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Une empreinte dUrable dans le monde L’Université Laval agit Bureau international

Une empreinte dUrable dans le monde - Université Laval · 2011-05-16 · nal (ACDI), le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), l’Agence australienne

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Une empreinte dUrable dans le monde

L’Université Laval agit

Bureau international

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Mot du directeur du

bUreaU international

Au cours des dernières années, l’Université Laval a relevé avec succès le défi de l’internationalisation. En effet, en l’espace d’une dizaine d’années, la proportion de nos finissants bénéfi-ciant de l’expérience d’un séjour d’études à l’étranger est pas-sée de moins de 1 % à plus de 13 %. Le Bureau international de l’Université Laval a été le moteur de cette stratégie voulant faire de Laval une université ouverte sur le monde.

La coopération internationale à l’Université Laval a toujours été stimulée par le dévouement de ses membres au sein de ses facultés. Depuis 2007, le Bureau international a étendu ses sphères d’activité au domaine de la coopération internationale, proposant des services de maillage, d’aide à la recherche de financement et d’appui-conseil. Cette coopération, qu’elle soit de nature scientifique ou du développement, contribue au rayonnement de notre université et permet de partager avec des pays en développement ce que nous avons de meilleur : notre savoir.

table des

matièresMot du directeur du Bureau international.................................................Richard Poulin ..........................................................p.3Un cirque scientifique dans les Caraïbes................................................... Éric Dewailly ..........................................................p.4Plus qu’une soif d’aventure ......................Faculté des sciences infirmières ..........................................................p.6La lutte contre le sida comme combat .................................................... Michel Alary ..........................................................p.8Partir pour mieux revenir....................................... Faculté de médecine ..................................................... p.10Les mille débouchés des diplômes à distance ............................Département d’informatique .......................................... et de génie logiciel ..................................................... p.12Des liens tissés serrés avec Libreville .......................................... Jacques Desautels ..................................................... p.14L’Université Laval................................................ dans le monde ..................................................... p.16Pauvreté zéro .....................................................Réseau PEP ..................................................... p.20Des citoyens du monde qui passent à l’action ................................Managers sans frontières ..................................................... p.22Bâtir un monde durable ............................. Groupe Habitats et cultures ..................................................... p.24Pour le bien-être des paysans .....................................................Alain Olivier ..................................................... p.26Du Brésil à Madagascar en passant par le Congo................................................Damase Khasa ..................................................... p.28Le Bureau international....................................................................... ..................................................... p.30Crédits....................................................................... ...................................................... p.31

L’Université Laval est fière de présenter ses succès en coopé-ration internationale. Celle-ci représente un volet important de notre présence à l’étranger, et nous tenons à faire connaître les efforts de nos chercheurs et employés dont l’impact profite à nos partenaires bénéficiaires de notre expertise. Ainsi, nous nous inscrivons dans une démarche de développement durable dépassant les frontières de notre région, de notre pays.

L’Université Laval tient à remercier ses bailleurs de fonds, en particulier l’Agence canadienne de développement internatio-nal (ACDI), le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), l’Agence australienne pour le développe-ment international (AUSAID), les banques multilatérales de développement et tous les autres partenaires institutionnels pour le soutien de nos interventions dans des institutions partenaires. Nous remercions aussi tous les donateurs privés qui rendent possibles certaines de nos activités, notamment nos projets de formation à la coopération internationale. Nous

formons ainsi une nouvelle généra-tion de coopérants possédant tou-tes les connaissances nécessaires pour œuvrer efficacement dans des pays en émergence.

Cette publication, que je suis heu-reux de vous présenter, rend compte des succès d’une dizaine de pro-jets de coopération internationale dans lesquels l’Université Laval est impliquée. Elle ne dresse pas un portrait exhaustif des interventions du personnel de l’Université Laval dans des pays en développement, mais elle fait un tour d’horizon fidèle qui, je l’espère, saura susci-ter votre curiosité.

Richard Poulin

Maison Eugène-Roberge, Bureau international de l’Université Laval.2 3

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« Le programme concerne les interactions entre la santé publi-que, la salubrité de l’environnement et les maladies d’origine alimentaire et hydrique. C’est un projet en trois dimensions : formation, recherche et transfert des connaissances. Des chercheurs et des étudiants de l’Université Laval, de même que des étudiants de trois universités des Caraïbes sont engagés dans le programme. Par ailleurs, chaque projet de recherche est niché dans des partenariats avec le gouvernement local. On s’assure ainsi que le transfert des connaissances soit intégré dans les politiques publiques. »

De l’eau sous la loupe

Quels sujets de recherche retiennent particulièrement l’atten-tion des scientifiques ? Le phénomène des gastro-entérites liées aux aliments et à l’eau, l’utilisation des pesticides qui affectent la santé humaine, la question de l’eau de pluie non traitée utilisée comme eau potable. Pour mener à bien leurs travaux, les chercheurs disposent d’Atlantis, un laboratoire mobile d’évaluation sanitaire et environnementale financé par la Fondation canadienne pour l’innovation, propriété de l’Université Laval. Sous la tente, on se livre à des expériences en microbiologie, en chimie et en toxicologie dans des condi-tions standardisées, ce qui assure la fiabilité des résultats. Ce chapiteau du Nord est porteur d’espoir pour les insulaires du Sud.

« Les Caraïbes sont un peu nos voisins. Ce sont de petits États qui n’ont pas de ressources en recherche universitaire et en laboratoire, et peu de moyens techniques. C’est logique de vouloir donner un coup de main à ces populations en les formant (si on a la prétention de pouvoir le faire), et c’est aussi une occasion rêvée de pouvoir réfléchir à de nouvelles façons de faire », affirme Éric Dewailly. Pour respecter la capacité financière des États, par exemple, les chercheurs tentent de concevoir des pièces d’équipement simples, de développer des techniques qui, bien qu’elles reposent sur des technologies sophistiquées, sont faciles d’utilisation et requièrent un entre-tien léger.

un cirque scientifique dans les

caraïbes

Au beau milieu de l’île de la Grenade, on a érigé un chapiteau tout blanc au-dessus duquel flotte le drapeau de l’Université Laval. Funambules et jongleurs ont cédé leur place à une troupe de chercheurs qui s’intéressent particulièrement aux maladies liées aux aliments et à l’eau. Lancé il y a quelques mois, le Programme écosanté des Caraïbes, financé par le Centre de recherches pour le développement internatio-nal, va s’étendre sur quatre années. Son responsable, le professeur et médecin Éric Dewailly, parle avec enthousiasme de son cirque scientifique.

Des retombées nord-sud

Former des générations de chercheurs locaux qui vont demeu-rer dans leur pays pour contribuer à son avancement : telle est l’originalité du Programme écosanté des Caraïbes. Le profes-seur Dewailly explique : « On ne cherche pas à exporter des cerveaux, bien au contraire. On ne va pas chercher des échan-tillons dans le Sud pour les analyser dans nos laboratoires du Nord. On fait tout sur place. On ne se comporte pas comme des impérialistes. Les communautés locales s’approprient les résultats.

Dans quatre ans, on aura formé une vingtaine d’étudiants québécois à la maîtrise ou au doctorat qui auront fait du terrain dans les îles. Mais surtout, on aura formé une trentaine d’étudiants des Caraïbes, une vingtaine de techniciens, en plus des fonctionnaires. »

En somme, ce programme a une existence matérielle. Il ne se déroule pas dans les livres. Le laboratoire ambulant donne à

la recherche une allure concrète. Après quelques semaines seulement, il est exploité par des chercheurs locaux. Pour le professeur Dewailly, la coopération nord-sud est essentielle à la bonne marche des travaux. « Que valent notre technologie et nos façons de faire sans le savoir de la communauté locale ? Les gens sur place nous aident à dépister de nouveaux problè-mes en assurant une veille constante. »

Dans quelques mois, le cirque scientifique va plier bagage. Destination : la Dominique, puis la Barbade et le Guyana. Des escales de six à huit mois. Le temps de former des acteurs en santé publique, de générer des hypothèses de recherche. Et toujours le drapeau de l’Université Laval qui flotte au-dessus du laboratoire mobile.

