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Boréal Simon-Pierre Savard-Tremblay Le Souverainisme de province

Le Souverainisme de province...qui sont centrées sur les rapports de force et les grandes . introduction 13 tendances. Société inachevée, confort, indifférence, insé- ... les

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ISBn 978-2-7646-2359-6

24,95 $18 e

Collaborateur à L’action nationale depuis plusieurs années, Simon-Pierre Savard-Tremblay est président et fondateur de Génération nationale, un organisme voué à la réf lexion entourant le modèle de l’État-nation. Il publie régulièrement des lettres ouvertes dans les grands quotidiens du Québec. ©

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plus de cinquante ans après l’émergence de l’idée d’indépendance, le Québec est toujours une province canadienne. Le souverai-nisme n’est plus aujourd’hui qu’une question d’humeur populaire, de calendrier, mais aussi d’art oratoire et de marketing. Il a quitté le registre du politique pour embrasser celui de l’idéal, d’un idéal lointain dont l’avènement dépend du résultat d’un éventuel réfé-rendum. plutôt que de se consacrer à rompre avec le régime ca-nadien, qui condamne le Québec à son inachèvement, il s’y est confortablement installé.

Comment le mouvement souverainiste a-t-il pu en arriver là ? Comment a-t-il pu renier ce qui était fondamentalement sa raison d’être ?

Simon-pierre Savard-Tremblay, après avoir retracé la genèse du mouvement indépendantiste, propose l’hypothèse selon laquelle c’est au cours de la décennie 1970 que s’est opéré le basculement du souverainisme vers une logique provincialiste. Il redonne toute leur importance aux acteurs des événements qu’il examine – les rené Lévesque, Jacques parizeau, Claude morin et Camille Laurin. Il nous invite à reconsidérer en profondeur notre conception d’un pan essentiel de l’histoire du Québec depuis la révolution tran-quille.

Simon-Pierre Savard-Tremblay

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Le Souverainisme

de province

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Les Éditions du Boréal4447, rue Saint-Denis

Montréal (Québec) h2j 2l2

www.editionsboreal.qc.ca

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Le Souverainisme de province

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Le Souverainisme de province

Boréal

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© Les Éditions du Boréal 2014

Dépôt légal: 4e trimestre 2014

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Diffusion au Canada: DimediaDiffusion et distribution en Europe: Volumen

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Savard-Tremblay, Simon-Pierre

Le souverainisme de province

Comprend des références bibliographiques

isbn 978-2-7646-2359-6

1. Souveraineté. 2. Québec (Province) – Histoire – Autonomie et mouvements indé-pendantistes. 3. Québec (Province) – Politique et gouvernement – 20e siècle. I. Titre.

fc2926.9.s4s28 2014 320.1’509714 c2014-942134-6

isbn papier 978-2-7646-2359-6

isbn pdf 978-2-7646-3359-5

isbn epub 978-2-7646-4359-4

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À ma mère.

Merci pour ton soutien, de là où tu es.

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La connaissance de soi, la plus amère de

toutes, est aussi celle que l’on cultive le moins:

à quoi bon se surprendre du matin au soir en

flagrant délit d’illusion, remonter sans pitié à

la racine de chaque acte, et perdre cause après

cause devant son propre tribunal?

emil michel cioran

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introduction 11

Introduction

Il faut agir en homme de pensée et pen-

ser en homme d’action.

henri bergson

Dans une société politiquement léthargique, il en faut parfois peu pour créer un véritable ouragan. Le 9 mars 2014, au cinquième jour d’une cam-

pagne électorale qui prévoyait jusque-là une imposante victoire péquiste, Pierre Karl Péladeau, héritier de l’em-pire Québecor, provoque un coup de tonnerre en annon-çant sa candidature dans la circonscription de Saint-Jérôme avec la déclaration suivante: «Mon adhésion au Parti québécois est une adhésion à mes valeurs les plus profondes et les plus intimes, c’est-à-dire faire du Québec un pays!»

Le poing levé du nouvel homme politique est instan-tanément devenu mythique. Il faisait basculer la cam-pagne électorale dans une direction que le PQ voulait à tout prix éviter, le contraignant au devoir de clarté quant à son option fondamentale. Espérant au départ mener une campagne sans vagues contre un adversaire impo-

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pulaire, les péquistes ont brusquement eu à troquer le pilote automatique contre la gestion de crise, pour au final obtenir leur pire résultat électoral depuis leur pre-mière joute en 1970. Les analystes se sont, pour la plu-part, livrés à l’interprétation la plus simple: les Québé-cois ne voulaient pas de nouveau référendum et les péquistes ne sont pas parvenus à les convaincre qu’ils n’en tiendraient pas. On dénonce dès lors l’incompé-tence des stratèges et des experts en communications du PQ. Pour ceux qui s’en tiennent à la surface des choses, il ne s’agit là que de la mort annoncée de l’idée d’indé-pendance.

