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Mardi 31 mars 2015 - 71 e année - N o 21835 - 2,20 € - France métropolitaine - www.lemonde.fr Fondateur : Hubert Beuve-Méry Algérie 180 DA, Allemagne 2,50 €, Andorre 2,40 €, Autriche 2,80 €, Belgique 2,20 €, Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d'Ivoire 1 900 F CFA, Danemark 30 KRD, Espagne 2,50 €, Finlande 4 €, Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 £, Grèce 2,50 €, Guadeloupe-Martinique 2,40 €, Guyane 2,80 €, Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 €, Italie 2,50 €, Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,20 €, Malte 2,50 €, Maroc 13 DH, Pays-Bas 2,50 €, Portugal cont. 2,50 €, La Réunion 2,40 €, Sénégal 1 900 F CFA, Slovénie 2,50 €, Saint-Martin 2,80 €, Suisse 3,50 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT, Turquie 9 TL, Afrique CFA autres 1 900 F CFA L e projet de force militaire interarabe, maintes fois re- misé, voit le jour. Les 21 di- rigeants de la Ligue arabe – sauf la Syrie – se sont mis d’accord sur sa création, dimanche 29 mars, à Charm El-Cheikh, en Egypte. Depuis plusieurs mois, le prési- dent égyptien, Abdel Fattah Al- Sissi, insistait sur la nécessité de créer une force militaire régio- nale afin de « faire face aux mena- ces sans précédent pour l’identité arabe » que « constituent les grou- pes terroristes ». Mais ce n’est pas tant l’expansion de l’Etat islami- que qui a fait l’unité autour de ce projet que la crainte de voir le ri- val iranien étendre son influence dans la région, et notamment au Yémen. LIRE PAGE 13 Le Palais des beaux-arts de Bruxelles présente une riche ex- position, retraçant les relations entre l’Europe de la Renaissance et le monde ottoman. Peintures, gravures, armures, automates... Les relations artistiques sont alors indissociables des relations diplomatiques, économiques ou militaires. Les artistes européens considèrent alors l’Empire otto- man comme une puissance égale, voire supérieure, aux puis- sances chrétiennes occidentales. On sent l’admiration, mais aussi l’inquiétude et la peur inspirées par ce puissant empire. LIRE PAGE 26 INTERNATIONAL LA LIGUE ARABE CRÉE UNE FORCE ANTI-TÉHÉRAN par hélène sallon « L’empire du sultan » s’expose à Bruxelles CULTURE LE REGARD DE PLANTU SUPPLÉMENT DE 16 PAGES ? ? ? ? ? Haute- Loire Puy-de-Dôme Loire Rhône Haute- Savoie Savoie Tarn-et- Garonne Aude Yvelines Essonne Seine- et-Marne Val-d’Oise Seine- Maritime Pas-de-Calais Somme Oise Aisne Nord Meurthe- et-Moselle Haut- Rhin Bas- Rhin Saône-et- Loire Eure-et- Loir Hautes- Pyrénées Ariège Gers Lot Aveyron Hautes- Alpes Alpes-de- Haute- Provence Alpes- Maritimes Bouches-du-Rhône Lozère Cantal Creuse Maine- et-Loire Côtes-d'Armor Finistère Manche Calvados Orne Eure Mayenne Sarthe Loiret Indre Loir-et- Cher Morbihan Yonne Côte-d'Or Nièvre Jura Vosges Aube Ardennes Landes Martinique Saint-Denis Val-de-Marne Hauts- de-Seine Guadeloupe Guyane Gironde Haute- Corse Corse- du-Sud Dordogne Loire- Atlantique Ille-et- Vilaine Vendée Charente- Maritime Charente Vienne Var Marne Meuse Haute- Marne Moselle Gard Vaucluse Indre-et- Loire Deux- Sèvres Haute- Vienne Lot-et- Garonne Pyrénées- Orientales Hérault Drôme Isère Pyrénées- Atlantiques La Réunion Mayotte Allier Tarn Ain Ardèche Doubs Territoire de Belfort Haute- Saône Corrèze Haute- Garonne Cher MAJORITÉ DÉPARTEMENTALE Bascule à droite Bascule à gauche Election du président du conseil départemental indécise LA DROITE VICTORIEUSE, SARKOZY CONFORTÉ En gagnant 67 départements, dont 28 enlevés à la gauche, l’UMP et l’UDI sortent vainqueurs des départementales Le FN ne remporte aucun département. Arrivé en tête dans 43 collectivités au premier tour, il ne fait élire « que » 62 conseillers sur 4 108 Le PS essuie une troisième défaite après les municipales et les européennes de 2014, mais l’exécutif ne changera pas de cap L’Essonne, fief de Valls mais présidée par le frondeur Jérôme Guedj, bascule à droite Sarkozy juge avoir pris l’avantage sur Juppé pour 2017 LIRE PAGES 2 À 12 ET NOTRE CAHIER RÉSULTATS L’ALTERNANCE, UNE LONGUE MARCHE POUR NICOLAS SARKOZY LIRE PAGE 31 “- Allo patron ? - Oui, alors ? - Regardez en page 5 !” PYRAMIDE présente un ilm de YOJI YAMADA Festival Kinotayo SOLEIL D’OR DU MEILLEUR FILM Festival de BERLIN OURS D’ARGENT PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE AU CINÉMA LE 1 ER AVRIL Un grand mélodrame à la japonaise LIRE

Le Monde Du Mardi 31 Mars 2015

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  • Mardi 31 mars 2015 71e anne No 21835 2,20 France mtropolitaine www.lemonde.fr Fondateur : Hubert BeuveMry

    Algrie 180 DA, Allemagne 2,50 , Andorre 2,40 , Autriche 2,80 , Belgique 2,20 , Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $, Cte d'Ivoire 1 900 F CFA, Danemark 30 KRD, Espagne 2,50 , Finlande 4 , Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 , Grce 2,50 , Guadeloupe-Martinique 2,40 , Guyane 2,80 , Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 , Italie 2,50 , Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,20 , Malte 2,50 , Maroc 13 DH, Pays-Bas 2,50 , Portugal cont. 2,50 , La Runion 2,40 , Sngal 1 900 F CFA, Slovnie 2,50 , Saint-Martin 2,80 , Suisse 3,50 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT, Turquie 9 TL, Afrique CFA autres 1 900 F CFA

    L e projet de force militaireinterarabe, maintes fois remis, voit le jour. Les 21 dirigeants de la Ligue arabe sauf laSyrie se sont mis daccord sur sacration, dimanche 29 mars, Charm ElCheikh, en Egypte.

    Depuis plusieurs mois, le prsident gyptien, Abdel Fattah AlSissi, insistait sur la ncessit decrer une force militaire rgio

    nale afin de faire face aux mena-ces sans prcdent pour lidentit arabe que constituent les grou-pes terroristes . Mais ce nest pas tant lexpansion de lEtat islamique qui a fait lunit autour de ce projet que la crainte de voir le rival iranien tendre son influence dans la rgion, et notamment au Ymen.

    L IRE PAGE 13Le Palais des beauxarts de Bruxelles prsente une riche exposition, retraant les relations entre lEurope de la Renaissance et le monde ottoman. Peintures, gravures, armures, automates... Les relations artistiques sont alors indissociables des relations diplomatiques, conomiques ou militaires. Les artistes europens considrent alors lEmpire ottoman comme une puissance gale, voire suprieure, aux puissances chrtiennes occidentales. On sent ladmiration, mais aussi linquitude et la peur inspires par ce puissant empire.

    L IRE PAGE 26

    INTERNATIONAL

    LA LIGUE ARABECRE UNE FORCE

    ANTI-THRANpar hlne sallon

    Lempire du sultan sexpose Bruxelles

    CULTURE

    LE REGARD DE PLANTU

    SUPPLMENT DE 16 PAGES

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    Haute-Loire

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    de Belfort

    Haute-Sane

    Corrze

    Haute-Garonne

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    MAJORIT DPARTEMENTALE

    Bascule droite

    Bascule gauche

    Election du prsidentdu conseil dpartementalindcise

    LA DROITE VICTORIEUSE, SARKOZY CONFORT En gagnant67 dpartements, dont 28 enlevs la gauche, lUMP et lUDI sortent vainqueurs des dpartementales

    Le FN ne remporte aucundpartement. Arriv en tte dans 43 collectivits au premier tour, il ne fait lire que 62 conseillers sur 4 108

    Le PS essuie une troisimedfaite aprs les municipales et les europennes de 2014, mais lexcutif ne changera pas de cap

    LEssonne, fief de Vallsmais prside par le frondeur Jrme Guedj, bascule droite

    Sarkozy juge avoirpris lavantage sur Jupp pour 2017

    L IRE PAGES 2 12 ET NOTRE CAHIER RSULTATS

    LALTERNANCE, UNE LONGUE MARCHE POUR NICOLAS SARKOZY LIRE PAGE 31

    - Allo patron ?- Oui, alors ?- Regardezen page 5 !

    P Y R A M I D E p r s e n t e

    un ilm de YOJI YAMADA

    Festival Kinotayo

    SOLEIL DOR

    DU MEILLEUR FILM

    Festival de BERLIN

    OURS DARGENTPRIX DINTERPRTATION FMININE

    AU CINMA LE 1ER AVRIL

    Un grand mlodrame la japonaise LIRE

  • 2 | les lections dpartementales MARDI 31 MARS 20150123

    La droite a transform lessai. Aprs tre arrive entte du premier tour,lUMP, allie lUDI, est

    sortie largement victorieuse dusecond tour des lections dpar-tementales, dimanche 29 mars.Elle est parvenue inverser le rap-port de force avec la gauche, en luireprenant 28 dpartements, ce qui lui permet den contrler d-sormais 67 sur 101. Soit deux surtrois. La vague bleue est bienrelle : en un scrutin, la droite a re-pris tous les territoires quelleavait perdus depuis les cantonalesde 1998. Jamais, sous la Ve Rpu-blique, notre famille politique navait gagn autant de dparte-ments , sest rjoui Nicolas Sarkozy, y voyant un dsaveu sans appel pour le gouverne-ment.

    Signe de lampleur de la vic-toire : la droite a russi conqu-rir des bastions historiques de la gauche quelle croyait imprena-bles, comme le Nord et la Seine-Maritime ; les Ctes-dArmor, que le PS dominait depuis trente-neufans, ou les Bouches-du-Rhne, so-cialistes depuis 1953. Deux prises de guerre symboliques donnent de lclat son succs : la Corrze, terre dlection du prsident, Franois Hollande, et lEssonne, fief du premier ministre, Manuel Valls. Autres terres de gauche

    tombes dans lescarcelle du blocUMP-UDI : lIsre, les Deux-S-vres, la Charente, le Cher, lIndre-et-Loire, les Pyrnes-Atlantiques ou lAllier, un des deux derniersdpartements grs par le Parti communiste.

    Couverture

    Lancien chef de lEtat na pas manqu de prsenter cette rus-site comme la prfiguration dunevictoire de son camp en 2017. Cesrsultats dpassent de trs loin la considration locale. Les Franais ont massivement rejet la politiquede Franois Hollande et de son gouvernement , a-t-il estim, avant de lancer : Lespoir renat pour la France. Lalternance est en marche, rien ne larrtera. Com-prendre : rien ne larrtera sur la route de lElyse. Pour ses proches,le prsident de lUMP peut lgiti-mement se prvaloir du succs aprs stre investi fond dans lacampagne. Cest une victoire col-lective, mais aussi la victoire de Ni-colas Sarkozy , souligne ainsi ledirecteur gnral du parti, Frd-ric Pchenard.

    Ses rivaux, eux, ne lentendentpas ainsi. Personne ne peut tirer lacouverture soi , dclare Bruno LeMaire au Monde, en prconisant de ne pas faire preuve de triom-phalisme . Nous avons beaucoupdu dans le pass. Le chemin quil

    nous reste pour incarner lalterna-tive est considrable , prvient-il. LUMP porte dsormais une res-ponsabilit trs lourde, celle de con-duire un projet dalternance , abonde Franois Fillon, pour qui lavictoire ne revient pas seulement M. Sarkozy mais est dabord due la dfaite de la gauche et au succs des candidats UMP engags sur le terrain . Mme prudence chez le maire de Tour-coing, Grald Darmanin, pourtant un protg de lex-chef de lEtat : On na pas encore gagn la prsi-dentielle, car seul un lecteur sur deux a vot, et llectorat populaire ne nous fait pas encore confiance.