Éric Dewailly• Titre du projet : Programme écosanté des Caraïbes : interactions entre la santé publique et la salubrité de l’environnement et maladies d’origine alimentaire et hydrique.

• Secteurs d’activité : médecine sociale et préventive ainsi que santé publique.

• Territoires d’intervention : Grenade, Sainte-Lucie, Trinité-et-Tobago, Guyana et Suriname.

• Principal partenaire financier : Centre de recherches pour le développement international (CRDI).

• Période d’intervention : 2007-2010.

• Financement : 650 000 $.

• Particularité : utilisation d’un laboratoire mobile pour l’analyse d’éléments environnementaux ayant une incidence sur la santé.

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« Depuis un an, je me préparais à vivre cette expérience. En plus des cours préparatoires, j’avais choisi de me renseigner sur le paludisme, une maladie répandue dans le village où j’al-lais. Je me suis donc bien documentée pour mieux intervenir une fois sur place. Mais on n’est jamais complètement préparé à vivre un tel choc culturel. Heureusement qu’on nous offrait là-bas un bon encadrement », confie Catherine.

Cette année, elles sont 33 étudiantes en sciences infirmières à effectuer un stage à l’étranger. L’Université Laval compte des partenaires, notamment en Chine, en Inde, au Sénégal, au Mali, au Ghana, au Cameroun et au Burkina Faso. Comme il s’agit de stages de formation, les étudiantes sont encadrées par des professionnels de la santé du pays d’accueil. En amont, elles acquièrent des connaissances en lien avec toutes les dimen-sions socioculturelles qui influencent les soins donnés aux patients. En bout de piste, les stages doivent contribuer à former des citoyens sensibilisés aux grands enjeux de société, des citoyens qui développent une réflexion critique.

Une fois sur le terrain

« Le Stage international et interculturel représente une stratégie privilégiée. Il constitue une rencontre prolongée dans un contexte de travail particulier où le rôle des professionnels de la santé est différent. Les participantes apprennent à adapter les soins en tenant compte des croyances des gens, à travailler

Faculté des sciences infirmières

S’adapter, être prête à toute éven-tualité, garder l’esprit ouvert, être à l’écoute de l’autre, accepter la différence... tels sont les appren-tissages marquants de Catherine Breton, étudiante en sciences infirmières, au retour d’un séjour de 10 semaines au Mali. L’étudiante de l’Université Laval a participé au programme de mobilité Stage international et interculturel du Bureau international, qui permet de réaliser un stage dans un pays en émergence.

Plus qu’une soif

d’aventUre

avec la technologie disponible, à faire preuve de créativité pour concevoir des programmes de promotion de la santé et de prévention de la maladie. Ce n’est donc pas seulement de l’ob-servation sur le terrain », témoigne Ginette Lazure, responsable des stages.

En Inde, par exemple, des étudiantes ont mis sur pied le dispensaire d’une école de musique qui reçoit des enfants défavorisés. Elles ont élaboré des protocoles de soins en tenant compte des approches traditionnelles, en intégrant notamment des plantes médicinales.

Quelles sont les principales retombées de ces stages ? Madame Lazure a la ferme conviction que les étudiantes reviennent transformées. « Nos stagiaires sont confrontées à des réalités sociosanitaires très différentes, ce qui leur permet de réfléchir à leur rôle et à leur implication comme infirmières. Au retour, elles deviennent plus engagées vis-à-vis de leur communauté. »

La responsable des stages rappelle la nécessité de former des professionnels compétents culturellement pour répondre, d’une part, aux besoins d’une clientèle de plus en plus multiethnique et, d’autre part, pour travailler de façon harmonieuse avec des collègues de différentes origines culturelles.

Par ailleurs, l’avenir du programme de stages est dans l’offre d’expériences internationales interdisciplinaires. Selon Madame Lazure, il faudrait favoriser davantage ces initiatives qui per-mettent de réunir autour des mêmes objectifs des étudiants en sciences infirmières, en médecine et en médecine dentaire, par exemple.

De son côté, Catherine est revenue du Mali pour mieux repartir. Au Népal, cette fois. Au-delà de satisfaire sa soif d’aventure, elle constate aujourd’hui toute la richesse ac-quise au fil de ses expériences à l’étranger. « Quand on donne des soins, il faut témoigner de l’empathie à l’autre, savoir se mettre à sa place pour tenter de comprendre sa réalité, pour lui apporter des soins adaptés. C’est en voya-geant que l’on apprend à se connaître soi-même et aussi à mieux connaître sa propre culture. On comprend du coup les nôtres. Tant de choses que j’ignorais avant d’effectuer ce stage au Mali ! »

• Stage international et interculturel : programme qui permet à plus d’une trentaine d’étudiants par année de faire des stages de formation dans des pays en développement.

• Pays ciblés : Chine, Sénégal, Inde, Mali, Ghana, Cameroun et Burkina Faso.

• Objectif : contribuer à former des infirmières sensibilisées aux grands enjeux de société par la participation à des stages de formation dans des milieux socio-sanitaires différents de ceux du Québec. Ces stages visent aussi à intégrer une nouvelle dimension socioculturelle qui influence les soins donnés aux patients.

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Dîner avec le médecin du dispensaire. Au menu : riz sauce à l’arachide.6 7

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Au début des années 80, Michel Alary, alors médecin généra-liste, devient responsable du contrôle des maladies infectieuses au Département de santé communautaire de Beauceville. Il constate que les maladies à déclaration obligatoire les plus fréquentes sont celles transmises sexuellement. Il revient donc sur les bancs d’école faire une maîtrise et un doctorat en épidémiologie. Peu après, il se tourne vers l’Afrique de l’Ouest, puisque le sida frappe de plein fouet les pays émergents.

Un combat sur plusieurs fronts

Le principal projet du docteur Alary en Afrique se déroule en trois temps : sida 1, 2 et 3. Au début des années 90, le cher-cheur intervient au Bénin, en République centrafricaine, en Guinée et au Congo. Puis, d’autres pays s’ajoutent à la liste. Le docteur Alary concentre ses activités sur le suivi, l’évaluation, mais aussi sur les stratégies de prise en charge des infections transmises sexuellement. Parmi ses réalisations figure la cons-truction d’une clinique pour les travailleuses du sexe à Cotonou.

En 2006, le financement pour plusieurs activités de lutte au sida devient plus difficile à aller chercher. Le professeur Alary y poursuit tout de même ses activités : évaluer l’impact de sida 3, former des étudiants africains, construire un laboratoire spé-cialisé pour les infections transmises sexuellement, implanter ailleurs qu’en Afrique de l’Ouest les services destinés aux travailleuses du sexe...

Une tonne de documentation qui monte jusqu’au plafond, des piles de papier qui camouflent un bureau. Ce capharnaüm situé au sous-sol de l’hôpital du Saint-Sacrement est l’antre de Michel Alary, professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval. Sur les murs, quel ques affiches de campagne de sensibilisation et des photos d’une Afrique vivante et colorée, qui donnent le goût du voyage. Portrait d’un chercheur bien décidé à venir à bout du sida.

En parallèle, il se joint à des collègues qui réalisent un projet semblable à sida 3 dans l’État de Karnataka en Inde. C’est dans ce contexte qu’il a décroché une subvention de 7,68 millions de dollars américains de la Fondation Bill et Melinda Gates. Cette somme servira à évaluer l’efficacité d’un programme de prévention du sida en Inde.

