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Le Phénomène de la Contrebande en Colombie au XIX ÈME Siècle

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This article was downloaded by: [Lakehead University]On: 08 December 2014, At: 16:05Publisher: RoutledgeInforma Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH,UK

Canadian Journal of LatinAmerican and CaribbeanStudies/Revue canadienne desétudes latino-américaines etcaraïbesPublication details, including instructions forauthors and subscription information:http://www.tandfonline.com/loi/rclc20

Le Phénomène de laContrebande en Colombie auXIXÈME SiècleMuriel Laurenta

a Universidad de los AndesPublished online: 07 May 2014.

To cite this article: Muriel Laurent (2005) Le Phénomène de la Contrebande enColombie au XIXÈME Siècle, Canadian Journal of Latin American and CaribbeanStudies/Revue canadienne des études latino-américaines et caraïbes, 30:59, 131-160,DOI: 10.1080/08263663.2005.10816869

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LE PHÉNOMÈNE DE LA CONTREBANDE EN COLOMBIE AU XIXÈME SIÈCLE 1

MURIEL LAURENT Universidad de los Andes

Résumé. La contrebande constitue dans la Colombie du XIXème siècle un phénomène aux dimensions importantes. Pour 1 'appréhender, cet article présente une analyse qui aborde le problème sous quatre angles complémentaires: le premier a trait à la politique douanière, le deuxième au fonctionnement tech­nique de l'administration des douanes, le troisième à la pénalisation de la contrebande et le dernier aux discours officiels et aux conduites sociales qui accompagnent cette illégalité. La situation est étudiée durant deux moments clés : la période pendant laquelle les monopoles d'Etat sont encore en vigueur (1821-1850) et la période postérieure au démantèlement de ceux-ci (1850-1886). Les résultats laissent entrevoir que le phénomène étudié se situe à 1 'intersection de différentes réalités nationales telles que 1 'insuffisance du budget public, les vicissitudes de la construction d'un état moderne efficient sur l'ensemble du territoire national, les logiques sociales qui privilégient l'intérêt particulier sur 1 'intérêt général et la fonctionnalité des pratiques illicites.

Abstract. Contraband constitutes a phenomenon of important dimensions in nineteenth-century Colombia. For a better understanding, this article presents an analysis approaching the problem from four complementary angles, each one of them dealing with: first, customs po !ici es; second, technical function­ing of customs' administration; third, penalization of the contraband; and fourth, the official discourses and the social channels that accompany this illegal prac­tice. The problem is studied during two key moments: the period in which the State Monopolies were enforced (1821-1850) and the subsequent period of their dismantling (1850-1886). The results allow us to infer that the analyzed phenomenon is located at the crossroad of severa! national realities such as an

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insufficient public budget, the difficulties of building a modem and efficient state covering the entire national territory, the social logic that favors private interests over the general on es, and the functionality of the illegal practices.

La contrebande existe en Colombie depuis la période coloniale2 et continue à préoccuper les autorités douanières en ce début de XXIème siècle où on continue de trouver, entre autres, la vente d'articles in­troduits illégalement dans les sanandresitos3 et une effervescence des contrebandiers dans le port de Maicao dans la Guajira.4 La persis­tance et la visibilité de ce phénomène tout au long de 1 'histoire de ce territoire constituent le point de départ d'un intérêt de la part de 1 'his­torien pour ce sujet.

La première question qui vient à l'esprit est d'expliquer pour­quoi la fin du régime colonial espagnol et l'entrée dans une logique républicaine n'aient pas mis fin à cette pratique illicite, dans la me­sure où les historiens justifient la contrebande durant la période co­loniale par le caractère hautement restrictif des règles commerciales imposées par les espagnols dans le contexte mercantiliste. La seconde piste à explorer naît des affirmations d'un certain nombre de polito­logues et sociologues (parmi lesquels on peut signaler Betancourt et Garcia 1994, 103-1 05) qui considèrent que le narcotrafic s'est ré­pandu en Colombie à partir d'une série d'éléments (les routes et moyens utilisées, et les valeurs à 1' appui des pratiques de contrebande) déjà en place depuis la période coloniale.

Pour ceci, il convient de s'intéresser de plus près aux caractéris­tiques de la contrebande après l'indépendance définitive de la Nou­velle-Grenade, obtenue en 1821, et de chercher les explications per­mettant de comprendre sa persistance à travers le temps, pour en définitive préciser -nous dirons de manière imagée- le pourquoi et le comment de cette intrigue. 5

L'hypothèse de départ pose que le phénomène de la contrebande se situe à l'intersection entre les vicissitudes, marquées par l'insuffi­sance du budget public dû à la construction d'un Etat moderne effi­cient sur la totalité du territoire national d'une part et, d'autre part, les logiques sociales qui privilégient 1 'intérêt particulier sur 1' intérêt général et tolèrent, pour ce faire, le recours aux pratiques illicites lors­que celles-ci sont utiles. 6

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Le présent article souligne quelques uns des résultats avancés à ce sujet, en commençant par un panorama général du commerce illi­cite en Colombie entre 1821 et notre date butoir de 1886.7 Il sera suivi d'une analyse de ce phénomène sous quatre angles complémen­taires: le premier a trait à la politique douanière, le deuxième au fonc­tionnement technique de 1' administration des douanes, le troisième à la pénalisation de la contrebande et le dernier aux discours officiels et aux conduites sociales qui accompagnent cette illégalité.

La présentation s'effectuera en deux temps. En premier lieu, 1' ana­lyse se centrera sur la situation pendant les trois premières décennies de vie républicaine, de l'indépendance aux réformes économiques libérales du milieu du siècle. Dans un deuxième temps, nos pas nous guideront vers les décennies postérieures à 1' abolition des principaux monopoles d'Etat.8

La contrebande avant les réformes du milieu du XIXème siècle

Les produits et les routes de la contrebande

Durant la première moitié du XIXème siècle, la côte atlantique, parti­culièrement les ports de Carthagène, Santa Marta et Riohacha, ainsi que les côtes de la Guajira est privilégiée tant pour l'exportation que pour l'importation de biens de contrebande, ce qui est conforme à la tendance héritée de la période coloniale et l'insertion du pays dans l'espace commercial des caraibe. Le commerce dans l'Océan Pacifi­que est pour sa part nettement moins développé, et la faible préoccu­pation des autorités douanières pour cette façade maritime, où il y a peu de postes de douanes, le reflète. Néanmoins, la contrebande se réalise tant dans les ports autorisés que sur les côtes non habilitées pour le commerce. Les produits des régions centrales et andines sont acheminés vers la côte par les différents fleuves et les biens étran­gers parviennent à l'intérieur par les mêmes voies, en particulier le Magdalena, un fleuve qui relie Bogota, centre politique du pays, et la côte caraibe. Dans la majeure partie des cas, les îles des Caraibes, et particulièrement la Jamaïque, constituent un passage obligé entre la Nouvelle-Grenade et la Grande-Bretagne, et dans une moindre me­sure le reste de l'Europe. Les frontières terrestres n'apparaissent

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qu'après la dissolution en 1830 de la Grande Colombie qui regrou­pait la Nouvelle-Grenade, l'Equateur et le Venezuela. L'installation de douanes sur ces nouvelles frontières sera plus lente et nettement moins primordiale, étant donné le moindre flux commercial, que sur la côte caraïbe.

Durant les premières décennies de vie républicaine, de 1821 au milieu du siècle, différents produits font l'objet d'un trafic d'expor­tation et d'importation illicite. Le tabac connaît un mouvement clan­destin bidirectionnel: on assiste à l'importation de tabac étranger de première qualité en provenance de Virginie et de Cuba, ainsi que l'ex­portation d'une partie de la production nationale. L'or d' Antioquia et du Choc6 quitte le pays en échappant au circuit officiel, ainsi que, dans une moindre mesure, les produits locaux comme le coton et le palo de mora. 9 En contrepartie les textiles de différentes qualités et matières, la poudre, les boissons alcoolisées comme le rhum et le gin et une infinité d'autres articles manufacturés européens (porcelaine, cristallerie, couteaux de rasage, peignes, miroirs, ciseaux, matériel de couture, parfums, bijoux, chaussures, papier et matériel pour pein­dre et écrire, les cartes à jouer, etc.), sont introduits illégalement. 10

Les armes dont la jeune République fait grand usage durant les guer­res civiles qui ponctuent ces années n'apparaissent pas dans les listes des confiscations. On peut ici risquer une explication en présumant que l'introduction de ces produits s'effectuait par le Venezuela, pays avec lequel la frontière a été établie tardivement et était particulière­ment poreuse.

Les marchandises exportées représentent donc les principales pro­ductions locales (le tabac et l'or) exportés vers l'Europe. Quant aux introductions illicites, elles illustrent une double tendance: d'une part, on fait venir les biens étrangers de grande nécessité, comme les tex­tiles ou la poudre. D'autre part, les élites dans les centres urbains de la côte et de l'intérieur achètent des marchandises européennes de luxetrafiqués comme les bijoux, parfums, peignes, porcelaine et cris­tallerie à la mode.

Avant les réformes du milieu du siècle, la contrebande touche en somme les biens qui font l'objet de fortes restrictions de la part des autorités. En effet, entre 1821 et 1850, la politique économique con­serve une caractéristique coloniale à travers le maintien de monopo­les étatiques de production et/ou de commerce, comme celui du ta-

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bac, de la poudre et des cartes à jouer et ne permet en conséquence pas le commerce privé de ces produits.

