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NUMÉRO 65 – 4 e TRIMESTRE 2004 INSTITUT DE L’ÉNERGIE ET DE L’ENVIRONNEMENT DE LA FRANCOPHONIE Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique Une priorité pour la Francophonie

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique · par Brian PAGAN,ACDI,Canada POINT DE VUE NEPAD et Francophonie: L’apport des pays industrialisés francophones au développement

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Page 1: Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique · par Brian PAGAN,ACDI,Canada POINT DE VUE NEPAD et Francophonie: L’apport des pays industrialisés francophones au développement

NUMÉRO 65 –4e TRIMESTRE 2004

INSTITUT DE L’ÉNERGIE ET DE L’ENVIRONNEMENT DE LA FRANCOPHONIE

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique Une priorité pour la Francophonie

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SSOOMMMMAAIIRREE LE NOUVEAU PARTENARIAT POUR LE DÉVELOPPEMENTDE L’AFRIQUE (NEPAD/NOPADA),UNE PRIORITÉ POURLA FRANCOPHONIE

Mot du Directeur exécutif ........................................................3El Habib BENESSAHRAOUI

Éditorial..................................................................................4par Ablassé OUÉDRAOGO,Banque africaine de développement

NEPAD:DES ENJEUX,DES AMBITIONS ET DES PROGRAMMES PORTEURS

Énergie et développement durable en Afrique: l’apport du NEPAD ...6par Alioune FALL, Directeur secteur énergie du NEPAD

L’Afrique se dote d’un Plan d’Action pour l’Environnement à la mesure des enjeux régionaux dans le cadre du NEPAD.......14par Sékou TOURÉ, PNUE

Les difficultés de mise en œuvre du Plan d’Actionenvironnemental du NEPAD..............................................19par Fatima DIA TOURÉ, Ministère de l’Environnement et de l’Assainissement, Dakar, Sénégal

Énergie, environnement et développement durable.Pour une cohérence des stratégies environnementales et énergétiques du NEPAD ................................................24par Jean HÉBERT, Hydro-Québec, Montréal, Québecpar Cheikh FOFANA, SINEPAD, Dakar, Sénégal

Contenu et état actuel de la mise en œuvre du Programme NTIC du NEPAD......................................28par Pierre DANDJINOU, PNUD

Le MAEP: historique et mécanisme.........................................33par Marie-Angélique SAVANÉ, MAEP, NEPAD, Dakar, Sénégal

Intervention de S.E. le Président Wade au sujet du NEPAD........36par Abdoulaye WADE,Président de la République du Sénégal

NEPAD:COOPÉRATIONS RÉGIONALES ET BILATÉRALES

L’Union africaine et le NEPAD: trois ans plus tard....................38par Vijay S. MAKHAN,Affaires Étrangères, Maurice

L’intégration régionale: un pilier essentiel du NEPAD...............43par Dr Hakim Ben HAMMOUDA, Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique

Les infrastructures dans le NEPAD:contenu et état actuel de la mise en œuvre..........................47par Unité du NEPAD, Banque Africaine de Développement

Le Canada et le NEPAD: établir un nouveau partenariat avec l’Afrique ...................................................................54par Brian PAGAN,ACDI, Canada

POINT DE VUE

NEPAD et Francophonie: L’apport des pays industrialisésfrancophones au développement de l’Afrique......................60par Sofiane OUDJIDA, ingénieur polytechnicien

NEPAD ET FRANCOPHONIE:QUELQUES DOMAINES DE COOPÉRATION

Intégration progressive des activités de développement d’un pays:Quel positionnement du commerce dans ce processus? .......69par Maria NICULESCU,AIF

Contribution de la francophonie au NEPAD ............................76par Sibi BONFILS,Directeur adjoint de l’IEPF

La diversité culturelle, enjeux et opportunités partagées.............86par Jean LARIVIÈRE,Fondation Nicolas-Huot pour la nature etl’homme,Dakar, Sénégal

INSTITUT DE L’ÉNERGIE ET DE L’ENVIRONNEMENT DE LA FRANCOPHONIE (IEPF)

Numéro 654e trimestre 2004

La revue Liaison Énergie-Francophonie est publiée trimestriellement par l’Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie (IEPF).L’IEPF est un organe subsidiaire de l’Agenceintergouvernementale de la Francophonie, opérateur principal de l’Organisation internationale de la Francophonie.

56, rue Saint-Pierre, 3e étageQuébec G1K 4A1 CanadaTéléphone: 1 (418) 692-5727Télécopie : 1 (418) 692-5644Courriel : [email protected] Internet : www.iepf.org

Directeur de la publication:El Habib Benessahraoui

Comité éditorial :Faouzia AbdoulhalikBoufeldja BenabdallahEl Habib Benessahraoui Sibi BonfilsSory I. DiabatéChantal GuertinLouis-Noël JailDenis L’AnglaisJean-Pierre Ndoutoum

Édition et réalisation graphique:Communications Science-Impact

ISSN 0840-7827

Tirage:3200 exemplaires

Dépôt légal :Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

Les textes et les opinions n’engagent que leurs auteurs.Les appellations, les limites, figurant sur les cartes de LEFn’impliquent de la part de l’Institut de l’énergie et del’environnement de la Francophonie aucun jugement quantau statut juridique ou autre d’un territoire quelconque, ni lareconnaissance ou l’acceptation d’une limite particulière.

Prix de l’abonnement annuel (4 numéros) :40$ CAD; 28$ USD; 30€ ; 16000 CFA;380000 Dongs vietnamiens

Poste-publications – Convention No 400347191

Imprimé au Canada

Le prochain numéro de Liaison Énergie-Francophonie(no 66,1er trimestre 2005) aura pour thème L’économiede l’environnement.

Hommage à M. Moussa Kola Cissé, voir page 90

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3Éthique, énergie et développement durable

Le NEPAD, cette initiative élaborée parl’Afrique, pour l’Afrique, marque une véri-table rupture par rapport aux nombreuses

initiatives précédemment engagées pour le Conti-nent et restées sans effet, sinon sans suite, et ce, tantpar l’origine de la démarche et la méthode d’élabo-ration du contenu que par les modalités de mise enœuvre et d’évaluation.

En effet, le NEPAD constitue d’abord une visionintégrée et intégrante, et émane d’une volontépolitique affirmée au plus haut niveau, pourmobiliser le potentiel continental au service dubien-être des populations africaines.

Volonté aussi, pour remettre l’Afrique sur la cartedu monde, après que la fin de la guerre froide etla réalité d’une mondialisation inégalitaire, eurenttendance à la marginaliser et à minorer son rôle.

Or de ce point de vue, et sans verser dans unoptimisme exagéré, l’on peut dire, n’en déplaiseaux afro pessimistes, que l’initiative a déjà produitdes résultats appréciables.

Car au-delà d’un enthousiasme qu’il faut main-tenir, d’une approche régionale dans l’élaborationdes projets qu’il faut consolider, d’un engagementdes chefs d’État soumis à l’évaluation par les pairsdont il faut se féliciter, l’initiative a permis uninversement patent de la tendance passée, etd’abord celle relative aux positions des partenairesde l’Afrique.

Il en est pour preuve l’appui que la Commu-nauté internationale a manifesté à diversesoccasions, notamment au Sommet deJohannesbourg, mais aussi dans d’autres foracomme ceux du G8.

L’évolution positive, même si encore modeste,de l’APD et des flux d’investissement privé,depuis l’adoption du NEPAD, en est une autre.

Mais cela ne veut pas dire que tout soitréglé. Le chemin est encore long etsemé d’embûches. La déterminationde tous les Africains doit rester de mise,et l’appui des partenaires de l’Afriquedevra gagner en conséquence.

La Francophonie, qui a endosséimmédiatement la vision duNEPAD, a encore réaffirmé, à l’oc-casion du Xe Sommet, son enga-gement à l’inscrire dans ses prin-cipales priorités.

Aussi, la revue Liaison Énergie-Francophonie estheureuse de consacrer ce numéro à l’examen duchemin parcouru et des difficultés à dépasser parle NEPAD trois ans après. Elle est fière d’avoirmobilisé pour ce faire, sous la houlette de notreami Ablassé Ouédraogo, rédacteur en chef invité,un groupe éminent d’acteurs, de spécialistes etd’amis de l’Afrique.Nous tenons à leur faire partde notre gratitude et espérons que leurstémoignages contribueront un peu plus àrenforcer la solidarité autour d’une initiativeporteuse d’une promesse inégalée.

El Habib Benessahraoui

Directeur exécutif, Institut del’énergie et de l’environnementde la Francophonie.

MMoott dduu DDiirreecctteeuurr

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Considéré comme l’instrument quipermettra à l’Afrique de pouvoirchanger son rôle dans l’économie

mondiale, le Nouveau Partenariat pour leDéveloppement de l’Afrique (NOPADA),plusconnu sous le sigle anglais NEPAD pour NewPartnership for Africa’s Development, se veut

être un souffle nouveau dans leprocessus de développementéconomique et social duContinent.

Le Nouveau Partenariat pourle Développement de l’Afrique(NEPAD) est un cadre d’inter-actions entre l’Afrique et lereste du monde, le monde dé-veloppé en l’occurrence. LeNEPAD constitue un planglobal de développement,doncun vrai programme pour sortir leContinent de la pauvreté et dela marginalisation. C’est pourcela que le NEPAD polarise etcristallise l’espérance del’Afrique.

D’ailleurs, l’objectif fondamen-tal assigné à ce programme

continental est de permettre aux pays d’Afrique decombler les retards accumulés dans tous les secteurssocioéconomiques pour mieux s’intégrer dansl’économie mondiale et améliorer le niveau de viedes huit cent millions de femmes et d’hommes quivivent sur le Continent. Et de la sorte, le déve-loppement durable tant attendu sera véritablementenclenché.

Rappelons pour l’histoire que ce programme desauvetage de l’économie africaine, qui combineune stratégie de développement et un plan d’actiondétaillé pour une nouvelle ère de coopération etde partenariat entre le monde développé etl’Afrique, est né après d’âpres discussions, de lafusion de deux initiatives:Le «MAP», le Partenariatdu Millénaire pour le Programme de Redresse-ment en Afrique, de nature générale et politique,

conçu par le Président Thabo MBEKI d’Afriquedu Sud, en concertation avec ses homologuesalgérien Abdelaziz BOUTEFFLIKA et nigerianOlusegun OBASANJO auxquels s’est joint par lasuite le Président égyptien,Hosni MOUBARAK,et le plan «OMEGA» du Président sénégalaisAbdoulaye WADE, axé essentiellement sur lesinfrastructures.

C’est la trente-septième et toute dernière Con-férence des Chefs d’État et de Gouvernement del’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) devenuedepuis lors Union Africaine (UA),qui a adopté enjuin 2001 à Lusaka,en Zambie, le programme ainsifusionné sous le nom initial de Nouvelle InitiativeAfricaine (NIA). Celle-ci s’est muée en NEPAD,en octobre 2001 à Abuja, au Nigeria.

En reconnaissant qu’elle détient, elle-même, laclef de son propre développement, d’une part, etque ce sont ses filles et ses fils qui déterminerontleur propre destinée et appelleront le mondeextérieur à compléter ses efforts, d’autre part,l’Afrique a bâti son programme, le NEPAD,autour de dix thèmes prioritaires : la bonnegouvernance publique, la bonne gouvernance del’économie privée, les infrastructures, l’éducation,la santé, les technologies de l’information et dela communication, l’agriculture, l’environnement,l’énergie et l’accès aux marchés des pays déve-loppés et la diversification des produits.

Pouvoir participer à la réflexion sur le déve-loppement durable en Afrique et contribuer àfaire comprendre et vulgariser le NEPAD et soncontenu, non seulement en Afrique mais aussichez les partenaires au développement du Conti-nent, c’est faire plus qu’œuvre utile. C’est mêmeplus qu’un privilège.

Aussi, faut-il saluer l’initiative généreuse des respon-sables de la Revue Liaison Énergie-Francophonie deconsacrer ce numéro entièrement aux efforts desAfricains et de la communauté internationale pourla mise en œuvre de ce programme d’espérance,quereprésente le Nouveau Partenariat pour le Dévelop-pement de l’Afrique,devenu en l’espace de trois ansl’unique cadre de référence pour le développementéconomique et social du Continent.

4 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

ÉÉddiittoorriiaall

Ablassé OUÉDRAOGO

Conseiller du Président duGroupe de la Banque Africainede Développement (BAD). Il aoccupé de hautes fonctions auBurkina Faso et dans la FonctionPublique Internationale, notam-ment comme ancien Ministre desAffaires Étrangères, ancien Direc-teur général adjoint de l’Orga-nisation Mondiale du Commerce(OMC) et ancien Fonctionnairede rang supérieur du Programmedes Nations Unies pour leDéveloppement (PNUD).

@[email protected]

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5Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

La programmation de la publication de cetteédition entièrement consacrée au NEPAD,en fin2004, est d’une pertinence sans égale dans lamesure où les éminents auteurs des différentsarticles tenteront dans leurs analyses d’experts, defaire une évaluation/bilan des réalisations accom-plies par rapport aux espoirs suscités par cenouveau cadre de coopération et de partenariat,qui fait partager les responsabilités et les effortsentre l’Afrique et la Communauté internationale.

Pour assurer toutes les chances de réussite auNEPAD et effacer ainsi définitivement les échecsdes politiques passées qui ont fait penser à plusd’un que l’Afrique refusait le développement,cette nouvelle approche se veut globale. Elle setraduit par l’élaboration des projets par les Afri-cains eux-mêmes et l’instauration d’un véritablepartenariat, avec des normes de contrôle réci-proque et à l’intérieur de chaque groupe. C’estle contrôle par les pairs.

On peut alors comprendre tout l’engouementdémontré par les Chefs d’État africains pour cenouveau système d’évaluation collégiale de labonne gouvernance à travers le mécanisme d’éva-luation par les pairs, qui prend de plus en plusd’ampleur et d’importance. Il compte à ce jourvingt-trois membres participants depuis sonlancement en 2003.

Toutes ces précautions organisationnelles se com-plètent par la responsabilisation des cinq Commu-nautés Économiques Régionales (CEDEAO,CEEAC, COMESA, UMA et SADC) dans lamise en œuvre des objectifs intégrateurs duNEPAD ainsi que la répartition structurée destâches au niveau des premiers responsablesafricains avec l’opérationnalisation du Comité desquinze Chefs d’État, chargé de la mise en œuvredu NEPAD et du Comité Pilote, formé d’expertset chargé de surveiller les projets de dévelop-pement.Tout ceci constitue autant de facteurs quiassurent la crédibilité du programme aux yeux despartenaires du monde développé.

Ce qui précède, toutes choses étant égales parailleurs, devrait donner au NEPAD, toutes leschances de réunir les moyens financiers indis-pensables pour la réalisation des projets identifiés.Mais le réalisme veut que l’on reconnaisse quele chemin pour construire le développement

durable sera long et difficile et qu’il ne manquerapas d’embûches sur le Continent.

Mais l’important, c’est aussi de reconnaître quele NEPAD, en tant qu’initiative africaine, a déjàsuscité un large appui des nations et des popu-lations africaines et un grand enthousiasme de laCommunauté Internationale. À travers leNEPAD, les Africains réaffirment leur détermi-nation à ne pas se laisser marginaliser dans notremonde devenu globalisé, mais à s’y intégrer entant que partenaire au sens noble du terme.

Par conséquent, l’Afrique ne devrait pas échouerdans la mise en œuvre de ce programme conti-nental et au fur et à mesure que l’on progresse, ilest important de solidifier ce partenariat, au seinduquel les pays africains devront approfondirleurs engagements en faveur des priorités duNEPAD et faire en sorte que les partenaires audéveloppement apportent leurs contributions defaçon ciblée afin d’insuffler une forte et constantedynamique au NEPAD.

Pour ce faire, il est à espérer que les partenaires audéveloppement de l’Afrique,dans leur soutien auxefforts des Africains pour réaliser ce programme:

• créent un environnement propice à la crois-sance et au développement sur le Continent,

• assurent une cohérence des politiques relativesau commerce, à l’aide publique et à la dette,pour que les pays africains soient les véritablesbénéficiaires directs des décisions interna-tionales prises dans ces domaines,

• prennent des mesures concrètes pour accélérerla mise en œuvre du NEPAD,grâce à la mobi-lisation d’importants investissements destinésà financer les priorités sectorielles du NEPAD.

Et comme on le dit si bien en Afrique, on neramasse pas la farine avec une seule main.Et uneAfrique débarrassée de la pauvreté et prospère nepourra que contribuer à la consolidation de lastabilité, de la paix et de la sécurité de la planète.C’est pour cela que la mise en œuvre avec succèsdu NEPAD doit être la préoccupation quoti-dienne de tous.

Éditorial

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Alioune FALL

Alioune FALL est Directeursecteur énergie du NEPAD etPrésident de la Commission deRégulation du Secteur del’Électricité du Sénégal.

6 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

Le continent africain est entré dans le troisième millénaire dansun état de très grande pauvreté, et ce, malgré tous les plans, lesprogrammes (Plan de Lagos, «décennies de l’industrialisation del’Afrique») et autres partenariats noués avec les pays industrialisés,d’une part, et avec les institutions multilatérales, d’autre part.

Aujourd’hui encore, plus de 45% de la population africaine nedispose pas de plus de 1$US par jour; le revenu moyen par habi-tant, 650$US, est inférieur à 60% du revenu moyen par habitantde l’ensemble des pays en développement (PED) et est 40 fois plusfaible que celui des pays développés. Plus des deux tiers des pays lesmoins avancés (PMA) se trouvent sur le continent africain. La partde l’industrie africaine dans le commerce mondial n’atteint pas 2%.

Le nouveau leadership qui s’est affirmé sur le continent, en ce débutdu troisième millénaire, a mis en cause les logiques de développementpassées, notamment celle basée sur le crédit et l’aide, dont la preuvede l’échec se trouve être précisément la situation économique etsociale actuelle de l’Afrique. C’est ainsi qu’est né le NouveauPartenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), qui est unevision à long terme du développement de l’Afrique, vision fondée surle choix et l’application maîtrisée des règles de l’économie mondiale.Cette vision du développement qui s’articule autour de stratégiesprioritaires couvre des besoins spécifiques à satisfaire dans le courtterme. Le NEPAD se présente comme une stratégie pour assurer àl’Afrique un développement durable au 21e siècle.

Le NEPAD a principalement pour objectif la résorption des disparitésfondamentales entre les pays développés et l’Afrique dans le cadre denouvelles relations avec les pays industrialisés et les organisationsmultilatérales. L’objectif est de permettre à l’Afrique de bénéficier, dansles meilleurs délais, de conditions de développement similaires à cellesqui ont cours dans les pays développés, autrement dit de résorber les

ÉÉnneerrggiiee eett ddéévveellooppppeemmeenntt dduurraabbllee eenn AAffrriiqquuee :: ll’’aappppoorrtt dduu NNEEPPAADD**

@[email protected]

* Ce texte est tiré de la communication de M.Fall au 3e Colloque international du réseau MONDER,tenu à Québec (Canada-Québec) du 12 au 15 septembre 2004 (http://www.monder2004.org)

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«gaps» fondamentaux dans les secteursprioritaires, comme celui de l’énergie, pourlequel le continent accuse un retard consi-dérable.

La situation énergétique de l’Afrique

La situation énergétique de l’Afrique est le refletde son faible niveau de développement écono-mique et social, lequel se caractérise, entre autres,par :

– Une économie de type plutôt rural, avec unefaible contribution de l’industrie au produitintérieur brut, inférieur à 20% pour nombrede pays ;

– Une agriculture extensive, peu mécanisée,avec de très faibles rendements ;

– Une population pauvre, faiblement urbanisée.

Ainsi, pour une population estimée en 1998 à760 millions d’habitants (soit 13% de la popula-tion mondiale), la consommation d’énergieprimaire de l’Afrique s’établissait à 480 Mtep, desorte que l’Afrique partageait avec l’Inde le plusbas niveau de consommation d’énergie primairepar habitant, 0,63 tep contre 1,76 tep au niveaumondial (4,31 tep pour l’Europe de l’Ouest et8,46 tep pour l’Amérique du Nord).

Il convient de noter que le bilan énergétique dela grande majorité des pays africains reste dominépar la biomasse, qui peut représenter jusqu’à plusdes trois quarts de l’énergie primaire consommée.Ainsi, la consommation par habitant d’énergiecommerciale était de l’ordre de 0,3 tep, nombrede pays parmi les PMA n’atteignant pas ledixième de cette valeur.Dans la majorité des pays,la biomasse satisfait 70% à 95% des besoinsd’énergie domestique.

L’état de «pauvreté énergétique» de l’Afrique selit également à travers certains indicateurs d’accèsà cette forme moderne d’énergie par excellencequ’est l’électricité :

– Le taux d’électrification est inférieur à 30%pour la majorité des pays, contre un tauxmoyen mondial supérieur à 60%;

– En milieu rural, ce taux est de seulement 8%pour l’Afrique subsaharienne, contre un tauxmoyen mondial de 44% (25% pour l’Inde,40% pour l’Amérique latine, 45% pour l’Asiedu Sud-Est et 80% pour la Chine) ;

– La consommation d’énergie électrique parhabitant est de l’ordre de 500 kWh par an,contre une moyenne mondiale de 2500 kWhpar an (900 kWh pour les PED et de l’ordre9000kWh par an pour les pays industrialisés).

Il convient de noter qu’il existe, derrière leschiffres relatifs au continent, de grandes disparitésentre pays et entre les villes et la campagne dansun même pays, l’électrification visant plutôt lescentres urbains et les grands secteurs d’activitééconomique, comme l’industrie et les mines.Ainsi, il a été estimé, pour neuf pays d’Afriqueaustrale, hors Afrique du Sud, un taux moyend’accès, en milieu rural, de seulement 1,70%contre 25,78% en milieu urbain (Karekezi).

Cependant, le faible niveau de développement dusecteur énergétique africain ne reflète nullement larareté des ressources énergétiques,puisque,outre ladotation en énergies fossiles, l’Afrique disposed’énormes potentialités en matière d’énergiesrenouvelables.

Par ailleurs, il est clair que toutes les politiques etstratégies de développement conçues en partena-riat avec la communauté internationale, notam-ment les objectifs de développement du Millénaire,ne pourront pas donner les résultats escomptés sil’énergie constitue un handicap plutôt qu’un mo-teur d’entraînement de la croissance économique.À cet égard, il convient d’examiner le rôle et laplace qui devraient être dévolus aux principalesformes d’énergie, la biomasse, les énergiesnouvelles et renouvelables, l’hydroélectricité etle gaz naturel notamment.

La biomasse

La biomasse c’est la seule ressource énergétiquevéritablement nationale pour nombre de pays etelle satisfait l’essentiel des besoins en énergie desménages, notamment comme combustible pourla cuisson et le chauffage.

L’utilisation de la biomasse selon des procédésnon durables, avec des rendements médiocres, par

Énergie et développement durable en Afrique: l’apport du NEPAD

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

NEPAD: DES ENJEUX, DES AMBITIONS ET DES PROGRAMMES PORTEURS

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exemple pour la production de charbon de bois,pose de graves problèmes de déforestation, rendusplus aigus par des méthodes culturales archaïquesd’une agriculture caractérisée par l’absence deprogrès technologiques. On estime à 0,7% paran le rythme de déboisement moyen du conti-nent, déboisement qui favorise l’érosion et ladégradation des sols ainsi que la perte debiodiversité.

L’utilisation de cette biomasse semble être un desfacteurs importants de l’incidence de maladiesrespiratoires, cause majeure de décès en Afriquesubsaharienne, particulièrement chez les femmeset les enfants en bas âge.

Malgré ces graves problèmes environnementaux,le recours aux énergies traditionnelles, notam-ment la biomasse, devrait se poursuivre dans lefutur, et, en Afrique, le nombre de personnes quidépendent de la biomasse pour satisfaire leursbesoins en énergie devrait augmenter (AIE).D’où la nécessité d’inciter à l’abandon desméthodes d’exploitation à trop faible rendementau profit de techniques plus efficientes etd’encourager les politiques de substitution auxcombustibles ligneux.

La biomasse moderne (production d’alcool,d’éthanol ou d’électricité) offre des possibilitésintéressantes. Selon certaines estimations, quelque85% de l’électricité produite dans 16 paysd’Afrique de l’Est et d’Afrique australe aurait pul’être à partir de la bagasse en cogénération dansl’industrie sucrière (OSCAL/UN).

Les énergies nouvelles et renouvelables

Le potentiel solaire et éolien de l’Afrique estconsidérable, puisque en effet 47% de la surfacedu continent dispose d’un niveau d’ensoleil-lement supérieur à 2100 kWh/m2, 27% entre1900 et 2100 kWh/m2, et le reste entre 1500 et1900 kWh/m2.

Quant aux données sur l’énergie éolienne, ellesprésentent des lacunes pour de nombreux paysafricains.On estime cependant le potentiel africainà plus de 1200 GW, comparativement au poten-tiel de production mondial de 6050 GW(OSCAL/UN). La moitié des zones côtièrespeuvent être des zones d’utilisation intensive de

l’énergie éolienne, notamment la zone sud(Namibie,Afrique du Sud et Mozambique),qui aun productible de 5000 kWh par an par kilowattinstallé, la région côtière allant de l’Afrique del’Ouest au Maroc dont le productible se situe entre3750 et 5000 kWh par an par kilowatt installé.

Des efforts ont été entrepris dans le passé pourexploiter le potentiel solaire et éolien avec desapplications principalement limitées dans ledomaine du pompage, de l’éclairage et del’électrification rurale.Ainsi, plus de 120000 sys-tèmes photovoltaïques (PV), soit plus de 3 MW,ont été installés en Afrique, l’Afrique du Sud et leKenya ne laissant cependant que la portioncongrue aux autres pays. Dans le domaine del’énergie éolienne, le Maroc, la Tunisie,Maurice etl’Égypte présentent des réalisations encourageantesde centrales raccordées au réseau électrique.

Les énergies fossiles

L’Afrique détient 7% des réserves mondiales depétrole et de gaz. Il faut cependant noter que pour15 M km2 de bassin sédimentaire (17,5% du totalmondial), seulement 4% des dépenses mondialesd’exploration-production d’hydrocarbures ont étédestinées à l’Afrique (Karekezi).

Les réserves pétrolières (75 milliards de barils en1999) sont essentiellement situées dans quatrepays d’Afrique du Nord (Algérie, Libye, Égypte)et du golfe de Guinée (Nigeria), qui détiennent90% de ces réserves.

La production d’hydrocarbures du continent sechiffrait à 368 millions de tonnes (Mt) de pétroleet à 128 milliards de mètres cubes (Gm3) de gazpour l’année 2000 (ENERDATA), représentantrespectivement 10,3% et 5,1% de la productionmondiale. Plus des trois quarts de la productionde pétrole était le fait des quatre pays cités précé-demment (Nigeria : 106 Mt ; Libye : 71,3 Mt ;Algérie : 66,8 Mt ; Égypte : 39,7 Mt), alors quel’Algérie avec 85,5 milliards de m3 assurait lesdeux tiers de la production de gaz du continent.

La consommation d’hydrocarbures au niveau del’Afrique était, en 2000, de 126 Mt de pétrole –trois pays, Libye, Égypte et Afrique du Sud,comptant pour plus de 61% – et de 60 Gm3 pourle gaz – deux pays, l’Algérie et l’Égypte, totalisant69% de la consommation africaine de gaz.

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Ainsi, en 2000, la consommation africaine depétrole et de gaz ne représentait respectivementque 3,5% et 2,4% de la consommation mondiale.

En ce qui concerne le charbon, le continentdispose de 6% des réserves mondiales, les réservesafricaines étant concentrées à plus de 90% enAfrique du Sud, au Zimbabwe et en Namibie.

Les différences notées dans les dotations en énergiedes différentes régions du continent se reflètentdans les systèmes de production d’énergieélectrique.Ainsi, si l’Afrique septentrionale, quicompte pour plus de 30% de la production totaled’énergie électrique du continent,utilise à cette finessentiellement le pétrole et le gaz, l’Afrique duSud, dont la production d’énergie électriquereprésente 50% de celle de tout le continent,assurecette production à plus de 93% à partir ducharbon, tandis que le reste de l’Afrique (20% dela production) fait appel à l’hydroélectricité et à descentrales fonctionnant au pétrole et au gaz naturel.

L’hydroélectricité

Le potentiel africain est énorme mais jusqu’àprésent faiblement exploité, puisque en effet àpeine 5% des 1888 TWh par an de capacitéexploitable ont été mis en valeur (WEC).À titrede comparaison, l’Amérique se situe à 20%,l’Amérique centrale et l’Amérique du Nord àplus de 40% et l’Europe à plus de 57%.

Sur les 1888 TWh par an de capacité technique-ment exploitable, la seule République démocra-tique du Congo totalise 41%, soit 774 TWh paran ; l’Éthiopie, avec ses hauts plateaux, a unecapacité exploitable de 260 TWh par an, leCameroun, 115 TWh par an, et Madagascar,180TWh par an.Mais la production effective ducontinent était inférieure à 75 TWh en 1999,chiffre dérisoire comparativement aux 1888TWhpar an de capacité exploitable.

Il convient de noter que, durant les dernièresdécennies, la part de l’hydroélectricité dans laproduction d’énergie électrique du continent aplutôt baissé, du fait notamment de l’ouverturedu secteur électrique au privé, dont la préférenceva à l’option thermique.

Au total, le potentiel énergétique de l’Afrique estconsidérable, particulièrement au regard des

besoins à satisfaire. Il est vrai, cependant, que lesressources énergétiques sont inégalement répar-ties, mais cette inégale dotation offre des possi-bilités intéressantes de coopération, voired’intégration énergétique du continent dans uneperspective de développement durable. Lastratégie du NEPAD est fondée précisément surl’exploitation de ce potentiel par la conjonctiondes efforts des différents pays en vue de laconception et de la mise en œuvre d’un pro-gramme énergétique à l’échelle de tout lecontinent.

La stratégie du NEPAD dans le secteur de l’énergie

Dans le domaine de l’énergie, l’ambition duNEPAD est de poser les bases du développementde l’Afrique, en comblant l’écart qui sépare lespays du continent des pays développés par la miseà disposition d’énergie de qualité, en quantitésuffisante et à un prix compétitif.

L’approche du NEPAD consiste à mettre en œuvreune politique volontariste de réalisation d’infra-structures à caractère régional afin d’accroître lataille des marchés énergétiques et de rationaliserl’exploitation du potentiel énergétique africain.

L’intégration énergétique apparaît ici comme laclé pour desserrer la contrainte que représentel’étroitesse des marchés nationaux qui, considérésindividuellement, constituent autant d’obstaclesà la mise en valeur des potentialités énergétiquesdu continent. L’intégration représente aussi uneoccasion, pour les pays faiblement dotés enressources énergétiques, de tirer parti, notammentà travers des réseaux d’interconnexion électriqueset gaziers, de l’abondance énergétique des paysexcédentaires, afin de satisfaire, de manière fiableet au moindre coût, leurs propres besoins, amé-liorant ainsi, du même coup, la compétitivité deleurs économies nationales.

Le NEPAD étant conçu comme un plan globalà l’échelle du continent, opérationnalisé par lesrégions et non les États dans leurs limites étroitesactuelles, le Programme Énergie retenu dans lecadre du NEPAD a été défini à partir des projetsportés par les organisations régionales africaineselles-mêmes.Ce programme se décline en autantde sous-programmes que de sous-secteurs

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NEPAD: DES ENJEUX, DES AMBITIONS ET DES PROGRAMMES PORTEURS

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énergétiques. Cependant, les sous-programmesrelatifs à la biomasse et aux nouvelles énergiesrenouvelables n’ont pas, jusqu’à présent, étéfinalisés.

Le sous-secteur des hydrocarbures

Au-delà de la rationalisation du système d’appro-visionnement et de distribution qui pourraitgénérer des économies allant jusqu’à 1,3 milliardde dollars US (étude parrainée par la Banquemondiale et le gouvernement italien au débutdes années 1990), la stratégie retenue consiste àmettre en place les infrastructures de transport etde distribution qui, aujourd’hui, font défaut etconstituent un gros handicap, et pour le dévelop-pement du marché et pour la réduction du coûtd’approvisionnement de certains pays, notam-ment les pays enclavés.

Si l’on considère le gaz, les importantes ressourcesgazières, notamment le gaz de torchère duNigeria, semblent n’avoir pas de débouché. Cedébouché est cependant tout désigné, le gaz étantconsidéré à l’échelle mondiale pour différentesraisons, en particulier environnementales, commele combustible d’avenir pour la productiond’électricité.

Au total, pour le secteur des hydrocarbures, lesprojets identifiés dans le cadre du NEPADrequièrent un financement global de 11,6 mil-liards de dollars US et concernent la pose degazoduc et d’oléoducs :

– gazoduc Tunisie–Libye,

– gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (WAGP),

– gazoduc transsaharien Nigeria–Algérie(NIGAL),

– projet de pipeline entre Eldoret (Kenya) etKampala (Ouganda),

– projet gazier de Kudu et de gazoduc entreKudu (Namibie) et Cape Town (Afrique duSud).

Le sous-secteur de l’électricité

Le caractère embryonnaire de l’infrastructureélectrique des pays du continent, en dehors del’Afrique septentrionale et de l’Afrique du Sud,ouvre des perspectives intéressantes pour con-cilier le développement du système électrique etla protection de l’environnement, au plan globalnotamment.

À cet égard, au moment où nombre de sociétésd’électricité africaines sont au bord de l’asphyxiefinancière,du fait du renchérissement des prix desproduits pétroliers, et où la croissance économiqueest défavorisée par des pénuries chroniques d’élec-tricité, le faible pourcentage d’exploitation del’énorme potentiel hydroélectrique du continentapparaît comme un vrai scandale.

Aussi bien s’agit-il, pour le NEPAD, de mettreen valeur les potentialités régionales de produc-tion d’électricité, en particulier l’hydroélectricité,et d’organiser les circuits d’échange d’énergieélectrique par la création de grands marchésrégionaux. L’exploitation du potentiel hydro-électrique des bassins fluviaux du continentdevrait permettre d’améliorer la fiabilité et deréduire le coût d’approvisionnement en énergiedes pays africains.

À titre d’illustration, signalons que l’arrivée del’énergie du barrage de Manantali construit parl’OMVS, en juillet 2002, a permis à la Sociétéd’électricité du Sénégal (SENELEC) d’améliorerde manière très significative la qualité du serviceà la clientèle et d’opérer une réduction substan-tielle de sa facture pétrolière. Pour un prix de25 francs CFA le kilowattheure, l’énergie deManantali s’est avérée, de loin, plus économiqueque la production thermique, qui revient à plusde 35 francs CFA le kilowattheure (centrale dieselau fuel lourd). En Afrique de l’Ouest, plusieurspays trouvent avantage à importer l’énergieélectrique plutôt que de la produire en raison desdisparités de prix de revient de production.Ainsi,le Ghana, le Bénin, le Togo et le Burkina Fasocouvrent une partie de leurs besoins en importantde l’électricité de la Côte d’Ivoire, réalisant aupassage des économies substantielles, comme lemontre le tableau qui suit.

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11Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

En réalité, les gains réalisés par les pays importateurssont présentement limités par l’absence ou l’insuf-fisance des infrastructures d’interconnexion néces-saires. À moyen et à long terme, l’approvision-nement du marché posera le problème de la miseen valeur du potentiel hydroélectrique et gazier.Afin de lever ces contraintes, le programme duNEPAD a identifié plusieurs projets d’intercon-nexion et de centrales hydroélectriques, le toutestimé à 16 milliards de dollars US, tenant comptedu projet Grand INGA (6000 MW sur un poten-tiel de 39000 MW) et de l’interconnexion associéeÉgypte – République démocratique du Congo(RDC).

Ainsi, au titre des sous-secteurs hydrocarbures etélectricité,une trentaine de milliards de dollars USseront nécessaires à la réalisation des projetsidentifiés, qui ne couvrent pas, loin s’en faut, tousles besoins d’investissement du secteur énergétiqueafricain.En effet, ce programme ne concerne queles projets intégrateurs, à caractère régional, et neprend pas en compte les projets purement natio-naux (recherche, exploration pétrolière, accès despopulations à l’électricité, etc.).

Ces besoins de financement, qui semblent élevés,demeurent modestes au regard des donnéesmondiales, notamment les 16000 milliards dedollars d’investissements énergétiques, sur unepériode de 30 ans, avancés par AIE, soit plus de500 milliards de dollars par an.

Tirant les leçons de l’échec relatif de la logiquede l’aide et du crédit, l’Afrique mise sur le secteurprivé pour le financement des infrastructuresqu’appelle le développement accéléré du conti-nent. C’est là l’un des défis majeurs que les paysafricains devront relever pour la réalisation duProgramme Énergie du NEPAD.

Énergie et durabilité dans le cadre du NEPAD

Au regard de l’ampleur de la pauvreté en Afrique,le continent africain a, plus que toute autre partiedu monde, besoin de la croissance de son éco-nomie pour éradiquer, sinon réduire, l’incidencede la pauvreté. Si le souci de durabilité dans ladéfinition des stratégies de développement doitêtre pris en considération, il reste que certainesoptions, par exemple celles reposant sur un rôleimportant des nouvelles énergies renouvelables etun recours accru à l’efficacité énergétique, sontpour le moins discutables.

En ce qui concerne les énergies nouvelles et renou-velables, on pourrait observer qu’il n’existe pasd’exemples historiques de pays qui se soient déve-loppés ou qui aient assuré la croissance de leuréconomie en ayant recours à ces énergies.Et pourcause.Malgré les progrès enregistrés dans les filièresde l’énergie éolienne et de l’énergie solaire,notam-ment les systèmes PV, le coût de ces énergiesdemeure relativement élevé en comparaison decelui des modes traditionnels de production d’élec-tricité (0,05 à 0,13$US par kWh pour l’énergieéolienne et 0,25 à 1,25$US par kWh pour le PV).

Le caractère intermittent de ces énergies, quiaffecte leur disponibilité, contribue au renchéris-sement de ces filières. En outre, l’absence d’éco-nomies d’échelle dans le cas du PV, ajoutée auxfacteurs coût et intermittence de la ressource, tendà limiter les applications envisageables. Enparticulier, s’il s’agit de fourniture d’énergie pourdes besoins d’activités productives, force motricenotamment, l’énergie solaire n’est pas une solutionadaptée. L’énergie éolienne présente la spécificitéde n’être exploitable que dans des sites bien précis,satisfaisant des critères météorologiques particuliers.

Énergie et développement durable en Afrique: l’apport du NEPAD

NEPAD: DES ENJEUX, DES AMBITIONS ET DES PROGRAMMES PORTEURS

Ghana Togo et Bénin Burkina Faso

Tarif d’importationCôte d’Ivoire 0,048 0,052 0,0575

Coût de production de remplacement 0,09 0,14 0,098

(en $US/kWh)

Ghana Togo et Bénin Burkina Faso

Tarif d’importationCôte d’Ivoire 58,51 12 6,4

Coût de production de remplacement 133 30,52 10,3

(en millions $US)

(Source : IM DIAW.)

