de metteurs en scne. p

    LIRE PAGE 18

    EUROPE

    MIGRANTS :LA CRISE

    EUROPENNEGAGNE LA FRANCE

    par maryline baumard

    et jean-pierre stroobants

    A la Comdie-Franaise, Eric Ruf invite Dylan et Desplechin

    ENTRETIEN

    LE REGARD DE PLANTU

    La nouvelle bataille du code du travail Le Monde publie la Dclaration des droits du travail , rdige par lancienministre Robert Badinter et le professeur de droit du travail Antoine LyonCaen

    Les deux juristes dplorent un code du travail obse et un chmage cancer de la socit franaise. Ils veulent refonder le droit sur des principes clairs

    La rforme du code du travail est au cur du dbat. La droite prne simplification et contrat unique. Le gouvernement veut rformer les prudhommes

    LEspagne a rduit les trs fortes indemnits de licenciement lies au CDI. En Italie, Matteo Renzi a cr un CDI dont les droits progressent avec le temps

    LAllemagne a introduit un salaire minimum aprs avoir multipli les minijobs . Le march britannique est trs drgul LIRE P. 8-9 ET DBATS P. 14

    POLITIQUE SARKOZY POSE LA QUESTION DU DROIT DU SOL L IRE PAGE 10

    INDISPENSABLE JUSTICE INTERNATIONALE LIRE PAGES 4 ET 23

    ASTRONOMIE SUR TCHOURI , LE ROBOT PHILAE A RTABLI LE CONTACT LIRE PAGE 7

    EUROPE SEMAINE DE TOUS LES DANGERS POUR LA GRCE LIRE LE CAHIER CO PAGE 3

    Jeb Bush se lance dans la course la prsidentielle amricaine

    Jeb Bush, Orlando,en Floride, le 2 juin.

    STEVE NESIUS/REUTERS

    Aprs son pre et son frre, le troisime du nom sajoute la longue liste des candidats rpublicains

    A New York, la dmocrate Hillary Clinton axe sa campagne sur la luttecontre les ingalits

    L IRE PAGES 6 ET 16

    SALON DU BOURGET

    CAHIER CO PAGES 9 11

  • 2 | international MARDI 16 JUIN 20150123

    A Kamechliy, capitale du Kurdistan syrienLadministration de Damas et le pouvoir autonome kurde, incarn par le PYD, se partagent la ville

    kamechliy (syrie) - envoy spcial

    Le visage de Bachar AlAssad sourit, luisant sur unetoile plastifie tendue entre deux barres de mtal

    au bord dune artre frquente par de rares vhicules. Un peu plusloin, en direction des faubourgs delest de Kamechliy, cest le portraittriomphal dAbdullah calan, chef politique kurde emprisonn en Turquie, qui simpose aux pas-sants. Cette figure rvre est le leader historique du Parti des tra-vailleurs du Kurdistan (PKK) an-ciennement marxiste lniniste dont lmanation syrienne, le Partide lunion dmocratique (PYD), a pris partiellement le contrle des zones majorit kurde de Syrie, depuis juillet 2012, grce un pactede non-agression avec Damas. Le PYD y a depuis proclam une auto-nomie locale et y a mis en place desinstitutions sa main. Si Ka-mechliy est dsormais la capitale du Rojava ou Kurdistan occi-dental, selon le vocabulaire natio-naliste kurde , la ville reste aussi leprincipal point dappui du rgime syrien dans le nord-est du pays.

    Les autorits syriennes encontrlent laroport utilis des fins militaires et pour maintenir une ligne de vie avec Damas, et le poste-frontire ferm avec la Turquie voisine. Bien que les fau-bourgs aient t abandonns aux forces kurdes, Damas garde aussi la mainmise sur le centre-ville o les chrtiens, autrefois majoritai-res, sont remplacs par un nombrecroissant de dplacs arabes venusde larrire-pays. Dans les rues d-caties, les pick-up des combattantskurdes du PYD voisinent ceux des chabbiha, les milices redoutes du rgime Assad.

    Mondes parallles

    Cette drle de cohabitation ne concerne pas que les hommes en armes. Avant que la tombe du soir ne vide les rues, de vieux mes-sieurs en tenue bdouine y croi-sent des veuves chrtiennes la mise en plis impeccable et des ly-cennes kurdes en uniforme mili-cien. Des mondes parallles se croisent et signorent sur le plan endamier de Kamechliy, ville-fron-tire construite il y a moins dun sicle autour dune gare de la ligne

    de chemin de fer Berlin-Bagdad.Dans son bureau situ lentre-

    sol dun immeuble anonyme, perdu dans la nuit sans lampa-daire de Kamechliy, Redur Khalil, le porte-parole des forces kurdes, appeles les YPG (Units de protec-tion du peuple), revient sur les rap-ports ambivalents que son parti entretient avec le rgime syrien : Notre principal objectif dans lim-mdiat est de nous dfendre contre Daech [acronyme arabe de lEtat is-lamique]. Nous navons aucun int-rt ouvrir un deuxime front avec le rgime et eux non plus. Cela ne si-gnifie pas que nous soyons allis pour autant. Depuis notre entre-tien, les forces kurdes sont passes loffensive. Dimanche 14 juin, leurs reprsentants dclaraient

    ainsi tre sur le point dencercler lEI Tal Abyad et douvrir un corri-dor entre lenclave o se situe Ka-mechliy, au cur de la rgion de la Djezireh, et celle de Koban, la frontire turque, dont les djihadis-tes avaient t repousss fin jan-vier avec le soutien de la coalition internationale.

    En se retirant de la rgion, le r-gime a permis au mouvement kurde de se servir des territoires passs sous son contrle pour im-poser son modle, celui dit de lautonomie dmocratique , la grande ide thorique dAbdullah calan. Elle est cense aboutir, se-lon la vulgate diffuse par le PKK, la construction dun systme po-litique sans Etat o la socit se gouverne elle-mme . Sa mise en pratique se traduit par la construc-tion dun assemblage institution-nel labyrinthique compos de maisons du peuple , de commu-nes, de municipalits, dassem-bles locales, de comits divers et de ministres autoproclams, o tous les postes responsabilits sont soumis une rgle de parit stricte entre hommes et femmes. En ralit, chacune de ces institu-

    tions, prtendument reprsentati-ves, est noyaute par des cadres duPYD, qui ont fait leurs armes au sein du PKK face larme turque durant les dcennies prcdentes.

    Socit en guerre

    A Kamechliy, les partisans de ce nouveau systme, que la propa-gande omniprsente du PYD met continuellement en scne, tententde le substituer aux vestiges de lEtat syrien. Ainsi, ct des coursde justice officielles, des tribu-naux du peuple fidles ladmi-nistration kurde rendent une jus-tice parallle. Nos juges, anciens avocats ou notables travaillent sur la base du droit syrien, mais nous prfrons les rglements lamia-ble, plus rapides , explique RovindKhalaf, la prsidente du tribunal populaire de Kamechliy, install dans une ancienne caserne confis-que de force par les Kurdes une milice pro-Assad, mais situe un jet de pierre dun commissariat de police encore affili Damas.

    Derrire cette apparente confu-sion se dessinent pourtant les contours dune socit en guerre o la force fait le droit et o le sangdes combattants tombs au front tient lieu de lgitimit, tablissant de nouvelles hirarchies. A Ka-mechliy, les portraits des mar-tyrs kurdes sont omniprsents, jalonnant les rues, marquant les quartiers comme des territoires conquis. Les familles de nos mar-tyrs ont la priorit pour les services et les postes dans les nouvelles insti-tutions , explique un cadre du PYD. Elles forment une base ac-

    A Kamechliy, en Syrie, lentre du ministre des Units de protection du peuple (YPG), manation du Partides travailleurs du Kurdistan (PKK),le 11 mars.

    Ici, la force fait

    le droit, et le sang

    des combattants

    tombs au front

    tient lieu

    de lgitimit

    quise au pouvoir tout comme ceux qui le parti kurde a donn loccasion de monter en grade.

    Beaucoup de notables ne fontpas confiance au pouvoir auto-nome [kurde], ce qui permet des chauffeurs de taxi ou des ven-deurs de rue rallis au PYD de tenir le haut du pav dans ladministra-tion du parti , observe un profes-seur dorigine kurde. Fonction-naire, survivant toujours grce au salaire vers par le rgime de Da-mas, mais farouchement partisan de lautonomie kurde, il sinquite cependant davoir vu le nombre deses lves se rduire considrable-ment au cours des trois dernires annes : Tous nos jeunes sen vont au Kurdistan irakien, en Tur-quie, en Europe Ladministration autonome kurde pourrait finir par se retrouver la tte dun territoire dsert si cela se poursuit.

    Les rgions kurdes de Syrie subis-sent en effet, depuis trois ans, les consquences dune hmorragie dmographique continue. A me-sure que les forces kurdes avan-cent, leurs territoires se vident. Fuyant les destructions pour cer-tains, lenclavement de rgions coinces entre fronts et frontires pour dautres, tentant dchapper aux abus dun pouvoir local prompt rprimer toute forme dopposition et cherchant, pour lesplus jeunes, chapper la cons-cription obligatoire dcrte par la milice kurde des YPG, une large proportion de la population kurde prfre laisser le Rojava aux guerriers et aux martyrs. p

    allan kaval

    soutenus par laviation amricaine, pauls par des groupes rebelles syriens, les combattants kurdes des Units de pro-tection du peuple (YPG) ont lanc une of-fensive contre lorganisation de lEtat isla-mique (EI) dans les environs de Tal Abyad, une ville syrienne non loin de la frontire turque, tenue par les hommes en noir de-puis janvier 2014. Dimanche 14 juin, les YPG sont parvenues aux abords de la ville de Tal Abyad aprs stre empars du petit bourg de Suluk, au sud-ouest de la ville, et aprs en avoir chass les djihadistes.

    Situe 80 kilomtres de Rakka, la capi-tale de lEI, Tal Abyad est le point de d-part dun axe routier vital. Si les YPG par-viennent prendre cette ville, ils priverontlEI dun important point dentre darmes,de vhicules et de combattants trangers. Tal Abyad est lunique point de contact di-rect entre lEI et la Turquie. La prise de cette

    ville cruciale devrait permettre aux forceskurdes de faire la jonction avec Koban, la troisime ville kurde de Syrie, encerclepar lEI en septembre 2014 et libre par lesYPG cinq mois plus tard. Les Kurdes pour-raient ainsi contrler une large bande deterritoire le long de la frontire turco-sy-rienne. En cours depuis le mois de mai, lof-fensive actuelle a dj permis aux Kurdesde semparer de plus de 200 villages kurdeset chrtiens au nord-est de la Syrie.

    Ce nest bon signe , pour Erdogan

    Le gouvernement turc et les gnraux se sentent menacs par le succs militaire desYPG, qui sont lmanation du Parti des tra-vailleurs du Kurdistan (PKK, prokurde), in-terdit en Turquie. a nest pas bon signe ,a expliqu dimanche le prsident turc, Re-cep Tayyip Erdogan, lors dun voyage enAzerbadjan. Cela pourrait conduire la

    cration dune entit qui menace notre fron-tire , a-t-il ajout.