En ce qui concerne le tabac, le maintien du monopole d'Etat est prévu par la loi du 29 septembre 1821 qui est assorti d'un décret du 7 juillet 1823 interdisant explicitement dans son article premier« l'in­troduction de toute classe de tabacs étrangers, que ce soit en feuilles, cigares, poudre ou rapé par les ports de Colombie jusqu'à ce que le Congrès se propose de l'autoriser ».II Le revenu obtenu grâce à ce monopole constitue la plus productive des rentrées fiscales, mais souf­fre du manque de fonds publics pour assurer une production natio­nale suffisante. En d'autres termes, l'Etat n'est pas en mesure de pour­voir le monopole de la production de tabac, ce qui incite l'utilisation de tabac étranger, obtenu illégalement, pour faire face à la demande élevée de ce produit, et compenser pour ce qui est exporté illicitement.I2 Les mesures prises pour éliminer le recours à l'illéga­lité, comme une recrudescence des rondes de contrôles par les gar­des du monopole, 13 ou une augmentation des activités législatives 14

sont répétées sans succès, Is de sorte que la contrebande d'importa­tion 16 et d'exportation I? prospèrera jusqu'au moment où 1' Etat libé­ralisera la culture et la commercialisation du tabac, parallèlement aux autres réformes libérales, entre 1845 et 1850.

Le commerce de 1' or est pour sa part soumis à des règles précises qui empêchent de commercialiser 1' or sans passer par les casas de amonedaci6n, endroits où les autorités recevaient l'or produit au ni­veau national pour le frapper et en permettre ainsi la circulation offi­cielle. La Loi du 29 septembre 1821 (Galindo 1874, 32), puis le Dé­cret du 16 avril 1823 sur les fraudes à 1' extraction de métaux précieux au détriment du trésori 8 vont dans ce sens, et surtout la loi du 10 juillet 1824 qui prescrit 1 'interdiction d'exporter 1 'or en poudre ou en barres mais permet 1 'exportation de 1' or frappé monnayant le paie­ment d'un droit de 3% (Galindo 1874, 32). Le commerce illégal de l'or est cependant extrêmement difficile à contrôleri 9 étant donné la petite dimensions des morceaux et son utilisation comme moyen de paiement.20 Les anglais sont particulièrement friands de l'or en pou­dre comme payement des marchandises qu'ils font rentrer illégale­ment au pays. L'absence d'une Casa de Moneda sur la côte des Ca­raïbes2I porte d'autant plus préjudice à la politique officielle puisqu'elle exige des commerçants qu'ils fassent un détour par les

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points autorisés pour réaliser l'opération. Notons que l'or est égale­ment drainé vers le sud et la côte du Pacifique en direction de l'Equateur et du Pérou.22

La libre exportation de 1 'or est finalement autorisée en 1846, après de nombreux débats similaires à ceux qui accompagnent la suppres­sion du monopole du tabac, entre ceux qui considèrent que ce sont les restrictions qui promeuvent la contrebande et ceux qui refusent de se passer de cette entrée pour le Trésor.23

Deux autres produits qui se trouvent dans la liste des marchandi­ses de contrebande font l'objet de monopoles d'Etat: les cartes à jouer et la poudre. Les cas d'introduction illicite de poudre se limitent à la période entre 1823 et 1826,24 période durant laquelle se maintient le monopole.25 Comme pour le tabac, il apparaît que les introductions illicites se font en raison de la pénurie que cause 1 'approvisionne­ment par l'Etat, ce qui oblige les agents des mines, grands consom­mateurs de poudre pour l'ouverture de filons d'or, à pourvoir eux­mêmes à leurs besoins en cette matière.26 De manière similaire, les importations de rhum de Jamaïque et de gin hollandais par Curaçao sont fréquentes entre 1823 et 1826, période durant laquelle la régle­mentation qui régissait leur importation était prohibitive.27

En ce qui concerne les tarifs douaniers perçus sur les importa­tions étrangères autorisées, ils oscillent entre 15% et 25 ou 35%28 de manière à protéger la production nationale et les consommateurs et les commerçants les considèrent comme étant 'trop élevés' ou 'in­justes'. En outre, les droits étant prélevés ad valorem ils engendrent une vérification attentive de chaque chargement et chaque colis, ce qui provoque parfois des dégâts et dans tous les cas une perte de temps pour les importateurs, qui perçoivent mal ces inconvénients. De plus, les produits manufacturés étrangers sont de bien meilleure qualité et nettement plus variés que les productions nationales, quand celles-ci existent. En effet, malgré une politique économique qui, par son ca­ractère protectionniste, lui est favorable, 1 'industrie nationale ne par­vient pas à décoller.

Politique douanière, revenu des douanes et contrebande

Durant la première moitié du XIXème siècle, la politique économique restrictive, marquée par le maintien de monopoles et de prohibitions, a pour objectif d'assurer des rentrées suffisantes au Trésor public mal

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en point après les coûteuses guerres d'indépendance et les multiples conflits civils postérieurs. Il n'est donc pas question pour les autori­tés de se passer de ces mesures surtout que les droits de douanes sont, avec les revenus des monopoles, 1 'une des plus importantes rentrées fiscales de la jeune République. 29 On peut ainsi affirmer que la fixa­tion des droits de douanes dépend en premier ressort des besoins du fisc. Les recettes douanières sont par ailleurs directement destinées au remboursement de la dette publique,30 et pour ce, les tarifs doua­niers doivent assurer une rentrée importante et périodique. Il devient ainsi difficile d'envisager une réduction substantielle des tarifs dans ces conditions. 31

En conséquence, 1 'évaluation du risque de contrebande prend une place centrale lors de l'établissement de la politique douanière: si les taux perçus à 1' entrée de marchandises étrangères sont trop bas, ils n'amènent pas assez d'apports au trésor, mais s'ils sont trop élevés, ils provoquent une augmentation de la contrebande et donc un dé­tournement des impôts au détriment du fisc. De cette manière, la dis­cussion contemporaine entre les tenants du libre échange et ceux du protectionnisme, quoiqu'elle existe au niveau théorique, est loin d'être la question la plus importante sur le terrain: les besoins du fisc et les risques de contrebande priment sur toute autre considération.

Face à un régime commercial marqué de prohibitions et de limi­tations, les contrebandiers recourent à l'illégalité et ce faisant font pression sur les autorités pour autoriser une plus grande liberté com­merciale. Les réformes libérales de la seconde moitié des années qua­rante mettent fin à ces trente années de protectionnisme.

Fonctionnement de l'Administration des Douanes et contrebande

L'Administration des Douanes fait face à un certain nombre de diffi­cultés qui se répercutent sur 1 'efficacité du contrôle et la perception des droits de douane. En effet, nous trouvons dans les archives de cette institution publique une série d'indices montrant des problèmes d'ordre administratif et technique qui facilitent 1' introduction de mar­chandises de contrebande. Entre autres, les lois et les décrets tou­chants le commerce et les douanes sont disséminés dans différents codes et changent fréquemment dans les années suivant l'indépen­dance, créant ainsi une législation contradictoire. 32 Soulignons éga­lement la quantité de documents à présenter et la lenteur des vérifi-

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cations qui s'opèrent dans les postes de douanes. 33 Ces nombreuses démarches provoquent l'incertitude des employés eux-mêmes quant au déroulement des opérations douanières et aux procédures à res­pecter.

D'autre part, les déboires des autorités en ce qui a trait à la loca­lisation optimale du point de contrôle dans certaines régions du pays sont particulièrement handicapantes pour la lutte contre la contre­bande. L'exemple le plus frappant au cours de la première moitié du XIXème siècle est celui de la douane chargée de percevoir l'impôt sur le fleuve Atrato: aucun des endroits successivement choisis pour lo­caliser les douaniers n'est entièrement satisfaisant. Le problème se pose avec acuité après 1 'ouverture de 1 'Atrato au commerce en 1831 (la navigation y était suspendue depuis le xvmème siècle comme mesure anti-contrebande; Parsons 1996, 45). De nombreux documents parus dans la presse régionale entre 1834 et 183 734 montrent que, des localités considérées, soit il s'agit d'un lieu insalubre et/ou dé­peuplé qui n'offre pas les conditions suffisantes pour 1' installation du personnel, bien qu'il soit stratégique pour vérifier le contenu des embarcations qui s'engagent sur le fleuve. C'est le cas de Matuntuvo situé à l'embouchure du fleuve. Autrement, l'endroit est situé beau­coup trop à l'intérieur des terres et les bateaux qui débarquent et em­barquent sur les premiers kilomètres du fleuve ne descendent pas jus­que là pour effectuer les démarches légales, comme c'est le cas à Quibdo.

En définitive, aucun endroit ne réunit les conditions nécessaires pour l'établissement du poste douanier et le temps passé à étudier les avantages et désavantages des divers endroits sont autant d'années mises à profit par les contrebandiers pour s'adonner au commerce illégal. En outre, le coût des déplacements du poste de douanes d'un endroit à un autre est un élément particulièrement décisif pour les autorités qui hésitent donc longtemps avant de prendre une décision. Dans 1' exemple mentionné, le choix se porte en 1839 sur Turbo (Par­sons 1996, 46; Rejistro oficial de Hacienda 1842) dans le Golfe d'Uraba, sans que ce reste toutefois le lieu définitif.