« Je travaille sur des projets qui peuvent faire une diffé- rence. Ce n’est pas seulement du brassage de papier. Il se passe quelque chose sur le terrain. Les opérations entreprises mènent à des résultats ayant un impact majeur. À l’échelle internationale, le projet d’intervention indien est actuellement considéré comme l’un des plus prometteurs au regard de sa portée. Il couvre en effet les quatre États où il y a le plus de VIH, ce qui représente 300 millions d’habitants, des centaines de milliers de travailleuses du sexe vues presque toutes les semai-nes. Ce taux de couverture extrêmement élevé assure le succès de l’entreprise », explique le professeur Alary.

Pour la suite du monde

S’il avoue mener une vie de fou, le chercheur est quand même résolument motivé à poursuivre son combat contre le sida. Il souhaite que cette maladie ne soit plus le problème de santé numéro un au monde. Particulièrement en Afrique, où le VIH demeure l’une des plus grandes menaces en terme de santé publique. « Le sida a un impact extrêmement important sur le développement. Il entraîne une baisse considérable de produc-tivité, car il frappe la portion active de la population. Il s’attaque aux systèmes de santé et d’éducation. Comment ces pays peuvent-ils assurer la suite ? Sortir de leur condition ? »

Les défis du chercheur Alary sont multiples. Trouver sans cesse des sources de financement pour maintenir à l’œuvre ses équi-pes de recherche, former une relève en santé publique, un domaine où les carrières universitaires sont devenues trop incertaines. Enfin, Michel Alary rêve d’une chaire de recherche qui concernerait son domaine. Il aimerait que les pays les plus touchés par le sida deviennent de plus en plus autonomes, sur le plan intellectuel du moins. « Même s’ils n’ont pas tout l’argent nécessaire, s’ils ont au moins les ressources... Il faut que cesse l’exode des cerveaux des pays émergents vers les pays développés », conclut-il.

Ces souhaits du docteur Alary vont de pair avec le message d’une affiche fixée au mur derrière lui : Ouvrez les yeux, ne tournez pas le dos au sida.

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• Secteurs d’intervention : suivi et évaluation des épidémies de VIH/sida dans des pays en développement.

• Pays d’intervention : Bénin et Inde.

• Principaux partenaires financiers : Fondation Bill & Melinda Gates et Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).

• Objectif : rendre les pays du Sud plus autonomes en recherche sur les questions de VIH/sida.

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éMichel Alary

la lutte contre le sida coMMe

combat

Visite de terrain dans le contexte d’une étude populationnelle de prévalence du VIH et des infections transmise sexuelle dans le district de Bellary, État de Karnataka, Inde.

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Marie-Hélène Dufour étudie en médecine, Amélie Descent en physiothérapie. L’une a effectué un stage de 10 semaines au Mali, l’autre se prépare à vivre l’expérience. En amont du départ dans un pays émergent, les deux se sont engagées dans le FEMSI, le Fonds étudiant de la Faculté de médecine pour la santé internationale.

Pleins feux sur le Femsi

Créé en 2005 par quatre étudiantes en médecine dont Marie-Hélène, le FEMSI constitue une innovation. En effet, il est géré majoritairement par des étudiants de médecine auxquels se sont joints, l’an dernier, des étudiants de physiothérapie et d’ergothérapie. Ses visées : soutenir le financement des stages à l’étranger des étudiants en santé, mais aussi favoriser le développement durable en contribuant à des projets liés à la santé dans les pays partenaires.

Comment fonctionne le Fonds ? Chaque année, on fixe un objectif de financement en fonction du nombre d’étudiants qui souhaitent partir en stage. La campagne suppose la recherche de partenaires, de commanditaires, de même que l’organisa-tion de plusieurs activités de financement. Pour chaque dollar amassé, la Faculté verse un dollar au Fonds, jusqu’à concur-rence de 60 000 $. Chaque stagiaire qui participe au programme

de mobilité Stage international et interculturel bénéficie aussi d’une bourse de 2 000 $ venant du Bureau international. Cette année, l’objectif de financement tourne autour de 170 000 $.

Jusqu’ici, près de 200 étudiants ont bénéficié d’une bourse du FEMSI pour effectuer un Stage international et interculturel. « Tous les étudiants qui participent à la gestion du Fonds ne vont pas nécessairement en stage. Ils croient à la cause, c’est tout ! », précise Amélie, qui coordonne la présente campagne de financement. Soulignons que 5 % des fonds amassés sont investis dans le développement durable.

Une fois les sommes recueillies, les étudiants laissent à la Faculté le soin de distribuer les bourses. On évite ainsi les conflits d’intérêt. Au dire des deux étudiantes, le Fonds est animé de belles valeurs. « C’est une affaire d’entraide, de partage et de solidarité, estime Marie-Hélène. Une solidarité entre les étudiants d’abord, puis entre les programmes et enfin entre les peuples. S’ajoute à cela l’ouverture d’esprit, une qua-lité requise dans la pratique, vu la diversité des clientèles qui consultent. »

Pour Amélie, les étudiants qui collaborent à la gestion du Fonds en retirent une bonne expérience en gestion et en com-munication. Conseillère du volet interculturel de la Faculté de médecine, madame Alison Threatt estime, pour sa part, que le Fonds encourage non seulement plusieurs étudiants à s’inves-tir en santé internationale, mais qu’il attire aussi de nouveaux étudiants à la Faculté.

Au départ, ils sont curieux, avides de nouvelles expériences. Ils ont soif de découvrir cet ailleurs si différent. Au retour, ils sont littéra-lement transformés tant ils ont repoussé leurs limites. Tel est le sort qui attend les étudiants de la Faculté de médecine qui font un stage à l’étranger. Petite histoire de leur métamorphose.

Faculté de médecine

Partir Pour Mieux

revenir

Observer et intervenir

À quoi ressemblent les stages interculturels ? En médecine, on privilégie l’observation. Les étudiants peuvent aussi participer à des campagnes de sensibilisation. En physiothérapie et en ergothérapie, cependant, les stages sont d’abord pratiques. Chose certaine, cette expérience s’inscrit comme un point tour-nant dans le parcours de vie des participants. Marie-Hélène en témoigne.

« Au Mali, j’ai travaillé à l’urgence d’un hôpital situé dans une région éloignée de la capitale. Juste la visite des lieux m’a donné un choc. Des aires ouvertes où l’on cuisine à côté des malades, des normes d’hygiène fort différentes des nôtres. Même la notion d’urgence prend là-bas un autre sens. Si vous vous présentez en hémorragie à l’hôpital, mais sans le sou, vous ne serez pas traité. Ce sont les patients qui paient le matériel et les médicaments. J’ai alors réalisé la chance qu’on avait ici. J’ai surtout essayé de comprendre la réalité malienne. De cette expérience, certaines valeurs me sont restées comme celle de prendre le temps d’écouter les gens. Voilà une bonne façon de faire tomber les préjugés. »

Madame Threatt confirme que les stages forgent non seulement la pensée critique, mais qu’ils contribuent à former des profes-sionnels de la santé plus impliqués dans leur communauté. « En médecine, on a dernièrement lancé un nouveau stage au Québec auprès de populations réfugiées et marginalisées. Près du tiers des étudiants inscrits ont déjà fait un stage à l’interna-tional. C’est dire l’engagement que ceux-ci manifestent après cette expérience. »

Amélie, elle, partira bientôt. Elle se dit prête à remettre en question ses valeurs, sa petite sécurité. Elle manifeste ce désir de vouloir grandir grâce à cette expérience de stage. Métamor-phose en vue.

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• Mandat du FEMSI : soutenir le financement des stages à l’étranger des étudiants en santé, mais aussi favoriser le développement durable en contribuant à des projets liés à la santé dans les pays partenaires.

• Budget annuel du FEMSI : 170 000 $.

• Nombre de boursiers depuis 2005 : environ 200.

• Nature des stages : stages d’observation, de sensibilisation ou de pratique.

