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8 RUE FRANCOIS-ORY 92543 MONTROUGE CEDEX - 0146484848 JUIL 14 Mensuel OJD : 343009 Surface approx. (cm²) : 2747 N° de page : 84 Page 1/6 PILEJE 2763730400509/FCC/OTO/2 Eléments de recherche : *** ENVOYER LA PAGE ENTIÈRE *** ALINE CORCELLE REQUIN ou ALINE REQUIN-CORCELLE : médecin endocrinologue, diabétologue, nutritionniste et responsable médicale du programme Thalavie, toutes citations le dossier du mois Lerôleessentielde LA FLORE INTESTINALE èxperts JOËL DORÉ directeur de recherche dans l'unité d'écologie et phy- siologie du systeme digestif de l'Inra (Jouy-en-Josas) DUSKO EHRL1CH directeur de recherche emente au sein de l'unité Metagenopolis de l'Inra (Jouy-en-Josas) PR KARINE CLÉMENT directrice de l'Institut de cardiometabolisme et nutrition, a l'hôpital de la !-Sa!pêtnere (Paris) I NATHALIE VERGNOLLE directrice de recherche a Inserm (Centre de physiopathologie de Toulouse-Purpan) 4P% BRUNO I .. m respon; i ""i rochere JÉny| et irnrni ^^rl a i ' lnstl1 BRUNO POT responsable de l'équipe de recherche Bactéries lactiques et immunité des muqueuses a l'Institut Pasteur (Lille) PR RÉMY BURGELIN responsable de l'équipe de recherche Facteurs intes- tinaux, dyshpidemie et diabete à I'I2MC* (Toulouse) DR ALINE REQUIN-CORCELLE nutritionniste La qualité de la flore intestinale semble à l'origine de certaines maladies. Pourquoi, quand, comment? Peut-on agira ce niveau? Ces questions représentent un défi pour la médecine de demain. N ous ne sommes pas seuls dans notre corps ! Dans nos intestins, se nichent en effet 100000 milliards de bactéries, soit 10 à 100 fois le nombre de cellules de notre organisme. Dit autre- ment, chacun d'entre nous est constitué, selon l'estimation la plus basse, à 90 % de bactéries et à seulement 10 % de cellules humaines! Composee dc 800 à 1000 ès- pèces bactériennes différentes, cette flore intestinale, que les scientifiques appellent microbiote intestinal, constitue un véritable écosystème dans lequel chaque bactérie occupe une niche et une fonction particu lières Mais les scientifiques commencent à peine à en décrypter les secrets Tout débute à la naissance... Avant la naissance, l'intestin du foetus est stérile il ne contient encoie aucune bac- térie. C'est au cours de l'accouchement que le bébé acquiert ses premières bac- téries, principalement d'origine mater- nelle. « Nos parents ne nous transmettent pas seulement leurs gènes, on hérite aussi de leur microbiote », résume Rémy Burcelin, responsable d'une équipe de recherche à PI2MC*. Au fil des semaines, puis des mois, le microbiote du bébé se complexifie sous l'influence de son environnement et de son alimentation Les bébés allaités présentent d'ailleurs souvent une flore plus riche que ceux nourris au biberon. Et lorsque d'autres aliments que le lait sont introduits, ils favo- risent l'émergence de nouvelles bactéries. ... et s'affine avec l'alimentation « Après l'héritage parental, l'alimentation est le second facteur qui influence le plus le microbiote intestinal, èxplique notre èx- pert. Ceux qui mangent gras favorisent le developpement dans leur intestin de bacté- ries adaptées aux aliments gras Et les Japo- nais, qui consomment beaucoup de poissons, présentent dans leur microbiote des bactéries communes avec les poissons ' » Les scien tifiques estiment que, vers l'âge de 3 ans, le microbiote est quasi definitif. Même si des modifications ont encore lieu plus tard, notamment lors des changements hormo- naux : puberté, grossesse, ménopause. Un rôle protecteur mieux cerné Les bactéries que nous hébergeons dans notre intestin ne sont pas de simples squat- teurs. Elles participent au bon fonctionne- ment de notre organisme. Elles nous aident en effet à digérer certains aliments que nous ne pouvons assimiler nous-mêmes, nous protègent dcs bactéries pathogènes et éduquent notre système immunitaire Une flore intestinale riche et diversifiée est donc garante de notre bonne santé H CORALIS HANCOK