Si l'emplacement des postes de douanes est un problème, le nom­bre limité de ceux-ci l'est aussi. La plus grande partie du littoral le long de la mer des Caraibes, pour ne pas parler des autres frontières maritimes et terrestres, n'est pas pourvue de douanes puisque seules

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Carthagène, Santa Marta et Riohacha-en comptent. Le nombre réduit de douaniers volants couvrants les embarquements et débarquements qui se réalisent hors des ports autorisés montre aussi combien les moyens manquent pour mener une lutte efficace contre la contrebande.

Pénalisation de la contrebande

Un autre élément qui perturbe la bonne marche de la légalité com­merciale concerne les peines prévues et imposées aux fraudeurs. Il s'agit là d'un aspect important étant donné qu'une application défi­ciente des sanctions diminue la légitimité de la norme (Comin 1998, 55-109).

Si les contrebandiers ne font en général pas l'objet de poursuites judiciaires, leurs biens sont souvent confisqués. Pour promouvoir le zèle des douaniers et de la population en général, les autorités met­tent sur pied un système de répartition des gains issus de la vente publique des biens saisis, répartition qui s'effectue entre les person­nes qui ont réalisé la confiscation ou qui 1 'ont permise. 35 De ce fait, le risque encouru par les auteurs d'infractions est relativement ré­duit, d'autant que la quantité de marchandises qui arrive à passer sans être retenue par les douaniers est importante. Notons que dans le cas de 1' or, pour déterminer une peine de prison, il faut démontrer que le trafic est réalisé à des fins d'exportation, ce qui est difficile pour les autorités à prouver et laisse de nombreux trafiquants d'or hors d'at­teinte de la justice. 36

Outre la confiscation des biens, qui est en général appliquée quand la fraude est prouvée, la contrebande est considérée par la loi comme un délit qui mérite, dans les années vingt, une amende et/ou une peine de prison. Cependant, aucune amende n'a été imposée dans les cas dépouillés dans le cadre de 1' étude. D'autre part, les peines de prison prononcées ne sont pas purgées non plus, soit grâce au paiement d'une caution, en général élevée,37 ou parce que ces peines de prison ne sont pas requises par la justice. Quand elles le sont, c'est-à-dire dans huit cas sur 163 saisies, il s'agit de punir les fraudes contre les mo­nopoles de cartes à jouer, tabac, sel et or. 38 Le cas de l'anglais Guillermo Clark, capitaine du brigantin 'John Catto' et condamné en 1830 à l'exil perpétuel, pour avoir commercer illégalement sur les côtes du Panama39 lors du rétablissement temporaire de certaines mesures coloniales, est en ce sens exceptionnel.40

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De surcroît, voir son nom publié dans le journal officiel et, en cas de récidive, être privé de ses droits de citoyen pour dix ans sont des peines qui, bien qu'elles soient prévues par l'article 7 du décret du 5 août 1823,41 n'apparaissent en aucun cas dans les procès dont les ju­gements ont été consultés.

Le fait que le contenu de la loi érigeant un délit ne soit pas ren­forcé par une application cohérente de celle-ci provoque un réel af­faiblissement de son pouvoir de coercition. On trouve également dans les archives des plaintes quant à l'arbitraire de certaines dispositions légales ou de leur application par les douaniers,42 ce qui suggère un malaise évident dans la population quand à ces dispositions et pour­rait inciter des actes de résistance ou désobéissance.

Parmi les contrebandiers, on trouve un bon nombre d'étrangers, principalement des britanniques, dont une partie sont des commerçants de passage ou sont installés dans les villes portuaires de la côte ca­raïbe, et une autre partie sont capitaines de bateaux. Cependant, la plupart des fraudeurs sont des petites commerçants nationaux ou les personnes employées comme passeurs qui portent les marchandises illicites sur leurs épaules ou guident les mules chargées de celles-ci.43

Pratiques sociales

Outre les aspects mentionnés jusqu'ici et qui ont trait à la manière dont l'Etat aborde la contrebande sans parvenir à la juguler, il faut également s'intéresser aux pratiques utilisées par la population pour contourner la législation. Comme nous l'avons signalé, le recours à la contrebande est enraciné depuis la période coloniale et le nouveau discours républicain ne parvient pas à instaurer une attitude loyale envers l'Etat. Ce discours fait appel à des arguments de poids: d'une part, la contrebande mine la capacité financière publique et, d'autre part, elle aggrave l'immoralité dans le pays.44 Même si l'idéal de morale civique ne s'applique jamais intégralement, dans le cas qui nous occupe la distance entre cet idéal et la réalité est particulière­ment grande.

La contrebande ne tend en effet pas à disparaître et va de pair avec la corruption des fonctionnaires dans l'administration des Doua­nes. Tout semble indiquer que la pratique coloniale de la vénalité des offices n'a pas été enterrée avec'le régime espagnol: les administra­teurs et les employés des douanes continuent d'utiliser leur position

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pour s'enrichir individuellement, au grand dam des tenants du projet républicain. Autant les commerçants et les capitaines de bateaux sont disposés à offrir des pots-de-vin pour faire passer leurs marchandi­ses de contrebande, autant un bon nombre de membres du personnel douanier est prêt à les empocher.45

Etant donné les nombreuses plaintes à propos de la pratique de la contrebande et en supposant que les saisies ne représentent qu'une partie des importations et exportations illicites, on peut conjecturer que les appuis reçus par les contrebandiers dans les postes de doua­nes sont monnaie courante.

On trouve en outre une littérature particulière qui met le doigt sur ces conduites. Un pamphlet46 imitant le testament de Silvestre Cotes, habitant de Riohacha et ex-fonctionnaire, souligne de manière symbolique et ironique la facilité avec laquelle un employé des doua­nes peut détourner les fonds publics à son avantage. L'auteur justifie en effet les multiples fraudes qu'il aurait commises contre le trésor public par le fait qu'il considérait que, en tant que membre de la com­munauté républicaine, les biens communs lui appartenaient en pro­pre. Ce document met le doigt sur la fragile frontière existant entre l'intérêt public et l'intérêt personnel dans le chef de certains citoyens de la Nouvelle-Grenade.

Pour sa part, un conte repris dans la section littéraire du journal El Neo-Granadino s'en prend au monopole du tabac et dénonce, en­tre autres, les vols commis par les patrouilleurs dans 1' exercice de leurs fonctions de surveillance des acheminements de tabac. Ceux-ci saisiraient les marchandises au nom de l'Etat pour se les approprier, perdant ainsi leur légitimité aux yeux des contrebandiers qui respec­tent entre eux les règles de correction et de confiance.47

D'autre part, il convient de rappeler que les articles importés en contrebande sont écoulés facilement, entre autres chez les élites qui occupent les postes officiels et qui montrent donc une déloyauté d'autant plus nuisible puisque ce sont eux mêmes qui diffusent le discours citoyen. En ce sens, on observe de fortes réactions de la part des commerçants et des administrateurs des douanes aux accusations de contrebande qui leur sont faites,48 d'autant plus que la défense de l'honneur tient une place très importante dans la société colombienne de l'époque, un autre exemple de conduite coloniale qui persiste bien après l'indépendance.

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La contrebande après les réformes du milieu du XIXème siècle

Les produits et les routes de la contrebande

Pour la période fédérale, les archives49 nous permettent de constater un certain nombre d'évolutions intéressantes en matière de contre­bande, tant au point de vue des régions touchées et des routes em­pruntées qu'au point de vue des biens concernés.

Contrairement à la première moitié du siècle, où la côte caraibe était presque la seule concernée, d'autres régions frontalières pren­nent une place importante dans le commerce illégal dans la seconde partie du XIXème siècle. Six zones frontières peuvent être distinguées: Riohacha et la péninsule de la Guajira, la côte caraibe entre Riohacha et le Golfe d'Uraba, le Golfe d'Uraba et le fleuve Atrato, la partie sud de la côte Pacifique, la frontière terrestre avec l'Equateur et la frontière terrestre et fluviale avec le Venezuela. Chacune de ces fron­tières connaît une dynamique illicite différente dépendant de sa loca­lisation géographique, du mode de transport qui y prédomine et des caractéristiques de la consommation de la population locale.

Comme nous l'avons déjà signalé, durant la première moitié du siècle la contrebande passe soit dans les ports, dans quel cas elle de­vrait être interceptée au poste de douane, soit à tout autre endroit de la côte ou de la frontière terrestre, et dès lors le travail des douaniers volants est fondamental. A partir de 1850 environ, bien que la majo­rité des marchandises viennent maintenant directement d'Europe grâce à l'amélioration des capacités techniques des bateaux, le port franc de Panama commence à jouer un rôle majeur comme centre de pas­sage et de redistribution, et le poids de la Jamaïque tend par contre à diminuer.