    Les soutiens du prsident delUMP, eux, ne sembarrassent pas de ces nuances. Pour eux, leur can-didat a marqu un point dcisif

    face ses concurrents internes dans la perspective de la primaire droite pour la prsidentielle de 2017. Et en premier lieu face son principal rival : Nicolas Sarkozy a pris un avantage indniable face Alain Jupp , juge le snateur Pierre Charon. Sauf quen rassem-blant son camp et ses allis centris-tes pour le scrutin dpartemental, afin de prsenter des candidats communs dans un maximum de cantons, M. Sarkozy a en fait adopt la stratgie dalliance de ladroite et du centre prconise par le maire de Bordeaux. Ce dernier na pas manqu de le souligner di-manche soir, en saluant la vic-toire de lalliance UMP-UDI-Mo-Dem quil prne. Une manire derevendiquer une part de la vic-toire. En retour, les sarkozystes

    soulignent quen Gironde, le d-partement de M. Jupp, les candi-dats dunion de la droite (UMP-UDI-MoDem) ont t devancs parla gauche. Le problme de Jupp, cest quil met un mot de trop dans lalliance droite-centre : le MoDem. Nous, on est plus sur la stratgie dunit UMP-UDI , remarque lun deux.

    Quant au positionnement poli-tique, le camp Sarkozy est con-vaincu que ce succs valide la li-gne droite toute du prsidentde lUMP. Il apparat ainsi comme le seul barrage face au FN, selon M. Charon. Cela le rend cr-dible pour incarner lalternance. La victoire montre que sa strat-gie de parler des sujets de proccu-pation sans tabous est la bonne , renchrit le dput SbastienHuyghe. La manire dont lUMP a rsist au FN dans le Var, dans leVaucluse ou dans lAisne en serait la dmonstration, selon eux.

    Eau tide

    Pendant la campagne, M. Sarkozy sest montr trs offensif contre Marine Le Pen, tout en reprenant ouvertement des thmatiquestraditionnelles de lextrmedroite. Se situer dans une opposi-tion frontale au FN nous permet denous librer sur les ides, pour avoir une droite qui ne soit pas un filet deau tide , explique le se-crtaire gnral de lUMP, Laurent Wauquiez. Autrement dit, assu-mer les valeurs dune droite d-complexe , qui rige les thma-tiques identitaires et rgaliennes(immigration, scurit, lacit)comme des priorits, afin de sur-fer sur lislamophobie rampante dans la socit. Cest dans cet es-prit que M. Sarkozy a propos dinterdire le voile luniversit etles menus de substitution dansles cantines scolaires, ce qui lui a valu dtre critiqu au sein mme de son camp, en particulier par

    Seul un lecteur

    sur deux a vot,

    et llectorat

    populaire

    ne nous fait

    pas encore

    confiance

    GRALD DARMANIN

    maire UMP de Tourcoing

    Sarkozy fait sienne la victoire de lUMPAvec 67 dpartements, dont 28 enlevs la gauche, la droite sort grand vainqueur du scrutin

    NicolasSarkozy,

    prsidentde lUMP,

    au sigedu parti,

    dimanche29 mars,

    aprslannonce

    des rsultatsdu second

    tour.JEAN-LUC LUYSSEN

    POUR LE MONDE

    RSULTATS NATIONAUX AU SECOND TOUR DES LECTIONS

    DPARTEMENTALES PAR TIQUETTE POLITIQUE

    Front national4 108 404 54

    Debout la France 29 797

    Extrme droite 412 851

    UMP-UDI 1 2605 089 816

    PS 7742 938 503

    PS-union de la gauche 3941 668 518

    Divers gauche 198788 095

    PRG 2864 110

    EELV 229 888

    UDI247 715 76

    Front de gauche 76266 896

    PCF 26100 413

    Parti de gauche 00

    Divers 2897 254

    MoDem 1448 038

    UDI-MoDem 839 078

    UMP1 596 210 454

    Divers droite1 270 634 380

    EN NOMBRE DE VOIX EN NOMBRE DE SIGES

    son ex-conseiller Henri Guaino, qui lui a reproch de dresser les Franais les uns contre les autres en stigmatisant les musulmans.

    Mais pour la majorit des sarko-zystes, le dbat sur la ligne adop-ter pour 2017 est tranch : il con-vient de suivre la mme stratgie que celle employe lors de la cam-pagne ultra-droitire de 2012, sous linfluence de Patrick Buis-son, lex-conseiller de M. Sarkozyvenu de lextrme droite. La li-gne populaire est celle qui fonc-tionne , rsume Brice Hortefeux. Cela marche trs bien, donc on na pas le choix : il faut continuerdans cette direction et siphonner les lecteurs du FN, comme on la fait en 2007. Mais cette fois, il faut mme aller plus loin pour tre cru , prconise M. Charon.

    Une stratgie fortement contes-te par M. Jupp, convaincu quune ligne droite toute fait le jeu du FN . Idem pour M. Fillon. La stratgie qui con-siste siphonner le FN, on la suivieen 2007, mais cest comme les allu-mettes, cela ne marche quunefois , met en garde un de ses pro-ches. Ses rivaux soulignent que, trop se dporter sur sa droite, M. Sarkozy risque de se couper de llectorat du centre pour 2017. Qui lui avait dj manqu en 2012,avec le rsultat que lon sait. p

    alexandre lemari

    Pas de rpit sur le front des affaires

    Aprs la victoire lectorale de son parti aux lections dparte-mentales, les semaines qui viennent sannoncent plus dlicates pour Nicolas Sarkozy sur le front des affaires. Lancien chef de lEtat est convoqu mardi 31 mars par les juges dans laffaire des pnalits rgles par lUMP, aprs linvalidation de ses comptes de campagne de 2012. Dans laffaire des coutes, la justice dirale 7 mai si elle annule ou non les coutes des conversations, qui ont conduit sa mise en examen pour corruption active . Quant lenqute autour de laffaire Bygmalion, M. Sarkozypourrait tre entendu par les juges aprs la mise en examen de lex-patron de lUMP, Jean-Franois Cop, le 3 fvrier.

  • 0123MARDI 31 MARS 2015 les lections dpartementales | 3

    Le FN nest pas encore une machine de second tour Le politologue Gal Brustier analyse la forte pousse de la droite aux dpartementales

    ENTRETIEN

    G al Brustier, politologue,est membre de lObserva-toire des radicalits poli-tiques de la Fondation Jean-Jau-rs. Il a notamment publi Voyageau bout de la droite (avec Jean-Phi-lippe Huelin, Fayard - Mille et une nuits, 2011).

    Quelle est la leon du second tour des dpartementales ?

    Ce qui me frappe le plus, cest lephnomne de dnationalisation du PS. Ce parti disparat dun pan du territoire : il na plus dlu en Haute-Savoie ou dans le Var. Au ni-veau national, la gauche compte moins dlecteurs quen 1992, sa pire anne aux dpartementales. Elle revient au niveau de 1998, en nombre de dpartements grs. Cette dfaite efface quinze ans de gouvernance locale. Pour autant, le PS sen tire bien dans certains endroits : il garde des bastions dans le Sud-Ouest (le Lot-et-Ga-ronne et la Gironde) et dans les grandes agglomrations. A Angerspar exemple, la gauche gagne qua-tre cantons sur cinq, malgr sa d-faite aux municipales.

    Comment expliquez-vous la large victoire de la droite ?

    LUMP est considre par leslecteurs de droite et dextrmedroite comme le seul parti crdi-ble pour exercer le pouvoir localet national en France. Cela veut dire que lon est moins dans un tripartisme que dans une triparti-tion avec la constitution dun oli-gopole droitier, o le FN ralise des scores impressionnants au premier tour, et o lUMP rafle la mise au second. Pour une raisonsimple : le FN nest pas encore peru par les lecteurs comme lquivalent de lUMP en matiredexercice du pouvoir.

    Le rsultat du second tour achve donc lide dun tripar-tisme, selon vous ?

    Un tripartisme signifierait quelon aurait une rpartition des pouvoirs quilibre entre trois grands partis au pouvoir. Or, sil a largi sa base lectorale et a pro-gress de manire spectaculaire au premier tour, le FN nest pas encore une machine de second tour. Il pensait par exemple rem-porter lAisne et le Vaucluse, mais choue finalement. Au secondtour, il perd mme le seul cantonquil dtenait, celui de Brignoles dans le Var, et se fait battre au Luc,alors quil dirige cette commune. Le seul endroit o le FN progresse

    rellement se trouve dans le bas-sin minier, autour dHnin-Beau-mont (Pas-de-Calais). Cest bienun oligopole droitier qui est entrain de natre au bnfice, pour lheure, de lUMP.

    Quelle est lampleur de la vic-toire de la droite ?

    Cest une victoire massive. Ellerevient au niveau qui tait le sienau milieu des annes 1990. Elle en-registre ce succs aprs un pre-mier tour qui tait plutt dcevantpour elle en termes de voix : elle avait fait autour de 36 % au pre-mier tour, au-dessus de 2011, quiavait t un fort mauvais cru pour elle, mais trs en dessous de lamoyenne quelle avait enregistre lors des cantonales depuis 1985.

    Nicolas Sarkozy a-t-il russi contenir le FN ?

    Non, car cela reviendrait direquil a fait baisser le nombre dlecteurs du FN. Or, celui-ci nen a jamais compt autant pour des dpartementales. On ne peut pasdire que M. Sarkozy a frein la pro-gression du FN, car, avec la cra-tion du ministre de limmigra-tion et de lidentit nationale , son discours de Grenoble en 2010 ou sa campagne de 2012, il en cr-dibilise les ides. En mme temps,

    il sape la crdibilit du FN commeparti de gouvernement en tablis-sant que seule lUMP peut gouver-ner des mairies, des dparte-ments, des rgions et le pays. On observe les effets de cette strat-gie dans le Var, le Vaucluse ou lAisne, o lUMP a bien rsist face au FN.

    Sa stratgie droite toute a-t-elle port ses fruits ?

    Aujourdhui, il y a une fusiontendancielle des lectorats de droite et dextrme droite, ainsiquune radicalisation parallle.Partant de ce constat, M. Sarkozy envoie tous les signaux pour que la porosit avre entre le FN etlUMP se fasse au bnfice de son parti et non au profit du FN.

    La question est de savoir quellesera la refondation idologique delUMP. M. Sarkozy va tre encou-rag poursuivre dans une strat-gie qui parie sur la fusion et la radi-calisation des lectorats de droite et dextrme droite. Une inconnuedemeure : le centre parviendra-t-il sautonomiser par rapport lUMP et prsentera-t-il un candi-dat au premier tour en 2017 ? Si cest le cas, cela peut hypothquer les chances de victoire de la droite la prsidentielle. p

    propos recueillis par al. le.

    Jean-Ren Lecerf, le tombeur du PS dans le NordLe snateur UMP devrait tre lu, jeudi 2 avril, prsident du conseil dpartemental. La gauche le dirigeait depuis 1998

    lille - correspondance

    D ix-sept ans quil usait lessiges de loppositiondans lhmicycle du con-seil gnral du Nord. A 63 ans,Jean-Ren Lecerf, qui est aussi s-nateur UMP, a la victoire teinte de modestie car, depuis 1998, il necomptait plus les soires de dfai-tes lectorales aux lections can-tonales : Depuis le temps que jecourais aprs ce dpartement, il fallait bien que je le rattrape un jour ou lautre ! , dit-il sous formede boutade.

    Accueilli dimanche 29 mars 22 h 20 par les applaudissements de centaines de militants UMP et UDI runis dans la salle du Gym-nase Lille, Jean-Ren Lecerf citeau micro le nom de quelques can-tons victorieux qui ont permis le basculement du dpartement droite. Armentires, Bailleul, Douai, Dunkerque-2, Fourmies, Lille-1, Maubeuge, Roubaix-1,Tourcoing-1 et 2, ValenciennesLUnion pour le Nord a remport 26 cantons sur les 41 en jeux.Aprs avoir perdu les villes de Tourcoing et Roubaix aux lec-tions municipales, en mars 2014, puis la communaut urbaine de Lille, le Parti socialiste essuie un nouveau revers. Seule poche dersistance, la ville de Lille intra-muros ralise de trs bons scores gauche.

