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LE P ARODIEN Mercredi 9 novembre 2009 l l www.leparodien.fr «Les drames sans images, sans visages, ont peine à atteindre la conscience collective» - Jacques Chirac Le temps des contraintes COPENHAGUE Prix : 1€00 Kad Merad, le portrait Evo Morales triomphe CGT : Bernard Thibault fragilisé page 7 page 13 page 17 p. 13 p. 4 Ligue des Champions Mission impossible pour l’OM face au Real Charlotte Gainsbourg Le nouvel album passé au scanner Enchères La Tour d’Argent destocke page 10

Le Parodien du 9 décembre 2009

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Journal des étudiants de presse écrite de l'ISCPA

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Page 1: Le Parodien du 9 décembre 2009

LE PARODIENMercredi 9 novembre 2009 l l www.leparodien.fr

«Les drames sans images, sans visages, ont peine à atteindre la conscience collective» - Jacques Chirac

Le temps descontraintes

COPENHAGUE

Prix : 1€00

Kad Merad, le portrait

Evo Moralestriomphe

CGT : Bernard Thibault fragilisépage 7

page 13page 17

p. 13

p. 4

Ligue desChampionsMission impossiblepour l’OMface au Real

CharlotteGainsbourgLe nouvel

albumpassé auscanner

EnchèresLa Tour d’Argent

destocke

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Mercredi 9 décembre 2009

«Pour que l’accord soitsatisfaisant, il faudraitqu’il soit ambitieux et

juridiquement contraignant pour lesEtats », affirme Florent Baarsch, quiparticipe au programme écologique« Adopt a negociator ». Une posi-tion que partagent de nombreusesassociations, comme Greenpeace.Toutes réclament des chiffres préciset la création d’un comité de suivi,pour s’assurer que les Etats mettenten place concrètement les moyensd’appliquer les termes du Traité. En effet, il est prévu que les Etatsmembres s’engagent publiquementà réduire les émissions de gaz à effetde serre. Première difficulté : cesommet sera la réunion rassemblantle plus grand nombre de chefsd’Etats et de gouvernement jamaisconvoqué sur la question du chan-gement climatique. Plus de 192chefs d’Etat devront débattre. Apriori, tous semblent d’accord sur leprincipe : la température ne doit pasaugmenter de plus de deux degrés.Tous ont également reconnu l’im-portance du soutien financier ettechnologique. Cependant, il est im-portant que le Traité soit « juridi-quement contraignant », pour qu’ilne reste pas un catalogue de vœuxpieux. Pour entrer en vigueur et êtreconcrètement applicable, un Traitédoit, tout d’abord, être signé et rati-fié. La signature est plus une décla-

ration d’intention, qui montre queles Etats-parties se sont mis d’ac-cord sur les termes du Traité. Sym-boliquement donc, ce sont lesplénipotenciaires qui le signent,c'est-à-dire généralement les chefsd’Etat ou de gouvernement. Cepen-dant, il faut que cet engagement soitratifié par les représentants du peu-ple (en France, l’Assemblée Natio-nale), et donc être avalisé par uneloi.

« Juridiquement contraignant »

Une loi permet un cadre contrai-gnant au niveau étatique. Il est im-portant que cet aspect « astreignant» se retrouve au plan supranational.Plutôt difficile de se représenter lesmodalités. « Il n’existe pas de fonc-tionnement type en droit, expliqueXavier Skowron-Galvez, avocat enDroit international, Chaque traité ason propre système avec son modede résolution des conflits et sa pa-lette de sanctions, construite par lessignataires. ». Aussi, on ne peut ré-fléchir que par analogie. L’ONUémet des recommandations, qui nesont pas assorties de sanctions, oudes résolutions qui, elles, peuventêtre soutenues juridiquement en casde violation. C’est la différenceentre « juridiquement contraignant» ou pas. Le non-respect des plusimportantes valeurs de l’ONU (parexemple, l’agression d’un Etat sou-verain) peut même entraîner un

conflit armé « de droit ». La Convention Européenne desDroit de l’homme montre une dé-marche différente. Ce catalogue dedroits fondamentaux est invocablemême par les particuliers. Ceux-cipeuvent se rendre devant un tribunal: la Cour européenne des Droits del’homme. Cette dernière peutcondamner un Etat. Il est cependantpeu probable que le futur Traité deCopenhague soit ainsi invocable parles particuliers. Selon Michel Verna,porte-parole de Génération Ecolo-gie, même si un Traité juridique-ment contraignant était ratifié, ilfaudrait encore que les Etats don-nent les moyens aux régions, voireaux communes d’appliquer les me-sures. Ce qui n’a pas été, selon lui, lecas auparavant lors des sommets deRio, Johannesbourg, ou Kyoto.Le plus souvent, les obligations lientles Etats entre eux. Il existe des cen-tres de résolution des conflits,comme au sein de l’Organisationmondial du commerce. Les sanc-tions sont d’ordre financier. PourCopenhague, il est probable que lesEtats s’engagent à consacrer uneportion définie de leur budget à dessubventions destinées à l’environ-nement. Si ce n’est pas le cas, lesEtats devront verser une amende. Aqui, combien et comment ? Ce mé-canisme reste à construire.

Marie Koenig

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Un sommet sous contrainte EDITORIALPar Grégory Rozières

Alors que le sommet de Copen-hague se met doucement en

marche, le monde entier attendavec impatience la réaction de Ba-rack Obama. Le président améri-

cain tente comme il peut de sepositionner sur ce sujet épineux.

Epineux à plusieurs points de vue.La communauté internationale at-

tend un geste fort du deuxièmepollueur mondial, qui n’avait pas

ratifié le protocole de Kyoto.Barack Obama s’est fait élire en

promettant une réforme novatriceà propos des gaz à effet de serre.Depuis, de l’eau a coulé sous les

ponts. Bloqué par sa réforme de laSanté, cerné par les lobbyistes, Ba-rack Obama aura du mal à légifé-rer sur la réduction des gaz à effetde serre (GES) dans un pays où50% de l’électricité provient du

charbon.Mais l’annonce de l’Agence fédé-rale pour la protection de l’environ-nement (EPA) de classer les GES

comme nuisible à la Santé pu-blique permettront peut-être au

gouvernement américain de res-pecter les chiffres avancés de 17%

de réduction d’ici à 2020. Rienn’est pour autant gagné. Il faut se

rappeler que Bill Clinton souhaitaitratifier le protocole de Kyoto, mais

qu’il a été tenu en échec par leSénat, puis par George W. Bush.

Les Dossiers de la rédaction - Environnement

Le sommet de la dernière chance

Copenhague

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Mercredi 9 décembre 2009 3

Qui veut la peau des cli-matologues ? Ces « cli-mate skeptics »,

comme on les appelle Outre-At-lantique, rejettent l’idée que

l’homme est en train de provo-quer un réchauffement clima-tique. Mais ce courant est trèsdivers. Il regroupe des climato-logues qui ne sont pas en accord

avec les rapports du Grouped'experts intergouvernementalsur l'évolution du climat (GIEC),comme Richard Lindzen etMarcel Leroux. Mais aussi desscientifiques qui ne sont pas spé-cialistes du changement clima-tique mais qui s’immiscent dansle débat, comme les françaisVincent Courtillot et YvesLenoir, ou encore des agitateurspolitique comme Claude Allè-gre. Et bien sur, ces sceptiquessont suivis par une bonne partiede complotistes, qui contestent laréalité du 11 septembre ou del’alunissage américain en 1969. Leurs motivations ? Les sceptiquesveulent montrer au monde que lesthéories sur le réchauffement cli-matiques ne sont pas certaines,voire qu’elles seraient fausses. Ilss’appuient par exemple sur l’im-pact des cycles solaires sur l’évo-lution du climat ou encore surl’inexactitude supposée des don-nées relevées par le GIEC commeles courbes de températures. «L’utilisation de l’eau des nappesphréatiques pour l’agriculture in-tensive pose problème. L’eau quis’évapore retombe dans les mers.Ce mécanisme pourrait entrainerune augmentation du niveau de lamer comprise entre 1 et 2 mm »,affirme par exemple Yves Lenoir,ingénieur à l’Ecole des Mines en

Mathématiques appliquées.

Entre théories scientifiques et

complotistes

Mais derrière ces théories scienti-fiques, certains sceptiques criti-quent aussi les décisions despolitiques. Ils affirment que ceux-cise basent sur des théories incom-plètes pour imposer une visionglobale du monde. Un argumentproche des théories du complotclassique. Le mouvement politiqueSolidarité et Progrès par exempleaffirme que « la thèse du réchauf-fement climatique a été lancée nonen raison d’une erreur scientifiquede départ, mais pour justifier unepolitique qui détruit l’avenir del’humanité. » Ni plus, ni moins.La sphère sceptique est aussi dé-crédibilisée par l’impact des lobbyspétroliers. Aux Etats-Unis, unebonne partie des scientifiques quiremettent en cause le réchauffe-ment climatique sont subvention-nés par des groupes pétroliers.Vincent Courtillot, géophysicienopposé à la théorie du GIEC, est fi-nancé par Total et Schlumberger,une des plus grandes compagniesde services pétroliers. Même s’ilnie que ces financements influen-cent ses théories, la question de sonindépendance reste ouverte.

Grégory Rozières

Le « Climategate » déchaîne les passions L’affaire de la mise en ligne des courriels des chercheurs du CRU (Centre de Recherchessur le Climat) a parasité l’ouverture du sommet de Copenhague lundi. Les climato-scep-tiques ont saisi l’occasion pour décrier les études menées sur le réchauffement climatique.

«Le Climategate va clai-rement affecter la na-ture de ce en quoi nous

pouvons croire ». Mohammed Al-Sabban, le leader de la délégationsaoudienne à la Conférence de Co-penhague, a dégainé le premierlundi sur cette affaire qui perturbe lemicrocosme scientifique depuis lemois dernier. Des milliers de courriels privés dechercheurs collaborant ou travaillantau Centre de recherches sur le cli-mat (CRU) de l'université britan-nique d'East Anglia ont étérécupérés illégalement par deshackers. Ils ont ensuite été renduspublics le jeudi 19 novembre sur un

serveur russe. Un message de 1999rédigé par Phil Jones, directeur duCRU, focalise l’attention : « Je viensde finir d'utiliser l'astuce de Mike(ndlr : Mann) de Nature (ndlr : unerevue scientifique) qui consiste à in-corporer les vraies températures àchaque série depuis les 20 dernièresannées et depuis 1961 pour celles deKeith afin de masquer le déclin. »En clair : les résultats ne seraient pasexacts. Embêtant car le quatrièmerapport du GIEC (Groupe intergou-vernemental d'experts sur l'évolu-tion du climat), publié en 2007 etbasé sur les travaux du CRU,démontre le changement climatique.De là à mettre en cause le réchauf-

fement du climat, il n’y a qu’un pasque certains climato-sceptiques ontfranchi.