Durant la période fédérale, la Guajira50 se caractérise de manière très nette par un échange qui n'est perceptible dans aucune autre ré­gion et cela en raison de son dynamisme économique centré sur les Caraïbes plutôt que sur le reste du pays et de sa capacité à promou­voir 1 'exportation de ses productions alors que le gouvernement s'en désintéresse. Les textiles et produits manufacturés étrangers51 sont troqués contre des produits ·locaux tels que le dividivi et le palo bras il, 52 ainsi que le bétail. Ce sont principalement des bateaux hol-

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landais qui réalisent ces échanges illicites le long de la côte de la péninsule, le plus souvent en passant par Curaçao. Une deuxième particularité de la région est la participation des indigènes guajiros dans ce commerce de contrebande. 53

Le reste de la côte caraibe54 continue à être une zone propice aux arrivages illégaux en provenance directe d'Europe et en général ce sont des marchandises destinées à la consommation privée dans les centres urbains de la côte ou de l'intérieur.55 Le fleuve Madgalena reste la route privilégiée pour joindre le centre de 1 'Union. 56

Une grande variété de produits européens est introduite par le golfe d'Uraba et le fleuve Atrato57 pour alimenter les populations avoisinantes et en particulier la ville de Quibdo. 58 Il semble que les indiens Cunas achètent volontiers les textiles amenés en contrebande, sans pour autant être signalés comme participants actifs à ce trafic illicite. 59 Un seul cas d'exportation illicite de caoutchouc et palo de mora est rapporté en 1869.60

Pour leur part, les ports de Tumaco et Buenaventura, ainsi que de nombreux autres points du littoral Pacifique et le fleuve Patia consti­tuent une région particulièrement touchée par la contrebande.61 Les connections sont nombreuses avec d'autres pays ayant une façade sur l'Océan Pacifique, comme l'Equateur, le Pérou et le Chili. Les arrivages qui passent par le Panama sont également abondants. Outre les produits habituels qui sont introduits par cette région,62 on doit souligner les quantités appréciables de sel qui sont importées illéga­lement pour approvisionner le sud de l'Union.63

La frontière terrestre entre la Colombie et l'Equateur est délimi­tée par la rivière Carchi au long de laquelle il existe de nombreux points de passage, de telle manière que le poste de douane situé à Carlosama est le seul endroit où les passeurs ne se présententjamais.64

Le sel est ici aussi le principal bien trafiqué suivi du papier et d'autres marchandises européennes, parmi lesquelles il faut citer les textiles en tous genres.65

C'est par ces deux dernières frontières, 1 'une maritime et la se­conde terrestre, que pénètrent illégalement les marchandises qui ap­provisionnent les marchés du sud de l'Union, tels Pasto, Popayan et Cali. En effet, en raison des caractéristiques topographiques, le sud­ouest est faiblement relié au reste au pays et avec le centre de la Ré­publique où se situent les principales mines terrestres de sel.

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Finalement, la frontière entre la Colombie et le Venezuela,66 à la fois terrestre et fluviale, est également caractérisée par la contrebande d'aliments, du sel et des alcools, ainsi que des textiles et autres pro­duits manufacturés, destinés à la ville de San José de Cucuta et à la région de Santander.67

L'intégration nationale réduite et la dépendance commerciale con­sécutive vis-à-vis de l'extérieur expliquent le contact constant des ré­gions périphériques avec les îles des Caraïbes et les pays voisins comme le Venezuela et l'Equateur. En definitive, la contrebande af­fecte encore le sel, seul produit encore soumi à un monopole d'Etat, alors que le tabac, par exemple, n'est plus un produit difficile à obte­nir et disparaît des importations illicites. En ce qui concerne les tex­tiles et autres manufactures européennes, les alcools et les aliments, la contrebande continue à être très importante, reflétant en cela la con­tinuation de l'infuence européenne sur les goûts des élites locales.

Politique douanière, revenu des douanes et contrebande

L'équilibre que la politique douanière doit trouver entre le revenu des douanes et le commerce illicite reste d'actualité durant cette pé­riode. Avec la disparition des principaux monopoles exception faite de celui du sel, les droits de douane constituent la principale source de revenus du Trésor public. Eux seuls représentent plus de la moitié des rentrées du fisc colombien et pourrait, aux dires des ministres des Finances, représenter sensiblement plus si la contrebande ne dé­tournait pas une partie des droits de douanes (L6pez Garavito 1992, 137). La destination de ce revenu public est toujours le rembourse­ment de la dette publique.68 L'ambiance libre-échangiste des premières décennies de la seconde moitié du siècle amène une certaine diminu­tion des tarifs douaniers, mais elles sont temporaires car les augmen­tations suivent de quelques années les mesures à la baisse (Ocampo 1984, 261; Melo 1987, 151).

Quant au système de paiement des droits de douanes, la réforme de 1861 considère nécessaire de mettre fin au système ad valorem et d'adopter celui du poids brut des marchandises où les droits sont une fonction du poids des marchandises. Ce système présente néanmoins un inconvénient majeur. Par exemple, en ce qui concerne les textiles, une toile de coton grossière étant plus lourde qu'un tissu fin de soie, les élites qui achètent des vêtements élégants payent maintenant moins

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d'impôts que les classes populaires·pour un poids équivalent. Bien que cette méthode vise à réduire les opportunités de contrebande, son caractère discriminatoire augmente 1 'injustice sociale et, en consé­quence, provoque une déviation au détriment du revenu des douanes (Safford 1965, 158; Melo 1987, 150).

De plus, la vérification s'opère en ouvrant au hasard un dixième du chargement, et une forme particulièrement pernicieuse de fraude se répand : celle de déclarer un poids ou un contenu différents de ceux réellement importés. Le risque pris par les contrebandiers qui présentent ces documents inexacts est réduit en raison du caractère aléatoire de 1' ouverture des caisses concernées. 69 En outre, ils ont la présence d'esprit de mettre le produit signalé comme couche supé­rieure visible et en dessous les articles qui ne correspondent pas à la déclaration et se trouvent dans une catégorie à laquelle on applique un tarif plus élevé. 70 La plupart de ces inconsistances entre charge­ment et document présenté sont considérées par les autorités doua­nières comme des erreurs et non comme des intentions de fraude. Le commerçant doit alors uniquement payer les droits correctement pour pouvoir poursuivre son chemin avec la marchandise.

Un autre problème qui se pose concerne l'exigence en matière de factures du décret du 7 août 1863: celles-ci doivent dès lors être si­gnées par un consul colombien établi dans le port d'embarquement. Les ports européens n'étant pas tous pourvus d'un consulat, il est impossible de faire universellement respecter cette mesure et celle-ci est donc contre-productive (L6pez Garavito 1992, 153). Finalement, les désaccords entre les ministres successifs des Finances à propos de la politique douanière sont fréquents et provoquent une modifica­tion constante des règles du jeu commercial.

Fonctionnement de l'Administration des Douanes et contrebande

L'Administration des Douanes connaît, pendant la période fédérale, d'innombrables difficultés que les sources consultées révèlent cons­tamment, et ce malgré la nette amélioration de ses capacités par rap­port aux années directement postérieures à l'indépendance.

Les difficultés comprennent un manque de bâtiments et de maté­riel, incluant les petites embarcations pour approcher les bateaux ar­rivant au port, les balances pour peser la marchandise, les télescopes pour contrôler les mouvements d'approche des côtes, etc., au nom-

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bre, à la compétence et aux salaires du personnel. Ce dernier point est particulièrement critique: les gardes volants, qui exercent alors une fonction fondamentale et novatrice par rapport à la première moitié du siècle, sont en général trop peu nombreux pour couvrir 1 'entièreté de la région sur laquelle s'étend leur juridiction et leur paie demeure suffisamment maigre pour qu'ils soient intéressés par les offres de pots-de-vin. D'autre part, dans certaines régions comme 1 'Arauca, Carlosama, Riosucio et Tumaco, les bâtiments des doua­nes ainsi que le personnel sont soumis à des attaques ou des actes de violence de la part des contrebandiers, ce qui les contraint à solliciter des armes et des munitions au pouvoir central. L'Administration cen­trale est donc submergée de demandes d'appui financier auxquelles elle répond lentement et souvent par la négative. 71

La question du meilleur emplacement pour les postes de douane suscite toujours de la discussion de la part des autorités et les dépla­cements continuent à se succéder dans le but de trouver le point le plus adéquat pour contrôler les flux de marchandises. Les cas les plus notoires sont ceux de la douane sur le fleuve Atrato qui est située successivement à Quibdo, Turbo et Riosucio,72 de la discussion rela­tive au changement de localisation de la douane sur la frontière avec l'Equateur de Carlosama à Pastas, Ipiales ou Sapuyes73 et celui du déménagement effectué en 1876 de la douane de Salgar à Barran­quilla.74

Ces problèmes reflètent deux tendances: premièrement, une amé­lioration notable de la couverture du territoire national grâce à l'aug­mentation du nombre de postes douaniers et à l'activité des doua­niers volants pour appréhender et confisquer les marchandises de contrebande et, deuxièmement, un évident manque de fonds publics pour remédier aux déficiences matérielles et salariales des douanes.

Pénalisation de la contrebande

Comme nous l'avons signalé, les erreurs, qu'elles soient volontaires ou non, ne sont pas considérées par la loi comme un acte de mau­vaise foi, même si pour certains ministres des Finances il s'agit ef­fectivement de contrebande puisqu'il y a là une intention de frauder. 75

Les incohérences entre l'information signalée dans les documents commerciaux et les caractéristiques réelles du chargement ne sont pas sanctionnées comme étant délictueuses et il n'est donc pas exclu

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que les contrebandiers aient eu recours systématiquement à ce pro­cédé pour déjouer les autorités, en réalisant une contrebande techni­que dans les postes de douanes, plutôt qu'un commerce illicite à dif­férents endroits de la côte.