    Grer autrement

    Lalternance nest pas un vne-ment historique, commente Jean-Ren Lecerf, conseiller gnral de-puis 1988. Cela apporte de loxy-gne, des ides nouvelles. Je serais heureux que Patrick Kanner reste ministre afin quil puisse contri-buer ouvrir des portes dans lint-rt des populations du Nord.

    Llu UMP tend la main tou-tes les bonnes volonts et in-siste : Je nai pas de revanche prendre, nous sommes l pourfaire en sorte que les gens croient nouveau en la politique. Ilcompte dailleurs faire du dpar-tement un laboratoire pour prou-

    ver aux habitants du Nord que lon peut grer autrement .

    Il a neuf mois avant les lectionsrgionales pour donner envie . Et lassure : On va se mettre au boulot tout de suite. Le bouche--oreille va fonctionner et les gens vont dire : On nest pas condamn vivre de lassistanat. Il ny a pas 30 % de fachos dans le Nord, mais des gens en dsespoir qui necroient plus en la politique.

    Le programme de Jean-Ren Le-cerf : restaurer une saine situa-tion financire. Avant de songer rpartir les richesses, il faut lescrer, aime-t-il rpter aux socia-listes qui craignent la remise en cause des politiques volontaris-tes. Il y a des politiques que je vaissupprimer mais surtout je vais g-rer autrement le RSA, laide sociale lenfance, etc. Je vais diminuer la masse salariale pour retrouver des marges financires et rtablir lin-vestissement. Et pour lutter con-tre le Front national, il comptefaire reculer la misre, le chmageet les discriminations.

    Mais avant cela, il lui faut formerune quipe. Avec 15 postes de vice-prsidents pourvoir au conseildpartemental, le bal des prten-dants a dj commenc. Le postede premier vice-prsident est dores et dj rserv Christian Poiret, lu sans tiquette, sym-bole de la lutte contre le chmage dans le Douaisis. Pour le reste, il va falloir composer entre les lus centristes et les lus UMP, toutes

    tendances confondues. Jean-RenLecerf, plus proche de Grard Lar-cher, Jean-Pierre Raffarin ou AlainJupp que de Laurent Wauquiez ou Eric Ciotti, nest pas un adepte de la droite dure. Il ironisaitdailleurs dimanche soir sur lesappels tlphoniques quotidiens de Nicolas Sarkozy depuis trois jours. Il y avait un moment quilne mavait pas appel. Je lui ai dit : Nicolas, le ni-ni, ce nest pas montruc. Cest un problme de cons-cience et dintime conviction.

    Ma spcificit

    Elu atypique, particulirementsensible la question carcrale, Jean-Ren Lecerf a toujours fait entendre sa diffrence au sein de sa famille politique. Il est ainsi le seul avoir soutenu la rforme pnale de la ministre de la justice Christiane Taubira. Aux lectionssnatoriales de septembre 2014, il navait pas t investi par lUMP, ce qui ne la pas empch de con-server son poste. Pour les dpar-tementales, lUMP a accept mon leadership, sans que les choses ne soient trop compliques, donc ils connaissent ma spcificit, ils lac-ceptent. Cest peut-tre la richesse dun mouvement politique que de constituer une forme de rassem-blement.

    Lapproche humaniste du futurprsident du conseil gnral du Nord est-elle compatible avec la jeune gnration reprsente par le dput et maire de Tourcoing Grald Darmanin, charg des lections lUMP ? Je nai pas limpression dtre moins rpubli-cain que Jean-Ren Lecerf quand jesuis sur la ligne du ni-ni, par exem-ple, rpond M. Darmanin. Et lide nest pas de remplacer les vieux pardes jeunes.

    Le snateur confirme quilamne une nouvelle gnrationpour les prochaines chanceslectorales : On a essay dasso-cier lexprience et la jeunesse pources dpartementales. Cela nous a pas mal russi. Je crois quon a fait du bon travail. p

    laurie moniez

    Depuis le temps

    que je courais

    aprs ce

    dpartement,

    il fallait bien

    que je le rattrape

    un jour

    ou lautre !

    JEAN-REN LECERF

    snateur UMP

    Le candidat victorieux de la droite, Alain Cadec, et le dput UMP, Marc Le Fur ( gauche), Saint-Brieuc,le 29 mars. ALAIN GUILHOT/

    DIVERGENCE

    POUR LE MONDE

    Des militantes UMPau sigedu parti, dimanche.JEAN-LUC LUYSSEN

    POUR LE MONDE

    Jean-Ren Lecerf (UMP), probable futur prsident du conseil dparte-mentaldu Nord Lille, dimanche 29 mars. JEAN-CLAUDE

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  • 4 | les lections dpartementales MARDI 31 MARS 20150123

    A Marseille, lUMP qui dtrne Jean-Nol GuriniAvec Martine Vassal, la droite remporte une victoire historique dans les Bouches-du-Rhne

    Martine Vassal, la fdration UMP des Bouches-du-Rhne, clbre sa victoire, dimanche 29 mars. FRANCE KEYSER/MYOP POUR LE MONDE

    marseille - correspondant

    Joyeux anniversaire, Mar-tine ! Dominique Tian, premier adjoint la mairie deMarseille, dput UMP etseul lu lui avoir jamais

    cd son mandat ctait en 2002,pour la faire entrer au conseil g-nral , lembrasse avec tendresse.Martine Vassal, 53 ans ce diman-che 29 mars, vient de raliser, la tte des binmes UMP-UDI, un exploit aussi historique quindit :donner la droite les commandesde lassemble dpartementale des Bouches-du-Rhne. Un fief de gauche depuis sa cration. Uneforteresse guriniste depuis 1998.

    Nous avons remport 16 can-tons sur 29. Nous avons donc 32 lus, soit la majorit absolue. Cest la fin de lre Gurini ! , tonne-t-elle, deux heures aprs la clture des bureaux Marseille, entoure dArlette Fructus, la patronne delUDI locale, et de Bruno Gilles, se-crtaire dpartemental de lUMP. Emue et visiblement puise, Martine Vassal tient mettre fin un suspens que seuls les derniers partisans du prsident sortant, Jean-Nol Gurini, entretiennent depuis leur fiasco du premier tour.

    Un changement de mentalit

    Dans les locaux bonds de la fd-ration UMP des Bouches-du-Rhne, lintervention dclenche une ovation. Des cris, puis un inat-tendu Joyeux anniversaire ! , re-pris en chur par les militants. Martine, on ladore , senflammela conseillre municipale UMP Ca-therine Chantelot, supplante sur le canton Marseille-11. Je vous donne rendez-vous jeudi , lche Martine en tentant de quitter lafdration. Jeudi 2 avril, date de llection la prsidence de las-semble dpartementale. Une conscration quelle considre comme acquise : Lalternance est en marche, nous sommes majori-taires en conseillers dpartemen-taux, insiste-t-elle. Ce sera un chan-gement de mentalit pour les Bou-ches-du-Rhne, une volont de transparence l o il y avait du clientlisme.

    Femme, Marseillaise, issue desquartiers bourgeois de la ville-cen-tre et partisane de la trs dcrie mtropole Aix-Marseille Mme aux yeux de son propre camp, Martine Vassal ne semblait pas la candidate idale pour partir la conqute du dpartement. Cest celle quon a choisie , bougonnait Jean-Claude Gaudin quand on lui demandait son avis sur la dsigna-tion de cette quinqua lgante et accessible, sans mandat national et propulse l dans son pre-mier grand combat politique.

    Sur un territoire trs mditerra-nen, o le prsident sortant mi-naudait des ma candidate pourdsigner sa colistire, Mme Vassal

    savait quelle partait avec certains handicaps. Sans la loi sur la pa-rit, je naurais jamais eu les dl-gations que jai obtenues , expli-que-t-elle rgulirement. Durant la campagne de ces dpartemen-tales, Martine Vassal a maintenu lunion des droites, ralliant lUDI sa cause. Dans son canton Mar-seille-10, elle forme un binme victorieux avec le maire du 5e sec-teur, Lionel Royer-Perreaut, pro-che de Guy Teissier, le meilleur ri-val de Gaudin. Elle a surtout ba-taill ferme sur le double sujet pi-neux de la mtropole et des aides aux communes, fers de lance de lacampagne de son principal adver-saire. Sur la premire, llue mar-

    seillaise, souponne dhgmo-nie, a promis de laisser toute leurplace aux autres communes .Pour les secondes, elle a confirm

    quelle ne toucherait pas aux g-nreuses conventions de finance-ment signes par Jean-Nol Gu-rini. A limage de son mentor Jean-Claude Gaudin, Mme Vassal prfre les solutions ngocies aux af-frontements puisants .

    Face au Front national, qui nob-tient finalement quun seul can-ton Berre-lEtang tout en res-tant, en lecteurs, le premier partides Bouches-du-Rhne, MartineVassal a tenu un discours variable.Floue avant le premier tour pour mnager un ventuel accord degouvernance en cas de majoritrelative, elle sest aligne sur le ni-ni entre les deux tours. Notre ennemi est le Front natio-

    nal, mais il ne faut pas oublier quici les candidats socialistes sontgurinistes , justifie-t-elle alors.

    Dimanche, en laissant se mainte-nir un binme UMP-UDI dans la triangulaire de Berre, Mme Vassal a directement aid llection des deux seuls conseillers dparte-mentaux frontistes et plomb un peu plus les allis de M. Gurini.

    Entre en politique en 2001, lorsde la deuxime campagne victo-rieuse du snateur et maire de Marseille, cette ancienne chef dentreprise, active dans les orga-nisations patronales, a grandi lombre protectrice de Jean-ClaudeGaudin. En 2013, elle faisait partie de ceux du premier cercle, qui ont convaincu le vieux leader UMP, quelle appelle toujours respec-tueusement M. le Maire , de rempiler pour un quatrime man-dat Aprs la victoire, elle est deve-nue la numro trois dans lorgani-gramme municipal, adjointe char-ge des relations internationales.

    Seule ombre au tableau pourMme Vassal, lapparition de son nom dans le rapport de la Cour des comptes sur les marchs dat-tribution de leau par la commu-naut urbaine Marseille ProvenceMtropole. Les juges financiers sinterrogent sur un potentiel conflit dintrts. Alors quune en-qute prliminaire a t ouvertele 12 janvier par le parquet natio-nal financier, la future prsidente du dpartement des Bouches-du-Rhne sest dclare sereine : Ce sont les services de Marseille Provence Mtropole qui ont menlanalyse, et nous avons suivi leurs prconisations , a-t-elle expliqu alors. p

    gilles rof

    Face au FN,

    qui nobtient

    quun canton,

    Martine Vassal

    a tenu

    un discours

    variable

    Sans la loi

    sur la parit,

    je naurais

    jamais eu

    les dlgations

    que jai

    obtenues

    MARTINE VASSAL

    lue UMP

    Entre Nicolas Sarkozy et Franois Hollande,les ressorts dun inpuisable combatLe scnario dun duel entre les deux hommes en 2017 se fait de plus en plus probable

    ANALYSE

    B rusquement, la probabilitdu match retour : NicolasSarkozy contre FranoisHollande. Lancien prsident de laRpublique contre lactuel ! Jus-qu prsent, rien ntait tabli, tant latterrissage de lex latte de lUMP paraissait acrobati-que. Dsormais, le scnario prend de la consistance, et avec quel mi-mtisme ! Cest en surfant sur la vague rose des lections cantona-les de 2011 que Franois Hollande, encore mal assur parmi les siens,avait affermi sa candidature la primaire socialiste et entam samarche victorieuse contre NicolasSarkozy en 2012. Quatre ans plus tard, cest en surfant sur la vague bleue des lections dpartemen-tales que Nicolas Sarkozy affirme son leadership sur une droite qui ne voulait pas de lui, avec pour ambition de bouter Franois Hol-lande hors de lElyse en 2017.

    La roue tourne

    Qui, dimanche 29 mars au soir, pouvait, dans le camp du prsi-dent de lUMP, contester la victoiresans paratre mauvais joueur ? La roue tourne, et tout est pareil, maisen strictement invers : en 2011,

    un Franois Hollande lhumour particulirement corrosif mo-quait lors de ses dplacements les candidats sans tiquette de la droite : partout o il se dplaait, ilnen trouvait pas un qui osait se re-vendiquer UMP, tant Nicolas Sarkozy tait alors impopulaire et tant son bilan tait contest.