    Des milliers de Syriens fuyant les com-bats entre les Kurdes et lEI pour le contrlede Tal Abyad ont pu pntrer dimanche en Turquie. Selon des sources sur place, lespersonnes rassembles au poste-frontirect syrien ont d, un moment donn, rebrousser chemin, car elles taient mena-ces par des reprsentants de lEI, mas-qus, arms et vtus de treillis. Fermetoute la semaine dernire ct turc, en rai-son des lections lgislatives, la frontire a t rouverte en dbut de soire, dimanche.Avant la fermeture du poste-frontire dAkakale, la semaine dernire, 13 500 Sy-riens fuyant les combats avaient eu letemps de passer. Depuis le dbut de la guerre en Syrie, 1,8 million de Syriens ont trouv refuge en Turquie. pmarie jgo (istanbul, correspondante)

    Les combattants kurdes lassaut du fief djihadiste de Tal Abyad

    Kendal Nezan : Il faut armer les Kurdes

    Kendal Nezan, prsident de lInstitut kurde de Paris, invit di-manche 14 juin sur lmission Internationales de TV5 Monde, en partenariat avec Le Monde et RFI, sest prononc pour que la coalition internationale contre lEtat islamique arme massive-ment et srieusement les Kurdes . Il a regrett que les Kurdes de Syrie et dIrak manquent darmes lourdes. Les seuls qui combat-tent Daech [acronyme arabe de lEI] sur le terrain sont les Kurdes, a-t-il ajout. Ils sont capables de fdrer les lments laques et d-mocratiques de lopposition sy-rienne, et aussi les chrtiens.

  • 4 | international MARDI 16 JUIN 20150123

    Lencombrant cas Al-Bachir en Afrique du SudUne ONG demande larrestation du prsident soudanais, poursuivi par la CPI pour gnocide au Darfour

    johannesburg - correspondance

    Un lger sourire aux l-vres, comme si de rienntait, Omar Al-Ba-chir a t plac au pre-

    mier rang pour la photo de grouperunissant une cinquantaine de dirigeants africains. Alors quesouvrait, dimanche 14 juin, Jo-hannesburg, le vingt-cinquimesommet de lUnion africaine (UA), une scne indite se droulait pourtant dans un tribunal de la capitale sud-africaine, Pretoria.

    Le tribunal, saisi par une organi-sation des droits de lhomme sud-africaine (Southern Africa Litiga-tion Centre ; SALC), venait dor-donner aux autorits du pays de prendre toutes les mesures n-cessaires pour empcher le pr-sident soudanais de quitter le ter-ritoire. La mesure est en place jus-qu ce que le juge puisse rendresa dcision sur le fond. Une nou-velle audience tait prvue lundi matin. Cette dmarche sans pr-cdent ninquitait cependantpas le chef de la diplomatie souda-naise, Ibrahim Ghandour, qui soulignait avoir reu des assu-rances au plus haut niveau pour que sa dlgation puisse repartir au complet vers Khartoum la findu sommet, prvue lundi.

    Omar Al-Bachir fait lobjet dedeux mandats darrt mis par laCour pnale internationale (CPI)en 2009 et 2010, pour gnocide, crimes contre lhumanit et cri-mes de guerre commis au Dar-four. Depuis le dbut du conflit dans louest du Soudan, les Na-tions unies ont recens 300 000morts et 2,5 millions de dplacs.

    La CPI nayant pas de force de po-

    lice, elle doit compter sur ses 123 pays membres pour arrter les suspects. Depuis lmission des mandats darrt, le chef dEtat sou-danais sest ainsi rendu sans tre inquit dans six pays tous afri-cains parties au statut de Rome,fondateur de la CPI. Egalement membre, lAfrique du Sud est d-sormais le septime sur la liste.

    Jusquici, Pretoria comptaitparmi les plus importants sou-tiens la CPI sur le continent. Adeux reprises, en 2009, lors delintronisation du prsident Jacob Zuma, et en 2010 pour le Mondial de football, il avait fait compren-dre son homologue soudanaisquil serait arrt sil foulait le solsud-africain.

    Ds larrive de ce dernier Jo-hannesburg samedi 13 juin aprs-midi, Sidiki Kaba, le prsident de lAssemble des Etats parties, lor-gane lgislatif de la CPI, a rappel lAfrique du Sud son obligation de cooprer avec la Cour. Plus tt dans la journe, un juge La Haye affirmait : Il nexiste pas dambi-gut ou dincertitude lgard delobligation de la rpublique dAfrique du Sud darrter et de re-mettre Omar Al-Bachir la Courimmdiatement.

    La veille, des responsables de la

    dente de la Commission africaine,la Sud-Africaine Nkosazana Dla-mini-Zuma, suivies dapplaudis-sements dans la grande salle du centre de convention de Johan-nesburg. Mais o est le pro-blme ? , glisse Basile Ikoub, ministre des affaires trangres du Congo, rsumant un avis large-ment partag dans les rangs afri-cains. Omar Al-Bachir est un chefdEtat africain comme un autre, dit-il. Il a sa place ici avec nous, ce nest pas une cour de justice inter-nationale qui pratique le deuxpoids deux mesures qui doit nous priver de sa prsence.

    Pour Jemima Njeri, chercheuse lInstitut dtudes de scurit Pretoria, ce choix sud-africain estune grande dception, car la rpu-tation du pays de dfenseur des droits de lhomme est ternie . Lorsdune visite en dbut danne Khartoum, rappelle-t-elle, Jacob Zuma a prch pour le resserre-ment des liens conomiques entreles deux pays .

    Malgr des dmentis officiels, lapolitique prochinoise du prsi-dent sud-africain a aussi empch

    par trois fois le dala-lama dobte-nir un visa pour se rendre au paysnatal de son grand ami, larchev-que Desmond Tutu.

    Depuis le premier mandat dar-rt contre le chef dEtat soudanais, en 2009, puis de faon plus agres-sive avec les poursuites engagespar la CPI contre son homologue knyan, Uhuru Kenyatta, qui se sont soldes par un non-lieu en dcembre 2014, lUnion africaine bataille contre la Cour, lui dniant le droit de poursuivre des chefs dEtat en exercice et lui reprochantde ne cibler que des Africains.

    Le sommet de lUA doit ainsi d-battre de la mise en place dune Cour continentale pour la pour-suite des auteurs de gnocide et crimes contre lhumanit. Le 20 juillet, le procs de lancien pr-sident du Tchad, Hissne Habr, doit dbuter Dakar. Le Sngal a accept de conduire le procs au nom de lAfrique , comme le lui avait demand lUA. Un procs-cl dans la bataille mene par lorgani-sation panafricaine contre la CPI. p

    sbastien hervieu avec

    stphanie maupas ( la haye)

    Omar Al-Bachir, au sommet de lUnion africaine Johannesburg, dimanche 14 juin. MUJAHID SAFODIEN/AFP

    LAustralie accuse de payer des passeurs pour quils repartentTony Abbott, le premier ministre, a refus de dmentir linformation

    sydney, correspondance

    L Australie a-t-elle vrai-ment pay des passeurs ?Six trafiquants, qui pilo-taient un bateau transportant 65 clandestins vers la Nouvelle-Zlande, affirment avoir touch5 000 dollars amricains chacun(4 460 euros) afin de retourner enIndonsie, leur point de dpart. Ilsauraient peru cet argent en li-quide de la part de la marine aus-tralienne, aprs avoir t intercep-ts en mer. Les migrants bangla-dais, birmans et sri-lankais qui se trouvaient bord du bateau ont galement dit au Haut-Commis-sariat aux rfugis des Nations unies (HCR) avoir vu les passeurs se faire payer.

    Voil de quoi entacher, si ces al-lgations taient confirmes, lundes principaux motifs de fiertdu premier ministre australien :avoir mis un terme larrive des bateaux de migrants sur les ctes de son pays. Interrog sans rel-che depuis plusieurs jours, le con-servateur Tony Abbott a refus dedmentir. Tout commentairesur les oprations donnerait desinformations nos ennemis , les passeurs, a dclar le dirigeant. La

    loi du silence rgne sur lopra-tion Frontires souveraines ,qui a dmarr avec llection deTony Abbott en septembre 2013, et qui vise, avec laide de larme, arrter larrive des clandestins par bateau.

    Distributeur de billets flottant

    Il a cependant flicit les gardes-frontires incroyablement cra-tifs dans leur lutte contre lim-migration illgale. Cote quecote, nous ferons ce qui est nces-saire pour protger notre pays et arrter ce commerce diabolique , a rpt le premier ministre au journaliste qui linterrogeait sur lepaiement des passeurs. Quilssoient rfugis ou non, les mi-grants arrivs par bateau ne sontpas autoriss entrer en Austra-lie : ils sont repousss en mer ouenvoys dans des centres de d-tention situs sur des les du Paci-fique, Nauru et Manus (Papoua-sie-Nouvelle-Guine). Des rfu-gis sont transfrs depuis peuvers le Cambodge.

    Souvent critique lextrieurdu pays, la politique migratoire deTony Abbott est soutenue par unemajorit dAustraliens. Mais les critiques sont vives, cette fois.

    Lopposition a demand une en-qute indpendante. Selon le tra-vailliste Richard Marles, les trafi-quants devraient tre poursuivis etnon pas se retrouver dans la situa-tion o croiser un bateau de la ma-rine australienne revient tomber sur un distributeur automatiquede billets flottant . Si les paie-ments taient avrs, le gouverne-ment aurait encourag les trafi-quants avec largent des contri-buables australiens , a dnoncce porte-parole de lopposition.

    LIndonsie a, elle, demand desexplications lambassadeur aus-tralien et a lanc sa propre en-qute. La question des clandestinsprovoque rgulirement des ten-sions entre les deux voisins. Lesembarcations interceptes par la marine australienne sont ren-voyes vers leur point de transit, souvent lIndonsie. La ministreaustralienne des affaires trang-res na pas cherch calmer le jeu lundi : Lopration Frontires souveraines est ncessaire parceque des bateaux indonsiens, avec des quipages indonsiens, quit-tent lIndonsie avec lintention de violer notre souverainet , a d-clar Julie Bishop. p

    caroline tax

    CPI avaient rencontr lambassa-deur dAfrique du Sud aux Pays-Bas, qui avait fait tat d obliga-tions concurrentes . Par le pass, dautres Etats ont aussi fait valoir que leurs obligations vis--vis dela Cour contrevenaient celles vis--vis de lUnion africaine qui,en juillet 2009, a adopt une rso-lution contre larrestation du dic-tateur soudanais.

    Deux poids deux mesures

    Cest une surprise pour nous quOmar Al-Bachir soit ici, confie un diplomate europen prsent au sommet de lUA. LAfrique du Sud a sans doute cd la pression de la majorit de ses voisins afri-cains. Le gouvernement sud-africain a refus de ragir officiel-lement, mais le parti au pouvoir, le Congrs national africain (ANC),a salu la dcision des autorits daccorder une immunit aux chefs dEtats venus pour assister ce type de sommet international.