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12 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

Cela ne fait pas de sens de vouloir éradiquer lapauvreté en optant pour les formes d’énergie lesplus chères. Des subventions massives peuventfaciliter l’accès des populations à ces formes mo-dernes d’énergie, mais bien souvent l’on constateque ces projets soutenus par les institutions d’aideau développement prennent fin avec l’arrêt dessubventions.

Les mesures d’efficacité énergétique, notammentau niveau de l’utilisation, sont bien souvent ren-tables pour l’usager (les subventions peuvent endécider autrement), mais présentent l’inconvé-nient d’exiger des dépenses initiales conséquentes.Du coup, ces mesures peuvent n’être plus à laportée de l’usager.

En tout état de cause, à l’heure actuelle, prônerde telles mesures à des populations n’ayant pasaccès, pour l’écrasante majorité, aux énergiescommerciales revient, comme disait un grandsociologue, à prescrire la diète à des Somaliens(souffrant de la faim)!

S’agissant de la stratégie du NEPAD, la réalisationdu programme devrait permettre de mettre à ladisposition des pays une énergie en quantitésuffisante, bon marché, facteur positif certaine-ment pour la croissance économique, conditionsine qua non du succès de la lutte contre lapauvreté. Par exemple, en Afrique de l’Ouest, lecoût estimatif de production de la plupart desprojets de centrale hydroélectrique est comprisentre 0,02 et 0,07$US le kilowatt-heure, alorsqu’en Afrique centrale et en Afrique australel’abondance de la ressource hydraulique et ducharbon permet de produire l’électricité à desprix plus compétitifs.

Il convient également de mentionner le fait quela stratégie est basée sur l’exploitation des poten-tialités locales, l’hydroélectricité et le gaz naturelnotamment, avec pour résultat l’amélioration dela sécurité et de la fiabilité de l’approvision-nement en énergie des pays africains.De surcroît,en réduisant l’exposition des pays concernés auxfluctuations du marché pétrolier international,cette stratégie renforce les conditions decroissance économique. Sans aucun doute, lerecours à l’hydroélectricité et au gaz naturel

devrait se traduire par des niveaux d’émission degaz à effet de serre relativement plus faibles,contribuant ainsi à la lutte contre le changementclimatique.

Cependant, les impacts sociaux de l’exécutiond’un tel programme ne doivent pas être ignorés,en particulier dans les cas de construction debarrages qui peuvent entraîner le déplacement depopulations.L’atténuation de ces impacts doit êtrepartie intégrante du programme d’investissements.

Celui-ci ne peut plus être exécuté, commecertains projets passés, pour les seuls besoins desmines et de l’industrie ainsi que des populationsurbaines, en ignorant celles vivant sur le sited’implantation des ouvrages. L’équité, si ce nesont pas les revendications démocratiques, devraitamener les gouvernements à prendre en consi-dération les demandes légitimes des populationsen vue de bénéficier des services d’infrastructuresexploitant les ressources locales.

Cet aspect de la durabilité, à savoir l’accès élargiaux énergies modernes pour les populations etl’amélioration subséquente de leurs conditionsde vie, devrait découler davantage des politiqueset stratégies nationales.

De même relève des politiques et réglemen-tations de chaque pays la création des conditionsnécessaires,mais certainement pas suffisantes, à laréalisation du programme énergie, à savoir lapaix, la stabilité, la bonne gouvernance publique,un climat propice aux affaires, tous facteurs sanslesquels l’objectif consistant à mettre à contri-bution le secteur privé pour le financement duprogramme ne sera pas atteint.

Le caractère transfrontalier des projets requiert quetous les pays avancent pratiquement d’un mêmepas vers la création des conditions favorables aufinancement et à la réalisation du programme. Àcet égard, la création du Mécanisme d’Évaluationpar les Pairs, sorte d’examen de passage devantpermettre de mesurer les progrès accomplis par unpays, notamment en matière de bonnegouvernance, traduit la prise de conscience aiguë etl’importance particulière que le nouveau leadershipafricain attache à ces préoccupations.

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– Claude DEMERS,Synthèse de trente années deconnaissances environnementales acquises parHydro-Québec reliées aux grands aména-gements hydroélectriques en milieu nordique.Liaison Énergie-Francophonie no 61 – IEPF Québec

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Énergie et développement durable en Afrique: l’apport du NEPAD

NEPAD: DES ENJEUX, DES AMBITIONS ET DES PROGRAMMES PORTEURS

Au moment où la communauté internationale s’active pour l’entréeen vigueur du Protocole de Kyoto qui n’attend plus que la ratificationen cours de la Russie, les débats sont déjà engagés sur son avenir à

court terme et sur le devenir de la seconde période d’engagement, au-delàde 2012. Les négociations relatives à cette période devraient être lancéesau cours de 2005. Plusieurs défis et inconnues sont à considérer, dontnotamment?:– l’entrée en vigueur du Protocole,– le retour les États-Unis à la table de la négociation multilatérale,– la position des pays en développement vis-à-vis d’engagements

contraignants sur l’évolution de leurs émissions,– Les enjeux du climat et les problèmes de développement auxquels ces

derniers sont confrontés,– la réduction des émissions et l’objectif ultime de la Convention,– les pistes pour la recherche et développement sur les émissions, la

vulnérabilité et sur l’adaptation aux changements climatiques.C’est dans ce contexte que l’IEPF publie ce premier numéro de sa nouvellecollection Études prospectives sur Les négociations à venir sur leschangements climatiques. Bilan et perspectives de Pierre Radanne, chargéde l’étude prospective 2030 à la Mission interministérielle de l’effet de serrede France.

LES NÉGOCIATIONS À VENIR SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUESBilan et perspectivesPierre Radanne

Disponible sur le site Web de l’IEPF à l’adresse:http://www.iepf.org/ressources/document.asp?id=180

22 x 28 cm, 52 pages, collection Étudesprospectives, no1, 2004, reliure souple.

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Sékou TOURÉ

Sékou TOURE est Directeur duBureau régional du PNUD pourl’Afrique. Originaire de la Côted’Ivoire et détenteur d’un Ph.D.en génie civil, Il a occupé, depuis20 ans, divers postes dans leGouvernement ivoirien, auquel ila fourni une assistance tech-nique sur un vaste éventail dequestions touchant l’environne-ment et les négociations inter-nationales. Il a été enseignant etchercheur dans diverses univer-sités aux États-Unis et en Côted’Ivoire. Il a dirigé plusieursgrands projets liés à l’environne-ment (changements climatiques,gestion des déchets, hydrau-lique, eau, plan d’action environ-nemental de la Côte d’Ivoire) etses contributions sur le planinternational sont fort nom-breuses (PNUD, Banque mon-diale, BAD, etc.).

14 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

La formulation du Nouveau Partenariat pour le Développement del’Afrique (NEPAD) s’est fortement inspirée, entre autres, de deuxfaits interdépendants : l’accroissement de l’état de pauvreté etl’aggravation de la dégradation environnementale en Afrique. Lecontinent dispose de ressources naturelles riches et variées,notamment en minerais, en terres, en diversité biologique, enforêts, avec notamment le deuxième massif forestier tropical dumonde, et en ressources halieutiques et hydrauliques, alors que lecontinent abrite le deuxième lac d’eau douce au monde. De ce fait,la région dispose d’un potentiel de développement humain, socialet économique considérable. Tous ces atouts auraient dû concourirà la réduction de la pauvreté et à son développement durable.Mais, paradoxalement, l’Afrique reste confrontée à d’énormesproblèmes, tels que la croissance démographique rapide et despratiques de développement inadéquates, qui, ajoutés aux termesd’échange défavorables du marché, au fardeau de la dette et auxconditions naturelles (sécheresses, catastrophes naturelles etépidémies), ont un impact direct sur l’état de l’environnement.

Conscients de ces enjeux majeurs, les Chefs d’État, concepteursdu NEPAD, ont reconnu la multitude et la complexité des aspectsindispensables à l’entretien de la base écologique de la région età l’utilisation durable des ressources naturelles, et la nécessité decombiner les initiatives de manière systématique pour mettre aupoint un programme cohérent de protection de l’environnement.Le NEPAD préconise donc l’élaboration et l’adoption d’uneinitiative pour l’environnement, à savoir un plan d’action cohérentet des stratégies, pour s’attaquer aux problèmes écologiques dela région tout en luttant contre la pauvreté et en favorisant ledéveloppement socioéconomique.

LL’’AAffrriiqquuee ssee ddoottee dd’’uunn PPllaann dd’’AAccttiioonn ppoouurrll’’EEnnvviirroonnnneemmeenntt àà llaa mmeessuurree ddeess eennjjeeuuxxrrééggiioonnaauuxx ddaannss llee ccaaddrree dduu NNEEPPAADDLLee PPrrooggrraammmmee EEnnvviirroonnnneemmeenntt

@[email protected]

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Ce plan d’action, élaboré grâce un processus exemplaire,présente des caractéristiques uniques pour permettre aucontinent de se placer de façon décisive sur le chemindu développement durable.

Le processus d’élaboration

Le plan d’action environnemental a été mis aupoint dans le cadre d’un processus consultatif etparticipatif sous l’égide de la Conférence minis-térielle africaine sur l’environnement (CMAE) eten étroite coopération avec le secrétariat duNEPAD et de l’Union africaine, avec l’appuifinancier et technique du Programme des NationsUnies pour l’environnement (PNUE) et du Fondspour l’environnement mondial (FEM), dans unprojet de taille moyenne préparé à cette fin. LePlan d’Action de l’Initiative pour l’environnementdu NEPAD a été élaboré en trois étapes : unepremière phase d’élaboration d’un cadre global,l’organisation de huit ateliers thématiques en vued’intégrer la contribution des experts africains etla finalisation puis l’adoption du Plan.

Ce plan d’action est le fruit d’un processus animépar des experts africains et fondé sur une métho-dologie de hiérarchisation des causes profondesde la dégradation de l’environnement et d’identi-fication des projets les mieux adaptés, sur les plansenvironnemental, institutionnel et financier, etdont la mise en œuvre faciliterait la résolutiondes problèmes identifiés.

Le Comité Directeur mis en place pour laréalisation de ce projet, composé des membres duBureau de la CMAE, de représentants des cinqpays à l’origine du NEPAD ainsi que de laZambie, du PNUE, de la BAD et de la CEA, atravaillé d’arrache-pied pour proposer un cadre deplan d’action à la CMAE. Il s’est ainsi réuni àPretoria en Afrique du Sud en janvier 2002, àAlger en Algérie en mars 2002, à Dakar au Sénégalen juin 2002 et le 14 juin 2002 en une sessionministérielle qui a entériné le travail des experts etsoumis la proposition à l’approbation Président dela République du Sénégal, M.Abdoulaye Wade,qui avait été désigné par ses pairs pour coordonnerle volet environnemental du NEPAD.

Ce cadre a ensuite été adopté par la 9e Sessionde la Conférence des Ministres africains del’Environnement réunie à Kampala en Ouganda

en juillet 2002. Cette session de la CMAE amandaté le Comité Directeur du projet pourfinaliser le Plan d’Action en organisant huitréunions thématiques pour chacun des domainesidentifiés dans le cadre de Plan d’Action.Les paysont volontairement offert d’organiser ces réu-nions thématiques qui se sont tenues dans lesvilles suivantes : Alger, sur la désertification ;Pretoria, sur les espèces exotiques envahissantes ;Bamako, sur la pauvreté et l’environnement ;Yaoundé, sur les forêts ; Nairobi, sur les zoneshumides;Dakar, sur la santé et l’environnement;Abuja, sur le milieu marin et côtier et les res-sources en eau douce;Rabat, sur les changementsclimatiques. En outre, une réunion consultativeavec des groupes issus de la société civile a étéorganisée à Nairobi. De même, une dernièreréunion du Comité Directeur du projet s’esttenue au Caire en Égypte en octobre 2003.

Environ 800 experts africains ont contribué auxtravaux, ce qui a permis au Comité Directeur definaliser le projet de Plan d’Action de l’Initiativepour l’environnement du NEPAD.Ce plan a étéassorti de plus de 200 propositions de projetspour s’attaquer aux préoccupations environne-mentales les plus pressantes en Afrique et d’unprogramme spécifique de renforcement descapacités compte tenu des besoins importantsdans ce domaine.

Le projet de Plan d’Action de l’Initiative pourl’environnement du NEPAD a été examiné lorsd’une réunion du Comité Directeur du projet àMaputo au Mozambique en avril 2003. Cetteréunion a notamment permis de hiérarchiser lesprojets par catégories en fonction des différentsdomaines programmatiques.

Une session extraordinaire de la CMAE tenueles 9 et 10 juin 2003 à Maputo a adopté le Pland’Action et décidé de le soumettre à l’approba-tion de l’Union africaine. La 2e Session ordinairede l’Union africaine, tenue à Maputo auMozambique du 10 au 12 juillet 2003, a entérinéle Plan d’Action et décidé (décision Assemblée/AU/Dec.5 (II)) de tenir une rencontre avec lespartenaires au développement de l’Afrique envue de mobiliser les ressources financièresnécessaires à sa mise en œuvre effective. CetteConférence des Partenaires s’est tenue avecsuccès à Alger du 16 au 17 décembre 2003 et a

L’Afrique se dote d’un Plan d’Action pour l’Environnement à la mesure des enjeux régionaux dans le cadre du NEPAD

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

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été marquée par l’adoption d’une déclaration dontle contenu a mis en évidence les caractéristiquesprincipales du plan susceptible d’aider audéveloppement durable de l’Afrique.

Caractéristiques du Plan d’Action

Le Plan d’Action de l’Initiative pour l’environ-nement du NEPAD a trait aux problèmes et préoc-

cupations communes et partagées de l’Afrique enmatière de développement durable. Il constitue unensemble de mesures collectives et individuelles àadopter et à mettre en œuvre par les pays africainsafin de préserver l’intégrité de l’environnement etd’assurer l’exploitation durable de leurs ressourcesnaturelles par le biais de partenariats avec lacommunauté internationale. Il offre un cadreapproprié pour la création d’un partenariat solide

Aperçu des ressources en eau de l’Afrique

Les ressources aquatiques africaines sont caractérisées par une extrême variabilité temporelle et spatiale.Bien que le continent utilise seulement 4% de ses ressources renouvelables d’eau douce, l’eau est en passede devenir l’un des problèmes les plus importants en matière de ressources naturelles.

L’Afrique est l’une des deux régions du monde qui vivent les problèmes de pénurie d’eau douce les plussérieux. La quantité d’eau disponible est en moyenne de 5,720 m3 par an par habitant en Afrique, contreune moyenne mondiale de 7,600 m3. Les zones humides équatoriales fournissent 95% du flux total del’Afrique, alors que les zones arides et semi-arides ne fournissent que 5% seulement.

De récentes études ont prouvé que plus de 300 millions de personnes en Afrique n’ont pas accès à uneeau propre. En Afrique subsaharienne, presque 51% de la population a accès une source d’eau propre etseulement 47%, à un réseau d’assainissement.

En termes de sources hydrauliques de surface, l’Afrique compte 17 rivières avec bassins hydrographiquesde plus de 100000 km2, et plus de 160 lacs de 27 km2, dont la majorité est située dans la région équatorialeet les montagnes de l’Afrique de l’Est, dans la région de la vallée du Rift. En plus des ressources en eaudouce des rivières et des lacs, le continent est entouré par une frontière aquatique. L’agriculture est lesecteur utilisant la plus grande quantité d’eau. En effet, l’irrigation compte pour 69% de l’eau utiliséedans la région.

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17Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

entre l’Afrique et ses partenaires pour la protectionde l’environnement, sur la base des engagementspris dans la Déclaration du Millénaire.

C’est également un programme d’action straté-gique et cohérent à long terme pour promouvoirle développement durable de l’Afrique. Celadécoule à l’évidence de l’accent mis par le

NEPAD sur les mesures qui permettront au con-tinent de s’atteler aux problèmes de croissanceéconomique à court terme sans perdre de vueles impératifs de protection de l’environnement,d’élimination de la pauvreté et de dévelop-pement social à plus long terme. Le Pland’Action s’intéresse aux processus, aux projets etaux activités connexes visant à améliorer les

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Les forêts

L’Afrique compte quelque 650 millions d’hectares de forêts, ce qui correspond à 10% du continent et à17% des forêts du monde. Les forêts africaines représentent en moyenne 0,85 hectare par habitant, cequi est proche de la moyenne mondiale. Toutefois, les variations d’un pays à l’autre sont importantes.

L’Afrique compte 14 types de forêts différents. La plus grande partie d’entre elles est située dans la zonetropicale, et le continent bénéficie du quart des pluies tropicales. Aujourd’hui, 1% seulement des forêtssont classées et la plupart des forêts classées sont situées principalement en Afrique du Sud.

Les forêts et leurs écosystèmes sont d’une grande productivité et offrent divers services aux niveauxmondial, régional ou local. Les forêts tropicales africaines abritent 1,5 million d’espèces, ce qui assure lanourriture, l’abri, les ustensiles, les vêtements et les besoins en plantes médicinales des communautéslocales. D’autre part, le bois utilisé est essentiellement destiné à la production de l’énergie domestique.L’utilisation, dans la région de l’Afrique subsaharienne, des combustibles traditionnels représenteaujourd’hui 63,5% de l’énergie utilisée en 1997. Au-delà des bénéfices tangibles, les forêts et les zonesboisées ont une importance culturelle, spirituelle et religieuse.

Au niveau national, l’exploitation commerciale des zones forestières représente une source de revenus,d’échanges extérieurs et d’emplois non négligeable. Malheureusement, l’état général des forêts africainesest en déclin. En effet, les chiffres correspondant aux changements nets que subissent les couverts forestiersen Afrique sont parmi les plus importants au monde, et la perte annuelle, selon des chiffres nationaux,serait de 5,3 millions d’hectares, ce qui correspond à –0,78% par an. On estime que le continent a perdu66 millions d’hectares entre 1980 et 1995, dont 65% durant les années 1990. Ce déclin est dû essentiel-lement à l’augmentation de la demande en terres agricoles, en bois et autres produits forestiers.

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perspectives économiques de l’Afrique grâce àune gestion environnementale durable.

Le Plan d’Action proposé est intégré, en ce sensqu’il tient pleinement compte de la croissanceéconomique, de la répartition des revenus, del’élimination de la pauvreté, de l’équité sociale etde la bonne gouvernance en tant que partieintégrante du programme d’action pour lapérennité de l’environnement en Afrique. Dansce contexte, le Plan d’Action est conçu pours’harmoniser avec les objectifs globaux duNEPAD et il sera par conséquent mis en œuvreen harmonie avec les autres composantes duNEPAD.

Dans cette perspective, le Plan d’Action tientpleinement compte des recommandations perti-nentes sur le NEPAD figurant dans le pland’application du Sommet mondial pour ledéveloppement durable et des recommandationsadoptées lors du débat sur la composanteenvironnementale du NEPAD qui s’est tenu àNairobi le 5 février 2003 dans le cadre du Forumministériel mondial pour l’environnement.

Le Plan d’Action est organisé en groupes d’ac-tivités programmatiques et au titre des projetsdevant être réalisés sur une période initiale de10 ans. Les domaines programmatiques corres-pondent aux secteurs prioritaires et aux questionsintersectorielles suivants, recensés dans l’Initiativepour l’environnement du NEPAD: lutte contre ladégradation des terres, sécheresse et désertification,zones humides, espèces exotiques envahissantes,ressources côtières et marines, conservation trans-frontalière des ressources naturelles, changementsclimatiques et questions intersectorielles. Le Pland’Action aborde les problèmes connexes liés à lapollution, aux forêts et aux ressources phyto-génétiques, aux zones humides, aux espèces exo-tiques envahissantes, aux ressources côtières etmarines, au renforcement des capacités et autransfert des technologies.

Les projets prévus dans le cadre des domainesprogrammatiques ainsi que leur nombre (entreparenthèses) se répartissent ainsi :

• Lutte contre la dégradation des terres : Uniondu Maghreb arabe (14) ; Comité permanentinter-États de lutte contre la sécheresse dans

le Sahel/Communauté économique des Étatsd’Afrique de l’Ouest (32) ; Communautééconomique des États d’Afrique centrale (9) ;région de l’Autorité intergouvernementalepour le développement (14) et région de laCommunauté de développement d’Afriqueaustrale (18) ;

• Conservation des zones humides africaines(9) ;

• Prévention, contrôle et gestion des espècesexotiques envahissantes (14) ;

• Conservation et utilisation durable des res-sources marines, côtières et en eau douce (42);

• Lutte contre le changement climatique enAfrique – en cours (7), prévus (7) – énergie(20) ;

• Gestion transfrontalière des ressources natu-relles : forêts (8) ;

• Questions intersectorielles : santé et environ-nement – projets existants (14),projets proposés(8);gestion des déchets (5);appui aux infrastruc-tures (3);production et consommation durables(6); mise en réseau et diffusion d’informations(3); pollution atmosphérique (3);

• Pauvreté et environnement (11).

Conclusion

Le Plan d’Action de l’Initiative pour l’envi-ronnement du NEPAD, qui vient d’être élaboréde manière consensuelle et participative par lesexperts de la région et qui a été adopté par lesplus hautes instances politiques du continent,constitue un outil précieux et unique dontdispose l’Afrique pour faire face aux défisenvironnementaux, conflits dont la résolutionconstitue un gage pour le développementdurable du continent. Il s’agit maintenant de toutfaire pour accélérer la mise en œuvre des projetset des programmes identifiés.À cet égard, un vraipartenariat entre les Africains et les partenairesau développement du continent constitue unimpératif et sera gage de succès.

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Fatima DIA TOURÉ

Directrice de l'Environnement etdes Établissements classés, depuis1999. Juriste enironnementaliste,spécialisée en Administration fi-nancière. Fatima DIA TOURÉassure la coordination des Con-ventions internationales relativesà l'environnement, dont la Direc-tion est le point focal (Chan-gements climatiques, Déchetsdangereux (Bales), produits chi-miques, ozone) et des activitésrelatives au FEM, à l'initiativeEnvironnement du NEPAD et à lastratégie nationale de dévelop-pement durable.

De Stockolm à Johannesburg en passant par Rio, les pays africainsont progressivement pris en compte, dans leurs politiques dedéveloppement économique et sociale, les préoccupations envi-ronnementales. Une approche de gestion intégrée des ressourcesde l’environnement a vu le jour sur le continent avec le Pland’Action environnemental du NEPAD.

Après une présence timide à Stockholm en 1972, le continentafricain, 30 ans plus tard, a produit à Johannesburg, dans le cadrede la mise en œuvre du plan d’action du Développement durable,un chapitre intitulé « le Nouveau Partenariat pour le Dévelop-pement de l’Afrique », dont la priorité était l’élaboration d’unprogramme d’activités de Développement Durable de l’Afriqueavec un intérêt particulier pour l’Initiative pour l’environnement. Lamise en œuvre de cette dernière se heurte à certaines difficultés enraison de l’absence de mécanismes de financement propres, etdes initiatives en ce sens sont engagées pour assurer l’exécutiondes projets et des programmes d’activités retenus dans le Pland’Action environnemental du NEPAD.

Si la présence du continent africain a été timide à Stockholm,à Rio en 1992,à la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Dévelop-pement, l’Afrique s’est positionnée comme le leader dans le combat relatif

à la nécessaire élaboration d’une convention de lutte contre la désertification etla sécheresse qui agressaient littéralement les pays africains, en anéantissant touteffort de développement.Cet engagement actif des Africains doit être considérécomme un des résultats positifs de Rio.Après des négociations soutenues avec lacommunauté internationale, la première Conférence des Parties de cetteconvention portée par les pays africains fortement agressés par la désertificationet la sécheresse s’est tenue en 1997 à Rome.

L’Agenda 21 a été adopté à Rio par l’ensemble des pays présents, et ceux ducontinent africain se sont politiquement engagés dans cette dynamique pour samise en œuvre,malgré les difficultés existantes en termes de moyens institution-nels, logistiques, humains et matériels.

LLeess ddiiffffiiccuullttééss ddee mmiissee eenn œœuuvvrree dduu PPllaann dd’’AAccttiioonn eennvviirroonnnneemmeennttaall dduu NNEEPPAADD

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@[email protected]

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

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On a noté, dès lors, la prise en compte pro-gressive des préoccupations environnementalesdans les programmes de développement des paysafricains, considérées comme des priorités défi-nies par les décideurs politiques du continent.Avec la mise en place du NEPAD, un chapitre aété consacré à l’initiative environnementale del’Afrique.

Ce dernier chapitre du programme d’action duNEPAD, intégré à Lusaka en 2001, a fait l’objetde réflexions et d’échanges entre les pays africainset leurs partenaires bilatéraux et multilatérauxintéressés par les questions de protection desressources de l’environnement.

Ce processus de réflexion a abouti, à Maputo en2003, à la présentation et à l’adoption, par laConférence des Chefs d’État de l’Union africaine,du Plan d’Action environnemental du NEPAD,qui contient les domaines prioritaires suivants :

• la lutte contre la dégradation des sols, la séche-resse et la désertification;

• la conservation des zones humides et de labiodiversité en Afrique;

• la prévention et le contrôle des espècesenvahissantes ;

• la conservation et l’utilisation des ressourcesmarines et côtières ;

• la lutte contre les changements climatiques enAfrique;

• la conservation et la gestion des ressourcesnaturelles transfrontalières ;

• les questions transversales que sont la santé etl’environnement, le transfert de technologiesenvironnementales, l’évaluation et l’alerte pré-coce pour les désastres naturels, l’élaborationd’une banque de données environnementalespour le NEPAD, le renforcement des capacités.

Les questions de développement évoquéescomme priorités du Plan d’Action environne-mental du NEPAD ont fait l’objet d’une appro-priation par des pays africains regroupés au seinde la Conférence des Ministres Africains del’Environnement, qui a porté ce projet, assisté encela par le Programme des Nations Unies pourl’Environnement et le Fonds pour l’environne-ment mondial.

La Conférence d’Alger sur le financement, tenueen décembre 2003 avec les partenaires au dévelop-pement, a été la première étape de la présentationdu Plan d’Action environnemental du NEPAD àla communauté internationale, qui avait déjàmanifesté de l’intérêt pour cette orientationprioritaire demandée par le continent africain.

Le Plan d’Action adopté et connu, et l’intérêtmanifesté par les partenaires de la communautéinternationale, l’étape suivante est la mise enœuvre, qui ne va pas sans difficulté, du fait de lanécessité de mécanismes financiers devant assurerla mobilisation et l’utilisation efficiente des res-sources existantes et la recherche des ressourcesadditionnelles pour l’exécution des projets dedéveloppement durable.

L’objet du présent article est certes de faireconnaître la démarche suivie pour élaborer cePlan d’Action, mais surtout d’insister sur la miseen œuvre, qui doit être le fait des pays africainsengagés dans la concrétisation du NEPAD,penséet conçu par des hautes autorités du continent.

Le Président sénégalais est l’un des promoteursdu Partenariat et il a la charge, entre autres, de lacoordination du volet Environnement duNEPAD.Fort de sa vision pour la prise en chargedes responsabilités et autres engagements duSénégal dans la concrétisation du NEPAD, il ainstruit la mise en place du Secrétariat Intérimairedu NEPAD Environnement (SINEPAD/ENVIRONNEMENT),qui doit servir d’organed’intégration, de coordination et de suivi desactivités de ce volet.Cet organe jouera le rôle defacilitation dans la conception, la recherche et lamobilisation de financement pour la mise enœuvre des projets et des programmes du Pland’Action environnemental du NEPAD. Cecirésout provisoirement une des difficultés relativesà l’existence d’une structure ou d’un systèmepertinent pour exploiter, de manière efficiente etefficace, les possibilités financières et techniquesprésentes et actuellement saisissables pour ce volet.

En portant cette initiative, le coordonnateur duVolet Environnement du NEPAD,Son Excellencele Président Abdoulaye WADE était conscient del’intérêt et des manifestations d’appui et d’assis-tance à l’égard du volet Environnement, qu’ilfallait identifier et dont il fallait prendre chargependant la période de transition,utile à la mise en

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place effective des structures opérationnelles del’Union africaine.

Le SINEPAD/ENVIRONNEMENT a donc étémis en place par le Gouvernement du Sénégal,appuyé par le Programme des Nations Uniespour l’Environnement. Il est dirigé par un coor-donnateur camerounais, qui en assure l’animationet l’opérationnalisation.

C’est ainsi qu’au sortir de la première Conférenced’Alger sur le Partenariat pour le financement duPlan d’Action environnemental du NEPAD, endécembre 2003, le Secrétariat Intérimaire du VoletEnvironnement du NEPAD a saisi les occasionsde mise en œuvre offertes par certains partenaires,lors de cette rencontre, pour les concrétiser. Descontacts, des échanges et des rencontres ont suiviavec les personnes concernées pour approfondiret formaliser ces offres.

Le domaine de l’environnement marin et côtierdu Plan d’Action fait partie des thèmes les mieuxélaborés, du fait de la disponibilité des projetsissus du Programme d’action du processus afri-cain pour le développement et la protection del’environnement marin et côtier.Ce programmea été conduit, en son temps, par l’AdvisoryCommittee of the Protection of the Sea(ACOPS), assisté par le Fonds pour l’environ-nement mondial et le PNUE dans 11 paysafricains : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Gambie,le Kenya, l’Afrique du Sud, le Mozambique, leNigeria, les Seychelles, la Tanzanie, la Guinée-Bissau et le Cap-Vert.

Ces projets, qui avaient été validés et adoptés parles Chefs d’État à Johannesburg, lors du Sommet,ont été versés, sur leur instruction, dans le Pland’Action environnemental du NEPAD pouréviter toute incohérence susceptible d’entraînerdes activités parallèles non coordonnées.

C’est à ce titre que, parmi les 20 projets etprogrammes évalués et chiffrés du volet environ-nement marin et côtier, le Sénégal, en sa qualitéde Coordonnateur du Volet Environnement duNEPAD, a saisi la Commission océanographiqueintergouvernementale de l’UNESCO de la miseen œuvre du projet régional pour la protection dulittoral par le biais de la gestion intégrée des zonescôtières qui intéressent le Cap-Vert, la Gambie, laGuinée-Bissau, la Mauritanie et le Sénégal.

Une rencontre sous-régionale de planification dece projet régional s’est tenue en mars 2004 sousl’égide du SINEPAD/Environnement, avec laparticipation du Secrétariat du NEPAD basé enAfrique du Sud. Elle a permis de finaliser lesprogrammes d’activités entre les pays concernés,dans le but de les soumettre, pour financement,au Fonds pour l’environnement mondial et depasser à l’étape de mise en œuvre.

Les composantes majeures de ce programmed’activités sous-régional sont :

• l’évaluation de l’érosion côtière et des change-ments affectant le littoral, l’accent étant missur la vulnérabilité face aux changementsclimatiques ;

• l’élaboration de stratégies nationales et régionalespour une gestion intégrée des zones côtières;

• la mise en œuvre des projets pilotes.

Les difficultés de mise en œuvre du Plan d’Actionenvironnemental du NEPAD

NEPAD: DES ENJEUX, DES AMBITIONS ET DES PROGRAMMES PORTEURS

Un exemple d’impacts négatifs de l’érosion côtière.

Ainsi, des échanges ont eu lieu sur ces troiscomposantes qui constituent les activités devantêtre réalisées pour la mise en œuvre de ce projetsous-régional.

Aujourd’hui, le Fonds pour l’environnementmondial a été saisi pour appuyer la concrétisationde ces actions qui ont déjà vu, au niveau national,des débuts de réalisation à partir des effortsfournis par les pays eux-mêmes, comme le veutl’esprit du NEPAD.

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La coordination de cette mise en œuvre est ainsisupervisée par le SINEPAD/Environnement etconstitue un élément concret du processusd’exécution du Plan d’Action environnementaldu NEPAD.

Comme l’a souvent dit le Coordonnateur duVolet Environnement du NEPAD, le Présidentde la République Abdoulaye WADE, il ne s’agitplus de réinventer la roue en la matière, mais derecenser les acquis en termes d’études de projets,d’expertise, de mécanismes de financement, d’enidentifier les différentes contraintes et de lesconfronter aux situations actuelles en vue detrouver la démarche adéquate pour atteindrel’objectif de développement durable des zonesconcernées par la dégradation des ressources del’environnement et la pauvreté. À cette fin, lePlan d’Action environnemental du NEPAD joueun rôle important, du fait que sa concrétisationdoit contribuer à l’amélioration des conditionsde vie des populations.

Cette démarche, aidée de l’expérience du projetsous-régional de gestion du littoral, constitue unedes multiples voies pouvant être suivies pourlever les difficultés de financement et ainsi assurerla mobilisation des ressources financières néces-saires à la réalisation des activités programmées.

Une rencontre sous-régionale sur le projet pilotede gestion intégrée des ressources marines etcôtières, qui va intéresser les pays de la sous-région ouest-africaine, sur financement conjointde la Banque mondiale, du Fonds pour l’environ-nement mondial, du Japon et de la Coopérationfrançaise, s’est tenue à Dakar les 12, 13 et14 octobre 2004.Elle a permis d’échanger sur lesmontages institutionnels, techniques et financiersqui doivent soutenir les projets du Plan d’Actionenvironnemental du NEPAD.

La Convention d’Abidjan relative à la coopérationen matière de protection et de mise en valeur desmilieux marins et côtiers de l’Afrique centrale etde l’Ouest, qui constitue le cadre juridique etinstitutionnel de cette thématique dans la région,peut être exploitée et mise à profit commeplateforme régionale pour accompagner l’exécu-tion du programme en rapport avec leSINEPAD/Environnement et les autres structuressous-régionales concernées, tels la CEDEAO, le

Programme régional de conservation de la zonecôtière et marine de l’Afrique de l’Ouest(PRCM) et la Commission sous-régionale despêches (CSRP).

Cette rencontre a enregistré la présence nonseulement des partenaires au développement,mais aussi, en plus des experts et Ministreschargés de l’Environnement et de la Pêche, deceux chargés de l’Économie et des Finances del’Algérie, de l’Afrique du Sud, du Bénin, de laCôte d’Ivoire, du Cap-Vert, de la Guinée-Bissau,de la République de Guinée, de la Gambie, duNigeria, du Mali et du Sénégal. Cet exerciced’échanges et de discussions a été organisé surinstruction du Coordonnateur du Volet Environ-nement du NEPAD, dans le but de recenser lesmécanismes existants en vue de la mobilisationdes ressources financières pour l’exécution desprojets et programmes du Plan d’Actionenvironnemental du NEPAD.

Les Commissions Économiques Régionales(CER) ont été désignées responsables de l’exé-cution des programmes d’action du NEPAD,mais aucun mécanisme clair et précis n’a étédéfini pour l’exécution financière et techniquedes projets du NEPAD, qui sont généralementsous-régionaux. Des réflexions et échanges ontété menés entre les participants de cette ren-contre pour trouver des solutions techniquespermettant d’exploiter les manifestations d’inté-rêt et de les rendre concrètes.

L’exercice a été vu comme une étape préalable àla prochaine Conférence de Partenariat sur lefinancement du Plan d’Action du NEPADdécidée par la Conférence des Ministres Africainsde l’Environnement (CMAE), lors de la sessionde Sirte (Libye), en juin 2004, et qui se tiendra àDakar au cours de 2005.Cette expérience devraitse répéter pour tous les thèmes prioritairesidentifiés dans le Plan d’Action et qui ont faitl’objet de programmes d’action évalués et chiffrés,à l’instar de ceux du domaine marin et côtier.

Un appel est donc lancé à tous les acteurs etpartenaires intéressés afin que l’expérience acquisepour le thème de l’environnement marin et côtierpuisse être reproduite pour la lutte contre ladégradation des sols et la désertification, le con-trôle des espèces envahissantes, la gestion des

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zones humides, et les questions transversales tellesque la santé et l’environnement, le transfert destechnologies, etc.

Il faut signaler que le volet environnement marinet côtier a été assisté et appuyé par des partenairesconcernés tels que la Commission océanogra-phique intergouvernementale de l’UNESCO, laBanque mondiale, le FEM et le Programme desNations Unies pour l’Environnement, qui y ontdéveloppé des programmes concrets.

Certes,un programme de renforcement des capa-cités nationales et régionales est en cours pour lamise en œuvre du Plan d’Action environnementaldu NEPAD sur financement du Fonds pourl’environnement mondial,mais les communautéséconomiques régionales telles que la CEDEAO,l’UMA, la CEMAC, la SADEC, le COMESA etles institutions financières régionales et sous-régionales, la BAD, la BOAD, la BEAC, quiconstituent les structures d’exécution du NEPAD,doivent élaborer elles-mêmes des programmesd’action concrets pour être associées de façonopérationnelle à la prise en charge de ces ques-tions régionales que gère le NEPAD. La faiblessedes capacités dans ce domaine constitue unedifficulté qu’il faut résoudre pour mener à bienl’exécution du Plan d’Action.

À cette fin, un fonds africain de soutien auxactivités environnementales a été proposé à larencontre de Dakar et devrait être établi auniveau de la BAD, qui pourrait recueillir lescontributions financières et en assurer la réparti-tion entre les structures sous-régionales et lesÉtats pour la mise en œuvre concrète des projetsau niveau national.

Un intérêt particulier doit être accordé, demanière plus pratique, aux questions environne-mentales par les cinq commissions économiquesrégionales de l’Afrique indiquées, pour uneexécution efficiente des projets du Plan d’Actionenvironnemental du NEPAD.

Pour conclure, il faut signaler l’existence réellede possibilités financières, lesquelles doivent êtreexploitées par une coordination améliorée, unemise en synergie des programmes d’action dedéveloppement durable déjà identifiés, évalués etchiffrés, en rapport avec les différents acteurs etpartenaires au développement. Le SINEPAD/ENVIRONNEMENT basé à Dakar s’attelle àtrouver, avec les États, des solutions appropriées àces difficultés pour recueillir le maximum deressources, techniques et financières, utiles à lamise en œuvre du Plan d’Action.

Les difficultés de mise en œuvre du Plan d’Actionenvironnemental du NEPAD

NEPAD: DES ENJEUX, DES AMBITIONS ET DES PROGRAMMES PORTEURS

Scène d’exploitation des ressources des zones côtières.

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Jean HÉBERT est Chargé deprojets Environnement, Affairesinternationales Hydro-QuébecÉquipement, unité Environne-ment, Montréal, Québec.

Cheikh FOFANA est Assistant auSecrétaire exécutif du SINEPAD(Secrétariat intérimaire du voletEnvironnement du NEPAD),Dakar, Sénégal.