Le rôle essentiel de LA FLORE INTESTINALE · la flore intestinale chez des patients au cours de révolution de leur mala-die cardiométabolique. allergiques, èxplique Bruno Pot,

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Surface approx. (cm²) : 2747N° de page : 84

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Eléments de recherche : *** ENVOYER LA PAGE ENTIÈRE *** ALINE CORCELLE REQUIN ou ALINE REQUIN-CORCELLE : médecinendocrinologue, diabétologue, nutritionniste et responsable médicale du programme Thalavie, toutes citations

le dossier du moisLe rôle essentiel de

LA FLOREINTESTINALEèxperts

JOËL DORÉdirecteur de recherche dansl'unité d'écologie et phy-siologie du systeme digestifde l'Inra (Jouy-en-Josas)

DUSKO EHRL1CHdirecteur de rechercheemente au sein de l'unitéMetagenopolis de l'Inra(Jouy-en-Josas)

PR KARINE CLÉMENTdirectrice de l'Institut decardiometabolisme etnutrition, a l'hôpital de la

!-Sa!pêtnere (Paris)

I

NATHALIE VERGNOLLEdirectrice de recherchea Inserm (Centrede physiopathologie deToulouse-Purpan)

4P% BRUNOI .. m respon;

i ""i rochereJÉny| et irnrni

^^rla i'lnstl1

BRUNO POTresponsable de l'équipe derecherche Bactéries lactiqueset immunité des muqueusesa l'Institut Pasteur (Lille)

PR RÉMY BURGELINresponsable de l'équipe derecherche Facteurs intes-tinaux, dyshpidemie etdiabete à I'I2MC* (Toulouse)

DR ALINEREQUIN-CORCELLEnutritionniste

La qualité de la flore intestinale semble à l'origine de certainesmaladies. Pourquoi, quand, comment? Peut-on agira ce niveau?Ces questions représentent un défi pour la médecine de demain.

N ous ne sommes pas seuls dansnotre corps ! Dans nos intestins, senichent en effet 100000 milliards

de bactéries, soit 10 à 100 fois le nombrede cellules de notre organisme. Dit autre-ment, chacun d'entre nous est constitué,selon l'estimation la plus basse, à 90 % debactéries et à seulement 10 % de celluleshumaines! Composee dc 800 à 1000 ès-pèces bactériennes différentes, cette floreintestinale, que les scientifiques appellentmicrobiote intestinal, constitue un véritableécosystème dans lequel chaque bactérieoccupe une niche et une fonction particulières Mais les scientifiques commencentà peine à en décrypter les secrets

Tout débute à la naissance...Avant la naissance, l'intestin du fœtus eststérile il ne contient encoie aucune bac-térie. C'est au cours de l'accouchementque le bébé acquiert ses premières bac-téries, principalement d'origine mater-nelle. « Nos parents ne nous transmettentpas seulement leurs gènes, on hérite aussi deleur microbiote », résume Rémy Burcelin,responsable d'une équipe de recherche àPI2MC*. Au fil des semaines, puis des mois,le microbiote du bébé se complexifie sousl'influence de son environnement et de sonalimentation Les bébés allaités présententd'ailleurs souvent une flore plus riche que

ceux nourris au biberon. Et lorsque d'autresaliments que le lait sont introduits, ils favo-risent l'émergence de nouvelles bactéries.

... et s'affine avec l'alimentation« Après l'héritage parental, l'alimentationest le second facteur qui influence le plusle microbiote intestinal, èxplique notre èx-pert. Ceux qui mangent gras favorisent ledeveloppement dans leur intestin de bacté-ries adaptées aux aliments gras Et les Japo-nais, qui consomment beaucoup de poissons,présentent dans leur microbiote des bactériescommunes avec les poissons ' » Les scientifiques estiment que, vers l'âge de 3 ans,le microbiote est quasi definitif. Même sides modifications ont encore lieu plus tard,notamment lors des changements hormo-naux : puberté, grossesse, ménopause.

Un rôle protecteur mieux cernéLes bactéries que nous hébergeons dansnotre intestin ne sont pas de simples squat-teurs. Elles participent au bon fonctionne-ment de notre organisme. Elles nous aidenten effet à digérer certains aliments quenous ne pouvons assimiler nous-mêmes,nous protègent dcs bactéries pathogèneset éduquent notre système immunitaireUne flore intestinale riche et diversifiéeest donc garante de notre bonne santé H

CORALIS HANCOK

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Foie

I Côlon Estomac

C'est dans le côlon que setrouve la flore intestinale,également appeléemicrobiote. Le côlon estl'organe du systèmedigestif qui contientle plus de bactéries, avecprès de 1000 èspècesdifférentes.