    Comme pour dautres chefsdEtat rcemment lus ou rlus,le Soudanais Omar Al-Bachir a reu les flicitations de la prsi-

    LHISTOIRE DU JOURAprs sa une homophobe, Maroc Hebdo retir des kiosques

    M ohamed Selhami, le patron de Ma-roc Hebdo, en convient : ce fut une erreur que de mettre en une ce titre malheureux . Jeudi 11 juin,son hebdomadaire publiait en couverture une photo de deux jeunes hommes barre de cette question : Faut-il brler les homos ? Devant le toll national et international, lenumro a t retir des kiosques. Interrog par Le Monde, M. Selhami se dfend aujourdhui de toute homophobie. Pourpreuve, avance-t-il : le contenu du dossier quil invite chacun lire. Le journal publiera lasemaine prochaine un dito prsentant sesexcuses ses lecteurs, prcise-t-il.

    Maroc Hebdo nen tait pas son coup des-sai dans la provocation en novembre 2012, ilavait titr Le pril noir , un dossier sur lim-migration dans le royaume , mais le malaise caus par cette une a t dautant plusgrand quil faisait suite une srie de polmi-ques, parfois violentes, dans le pays.

    Il y eut dabord la campagne de haine lancecontre le film Much Loved, du cinaste maro-cain Nabil Ayouch, coupable davoir trait dutabou de la prostitution, interdit de projection par le gouvernement marocain domin par le PJD (islamiste). Puis le concert de Jennifer Lo-pez, qui les autorits ont reproch des poses trop suggestives. Et enfin larrestation et lex-pulsion le 2 juin de deux militantes Femen qui staient embrasses, seins nus, devant la tour de Rabat, pour dnoncer la criminalisation de lhomosexualit (passible de trois ans de pri-son selon le code pnal marocain).

    Nous avons vcu en une semaine ce quisgrne gnralement sur un an , fait remar-

    quer Abdellah Tourabi, le directeur de Tel Quel, hebdomadaire marocain connu pour ses posi-tions librales, qui y voit surtout la difficult dela socit marocaine affronter ses diffren-ces. Nous ne parvenons plus rgler nos diver-gences de faon pacifique, estime le journaliste.La socit est traverse par un fort clivage entre modernistes ou libraux et conservateurs. Le Maroc est un pays qui se cherche encore sur le plan des valeurs.

    Quand laffronte-ment va trop loin, la monarchie intervient pour calmer les deux camps. Cest le jeu du pouvoir, rappelle M. Tourabi, rassurer les modernistes et donner des gages aux conserva-teurs. Ainsi, le refoule-ment des deux Femen a-t-il t largement m-diatis. Tout comme le jugement svre con-tre trois homosexuels, condamns le 25 juin, la peine maximale : trois ans de prison ferme.

    Cette semaine coule a surtout t rvla-trice du rle pris par les rseaux sociaux, souli-gne Abdellah Tourabi, et cest ce qui est plus in-quitant. La dcision du gouvernement dinterdire le film Much Loved a ainsi t prisesous la pression de la campagne haineuse me-ne contre le cinaste Nabil Ayouch. Quand Facebook devient la vox populi et quun minis-tre de la communication dtermine sa politi-que en fonction de a, cest ce qui est grave ,prvient lditorialiste. p

    charlotte bozonnet

    LA SOCIT EST TRAVERSE PAR UN FORT CLIVAGE ENTRE MODERNISTES ET CONSERVATEURS ABDELLAH TOURABI

    directeur de Tel Quel

    LES DATES

    1989Coup dEtat dOmar Al-Bachir.

    2009La Cour pnale internationale lance un premier mandat darrt contre le prsident soudanais pour crimes de guerre et crimes contre lhumanit au Darfour. Lanne suivante, un second est mis, pour gnocide, toujours en lien avec le Darfour.

    2014Dnonant le manque de coop-ration de lONU, la procureure de la CPI annonce la suspension des enqutes sur le Darfour.

    2015Rlection avec 94 % des voix pour un nouveau mandat de cinq ans.

    En juillet 2009,

    lUnion africaine

    a adopt une

    rsolution contre

    larrestation

    du dictateur

    soudanais

  • 0123MARDI 16 JUIN 2015 international | 5

    Les trois femmes faucons de NtanyahouCes jeunes ministres incarnent le visage nationaliste du gouvernement isralien

    jrusalem - correspondant

    Golda Meir, seule Isralienne premire minis-tre, puis Tzipi Livni, ac-trice importante de la

    vie publique depuis quinze ans : longtemps, ces deux femmes fu-rent les seules avoir merg sur la scne politique isralienne. Mais la diversification de ce mi-lieu, encore trs machiste et mar-qu par la culture militaire, est uneconstante depuis un quart de si-cle. La Knesset comptait sept d-putes en 1988. Elles sont 29 (sur 120) depuis les lgislatives du 17 mars. Au sein du quatrime gouvernement Ntanyahou, trois ont reu des portefeuilles stratgiques : justice, culture et affaires trangres. Loin dtre des figurantes, elles incarnent au contrairela pente nationaliste et identitaire de la coalition.

    Ayelet Shaked Le procureur gnral a eu la courtoisie de ne pas mentionner son nom, mais tout le monde a compris entre les lignes. Sexprimant le 9 juin lors de la confrence Herzliya, Yehuda Weinstein, plus haute autorit du pouvoir judiciaire, a fait la leon Ayelet Shaked, la nouvelle minis-tre de la justice. Le magistrat sen est pris ceux qui croient que la sparation des pouvoirs est deve-nue peu claire et doit tre redfi-nie , qualifiant leurs positions de simplistes et sans fondement . Ilest peu probable quAyelet Sha-ked, 39 ans, sen meuve. Elle est mme l pour cela, uvrer la re-

    prise en main par lexcutif de laCour suprme, gardienne des lois fondamentales, qui lempche dagir sa guise, par exemple dans le traitement expditif desmigrants africains sans papiers. Ayelet Shaked se sent laise par rapport la ligne identitaire etagressive du gouvernement. Se-lon elle, le mouvement BDS (boy-cott, dsinvestissement, sanc-tions) contre Isral nest rien demoins que lantismitisme du XXIe sicle .

    Fin 2013, elle a promu un textequi, selon le mme Yehuda Weins-tein, violait les droits constitu-tionnels, notamment la libert dexpression et dassociation. Il prvoyait de sanctionner finan-cirement les ONG dites de gau-che recevant des financements de ltranger. En tant que ministre,elle compte relancer cette initia-tive, qui provoque lindignation des reprsentants de la socit ci-vile. Ayelet Shaked a aussi t lune des plus ferventes avocatesdun texte controvers encore un gravant dans le marbre la d-finition dIsral comme Etat juif.

    En juillet 2014, elle avait fait scan-dale en reproduisant sur sa page Facebook la diatribe dun journa-liste extrmiste, appelant lassas-sinat des Palestiniens et qualifiantleurs enfants de petits serpents .

    Ancienne directrice de cabinetde Benyamin Ntanyahou lors-quil tait dans lopposition, cest l quelle a fait la connaissance de Naftali Bennett. Ils ont tous deuxquitt lentourage de Bibi dansdes conditions obscures pour lan-cer le Foyer juif, parti dextrme droite. La particularit dAyelet Shaked, en son sein, est dtre unefemme laque. Do le ressenti-ment que nourrit la base reli-gieuse et conservatrice de cetteformation. Nationaliste tout entant originaire du nord cossu de Tel-Aviv, Ayelet Shaked fait aussi lobjet de nombreux commentai-res, trs machistes, pour une autre particularit : sa beaut. Elleest marie un pilote de chasse.

    Miri Regev Le ministre de la cul-ture et des sports, en Isral, nest pas un portefeuille secondaire. Il atout voir avec lidentit, le terri-toire, la libert dexpression. MiriRegev na pas attendu longtempspour confirmer sa rputation sul-fureuse, aprs sa nomination ce poste, et sa volont de le politiser, en sattaquant aux institutionslitistes tiquetes de gauche. Sil est ncessaire de censurer, je censurerai a-t-elle prvenu lors de son entre en fonction. Son ob-jectif est de privilgier la priph-rie et les colonies. Le 8 juin, elle d-clarait : Je suis totalement pour le

    pluralisme qui permet aux gens dexprimer leurs opinions, mais je suis contre le jet de boue et les sou-tiens aux boycotts, a-t-elle dclar. Nous devons tout faire pour cesser de donner des munitions nos en-nemis.

    Entre 2005 et 2008, Miri Regevfut porte-parole des forces armes,au rang de brigadier gnral. Elle a alors beaucoup frquent les jour-nalistes lors de deux vnements majeurs : le retrait isralien de la bande de Gaza puis la guerre au Li-ban. Inconnue du grand public lors de son lection la Knesset en 2009, elle a fait une ascension clair, rgalant les mdias de ses provocations et de ses outrances. Elle a qualifi la prsence de clan-destins dAfrique noire Tel-Aviv de cancer dans le corps natio-nal . Elle a aussi qualifi les dpu-ts arabes la Knesset de tra-tres et de chevaux de Troie .

    Tzipi Hotovely Avocate de for-mation, membre de la Knessetdepuis 2009, Tzipi Hotovely est

    expose comme jamais depuis laformation du nouveau gouverne-ment. En tant que vice-ministredes affaires trangres, elle est la voix du ministre, dont le porte-feuille principal na pas t attri-bu par M. Ntanyahou. Sans complexe, Tzipi Hotovely, 36 ans,a multipli les prises de parole in-tempestives, provoquant desgrincements de dents parmi lesdiplomates israliens, qui con-naissent lisolement dlicat dIs-ral sur le plan international.

    Lors dun discours au personneldu ministre, rapport par le quo-tidien Haaretz, cette ultraortho-doxe du Likoud a tenu des propos empreints de ferveur religieuse,multipliant les rfrences bibli-ques. Nous devons revenir la vrit lmentaire de nos droits ce pays, a-t-elle dit. Cette terre est nous. Toute cette terre est nous. Nous ne sommes pas venus icipour nous excuser de cela. Hos-tile lmergence dun Etat pales-tinien, elle dclarait enjuillet 2012 : Nous devons de-mander la souverainet sur toutela Jude et Samarie, et rien demoins que cela.

    Proche du mouvement des co-lons, Tzipi Hotovely est lune des figures de la droite nationalistequi ont mdiatis leur visite sur lemont du Temple (lesplanade des Mosques). Ce geste de provoca-tion politique et religieux lgard des musulmans sert de re-vendication aux juifs extrmistes pour rclamer le droit de prier surce lieu saint. p

    piotr smolar

    Nous devons

    demander la

    souverainet sur

    toute la Jude et la

    Samarie, et rien de

    moins que cela

    TZIPI HOTOVELY

    vice-ministre isralienne des affaires trangres

    LIBYEDes frappes amricaines visent Mokhtar BelmokhtarUn porte-parole du Penta-gone a confirm, dimanche 14 juin, que deux chasseurs F-15 avaient men dans la nuit prcdente en Libye une opration de frappes visant Mokhtar Belmokhtar, le chef dAl-Mourabitoune, groupe li Al-Qaida au Maghreb is-lamique, responsable de lat-taque du site gazier algrien dIn Amenas en 2013 qui avait tu 39 expatris. Le lieu vis, dans la ville ctire dAjda-biya, 160 km louest de Benghazi (dans lest du pays), aurait abrit une runion du chef terroriste avec des ca-dres dAnsar Al-Charia, un groupe auquel est attribue lattaque contre le consulat amricain de Benghazi en 2012. La mort de Belmokh-tar a t annonce par le gou-vernement libyen reconnu par la communaut interna-tionale mais elle na pas t confirme par le Pentagone et a t dmentie par des sources djihadistes locales.