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Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD), fruit de la fusion des plans OMEGA du Président WADE(Sénégal) et MAP (Millenium African Plan) des Présidents MBECKI(Afrique du Sud), OBASANGO (Nigeria) et BUTEFLIKA (Algérie), estun effort de dirigeants africains pour placer le continent sur la voiedu développement socioéconomique et de la lutte contre lapauvreté. Bâti autour de huit secteurs jugés prioritaires pour lacroissance de l’Afrique, le NEPAD est un programme de dévelop-pement qui s’appuie sur le partenariat Sud-Sud et Nord-Sud. Lesprincipaux secteurs du NEPAD sont l’Agriculture, la Bonne gou-vernance, l’Éducation, l’Énergie, l’Environnement, les Infrastructures,les Nouvelles technologies de l’information et de la communication(NTIC) et la Santé. Nous porterons notre attention sur deux de cessecteurs névralgiques, soit l’environnement et l’énergie.

Le secteur Environnement a fait l’objet, depuis environ trois ans,d’une réflexion en plusieurs étapes qui a mené à l’élaboration d’unestratégie qui est maintenant assez précise. La stratégie du secteurÉnergie (et du sous-secteur électrique) est quant à elle toujours endéfinition. Après avoir passé en revue les grandes lignes desintentions exprimées par le NEPAD pour chacun de ces deux secteurs,nous proposerons ici quelques pistes de réflexion pour assurer unecohérence entre ces stratégies sectorielles. Nous souhaitons ainsi,d’une part, contribuer à l’ajustement d’une stratégie environne-mentale qui, bien que déjà sensible aux enjeux environnementauxassociés à la mise en valeur des ressources énergétiques, devraintervenir systématiquement à toutes les phases du processusdécisionnel, depuis le choix des filières de production, jusqu’à laréalisation d’évaluations environnementales pour chacun des projetsproposés. D’autre part, nous souhaitons également participer à lapréparation d’une stratégie énergétique «environnementale» quirépondra aux exigences d’un développement durable.

ÉÉnneerrggiiee,, eennvviirroonnnneemmeenntt eett ddéévveellooppppeemmeenntt dduurraabblleePPoouurr uunnee ccoohhéérreennccee ddeess ssttrraattééggiieess eennvviirroonnnneemmeennttaalleess eett éénneerrggééttiiqquueess dduu NNEEPPAADD

Jean HÉBERT et Cheikh FOFANA

@[email protected]@yahoo.fr

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La stratégie environnementaledu NEPAD

Compte tenu de la dégradation de l’état del’environnement sur le continent africain, et desperspectives du développement durable souhaitéqui en dépendent, une stratégie environne-mentale africaine a été définie dans le cadre duNEPAD. Cette initiative comprend un Pland’Action décennal à mettre en œuvre dans uncertain nombre de secteurs d’intervention.

Le Plan d’Action de l’initiative environnementaleest élaboré selon un processus consultatif etparticipatif, sous l’égide de la ConférenceMinistérielle Africaine sur l’Environnement(CMAE) et en collaboration avec le Programmedes Nations Unies pour l’Environnement(PNUE). Près de 800 experts africains ont étémis à contribution lors d’ateliers dediscussion décentralisés. Le Plan traitedes questions et des préoccupationscommunes et partagées du dévelop-pement durable en Afrique. Il s’agitd’un ensemble d’actions et de respon-sabilités collectives que les pays afri-cains doivent adopter et mettre enœuvre pour conserver l’intégrité deleur environnement et assurer l’utilisa-tion durable de leurs ressources natu-relles grâce à des partenariats avec lacommunauté internationale. Il fournitun cadre pour l’établissement d’un fortpartenariat qui s’appuie sur les engage-ments contenus dans la Déclaration du Millénairedes Nations Unies et les résultats du SommetMondial de Johannesburg (2002).

Les objectifs du Plan d’Action

Les préoccupations exprimées plus haut ne sontpas nouvelles. Les objectifs globaux du Pland’Action sont de compléter les programmes dedéveloppement africains pertinents, y compris leprogramme de travail de la CMAE revitalisée,afin d’améliorer les conditions environnementalesen Afrique, de contribuer à réaliser la croissanceéconomique et l’éradication de la pauvreté, dedévelopper les capacités de l’Afrique pour appli-quer les accords environnementaux internatio-naux et régionaux, et de faire face efficacement

aux défis de l’environnement en Afrique dans lecontexte global de la mise en œuvre du NEPAD.

Les secteurs d’intervention

Le Plan d’Action de l’initiative environnementaledu NEPAD est structuré selon les secteurs prio-ritaires et des questions transversales. Les secteursprioritaires sont : la dégradation des sols, lasécheresse et la désertification; les zones humides;les espèces allogènes envahissantes; les ressourcesmarines et côtières; le réchauffement de la planète;la conservation transfrontalière des ressourcesnaturelles ; les changements climatiques. Lesquestions transversales abordent les problèmesconnexes de la pollution, des forêts et desressources génétiques végétales,de l’eau douce,dudéveloppement des capacités et du transfert detechnologie,de la pauvreté et de l’environnement.

Énergie, environnement et développement durable

NEPAD: DES ENJEUX, DES AMBITIONS ET DES PROGRAMMES PORTEURS

Photo:Agence canadienne de développement international

Le programme d’activités

Dans la revue des projets à mettre en œuvre, troiscatégories ont été retenues : les projets existantsfinalisés, qui sont à la recherche de partenairespour le financement ; les projets à réactualisercompte tenu du contexte et à soumettre auxpartenaires ; les idées de projets émises, quidoivent être formulées dans un document deprojet. Jusqu’à maintenant, près de 70 projets ontété acceptés, dont une quarantaine dans ledomaine de la lutte contre la dégradation dessols, la sécheresse et la désertification.L’approcherégionale est favorisée, alors que l’Afrique a étédivisée en cinq régions.

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

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La stratégie énergétique du NEPAD

La réflexion sur la stratégie énergétique duNEPAD n’a pas mené, jusqu’à maintenant, à lapréparation d’un plan d’action spécifique.C’est àtravers les actions proposées pour les différentssecteurs d’intervention du Plan d’Action del’initiative environnementale du NEPAD (change-ments climatiques ; dégradation des sols, séche-resse et désertification) ainsi que dans le Documentde réflexion pour un développement soutenu du secteurdes technologies de l’Énergie en Afrique qu’on peutdégager certaines orientations.

Ce dernier document indique que les objectifsspécifiques en rapport avec l’amélioration del’approvisionnement énergétique, au sein dusecteur de l’Infrastructure du NEPAD, sontd’accroître de 10% à 35% l’accès sûr et abordableà l’énergie commerciale fournie par l’Afrique àses populations en 20 ans.On souhaite égalementassurer la fiabilité d’une énergie bon marché pourles activités productives afin de permettre unecroissance économique de l’ordre de 6% par an. Ilfaut aussi contrecarrer la dégradation environne-mentale due à l’usage traditionnel des com-bustibles en zone rurale et développer l’énergiehydraulique potentielle des rivières et bassins del’Afrique. Il faudrait encore intégrer en réseau lagrille de transmission du gaz pour son écoulementfacile au-delà des frontières nationales.Enfin, il estproposé de réformer et d’harmoniser la législationet la régulation du pétrole sur le continent.

Dans le secteur d’intervention de la Lutte contreles changements climatiques en Afrique, le Pland’Action environnemental du NEPAD vise lasatisfaction des besoins en électricité sansaugmentation des émissions de gaz à effet deserre. Il est également recommandé de faire desévaluations environnementales complètes pourtous les projets liés à l’énergie en suivant lesstandards de qualité reconnus. Ces évaluationsdevront comprendre l’examen d’autres optionsde production. Également, il est recommandéque le rôle des énergies renouvelables et desprojets à petite échelle soit plus amplementexploré.

Dans le secteur d’intervention de la Lutte contrela dégradation des sols, la sécheresse et la désertification,le développement de sources d’énergies nouvelleset renouvelables est également souhaité.Afin deremplacer le bois, il est suggéré d’accroître la partdu solaire, de l’éolien et de la micro-hydraulique.Il est spécifiquement recommandé de renforcer lacoopération et les échanges d’information entreles fournisseurs d’énergie et les institutions derecherche spécialisées en matière d’énergies nou-velles, et de promouvoir le renforcement descommunautés locales pour l’utilisation de sourcesd’énergies renouvelables alternatives. Dans cetesprit, deux organisations (Agence nationale desénergies renouvelables – ANER/Tunisie, etl’ONG ENDA-Tiers-monde/Sénégal) ont étédésignées comme «points focaux» (responsableslocaux) pour animer les efforts de promotion desénergies renouvelables.Cela s’exprimera concrè-tement par des activités de renforcement descapacités, de valorisation des ressources locales etrégionales, d’échange d’informations et d’expé-riences, de mobilisation des ressources financièresdans le cadre des mécanismes de financementexistants et de contributions aux initiativesrégionales.

Photo:Agence canadienne de développement international

Pour une cohérence entre lesstratégies environnementaleet énergétique du NEPAD

Les deux secteurs clés de l’environnement et del’énergie, dans le cadre de l’initiative du NEPAD,ont fait l’objet d’une réflexion qui, sur la based’un diagnostic honnête, dégage des orientationssusceptibles en bonne partie d’assurer la cohé-rence souhaitée entre les actions qui serontmenées dans chacun de ces secteurs.

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27Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

C’est la stratégie environnementale dans lesdomaines de la lutte contre les changementsclimatiques et de la lutte contre la dégradationdes sols, la sécheresse et la désertification quienvoie les signaux les plus clairs et propose desprojets précis favorisant l’utilisation des énergiesrenouvelables. Nous y trouvons également larecommandation incontournable des évaluationsenvironnementales pour tous les projets énergé-tiques. Nous recommandons de faire égalementdes évaluations environnementales stratégiquesdu Plan d’Action du secteur énergie du NEPADet des plans d’action régionaux et nationaux quipourraient en découler.

Nous recommandons également que la stratégie dusecteur de l’énergie fasse l’objet d’un plan d’actionspécifique et qu’elle s’articule clairement autour desgrands axes suivants associés aux exigences d’undéveloppement énergétique durable:

• évaluation environnementale stratégique despolitiques et programmes;

• promotion de l’efficacité énergétique (gestionde la production et de la consommation) ;

• promotion des énergies renouvelables (hydro,solaire, éolien, biomasse) ;

• participation de la population à toutes lesétapes d’un projet ;

• évaluation environnementale de chaquenouveau projet d’équipement.

Le rôle des acteurs du Nord et les pistes de partenariatavec le Sud

Le partenariat est au cœur de l’initiative duNEPAD. Que ce soit dans les secteurs de l’envi-ronnement ou de l’énergie, les acteurs du Nord etdu Sud font face à plusieurs défis communs pourlesquels ils ont intérêt à partager leurs expérienceset expertises. Dans la perspective d’un dévelop-pement durable, l’efficacité énergétique et la miseen valeur des énergies renouvelables sont certaine-ment à l’ordre du jour. Cette coopération Nord-Sud devrait s’exercer dans trois créneaux majeurs:le financement des projets; le transfert de savoir-faire et de technologie; le renforcement des capa-cités institutionnelles et humaines.

Le Nord devra évidemment rétablir à un niveauacceptable le financement des projets de coopé-ration internationale, coordonner les interven-tions entre bailleurs de fonds multilatéraux etbilatéraux et s’assurer que les aspects environne-mentaux sont intégrés systématiquement dans lespolitiques, les programmes et les projets.

Les énergies renouvelables ont fait l’objet d’avan-cées technologiques remarquables ces dernièresannées. Elles sont plus compétitives face auxénergies conventionnelles et plus adaptables à descontextes particuliers.Ces nouvelles technologiessont encore mal connues et méritent une meil-leure diffusion. Le Nord peut là aussi apporter sacontribution.

Le renforcement des capacités institutionnelles ethumaines en matière d’évaluation environnemen-tale a progressé d’excellente façon ces dernièresannées en Afrique.Les cadres institutionnels et régle-mentaires se sont mis en place. L’application et lamaîtrise de ces nouveaux outils ne sont cependantpas assurées.L’applicabilité des engagements pris dansle cadre des grandes conventions internationales poseégalement un défi particulier.Le Nord a acquis uneexpérience pertinente à ces égards et arrive de mieuxen mieux à réaliser des activités de renforcement descapacités qui marient les aspects techniques etandragogiques (pédagogie de la formation auxadultes) pour transmettre efficacement les con-naissances et le savoir-faire en environnement. LeNord devra poursuivre ses efforts en ce sens.

Énergie, environnement et développement durable

NEPAD: DES ENJEUX, DES AMBITIONS ET DES PROGRAMMES PORTEURS

Photo : Ministère de l’Environnement du Québec

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Pierre DANDJINOU

Conseiller en Politiques et Stra-tégies, NTIC et Développement auCentre régional d’appui auxBureaux du PNUD en Afrique del’Ouest, basé à Dakar, Sénégal.Initialement Coordonnateur régio-nal pour l’Afrique du programmeSDNP (Sustainable NetworkingDevelopment Programme), PierreDANDJINOU a été égalementConsultant en Systèmes d’infor-mation pour de multiples organi-sations internationales dont l’Or-ganisation Intergouvernementalede la Francophonie. Il est Pré-sident du Chapitre ISOC du Bénin,Président du Conseil d’Admi-nistration de l’AfriNIC (RegistreAfricain de l’Internet) et membredu Comite Intérimaire de L’ICANNpour les Utilisateurs Individuels(ALAC). Récemment, il a été faitmembre du Comité Consultatif duRegistre PIR (.ORG) dont iI présidela Commission Recherche et pro-motion. Il a un intérêt particulierpour la gouvernance électroniqueet appuie de nombreux paysafricains dans la mise en œuvre deprojets relatifs au e-gouvernement.

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Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NOPADA/NEPAD), adopté par les pays africains au Sommet deLusaka en 2001, se veut un nouveau cadre d’interaction avec lereste du monde, sur la base de programmes décidés par lesAfricains eux-mêmes. Le rôle spécifique des nouvelles technologiesde l’information et de la communication (NTIC) y est reconnu,notamment comme facilitateur du commerce intra-régional etcatalyseur de l’intégration du continent à l’économie mondiale.Le Plan d’Action à moyen terme du NEPAD pour les infrastructuresrenferme une quinzaine de projets relatifs au volet NTIC. LaCommission e-Afrique, s’inspirant du plan d’action à moyen terme,travaille actuellement à la mise en œuvre de trois catégories deprojets dits majeurs : les infrastructures de télécommunications,les e-écoles et les stratégies nationales des TIC. Cet article fait lepoint de l’état de mise en œuvre du Plan d’Action ainsi que desprojets dits majeurs et fait ressortir les défis et perspectives duvolet NTIC du NEPAD.

Introduction et contexte des NTIC en Afrique

Les promoteurs du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afriqueont compris que l’utilisation généralisée des TIC sur le continent pourraitprésenter des avantages comparatifs sans précédent, en donnant lieu, entre autres,à diverses applications dans des domaines tels que la télédétection et la plani-fication de l’agriculture et des infrastructures. La situation des NTIC en Afriqueest aujourd’hui assez contrastée. En effet, malgré les énormes efforts consentisces dernières années, les infrastructures des technologies de l’information et dela communication en Afrique sont insuffisantes, tout comme le sont les cadrespolitiques et réglementaires et les ressources humaines requises dans ce domaine.De ce fait, l’accès à des services abordables en matière de téléphonie, de radio-télédiffusion,d’ordinateurs et d’Internet est inadéquat.Par exemple, le continentdispose de moins de une ligne téléphonique pour 100 personnes. Quant aucoût des services, une connexion représente en moyenne, en Afrique, 20% duPIB par habitant, par rapport à une moyenne mondiale de 9% et à 1% dansles pays à revenus élevés.

CCoonntteennuu eett ééttaatt aaccttuueell ddee llaa mmiissee eenn œœuuvvrree dduu PPrrooggrraammmmee NNTTIICC dduu NNEEPPAADD

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Les liaisons entre les pays du continent et avec lesmarchés mondiaux en souffrent. Quoique denombreux pays d’Afrique aient engagé desréformes politiques dans ce domaine, ni lapénétration des services,ni leur qualité,ni les tarifsne se sont encore améliorés.L’accès aux infrastruc-tures est encore en grande partie réservé auxgrandes agglomérations, et le coût en demeureélevé, comparativement aux autres parties dumonde. Le fait que le continent doive s’acquitterde droits de transit internationaux (on estime à500 millions de dollars US par an les droits ainsiversés par l’Afrique aux pays développés) l’inexis-tence d’une interconnexion des réseaux de télé-communication et l’absence de points régionauxd’échange Internet empêchent encore les Africainsde profiter pleinement des TIC pour leurs activitésquotidiennes.

C’est dans ce contexte que s’inscrit le volet NTICdu NEPAD, que les pays africains ont adoptécomme plan de développement à la réunion del’Union africaine de Lusaka en 2001.Le conceptet la mise en œuvre du Partenariat répondent àquelques principes de base : un partenariatstratégique entre l’Afrique et le monde extérieur,une confiance réaffirmée par la bonne gou-vernance démocratique et économique, et ledéveloppement par les sous-régions africaines1.

Le NEPAD a retenu un nombre restreint de sec-teurs d’action prioritaires, dont les infrastructures.Ces dernières regroupent le volet consacré auxtechnologies de l’information et de la commu-nication (TIC), dont l’objectif global est decontribuer à réduire les risques de margina-lisation de l’Afrique dans ce secteur et à décuplerles capacités des Africains à maîtriser et exploiterles possibilités qu’offrent les TIC pour leurdéveloppement socioéconomique.

Le volet NTIC du NEPAD: le Plan d’Action à moyen terme

En mai 2002, le Comité des Chefs d’État et deGouvernement chargé de la mise en œuvre duNEPAD (HSIC)2 a entériné un plan d’action à

moyen terme3. Le volet NTIC du plan est bâtisur trois catégories de projets dits structurants,qui visent essentiellement à renforcer les infra-structures de communications aux niveauxrégional et sous-régional, les capacités humaineset l’infostructure, c’est-à-dire l’exploitation etl’usage de systèmes d’information et d’appli-cations spécifiques. Quelques critères clés ontprésidé à la sélection des 16 projets du Pland’Action à moyen terme: le stade de préparation,l’approche régionale et les perspectives d’inté-gration régionale, l’opportunité de relance par leNEPAD et les projets proposant des solutions auxobstacles liés aux politiques et aux cadres institu-tionnels et réglementaires.

Ainsi, le projet COMTEL vise à préserver lesfrais de transit internationaux et à stimuler letrafic à travers une dorsale sous-régionale etl’interconnexion des réseaux de télécommuni-cation des pays membres de la COMESA4. EnAfrique de l’Ouest, la CEDEAO5 dispose égale-ment d’un projet régional d’interconnexion desréseaux existants afin de renforcer l’intégrationphysique en cours dans la région. Le NEPADcontribuera à sa promotion et à la recherche definancement aussi bien par le secteur privé quepour le secteur public.

Le projet SAT-3/WASC/SAFE, inauguré en2002, concerne un câble sous-marin en fibreoptique de 28000 km, disposant de 17 pointsd’atterrissage dans 16 pays, dont 11 en Afriquede l’Ouest et australe. Ce câble relie l’Afrique àl’Europe et à l’Asie et ouvre d’énormes perspec-tives aux pays participants et au continent toutentier. L’extension du câble sous-marin enAfrique de l’Est est envisagée dans le cadre duNEPAD, qui a déjà conduit des études defaisabilité. De même, le Partenariat contribueraà la réalisation des liaisons terrestres nécessaires àla connexion des pays de l’hinterland au câble,

Contenu et état actuel de la mise en œuvre du Programme NTIC du NEPAD

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

NEPAD: DES ENJEUX, DES AMBITIONS ET DES PROGRAMMES PORTEURS

1. www.nepad.org2. Ce Comité se compose d’une quinzaine de chefs d’État

ou de gouvernement, dont les cinq principaux initia-teurs du NEPAD ainsi que deux par sous-région del’Union africaine.

3. La Banque Africaine de Développement, en sa qualitéde chef de file désigné pour les aspects infrastructureset financements, en a été le facilitateur.

4. COMESA: Commonwealth of Eastern and SouthernAfrican Countries. Pays membres :Tanzanie, Zambie,Rwanda, Burundi, RDC, Zimbabwe, Botswana.

5. CEDEAO : Communauté économique des États del’Afrique de l’Ouest. Les pays membres sont : Bénin,Burkina Faso,Cap-Vert, Côte d’Ivoire,Gambie,Ghana,Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria,Sénégal, Sierra Leone,Togo.

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d’une part, et encouragera l’utilisation efficientedu câble par différents partenariats, d’autre part.

Un projet régional relatif à la mutualisation desliaisons satellitaires est en chantier depuis 1996. Ils’agit de RASCOM (Regional African SatelliteCommunications Organisation), un projet pan-africain de communication satellitaire destiné àfournir entre autres des facilités quant aux liaisonsradiophoniques et télévisuelles. Le lancement dupremier satellite africain est prévu pour 2006.

Le projet régional de la SADC relatif à l’infra-structure de l’information (SRII) touche 14 paysde l’Afrique australe et a démarré en 2000 sousl’impulsion de la SATA (l’Association des Télé-communications de l’Afrique Australe), dont lesmembres ont vite compris que le développementdes TIC dans la sous-région ne pouvait seconcevoir sans des infrastructures de télécom-munication viables. Le NEPAD se propose depromouvoir ce projet et de faciliter l’accès auxfinancements pour les pays qui ne pourraientfaire face aux coûts de réalisation du projet SRII.

Conscients que la plupart des pays africains, àl’exception de quelques rares cas en Afrique duNord, au Nigeria et au Zimbabwe, importentplus de 95% de leurs équipements de télécom-munications, divers partenaires6 ont conçu leprojet de fabriquer les équipements de télécom-munications en Afrique.Le projet vise à promou-voir un cadre de coopération pour la fabricationd’équipements de base afin d’en assurer ladisponibilité sur place, à un coût abordable etdans la perspective du développement de cetteindustrie sur le continent.Le NEPAD se proposede mobiliser les divers partenariats autour duprojet.

Le projet de cadre réglementaire et de politiquedes NTIC au niveau régional se propose defaciliter l’harmonisation des politiques et ducadre réglementaire des pays africains à partir decinq nœuds sous-régionaux et au sein des com-munautés économiques régionales. Le NEPADfacilitera l’accès au financement pour la mise enœuvre du projet.

L’élargissement et l’accroissement du niveau departicipation de l’Afrique dans les forums deprise de décision sur la politique mondiale desNTIC constituent un autre projet proposé pourle Partenariat.Ce dernier devra mettre en branle,promouvoir et soutenir le projet, servir de forumd’organisation des professionnels africains, pourla définition de leur position commune face auxenjeux des politiques globales, et faciliter lamobilisation des ressources financières.

L’initiative de développement des ressourceshumaines en matière de NTIC est proposée pourrépondre au défi récurrent du manque depersonnes-ressources hautement qualifiées dansles secteurs des télécommunications et des com-munications dans nombre de pays africains. Ellecomplétera les efforts en cours et accentuera lesavancées dans le domaine de la recherche etdéveloppement.

Le renforcement des institutions africaines destélécommunications et des NTIC est une autreinitiative proposée au NEPAD, qui devrait êtrecritique quant au développement des capacités età la qualité de la main-d’œuvre. Les institutionsexistantes devront être mieux coordonnées,principalement par le biais de l’Union africainedes Télécommunications et de l’IUT. Un projetfédérateur pour faciliter l’exploitation des NTICa également été proposé pour réduire la fracturenumérique et promouvoir le développementéconomique et social en Afrique. Parmi lesapplications proposées, on retiendra : l’initiativeSCAN-ICT et E-readiness; la télé-médecine; lagouvernance électronique et le gouvernementélectronique pour l’Afrique; le commerce électro-nique; le télé-enseignement; le développement ducontenu africain. Le Partenariat facilitera, entreautres, la coordination institutionnelle de cesinitiatives.

Au total, l’intervention attendue du NEPAD surles 16 projets retenus dans le plan devrait con-cerner : la facilitation par l’établissement depolitiques et de cadres réglementaires ou institu-tionnels ; le développement de capacités pourrendre les institutions efficientes; l’investissementphysique et en capitaux; des études pour la pré-paration des projets prioritaires.

6. ITU, OAU/AU, ECA,ADB,ATU et RASCOM.

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31Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

État actuel de la mise enœuvre des projets du NEPAD

Le Comité de pilotage du NEPAD s’attelleactuellement à internaliser ces projets au sein desCommunautés économiques régionales, d’unepart, et à définir les bases du Plan d’Action à longterme. Toutefois, sous l’impulsion du mêmesecrétariat, la Commission e-Afrique7 basée àPretoria, en Afrique du Sud, a entrepris depuis2002 la mise en œuvre d’un certain nombre deprojets jugés prioritaires, soit les projets d’infra-structures, de e-écoles et de e-stratégies8.

Le programme de développementdes infrastructures des TIC

La principale priorité retenue est l’extension ducâble sous-marin en fibre optique SAT-3/WASC/SAFE (qui relie déjà une partie del’Afrique à l’Europe et à l’Asie) à la côte estafricaine, d’une part, et à tous les pays enclavés,d’autre part. L’objectif final est d’établir un réseaucontinental intégré en fibre optique d’ici à 2010.

Un autre projet d’infrastructure, composante due-écoles (voir ci-dessous), est le projet SATLINKde réduction des coûts de connexion à Internetau sein des écoles africaines, par le biais d’achatsgroupes de capacités satellitaires et par une gestionefficiente des largeurs de bande passante.À ce jour,des négociations sont en cours avec des opérateursintéressés. De même, des engagements financierssont attendus de divers partenaires.

Les e-écoles du NEPAD: un programmeambitieux échelonné sur 10 ans

L’Initiative e-écoles du NEPAD se veut un projetphare qui vise la jeune génération d’Afrique enla préparant à une participation active et égalitaireà la société de l’information et à une économiefondée sur le savoir. C’était l’opinion expriméepar la Ministre sud-africaine des Commu-nications, le Dr Ivy Matsepe-Casaburri, lors del’ouverture d’un atelier tenu à Johannesburg du13 au 15 mai 2004 pour discuter et approuver leconcept et la structure de mise en œuvre des e-écoles du NEPAD9. L’Initiative e-écoles du

NEPAD vise à mettre en œuvre un processusstable et durable grâce auquel les jeunes Africainstermineront leurs études primaires et secondairesmunis de compétences qui leur permettront defonctionner sur un pied d’égalité dans l’écono-mie actuelle, basée sur le savoir et l’information.

Globalement, le processus de mise en œuvre dese-écoles intègre:

• l’installation des équipements dans les écoles,accompagnés des logiciels pertinents ;

• la formation des enseignants, avant l’embaucheet en cours d’emploi, à l’utilisation de ces tech-nologies en vue de transmettre aux apprenantsdes compétences en TIC et de faciliter la prépa-ration et l’exploitation des matériels d’ensei-gnement relatifs à toutes les autres matières;

• l’utilisation des TIC dans l’élaboration desmatériels d’enseignement appropriés et leurdisponibilité dans les écoles et auprès desenseignants.

La mise en œuvre de l’initiative e-écoles s’étalera surune période de 10 ans et touchera 600000 écoles.Les pays participant à la phase 1 ont été sélectionnésparmi ceux ayant signé le protocole d’entente duMécanisme africain d’évaluation par les pairs10.

La première phase du projet inclut la démons-tration des e-écoles du NEPAD (démo e-Écoles)afin d’accumuler un ensemble de connaissances,basées sur des expériences authentiques de la miseen œuvre des TIC dans les écoles sur tout lecontinent africain et pouvant servir de modèle àl’exécution de l’initiative. Elle mettra en place etsurveillera un total de 140 e-écoles secondairesdans 20 pays africains.

L’initiative e-écoles a déjà reçu un engagementferme des partenaires suivants : Microsoft, ZTE,INMARSAT et Oracle.

Contenu et état actuel de la mise en œuvre du Programme NTIC du NEPAD

NEPAD: DES ENJEUX, DES AMBITIONS ET DES PROGRAMMES PORTEURS

7. http://www.eafricacommission.org/8. D’après une communication du Dr Henry Chasia,

Directeur exécutif adjoint, Commission e-Africa auGroupe de la Banque mondiale le 6 octobre 2004.

9. L’atelier a accueilli des représentants désignés par les16 pays de la phase 1:Afrique du Sud,Algérie, BurkinaFaso, Cameroun, Congo (RDC), Éthiopie, Gabon,Ghana, Kenya, Mali, Maurice, Mozambique, Nigeria,Rwanda, Sénégal et Ouganda.

10. APRM: Mécanisme africain d’évaluation par les pairs(www.nepad.org). Les pays suivants sont concernés :Afrique du Sud, Algérie, Bénin, Burkina Faso,Cameroun, Congo (RDC), Égypte, Éthiopie, Gabon,Ghana, Kenya, Lesotho, Mali, Maurice, Mozambique,Nigeria, Rwanda, Sénégal, Ouganda.

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Les e-stratégies

Reconnaissant que la mise en œuvre du NEPAD,et en particulier de son volet NTIC, ne sauraitse faire sans une vision et une coordinationd’ensemble, la Commission e-Afrique s’est asso-ciée au Forum Économique Mondial pourréaliser un programme de politiques et stratégiesde NTIC. Le programme, financé par Hewlett-Packard,Accenture et Microsoft, a pour objectifde soutenir le Secrétariat du NEPAD, d’évaluerle statut actuel des politiques liées aux TIC, defaciliter le plaidoyer et de faire des recomman-dations en vue de renforcer les capacités localespour le développement de politiques et destratégies de NTIC. Le programme a produit unrapport d’ensemble sur les 54 pays africains11.

Défis et perspectivesDepuis la formulation du Plan d’Action en 2002,la mise en œuvre du volet NTIC du NEPAD sefait dans un environnement marqué par desinitiatives relativement disparates.La coordinationde ces initiatives, tant nationales que régionales,constitue un défi de taille que la Commission e-Afrique et son organisme tutélaire, le Secré-tariat Exécutif du NEPAD, se doivent de relever,sous la supervision du HSIC dont le Sénégalcoordonne les volets infrastructures et TIC. Desmécanismes appropriés devront être trouvés afind’affermir les liens avec les projets nationaux etd’ancrer le Plan d’Action dans les programmesen cours dans les communautés économiquesque sont la CEDEAO, la SADC, la COMESA,la CEEMAC, l’IGAD et l’UMA. Il conviendrade dépasser les clivages linguistiques actuels etd’intégrer résolument les perspectives incom-mensurables qu’offrent les volets relatifs auxsciences et technologies en général, à l’inno-vation, et à la recherche et développement.

Le volet NTIC du NEPAD devra égalementintégrer des domaines connexes, telles la bio-technologie, les technologies de l’énergie, lascience des matières, la science et les technologiesspatiales et la technologie du laser, domaines quipeuvent être classés dans la catégorie de larecherche d’avant-garde qui contribuera à lacréation du savoir et aux innovations, et qui

conduira par la suite au développement techno-logique et aux avantages économiques qui endécoulent. La création de centres d’excellencecomme moyen d’assurer le lien entre tous lesefforts nationaux et régionaux est de mise et dansl’intérêt du développement général du continent.

Enfin, la réalisation des objectifs du NEPAD exigeque chacun de ces programmes soit mené à bienavec efficacité, sans aucun goulot financier. Si lesinvestissements étrangers directs ont connu leurapogée en Afrique vers le milieu des années 1990et ont commencé à baisser à l’approche dumillénaire, aujourd’hui les entreprises de télécom-munications africaines commencent à ressentir lemalaise causé par le bas niveau d’afflux decapitaux. De fait, la mise sur le marché de cesentreprises ne soulevant plus autant d’enthou-siasme, et au regard des besoins d’investissementsrequis pour la réalisation du plan d’action à courtterme, le NEPAD devra innover et obtenir desfonds en Afrique même.

RéférencesNOPADA: Le Nouveau Partenariat pour le

Développement de l’Afrique – Objectifs,présentation: les 10 priorités. Conférence surla participation du secteur privé au finan-cement du Nepad, Dakar, avril 2001(http://www.fnh.org/francais/fnh/uicn/pdf/nopada_resume.pdf)

Remmy Nweke, «NEPAD Boost Science andTechnology – Sets Up Centers of Excellence»dans Daily Champion Newspaper, Lagos,Nigeria, 20 juillet 2004.

NAIDOO, Dhesigen (2003), Science andTechnology in NEPAD – Rising to theAfrican Challenge, Report of the November2003 Conference of the African Ministers ofScience and Technology for Development,Johannesburg, DST, RSA.

MUGABE, John (2003), Centers of Excellence inScience and Technology for Africa’s SustainableDevelopment towards New Forms of Regional andSub-Regional Networks, Paper prepared for theAfrican Ministerial Conference on Science andTechnology for Development, November2003, Johannesburg, RSA.

Adigun Ade Abiodun (2004),Afrique, Science etTechnologie – Enjeux et Perspectives. –Présentation à la première conférence desIntellectuels africains,Dakar 6-9 octobre 2004.

11. http://www.bridges.org/e-policy/nepad_wef/wef-nepad_ereadiness_prog_rpt_final_7%20Jan_2003.pdf

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Marie-Angélique SAVANÉ

Femme politique et militante,Marie-Angélique SAVANÉ a long-temps travaillé pour des organi-sations non gouvernementalespuis pour les Nations unies. Elleest aujourd'hui présidente duGroupe d'éminentes personna-lités qui surveillent l'exécutiondu Mécanisme africain d'évalua-tion par les pairs (MAEP), dans lecadre du Nepad.

Le Mécanisme Africain d’Évaluation par les Pairs (MAEP) est unsystème d’auto-évaluation et d’auto-surveillance instauré par lesmembres de l’Union africaine pour encourager l’adoption depolitiques et de pratiques conduisant à la stabilité politique, à unehaute croissance économique, au développement durable, à uneintégration économique régionale et continentale accélérée par lepartage d’expériences et le renforcement des meilleures pratiques.

Le mandat du MAEP est d’assurer que les politiques et pratiques des paysparticipants soient conformes aux valeurs acceptées dans les quatredomaines de la bonne gouvernance : démocratie et gouvernance

politique; gouvernance économique; gouvernance d’entreprise ; et développe-ment socioéconomique.

Le MAEP est basé sur les documents fondamentaux adoptés par le Comité deMise en Œuvre des Chefs d’État et de Gouvernement (HSGIC) lors de sonsixième Sommet, tenu le 9 mars 2003 à Abuja, au Nigeria.Ces documents sont:

– Le Mémorandum d’Entente sur le MAEP, c’est-à-dire le documentd’accession au MAEP, qui a deux annexes, soit la Déclaration sur ladémocratie, la gouvernance politique, économique et d’entreprise, et leDocument de base du MAEP;

– Organisation et Processus du MAEP [O & P];

– Objectifs, Normes, Critères et Indicateurs pour le MAEP [OSCI]; et

– Un projet du Mémorandum d’Entente sur les évaluations techniques et lesvisites d’évaluation des pays.

À Kigali, 16 pays avaient adhéré au MAEP: l’Algérie, le Burkina Faso, leCameroun, la République du Congo, l’Éthiopie, le Gabon, le Ghana, le Kenya,le Mali, Maurice, le Mozambique, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal, l’Afriquedu Sud et l’Ouganda. L’Égypte et le Bénin ont adhéré en mars 2004, lors duSommet extraordinaire de l’UA à Syrte en Libye. Le Malawi, le Lesotho, laTanzanie et la Sierra Leone ont signé le Mémorandum d’Entente pourl’adhésion au MAEP lors du dernier Sommet de l’UA, tenu à Addis Ababa, enjuillet 2004. D’autres pays ont aussi manifesté leur volonté de s’engagervolontairement dans le processus. En réalité, tous les membres de l’UA sontcontinuellement appelés à joindre le MAEP.

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Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

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34 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

Les structures du MAEP

La responsabilité de l’organisation et des processusdu MAEP est confiée au Comité des Chefs d’Étatet de Gouvernement des États Membres Partici-pants (Forum du MAEP) de l’Union africaine quiont choisi volontairement d’accéder au MAEP(Document sur l’Organisation et Processus duMAEP, paragraphe 2.1).

Un panel de personnalités éminentes a éténommé pour exercer la fonction de surveillancedu MAEP, et pour assurer son intégrité, sonindépendance et son professionnalisme. Les septmembres du Panel sont:

Mme Marie-Angélique Savané, du Sénégal,Présidente; Le Pr Adebayo Adedeji, du Nigeria ;L’Ambassadeur Bethuel Kiplagat, du Kenya; LeDr Graça Machel, du Mozambique; M. MouradMedelci, de l’Algérie ; Le Dr Dorothy Njeuma,du Cameroun;Le Dr Chris Stals, de l’Afrique duSud.

Le Panel est assisté par le Secrétariat du MAEPqui fournit au Mécanisme les services desecrétariat, le soutien technique, la coordinationet des services administratifs.

Les activités du Panel de MAEP

L’implication directe de ce groupe dans le MAEPa commencé avec la nomination de ses membresen mai 2003 et la participation subséquente à lasession de travail, organisée par leSecrétariat du NEPAD, du 25 au27 juillet 2003 à Cape Town, afind’aider le Panel à s’ établir.

Pendant la session de travail deCape Town, le Panel du MAEPa profité de l’occasion pour tenirsa réunion inaugurale, au coursde laquelle ses membres ont pus’entretenir avec S.E. le Président Thabo Mbekide la République d’Afrique du Sud. Au coursde cette session de travail, le Panel a aussi reçuun message de soutien et de félicitations de S.E.le Président Joaquim Chissano, du Mozambique,et Président de l’Union africaine.

En novembre 2003, le Panel du MAEP a été reçupar S.E. Olusegun Obasanjo, Président de laRépublique du Nigeria et Président du Comitéde suivi des programmes du NEPAD,dans sa VillaPrésidentielle. Dans son allocution aux membresdu Panel, le Président Obasanjo a souligné quele Mécanisme est un instrument critique pourfaire avancer les réformes dans les domaines de lagouvernance et du développement socio-économique et pour renforcer les capacités dansla mise en œuvre de ces réformes.

Les 15 et 16 janvier 2004,une séance spéciale duPanel s’est tenue à Johannesburg, en Afrique duSud, afin de mettre au point le programme detravail et les prévisions budgétaires pour la période2003-2006.Ce programme de travail a été révisélors du deuxième Forum des Chefs d’État ennovembre dernier à Alger.

Le processus du MAEP

Le processus du MAEP comporte des évaluationspériodiques des politiques et des pratiques desÉtats participants pour vérifier le progrès réalisédans l’accomplissement des objectifs mutuel-lement convenus ainsi que la conformité despratiques de la gouvernance aux quatre domainesclés du Mécanisme.