Le GIEC discrédité ?

« Si les courriels sont authentiquescela est très troublant car ils remet-traient en question toute la sciencedu changement climatique » adéclaré récemment le républicainJames Sensenbrenner devant leCongrès américain. Or le CRU aadmis que ces courriels étaient bienauthentiques. Phil Jones a même dé-missionné temporairement le 2 dé-cembre pour endiguer les critiques.Mais le mal est fait. Le géophysicienclimato-sceptique Vincent Courtillota rappelé lundi sur France Inter : «

Quand on dit qu’on est sûr de sesconclusions à 90%, ce qui est laconclusion finale du rapport duGIEC, on dit quelque chose qui esttrès au-delà de ce qu’on peut affir-mer ». Rajendra Pachauri, le prési-dent du GIEC, n’a pas la mêmeanalyse. Selon lui, le vol des emailsprouve que certains sont prêts à toutpour discréditer le GIEC. Il n’est pasle seul à y croire car les courriels ontété publiés seulement quinze joursavant l’ouverture du sommet de Co-penhague. Si Dan Brown manqued’idée pour son prochain roman, ilpourra s’inspirer du « Climategate ».

François Perrigault

Environnement - Les Dossiers de la rédaction

Le sommet de la dernière chance

Copenhague

Cette communauté regroupe à la foisdes agitateurs politiques et des scienti-fiques plus ou moins crédibles.

Ceux qui ne veulent pas y croire

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Mercredi 9 décembre 20094

Bolivie

Evo Morales va pouvoircontinuer sa « refonda-tion » indienne. Crédité

d’un score oscillant autour de63%, c’est un véritable raz-de- marée électoral qui a vu ledirigeant indien confirmé à latête de ce pays de quelque 10millions d’habitants. Avec 35points d’avance sur son rivalle plus proche, le conserva-teur Manfred Reyes Villa, lavictoire conforte ce présidentde 50 ans face aux élites dedroite souvent proches desmilieux d’affaires et peu po-pulaires.Etonnamment la campagne futd’un calme spectaculaire. En2008, des poussées autono-mistes dans les régions pros-pères de l’Est et des violencespolitiques meurtrières avaientdégénéré en début de guerrecivile.

Plus forte croissance

d’Amérique latine

Aujourd’hui le pays semblesur de bons rails et a bien ré-sisté à la crise financière.L’économie bolivienne de-vrait finir l’année 2009 avecla plus forte croissanced’Amérique latine, à 3,2%.Ironie du sort, Morales l’anti-libéral s’est attiré les élogesdu Fonds Monétaire Interna-tional pour sa « politiquemacro-économique judi-cieuse » de discipline budgé-taire, qui a délivré uneredistribution de bonus so-ciaux. Mais la Bolivie, malgréla grande richesse de sonsous-sol –minerais etdeuxième réserve gazièred’Amérique latine-, demeurel’un des pays les plus pauvresdu continent (60% de ses ha-bitants sont en situation de

pauvreté). Il dépend de l’aideextérieure, et surtout celled’Hugo Chavez, l’allié socia-liste vénézuélien.L’exploitation des ressourcesnaturelles, au profit de l’en-semble des Boliviens dans «un Etat décolonisé et india-nisé », est le projet centrald’Evo Morales. C’est danscette perspective qu’il a ré-clamé un mandat sans en-trave, afin de mettre en œuvrela nouvelle Constitution à to-nalité étatique, indienne etlaïque.

Vers un troisième mandat ?

Au-delà de la présidentielle,l’enjeu du scrutin de di-manche se concentrait égale-ment autour des électionssénatoriales se déroulant enparallèle. Principal lieu decontrepouvoir depuis 2005, leMouvement vers le Socia-lisme (MAS) de Morales ob-tiendrait 25 des 36 sièges duSénat, soit la majorité desdeux tiers nécessaires àl’amendement de la constitu-tion. Si celle-ci passe, Mo-rales pourrait se présenter àun troisième mandat. L’oppo-sition redoute d’ailleurs undeuxième mandat hégémo-

nique, se cristallisant autourde l’emprise du président surle système judiciaire. La se-maine dernière, Morales apromis que son rival ManfredReyes irait en prison pour sagestion passée de gouverneurrégional.L’autre incertitude porte surl’avenir de la lutte contre lenarcotrafic. Troisième pro-ducteur mondial de cocaïne,la Bolivie fait face aux soup-çons des Etats-Unis. Cepen-dant le président défend laculture traditionnelle de lafeuille de coca, symbole de laculture indienne.Après la réélection au premiertour, en avril 2009, de sonallié Rafael Correa en Equa-teur, l’éclatante victoired’Evo Morales redynamise lefront des dirigeants de gauchelatino-américains. Sa réélec-tion, après celle de 2005,ouvre pour la Bolivie, une pé-riode de stabilité de gouver-nance de dix ans. Unelongévité démocratique à la-quelle le pays, autrefoisabonné aux coups d’Etats, n’apas été coutumier depuis prèsd’un demi-siècle.

Grégory Raymond

Evo, à nouveauLe scrutin bolivien s’est déroule dans le calme. Et Evo Morales, leprésident sortant, s’est vu reconduire dès le premier tour pour unnouveau mandat de 5 ans.

EN BREF

RoumanieTraian Basescu, le prési-dent sortant de centre-droit, a été réélu pourcinq ans à la tête dupays. Lundi, les résultatsofficiels le créditaientde 50,33% des voix. Sonadversaire, le social-dé-mocrate Mircea Geoanaconteste ce résultat etévoque des fraudesmassives. Il a saisi laCour constitutionnelle.

GuinéeL’état de santé deMoussa Dadis Camara,le chef de la junte mili-taire à la tête du paysest incertain. Blessé à latête lors d’une tentatived’assassinat par sonaide de camp Abouba-car Sidiki Diakité, enfuite, le capitaine Ca-mara est soigné auMaroc. Il s’était emparédu pouvoir le 23 dé-cembre 2008, après lamort du «président-gé-néral» Lansana Conté.

GrèceDes centaines de ly-céens et d’étudiants seréunissent depuis ledébut de la semaine encommémoration de lamort d’un adolescenttué par un policier àAthènes en 2008. Cetincident avait déclenchéd’importantes violencesurbaines. Actuellement,des heurts opposent lapolice et les jeunes ma-nifestants dans lesgrandes villes du pays.

Le Parodien monde

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Mercredi 9 décembre 2009 5

Interview

Diplomatie

Iran : « Ils n’ont plus peur »

Quelles sont les nouveaux

moyens utilisés par l’opposi-

tion pour manifester?

Des photos de guides suprêmesont été brûlées : ça, c’est tout àfait nouveau. Ce sont eux qui dé-tiennent le pouvoir en Iran, et nonMahmoud Ahmadinejad. Cegeste signifie donc que l’opposi-tion en veut maintenant au sys-tème tout entier, et ne réclameplus simplement l’organisationd’un nouveau vote, comme il y asix mois après la réélectioncontestée d’Ahmadinejad. Maissurtout, ils choisissent des datesclés pour manifester et contrer legouvernement. Lors de cérémo-

nies religieuses, ils ont le droit dedescendre dans la rue. Dans 10jours par exemple, ils en profite-ront pour manifester une nou-velle fois. Pour échapper à larépression enfin, ils s’organisentau niveau de chaque campus, no-tamment grâce au bouche àoreille. Malgré la coupure d’in-ternet et des téléphones portables,ils ont réussi à s’organiser enamont de la manifestation.

Le dispositif policier a-t-il été

renforcé ?

Il n’y a jamais eu autant de forcesde l’ordre. Il y avait même plusde policiers que de manifestants.

Leur nouvelle méthode, c’est lacaméra : de nombreux miliciensont été chargés de filmer les mili-tants et les images sont ensuitediffusées sur internet avec unappel à la dénonciation. On saitégalement que la plus part desbassidjis (miliciens islamiques)étaient à la solde du gouverne-ment qui les rémunère : ilsn’agissaient pas par idéologie.

La population a-t-elle les

moyens d’exercer une vérita-

ble pression sur le gouverne-

ment ?

Aujourd’hui c’est plus un mara-thon qu’un 100 mètres. Il y a pas

mal de dissensions au sein dugouvernement et Ahmadinejadest isolé. A cela s’ajoute la pres-sion de la Communauté Interna-tionale sur la question dunucléaire et la contestation popu-laire. Tout cela permet de penserque les choses vont bouger,même si c’est dans très long-temps. C’est une guerre d’usureet les Iraniens n’ont plus rien àperdre. Ils n’ont plus peur.

Propos recueillis par Laura

Béheulière

Des milliers d’Iraniens ont manifesté hier, dans les rues de Téhéran et partout dans

le pays. Malgré le dispositif impressionnant des forces de l’ordre, ils se sont réunis

à l’occasion de la journée nationale de l’étudiant qui marque l’anniversaire de la

mort de trois étudiants anti-américains, tués en 1957 par la police du shah. Scan-

dant « Mort au dictateur » et « Allah o akbar », ils ont une nouvelle fois exprimé

leur opposition au gouvernement. En dépit des risques encourus, les manifestations

s’intensifient et se généralisent. Armin Arefi, journaliste franco-iranien basé en

France, nous éclaire sur la question.

Guilad Shalit peut-être bientôt libéréAprès trois ans et demi de captivité, la libération de Guilad Shalit serait im-minente. Retour sur les négociations de la dernière chance.