• Objectif : former des professionnels de la santé plus impliqués dans leurs communautés.

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L’histoire commence au début des années 2000. Le gouverne-ment canadien fait un don de quelque 12 millions de dollars à l’Afrique francophone pour structurer l’enseignement post-secondaire en français. Le projet est financé par l’Agence canadienne de développement international et géré en parte-nariat avec l’Association des universités et collèges du Canada, et est attribué à l’Université Laval, qui a pour mandat de produire des cours en mode synchrone. L’objectif consiste notamment à offrir un baccalauréat à distance à deux cohortes d’étudiants. Une soixantaine d’étudiants de la première cohorte ont déjà obtenu un baccalauréat en informatique de l’établisse-ment québécois sans avoir quitté leur pays d’origine.

La magie du mode synchrone

À Québec, un professeur se connecte à une plateforme de téléenseignement. Les étudiants des centres africains enten-dent sa voix et voient son écran. Ils assistent en fait à une présentation Power Point en temps réel. Ils peuvent donc poser des questions, comme dans une classe réelle. Le mode synchrone favorise les interactions entre les différents acteurs et la rétroaction du professeur. La correction des travaux et examens se fait à Québec. Au terme du programme, les étu-diants africains obtiennent un diplôme de l’Université Laval. Un diplôme international qui leur ouvre bien des portes.

Pour l’établissement québécois, les retombées sont aussi majeures. « Nous avons d’abord développé le matériel, l’exper-tise et le savoir-faire en matière d’enseignement à distance. C’est ce qui fait que nous pouvons maintenant offrir cet acquis au Québec et à l’étranger. À l’étranger, par exemple, nous visons à signer des partenariats du même genre avec des institutions d’enseignement afin d’exporter nos diplômes. Nous espérons également accueillir ici les diplômés de ces program-mes », explique Guy Mineau.

L’expérience africaine fait d’ailleurs des petits. Une nouvelle cohorte vient de naître en Côte d’Ivoire, et des négociations sont en cours avec le Gabon. Pour des pays qui connaissent une poussée démographique et qui ont des besoins ponctuels de formation, le service de l’Université Laval est idéal, selon Monsieur Mineau. « Il est beaucoup moins cher d’investir dans des bourses d’études que de construire des infrastructures, d’engager du personnel, etc. Les coûts fixes sont alors très élevés. L’accès à la formation postsecondaire avec notre type de formule coûte beaucoup moins cher. »

D’autres pays, dont la France et la Tunisie, s’intéresseraient aussi à la formation à distance en informatique offerte par l’Université Laval. Au Québec, on souhaite également faire connaître l’existence de ce programme. On travaille même à mettre sur pied une maîtrise avec des cours à distance.

« La webdiffusion, c’est un peu comme avoir le don d’ubiquité ! enchaîne Guy Mineau.

Maintenant qu’on a l’expertise, on recherche d’autres parte-naires pour explorer d’autres formules. Les avenues sont multiples. Il faut user de souplesse et multiplier les passerelles pour favoriser l’accès au savoir et au diplôme. »

En 2009, au terme du projet afri-cain, plus de 220 étudiants auront obtenu le baccalauréat en infor-matique de l’Université Laval ou le certificat en informatique. Des étudiants venant de 9 centres répartis dans 8 pays d’Afrique. « J’ai l’impression qu’on a fait une différence importante dans la vie de ces jeunes en leur per-mettant de venir chercher une spécialisation qui va leur donner une plus-value sur le marché de l’emploi et qui vient de changer leurs perspectives d’avenir », con-clut Monsieur Mineau, plutôt fier de cet aboutissement.

Dans une salle d’une université du Burundi, des étudiants attendent patiemment le début du cours. Mais voilà ! Le professeur se trouve à des milliers de kilomètres d’eux, soit à l’Université Laval, où l’on a conçu un baccalauréat à distance en informatique, le premier du genre au Québec. Le projet élaboré au Département d’informatique et de génie logiciel visait d’abord l’Afrique francophone. Il offre aujourd’hui de nombreuses possibilités, comme en témoigne Guy Mineau, directeur du département au moment de la mise en œuvre de ce projet d’université virtuelle africaine.

Département d’informatique

et de génie logiciel

les Mille débouchés des diPlôMes

à distance

• Projet : programme informatique de l’Université Laval en Afrique francophone (PILAF).

• Pays d’intervention : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Mali, Mauritanie, Niger et Sénégal.

• Partenaires financiers : Agence canadienne de développement international (ACDI) et Association des universités et collèges du Canada (AUCC).

• Objectif : le programme d’informatique de l’Université Laval en Afrique francophone vise à contribuer au développement économique de l’Afrique de l’Ouest francophone en renforçant ses capacités en matière de technologies de l’information et des communications.

• Résultats : en 2009, plus de 220 étudiants africains auront obtenu le baccalauréat ou le certificat en informatique de l’Université Laval.

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Remise des diplômes en juin 2008.12 13

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Au cours de la première phase de ce projet, des étudiants gabonais inscrits à l’Université Laval suivent des cours dans leur pays. Des cours donnés par des enseignants québécois. Pendant une année, les activités sont toutefois suspendues à la suite du départ du directeur de l’École. C’est une année « blanche », comme on dit au Gabon. Le professeur Jacques Desautels prend finalement le relais et donne au projet un second souffle.

Au total, 35 étudiants gabonais inscrits à la maîtrise obtiennent finalement leur diplôme après un séjour de 3 mois à Québec. Il s’agit d’une forme classique de coopération, puisque le Nord exporte son expertise au Sud. La suite de l’histoire est promet-teuse. Onze des diplômés de Libreville obtiennent des bourses de l’Agence canadienne de développement international et pour-suivent actuellement des études de doctorat à l’Université Laval.

Changement de cap

Pareil succès est porteur d’avenir. Une deuxième phase de coopération est ainsi amorcée avec une tout autre orientation. Cette fois, on vise davantage le développement institutionnel. On veut que l’École normale supérieure de Libreville devienne le premier centre d’excellence dans le domaine de la formation des professionnels en éducation en Afrique centrale.

La demande est venue du Gabon. En 1999, l’École normale supérieure de Libreville souhaitait offrir une maîtrise en didactique, mais ne disposait pas du personnel ensei-gnant requis. Elle frappe alors à la porte de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval. L’aventure de la coopération avec Libreville commence ici.

Pour l’heure, l’établissement gabonais forme au premier cycle universitaire des enseignants du secondaire, des inspecteurs et des conseillers pédagogiques. La finalité de cette seconde phase consiste donc à créer un mastère en sciences de l’édu-cation à Libreville. Le défi est de taille, comme le souligne le professeur Desautels : « Ce projet est beaucoup plus difficile à mener à terme, car il faut le faire dans le respect de la tradition gabonaise. Il ne s’agit pas d’exporter une maîtrise toute faite qui viendrait d’ici. C’est la raison pour laquelle les cours du nouveau programme sont préparés et donnés conjointement par des professeurs des deux établissements. Au terme de ce processus, l’École normale supérieure de Libreville se sera ainsi approprié le programme et les instruments d’ensei-gnement. »

En plus de l’élaboration du mastère, d’autres opérations sont à prévoir : la formation continue des enseignants, la formation de la relève, la mise sur pied de programmes de recherche, sans oublier l’informatisation des affaires administratives et scolaires de l’établissement gabonais.