Le processus du MAEP comporte cinq étapes quisont définies dans le Document de Base duMAEP. Brièvement, la première étape prévoitl’établissement du point focal national, l’envoi du

questionnaire par le Secrétariat duMAEP, l’auto-évaluation du payssur base du questionnaire etl’élaboration du programme préli-minaire d’action, et la soumissionde ces documents au Secrétariatdu MAEP. À la deuxième étape,l’équipe d’évaluation nationalevisite le pays pour l’évaluation. La

troisième étape est celle de la préparation durapport par l’équipe d’évaluation et de ladiscussion de ce rapport avec le gouvernement.À la quatrième étape, le rapport de l’équiped’évaluation est soumis au Secrétariat et au Paneldu MAEP. La cinquième étape, qui est l’étapefinale du processus du MAEP, est celle de lapublication du rapport national et des actionsappropriées.

Le processus du MAEP

comporte des évaluations

périodiques des politiques

et des pratiques des États

participants pour vérifier

le progrès réalisé.

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35Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

Le paragraphe 7.19 du Document d’Organisationet des Procédures du MAEP prévoit un cycle desuivi après l’achèvement du premier cycle duprocessus du MAEP pour chaque pays.Ainsi, lerapport du MAEP et les décisions sur ce rapport,particulièrement par le Forum du MAEP,doiventsuggérer une date à laquelle le progrès réalisé parle pays, concernant la mise en œuvre de sonprogramme d’action, sera vérifié.

Étant donné la nouveauté du Mécanisme, les délaispour ces processus varieront considérablementd’un pays à l’autre selon lesspécificités du pays. Mais la duréeestimée pour chaque évaluation parles pairs, de la première étapejusqu’à la fin de la quatrième étape,devrait être de six à neuf mois.

Les missions de soutienaux pays

Le Panel et le Secrétariat duMAEP ont mis au point unestratégie pour aider les pays, surdemande, à se préparer et à participer au MAEP.Il est prévu qu’un nombre de pays participantspourraient, au début, avoir besoin d’un soutienet d’un renforcement de leurs capacités de lapart du Panel et du Secrétariat. Le but principaldes missions de soutien est d’assurer unecompréhension commune du MAEP et duprocessus d’évaluation et de fournir le soutienaux pays participants sous les aspects desprocessus nationaux où ils signalent le besoind’un tel soutien.

Le calendrier du processus du MAEP

Deux missions d’évaluation de pays devraient êtreentreprises trimestriellement pour assurer que les23 pays participants soient évalués au cours destrois prochaines années, à savoir, d’avril 2005 àmars 2006 et d’avril 2006 à mars 2007.

Les missions de soutien seraient conduites aurythme d’une mission par mois. Dans cetteperspective, le Panel et le Secrétariat du MAEP

fourniraient le soutien prépa-ratoire nécessaire à tous les paysparticipants aussitôt que possiblepour en fait communiquer unefeuille de route claire duprocessus du MAEP.

Il est important de souligner quela crédibilité autant que la réus-site de ce processus dépendentde la capacité des Africains àtenir compte des impératifs etdes changements induits par

l’évolution constante du contexte africain etinternational. C’est le lieu d’inscrire la démarchedu mécanisme dans une perspective durable et delongue haleine afin d’améliorer de façonconstante les politiques et les mesures que les paysafricains sont appelés à mettre en œuvre pour laconsolidation de la gouvernance.

Pour conclure, comme le Mécanisme Africaind’Évaluation par les Pairs s’appuie sur la démo-cratie, la règle de droit prônant une gestion saineet transparente des ressources, il aura des effetsbénéfiques à la fois sur la stabilité politique, lacohésion sociale et le développement durable.

LE MAEP: historique et mécanisme

NEPAD: DES ENJEUX, DES AMBITIONS ET DES PROGRAMMES PORTEURS

La crédibilité autant que

la réussite de ce processus

dépendent de la capacité

des Africains à tenir compte

des impératifs et des

changements induits par

l’évolution constante

du contexte africain

et international.

Source : Sékou Touré, PNUE

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Extraits d'une intervention de S.E. le Président Wade au sujet du NEPAD*

Il y a deux ans, à Beyrouth, alors que nous étions réunis pour délivrer un message de communion et detolérance, je vous présentais le NEPAD, et vous disais ma disponibilité à partager avec vous le bilan de sesréalisations.

Aujourd’hui, nous sommes ici, à Ouagadougou, pour sublimer la solidarité, qui est une des valeurs cardinalesde notre organisation.

Il est inutile de rappeler que le NEPAD est une stratégie de développement qui repose sur trois paramètresfondamentaux, à savoir: la bonne gouvernance publique et privée, l’implication massive du secteur privé etla Région comme base opérationnelle de mise en œuvre des programmes et projets. Le NEPAD pourraitavoir pour devise: partenariat et solidarité.

Si je reprenais en deux mots la genèse du Nouveau partenariat pour l’Afrique, je dirais qu’il est parti d’unconstat et d’un cri du cœur: L’Afrique n’est pas une variable d’ajustement!

Aussi, ne pouvant plus nous croiser les bras : «En l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas unspectacle, car une mer de douleur n’est pas un proscenium, car un homme qui crie n’est pas un ours quidanse», nous, Chefs d’État africains, avons pris la responsabilité de déterminer ensemble un cadre propiceau développement de l’Afrique, afin d’inscrire les générations futures dans un avenir globalement etdurablement meilleur, aux disparités gommées.

Si la Francophonie est une réelle communauté, les pays mieux nantis qui en sont membres doivent s’attelerà nous extirper de notre situation de sous-développement. Cette solidarité à l’intérieur de notre espace estle premier exemple à donner au monde entier pour accélérer la solidarité universelle dans le sens de comblerla fracture entre le Nord et le Sud de manière plus générale.

Il est vrai que les pays membres de notre Organisation font des efforts remarquables pour soutenir notrecontinent en proie à toutes sortes de difficultés quant à son décollage économique. Mais la Francophoniedoit aujourd’hui s’adapter au nouveau paradigme qui prévaut en Afrique et qui a pour nom le NEPAD etelle la fait! Il me plaît de lui rendre aujourd’hui cet hommage, car ICIF a été pionnière en ce domaine, ence qu’elle a tout de suite endossé cette vision en essayant de la traduire en relation avec ses domainesd’intervention. Mon seul regret à ce stade est que notre Organisation n’ait pas encore formellement rejointle Forum des partenaires pour l’Afrique, ce qui ne saurait tarder.

Le NEPAD, depuis son adoption par les Chefs d’État africains comme programme de développement denotre continent, a fait beaucoup de chemin. Je voudrais vous en donner deux exemples, le MécanismeAfricain d’Évaluation par les Pairs et le Fonds de Solidarité numérique.

Le Mécanisme Africain d’Évaluation par les Pairs (MAEP)

La bonne gouvernance publique et privée étant l’un des paramètres fondamentaux du NEPAD, nous noussommes attelés à mettre en œuvre le Mécanisme Africain d’Évaluation par les Pairs (MAEP), à la tête duquelsiège une de mes éminentes compatriotes.

Ce mécanisme a une tâche essentielle dans la concrétisation des aspirations du NEPAD, car il n’est pas de saluthors de la bonne gouvernance, en ce que les flux financiers doivent participer de l’intérêt collectif.

L’objet de ce mécanisme novateur est donc de s’assurer que les politiques et pratiques des États membressoient en conformité avec les valeurs codes et normes en matière de bonne gouvernance. L’adhésion à cemécanisme d’auto-supervision est volontaire. Mais je reconnais qu’il doit faire l’objet d’une certaineappropriation par les citoyens africains.

Dans le cadre de sa contribution à la réussite du NEPAD, la Francophonie peut appuyer le processus duMAEP en cours dans nos États, elle doit s’investir davantage et plus fermement dans le champ politique en

*Xe Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement ayant le français en partage, Point 3 de l'ordre du jour,Introduction au volet économique : Le NEPAD, par Son Excellence Maître Abdoulaye WADE, Président de laRépublique du Sénégal, Ouagadougou, le 26 novembre 2004.

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37Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

Extraits d'une intervention de S.E. le Président Wade au sujet du NEPAD

NEPAD: DES ENJEUX, DES AMBITIONS ET DES PROGRAMMES PORTEURS

renforçant son soutien aux activités de prévention et de résolution des conflits et au vaste mouvement dedémocratisation en cours dans notre continent; travailler, en partenariat avec l’Union africaine et le NEPADà l’accès des femmes aux postes de responsabilités sur le plan professionnel, etc.

Le Fonds de Solidarité numérique

Comme vous le savez, j’ai lancé cette idée lors du Sommet mondial pour la Société de l’Information, dansla préparation duquel la Francophonie s’est par ailleurs beaucoup investie.

Aussi, dans l’esprit du NEPAD, qui considère les Nouvelles Technologies de l’Information et de laCommunication comme un domaine surprioritaire, avons-nous posé le concept de solidarité numérique,pour un dialogue universel, sans exclusion.

Ici, je m’empresse de préciser qu’il ne s’agit pas de faire appel à des taxes ou autres mesures obligatoires,mais uniquement et exclusivement, à des contributions volontaires. Ces contributions volontaires peuventêtre faites à l’échelle individuelle, à l’échelle des ONGs, à l’échelle des sociétés, à l’échelle des États. Celui-ci fait appel à des participations «indolores», puisque au mieux, pour les individus, il s’agira, en achetantun accessoire informatique, de répondre à la question: Acceptez-vous de contribuer au financement de laSolidarité Numérique avec le SUD?

Dans l’affirmative, l’acheteur est libre de fixer sa contribution, comme il est libre de ne pas participer du tout.

Simple question de démocratie donc. Je comprends mal que l’on n’offre pas aux citoyens du monde déve-loppé la possibilité de contribuer librement ou non à combler un fossé qui divise les hommes.

Heureusement, notre appel a été entendu. Des contributions financières ont immédiatement commencé àêtre enregistrées après l’adoption du principe.

Je suis heureux de voir que la Francophonie a récemment contribué financièrement à cette manifestationde solidarité agissante, dont elle n’aurait pas su rester absente.

Il reste encore du chemin à parcourir. Vous savez bien maintenant que les projets du NEPAD couvrent huitsecteurs surprioritaires qui sont : les Infrastructures, l’Éducation, la Santé, l’Agriculture, l’Environnement,l’Énergie, les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication et l’Accès aux marchés.

Nombre de ces projets ont été proposés à nos partenaires du G8 et des autres continents qui les ontapprouvés et ont promis de contribuer à leur mise en œuvre.

Seulement, il y a un problème de mobilisation des fonds car il n’y a pas d’institutions financières pour lesgérer, ces projets étant de caractère régional. Force est de constater que les résultats sont difficilementquantifiables. Pourtant, l’argent est rare; il faut pouvoir l’utiliser.

Il reste très difficile d’estampiller un projet NEPAD, et d’en avoir un suivi effectif. Aussi faudrait-il travaillersur des bases de données performantes et dynamiques pour tenir une comptabilité des projets pertinentset intégrateurs. L’expertise et la créativité francophones sont bienvenues à ce niveau.

La Francophonie doit également mobiliser le secteur privé francophone, afin qu’il soit plus proactif : peut-être serait-il utile de recadrer et d’orienter les actions du Forum francophone des Affaires vers une démarcheoriginale, qui allie le mentorat aux jeunes entreprises à un véritable effort de partenariat Nord-Sud ou Sud-Sud, et qui s’implique dans la réalisation de projets fédérateurs NEPAD.

Je saisis par ailleurs l’occasion pour me réjouir des progrès réalisés par le site de l’Espace ÉconomiqueFrancophone (EEF), que j’appelais de mes vœux à Beyrouth, avec la diffusion des bonnes pratiques. Mais ilne faut pas s’arrêter en si bon chemin!

Je souhaite, et tout le Steering Committee du NEPAD avec moi, que la Francophonie travaille à rendre leNEPAD plus attractif, en plaidant sa cause, et en lui apportant son expertise, car « Il n’est de force et derichesse que d’hommes!» Et parlant d’expertise, je voudrais rappeler à cette honorable assemblée que sinous ne construisons pas l’homme, nous construisons sur du sable que le ressac emportera, en letourmentant.

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Vijay S. MAKHAN

L’Ambassadeur Vijay S. MAKHANest présentement Secrétaire auxAffaires Étrangères de la Répu-blique de Maurice. Diplomate decarrière, il est élu SecrétaireGénéral Adjoint de l’Organisationde l’Unité africaine (OUA) en1995, à Addis Abeba (31e Som-met). En juillet 1999, il est réélu àce même poste à Alger (35e Som-met). De juillet 2002 à juillet 2003,il est Commissaire Intérimaire del’Union africaine.

38 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

L’Union africaine, unanimement proclamée au Sommet de Lusaka,en Zambie en juillet 2001, est lancée au Sommet de Durban(Afrique du Sud) en juillet 2002. Dans la foulée de cet importantévénement, le sommet de Lusaka adopte la Nouvelle InitiativeAfricaine (NIA) qui deviendra plus tard le Nouveau Partenariat pourle Développement de l’Afrique (NOPADA/NEPAD), issu de la fusionentre le Partenariat du millénaire pour le Programme de redres-sement en Afrique et le Plan Oméga. Il s’agit d’un programmed’action permettant d’atteindre rapidement et efficacement lesobjectifs majeurs de l’Union africaine. Le NEPAD n’est donc pasune institution nouvelle; encore moins une institution entièrementautonome par rapport à l’Union africaine. L’Union africaineconstitue en effet le cadre dans lequel est placée l’exécution duNEPAD.

Le cadre continental

C’est une agréable surprise de constater que c’est en Afrique, continent souventdécrit par ses détracteurs comme divisé et ravagé par des conflits, incessants quel’idée d’unité, quelles qu’en soient les faiblesses, a été accueillie avec unenthousiasme tel que la signature de l’Acte constitutif de l’Union africaine, saratification et son entrée en vigueur sont intervenues en moins d’un an. Un telenthousiasme, à n’en point douter, témoigne d’un nouveau degré d’engagementde la part des dirigeants de l’Afrique.En fait, le débat actuel à propos de l’Union,au niveau du continent, est en train de prendre une nouvelle dimension. Desquestions plus pertinentes concernant le renforcement de l’intégration ducontinent sont soulevées et il semble y avoir plus d’ouverture, de franchise etde réalisme dans les discussions portant sur des aspects qui, quelques annéesseulement auparavant, étaient considérés comme des sujets tabous.

Le lancement du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, le 25 mai2004, représente ainsi un autre point important dans la construction de l’Unionafricaine. En effet, le Conseil pourra déployer des missions de paix et mêmerecommander à l’Union d’envoyer une force dans les pays membres en cas de

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39Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

génocide, de crimes de guerre et de crimescontre l’humanité. Les efforts déployés par leConseil dans la promotion d’une solution négo-ciée et rapide au Darfour illustre cet engagementà œuvrer avec détermination à un règlementpolitique global et durable du conflit. Quelchemin parcouru en si peu de temps!

C’est dans ce cadre de construction continentalque doit être examinée la notion de Nouveaupartenariat pour le développement de l’Afrique,qui traduit la détermination à rendre opération-nels les objectifs de l’Union africaine par desprogrammes et projets concrets.

Dans les lignes qui suivent, j’essaierai de revenirsur le contexte favorisant la création du NEPAD,avant de voir le chemin parcouru et de faire lapart des choses, trois ans plus tard.

L’Afrique en l’an 2000

À l’aube du nouveau millénaire, l’Afrique s’enlisemalgré l’adoption des programmes d’ajustementstructurels des vingt dernières années. Lalibéralisation du commerce mondial, dans lesillage de l’après-GATT qui s’inscrit dans leparadigme de la mondialisation, maintient lamajorité des pays dans le sous-développement.Les deux dernières décennies n’ont pas été lesplus glorieuses.Ainsi, entre 1980 et 2000, la partde l’Afrique dans les exportations mondiales deproduits manufacturés a chuté de 6,3% à 2,5%1.Parallèlement, les termes de l’échange subissentune baisse significative au cours de la mêmepériode. Globalement, les analystes s’accordentpour avancer que, sur une période de 40 ans, laqualité de vie s’est détériorée au lieu deprogresser, renforçant ainsi les clichés négatifs surle continent. Selon la Conférence des NationsUnies sur le Commerce et le Développement(CNUCED), en 2000 en Afrique, le revenu parhabitant était inférieur de 10% à celui de 1980.Les partenaires internationaux, qui auraient puinsuffler une dynamique au processus de déve-loppement, sont peu enthousiastes et la baisse del’aide publique au développement témoigne de ladésaffection de ces derniers à l’égard ducontinent.

Le flux net de l’aide publique au développementpasse de 25,56 milliards de dollars en 1990 àseulement 15,78 milliards en 2000.Les réserves ducontinent sont mobilisées par le service de la detteà long terme,qui se situe en 2000 à 22,14 milliardsde dollars, sur un montant total dépassant les 300milliards2. La diminution de la part de marché etdes termes de l’échange signifie que l’Afrique n’apu disposer, au cours des 20 dernières années, desressources suffisantes pour des investissementsessentiels dans des domaines aussi importants queles infrastructures, l’éducation et la santé. Lapropagation du VIH/SIDA déstabilise les sociétésd’une manière inéluctable. À part quelques raresexceptions, le continent semble voué à s’enliserdans le sous-développement.

La création du NEPAD

Depuis son lancement, la question n’a pas été desavoir si le NEPAD est ou n’est pas pertinent3.La principale préoccupation a plutôt été degarantir une plus grande implication des gouver-nements africains et de mettre en place desstructures devant favoriser une participationpopulaire à la mise en œuvre du programme.Cesont ces interpellations qui ont présidé à ladécision de lancer et de développer l’initiative duNEPAD. On s’est aperçu qu’un bond plusqualitatif était nécessaire pour relever les énormesdéfis auxquels est confronté le continent.L’Union africaine, dans son essence, renforce lecadre de coopération et d’intégration élaboré aucours des deux dernières décennies.Elle combineles valeurs collectives et les normes qui ont étédéveloppées depuis la création de l’Organisationde l’Unité Africaine (OUA) dans les domainespolitique et socioéconomique et favorise la miseen place de structures intégrées qui permettentun niveau élevé d’engagement de la part des payset des peuples africains.

C’est ainsi qu’en juillet 2001 le 37e Sommet del’OUA adopte le document portant sur leNouveau Partenariat pour le Développement del’Afrique. Le document est conçu pour relancer

L’Union africaine et le NEPADTrois ans plus tard

NEPAD: COOPÉRATIONS RÉGIONALES ET BILATÉRALES

1. Étude de la CNUCED sur les perspectives dedéveloppement de l’Afrique, février 2004.

2. Rapport du Secrétaire général de l’ONU sur leNEPAD, septembre 2004.

3. Afrique Contemporaine, no 204, « l’Union africaine et leNEPAD: un nouveau départ pour l’Afrique?» Vijay S.Makhan.

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40 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

le développement de l’Afrique en établissant unpartenariat mondial entre le continent africain etla communauté internationale s’articulant autourdes responsabilités partagées et des obligationsmutuelles.

Le Partenariat repose sur une volonté politiqueayant pour but d’inverser la marginalisationcroissante du continent et de promouvoir sa pleineintégration dans l’économie mondiale. À défautd’autre recours, l’Afrique souhaite être partieprenante dans le processus de mondialisation, afinde pouvoir tirer des bénéfices significatifs de saparticipation aux échanges mondiaux.

Le programme, audacieux et attrayant à plusieurségards, a le mérite de susciter l’intérêt de lacommunauté internationale. En effet, le NEPADrepose sur la reconnaissance, par les pays africains,de la nécessité de la bonne gou-vernance pour la paix, la sécuritéet un développement socioéco-nomique et politique durable.L’élaboration du Mécanisme Afri-cain d’Évaluation par les Pairs(MAEP) est une démarche auda-cieuse qui démontre le sérieux del’engagement des dirigeantsafricains.

Aussi, l’adhésion presque spontanée des grandspays industrialisés au programme assure la miseen place d’un plan d’action permettant de ciblerles objectifs les plus pressants. Pour inverser leprocessus de marginalisation du continent, leNEPAD prévoit un taux de croissance de 7% paran durant une période prolongée. Le Partenariatest un vaste programme à mettre en œuvre pourpromouvoir des progrès plus soutenus au sein del’Union africaine.

Par conséquent, admettre que l’Afrique poursuit,à travers le NEPAD, son combat pour unecoopération et pour une intégration renforcéen’a rien de singulier. En effet, cette approche estla tendance généralisée de nos jours.Mais ce quiest particulier à l’Union africaine, c’est le fait quetout un continent, d’un commun accord, s’estengagé à fond dans la consolidation et l’inté-gration de ses politiques, de ses programmes etde ses structures. L’originalité réside dans le faitque les membres de l’Union, au lieu d’y allerprogressivement et de passer de 9 à 15 membres,

ou à 25, ou encore à 52, ont décidé d’entre-prendre un lancement collectif et de se portermutuellement assistance.

Le défi, à ce niveau, est d’élaborer des pro-grammes appropriés qui répondent aux aspira-tions de l’Union africaine. Comme il a étéindiqué plus haut, le NEPAD est un programmeopérationnel global de l’Union africaine. Il aidentifié les conditions pour un développementdurable, y compris la promotion de la paix, de lasécurité, de la démocratie et de la gouvernancepolitique, et la poursuite de la gouvernanceéconomique et d’entreprise.

Il est plutôt regrettable que les médias attirentbeaucoup plus l’attention sur des aspects limitésde la gouvernance politique et de l’augmentationdu flux de capitaux. Le résultat est que toute

l’initiative est de plus en plusassociée aux conditionnalités et àla dépendance, des notions essen-tielles que le NEPAD essaie juste-ment de rejeter en proposant unnouveau partenariat.

Le NEPAD est un programmeafricain visant un développementautocentré de l’Afrique et offrantune vision opérationnelle qui

englobe les activités sociales, politiques etéconomiques. Le NEPAD n’est pas une versionremaniée du programme d’ajustement structurel.Il vise à développer un nouveau partenariatglobal, et son objectif est de transformer larelation donateur-bénéficiaire en une nouvelleapproche de développement basée sur desobjectifs communs et un engagement mutuel.Dans le Partenariat, l’Afrique réaffirme sa déter-mination à renforcer sa capacité de s’intégrer dansle monde en tant que partenaire dynamique, etnon comme une entité marginalisée.Cependant,pour réaliser les objectifs de l’Union africaine etla mise en œuvre de son programme, le NEPAD,l’Afrique doit surmonter plusieurs obstacles.

Il existe une préoccupation compréhensiblequant à une implication adéquate des populationsdans ces deux initiatives. Il est urgent de s’assurerque les populations s’approprient ces initiatives.En outre, le fondement du NEPAD pourrait êtreréexaminé de façon critique.L’hypothèse qu’unecroissance de 7% par an du produit intérieur brut

Le NEPAD est un

programme africain visant

un développement

autocentré de l’Afrique

et offrant une vision

opérationnelle qui englobe

les activités sociales,

politiques et économiques.

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41Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

nécessiterait 64 milliards de dollars US par an enfinancement extérieur est peu réaliste, voireirréalisable. La stratégie gagnerait donc à êtreréorientée de manière à privilégier une approcheendogène au continent.

Il est aussi important de s’assurer que tous les paysmembres de l’Union africaine soient intimementassociés à l’initiative du NEPAD.Tous les paysafricains doivent être encouragés et soutenuspour leur permettre de remplir les conditionsrequises pour accéder au statut de membres duPartenariat. Le fait de laisser de côté certains payspourrait non seulement entraver la réalisation desobjectifs du Partenariat, mais encore compro-mettre la vocation première de l’Union africaine.

Le NEPAD: trois ans après

Quel bilan peut-on faire trois ans après lacréation du NEPAD? Le débat est lancé et lesopinions sont très tranchées. Selon certains, leNEPAD, qui vise à sortir le continent du sous-développement, a donné lieu à beaucoup deparoles,mais à peu d’actes concrets.Pour d’autres,le Partenariat est déjà un succès.

Le Rapport du Secrétaire généraldes Nations Unies couvrant lapériode 2003-20044 souligneque le Comité des Chefs d’Étatet de gouvernement chargé de lamise en œuvre du NEPAD aapprouvé une liste de 20 projets prioritaires,élaborés par les communautés économiquesrégionales, visant à développer les infrastructures.

Dans le domaine de l’éducation, le NEPAD adéfini huit domaines prioritaires dans la poursuitedes objectifs du Millénaire pour le dévelop-pement relatifs à l’éducation de base. Le Rapportdu Secrétaire général souligne que les travauxvisant à mettre en œuvre le Programme intégrépour le développement de l’agriculture enAfrique se sont multipliés et que plusieursgouvernements ont commencé à aligner leursprogrammes agricoles sur le Programme intégré.

En ce qui concerne l’entrée en vigueur duMécanisme Africain d’Évaluation par les Pairs,

un secrétariat distinct a été créé pour unmécanisme d’évaluation intra-africaine, et lenombre de pays ayant adhéré au Mécanismes’élève à 23.Cette année, des missions d’appui auMécanisme ont été effectuées au Ghana, auRwanda, à Maurice et au Kenya. Toutefois,malgré la décision prise lors du Sommet deMaputo en juillet 2003, l’intégration du NEPADdans les structures et les processus de l’Unionafricaine se poursuit de façon peu convaincante.

Peut-on pour autant qualifier de réel le décollagede NEPAD? Au niveau international, une sériede mesures propres à favoriser la mise en œuvredu Partenariat ont été prises.À cet égard, le Pland’action du G8 pour l’Afrique, adopté lors duSommet de Kananaskis, en juin 2002, constitue lepremier acte de toute une tendance qui sedégage en faveur de l’Afrique. Il suffit dementionner les 100 millions de dollars du Forumdu Partenariat pour l’Afrique, la création par leRoyaume-Uni de la Commission pour l’Afrique,qui se penchera entre autres sur les questionsd’allègement de la dette et de réformes enmatière de commerce international et dont lerapport doit être rendu public au début de 2005,

et le prolongement jusqu’au 31décembre 2005 de l’Initiative enfaveur des pays pauvres trèsendettés (PPTE). À cela, il fautajouter l’allègement, voire l’annu-lation, de la dette par plusieurspays développés, nommément la

France, le Royaume-Uni, l’Italie et le Canada.Actuellement, le service de la dette est tel qu’iléquivaut à un transfert inverse des ressources ducontinent africain vers les pays développés.Certains n’hésitent pas à avancer que, depuis1980, ce n’est plus l’Occident qui financel’Afrique, mais le contraire.

On a même vu un accroissement de l’aidepublique au développement en faveur de l’Afriquequi a atteint 22,23 milliards de dollars en 2002, etles estimations pour 2003 sont de 23,9 milliardsde dollars5. Le flux de l’investissement direct àdestination des pays d’Afrique continue d’aug-menter,passant de 11 milliards de dollars en 2002à 14 milliards en 20036.

L’Union africaine et le NEPADTrois ans plus tard

NEPAD: COOPÉRATIONS RÉGIONALES ET BILATÉRALES

4. Rapport du Secrétaire général de l’ONU sur leNEPAD, septembre 2004.

5. Ibid.6. Ibid.

Quel bilan peut-on faire

trois ans après la création

du NEPAD? Le débat est

lancé et les opinions sont

très tranchées.

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42 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

Sans nul doute, la mise en œuvre du NEPAD acontribué à créer un climat propice à l’accrois-sement de l’aide publique au développement.Mais est-ce suffisant? Même avec le NEPAD, lesperspectives ne sont pas encore encourageantespour l’Afrique. Selon la CNUCED, les estima-tions actuelles situent le taux de croissance pourla prochaine décennie à un peu plus de 3%7.Toutporte à croire que les objectifs du plan duMillénaire 2015 et ceux du NEPAD ne serontpas atteints dans les délais impartis8. Selon cesmêmes prévisions, ce n’est qu’en2129 que l’éducation pour tous àl’école primaire sera assurée.Pourque les objectifs de réduction dela pauvreté ne soient pas despromesses vaines, la CNUCEDestime qu’il faudrait augmenterl’aide publique au développe-ment de 10 milliards de dollarspar an.

À cet égard, la pertinence d’une déclaration faiteen 2004 par Gordon Brown, Chancelier del’Échiquier du Royaume-Uni, mérite d’êtresoulignée: «Au rythme actuel des choses, aucun desobjectifs du Millénaire ne sera réalisé en Afrique, nonseulement au cours des dix prochaines années, mais aucours des 100 prochaines années.»

L’Afrique au cœur des préoccupationsinternationales

Même s’il n’a que trois ans d’existence, leNEPAD illustre d’abord la détermination desdirigeants africains à tout mettre en œuvre pourle développement soutenu du continent.L’Unionafricaine, à travers le NEPAD, ambitionned’apporter des transformations structurelles auniveau continental pour permettre le décollagede l’Afrique. Le NEPAD montre aussi que lespartenaires industrialisés prennent conscience dela nécessité d’une approche commune pour sortirl’Afrique de l’impasse.

Avec le NEPAD, le développement du continentafricain est devenu une priorité internationale.Le Royaume-Uni, qui assumera la présidence del’Union européenne en 2005, vient d’affirmerque l’Afrique serait un des «sujets dominants» duG8 et de l’UE. Dans les années à venir, leNEPAD et d’autres programmes de l’Unionafricaine, à l’instar du programme sur la Vision etles Missions, le Cadre Stratégique et le Pland’Action de l’Union africaine, soutiendront ledéveloppement continental.Toutefois, malgré la

sincérité des décideurs, c’est iciqu’il y a lieu de veiller à ce quele continent ne se laisse pasentraîner dans l’élaboration deprogrammes successifs, restantinachevés pour la plupart.

Le NEPAD, programme del’Union africaine, en est un deresponsabilité ouvrant la voie au

progrès. Pour l’instant, le NEPAD a réussi à sortirle continent de l’indifférence générale. Il en fautdavantage pour un continent qui, à l’horizon2025, comptera 1,3 milliard d’Africains, dont prèsde 800 millions ayant moins de 15 ans.

En conclusion, l’Union africaine, avec sonNouveau Partenariat pour le développementdémontre la détermination de l’Afrique à seressaisir et à s’engager sur la voie du dévelop-pement durable.Ce n’est pas un nouveau départen tant que tel, car ces initiatives sont l’abou-tissement de la dynamique de la décennieécoulée. Cependant, elles constituent une avan-cée significative et l’on peut formuler l’espoir queles efforts de l’Afrique bénéficieront d’un appuiréel, plutôt que d’être désorientés par desstratégies concurrentes comme c’était le casauparavant.

7. CNUCED, De la rhétorique à la réalité du développementafricain, septembre 2001.

8. Rapport du PNUD, 2003

L’Union africaine,

à travers le NEPAD,

ambitionne d’apporter des

transformations structurelles

au niveau continental

pour permettre le décollage

de l’Afrique.

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Hakim Ben HAMMOUDA

Hakim Ben HAMMOUDA estDirecteur de la Division duCommerce et de l’IntégrationRégionale, Commission écono-mique des Nations Unies pourl’Afrique.

Le NEPAD constitue, dans l’histoire récente du développementéconomique de l’Afrique, un événement majeur. En effet, aprèsdeux décennies perdues, les leaders africains ont décidé deprendre en charge le développement du continent et ont cherchéà identifier les priorités continentales dans ce domaine. Cetteréflexion a été à l’origine de la définition et du lancement duNEPAD, le Nouveau Partenariat pour le Développement del’Afrique, qui est aujourd’hui au centre des débats sur ledéveloppement.

Le NEPAD a identifié les enjeux et les priorités du développement ducontinent.À ce niveau, l’intégration régionale occupe une place centrale.En effet, les dirigeants africains reconnaissent aujourd’hui plus que jamais

qu’il est urgent d’accélérer I’intégration de I’Afrique, compte tenu en particulierdes problèmes que posent le régionalisme et la mondialisation.Les règles relativesau système de commerce international de I’Organisation mondiale ducommerce ont exacerbé la concurrence à I’échelle de la planète et accru lesenjeux pour I’Afrique. Cette urgence s’est traduite par la création de laCommission de I’Union africaine et les orientations qui lui ont été données1.

Les progrès de I’intégration africaine varient selon les secteurs, les communautéséconomiques régionales et les États membres. II y a eu des avancées dans lecommerce, les communications, la politique macroéconomique et les transports.Certaines communautés économiques régionales ont réalisé des progrèsremarquables dans les domaines de la libéralisation et de la facilitation deséchanges (Union économique et monétaire ouest-africaine et Marché communde I’Afrique de I’Est et de l’Afrique australe), de la libre circulation despersonnes (Communauté économique des États de I’Afrique de I’Ouest), desinfrastructures (Communauté de développement de I’Afrique australe etCommunauté de I’Afrique de I’Est), de la paix et de la sécurité (Communautééconomique des États de I’Afrique de I’Ouest et Communauté dedéveloppement de I’Afrique australe). Cependant, il y a encore d’énormesécarts entre les objectifs et les réalisations de la plupart des communautéséconomiques régionales, notamment en ce qui concerne le développement du

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Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

1. Pour une analyse plus détaillée du processus d’intégration régionale, voir le dernier rapport dela Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique intitulé États de l’intégration régionaleen Afrique – 2004

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commerce intérieur, la convergence macro-économique, la production et les connexionsphysiques.

Des progrès lents dans le domaine commercial

Les progrès en vue de I’harmonisation et deI’intégration des marchés sous-régionaux ont étélents.Des communautés économiques régionalescomme I’UEMOA, la CEMAC et I’Uniondouanière d’Afrique australe sont en fait desunions douanières, alors que les autres en sont àdifférents stades d’élaboration d’une zone delibre-échange.Les échanges intracommunautairessont généralement limités.

Certaines communautés économiques régionalesont établi des critères de convergence macro-économique pour aider leurs membres à seconcentrer sur la stabilité économique en tantque préalable à I’intégration et au développe-ment. Mais, en raison de différences dans lagestion économique et politique et de conflitscivils, il a été difficile de réaliser cette conver-gence. Et, même lorsque des progrès ont étéobservés, des revirements de politiques se sontensuite produits.

Toutes les communautés économiques régionalesont adopté divers instruments visant à faciliter lafluidité du transport, à réduire les coûts et àaméliorer I’efficacité générale. La Décision deYamoussoukro en vue de libéraliser progressive-ment le transport aérien en Afrique en est unebonne illustration. Mais il reste que, dans laréalité, les coûts de transport en Afriquedemeurent parmi les plus élevés dans le monde.Par exemple, le transport d’une automobile parbateau du Japon à Abidjan coûtera 1500$ (ycompris les frais d’assurance), alors que la mêmeopération d’Addis-Abeba à Abidjan reviendra à5000$.Par ailleurs, de nombreux réseaux routiersaériens et ferroviaires sur I’ensemble du conti-nent ne sont toujours pas interconnectés.

La connectivité entre pays a progressé de façonnotable grâce aux percées révolutionnaires inter-venues dans les technologies de télécommuni-cation, à I’accroissement des échanges et à laprivatisation des services nationaux. Certainescommunautés économiques régionales (SADC,

CEDEAO, COMESA, Union du Maghrebarabe) sont mieux interconnectées que d’autres(Communauté économique et monétaired’Afrique centrale, Communauté économiquedes États d’Afrique centrale, Communautééconomique des pays des Grands Lacs). Mais ilest toujours aussi difficile de téléphoner au-delàdes frontières nationales en Afrique.

Plusieurs communautés économiques régionalesse sont fixé pour objectif de réduire les coûts deI’énergie en tirant partie des économies d’échelleque permettaient des systèmes régionauxd’approvisionnement plus importants, utilisantdes pools énergétiques et des réseaux inter-connectés, et en développant des sourcesd’énergie peu nuisibles à I’environnement. Desprogrès certains ont été observés dans certainsÉtats de la CEDEAO ainsi que dans la SADC etla Communauté d’Afrique de I’Est.

II existe une coopération réelle en ce quiconcerne les systèmes d’alerte rapide, la rechercheagricole et le renforcement des capacités. Larégion de la SADC bénéficie des services duCentre d’Afrique australe pour la coopération enmatière de recherche agronomique et laformation. Et des institutions internationales,comme I’Institut international d’agriculturetropicale et I’Institut international de gestion desressources en eau, contribuent à I’intégrationafricaine grâce à I’échange d’informations sur lesbonnes pratiques entre communautés écono-miques régionales.

Seules quelques communautés économiquesrégionales, notamment la CEDEAO et laCommunauté d’Afrique de I’Est, ont réalisé desprogrès notables dans ce domaine. Ainsi,I’introduction du passeport de la CEDEAOconstitue un grand pas en vue de la suppressiondes obstacles aux mouvements transfrontaliers despersonnes et de la promotion d’une identitécommune pour les citoyens de cette commu-nauté. La Communauté d’Afrique de I’Est aégalement introduit un passeport valable àI’intérieur de ses frontières pour faciliter lesdéplacements transfrontaliers des citoyens de sesÉtats membres. Dans les autres communautés, laliberté de mouvement reste limitée et dépenddavantage de décisions bilatérales que multi-latérales.

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II y a eu peu de réalisations en termes de miseen place et d’utilisation de biens publicsrégionaux par le biais de la mise en commun desressources, sauf en ce qui concerne le maintiende la paix et de la sécurité, qui a été surtout lefait de la CEDEAO et de la SADC. Les pro-grammes de lutte contre la criminalité, leVlH/sida et le retard technologique et de miseen valeur des ressources maternelles restentlargement I’apanage des pays individuels.

Les progrès dans I’intégration sous ses différentsaspects ont été entravés par le manque deressources, à la fois financières et humaines, parle faible niveau de respect des obligationsdécoulant des traités, par I’incapacité de préveniret de résoudre les conflits de manière décisive etpar le fait qu’aucune des monnaies nationales oupresque n’est convertible, à I’exception du francCFA. Les dirigeants africains doivent relever cesdéfis et le NEPAD doit se fixer comme objectifd’aider les Africains à surmonter ces obstacles.

Rationaliser les communautéséconomiques régionales

Les pays peuvent se regrouper à I’intérieur deblocs plus vastes pour accélérer I’intégration oubien ils peuvent faire partie de plusieurs blocspour maximiser les gains ou minimiser les risquesliés à I’intégration.Mais I’existence d’un si grandnombre de communautés ne fait que favoriser ladispersion de ressources limitées, compliquer leprocessus global d’intégration du continent etmettre à mal les capacités et ressources des gou-vernements à faire face aux différents ordres dujour et exigences. II est donc impératif decommencer sans tarder à rationaliser les commu-nautés économiques régionales.

Les protocoles sont indispensables pour que lestraités puissent entrer en vigueur. Mais denombreux États membres prennent leur tempspour signer et ratifier les protocoles adoptés parles communautés économiques régionales qui,bien souvent, sont contradictoires. Ces commu-nautés économiques doivent mettre en place desmécanismes permettant une ratification plusrapide de ces protocoles. Les ratifications pour-raient être remplacées, par exemple, par des«actes», des «décisions» ou des «directives» à effet

immédiat. L’Union africaine pourrait contribuerà rationaliser le nombre de protocoles et lesdispositions y afférentes dans I’ensemble descommunautés économiques régionales en lesharmonisant avec les objectifs continentaux et engarantissant la convergence des objectifs sous-régionaux.