La législation ne prévoit plus de peines de prison mais plutôt des amendes dans les cas où 1 'on peut démontrer 1' intention d'agir illicitement. 76 Dans certains cas, on assiste même à la suspension de l'activité commerciale de certains commerçants qui cherchaient à faire des importations clandestines77 (en vertu de l'article 43 du titre 4 'In­fractions et peines' de la Loi organique du système douanier de 1 'Union du 16 octobre 1861 ). On impose aussi des amendes aux con­suls colombiens qui ont approuvé des documents déficients78 (infrac­tion à 1 'article 22 du Code des Douanes qui stipule que la facture doit préciser le poids total du chargement ainsi que le poids de cha­que paquet).

Il faut cependant souligner que de façon générale, les personnes touchées par ces amendes ne sont pas les importateurs les plus im­portants mais des individus désignés par ceux-ci pour effectuer les besognes ingrates et risquées du passage de la frontière. Les procès ne mentionnent que de manière très fortuite les noms des grands com­merçants qui promeuvent le commerce illégal: tout comme pour la période précédente, on n'y trouve que les passeurs ou les capitaines de navires, qui ne sont dans la plupart des cas qu'un des maillons de la chaîne. La « peur du gendarme » comme élément de base du res­pect de la loi n'est pas de mise.

Pratiques sociales

Le discours officiel relayé par la presse pour disqualifier la contre­bande continue à recourir aux mêmes arguments qu'auparavant, à savoir le manque à gagner fiscal et l'immoralité.79 A ceux-ci s'ajou­tent cependant une considération d'un nouvel ordre: 1 'instabilité com­merciale qu'elle génère en terme de prix des marchandises. 80 Les consommateurs s'orientent vers les produits de contrebande, moins chers, et négligent ceux qui ont payé les droits de douane, ce qui a un impact négatif sur le commerce légal qui, incapable de faire face à ce déséquilibre compétitif, s'en trouve déstabilisé.

Les cas de corruption sont nombreux dans les postes de doua­nes, 81 ainsi que les plaintes relatives à 1 'existence de celle-ci. 82 Dans

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certaines régions, on considère même qu'il est impossible de faire respecter la loi tant 1 'illégalité règne: c'est le cas de 1 'Arauca, 83 ré­gion frontalière avec le Venezuela et très éloignée du centre adminis­tratif du pays. Un certain nombre de documents permettent de pen­ser que l'administration de la justice est sous l'influence des élites régionales et que ceux-ci empêchent la plupart des procès d'aboutir grâce à la présence de parents des accusés au sein des tribunaux. 84

En effet, les relations familiales, mais aussi 1 'amitié, permettent de court-circuiter les jugements. En outre, le fait d'invoquer 1 'atteinte à la réputation souillée par des accusations est un procédé auquel les personnes concernées recourent avec une fréquence qui s'intensifie par rapport à la première moitié du siècle. 85 La question de 1 'hon­neur continue à préoccuper les classes aisées.

L'enracinement dans les esprits du processus républicain qui tend à rationaliser le fonctionnement de 1' administration publique et à pro­duire, on présume, des citoyens loyaux à la cause nationale ne fait que creuser le fossé entre ce qui est considéré comme comportement idéal ou désiré et celui pratiqué en réalité. Cet effort en vue de mo­derniser l'appareil de l'Etat et de promouvoir la loyauté au Trésor public n'est respecté ni par la population en général, ni par les élites, et tous continuent à se baser sur leurs réseaux interpersonnels de type clientélistes qui remplissent une fonction fondamentale dans la vie de l'Union.

Deux documents nous fournissent des pistes pour mieux com­prendre les pratiques culturelles et sociales des hommes de la deuxième moitié du XIXème siècle. En 1867, Abraham Moreno, alors ministre des Finances de la région d' Antioquia, souligne que la fraude est vue par ses contemporains comme une 'vivacité' qui, si elle reste hors de portée des autorités, n'a rien de répréhensible. 86 Pour sa part, le ministre des Finances de 1884, Anibal Galindo, parle des « fai­blesses qui naissent du manque d'indépendance personnelle qui mar­que nos sociétés paroissiales, dans lesquelles nous sommes amis ou connaissances, et qui permet aux gens vifs et aux spéculateurs de cacher leur intérêt privé sous 1 'apparence d'un intérêt public». 87 Cette double constatation sur la société est intéressante: d'une part, ne pas être pris en flagrant délit est une marque d'intelligence et d'autre part les relations sociales jouent un rôle non négligeable dans les rapports administratifs, économiques et politiques.

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Conclusions

Les routes utilisées pour la contrebande au début du XIX siècle sui­vent celles développées sous 1' administration coloniale. Pour leur part les biens commercialisés illégalement pendant cette période illustrent sans conteste les tendances de l'économie contemporaine: l'or con­serve son attrait, le tabac se convertit en un produit fondamental pour la République et les marchandises étrangères, parmi lesquelles se détachent les textiles en tous genres, couvrent les besoins de la popu­lation de la Nouvelle-Grenade. La poudre et le sel, entre autres pro­duits de base, font également l'objet d'un commerce d'importation illégal.

Etant donné la politique commerciale protectionniste des premiè­res années républicaines, le fonctionnement social basé sur le clien­télisme et un reste de vénalité dans la fonction publique, on ne peut guère parler d'une rupture mais plutôt d'une continuité entre lapé­riode coloniale et la première moitié du XIXème siècle. On note en outre, à travers le recours à la contrebande, une résistance de fait au système en place, même si, de manière généralisée, la population n'a pas la sensation de commettre un délit d'importance. La persistance des pratiques illégales peut d'ailleurs être expliqué par la fonction importante que ceux-ci remplissent pour la population générale, les industriels et les élites. Finalement, les difficultés financières du nou­vel Etat expliquent les déficiences du contrôle administratif et com­mercial sur son territoire.

Malgré l'abandon des mesures monopolistiques au milieu du siè­cle grâce aux pressions libre-échangistes et la consolidation du pro­cessus républicain, la contrebande continue à perturber les autorités tout au long de la période fédérale. L'économie informelle et une fai­ble loyauté envers l'Etat caractérisent dans une plus ou moins grande mesure les différentes régions de 1 'Union, mais particulièrement les plus éloignées des réseaux économiques nationaux et celles où l'Etat se fait moins présent. Si la façade atlantique ne disparaît pas de la carte de routes de la contrebande, la montée en force des autres zo­nes frontières, à 1 'ouest, au sud-ouest et à 1' est, reflète les change­ments dans les flux commercial du pays, de plus en plus tourné vers l'extérieur du pays plutôt que vers le centre ou les autres régions de 1 'Union. Les biens introduits illégalement permettent de distinguer

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sans peine les besoins en matières premières ou manufacturées des différentes régions.

Par ailleurs, la croissance des postes de contrôle et du personnel de l'administration douanière est perceptible grâce aux informations nombreuses laissées par les fonctionnaires. Cela explique en partie le plus grand nombre de cas de corruption, mis au jour non seule­ment dans les douanes mais également par le système judiciaire. Cette augmentation confirme que la contrebande n'est pas exclusivement une fonction des politiques fiscales et commerciales. La taille de la fonction publique, les ressources qu'elle a à sa disposition, et les va­leurs que manifeste la population en général, et les commerçants et employés publics en particulier, sont autant d'autres éléments qu'il faut aussi prendre en compte.

Si des différences notoires distinguent la première moitié du XIXème siècle de la période fédérale, il n'en reste pas moins que la contrebande persiste d'une époque à l'autre, de même qu'elle existe avant et après ces périodes. On voit à l'œuvre la situation géographi­que favorable du pays à laquelle s'ajoutent des institutions qui, pour de diverses raisons, sont incapables d'appliquer pleinement les lois, que ce soit en raison du manque de fonds publics ou de la fonction remplie par la contrebande dans une société encore imprégnée du système des réseaux d'influences.88

Notes

1. Cet article constitue une version retravaillée de la conférence "Le phéno­mène de la contrebande en Colombie au XIXèmc siècle (1821-1886)", pré­sentée dans le cadre du Congrès de l'Association canadienne d'études latino-américaines et des Caraïbes (ACELAC-CALACS) 'L'Amérique la­tine: entre représentations et réalités', Université du Québec à Montréal (UQAM), Montréal, 24-26 octobre 2002.

2. Sur la contrebande en Nouvelle-Grenade: Arauz Monfante 1984; Grahn 1997; Mimera 1994, 1998; à propos de la contrebande dans la Guajira du­rant la période coloniale: Barrera Monroy 2000; Polo Acuiia 2000.

3. Ces locaux commerciaux vendant des produits de contrebande tiennent leur nom de l'île colombienne de San Andrés dans les Caraïbes qui, étant port franc, est un important centre de contrebande vers la Colombie.

4. A propos de la contrebande en' ce début de XXIème siècle (whisky, cigaret­tes, parfums, chaussures, articles ménagers, voitures, essence, etc.) voir la

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presse quotidienne et hebdomadaire, pat exemple: "La danza del serrucho en la Aduana. Con el remez6n en la costa, el Gobierno le asest6 dos golpes al contrabando", par Efrain PACHON, El Espectador, Bogota, 3 novem­bre 2002, p. 17a; "Quien es Lopesierra, el Hombre Marlboro", Cambio, Bogota, n° 532, 8 septembre 2003, p. 18; "Sin etiqueta", Cambio, Bogota, no 491, 18 novembre 2002, pp. 80-81; "La frontera de la gasolina", Se mana, n° 1064, 21 septembre 2002; "Gobierno emite decreto para frenar contrabando de gasolina", Semana, n° 1065, 3 octobre 2002; ainsi que <www.dian.gov.co> (Direcci6n de lmpuestos y Aduanas Nacionales): "DIAN retiene contrabando por $ 710.324.855 en Medellin", Comunicado de Prensa, DIAN, 28 février 2003; "En Sanandresitos de Barranquilla y Cali DIAN aprehendi6 contrabando de licores extranjeros", Comunicado de Prensa, DIAN, 28 février 2003; "Millonarias aprehensiones de contrabando en todo el pais (Buenaventura, Medellin, Bogota y Carta­gena)'', Comunicado de Prensa, DIAN, 24 octobre 2002.