    Quatre ans plus tard, un NicolasSarkozy particulirement offensif pointe avec gourmandise le d-saveu sans appel dont souffre lactuel chef de lEtat. Quand Fran-ois Hollande clamait Le change-ment, cest maintenant ! , lui sex-clame : Lalternance est en mar-che, rien ne larrtera. Ces deux-l ont beau tre ennemis, ils connais-sent par cur les ressorts du jeu politique. Depuis le premier jour de son exil forc, Nicolas Sarkozy rve dune revanche sur Franois Hollande. Depuis le premier jour de son quinquennat, Franois Hol-lande veut Nicolas Sarkozy comme adversaire. Il le connat si bien. Dimanche, ladversaire sest donc remis en selle, en mar-quant un point que lexcutif, beaujoueur, na pas cherch nier. Ce soir, la droite rpublicaine rem-porte les lections dpartementa-les, cest incontestable , a demblereconnu Manuel Valls. En retour,

    Pour esprer

    se faire rlire,

    le prsident

    a absolument

    besoin davoir

    face lui le

    Sarkozy de 2012

    Nicolas Sarkozy sest gard de fan-faronner, mettant au premier planlunit de son camp, comme lavaitfait Franois Hollande en 2011.

    Bataille subtile

    Les deux hommes ont appris lun de lautre, ce qui rend la bataille de2017 plus subtile quil ny parat.Pour esprer se faire rlire dans deux ans, alors que les bastions socialistes seffondrent les uns aprs les autres, Franois Hol-lande a absolument besoin davoir face lui le NicolasSarkozy de 2012, que la gauche etle centre ont copieusement d-test : droitis, buissonis , in-capable de rsister aux sirnes le-pnistes. Cest cette condition quil peut esprer rassembler encontre une gauche qui le boude, le

    fuit, ne le comprend plus. Doson message optimiste sur le re-tour imminent de la croissance, son combat contre les dclinistes de tout poil, sa volont affirme dapaisement qui parat telle-ment contre-courant mais est safaon lui dnerver ladversaire.

    Franois Hollande nest plusen 2015. Il est dj dans le match de 2017. Et Nicolas Sarkozy, qui bout intrieurement de le voir abmer le pays par procrastina-tion avance, se surveille commele lait sur le feu : surtout ne pas perdre ses nerfs, rester calme, mo-deste, centr, ne pas braquer le centre, ne pas donner lavantage au sage Jupp, ne pas ressouder contre lui la cohorte des anti-Sarkozy. Et pourtant, la droite se radicalise, la droite radicalise d-teste Franois Hollande, le prsi-dent de lUMP doit lui donner des gages. Il doit aussi trouver le moyen de contenir lexpansion-nisme de Marine Le Pen, qui na ja-mais t aussi puissante, au point de menacer lunit du parti quil prside. Nicolas Sarkozy a beau saffirmer, le combat est loin dtre pli. Cest pourquoi FranoisHollande le veut comme adver-saire. Il ne veut mme que lui. p

    franoise fressoz

    LHISTOIRE DU JOUR En Corrze, la droite referme la parenthse Hollande

    L a Corrze a chut lourdement, dimanche soir, et le bruitde la dfaite dans le dpartement du prsident de la R-publique prend une rsonance particulire. Aprs lavoiremport par une voix davance en 2008, puis stre maintenude justesse en 2011, Franois Hollande sy tait rsolu. Mais ilnavait pas escompt tel cart. Ses amis, sur place, ne conser-vent que six cantons. Il ny aura donc que douze conseillers PS lhtel Marbot de Tulle, sige de la future assemble, contre vingt-six pour la droite, qui sempare de treize cantons.

    Cen est donc fini de lre Hollande, ou plutt de la parenthse,dans un dpartement o la droite a longtemps exerc le mono-

    pole du pouvoir, depuis llection deJacques Chirac la prsidence en 1970.Celle-ci avait dj empoch qua-tre cantons au premier tour. Cest Pas-cal Coste, syndicaliste agricole, qui de-vrait tre le prochain prsident du fu-tur excutif. La Corrze a comprisquil ne fallait plus tout attendre dunprsident providentiel , indiquait di-manche soir M. Coste, qui a men une

    campagne centre sur le bilan national et local de M. Hollande.Le chef de lEtat savait laffaire mathmatique : Si le report des

    voix de gauche est imparfait, sil nest pas mcanique, la gauche nepeut pas gagner , confiait-il en priv. Les responsables socialis-tes locaux nont pu que constater, dimanche, ce mauvais report.Dans un dpartement historiquement marqu par lalliance lectorale entre PS et PCF, ce dernier avait pris le parti de propo-ser une offre concurrente, en association avec le Parti de gauche,EELV, le NPA et Nouvelle Donne. Elle a cot cher au PS commeau PCF, qui naura plus dlus dans la future assemble. Il y a tou-jours Bernadette Chirac, en revanche. Quoique lue simple con-seillre supplante Brive-la-Gaillarde, celle-ci, 81 ans, sest r-jouie que la Corrze renoue avec llan quelle avait du temps o[s]on mari tait prsident de la Rpublique franaise, deux foiscomme vous savez, et dput de la Corrze . p

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  • 6 | les lections dpartementales MARDI 31 MARS 20150123

    Cest une dfaite danslaquelle chacun auPS voit la victoire deses analyses. Tous

    gagnants car tous perdants, en somme. Au lendemain de sa quatrime gifle lectorale en un an, qui a vu la gauche perdre 28 d-partements, les positions des uns et des autres au sein de la majoritsemblent plus que jamais figes.Manuel Valls en premier lieu, qui, ds 20 heures, dimanche 29 mars,a imput le net recul de la gau-che au fait quelle tait trop dis-perse . Pas question pour le pre-mier ministre de lattribuer un quelconque rejet par les Franais de la politique de son gouvernement.

    Certes, M. Valls dit avoir en-tendu la colre et les atten-tes de ses concitoyens, mais cestpour mieux acclrer encore le rythme des rformes, selon lui. Lechef du gouvernement sest beaucoup impliqu dans la campagne, enchanant prs dune dizaine de meetings en deux semaines et autant de dplacements sur le ter-rain. La victoire de lUMP, quil areconnue lui-mme comme in-contestable , y compris dans son fief de lEssonne, nest pas pourautant un dsaveu de son engage-ment ni de sa personne. Au con-traire, sa stigmatisation cons-tante du Front national a permis selon lui que lextrme droite ne remporte aucun dpartement. Les appels la mobilisation r-publicaine ont t entendus , a-t-il dclar dimanche soir.

    A lElyse, on considre gale-ment que cette claque lectoraledoit surtout inciter ne pas bou-ger. Nous sentons un frmisse-ment de lactivit conomique, mme si les rsultats ne sont pasperceptibles et tangibles pour nosconcitoyens, explique-t-on. Lecompte ny est pas encore. Cela ex-plique certainement que notre lectorat ne se soit pas assez mobi-lis. Mais Franois Hollande, quia lui aussi subi un lourd reversavec le basculement droite de son dpartement de la Corrze, neveut pas dvier de sa trajectoire. La rponse pour nous est sur le

    fond, dans laction. Le cap sera maintenu , explique lquipe du prsident, avant de concder tout de mme qu il y a des domaines dans lesquels il faut acclrer .

    Le chef de lEtat devrait ainsi an-noncer une mesure facilitant lin-vestissement, vendredi 3 avril, loccasion dun dplacement surle terrain conomique : un dispo-sitif dordre rglementaire et fis-cal afin que les entreprises pri-ves qui ont reconstitu leurs mar-ges acclrent leur projet dinves-tissement . Pour donner un tour plus social aux semaines quisouvrent, le gouvernement de-vrait galement faire des annon-ces en matire de lutte contre lesinjustices et ingalits , notam-ment concernant la fusion prime pour lemploi-RSA. Cela ne vapas assez vite, il faut acclrer, con-solider le dispositif et le renforcer pour que les gens aient le senti-ment quon lutte contre les injusti-ces en insistant sur la valorisation du travail , dit-on lElyse.

    Impatience

    Mais ces concessions ne doivent pas donner limpression que lexcutif donne quelque crditque ce soit aux revendications desfrondeurs socialistes. Jai du mal suivre leur raisonnement, note dailleurs un conseiller de M. Hol-lande. Linterprtation du scrutin, cest une impatience sur les rsul-tats, pas une demande de change-ment de cap.

    Ces petits ajustements ne suffi-ront pas attnuer les critiques la gauche du PS. Les frondeurs, ve-nus en nombre au bureau natio-nal du parti dimanche en dbutde soire, ont bien lintention de se faire entendre. Ces socialistes hostiles aux choix conomiquesdu gouvernement ont lanc un

    appel pour proposer un nouveau contrat de rassemblement de toute la gauche . Dans ce docu-ment qui ressemble un pro-gramme de rformes, ils deman-dent notamment un soutien massif et cibl linvestissement priv et public , une nouvelle r-forme bancaire, un arrt de labaisse des dotations aux collecti-vits locales et une rorientation de lEurope.

    Eux aussi voient dans la droutedpartementale la validation de leur dmarche. A ne rien chan-ger, on sous-estimerait le choc po-litique de ces lections , expliquele dput de la Nivre ChristianPaul. Cette position est partagepar certains ministres au gouver-nement, qui stonnent de la rigi-dit de lexcutif. On a beau dire quon ne va rien changer, ce nestpas comme cela que a marche,confie lun dentre eux. Quand on prend claque sur claque, scrutin aprs scrutin, il y a bien un mo-ment o il faudra quon change.

    Runions au sommet

    Martine Aubry, qui na pu que d-plorer la perte du dpartement duNord, dj acte aprs le premier tour, ne dit pas autre chose quandelle appelle le pouvoir faire lanalyse de ce vote de protesta-tion par rapport la politique na-tionale . Pour la maire de Lille, le rassemblement ne peut se faire sans une inflexion de la ligne poli-tique et une rflexion sur des me-sures en faveur de lgalit des chances . On ne peut pas se ru-nir si lon nest pas daccord sur lefond , prvient-elle en direction

    de Franois Hollande et Manuel Valls.

    Au milieu de ces deux blocsdont les analyses semblent diffici-lement conciliables, Jean-Christo-phe Cambadlis tente de lou-voyer, en minimisant tout dabord la dfaite, qui nest pas une dbcle , et en appelant lex-cutif mener la bataille de lin-vestissement et la lutte contre les ingalits . Mais surtout en plai-dant pour lunion avec les parte-naires cologistes et communis-tes. Le premier secrtaire du PS, qui devait rencontrer ds lundiaprs midi lensemble de ltat-major dEurope Ecologie - Les Verts, a propos des runions ausommet tous les partenaires de la gauche.

    Alors que le PS entre dans la der-nire ligne droite de la prpara-tion de son congrs, en juin, Poi-tiers, le patron de la Rue de Solf-rino espre lemporter en premptant la figure du rassem-bleur avec son comparse Claude Bartolone, qui rve, lui, de Mati-gnon aprs avoir russi conser-ver son fief de la Seine-Saint-De-nis. Le rassemblement marchelorsquil nest pas fait la dernire minute et lorsquil nest pas le rsul-tat dun calcul stratgique, maisquil est fait pour soutenir un projetcette fois dpartemental, puis r-gional et national , estime le pr-sident de lAssemble nationale. p

    bastien bonnefous,

    nicolas chapuis

    et david revault dallonnes

    Ds 20 heures, dimanche 29 mars, le premier ministre Manuel Valls a imput le net recul de la gauche la dispersion de ses forces. PHILIPPE WOJAZER/REUTERS

    On ne peut pas

    se runir si lon

    nest pas daccord

    sur le fond

    MARTINE AUBRY

    maire de Lille

    Malgr la dfaite, lexcutif ne veut pas dvier de sa trajectoireDs lannonce des rsultats, Martine Aubry et les frondeurs ont fait entendre leurs critiques

    VERBATIM

    Cest la troisime dfaitedampleur conscutive. Il ne

    faut pas la minimiser ou la relati-viser. Pourtant, le message en-voy est : On a perdu, mais on va continuer comme avant. Cette obstination poursuivre une politique qui ne produit pas de rsultats et qui ne convainc mme pas dans notre propre camp me parat au mieux na-vrante, au pire irresponsable. Manuel Valls est dans le dni quand il affirme que les indica-teurs sont au vert et que la situa-tion repart. Il faut faire preuve de lucidit et avoir lintelligence de changer de politique. Il faut sor-tir de la logique dans laquelle est le gouvernement, une logique de drgulation, de drglementa-tion, qui appauvrit les salaris.