Adéquation entre les ambitions et les ressources

Les communautés économiques régionales dis-posent de capacités et de ressources limitées, d’oùles écarts substantiels entre les ambitions et laréalité.La réussite de l’intégration exige la mise enplace de secrétariats dotés de personnel et deressources financières,et investis de I’autorité d’agirau nom des États membres. Les communautéséconomiques régionales doivent également établirdes priorités pour leurs actions et se concentrersur des objectifs concrets et réalisables.

II est généralement admis que I’insuffisance demoyens financiers constitue I’un des principauxobstacles à I’intégration de I’Afrique. Les res-sources financières des communautés écono-miques régionales proviennent essentiellementdes contributions des membres, mais le montantdes contributions versées est resté en deçà desbesoins budgétisés et des contributions escomp-tées. II faudrait concevoir des systèmes concretspour mobiliser des ressources, tant à I’intérieurqu’à I’extérieur. Des mécanismes d’autofinan-cement – tels que le système des prélèvementscommunautaires en place dans I’Union écono-mique et monétaire ouest-africaine et dans la Communauté économique et monétaired’Afrique centrale, les taxes spéciales d’aéroport,les affectations négociables sur la base du PIB, lesproduits de I’allégement de la dette – sont autantde moyens à envisager.

Des ressources sont nécessaires pour financer desprojets tels que le réseau routier africain et unréseau ferroviaire pour le continent, mais il fautégalement trouver un accord sur les normes deconception et de construction ainsi que sur desnormes techniques et opérationnelles, comme lalimite de charge à I’essieu. Le NEPAD devraitêtre I’élément moteur et œuvrer en collaborationavec les communautés économiques régionales

L’intégration régionale: un pilier essentiel du NEPAD

NEPAD: COOPÉRATIONS RÉGIONALES ET BILATÉRALES

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(pour coordonner les actions,mobiliser et mettreen commun les ressources), afin de consoliderI’intégration physique de I’Afrique.

Dynamiser la participation du secteur privé

Dans la plupart des pays africains, le secteur privéest exclu du processus d’identification, deformulation et de mise en œuvre des politiqueset des programmes d’intégration.Les traités de laplupart des communautés économiques régio-nales n’abordent pas spécifiquement la questionde la participation du secteur privé. Pourtant, cesecteur peut être un partenaire de poids dans leprocessus d’intégration en fournissant desressources humaines et financières à l’appui deprojets régionaux. Grâce à ses représentants et àla façon dont il est organisé, il peut influer sur lesprocessus décisionnels et inciter les gouverne-ments à ratifier et à appliquer les protocoles, àstabiliser la situation macroéconomique, àaméliorer la qualité des institutions et à garantirI’efficacité et la fiabilité des services ainsi que lerespect de I’état de droit. Et, dans la mesure où

elles ont des activités dans plusieurs pays, lessociétés sont les premières à bénéficier de lasimplification des règles de fonctionnement au-delà les frontières.

La relance de I’intégration régionale constitueI’une des stratégies les plus crédibles pourrésoudre les problèmes de développementauxquels l’Afrique est confrontée, étant donnéles nombreuses insuffisances en termes deressources et autres aspects économiques dechaque pays. La conjonction des efforts et unengagement politique dynamique en faveur deI’intégration peuvent contribuer à surmonter cesproblèmes décourageants.

Le NEPAD est venu rappeler et renforcer le rôlede l’intégration régionale dans la relance de lacroissance et du développement en Afrique.D’ailleurs, un rôle majeur a été accordé auxcommunautés économiques régionales dans lamise en œuvre du Partenariat. Le renforcementde ces communautés et la relance du processusd’intégration pourraient être des clés de laréussite du NEPAD et de la relance du dévelop-pement du continent.

Depuis le Sommet de Rio en 1992, des initiatives sontprises, notamment à l’échelle locale par les villes etrégions du monde, pour développer des Agendas 21

locaux. Cependant, dix années après l’adoption de ce pro-gramme d’action, le constat appelle des efforts supplémen-taires pour renforcer ces initiatives, notamment dans l’espacefrancophone, où le mouvement n’évolue pas au rythmesouhaité.

Afin de répondre aux besoins exprimés dans ce domaine parles pays membres, l’Institut de l’énergie et de l’environne-ment de la Francophonie (IEPF), organe subsidiaire del’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIF), encollaboration avec la Mairie de Lille – France, et l’appuitechnique de l’Association 4D – France, a organisé, du 15 au19 décembre 2003, un atelier d’échange sur la réalisationdes Agendas 21 locaux dans l’espace francophone.

Cet atelier s’adressait aux acteurs locaux et régionaux (éluslocaux et régionaux, conseillers municipaux et autres agentsdes municipalités ou des regroupements de municipalités)qui ont déjà réalisé un Agenda 21 local et qui ont uneexpérience à partager et à ceux souhaitant engager leur villeou leur région dans la démarche.

ACTES DE L’ATELIER AGENDAS 21LOCAUX DANS L’ESPACE FRANCOPHONE15 au 19 décembre 2003, à Lille, France

Disponible sur le site Web de l’IEPF à l’adresse:http://www.iepf.org/ressources/document.asp?id=179

22 x 28 cm, 124 pages, collection Actes, no1, 2004, reliure souple.

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Unité du NEPAD à la BanqueAfricaine de Développement

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NOPADA/NEPAD), adopté en 2001 par les Chefs d’État africains,a pour objectif d’insuffler un nouveau dynamisme au continenten créant des partenariats fiables et en établissant des basessolides pour la réduction de la pauvreté et le développementéconomique. L’une des principales priorités du NEPAD est depromouvoir l’intégration régionale, alors que les économiesafricaines, prises individuellement, sont en général trop faiblespour bénéficier des économies d’échelle possibles sur les marchésde plus grande taille. Les efforts visant à combler le fossé enmatière d’infrastructures comptent parmi les principaux moyensde promouvoir l’intégration régionale en Afrique.

Cette approche est conforme à la vision du Groupe de la Banqueafricaine de développement (BAD), dont l’objectif primordial demeurela réduction de la pauvreté et le développement économique durable

et qui souligne aussi, dans cette optique, l’importance de forger des partenariatsstratégiques. Dans ce contexte, le Comité de mise en œuvre des Chefs État etde gouvernement (CMCEG/HSGIC) engage la Banque et d’autres organisa-tions continentales à jouer un rôle de chef de file dans le cadre du NEPAD. LaBAD a ainsi été désignée principal organisme pour le développement del’infrastructure et les normes bancaires et financières. Il a également été demandéà la Banque de collaborer avec la Commission économique des Nations Uniespour l’Afrique (CEA) et d’assumer le rôle de chef de file en ce qui concerne lagouvernance d’entreprise.

L’approche du NEPAD dans le domaine des infrastructures

Pour remplir la mission qui lui a été confiée par les Chefs État, la Banque aadopté une approche à deux phases : l’élaboration d’un plan d’action à courtterme pour accélérer le processus du NEPAD et un cadre stratégique à moyenet long terme qui devra être mis en œuvre parallèlement au plan à court terme.

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Le Plan d’action à court terme (PACT) porteessentiellement sur les investissements physiquesprioritaires dans les domaines de l’énergie, dutransport, de l’eau et de l’assainissement, et danscelui des technologies de l’information et de lacommunication (TIC). Ces investissementsdoivent être assortis de mesures de renforcementdes capacités et de mesures réglementaires etinstitutionnelles visant à améliorer l’efficacité desinfrastructures existantes sur le continent.Le Planprévoit également des études en vue de préparerde nouveaux projets de financement.

L’accent est mis sur des projets et initiatives quicomportent un important volet « facilitation ».Sont ainsi retenus : les projets qui sont à un stadede préparation avancé et qui peuvent êtreexécutés rapidement ; les projets qui appuient àla fois une approche régionale de la fournitured’infrastructures et l’intégration régionale ; lesprojets qui sont bloqués pour des raisonspolitiques et qui pourraient bénéficier del’intervention du NEPAD; les initiatives quipermettent de surmonter les contraintes dues auxpolitiques et les contraintes réglementaires ouinstitutionnelles en ce qui concerne les activitésd’infrastructure au niveau régional.

Afin de mener à bien la mise en œuvre du Pland’action à court terme, le NEPAD intervient detrois façons principales. Il mobilise la volonté etl’action politiques afin de procéder aux réformesstratégiques et institutionnelles nécessaires dansles différents secteurs, y compris l’harmonisationdes systèmes réglementaires et la ratification desaccords. Il facilite aussi la mobilisation desressources pour les projets régionaux grâce à lamise en commun des ressources des pays con-cernés et à l’élargissement de la participation dusecteur privé tant aux opérations qu’au finan-cement de l’infrastructure. Enfin, il facilite lepartage des connaissances, le travail en réseau etla diffusion des meilleures pratiques entre les pays,les communautés économiques régionales et lesorganismes techniques.

Le coût total des projets identifiés au titre duPACT se chiffre à plus de 8 milliards de dollarsUS, dont la moitié sera financée par le secteurprivé.

Les stratégies sectorielles

Pour chacun des secteurs de l’infrastructure(énergie, transports, eau et assainissement,TIC), lePACT contient un bref énoncé des objectifsgénéraux qui établit un lien entre le sous-secteuret l’objectif primordial de la lutte contre lapauvreté. Ensuite, le Plan passe en revue lesproblèmes et défis auxquels fait face le secteur etprésente sommairement la réponse proposée parle NEPAD. Les quatre domaines communs sont:la facilitation, c’est-à-dire la mise en place d’uncadre stratégique, réglementaire et institutionnelpermettant un environnement qui encouragel’investissement et favorise l’efficacité de l’exploi-tation; les initiatives de renforcement des capacitésafin d’habiliter en particulier les institutionsd’exécution à remplir leurs missions ; les projetsd’investissement physique ou de capitaux ; lesétudes en vue de préparer de nouveaux projetsprioritaires.

Le secteur de l’énergie

Le défi de l’Initiative de l’infrastructure énergé-tique du NEPAD est de développer pleinementles ressources énergétiques du continent afin defournir des services abordables aux différentssecteurs économiques et sociaux. Ceci aura poureffet de stimuler le développement économiqueet social et d’améliorer le niveau de vie despopulations. Dans le cadre de cette initiative, lesressources énergétiques dont regorge le continentseront développées grâce à la coopération régio-nale, ce qui permettra de réaliser les objectifsprimordiaux du NEPAD, soit lutter contre lapauvreté et assurer le développement économique.La garantie d’un approvisionnement durable enénergie abordable constitue en effet l’un desmeilleurs moyens de lutter contre la pauvreté,l’inégalité et la dégradation de l’environnement etde favoriser le développement économique. Les

Résumé des projets retenus au titre du PACT

Type de projet Nombre Coût(millions de$ US)

Renforcement des capacités 18 424

Facilitation 52 407

Investissement 36 7133

Études 18 161

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projets identifiés dans le PACT appuieront ledéveloppement d’une énergie durable, tout enjetant les bases de la réalisation des buts à moyen etlong terme.

Le Plan d’action à court terme dans le secteur del’énergie comprend un projet hydroélectrique,huit projets d’interconnexion des réseauxd’énergie, trois projets d’interconnexion gaz-pétrole, six études pour les projets physiques, unprojet de renforcement de capacités et un projetde facilitation.

Le secteur eau et assainissement

L’utilisation durable des ressources en eau quisont disponibles mais limitées est essentielle pourle développement socioéconomique du conti-nent et la lutte contre la pauvreté. Elle devrasatisfaire les besoins fondamentaux croissants d’ungrand nombre d’habitants, en matière d’approvi-sionnement et d’assainissement, contribuer à leursécurité alimentaire par le biais de l’irrigation etassurer le fonctionnement des industries ducontinent grâce à son potentiel hydroélectriquerenouvelable.

Au nombre des mesures importantes de mise envaleur des ressources en eau de l’Afriquefigurent : l’adoption de politiques et de cadresinstitutionnels nationaux et régionaux efficaces,fondés sur le principe de la gestion intégrée desressources en eau (GIRE); la création d’un cadrede collaboration relatif aux accords visant àfaciliter la gestion et la mise en valeur desressources en eau transfrontalières ; le renforce-ment des capacités et une sagesse accrue enmatière de gestion des ressources en eau.Tandisque la capacité d’absorption est un facteurlimitatif dans certaines régions, l’insuffisance dufinancement demeure une contrainte majeure audéveloppement du secteur. On estime ainsi que20 milliards de dollars US seront nécessaireschaque année afin de réaliser les objectifs duMillénaire pour le continent.

En réponse aux défis auxquels est confrontéel’Afrique dans le secteur de l’eau, la Visionafricaine de l’eau pour 2025 vise un changementd’approche afin d’assurer une utilisation et unegestion plus équitables et durables des ressourcesen eau du continent et ainsi alléger la pauvreté

et favoriser le développement socioéconomique,la coopération régionale et la protection del’environnement.

Les programmes et initiatives prévus dans le Pland’action à court terme appuient pleinement laVision africaine de l’eau et son action, dont lesthèmes sont : la création d’un cadre propice à lacoopération régionale ; le soutien à l’élaborationde politiques nationales de gestion intégrée desressources en eau ; la satisfaction des besoinsurgents en eau ; une plus grande sagesse dansl’utilisation des ressources en eau ; le renforce-ment de la base financière pour l’avenirhydraulique souhaité.

Le secteur des transports

En matière d’infrastructures et de services detransport en Afrique, le NEPAD vise à comblerle fossé par : la réduction des coûts et l’amélio-ration de la qualité des services ; l’accroissementde l’investissement, tant public que privé, dansl’infrastructure ; l’amélioration de l’entretien del’infrastructure ; la suppression des obstacles,officiels et autres, à la circulation des biens et despersonnes ; le renforcement de la coopérationrégionale et l’intégration des marchés de servicesde transport.

Le NEPAD est appelé à jouer un rôle stratégiquede premier plan dans le secteur des transports. Ildevra mobiliser le soutien politique et les res-sources financières nécessaires aux réformes etlancer les programmes et projets permettantd’appuyer l’intégration régionale et de renforcerla compétitivité générale. Il s’attachera à promou-voir des approches novatrices pour développerles infrastructures le long des corridors régionaux etfaciliter ainsi les échanges et l’accès aux régionsnaguère isolées. Le Partenariat poursuivra sesobjectifs, en matière de transports, dans le cadrede programmes ciblant des entités institu-tionnelles spécifiques.

Cinq thèmes généraux seront touchés : descorridors d’échanges sans frontières ni barrières ;des routes meilleures et plus sûres comme facteurd’intégration de l’Afrique ; des services ferro-viaires compétitifs et continus; des ports efficaces,et des mers et ports sûrs ; des cieux et desaéroports sûrs, sans risques et efficaces.

Les infrastructures dans le cadre du NEPAD:contenu et état de la mise en œuvre

NEPAD: COOPÉRATIONS RÉGIONALES ET BILATÉRALES

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La création de corridors d’échanges sans frontières nibarrières revêt une importance capitale pour leprogramme du NEPAD en matière de transports.Les procédures de dédouanement encombranteset imprévisibles aux frontières,dans les ports et dansles terminaux intérieurs ainsi que les contrôlesroutiers superflus constituent en effet une sourceimportante de retards et de coûts supplémentairesle long des routes commerciales, en particuliercelles qui desservent les pays enclavés.Le Partena-riat doit accélérer la mise en œuvre, par les Étatsmembres, des accords et protocoles existants afind’éliminer les barrières non physiques et d’aider lescommunautés économiques régionales à fixer desindices de référence et à les faire respecter par letruchement du mécanisme d’évaluation par despairs du NEPAD.

La création de routes meilleures et plus sûres commefacteur d’intégration de l’Afrique suppose l’accélé-ration du développement des réseaux régionauxet du renforcement des capacités pour une ges-tion durable des routes. À cet égard, il faut entout premier lieu appuyer les programmes dedéveloppement du secteur routier (PDSR)exécutés selon l’approche gestion de réseaux etles mécanismes institutionnels afin d’assurer lafiabilité du financement de l’entretien et l’obliga-tion de rendre des comptes aux usagers.L’objectifà moyen terme est de faire passer de 15 à 25 lenombre des pays qui mettent en œuvre oupréparent des PDSR.L’accroissement de l’inves-tissement dans les routes régionales sera assurédans le cadre des programmes sous-régionauxélaborés par les CER. Le NEPAD appuieral’élaboration de principes directeurs pour plani-fier et financer la modernisation des routes lelong des corridors régionaux.

Pour ce qui est des chemins de fer, le principaldéfi immédiat consiste à renverser la tendancetraditionnelle à la mauvaise gestion dont fontl’objet la plupart des réseaux publics nationaux.La réalisation de l’objectif de services ferroviairescompétitifs et continus passera par une combinaisonde réformes institutionnelles et d’investissements.Le Partenariat appuiera également les concessionsconjointes ou coordonnées et les participationscroisées transfrontalières ainsi que l’intégrationdes services ferroviaires et des chaînes logistiquesmultimodales.

Afin de jouer leur rôle en tant que points depassage vers le reste du monde, les ports régio-naux doivent améliorer leurs performances etmoderniser leurs opérations. Pour créer des portsefficaces, il faut aligner les performances de tousles ports africains sur celles des meilleurs d’entreeux, en particulier en réduisant de moitié letemps de dédouanement des conteneurs ou enle ramenant à l’indice de référence de cinq jours,d’ici à 2006. La composante mers et ports sûrscomprend des mesures visant à protéger le littoralafricain des risques de pollution marine et àassurer la sûreté des ports du continent. LeNEPAD encourage les approches multinationalesdu renforcement des capacités et de la prépara-tion environnementale.

Pour obtenir des cieux et des aéroports sûrs, sansrisques et efficaces, il faudra diminuer les coûts dutransport et du fret aériens, réduire l’isolement del’Afrique sur le marché du transport aérien etaméliorer la sûreté au sol et dans les airs. Il s’agitd’abord de concrétiser la Déclaration deYamoussoukro et d’apporter le soutien nécessaireà la réforme du secteur, à la privatisation descompagnies aériennes, au renforcement de lacapacité de réglementation,à la restructuration desservices de l’aviation civile et à la modernisation del’infrastructure aéronautique.

Le programme de sûreté et de sécurité seraappuyé par la mise en œuvre d’un projet régionalde centre de contrôle de l’espace aérien supérieur(UAC), de deux projets régionaux de systèmemondial de navigation par satellite (GNSS), demesures pour le respect des normes de sécuritéde l’OACI et du renforcement de la capacitéd’inspection de la sûreté conjointe (COSCAP).Sur le plan politique, c’est le mécanisme d’évalua-tion par des pairs du NEPAD qui appuiera la miseen œuvre de la Déclaration de Yamoussoukro.LePartenariat favorisera également un consensus surl’adoption de mesures communes concernant enparticulier les centres de contrôle de l’espaceaérien supérieur.

L’engagement politique aux échelons supérieurssera déterminant pour la réalisation des objectifsdu NEPAD dans le domaine des transports.Toutefois, afin d’enregistrer des progrès rapidessur le terrain, il faudra rattraper les retards etrésoudre au plus tôt les problèmes qui ont miné

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les initiatives régionales. Le Partenariat s’attacheraà mettre en place un mécanisme d’appui à laréforme des transports régionaux et à l’intégra-tion pour l’Afrique (TRISFA). Ce fonds fidu-ciaire, inspiré du modèle de la participation dusecteur privé au mécanisme consultatif enmatière d’infrastructures (PPIAF), sera induit parla demande et apportera un soutien ponctuel auxcommunautés économiques régionales et auxorganismes qui entreprendront les programmesde transports dans le cadre du NEPAD.

Les technologies de l’informationet des communications (TIC)

L’insuffisance de l’accès à des services de télé-phonie, de radio-télédiffusion, d’informatique etd’Internet abordables dans la plupart des paysafricains s’explique par la précarité des infra-structures de TIC du continent, la faiblesse et lecaractère disparate des cadres stratégiques etréglementaires ainsi que le manque de ressourceshumaines. En dépit des efforts déployés cesdernières années afin de faciliter le déploiement,la mise en œuvre et l’exploitation des infrastruc-tures de TIC dans certaines régions, l’Afriquedemeure le continent dont les capacités sont lesplus faibles en matière de TIC et qui est le moinsbien desservi par les installations de télécom-munications et autres communications.

Ce fossé numérique qui freine le développementsocioéconomique des pays africains s’explique demanière générale par leur incapacité à déployer,maîtriser et exploiter les possibilités qu’offrent lesTIC. Les initiatives visant à combler ce fossédevront être mises en œuvre à quatre niveaux :entre les zones rurales et les zones urbaines d’unpays donné; entre les différents pays d’une sous-région donnée ; entre les différentes régions ducontinent ; entre l’Afrique et le reste du monde.

Le Plan d’action à court terme propose d’inter-venir dans trois domaines principaux: les projetsde développement et d’extension des infrastruc-tures de TIC; les projets visant à faciliter la con-ception et la mise en place de telles infrastruc-tures ; les initiatives d’exploitation et d’utilisationde ces infrastructures. Un certain nombre deprojets et d’initiatives ont déjà été identifiés danschacun de ces trois domaines.

Afin de faciliter le déploiement, l’exploitation etl’utilisation à grande échelle des TIC par lessociétés et les économies africaines, six initiativescontinentales ont été identifiées : l’Initiativeafricaine Scan-ICT et E-readiness (état de prépa-ration électronique), l’Initiative africaine detélémédecine régionale, l’Initiative de gouver-nance et de gestion électronique pour l’Afrique,l’Initiative africaine pour le commerce et leséchanges électroniques, l’Initiative régionaleafricaine de télé-éducation et l’Initiative africainepour la promotion du développement ducontenu.

Les partenariats public-privé (PPP)pour le développement des infrastructures

Les partenariats public-privé (PPP) sont apparusau cours de la décennie comme l’un des meilleursmoyens de favoriser le développement, comptetenu de l’insuffisance de l’investissement, despressions de plus en plus fortes exercées sur lesbudgets de l’État et des préoccupations généralesconcernant la prestation des services par lesentreprises et organismes publics.Ces partenariatsont touché essentiellement les infrastructureséconomiques (physiques), notamment l’eau etl’assainissement, l’énergie, les transports, lestélécommunications. Le désir d’assurer desservices plus efficaces et de meilleure qualité, etl’insuffisance des ressources publiques disponiblespour le financement de tels services amènent deplus en plus les gouvernements à recourir auxpartenariats public-privé.

Les différents pays doivent prendre des mesuresafin d’éliminer les contraintes qui empêchentl’émergence d’un plus grand nombre de parte-nariats public-privé en Afrique.Au nombre descontraintes figurent: l’inadéquation du cadre juri-dique et réglementaire ; le manque de compé-tences techniques pour la gestion des programmeset projets de partenariat public-privé; la percep-tion négative des investisseurs quant au risque-pays; le rôle limité de l’Afrique dans les échangeset les investissements internationaux; l’étroitessedes marchés, y compris financiers, et l’insuffisancedes infrastructures.

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NEPAD: COOPÉRATIONS RÉGIONALES ET BILATÉRALES

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Le NEPAD se propose d’encourager les gouver-nements à entreprendre les réformes nécessairesafin d’améliorer le contexte et de favoriser lesaffaires. Parmi ces réformes, notons la libéra-lisation de l’investissement, du commerce et desprix, le renforcement de la concurrence, lacréation de marchés financiers plus profonds etplus vastes, des réformes fiscales, la protection desdroits de propriété par le droit commercial.

En outre, le NEPAD encouragera et aidera lesgouvernements africains à créer le cadre juri-dique et réglementaire propice aux partenariatspublic-privé en révisant les lois qui freinent lacréation de tels partenariats et en élaborant lalégislation et la réglementation dans ce domaineainsi que des modèles de contrats de partenariatpublic-privé. Le NEPAD s’emploiera aussi àfavoriser la création d’organismes de réglemen-tation dans les pays qui n’en ont pas. Enfin, ilencouragera le travail en réseau et le partage del’expérience entre les organismesde réglementation et autresorganisations similaires.

Chaque fois que le besoin se ferasentir, le NEPAD encouragera etaidera les pays à créer des unitéstechniques dotées du personnelqualifié nécessaire (experts juri-diques, financiers, économiques,techniques et de l’acquisition) etayant les capacités requises pourplanifier et exécuter les pro-grammes de partenariats public-privé. Il facilitera également lacollaboration et l’échange d’expé-riences entre les unités techniquesnationales ainsi que la diffusion de l’informationrelative aux bonnes pratiques en matière departenariats public-privé.

Les progrès dans la mise en œuvre du PACT

Conscient de la nécessité d’aider les pays etorganismes régionaux à préparer les projets etprogrammes d’infrastructure susceptibles debénéficier d’un concours financier, le Groupe dela Banque africaine de développement a mis en

place un fonds spécial, le NEPAD-IPPF, dotéd’un financement de lancement de 10 millionsde dollars CA.Ce mécanisme sera transformé enun fonds multidonateur afin de permettre àd’autres pays et donateurs d’y contribuer.

D’autre part, au cours des deux dernières années,la BAD a financé huit projets et quatre études,au titre du PACT, pour un montant total de372,5 millions de dollars US.Présentement, neufprojets d’investissement, trois projets de renfor-cement des capacités et cinq études sont en coursde préparation pour financement par le Groupe,à hauteur d’environ 580 millions de dollars US.

À côté de la BAD,d’autres partenaires au dévelop-pement, telles la Banque mondiale (570 millionsde dollars US approuvés en 2003), l’Unioneuropéenne, la France, la Banque de développe-ment sud-africaine (BDSA/DBSA),ont contribuéau financement des projets du PACT.

Enfin, le Groupe a passé enrevue, en 2003, la mise en œuvredu PACT, ce qui a nécessité desvisites dans toutes les CER.L’opération a montré que lapremière année avait été pro-ductive surtout au niveau desprojets spécifiques et qu’elle avaitservi de période d’apprentissagepour les CER, le NEPAD et lesautres partenaires au dévelop-pement.Elle aussi permis de voirl’importance de la stabilitépolitique et sociale pour l’inté-gration régionale. Enfin, elle arévélé les principaux défis de lamise en œuvre du PACT.

Il a été recommandé, pour aller de l’avant, que leSecrétariat du NEPAD axe ses efforts sur ledéveloppement et la promotion d’un petit nombred’initiatives phares1 qui serviront d’indicateursvisibles du NEPAD. Il a aussi recommandé que leNEPAD facilite le renforcement des capacités desCER afin de leur permettre de développer et demettre en œuvre les projets du PACT et les autresprogrammes régionaux. Il a enfin été recommandéqu’une réunion regroupant les hauts responsables(HR) des CER et les promoteurs du Partenariat

1. Voir l’annexe 1.

Le NEPAD encouragera

et aidera les gouvernements

africains à créer le cadre

juridique et réglementaire

propice aux partenariats

public-privé en révisant les

lois qui freinent la création

de tels partenariats et en

élaborant la législation

et la réglementation dans

ce domaine ainsi que des

modèles de contrats de

partenariat public-privé.

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soit organisée en vue de convenir des modalitéspour mieux ancrer le NEPAD dans les CER etrenforcer les capacités de ces communautés. Lapremière réunion des HR, organisée par leGroupe de la Banque africaine de développement,a eu lieu en octobre 2003.

Le cadre stratégique à moyenet long terme

Le cadre stratégique à moyen etlong terme (CSMLT/MLTSF)servira de base pour la défini-tion, la mise en œuvre et le suividu développement des infra-structures sur le continent. Sapréparation suppose que soientdéfinies des stratégies d’inté-gration régionale et des mesurespour le développement durabledes infrastructures dans chacunedes cinq sous-régions (Afriquede l’Est, centrale, du Nord,australe et de l’Ouest). Destermes de référence détaillésconcernant le MLTSF ont été préparés avec leconcours de toutes les CER et celui des parte-naires au développement de la Banque.

Le processus de préparation du MLTSF devraits’étendre sur une période d’environ 18 mois. LesCER sont appelées à jouer un rôle central dansl’élaboration et la définition des stratégies etmesures, tandis que les consultants verront à faci-liter et à coordonner le processus.On encouragerala participation d’institutions et de consultantslocaux afin de renforcer l’appropriation desrésultats et de développer des capacités locales.

Conclusion

Le NEPAD traduit la détermination du conti-nent à promouvoir une croissance accélérée et laréduction de la pauvreté, par le renforcement dela gouvernance, la mise en œuvre de politiquesmacroéconomiques saines et la mobilisation del’épargne intérieure. Il prône une collaborationnouvelle et efficace entre les gouvernements, lasociété civile, les partenaires au développementet le secteur privé.

Dans le domaine des infrastructures, le programmedu NEPAD insuffle un nouveau dynamisme envue d’accélérer la réponse aux problèmes classiqueset de mettre en œuvre des politiques et bonnespratiques éprouvées.

L’expérience de ces dernières années, en Afrique,donne à penser que les partenariats public-privéoffrent de réelles perspectives pour le renforcementdu rôle du secteur privé dans les économiesafricaines. Dans le domaine des infrastructures,

notamment dans les secteurs destélécommunications et de l’électri-cité, ces partenariats montrent bienqu’il existe de réelles possibilitéspour le secteur privé en Afrique.Ladétermination et l’engagementcollectifs des dirigeants africains àmobiliser et à utiliser d’urgencetoutes les ressources disponibles pouraccélérer la croissance économiqueet le développement social, etéliminer ainsi la pauvreté, prennenten compte ces possibilités.

Les infrastructures dans le cadre du NEPAD:contenu et état de la mise en œuvre

NEPAD: COOPÉRATIONS RÉGIONALES ET BILATÉRALES

Le NEPAD traduit

la détermination du

continent à promouvoir

une croissance accélérée et

la réduction de la pauvreté,

par le renforcement

de la gouvernance, la mise

en œuvre de politiques

macroéconomiques saines

et la mobilisation de

l’épargne intérieure.

Annexe 1

Projets et programmes phares

1. Mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro

2. Facilitation du transport routier

3. Cadres politiques et réglementaires des TIC auniveau régional

4. Pool d’énergie (Afrique de l’Ouest et australe, etc.)

5. Initiative du Bassin du Nil

6. Étude sur le rôle intégrateur du Grand Inga

7. Établissement de relations régionales pour laCommission énergétique de l’Afrique

8. Renforcement des capacités des CER

9. Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest

10. COMTEL

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Brian PAGAN

Directeur du Secrétariat du Fondscanadien pour l’Afrique de laDirection générale de l’Afrique etdu Moyen-Orient à l’Agencecanadienne de développementinternational.Brian PAGAN est entre autresresponsable du programme degestion du NEPAD, le NouveauPartenariat pour le Dévelop-pement de l’Afrique. Entre 1987et 1995, M. Pagan a occupédivers postes dans les domainesde l’approvisionnement et desfinances au Ministère de laDéfense nationale. En 1995, ils’est joint à l’équipe du Secré-tariat du Conseil du Trésor à titred’analyste principal du Projetd’amélioration des rapports auParlement et a ensuite dirigé leService des programmes interna-tionaux.

54 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

Lors du Sommet de Kananaskis qui s’est tenu en juin 2002, leCanada a mené les efforts du G8 pour élaborer un plan d’actionpour l’Afrique en vue d’appuyer le Nouveau Partenariat pour leDéveloppement de l’Afrique (NEPAD). Ce rôle de premier plan aété renforcé par l’engagement du Canada à consacrer 6 milliardsde dollars d’aide au développement au cours d’une période decinq ans, y compris la création du Fonds canadien pour l’Afriquede 500 millions de dollars. Le NEPAD est structuré de façon àmodifier le paradigme du développement et à accroître l’engage-ment à l’égard de l’Afrique. Le gouvernement du Canada, par sonappui aux principes de l’efficacité de l’aide, est résolu à renforcerce nouveau partenariat.

Le Canada, d’autres membres du Groupe des Huit pays industrialisés (G8)ainsi que d’autres partenaires de développement s’affairent à mettre aupoint un nouveau partenariat avec l’Afrique. Lors du sommet 2001 du

G8 qui s’est tenu à Gênes, les Chefs d’État africains ont présenté leur visiond’un nouveau partenariat de développement. Sous la houlette du Canada, leschefs des pays membres du G8 ont embrassé le Nouveau Partenariat pour leDéveloppement de l’Afrique (NOPADA/NEPAD) au cours du sommet du G8qui s’est tenu à Kananaskis en juin 2002 et ont adopté le Plan d’Action du G8pour l’Afrique à titre de réaction collective à cette invitation de former unnouveau partenariat avec l’Afrique.Outre son rôle prépondérant dans la créationdu Plan d’Action pour l’Afrique, le gouvernement du Canada a établi le Fondscanadien pour l’Afrique à titre d’engagement visible et distinct envers leprogramme du NEPAD et a mis en œuvre certaines initiatives stratégiques pourappuyer le NEPAD et le Plan d’Action pour l’Afrique.

Aujourd’hui, trois ans après le lancement du NEPAD et compte tenu desénormes attentes qu’il a suscitées, l’Afrique et la communauté de donateurs sedemandent si cette initiative est en effet une réussite. Si l’on examine le NEPADen fonction de ses répercussions sur les perspectives de développement dechaque pays africain, il reste encore beaucoup de travail à accomplir.Toutefois,si on l’examine en fonction de ses répercussions globales sur l’Afrique et surl’évolution du paradigme du développement, les résultats sont déjà significatifs.

LLee CCaannaaddaa eett llee NNEEPPAADD :: ééttaabblliirr uunn nnoouuvveeaauu ppaarrtteennaarriiaatt aavveecc ll’’AAffrriiqquuee

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Le NEPAD s’avère déjà une réussite, et ce, pourtrois raisons.Tout d’abord, il a établi un cadre depolitique mené par les Africains autour duquel lacommunauté internationale et les donateursindividuels organisent leur appui au développe-ment de l’Afrique. Ensuite, ce cadre de politiquea constitué l’élan nécessaire pour contrer ladiminution de l’aide publique au développementaccordée à l’Afrique. Enfin, le NEPAD a réussi àintroduire l’examen par les pairs et l’obligationmutuelle de rendre des comptes comme élémentsimportants du paradigme du développement etdu processus de décision en Afrique.

Bien que cette réussite initiale soit encourageante,l’atteinte de résultats soutenus et durablesdépendra de l’appui et de l’engagement soutenusdes Chefs d’État africains et de la communautéde donateurs.Le Canada est particulièrement bienplacé pour continuer d’appuyer ce nouveaupartenariat.

Le NEPAD et le Canada:changer le paradigme du développement

L’appui du Canada au NEPAD va au-delà desengagements collectifs du Plan d’Action pourl’Afrique et des demandes d’accroissement del’aide publique au développement (APD), d’unplus grand allégement de la dette, de politiquescommerciales souples à l’égard de l’Afrique etd’une réaction vigoureuse à la crise du VIH/sida.Au départ, le NEPAD est fondé sur le partenariatet la modification des notions traditionnelles duparadigme du développement. Le Canada arépondu à l’appel de partenariat et de renouvel-lement de la notion de développement enplaçant l’Afrique au centre de son programmede coopération, qui reflète le nouvel énoncé depolitique en faveur d’une aide internationale plusefficace dévoilé en septembre 20021.

Le programme en faveur d’une aide interna-tionale plus efficace repose sur des principes clésimportants pour le NEPAD et offre une base àpartir de laquelle le gouvernement du Canadapoursuivra des partenariats de développement :

prise en charge locale; cohérence des politiques;concentration des ressources; nouvelles approchesà l’aide au développement, tels le soutien budgé-taire direct, les programmes d’aide par secteur etl’harmonisation des efforts avec ceux d’autresdonateurs.

Ces nouvelles approches modifient la façon dontl’aide est livrée. En 2002-2003, les projets dis-tincts et individuels représentaient 77% de l’aideversée dans le cadre des programmes bilatérauxde l’Agence canadienne de développement inter-national (ACDI) en Afrique. Comme l’ACDIpoursuit son objectif visant l’efficacité de l’aide,les projets individuels ne devraient représenterque 45% de l’aide versée en 2005-2006, ycompris un soutien budgétaire direct de 55%.Étant donné que le Canada souhaite accom-pagner les pays africains dans leurs efforts pourmettre en place leurs propres stratégies dedéveloppement, ces principes de l’efficacité del’aide modifient considérablement le paradigmedu développement en facilitant le dialogue surles politiques, l’harmonisation et la prise encharge nationale.

Débloquer des ressources pourle développement de l’Afrique

Le NEPAD cherche à accroître les liens entrel’Afrique et le reste du monde en matière d’aide,de commerce et d’endettement. Le Canada arépondu à cet appel en élaborant des mesurespour accroître l’aide, pour faciliter le commerceet le flux de capital privé et pour étendre l’allé-gement de la dette.

Lors du sommet 2002 du G8, à Kananaskis, leCanada s’est engagé à accroître son aide inter-nationale de l’ordre de 8% par année et à dirigerla moitié ou plus de cette aide supplémentairevers l’Afrique. Cette promesse s’est traduite parun engagement de 6 milliards de dollars d’aidepublique au développement (APD) en Afriquesur une période de cinq ans. Dans le budget defévrier 2004, cette augmentation de 8% de l’aideinternationale a été conservée ; elle représente248 millions de dollars pour l’exercice financier2005-2006. Cet engagement budgétaire porte à

Le Canada et le NEPAD:établir un nouveau partenariat avec l’Afrique

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

NEPAD: COOPÉRATIONS RÉGIONALES ET BILATÉRALES

1. Gouvernement du Canada, Le Canada contribue à unmonde meilleur. Énoncé de politique en faveur d’une aideinternationale plus efficace, 2002.

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36% l’augmentation cumulative de l’aidepublique au développement sur une période dequatre ans, ce qui concorde avec l’engagementdu Canada de doubler son budget consacré àl’aide d’ici 2010.

S’attaquer au fardeau de la dette de l’Afriqueconstitue une étape essentielle au développementdurable. Le Canada a joué un rôle de premierplan pour l’allégement de la dette des pays lesplus pauvres de la planète. Entre janvier 2001 etseptembre 2004, le Canada a allégé la dette despays africains de 312 millions de dollars, en vertude l’Initiative d’aide aux pays pauvres trèsendettés (PPTE), stratégie multilatérale globalede réduction de la dette proposée par le Fondsmonétaire international (FMI) et la Banquemondiale.L’appui accordé à l’Initiative d’aide auxPPTE est renforcé par l’Initiative canadienne deréduction de la dette en vertu de laquelle le gou-vernement du Canada s’est engagé à renoncer àune dette de plus de 1,1 milliard de dollars de lapart de 16 pays très endettés, dont 13 paysafricains. Jusqu’à présent, le Bénin, l’Éthiopie, leSénégal et la Tanzanie ont reçu ou sont sur lepoint de recevoir la radiation de leur dettebilatérale. Le Canada a été le premier payscréancier à réclamer la radiation de la dette despays admissibles au programme d’aide aux PPTE.