    TUNISIETrois policiers tus par des islamistesTrois agents tunisiens de la garde nationale ainsi quun djihadiste prsum ont t tus lundi 16 juin dans des changes de tirs Sidi Ali Ben Aoun prs de Sidi Bouzid (centre-ouest). Selon le minis-tre de lintrieur, la garde na-tionale a voulu tendre une embuscade deux terroristes moto qui sapprtaient mener une opration. Un des militants islamistes a t tu et un autre captur dans ces affrontements. (AFP.)

    Miri Regev a

    qualifi les

    dputs arabes

    la Knesset

    de tratres

    et de chevaux

    de Troie

  • 6 | international & europe MARDI 16 JUIN 20150123

    Hillary Clinton lance sa campagne contre les ingalitsLa candidate la primaire dmocrate a vit les sujets polmiques, comme les traits de libre-change

    new york - correspondant

    Cette fois, la campagnedHillary Clinton est vritablement lance. Lacandidate la primaire

    dmocrate pour llection prsi-dentielle amricaine de 2016, qui avait jusque-l enchan les ru-nions en petit comit pour pren-dre le pouls de son lectorat, a tenu, samedi 13 juin, son premier meeting New York.

    Plus de 5 000 personnes taientrunies au Four Freedoms Park, la pointe sud de Roosevelt Island, cette petite bande de terre situe au milieu de lEast River, coince entre Manhattan et le Queens. Unlieu symbolique pour la candi-date dmocrate : ces quatre li-berts sont celles quavait invo-ques Franklin D. Roosevelt dans son discours sur ltat de lUnionen 1941 libert dexpression, de religion, libert de vivre labri dubesoin et labri de la peur.

    Accents protecteurs

    Cest dans ces racines du Parti d-mocrate que Mme Clinton a choisi de puiser son inspiration pourson discours : la candidate la pri-maire a pris pendant plus duneheure des accents protecteurs vis--vis des plus faibles, pour dessi-ner lAmrique quelle veut diriger.Affirmant se situer dans le sillage non seulement de Roosevelt, mais aussi de son mari, Bill Clin-ton, et de Barack Obama, elle a rappel que la prosprit relle etdurable doit tre construite partous et partage par tous . LesAmricains ne peuvent russir sansque vous russissiez, a-t-elle lanc la foule. Cest pourquoi je suiscandidate la prsidence des Etats-Unis. Elle en a profit pour brocarder la vision passiste des soi-disant nouvelles voix du Parti rpublicain, qui chantenttoujours la mme veille chanson, dont le titre est Yesterday. Ils croient hier , a-t-elle ironis.

    Mais Mme Clinton a expliqu queses convictions ne staient pas

    uniquement affirmes travers les rfrences politiques, mais aussi grce ce que sa mre lui avait enseign : que tout le monde a besoin quon lui donne sa chance . Pour casser son image demillionnaire et de professionnelle de la politique, elle na pas hsit faire rfrence cette femme, abandonne par ses parents et qui a commenc comme domestique, ds 14 ans, au moment de la Grande Dpression. Cest parce que des gens ont cru en elle quelle acru en moi , a insist Mme Clinton.

    Je me prsente pour que lco-nomie fonctionne avec vous tous , a-t-elle proclam, citant

    Mon but est de faire crotrelconomie amricaine, tout en larendant plus quitable. Est-ce quecest possible ? Oui, a-t-elle r-pondu en cho la foule qui avait anticip. Si je ne pensais pas que ctait possible, je ne serais pas l. Pour cela, elle promet dinciter les entreprises investir aux Etats-Unis, daugmenter les budgets de recherche, dinvestir dans les in-frastructures, tout en se battant pour augmenter le salaire mini-mum. La croissance, elle, devra tre tire par la lutte contre le changement climatique, qui va crer des millions demplois et qui va permettre aux Etats-Unis

    de devenir la superpuissance desnergies propres du XXIe sicle .

    La candidate dmocrate a gale-ment affirm que cette recherche de solidarit ne devait pas concer-ner uniquement lconomie, mais aussi la socit dans son en-semble, appelant la fin des dis-criminations contre les homo-sexuels et les transgenres. Il fautgalement que lAmrique in-vestisse dans son actif le plus pr-cieux : sa jeunesse. Mme Clinton veut notamment que chaque pe-tit Amricain puisse accder lamaternelle. Les cinq premires annes de vos vies dterminent 80 % de ce que vous deviendrez

    plus tard , a-t-elle soulign en de-mandant ce que les ensei-gnants reoivent tous le respect quils mritent .

    La candidate a enfin appel une politique familiale plus ambi-tieuse, permettant un meilleurquilibre avec la vie profession-nelle. Elle a promis par ailleurs la gnralisation des congs de ma-ladie et lgalit salariale entre les hommes et les femmes.

    Battante

    En se posant comme une bat-tante , prte prendre bras-le-corps le combat pour lgalit,Hillary Clinton a voulu gommer son image de femme loigne desproccupations des Amricains.Bill de Blasio, le trs progressistemaire de New York, tait dailleursle grand absent du meeting. An-cien collaborateur de Mme Clinton,il na toujours pas officiellement soutenu la candidate la pri-maire, attendant que son pro-gramme prenne des accents plus sociaux.

    Toujours est-il que, samedi,Mme Clinton a vit un certainnombre de sujets qui fchent. Ellea peine voqu la rforme dusystme de sant porte par Ba-rack Obama. Les traits de libre-change, en cours de discussion, et qui ont valu, vendredi, une cin-glante dfaite politique au prsi-dent en place de la part de son propre camp, nont pas t abor-ds, tout comme le trs contest projet doloduc Keystone.

    Quant ceux qui sinquitent deson ge, 67 ans, elle leur a r-pondu en plaisantant : Je ne suispeut-tre pas la candidate la plus jeune dans cette lection, mais je serai la prsidente la plus jeune de lhistoire des Etats-Unis , ajou-tant quelle navait pas peur de sefaire des cheveux blancs, tant donn quelle les teint depuis qua-tre ans. Mais dici novem-bre 2016, son parcours pour y par-venir sera certainement sem dembches. p

    stphane lauer

    Hillary Clinton, lors dun meeting New York, samedi 13 juin. JULIO CORTEZ/AP

    La droite italienne arrache Venise au Parti dmocrate de RenziLes scandales de corruption et lafflux de migrants ont contribu leffritement du parti au pouvoir, qui essuie une nette dfaite aux municipales

    rome - correspondant

    A prs avoir cru sauver lesmeubles lors des lec-tions rgionales du31 mai en remportant ou conser-vant 5 des 7 rgions mises en jeu,la gauche a nettement perdu ausecond tour des lections muni-cipales organis, dimanche 14 juin, dans 72 communes dont 12 chefs-lieux de province. Elle cde la droite Arezzo (Toscane),Matera (Pouilles), qui sera capi-tale europenne de la culture en 2019, et surtout Venise, quelleadministrait depuis vingt ans. Lecandidat de droite Luigi Bru-gnaro lemporte avec 53,2 % desvoix. Ce nest pas ma dfaite , acomment chaud MatteoRenzi, chef du gouvernement et

    premier secrtaire du Parti d-mocrate (PD).

    Le prsident du conseil a lafois raison et tort. Raison, parcequil nest pour rien dans le scan-dale qui a frapp la ville en juin 2014, lorsque, la suite de lamise au jour dun vaste systmede corruption en marge des tra-vaux de la digue gante (le projetMOSE, acronyme italien de mo-dule exprimental lectromca-nique ), le maire, Giorgio Orsoni,avait d dmissionner, laissantles rnes de la ville un commis-saire nomm par lEtat. Raison,encore, parce que le candidat du PD, lancien juge antiterroriste Fe-lice Casson, navait pas sa prf-rence. Mais il a tort de penser queces mauvais rsultats seront sansconsquence sur laction pro-

    chaine du gouvernement.Ces scrutins rgionaux et muni-

    cipaux apparaissent comme des lections de mi-mandat pourM. Renzi, arriv au pouvoir en f-vrier 2014. Mme si sa popularitreste haute, mme si des rformesont effectivement t menes terme (march du travail, mode

    de scrutin) en ddaignant souventles corps intermdiaires (partis et syndicats), elles nont pu emp-cher leffritement du score du PD, pass de 40 % aux lections euro-pennes 23 % aux rgionales, dans un contexte o labstention a frl les 50 %. Le prsident du conseil a prvu de lcher du lestsur deux rformes en cours : celle de lcole et celle visant mettre fin au bicamrisme parfait, en vi-dant le Snat de ses pouvoirs.

    Centre daccueil

    Mais dautres vnements ont pes. La rvlation de laffaire Mafia capitale Rome, o des lus de gauche et de droite sont souponns davoir profit dun systme de corruption de type mafieux entre 2008 et 2013, a d-

    montr que la malavita npar-gnait aucune formation politi-que, pas mme le PD, qui se veut le parti des honntes gens . La candidature en Campanie de per-sonnalits imprsentables en raison de leur casier judiciairecharg a montr les limites de la volont de changement de M. Renzi. Enfin, les dbarque-ments rguliers de migrants sur les ctes du Mezzogiorno (Sud) ont port le thme de limmigra-tion au cur de la campagne lec-torale, servant les intrts de la Li-gue du Nord (anti-Union euro-penne et xnophobe), devenu le premier parti de la droite ita-lienne et sa nouvelle boussole.

    A Venise, Luigi Brugnaro, 54 ans,a pleinement profit de ce con-texte lourd en dnonant ladmi-

    nistration de gauche qui a trans-form la ville en centre dac-cueil . Entrepreneur ayant fait fortune dans le travail intri-maire, propritaire de lquipe lo-cale de basket quil a ramene parmi llite, il est parvenu obte-nir le soutien de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, de la Li-gue du Nord et du Nouveau Cen-tre-droit, petite formation pour-tant allie M. Renzi au sein dugouvernement. La droite ita-lienne, moribonde, divise de-puis que le Caman a d quit-ter le pouvoir en 2011, apporte la preuve quelle reste forte lors-quelle se prsente unie devant leslecteurs. Et a aussi, cest unemauvaise nouvelle pour MatteoRenzi. p

    philippe ridet

    Ce nest pas

    ma dfaite ,

    a comment

    chaud

    le prsident

    du conseil,

    Matteo Renzi

    ple-mle les routiers, qui con-duisent pendant des heures, les ouvriers et les serveurs, qui restent debout toute la journe, les infir-mires, qui travaillent toute lanuit, les agriculteurs, qui nous nourrissent, les patrons de PME, qui prennent des risques, afin quepersonne ne soit exclu . Elle a in-sist sur le fait que la prospritne peut pas seulement concerner les patrons dentreprise et les diri-geants de fonds spculatif , rap-pelant que les vingt-cinq respon-sables de fonds spculatif les plus riches gagnaient autant que tousles enseignants de maternelle auxEtats-Unis.

    un jour dans le mondedu lundi au vendredi 18h20

    avec les chroniques

    dArnaud Leparmentier et Alain Frachonfranceinter.fr

    nicolasdemorandnationalL

    la loupe

  • 0123MARDI 16 JUIN 2015 plante | 7

    Le rveil du robot Philae sur la comte Tchouri Aprs sept mois de silence, lengin a renou le contact

    Philae est oprationnel ,a dclar, dimanche14 juin, Stephan Ulamec,responsable de cet en

    gin lAgence spatiale euro-penne (ESA). Ce mini-labora-toire, pos depuis le 12 novembresur la comte 67P/TchourioumovGurassimenko, connue sous le nom de Tchouri , adonc enfin donn de ses nouvelles. Samedi, peu avant minuit, lesquipes ont reu un signal pendant une quarantaine de secondes en provenance de Rosetta,lorbiteur qui scrute lvolutionde la comte depuis aot 2014 etqui avait largu Philae sur son solgel et poussireux, quelque500 millions de kilomtres de la Terre. Dimanche midi, la liaisonnavait pu tre rtablie, mais ellela nouveau t, pendant quel-ques dizaines de secondes, dansla nuit de dimanche lundi.