    Emmanuel Maurel, conseiller r-gional dIle-de-France et leader de laile gauche du PS, interrog par Le Monde.

    Les ministres candidats ont t rlus

    Les trois membres du gouvernement candidats aux lections d-partementales ont tous t rlus dimanche 29 mars. Dans lIsre, le binme du secrtaire dEtat la rforme territoriale, An-dr Vallini, a remport le canton de Tullins avec 64,67 % des voix, face au Front national. Toutefois, la victoire de lancien prsident du conseil gnral (2001-2014) na pas permis lIsre de rester gauche. Dans le Nord, Patrick Kanner, ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, a lui aussi t rlu dans le cinquime canton de Lille, avec 59,65 % des suffrages. Mais cela na pas em-pch la dfaite annonce de la gauche dans ce dpartement quelle prsidait depuis 1998. Seule Sgolne Neuville, secrtaire dEtat charge des personnes handicapes, peut se rjouir de voir les socialistes, allis aux communistes, conserver le dparte-ment des Pyrnes-Orientales. Elle y a t rlue avec 51,10 % des suffrages lissue dune triangulaire.

    un jour dans le mondedu lundi au vendredi 18h20

    avec les chroniques

    dArnaud Leparmentier et Alain Frachonfranceinter.fr

    nicolasdemorandnationalL

    la loupe

  • 0123MARDI 31 MARS 2015 les lections dpartementales | 7

    Scrutin aprs scrutin, M. Hollande perd ce quil a gagnAprs les municipales en 2014, les dpartementales ont aggravla saigne. Et le scrutin rgional sannonce aussi dlicat

    Mme les Ctes-dArmor basculent droiteDans ce dpartement prsid par la gauche depuis 1976, la droite a remport 17 cantons sur 27

    saint-brieuc - envoy spcial

    L e bureau de Claudy Lebre-ton est parfaitement rang.Les souvenirs qua accumu-ls ce socialiste durant ses pres-que dix-huit annes de prsi-dence du conseil gnral des C-tes-dArmor sont dj dans des cartons entreposs dans la pice voisine. En ce matin du dimanche29 mars, il prouve presque un soulagement de quitter les lieux,mais espre encore que ce soit sonsuccesseur dsign, Vincent Le Meaux, qui prenne sa suite.

    Quand il se dplace dans ce bas-tion socialiste arrach la droiteen 1976, ce Sarthois venu en Bre-tagne pour tudier la kinsithra-pie se transforme en guide touris-tique. Il est fier de tout ce quil y a ralis. Alors, il fait des dtourspour montrer les traces de son ac-tion, comme le port de Saint-Brieuc, lun des trois ports [quil a] construits dans [sa] vie . Et quand il arrive en voiture Pl-ne-Jugon, la commune o il futlu maire en 1977, cest au ralenti : Cest moi qui ai fait cette rocade. La pharmacie aussi. Le btiment des sapeurs pompiers, cest unecontribution de mon mandat. Puis viennent les logements so-ciaux, la gendarmerie, la mairie, la mdiathque, lcole mater-nelle Tout a, je lai install avecmes relations.

    Claudy Lebreton est laise enpublic. Il adore a . Dimanche aprs-midi, dans son bureau devote, il salue tout le monde, trouve un mot pour chacun, cher-che un souvenir commun aveccertains. Beaucoup de personnes ges stonnent quil ne soit pas candidat cette fois-ci. Il leur r-pond avec humour : a y est, moi aussi, jarrive enfin la re-traite. Il faut savoir sarrter.

    Une triste fin

    Mais dimanche soir, de retour dans son bureau, projections en main, Claudy Lebreton a renfil son costume du conseiller gn-ral. Et sa mine enjoue laisse place, peu peu, un masque son-geur. Les rsultats lui arrivent. Ils sont de moins en moins bons. A18 heures, il veut encore croireque tout est possible . Il cherchedes signes interprter, des indi-cations, des choses significatives.Ses collaborateurs lui transmet-tent des informations de la pr-fecture, situe ltage infrieur. Ilcalcule. De toute faon, jeudi, jepars en cure de remise en forme la montagne ! , ironise-t-il.

    A 18 h 30, la participation estplus forte quau premier tour. A 19 heures, les estimations se prci-sent. Il reprend ses tableaux. ava peut-tre se jouer un sige. A20 heures, il ralise : Il faut vrai-ment un miracle pour que a reste

    gauche. Cest une triste fin de campagne. Je suis trs du , l-che-t-il, se consolant avec la vic-toire de la gauche dans son cantonde Plne-Jugon. Si on perd les Ctes-dArmor, a va tre dur pourles rgionales , se projette-t-il.

    Ses interventions face aux jour-nalistes sont de plus en plus acer-bes. Ses cibles de plus en plus prci-ses. Celui qui a ador Lionel Jospin pour sa capacit rassembler dplore les divisions actuelles. Et dexpliquer : Moi, javais une ma-jorit de gauche plurielle. Mais l, ctait impossible avec les Verts et leFront de gauche. () Le gouverne-ment de Manuel Valls doit sinterro-ger sur sa politique. Pas sur tout, mais sur la justice sociale, la sant ou le sentiment dabandon.

    La division de la gauche nest vi-siblement pas le seul problme decette lection pour la gauche cos-tarmoricaine. La droite a rem-port 17 cantons sur 27. Lun ses conseillers de M. Lebreton ne veutpas y croire : Le dpartement desCtes-dArmor nest pas rellement pass droite. Celle-ci a bnficidune vague nationale, mais lesCtes-dArmor sont toujours fon-damentalement gauche. On leverra aux rgionales.

    Les gagnants du jour ne font pasla mme analyse. A 20 h 30, Alain Cadec annonce la victoire de la droite et se dit surpris par son ampleur. Je gagne sur un canton

    [Plrin] quon jugeait impossible faire basculer il y a quelques an-nes, explique-t-il, mu. Cette vic-toire va se confirmer aux rgiona-les. Marc Le Fur [dput UMP] rem-portera ces lections.

    Le temps o Claudy Lebretontait imbattable est donc r-volu. Le temps o le FN tait inexistant lest aussi. La perce de lextrme droite est lautre indice de lvolution lectorale des C-tes-dArmor. Dans le canton de Broons, notamment, le FN a re-cueilli plus de 22 % des voix au se-cond tour.

    Claudy Lebreton a-t-il des re-grets ? Non , assure celui qui prpare sa transition depuis quilsest senti bless de ne pas avoir t prvenu de lintention du gou-vernement de supprimer les d-partements, alors quil tait prsi-dent de lAssemble des dparte-ments de France.

    Dimanche, 22 heures, M. Lebre-ton est parti discrtement pour sa-luer dans son canton la victoire de son successeur, Didier Yon, en pensant son avenir. Il aurait voulu siger au Snat, mais cela atoujours coinc en interne dans le parti , dit-il. Il souhaiterait dsor-mais raliser des missions pour le gouvernement ou construire un think tank, et, pourquoi pas, deve-nir chroniqueur la radio, pour parler de dmocratie locale. p

    philippe euzen

    La maire de Lille, Martine Aubry, et le ministre de la ville, Patrick Kanner (rlu dans son canton de Lille-5), dimanche 29 mars, la mairie de Lille. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/

    FRENCH-POLITICS

    POUR LE MONDE

    ANALYSE

    L e premier secrtaire avaittout gagn. Le prsident esten passe de tout perdre.Aprs des municipales dvastatri-ces, qui avaient laiss la gauche d-leste de quelque 150 villes de plusde 9 000 habitants en mars 2014, le second tour des lections dpar-tementales, avec 28 dpartementsperdus, dimanche 29 mars, a ag-grav la saigne, annonant un scrutin rgional du mme acabit. En dcembre, Franois Hollandepourrait bien avoir liquid la ma-jeure partie des positions de pou-voir tenues par la gauche dans les collectivits territoriales. Cest sur la conqute de celles-ci quil avaitdifi onze ans durant, la tte du PS, la rampe de lancement de ses ambitions prsidentielles.

    Depuis Franois Mitterrand, leslections intermdiaires ne sont ja-mais favorables au pouvoir en place, et Franois Hollande nestpas un cas particulier. Nicolas Sarkozy avait perdu les municipa-les, les cantonales par deux fois et les rgionales , se dfend-on lElyse. La grande diffrence avec ses prdcesseurs, toutefois, tient prcisment au fait que M. Hol-lande en personne, aux comman-

    des de la Rue de Solferino, les avaitalors toutes remportes, ou pres-que. Et quaucun candidat navait ce point construit dans lopposi-tion avant de dtruire, au pouvoir,ce quil avait faonn.

    Cest un classique, avait confiM. Hollande un proche aprs le premier tour. Chirac prsidentavait tout perdu, parce que javais tout gagn. Cest donc dsor-mais son tour. Mais laffaire d-passe, en ce qui le concerne, la loi dairain des alternances locales et des lections intermdiaires. Sous son rgne, la gauche avait remport 20 rgions sur 22 en 2004. Elle avait conserv ses bas-tions et mme enregistr une pro-gression notable aux municipalesde 2008. Et elle avait consolid son avance, avec 58 dpartementscontre 42 la droite, aux cantona-les de 2008 (Mayotte ntait pas

    Lui prsident,

    nombre des

    principaux fiefs

    dpartementaux

    du PS

    sont balays

    encore un dpartement). Un grand chelem lectoral qui avait permis au premier secrtaire du PS de faire fructifier son capital politique dans un parti dlus etde collaborateurs, aux yeux des-quels seule la victoire est belle.

    A la tte du parti, Franois Hol-lande avait arpent les Ftes de la rose, tiss ses rseaux dans les f-drations, soign les barons, dontil se disait que la prservation deleurs mandats locaux leur impor-tait davantage que la conqutedun pouvoir national qui, im-manquablement, leur coterait les leurs. Il y avait gagn le soutiende lappareil, au point de lempor-ter au soir des primaires, en octo-bre 2011.

    Symbole des symboles

    Lui prsident, nombre des princi-paux fiefs dpartementaux du PS sont balays : le Nord de Martine Aubry, la Seine-Maritime de Lau-rent Fabius, lEssonne de ManuelValls, les Bouches-du-Rhne, autant de fdrations historiques.Jusquau symbole des symboles, la chute de la Corrze, dont la con-qute en 2008 et la conservation en 2011 avaient contribu laconstruction de la lgitimit ducandidat Hollande.

    Si le prsident, par nature, nestpas homme mditer trop avant sur les phnomnes de grandeur et de dcadence, mais plutt ex-pliquer cette dernire par les vicis-situdes mcaniques de lexercice du pouvoir national, il na pas manqu de constater, en expert dela carte lectorale, la disparition dela gauche, en particulier dans le Var, les Alpes-Maritimes, la Haute-Savoie et lAlsace. Le PS a t cons-truit sur une base nationale. Il doit absolument se rinstaller dans ces dpartements-l. Cest une longue marche , a-t-il confi un visiteur.Sans doute pensait-il celle quil avait conduite la tte du PS, unepoque o celui-ci gagnait. p

    d. r. a.

    Prfecture de la SavoieAVIS DENQUETE PARCELLAIRE

    Travaux, ouvrages et amnagements entre Saint-Jean-de-Maurienne et la frontire franco-italienne dans le cadrede la nouvelle liaison ferroviaire Lyon-Turin.

    COMMUNES DE SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE, VILLARGONDRAN, SAINT-JULIEN-MONTDENIS,SAINT-MARTIN-LAPORTE, SAINT-MICHEL-DE-MAURIENNE, ORELLE, SAINT-ANDRE, MODANE, VIL-

    LARODIN-BOURGET, AVRIEUX, AUSSOIS et BRAMANS

    Le Prfet informe le public de louverture, par arrt prfectoral du 28 janvier 2015, dune enqute parcellaire en vue delacquisition des immeubles ncessaires la ralisation du projet susvis.