S’attaquer à l’allégement de la dette et offrir uneaide accrue sont des éléments importants desstratégies de développement. Cependant, sil’Afrique souhaite vraiment poursuivre sonpropre développement, les questions liées aucommerce et à l’investissement doivent égale-ment faire partie de la relation du dévelop-pement. Le 1er janvier 2003, le gouvernement duCanada a accordé aux pays les moins avancésl’accès en franchise de droits et hors contingentsau marché canadien pour tous les produits, àl’exception de certains produits agricoles soumisà la gestion de l’offre. Cette initiative, qui seraprolongée jusqu’en juin 2014, profitera à tous lespays les moins avancés, dont 34 pays africains.

Offrir l’accès au marché n’est qu’une partie del’équation. Les pays en développement ontégalement besoin d’investissements pour stimulerla croissance économique et la création d’em-plois, et d’appui pour favoriser un secteur privéplus dynamique.À cette fin, le Canada se penche

sur la création du Fonds d’investissement duCanada pour l’Afrique en vue d’obtenir desfonds du secteur privé pour appuyer le dévelop-pement en Afrique.Le gouvernement du Canadaversera 100 millions de dollars dans ce Fondspour obtenir une somme équivalente ou supé-rieure du secteur privé.Le Fonds est structuré demanière à avoir des répercussions favorables surle développement de l’Afrique et il respecte lesprincipes du NEPAD, à savoir la bonne gou-vernance, la transparence et la responsabilitésociale des entreprises. Les négociations avec lapersonne retenue pour assurer la gestion duFonds sont en cours, et le lancement du Fondsd’investissement du Canada pour l’Afrique estprévu au début du printemps 2005.

Aperçu des autresengagements du Canadaenvers l’Afrique

En plus de fournir de l’aide financière et decontribuer à recueillir des ressources financièrespubliques et privées pour le développement, leCanada accomplit des progrès considérables enmettant en œuvre des engagements particuliersdu Plan d’Action du G8 pour l’Afrique. Selonune étude réalisée par le Groupe de recherchesur le G8 en mai 2003, le Canada a conduit leG8 à adopter les engagements du Plan d’Actiondu G8 pour l’Afrique, et ce, avec une cote deconformité de 85%.

Le Fonds canadien pour l’Afrique fournit del’aide directe et visible au NEPAD et au Pland’Action du G8 pour l’Afrique. Le Fonds de500 millions de dollars est conçu pour appuyerles initiatives régionales audacieuses qui ont desrépercussions importantes sur le développementdurable en Afrique. Les initiatives du Fondscorrespondent aux principales priorités duNEPAD, à savoir la gouvernance, la paix et lasécurité (15%) ; la santé (22%) ; l’agriculture,l’environnement et l’eau (28%) ; la croissanceéconomique grâce au commerce et à l’investis-sement (24%); les technologies de l’informationet des communications (7%).

Le NEPAD considère le VIH/SIDA comme unobstacle majeur au développement.Récemment,le Canada a fait preuve de leadership en mettant

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en place certaines initiatives pour lutter contrecette pandémie. En mai 2004, le Canada estdevenu le premier pays à mettre en œuvre, grâceà une nouvelle loi, la décision de l’Organisationmondiale du commerce rendue en août 2003 etreconnaissant l’importance capitale des produitspharmaceutiques peu coûteux pour la santépublique dans les pays en développement. Cettenouvelle loi facilitera l’exportation de produitspharmaceutiques peu coûteux dans les pays lesmoins développés et ceux en développement, etaccroîtra l’accès à des médicaments d’importancevitale abordables, notamment des médicamentscontre le VIH/SIDA, le paludisme, la tuberculoseet d’autres maladies épidémiques.

Le gouvernement du Canada est égalementdevenu le principal donateur de la campagne«trois millions d’ici cinq ans» de l’Organisationmondiale de la santé en y versant 100 millions dedollars. Cette initiative permettra à trois millionsde personnes atteintes du VIH/sida dans les paysen développement de recevoir un traitementantirétroviral d’ici cinq ans. De plus, le Canadaversera jusqu’à 100 millions, sur une période decinq ans, pour offrir, en collaboration avec laFondation Clinton,différentes formes d’aide auxpays africains déterminés à lutter contre leVIH/SIDA.Les deux pays retenus jusqu’à présentsont la Tanzanie et le Mozambique.

Ces initiatives récentes renchérissent les engage-ments pris au Sommet de Kananaskis, où leCanada a annoncé qu’il verserait 50 millionspour appuyer l’Initiative internationale pour unvaccin contre le sida (IAVI) et le Programmeafricain pour un vaccin contre le sida (AAVP).La mise au point d’un vaccin représente l’un desmeilleurs espoirs du monde pour mettre fin à latragédie humaine que cause le VIH/SIDA.Toute-fois, seulement une faible proportion de fonds derecherche est consacrée aux souches courantesen Afrique.

L’appui du Canada dans la lutte contre leVIH/SIDA concorde avec son soutien auxpriorités générales en matière de santé.Le Canadaappuie fermement le Fonds mondial de luttecontre le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludismeet s’est engagé à verser 100 millions de dollars US

sur une période de quatre ans.Grâce à ce soutienfinancier, le Fonds prévoit être en mesure d’offrir145 millions de doses de thérapie combinatoirecontre le paludisme et plus de 108 millions de filetsde lit pour protéger les familles contre la trans-mission du paludisme. En mai 2004, le Canada aannoncé qu’il verserait 70 millions de dollars CAsupplémentaires au Fonds pour l’exercice 2005-2006, doublant ainsi sa contribution annuelle.

Le NEPAD estime également que la paix et lasécurité sont des conditions préalables au déve-loppement. Le Plan d’Action du G8 pourl’Afrique renferme donc une série d’engage-ments en matière de paix et de sécurité, dont unemesure pour renforcer la capacité régionale deprévenir, de gérer et de résoudre les conflits.

À cette fin, le Canada appuie le travail de l’Unionafricaine (UA) pour la prévention et la résolutionde conflits en contribuant au renforcement de sesmécanismes de paix et de sécurité. Cet appuiaccroîtra la capacité de l’organisation de décelerles conflits en émergence et de réagir efficace-ment grâce à de meilleurs systèmes d’avertis-sement, à des efforts de médiation et à unecoordination politique. Le soutien financier duFonds canadien pour l’Afrique a permis à l’Unionafricaine de déployer des missions d’observationmilitaire au Burundi et aux Comores de mêmeque des missions de médiation politique auBurundi, en Côte d’Ivoire, en Républiquecentrafricaine et à Madagascar.Des missions sontprésentement en cours en Somalie, au Soudan, auLiberia, dans la région des Grands Lacs et enGuinée-Bissau, où l’UA collabore avec laCommunauté économique des États de l’Afriquede l’Ouest (CEDEAO) pour soutenir le retourdu gouvernement constitutionnel dans ce pays.

Enfin, le Canada appuie la nomination d’unreprésentant spécial pour la protection des civilsdans les conflits armés. Ce représentant colla-borera avec des organismes internationaux et desorganisations de la société civile, et parlera aunom des populations civiles en insistant sur laresponsabilité qui incombe aux parties au conflitde mettre en place des ententes qui respectent lesprincipes humanitaires et les droits de lapersonne.

Le Canada et le NEPAD:établir un nouveau partenariat avec l’Afrique

NEPAD: COOPÉRATIONS RÉGIONALES ET BILATÉRALES

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Les progrès du NEPAD

Les initiatives internationales de la dernière annéefavoriseront probablement la mise en place duNEPAD. L’Aide publique au développementdestinée à l’Afrique a atteint 22,23 milliards dedollars en 2002, et les données provisoires del’OCDE laissent entrevoir une augmentation de3,9% de cette aide en 2003. L’investissementétranger direct s’est également accru, passant de11 milliards de dollars en 2002 à 13 milliards en2003.Ces augmentations, encourageantes en soi,sont accompagnées d’efforts pour améliorer laqualité et l’efficacité de l’aide, comme en témoi-gnent la Déclaration de Rome sur l’harmo-nisation, l’adoption d’un plan d’action axé sur lagestion du développement en vue de l’atteinte derésultats, à Marrakech, le 5 février 2004, et letravail continu de la Commission économiquepour l’Afrique (CEA) et du Secrétariat del’OCDE sur l’examen conjoint de l’efficacité dudéveloppement.

Le Forum pour le partenariat avec l’Afrique a étécréé pour poursuivre le dialogue politique sur lesoutien au développement de l’Afrique. Il réunitdes représentants des pays de l’OCDE qui versent100 millions de dollars ou plus d’aide à l’Afrique,des institutions multilatérales et les représentants des20 pays qui siègent au Comité des Chefs d’État etde gouvernement chargés de la mise en œuvre duNEPAD,la Commission de l’Union africaine et lesreprésentants des Communautés économiquesrégionales africaines reconnues par l’UA.

Une caractéristique distinctive du NEPAD est lefait qu’il combine l’élaboration de cadres depolitique sur des thèmes particuliers avec la miseen place de programmes et de projets dans dessecteurs prioritaires. Au cours de la dernièreannée, des progrès importants ont été accomplisdans l’élaboration de ces cadres, la mise en œuvrede programmes et de projets, et l’établissementd’objectifs de dépenses pour des priorités déter-minées du NEPAD. À ce chapitre, des progrèsont été constatés dans les domaines du transport,de l’eau et des services sanitaires, de la tech-nologie de l’information et des communications,

de la santé, de l’éducation, de l’environnement,de l’agriculture, des sciences et de la technologie2.

Les efforts déployés pour mettre en place leProgramme intégré pour le développement del’agriculture en Afrique (CAADP), pièce derésistance du plan d’action du NEPAD,ont gagnédu terrain sur plusieurs fronts politiques etinstitutionnels.Non seulement les États africainsont commencé à harmoniser leurs programmesd’alimentation et d’agriculture avec le CAADP,mais quelques États ont aussi indiqué qu’ilsavaient réussi à atteindre, ou étaient sur le pointde le faire, l’objectif voulant que d’ici cinq ans aumoins 10% de leurs ressources budgétaires natio-nales soient consacrées à l’agriculture, tel qu’il aété convenu dans la Déclaration sur l’agricultureet la sécurité alimentaire en Afrique, à Maputoen juillet 2003.Avec l’appui de quelques institu-tions multinationales, le Secrétariat du NEPADse penche sur l’élaboration d’un mécanisme quiaiderait les pays à évaluer leurs dépenses et leursdispositions budgétaires dans le secteur agricoleet à en assurer le suivi.

Renforcer le développement et la rechercheagricoles constitue l’une des priorités fondamen-tales du CAADP. Grâce à l’appui du NEPAD,l’Institut international de recherche sur l’élevagea reçu 30 millions de dollars CA du Fonds cana-dien pour l’Afrique. Une partie de cette sommeservira à l’établissement et au soutien de centresagricoles et de réseaux d’excellence sur lecontinent. Le Secrétariat du NEPAD effectueprésentement des consultations auprès d’inter-venants régionaux sur la mise en place d’unprogramme de productivité agricole multi-paysvisant la réduction soutenue de la pauvreté ruralegrâce au renforcement des systèmes africains detechnologies agricoles.

L’établissement d’objectifs est important en cesens qu’il démontre que les pays africains sontdéterminés à atteindre progressivement la cohé-rence des politiques dans la mise en œuvre duNEPAD, en harmonisant la structure desdépenses budgétaires avec les priorités duPartenariat.De plus, en affectant des sommes aux

2. Nations Unies, Assemblée générale, Rapport duSecrétaire général, Nouveau Partenariat pour le dévelop-pement de l’Afrique: deuxième rapport complet sur les progrèsde la mise en œuvre et de l’appui international, 4 août 2004.

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secteurs prioritaires du NEPAD, les pays africainsont non seulement souligné l’importance de cessecteurs, mais ils ont également donné unedéfinition pratique au principe de prise en chargeen s’engageant à apporter une contributionfinancière appropriée.

Mécanisme africain d’examenpar les pairs (MAEP)

Si le NEPAD repose sur le partenariat et unengagement à changer le paradigme du dévelop-pement, appuyer les principes de l’aide efficaceet la responsabilisation mutuelle constitue doncun élément essentiel de la réussite.Le Mécanismeafricain d’examen par les pairs (MAEP) est conçupour aider les pays à déterminer les faiblesses deleurs institutions, de leurs politiques et de leurscapacités, pour proposer des mesures correctiveset pour rechercher de l’appui en vue d’améliorerla gouvernance et d’accroître la capacité degestion des stratégies de développement.

Au cours de la dernière année, le MAEP a faitdes progrès considérables. Le programme detravail et les règles de fonctionnement du Groupede personnalités éminentes du Mécanisme ontété adoptés en février 2004, à Kigali au Rwanda.Un secrétariat distinct a été formé pour appuyerle Mécanisme, et un fonds d’affectation spécialea été mis en place pour financer les activités duGroupe, du secrétariat et des équipes d’examende la situation d’un pays.

Plusieurs pays africains se sont engagés à verserune contribution au fonds d’affectation spéciale,et l’on s’attend à ce que chaque État membreparticipant verse une contribution minimalepour financer le Mécanisme. Globalement, cesdeux initiatives marquent une étape importanteet bienvenue pour appuyer le principe de priseen charge du Mécanisme par le biais d’engage-ments financiers. En octobre 2004, le Canada aété le premier partenaire de développement àannoncer une contribution financière auMécanisme africain d’examen par les pairs.Ainsi,en versant 700000$, le Canada souligne l’impor-tance qu’il attache à ce Mécanisme qui se veutun moyen d’aider les pays africains à améliorerleur gouvernance.

À ce jour, 23 pays ont adhéré au MAEP.L’augmentation du nombre de pays qui adhèrentà ce mécanisme traduit l’attrait croissant del’aspect «volontaire» ainsi que l’appropriation etla direction du processus par les pays africains.Des missions d’appui au Mécanisme se sontrendues au Ghana, en mai 2004, au Rwanda età Maurice, en juin 2004, ainsi qu’au Kenya, enjuillet 2004. Une mission d’appui est une étaped’évaluation préliminaire au cours de laquelle lesmembres du Groupe, aidés du secrétariat duMécanisme et des partenaires stratégiques duNEPAD (Union africaine, Commission écono-mique pour l’Afrique, Banque africaine dedéveloppement, Programme des Nations Uniespour le développement) évaluent l’état depréparation et la capacité d’un pays à participerau Mécanisme africain d’examen par les pairs etélaborent un programme d’action national.

Conclusion

L’Afrique est aux prises avec d’énormesproblèmes de développement, mais, en seconcentrant sur un nombre limité de problèmespressants, des progrès sont réalisés. Le NEPAD etle Plan d’Action du G8 pour l’Afrique façonnentcette nouvelle stratégie, et le Canada, grâce à sesengagements et à ses initiatives, a saisi l’occasionde participer à ce partenariat et a placé l’Afriqueau cœur de ses efforts de développement.

Le NEPAD offre un cadre et une vision pourpermettre à l’Afrique de réaliser son pleinpotentiel.Ce partenariat profite d’une légitimitéincontestée attribuable au fait qu’il a été créé pardes Africains pour des Africains et qu’il reflète lespriorités de l’Afrique. Il tente de mobiliser tousles secteurs de la société, tout en reconnaissant lerôle prépondérant que le secteur privé peut jouerdans le développement de l’Afrique.

À mesure que le G8 progressera dans la miseen œuvre de son programme de déve-loppement de l’Afrique, le Canada continuerade miser sur ses propres initiatives et derenforcer la base de leur réussite – partenariatsavec les Africains et prise en charge par eux –pierre angulaire du Nouveau Partenariat pourle Développement de l’Afrique.

Le Canada et le NEPAD:établir un nouveau partenariat avec l’Afrique

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Sofiane OUDJIDA

Sofian OUDJIDA est ingénieurpolytechnicien et titulaire d’un3e cycle en Économie de l’énergie.Il a travaillé dans de nombreusesentreprises et bureaux d’étudeset d’engineering et, en qualitéd’enseignant associé, dans plu-sieurs universités et institutsalgériens. Il a à son actif de nom-breuses publications et communi-cations concernant l’économiepétrolière.

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L’Afrique, ayant le plus subi les contrecoups de la mondialisation,ne pouvait rester en marge de l’évolution du monde, qui aaccentué davantage sa marginalisation dans les courants écono-miques, commerciaux et même technologiques. Par conséquent,l’Union africaine a lancé le NEPAD, instrument visant une inté-gration effective et efficiente du continent dans l’économiemondiale, afin de mettre en place une dynamique de dévelop-pement interne à l’Afrique. Une telle initiative nécessite des effortsinternes plus importants mais aussi des apports externes, entreautres de la Francophonie, communauté fondée sur le partaged’une langue, d’une histoire, de valeurs et d’une solidarité.

Le monde d’aujourd’hui offre les contrastes les plus choquants entre larichesse et la pauvreté qui caractérisent la partie nord et sud de notreplanète. Les inégalités se sont ainsi creusées entre les pays mais aussi au

sein même des populations de chaque pays. S’il y a un continent plus nécessiteuxsur tous les plans, c’est certainement l’Afrique.Malgré les richesses et potentialitésnaturelles énormes de ce continent (hydrocarbures, mines, agriculture,hydraulique, tourisme) la population africaine, particulièrement subsaharienne,vit dans des conditions humaines défavorables. En ce début de 21e siècle,l’Afrique doit relever de grands défis. Peut-elle réduire sa pauvreté d’ici l’horizon2015 ? Le NEPAD serait-il le projet de réussite pour les Africains ? L’aideprovenant des pays riches, notamment industrialisés, membres de la Franco-phonie est-elle suffisante? Quel est son apport?

Cet article a pour objectif de répondre à ces questions, d’abord par une analysede la situation socioéconomique actuelle en Afrique, puis par l’examen du rôleprimordial du NEPAD pour faire «décoller» le développement du continent.Il tente enfin de se concentrer sur l’apport de la Francophonie dans le dévelop-pement de l’Afrique.

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Afrique: repères fondamentauxet tendances

L’Afrique se présente comme un ensemblegéographique de 30,3 millions de km2, pour unepopulation de plus de 800 millions d’habitants,soit 13% de la population de la planète. La plu-part des populations africaines sont dépourvuesde services aussi essentiels que l’éducation, lasanté, l’eau ou l’énergie. Pourtant, le continentafricain dispose de richesses naturelles immenses:ressources énergétiques (pétrole, gaz) abondantes,diversifiées et non exploitées, et ressources miné-rales (or, platine et diamant notamment) maissurtout des potentialités naturelles telles quel’agriculture, l’hydraulique, le tourisme, etc.

Les indicateurs économiques, financiers (PIB,budgets publics) et sociaux (éducation, santé envi-ronnement) convergent,hélas, vers la même con-clusion:une détérioration générale des conditionsde vie des populations africaines,particulièrementcelles de l’Afrique subsaharienne (voir ci-après).

Selon le Programme des Nations Unies pour leDéveloppement, la population mondiale sechiffrait, fin 2002, à 6,225 milliards d’individus,

dont 79% dans les pays en développement.L’Afrique subsaharienne1 affiche 641 millionsd’habitants (voir tableau 1).

La croissance économique

Le taux de croissance de l’économie africaineétait de 3,1% en 2002 (contre 3,7% en 2001).Pour la même année, le PIB des pays africainss’est établi à 3,1%, en diminution de 0,6 pointcomparativement à l’année 2001.

Flux d’investissements directs étrangers

La part de l’Afrique dans le total des investissementsdirects étrangers (IDE) reçus est passée de 2,3% en2001 à 1,7% en 2002. Si le continent africain aenregistré une augmentation des flux d’IDE en2001, traduisant une évolution inverse à celleobservée dans le reste du monde, le déclin pourl’année 2002 est sévère: –41% sur l’ensemble ducontinent africain, –35% en Afrique du Nord et–44% pour l’Afrique subsaharienne.Les principauxpays bénéficiaires sont le plus souvent des payspétroliers,comme l’Algérie, l’Angola et le Nigeria.

NEPAD et Francophonie: l’apport des pays industrialisésfrancophones au développement de l’Afrique

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NEPAD: COOPÉRATIONS RÉGIONALES ET BILATÉRALES

1. L’Afrique subsaharienne exclut l’Algérie, Djibouti,l’Égypte, le Maroc, le Soudan et la Tunisie.

Tableau 1 – Indicateurs socioéconomiques et tendances pour 2015

Population totale Taux de croissance PIB/habitant Croissance annuelle(millions) démographique annuel pour 2002 en du PIB/hab

Région 2002 2015p 1975-2002 2002-2015p $US PPA 1990-2002

Monde 6225,0 7197,2 1,6 1,1 5174 7804 1,2%

OCDE 1148,1 1227,7 0,8 0,5 22987 24904 1,7%

PED 4936,9 5868,2 1,9 1,3 1264 4054 2,8%

Afrique subsaharienne 641,0 843,1 2,7 2,1 469 1790 –

Source : PNUD, Rapport sur le développement humain, 2004. p : projection.

Tableau 2 – Évolution des flux d’IDE (en milliards de$)

1998 1999 2000 2001 2002

Monde 686,0 1 079,0 1 392,9 823,8 651,2

Pays en développement 191,2 229,2 246,0 209,4 162,1

Afrique du Nord 2,8 3,6 3,1 5,4 3,5

Afrique subsaharienne 6,0 8,6 5,4 13,3 7,4

Afrique 8,9 12,2 8,4 18,7 10,9

Part Afrique/Monde (%) 1,3% 1,1% 0,6% 2,3% 1,7%

Source : CNUCED,World Investment Report 2003.

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Selon un classement effectué par la CNUCED,sur 141 pays, en termes d’indice de performancedes IDE, trois pays de l’Afrique subsaharienne sesituent parmi les 20 premiers : l’Angola, laGambie et le Congo.

Le poids de la dette extérieure

Malgré l’initiative prise par les institutions finan-cières internationales, en 1996, en faveur des payspauvres très endettés (PPTE), le poids de la dettereste considérable. En effet, sur les 42 pays parti-cipant à cette initiative, 34 se trouvent en Afriquesubsaharienne.En 2001, aucun d’entre eux n’affi-chait un revenu supérieur à 1500 dollars2, et tousse situaient dans le bas du classement selonl’indicateur de développement humain (IDH).Selon les chiffres du FMI, le montant de la detteafricaine s’élevait à 264,7 milliards de dollars USen 2002. Le stock exprimé en pourcentage de laproduction intérieure brute reste élevé (59% duPIB).

Tableau 3 – Dette et service de la dette (en milliards de$)

Année 2000 2001 2002

Afrique 272,8 261,6 264,7

Stock Afrique (% du PIB) 63 61 59,3

Service de la dette (% des exportations) 16,7 18,2 22,0

Pays en développement (montant) 2 201,9 2 170,2 2 191,5

Source : FMI,World Economic Outlook, 2003.

Deux régions, la CEMAC (Communauté Éco-nomique et Monétaire de l’Afrique Centrale) etl’UEMOA (Union Économique et MonétaireOuest-Africaine), connaissent, depuis 1999, unediminution de leur endettement:de 20,7 milliardsde dollars en 1999 à 18,4 milliards de dollars en2001 pour la CEMAC et de 27,4 milliards dedollars à 24,7 milliards pour l’UEMOA lors de lamême période. Le service de la dette a étéfortement réduit, de 13,4% en 1999 à 7,4% en2001 pour la CEMAC et de 20,5% à 12,1% pourl’UEMOA.

Le commerce extérieur

En 2003, le commerce mondial de marchandisesa progressé de 16%, atteignant 7300 milliards dedollars. L’Afrique a connu, entre 2002 et 2003,une forte accélération des exportations demarchandises, due surtout à l’envolée des prixdes matières premières. La contribution du plusgrand continent de la planète ne représente que2% par rapport aux échanges commerciaux dansle monde. Le constat est que l’Afrique est unacteur marginal de l’économie mondiale.

Il s’avère ainsi que le continent africain connaît,depuis plusieurs années, des difficultés à démarreréconomiquement,pour les causes citées ci-dessusmais aussi pour d’autres causes. Entre autres, lespolitiques industrielles ont été mises en œuvreprincipalement par le biais des entreprisespubliques dont l’efficience s’est révélée, dans la

2. «Qu’est-ce que l’initiative en faveur des pays pauvrestrès endettés ? », p. 152, Rapport mondial sur le dévelop-pement humain 2003, PNUD.

Tableau 4 – Commerce mondial de marchandises par grande région (2003)

Exportations Importations

Valeur Variation annuelle Valeur Variation annuelle en G$3 en % en G$ en %

Région 2003 2001 2002 2003 2003 2001 2002 2003

Monde 7274 –4 4 16 7557 –4 4 16

Amérique du Nord 996 –6 –5 5 1552 –6 2 9

Amérique latine 377 –4 0 9 366 –2 –7 3

Europe occidentale 3141 0 6 17 3173 –2 5 18

Union européenne (15) 2894 0 6 17 2914 –2 4 18

Économies en transition 400 5 10 28 378 11 11 27

Afrique 173 –6 2 22 165 4 4 17

Moyen-Orient 290 –8 1 16 188 5 3 9

Asie 1897 –9 8 17 1734 –7 6 18

Source : OMC.

3. Tout au long de cet article, le symbole $ désigne ledollar des États-Unis d’Amérique. La lettre G (109) estle symbole «milliard».

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durée, plus que douteuse – elles assuraient aussiune fonction sociale.Les expériences d’industria-lisation ont par ailleurs été conduites aux dépensde l’agriculture, limitant les possibilités d’expan-sion des deux secteurs et creusant les disparitésentre les villes et les campagnes.Ensuite, l’absencede systèmes bancaires organisés et fiables a engen-dré des problèmes de financement de l’industria-lisation,mais aussi a découragé les investisseurs, cequi constitue un empêchement rédhibitoire à lapossibilité d’investir ou d’entretenir durablementles outils de production. Enfin, le défaut patentd’infrastructures crée des goulots d’étranglementqui empêchent la continuité de l’activité et saperformance relativement aux standardsinternationaux4.

Le constat est que l’Afrique semble à l’écart dela mondialisation et accuse un retard énorme.Cette situation du continent africain confirmeles différents gaps existants. Le NEPAD est venupour redonner de l’espoir aux Africains et a pourultime objectif de combler le retard qui séparel’Afrique des pays développés. Cette notion defossé à remplir (bridging the gap) est le cœur mêmedu NEPAD.

Le NEPAD

Face à l’écart qui ne cesse de s’accroître entre lespays riches et les pays pauvres de la planète, leNouveau Partenariat pour le Développement del’Afrique (NEPAD) se veut l’instrument d’uneintégration effective et efficiente du continentdans l’économie mondiale pour mettre fin à samarginalisation.En 2001, les Chefs d’État de troispays (Algérie,Afrique du Sud et Nigeria), rejointsensuite par ceux du Sénégal et de l’Égypte, ontpris l’initiative de lancer le NEPAD5.

Organisée autour de l’Union africaine, lameilleure initiative que l’Afrique ait prise jusqu’àmaintenant est certainement le NEPAD. CetteInitiative pour le développement du continentafricain s’articule autour de principes très clairs,notamment la bonne gouvernance, la sécurité, lacroissance et le développement durables, et viseainsi mettre un terme à la marginalisation du

continent. L’aspect novateur du NEPAD tient àla volonté affichée de faire évoluer la coopérationavec les pays industrialisés d’une relation d’assis-tance à un véritable partenariat.

Le programme du NEPAD

Le NEPAD est un programme d’action complet,dirigé par les Africains, visant à réduire lapauvreté en rehaussant de 7% par an la croissanceéconomique.À cette fin, il fait valoir que les paysafricains devraient s’intéresser davantage àl’économie mondiale en prenant les mesuressuivantes: créer un environnement macroécono-mique stable qui favorise le secteur privé ;transformer l’environnement législatif et régle-mentaire afin de promouvoir le développementdu secteur privé; diversifier l’économie des paysafricains en encourageant l’investissement privéet en acquérant la technologie étrangère; amélio-rer les infrastructures par l’entremise d’investisse-ments privés ; élargir les marchés en intégrant lesmarchés régionaux.

Regain d’intérêt pourl’intégration régionale

L’intégration économique africaine organiséeautour du profil économique régional est à la foisplus pertinente et plus efficace. L’espace écono-mique du continent est subdivisé en cinqrégions6, et chaque région développe en son seinune ou plusieurs initiatives d’intégration. Lerécent regain d’intérêt pour l’intégrationrégionale – tant dans les pays africains que de lapart des agents extérieurs qui s’intéressent audéveloppement de ces pays – répond à différentesmotivations.Les préoccupations de l’Afrique sont

NEPAD et Francophonie: l’apport des pays industrialisésfrancophones au développement de l’Afrique

NEPAD: COOPÉRATIONS RÉGIONALES ET BILATÉRALES

4. Se reporter à Y. Crozet et al. (1997).5. Pour plus de détails sur l’esprit, les objectifs et la mise

en œuvre du NEPAD, se référer à l’article de AbdouAziz Sow (2003).

6. i) Afrique centrale : la Communauté Économique etMonétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), la Commu-nauté Économique des États de l’Afrique Centrale(CEEAC); la Communauté Économique des Pays desGrands Lacs (CEPLG) ; ii) Afrique de l’Est : laCommunauté Économique de l’Afrique de l’Est (CEA);iii) Afrique du Nord : l’Union du Maghreb Arabe(UMA) ; iv) Afrique australe : l’Union Douanière del’Afrique Australe (UDAA), la Communauté pour leDéveloppement de l’Afrique Australe (SADC), la Zoned’échanges préférentiels (ZEP), le Marché Commun desÉtats de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe(COMESA) ; v) Afrique de l’Ouest : la CommunautéÉconomique des États de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO), l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), l’Union du Fleuve Mano (UFM).

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notamment liées à l’étroitesse de ses marchés et àsa marginalisation croissante dans un mondedominé par de puissants blocs commerciaux.Mais l’Afrique s’inquiète aussi des coûts d’unelibéralisation7 unilatérale, d’autant que les princi-paux acteurs mondiaux se montrent très sou-cieux de protéger des secteurs où les paysafricains pourraient être de sérieux concurrents.Donc, l’intégration régionale est souvent consi-dérée comme une solution de rechange à lalibéralisation unilatérale des échanges.

Le Mécanisme Africaind’Évaluation par les Pairs

Le Mécanisme Africain d’Évaluation par les Pairs(MAEP) est un instrument clé dans les efforts duNEPAD pour promouvoir l’adoption de normesinternationales et la bonne gouvernance dans lespays africains. C’est un mécanisme d’autosur-veillance conçu dans le but de faciliter le partagedes expériences et des meilleures pratiques, ycompris l’identification des carences et l’évalua-tion des besoins en matière de renforcement descapacités. Les pays qui ont adhéré à cettestructure se prêtent au jeu d’examen assuré parun panel de sept éminentes personnalités, assistéesd’experts africains.

La participation au MAEP est ouverte à tous lesÉtats membres de l’Union africaine ; l’adhésionest facultative et libre de toute conditionnalité.Vingt-trois États membres8 ont déjà adhéré auMécanisme, depuis son lancement en 2003, et lenombre des membres est en croissance.

Quels financements?

Dans la définition de sa vision générale dudéveloppement, le NEPAD a ciblé les secteursprioritaires d’intervention qui sont entre autresla paix sociale, la sécurité et la bonne gou-vernance, l’accès aux marchés, la diversificationde la production et les exportations, les tech-nologies de l’information et du développementdes infrastructures de base, le développementhumain durable et les mécanismes de finance-ment et d’investissement.

Au regard des objectifs du NEPAD, à atteindred’ici à l’an 2015, les Africains doivent mobiliserdes ressources annuelles correspondant à 12% duPIB global du continent. Ce qui signifie uneépargne accrue au plan national et une trèsbonne capacité de mobilisation des ressourcesextérieures, et ce, suite à des réformes entreprisesou mises en œuvre par les pays africains. Parailleurs, la mobilisation des capitaux privés devraêtre l’une des locomotives de la mise en œuvredu NEPAD, qui accorde une place importanteaux sources de financement internes, en encoura-geant la production, en luttant contre le gaspillageet la corruption, en favorisant un meilleurcontrôle et une meilleure gestion des ressources,en lançant des projets producteurs et en encoura-geant les économies.

La contribution de la Francophonie au développement

Parce qu’elle traverse les espaces régionaux, laFrancophonie a vocation d’influer sur les débatsen cours dans les enceintes économiques etfinancières internationales. D’autant que sonpoids dans le monde est loin d’être négligeable :11% du PIB mondial, 16% des échangescommerciaux de la planète, cinq de ses membresfaisant partie de l’OCDE et deux (le Canada etla France) appartenant au G8.

Les liens entre la Francophonie et le NEPAD

Entre la Francophonie et le NEPAD existe unesorte d’imbrication en raison de deux liensimportants : la majorité des membres de la

7. Selon J. Stiglitz (2003), Prix Nobel d’économie 2002,«la libéralisation est censée permettre un transfert des ressourcesdepuis les secteurs protégés à faible productivité vers les secteursexportateurs plus dynamiques. (…) D’autres travaux sur cethème suggèrent, pour leur part, que l’Afrique souffre fautede s’être jointe au mouvement. C’est peut-être en partie vrai,mais il est également vrai que l’Afrique pâtit de la façon dontla mondialisation est organisée.»

8. Les membres actuels du MAEP sont :Afrique du Sud,Algérie, Angola, Bénin, Burkina, Cameroun, Égypte,Éthiopie, Gabon, Ghana, Kenya, Lesotho, Malawi, Mali,Maurice, Mozambique, Nigeria, Ouganda, Républiquedu Congo, Rwanda, Sénégal, Sierra Léone et Tanzanie.

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Francophonie sont africains, de même certainspays à l’origine du NEPAD; parmi les Étatsdonateurs figurent la France et le Canada, tousdeux membres du G8 et qui jouent un rôled’une grande importance dans la Francophonie.

L’aide publique au développement

Dans un rapport publié le 7 août 2002 etconsacré au NEPAD, le Secrétaire général del’ONU soulignait un frémissement à la hausse del’aide publique au développement (APD) desti-née à l’Afrique en 2001 et 2002.Cette aide avaitdégringolé dans les années 1990, passant de26,6 milliards de dollars en 1990 à 16,4 milliardsen 2000. En 2001, elle s’est établie à 17,8 mil-liards, puis à 18,6 milliards l’année suivante, cequi est encore loin des chiffres de 1990.L’Afriquene reçoit qu’un quart environ de l’aide des paysde l’OCDE et du système des Nations Unies, cequi est bien inférieur à la part de l’aide audéveloppement qui devrait lui revenir, comptetenu des Objectifs du Millénaire pour ledéveloppement (OMD) pour réduire de moitiéla pauvreté dans le monde d’ici à 2015. Qu’enest-il de l’aide octroyée par les pays industrialisésde la Francophonie?

L’APD provenant des paysindustrialisés francophones

Nous examinerons ici le niveau de l’aidepublique au développement9 (APD) de quatrepays industrialisés francophones, à savoir laBelgique (membre du Sommet de la Franco-phonie), le Canada, la France et la Suisse.

La Belgique

S’agissant de la Belgique, ce pays continue àaugmenter progressivement le volume de sonaide et compte honorer d’ici à 2010 l’objectif de0,7% du produit national brut (PNB) pour l’aidepublique au développement. Il faut préciser quela Belgique consacre plus de 60% de son aide au

continent africain.En 2003, la Belgique se situaità la cinquième place parmi les pays donateurs duComité d’aide au développement (CAD) avec1.137 k€. Ceci constitue un net progrès, si l’onpeut dire, après les 0,30% de 1999.

Le Canada

Lors de la décennie 1990, le Canada a pris desdécisions visant à réduire son APD. En effet, lerapport de l’APD au revenu national brut a étéréduit de moitié entre 1990 et 2000, passant de0,45% à 0,22%.

En 2002, le Canada a pris l’engagement:

– De verser 6 milliards de dollars sur cinq ansdans le cadre des programmes d’aide existantset nouveaux pour l’Afrique;

– D’accroître ses crédits d’aide internationale de8% par an en vue de doubler le volume del’APD d’ici la fin de la décennie et de porterle rapport APD/PNB aux alentours de 0,35%en vue d’atteindre l’objectif 0,7% (fixé par lesNations Unies).

La France

Présente dans de multiples enceintes interna-tionales, la France a pris des engagements forts ;l’augmentation de l’aide publique au dévelop-pement compte parmi les cinq priorités de cepays. En effet, l’APD française s’est chiffrée à6,5 milliards d’euros, soit 0,41% du revenunational brut (RNB),en 2003,contre 4,7 milliardsd’euros correspondant à 0,32% du PNB en 2001.La France s’est engagée à porter son aide (APD) à0,5% de son PNB d’ici 2007, puis à 0,7% d’ici2012. La moitié des ressources dégagées par lacroissance de l’APD sont destinées à l’Afrique afinde contribuer à la réalisation des OMD visant leprogrès social et la réduction de la pauvreté.

L’aide française obéit à un certain nombre deprincipes fondamentaux: la priorité au continentafricain (36% de l’aide bilatérale en 2001) ; lesbiens publics mondiaux et la régulation de lamondialisation; le développement durable et lagouvernance démocratique; la diversité culturelleet la francophonie. Le CAD a recommandé à laFrance, qui joue un rôle de premier plan dans lesefforts déployés à l’échelon international pour

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NEPAD: COOPÉRATIONS RÉGIONALES ET BILATÉRALES

9. Selon P. Giroux (2003), le nouvel ordre du jourinternational du développement verra l’émergence denouvelles formes de coopération… et l’APD s’orien-tera davantage la réduction de la pauvreté et s’éloigneradu financement direct d’activités économiques tradi-tionnelles. Le financement de projets classiques parl’APD sera moins fréquent pour laisser place aufinancement de programme sectoriel ou d’appuisbudgétaires directs.

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harmoniser les procédures et pratiques d’aide,d’élaborer un document politique fixant lesorientations stratégiques de l’ensemble dusystème de coopération sur la base des OMD,dusoutien au NEPAD et faisant référence auxstratégies nationales de lutte contre la pauvretédes pays partenaires.

La Suisse

La Suisse, n’étant pas membre de l’Unioneuropéenne et donc n’étant pas directementconcernée par l’accord de Cotonou, mène unepolitique consistant à passer des accords bila-téraux de coopération avec des États africains10.Les arguments en faveur d’une participationactive de la Suisse au système multilatéral sont :

– contribuer à la résolution de nombreuxproblèmes globaux,

– mettre enœuvre le principe d’universalité desrelations extérieures de la Suisse,

– créer des liens et renforcer les synergies avecles programmes bilatéraux,

– donner la possibilité aux entreprises suisses derépondre aux appels d’offres internationaux.