5. Notre recherche sur ce sujet a été cofinancée par COLCIENCIAS, institu­tion publique colombienne d'appui à la recherche. Le rapport final, inti­tulé El contrabando en Colombia en el siglo XIX ( 1821-1886): ilegalidad y corrupci6n, a été remis en août 2002. La publication complète de la re­cherche devrait paraître dans le courant de l'année 2005.

6. Malgré 1 'importance à nos yeux de ces questions concernant la contrebande dans l'Amérique latine postcoloniale, nous n'avons pas connaissance d'autres recherches réalisées à ce propos, excepté les publications existantes pour le cas du Mexique au XIXème siècle: voir Bernecker (1994) et Mayo (1987).

7. Au cours de ces années, l'actuel territoire de la Colombie a changé main­tes fois de nom et son organisation politique a elle aussi évolué, tout en restant républicaine. De 1821 à 1830, la République de Nouvelle-Grenade composait, avec celles du Venezuela et d'Équateur, la Grande Colombie dominée par Simon Bolivar. Après la dissolution de celle-ci, la Républi­que de Nouvelle-Grenade connut quelques années de stabilité, entre autres sous l'administration de Francisco de Paula Santander (1832-1837). A partir de 1858, la nouvelle 'Confédération grenadine' entreprit un processus de fédéralisation qui culmina avec l'existence des Etats-Unis de Colombie entre la Constitution de 1863 et celle de 1886 (ces dates précises sont ce­pendant à prendre avec précaution étant donné que les Constitutions sont plutôt la conséquence des changements survenus dans les mois et années précédents que leur point de départ). Cette dernière Constitution marque l'entrée de la République de Colombie dans une phase de 'Régénération' conservatrice et de retour à la centralisation. Jusqu'en 1903, le Panama faisait partie du territoire de l'actuelle Colombie.

8. Ce découpage, qui est motivé par des raisons économiques, recouvre éga-

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lement une fracture politique dans la mesure où de la fin des années cin­quante au début des années quatre-vingt, le pays est organisé selon une structure fédérale. En outre, le lecteur notera que, dans la première partie, les références se concentrent dans les années vingt et trente, jusqu'en 183 7, fin de l'administration de Santander, offrant nettement moins d'informa­tions pour la fin des années trente et les années quarante, excepté sur la fin de cette période pour ce qui a trait aux les discussions concernant le dé­mantèlement des monopoles. Différents éléments permettent de justifier ceci: d'une part, 1 'administration de Santander (1832-183 7), particulière­ment tranquille sur le plan militaire, fut portée à l'activité administrative; d'autre part la guerre des Suprêmes de 1839 à 1842 et la lente récupéra­tion organisationnelle postérieure portèrent un coup certain à cet engoue­ment et explique la diminution des sources disponibles et ce jusqu'à la fin des années cinquante. Avec la période fédérale (1858/1860-1880/85), on retrouve les traces d'une activité administrative plus riche.

9. Bois dont on extrait un colorant utilisé pour la teinture des textiles. 1 O. Informations obtenues à partir du dépouillement des procès-verbaux

consultables aux Archives Générales de la Nation (A.G.N.)-Bogota, Sec­tion République (S.R.), Fonds Contrabando, Negociosjudiciales, Asuntos criminales, Gobernaci6n de Santa Marta, Gobernaciones varias etAduana de Santa Marta.

11. Gace ta de Cartagena de Colombia, n° 106, 23 août 1823, p. 439. 12. A.G.N., SR Contrabando, leg.l, ff.25-55 (Procès-verbal, 1824) et f.440

(Lettre de la Préfecture générale du Magdalena au Ministre des Finances, 1830); "Tabacos", article signé par un employé du monopole, dans El Con­stitucional Antioqueiio, Rionegro, n°26, 13 octobre 1831; "Hacienda Pub­li ca. Parte I", dans Constitucional del Cauca, n°3, Popayan, 19 août 1832.

13. Gaceta de Colombia, Bogota, n°459, 4 avrill830 14. "Carta del secretario de hacienda al gobernador de la provincia de Popayan

notificando el decreto presidencial acerca de la confirmaci6n del resguardo de la renta de tabacos", Bogota, 13 juin 1833, dans Constitucional del Cauca, Popayan, n°55, 17 août 1833; "Decreto de 19 de marzo de 1834 sobre contrabando de tabaco", dans Gaceta de la Nueva Granada, Bo­gota, n°137, 11 mai 1834; Gaceta de la Nueva Granada, Bogota, n°218, 29 novembre 1835

15. Constitucional del Cauca, Popayan, n°55, 17 août 1833 (Lettre du Minis­tère des Finances au Gouverneur de la province de Popayan à propos du décret presidentiel sur la conformation du corps de gardes mobiles du mo­nopole du tabac, Bogota, 13 juin 1833); Décret du 19 mars 1834 sur la contrebande de tabac, dans Gqceta de la Nueva Granada, Bogota, n°l37, 11 mai 1834; Circulaire de Francisco Soto sur les dispositions légales pour éviter la contrebande de tabac, Ministère des Finances, novembre 1835,

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dans Gaceta de la Nueva Granada, 13ogota, n°218, 29 novembre 1835; Rapport annuel du Ministre des Finances Juan de Di os Aranzazu de 1838, p. 272; Loi du 6 juin 1844 et décret du 20 décembre 1844, dans Rejistro oficial de Hacienda, 1844, pp. 164-178.

16. Entre 1822 et 1830: A.G.N., SR Contrabando, leg.l, ff.463--481 (Riohacha, huit cas; Santa Marta, sept cas; Mompox, trois cas), ff.514-515 (Cartha­gène, un cas) et ff.521-570 (Sabanilla, un cas); SR Gobemaciones varias, leg.l24, f.357 (Panama, un cas); SR Negocios judiciales, leg.l, ff.627-630 (Panama, un cas).

17. Entre 1822 et 1830: A.G.N., SR Contrabando, leg.1, ff.463--481 (Mompox, 39 cas; Santa Marta, quatre cas; Riohacha, deux cas), ff.514-515 (Barran­quilla, un cas) et ff.25-55 (centre du pays, un cas); SRAsuntos criminales, leg.l7, ff.l77-360 (centre pays, un cas).

18. Gaceta de Cartagena de Colombia, Cartagena, n°7l, 16 avrill823, p. 302 19. Les procès-verbaux des saisies recensent à peine trois cas, en 1828 et 1829,

à Carthagène (A.G.N., SR Contrabando, leg.l, ff.443--456, ff.702-703 et ff.503-504). Par contre, la correspondance de l'Administration des doua­nes (A.G.N., SR Gobemaci6n de Santa Marta, leg.2, ff.65-66 (Lettre du Vice-président, 1827), f.113 (Lettre du Président, 1828), f.83 (Lettre du Vice-président à l'administration de la douane de Santa Marta, 1827)), ainsi que la presse officielle (Gaceta de Colombia, n°336, 23 mars 1828, Bo­gota; Constitucional del Cauca, n°6, 9 septembre 1832, Popayan) et les bilans annuels des Ministres des Finances (Rapport annuel du Ministre des Finances Francisco Soto de 1833, p. 34 et de 1834, p. 27) fourmillent d'in­formations à ce sujet.

20. "Comunicado", dans Gaceta de Cartagena de Colombia, n°8, 6 avrill822, p. 34; El Ami go del Pais, n°7, Medellin, 11 mars 1846.

21. Elles étaient établies à Bogota et Popayan (L6pez Garavito 1992, 36). 22. "Remitidos", article signé par 'Los mismos oficiales', dans Constitucional

del Cauca, Popayan, n°136, 7 mars 1835: "Remitido", article signé par 'Un interesado, Iscuandé', dans Constitucional del Cauca, Popayan, no 145, 23 mars 1835; "Remitidos", article signé par 'José de Lemus y Hurtado, Popayan', dans Constitucional del Cauca, Popayan, n°146, 30 mai 1835; "Comunicado", dans Constitucional de Popayém, Popayan, n°185, 1 dé­cembre 1836; "Parte no oficial. Caminos", dans Constitucional del Chaco, Quibdo, n°35, 15 décembre 1836, pp. 3--4.

23. "Libre esportaci6n del oro, parte l", article signé par J.J.I. dans El Dia, Bogota, n°342, 15 mars 1846; "Libre esportaci6n del oro, parte II", n°342, 22 mars 1846; "Libre esportaci6n del oro, parte III", n°344, 26 mars 1846.

24. A.G.N., SR Contrabando, leg.1, ff.463--481 (Riohacha, 1824; Carthagène, 1824 et 1826); ff.736-740 (Carthagène, 1824); ff.804-834 et ff.842-859 (Carthagène, 1826).