    Cette enqute se droulera en mairies de SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE, VILLARGONDRAN, SAINT-JULIEN-MON-TDENIS, SAINT- MARTIN-LA-PORTE, SAINT-MICHEL-DE-MAURIENNE, ORELLE, SAINT-ANDRE, MODANE,VILLARODIN-BOURGET, AVRIEUX, AUSSOIS et BRAMANS pendant une dure de 24 jours, soit du mardi 7 avril2015 au jeudi 30 avril 2015 inclus.

    Pendant cette priode, les pices du dossier ainsi que le registre denqute parcellaire, feuillets non mobiles cts etparaphs par le maire, seront dposs en mairies de SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE, VILLARGONDRAN, SAINT-JU-LIEN-MONTDENIS, SAINT-MARTIN-LA-PORTE, SAINT-MICHEL-DE-MAURIENNE, ORELLE, SAINT-ANDRE,MODANE, VILLARODIN-BOURGET, AVRIEUX, AUSSOIS et BRAMANS ain que chacun puisse en prendre connais-sance dans les conditions suivantes :

    Dans les mmes dlais, jours et horaires, les observations sur les limites des biens exproprier seront consignes par les in-tresss sur le registre denqute parcellaire. Durant cette priode, elles pourront aussi tre adresses par correspondance aumaire de la commune concerne, qui les joindra au registre. Dans le mme dlai, elles pourront aussi tre adresses par cor-respondance au prsident de la commission denqute au sige de lenqute en mairie de SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE.

    La commission denqute est compose comme suit :Prsident : M. Christian DELETANG, ingnieur chimiste retraitMembres titulaires : M. Guy GASTALDI, ingnieur, ancien chef du dpt ptrolier de Chignin, retrait et M. Ren BOITIE,directeur administratif en retraiteMembre supplant : M. Grard PATRIS, oficier suprieur de la gendarmerie en retraite.

    Notiication individuelle du dpt du dossier en mairies de SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE, VILLARGONDRAN,SAINT-JULIEN-MONTDENIS, SAINT-MARTIN-LA-PORTE, SAINT-MICHEL-DE-MAURIENNE, ORELLE, SAINT-ANDRE, MODANE,VILLARODINBOURGET,AVRIEUX,AUSSOIS et BRAMANS est faite par lexpropriant, par lettrerecommande avec demande davis de rception, aux propritaires concerns, lorsque leur domicile est connu daprs lesrenseignements recueillis par lexpropriant ou leurs mandataires, grants, administrateurs, ou syndics. En cas de domicileinconnu, la notiication sera faite en double copie au maire concerne, qui en fera aficher une et, le cas chant, aux loca-taires et aux preneurs bail rural.

    Les propritaires auxquels notiication est faite par lexpropriant du dpt du dossier la mairie seront tenus de fournir lesindications relatives leur identit ou, dfaut, de donner tous renseignements en leur possession sur lidentit du ou despropritaires actuels.

    A lexpiration du dlai denqute, les registres denqute seront clos et signs par chaque maire concern et transmis dansles 24h, avec le dossier denqute, au prsident de la commission denqute. Le prsident de la commission denqutetransmettra le dossier et les registres, assortis du procs-verbal et de son avis, au Prfet de la Savoie dans le dlai maximumdun mois.

    SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE :Les lundis, mardis, mercredis, jeudis et vendredis de8h30 12h et de 13h30 17h30 et les samedis de 9h 12h

    SAINT-ANDRE :Les lundis et mardis de 13h30 18h, les vendredis de13h30 17h

    SAINT-JULIEN-MONTDENIS :Les lundis, mardis, jeudis et vendredis de 8h 12h et de13h30 17h30, les mercredis de 13h30 17h30 et lessamedis de 10h 12h

    VILLARODIN-BOURGET :Les lundis, mardis, et jeudis de 8h 12h et de 13h30 17h30les mercredis et vendredis de 8h 12h

    SAINT-MICHEL-DE-MAURIENNE :Les lundis, mardis, mercredis, jeudis et vendredis de 8h 12h et de 13h30 17h, les samedis de 8h30 12h

    BRAMANS :Les lundis, mardis, jeudis et vendredis de 11h 12h etde 16h 17h30

    ORELLE :Les lundis, mardis, mercredis, jeudis et vendredis de14h 17h

    AUSSOIS :Les lundis, mardis, mercredis, jeudis et vendredis de14h 17h

    SAINT-MARTIN-LA-PORTE :Les lundis et jeudis de 8h 12h et de 13h30 17h30, lesmardis et mercredis de 8h 12h, les vendredis de Sh 12h et de 13h30 16h30

    MODANE :Les lundis, mardis, mercredis et jeudis de 9h 12h etde 13h30 17h, les vendredis de 9h 12h et de 13h30 16h30 et les samedis de 9h 12h

    VILLARGONDRAN :Les lundis de 14h 18h, les mercredis et les vendredisde 8h 11h30

    AVRIEUX :Les lundis et mardis de 13h30 18h, les mercredis,jeudis et vendredis de 8h30 12h

    le Prfet de la Savoie,Sign: Eric Jalon

    APPEL DOFFRES - AVIS DENQUETE

    01.49.04.01.85 - [email protected]

    Par arrt dinitif en date du 9 dcembre 2013, la Cour dappel de Paris adclar la SAS FREE non coupable de dlits de tromperie par personnemorale sur la nature, la qualit ou lorigine dune prestation de service etpublicit mensongre ou de nature induire en erreur, pour lanne 2007et la renvoy des ins de la poursuite de ces chefs. La Cour a toutefoisconirm le jugement rendu le 7 fvrier 2012 qui la dclar coupablepour les faits commis en 2006 et la condamne une amende de 150.000euros ainsi qu la publication dun communiqu dans les journaux Lib-ration, Le Parisien et le Journal du Dimanche et, au titre de laction civile, lindemnisation de lUFC Que Choisir 40.000 de dommages etintrts, 5.000 de frais irrptibles et la publication dans le journal LeMonde et sur son site internet.

    PUBLICATIONS JUDICIAIRES

    01.49.04.01.85 - [email protected]

  • 8 | les lections dpartementales MARDI 31 MARS 20150123

    Val-de-Marne : les communistes conservent un dernier bastionLa droite na pas russi conqurir ce dpartement de la petite couronne parisienne, acquis la gauche depuis 1976

    A lhtel de ville de Cham-pigny-sur-Marne (Val-de-Marne), les mines sontgraves. Dans le fief de Christian Favier (PCF), prsident dparte-mental sortant, la crainte dunepossible dfaite se lit sur les visa-ges. Ce sera trs serr. Llection va se jouer de quelques voix. Qua-tre ou cinq cantons vont faire la diffrence , annonce gravementle maire de la ville, Dominique Adenot (PCF).

    Aprs le dpouillement, les gensaffluent. Petit petit, la victoire deChristian Favier (PCF), le prsi-dent du conseil gnral sortant, sur son rival Laurent Jeanne (UMP) se dessine dans un des deux cantons de Champigny-sur-Marne. Tous les bureaux de vote nont pas encore t dpouills, mais les visages se librent dans lafoule. Quinze minutes plus tard,le murmure qui annonce la vic-toire du prsident dpartemental sortant dans son canton se trans-forme en cris de joie et en fran-ches accolades. Christian Favier lemporte avec 51,8 % des voix.

    Dans la foule, alors que certainsse cachent pour essuyer quelques larmes quand dautres hurlent leur

    joie au tlphone, le prsident arrive. Faisant taire les On a ga-gn ! , il harangue la foule : Cest une belle victoire dans un canton trs disput. Le Val-de-Marne res-tera une terre de solidarit, de d-mocratie, mais aussi une terre de r-sistance. Son visage lair sou-lag aprs une campagne violente, comme sil savait sa victoire ac-quise. Puis le rsultat tombe : le Val-de-Marne est le dernier bas-tion communiste de France. Qua-torze cantons sur 25 sont gagns par la gauche, et aucun natterrit entre les mains du Front national.

    Dfaite amre

    Cest une grande satisfactiondans un contexte national compli-qu. Cest un signe fort envoy par les lecteurs, cela valorise notre travail , affirme le snateur du Val-de-Marne. Cest la victoire durassemblement de toute la gauche [le Front de gauche tait alli avec le PS et EELV au second tour]. Len-jeu tait dobtenir une large majo-rit de gauche. Avec 14 cantons remports, cest une victoire nette , tmoigne Jeannick Le La-gadec (Parti de gauche), le binmede Christian Favier, qui assurera

    son premier mandat en tant queconseillre dpartementale.

    Alors que le champagne coule flots lhtel de ville, un peu plus loin, la permanence de lUMP, lambiance est tout autre. Confin dans son bureau, Laurent Jeanne, le candidat malheureux, semble abasourdi : Je suis du, parce quectait jouable, mais cest un chec majeur pour M. Favier, qui ne ga-gne quavec 51 % des voix , affirme-t-il avant de dnoncer les chquesimaginaires promis par le candi-dat communiste aux lecteurs.

    Il dnonce galement des prati-ques illgales de son adversairedurant la campagne et a dj saisi le prfet et la commission des comptes de campagne vendredi 27 mars. Ici, la dfaite est amre, et on accuse facilement le redcou-page des cantons davoir donn la victoire aux communistes.

    Quoi quil en soit, les nouveauxlus devront au plus vite prendre leurs marques, puisque llection du prsident du conseil dparte-mental, aura lieu jeudi 2 avril 9 h 30. Loccasion pour Christian Favier de prolonger son rgne sur le Val-de-Marne. p

    yohan blavignat

    LHISTOIRE DU JOUREn Lozre, la communede Chirac fatale la droite

    S ymbolique jusquau bout, lHistoire re-tiendra que la gauche a ravi la Lozregrce notamment sa victoire dans lecanton de la commune de Chirac. La conso-lation est maigre, certes, mais les socialistes ont au moins un motif de satisfaction aprs leur trs difficile second tour des lections dudimanche 29 mars : la Lozre est le seul d-partement de France mtropolitaine quilsont russi prendre la droite, qui le dirigeaitpourtant depuis laprs-guerre.

    Cest historique ! Cela nestait jamais produit, maisce nest pas le fruit du ha-sard. Cest le fruit de trente-cinq ans de travail de la gau-che, de nous et de nos prd-cesseurs , sest exclam di-manche soir le snateur etmaire divers gauche deMende, Alain Bertrand.

    Les socialistes et leurs al-lis se sont imposs de jus-tesse dans sept cantons sur

    treize, dans un scrutin dont lenjeu tait rest avant tout local, contrairement au ton gnralde la campagne dans le reste du pays. Diman-che, M. Bertrand a justement dplor que trop souvent, le PS na [it] pas su se remettre en question au niveau national. La Lozre,on lavait vue venir, mais cest un long mouve-ment, avec un travail de fond dune petitequipe. Comme dit Alain Bertrand : On est un peu lent en Lozre, on fait comme vous, mais quinze ans aprs , confie Christophe Borgel, secrtaire national aux lections du PS.

    Pour la droite locale, la victoire de la gauchesexplique en grande partie par le redcou-page des cantons du dpartement, qui lui aurait t nettement plus favorable. En pas-sant de vingt-cinq treize cantons, la rformeterritoriale de 2013 a modifi le rapport deforce entre le nord du dpartement, o ladroite tait fortement installe, et le sud, plus marqu gauche. A larrive, les binmes so-cialistes, divers gauche et union de la gauchelemportent, alors que lensemble UMP, diversdroite et union de la droite comptabilise prs de 60 % des suffrages exprims.

    Par ailleurs, depuis une dizaine dannes, laLozre a connu une modification de sa popu-lation. Selon une tude de lInsee publieen 2012, le dpartement a vu larrive de quel-que dix mille nouveaux rsidents depuis 2003. Des arrivants gnralement plus jeunes 37 ans de moyenne dge contre 46 ans pourle reste de la population et sociologique-ment plutt de gauche une forte majorittravaille dans la fonction publique. Un renou-vellement des habitants qui peut avoir eu uneinfluence dans les urnes, alors que le Front na-tional avait ralis un score assez faible au premier tour, dpassant peine les 10 %.