Dire qu’il y a du pain sur la planche dans cette deuxième phase de coopération tient de l’euphémisme. Selon Jacques Desautels, tout ne sera peut-être pas achevé en 2010, année butoir de cette deuxième phase. Mais qu’importe la vitesse de croisière, les retombées sont déjà mesurables. « Nous avons fait la démonstration qu’il est possible de mener à terme des projets en Afrique. Autre point fort : la coparticipation. Nous n’exportons pas notre expertise. Nous sommes conjointement en train de créer une nouvelle expertise. Il y a vraiment une volonté nette de trouver des nouvelles voies de coopération de manière à assurer la pérennité des résultats des actions entreprises. »

Notons enfin que la coopération ne se fait pas à sens unique. On apprend des uns et des autres, ce qui constitue un enrichissement sur le plan profes-sionnel et culturel. La présence d’étu-diants étrangers sur le campus offre à l’Université une visibilité indéniable sur le plan international. Jacques Desautels rappelle d’ailleurs que dans le program-me actuel de didactique, près de 40 % des étudiants sont d’origine gabonaise. Il demeure convaincu que leur présence contribue au maintien de la qualité des études supérieures à la Faculté des sciences de l’éducation. Pour la suite ? Le professeur estime que le Gabon constitue une porte d’entrée idéale pour toute l’Afrique centrale. Un motif qui justifie à lui seul la nécessité d’entretenir cette toile de relations tissée serré avec ce pays.

Jacques Desautels

• Partenaire principal : École normale supérieure (ENS), Libreville, Gabon.

• Années d’activité : 1999-2010.

• Résultat : développement conjoint d’un programme de maîtrise à l’ENS.

• Particularité : 40 % des étudiants en didactique à l’Université Laval sont d’origine gabonaise.

des liens tissés serrés avec

libreville

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Grenade

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Costa Rica

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Colombie

2 1

Guadeloupe

1

Uruguay

2

Cuba

3 Haïti

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Venezuela

1

Gabon

1 2

République démocratique

du Congo

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3 1

LégendeÉchanges académiques (nombre d’étudiants)

Stages internationaux (nombre d’étudiants)

Ententes institutionnelles

Coopération internationale financée (nombre de projets)

l’université laval

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Bénin

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3

Guinée

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République dominicaine

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Honduras

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Panama

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États-Unis

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39 42

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Mexique

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38 3

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Pérou

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Brésil

2

10 3

11

Chili

7

7 1

6

Singapour

3 2

Île de la Réunion

3

Kenya

1

Indonésie

1

Kazakhstan

1

Liban

5

Taiwan

1

Fidji

1

Inde

12 5

2

Cameroun

25

1

Mali

621

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Japon

8 7

4

Vietnam

3 3

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Afrique du Sud

2

Syrie

1

Israël

1

Chine

6

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49

Australie

5

2 2

5

Guatemala

2 1

Équateur

5 1

Argentine

8

12 1

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Bolivie

1 1

Paraguay

4 4

Ghana

9 3

Burkina Faso

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Tunisie

2 5

Égypte

1 1

Laos

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Pour connaître les données sur l’Europe, voir à la page suivante.

Maroc

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Russie

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Barbade

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Sénégal

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Royaume-Uni

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Islande

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Bulgarie

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Moldavie

4

République tchèque

1

Bosnie- Herzégovine

1

Pologne

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l’université laval

dans le monde

Suède

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1Norvège

6

6

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Danemark

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Pays-Bas

9 5

2

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Belgique

47

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Espagne

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Italie

4 4

2

Hongrie

6 1

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Estonie

1

Roumanie

1 5

Albanie

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France

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204 23

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Suisse

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11 2

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Allemagne

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25 6

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Autriche

3

1 1

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Finlande

2

5 1

3

Portugal

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2

LégendeÉchanges académiques (nombre d’étudiants)

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Ententes institutionnelles

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Des sous et desservices

Dans les années 1990, un projet de recherche est mené aux Philippines, où l’on assiste à de profonds changements : compressions budgétaires, hausse de taxes, ajustement du taux de change, libéralisation des marchés. On cherche à savoir comment ces changements affectent les communautés. Les pauvres bénéficient-ils vraiment de ces ajustements struc-turels ? Sont-ils, au contraire, pénalisés ? L’ambitieux projet est ensuite repris en Inde, au Pakistan, au Vietnam, au Bangladesh, au Sri Lanka et aussi en Afrique de l’Ouest.

Jusque-là, l’équipe du Département d’économique de l’Université Laval fournissait un appui scientifique à ces chercheurs. Mais on souhaitait faire plus. C’est ainsi qu’est né en 2002 le réseau PEP, lancé conjointement par le Angelo King Institute des Philippines et l’Université Laval.

À ce jour, le réseau PEP compte plus de 5000 membres dans le monde. Comment fonctionne le réseau ? Au départ, les cher-cheurs de pays émergents déposent des projets de recherche. Ceux-ci sont analysés par un comité de sélection. Le processus est rigoureux. Jusqu’ici, 1300 propositions ont été soumises, et le PEP a fourni un appui à 102 projets impliquant près de 300 chercheurs. Le rôle du réseau ne se limite pas à un appui finan-cier. Il suppose aussi un appui scientifique. Par exemple, on fournit aux chercheurs un contexte propice à mener leur étude,

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Réseau PEP

comme s’ils se trouvaient dans un pays développé. Cette aide prend de multiples formes : accès à des journaux électroniques et à des logiciels de pointe, séjour de trois ou quatre semaines dans une institution étrangère de leur choix, possibilité de par-ticiper à des conférences internationales pour échanger avec d’autres chercheurs et avec des décideurs, etc.

Le suivi est aussi important, comme le souligne le professeur Cockburn : « Dès le début, on pousse les chercheurs locaux à consulter les décideurs. En cours de route, on les incite aussi à demeurer en contact. Puis, à la fin, on leur donne le finance-ment nécessaire pour organiser une conférence nationale au cours de laquelle ils partageront leurs résultats. On favorise beaucoup le dialogue avec les décideurs. » Pour les instigateurs du réseau, la diffusion des résultats demeure très importante pour faire évoluer les politiques en faveur des plus démunis.

Pauvreté

zéro

À quoi s’intéressent les chercheurs des pays émergents ? Parmi les projets parrainés par le PEP, plusieurs concernent la pauvreté multidimensionnelle, la croissance et la pauvreté, la discrimination hommes-femmes, la libéralisation commerciale, les effets distributifs des dépenses publiques. Prenons le cas de la pauvreté multidimensionnelle. En clair, on peut être pauvre au-delà de la question du revenu. Par exemple, certains groupes n’ont pas accès aux services de santé ou à l’éduca-tion. Des chercheurs mènent des études dans ce sens. Or, comment évaluer ce type de pauvreté ? Selon quelle échelle, quels indicateurs ? Le professeur Cockburn convient qu’il s’agit d’un défi de taille.

Direction sud

Depuis sa création, le réseau PEP ne cesse de croître. John Cockburn est d’avis qu’il faut aller plus loin, diversifier les ressources et, surtout, donner plus de pouvoir au Sud. « Nous avons ici, à l’Université Laval, un groupe de professeurs et des étudiants diplômés qui tiennent au développement des capacités dans les pays émergents, qui croient au travail en partenariat avec les chercheurs du Sud. Notre souhait serait qu’il y ait plus de chercheurs locaux dans les débats sur les politiques qui les concernent, aussi bien dans leurs pays qu’à l’échelle mondiale. Mais c’est toujours une question de finan-cement et d’appui scientifique. »

John Cockburn est résolument convaincu de l’importance de mobiliser les chercheurs locaux pour lutter contre la pauvreté. Il croit qu’en menant les recherches directement dans les pays en développement, on arrive à instaurer des politiques plus réalistes. « Malnutrition, retard dans le développement des enfants, mortalité infantile, les besoins sont criants. Si les ressources du Nord peuvent être partagées, les chercheurs locaux peuvent certainement contribuer à améliorer le sort de leur communauté, à réduire la pauvreté dans leur pays. C’est l’espoir que je nourris », conclut-il.

Ils sont chercheurs dans des pays émergents situés aux quatre coins du monde. Leur intérêt premier ? Combattre la pauvreté dans leur communauté. Pour ce faire, ces acteurs ont fait appel au PEP, un ré-seau de recherche sur les politiques économiques et la pauvreté. John Cockburn, professeur au Départe-ment d’économique de l’Université Laval, parle avec enthousiasme de cet outil qu’il a contribué à mettre au monde.