    Ces contacts mettent fin septmois de silence : une soixantaine dheures aprs latterrissage et aprs de premires expriences insitu, Philae stait arrt faute de batterie et tait entr en hiberna-tion. Depuis le 12 mars, les quipesde lESA taient lcoute dun ventuel signal qui les aurait infor-mes de ltat de sant du robot.

    Le signal est finalement arriv,avec de bonnes nouvelles. Les panneaux solaires fonctionnent, captant plus dnergie que stricte-ment ncessaire, et la tempra-ture interne est passe au-dessus de 45 C, partir de laquelle lor-dinateur de bord peut travailler. Nous sommes heureux. Nous al-lons pouvoir travailler sur ces don-nes et celles qui vont suivre ,senthousiasme Jean-Pierre Bi-bring, responsable scientifique de

    Philae et astrophysicien de luni-versit Paris Sud (Orsay).

    Seul bmol, la communicationentre Rosetta et Philae est de trs courte dure, quelques minutes, au lieu de lheure de contact es-compte : lESA indique ainsi avoir reu 300 paquets de don-nes sur les 8 000 en mmoire ce qui signifie aussi que Philaetait rveill depuis plusieursjours lorsque le contact a t re-nou. Cest dj un premier pas important de savoir que Philae nest pas cass ou recouvert depoussire. Nous retrouvons de la confiance , confie Philippe Gau-don, responsable des oprations de la mission au Centre national dtudes spatiales.

    Position mal connue

    Nous essayons damliorer les conditions de communication en-tre Rosetta et Philae , explique Jean-Pierre Bibring. Rosetta est enorbite quelque 200 km de la sur-face afin de se protger des mis-sions de poussire, qui saccen-tuent mesure que la comte serapproche du Soleil. Mais on pense descendre dune vingtaine de kilomtres dici mercredi, voire plus par la suite, pour am-liorer la liaison , indique Jean-Pierre Bibring.

    Les quipes doivent analyser quel moment lorientation et laposition sont les plus favorablespour amliorer cette communica-tion. A cette distance, on ne parleplus vraiment dorbite, ce sont plu-tt des successions dallers-retours et de lignes droites, explique Phi-lippe Gaudon. Il va donc falloir pi-loter diffremment Rosetta afin damliorer la communication. Les squences informatiques t-lcharger sur Philae sont prtes, mais ne pourront dbuter quelorsque la visibilit avec Ro-setta sera meilleure et que les communications dureront plus de trente minutes. Sans doute pasavant une semaine ou deux.

    La tche est complique par lefait que la position exacte de Phi-lae est mal connue. Le 12 juin, le CNES a cependant annonc avoir repr le petit engin sur la tte de la comte, grce un clich de Rosetta. Philae se trouve coinc aupied dune falaise et pas exacte-ment lhorizontale, une position, lombre, qui a protg les syst-mes lectroniques de trop forteschaleurs. Les nouvelles exprien-ces sont planifies, de la moins risque prendre des images plus prilleuse pivoter pour pou-voir forer dans la comte , dtailleJean-Pierre Bibring. Elles apporte-ront des informations sur un noyau bien plus actif, cest--dire jectant plus de gaz et de pous-sire quinitialement prvu.

    Rosetta a par ailleurs apport denombreux rsultats et soulev de nombreuses questions sur la na-ture de la comte. Le couple re-constitu avec son atterrisseurpourrait permettre de rpondre certaines dentre elles. p

    david larousserie

    Le MERS coronavirus continue de progresser en Core du SudLes autorits sud-corennes sont critiques pour la lenteur de leur raction aprs la dcouverte du premier cas le 20 mai

    tokyo - correspondance

    C est devenu une inqui-tante routine. Chaquematin, le ministre dela sant sud-coren annonce le bi-lan de lvolution du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), une pathologie de la fa-mille des coronavirus. Lundi15 juin, le nombre total de mala-des a atteint 150, cinq de plus que la veille. Dix-sept sont dans un tat grave. 5 216 personnes sont lisolement et seize sont mortesdepuis le 20 mai, date de lappari-tion du virus pour lequel ilnexiste ni vaccin ni traitement.

    Le taux de dcs est de 10,7 %,loin des 36 % observs aupara-vant, notamment en Arabie saou-dite, o le MERS coronavirus (MERS-CoV) a t identifi pour la premire fois en 2012. Mais le temps passe, et les craintes sexa-cerbent. Outre lutilisation mas-sive de masques, la population r-duit ses sorties, notamment dans les lieux encombrs comme lesmarchs, et vite les hpitaux.

    La Croix-Rouge locale signalaitle 14 juin que 230 organisations et25 000 personnes avaient annul leur don de sang prvu entre le 3 juin et le 15 juillet. Les rservesde sang samenuisent.

    Le mme jour, Song Jae-hoon, ledirecteur du Centre mdical Sam-sung, Soul, a prsent ses excu-ses pour la grande inquitudesuscite dans la population . Avecsoixante-dix cas, cet hpital est celui qui affiche le plus grandnombre de MERS-CoV. Ltablisse-ment a suspendu une partie deses oprations. Les visites sont in-terdites, et les interventions chi-rurgicales non urgentes sont dif-fres. Plusieurs hpitaux ont adopt des mesures similaires.

    Pas de mutation

    La sortie de crise reste hypothti-que. LOrganisation mondiale dela sant (OMS) estime que la Coredu Sud a les moyens dendiguer lamaladie et quil y a peu de chance que le virus passe dans la popula-tion. A ce jour, la quasi-totalit descontaminations a t observe dans des hpitaux et des clini-ques. Lorganisme note gale-ment labsence de mutation du virus, mme de faciliter la trans-mission entre humains.

    Cependant, Keiji Fukuda, sous-directeur gnral de lOMS, a qua-lifi le 13 juin lvolution de la ma-ladie en Core du Sud de com-plexe et de grande ampleur .

    M. Fukuda a notamment invoqu lencombrement des services hospitaliers et la coutume vou-lant que les amis et la famille se rendent en nombre au chevet des malades.

    Les autorits sud-corennessont galement critiques pour la lenteur de leur raction aprs la dcouverte du premier cas, le 20 mai, et leur refus initial de d-voiler la liste des hpitaux concerns. Certaines mesures ontmme fait sourire. Les autorits ont recommand de ne pas sap-procher des chameaux (animauxrservoirs du MERS-CoV), ce qui, daprs un tweet qui a rencontr un grand succs, quivaut en Co-re du Sud demander aux gensdviter les licornes .

    Hors de Core du Sud, les paysmultiplient les mesures de pr-caution. Hongkong, durement touch en 2002-2003 par lpid-mie de SRAS (syndrome respira-toire aigu svre, galement uncoronavirus), a lev son niveau dalerte et appel la population viter tout dplacement non in-dispensable en Core du Sud. La Core du Nord a promis des me-sures strictes et incontourna-bles . Au Japon, les contrles despassagers venus de Core sont renforcs. Tokyo leur demande notamment de vrifier deux foispar jour leur temprature pen-dant deux semaines. p

    philippe mesmer

    Philae est au pied

    dune falaise,

    lombre,

    ce qui a protg

    les systmes

    lectroniques des

    fortes chaleurs

    LOMS considre

    que Soul

    a les moyens

    dendiguer

    la maladie

  • 8 | france MARDI 16 JUIN 20150123

    Allger le codedu travail : ncessit droite, tabou gaucheDans un livre paratre le 17 juin, lancien ministre Robert Badinter et le juriste Antoine Lyon-Caen proposent une Dclaration des droits du travail

    Haro sur le code du travail. Dans leurouvrage Le Travail etla loi paratre mer-

    credi 17 juin chez Fayard, Robert Badinter et Antoine Lyon-Caen dnoncent la complexit crois-sante du droit du travail . Le code du travail se veut protecteur et rassurant. Il est devenu au fil desans obscur et inquitant. Cette in-quitude collective entrave lem-bauche , constatent-ils.

    Alors que faire ? A droite, le codedu travail est devenu un vritable objet de fantasmes et cest qui enfustigera le plus fort les contrain-tes. Nous devons repenser toutnotre code du travail, dclarait Ni-colas Sarkozy dans un entretien au Figaro, le 1er mars. Je propose enla matire une rgle simple : negarder que les droits fondamen-taux des salaris et renvoyer lereste la ngociation dentre-prise. En campagne pour la pr-sidence de lex-UMP, Bruno Le Maire dnonait chacun de sesmeetings les milliers de pages du code et proposait de tout r-crire en partant dune page vierge.

    Charg du projet du parti Les R-publicains, Eric Woerth souhaite quune commission pluraliste soitmise en place pour dresser la listedes dispositions qui pourraient tre renvoyes la ngociation col-lective . Il faut mettre des parle-mentaires, des experts, un ministre la forte lgitimit autour de la ta-ble et travailler sur ce qui doit trerenvoy aux ngociations par en-treprise avant de passer par la voie lgislative , explique au Monde lancien ministre du budget.

    Sur son site Internet, FranoisFillon dtaille les dispositions conserver. Le code du travail doittre recentr sur lessentiel, cest--dire sur des normes impratives as-surant la protection des droits fon-damentaux des salaris, comme par exemple la dure maximale dutravail. En dehors de ces normes so-ciales fondamentales, le principe sera celui de la libert convention-nelle et du renvoi au dialogue so-cial dans les entreprises mais aussi dans les branches , analyse lan-cien premier ministre. On se sou-vient enfin de Franois Bayrou brandissant lors de lmission Des paroles et des actes , sur France 2, en septembre 2014, unexemplaire du code du travail franais et un code suisse

    Des paroles aux actes, cepen-dant, laffaire se rvle plus com-plexe. Dj, lors de sa campagne pour llection prsidentielle de 2007, M. Sarkozy stait engag mettre en place un contrat de tra-vail unique. Dans lexercice de sonquinquennat, il a but sur sa rali-sation. Plus rcemment, dans unentretien aux Echos, le 9 juin, le prsident du Medef, Pierre Gattaz,plaidait pour un CDI [contrat dure indtermine] scuris, pr-voyant des causes prdfinies de

    rupture en cas de chute dactivit ,et pour assouplir le recours au CDD [contrat dure dtermi-ne] .