    Guylne Pantel, lue socialiste Florac, etson camarade Laurent Suau, lu Mende-Nord, sont les favoris pour prendre la prsi-dence du prochain conseil dpartemental jeudi 2 avril. Le prsident sortant, lUMP Jean-Paul Pourquier, conserve son sige dans la fu-ture assemble. Il est lun des rares responsa-bles de la droite lozrienne rester en place. p

    bastien bonnefous

    CEST HISTORIQUE ! MAIS CE NEST PAS LE FRUIT DU HASARD ALAIN BERTRAND

    snateur et mairedivers gauche de Mende

    lens, carvin (pas-de-calais) -

    envoy spcial

    Comme plus de la moitides lecteurs du Pas-de-Calais, Monique na pascru ncessaire daller

    voter, dimanche 29 mars, lors dusecond tour des dpartementales.Elle est reste chez elle, et chez elle, cest son ancien bar, Carvin, comme elle lexplique avec un sa-pristi daccent chti. Elle avaitachet le fonds en 1989, un an avant larrt de la dernire mine de charbon dans le dpartement, Oignies, ct. Elle a ferm soncaboulot en 2007. Les affaires,dans les derniers temps, a pi-quait du nez . Ne venaient que des habitus, des copains , qui lui ont laiss des tonnes de souve-nirs et pas mal dardoises. Quand je les croise, ils me disent :On te paiera. Mais ils ne le font pas. Monique est reste l o elle a vcu tant de bons moments avec son dfunt mari. Elle a ins-tall le canap de son salon au pied du bar et pos une tlvision allume en permanence.

    La Voix du Nord trane sur lecomptoir. Chaque jour, la lectrice lude les colonnes politiques. A 70ans, on ne la lui fait plus, Moni-que. Elle ne sait mme pas o estsa carte dlecteur. a sert quoi de voter ? Cest tout pareil, mme leFN. Ce parti ne lui fait ni peur ni envie. Elle sait quils sont dsor-mais installs dans la mairie voi-sine, Hnin-Beaumont, maissans plus sintresser ce quils y fabriquent. Alors, les rsultats de ce dimanche soir, les six cantons remports par des binmes du Front national dans le Pas-de-Ca-lais, Monique, comme donc la moiti des putatifs lecteurs du coin, a ne lui a pas fait grand effet.

    Daniel Maciejasz, candidat so-cialiste du canton de Carvin, sait bien ce dsintrt, ce sentimentde boxer des ombres ou le vide. Voil des annes quil voit le FN progresser sur fond dindiff-rence. Il y a un an, jai t rlu maire avec 82 % des voix au pre-mier tour. Un sur deux de mes lec-teurs a vot contre moi cette fois. Ilssont des milliers sur ma commune

    voter FN, et pourtant, je ne crois pas en connatre deux. Avec sa colistire, Patricia Rousseau, Da-niel Maciejasz a tenu le choc et battu le binme du Front national,mais de justesse. A Carvin mme,17 000 habitants, le FN est arriv en tte. Bientt, nous serons lamairie , lanait comme une bra-vade une militante frontiste aux sympathisants socialistes runisdans la salle des ftes.

    Apathie

    A Lens, le binme du FN (Ariane Blomme-Hugues Sion) sest im-pos, de 133 voix. Quand un homme en costume de deuil a an-nonc le rsultat, un silence s-pulcral sest abattu sur la salle des mariages. Il a t seulement trou

    par un yes moiti touff quia fait aussitt se tourner tous les regards. Jai le cur bris. A Lens, le Front national , bredouillaitCcile Bourdon, 44 ans, vice-prsi-dente du conseil rgional. On ne sait ce qui tait le plus fort dans la ville de ce score historique ou de lapathie qui a rgn toute la jour-ne. Dans lcole lmentaire Sa-di-Carnot, comme ailleurs, les res-ponsables des bureaux de vote se sont battu les flancs (56 % dabs-tention). Pas sr quon ait seule-ment dbouch le mousseux dans certains intrieurs aprs la victoire frontiste.

    Quil semble loin, le temps o lePS pouvait runir 9 000 convives rieurs un dner rpublicain, comme il le faisait en 1990 B-

    thune. Elections aprs lections, cette vieille terre de gauche chappe la mainmise, et pas seu-lement au profit du FN. La droiterpublicaine a conquis de grandesvilles, comme Arras ou Calais. De-puis dimanche, les socialistes, qui crasaient lassemble dparte-mentale depuis soixante-dix ans,avec souvent les deux tiers des si-ges, ne disposent mme plus de lamajorit absolue, sans lappoint des deux lus communistes.

    Lrosion se poursuit, et les ana-thmes contre le Front national,comme ceux prononcs Carvin par le premier ministre, Manuel Valls, le 18 mars, ny font rien. Lapopulation nest pas prte affron-ter lconomie nouvelle. Elle est an-goisse, et le FN joue de ces peurs ,

    estime Philippe Kemel, maire deCarvin et tombeur ric-rac de Ma-rine Le Pen lors des dernires lec-tions lgislatives. Mais, susurrent des voix discordantes, la crise co-nomique ou la dception suscitepar le gouvernement ne peuventexpliquer seules la dbandade. Les divisions locales, les dissiden-ces de ceux qui ne peuvent trou-ver leur place dans le systme se multiplient. Le dput et maire UMP du Touquet, Daniel Fas-quelle, peut moquer des barons, des lus notabiliss et uss, dans lincapacit dapporter des rpon-ses aux attentes . La remon-trance rencontre lacquiescement silencieux de nombre de socialis-tes, fatigus de cette jeune garde mitterrandienne qui ne sest pas

    A Lens, le Front national Jai le cur bris Dans le Pas-de-Calais, la gauche rsiste la forte pousse du FN et conserve le dpartement

    vue vieillir, lasss par ces cumu-lards aux cheveux blancs dont les annes de bombance ont en-gonc le costume, irrits par ces adeptes de la poigne de main os-tensible et du petit service discret.Les jeunes se sont dtourns dunparti dont le clientlisme ignore leurs proccupations. Les ronds-points, les mdiathques, tous les grands travaux ont rendu lescommunes pimpantes en faade, mais certains lus ont perdu lecontact avec lintrieur des mai-sons. Il faut renouer avec celui qui on narrive plus parler, avecun certain nombre de gens quon narrive parfois plus voir , re-connat le dput Yann Capet.

    A 39 ans, ce Calaisien est devenule nouveau premier secrtaire de la fdration dpartementale, qui avait t place deux ans sous tu-telle de la direction parisienne, tant elle tait gangrene par les af-faires. Lui-mme fils dun dput et donc hritier du micmac pour ses dtracteurs, il est cependant charg de faire voluer les instan-ces locales. Il appelle diplomati-quement au renouvellement , au passage de tmoin . Jai tou-jours plaid pour que nous nous r-formions, assure galement Ccile Bourdon. Il nous faut tre plus lisi-bles et pdagogiques. Nous avons un discours trop tide, trop chaloup , concde Yann Capet. Nous devons accompagner nos ralisations de terrain dun dis-cours politique , acquiesce Phi-lippe Kemel. Au vu des rsultats dedimanche, il semble y avoir ur-gence, en effet. Et il faudra une cer-taine force de conviction pour sor-tir Monique de son bar. p

    benot hopquin

    Les divisions

    locales,

    les dissidences

    de ceux qui ne

    peuvent trouver

    leur place dans

    le systme

    se multiplient

    Daniel Maciejasz (PS), dans la salle des ftes de Carvin (Pas-de-Calais), dimanche 29 mars. DIANE GRIMONET POUR LE MONDE

  • 0123MARDI 31 MARS 2015 les lections dpartementales | 9

    evry - envoy spcial

    L alternance politique nestpas quune abstraction.Parfois, elle se ressent phy-siquement. Il est 23 heures, diman-che 29 mars, dans le hall de la pr-fecture dEvry. Le prsident sortantdu conseil gnral, le socialiste J-rme Guedj, arrive avec quelques proches, tandis que Georges Tron et les nouveaux lus UMP rpon-dent aux mdias et profitent du buffet. Perdants et gagnants se fr-lent et se toisent. Sans un mot. Voil le nouveau visage de lEs-sonne , lche un conseiller de M. Guedj en observant les nouvel-les ttes et leurs sourires.

    LEssonne a donc bascul droite. Un petit vnement pour ce dpartement gr par les socia-listes depuis 1998. Pas vraiment une surprise dans le contexte de reflux du PS lchelle nationale. Les candidats UMP et UDI taient en ballottage favorable dans la plu-part des cantons. Ils ont sans doutebnfici du report des voix fron-tistes, qui pesaient entre 15 % et 25 % des suffrages dans presque tous les bureaux de vote. Cons-cients de cette ralit, les con-seillers de M. Guedj avaient com-menc vider leurs bureaux la se-maine dernire. Au final, la gaucheva conserver six cantons, lUMP et lUDI auront une confortable ma-jorit de quatorze siges, et un can-didat de Debout la France sigera aussi au conseil dpartemental.

    La prise de ce dpartement o sesitue Evry, ville dirige pendant onze ans par Manuel Valls, est symbolique pour la droite. Cest pourtant M. Guedj qui sest em-press de nationaliser la dfaite.

    La vague tait trop haute. La seulequestion que lon doit se poser est : pourquoi les lecteurs de gauche sont-ils rests chez eux ? , sinter-roge ce membre influent de laile gauche du PS, qui a dj sa r-ponse. Nous avons t la rpti-tion gnrale de ce qui va se passer dans les deux ans venir. On va dans le mur. Redevenu simple conseiller gnral, M. Guedj a im-mdiatement rendoss son cos-tume de frondeur. Il demande un nouveau contrat de majorit : Il y a urgence. Il est minuit moins cinq ! Avant de sclipser, un de ses conseillers estime que lheure est passe : En trois ans, Franois Hollande a russi l o de Gaulle, Giscard dEstaing et Chirac avaient chou : il a dtruit la gauche.

    Dans ce territoire o les tendan-ces socialistes se sont longtemps affrontes, la gauche senfonce chaque scrutin. Aux municipales de 2014, le PS y avait perdu neuf vil-les de plus de 10 000 habitants. M. Guedj a bien tent de dramati-ser lenjeu, en insistant sur le ren-voi aux assises de lUMP Georges Tron pour viol et agressions

    Nous avons t

    la rptition

    gnrale de ce

    qui va se passer

    dans les deux ans

    venir. On va

    dans le mur

    JRME GUEDJ

    prsident sortant du conseil gnral (PS)

    sexuelles. Mercredi 25 mars, Pas-cale Boistard, secrtaire dEtat charge des droits des femmes, Thierry Mandon, secrtaire dEtat la rforme de lEtat, et Emma-nuelle Cosse, secrtaire nationale dEurope Ecologie - Les Verts, sont venus tracter pour tenter de sau-ver les meubles. Peine perdue.

    Elu dans son canton de Draveilavec 61,7 % des voix, M. Tron avait commenc sa soire en venant sa-luer ses partisans au Caf Cultu-res. Lancien secrtaire dEtat en a profit pour critiquer le ton de lacampagne de M. Guedj. Cest la plus belle victoire que jaie acquise dans toute ma vie politique. Il y a lampleur de lcart, mais aussi le fait quelle arrive lissue dunecampagne qui na pas t leve et qui a t axe sur ma personne. ()Cette affaire a t monte de tou-tes pices , assure M. Tron. Dansla foule, il annonce quil sera can-didat la prsidence du conseildpartemental.

    Troisime tour compliqu

    Le nouvel homme fort de lEs-sonne na pas digr la campagnede ses adversaires. En dcem-bre 2013, il avait bnfici dune premire ordonnance de non-lieu rendue par des juges dins-truction dEvry, mais la cour dap-pel de Paris avait dcid de le ren-voyer devant les assises. Entre les deux tours, laffaire a volu,puisque lAFP a fait fuiter la posi-tion du parquet gnral de la Courde cassation, qui prconise lan-nulation de ce renvoi. Le comitde soutien de lancien secrtaire dEtat sest empress de placardercette annonce sur les panneauxdaffichage lectoral.

