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revue neurologique 168 (2012) A1–A48 A9 B22 Épilepsie et santé de la reproduction Moustapha Ndiaye , Anna Basse , Fallou Tall , Lala Bouna Seck , Kamadore Toure , Amadou Gallo Diop , Mouhamadou Mansour Ndiaye Service de neurologie, CHU Fann, 5035 Dakar, Sénégal Mots clés : Épilepsie ; Santé ; Reproduction Introduction.– L’épilepsie comme toute maladie chronique peut avoir un retentissement sur la santé de la reproduction. Peu d’études ont été consacrées à ce sujet en Afrique. Objectifs.– il s’agissait d’étudier les effets indésirables des médicaments antiépileptiques sur la santé de la reproduction. Méthodes.– Nous avons mené une étude prospective sur la base d’un questionnaire élaboré par nos soins et relatif à la santé de la reproduction. Elle s’est déroulée de mars 2011 à août 2011 auprès de patientes épileptiques consultantes externes à la clinique neurologique du CHU de Fann, Dakar, Sénégal. Résultats.– On note que 120 femmes épileptiques étaient concernées. L’âge moyen était de 30,58 ans et 45 % d’entre elles étaient mariées. Elles prenaient toutes un traitement anti- épileptique dont 55 % depuis plus de six ans. Les principaux antiépileptiques étaient le phénobarbital (64,16 %), la carba- mazépine (20,83 %) et le valproate de sodium (15 %). Parmi les 97 femmes qui avaient une vie sexuelle active et régu- lière, 79,16 % se plaignaient de troubles de la libido. Six parmi les 62 femmes qui prenaient une contraception régulière ont contracté une grossesse. Sur les 74 femmes ayant vécu une grossesse durant leur maladie épileptique, on notait 34,44 % de naissances prématurées, 13,32 % d’avortements et 3,33 % d’enfants malformés. Discussion.– Les perturbations de la vie sexuelle des patientes épileptiques ainsi que l’effet tératogène de certains médicaments antiépileptiques sont connus des neuro- logues. Nos résultats sont conformes aux données de la littérature. Conclusion.– Considérer l’épilepsie comme un problème de santé publique aiderait à mieux impliquer les profession- nels de la santé de la reproduction dans la prise en charge. Informations complémentaires.– Aucun financement par un labo- ratoire ou une institution privée. doi:10.1016/j.neurol.2012.01.164 B23 Syndrome operculaire épileptiforme acquis Younes Ouahmane , Jamal Mounach , Amal Satte , Ahmed Zerhouni , Hamid Ouhabi Service de neurophysiologie, hôpital militaire Mohammed-V, 10000 Rabat, Maroc Mots clés : Landau-Kleffner ; Épilepsie partielle bénigne ; Syndrome operculaire épileptiforme acquis Introduction.– Le Syndrome operculaire épileptiforme acquis (SOEA) est une forme exceptionnelle de l’épilepsie partielle bénigne de l’enfant avec des paroxysmes rolandiques. Observation.– Une fille de 16 ans, ayant comme antécédent un retard à la marche et du langage, consulta à l’âge de trois ans pour des difficultés à avaler et à articuler les mots, ainsi qu’une hypersalivation sans notion de crises épileptiques (430/98). L’examen neurologique révéla une dyspraxie orolinguale, une dysphagie seulement aux solides sans altération de la cogni- tion. L’EEG de veille a montré des patterns évocateurs d’anomalies rolandiques, alors que l’EEG de sommeil a objectivé des pointes ondes continues. L’IRM cérébrale était normale. La patiente a été mise sous valproate sans nette amélioration. L’évolution favorable n’a été obtenue qu’après l’association du valproate avec le clobazam. Néanmoins, la fille gardait une discrète dyspraxie orolinguale. Les EEG de sommeil de contrôle montraient la diminution pro- gressive des anomalies épileptiques. Discussion.– Le SOEA est un syndrome épileptique très rare, nouvellement proposé par les auteurs. Il est dû à des lésions operculaires bilatérales donnant un tableau de paralysie pseu- dobulbaire caractéristique. Il partage avec le syndrome de Landau-Kleffner un mécanisme physiopathologique commun, ainsi qu’un tableau clinique similaire à la phase d’état. L’EEG montre le plus souvent des pointes ondes continues durant le sommeil. Conclusion.– Le SOEA pourrait être diagnostiqué à tort comme un syndrome de Landau Kleffner. Une bonne analyse clinique et électrique permet de redresser le diagnostique. doi:10.1016/j.neurol.2012.01.165 B24 Le mystère des SIRPID : lorsque la stimulation de l’éveil a un effet épileptogène Laurent Vercueil , Cécile Sabourdy , Amélie Serra EFSN, CHU de Grenoble, 38043 Grenoble 9, France Mots clés : SIRPID ; COMA ; EEG Introduction.– Les Stimulus-Induced Rythmic Periodic or Ictal Discharges (SIRPID) sont habituellement observés après sti- mulation nociceptive lors de l’enregistrement EEG de patients présentant des troubles de la vigilance. Observation.– Nous avons répertorié les enregistrements EEG de 8 patients présentant des SIRPIDs à partir de la base de don- nées informatique du laboratoire d’électrophysiologie du CHU de Grenoble. Les critères de définition des SIRPIDS étaient les suivants : – apparition dans les suites d’une stimulation de l’éveil (noci- ceptive, appel) ; – d’une activité épileptiforme rythmique ou périodique, focale ou diffuse ; – ce pattern EEG pouvait s’accompagner de signes cliniques ou non. Les huit patients étudiés (cinq hommes et trois femmes) étaient âgés en moyenne de 39 ans. Le motif de réalisation de l’EEG était dans tous les cas l’exploration de troubles de la conscience. Des décharges pseudopériodiques diffuses et/ou à prédomi- nance bifrontales étaient obtenues après stimulation tactile, auditive ou nociceptive. Ces activités étaient caractérisées par une fréquence lente inférieure à 1 Hz. Elles pouvaient céder spontanément ou persister pendant toute la durée de l’enregistrement. L’activité de fond était généralement com- posée d’ondes lentes. Discussion.– Cette réactivité cérébrale atypique à la sti- mulation nociceptive pourrait correspondre à une activité corticolimbique révélée par défaut d’inhibition cortico- frontale et témoigner ainsi d’une expérience sensorielle désagréable chez des sujets dont l’état de vigilance ne per- met pas une évaluation clinique fiable de la perception douloureuse. Conclusion.– Les SIRPID pourraient être un marqueur objectif du vécu d’une expérience sensorielle douloureuse consciente chez des sujets hypovigilants. doi:10.1016/j.neurol.2012.01.166