• Titre du projet : PEP Net – Réseau de recherche sur les politiques économiques et la pauvreté.

• Pays d’intervention : réseau de 5000 chercheurs répartis dans plus de 30 pays.

• Principaux partenaires financiers : Agence canadienne de développement international (ACDI), Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et Agence australienne pour le développement (AUSaid).

• Budget : 2002-2011 : 13 millions $.

• Objectifs : favoriser la recherche sur les questions liées aux politiques économiques et à la pauvreté, particulièrement dans les pays du Sud, et favoriser l’utilisation des résultats sur les politiques ayant un effet sur la pauvreté.

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Ce témoignage est celui de Julie Herman-Lemelin, stagiaire du programme Managers sans frontières offert à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval. Cette étu-diante se trouvait alors au Centre municipal de santé bucco-dentaire de Ouagadougou pour aider à la gestion du personnel et à l’amélioration des valeurs organisationnelles.

Mise sur pied en 2005, Managers sans frontières a pour mission de former des gestionnaires en développement inter-national et action humanitaire. Pour Robert W. Mantha, doyen de la Faculté, le programme attire aussi des jeunes prêts à vivre une expérience à l’étranger, mais qui ne pensaient pas s’inté-resser à l’administration.

Comment fonctionne Managers sans frontières ? Les deman-des viennent d’organisations partenaires, comme Uniterra, Action contre la faim et Oxfam Québec, qui font l’appareillage entre le besoin à combler et le profil de l’étudiant. Elles viennent aussi des étudiants qui, à travers leurs démarches, ont ciblé l’organisation pour laquelle ils voudraient travailler.

Managers sans frontières offre donc un service de soutien complet dans la recherche de stages, en agissant comme agent de liaison entre son réseau d’organisations non gouvernementa-les (ONG) et la communauté étudiante. Un service de supervision, d’encadrement et de coordination avec les organismes parte-naires est également offert une fois le stagiaire sur le terrain. Certains étudiants poursuivent leur carrière au sein de la même ONG. Jusqu’ici, une soixantaine de stages des plus variés ont été organisés dans une douzaine de pays répartis sur trois continents.

des citoyens du Monde qui Passent à

l’action

Gérer sur le terrain

Proposer des correctifs pour de futures actions en contexte de crise au Niger, aider à la commercialisation de produits du terroir en Bolivie ou développer les marchés d’exportation à New Delhi en Inde... Les défis offerts par Managers sans fron-tières prennent la forme de stages en action, bien encadrés, d’une durée moyenne de cinq mois. Les stagiaires profitent d’une formation solide donnée par des professeurs qui ont une riche expérience du terrain.

Le programme est par ailleurs novateur. L’Université Laval est le seul établissement à offrir une gamme de formations aussi consistante. Les stages visent en effet les trois cycles universi-taires, ce qui permet de répondre aux besoins plus ou moins complexes des ONG. En faisant appel aux compétences des futurs administrateurs, ces dernières peuvent faire plus avec l’aide qu’elles reçoivent. « C’est beau d’avoir le cœur sur la main, souligne Robert W. Mantha, mais il faut aussi bien maîtri-ser les outils de gestion. »

Dire que les stages constituent des expériences enrichissantes pour les participants s’avère réducteur pour certains d’entre eux, dont Valérie Tremblay, venue à Port-au-Prince pour fournir un appui technique aux instances responsables de la gestion des risques et des désastres.

« Après le passage de l’ouragan sur Haïti, j’ai passé deux jours à tenter d’évacuer quatre pêcheurs naufragés et blessés. Des gens les avaient transportés dans leur village, à environ deux heures de marche dans de très mauvaises conditions : glissements de terrain, routes inondées. Impossible d’entrer en contact avec eux pour connaître l’état des blessés ni même leur emplacement exact, le village en question n’apparaissant sur aucune carte. Dans ce contexte, j’ai mobilisé médecin et hélicoptère pour qu’on sauve ces personnes. Finalement, les villageois ont allumé un feu sur la plage pour qu’on puisse les localiser. »

Si les missions ne ressemblent pas toujours aux aventures d’Indiana Jones, les expériences vécues par les stagiaires sont dignes d’intérêt pour le grand public. La preuve : depuis deux

ans, le réseau TVA diffuse des capsules intitulées Sur les traces de Managers sans frontières. On suit les étudiants au cœur de l’action. Les reportages présentés par les stagiaires aident à mieux comprendre le développement international. Ils témoignent surtout des émotions ressenties et de tout le savoir acquis au cours de ces périples aux quatre coins du monde.

« Au début, j’ai été émerveillée par la beauté des gens et du décor. Ensuite, je suis devenue frustrée de constater tous les écarts entre richesse et pauvreté. J’ai cru per-dre l’essence des motivations qui m’avaient amenée jusqu’ici. Je me suis sentie démunie devant l’ampleur du travail à accomplir pour que le Burkina Faso surpasse son potentiel de développement, tant économique qu’humain. Enfin, je me suis rendu compte que ces gens, bien que dépourvus de biens matériels, avaient tellement de choses à offrir. »

Managers sans frontières

• Managers sans frontières : organisme sans but lucratif visant à permettre à de jeunes gestionnaires d’appliquer les connaissances acquises durant leur formation dans des milieux de travail dans des pays en développement.

• Partenaires : diverses organisations d’aide au développement, tant canadiennes qu’internationales.

• Particularité : depuis deux ans, l’organisation travaille de concert avec TVA-Québec afin de mieux faire connaître les réalités des pays en voie de développement par l’entremise des capsules Sur les traces de Managers sans frontières.

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Mélissa Laporte, en stage au Niger avec l’organisme OXFAM-Québec.

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sans moyens financiers. Voilà qui requiert de leur part une plus grande créativité. En quoi consistent exactement leurs inter-ventions ? Les architectes en formation réalisent le travail en amont de la construction : consulter les communautés sur leurs attentes par rapport au bâti. En bout de piste, ils produisent des plans, des esquisses, une visualisation des quartiers.

Chaque projet donne lieu à des échanges enrichissants. À Uashat, une réserve amérindienne de la Côte-Nord, le profes-seur Casault a récemment coordonné, avec ses collègues, un atelier d’architecture et de design urbain. Le projet : agrandir la réserve située à la limite de la ville de Sept-Îles. Fait particulier, cet atelier a impliqué non seulement la communauté innue, les citoyens de Sept-Îles et l’équipe de l’Université Laval, mais aussi un professeur chinois accompagné d’étudiants et des représentants du Sénégal.

En plus d’être intrigués par le mode participatif, les Chinois étaient étonnés par la basse densité du projet. Ici, on visait 400 maisons individuelles pour 2000 personnes. Chez eux, la même superficie aurait abrité environ 30 000 personnes. De leur côté, les Innus tenaient à un environnement bâti qui cor-responde à leur mode de vie. La communauté de Sept-Îles, elle, voulait que le projet respecte la zone tampon entre la réserve et la ville.

« Nous ne faisons pas de miracle en architecture. L’important, c’est de maintenir le dialogue, d’avoir cette volonté de trouver ensemble des solutions, pas seulement sur le plan social, économique, mais aussi sur le plan environnemental. En fin de compte, nous avons proposé un plan où les Innus se reconnais-sent, un plan qui respecte aussi les ententes conclues avec les gens de Sept-Îles », résume André Casault. Pour le responsable de ces ateliers interculturels, le défi est là : se rapprocher de l’autre sans imposer ses valeurs. Comme la relation à l’espace varie énormément d’une culture à l’autre, il faut adopter une position relative par rapport à ce qui peut être beau et laid en architecture.