LES ETAPES CLESDU DEVELOPPEMENTDU MiCROBIOTE

L

' W

ÏÏ

LEXIQUBactérieMicro-organisme vivant unicellulaire.

Bactéries pathogènesBactéries qui déclenchent des maladies.

Microbiote «u floreEnsemble des èspèces de bactériescontenues dans un milieu particulier del'organisme. Nous avons une flore intestinale,une flore vaginale, une flore buccale.PfobiotiquesIngérés en quantité adéquate,ces micro-organismes favorisent les« bonnes » bactéries de l'intestin.

Rectum

IN UTEROLe tube digestif du foetus necontient pas encore de bactérie.Il est stérile.

\ À LA NAISSANCEL'organisme du bébé estcolonisé par des bactéries quiproviennent du vagin et durectum de la mère, de son laitet de l'environnement.

PREMIER ÂGE«Lait maternelll est riche en « bonnes » bactéries(bifidobactenes, lactobadlles...).«Laits infantilesIls sont souvent enrichis en« bonnes » bactéries.

ENFANCELa diversification alimentaireapporte de nouvelles bactéries,elle enrichit peu à peu la flore.Vers 3 ans, celle-ci se stabiliseet prend sa forme finale.

ÂGE ADULTETout comme le patrimoinegénétique, le microbiote dechaque individu est unique et seconserve tout aj long de la vie.

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RECHERCHE

On decouvrepeu à peuson importanceUn nombre croissant d'études montrequ'un déséquilibre de la flore intestinale,appelé dysbiose, peut être à l'origine depathologies. Pouvant même toucher desorganes très éloignés des intestins.

> La flore régule l'action des bactéries pathogènesLes bactéries intestinales empêchentl'installation de bactéries patho-gènes. « Les bébés nés par césariennesont souvent plus sujets aux maladiesinfectieuses dans les premiers mois deleur vie, indique Joël Doré, directeurde recherche à l'Inra. Et il est possibleque ce soit dû à une construction plustardive de leur microbiote intestinal. »Quant aux antibiotiques, ils peuventavoir l'effet inverse de celui recher-che : en détruisant la flore intestinale,ils laissent le champ libre à la pro-lifération de bactéries pathogènes,

souvent plus résistantes aux antibio-tiques. C'est ainsi que les infectionsnosocomiales ne sont pas toujoursdues à une bactérie attrapée dansun centre hospitalier. « Elles peuventêtre causées par une bactérie déjà pré-sente, en faible quantité, dans l'orga-nisme qui, lorsque la flore intestinaleest endommagée, trouve l'opportunitéde se developper, èxplique notre spé-cialiste. ,4(>u/, on sait qu'une part im-portante des colites dues à la bactérieClostridium difficile est associée à laprise d'antibiotiques. »

Elle peut éloigner les risques de diabète et d'obésitéGrâce à de nouvelles techniques,il est désormais possible de comp-ter le nombre de gènes des bacté-ries de notre microbiote. « Chez lamajorité d'entre nous, ces gènes bac-tériens sont au nombre de 600000environ. Mais nous avons decouvertqu'une personne sur quatre pré-sente un microbiote appauvri, avecseulement 400000 gènes. Or, parmices personnes pauvres en gènes bac-tériens, on compte un plus grandnombre d'obèses, souligne DuskoEhrlich, directeur de recherche émé-rite à l'Inra. Sur les neuf ans qu'aduré notre étude, les obèses pauvres

en gènes bactériens ont pris davan-tage de poids que les obèses riches engènes. Et ce sont eux qui répondentle moins bien à l'intervention nutri-tionnelle visant à leur faire perdre dupoids. » L'action de certaines bacté-ries sur une absorption alimentaireplus ou moins importante pourraitexpliquer ce phénomène.« Dans notre laboratoire, nous avonségalement montré que des bactériesprésentes dans le microbiote sont ca-pables d'induire un mécanisme quidiminue l'action de l'insuline et favo-rise ainsi le developpement du dia-bète », souligne Rémy Burcelin.

L'étude desbactériesde notre floreintestinaleapporte unespoir pourprévenir ettraiter plusieurspathologies.