La réalité est tout autre. Les facteurs en apparence conjoncturels ont révélé l’ampleur d’un malaise structu-rel. Le «poing levé» n’avait rien d’anecdotique, pas plus que les tergiversations du Parti québécois au sujet de son plan d’action sur l’indépendance, qui n’étaient ni surpre-nantes ni nouvelles. «Il n’y aura pas de référendum tant que les Québécois ne seront pas prêts, cette élection ne porte que sur le choix d’un gouvernement», répétait inlassablement la première ministre du Québec, visible-ment tiraillée entre l’option fondatrice de son parti et les affaires courantes de l’intendance de la province…

Mais, si peu étonnantes que soient à l’observateur averti ces tranches de la vie politique, elles n’en sont pas moins révélatrices et ont une portée beaucoup plus grande que ce que les aléas de la vie partisane peuvent nous laisser croire au départ.

La question nationale est généralement analysée à travers le prisme des facteurs lourds: sociologues, poli-tologues, historiens ou anthropologues mobilisent don-nées et statistiques pour appuyer leurs interprétations, qui sont centrées sur les rapports de force et les grandes

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tendances. Société inachevée, confort, indifférence, insé-curité: tous ces concepts sont utilisés par les «experts» afin de démontrer que le peuple québécois n’est tout simplement pas prêt pour son indépendance.

Dans ce livre, j’aspire à replacer les acteurs au centre du jeu politique. Les acteurs s’investissent au sein de l’espace politique pour en définir les contenus et les contours: c’est le propre même de la logique politique que chacun espère imposer les thèmes et les objectifs qui lui tiennent à cœur. Voilà pourquoi il est d’autant plus fondamental d’étudier les acteurs au cours des périodes névralgiques où le paradigme politique est en redéfini-tion. Les acteurs ne sont pas que des marionnettes et se sont construit des représentations du monde qui leur sont propres, soit une certaine conception de l’his-toire, du peuple et de l’action politique, des moyens et des finalités.

Différents observateurs ont proposé les inter- prétations les plus hétérogènes du marasme dans lequel le souverainisme s’est empêtré. Le PQ des années post-référendaires aurait pour certains été «trop à gauche» ou «trop progressiste», pour d’autres «trop à droite» ou «trop conservateur», ce qui aurait mené à l’implosion de la coalition souverainiste et à sa rupture avec l’opinion publique. D’autres clament qu’il se serait mis à embrasser une vision de l’identité nationale qui se rapprochait dangereusement du multiculturalisme, tan-dis que d’autres encore estiment que les souverainistes ne sont pas allés assez loin dans la voie du «nationalisme civique». Plusieurs commentateurs limitent leur analyse à l’impopularité d’un chef qui ne «passait pas» dans l’opinion publique, que ce soit à cause de son absence de charisme, de son apparence, de son âge – trop jeune ou

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trop vieux –, de son orientation sexuelle ou encore de son sexe. Aussi divergentes que paraissent ces inter- prétations, elles se rejoignent presque toutes sur le fait que l’après-1995 est perçu comme le début du long hiver du souverainisme.

Il nous semble pourtant que c’est beaucoup plus tôt, soit au cours de la décennie 1970, que s’est opéré le véri-table basculement du souverainisme vers une logique provincialiste. La culture politique indépendantiste a alors muté pour s’aménager en fonction des exigences de la partisanerie et des slogans accrocheurs. C’est là l’ul-time paradoxe d’un enfermement dans des paramètres condamnant l’indépendance à son inachèvement au moment même où celle-ci prenait son envol. Le virage de l’«étapisme», central à cet essai, n’était pas un chan-gement de tactique, mais de paradigme.

Comment le mouvement souverainiste a-t-il pu en arriver là? Quarante ans plus tard, alors que le Québec n’a jamais semblé aussi loin de son indépendance natio-nale, cet essai se propose de revisiter les premiers pas d’un mouvement dans l’arène politique afin de com-prendre l’introduction en son sein de dispositifs dont les effets délétères se font aujourd’hui ressentir comme jamais auparavant. La thèse défendue ici n’est pas inusi-tée. Parmi les militants, on entend souvent l’idée selon laquelle une mutation s’est produite dans les assises mêmes du mouvement souverainiste. Toutefois, ce phé-nomène n’a été que très peu documenté. Ce livre veut y remédier, tout en proposant une nouvelle synthèse qui, je crois, s’impose en cette traversée du désert pour le sou-verainisme. On y déchiffre aisément la genèse d’un souverainisme de province.