    Il ny a pas en la matire une v-rit acadmique , a rappel le mi-nistre de lconomie, Emmanuel Macron, lors de lexamen du pro-jet de loi sur la croissance et lacti-vit, soulignant le paradoxe du march du travail en France. Le stock de contrats de travail exis-tant est constitu 80 % de CDI ; leflux, lui, est compos 88 % deCDD, trs majoritairement dune dure infrieure dix jours. Cela sans tenir compte du recours lintrim, lautoentrepreneuriat,qui permet dchapper toute re-lation de type contrat de travail, et, dans certains secteurs, au tra-vail dtach illgal. On est en train daccepter en creux un dua-lisme croissant du march du tra-vail , constate M. Macron.

    Dgradation

    Le ministre rfute cependant lide dun contrat unique , porte par certaines organisa-tions patronales et une partie de la droite. Je ne crois pas cette formule qui est en fait une nouvelleforme de contrat de travail, prci-se-t-il. Si a doit devenir une sorte de CDD amlior, cela conduit prcariser encore un peu plus le march du travail.

    Denys Robiliard, dput (PS) deLoir-et-Cher et avocat spcialiste du droit du travail, avoue que, au vu des quilibres qui nourris-sent les volutions rcentes de la lgislation sociale et qui vont g-nralement dans le sens de la d-

    gradation pour les salaris , il de-viendrait presque conserva-teur . Je ne suis pas sr que lecode du travail soit si complexe que a, prcise-t-il. Il repose surdes rgles anciennes et stables quidoivent tre conserves. Le licen-ciement doit rester un acte caus. Ce qui explique les mouvements encours, cest linquitude de voir un statut fort dtourn par des con-trats de travail atypiques. On op-

    pose le travail et lemploi : il fau-drait sacrifier les conditions de tra-vail pour prserver lemploi. Il y a un risque de dveloppement delconomie informelle. Face ce risque, nous devons chercher avoir un dispositif qui reste crdi-ble et qui ne soit pas trop facile-ment dtournable.

    Dsireux de donner plus deplace laccord collectif par rap-port la loi dans le droit du travail,

    Manuel Valls a install, dbut mai,une commission, prside par le conseiller dEtat Jean-Denis Com-brexelle, charge de sattaquer aux rigidits du code du travail . Ce travail, qui ouvre un vaste chantier sur lextension du champde laccord, suscite dj de fortes rserves gauche. Ses conclusionssont attendues en septembre. p

    matthieu goar

    et patrick roger

    Il ny a pas

    en la matire

    une vrit

    acadmique

    EMMANUEL MACRON

    ministre de lconomie

    Depuis 2012, une srie de demi-mesures qui ne satisfont personneDe la pnibilit la justice prudhomale, les rformes de M. Hollande sont juges trop librales par les uns, trop timides par les autres

    M ise en place duncompte pnibilit, ex-tension des ouverturesdominicales dans le secteur du commerce, refonte de la justice prudhomale Depuis larrive au pouvoir de Franois Hollande, lexcutif a engag de nombreux chantiers dans le monde du tra-

    vail. Certaines de ces rformes ont t adosses des accords natio-naux interprofessionnels (ANI), conclus par le patronat et les syn-dicats, conformment au souhait du chef de lEtat dassocier les par-tenaires sociaux llaboration des normes applicables aux entre-prises et leurs salaris. Quelle est

    la porte des dispositions prises ?Les premires sannonaient

    prometteuses, avec lANI sur lem-ploi, sign en janvier 2013 et trans-pos, cinq mois plus tard, dans la loi, commente Gilbert Cette, pro-fesseur dconomie luniversit dAix-en-Provence - Marseille. A ses yeux, le fait daccorder une place centrale au dialogue social constitue la bonne mthode pour rformer. Avec ce texte, ils ont en-trouvert des portes que lon pouvaitpenser fermes , estime M. Cette. La dmarche donnait penser quil y aurait tous les ans des ngo-ciations dbouchant sur des ac-cords, et quon allait enchaner les mesures courageuses.

    Pas la hauteur

    Mais les initiatives suivantes se sont rvles dcevantes. Daprs lui, la loi sur la formation profes-sionnelle de mars 2014 nest pas la hauteur des enjeux , le fonc-tionnement des organismes qui collectent largent nest pas totale-ment assaini et les prestataires ne font pas lobjet dune vritable cer-tification.

    Les projets de loi, en cours dexa-men au Parlement, sur le dialogue social et sur la croissance vont, cer-tes, dans la bonne direction mais ils ne visent pas assez haut etlapproche retenue est trop politi-que. Selon M. Cette : le gouverne-

    lative des gouvernements Ayrault et Valls. Les textes vots depuis mai 2012, ou en cours de discus-sion, obissent une vraie ligne directrice qui nest pas une ligne de gauche puisquils reposent sur lide sous-jacente que la protectiondes salaris constitue un handicap dans la lutte contre le chmage . Or, ajoute-t-il, aucune tude ne dmontre que le dtricotage des droits des travailleurs a une inci-dence bnfique sur la cration demplois .

    Certes, concde M. Lokiec, parmiles mesures adoptes au cours des trois dernires annes, certaines vont dans le bon sens, comme la taxation des contrats courts, la g-nralisation des complmentaires sant ou lencadrement du temps partiel. Mais la philosophie gn-rale des rformes engages depuis 2012 tend pouser cette thse, fausse ses yeux, selon laquelle la protection des personnes qui ont un emploi nuit celles qui en cher-chent un .

    La volont de lexcutif daccor-der plus de place la ngociation collective (en particulier la ngo-ciation dentreprise) dans llabo-ration des normes en dit long ga-lement, pour M. Lokiec. Sur le pa-pier, cest peut-tre une belle ide mais il faut tre trs vigilant car ellerisque dengendrer des rgles diff-rentes, dune entreprise une

    autre , met-il en garde. Ce mca-nisme-l figure dans le projet de loi Macron propos des compen-sations salariales au travail domi-nical, qui peuvent tre fixes, entreautres, par accord dentreprise. Cela favorise la concurrence par les cots sociaux, le dumping socialentre les entreprises, dplore M. Lo-kiec. On sort de lide quil faut des rgles communes aux travailleurs pour glisser vers un systme o les rgles changent, dun employeur un autre. p

    bertrand bissuel

    Aucune tude

    ne dmontre que

    le dtricotage

    des droits

    des travailleurs a

    une incidence

    sur la cration

    demplois

    PASCAL LOKIEC

    professeur de droit social

    LE CONTEXTE

    La hirarchie des normes en droit du travail veut, selon le principe de lordre public social, que lorsque deux textes portent sur un mme domaine, soit ap-pliqu le plus favorable au sala-ri. Par consquent, les conven-tions et accords collectifs ne peuvent pas tre moins favora-bles aux salaris que les disposi-tions lgales ou rglementaires. Toutefois, en vertu du principe de faveur, la convention ou lac-cord collectif peut comporter des dispositions plus favorables aux salaris que les lois et rgle-ments en vigueur.

    M A R C H D E L E M P L O I

    Usine Renault, Douai (Nord), en novembre 2014. OLIVIER TOURON/DIVERGENCE IMAGES

    ment a agit des chiffons rou-ges , par exemple sur la question des obligations sociales des entre-prises en fonction de leurs effec-tifs, dont le gel a t voqu en 2014, sans concertation prala-ble par le ministre du travail, Fran-ois Rebsamen. Rsultat, conclut lconomiste : les syndicats et une partie de la gauche ont protest, contraignant lexcutif revoir labaisse ses ambitions. Pour M. Cette, il faudrait accorder da-vantage despace aux partenaires sociaux, au niveau des entreprises et des branches, et leur laisser la possibilit dadapter les rgles du jeu le plus finement possible.

    Professeur de droit social luni-versit Paris Ouest-Nanterre-La Dfense, Pascal Lokiec porte un tout autre regard sur luvre lgis-

    - CESSATIONS DE GARANTIE

    LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETDAPPLICATION N 72-678 DU 20

    JUILLET 1972 - ARTICLES 44QBE FRANCE, sis Cur Dfense TourA 110 esplanade du Gnral de Gaulle 92931 LA DEFENSE CEDEX (RCSNANTERRE 414 108 708), succursalede QBE Insurance (Europe) Limited,Plantation Place dont le sige social est 30 Fenchurch Street, London EC3M 3BD,fait savoir que la garantie financire dontbnficiait:

    CARNOT IMMOBILIER SARL38 Rue Carnot - 86000 POITIERS

    SIREN : 383 554 078depuis le 1er janvier 2004 pour ses activitsde : TRANSACTIONS SUR IMMEUBLEET FONDS DE COMMERCE et depuisle 1er juillet 2008 pour ses activits de deGESTION IMMOBILIERE cesserontde porter effet trois jours francs aprspublication du prsent avis. Les crancesventuelles se rapportant ces oprationsdevront tre produites dans les trois moisde cette insertion ladresse de lEtablis-sement garant sis Cur Dfense TourA 110 esplanade du Gnral de Gaulle 92931 LA DEFENSE CEDEX. Il est pr-cis quil sagit de crances ventuelles etque le prsent avis ne prjuge en rien dupaiement ou du non-paiement des sommesdues et ne peut en aucune faon mettre encause la solvabilit ou lhonorabilit de laSARL CARNOT IMMOBILIER.

    LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETDAPPLICATION N 72-678 DU 20

    JUILLET 1972 - ARTICLES 44QBE FRANCE, sis Cur Dfense TourA 110 esplanade du Gnral de Gaulle 92931 LA DEFENSE CEDEX (RCSNANTERRE 414 108 708), succursale deQBE Insurance (Europe) Limited, PlantationPlace dont le sige social est 30 FenchurchStreet, London EC3M 3BD, fait savoir que, lagarantie financire dont bnficiait la :

    SARL TELIMMO TRANSAC

    3 rue Du Pont Perronet - 91800 BRUNOY

    RCS : 521148650

    depuis le 19 Avril 2010 pour son activit de: TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ETFONDS DE COMMERCE cessera de por-ter effet trois jours francs aprs publicationdu prsent avis. Les crances ventuelles serapportant ces oprations devront tre pro-duites dans les trois mois de cette insertion ladresse de lEtablissement garant sis CurDfense TourA 110 esplanade du Gnralde Gaulle 92931 LA DEFENSE CEDEX. Ilest prcis quil sagit de crances ventuelleset que le prsent avis ne prjuge en rien dupaiement ou du non-paiement des sommesdues et ne peut en aucune faon mettre encause la solvabilit ou lhonorabilit de laSARL TELIMMO TRANSAC.

  • 0123MARDI 16 JUIN 2015 france | 9

    Royaume-Uni : pas de code du travail

    A u RoyaumeUni, les relations de travail ne sontpas rgies par un code dutravail, mais par des textes pars etsurtout par la jurisprudence. La loi ne fait pas obligation de signer un contrat de travail, mais seulement,dans les deux mois de lembauche,un document rcapitulant les conditions essentielles de la relation entre employeur et salari. Pendant les deux premires annes, cedernier ne peut pas contester en justice le caractre raisonnable dun licenciement. Aussi la ques-tion de la priode dessai (qui peut atteindre 2 ans) et mme la distinc-tion entre CDI (le plus courant) et CDD ont une importance relative.