Neuf cent quatre-vingts, c’est le nom-bre de prisonniers

palestiniens qui seront peutêtre échangés par l’état hé-breu pour récupérer GuiladShalit, ce soldat franco-is-raélien enlevé par le Hamasen juin 2006. Parmi ces pri-sonniers, 450 devraient êtrechoisis par le pouvoir pa-lestinien. Israël détermi-nera du choix des 530autres. Une avancée consi-dérable, obtenu par le mé-diateur allemand, ErnstUhrlau, qui est loin d’êtredécisive. Pour le journalisteisraélien, Roee Nahmias,

les négociations se heurtentà deux problèmes majeurs.Tout d’abord, le refus d’Is-raël de restituer l’intégra-lité des 450 prisonnierslistés par le Hamas. «L’exemple de Marwan Bar-ghouti est édifiant. Cet ac-tiviste du Fatah, a étéreconnu coupable de 4 at-tentats et condamné à per-pétuité. Sa libérationreprésenterait un dangerpour la sécurité de l’Etat. » Des prisonniers libérésmais expulsés.Ernst Urlhau, redoubled’effort pour arriver à unaccord final. Mais il se

heurte aussi à la questiondu sort de certains prison-niers. Parmi les 450 que leHamas réclame, Israëlexige l’expulsion versl’étranger de 130 d’entreeux, considérés comme lesplus dangereux. Selon lequotidien arabe Al-Hayat,le médiateur aurait proposéun compromis : l’expulsionvers l’étranger d’une cin-quantaine seulement de cesfameux prisonniers, le ren-voi vers la bande de Gazad’une autre partie, tandisque la troisième resterait enprison. Une idée qui ne faitpas l’unanimité. Ces dis-

cussions, si difficiles soientelles, restent tout de mêmele seul espoir de libérationpour Guilad Shalit. Lejeune homme était apparudans une vidéo filmé par leHamas le 2 octobre dernier.Affaibli mais en bonnesanté, il avait déclaré êtrebien traité et aurait été exa-miné le 29 novembre parune équipe de médecinsfrançais. Une informationque le quai d’Orsay neconfirme pas.

Mégal Grouchka

Le Parodien monde

Page 6: Le Parodien du 9 décembre 2009

Mercredi 9 décembre 200966

Grève

Transports

La Culture en état de siège

«Contrairement à cequi est dit, le mou-vement ne faiblit

pas ! ». En grève depuis mainte-nant plus d’une semaine, le per-sonnel du ministère de la Cultureorganisait lundi un rassemble-ment sur le parvis du CentreGeorges Pompidou. Objectif :tenter de donner un nouveausouffle à la mobilisation contre larévision générale des politiquespubliques (RGPP), qui prévoit lenon remplacement d’un départsur deux à la retraite et des res-trictions budgétaires, à compterde 2010.« On attend la relance de la

grève afin de faire plier le minis-tre », explique Dominique Noël,secrétaire national Sud-culture.Les représentants syndicaux de laculture se succèdent au micro,sous l’œil compatissant des tou-ristes venus se casser le nez sur

un centre Pompidou portescloses. Tout un symbole, puisquec’est de ce musée du centre pari-sien qu’est parti le mouvement degrève, quinze jours plus tôt. Cematin, Catherine Guillon qui tra-vaille au cabinet d’Art graphiquedu Centre Pompidou depuis plusde trente ans, a voté la reconduc-tion de la grève. « On est les plustouchés. D’ici deux ans, il n’yaura plus de personnel digne dece nom », s’alarme-t-elle.A côté d’elle une employée de laCinémathèque française. ValérieScognamillo vient d’apprendreque son entreprise comptaitparmi ces opérateurs d’Etat aucœur de la réforme. « Subven-tionnés à 80%, nous sommesdonc concernés», résume-t-elle,bien décidée à faire entendre savoix.Les employés de l’Office natio-nal des forêts (ONF) ont eux

aussi pris place dans l’assembléepour protester contre le désenga-gement financier de l’Etat. Forêtset culture : même combat. Aurisque, peut être, de noyer leursrevendications dans le grand bainde la dénonciation d’ « une poli-tique destructrice pour les ser-vices publics ». « On a toutintérêt à être unis », justifie Di-dier Alaime, secrétaire nationalde la CGT-Culture, « ce n’est

plus au niveau ministériel quecela se décide, mais au niveau deMatignon, de l’Elysée ». « On ne tiendra pas plus long-temps », lâche Catherine Guillonavant de reprendre le chemin dutravail, au sujet d’un mouvementqu’elle estime perdu d’avance.Dans l’après-midi, le personneldu Louvre rouvrait d’ailleurs à70% les salles du musée.

Laurence Texier

Le Louvre a rouvert ses portes, mais le personnel du ministère de la Culturereste mobilisé contre la Révision générale des politiques publiques (RGPP).

Busserau négocie avec les routiersLe secrétaire d’Etat aux Transports a entamé des négociations avec une délé-gation de routiers. Plusieurs pistes ont été évoquées.

Une grève des routierscomme cadeau de Noël? Cinq syndicats de

chauffeurs routiers (CGT,CFDT, FO, CGC et CFTC) ontappelé à une grève reconducti-ble à partir du 13 décembre à21h30. La proximité avec lesfêtes de fin d’année met la pres-sion sur Dominique Bussereau,le secrétaire d’Etat aux Trans-ports, qui a annoncé, lundi surRTL, vouloir « tout faire pouréviter le conflit avec les routiers ».

Le ministre a reçu lundi, une dé-légation intersyndicale pour en-tamer les négociations à moinsd’une semaine de la fin de l’ul-timatum. L’objectif : éviter un

blocage des plateformes logis-tiques à partir de dimanche soir.Les revendications des routiersportent essentiellement sur lessalaires, les remboursements defrais et l’ancienneté. « Nousvoulons le passage à 10 euros del'heure pour les salariés au coef-ficient le plus élevé, 4% d'aug-mentation pour toute la grille et3% pour l'augmentation desfrais de déplacement » indiqueGérard Martinez, membre FOde la délégation qui a rencontréle secrétaire d’Etat.

Médiateurs et calendriers

Dans cette optique, DominiqueBussereau a décidé de mandatertrois médiateurs, membres d’un

cabinet spécialisé pour mettred’accord syndicats et patronat. Ila ensuite précisé un calendrierdes discussions qui se termineramercredi. Avant le conseil desministres, le président duconseil général de Charente-Maritime recevra de nouveau ladélégation intersyndicale pourrégler, à court terme et grâce autravail des médiateurs, le pro-blème des salaires. A plus longterme, le secrétaire d’Etat a pro-mis une réflexion sur la profes-sion à partir de janvier 2010. Unclassique.

Une réflexion, cependant, né-cessaire tant ce secteur est tou-ché par la crise. Gérard

Martinez dénonce une « paupé-risation des routiers » qui tra-vaillent dans des conditionsdifficiles pour des salaires trèsbas. D’après une étude statis-tique du gouvernement en2005, les routiers touchent1434 euros bruts pour lescourtes distances et 1871 eurospour les longues distances. LaFrance a déjà connu des grèvesde routiers. En février 1984,Charles Fiterman, ministre desTransports du gouvernementde l’époque avait dû faire faceà un grand mouvement degrève. Mais à quelques jours deNoël, Dominique Bussereau neveut pas en entendre parler.

Julien Van Caeyseele

Le Parodien social

Quelque 200 personnes manifestant place Beaubourg à Paris.

Page 7: Le Parodien du 9 décembre 2009

Cette semaine la Confédé-ration Générale du Tra-vail (CGT) tient son

49ème Congrès à Nantes. Au pro-gramme, des discussions autourde l’organisation des structures etla réélection annoncée de BernardThibault au poste de Secrétaire gé-néral qu’il occupe depuis 1999.Au début de ce 21ème siècle, lesyndicat centenaire est confrontéà quelques défis : il doit achever samutation tout en réussissant à lafaire accepter à ses militants.Parmi eux, des voix s’élèvent quis’opposent à l’abandon de la lignerévolutionnaire pour l’actuelle,plus réformiste et disposée aucompromis avec le gouvernementet le patronat. Cette évolution, c’est BernardThibault qui l’incarne. De son ac-cession à la tête de la Confédéra-tion à ce jour, il n’a eu de cesse detransformer la CGT en profondeurconsommant la rupture avec leParti Communiste, parrain histo-rique. Au nom de l’indépendanceet d’un certain pragmatisme, l’an-cien cheminot a prôné le passaged’un syndicalisme radical lié àcette affiliation ancienne à un syn-dicalisme plus raisonné ouvert à lanégociation.Ce changement de cap s’avéraitsans doute nécessaire pour que lamaison CGT ne coule pas enmême temps que le bâtiment PCF.Mais il a fait beaucoup de mécon-tents qui ont décidé de quitter lenavire. Du coup, les nostalgiquesde l’époque contestataire et lesdéçus de cet « adoucissement » re-gardent vers les structures syndi-cales qui ont conservé cetteradicalité perdue par la Confédé-ration.

La montée en puissance de

SUD Rail

C’est le cas notamment chez lescheminots, corps professionnelqui compte parmi l’une des plusimportantes fédérations de laCGT. Certains d’entre eux retrou-vent l’esprit des premières annéesde militantisme à la jeune fédéra-tion SUD-Rail de l’Union syndi-cale solidaires. La nature combative du mouve-ment qui se dit « solidaire, unitaireet démocratique » se retrouvejusque dans les évènements quiont occasionné sa naissance. Crééen 1995 à la suite des grèves dedécembre, il n’a cessé depuis degagner en audience et en militantdevenant rapidement le deuxièmesyndicat de la SNCF. « On a pro-gressé de 5% aux dernières élec-tions professionnelles, ça veut direque les cheminots apprécient quel’on soit offensif », estime HenriDuclut, responsable permanent àSUD-Rail, secteur Paris Est. Il en-fonce le clou « On est entrain deprendre la place de la CGT d’il y’a20 ans »En effet, le dynamisme de la rivalede la CGT sur les activités ferro-viaires s’explique par le fait

qu’elle s’est substituée à la Confé-dération dans sa posture de départ.SUD-Rail revendique clairementun syndicalisme de lutte qui séduitceux qui privilégient cette ap-proche pour parvenir à desconquêtes sociales.« La CGT est constamment dansl’accompagnement des réformes», dénonce Jean-François De-noyell, militant à SUD-Rail pourexpliquer son engagement « On al’impression qu’elle fait tout pourne pas gêner Sarkozy ». La conni-vence avec le pouvoir, c’est préci-sément ce dont est accusé lepremier syndicat de France. Dessuspicions qui ajoutent à la dé-fiance vis-à-vis de ses élites et quiencouragent les travailleurs àadhérer à des mouvements qui pa-raissent plus authentiques. « Noussommes sincères dans notre com-bat, plaide Henri Duclut, cheznous, ils n’y a pas d’échanges deprocédés qui ne sont pas dévoilésau plus grand nombre », allusionsà peine voilées aux soupçons d’ar-rangements qui suivent chaquefois qu’un accord est trouvé auterme d’une grève éclair.