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l’indépendantisme au québec 15

c h a p i t r e p r e m i e r

L’indépendantisme au Québec

La liberté est une plante qui croît vite,

une fois qu’elle a pris racine.

george Washington

L ’indépendantisme traverse l’histoire nationale du Québec. Des épisodes isolés en ont témoigné, comme la motion parlementaire du député Francoeur, qui

évoquait la rupture du lien fédéral en pleine crise de la conscription. Il est vrai que cet épisode relevait davantage de la provocation et de l’indignation populaire que de l’aspiration profonde. En amont, on pourrait également mentionner la lutte des Patriotes, celle d’Honoré Mercier pour l’autonomie provinciale, ou encore les écrits contro-versés de l’auteur Jules-Paul Tardivel.

Ce n’est cependant qu’au cours de la décennie 1920 que l’idée d’un État français aux abords du fleuve Saint-Laurent a commencé à être véritablement réflé- chie. En 1922, la revue L’Action française du chanoine Lionel Groulx, dont les collègues et disciples s’attelaient à concevoir une véritable doctrine de l’intérêt national,

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a publié une série d’articles sur «Notre avenir poli-tique1». Cette Laurentie rêvée fait figure d’horizon vers lequel tendront les efforts intellectuels à venir. Mais le groulxisme n’a jamais pleinement assumé l’indépen-dance qui se lit pourtant en filigrane dans son regard historique. La Confédération était pour Groulx ce mariage de raison qui avait été conçu pour protéger la personnalité identitaire des Canadiens français, mais qui s’était révélée une catastrophe pour ceux-ci. «Le drame des Canadiens français relève du tragique: pourrons-nous rester dans la Confédération sans y laisser notre vie? Personne, que je sache, n’a encore répondu victo-rieusement à ce terrible point d’interrogation2», affir-mait de manière percutante un Lionel Groulx désabusé au crépuscule de sa vie. Chez Groulx, l’indépendance politique – qu’il s’agisse d’un État laurentien aux contours vagues ou de l’entité politique du Québec – apparaît tantôt comme une finalité, tantôt comme un projet enthousiasmant – mais prématuré – auquel l’en-semble des forces vives du Québec national doivent se préparer. Le sort des minorités canadiennes-françaises hors Québec freinait ses ardeurs en la matière3. Para-digme d’époque oblige, Groulx n’a eu d’autre choix que

1. Lionel Groulx, Notre avenir politique. Enquête de l’Action française. 1922, Montréal, Bibliothèque de l’Action française, 1923.

2. Lionel Groulx, Mes mémoires, tome IV, Montréal, Fides, 1974, p. 349.

3. Sur la place des minorités hors Québec dans la conception groulxienne de la nation, voir Michel Bock, Quand la nation débordait les frontières. Les minorités françaises dans la pensée de Lionel Groulx, Montréal, Hurtubise HMH, 2004.

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de nier son «séparatisme» au cours de la majeure partie de son existence, ce qui ne l’empêchait nullement d’en-tretenir de chaleureuses relations avec des indépendan-tistes qui en faisaient leur maître à penser4.

Ce furent pourtant les héritiers de Lionel Groulx qui favorisèrent la renaissance de l’indépendantisme au cours de la décennie 1950, des disciples de haut calibre qui s’inscrivaient soit dans la rupture avec l’œuvre du chanoine, soit dans la continuité ou dans la radicalisa-tion de celle-ci. Figurent au premier plan les historiens de l’École de Montréal, reprenant les thèses de Groulx sur la Conquête, mais adoptant une analyse historique exempte de spiritualisme.

Parmi les raisons profondes de cet indépendantisme émergeant figurait l’existence d’une collectivité natio-nale distincte. Mais le nationalisme qui se rattachait à cet indépendantisme n’était pas seulement une question d’esthétique qui ne viserait qu’à créer un pays pour mettre le «flag sur le hood», pour citer un Jean Chrétien qui assimilait la définition de soi à un simple complexe identitaire. L’indépendantisme incarnait une vision d’ensemble faisant de l’autodétermination un tout concret, bien loin d’une simple construction théorico-conceptuelle. L’historien Maurice Séguin, un des grands penseurs de l’indépendance, faisait de l’agir collectif une caractéristique inhérente à l’idée de nation au sens inté-gral; un «agir collectif» se déclinant dans la pleine auto-détermination politique tout autant que dans la maîtrise de la vie culturelle et dans la prise en charge écono-

4. Voir à ce sujet Mathieu Noël, Lionel Groulx et le réseau indé-pendantiste des années 1930, Montréal, VLB éditeur, 2011.