    Le licenciement est possiblepour incomptence , faute, mo-tif conomique et mme toute autre raison substantielle . Les sa-

    laris privs demploi (sauf en cas de faute ou dmission) ont droit une indemnisation condition de rechercher activement un autre travail. Le montant des indemni-ts de chmage est forfaitaire et se limite 72,40 livres sterling par se-maine (100 euros) pour les plus de 25 ans et 57,35 livres (79 euros) pour les 16-24 ans. Les indemnits sont verses pendant un maxi-mum de 182 jours et sont rser-ves aux personnes ayant vers unminimum de cotisation durant lesdeux annes prcdant leur perte demploi. En outre, aucun foyer ne peut percevoir par semaine plus de 500 livres (690 euros) dalloca-tions et aides sociales.

    Le demandeur demploi doit jus-tifier de ses recherches tous les 15 jours au Jobcenter Plus et, aprs treize semaines de chmage, il ne

    peut quasiment plus refuser un emploi. Une rforme progressive-ment mise en uvre jusquen 2017fusionne lensemble des alloca-tions et crdits dimpts accords sous condition de ressources dans une nouvelle prestation nomme universal credit , qui vise sim-plifier et renforcer lincitation lareprise demploi.

    Le Royaume-Uni est lun despays dEurope o la main-duvre est la moins chreet la plus flexible. Le pays admetaussi sans grande controverseque, selon lOffice national desstatistiques, le march du travail britannique compte 1,8 millionde contrats zro heure ne ga-rantissant aucun horaire de tra-vail ni salaire. p

    philippe bernard

    (londres, correspondant)

    Espagne : deux rformes-chocs

    A u plus fort de la crise co-nomique, lEspagne aadopt deux rformes dumarch du travail. Celle qui fut vo-te en 2011 par le gouvernement socialiste de Jos Luis Rodriguez Zapatero fut durcie en 2012 par lexcutif conservateur de Ma-riano Rajoy. Afin de rduire lh-morragie du chmage , alors que plus de 22 % des actifs taient sansemploi, de limiter lusage excessif des contrats temporaires et de faire perdre la peur dembau-cher aux entreprises, le gouver-nement a dcid dabaisser les cots de licenciement.

    Les indemnits, en cas de licen-ciement non justifi , sont pas-ses de 45 jours par anne tra-vaille et 42 mensualits au maxi-mum, 33 jours par anne tra-vaille et un maximum de 24 mensualits. Dans les cas o len-treprise enregistre une baisse du chiffre daffaires durant trois tri-mestres conscutifs ou simple-ment prvoit des pertes venir, el-

    les se limitent 20 jours et un maximum de 12 mensualits.

    La rforme a autoris les dcro-chages des conventions collectivesen cas de difficults conomiques et supprim la demande dautori-sation administrative pralable aux plans sociaux. Les entreprises ont t autorises imposer des baisses de salaire aprs deux tri-mestres de baisse des ventes. Si le travailleur refuse de sy soumettre,il perd son emploi.

    Le gouvernement a rduit le tauxdindemnisation des chmeurs. Durant les 180 premiers jours, les prestations de chmage corres-pondent 70 % du salaire de base, et 50 % par la suite. Elles sont li-mites 21 mois, et leur montant est plafonn 1 090 euros pour unchmeur sans enfant, 1 240 euros avec un enfant et 1 400 euros avec deux enfants ou plus.

    Dans le mme temps, pour sti-muler lembauche, plusieurs aides ont t mises en place, sous la forme de dductions de charges

    sociales et de bonifications. Les chefs de petites et moyennes en-treprises peuvent dduire fiscale-ment lquivalent de 50 % de la prestation chmage que le tra-vailleur aurait perue, durant un an. Si une entreprise embauche unpremier salari de moins de 30 ans, elle bnficie de 3 000 euros de rduction de char-ges sociales et de 4 500 euros sil sagit dun chmeur de longue du-re de plus de 45 ans. Quant aux chmeurs, sils trouvent un em-ploi temps partiel, ils peuvent cu-muler 25 % de leurs prestations et leur salaire durant un an.

    Aprs la mise en place de ces me-sures, les salaires ont rapidement baiss, mais le chmage a conti-nu daugmenter jusqu attein-dre son maximum en 2013, prs de 26 % des actifs. Il a commenc diminuer en 2014 et slevait, au premier trimestre 2015, 23,8 % des actifs. p

    sandrine morel

    (madrid, correspondance)

    Allemagne : la cration des mini-jobs

    E n Allemagne, il y a trois mo-tifs principaux pour un li-cenciement : conomique,pour motif personnel et pour faute grave. Dans les deux pre-miers cas, lemployeur doit respec-ter un pravis compris entre un et sept mois, en fonction de lancien-net du salari dans lentreprise.

    Si le licenciement individuel estjustifi, il ne donne pas droit une indemnisation. Sil ne lest pas, le salari doit en principe pouvoir tre rintgr. En cas delicenciement collectif, un plan so-cial est ngoci avec le comit dentreprise. Lindemnit est en principe dun demi-mois de sa-

    laire par anne danciennet.Mis part lintroduction dun sa-

    laire minimum de 8,50 euros par heure depuis le 1er janvier, les prin-cipales rformes du contrat du tra-vail remontent aux lois Hartz IV de 2002-2003, o figure la cra-tion des mini-jobs. Des emplois dure dtermine ou indtermi-ne mais dont la rmunration nedoit pas dpasser 450 euros par mois. Le salari concern ne paie pas de cotisation. Lemployeurverse 13 % du salaire la caisse dassurance-maladie et 15 % la caisse dassurance-retraite.

    Ces mini-jobs sont conuscomme transitoires ou comme

    des emplois dappoint pour ceux qui ont dj un emploi rgulier, ce qui nest pas toujours le cas, et peu-vent donc finir par crer des re-traits pauvres . Contrairement la France, il ny a pas dexonra-tions sociales pour les bas salaires. En revanche, quand une personne ou une famille gagne trop peu pour vivre dcemment, lEtat laide financirement. Pour cette raison, on a parfois vu, avant lin-troduction du salaire minimum, lEtat porter plainte contre un em-ployeur parce quil jugeait les salai-res pratiqus trop bas. p

    frdric lematre

    (berlin, correspondant)

    Italie : le job act de Renzi

    P our Matteo Renzi, premierministre italien, la rformedu travail est derrire luimais ses effets se font sentir tousles niveaux. En dcembre 2014, le Parlement a autoris le gouverne-ment agir par dcrets pour met-tre de lordre dans les dizaines de contrats prcaires qui rgissaient le code du travail transalpin.

    Baptise job act , cette r-forme fait du contrat dure ind-termine (CDI) la norme en ma-tire de nouvelles embauches. Il saccompagne de protections croissantes au fur et mesure delanciennet du salari dans len-treprise et permet des exonra-tions de cotisations sociales im-portantes pour lemployeur.

    Pour parvenir ses fins, M. Renzia d batailler ferme pendant de longs mois contre ses fron-

    deurs du Parti dmocrate (PD, gauche), dont il est le premier se-crtaire, et les syndicats. Con-vaincu que la rigidit du droit tait une des causes du chmage de masse, notamment chez les jeu-nes (plus de 40 % des 18-25 ans), il aabattu un des totems de la gauche au risque de se voir affubler du sur-nom de Thatcher italien : lar-ticle 18 du code du travail, qui per-met un travailleur sestimant li-cenci sans cause juste de poursuivre son entreprise devant le tribunal afin dtre rintgr.

    Mme si cette possibilit tait as-sez peu utilise (quelque 3 000 caspar an), ce droit, introduit dans les annes 1970, tait considr comme une conqute sociale in-tangible pour les uns et un frein lembauche pour les autres. Silvio Berlusconi na jamais pu sy atta-

    quer malgr plus de dix annes passes au pouvoir Une nouvelleforme de rupture ngocie a gale-ment t cre. La rforme dessineaussi les contours dune sorte de RMI et devrait offrir plus de garan-ties aux femmes enceintes.

    Selon le gouvernement, les pre-miers rsultats sont encoura-geants. Plus de 100 000 CDI auraient t signs, mme sil sagit souvent de contrats recon-vertis pour bnficier des exon-rations de charges. De 13 % de la po-pulation active, le chmage est pass le mois dernier 12,5 %. Maisla rforme a aussi eu un cot po-litique . De 40 % des voix aux lections europennes de mai, le PD est pass 23 % aux rgionales partielles du 31 mai p

    philippe ridet

    (rome, correspondant)

    Sige de la Fdration franaise de ski nautique et de wakeboard Paris,

    en juin. ANTONIN LAIN/DIVERGENCE IMAGES

    loi macron

    demain, certainsdentre vous vivrontpeut-tre dansdes dserts judiciaires,sans avocat.

  • 10 | france MARDI 16 JUIN 20150123

    Sarkozy veut poser la question du droit du solAlors quil sy tait toujours oppos, le prsident du parti Les Rpublicains veut ouvrir le dbat sur ce sujet

    Cest une vritablerupture. Une illustration de plus de laradicalisation de la

    droite rpublicaine, sous la pression du Front national. Alors quilsy tait toujours refus, Nicolas Sarkozy a finalement annoncquil tait prt sattaquer lun des fondements du pacte rpubli-cain : le droit du sol. Faut-il re-mettre en cause le droit du sol ?Cette question, incontestable-ment, peut se poser , a dclar leprsident du parti Les Rpubli-cains, samedi 13 juin, lors dune runion avec des nouveaux ad-hrents du mouvement. Favora-ble louverture dun dbat sur cesujet, il a indiqu vouloir con-sulter les militants pour leurposer directement la questionlors dun rfrendum interne,avant lt 2016.

    Lvolution est de taille pourlancien chef de lEtat. Tout au long de sa carrire politique, celuiqui a bris beaucoup de tabous enmatire dimmigration navait ja-mais os revenir sur ce principe. Je suis pour le droit du sol. Nousle garderons. Jai t tout faitconstant sur cette position, mmequand cela peut nous poser desproblmes. Le droit du sol, cest laFrance , avait-il dclar entre lesdeux tours de la campagne prsi-dentielle de 2012. En 2003, alors ministre de lintrieur, il staitoppos la revendication du FNdinstaurer le droit du sang, en ar-guant : Avec le droit du sang, ona toujours un sang qui nest passuffisamment pur.

    Proposition du FN

    Aujourdhui, le discours a chang.M. Sarkozy a dcid de concurren-cer le parti lepniste, en investis-sant son terrain. Labolition du droit du sol, lun des fondements de la lgislation franaise sur lanationalit, est une propositionphare du FN depuis plus de vingt-cinq ans. Elle figurait encore dans le programme prsidentiel deMarine Le Pen en 2012. En repre-

    nant cette ide son compte, lex-chef de lEtat cherche autant donner des gages aux lecteurs dedroite dans loptique de la pri-maire pour la prsidentielle qusduire ceux du parti lepniste pour 2017. Lobjectif est affich. Il ne faut pas laisser ce sujet tre accapar par le FN , assume le dput des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, lun des lieutenants de M. Sarkozy. Sa proposition de li-miter le droit du sol aujourdhuien vigueur pour tous aux seulsressortissants de lUnion euro-penne a fait mouche auprs du prsident du parti, qui a voqulide de la reprendre.

    franais . La nationalit ne peutpas sacqurir par hasard, avec une procdure automatique.