> Elle préservedes troubles intestinauxLes maladies inflammatoires chro-niques de l'intestin (Mici : maladie deCrohn et rectocolite hémorragique)sont, elles aussi, dues à une derégula-tion de la réponse immunitaire. Or,la comparaison du microbiote depersonnes souffrant de ces patholo-gies avec celui de sujets sains a mon-tre d'importantes différences.« Chez certains patients, on a observéune plus grosse proportion de bacté-ries pathogènes. Chez d'autres, unebactérie particulière, Faecalibacte-rium prausnitzii, est absente ou pré-sente en très faible quantité, èxpliqueNathalie Vergnolle, directrice de re-cherche à L'Inserm. Même si lesMici sont multifactorielles, on sup-pose que cette bactérie peut jouer unrôle protecteur. » Quant au syndromede l'intestin irritable, qui touche 4 à20 % des Français, si ses mécanismessont mal compris, certaines étudesont montré qu'un déséquilibre dela flore intestinale, notamment unfaible taux de bifidobactéries, pour-rait être en cause.

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Elle participe à la construction de l'immunité« Depuis longtemps, on sait que lesanimaux élevés dans des conditionsstériles sont immunodéprimés », af-firme Joël Doré. Les bactéries quiont colonisé notre intestin parti-cipent donc à l'éducation de notresystème immunitaire, en le stimu-lant mais aussi en le régulant. « Lesystème immunitaire est constitué deplusieurs composantes, dont l'une estdite régulatrice. Celle-ci permet le re-tour à la normale après stimulation.Et c'est l'absence de retour à la nor-male qui est responsable des troubles

Elle protège des maladiescardiovasculairesL'obésité et le diabète constituentdes facteurs de risque majeurs desmaladies cardiovasculaires. Or, si desbactéries qui composent la flore in-testinale sont impliquées dans la sur-venue de l'obésité, elles jouent donc,indirectement, un rôle dans le risquecardiovasculaire.Mais il est aussi possible que le liensoit plus direct. « Plusieurs équipesde chercheurs ont decouvert que l'onretrouvait les mêmes bactéries dansla bouche et dans les plaques d'athé-rome, ces dépôts qui se forment dansles vaisseaux sanguins et sont respon-sables des maladies coronariennes.Il n'est donc pas exclu que des bac-téries intestinales soient égalementprésentes dans ces plaques et in-fluent sur leur caractère inflamma-toire », précise Karine Clément. Cemédecin chercheur coordonne jus-tement MetaCardis, un projet de re-cherche européen visant à mesurerla flore intestinale chez des patientsau cours de révolution de leur mala-die cardiométabolique.

allergiques, èxplique Bruno Pot, del'Institut Pasteur. Or, le microbioteintestinal participe à la mise en placede cette composante régulatrice. Desétudes ont montré qu'une dysbiosepouvait être à l'origine de manifes-tations allergiques comme l'asthmeou l'eczéma. » L'une d'entre elles a,par exemple, mis en évidence unediversité plus faible du microbioteintestinal chez des nouveau-nés âgésd'une semaine ayant plus tard pré-senté un eczéma par rapport auxnouveau-nés restés en bonne santé.

DITES, DOCTEUR.../Pourquoi faut-il limiterles antibiotiques?En détruisant les bactériespathogènes, les antibiotiquesdétruisent aussi la flore. « Maisnotre microbiote dispose d'unecapacité de réparation trèsimportante, souligne Joël Doré.Un mois après un traitementantibiotique, on a généralementrécupéré son microbiote originel.Il est possible que des traitementsrépétés altèrent cette capacité,ou qu'un traitement antibiotiqueadministré tôt ait une influenceimportante sur le microbiote futur, »

Elle agit sur le fonctionnement du cerveauEn 2010, une étude a montré quele nombre de bactéries du genreDesulfovibrio retrouvées dans lesselles d'enfants autistes était 8,6 foisplus important que dans celles d'en-fants non malades. Une autre avait,quant à elle, montré un nombre plusimportant de bactéries du genreClostridium. Ces deux bactéries ontun point commun : elles produisentun grand nombre de toxines qui, unefois libérées dans le sang, atteignentle cerveau et pourraient impacterson developpement, au point d'êtrel'un des facteurs impliqués dans la

INFO PLUS

maladie autistique. D'autres cher-cheurs ont également montré queles bactéries intestinales produisentdes molécules capables d'agir surl'activité des neurones intestinaux,lesquels sont reliés au cerveau viale nerf vague. Et c'est par ce biaisque notre flore intestinale pourraitinfluer sur notre réponse au stress etnotre état d'anxiété ! En transférantla flore intestinale de souris calmesdans l'intestin de souris anxieuses(ou inversement), des scientifiquessont ainsi parvenus à changer leurcomportement !