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mique5. Celles-ci sont, aux yeux de Séguin, des biens en eux-mêmes, car «il est bon pour toute nation d’avoir ses organismes […], de poser elle-même les gestes exigés, […] de planifier, organiser», tout comme il lui est sou-haitable «de s’insérer elle-même dans la vie économique mondiale» et de «bien dominer sa culture, d’assimiler les influences extérieures, […] d’être un foyer vivant de culture6». À l’inverse, la privation de cet «agir par soi» peut se traduire par une «oppression essentielle7». Mar-cel Chaput, éphémère chef du Rassemblement pour l’in-dépendance nationale (RIN) au début des années 1960, fera écho à ce point de vue quelques années plus tard, en des termes fort simples qui s’appuient sur une logique implacable: «Les Canadiens français forment une nation. La nation canadienne-française est une nation comme les autres. L’État du Québec est l’État national des Canadiens français. Pour progresser, les Canadiens français doivent être maîtres chez eux8.»

En 1957, Raymond Barbeau a fondé la revue Lauren-tie avant de former le premier groupe militant en faveur de l’indépendance depuis la décennie 1930, l’Alliance laurentienne. Barbeau a été le premier à concevoir la nécessité d’un véhicule politique pour parvenir à l’indé-pendance. Il multipliait alors les réquisitoires contre un

5. Voir Pierre Tousignant et Madeleine Dionne-Tousignant, Les Normes de Maurice Séguin. Le théoricien du néo-nationalisme, Montréal, Guérin, 1999, p. 159.

6. Ibid., p. 160.

7. Ibid., p. 161.

8. Marcel Chaput, Pourquoi je suis séparatiste, Montréal, Biblio-thèque québécoise, 2007, p. 19.

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l’indépendantisme au québec 19

régime honni, responsable de la dépossession et de la minorisation. Pour lui, «il n’y a que le Québec qui puisse être dit la patrie du Canadien français parce que c’est le seul endroit au monde où il se sente chez lui, où il pour-rait être en parfaite possession de toutes les richesses de la nature et de tous les biens humains et religieux que la Providence lui a départis9.»

L’indépendantisme fait de la définition de soi l’une de ses dimensions foncières10. Mais, à la différence du nationalisme canadien-français, il pose le Québec comme entité de référence exclusive plutôt que priori-taire11. L’indépendantisme, tout identitaire qu’il fût, était vers la fin des années 1950 à mille lieues d’une simple querelle de drapeaux. Il incarnait alors un véri- table schéma de rupture.

9. Raymond Barbeau, J’ai choisi l’indépendance, Montréal, Édi-tions de l’Homme, 1961, p. 16.

10. Jean Bouthillette l’écrivait joliment en 1972: «Nous voici devenus totalement étrangers à nous-mêmes. Ce que la Conquête et l’occupation anglaise n’avaient pu accomplir: nous faire disparaître, l’apparente association dans la Confédération l’a réussi cent ans plus tard, mais de l’intérieur, comme un éva-nouissement. La dépossession s’est faite invisible. […] S’assimi-ler de fait, c’est mourir à soi pour renaître dans l’Autre; c’est trouver une nouvelle personnalité.» (Jean Bouthillette, Le Cana-dien français et son double, Montréal, L’Hexagone, 1972, p. 50.)

11. En 2014, les jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans sont qualifiés de «plus québécois que jamais» tout en étant moins «souverai-nistes» que les générations qui les ont précédés. Serait-ce parce que, pour eux, la bataille identitaire est chose du passé, que l’af-faire est close? Si le débat national leur semble obsolète, n’est-ce pas que l’indépendance psychologique relève du fait acquis chez eux?

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table des matières 227

Table des matières

introduction 11

chapitre premier • L’indépendantisme au Québec 15

chapitre ii • Penser l’éveil du souverainisme moderne 25

chapitre iii • Le souverainisme et l’épreuve électorale (1970-1973) 65

chapitre iv • Le grand virage (1973-1976) 109

chapitre v • On a un vrai gouvernement 141

chapitre vi • 1980 et ses suites 169

conclusion 195

Épilogue 201

remerciements 225

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228 le souverainisme de province

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crédits et remerciements

Les Éditions du Boréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour leurs activités d’édition et remercient le Conseil des arts du Canada pour son soutien financier.

Les Éditions du Boréal sont inscrites au Programme d’aide aux entreprises du livre et de l’édition spécialisée de la SODEC et bénéficient du programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres du gouvernement du Québec.

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mise en pages et typographie: les éditions du boréal

achevé d’imprimer en octobre 2014 sur les presses de l’imprimerie gauvin

à gatineau (québec).

Ce livre a été imprimé sur du papier 100% postconsommation,

traité sans chlore, certifié ÉcoLogo

et fabriqué dans une usine fonctionnant au biogaz.

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