Des tentatives de

contre-attaque

Face à la montée en puissance desa concurrente, la CGT n’a d’au-tre option que de procéder par laruse. « Elle proclame l’unité, maisessaie de nous isoler en s’alliantavec d’autres syndicats », se plai-gnent les militants de SUD. Cemardi 8 décembre par exemple,elle manifestait devant le siège dela SNCF en compagnie del’UNSA et de la CFDT, mais sansSUD-Rail.La confédération joue égalementde la carte juridique, avec le prin-cipe de la représentativité qu’ellea soutenu. Il ne permet qu’auxgrosses organisations syndicalesde peser réellement dans les négo-ciations. « C’est une manière derécupérer des adhérents des syn-dicats qui disparaissent, dénonceJean-François Denoyell, mais il ya de plus en plus de gens qui vien-nent chez nous, ça prouve qu’ellen’arrive pas à soigner le malaise ».

Abdel Pitroipa

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Syndicalisme

La locomotive SUD Rail rattrapela CGT à toute vitesseLes cheminots sont de plus en plus nombreux à rallier le deuxième syndicat qui les re-présente après la fédération de la CGT. Celle-ci fait face à une érosion de ses adhésions.

© A

FP

Le Parodien social

Page 8: Le Parodien du 9 décembre 2009

Mercredi 9 décembre 20098

Travail

«Quelques ratés ».C’est ainsi que ladirection du RSI

évoque le bug de son système in-formatique. Il touche pourtantentre 10 et 15 % des travailleursindépendants, toutes professionsconfondues. Crée en 2006, le RSI,c’est la protection obligatoire desartisans, des commerçants, pro-fessions libérales et autres travail-leurs indépendants. Il y a deuxans, les interlocuteurs sociauxuniques (ISU) voyaient le jour,pour faciliter les modalités admi-nistratives des cotisants. Para-doxe, la mise en place de ces ISUest à l’origine du bug.Luc Doury, directeur général duRSI explique que le bug serait dûà une mauvaise connexion entrel’informatique du RSI et del’URSSAF, qui centralise le paie-ment de toutes les cotisations.Pourtant, après tant de temps sanss’être aperçus de rien, les assurésne pourront que constater, im-puissants, de nombreux points etannuités de retraite en moins. Im-puissants, car même si ces tra-vailleurs indépendants n’y sontpour rien, leurs dettes se sont ac-cumulées. Mais surtout, elles res-tent dues. Pendant ce laps de temps, plu-sieurs milliers de personnes ontdonc été ainsi écartées du sys-tème. Luc Doury les appelle les«singletons». Et si les consé-quences pour ces travailleursévincés par erreur seront considé-rables, il en va de même pour leRSI.

400 millions d’euros de

manque à gagner

A raison d’une moyenne de

10.000 euros versés par an et parcotisant, les gestionnaires du RSIont intérêt à rétablir la situation auplus vite. Avec un manque à ga-gner de 400 millions d’euros, etdes délais de paiement accordésaux cotisants, le temps presse.Pour les rassurer, les responsablesont multiplié les promesses : pasde pénalités de retard, réintégra-tion progressive au sein du sys-tème, etc. De plus, chacun d’entreeux recevra un « appel à la régu-larisation », et pourra étaler sonpaiement sur plusieurs mois.Mais il n’est pas sûr que ces déci-sions apaisent les esprits. Car siune partie des contribuables ontvolontairement ignoré l’inexis-tence des appels de cotisations,d’autres se sont manifestés régu-lièrement auprès de leur Caisse.En vain. Parmi ces 20 000 travail-leurs pénalisés par cet ubuesquebug informatique, les commer-çants et les chefs d’entreprisessont les plus touchés. Malik, qui tient une épicerie dequartier Boulevard de la Villette,fait partie de ceux qui ont tentéplusieurs fois d’alerter leurCaisse, sans jamais obtenir de ré-

ponses. « Je me suis dit que si jen‘avais pas de nouvelles de laCaisse, ça ne devait pas être tropgrave ! Le problème c’est quemaintenant, je vais devoir toutrembourser rapidement. Et jen’avais pas vraiment prévu ça ! ».Mais Malik est resté prudent, etn’aura pas de difficultés à rem-bourser, notamment grâce aux dé-lais accordés par le RSI.Selon la direction générale, cespersonnes ont à chaque fois étéprises en charge par leurs assu-rances, et n’ont donc pas été pé-nalisées en matière de retraite etde maladies. Mais, s’excusant presque du«désagrément » causé aux travail-leurs sous la protection du RSI, ladirection promet que le problèmedevrait être réglé et les cotisantsrégularisés au cours du premiersemestre de l’année prochaine.En attendant, les travailleurs in-dépendants touchés par le bugvont devoir expliquer au fisc queleurs revenus ont été surmajorés,puisqu’ils ne payaient pas leurscotisations. Un autre bug en pers-pective ?

Pauline Bordone

Un bug qui va coûter cher La nouvelle est tombée hier. Comme un coup de pied dans lafourmilière, le bug informatique du Régime Social des indépen-dants (RSI) aura de lourdes conséquences pour les principauxconcernés.

Deux ans que près de 20 000 travailleurs indépendants ne coti-

sent plus

EN BREFBudgetLe déficit budgétaire de laFrance en hausse de 122%sur un an. Le ministère dubudget a publié hier, leschiffres du budget del’Etat. Le déficit passe de60,7 à près de 135 mil-liards d’euros. Le plan derelance et la crise sont lesprincipales causes de cetaccroissement, qui pour-rait culminer à 141 mil-liards d’euros pour l’année2009.

TurbulencesOnzième baisse consécu-tive du trafic passagerpour Air France KLM. Lacompagnie franco-néer-landaise a annoncé, par lebiais d’un communiqué,un recul de l’affluence depassagers en novembrede 3,2 %. Dans le mêmetemps, les capacités del’entreprise se replient à 2,9%ce qui limite le coût pourl’entreprise et fait progres-ser le prix de l’action enbourse.

CroissanceLa Banque de France tablesur une croissance de0,6% du PIB au quatrièmetrimestre, soit 0,1 % deplus que sa précédenteestimation. Après un an derécession (deux trimestressuccessifs de diminutiondu PIB), l’économie fran-çaise avait renoué avec lacroissance au deuxièmetrimestre 2009. Le PIB avaitaugmenté de 0,3 %.

Le Parodien économie

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Mercredi 9 décembre 2009 9

Réforme

Fin de l’HistoireUne vingtaine d’universitaires ont publié dimanche une pétition contre la sup-pression certains cours d’Histoire-géographie. Une disparition envisagée quifait polémique.

«Une décisiongrave ». Cettedéclaration de

François Bayrou résume lesentiment des historiens et desprofesseurs d’Histoire-Géo-graphie. Depuis dimanche,des artistes, des universitaireset des historiens ont lancé unappel commun dans le Jour-nal du Dimanche pour lemaintien des cours d’histoiregéographie en classe de ter-minale scientifique. Luc Cha-tel souhaite rendre cettematière optionnelle pour laclasse de terminale S . Cetteréforme voulait équilibrerchaque filière du secondaireen la spécialisant davantage.Elles prévoient que les coursseront remplacés par des pe-tits groupes « d’accompagne-

ment personnel » qui consis-teront en des séances d’orien-tation ou de méthodologie. Mme Mattei, professeurd’histoire au lycée Marie-Curie d’Echirolles (38), s’in-quiète de cette disparition : «C’est dommage que les élèvesn’aient pas de culture généraleen terminale. Offrir 4 heuresde cours de plus en premièrene représente pas le même in-térêt étant donné la maturitémoindre des élèves en classede première ». Les détrac-teurs de la réforme dénoncentune décision « inspirée par unutilitarisme à courte vue ».«Ce qui inquiète le gouverne-ment c’est l’aspect critique denotre enseignement car nousne sommes pas toujours d’ac-cord avec certaines proposi-

tions des ministères commepar exemple la fameuse lettrede Guy Moquet qui relève dudomaine mémoriel».

Débat chez les élèves

Les, élèves, eux sont partagéssur cette réforme. Loïc, 17ans, en Terminale S trouvel’histoire et la géographie trèsimportants pour sa culture gé-

nérale, « mais je pense quel’on pourrait rendre cette ma-tière optionnelle et nous met-tre l’épreuve en 1ère pournous alléger le bac de termi-nale. Surtout que les coursd’histoire sont les mêmes queceux de première », affirme lelycéen. Chez Floriane, 16 ans,le point de vue diverge : « Ilfaut garder l’histoire au pro-gramme pour mieux com-prendre les conflits et lesenjeux mondiaux actuels »,défend l’élève. Si elle est entérinée jeudi 10décembre par le Conseil supé-rieur de l’éducation, cette ré-forme entrera en vigueur à larentrée 2011.

Johanna Amselem

Education

Les IUFM se rebiffentLes ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur veulentouvrir la formation des enseignants à toutes les universités. Les IUFM s’y op-posent et l’ont fait savoir lundi.