Le mystère des SIRPID : lorsque la stimulation de l’éveil a un effet épileptogène

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Service de neurologie, CHU Fann, 5035 Dakar, Sénégal

ots clés : Épilepsie ; Santé ; Reproductionntroduction.– L’épilepsie comme toute maladie chronique peutvoir un retentissement sur la santé de la reproduction. Peu’études ont été consacrées à ce sujet en Afrique.bjectifs.– il s’agissait d’étudier les effets indésirables desédicaments antiépileptiques sur la santé de la reproduction.éthodes.– Nous avons mené une étude prospective sur la base’un questionnaire élaboré par nos soins et relatif à la santée la reproduction. Elle s’est déroulée de mars 2011 à août011 auprès de patientes épileptiques consultantes externesla clinique neurologique du CHU de Fann, Dakar, Sénégal.ésultats.– On note que 120 femmes épileptiques étaientoncernées. L’âge moyen était de 30,58 ans et 45 % d’entre ellestaient mariées. Elles prenaient toutes un traitement anti-pileptique dont 55 % depuis plus de six ans. Les principauxntiépileptiques étaient le phénobarbital (64,16 %), la carba-azépine (20,83 %) et le valproate de sodium (15 %). Parmi

es 97 femmes qui avaient une vie sexuelle active et régu-ière, 79,16 % se plaignaient de troubles de la libido. Six parmies 62 femmes qui prenaient une contraception régulière ontontracté une grossesse. Sur les 74 femmes ayant vécu unerossesse durant leur maladie épileptique, on notait 34,44 %e naissances prématurées, 13,32 % d’avortements et 3,33 %’enfants malformés.iscussion.– Les perturbations de la vie sexuelle des patientespileptiques ainsi que l’effet tératogène de certainsédicaments antiépileptiques sont connus des neuro-

ogues. Nos résultats sont conformes aux données de laittérature.onclusion.– Considérer l’épilepsie comme un problème deanté publique aiderait à mieux impliquer les profession-els de la santé de la reproduction dans la prise enharge.nformations complémentaires.– Aucun financement par un labo-atoire ou une institution privée.