En 2003, l’APD suisse se situait à 1,1 milliardd’euros, soit 0,38% du PNB.

La coopération technique et économique

La coopération entre les pays francophonesindustrialisés et le NEPAD devrait se concentrersur des domaines de première importance pourle NEPAD, dans lesquels les pays industrialiséspossèdent une compétence spécialisée, notam-ment la santé, la technologie, l’infrastructure,l’agriculture et l’éducation.Les pays industrialisésfrancophones doivent mettre leur expérience etleur expertise au service des pays africains pourles rendre à même de défendre leurs intérêtsd’une manière équitable face à leurs partenairesdu Nord.

C’est ainsi que lors du séminaire organisé parl’Agence intergouvernementale de la Franco-phonie, qui s’est tenu à Ouagadougou (BurkinaFaso) du 13 au 15 mai 2004, 14 secteurs d’inter-vention conjointe entre le NEPAD et la Franco-phonie, dans les domaines de l’économie et dudéveloppement durable, ont été identifiés. Lapriorité, en matière de coopération économique,a été donnée à l’intégration des pays africains àl’économie mondiale et le développement del’expertise nationale en matière de gouvernancede l’environnement. L’autre atout de la Franco-phonie est le fait qu’elle peut servir de relais entreles Africains et les bailleurs de fonds puisque leCanada et la France sont membres du G8.

Par ailleurs, la France a décidé de s’engager, enpartenariat avec d’autres pays donateurs et lesinstitutions financières internationales, dans desprojets qui couvrent trois secteurs: l’énergie, lagestion des richesses naturelles, dont l’eau, et lestransports.Le Canada a mis en place,entre autres, leProgramme Afrique-Canada pour les jeunes et leFonds canadien pour l’Afrique. Ce Fonds répondà l’invitation du NEPAD d’établir une nouvelleforme de partenariat entre les Africains et le restedu monde.C’est ainsi que des engagements ont étépris dans les créneaux suivants: gouvernance, paixet sécurité,santé,agriculture,environnement et eau,commerce et investissement,comblement du fossénumérique, administration.

Conclusion

L’Afrique s’est organisée autour de l’Unionafricaine, mais la meilleure initiative qu’elle aitprise jusqu’à maintenant est certainement leNEPAD. Fondé sur trois piliers essentiels (leleadership, l’appropriation et le partenariat –national, régional et international), le NEPADcombine une stratégie de développement et unprogramme d’action détaillé en vue d’unenouvelle ère de partenariat entre l’Afrique et lemonde développé.

Quel bilan peut-on justement faire des trois ansdu NEPAD? L’évaluation du NEPAD doit sefaire sur la base de ses principales « super-priorités». La priorité primordiale est celle de lapaix et de la sécurité. Sur ce point, l’Afrique aréalisé beaucoup de progrès en matière de

10. L’aide bilatérale et l’aide multilatérale sont deux voletscomplémentaires d’une même politique de dévelop-pement. La politique multilatérale de la Suisse se fondesur la loi fédérale en matière de coopération audéveloppement (1976) et aussi sur les lignes directricesNord-Sud.

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stabilité du continent, condition sine qua nonpour l’afflux de l’IDE. (Il y a aujourd’hui troisconflits en Afrique, contre 19 en 2001.) Ladeuxième grande priorité est la bonne gouver-nance politique et économique. Sur le planéconomique, l’Afrique a enregistré une crois-sance économique de 3,5% (elle est supérieureà 5% dans 20 pays africains), alors qu’elle étaitnégative en 2001.

Les autres priorités, ayant trait au développementhumain (l’éducation, la santé, l’accès aux marchés,etc.), ne dépendent pas uniquement de l’Afriquemais de beaucoup de paramètres internationaux,notamment ceux relatifs aux ressources financières(l’aide, les IDE, l’allégement de la dette, etc.).

Concernant les aides au développement, ilsemblerait que, malgré les bonnes intentions, levolume d’aide et d’assistance à l’Afrique soittotalement insuffisant. En effet, certains obser-vateurs estiment que les aides au développementrestent loin de l’objectif fixé par les NationsUnies (en moyenne 0,2% du budget des paysriches – voir encadré), et les politiques financièreset économiques des ensembles régionaux et desinstitutions internationales ne prennent passuffisamment en compte les objectifs de dévelop-pement, d’indépendance et de spécificité des payspauvres et en développement.

De son côté, la Francophonie a mis l’accent,depuis 2003, sur l’importance de la dimensionéconomique. Le nombre de pays en situationdifficile n’a pas diminué, et ce, malgré desavancées en matière de traitement de la dette etdes recherches sur les modes de financement. Etil est désormais admis que les OMD ne pourrontêtre atteints par les Africains dans les délais fixés(d’ici 2015), à moins d’un effort considérable despays les plus riches et d’une amélioration rapidede la gouvernance des pays susceptibles derecevoir une aide.

Le Canada et la France,membres du G8,ont prisl’engagement de parvenir à court terme à uneffort d’aide représentant 0,5% de leur budgeten vue d’atteindre l’objectif de 0,7%. De plus,ces deux pays ont accordé une place privilégiéeau continent africain, notamment pour la miseenœuvre des Objectifs du Millénaire.Le NEPADconstituera le cadre général dans lequel cette aideviendra s’insérer.

Bibliographie

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Crozet,Y., L.Abdelmalki, R. Sandretto (1997),Les grandes questions de l’économie internationale,Éditions Nathan, Paris, 1997.

Giroux, P. (2003), «Le nouveau cadre conceptuelde l’Aide Publique au Développement (APD)»,Liaison Énergie-Francophonie, no 60,p. 15-22.

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Encadré 1 – Aide publique au développement: l’objectif de 0,7% sera-t-il atteint?

L’idée selon laquelle les pays riches devraient consacrer 0,7 % de leur PNB au développement mondial estapparue en 1969, dans le Rapport sur le développement international rédigé sous l’autorité de l’ancien premierministre canadien Lester B. Pearson. Ce chiffre a été largement accepté comme objectif de référence pour l’aidepublique au développement. Approuvé par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1970, il s’inscrivait dansla stratégie internationale de développement de la décennie suivante.

– En septembre 2000, la Déclaration du Millénaire, adoptée par les 189 membres des Nations Unies lors duSommet du Millénaire tenu à New York, l’ONU a été chargée d’élaborer une feuille de route afin d’atteindred’ici 2015 les buts fixés.

– En mars 2002, la Conférence mondiale des Nations Unies sur le financement et le développement deMonterrey (Mexique) a exhorté les pays développés qui ne l’ont pas encore fait à prendre des mesuresconcrètes pour atteindre les objectifs consistant à consacrer 0,7 % de leur PNB à l’APD aux pays endéveloppement et à affecter une part de 0,15% à 0,20% de ce PNB aux pays les moins avancés (PMA).

– En 2003, l’aide du Comité d’aide au développement (CAD), principale instance regroupant 22 pays de l’OCDEet œuvrant à la coopération dans les pays en développement, s’élevait à 60,6 millions d’euros, ce quicorrespond à 0,25% d’APD par rapport au PNB. La part des pays G7 représentait 72% du total CAD (tableauci-dessous).

APD des principaux pays de l’OCDE membres du CAD0020 en millions d’euros courantsVariation

Variation 2002/03 APD/PNBPays 1994 2001 2002 2003 1994-2003 en termes réels* en 2003

Allemagne 6818 5571 5650 5925 –13,1% 3,9% 0,28%

Belgique 727 968 1137 1670 129,7% 43,2% 0,61%

Canada N.D. 1712 2129 1955 N.D. –5,1% 0,26%

Danemark 1446 1825 1744 1546 6,9% –4,6% 0,84%

États-Unis 9927 12762 14102 13977 40,8% 16,9% 0,14%

France 8466 4688 5821 6494 –23,3% 9,9% 0,41%

Japon 13239 10995 9850 7887 –40,4% –8,9% 0,20%

Norvège 1137 1503 1800 1808 59% 4,7% 0,92%

Pays-Bas 2517 3542 3542 3593 42,7% –1,3% 0,81%

Royaume-Uni 3197 5113 5225 5458 70,7% 11,9% 0,34%

Suède 1819 1860 2113 1859 2,2% –14,1% 0,70%

Suisse 982 1014 996 1148 16,9% 19,5% 0,38%

États de l’UE 30416 29354 31779 32594 7,2% 2,2% 0,35%

Commission européenne N.D. 6656 6962 7211 N.D. 1,6% N.S.

Total G7 46601 42657 45252 43813 –6% 5,3% 0,21%

Total CAD N.D. 58439 61835 60614 N.D. 3,9% 0,25%

* La variation en termes réels entre 2002 et 2003 tient compte de l’inflation et des fluctuations des taux de change.En gras : pays francophone.Source : Secrétariat du CAD de l’OCDE.

De ce fait, il ne serait pas possible pour l’Afrique d’atteindre d’ici 2015 les Objectifs du Millénaire pour leDéveloppement, à moins d’un effort considérable de la part des pays les plus riches.

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Maria NICULESCU

Maria NICULESCU est Directricede la Direction de coopérationéconomique de l’Agence inter-gouvernementale de la Franco-phonie, Professeur universitaireassociée au Conservatoire natio-nal des Arts et Métiers de Pariset Professeur titulaire à l’Univer-sité Valachia Roumanie. Elle estaussi Consultant internationalen gestion de projets et straté-gies de développement et au-teur de plusieurs ouvrages enRoumanie et en France.

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD) traduit une prise de conscience des Chefs d’État africainsface aux graves problèmes soulevés par l’état de pauvretéendémique de nombreux pays du Sud, en partie membres de laFrancophonie. Il traduit aussi le fait que les politiques d’aides sesont plus ou moins fourvoyées dans leur mise en œuvre. En toutcas, elles se sont avérées suffisamment inefficaces pour annoncerclairement qu’il fallait faire autre chose. La question qui se pose,après avoir intégré les objectifs du NEPAD, est de savoir si cettenouvelle prise de conscience se révélera plus opérationnelle et plusefficace, c’est-à-dire enfin réductrice de pauvreté.

Nous craignons qu’elle aboutisse à des actions certes de progrès iciou là, mais qui seront cependant insuffisantes pour atteindre lesobjectifs fixés par le monde politique. Plus grave, ces actions peuventse révéler aussi décevantes pour les pays à qui on laisse espérer unesortie rapide de leur «tunnel» où se conjuguent la misère, ladésillusion et le scepticisme quant à la volonté de fraternité affichée.

Cet article a pour but de poser à nouveau le problème de fond àpartir de l’une des priorités du NEPAD, à la lumière des actions etdes réflexions sur le sujet engagées par la Direction de la coopérationéconomique de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie.Il s’agit de la participation au système commercial mondial.

Le NEPAD, une prise de conscience salutaire des Chefs d’État africain

L’initiative du NEPAD a pour objectif de sortir l’Afrique de son cycle depauvreté et de marginalisation internationale et d’essayer de la rapprochersocialement et économiquement du monde développé. Le but opérationnelest d’assurer un nouveau cadre de coopération, en particulier avec les paysdéveloppés et les organisations multilatérales.

IInnttééggrraattiioonn pprrooggrreessssiivvee ddeess aaccttiivviittééss ddee ddéévveellooppppeemmeenntt dd’’uunn ppaayyss :: QQuueell ppoossiittiioonnnneemmeenntt dduu ccoommmmeerrccee ddaannss ccee pprroocceessssuuss ??DDeess ccoohhéérreenncceess aavveecc lleess aaxxeess dd’’iinntteerrvveennttiioonn ddee llaa FFrraannccoopphhoonniiee

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Il convient de rappeler que 13% de la populationmondiale vit en Afrique, dont la moitié nedispose que de 1$US par jour pour survivre.Unconstat préoccupant. Plus grave, la pauvreté s’estaccrue ces 40 dernières années : globalement,l’écart de revenu entre les pays riches et les payspauvres a diminué de 15%, alors que l’écart entreles pays les plus riches et les pays les plus pauvres(situés en majorité en Afrique) a augmenté dequatre fois (voir tableau 1)

Une des priorités du NEPAD:promouvoir les exportationspour lancer le processus decroissance économique

La participation au système commercial mondial,la défense des préoccupations et des intérêts ducontinent africain dans les enceintes de négocia-tion, la promotion des exportations de l’Afriqueconstituent aussi des priorités pour le NEPAD,priorités qui sont subordonnées à son impérieuxobjectif de réduction de la pauvreté.

La mise en œuvre des actions en cohérence avecces priorités nécessite une analyse plus complexedu contexte économique africain et international.Il faut se référer à un modèle de développement etde valorisation des ressources, plus spécifique etefficient pour les pays du Sud. Les pays africainsdisposent en effet de ressources économiquespotentielles très importantes, fondées principale-ment sur des richesses naturelles (bois, minerais,minéraux,poisson,produits agricoles, etc., en plusdu soleil, de paysages magnifiques et d’un soucid’hospitalité qui favorisent le tourisme, parexemple). Le problème est donc posé quant àl’efficacité du modèle actuel, fondé principalementsur l’exportation de matières premières en l’état.

Il convient cependant d’être prudent. La partici-pation au commerce mondial ne contribue pasautomatiquement à la création de richesse etdonc à l’amélioration de conditions de vie.D’importants défis restent à relever pour que ceprocessus d’intégration au commerce mondialdevienne un facteur de croissance économiqueet profite à tous les pays de façon durable. Il fautentre autres :

– Attirer rapidement des investissementsétrangers ;

– Dynamiser et rendre efficace l’entrepreneuriatlocal ;

– Améliorer les flux commerciaux et leurstructure par une importation accrue desfacteurs de production;

– Créer un environnement favorable auxtransferts de technologie et aux initiativeslocales touchant la croissance, tout spécia-lement la création d’entreprises durables.

Tableau 1 – Évolution des écarts de revenu entre pays riches et pays pauvres

Rapport du revenu par habitant (en dollar parité pouvoir d’achat 1990) entre: 1960 1980 2001

Pays industrialisés – Pays en développement 7,1 7,8 6,1

15 pays les plus riches – 15 pays les plus pauvres* 11,6 22,2 46,2

Pays industrialisés – Chine 12,7 17,0 4,7

États-Unis – Chine 18,6 21,4 6,3

Source : PNUD, Rapport mondial sur le développementhumain, 2003.

Depuis plus d’une décennie, les pays d’Afriqueont fait de l’intégration au système commercialinternational une priorité de leur programme deréformes économiques. Ils se sont efforcés d’at-teindre cet objectif non seulement en participantaux négociations commerciales multilatérales,mais aussi en assurant une libéralisation rapide etunilatérale de leurs échanges.

Cette stratégie n’a cependant pas permis aux paysafricains de bénéficier systématiquement despossibilités offertes par la mondialisation pourassurer leur développement humain. Les paysd’Afrique ne participent qu’à hauteur de 2% aucommerce mondial. Le faible niveau des investis-sements, l’insuffisance de l’accès aux marchés, lafaible compétitivité des économies nationales, labaisse de l’aide publique, la difficulté d’applicationdes principes de bonne gouvernance, etc., sontautant de facteurs importants qui ont obéré leurdéveloppement économique. Malgré l’adoptionde ce «modèle d’ouverture», leur insertion rapidedans l’économie mondiale ne s’annonce pas sousles meilleurs auspices.

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71Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

Le processus d’intégration devrait alors permettredes mutations dans la chaîne de valeurs, au niveaud’un pays, par le développement des activitésproductives issues des ressources propres,quasiment toujours porteuses de valeur ajoutée.

Dans ce nouveau cadre de coopération avec lespays industrialisés présenté par le NEPAD, ilconvient d’intégrer aussi les règles du jeuafférentes à cette ambition.Les pays industrialisésdisposent certes de moyens financiers et d’unpotentiel de transformation industrielle, derecherche et de formation, mais ils sont souventobligés de rechercher au-delà de leurs frontièresdes richesses naturelles indispensables à l’utili-sation de leurs moyens. On conçoit clairementqu’il s’agisse alors d’une situation propice à lacréation, au sein de la communauté interna-tionale, de partenariats reposant sur des efforts etdes responsabilités partagées, seule solutionpermettant de développer les potentialités écono-miques africaines et d’intégrer leurs actions, tantau sein du continent africain qu’à l’échellemondiale.

Dans ce contexte international de coopération,les États d’Afrique sont appelés à mieux définirleurs priorités en matière de développement etde commerce et à promouvoir efficacement lesintérêts du continent africain dans les enceintesde négociation.

Le commerce, une composanteéconomique nécessaire maisinsuffisante

Le processus économique involutif, constaté entreautres dans nombre de pays francophones du Sud,impose de se poser à nouveau le problème, sansa priori et sous un autre angle analytique.

Cette approche diagnostique part du principeque toute activité économique d’un pays n’estpossible que si elle puise son énergie dans unpotentiel de ressources qui lui sont accessibles.Les activités qui en découlent, qu’elles soient denature minière, agricole, industrielle, commercialeou de services, peuvent alors s’évaluer suivantdeux critères fondamentaux.Pour chaque activitéretenue en priorité, on détermine précisément :

• Son niveau d’agglomération géographique. Laressource de référence nécessaire à l’activitédoit être assortie d’une estimation de sasédentarité. Par exemple, un gisement miniercrée une activité d’extraction, entraînant à sontour des activités, par exemple triage, condi-tionnement, transport, généralement sur le lieuoù ce gisement a été découvert. Il en est demême d’un lieu touristique ou religieux lié àl’histoire.À l’opposé, l’artisanat informel ou lasculpture d’art se manifestent là où l’artisan oul’artiste souhaite habiter. On détermine doncun niveau de sédentarité de l’activité.

• Sa capacité d’entraînement économique à en attirerd’autres. Par exemple, un port ouvert auxgrandes voies maritimes devient vite un pôletrès attractif pour nombre de métiers plus oumoins liés au chargement et au déchargementdes marchandises. C’est le cas des zonesfranches, par exemple, où peuvent s’installerdes unités industrielles de montage de sous-ensembles. A contrario, l’agriculture intensive,tel le coton, est souvent une activité à faiblecapacité d’entraînement : ses productionsbrutes sont exportées et leur transformationen produits commercialisables est réalisée dansun autre pays, car le pays producteur nedispose pas d’une filière industrielle etcommerciale adaptée.

Ces deux critères fondamentaux peuvent évi-demment se combiner. Il est alors possible depositionner les activités des pays du Sud, commele montre la figure 1:

Intégration progressive des activités de développement d’un pays :Quel positionnement du commerce dans ce processus?

NEPAD ET FRANCOHONIE : QUELQUES DOMAINES DE COOPÉRATION

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72 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

La typologie proposée dans la figure 1 faitressortir quatre types d’activités génériques :

– Activités d’exploitation des ressources(minières, agricoles, pêches, énergies liées auclimat, etc.) (R) ;

– Activités de transformation de ressources :biens intermédiaires, biens de consommationet équipements (T) ;

– Activités de commercialisation de produits(Ca) et de services (Cs).

Le développement d’un pays est donc marquépar une évolution incrémentale dans un proces-sus économique à partir du critère ressource (R),puis du stade de transformation (T) et enfin decommercialisation (C) (artisanale et de services). Unpays dit :

• «Industrialisé» est généralement celui qui a suincrémenter les trois stades économiques: c’estun pays RTC. Il dispose des filières complètes,

sous la forme de «grappes d’activités».Avec unecomposante plus stratégique,on les fait évoluervers «des pôles de compétitivité»,comme le faitactuellement la France;

• «En voie d’industrialisation» suit générale-ment le parcours RT ;

• «Émergent» peut se situer suivant ses capa-cités en ressources naturelles exploitables, soiten RT, soit en TC ;

• «Économiquement sensible» est celui quifonde son développement seulement sur uncritère. Il peut être un pays R, un pays T (paysoutil à bas coût avec un passé industriel), soitun pays C.

Le niveau de savoir-faire global discriminant d’unpays est différent suivant son stade d’évolution dansle processus économique. En effet, le savoir-faireest la combinaison en synergie de trois capacitésdifférentes: celle des hommes, celle des machineset des équipements qu’ils utilisent et celle des

Figure 1 – Typologie des activités des pays du Sud

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73Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

méthodes de travail qu’ils appliquent. Leursniveaux d’importance, d’efficacité et de disponi-bilité sont spécifiques à un niveau d’évolution.Onpeut donc rapprocher le savoir-faire global perçudu stade d’évolution économique, comme lemontre la figure 2, et porter un diagnostic sur ledegré d’industrialisation d’un pays.

L’analyse faite des pays francophones du Sudmontre que le handicap majeur au dévelop-pement est moins dans l’existence des ressourcesque dans les incohérences lorsqu’elles sontrapportées aux savoir-faire existants. Le pluspréoccupant, c’est de constater que souvent les

demandes d’aides, d’appuis, de transferts d’expé-riences de ces pays ne peuvent qu’accentuerl’incohérence pourtant formulée de bonne foi.

Tenter de positionner un pays du Sud dans leprocessus d’évolution économique à partir ducadre méthodologique donné par le tableau derapprochement de la figure 2 s’avère la premièreaction à engager pour éviter un fourvoiementstratégique et un gaspillage de ressources… etmême, pour certaines ressources naturelles, unemain-basse sur ces potentialités économiques.

Intégration progressive des activités de développement d’un pays :Quel positionnement du commerce dans ce processus?

NEPAD ET FRANCOHONIE : QUELQUES DOMAINES DE COOPÉRATION

Figure 2 – Savoir-faire global et stade d’évolution économique

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Par exemple, s’intéresser en priorité au commerce(en grisé sur le tableau), c’est politiquementconcevable et stratégiquement opportun. Lesinvestissements sont faibles, et l’expertise peut êtrefacilement accessible, soit par le retour d’expatriés,soit par des formations dans les écoles et univer-sités du pays. Les investissements s’avèrentgénéralement moins lourds.Mais il faut savoir quec’est l’aboutissement d’un processus économique(RTC). Cela veut dire qu’il faut s’associer audéveloppement qui serait rendu possible par cetteactivité «commerce», d’un coefficient de risqueélevé.

Autre exemple, l’artisanat d’art commercialisé àl’international ne pourra jamais contribuer defaçon significative au développement d’un paysentier. Il ne fera que lui donner une imagevalorisante à l’extérieur, mais avec une faibleincidence sur son PIB. De même, se concentreruniquement sur le tourisme, c’est dépendrelogiquement de la dynamique du tourismeinternational, c’est donc dépendre de touristesqui, disposant d’un vaste choix de sites sur laplanète, peuvent écarter brusquement un paysparce qu’ils perçoivent un risque d’agressionquelconque. Les services se développent danscertains pays, par exemple sous la forme decentres d’appel. L’effet d’entraînement de cesactivités est quasiment nul, et le risque demigration vers d’autres pays au coût de main-d’œuvre plus bas est important.

Il faut donc que les pays francophones du Sudpuissent relever le défi d’un second souffleéconomique, s’approprient une démarche incré-mentale progressive et s’engagent rapidement dansun repositionnement de leur développementéconomique.

Les axes d’intervention de la Francophonie économiqueen cohérence avec les objectifs du NEPAD

Les axes d’intervention de la Francophonieéconomique dans les pays du Sud ne sont pasdifférents de ceux du NEPAD. Il s’agit trèsglobalement et évidemment de:

– L’intégration des pays de la Francophonie dansl’économie mondiale, ce qui est l’enjeudéterminant ;

– L’appui aux stratégies de développementéconomique, particulièrement dans le sensdécrit précédemment.

Plus précisément, les enjeux et l’impact d’entraî-nement économique des accords commerciauxinternationaux sur ces pays ainsi que la nécessitéd’une recherche de cohérence entre les différentsniveaux de négociation en cours imposent desexigences d’expertise et d’efficacité accrues, tantdans la formulation et la négociation que dans lamise en œuvre des politiques commerciales.

Pour aider les pays membres à s’intégrer d’unemanière cohérente et efficace dans la dynamiquedes échanges internationaux, l’AIF fait porter sesefforts sur des actions qui concernent :

– La formation en négociations commerciales: lanégociation des accords commerciaux multi-latéraux (y compris les aspects portant sur lesenjeux économiques de la propriété intellec-tuelle),la négociation des accords d’investissement;

– La concertation en marge des réunions interna-tionales importantes touchant le commerce etl’investissement international, en particuliercelles prévues dans le cadre de l’OMC et del’Accord Euro-ACP de Cotonou;

– L’appui technique aux pays membres du Sud dansla formulation et la mise en place des politiquescommerciales, par la création d’une plate-formed’experts nationaux et régionaux en négo-ciation des accords ACP/UE;

– Le renforcement des capacités des organisationsd’intégration économique régionale (Cedeao,Uemoa, Cemac), qui vise à aider ces organi-sations dans l’élaboration d’analyses et d’étudesstratégiques régionales ;

– La facilitation de l’accès aux financements interna-tionaux, par la mise en place d’un systèmed’informations en français sur les mécanismeset les procédures de financement, ainsi qued’un système de veille électronique desoccasions d’affaires ;

– Le renforcement d’une économie de proximité, àpartir plus particulièrement du secteur del’artisanat (passer de l’artisanat informel àl’artisanat de production, puis à la PME;assister les micro-entreprises, etc.) ;

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75Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

– L’appui au développement des entreprises culturelles,par la mise en place d’un fonds de garantie desindustries culturelles et des actions derenforcement de capacités de promoteurs duSud dans la formalisation de projets et lagestion des entreprises culturelles.

Le NEPAD, un vecteur du sursaut économique àmieux exploiter rapidement

L’existence du NEPAD est le résultat d’unevolonté explicite des dirigeants africains, qui ontvoulu prendre le problème du développementéconomique de leurs pays à bras-le-corps. Lapremière étape fut de trouver un consensus surdes problématiques économiques transversales.Ce n’était certainement pas facile. Le commerceest alors apparu comme une possibilité com-mune,pouvant être développée rapidement et nenécessitant pas de gros investissements. Parailleurs, des produits, tels ceux des industriesculturelles, existent et peuvent se révéler desagents économiques favorisant la balance ducommerce extérieur.

Cette politique «népadaise » doit être évidem-ment poursuivie. Mais elle doit être aussicomplétée par une recherche d’occasions enremontant progressivement les stades situés enamont dans le processus d’évolution écono-mique. On sait bien que plus on «remonte» unefilière technologique, plus les investissementsrisquent d’être importants selon la nature de laressource exploitable,mais aussi plus le pays assuredurablement sa consolidation économique etprépare son développement lui ouvrant les portesde la mondialisation. Plus vite, enfin, il en aurafini avec ce fardeau indécent et insupportablequ’est la pauvreté de son peuple.

Bibliographie

«État de l’intégration régionale en Afrique»,chapitre5, Commerce, Commission Économique pourl’Afrique, 2004.

Conférence des Nations Unies sur le Commerceet le Développement, Activités entreprises parla CNUCED en faveur de l’Afrique, rapport

du Secrétaire général de la CNUCED,septembre 2004.

Conférence des Nations Unies sur le Commerceet le Développement, Les pays les moinsavancés, rapport 2004,Aperçu général par leSecrétaire général de la CNUCED.

G.Lavalette,Cours d’économie,Université Paris,6, 2004.

Maria Niculescu, Stratégie de délocalisation vers lespays en développement, CNAM, Paris, 2004.

Intégration progressive des activités de développement d’un pays :Quel positionnement du commerce dans ce processus?

NEPAD ET FRANCOHONIE : QUELQUES DOMAINES DE COOPÉRATION

Source : Sékou Touré, PNUE

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Sibi BONFILS

Sibi BONFILS est Directeur adjointde l’Institut de l’énergie et del’environnement de la Franco-phonie (IEPF) et chargé de la con-ception et de la mise en œuvre deson programme des opérations.Il a occupé dans le secteur élec-trique de son pays, la Côted’Ivoire, des fonctions impor-tantes au niveau des Études etrecherche, de la planification et dela programmation des investis-sements. Il a été tout particu-lièrement actif sur cette période,dans les organisations profession-nelles du secteur électrique,l’Union des Producteurs, Transpor-teurs, et Distributeurs d’énergieélectrique en Afrique (UPDEA), leConseil International des GrandsRéseaux Électriques (CIGRÉ). Ces activités internationales sesont prolongées à l’IEPF dans lecadre de ses fonctions touchantà la fois l’environnement etl’énergie, mais aussi au niveaudu Conseil Mondial de l’Énergie(CME) et des négociations inter-nationales, en ce qui concernenotamment les Changementsclimatiques.

76 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

Convergence de plusieurs initiatives africaines au niveau des chefs d’Étatet de gouvernement du Continent, le Nouveau Partenariat pour leDéveloppement de l’Afrique (NEPAD) a été adopté à Lusaka (Zambie) auSommet de l’Union Africaine de juillet 2001, comme un cadre cohérentdans lequel les dirigeants africains veulent inscrire leurs actions poursortir leurs pays et leur Continent du sous-développement. L’éradicationde la pauvreté est le point de mire. Une croissance économiquesoutenue dans la perspective du développement durable et uneparticipation active à l’économie mondiale constituent le socle sur lequelils entendent reposer ce cadre d’action qui fait la plus large place aupartenariat tant au niveau du Continent que des multiples espaces desolidarité auxquels il participe.

C’est forte de cette ouverture à un partenariat élargi et de la place del’Afrique dans l’Espace francophone, que la Francophonie a, dès lacréation du NEPAD, marqué par des gestes concrets sa volonté departiciper à l’Initiative. Elle s’est associée aux toutes premières rencontresqui devaient donner un contenu opérationnel au NEPAD. Elle y a faitpart des actions qu’elle conduit déjà en faveur de l’Afrique et dessynergies qui peuvent se développer avec d’autres acteurs dedéveloppement et d’autres espaces de solidarité.

Le Séminaire de haut niveau organisé en mai 2004 à Ouagadougou(Burkina Faso) sur la contribution de la Francophonie au NEPAD dans lesdomaines de l’économie et du Développement durable s’inscrit dans cette

dynamique. Ce séminaire a été l’occasion de jeter les bases d’une contributionfrancophone utile tenant compte à la fois des principaux enjeux dedéveloppement et des défis à relever dans ces domaines, et ciblant bien les besoinsde capacité pour une réponse adaptée à ces défis.

Un travail spécifique a été fait dans ce cadre en ce qui concerne l’énergie etl’environnement qui constituent pour le Continent et le NEPAD les facteursdéterminants de sa stratégie de lutte contre la pauvreté :

• la première, l’énergie, comme produit de première nécessité dont la pénurieaffecte gravement les plus démunis et surtout comme essence du moteuréconomique;

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• le second, l’environnement, comme source devie (alimentation, eau potable,…), base deséconomies locales et cadre protecteur pourdes populations qui vivent le plus souvent àmême les ressources naturelles.

Ce travail a permis de dégager quelques pistesd’action qu’il faudra accepter d’emprunterensemble pour donner une réponse adaptée auxattentes exprimées à Ouagadougou et dans lesplans d’action concernant les domaines del’énergie et de l’environnement.

De multiples et grands défis à relever dans les domaines del’énergie et de l’environnement

Le secteur de l’énergie de l’Afrique, en ce quiconcerne principalement l’Afrique subsaharienne,se caractérise par1:

• le faible taux d’accès aux énergies commercialesqui représentent moins de 40 % du bilan pourl’ensemble des pays. En ce qui concerne l’élec-tricité, tous les pays (hors Afrique du Sud) sontsous le seuil de 50% d’électrification. Lamoyenne régionale est de 22,6%.10 pays sur 28sont sous la barre de 10% de taux d’électrifi-cation.Les consommations per capita sont parmiles plus faibles au monde,plusieurs pays se situantencore sous la barre de 100 kWh par an2;

• une grande dépendance de la biomasse qui restela principale source d’énergie.En 2000,90% dela population de la Région dépendait de labiomasse pour ses besoins de cuisson et dechaleur. Ce taux est de 100% en milieu rural.La biomasse entre pour 80 à 90% dans les bilansénergétiques nationaux de la plupart des pays.

Cette dépendance excessive à l’égard de labiomasse a des conséquences graves :

• sur la santé, avec les maladies respiratoires duesà l’inhalation de fumées toxiques dans desespaces mal aérés. Les femmes et les enfantsen sont les principales victimes.On dénombredans le monde 1,6 million de décès par an dusaux fumées3 ;

• sur l’environnement local, avec la destruction ducouvert végétal et de la biodiversité, et la

dégradation des sols, principalement dans leszones à forte densité de peuplement ;

• sur l’environnement global, avec la production degaz à effet de serre et la destruction irréversibledes puits.

Les impacts socio-économiques sont tout autantdommageables :

• les temps de collecte de la biomasse et l’éner-gie qui y est consacrée sont pris sur le tempsd’éducation et des activités génératrices derevenus ;

• les corvées d’eau sont à ajouter à ces impactssubis du fait du déficit en énergie commercialeet tout particulièrement en électricité.

La conséquence globale est un état de pauvretéchronique qui touche la plupart des pays de laRégion. La part de la population vivant au-dessous du seuil de 2$ par jour dépasse 50% pourla totalité des pays de la Région.Les taux de 80%et plus sont courants.

Les pronostics, en ce qui concerne la biomasse,situent encore le taux de dépendance de laRégion au-dessus de 80% en 2003. Le tauxmoyen d’accès à l’électricité gagne un facteurdeux mais plusieurs centaines de millions depersonnes de la Région n’y auront pas encoreaccès à l’horizon 20304.

Dans le domaine de l’environnement, les préoc-cupations majeures pour des populations quivivent en majorité à même les ressources natu-relles et de l’agriculture (60%), concernent5 :

• la dégradation des sols, la sécheresse et ladésertification. 33% des terres sont directe-ment concernées ;

• la disparition, à un rythme alarmant, des zoneshumides avec les conséquences que l’on saitsur les nappes phréatiques, la prévention descrues, l’habitat de certaines espèces animaleset végétales et surtout les ressources alimen-taires, énergétiques et médicinales, dont ceszones sont les tout premiers réservoirs ;

• la destruction des écosystèmes côtiers etmarins qui prive progressivement les paysd’une contribution déterminante aux écono-mies nationales, notamment grâce au tourismeet à la pêche;

Contribution de la Francophonie au NEPAD

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

1. Sibi Bonfils2. Stephen Karekezi3. The Killer in the Kitchen.

4. AIE5. NEPAD Environnement

NEPAD ET FRANCOHONIE : QUELQUES DOMAINES DE COOPÉRATION

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78 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

• la perte de la biodiversité, des forêts et desressources végétales qui restent dans leurensemble l’une des principales sources derichesses du Continent. Leur contribution audéveloppement économique est fondamen-tale. Pour les Petits États insulaires, les espècesendémiques qui font leur spécificité et leurprocurent un potentiel économique (tourismenotamment) exceptionnel sont menacéesd’extinction;

• les tensions hydriques graves pour certainspays du Continent qui constituent unemenace pour l’agriculture (irrigation) et lasanté humaine. La gestion des bassins versantspartagés par plusieurs pays est à compter dansles préoccupations environnementales commesources potentielles de tensions politiques etde conflits ouverts ;

• l’urbanisation accélérée qui pèse par ailleurssur les ressources naturelles et crée des pro-blèmes environnementaux spécifiques, avec lesdéchets urbains ou la pollution de l’air extrê-mement dommageables pour la santé despopulations ;

• les risques de changements climatiques aux-quels plusieurs composantes des économiesafricaines et notamment l’agriculture, sontsensibles et vulnérables. Pour les Petits Étatsinsulaires et les zones côtières l’élévation duniveau de la mer reste la menace absolue.

Les initiatives du NEPAD concernant l’énergie6

et l’environnement se veulent une réponseappropriée à tous ces défis. Pour chacun de cesdeux domaines, un plan d’action structuré,élaboré selon un processus consultatif etparticipatif, fournit le cadre d’un partenariatdynamique qui tire toute sa logique de laDéclaration du Millénaire et de ses Objectifspour le Développement, ainsi que du Pland’action de Johannesburg.

Quelques pistes d’actionsconjointes pour le NEPAD et la Francophonie dans les domaines de l’énergie et de l’environnement

C’est avec tout ce vécu et autour de ces différentesidées que des responsables nationaux du NEPAD,en interaction avec des représentants de l’Organi-sation Internationale de la Francophonie ontconduit, au cours du séminaire de Ouagadougoususmentionné, une démarche qui a permis dedégager des pistes d’actions concertées,posant ainsiles bases d’une collaboration active de la Franco-phonie aux Initiatives du NEPAD pour l’énergieet l’environnement.Les axes d’intervention retenusdans ces domaines concernent:

• les grandes Conventions internationales surl’environnement (Climat, Désertification,Biodiversité) au niveau des négociations et dela mise en œuvre de ces conventions aux plansnational et régional ;

• les outils de gouvernance de l’environnementdont notamment l’évaluation environnemen-tale, l’économie de l’environnement et le droitde l’environnement qui permettent de pren-dre véritablement en compte l’environnementdans les politiques, les plans, programmes etprojets nationaux de développement;

• les politiques de l’énergie autour des multiplesdimensions de l’énergie, dimensions environ-nementale, économique, sociale avec notam-ment la lancinante question de la contributionde l’énergie à la réduction de la pauvreté,

• les ressources en eau et la problématique del’accès à l’eau potable pour tous ainsi que cellede la gestion intégrée de ces ressources auniveau des bassins versants et des zoneshumides;

• des préoccupations transversales touchant parexemple la mobilisation des ressources finan-cière ou l’élaboration de cadres stratégiquesnationaux donnant sens et cohérence auxactions de développement conduites par l’en-semble des opérateurs nationaux.

6. NEPAD Énergie

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79Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

À ces différents niveaux, les attentes concernentprincipalement le développement de l’expertiselocale et des capacités institutionnelles pourl’utilisation des outils, la formulation de politiques,de plans,de programmes et de projets de dévelop-pement intégrant comme il faut les objectifs d’undéveloppement économique et social équitabledans le temps et l’espace, et respectant l’équilibreécologique à long terme. Les fiches de domainesd’intervention présentées à la fin de cet articledonnent une excellente idée des choix arrêtésd’accord partie dans ces différentes perspectives.

Quelle place, quel rôlepour la Francophonie?

La Francophonie est déjà activement présente surtous ces axes d’Intervention à travers son Institutde l’Énergie et de l’Environnement (IEPF) et estde ce fait outillée pour jouer pleinement son rôledans cette dynamique de colla-boration

Sur les Conventions issues de Rio(Biodiversité, Climat et Déser-tification), l’IEPF a joué, sur ladernière décennie,un rôle actif demobilisation des délégations fran-cophones autour des Conférencesdes Parties (CdP) en assurant desactivités multiformes d’informa-tion, de formation, de soutien etde médiation. Les Concertationsfrancophones organisées en amont,en marge et en aval des CdP ont su créer les espacespropices d’échanges et de lecture collective desenjeux de ces accords multilatéraux et desnégociations qui les concernent.