«Enseignants, un mé-tier qui s’apprend». C’est sur ce

thème que les directeurs desInstituts universitaires de for-mation des maîtres (IUFM) ontappelé à une journée nationalede mobilisation dans lesIUFM.Un projet de loi annoncé le 13novembre par Luc Chatel, mi-nistre de l’éducation nationale,et par Valérie Pécresse, minis-tre de l’enseignement supé-rieur, propose la création d’unmaster des métiers de l’ensei-gnement. Ainsi, les 83 univer-sités devraient pouvoir formerdès la rentrer 2010 les futurs

professeurs, contre 32 actuel-lement (les IUFM sont intégrésaux universités depuis 2005par la loi Fillon). Les ensei-gnants seront ainsi titulairesd’un master 2 (bac+5). « Nousavons peur que cette réformeaboutisse à une formation tropthéorique et pas assez pédago-gique », explique-t-on à laconférence de directeursd’IUFM. Actuellement, les IUFM recru-tent à niveau bac+3. La pre-mière année, les étudiantspassent un concours pour pas-ser en 2e année où ils reçoiventune formation en alternance,

avec prise en charge d’uneclasse. « Avec la réforme, lesfuturs enseignants sont tout desuite envoyés dans une classe,sans avoir reçu de formationpréalable », s’inquiètent les di-recteurs. Le projet de loi pré-voit cependant 50 000 stagesrémunérés de 108 heures auxétudiants en master. « Insuffi-sant et trop court répondent lesIUFM. Cela correspond à untiers de ce que nous proposons.» Les IUFM souhaitent pour-tant se réformer, mais pas decette manière : « Nous vou-drions une reconnaissance dela formation à niveau bac+5,

ainsi qu’une révision desépreuves et de la formation ».Ces propositions ont été pré-sentées aux ministères lors decomités, mais elles n’ont pasété retenues.Les candidats aux postes deprofesseurs semblent un peuperdus. « On n’a pas beaucoupd’informations, et nos profsnon plus, regrette Agnès, étu-diante en 3e année de licencede sciences de l’éducation àParis V. Le point positif, c’estque si l’on n’a pas le concours,on a au moins un master ». Unlot de consolation ?

Clément Bourdin

économie Le Parodien société

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Reportage

Une cave prestigieuse aux enchères

Dans l’élégante salle d’unhôtel particulier, avenueHoche, débute une vente

aux enchères très singulière. Des Châ-teau Latour, Château Lafite, ChâteauMargaux et autres Pouilly Fumévenus tout droit de la légendaire caveà vins de la Tour d’Argent, cherchentpreneurs. Il est 14h et les acheteurs ar-rivent un à un, catalogue à la main,avant de prendre place sur des chaisesrouge et or alignées sur plusieurs ran-gées. Il n’y a pas assez de place pourtout le monde et certains restent de-bout à l’arrière. Francs suisses, livres,yens : sur le panneau d’affichage desprix, différentes monnaies sont ins-crites afin de permettre à chacun desuivre. La presse étrangère est égale-ment présente, témoin du succès de lavente et de la renommée du restaurantparisien. Au total, plus de 18 000 bouteilles deprestige sont mises en vente pendantdeux jours. Religieusement sélection-nées par le Chef sommelier DavidRidgway, elles proviennent des 90m²de la cave de la Tour d’Argent quin’en compte pas moins de 450 000.

Parmi les grands noms et les vins dedomaines moins connus, le choix estvaste pour les professionnels et parti-culiers venus assister à cette vented’exception : Bordeaux, Bourgogne,vins de la Loire et spiritueux. N’allezpas y voir un signe de la crise, cettevente est simplement l’occasion pourle restaurant de renouveler sa cartequ’il souhaite davantage diversifiér. «Pour moi la comparaison la plus sim-ple est celle de la vigne, estime DavidRidgway. Car pour que la vigne re-pousse avec vigueur, il faut la tailler. » Dans la salle, les habitués côtoient lesnovices venus assister à la ventecomme à un spectacle, pour le plaisir.D’autres se moquent gentiment desacheteurs, peut-être frustrés de ne pou-voir participer eux-mêmes. Certainsenfin, sont là pour le business. C’est lecas de M. Bonnet, venu acheter pourson site de vente de vins en ligne. « Jerecherche des grands crus de Bor-deaux, explique-t-il. Mais ce ne sontpas des vins d’exception ; ils sont tropvieux, les étiquettes sont abîmées ».Un avis que ne partage pas la majoritédu public puisque les bouteilles par-

tent à une allure fulgurante. Tous sonten tout cas d’accord sur un point : lesprix sont exorbitants, frisant parfois le« ridicule », bien plus élevés que ceuxd’un caviste ou achetés directementau domaine. Les commissaires priseurs annoncentenfin le début de la vente. Tout desuite, les prix montent, grimpent etdonnent le vertige : 500, 550, 700,1000 ! Adjugé ! Toutes les secondes,une nouvelle main se lève, toutes lesminutes, un nouveau lot est vendu.Les bouteilles se succèdent à unrythme effréné, pendant plusieursheures. Aujourd’hui, les prix attei-gnent des sommets : 3 300 euros pourun seul lot, 17 000 euros pour une

bouteille de cognac. Le clou de la vente fut bien sûr la bou-teille de cognac fine Champagne Closdu Griffier datant de 1788. Elle estpartie pour 25 000 euros, soit dix foisson estimation de départ ! Acquise parRaphaël Zier, jeune entrepreneur fran-çais installé à Londres, ses bénéficesseront reversés à l’association PetitsPrinces qui aide les enfants gravementmalades à réaliser leurs rêves.Avec une vente qui devrait dépasserle million d’euros, la Tour d’Argentpeut trinquer à sa santé !

Laura Béheulière

La Tour d’Argent vient d’organiser, sur deuxjours, la vente aux enchères exceptionnelle d’unepartie de son illustre cave. Le public était au ren-dez-vous et les prix se sont littéralement envolés.

Bordeaux

Le « Cru Bourgeois » (ré) officialisé

Faites sauter les bou-chons : depuis hier, le« Cru Bourgeois nou-

veau » est arrivé. Mis sur pied en 2003, ce clas-sement distinguait les meil-leurs vins du Médoc. Il apourtant pris un « mauvaisdépart ». A l’époque, il étaitétabli par un jury de 18 mem-bres, dont le Président del’Alliance des crus bourgeois.

Mais on ne peut pas être jugeet partie… alors, le 27 février2007, la Cour d’Appel deBordeaux annulait la classifi-cation pour vice de forme. Jamais les propriétés viticolesn’ont accepté cette perte.Après avoir cherché un nou-veau chemin légal, la distinc-tion renaît aujourd’hui de sescendres. « Ce classement estouvert à tous les crus du

Médoc et remis en causetous les ans, explique Frédé-rique De Lamothe, qui dirigele syndicat Alliance des CrusBourgeois, Ils sont soumis àun cahier des charges etcontrôlés par un organismetiers. » Le bureau Veritas, poidslourd mondial de la certifica-tion et de la vérification deprocess a été choisi pour cette

tâche. « Aujourd’hui nous avonsplus de 290 dossiers d’ins-criptions pour le futur classe-ment », souligne FrédériqueDe Lamothe. En 2003, 247châteaux avaient été admis auclassement, sur 490 candi-dats. Les nouveaux lauréatspourront savourer leur vic-toire sans modération.

Marie Koenig

L’appelation « Cru Bourgeois » pour les vins du Médoc a été lancée hier. Une renaissancedu classement d’exception des vins du Médoc.

Le Parodien société

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Désamour

Ironie royale au PSSouvent critiquée, Ségolène Royal est brocardée jusque dans sonpropre camp. Une manière de la discréditer avant 2012.

Rue de Solférino, on maniedésormais l’humour pourparler de Ségolène Royal.

L’ancienne candidate à la prési-dentielle ne fait pourtant plus rire.Ou jaune. Ses initiatives solitaireset ses coups d’éclat permanentssont ouvertement tournés en déri-sion, moqués. Longtemps entre-vue comme une candidatecrédible pour 2012 par ses cama-rades du Parti Socialiste, elle estaujourd’hui présentée comme unehurluberlue. Les «porte-flingues» du parti sontentrés en action. Maintenant, Sé-golène, on lui parle comme à unefolle ou une enfant. « Rue de Sol-ferino, nous avons un parti ras-semblé. (…) Que Ségolène Royalse détermine en contradiction parrapport à cela, cela relève dumonde de Ségolène Royal» quiest «parfois un peu surprenant», alancé, hier matin, Claude Barto-lone, le secrétaire national du PSaux relations extérieures. Barto-lone applique la consigne.Comme un professeur, il demandeà Ségolène Royal de se montrer«plus attentive » à la volonté derassemblement du PS.Pour Michèle Sabban, la vice-pré-sidente du conseil Régional d’Ile-de-France, cette tendance n’estque la conséquence des erreurs deRoyal: « On ne peut pas parlerd’une volonté stratégique du partipour discréditer Ségolène Royal.Elle paye simplement le fait depeopoliser sa personne, de nevivre qu’en faisant des coups. »Par leur violence et leur condes-cendance, les attaques à l’encon-tre de Ségolène Royal rappellentcelles lancées contre Edith Cres-son, l’éphémère Premier Ministrede François Mitterrand. Pour Mi-chèle Sabban, l’explication estsimple : «Ségolène est unique,elle est dans son monde, c’estpour cela qu’elle est la cible decritiques. Heureusement, nous

n’en avons qu’une comme elle. »A l’inverse, l’ancienne-garde desSceaux, Marylise Lebranchu,pense qu’il n’y a pas, au PS, devolonté de discréditer SégolèneRoyal. Pourtant, Valls, Peillon,Cambadélis et consort sont rare-ment avares de piques en tousgenre. « Les critiques les plusdures envers Ségolène Royal sontle fruit de ses anciens alliés. Quiaime bien châtie bien », relativiseMarylise Lebranchu. Refusant, pour l’heure, la propo-sition d’alliance de SégolèneRoyal, les dirigeants du Modemse sont eux aussi mis à l’ironie, lamoquerie parfois. Corine Lepage: «A chaque fois qu’un parti seréunit, Ségolène Royal arrive».François Bayrou : «Ce que faitSégolène Royal est souvent ri-golo». Dans le concert de réprimandes,pourtant, certains restent pru-

dents. Conscients que la côte depopularité de Ségolène Royalreste élevée chez les sympathi-sants PS, éléphants et présiden-tiables du PS se gardent bien detoute critique frontale qui pourraitêtre mal perçue par l’électorat so-cialiste. « Comme tous les prési-dentiables, Ségolène doit êtreprotégée, affirme Marylise Le-branchu. Ségolène n’est critiquéeque lorsqu’elle prend des posi-tions contraires à celle du parti. » Pour éviter les quolibets, il suffi-rait donc à Ségolène Royal de res-ter dans la stricte ligne édictée parle Parti Socialiste. « En amour, ilfaut garder ses distances pour évi-ter l'accrochage », chantaitJacques Dutronc. En politique,c’est l’inverse pourrait ajouter Sé-golène Royal.

Vincent Gautronneau

SondageLes Picto-Charentais sont85% à connaître le nomde la présidente de leurrégion, Ségolène Royal,selon un sondage réalisépar l’institut LH2 pour lesyndicat de la presse quo-tidienne régional (SPQR)et le réseau radiopho-nique France Bleu. Au ni-veau national, 29% desfrançais sont capables deciter le nom du présidentde leur région.