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25. Celui-ci est, contenu dans le décret du 7 juillet 1823 (Gaceta de Carta­gena de Colombia, no 106, 23 août 1823, p. 439) et supprimé, à compter du !er septembre 1826, par la loi du 13 mars 1826 sur les droits à l'impor­tation (A.G.N., SR Contrabando, leg.l, ff.804-834 et ff.842-859 (Cartha­gène, 1826))

26. Ibid. 27. La loi du 2 août 1823 interdit leur introduction jusqu'à sa suppression en

mars 1826 : A.G.N., SR Contrabando, leg.l, ff.463-481 (Riohacha, 1822, 1824, 1824, 1825 et 1826, Santa Marta, 1824, Carthagène, 1822, 1824 et 1827); ff.56-64 (Santa Marta, 1824).

28. Les lois du 28 septembre 1821, du 2 août 1823 et du 13 mars 1826 pré­voient sensiblement les mêmes droits d'importation sur les marchandises étrangères (Galindo 1874, 28-31; Gaceta de Cartagena de Colombia, n° 117, 8 novembre 1823, pp. 483-484; Suplemento a la Gace ta de Colombia m1mero 235, 16 avrill826).

29. Rapport annuel du Ministre des Finances José Maria Del Castillo y Rada de 1823, pp. 12-13.

30. Rapport annuel du Ministre des Finances Francisco Soto de 1834, p. 34; L6pez 1992, 64.

31. "Memoria de Hacienda. De las aduanas", dans Gaceta de la Nueva Granada, no 1, janvier 1832.

32. Rapport annuel du Ministre des Finances Francisco Soto de 1837. 33. A.G.N., SR Contrabando, leg.l, ff362-368 (Lettre de José Ucros, Inten­

dant du Magdalena, au Ministre des Finances, Carthagène, 20 février 1824 ). 34. El Indigena Chocoano, Quibdo, no 12, 20 juin 1834, pp. 1-2 et n°33, 20

janvier 1835, pp. 1-3; El Constitucional del Chaco, Quibdo, n°14, 1 fé­vrier 1836, p. 3 (Résolution no 118, Ministre des Finances (Francisco Soto), BogoUt, 25 novembre 1835, au Gouverneur de la province du Choco ); n°35, 15 décembre 1836, p. 4; n°39, 15 février 1837, pp. 2-3 (Circulaire n°3, Ministre des Finances (Francisco Soto), Bogota, 10 janvier 1837, au Gou­verneur de la province du Choc6 ).

35. Art.3 du Décret du 4 août 1823 sur la contrebande de tabac, sel et autres effets monopolisés (A.G.N., SR Contrabando, leg.l, f.892); Art.2 à 6 du Décret du 5 août 1823 sur les peines à l'importation et à l'exportation de biens de commerce clandestin par les ports de la République (Gace ta de Cartagena de Colombia, n°126, 10 janvier 1824, pp. 523-524); Art.35 de la loi de 1826 sur les droits d'importation (Suplemento a la Gaceta de Colombia, n°235, 16 avril 1826).

36. A.G.N., SR Contrabando, leg.l, ff.488"-506 (Lettre de la Préfecture géné­rale du Magdalena~M. Montil,la-au Ministre des Finances, Carthagène, juillet 1829); A.G.N., SR Contrabando, leg.l, ff.740-771 (procès contre Carlos Mozely, commerçant anglais établi à Carthagène, pour la saisie de

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19 paquets d'or en poudre et dont le verdict ne prévoit pas de peine de prison).

3 7. Mille pesos payés en 1827 par Isaac Poole, commerçant anglais établi à Carthagène, emprisonné pendant quatre ans pour fraude à la rente de car­tes à jouer (A.G.N ., SR Contrabando, leg.l, ff.425-428) et trois mille pe­sos payés en 1823 par José Maria Isaza, résident à Mompox, pour éviter la prison pour introduction illégale de manufactures étrangères (A.G.N., SR Contrabando, leg.l, ff.l 08-280).

38. Jeux de cartes: A.G.N., SR contrabando, leg.l, ff.425-428 (Carthagène, 1823). Tabac: A.G.N., SR contrabando, leg.1, ff.521-570 (Sabanilla, 1827) y ff.25-55 (Mariquita, 1824), SRAsuntos Criminales, leg.17, ff.177-360 (San Gil, 1823). Sel: SR Asuntos Criminales, leg.4, ff.361-671 (Cajica, 1822) y SR Negocios Judiciales, leg.4, ff.1 04-106 (Gachancipa, 1827). Or: A.G.N., SR Contrabando, leg.1, ff.443-456 (Carthagène, 1828), ff.503-504 et ff. 704-733 (Sabanilla, 1829).

39. Importation de sucre et de tabac de Virginie et exportation de perles. A.G.N., SR Negocios Judiciales, 1eg.1, ff.627-630.

40. A.G.N., SR contrabando, 1eg.1, f.435 (Lettre de la Préfecture générale du Magdalena au Ministre des Finances, Carthagène, 25 septembre 1829, à propos de l'ordre du gouvernement de rétablir les cédules, ordres, décrets et ordonnances du gouvernement espagnol sanctionnés jusqu'au 18 mars 1808 pour le règlement des fraudes dans les secteurs du tabac, de l'eau­de-vie et du sel). Dans ce cas concret, le procès-verbal signale l'applica­tion de la loi 7 du titre 28 du livre 9 des Indes qui n'a pas été abrogée.

41. Décret du 5 août 1823 sur les peines à l'importation et à l'exportation de biens de commerce clandestin par les ports de la République (Gace ta de Cartagena de Colombia, n° 126, 10 janvier 1824, pp. 523-524).

42. "Comunicado - Un bien con un mal se paga", article signé par 'Un cualquiera', dans Gace ta de Cartagena de Colombia, no 141, 24 abri! 1824, p. 590; "Comunicado", article signé par 'Justicia', dans Gaceta de Carta­gena de Colombia, n°155, 31 juillet 1824, pp. 653-654; "Comunicado", article signé par 'Un cualquiera', dans Gace ta de Cartagena de Colombia, n° 176, 25 décembre 1824, p. 4.

43. Les données fournies par les procès-verbaux ne permettent pas toujours d'offrir de plus amples précisions sur le(s) profil(s) des contrebandiers.

44. Décret du 4 août 1823 sur la repartition des saisies, dans A.G.N., SR Contrabando, leg.1, f.892; Décret du 5 août 1823 sur les peines aux con­trebandiers, dans Gace ta de Cartagena de Colombia, n° 126, 10 janvier 1824, pp. 523-524; Circulaire de José Ignacio Marquez (Ministre des Fi­nances) aux préfets sur la contrebande de tabacs, 17 mars 1830, dans Gace ta de Co(ombia, n°459, Bogota, 4 avril 1830; "Apartes de la Memoria de Hacienda de 1832", dans Gaceta de la Nueva Granada, no 1, Bogota, 1er

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janvier 1832; Rapport annuel du Ministre des Finances Del Castillo y Rada de 1826, p. 26; Rapport annuel du Ministre des Finances Francisco Soto de 1833, p. 8; "Parte editorial. Contrabandos. Receta", dans Constitucional del Chaco, n°4, Quibdo, 24 septembre 1835, p. 4; "Situaci6n de la Republica. Elemento del parvenir. Misi6n del gobieno. Moralidad. Poblaci6n. Capitales", dans La Gaceta Mercanti!, n°2, Santa Marta, 2 oc­tobre 184 7, pp. 3--4.

45. A.G.N., SR Contrabando, leg.l, ff.571-701 (procès pour connivence à trois employés de la douane de Carthagène, 1829); "Tribunal de apelaciones", dans El Constitucional del Cauca, Popayan, n° 114, 16 mars 1835 (procès pour complicité à un employé des douanes du Cauca, 1834); AGN, SR Gobemaci6n de Santa Marta, leg.l, ff.l76-177 (offre de pots-de-vin à un douanier de Sabanilla par trois commerçants, 1831 ); "Comunicado", dans Gaceta de Cartagena de Colombia, n°8, 6 avril 1822, p. 34 (analyse des intérêts croisés des douaniers et des contrebandiers, salaire réduit des em­ployés publics).

46. Al munda. Testamento del Sr. Silvestre Cotes alias, El Adelantado (Riohacha, 10 oct. 1834). Se publica adornado de sus respectivos epitafios en honor de tan distinguido caballero, Carthagène, Imprimé par le Cne Manuel Maria Guerrero, 1834, 5 pages.

47. "Literatura. Monopolio del tabaco", article signé par Manuel Maria Madiedo, dans El Neo-Granadino, n° 1, 4 août 1848, pp. 4-6.

48. "Suplemento a la Gaceta nol. Al sefior Editor", dans Gaceta de Carta­gena, n°l, 7 septembre 1837; "Un mentis, Miguel Cotes, Riohacha, 7 oct.l847", dans La Gaceta Mercanti!, n°3, 12 octobre 1847, Santa Marta, p. 7; "Carta de Riohacha. !er mai 1850", dans La Gaceta Mercanti/, n°135, Santa Marta, 8 mai 1850, p. 3.

49. A.G.N., SR Aduanas (Arauca, Barranquilla, Buenaventura, Carlosama, Cartagena, Cucu ta, Quibdo, Riohacha, Riosucio, Tolu et Tumaco ).

50. A.G.N., SR Ad. Riohacha, 8 tomes, 1866-1882.

51. 28 cas (textiles et produits manufacturés divers: 12 cas; alcools, aliments et sel: 9 cas; sans précision: 7 cas).