À ce jour, près de 200 étudiants ont participé à l’un des ateliers interculturels offerts à l’École d’architecture. En plus d’avoir été des acteurs importants de leur formation, ils ont contribué au mieux-être d’une communauté. Ils ont appris à respecter les différences culturelles dans leurs interventions. Ils ont compris que le premier principe d’un développement durable, c’est la prise en charge par les communautés de leur environnement.

Pour le professeur Casault, ces acquis sont plus que précieux dans un parcours professionnel. « C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que la population urbaine dépasse en nombre la population rurale. Les urbains construisent des édifices, des routes, des infrastructures. Or, il faut apprendre à le faire d’une façon durable. Tel est le point d’ancrage de nos ateliers interculturels : privilégier une architecture verte qui prend en compte l’humain. »

Vietnam, Chine ou Sénégal... De tous les lieux où sont réalisés les projets en aménagement urbain, il ressort toujours cet intérêt pour la différence, ce goût de connaître l’autre. C’est d’ailleurs l’un des points communs des ateliers interculturels : porter un regard sur la diversité culturelle. Aborder l’architecture sous l’angle humain plutôt que technique. Autre dénominateur commun : l’approche participative. Le professeur Casault explique : « Nos étudiants apprennent à designer des projets avec les communautés. Nous essayons de trouver des métho-des, des façons de faire pour impliquer les gens. Nous cher-chons à savoir ce qu’ils aiment de leur environnement bâti, ce qu’ils aiment moins, ce qui est moins adapté culturellement. »

Soulignons que les ateliers interculturels sont offerts aux étudiants de troisième année du baccalauréat. À la maîtrise, les ateliers « Habitats et cultures » sont animés par un groupe de professeurs, dont André Casault, Pierre Côté, Tania Martin, Denise Piché et Geneviève Vachon, tous professeurs à l’École d’architecture, et Louise Lachapelle, professeure associée à l’Université Laval et professeure au collège Maisonneuve.

Vue sur les milieux de vie

Les sujets des ateliers interculturels tournent autour de l’habitat, de l’aménagement des quartiers. Dans chacune des situations, les étudiants travaillent dans des contextes de situations pré-caires, des bidonvilles, par exemple, où vivent des communautés

bâtir un Monde

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« Hubert Reeves a dit que nous étions de la poussière d’étoiles. Nos maisons en sont aussi. Pour moi, une maison, c’est l’extension de moi-même. Quelque chose qui doit vivre à mon rythme », annonce André Casault, professeur à l’École d’architecture de l’Université Laval. Voilà qui illustre bien l’approche privilégiée dans les ateliers inter-culturels qu’il coordonne aux quatre coins du monde. L’humain vole ici la vedette.

Groupe Habitatset cultures

• Secteurs d’intervention : aménagement urbain, architecture et gouvernance locale participative.

• Pays d’intervention : Sénégal, Vietnam, Chine et Canada.

• Principaux partenaires financiers : Agence canadienne de développement international (ACDI) et Centre de recherches pour le développement international (CRDI).

• Particularité : intervention auprès de communautés vulnérables, telles Malika, située en bordure de la décharge municipale de Dakar, afin qu’elles puissent mieux planifier leur développement ainsi qu’améliorer les conditions de vie de leurs habitants.

Zhang Changjuan, une étudiante du Center of Urban and landscape Design (CULD), Harbin institute of Technology, Shenzhen graduate School, présente une proposition d’aménagement pour le projet d’agrandissement de Uashat.

Professeurs et étudiants rencontrent le délégué du quartier de Diamalye à Malika.

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Alain Olivier

Alain Olivier souhaite par ailleurs que les partenaires africains s’approprient le projet. Dans six ans, il est prévu que le Mali dispose d’un institut mieux outillé pour offrir une formation de

qualité en agroforesterie. On s’attend aussi à ce que les communautés rurales profitent de ce savoir et en retirent des bénéfices alimentaires, économiques et sociaux.

Pour le professeur québécois, le projet malien a une portée planétaire. « Nos destins sont liés. Les problèmes environnementaux éprouvés au Sud ont un impact sur le Nord. Nous oublions souvent que les paysans sont à la source de notre richesse. Sans une bonne alimentation, nous ne sommes rien. Malheureusement, ceux qui comblent nos besoins essentiels sont souvent ceux qui souffrent le plus. Ce n’est pas une question de charité, mais plutôt de justice. Nous avons un devoir de solidarité envers eux. » Sans aucun doute, la motivation du cher-cheur est d’abord humaine.

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Depuis 10 ans, le professeur Olivier mène des recherches au Mali, au Burkina Faso et au Sénégal dans le domaine de l’agro-foresterie. Il s’intéresse plus particulièrement aux systèmes de production paysans qui allient arbres et cultures dans les champs. Le projet d’aujourd’hui est issu des relations établies au cours des années avec des chercheurs et enseignants de l’Institut polytechnique rural de formation et de recherche appliquée du Mali. En quoi consiste-t-il exactement ?

On veut former des enseignants, des chercheurs, des ingé-nieurs, des techniciens, des agents de vulgarisation et des paysans pour lutter contre la dégradation de l’environnement. On souhaite aussi assurer au Mali un potentiel productif : nourriture, bois pour la cuisson des aliments, fourrage pour le bétail. Le fait de former une foule d’acteurs différents peut avoir un grand impact, selon Alain Olivier. Par ailleurs, on révisera certains modules de formation, en plus de créer de nouveaux cours. Des enseignants maliens viendront aussi faire une maî-trise en agroforesterie à l’Université Laval. Enfin, on réalisera des interventions pilotes auprès de populations rurales.

Des arbres pour la vie

Pays au climat relativement aride, le Mali connaît de sérieux problèmes sur le plan agricole. La dégradation des sols et de leur fertilité oblige à revoir les pratiques paysannes. Aussi le présent projet concerne-t-il les champs et les arbres. Ces

derniers jouent un rôle important sur le plan environnemental, tout en fournissant un certain nombre de produits. Pensons par exemple au beurre de karité, utilisé un peu partout sur la planète, ou aux feuilles de baobab, employées localement dans la préparation des repas.

Le professeur Olivier croit aux vertus de la mixité des cultures. « Il est reconnu que d’inclure les arbres dans les systèmes de production est bénéfique. Outre le fait que l’arbre fournit feuilles comestibles et fruits, ses racines sont généralement plus profondes. Elles puisent donc des éléments nutritifs dans les couches du sol habituellement non utilisées par les cultures. Par ailleurs, au moment où elles tombent, les feuilles enrichis-sent la couche arable du sol, améliorant son taux de matière organique et sa fertilité. Voilà qui peut aider à faire de la pro-duction durable. L’arbre séquestre aussi du carbone. Il produit bien sûr du bois. Rappelons que pour des centaines de millions de gens sur la planète, le bois constitue la principale source d’énergie. »

Un projet pluridisciplinaire

S’il concerne en premier lieu agronomes et ingénieurs fores-tiers, le projet du Mali implique aussi des anthropologues, des sociologues, des spécialistes de l’économie rurale et de la communication en milieu agricole. Le professeur Olivier rappelle qu’une intervention dans un milieu paysan suppose des questions économiques, sociales, culturelles et politiques qui auront une influence sur l’adoption de certaines techniques. À cet égard, il souligne que l’Université Laval peut fournir des spécialistes de tous ces domaines et que c’est d’ailleurs l’esprit du projet. En tissant des liens à long terme avec le Mali, l’établissement québécois permet notamment à ses étudiants d’effectuer des stages sur le terrain.

« Les questions humaines sont souvent les éléments déclencheurs des projets de recherche », annonce d’entrée de jeu Alain Olivier, profes-seur au Département de phytologie de l’Université Laval et responsable du projet Des arbres et des champs contre la pauvreté au Mali. Épris de ce pays africain, le chercheur ne cache pas son enthousiasme vis-à-vis de cet ambitieux projet centré sur l’enseignement et la formation.