Rama Yade toujoursla plus populaireSi elle a perdu deux pointspar rapport au mois denovembre, Rama Yadereste la personnalité poli-tique préférée des Fran-çais. La secrétaire d’Etataux Sports, benjamine dugouvernement devanceBertrand Delanoë et Do-minique Strauss-Khan. Ni-colas Sarkozy perd lui unpoint avec 38% d’opinionsfavorables.

Identité NatinaleJustifiant l’action du gou-vernement lors d’uneconférence de presse à laMairie de Nice, ChristianEstrosi a estimé que « si àla veille du second conflitmondial (...) le peuple alle-mand avait entrepris des'interroger sur ce quifonde l'identité alle-mande, alors peut-êtreaurions-nous évité l'atroceet douloureux naufragede la civilisation euro-péenne»!

EN BREF

Le Parodien politique

Page 12: Le Parodien du 9 décembre 2009

Mercredi 9 décembre 200912

Musique

«Les mormons sont des anarchistes»Alan Sparhawk est plus connu pour son duo avec sa femme, Löw, que pour son nouveau

groupe, baptisé Retribution Gospel Choir. Plus lourd et plus pop, le son de ce groupe trancheavec ce que faisait Sparhawk auparavant, à savoir des morceaux au tempo très lent, une

conception minimaliste de la musique et des harmonies vocales uniques. Autre particularité,Sparhawk est membre d’une communauté mormone du Minnesota. Il nous parlera librementde sa foi, de ses contradictions, et de la drogue. Peu de temps avant de débuter l’interview,

on l’apercevra, dehors, en train de fumer du cannabis. C’est là toute la contradiction, laquasi-névrose diagnostiquée après près d’une heure d’entretien avec Sparhawk, homme

mormon et croyant, mais aussi libre-penseur.Tu joues du rock plutôt bruyant

avec Retribution Gospel Choir

et pourtant, les différentes

Eglises chrétiennes ont fait du

rock leur ennemi depuis fort

longtemps.

Alan Sparhawk : C’est commedire que le langage ou même fairel’amour sont de mauvaiseschoses. Le rock est un moyen des’exprimer. Le mythe du rock sa-taniste ou de ce mode vie dépravé,ce n’est rien de mieux qu’uneimage faussée, mais aussi et sur-tout l’appel des instincts et la dé-chéance de l’être humain. Il n’y arien de satanique dans le fait dejouer de la guitare. Et tu sais, tousces mecs qu’on a déifiés, toutes lesrock stars rebelles sont en fait desgens très gentils, qui aiment leurmère comme tout le monde. Biensûr ils ont libéré quelques âmesmais je ne comprends pas pour-quoi ça devait être la place durock. Ce n’est pas leur responsa-bilité. Aussi dans ma congréga-tion, je vis avec les mêmespersonnes depuis 20 ans, et je suisassez exposé, surtout lorsque j’aieu une dépression nerveuse et quej’ai été hospitalisé. Les gens par-lent énormément. Tu sais, mêmedans une communauté mormoneles personnes ont des trucs à se re-procher. Ils ont leurs problèmes ets’intéressent à ceux des autres,souvent sans ne rien y compren-dre d’ailleurs.

Et tu as repris des chansons

d’Iggy Pop et du MC5, qui

étaient sympathisants des

White Panthers, ils étaient

anarchistes. Ces messages ne

sont-ils pas contradictoires avec

ceux que cherche à communi-

quer votre Eglise ?

J’adore ce que font ces mecs. Jecrois que le MC5, c’était plutôt untas de mecs qui désiraient juste sebourrer la gueule. Leurs chansonsparlent de combattre l’ordre établi,ils avaient une conscience poli-tique, mais ça n’allait pas bien plusloin je pense.

Et tu es d’accord avec ces idées ?

(Il hésite)… oui ! Les mormonssont anarchistes et nous sommestrès utopistes. Si les mormons di-rigeaient le monde, celui-ci res-semblerait à une théocratiesocialiste. La structure écono-mique serait communiste, dansune société plutôt anarchiste, oùtout serait mis en commun. Il n’yaurait pas de gouvernement. Sitout le monde était mormon, toutle monde croirait en notre pro-phète. Socialement, ce serait unmonde de gauche, même si politi-quement, beaucoup ont des airstrès conservateurs.

Et comment te places-tu face à

ce conservatisme ?

Je fais partie de ceux qui sont pluslibéraux dans l’Eglise. Je ne saispas d’où ça vient, je ne peux pasdire pourquoi les mormons sonten général conservateurs. Je n’aipas la perspective pour parler àleur place.

Je t’ai vu fumer du cannabis

dehors, avant l’interview…

C’est une période de ma vie,mais je ne l’ai pas toujoursfait.

Mais rassure-moi, vous ne pou-

vez pas fumer ouvertement

dans la congrégation ?

Non, c’est formellement interditpar les Textes. Mais très franche-ment, à peu près tout le monde lesait chez nous, ils connaissentmon style de vie. Mais ils n’ontpas le droit de me juger.

Mais est-ce que toi, en tant que

croyant, tu ne te sens pas mal

face à ça ?

Si, bien sur. Je crois en l’Eglise, enses textes, en ses leaders, et je saisqu’ils détiennent la Vérité. J’es-père pouvoir analyser ce conflitintérieur, je ne le comprends pas. Achacun ses névroses, tout lemonde tombe et fait des erreurs,qu’ils aimeraient pouvoir éviter.Est-ce une faiblesse, est-ce unchoix ? Dans mon cas, c’est unchoix. Malheureusement, je suisdans une position particulière là oùje vis, on m’observe beaucoup. Jepeux me sentir mal de fumer destrucs, et d’un moment à l’autre jepeux avoir envie de fumer un jointen dépit de mes remords. Sincère-ment, je suis incapable d’expli-quer ce phénomène.

Et en tournée, comment par-

viens-tu à gérer toutes les tenta-

tions ?

C’est toujours une histoire dechoix. Tous les jours, des chosesse passent et tu dois prendre desdécisions en fonction de tes prin-cipes. Je fais le choix de ne passuccomber à toutes les tentations.J’ai eu un long problème avec l’al-cool quand j’étais plus jeune, etj’en suis venu à me dire que ce

n’était plus possible. Mais on enrevient encore au mythe durock’n’roll, tout le temps des mecsviennent en backstage pour boiredes bières avec nous, mais je n’ytouche pas. En revanche ça nem’est encore jamais arrivé qu’unefille débarque dans les loges pourcoucher avec moi. En fait et c’estsurprenant, je suis toujours plusconfronté à des cas de consciencequand je suis coincé chez moi plu-tôt qu’en tournée. C’est parce quedepuis longtemps, je me suis fixédes limites, je pense que l’être hu-main en a besoin. Et très souvent,je les dépasse plus ou moins. Toutle monde dans notre congrégationa un rôle à remplir, une missiondans la société. En ce qui meconcerne, je donne des cours demusique le dimanche. Ma femmechapeaute le groupe des femmesde la communauté.

Les cas de conscience se posent

plus lorsque tu es chez toi…

c’est surprenant.

Quand je n’ai pas de structure ouquelque chose sur laquelle meconcentrer, je me laisse souventemporter par les évènements. Jeme donne toujours des buts,chaque jour. En tournée, je doisjuste aller d’un point A à un pointB, jouer ma musique devant desgens, et ensuite dormir pour pou-voir assurer le lendemain. Sou-vent, à la maison je ne fais rien etje me dis « qu’est-ce que j’ai faitaujourd’hui ? ». J’ai l’impressionde ne rien accomplir parfois.

Propos recueillis par

Anthony Mansuy

Le Parodien culture

Page 13: Le Parodien du 9 décembre 2009

Mercredi 9 décembre 2009 13

Cinéma

Kad Merad ne prend pas de vacancesLe gamin de Sidi Bel Abbes se voyait rock star. A 45 ans, il est une valeur sûre ducinéma français. Le voilà cette semaine à l’affiche avec RTT, sa première comédieromantique.

«Pour RTT, la pressionest plus grandepuisque c’est un vrai

premier rôle. On va voir si le publicvient pour moi ou non ». Mêmeaprès avoir enchaîné les succès po-pulaires et critiques, Kad Meraddoute toujours de son capital sym-pathie. Pourtant depuis le raz demarée de « Bienvenue chez lesCh’tits », Kaddour, son véritable pré-nom, n’a jamais été autant sollicité.Quatre films à l’affiche cette année etce n’est pas près de se calmer. Troislong métrages sont déjà prêt pour2010 dont le très attendu « L’im-mortel » de Richard Berry où Kadinterprètera un mafieux aux côtés deJean Reno. Des projets pleins la tête,l’acteur ne compte pas s’arrêter làpuisqu’il prépare son rôle le plus dif-ficile : celui de réalisateur. Devant etderrière la caméra, Kad Merad met-tra en scène Michèle Laroque etVincent Perez dans la comédie dra-

matique « Monsieur Papa ». Pas derepos donc pour ce titulaire d’unBEP commerce: « C’est commeaux cartes, quand on a la main, il faut

la garder ». Et ça n’a pas toujours étéle cas. A la fin des années 80, ilmonte à Paris pour devenir comé-dien. Après des débuts difficiles dansle théâtre classique, il trouve uneplace sur Oui Fm, la radio rock pa-risienne. Plus jeune, celui qui a faitrire 20 millions de français rêvait de

devenir rock star. Il a même montéquelques groupes dont il sera le bat-teur et fera les beaux jours des va-canciers du Club Med avec sa

troupe des « Gigolos Brothers ».Mais c’est sur Oui qu’il fait une ren-contre qui va changer sa vie. Celled’Olivier Baroux qui devient sonpartenaire, son acolyte, son meilleurami. Les deux comparses se trou-vent et se complètent dans l’humourpotache. C’est la naissance de Kad et

O. Ensemble, ils animent « Rock’nroll Circus », toujours sur Oui. Maisc’est la télévision qui va les consa-crer. Après des interventions régu-lières dans les émissions de Jean LucDelarue, le tandem d’humoristeanime « La Grosse Emission » sur lachaîne Comédie. De 1999 à 2001,Kad et O osent tout et n’importequoi. Et ça marche. De son côté,Kad apparaît dans quelques filmscomme « La Beuze », « Les Cho-ristes » ou encore « Essaye-moi ».C’est Philippe Lioret qui lui donneson plus beau rôle dans «Je vaisbien, ne t’en fais pas » pour lequel ilsera récompensé aux Césars. Unprix qui lui offre sa crédibilité, sonpass de « Bankable ».Il ne manquaitplus que l’énorme succès populairedes « Ch‘tits » pour asseoir un peuplus sa notoriété. RTT est à l’affichemais Kad Merad est loin de faire dutemps partiel.