L’IEPF contribue par ailleurs, en lien avec sespartenaires et les pays membres, à développer lescapacités nationales en ce qui concerne la miseen œuvre de ces Conventions. Il conduit depuisquelques années un Programme de formation deformateurs en biodiversité qui a permis de créer,notamment au Viêt-nam, une dynamiqueoriginale de sensibilisation des communautésrurales à la gestion durable de la biodiversité.Cette action porte déjà ses premiers fruits. Laduplication de cette expérience réussie enAfrique a été décidée pour 2005.Le Programme

de renforcement de capacité pour la mobilisationdes ressources du FEM (Fonds Pour l’environ-nement Monial) au profit d’une gestion durabledes sols participe de la même dynamique. Unevingtaine d’équipes nationales ont été forméesen Afrique dans ce cadre. Huit d’entre elles ontvu leurs dossiers de projets approuvés pourfinancement par le FEM, les autres dossiers étanten active préparation avec l’appui d’une expertiserecrutée localement en Afrique.L’élaboration desprofils MDP des pays membres d’Afrique vise,elle, un autre objectif, celui de faire connaître auxinvestisseurs des pays de l’Annexe 17 les potentia-lités de ces pays pour la mise en œuvre duMécanisme pour un développement propre(MDP), un des mécanismes de flexibilité duProtocole (le Protocole de Kyoto) de laConvention cadre des Nations Unies sur lesChangements climatiques..

Un effort soutenu a été déployéces dernières années par l’IEPF, etles perspectives sont excellentes,pour intéresser les grands bailleursde fonds (Banque Mondiale,UE…) et les grands Programmesde Nations Unies (PNUD,PNUE,FEM…) à ces actions qu’il conduitnotamment dans et au profit despays membres d’Afrique.L’objectifest de mobiliser les ressources quipermettraient d’en changerl’échelle pour en accroître l’impact.

Sur les outils de gouvernance pourl’environnement, l’IEPF a mis en place un Pro-gramme cohérent de renforcement de capacitéen évaluation environnementale (EIE) et enéconomie de l’environnement, le programmeMOGED. Son École d’été et le Colloqueinternational qu’il organise chaque année pourles spécialistes francophones de l’EIE en collabo-ration avec le Secrétariat francophone pour l’EIEsont connus.

Les activités relatives à l’économie de l’environ-nement viennent d’être lancées avec les ateliersspécialisés sur l’économie de la biodiversité8, et

Contribution de la Francophonie au NEPAD

NEPAD ET FRANCOHONIE : QUELQUES DOMAINES DE COOPÉRATION

7. Les pays de l’Annexe 1: l’ensemble des pays développéset des pays en transition vers l’économie de marché.

8. Antanarivo, novembre 2003.

La Francophonie est déjà

activement présente

sur tous ces axes

d’Intervention à travers son

Institut de l’Énergie et de

l’Environnement (IEPF)

et est de ce fait outillée

pour jouer pleinement son

rôle dans cette dynamique

de collaboration.

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80 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

sur l’économie des ressources forestières9 qui ontreçu un accueil enthousiaste révélateur du niveauélevé des attentes dans ce domaine. Le cours debase sur les outils et méthodes d’évaluationéconomique de l’environnement dont lapremière édition se donne cette année àl’Université Senghor10, marque la volontéd’élargir la base de diffusion de ces outils.

Les bourses d’excellence lancées cette année encollaboration avec l’Agence Universitaire de laFrancophonie et dont les premiers bénéficiairesseront connus au milieu de 2005, renforcent lesconditions de cet essaimage dans la mesure oùces bourses visent à former des relais deMOGED pour des universités et centres deformation nationaux ou régionaux.

Les perspectives de déploiement sont extrême-ment ouvertes, l’enthousiasme des uns le disputantà la bonne volonté des autres en ce qui concerneles personnes ressources, les institutions et lesexperts nationaux. Les efforts des prochainesannées porteront sur le développement desréseaux de pratique et surtout sur l’élargissementde la base de financement du Programme.

En ce qui concerne l’énergie, l’expertise de l’IEPFest reconnue sur des questions touchant lamaîtrise de l’énergie, l’énergie rurale, la réformedu secteur de l’énergie. Dans ces domaines, il aposé des gestes concrets dont les plus récents,évoqués brièvement ici, donnent un excellentaperçu de ses capacités dans le domaine.

Le projet de création d’Entreprises de Services ÉCO-énergétiques (ESCO) qui se mène en Côte d’Ivoiredepuis maintenant 4 ans est un de ces gestes dansle domaine de la Maîtrise de l’énergie. Le succèsrelatif de cette opération permet d’envisager avecoptimisme son élargissement à d’autres payscomme cela a du reste été déjà engagé pour leBénin. Le projet ville-énergie qui vise à doter lesvilles de capacités de gestion efficace de leursconsommations d’Énergie en est un autre. Unpilote est en cours de finalisation à Bamako avecdes résultats extrêmement encourageants. Leprocessus de duplication est déjà lancé avec laville de Beyrouth.

Les activités relatives à la réforme du secteur del’énergie ont d’abord porté, au début du processuset en ce qui concerne l’Afrique, sur la prépara-tion des acteurs locaux avec des actions variéesd’information, de sensibilisation, de formation etde conseil.Ces activités se focalisent aujourd’hui,avec le cours en Réglementation économique etfinancière du secteur électrique qui en est à sa cin-quième édition, sur le développement descompétences en régulation. Plus de 80 respon-sables d’Agences de régulation ont ainsi pu êtreformés en Afrique.

Le lancement du projet SIE Afrique visant à doterles pays d’un système d’information énergétique opé-rationnel crée des bases solides pour des activitésde renforcement de capacités au niveau de laconception et de la mise en œuvre de politiques del’énergie s’inscrivant dans la perspective dudéveloppement durable. Sur la base d’un piloteréalisé en 2000 au Bénin, en partenariat avecl’Union européenne (UE), trois projets-paysbénéficiant d’un financement conjoint UE-IEPFde 1000000 d’euros viennent d’être lancés11.

Au niveau du rural, l’intervention est multiforme:information et sensibilisation à travers des publi-cations, des colloques et des séminairesd’échanges sur les enjeux et les défis spécifiquesà des zones qui regroupent encore la majoritédes populations africaines.Des réalisations pilotesdans les domaines du solaire, de l’éolien et de lamicro hydroélectricité ont permis de mesurer lepotentiel de ces technologies en ce qui concernela desserte des zones isolées. L’expérience acquisedans ce cadre est aujourd’hui mise à profit pourmonter, avec des partenaires comme le PNUDet la BAD,un vaste programme de renforcementde capacités pour l’exploitation des potentiels despays en micro hydroélectricité. Un financementFEM a permis de lancer les études de réalisationimpliquant une dizaine de pays africains.

l’IEPF a par ailleurs pris une part active dans lesactivités pionnières ayant permis l’émergence et ladiffusion du concept d’Électrification rurale décen-tralisée autour duquel se construisent aujourd’huides programmes permettant de donner uneréponse adaptée aux besoins des zones hors réseau.

9. Kinshasa, octobre 2004.10. Alexandrie, décembre 2004. 11. Togo, novembre 2004.

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81Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

Les préoccupations transversales touchent le domainede l’information et les incursions encore limitéesdans le vaste champ du Développement durable.

Sur l’information, outre ses revues Liaison ÉnergieFrancophonie (3000 exemplaires, 4 fois l’an) etObjectif Terre (1000 exemplaires, 4 fois par an), sesguides et monographies, l’IEPF adéveloppé ces dernières années,avec Agora 21, Médiaterre, le sys-tème d’information francophone pourle Développement durable. Média-terre entre dans la catégorie desinitiatives de type II telles quedéfinies au Sommet deJohannesburg.Visant principale-ment les échanges d’informationau sein de différentes commu-nautés de pratique actives dans lesdomaines de l'environnement et du développe-ment durable, il met quotidiennement en rapportun millier d’experts des différents horizonsprofessionnels, géographiques et culturels. Sur ladizaine des têtes actuelles de ce réseau, 7 sontlocalisées en Afrique.Plusieurs autres interfaces etbases de données sont disponibles (énergie dans leMonde, Profils énergétiques des pays) ou en cours dedéveloppement (réglementation…) qui devraientpermettre de créer, à travers notre site Internet,des espaces conviviaux d’échanges avec les acteursde nos différents domaines de compétence.

Sur le Développement durable, une présenceactive dans les travaux de la Commission duDéveloppement durable, et notamment auSommet de Johannesburg, a permis de renforcerdans l’espace francophone la sensibilité auxenjeux derrière le concept.. Le Colloque deOuagadougou (mai 2004) sur le DéveloppementDurable, l’Atelier de Maurice (juillet 2004) surles stratégies nationales de DéveloppementDurable et la mise au point, en cours, d’indica-teur de Développement Durable pour la Franco-phonie, prolongent ces efforts sur le terrain.Avecle plan d’action décennal adopté au Xe Sommetcentré sur le thème «Une Francophonie solidairepour un développement durable», il est permisde penser que notre action ira se renforçant dansce domaine.

Conclusion

Comme on le voit, la Francophonie est déjàactivement présente dans les domaines del’énergie et de l’environnement. Elle y a déve-loppé, à travers son Institut de l’énergie et de

l’Environnement (IEPF), unsavoir-faire qui la met en posi-tion de tenir sa part des engage-ments pris à Ouagadougou avecle NEPAD. Des concertationsavec le NEPAD restent cepen-dant nécessaires pour créer, enfaisant jouer les différentessynergies, une dynamique muti-partenaire à l’échelle des besoinsde renforcement de capacité quisont considérables en Afrique.L’idée d’un réseau des points

focaux du NEPAD qui a émergée au séminairede Ouagadougou en serait un excellent pointde départ.

Bibliographie

NEPAD, Initiative environnement.

NEPAD, Initiative énergie.

ITDG, Smoke : The Killer in the Kitchen(http:/itdg.org/html/smoke_report.htm).

Agora 21: http://www.agora21.org/

FALL,Alioune, Les enjeux énergétiques de l’Afrique et leNEPAD (www.nepadforum.com/pdf.documents/banquemondiale_energie.pdf).

Sibi Bonfils, Électricité et développement : rôle del’évaluation environnementale:Quelles perspectivespour l’Afrique subsaharienne ? IAIA-04,Vancouver, avril 2004.

Contribution de la Francophonie au NEPAD

NEPAD ET FRANCOHONIE : QUELQUES DOMAINES DE COOPÉRATION

Des concertations avec le

NEPAD restent nécessaires

pour créer, en faisant jouer

les différentes synergies,

une dynamique multi-

partenaire à l’échelle des

besoins de renforcement

de capacité, qui sont

considérables en Afrique.

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82 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

Pistes et domaines de collaboration Francophonie-NEPAD

(Résultats du Séminaire de haut niveau organisé sur la contribution de la Francophonie au NEPAD dans les domaines de l’économie et du Développement durable du 13 au 15 mai 2004 à Ouagadougou-Burkina Faso).

Fiches des domaines d’interventionÉnergie, Environnement et Développement durable

Fiche 1: Formation des négociateurs

Objectifs spécifiques

– Mieux faire prendre en compte les prioritésnationales

– Peser sur les décisions collectives

– Proposition d’actions convergentes

Information

1. Fiches techniques centrées sur les points d’ordredu jour des sessions

2. Séminaires et ateliers préparatoires auxnégociations en amont de sessions

3. Concertations intermédiaires pendant lessessions

4. Bulletins de suivi des négociations (BNT)

Renforcement des capacités

Formation

– Formation aux enjeux de négociation

– Formation aux techniques de négociation

– Simulation des négociations

Assistance technique

– Mise à contribution des scientifiques et desuniversités pour la préparation des dossiersspéciaux et pour assistance aux négociateurs ;

– Consultations pré-négociation au niveaunational entre le négociateur et les acteursconcernés

Facilitation

– Appui à l’organisation des séminaires et desateliers préparatoires en amont et pendant lessessions

– Appui à l’organisation des sessions derestitution des négociations

– Appui à la formation des acteurs (admi-nistration, secteur privé, société civile,scientifiques)

Partenaires potentiels

AIF, secrétariats des conventions, FEM, partenairesbilatéraux (GZT, Pays-Bas, etc.)

Pays chargé du suivi

MaliContact AIFIEPF, Tél. : 1 418 692 57 27; Fax: 1 418 692 56 44;Courriel : [email protected]

Fiche 2 : Formation à la formulation et à la gestion des projets

Objectifs

– Faciliter l’accès aux sources de financementextérieures

– Développer les capacités des gestionnaires deprojets

Proposition d’actions convergentes

Information

– Identification et diffusion des connaissances surles mécanismes et les sources de financementexistants

– Identification et diffusion des programmes deformation existants dans le domaine concerné

– Préparation et diffusion des guides et desmonographies sur ces questions

– Création d’un site Internet centré sur cesquestions

Renforcement des capacités

Formation

– Organisation d’ateliers spécialisés

– Formation des formateurs

– Mise à contribution des centres de formationsspécialisées

– Apprentissage par la pratique

– Formation aux logiciels d’aide à la conception, àla formulation et à la gestion des projets

Assistance technique

– Mise à contribution de l’expertise de la Franco-phonie

– Partenariats Sud-Sud et Nord-Sud

Facilitation

– Appui au développement de centres de forma-tions spécialisées

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83Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

Contribution de la Francophonie au NEPAD

NEPAD ET FRANCOHONIE : QUELQUES DOMAINES DE COOPÉRATION

– Aide à l’émergence et au renforcement debureaux d’études spécialisés

Partenaires potentiels

– AIF, PNUD, BIT, ONUDI, banques de dévelop-pement (BM, BAD, BAOD), FEM, etc.

Pays chargés du suivi

Burkina Faso

Contact AIF

– IEPF, Tél. : 1 418 692 57 27; Fax: 1 418 692 56 44;Courriel : [email protected]

Fiche 3 : Développement de l’expertisenationale dans l’utilisation des outils degouvernance de l’environnement (éva-luation environnementale, économie del’environnement, droit de l’environ-nement)

Objectifs

– Mieux intégrer l’environnement dans lespolitiques et stratégies de développement

– Minimiser les impacts négatifs de ces politiqueset stratégies sur l’environnement et le cadre devie

– Mettre en cohérence les cadres juridiques etréglementaires nationaux avec les accordsmultilatéraux

Propositions d’actions convergentes

Information

– Diffusion des textes des différents accords(supports papier, électroniques – Internet,CDROM)

– Sensibilisation des décideurs et des différentsacteurs (universités, secteur privé, ONG, Presse)

– Élaboration et diffusion de monographies, deguides méthodologiques et thématiques

Renforcement des capacités

Formation

– Spécialistes de l’EIE et de l’économie del’environnement

– Juristes de l’environnement

– Journalistes de l’environnement

– Parlementaires et élus locaux

– Formateurs

– Agents des administrations responsables de cesquestions

Assistance technique

– Mise à contribution de l’expertise de la Francophonie

– Partenariat Sud-Sud et Nord-Sud

Facilitation

– Renforcement des capacités des universités pources questions

– Aide à l’émergence et au renforcement debureaux d’études spécialisés

Partenaires potentiels

– AIF, AUF, ACDI, BM, PNUD, PNUE, BAD,coopération bilatérale, UE, etc.

Pays chargé du suivi

– Congo

Contact AIF

– IEPF, Tél. : 1 418 692 57 27; Fax: 1 418 692 56 44;Courriel : [email protected]

Fiche 4 : Gestion intégrée des grandsbassins

Objectifs

– Protéger et sauvegarder les ressources en eau

– Gérer les conflits d’usages

– Prévenir les conflits transfrontaliers

– Optimiser l’utilisation des ressources

Propositions d’actions convergentes

Information

– Sensibilisation de tous les acteurs concernés parles bassins aux enjeux de cette gestion

– Guide méthodologique et thématique de lagestion intégrée des bassins

– Observatoire et banques de données, bulletinssur l’état des grands bassins fluviaux en Afrique

– Formation à la formulation de projets

Renforcement des capacités

Formation

– Gestionnaires de bassin

– Élus sur les grands enjeux

– Spécialistes de l’évaluation de la ressource, dela protection et de l’assainissement, et del’affectation des ressources

Assistance technique

– Appui aux structures nationales et sous-régionales de gestion par la mise à la dispositionde l’expertise idoine

– Partenariat (Tutorat, mentorat) Sud-Sud, Nord-Sud

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84 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

Facilitation

– Accès au financement et aux bailleurs de fonds

– Appui à la formation à la formulation de projets

Partenaires potentiels

– AIF, ACBF, PNUD, FEM, BM, PNUE, coopérationbilatérale

Pays chargé du suivi

– Tchad

Contact AIF

– IEPF, Tél. : 1 418 692 57 27; Fax: 1 418 692 56 44;Courriel : [email protected]

Fiche 5 : Conception et mise en œuvredes politiques énergétiques pour ledéveloppement durable

Objectifs

– Accroître l’accès à une énergie fiable et à coûtabordable

– Promouvoir les énergies propres et l’utilisationrationnelle de l’énergie

– Contribuer à la réforme du secteur de l’énergiedans le sens d’un accès aux services adaptés auxenjeux de développement durable

Propositions d’actions convergentes:

Information

– Système d’information énergétique

– Guides, monographies et ouvrages de référencesur les politiques énergétiques et la réforme dusecteur

– Portail Internet spécialisé

Renforcement des capacités

Formation

– Planification et Politiques de l’énergie

– Maîtrise de l’énergie et énergies renouvelables

– Réglementation économique et financière dusecteur énergétique

– Apprentissage par la pratique

Assistance technique

– Partenariat (tutorat, mentorat) Sud-Sud, Nord-Sud

– Mobilisation de l’expertise francophone

Facilitation

– Développement des centres d’excellence enréglementation et en politiques énergétiques

– Appui au développement des bureaux d’étudeset des entreprises spécialisées

Partenaires potentiels

– AIF, AUF, BAD, PNUD, FEM, BM, PNUE,coopération bilatérale

Pays chargé du suivi

– Sao Tomé et Principe

Contact AIF

– IEPF, Tél. : 1 418 692 57 27; Fax: 1 418 692 56 44;Courriel : [email protected]

Fiche 6: Intégration des préoccupationsenvironnementales et énergétiquesdans les CSRP, CSLP, DSRP

Objectifs

– Obtenir la prise en compte de ces préoccu-pations par les pays et les bailleurs de fonds

– Faciliter l’accès aux sources de financementmultilatéral pour les projets énergétiques etenvironnementaux

Propositions d’actions convergentes

Information

– Recensement de sources possibles de finance-ment

– Information sur les mécanismes de ces sources

– Portail et sites Internet spécialisés

Renforcement des capacités

Formation

– Formulation de projets tenant compte de cespréoccupations

– Formation des acteurs nationaux à l’identi-fication des besoins à partir de ces documents

– Développement des compétences des univer-sités, du secteur privé

Assistance technique

– Partenariat Sud-Sud, Nord-Sud (tutorat, men-torat)

– Mobilisation de l’expertise francophone

Facilitation

– Appui de la part des organismes de dévelop-pement (BM, PNUD, etc.)

– Appui au développement des bureaux d’étudeset entreprises spécialisées

Partenaires potentiels

– AIF, AUF, BAD, PNUD, FEM, BM, PNUE, coopé-ration bilatérale

Pays chargé du suivi

– Djibouti

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85Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

Contribution de la Francophonie au NEPAD

NEPAD ET FRANCOHONIE : QUELQUES DOMAINES DE COOPÉRATION

Contact AIF

– IEPF, Tél. : 1 418 692 57 27; Fax: 1 418 692 56 44;Courriel : [email protected]

Fiche 7: Appui à l’élaboration des straté-gies nationales de développement durable

Objectifs

– Doter les pays des stratégies nationales dedéveloppement durable comme instrument deréalisation des ODM

– Assurer une gestion durable de l’ensemble desressources

Propositions d’actions convergentes

Information

– Sensibilisation des acteurs aux enjeux dudéveloppement durable

– Guide méthodologique et thématique surl’élaboration des stratégies

– Portail et sites Internet spécialisés

Renforcement des capacités

Formation

– Formation des acteurs aux techniques d’élabo-ration des stratégies nationales et des rapportsnationaux

– Développement des compétences des univer-sitaires

– Formation à la démarche participative

Assistance technique

– Partenariat (tutorat, mentorat) Sud-Sud, Nord-Sud

– Mobilisation de l’expertise francophone

Facilitation

– Appui de la part des organismes de développe-ment (BM, PNUD)

– Appui au développement des bureaux d’étudeset des entreprises spécialisées

Partenaires potentiels

– AIF, AUF, BAD, PNUD, FEM, BM, PNUE, coopé-ration bilatérale

Pays chargé du suivi

– Guinée

Contact AIF

– IEPF, Tél. : 1 418 692 57 27; Fax: 1 418 692 56 44;Courriel : [email protected]

Fiche 8 : Appui aux points focauxÉnergie et Environnement du NEPAD

Objectifs

– Disposer, pour les partenaires extérieurs, d’inter-locuteurs NEPAD compétents pour ces questionsprioritaires

– Faciliter la mise en œuvre du NEPAD sur cesquestions

Propositions d’actions convergentes

Information

– Recensement des points focaux NEPAD etdiffusion des contacts

– Développement d’une liste «Serve» entre cespoints focaux

– Diffusion des comptes-rendus sur l’état d’avan-cement des projets NEPAD dans les domaines del’environnement et de l’énergie

– Large diffusion des initiatives environnementaleet énergétique du NEPAD

– Portail et sites Internet spécialisés

Renforcement des capacités

Formation

– Formulation de projets et de programmes– Mobilisation du financement, partenariat

public-privé…– Développement des compétences des

universités

Assistance technique

– Partenariat (tutorat, mentorat), Sud-Sud, Nord-Sud

– Mobilisation de l’expertise francophone

Facilitation

– Appui de la part des organismes de développe-ment (BM, PNUD)

– Organisation d’un atelier des points focaux pourtisser un réseau de pratiques

Partenaires potentiels

– AIF, AUF, BAD, PNUD, FEM, BM, PNUE, coopé-ration bilatérale

Pays chargé du suivi

– Sénégal

Contact AIF

– IEPF, Tél. : 1 418 692 57 27; Fax: 1 418 692 56 44;Courriel : [email protected]

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Jean LARIVIÈRE

Conseiller scientifique de laFondation Nicolas-Hulot pour laNature et l’Homme, vice-président du Comité UICN-France, Jean LARIVIÈRE vit enAfrique de l’Ouest où il seconsacre à la diffusion des Airesdu Patrimoine communautaire,des aires protégées créées etgérées par les communautéslocales et autochtones, pour laconservation de leur patrimoineculturel et naturel.

NDLR: M. Larivière souligne ici demanière très pertinente l’apportmajeur de la culture dans ledéveloppement d’un pays. C’esten toute connaissance de tellescauses que la Francophonie s’in-vestit pleinement dans la promo-tion de la diversité culturelle.

86 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

Désormais, les technologies sont devenues les principaux vecteursdu développement. Cependant, hier comme aujourd’hui, il ne fautpas oublier que seule la culture lui donne un sens.

Dans l’espace francophone, malgré de nombreuses déclarations d’inten-tion et quelques tentatives isolées, la diversité culturelle est encore troprarement considérée comme un facteur de développement1. Pourtant,

dans l’histoire des peuples, ses apports furent souvent considérables. L’exemplele plus remarquable fut probablement celui de la Chine ancienne, même si, àl’époque, ce n’était pas l’objectif.

Au début du IIe siècle avant notre ère, l’empereur Wudi des Han avait commepréoccupation majeure de contenir les hordes barbares qui, en dépit de laGrande Muraille dont son prédécesseur avait commencé l’édification,menaçaient l’empire tout récemment unifié.Afin de lutter à armes égales aveceux, l’armée chinoise devait se doter d’une cavalerie. Or, les chevaux ne setrouvaient que dans les régions les plus lointaines de la capitale, au-delà desfrontières occidentales.

Pour cette mission hautement stratégique, l’empereur dépêcha son plus vaillantcapitaine qui, quelques années plus tard, revint avec des coursiers que leursqualités rendirent aussitôt légendaires. Pour en garantir le renouvellement, desgarnisons furent installées tout le long du parcours. La sécurité relative de cetitinéraire et l’ouverture qu’il procurait incitèrent les marchands à l’emprunter,et cette «Route des chevaux» devint rapidement la fameuse «Route de la soie»qui, de proche en proche, finit par relier le centre de la Chine aux rives de laMéditerranée et, via l’Inde, à celles de l’océan Indien.

S’enrichir par la culture

Mais le plus important ne fut pas seulement l’essor du commerce et del’industrie.Avec les caravanes commencèrent à voyager dans les deux sens desartistes, des philosophes et des religieux. À travers ces échanges, la civilisationchinoise ne cessa de s’enrichir et de s’épanouir durant plus de 1000 ans. Peu denations attachèrent autant d’importance à la culture. À tel point que la Chine

LLaa ddiivveerrssiittéé ccuullttuurreellllee,, eennjjeeuuxx eett ooppppoorrttuunniittééss ppaarrttaaggééeess

@[email protected]. À signaler, toutefois, la toute récente Charte de la Diversité dans l’Entreprise (22/10/04) proposée par

l’Institut Montaigne et qui débute par cette phrase: «Favoriser le pluralisme et rechercher la diversité autravers des recrutements et de la gestion des carrières est un facteur de progrès pour l’entreprise.» Quarantegrandes entreprises françaises y ont adhéré dès sa publication (http://www.institutmontaigne.org/).

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fut probablement le seul pays au monde à sedoter d’un ministère de la Musique. Sa fonctionn’était pas de promouvoir cet art, mais aucontraire d’en assurer le strictcontrôle, car toutes ces mélodiesétrangères, susceptibles desubjuguer l’esprit du peuple,étaient jugées potentiellementplus subversives que lesprosélytismes, politiques oureligieux, les plus militants.

Cette véritable «artère culturelle»se ferma pour toujours, vers la findu XIVe siècle, après la chute del’empire mongol des Yuan. Parréaction nationaliste, leurs successeurs Mingrestaurèrent les anciennes valeurs hans et, s’ilsbénéficièrent encore des acquis durant unelongue période, la Chine se replia sur elle-mêmeet se figea dans ses traditions. Seul le commerce

maritime fut maintenu pendant quelque temps,en particulier celui de la porcelaine qui avaitacquis et conserve encore une réputation

mondiale. Mais les Chinois nefurent jamais de bonsnavigateurs, et une lentedécadence s’amorça, laissant lechamp libre à l’implantation decomptoirs européens et auxsuites que l’on connaît. Il nes’agissait plus alors d’apports nid’échanges, mais d’exploitation.

Chercher coûte que coûte à tirerprofit de l’autre est un trait ducaractère humain détestable qui,

partagé par la plupart des sociétés et des individus,se retrouve à tous les degrés, à tous les niveaux età toutes les époques. Rares sont les exemples danslesquels l’étranger est davantage considéré poursa valeur que pour sa différence. Dans le passé, les

La diversité culturelle, enjeux et opportunités partagées

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

NEPAD ET FRANCOHONIE : QUELQUES DOMAINES DE COOPÉRATION

Source: Jean Larivière, FNH

Chercher coûte que coûte

à tirer profit de l’autre est

un trait du caractère humain

détestable qui, partagé

par la plupart des sociétés

et des individus, se retrouve

à tous les degrés, à tous

les niveaux et à toutes

les époques.

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88 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

Arabes en furent coutumiers. Si leurs guerres deconquête furent souvent jonchées de cadavres, ilsprirent souvent soin d’épargner les savants et lesartisans détenteurs d’un savoir-faire particulier.C’est ainsi, par exemple, qu’ils transmirent àl’Occident les secrets de la fabrication du papieret une abondante littérature classique qui sans euxse serait perdue.

Concilier l’inconciliable

Les motifs de tension et de conflit entre lespeuples sont multiples, y compris dans leur viequotidienne. Sans entrer dans lescas particuliers et de façon trèsschématique, les causes principalesviennent à la fois de la force desidentités culturelles et de l’espritd’entreprise dont chacun témoi-gne. Une forte identité culturelleengendre une étroite cohésionsociale qui, souvent, suscite chezles autres un sentiment d’exclu-sion.Quant à l’esprit d’entreprise,il se transforme parfois en esprit deconquête ou, du moins, se traduitpar un rôle prépondérant dans les échangescommerciaux. Ce qui, dans un cas comme dansl’autre, entraîne jalousies et rancœurs.

Des dissensions de ce genre existent partout,mais, dans les communautés les plus pauvres, ellesconstituent un frein important à leur dévelop-pement.Cependant, concilier l’inconciliable n’estpas toujours impossible. Encore faut-il le tenter.Un programme récemment mis en œuvre par les

agences régionales de développement du Sénégaltendrait à le prouver.

Ce programme, intitulé Conservation et Dévelop-pement durables2, se fonde sur la reconnaissance desdifférentes cultures locales et la mise en défens dessites culturels et naturels que chaque communautésouhaite transmettre aux générations futures.CesAires du Patrimoine communautaire sont ainsidésignées et gérées par elles seules, avec l’appuiéventuel de l’Agence régionale de dévelop-pement lorsqu’elles en éprouvent le besoin.Cettedémarche s’inscrit dans le cadre de la loi dedécentralisation du Sénégal qui prévoit que lesrégions, les communes et les communautés ruralespeuvent créer des aires protégées dans les zoneset les sites naturels présentant un intérêt socio-écologique rural3.

Un exemple étonnant

Sa première application a été dans un massif decollines du département de Kedougou, prochede la frontière de Guinée, où cohabitent desBediks animistes et des Peuls musulmans.À la findu XIXe siècle, les Bediks se seraient réfugiés ausommet des collines afin d’échapper à le jihadlancé sur la région par le chef peul guinéen Alfa

Yaya. Cette «Guerre des Peuls»fut certainement meurtrière, carune vingtaine de villages bediksont été détruits et n’ont jamaisété reconstruits. La fondation deplusieurs d’entre eux sur leshauteurs fut largement anté-rieure, laissant supposer que lesBediks eurent à subir biend’autres invasions. Le souvenirencore vivace du dernier anté-cédent suffit à justifier une

certaine réserve de la part des Bediks vis-à-vis deleurs voisins peuls installés dans les basses terres.

Pourtant, contre toute attente, lorsque le pro-gramme leur fut proposé, les deux communautésmanifestèrent un même intérêt et une totaleadhésion.Au cours de l’enquête préliminaire, les

Source: Jean Larivière, FNH

2. http://www.fondation-nicolas-hulot.org/actions/developpement6.php

3. Article 44 de la loi 96-07 du 22/03/96, décret 96-1134du 27/12/96.

Des dissensions existent

partout, mais, dans

les communautés les plus

pauvres, elles constituent

un frein important à leur

développement. Cependant,

concilier l’inconciliable n’est

pas toujours impossible.

Encore faut-il le tenter.

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89Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique(NEPAD/NOPADA), une priorité pour la Francophonie

autorités civiles et religieuses des 11 villages peulset des 9 villages bediks furent ainsi interrogéessur les sites naturels et culturels qu’ils désiraientsauvegarder, la création de bois villageoisutilitaires ou fruitiers, les productions agricoleset artisanales à promouvoir, les priorités socio-économiques et leurs besoins en formation. Eneffet, pour que les communautés locales par-viennent à gérer seules leur patrimoine naturelet culturel, il est indispensable de leur en procurerles moyens nécessaires.

Dans le choix des Aires du Patrimoine commu-nautaire, les Peuls désignèrent davantage de sitesnaturels que de sites culturels, et les Bediks firentle contraire dans une égale proportion (17 depart et d’autre). En revanche et de façon inatten-due, deux communautés, peule et bedik, propo-sèrent spontanément de sauvegarder l’amont etl’aval d’un même cours d’eau. De même, uneautre communauté peule annonça qu’elle allaitcréer un GIE pour l’exploitation du karité, uneressource qu’elle n’utilisait pasjusqu’à présent en dépit dugrand nombre d’arbres sur sonterritoire, sans pour autant léserles Bediks qui, principauxproducteurs, venaient lesrécolter depuis toujours.

Lorsqu’il s’est agi de déterminerla priorité des priorités pourl’ensemble des communautés,un consensus s’est établiimmédiatement pour l’adduc-tion d’eau d’un village bedik qui ne disposed’aucun puits. En effet, les femmes y sontcontraintes de descendre au bas de la colline, cinqou six fois par jour, afin de s’approvisionner auforage le plus proche.

Les racines culturelles d’abord

Ces ententes librement consenties montrent que,dans un contexte d’extrême nécessité, bien desclivages présumés insurmontables peuvent être

abolis. L’essentiel est que chacun trouve unbénéfice équitable dans l’amélioration de sonniveau de vie. Ainsi, les 20 villages et leurscommunautés, réunis au sein d’une Aire duPatrimoine régional qui leur assure cohésion etcoordination, entendent bien être désormais lesmaîtres de leur avenir. La Fondation Nicolas-

Hulot, l’Association ÉducationSanté,Access/Edf et l’Ademe lesaccompagnent dans leur dé-marche.

Mais le plus significatif est quel’exemple soit donné par descommunautés de base ; que, dansleur quête de développement, lesplus humbles des paysans com-mencent par sauvegarder leursracines culturelles avant derechercher des solutions dans le

peu qu’ils possèdent et produisent.

En Afrique, ils rejoignent ainsi les fondements dela philosophie du NEPAD qui vise à ce que lesAfricains imaginent eux-mêmes d’autres voiesde développement que celles qui leur ont étéimposées ou proposées dans le passé. L’Afriqueest infiniment plus riche que beaucoupd’Africains le pensent. Pour qu’elle s’épanouissepleinement, il leur faudra considérer que toutesles opportunités partagées en sont des enjeuxmajeurs.

La diversité culturelle, enjeux et opportunités partagées

NEPAD ET FRANCOHONIE : QUELQUES DOMAINES DE COOPÉRATION

Source: Jean Larivière, FNH

L’Afrique est infiniment

plus riche que beaucoup

d’Africains le pensent.

Pour qu’elle s’épanouisse

pleinement, il leur faudra

considérer que toutes

les opportunités partagées

en sont des enjeux majeurs.

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90 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE No 65

Hommage à Moussa Kola Cisséqui nous a quittés en octobre dernier

Moussa Kola Cissé était Ingénieur et Docteur en gestion et économieappliquée. Sa carrière professionnelle s’est principalement déroulée àENDA Tiers-monde où il a occupé pendant plusieurs années les fonctions

de Coordonnateur du Programme AGIR. Il venait juste d’être nommé coordonnateurdu Programme Énergie. Mais en citoyen du monde et acteur passionné dudéveloppement, sa carrière a plus que largement débordé ces frontières institutionnelleset disciplinaires.

Avec l’IEPF Moussa a été tour à tour expert, conférencier ou aviseur pour nos actionsdans les domaines des Énergies rurales, des Changements climatiques ou del’Économie de l’environnement. Il a été auteur de plusieurs articles dans notre revueLiaison Énergie-Francophonie (voir ci-dessous).

Le Docteur Cissé a été Professeur associé à l’Université Senghor d’Alexandrie, en Égypte, depuis 1992.À ce titre,il a été le mentor de plusieurs générations de «senghoriens» en ce qui concerne la Gestion des projets et l’analysede l’impact environnemental de l’industrialisation…

Il a été notre conseiller scientifique sur les dossiers traitant de l’Environnement et de l’Énergie. C’est ainsi qu’enmarge de la 1re Journée scientifique sur l’Économie de l’Environnement organisée par l’IEPF à Montréal du 9 au14 juillet 2004, il a été coopté par les participants pour coordonner les réflexions devant aboutir à la création en2005 d’un réseau de communauté de pratique en Économie de l’Environnement.

Il a activement contribué au montage de l’Atelier régional sur l’évaluation et la valorisation économique de la bio-diversité dans les pays d’Afrique Centrale (Kinshasa, 25 au 30 octobre 2004) et de la 1re Édition du module

de formation de base en économie et politique de gestion des ressourcesnaturelles à l’Université Senghor ( 5 au 15 décembre 2004).

Rendez-vous avait été pris avec lui dans cette perspective àKinshasa pour animer l’Atelier de Kinshasa, prolonger lesréflexions sur la création du réseau et pour finaliser le contenude la session d’Alexandrie.

Fait inhabituel, Moussa n’avait pas honoré ce rendez-vous.C’était la première fois.

Triste ironie du sort, il nous a quittés le samedi 30 octobre 2004,jour de clôture de l’Atelier de Kinshasa. Bien trop tôt!

Paix à son âme et puisse son expertise, son sérieux et sondévouement inspirer ses cadets qu’il a côtoyés à Senghor, enAfrique et partout dans le monde.

Qu’il repose en paix.

Quelques contributions de Moussa Kola Cissé au LEF:LEF no 43, 2e trimestre 1999, page 38, Cas du projet «Renforcement des capacités en Afrique sub-

saharienne pour répondre aux dispositions de la CCNUCC» par Moussa Kola CISSÉ et YoubaSOKONA.

LEF no 63, 2e trimestre 2004, page 24, Accès à l’énergie des pays de l’Afrique subsaharienne: Quel bilanet quels enseignements pour la réduction de la pauvreté? par Moussa Kola CISSÉ.

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LE MARCHÉRÉGIONALDE L’ÉLECTRICITÉLes contrats d’achat d’électricité au Salvador, au Guatemala, au Honduras et au Nicaragua

Le bureau de la Commission économique pourl’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL) auMexique a analysé le sous-secteur de l’électri-

cité en Amérique centrale en 2001. Des réformesimportantes du secteur ont été engagées danscette région et les contrats d’achat d’électricité(CAE) ont été l’outil privilégié pour résoudre lapénurie chronique en électricité que connaissait larégion et promouvoir la participation du secteurprivé à la production d’électricité. Les CAE ontdonc joué un rôle important dans la transition versde nouveaux schémas d’organisation de l’industrie.Leur influence sur les marchés nationaux duSalvador, du Guatemala, du Honduras et duNicaragua est considérable.

Les prix des produits livrés (puissance et énergie) nes’expliquent pas toujours par les justifications tech-niques mais peuvent trouver leur origine dans leprocessus qui a mené à la signature du contrat ainsique dans la façon dont les prix de l’énergie et depuissance ont été déterminés et indexés. L’analysemontre que même un petit marché peut obtenir desprix de l’énergie et de la puissance qui reflètentadéquatement les coûts de production réels.

15 X 23 cm, 110 pages, collection Points de repère, no2,

2004, reliure souple.

Disponible sur le site Web de l’IEPF à l’adresse:http://www.iepf.org/ressources/document.asp?id=183

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INSTITUT DE L’ÉNERGIE ET DE L’ENVIRONNEMENT DE LA FRANCOPHONIE (IEPF)56, RUE SAINT-PIERRE, 3e ÉTAGE, QUÉBEC (QUÉBEC) G1K 4A1 CANADA

L’IEPF est un organe subsidiaire de l’Agence intergouvernementale de la Francophonieopérateur principal de l’Organisation internationale de la Francophonie.

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