Pour le bien-être des

paysans• Projet : Des arbres et des champs contre la pauvreté au Mali.

• Durée du projet : 2007-2013.

• Financement : 1 million $.

• Partenaires financiers : Agence canadienne de développement international (ACDI) par l’entremise de l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC).

• Objectifs principaux : appuyer un institut universitaire dans le domaine de l’agroforesterie et intensifier l’intégration des arbres à la pratique de l’agriculture pour diminuer la pauvreté chez les paysans du Mali.

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Bien qu’ils se déroulent aux quatre coins du monde, les projets que mène Damase Khasa ont des points en commun. Ils concourent à une gestion et à une utilisation durable des ressources naturelles. Ils impliquent aussi un partage de connaissances entre des chercheurs d’ici et d’ailleurs.

Professeur en agroforesterie et foresterie internationale à l’Université Laval, Damase Khasa témoigne d’un vif enthou-siasme quand il parle de ses projets de recherche, particulière-ment celui qui concerne l’Afrique centrale. Une réaction tout à fait justifiée pour celui qui a été formé au Congo par des professeurs d’ici et qui reprend aujourd’hui le flambeau. Cap sur la République démocratique du Congo.

Ce pays abrite le deuxième plus grand massif forestier au monde après l’Amazonie. Or, cette précieuse ressource est actuellement en péril. On manque de personnel pour gérer cet imposant massif depuis le long conflit qui a touché la République démocratique du Congo. En effet, il ne reste que 40 ingénieurs forestiers pour veiller à sa sauvegarde, lesquels prendront leur retraite au cours des 5 prochaines années. Telle est l’essence du projet du professeur Khasa : relancer la formation de nou-veaux ingénieurs forestiers (une trentaine d’ici la fin du projet) qui sauront relever le défi de la gestion durable des ressources naturelles dans le bassin du Congo, appuyer la formation des enseignants en foresterie avec l’aide de partenaires canadiens.

Pour ce faire, l’Université Laval agit comme maître d’œuvre. L’intervention vise trois pays où l’on veut créer des pôles d’ex-cellence : la République démocratique du Congo, le Cameroun et le Gabon. Les ressources visées ? Celles qui sont renouvela-bles comme la forêt, l’eau, la faune, l’air, le sol. « Ces ressources sont à la base d’un plan de développement durable pour les pays d’Afrique centrale. Plus de 70 % de la population africaine vit en milieu forestier et pratique l’agriculture. La forêt est donc une importante source de revenus pour ces pays-là et en même temps la base de leur subsistance », précise Monsieur Khasa.

Soutenu par l’Agence canadienne de développement interna-tional, ce projet de grande envergure a été conçu à partir des besoins exprimés par la population locale. Mais en bout de piste, il concerne tout le monde. Ne parle-t-on pas ici du massif renfermant la plus grande biodiversité, du deuxième poumon de la planète ?

du brésil à Madagascar en Passant Par le

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Former des ingénieurs forestiers dans le bassin du Congo, concevoir un programme de conservation des conifères mexicains, étudier l’impact des cultures intensives au Brésil, aider la population de Madagascar à développer un tourisme durable...

Damase Khasa

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D’autres projets de recherche animent Damase Khasa. Tantôt, le professeur s’intéresse aux risques écologiques des cultures intensives du peuplier au Québec et de l’eucalyptus au Brésil. Tantôt, le jumelage d’un étudiant québécois et d’un étudiant malgache permet de revégétaliser efficacement des écosystè-mes dégradés à Madagascar. Depuis trois ans, avec le soutien de l’Agence universitaire de la francophonie, Damase Khasa offre par ailleurs un cours d’écotourisme et de développement communautaire à Madagascar, la quatrième plus grande île au monde. Son intervention vise à développer le tourisme durable dans cet environnement où les ressources naturelles sont sou-mises à une forte pression. « Chaque année, 1100 kilomètres

carrés de forêt disparaissent. Il faut à tout prix promouvoir une gestion durable de cette précieuse ressource et former adéquatement les acteurs concernés de l’île », témoigne le chercheur de l’Université Laval.

Poursuivant avec le même enthousiasme sa mission de formation et de recherche en Afrique et en Amérique du Sud, Damase Khasa a la conviction d’aider ses pairs tout en s’enrichissant sur le plan scientifique et culturel. Son souhait le plus cher : poursuivre cette tradition de partage avec des communautés d’autres continents. Nul doute que la planète a bien besoin de ces gardiens des ressour-ces naturelles !

• Secteurs d’intervention : foresterie et gestion des ressources naturelles.

• Principaux pays d’intervention : République démocratique du Congo, Cameroun, Gabon, Brésil, Mexique et Madagascar.

• Partenaires financiers : Agence canadienne de développement international (ACDI), Agence universitaire de la Francophonie (AUF).

• Nouveau projet : un projet d’importance, avec un budget de plus de 6 millions $ sur 5 ans appuyé par l’ACDI vise à redémarrer la formation en foresterie et gestion des ressources naturelles en République démocratique du Congo.

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le bureau

international

Le Bureau international a été créé en 1999. Son mandat est de développer et d’assurer les services en matière d’internationa-lisation de la formation et de coopération internationale. Plus précisément, le Bureau international agit en mobilité étudiante, en développement international et en relations internationales au moyen d’ententes institutionnelles. Il appuie le Bureau du recrutement pour les aspects internationaux de la promotion de l’Université Laval.

le Bureau international en quelques chiffres :• En 2007, plus de 13 % des diplômés ont profité des extra- ordinaires possibilités qu’offrent les programmes internatio- naux de l’Université Laval, ce qui fait de nous un chef de file canadien en mobilité étudiante ;

• En 2007-2008, plus de 852 étudiants ont profité du soutien direct du Bureau international pour un séjour de formation à l’étranger ;

• L’organisation d’une centaine de visites de partenaires chaque année ;

• La gestion de 573 ententes avec des partenaires dans plus de 65 pays ;

• Un soutien au développement de projets internationaux ayant rapporté plus de 7 millions $ en nouveau financement à l’Université Laval depuis 2007 ;

• Plus de 2,9 millions $ en bourses offertes à nos étudiants pour des séjours académiques à l’étranger.

crédits

Bureau international de l’Université Laval

Université Laval Québec (Québec) G1V 0A6 CANADA

(418) 656-3994 (418) 656-2531

[email protected]

Vice-rectorat exécutif de l’université laval

Fonds de développement durable de l’université laval

direction des affaires publiques de l’université laval (division de la communication Web et de la publicité institutionnelle)

Service de l’informatique et des télécommunications de l’université laval

Managers sans frontières

Fonds étudiant de la Faculté de médecine pour la santé internationale (FeMSi)

groupe Habitats et cultures

département d’informatique et de génie logiciel

Réseau PeP

centre de recherches pour le développement international (cRdi)

Le Bureau international tient à remercier les personnes et organismes suivants pour leur contribution à la réalisation de cette brochure :

Michel alary

Benoit aymoz

Michelyne Belleau

diane Blouin

Jean Bonneville

catherine Breton

andré casault

Jonathan charlebois

John cockburn

Micheline cyr

Jacques desautels

amélie descent

éric dewailly

Marie-Hélène dufour

Roger Fankap

Paméla Farman

Joanne Fournier

Julie Herman- lemelin

christian Hudon

damase Khasa

Mélissa laporte

ginette lazure

Robert W. Mantha

guy Mineau

Sonia Moreau

alain olivier

gaston Rousseau

timur Ridjanovic

allison threatt

Valérie tremblay

Équipe de production :

Direction : Andrée Pelletier Chargée de projet : Geneviève Savard Rédaction : Marie Dufour Graphisme : Sarah Boisvert

…et probablement bien d’autres personnes et organisations que nous avons pu oublier.

Cette brochure a été produite par Maelström créatif.

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