    Mais le troisime tour sannoncecompliqu. A droite, certains can-didats semblent trs gns par les soucis judiciaires du maire de Dra-veil. Je ne voterai pas pour Geor-ges Tron la tte du conseil dpar-temental. () Nous aurons suffi-samment de talents autour de la ta-ble pour trouver un prsident qui nous reprsente dignement , a dj dclar, vendredi, sur France Bleu, Franois Durovray, maire UMP de Montgeron. Ce dernier pourrait se prsenter contre M. Tron. Les lus de droite se ru-niront lundi matin pour dparta-ger les ventuels candidats. p

    matthieu goar

    Georges Tron et son binme Aurlie Gros au Caf Cultures de Draveil (Essonne), dimanche 29 mars. BRUNO LVY/DIVERGENCE

    POUR LE MONDE

    Dans lEssonne, fief de M. Valls, la vague tait trop haute Gr par les socialistes depuis 1998, le dpartement bascule droite

    Les Verts sinterrogent sur leurs alliancesDs lundi, Mme Cosse et M. Cambadlis devaient se rencontrer au sige du PS

    ANALYSE

    L es jours qui viennent vontcertainement reprsenterlapoge des dbats qui agi-tent les cologistes depuis des se-maines, dfaut de leur apporter une conclusion. Entre la runion qui devait se tenir lundi 30 mars, au sige du Parti socialiste, avec Jean-Christophe Cambadlis dun ct et Emmanuelle Cosse delautre, et la rencontre des colo-gistes pro-Hollande, samedi4 avril, lAssemble nationale, Europe cologie-Les Verts (EELV) se trouve confront un tournant.Llection, dimanche 29 mars, de 39 conseillers dpartementaux estampills EELV le parti comp-tait une quarantaine de sortants naura finalement quune in-fluence marginale sur ces dbats.

    La runion entre les tats-majorsdu PS et dEELV devait avoir lieu lundi aprs-midi. Outre les chefs de parti, les prsidents de groupe parlementaire (Bruno Le Roux et Didier Guillaume pour le PS, Jean-Vincent Plac, Barbara Pompili et Franois de Rugy pour EELV), ainsique Claude Bartolone, le prsidentde lAssemble nationale, et David Cormand, le numro deux dEELV, devaient tre prsents pour cetterencontre. Les cologistes taientinvits faire part de leurs dsac-cords, en matire dconomie, dcologie et de politique euro-penne. Le premier secrtaire du PS a prvu en retour de leur faire des propositions de travail .

    Accords lectoraux

    Interrog en bureau national par des frondeurs sur le contenu de ces propositions, M. Cambadlis a rpondu : Je souhaite le maxi-mum, mais je me contenterai du minimum. Dans le meilleur des cas, les socialistes esprent rebtir une alliance durable avec les colo-gistes. Dans le moins bon des sc-narios, Solfrino espre conclure terme des accords lectoraux en vue des rgionales dans les cir-conscriptions menaces par le FN.

    Du ct dEurope cologie-LesVerts, Emmanuelle Cosse doit pr-

    senter le texte de cadrage pour la deuxime partie du quinquennat quelle prpare depuis plusieurs semaines avec son quipe. En pointant trois urgences au soir des dpartementales, dmocrati-que , cologique et sociale , Mme Cosse a trac les grandes li-gnes de ce texte, o les questions de la proportionnelle et du nu-claire devraient figurer en bonne place. Les dclarations de Manuel Valls, qui dit ne pas vouloir chan-ger de cap ni envisager un rema-niement dans limmdiat, sont, el-les, relativises. Le matin, il dit onne bouge pas, et le soir, il fait des an-nonces sur les investissements. La ligne bouge sans quil ne le dise , analyse un proche dEmmanuelle Cosse. Dautant que M. Valls a fait savoir quil tait favorable len-tre des Verts au gouvernement .

    Cette chance du remaniementdevrait animer les dbats de la runion organise le 4 avril au Pa-lais-Bourbon par Repres colo-gistes, le courant des cologistes pro-Hollande quincarnent despersonnalits telles que Jean-Vin-cent Plac ou Denis Baupin. Dautres figures cologistes, comme Jean-Luc Bennahmias, vi-siteur rgulier de Franois Hol-lande, Corinne Lepage ou Yves Pie-trasanta, prsident de Gnration cologie, seront elles aussi prsen-tes. Au-del du remaniement, cestle principe mme dune scission dEELV qui va tre abord, alorsquune grande partie du mouve-ment rechigne lide de sallier nouveau aux socialistes. Emma-nuelle Cosse assistera aux dbats.

    Ces derniers temps, les prochesde la secrtaire nationale ont d-cid de structurer un rseau autour delle. Il en est rsult un texte affirmant quil est urgent dexplorer les conditions de coali-tions entre les gauches rformistes et les cologistes autour de pro-jets . Un appel sign entre autres par les parlementaires Christophe Cavard, Yannick Jadot, Ronan Dan-tec, Laurence Abeille, ou encore par lancienne ministre Domini-que Voynet. pnicolas chapuis et olivier faye

    VERBATIM

    Il faut ouvrir un nouveauchemin. Il faut refonder

    notre Rpublique. Je lance un appel. Ne nous rsignons pas ! En dcembre prochain, nous serons appels aux urnes, une nouvelle fois. Offrons notre peuple une nouvelle alliance populaire, crdible, indpen-dante de ce gouvernement, avec lequel rien nest possible, sans alliance gomtrie variable, [mais] une alliance visible, cest--dire ayant le mme sigle dans tout le pays, pour que chacun puisse lidentifier. Cette semaine, je vais proposer aux partis concerns de se rencon-trer pour cela. Mes chers conci-toyens, le rsultat des urnes doit tre respect. Mais si vous ne vous sentez reprsents ni par les vainqueurs de ce soir ni par le gouvernement qui a permis leur victoire, alors agissez !

    Jean-Luc Mlenchon, cofondateur du Parti de gauche et dput europen.

    M. Tron reste inquit par la justice

    Georges Tron, possible prochain prsident du conseil dpartemen-tal, nest pas un nouveau venu dans lEssonne. Il en a t d-put de 1993 2010, et dtient la mairie de Draveil depuis 1995. Di-recteur de campagne dEdouard Balladur en 1995, il fut ensuite cart des instances du RPR. Redevenu secrtaire national lUMP, ce proche de Dominique de Villepin a t nomm secrtaire dEtat charg de la fonction publique par Nicolas Sarkozy, en mars 2010. Il a dmissionn de ce poste en mai 2011 aprs sa mise en examen pour viols en runion, deux anciennes employes de sa mairie lac-cusant dagressions sexuelles lors de sances de rflexologie plan-taire. En dcembre 2013, un non-lieu en sa faveur a t prononc par les juges dinstruction, mais la cour dappel de Paris a dcid de le renvoyer aux assises en dcembre 2014. La Cour de cassation examinera, mercredi 1er avril, son pourvoi contre ce renvoi.

    RENCONTREZEN FACE,CEUX QUI

    SINTRESSENT VOTRE PROFIL.

    RCSPARISB487497414

    FACE FACE :RENCONTRES AUTOURDE VOTRE MTIER

  • 10 | les lections dpartementales MARDI 31 MARS 20150123

    ANALYSE

    Le Front national na pasrussi transformer les-sai du premier tour deslections dpartementa-

    les. Alors que le parti dextrme droite tait arriv en tte dans 43 dpartements, dimanche 22 mars, il nest pas parvenu enconqurir un seul au soir du se-cond tour, une semaine aprs.Son seul sortant, Laurent Lopez, est mme battu dans son cantonde Brignoles (Var). En tout, le FN dispose dsormais de 62 con-seillers dpartementaux. Un chif-fre indit, mme sil reste trs mo-deste au regard des 4 000 lus surtout le territoire. Jamais le FNnavait eu autant dlus territo-riaux lissue dune lection d-partementale qui ne lui est, tradi-tionnellement, pas favorable.

    La formation nationaliste pou-vait esprer lemporter dans lAisne ou le Vaucluse. A cesdeux endroits, et malgr des sco-res dpassant ou avoisinant les40 % des suffrages, les lepnistesnont glan respectivement que 6 et 4 siges. Le dpartement qui alu le plus de conseillers tiquetsFN est le Pas-de-Calais avec un groupe de 12 lus.

    Malgr ces rsultats dcevants, leFN pourrait tout de mme avoir un rle jouer lors des troisi-mes tours , cest--dire llection des prsidents des conseils dpar-tementaux, qui auront lieu jeudi 2 avril. Dans les dpartements la majorit incertaine, le FN pourrait monnayer son soutien la droite. Dans ce sens, une charte compor-tant les points daccords essentielsdoit tre rvle lundi 30 mars, lissue du bureau politique.

    La marche tait trop haute

    Pour autant, dimanche soir, Ma-rine Le Pen estimait que ces rsul-tats marquaient une progression de son parti. Je ne mattendaispas en gagner, ce ntait pas dansmes pronostics. La marche taittrop haute avec un seul lu sortant.Nous sommes extrmement hauts dans des territoires extrmement varis, dclare-t-elle au Monde. En 2007, nous faisions 4,5 % aux l-gislatives. On augmente notre score aux cantonales de 2011 de10 points Ce nest pas rien. Noussommes au seuil de la bascule. Ce qui se passe est un basculementmajeur de la vie politique depuis quarante ans. Toutes les cartes sont rebattues.

    Le paradoxe pour le parti deMme Le Pen est de raliser dexcel-lents scores sans pour autant faire lire des binmes FN. Cas typique, lAude o malgr 39 % des suffra-ges, le FN na aucun lu. La faute aumode de scrutin majoritaire qui a toujours desservi les frontistes, no-tamment en cas de duels, bnfi-ciant de trs peu de reports de voix.

    Mme Le Pen paye sa stratgie nidroite ni gauche et de refus syst-matique dalliance. Son message trs virulent contre ce quelle ap-pelle lUMPS , lui permet de cap-ter un vote de rejet au pre-mier tour. Mais cela savre insuffi-sant pour gagner au second, no-tamment quand le FN se retrouve face lUMP. Malgr son bon score du premier tour, le FN nest pas parvenu remporter beaucoupde cantons. Il y a une progression indiscutable, mais ces rsultats

    agissent aussi comme un rvla-teur des freins lascension fron-tiste : le mode de scrutin, mais ausside son positionnement disolementpolitique , note Alexandre Dz, matre de confrences Montpel-lier-II et chercheur au Centre dtu-des politiques de lEurope latine.

    Pour largir son socle lectoral,Marine Le Pen est face un di-lemme. Soit elle passe des allian-ces, mais en sacrifiant son dis-cours de rejet du systme qui fait son originalit. Soit, elle accentue la ddiabolisation, au risque de de-venir un parti banal, comme les autres formations. Pour lheure aucun de ces deux scnarios nest retenu par les dirigeants frontistes.

    Problme pour Marine Le Pen :le ni droite ni gauche est au cur mme de sa stratgie politi-que. Selon leurodpute, la France est devant un nouveau type de bipartisme. Avec un FNunique force dopposition au systme UMPS , prsent comme un seul et unique parti, qui se partage les postes, les alter-nances et qui mne la mme poli-tique. Pour elle, tout nest ques-tion que de temps avant que le systme ne seffondre sous les coups de boutoir rpts de son parti. On volue dlection en lection. Mais, cette fois, nous sommes un niveau historique au niveau local , se rassure-t-elle.

    Elle compte sur les lections r-gionales, dont le mode de scrutin est proportionnel avec une prime majoritaire, pour faire clater le jeu politique. La question est de savoir ce quil va se passer aux r-gionales. Soit la fusion au se-cond tour entre UMP et PS est l, etcest un cataclysme pour les prsi-dentielles. Soit le retrait, et une ti-quette disparat pendant six ansdans des rgions de plusieurs mil-lions dhabitants. Le pige se refer-mera sur eux. Et ils le savent , pr-dit-elle, visant mme la conqute de quatre rgions, Nord-Pas-de-Calais-Picardie ; Provence-Alpes-Cte-Azur ; Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine et Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrnes.

    Mais peut-tre que Marine Le

    Marine Le Pen, au sige du Front national Nanterre, dimanche 29 mars, aprs lannonce des rsultats. OLIVIER CORET/DIVERGENCE POUR LE MONDE

    Marine Le Pen

    explique

    son chec

    par le manque

    de notorit

    des candidats

    et une

    implantation

    locale imparfaite

    Le Front national rate son second tourMalgr sa pousse, le parti dextrme droite ne la emport que dans 31 cantons sur 2 054

    Aisne

    Bouches-

    du-Rhne

    Gard

    Gironde

    Hrault

    Marne

    Haute-

    MarneYonne

    MeuseOise

    Pas-de-Calais

    Somme

    Var

    Vaucluse

    12

    8