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yndrome operculaire épileptiforme acquisounes Ouahmane , Jamal Mounach , Amal Satte ,hmed Zerhouni , Hamid Ouhabi

Service de neurophysiologie, hôpital militaire Mohammed-V, 10000abat, Maroc

ots clés : Landau-Kleffner ; Épilepsie partielle bénigne ;yndrome operculaire épileptiforme acquis

ntroduction.– Le Syndrome operculaire épileptiforme acquisSOEA) est une forme exceptionnelle de l’épilepsie partielleénigne de l’enfant avec des paroxysmes rolandiques.bservation.– Une fille de 16 ans, ayant comme antécédent un

etard à la marche et du langage, consulta à l’âge de troisns pour des difficultés à avaler et à articuler les mots, ainsiu’une hypersalivation sans notion de crises épileptiques

430/98).’examen neurologique révéla une dyspraxie orolinguale, uneysphagie seulement aux solides sans altération de la cogni-

ion.’EEG de veille a montré des patterns évocateurs d’anomaliesolandiques, alors que l’EEG de sommeil a objectivé

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des pointes ondes continues. L’IRM cérébrale étaitnormale.La patiente a été mise sous valproate sans nette amélioration.L’évolution favorable n’a été obtenue qu’après l’association duvalproate avec le clobazam. Néanmoins, la fille gardait unediscrète dyspraxie orolinguale.Les EEG de sommeil de contrôle montraient la diminution pro-gressive des anomalies épileptiques.Discussion.– Le SOEA est un syndrome épileptique très rare,nouvellement proposé par les auteurs. Il est dû à des lésionsoperculaires bilatérales donnant un tableau de paralysie pseu-dobulbaire caractéristique.Il partage avec le syndrome de Landau-Kleffner un mécanismephysiopathologique commun, ainsi qu’un tableau cliniquesimilaire à la phase d’état.L’EEG montre le plus souvent des pointes ondes continuesdurant le sommeil.Conclusion.– Le SOEA pourrait être diagnostiqué à tort commeun syndrome de Landau Kleffner. Une bonne analyse cliniqueet électrique permet de redresser le diagnostique.

doi:10.1016/j.neurol.2012.01.165

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Le mystère des SIRPID : lorsque la stimulationde l’éveil a un effet épileptogèneLaurent Vercueil , Cécile Sabourdy , Amélie SerraEFSN, CHU de Grenoble, 38043 Grenoble 9, France

Mots clés : SIRPID ; COMA ; EEGIntroduction.– Les Stimulus-Induced Rythmic Periodic or IctalDischarges (SIRPID) sont habituellement observés après sti-mulation nociceptive lors de l’enregistrement EEG de patientsprésentant des troubles de la vigilance.Observation.– Nous avons répertorié les enregistrements EEGde 8 patients présentant des SIRPIDs à partir de la base de don-nées informatique du laboratoire d’électrophysiologie du CHUde Grenoble. Les critères de définition des SIRPIDS étaient lessuivants :– apparition dans les suites d’une stimulation de l’éveil (noci-ceptive, appel) ;– d’une activité épileptiforme rythmique ou périodique, focaleou diffuse ;– ce pattern EEG pouvait s’accompagner de signes cliniques ounon.Les huit patients étudiés (cinq hommes et trois femmes)étaient âgés en moyenne de 39 ans. Le motif de réalisationde l’EEG était dans tous les cas l’exploration de troubles de laconscience.Des décharges pseudopériodiques diffuses et/ou à prédomi-nance bifrontales étaient obtenues après stimulation tactile,auditive ou nociceptive. Ces activités étaient caractériséespar une fréquence lente inférieure à 1 Hz. Elles pouvaientcéder spontanément ou persister pendant toute la durée del’enregistrement. L’activité de fond était généralement com-posée d’ondes lentes.Discussion.– Cette réactivité cérébrale atypique à la sti-mulation nociceptive pourrait correspondre à une activitécorticolimbique révélée par défaut d’inhibition cortico-frontale et témoigner ainsi d’une expérience sensorielledésagréable chez des sujets dont l’état de vigilance ne per-met pas une évaluation clinique fiable de la perceptiondouloureuse.

du vécu d’une expérience sensorielle douloureuse conscientechez des sujets hypovigilants.

doi:10.1016/j.neurol.2012.01.166