52. Bois utilisés pour la teinture des textiles respectivement pour leurs pro­priétés en tanin et en colorant.

53. Lettres de l'administrateur de la douane: A.G.N., SR Ad. Riohacha, t.l, f.4 79 ( 1866); t.2, f.9 (1866), f.262 (1867); t.3, f. 205 ( 1868), f.208 (1868), f.832 (1869); t.7, f.686 (1878); SR Ministerio Interior y Relaciones Exteriores, t.38, f.539 (1866).

54. A.G.N., SR Ad. Cartagena, six tomes, 1860-1871; Santa Marta, deux to­mes, 1863-1866; Tolu, tome unique, 1872-1876; Barranquilla, trois to­mes, 1877-1879.

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55. Carthagène: neuf cas de farine, aliments, alcools et sel; Tolu: sept cas de produits manufacturés et sel.

56. Nom donné à l'ensemble des Etats souverains des Etats-Unis de Colom­bie ( 1863-1886).

57. A.G.N., SR Ad. Quibdo- Turbo, tome unique, 1866-1870; Riosucio, tome unique, 1872-1875; SR Gobemaciones varias, leg.33, Atrato et Popayan, 1880-1882.

58. Six cas de textiles, produits manufacturés et farine. 59. A.G.N., SR Ad. Riosucio, tome unique, f.800 (1873); SR Gobemaciones

varias, leg.33, f.36 (1882). 60. A.G.N., SR Ad. Quibdo, t.l, f.693 (1869). 61. A.G.N., SR Ad. Tumaco, six tomes, 1865-1877; Buenaventura, deux to­

mes, 1865-1870; Rapports annuels du Ministre des Finances, 1880-1884. 62. Buenaventura: 15 cas (textiles et produits manufacturés) et Tumaco: 55

cas (dont 16 de sel, 15 de farine et autres aliments, 15 de textiles et pro­duits manufacturés et 9 sans précision).

63. Durant la première moitié du siècle, il existait une fraude interne au mo­nopole de sel, mais nous n'avons pas noté d'importation de ce produit. Pendant la période fédérale, on voit apparaître quelques introductions de sel par la côte atlantique mais c'est le sud qui se distingue quant à la con­trebande de ce bien.

64. A.G.N., SR Ad. Carlosama, quatre tomes, 1865-1875; Rapports annuels du Ministre des Finances, 1880-1883.

65. 56 cas (17 de sel, 5 de papier, 14 de textiles, 6 de produits manufacturés et 14 sans précision).

66. A.G.N., SR Ad. Cucuta, cinq tomes, 1864-1873; Arauca, tome unique, 1863-1873.

67. 25 cas (5 d'alcools, 5 de sel, 6 de textiles et 9 d'aliments et produits manu­facturés divers).

68. Rapport annuel du Ministre des Finances Miguel Samper de 1869, p. 17. 69. Rapport annuel du Ministre des Finances Aquileo Parra de 1873, pp. 22-

23. 70. A.G.N., SR Ad. Barranquilla, t.2, f.85 (Lettre de l'Administration de la

douane de Barranquilla au Ministre des Finances, 26 novembre 1877). 71. Il serait trop long de citer tous les documents à l'appui de cette affirma­

tion; notons simplement que la correspondance des douanes de Arauca, Barranquilla, Buenaventura, Carlosama, Cartagena, Cucuta, Riohacha, Riosucio, Tolu et Tumaco contenues dans le fonds SR Aduanas ( 1864-1880) est remplie de plaintes à ce sujet.

72. A.G.N., SRAd. Quibdo, t.l, f.23, ff.131-134 (Lettres de l'Administration de la douane de Quibdo au Ministre des Finances, 1865 et 1867); SR Ad.

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Riosucio, tome unique, ff.4-5 (Lettres de 1 'Administration de la douane de Riosucio au Ministre des Finances, 1871-1872); Rapport annuel du Ministre des Finances Miguel Samper de 1869; Rapport annuel du Minis­tre des Finances Salvador Camacho Roldim de 1869-1870.

73. A.G.N., SR Ad. Carlosama, t.l, f.37, f.231, f.500, f.508 et f.734; t.3, f.30, f.434 et f.494 (Lettres de 1 'Administration de la douane de Carlosama au Ministre des Finances, 1865-1873 ).

74. El Promotor. Organo de los intereses comerciales de Barranquilla, n°156, 28 février 1874; n°188, 17 octobre 1874; n°189, 24 octobre 1874; Rapport annuel du Ministre des Finances Aquileo Parra de 1875.

75. Rapport annuel du Ministre des Finances Aquileo Parra de 1873, pp. 22-23. 76. A.G.N., SR Ad. Cartagena, t.2, f.3 et f.l5 (1862), f.42 (1864) et f.343

(1865); t,3, f.926 (1868), t.5, f.939 (1870); SR Ad. Riohacha, t.3, f.493 et 495 (1869); t.6, f.468 (1875) et f.769 (1877); SR Ad. Tumaco, t.l, f.581 (1866); SR Ministerio del Interior y Relaciones Exteriores, t.37, ff.827-828 (Santa Marta, 1866).

77. A.G.N., SR Ad. Cartagena, t.2, ff.20-21 (peine imposée, pour un an, à Manuel Madrid, importateur de 64 caisses de marchandises étrangères sai­sies, 1862); f.3 et f.l5 (peine imposée au capitaine du 'Convenci6n' pour facture irrégulière, pour quatre ans, 1862).

78. A.G.N., SR Ad. Tumaco, t.l, f.581 (amende au consul à Paita, 1866), t.2, f.51 et f.l 05 (amende au consul à Panama, 1866); SR Ministerio dellnterior y Relaciones Exteriores, t.37, ff.827-828 (Santa Marta, amende au consul à Hambourg, 1866).

79. Rapport annuel du Ministre des Finances Rafael Nûfiez de 1856, p. 8; Rap­port annuel du Ministre des Finances Ignacio Gutiérrez de 1858, p. 41.

80. Rapport annuel du Ministre des Finances Manuel Murillo Toro de 1851. 81. Arauca: un cas; Carlosama: quatre cas, Buenaventura: un cas; Tumaco:

trois cas; Turbo: un cas; Riosucio: un cas; Riohacha: un cas; Barranquilla: un cas.

82. A.G.N., SR Ad. Riosucio, tome unique, f.815 (Lettre du Commandant du port de Riosucio au Ministre des Finances, 1873); SR Ad To1û, t.l, f.701 (Lettre de 1 'Administration de la douane de Tolû au Ministre des Finan­ces, 1872); SR Ad. Riohacha, t.5, f.l94 (Lettre de P.J. Arias au Ministre des Finances, 1872); "Aduanas del Atlantico", dans El Economista, 6rgano de la Camarade Comercio, Bogota, n°6, 2 avrill879.

83. A.G.N., SR Ad. Arauca, t.l, fl37 et f.201 (Lettres de l'Administration de la douane de Arauca au Ministre des Finances, 1865).

84. A.G.N., SR Ad. Carlosama, t.l, f.539 (Lettre de l'Administration de la douane de Carlosama au Ministre des Finances, 1867); SR Ad. Tumaco, t.3, f.417 et t.4, f.841 et f.879 (Lettres de 1 'Administration de la douane de Tumaco au Ministre des Finances, 1869 et 1871).

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85. Manuel Urrutia Valencia, El honor ultrajado pero no manchado, Barbacoas, 20 avril1858, 32 pages; A.G.N., SR Ad. Tumaco, t.l, f.392 (Lettre de H. Lemos, Administrateur de la douane de Tumaco, au Ministre des Finan­ces, 1865); t.2, f.504 (Lettre de T. Acevedo, Administrateur de la douane de Tumaco, au Ministre des Finances, 1867); SR Ad. Carlosama, t.3, f.464 (Lettre de l'Administration de la douane de Carlosama au Ministre des Finances, 1873); t.4, f.936 (Lettre de S. Sanchez, Administrateur de la douane de Carlosama au Ministre des Finances, 1879); "Contrabando ", dans El comercio, boletin indus trial. Organo del comercio y de la industria de Colombia y oficial de la Junta de Comercio, n°856, Bogota, 21 juillet 1884.

86. Rapport d'Abraham Moreno, Ministre des Finances de l'Etat d' Antioquia, au Citoyen Gouverneur de l'Etat d' Antioquia, lmprenta de Isidoro lsaza: Medellin, 10 juillet 1867, p. 16.

87. Rapport annuel du Ministre des Finances Anibal Galindo de 1884, p. 174. 88. En vue de préciser le type de société à laquelle nous avons à faire, les

discours sur le républicanisme et l'honneur, que nous avons trop briève­ment abordé, mériteraient un développement plus approfondi ainsi qu'une comparaison avec les processus vécus dans d'autres pays latino-américains et surtout andins. Nous nous proposons de combler ce vide dans les an­nées à venir.

Ouvrages et travaux cités

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Betancourt, Dario, et Garcia, Marta Luz. 1994. Contrabandistas, marimberos y mafiosos: Historia social de la mafia colombiana 1865~1992. Bogota: Tercer Mundo Editores.

Comin, Francisco. 1998. Corrupci6n y fraude fiscal en la Espafia con­temporanea. Dans Instituciones y corrupcion en la historia, 55~109. Val­ladolid: Instituto de Historia Simancas, Universidad de Valladolid.

Galindo, Anibal. 1874. Historia economica i estadistica de la Hacienda nacional desde la Colonia hasta nuestros dias. Bogota: Imprenta de Nicolas Pon­ton i Compafiia.

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