La greffe fécale, la thérapie de demain?

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Au-delà de laconsommation de fibresou de probiotiques, desmesures plus radicalespermettraient d'agir surnotre flore intestinale.Ainsi, «la chirurgiebariatrique (court-circuitde l'estomac pour traiterl'obésité) a aussi poureffet d'augmenter larichesse du microbiote »,souligne Karine Clément.

La greffe fécale (transfertdu microbiote d'unindividu sain dans l'intes-tin d'un malade) estétudiée depuis plusieursannées. «Elle est plusefficace que l'antibio-tique de dernier recourspour traiter la coliterécidivante à Clostridiumdifficile », indique JoëlDoré. Des essais sont encours pour d'autres

maladies, notammentinflammatoires. « Latransplantation fécalepourrait permettre unesorte de vaccination.Ainsi, la transplantationdu microbiote de sourisdiabétiques dansl'intestin de souris nondiabétiques permetde prévenir l'apparitionde cette maladie »,èxplique Rémy Burcelin.

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PRÉVENTION

Comment avoir une bonne florePuisqu'un déséquilibre de la flore intestinalesemble être à l'origine de nombreusespathologies, agir sur cette flore devrait aiderà les soigner, voire à les prévenir.

Manger plus de légumesA près avoir decouvert que les patients obèses

/\ avaient souvent une flore intestinale appauvrie,Joël Doré et ses collègues les ont soumis à un régimehypocalorique riche en fibres. De façon attendue, ilsont perdu du poids. Mais les chercheurs ont égale-ment observé une augmentation de la richesse deleur microbiote intestinal. « Les fibres constituentl'aliment de base des bactéries intestinales spécialisées,indique Joël Doré. Il semble donc que, lorsqu'on leuren fournit davantage, elles se développent mieux. Defaçon plus générale, dans la mesure où la diversité dumicrobiote semble associée à une meilleure protectioncontre bon nombre de pathologies, recommander àtous de manger plus de fibres pour favoriser cette di-versité me semble être une bonne mesure préventive. »

L'idéal est de favoriser les fibres qui contiennentdes prébiotiques. Il s'agit de constituants alimentairesnon digestibles qui, dans la flore colique, stimulentsélectivement une ou un nombre limité de bactériesreconnues pour leurs effets bénéfiques sur la santéde l'hôte. Ce sont des fibres spécifiques (fructo-oligosaccharides (FOS), galacto-oligosaccharides...)qui favorisent le developpement des bactériesprésentes dans le côlon. On les trouve dans l'artichaut,l'asperge, la banane, la salade chicorée, l'oignon,l'endive, le topinambour, le poireau, le salsifis, etc.

DITES. DOCTEUR...

Les probiotiquessont des bac-téries vivantesapportées parl'alimentation,notammentpar les yaourts.

Pourquoi certains aliments sont-ils à éviter?ll faut limiter les sucres et la viande.En èffet, nous possédons différentstypes de flore intestinale, dont la florede fermentation et la flore de putré-faction. La première métabolise lesglucides et produit des gaz inodores.

La seconde métabolise les protéines,génère des gaz malodorants et créedes composés qui vont polluer le foie.Pour limiter le developpement deces deux types de flore, il faut aussiavoir un bon apport en fibres.

> Consommer des probiotiques

T out le monde se souvient de ce fameux yaourtqui, grâce aux probiotiques qu'il contenait, était

censé améliorer notre transit intestinal. Mais depuis2010, c'est lAutorité européenne de sécurité des ali-ments (EFSA) qui est chargée d'examiner, et devalider, ces allégations santé. Et concernant les pro-biotiques, aucune de leurs allégations santé n'a étéapprouvée. Pourtant, « certains probiotiques avaientmontre des effets, modestes mais significatifs, sur larégulation du transit. D'autres donnaient de bons ré-sultats contre les diarrhées de l'enfant », note JoélDoré. Qui, d'ailleurs, n'a jamais eu recours à l'Ultra-Levure® - qui n'est autre qu'un probiotique - poursoigner une diarrhée ? « Certains se sont égalementrévélés efficaces pour traiter des symptômes associésau syndrome du côlon irritable, ajoute Bruno Pot.Mais il y a aussi, sur le marché, plein de probiotiquesqui n'ont jamais prouvé la moindre èfficacité pourquelque pathologie que ce soit. » Et surtout, préciseRémy Burcelin, « comme tout le monde n'a pas lemême microbiote, le même probiotique n'aura pasle même effet d'un patient à l'autre ».