Mégal Grouuchka

Musique

Une alchimie réussie

Enfin. Trois ans après 5:55, Charlotte Gains-bourg a sorti son nou-

vel opus. Une nouvelleaventure que l’artiste a par-tagé cette fois avec le chan-

teur compositeur interprèteaméricain, Beck. La compli-cité entre les deux artistes adonné naissance à un albumriche en sonorités variées etmême à un duo : la chanson «Heaven can wait ». Le titrede cet album, IRM, fait échoà l’accident de jet-ski dontCharlotte Gainsbourg a étévictime en 2007. Les bruits decette machine à résonnanceviennent d’ailleurs rythmer lemorceau phare du disque : un« IRM » aux sonorités angois-santes. Son « Voyage » mêléd’empreintes africaines et desons envoûtants vient clorecet album. Au fil des chan-

sons, l’univers musical trans-porte d’un rythme à l’autre.Sa mystérieuse « Collection-neuse », est l’un du plus beaurésultat du mariage des styles,des sens et des sons. Tour àtour onirique, inquiétant, fas-cinant et lumineux, l’albumapparaît comme une œuvrepersonnelle de cette artistecomplète. Sa mélancolique «Vanities » touche au cœur parl’alliance du murmure de savoix et de la guitare. Sa voixfrêle se mêle magnifiquementaux sonorités puissantes deBeck qui s’est voulu commele « passeur » du monde decette « fille de ». Avec un

album majoritairement com-posé de morceaux en anglais,Charlotte G. évite ainsi toutecomparaison avec son père etse libère aisément de ce lourdhéritage familial. Après unalbum avec son père et sonprometteur disque seule vingtans plus tard, CharlotteGainsbourg a trouvé sa propreempreinte musicale. Grandepremière, elle devrait montersur scène l’année prochaineentourée d’un groupe de mu-siciens choisis par Beck.

Johanna Amselem

Cet album en forme de kaléidoscope est l’évènement musical de cette fin d’an-née. Basé sur l’improvisation et il invite à l’évasion.

Le Parodien culture

Page 14: Le Parodien du 9 décembre 2009

14 Mercredi 9 décembre 2009

Cinéma

Avatar en quête de révolutionDernier né de James Cameron, ce film d’animation extrêmement novateur s’apprête à dé-barquer dans toutes les salles du monde pour bouleverser, une nouvelle fois, le 7ème art.

Quinze ans de travail! Quinze ans de la-beur pour un réali-

sateur qui se faitdécidemment trop rare.James Cameron. Patronymeévocateur de succès, de rêveet de révolution. Qui n’a pasvibré devant une des ceshuit œuvres ? Terminator,Aliens, Titanic… James Ca-meron est de la veine desgrands, de ceux qui ont bou-leversé le 7ème art.

Titanic, année zéro

On se souvient avec émo-tion d’Abyss (1989), le filmqui transcenda Mary Eliza-beth Mastrantonio et EdHarris aux fins fonds desprofondeurs de l’océan. Vé-ritable bouleversement ci-nématographique àl’époque, pour ses tech-niques et son univers. Tita-nic est à ranger dans lamême étagère, pour sesplans sous-marins éclatantsà plus de 3000m de profon-deurs dans l’Atlantique

Nord. Cameron prolongeal’expérience en 2003 en re-tournant près de laditeépave pour le documentaireLes Fantômes du Titanic,tourné avec un système ré-volutionnaire de prise devue en trois dimensions.

Le film le plus cher de

l’Histoire

En 2009 se présente à nousAvatar, véritable ovni de lapart de celui qui nous avaithabitué à de grands dramesou des films d’action ultraviolents. Comment qualifierce nouveau né ? Un filmd’animation nouvelle géné-ration ? Oui, certainement.Une nouvelle révolution ?Assurément.

Le dernier né ne manquepas de caractéristiques im-pressionnantes. Avatar n’estni plus ni moins l’œuvre ci-nématographique la pluschère de l’Histoire. 300 mil-lions de dollars pour luiseul, dépassant les derniers

détenteurs du « titre », à sa-voir Spider-Man 3 et le der-nier Pirates des Caraïbes, àl’autre bout du monde, cré-dités chacun de 258 et 290millions de dollars. D’aprèsla production c’est un peuplus de 1000 personnes quiont collaboré à ce projet dé-buté en février 2007 et dontle tournage s’est achevé enjuin 2009. Et depuis le buzzn’a cessé d’enfler. C’est de-venu une habitude de nosjours pour assurer un succèscommercial. ParanormalActivity, en salles depuisune semaine, est là pour leconfirmer. A travers unejournée mondiale de projec-tion, savamment orchestréepar la Fox le 21 août der-nier, 15 minutes du film ontété projetées gratuitementen 3D dans quelques sallesde plusieurs pays.

Premier épisode d’une

trilogie ?

Mis au placard durant desannées, faute d’une techno-

logie suffisante, les progrèsd’animation initiés par lestudio WETA en 2002, àl’origine des effets spéciauxde la trilogie du Seigneurdes anneaux, ont permis àJames Cameron de ressortirle Projet 880 (titre d’originedu film) de ses tiroirs. Lavision de Gollum à l’écranfut, paraît-il, une révélationpour le réalisateur vision-naire.

Si le film s’avère rentable,Avatar pourrait être le pre-mier épisode d’une trilogie.Sam Worthington, qui as-sure le rôle du personnagecentral, a récemment confiéqu’il avait signé pour troisfilms… Mais au diable lesfinances, James Cameron aentre ses mains une légiti-mité qui lui permet d’entre-prendre ses visions folles.Serez-vous parmi ceux quiparticiperont à l’expérience? Réponse le 16 décembre.

Grégory Raymond

Le Parodien culture

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Mercredi 9 décembre 2009 15

Le Parodien culture

Gad Elmaleh et Lemer-cier aux CésarsLa 35e cérémonie des Césardu cinéma français sera pré-sentée par Valérie Lemercieret Gad Elmaleh. Tous deux ontdéjà été maîtres de cérémo-nie des César, en 2004 et 2005pour Gad Elmaleg et en 2006et 2007 pour Valérie Lemer-cier. La 35e cérémonie auralieu au Théâtre du Châtelet le27 février.

Brad Pitt veut financerVladLe mythe du compte Dra-cula va être une nouvellefois revisité au cinéma, etBrad Pitt veut y participer.« Vlad » devrait raconter lajeunesse du fameux vam-pire. Le studio qui devraitle produire est à l’originede « Twilight ». Brad Pittest en négociation afin decofinancer ce film dont lescript est écrit par CharlieHunnam.

Le filon DionAprès le succès du docu-mentaire posthume surMichael Jackson « This is It», Sony veut continuer àexploiter le filon. Un docu-mentaire suivant la der-nière tournée de CélineDion va être diffusé dansles salles américaines pen-dant 15 jours, à l’instar deThis is It. Et pour les scep-tiques, Sony estime qu’ils’agit du « meilleurdocu-réalité autour d’unartiste », c’est dire.

EN BREF

Sergueï est un Évène, un de ces no-mades éleveurs de rennes qui vi-vent dans les montagnes de Sibérieorientale. A l'âge de 16 ans, Sergueïest nommé gardien de la grandeharde du clan de Batagaï. Dès sonplus jeune âge, Sergueï a appris àchasser et abattre les loups sans étatd'âme. Jusqu'au jour où sa rencon-tre avec une louve et ses quatre ado-rables louveteaux va bouleversertoutes ses certitudes... C'est à cetinstant que sa vie bascule. Pour pro-téger "ses" loups, Sergueï va trans-gresser les lois millénaires de sonpeuple et ainsi trahir son père et sonclan. Dernier film du réalisateur duDernier Trappeur, l’explorateur duGrand Nord continue son voyagevisuel dans un autre univers qui en-voutera les petits et les grands.

Oscar, garçon de dix ans, séjourneà l'hôpital des enfants. Ni les méde-cins ni ses parents n'osent lui dire lavérité sur sa maladie. Seule Rose,femme à l'air bougon, venue livrerses pizzas, communique avec luisans détour. Pour le distraire, Rosepropose un jeu à Oscar : fairecomme si chaque journée comptaitdésormais pour dix ans. Elle luioffre ainsi une vie entière enquelques jours. Une amitié singu-lière naît entre Oscar et Rose. Tousdeux sont loin d'imaginer à quelpoint cette complicité va boulever-ser leur destin. Adapté directementà l’écran par l’auteur du roman,Oscar se montre émouvant à sou-hait et fera verser de nombreuseslarmes cet hiver.

Un inconnu. Daniel, 35 ans, estpoursuivi par un inconnu qui s'in-troduit chez lui régulièrement etl'espionne systématiquement.Comment ce garçon est-il entrédans la vie de Daniel ? Daniel lui-même ne s'en souvient pas. Un jourcet inconnu se poste devant lui, leregarde et lui dit : "Tu es l'hommede ma vie". Daniel le chasse. Unefemme. Daniel vit seul, mais il vadeux ou trois fois par semaine chezSonia, cette femme qu'il persécuteet idéalise en même temps. Il ne luipasse rien et vit dans une dépen-dance affective totale à son égard.Le dernier Chéreau livre une copiepropre et met en scène la belle ren-contre à l’écran de Romain Duris etCharlotte Gainsbourg.

Après avoir terminé son école mi-litaire, Michael rentre à la maison. Ily découvre sa mère en pleine his-toire d'amour avec son nouveaupetit-ami David Harris. Alors queles deux hommes commencent à se

connaître, Michael devient de plusen plus suspicieux : son beau-pèrea toujours été là pour rendre ser-vice, mais ne serait-ce pas un leurrepour cacher ses pires travers ? Lejeune homme décide alors demener l'enquête avec quelquesamis et ne tarde pas à découvrir quece beau-père est en réalité un serialkiller qui aurait déjà éliminé plu-sieurs familles... Véritable révéla-tion de la série Nip/Tuck, lesympathique Dylan Walsh trans-formé ici en tueur, éclabousse unfilm moyen par sa performance.