    Histoire

    Son ide vise rtablir une me-sure de Charles Pasqua, qui, alorsministre de lintrieur, en 1993,tait revenu sur lautomaticit delacquisition de la nationalit franaise. Pour lobtenir, les en-fants ns en France de parents trangers devaient alors engagerune dmarche dadhsion 18 ans. Cinq ans plus tard, ces con-ditions avaient t supprimespar le gouvernement socialiste de Lionel Jospin.

    A droite, la remise en cause dudroit du sol est un serpent demer. En 1991, lex-prsident de la Rpublique Valry Giscard dEs-taing proposait dj dinstaurer le droit du sang , en dnonant limmigration invasion . La pression du FN et le contexte de surenchre droite sur limmi-gration poussent M. Sarkozy re-lancer le dbat sur ce totem rpublicain. Avec le risque ma-jeur de rouvrir la fracture idolo-gique au sein de son parti. Car si une rforme du droit du sol estmajoritairement rejete gaucheet au centre, elle ne fait pas pour autant lunanimit droite, o

    des personnalits comme PatrickDevedjian ou Henri Guaino ne veulent pas en entendre parler.

    Si Herv Mariton et Xavier Ber-trand prnent une remise en cause du droit du sol, les princi-paux rivaux de M. Sarkozy pourla primaire Bruno Le Maire, Franois Fillon et Alain Jupp ny sont pas favorables. LaFrance est depuis longtemps un pays acquis au droit du sol, comme dailleurs la plupart de ses voisins europens. On ne rejette pas son histoire, affirme M. Fillonau Monde. Plutt que dengagerdes dbats comme celui-ci, nous devons prendre des dcisions con-crtes : fixer des quotas dimmi-grants par rgion du monde et parprofession ou fixer un dlai dedeux ans pour laccs aux presta-tions sociales

    Bruno Le Maire prconise, lui,de se proccuper dabord des con-ditions de lasile en France et du regroupement familial. Mme re-jet de lide de M. Sarkozy chez le maire de Bordeaux. Il ny a pas de sujet tabou. Il est lgitime douvrir un tel dbat, mais AlainJupp na pas lintention de remet-tre en cause le droit du sol , expli-que son porte-parole, le dput Benoist Apparu. De quoi pimen-ter les dbats lors de la campagne pour la primaire. p

    alexandre lemari

    Nicolas Sarkozy, lors dune runion avec de nouveaux adhrents du mouvement Les Rpublicains, samedi 13 juin. ALAIN JOCARD/AFP

    En France, la loi reconnat lafois le droit du sang et celui du sol.Dans le premier cas, un enfant n dau moins un parent franais ob-tient automatiquement la natio-nalit franaise, par filiation. Dansle second, un enfant n sur le sol franais de parents trangers peutacqurir automatiquement la na-tionalit franaise, lorsquil de-vient majeur, condition quil ait vcu au moins cinq annes dansle pays depuis lge de 11 ans.

    M. Ciotti souhaite supprimer lecaractre automatique de ce der-nier droit pour les non-Euro-pens, qui doivent, selon lui, manifester la volont de devenir

    Bernard Squarcini devient largument scurit de Christian EstrosiLancien patron du renseignement franais entre en campagne pour les lections rgionales en Provence-Alpes-Cte dAzur

    marseille - correspondance

    L a nomination ne laisseaucun doute. En intgrantlancien prfet de policeBernard Squarcini son quipe pour les lections rgionales de dcembre en Provence-Alpes-Cte dAzur (PACA), le dput et

    maire de Nice Christian Estrosi enfonce le clou dune campagnedont il veut faire des questions s-curitaires un axe central, face la candidate Front national Marion Marchal-Le Pen. Et quimporte si le conseil rgional, que le candi-dat dsign par Les Rpublicainsveut reprendre la gauche aprs

    dix-sept ans de mandat du socia-liste Michel Vauzelle, na pas derelles comptences en la ma-tire.

    Christian Estrosi ma demandde lui apporter un brin dexpertise sur des sujets pour lesquels jai quelque exprience. Sur un terri-toire que je connais bien, pour y

    avoir exerc des fonctions de 2004 2007 , explique au Monde lan-cien patron de la Direction cen-trale du renseignement intrieur (DCRI), Bernard Squarcini. Prfetdlgu la scurit Marseille pendant trois ans, M. Squarcini travaillait alors en duo , prci-se-t-il avec le prfet de rgion Christian Frmont, dcd en 2014, qui fut aussi directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy lEly-se. Il a galement ctoy en PACAun autre fidle sarkozyste, Michel Sappin, successeur de M. Frmonten prfecture, qui coordonne aujourdhui la campagne de M. Estrosi.

    Cahier de dolances

    Bernard Squarcini assure que Ni-colas Sarkozy nest pas directe-ment intervenu pour lui proposercette mission. Frdric Pche-nard, son directeur gnral, amme appris la nouvelle dans la presse , argumente-t-il. Et de pr-ciser que tout sest fait dans uncontexte trs local, la demande de MM. Estrosi et Sappin .

    Depuis son entre en campa-gne, le maire de Nice multiplie les dclarations-chocs sur les ques-tions de scurit. Une thmatiqueque M. Squarcini va aider densi-fier : Il y a un problme particu-lier sur cette rgion, et notamment Marseille, avec la prsence dune trs forte conomie souterrainequi fait vivre une population dans

    laquelle on compte beaucoup declandestins, croit savoir le nou-veau conseiller. Mais il y a aussi des incivilits, un sentiment gn-ralis dinscurit qui psent sur une population, notamment de re-traits, qui naspire qu vivre tran-quillement dans une zone trs agrable, sans tre menace.

    Quelles propositions prparelancien prfet qui, en 2014, a t condamn 8 000 euros damende dans laffaire des fa-dettes du Monde ? Ce sera tout lobjet de la campagne. Nous ver-rons le contenu des cahiers de do-lances Si la scurit nest pas unecomptence directe du conseil r-gional, il peut y avoir une in-fluence, des demandes effectuerauprs des pouvoirs centraux, no-tamment sur le dploiement des forces de lordre.

    Bernard Squarcini relve aussi des comptences de proximit comme la scurit dans les trains, dans les lyces, une aide

    apporter aux communes sur lquipement vido, des problmes de migrants dans les transports .

    Alors que Christian Estrosi vo-quait en avril la prsence en France d une cinquime co-lonne islamiste, M. Squarcinijustifie aussi son rle par sa con-naissance de la menace isla-miste radicale . Dans ce do-maine, la rgion PACA, qui a unfort potentiel de dveloppementconomique mais a besoin de s-curit, est au premier rang , af-firme lancien patron du rensei-gnement franais.

    La rgion Provence-Alpes-CtedAzur ne peut pas tre pour lex-UMP la zone test pour llection prsidentielle de 2017 dune ligne droitire version Buisson dont Ni-colas Sarkozy voudrait voir si, fina-lement, elle ne peut pas marcher nouveau , a ragi le candidat so-cialiste aux rgionales ChristopheCastaner.

    Bernard Squarcini assure que samission se limitera la campa-gne, quil ne sera pas sur les lis-tes et ne convoite aucun poste long terme auprs de la collecti-vit rgionale. Sil sest dj prt lenregistrement dun message vi-do destination des rseaux so-ciaux, o il souhaite bonne chance Christian Estrosi , il reste prudent quant sa prsence sur le terrain. Cela dpendra demes possibilits , affirme-t-il. p

    gilles rof

    Il y a un

    problme

    particulier sur

    cette rgion,

    et notamment

    Marseille

    BERNARD SQUARCINI

    VERBATIM

    Je suis catgorique, je re-fuse totalement douvrir la

    question du droit du sol.

    Manuel Valls a exprim trs clai-rement son opposition louver-ture dun dbat sur le droit du sol, samedi 13 juin, lors dun d-placement Mayotte. Cette ques-tion agite lle franaise, confron-te une forte pression migratoire.

    - CESSATIONS DE GARANTIE

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  • 0123MARDI 16 JUIN 2015 france | 11

    LAssemble veut exprimenterlamendement citoyenCette mesure ouvrirait tous la possibilit dagir sur le travail lgislatif

    Toujours cette questionqui nen finit pas de tarauder les politiques :comment rconcilier les

    citoyens avec leurs lus ? Dans les sphres socialistes, une nouvelle solution gravite depuis quelques mois et pourrait devenir ralit ds la rentre ; la possibilit douvrir tous le droit damender les textes lgislatifs, travers le principe de l amendement ci-toyen . Sduisante sur le papier, cette solution pourrait ntre quune esquive pour viter de re-fonder rellement un systme es-souffl ou den passer par linstau-ration de la proportionnelle pour llection des dputs.

    Au PS, le dput de Seine-et-Marne, Olivier Faure, est lun de ceux qui dfendent cette ide et, son initiative, le parti la inscritdans le texte de la motion majori-taire, adopte par les militants le 22 mai. Le principe dimpliquerdavantage le public pour rgn-rer notre dmocratie sduit aussi le prsident de lAssemble natio-nale, Claude Bartolone, qui, fin janvier, avait mis en place une consultation citoyenne sur In-ternet autour du texte sur la fin devie. Parmi dautres, lancienne mi-nistre Delphine Batho plaide elle aussi pour lmergence dune d-mocratie collaborative et, lAs-semble, le vice-prsident de la commission des lois, Dominique Raimbourg (PS), vient son tour

    de prendre le dossier en main pour mener une premire expri-mentation la rentre.

    Sensibilis la question lors-quil tait rapporteur du projet de loi sur la rforme pnale en 2014, le dput de Loire-Atlantique vient de rdiger une longue noteau prsident de lAssemble et aobtenu du prsident du groupe, Bruno Le Roux, la mise en place dun groupe de travail sur le sujet.Restera ensuite mobiliser sescollgues et trouver un vhicule lgislatif sur lequel tester la me-sure plutt une proposition quun projet de loi. Une des pistes voques serait alors de mettre enplace lors des dbats un rappor-teur la contribution ci-toyenne , en plus du rapporteur classique saisi sur le fond et, ven-tuellement, du rapporteur pour avis.

    Ce nouveau personnage duthtre parlementaire aurait les mmes pouvoirs que nimporte

    quel rapporteur ; celui de dfen-dre des amendements issus duneconsultation citoyenne, maisaussi de disposer dun temps de parole suprieur aux autres dpu-ts ou encore de bnficier dun lien privilgi avec le gouverne-ment. Dans un premier temps, la consultation populaire serait ex-ternalise et la gestion des requ-tes confie une association en pointe sur le sujet, comme Par-lement et citoyens , qui uvre pour une plus grande collabora-tion des citoyens la fabrique dela loi.

    Effet choc

    En somme, il sagirait, pour les d-fenseurs de cette mesure, de met-tre niveau tous les citoyens, quiaujourdhui sont loin de jouir du mme acc