Le conseil Top SantéLes probiotiques se trouvent aussi dans de nombreuxaliments : la choucroute, le kimchi coréen et tousles légumes lacto-fermentés, c'est-à-dire trempé dansde la saumure pendant plusieurs semaines jusqu'audeveloppement d'une acidité (carotte, betterave oucéleri, dans les magasins bio). Contiennent égalementdes probiotiques le pain au levain, les olives, le kéfiret la kombucha (boissons fermentées), les sauces sojanaturellement fermentées...

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QUI CONSULTER?Le généraliste toutnaturellement En cas detroubles récidivants, enparticulier intestinaux,la consultation d un gastro-enterologue ou d'unmicronutntionniste peutètre utile pour trouver

le meilleur probiotiqueadapte aux symptômes etaider a modifier sonalimentation si necessaireDes intolérances ou unesensibilité èxcessive acertains aliments peuventaussi ètre dépistées

OÙ S'INFORMER?Coordonnées de spécialistes en micronutritionInstitut européen de dietetique et de micronutrition (IEDM)Tel 0810 004 336 ou www ledm asso fr/

ALIKE• Pour trouver des recettes et menusadaptes «En bonne sante grâce ala micronutntion », Laetitia Agullo et

Didier Chos, èd Albin Michel, 19 €• Pour mieux connaître le rôle cle del'intestin dans la sante «L'intestin,

notre deuxieme cerveau », PrFranciscaJoly Gomez, èd Marabout, 15,90 €

AVOIRCe DVD passe en revue les recherchesles plus récentes menées sur l'intestinAvec des interviews et des infographiespour éclairer les propos« Le ventre, notre deuxieme cerveau »,Arte France, Inserm, Scientifilms,12,99€ www arteboutique com

QUAND PRENDREDESPROBIOTIQUESLes indications des probiotiques sont rarement notées sur lesboites ll faut donc avant tout regarder leur composition Ilscontiennent généralement plusieurs souches de bactéries amies(lactobacillus, bifidobactenes, ète ) L'effet depend du typede souches de leur association et de la quantité de bactériesingérée a chaque prise «5a 10 milliards de bactéries pargélule ou sachet est le plus souvent une dose efficace note leDr Aline Requm-Corcelle, nutritionniste A condition de lesprendre a jeun, JO minutes avant un repas ou 2 heures apres, etpendant un mois minimum » Une cure peut ètre utile poursoulager différents types de maux Lin doute7 N'hésitez pas ademander conseil a votre pharmacien

En cas de troublesintestinauxDans le syndrome du colon

irritable, les probiotiques

améliorent le confort etle transit des malades « Car

ils apportent les bactéries

bénéfiques a la regulationintestinale, ils protègent les

cellules intestinales etstimulent le systeme immu-nitaire sous-jacent », èxpliquele Dr Aime Requin CorcelleErgyphilus Plus (Nutergia)

Lactibiane CBU(Pileje).

En cas de traitementantibiotiqueSi les antibiotiques stoppentles infections, ils font hélasdes ravages sur la floreintestinale en détruisant desbactéries protectricesPres de 30 % des personnesqui en prennent souffrent dediarrhées Les probiotiquescontrent ces désagrémentset évitent d'arrêter untraitement prématurémentBio-flora (Pharma Nord)

En cas de prisede phyto-œstrogenesPour exercer leur actionbénéfique, les phyto-cestrogenes (complements a

base de plantes proposéespour reduire les symptômes dela ménopause) doivent subirune transformation dansl'intestin Si celui-ci ne contientpas les bactéries nécessaires acette modification, ils n'aurontpas d'effet Une bonne floreintestinale est donc indis-pensable pour l'absorption desphyto-œstrogenes C'estpourquoi les gynécologuesspécialises en phytotherapieconseillent la prise de pro-biotiques pendant les curesde phyto-œstrogenesBioprotus (Carrare)Probiolog (MayolySpmdler)

En cas d'infectionsrécidivantesLes femmes sont particulière-ment concernées Cariavessie comme le vaginpeuvent ètre contamines parle déséquilibre de la floreintestinale Des cures deprobiotiques peuvent ainsiaider a se débarrasserd'infections unnaires a répéti-tion comme de mycosesintestinales ou vaginalesfi/on Flore intime (Merck)Contre les infectionsurmaires LactibianeCBU(Pileje)

ARIANE LANGLOIS