Notre séléction ciné

du mercredi

Grégory Raymond

avec

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Le ParodienTélévision

Les dessous du vote des « Gérard »Les gagnants de la 4ème édition des « Gérard de la télévision » ont été dévoilés lundi.Ils doivent leur « succès » à un groupe hétéroclite de 29 jurés qui ont voté selon des cri-tères surréalistes.

Tout le PAF (Paysage Au-diovisuel Français) enprend pour son grade avec

les Gérard de la télévision. Lethéâtre Michel a accueilli lundisoir à Paris la 4ème édition decette cérémonie retransmise surParis Première. Même si les Gérard (en hommageaux célébrités du PAF portant ceprénom tels Gérard Depardieu,Gérard Louvin,…) sont télévisés,l’événement garde un côté convi-vial comme l’explique Yann lePoulichet, un des 29 membres dujury : « Au départ, on faisait çaentre copains dans un bar qui s’ap-pelle « le réservoir » près de Bas-tille. L’esprit est resté : on estd’abord là pour se marrer ». Lejournaliste de Voici a été retenupour faire partie du jury car il estami avec Frédéric Royer, un destrois initiateurs de la cérémonieaux côtés de Stéphane Rose et Ar-naud Demanche. La majorité desjurés ont été sélectionnés de cettemanière. Paris Première a contactéles autres, à l’image de la journa-liste de 20 minutes Anne Kerloc’h

: « En tant que responsable de laséquence TV-médias, je suis for-cément l’actualité télévisée et lesémissions/animateurs gérardisa-bles. J’ai accepté parce que cettecontre-cérémonie azimutée quioscille entre le 2e et le 42e degréagit un peu comme un dégonfleurd’égos du PAF. » Conséquence,un groupe hétérogène de journa-listes allant d’Yves Eudes, grandreporter au Monde, à Marie Ottavide Closer, a voté dans 14 des 15catégories. Les internautes de 20minutes ont eu le privilège de dé-cider pour le « Gérard de l’anima-teur qui ressemble le plus à unautre animateur ». Ils ont choisi leduo Laurent Bataille et PascalFontaine au grand dam de PatrickSebastien qui était en liste avecPatrick Sabatier. Le présentateurdu plus grand cabaret du monde,un des rares nominés à avoir faitle déplacement, est monté surscène et a commenté avec dérision: « C’est bidon. L’année dernièredéjà j’ai été nominé dans la caté-gorie de l’animateur le plus relouet je n’ai pas gagné alors que je le

méritais ».

Un vote par internet

La tricherie n’a rien à voir dans cerésultat. L’explication est ailleurs :les votes ne se fondent pas sur descritères préétablis. Le journalisteau Monde des livres, Nils C. Ahl,développe : « A chaque juré, sescritères. En ce qui me concerne, jeprocède par élimination au regardde l'intitulé du Gérard. » Pour le «Gérard de la chaîne pourraveplanquée bien au fond de ton bou-quet satellite, sur laquelle tutombes soit car tu t'es assis acci-dentellement sur ta télécom-mande, soit car tu es en pleinedescente de crack, soit car tu es ru-briquard dans une émission de dé-cryptage des médias, soit car tu asune passion déviante pour lespneus de tracteur », Yann Pouli-chet a choisi la chaîne ClermontPremière car c’est celle dont il pré-férait la sonorité. Mais c’est Po-wertürk TV qui a remporté leParpaing, trophée symbole desGérard. Le vote est anonyme etélectronique, comme dans une as-

semblée délibérative. Chaque juréa reçu la liste des catégories et lesnominés par mail quelques se-maines avant la cérémonie. Ils dis-posaient de plusieurs jours pourrépondre. Les 29 jurés, pour laplupart présents à la cérémonie,ont découvert les gagnants enmême temps que les téléspecta-teurs. Le public a approuvé laquasi-totalité de leurs choix. Al’exception du Gérard de l’invitéidiot décerné à Geneviève de Fon-tenay et qui a valu aux membresdu jury une petite bronca.

François Perrigault

médias

Football

L’Equipe : 2 - Concurrence : 0

Lancé le 13 octobre dernier parRobert Lafont, Président dugroupe Entreprendre, Le Quoti-dien du Foot n'a pas réussi sa per-cée face à L'Équipe. La diffusiondu journal frise aujourd’hui les 20000 exemplaires alors que l'objec-tif était d'atteindre 50 000 exem-plaires en un an. Robert Lafontn’aura donc pas attendu plus long-temps pour mettre fin au carnage.Le Quotidien du Foot passera enhebdomadaire dès demain, mêmesi le groupe espère bien revenir àses premiers amours d’ici

quelques mois. "Ce n’est que tem-poraire" confirme Robert Lafont."L’objectif sera de revenir à uneparution quotidienne à partir du 22février prochain". La nouvelle for-mule devrait bénéficier d'une ma-quette plus moderne, d'unepagination en couleurs de 24 à 32pages selon l'actualité et d'une édi-tion du week-end chaque samedi.Le journal devrait aussi éviter lareprise d’articles de la presse ita-lienne pour couvrir le champion-nat de football transalpin. Sixarticles du journal sportif Calcio-

mio s’étaient ainsi retrouvés dansLe Quotidien du Foot sans autori-sation.Autre gros point noir de la pre-mière version du quotidien, lecompte-rendu tardif des matchs defoot (analyse le vendredi des ren-contres du mercredi). "Nous bou-clerons désormais vers 23h30 cequi nous évitera d’avoir en perma-nence un jour de retard sur notreconcurrent" souligne Robert La-font. Un concurrent nomméL’Equipe qui a donc encore debeaux jours devant lui avant de

voir sa place de numéro un mena-cée (310 000 exemplaires venduspar jour). "La France est le seulpays en Europe où un quotidiensportif national écrase à ce point laconcurrence" confirme OlivierMongeau, Rédacteur en Chef àStratégies. "C’est un journal quibénéficie d’une excellente réputa-tion en France et dans le reste dumonde. Il est aussi très souventcité par les autres médias et profitesurtout d’un des lectorats les plusfidèles de la presse française."

Vincent Girard

Face à des ventes bien loin des objectifs affichés, Le Quotidien du Foot deviendra heb-domadaire à partir de demain. L’Equipe reste l’unique quotidien sportif français.

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Football

L’OM peut faire sauter la banqueContraint à l’exploit face au Real de Madrid ce soir (20h45), l’Olympique de Marseillejoue, en plus de son avenir européen, une partie de ses recettes financières annuelles.

Qui a dit qu’ « impos-sible n’est pas mar-seillais » ? Si

beaucoup ne se sont jamaisposés la question, l’expres-sion a été le véritable leitmo-tiv des hommes de DidierDeschamps cette semaine.Dans l’obligation de rempor-ter - avec la manière - son ul-time match de poule face auxgalactiques du Real (une vic-toire 3-0 les qualifieraient di-rectement), les Marseillais ycroient. Même si le cap àfranchir paraît insurmonta-ble.En quête de crédit européen,la bande à Mamadou Niangdevra avant tout faire preuvede maturité si elle veut fairedéjouer le système de la Mai-son Blanche. « Nous ne de-vrons en aucun cas partir latête dans le guidon, il faudraêtre patient », répétait encoreDidier Deschamps lors de laconférence de presse hiersoir. Un paramètre qui avaitporté préjudice aux Olym-piens lors du match aller (3-0en faveur du Real) et quidevra être respecté pourconserver tout espoir.Leur survie pourrait égale-ment venir de Zurich qui, encas de match nul ou d’un suc-cès face au Milan AC, pour-rait permettre à l’OM de sehisser en huitièmes de finaleavec un simple 1-0. Se quali-fier leur permettrait, d’unepart, d’asseoir une nouvelleréputation parmi les grandesécuries, mais égalementd’engranger des recettes fi-nancières considérables.

Une prime

non négligeable

Car depuis leur victoire en1993 en Ligue des Cham-pions, les Phocéens n’ont ja-

mais été plus loin que laphase de poules et ont tou-jours poursuivi leur cam-pagne européenne en CoupeUEFA, une compétition net-tement moins rentable. «Même si les frais de déplace-ment et d’hébergement sontimportants, les recettes dufootball au plus haut niveaueuropéen peuvent atteindredes sommes astronomiques,explique Nathalie Henafféconomiste et gestionnairedu sport au Centre de Droit etd'Economie du Sport. Il n’y adonc pas de quoi s’inquiéterpour les Marseillais qui,même s’ils ne se qualifientpas, auront tout de même ac-cumulé plusieurs millions.»D’autant que la saison der-nière, l’OM avait touché prèsde 48 millions d’euros uni-quement pour les droits télétoutes compétitions confon-dues alors que le club n’avait

pas franchi la phase depoules de Ligue des Cham-pions.Avec près de 600 000 eurospar victoire lors des matchesde poules (le vainqueur finaltouchant 45 millions d’euros), « il est certain que lorsqu’unclub est éliminé ou reversé enEuropa Ligue, cela peut fairegrincer les dents des diri-geants qui voient leurs re-cettes européennes diminuerde trois quart. » conclut Na-thalie Henaff. Si l’UEFA n’atoujours pas communiqué of-ficiellement les primes de laLigue des Champions pourcette saison, l’Olympique deMarseille devrait toucherentre douze et quinze mil-lions d’euros en cas de quali-fication. Reste simplement àvaincre le club le plus titré del’histoire…

Alan de Silvestri

Mamadou Niang et les Marseillais devront s'employer ce soir

face au Real Madrid pour espérer décrocher la qualification.

©D

R

Le ParodienDirecteur de la publication :

Antoine Guiral

Rédactrice en chef :

Grégory Raymond

Secrétaire de rédaction :

François Perrigault

Maquettiste :

Anthony Mansuy

Ont participé à ce numéro :

Johanna Amselem, Laura

Beheulière, Pauline Bordone,

Clément Bourdin, Alan De

Sivestri, Vincent Gautronneau,

Vincent Girard, Mégal

Grouchka, Marie Koenig,

Anthony Mansuy, Abdel

Pitroipa, Grégory Raymond,

Grégory Rozières, Laurence

Texier et Julien Van Caeyseele.

Rédaction :

9 rue Alexandre Parodi, Paris 10

Editeur :

ISCPA Paris

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